What can we do for her - Enzo

Lundi 25 avril, en fin d'après- midi.


Il ne voulait plus penser à cette révélation. Qu'est-ce qu'il pouvait faire de toute manière ? Pas grand chose, même si les questions qui se posaient étaient toujours les mêmes : est-ce qu'il ne devait pas aller voir les Sorciers ? Mais qui ? Pour quelles conséquences ? On ne parlait plus d'attentats tragiques mais de la plus grosse révélation qui soit, même si, beaucoup de moldus n'allaient y croire, ce n'était pas le cas de tout le monde. Il n'arrivait pas à savoir si c'était une bonne chose ou pas ? Peut-être que cela permettrait aux Sorciers de se tenir tranquilles ou de renverser les Supérieurs ce qui arrangerait bien la situation, au contraire, les guerres entre les deux peuples allaient peut-être se développer. Il était trop tard pour revenir en arrière de toute façon, même s'il parlait maintenant qu'est-ce que ça changerait ? Le coup de pied dans la fourmilière était déjà fait. S'il trouvait un résistant, qu'est-ce que des noms pourraient provoquer ? Qu'est-ce qu'ils leurs feraient ? Et si ces noms arrivaient chez les Supérieurs ?
Non. Il ne voulait pas y penser. Jamais. Il ne voulait retomber entre leurs mains. C'était quelque chose qui demeurait assez impensable pour lui. Rien que l'idée le rendait malade, le stressait, l'angoissait, il en avait même fait une énième crise d'angoisse.
Pourtant, un jour, il faudrait qu'il se décide. Pourtant un jour, on viendrait bien par le voir, par ce qu'il était logique que des gens comme lui aient pu fournir des informations à des Moldus.
Alors pourquoi ne pas faire le premier pas ? La réponse était simple, sa peur panique dans les Sorciers. Ce n'était pas feint, c'était juste viscéral.

Alors, il essayait de penser à autre chose. Il ne pouvait rien faire, de concret. Rien qui n’entraîne d'horribles conséquences. Il s'était donc perdu encore plus, à corps perdu, dans ses cours ; dans le fait de passer du temps avec ses amis.
Et aujourd'hui, il avait donné rendez-vous à Enzo pour qu'ils puissent parler de Sovahnn. Il voulait l'aider son amie, le plus sincèrement possible, sauf que... et bien il se sentait bien impuissant sur beaucoup de points, à deux, en s'aidant peut-être qu'ils pourraient mieux l'aider. Pendant des jours, il avait hésité à envoyer un message à Enzo, Ryans, même si la dernière fois ça s'était pas trop mal passé restait un sorcier. Il restait quelqu'un envers il pouvait ressentir de la peur, même s'il avait compris qu'il ne lui ferait aucun mal. C'était dur pour lui, c'était aussi un pas un avant. Difficile pour ses nerfs ; mais c'était nécessaire, à ses yeux pour Sovahnn, pour qu'elle soit le mieux entourée possible. Il pouvait donc faire un effort pour elle. De toute manière s'il voulait faire parti de sa vie en temps qu'ami – et il en avait envie-, il allait devoir se faire à l'idée qu'il y aurait toujours beaucoup de sorciers autour d'elle.

Il avait donné rendez-vous à Enzo chez lui, jugeant que ça serait le terrain où il se sentirait non seulement le plus à l'aise, mais probablement, également, un endroit où ils pourraient parler plus sincèrement avec des mots, des faits, sans devoir passer par des sous-entendus.
Il avait vérifié plusieurs fois la maison à la recherche de micros qu'auraient pu poser les Inquisiteurs et s'était également procuré un brouilleur de ces bestioles pour qu'il puisse parler sans que ce qu'il dise ne puisse être retranscris au QG. Il pouvait toujours prétexter un nouveau sort dont il n'avait pas connaissance, de toute manière il état probable que sa mère, même si elle ne voulait plus utiliser la magie avec ce qui était sorti quelques jours auparavant avait pris quelques précautions supplémentaires. On ne sait jamais les tordus qu'il pouvait il y avoir.

Soudain, quelqu'un frappa à la porte tandis qu'il venait de sortir un gâteau au chocolat du four qu'il avait fait spécialement pour la venue d'Enzo. Histoire d'y mettre un peu du sien de se montrer comme un bon hôte. Nerveusement, il alla ouvrir, se poussant pour laisser entrer le grand garçon.

 « Comment ça va ?» demanda-t-il.  « Vas-y entre et … ben fais comme chez moi.»

Même s'il n'était pas à l'aise à cette idée.
Pour Sova', se dit-il en lei-motiv.

What can we do for her
Lundi 25 Avril 2016

☨

Timothy & Enzo

I knock the ice from my bones
Try not to feel the cold
Caught in the thought of that time
When everything was fine, everything was mine
Karmina

Le quotidien qui revient, l'air de rien, mais un sentiment qui s'insuffle dans chaque inspiration depuis quelques jours à présent … Quelques semaines, peut être. A force de se laisser de côté, de fermer les yeux, se concentrer sur les autres plutôt que de prêter attention à ses propres états d'âmes est ce qu'on ne fini pas par s'oublier ? C'est inconscient, pas vraiment malsain je crois, mais je le sens là au plus profond de mon cœur, de mon ventre, de ma tête …

L'appel du large.

« Tu vas le mettre en hivernage du coup ? »

Retour sur terre, la voix de Joff qui m'interpèle alors qu'on est tous les deux posés sur le sable à regarder le soleil se lever après une session aux premières lueurs.

« Oui, j'pense. Denis m'a proposé d'utiliser son hangars, sinon je le ramène à la maison je sais pas trop encore. »

Il ? Ce projet dans lequel je me suis lancé il y a quelques mois, parti d'un rien aujourd'hui il n'est plus qu'à quelques coup de pinceaux de prendre la mer. Malheureusement l'hiver arrive, j'aurai aimé pouvoir le mettre à l'eau. Pouvoir mettre les voiles. Tant pis, plus tard. C'est pas tellement le moment idéal pour disparaître de toute façon, je le sais bien, mais certaines choses m'ont envoyé comme un choc électrique dans les veines. Le monde est vaste, la vie … bien plus qu'elle ne l'est actuellement, je ne peux pas me contenter de ça alors que je n'ai même pas 20 ans. Je veux plus, je mérite plus, cette existence je veux la bouffer et ne pas m'arrêter à un cœur brisé, à des barrières dressées, des frontières érigées.

Je veux … vivre et me sentir libre avant que tout s'écroule à nouveau.

#

21h à Londres, bientôt l'heure d'aller en cours pour moi de l'autre côté de la planète. Pourquoi j'ai accepté ? Rien ne me semble être une bonne idée dans tout ça, y compris et surtout me rendre chez un type que je ne connais que très peu, dans une ville où être quelqu'un comme moi craint plus que jamais. Déjà fiché sans doute, en danger sûrement, pourtant j'ai pas su dire non.
Pas de détour à pieds cette fois, du Portoloin je transplane à l'endroit le plus proche que je connaisse de cette adresse et décide d'accorder ma confiance à Tim. Pour une seule raison : Sovahnn. Parce qu'elle lui accorde la sienne. C'est chez lui qu'elle s'est réfugiée quand Duncan lui a annoncé qu'elle devait partir, non ? Alors oui c'est là dessus que je base, non sans avoir prévenu la principale concernée que j'y allais. Elle et d'autres, par mesure de précautions. Pour assurer mes arrières tout simplement.
Sur mon visage un sourire alors que j'arrive devant la porte de l'appartement, je secoue la tête de droite à gauche et envoie un message à Sovahnn pour lui dire qu'elle a eu raison. Parce que l'odeur du gâteau vient flotter jusqu'à mes capteurs olfactifs au delà de cette porte fermée … Où est ce que je fous les pieds et pourquoi ? Sérieusement ? J'apprécie le type, vraiment, mais j'ai un peu de mal à réellement cerner la raison de ma présence ici ce soir/matin. Parler de Sova, oui, mais pourquoi ?

Trois coups à la porte, des bruits de pas, l'odeur de l'angoisse qui vient me frapper de plein fouet. Pas de réaction de ma part, j'ai appris à l'apprivoiser cette odeurs. Elle est entrée dans mes mœurs, comme lui finalement. Un sourire à l'adresse de mon hôte du jour ...

« Comment ça va ? Vas-y entre et … ben fais comme chez moi. »

… et on met la méfiance de côté pour entrer dans l'antre d'un autre. Qu'on se le dise, ma baguette est à portée de mains s'il le faut. Ça n'est pas en lui que je n'ai pas confiance, c'est simplement une ambiance générale. On se préserve tous comme on peut.

« Pas de bougie parfumée et de peau de bête devant la cheminée, j'suis déçu. »

Aller, rougis pas, tu t'attendais à quoi d'autre venant de ma part ?

« Ça va et toi ? »

Tu vas sans doute bientôt te coucher, moi je commence ma journée. Rien de plus normal dans ma vie de bohème.

Des fois il se demandait vraiment quelle mouche le piquait ? Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, n'est-ce pas ? Non mais sérieusement... est-ce qu'il n'aurait simplement pas pu appeler Enzo plutôt que de faire cette mascarade ? Si, par message aussi d'ailleurs ça marchait. Alors, il ne se comprenait pas lui-même, peut-être, au final que c'était juste une façon de s'habituer à la présence du grand brun pour être moins stressé s'il devait se retrouver avec lui et Sovahnn dans une même pièce. Ce n'était pas simple pour lui, loin de là, mais il voulait vraiment le faire pour elle, même si clairement ça lui coûtait. Même si ses sens étaient aux aguets, que l'angoisse menait plus la danse que la raison, même si la paranoïa lui vrillait les entrailles.

Est-ce qu'il n'était pas en train de réellement choisir son camps ? Est-ce qu'il ne faisait pas ça pour de mauvaise raison, bien supérieure à celle de Sovahnn ? Non... C'est ce qu'il aurait dit dans un premier temps, mais est-ce que c'était vrai ? Est-ce que ce n'était pas de voiler la face ? La rédemption, il ne l'obtiendrait pas en faisant ami-ami avec Enzo et autres sorciers, par ce que rien ne pouvait pardonner ce que les Inquisiteurs avaient fait. Et visiblement, il était loin, très loin, de tout savoir. Il n'avait capté que des bouts pour le « gamin » et n'était pas sûr d'avoir tout saisi ; l'attentat on sait tous ce que ça a donné quand il a exprimé son avis – hystéro-. Alors forcément, idiot, qu'on allait plus lui dire. Surtout qu'il aurait pu lâcher le morceau, essayer de trouver quelqu'un de raisonné pour tout lui expliquer, pour tout stopper, mais au final la peur des Inquisiteurs couplée à celle des Sorciers faisait ressortir sa lâcheté, son mutisme.

Alors, à quoi est-ce qu'il jouait-là ? Pourquoi tout semblait toujours si confus ? Les questions défilaient toujours dans sa tête, mais il essaya de tout mettre en off. Il devait causer avec Ryans, il devait le faire pour Sovahnn, pour être certain qu'elle ne manquerait de rien. C'était son lei-motiv. Elle, elle avait sa confiance ; elle avait sa loyauté.
De toute manière, qu'est-ce qui pouvait lui arriver ? Enzo n'allait pas le bouffer. Le pire qui puisse donc arriver c'était que d'autres sorciers se ramènent... et ça arriverait, il le savait que ce n'était qu'une question de temps ce qui ne l'aidait pas franchement à être serein.
Il avait néanmoins essayé d'accueillir Enzo le mieux possible, par ce qu'il n'était pas dans toutes ces histoires, par ce qu'aujourd'hui n'était pas dédié à tout cela ; au passé... mais au futur de leur amie en commun.

« Pas de bougie parfumée et de peau de bête devant la cheminée, j'suis déçu. »

Est-ce qu'Enzo avait réussi à le faire rire, un peu... tout en le faisant rougir ? Oui. Merde, c'était quand même un peu gênant ce genre de phrase et... il était juste probablement un peu trop timide pour ça, néanmoins, il avait réussi à répliquer un petit.

 « Je peux toujours t'arranger ça pour les bougies... pour la peau de bête j'en ai pas.» Il désigna l'énorme main coon qui dormait sur le canapé. «Sinon tu imagines... avec lui, il est bien poilu. »

Imagines, que c'est une peau de bête morte, alors que c'est une peau de bête vivante, et personne n'avait intérêt à toucher à ses chats. Ouais, allez, prends un peu de confiance, tu vois, il est pas méchant le bougre, c'est juste dans ta foutue tête.

« Ça va et toi ? »
 « Ca va, ça va tu sais, journées d'étudiant, tu sais ce que c'est non ? Les cours, le boulot à la maison et compagnie. La routine quoi.» On t'a demandé comment tu vas. Pas d'expliquer ta journée, mec.  «  Tu veux à manger, ou pas à boire ? En tout cas, c'est … gentil d'être venu. J'avoue que... que je ne savais pas trop à qui m'adresser d'autres.» Pourtant des amis, Sova', elle en avait. Le souci c'est que ça passait à peu près avec Enzo et il n'était pas sûr de pouvoir dire la même chose avec les autres... alors, il avait fait au plus simple. Il se tut quelques instants. Bon, allez continue ta phrase, par ce que là, ça ne veut pas dire grand chose :  « Je... voulais être certain que Sovahnn ne soit pas seule pendant cette période... difficile ; sans parler de sa fille. Et heu. » Il se dandina. Tiens, c'est qu'il se sentait con.  « Et je ne sais pas comment … je … on pourrait faire pour vraiment la soutenir sans que ce soit « trop » pour elle. Tu vois, être certain qu'elle ne manque de rien, que si elle a besoin d'aide elle peut compter sur nous ; avoir un œil sur elle pour vérifier que tout va bien et tout... mais il ne faut pas non plus être trop sur son dos, je pense.» Est-ce qu'il pensait à la dépression avec la venue au monde de la gamine ? En plus de la perte de son copain ? Tout à fait. Et il savait, du moins pour lui, que se sentir soutenu c'est bien mais qu'il avait aussi besoin de calme. De beaucoup de calme. Et il fallait trouver le juste milieu.  « Et comme, je ne connais pas forcément ses... autres amis, voilà, j'te demande ça à toi.»

« Je peux toujours t'arranger ça pour les bougies... pour la peau de bête j'en ai pas. Sinon tu imagines... avec lui, il est bien poilu. »

Lui ? L'énorme chat qui « dort » sur le canapé. Ce que pense Tim, mais ma vérité est tout autre. Je sais qu'il ne dort pas, qu'il écoute, qu'il sent surtout. Il n'a sûrement jamais senti un lycan jusqu'ici et la plus part des chats … n'aiment pas ce qu'on dégage. Sauf Lune, évidemment, parce qu'elle ne fait jamais rien comme les autres.

« Ca va, ça va tu sais, journées d'étudiant, tu sais ce que c'est non ? Les cours, le boulot à la maison et compagnie. La routine quoi. »
« Ouaip. »

Pareil. Plus ou moins. En réalité c'est la routine qui se réinstalle chez moi aussi depuis quelques jours. Fini la bringue en non stop, je redeviens un sage et gentil garçon. Ou presque. On fait ce qu'on peut, on encaisse, on essaie de pas se faire buter par un putain de Grizzly au beau milieu des montagnes Canadiennes parce qu'on passe trop de temps l'esprit ailleurs. Parce qu'on est mentalement épuisé, sans doute un peu physiquement aussi. Accessoirement.

« Tu veux à manger, ou pas à boire ? En tout cas, c'est … gentil d'être venu. J'avoue que... que je ne savais pas trop à qui m'adresser d'autres. » 
« Je viens de prendre mon p'tit dej, c'est gentil, mais Sova me tuera si je ne passe pas lui déposer une part du gâteau que t'as fait j'te préviens. »

Pas besoin de le voir pour le savoir, je le sens. Ça te fait flipper ? J'en suis désolé si c'est le cas. Pas le but.

« Un verre d'eau, si t'as ça, j'veux bien. Merci. »

C'est ça, c'est important de s'hydrater. Surtout, ça me semble être une sorte de … convention, un truc de société, pour être poli et pas refuser les offres de celui qui t'accueille. Un réflexe, c'est tout, pas besoin de chercher midi à 14h.
Mains dans les poches de ma veste je reste concentré sur lui, je pense qu'on y arrive. A la véritable raison de ma présence ici. Parce que oui, les formules de politesse on s'en tamponne.

« Je... voulais être certain que Sovahnn ne soit pas seule pendant cette période... difficile ; sans parler de sa fille. Et heu. Et je ne sais pas comment … je … on pourrait faire pour vraiment la soutenir sans que ce soit « trop » pour elle. Tu vois, être certain qu'elle ne manque de rien, que si elle a besoin d'aide elle peut compter sur nous ; avoir un œil sur elle pour vérifier que tout va bien et tout... mais il ne faut pas non plus être trop sur son dos, je pense. »

Un sourire, tendre et amusé.

« Tu le sauras bien vite si t'es trop sur son dos, t'en fais pas. »

Mais il doit le savoir, après tout ils se connaissent depuis bien plus longtemps. A vrai dire, je l'admets, j'ai pu me demander comment ça pouvait matcher entre eux étant donné les opposés qu'ils semblent être. Puis je me suis dit que c'était complètement crétin comme réflexion, que de toute façon j'ai pas à porter le moindre jugement là dessus. Il compte pour elle, elle compte pour lui, partant de ce postulat je considère ce type comme un ami moi aussi.

« Et comme, je ne connais pas forcément ses... autres amis, voilà, j'te demande ça à toi. »
« T'as raison. Et puis après tout on est intime maintenant tous les deux. »

Tu peux juste pas t'en empêcher, hein ? Non.

« Pardon. C'est en rien méchant hein ? Mais si ça te gêne trop dis moi, j'arrête. »

Sincèrement. Souvenir d'un truc foiré avec Alec ? Peut être bien. Je sors les mains de mes poches et me pose sur l'un des accoudoirs d'un fauteuil. Mes doigts viennent se chercher, s'entremêlent tranquillement alors que je capte le regard de Tim plus sérieusement.

« C'est bien qu'elle puisse compter sur toi. Ce que tu fais c'est déjà énorme tu sais, juste … être là. Y a pas grand chose qu'on puisse faire d'autre. »

Faire les choses à sa place ? Non. Déjà parce qu'on se ferait dégager vite fait, aussi parce que … c'est son histoire, son existence qu'elle façonne. Sans être spectateur je sais où est ma place dans ce schéma, la place que j'ai envie d'y occuper. Celle que je dois occuper. Un support, un soutien, une présence quand il le faudra, en fonction de ce que je peux offrir. C'est pas du haut de mes 19 ans que je vais m'improviser expert en vie de famille, parce que même si j'aime Sovahnn du plus profond de mon cœur, que j'aime déjà la p'tite tout autant, je ne suis pas le personnage principal de cette histoire.
Non, moi je suis le parrain qui offrira les cadeaux les plus bruyants possibles. T'as hâte hein ? Avoue. Des choses on en partagera des tas, je le sais. J'ai fait une promesse en acceptant de prendre cette place dans la vie de cette enfant et je la tiendrai. Pas comme un parent, plutôt comme la personne chez qui elle déboulera sans prévenir quand elle se sera pris la tête avec sa mère à ce cap formidable qu'est l'adolescence.

« J'lui ai déjà proposé de lui acheter une maison elle veut pas, Madame fait la difficile en plus. »

Si je lève les yeux au ciel c'est pour accentuer le trait d'humour, évidemment, pourtant il y a une part de vérité là dedans. J'aurai pu, j'en ai les moyens, pour moi l'argent ça n'est rien. J'en ai à ne pas savoir quoi en faire, rien ne pourrait me faire plus plaisir que de le dépenser pour aider les gens que j'aime. Mais c'est son choix et je le respecte, à 100 %.

« J'espère que la famille de Zach restera dans les parages, sera là pour elles. J'ai pas trop de doutes concernant sa sœur en tout cas. J'espère aussi que sa propre famille jouera son rôle. Je sais qu'en tout cas elle peut compter sur un couple de mes proches, eux même viennent d'avoir un enfant. »

Isma et Leiv, bien sûr. La porte de leur maison est toujours grande ouverte, comme une sorte de refuge pour les âmes un peu larguées qu'on représente tous autant qu'on est.

« Y a pas de recette miracle, tout ça c'est un gros challenge pour elle et sincèrement, avec tout ce qu'elle encaisse et gère je crois pas qu'elle se rend compte à quel point elle peut être fière d'elle. Nous … on est les filets de sécurité, les bras qui peuvent aider à porter, à rassurer, les futurs babysitter à n'en pas douter et surtout les tontons supers cool qui vont apprendre des tas de conneries à la p'tite. »

Est ce que je compte lui raconter comment j'ai fait tourner en bourrique son père pendant des années ? Bien sûr, elle saura tout, discours agrémenté par celui de Layla assurément. Et tous les secrets de sa mère … Oui, elle aura vent de toutes nos conneries.

Ou presque.

Une conversation des plus basiques, il y mettait du sien pour éviter de trop balbutier, ce qui marchait plutôt bien pour l'instant. Les phrases semblaient compréhensibles, cohérentes – un minimum du moins-. Le Ouaip, le fit légèrement sourire, bon, par contre il espérait qu'une fois qu'il aurait lancé le sujet important, il parlerait un peu plus par ce qu'il savait qu'il ne pourrait pas mener une conversation tout seul. Il n'aimait généralement pas assez causer pour ça, il n'était pas assez bon là-dedans, et en plus ça risquait de le stresser encore plus et il n'avait pas besoin de ça ! Tim avait donc fini par proposer à manger ou à boire pour le grand garçon qu'il était.

« Je viens de prendre mon p'tit dej, c'est gentil, mais Sova me tuera si je ne passe pas lui déposer une part du gâteau que t'as fait j'te préviens. » Il avait un peu froncé les sourcil lorqu'il parla de petit-dej essayant de calculer le décalage horaire qu'il y avait approximativement... mais il fallait bien avouer qu'il n'en avait aucune idée. « Un verre d'eau, si t'as ça, j'veux bien. Merci. »

C'est bien, déjà, il ne lui avait pas fait une blague sur de la viande saignante ou quelque chose comme ça ! Est-ce qu'il aurait été capable de lui faire ce genre de chose ? Il n'en savait trop rien, des fois il avait l'impression que Ryans avait peu de limites mais … qu'il avait en contre-partie un certain savoir vivre. Tim acquiesça et alla lui chercher ledit verre d'eau. Et ce n'est que lorsqu'il le ramena qu'il se lança vraiment, essayant encore une fois d'être le plus clair dans ses propos, tandis que son cerveau était en ébullition. Il s'était probablement un peu répété plusieurs fois sur certains aspects, mais tant pis, il pensait au moins avoir tout dit, de façon plus ou moins anarchique.

« Tu le sauras bien vite si t'es trop sur son dos, t'en fais pas. »

Ce n'était pas faux, même plutôt vrai... mais des fois on avait pas le courage de dire les choses ; des fois le silence était plus salvateur que la rage contre le monde qui vous prend et qui déferle contre une personne qui n'a rien fait à part vouloir nous aider. Mais il est vrai que Sovahnn était très loin d'être lui, d'être commune, elle serait probablement plus forte que tout ça, elle surmonterait ses épreuves... plus facilement dirons-nous. Turner ce coup-ci s'était contenté d'acquiescer.

« T'as raison. Et puis après tout on est intime maintenant tous les deux. » Heu ? Et voilà, qu'il rougissait le Tim, sans réellement sans s'en rendre compte ; mais au moins cette fois, il n'avait pas peur de ce genre de phrase qu'il prenait à la rigolade, même si c'était quand même un peu gênant. Il se sentait con, de ce qu'il avait au début du mois, et assez mal.« Pardon. C'est en rien méchant hein ? Mais si ça te gêne trop dis moi, j'arrête. »
 « Ca va... c'est plutôt drôle, même.»

Ouais bon, il ne se fendait pas la poire, mais... ça restait quand même assez drôle. Un jour, il retrouverait peut-être un sens de l'humour, ou plutôt il le retrouverait face à des personnes comme Enzo, face à des gens qui le stressaient de qui, il avait clairement peur. Ce n'était pas un secret, ni pour l'un ni pour l'autre de toute manière. Il ne pouvait pas s'en cacher.

« C'est bien qu'elle puisse compter sur toi. Ce que tu fais c'est déjà énorme tu sais, juste … être là. Y a pas grand chose qu'on puisse faire d'autre. »

De nouveau, il fronça les sourcils en penchant un peu la tête, pensif. Il ne voyait pas ce qu'il faisait de « si énorme ». Il avait plutôt l'impression d'être une plante verte qui ne servait à rien ; mais soit, si c'était la vision des choses d'Enzo, cela lui allait bien !

« J'lui ai déjà proposé de lui acheter une maison elle veut pas, Madame fait la difficile en plus. »

Cette fois, il était encore plus perplexe, il comprenait bien qu'il plaisantait sur la fin …. mais sur le début. Est-ce qu'il avait vraiment l'argent pour lui proposer ce genre de choses ? Ou est-ce qu'il était en train de simplement plaisanter ? Certains sang-purs avaient de l'argent à ne plus savoir qu'en faire, c'était un fait ! Par ce que oui, ça le perturbait, même si en soi, et bien qu'il soit friqué ou pas, on ne pouvait pas dire que ça changeait quoi que ce soit. On se calme Enzo sur les blagues, il ne les comprend pas toujours, me le confuse pas encore plus.

«  J'espère que la famille de Zach restera dans les parages, sera là pour elles. J'ai pas trop de doutes concernant sa sœur en tout cas. J'espère aussi que sa propre famille jouera son rôle. Je sais qu'en tout cas elle peut compter sur un couple de mes proches, eux même viennent d'avoir un enfant.  Y a pas de recette miracle, tout ça c'est un gros challenge pour elle et sincèrement, avec tout ce qu'elle encaisse et gère je crois pas qu'elle se rend compte à quel point elle peut être fière d'elle. Nous … on est les filets de sécurité, les bras qui peuvent aider à porter, à rassurer, les futurs babysitter à n'en pas douter et surtout les tontons supers cool qui vont apprendre des tas de conneries à la p'tite. »

Des filets de sécurité ? L'angoisse qui remontait, clairement. Est-ce qu'il était réellement ça ? Est-ce qu'il n'était pas juste un imposteur ? Est-ce que je le jour où elle apprendrait la vérité, elle voudrait toujours lui parler ? Est-ce qu'elle ne croirait pas qu'il avait fait tout ça pour se moquer d'elle, pour prendre des informations ? C'était faux, triple faux. Il ferait n'importe quoi pour la protéger, mais elle ne l'entendrait peut-être pas de cette oreille, et ça serait compréhensible. Comment est-ce qu'il pourrait lui en vouloir après tout ce que les Inquisiteurs avaient faits, d'autant plus qu'il n'en savait probablement pas le quart. Il arriva au prix d'un valeureux effort à lui faire un petit sourire. Ouais, peut-être qu'il serait un tonton super-cool, même s'il se voyait plus en tonton tout court. Enzo était un type cool. Maintenant, il ne restait plus qu'à lui répondre, alors on se calme, on réunit bien ses pensées avant d'ouvrir la bouche. Soit positif.

 « Effectivement, vu comme ça ...» Il se tut quelques instants avant de reprendre, essayant d'être plus éloquent  «Pourquoi est-ce que la famille de Zack ne serait pas présente ? » Ce n'était qu'à moitié une question, du peu qu'il avait compris c'était des gens bien, alors ils seraient présents.  «Pour sa famille, sincèrement je n'en sais rien. » Là par contre, étrangement, il avait un doute un peu plus énorme, mais il n'était pas forcément le plus objectif non plus.  «Mais je ferai tout ce qui est possible pour être présent, surtout que pour le monde j'ai quand même un emploi du temps plutôt cool, j'espère que ça durera l'année prochaine, du coup je serai, j'espère assez facilement dispo. » Il n'avait pas besoin de bosser comme il le faisait actuellement pour s'occuper l'esprit. Il espérait qu'Enzo sentirait à quel point il était sincère en disant cela.  «Mais pour l'instant, j'avoue que je ne vois pas trop ce que je fais réellement pour elle... » Tu parles de la baby shower où il s'était dégonflé comme pas possible ? La bonne blague.  « Mais sinon... pour la maison, t'es sérieux ?»

Ouais, il était obligé de demander, par ce que vraiment,c'était le genre de truc qui l'intriguait vraiment beaucoup.

Est-ce que j’ai dit un truc qui ne fallait pas ? Est-ce que ma simple présence le met dans cet état ? Une combinaison de deux ? J’en sais rien mais je sens son angoisse prendre un peu plus d’ampleur et on ne peut pas dire que ça me mette très  à l’aise. C’est perturbant d’être une telle source de stress pour quelqu’un, réellement, surtout quand vous appréciez la personne en question ou en tout cas que vous ne ressentez aucune inimitié à son égard. Pas d’indifférence non plus. Peut-être qu’il est « simplement » en train de se mettre la pression par rapport à tout ça et je ne lui jetterai pas la pierre mais va falloir qu’on se détendre, tous. Les gens mettent au monde des enfants depuis la nuit des temps et a priori la majorité s’en sort très bien donc il n’y a aucune raison que ça se passe mal pour Sovahnn. Respire, tout ça n’est pas ta responsabilité en plus de ça. Un sourire ? Oui, c’est bien ça, et je le lui rends sans rien dire de plus.

« Effectivement, vu comme ça ... »

C’est ma perception des choses, je ne dis pas que c’est immuable mais ça me semble pas si improbable de voir la situation sous cet angle là.

« Pourquoi est-ce que la famille de Zack ne serait pas présente ? »
« Parce qu’eux aussi ils ont un deuil à faire. Ils ont perdu leur fils et c’est pas forcément toujours évident d’être confronté à l’évidence de l’absence. »

Difficile de ne pas penser à ce qu’ils ont perdu quand leur regard se pose sur le ventre proéminent de Sovahnn. Et quand la petite sera là, qu’elle lui ressemblera peut être, est ce que ça ne sera pas comme un coup de poignard en plein cœur ? Je me dis juste que c’est quitte ou double et je ne les connais pas assez pour juger de quoi que ce soit. Si la p’tite se présente en ayant la peau aussi claire que sa mère, là c’est encore autre chose. Coucou Warren. T’hyperventile ? Respire dans un sac, ça va aller.

« Pour sa famille, sincèrement je n'en sais rien. »

Là pour le coup je pense qu’il est bien plus à même que moi d’y voir plus ou moins clair. Je ne les connais, lui si, mais à voir son langage corporel j’ai comme l’impression qu’on en est au même stade : Un peu pessimistes.

« Mais je ferai tout ce qui est possible pour être présent, surtout que pour le monde j'ai quand même un emploi du temps plutôt cool, j'espère que ça durera l'année prochaine, du coup je serai, j'espère assez facilement dispo. »

Est-ce qu’on en arrivera là ? A devoir checker nos emplois du temps pour s’aligner ? Sincèrement je ne pense pas. Être présent ne veut pas dire mettre sa vie entre parenthèse ou devoir la régler en fonction de la situation, c’est pas non plus ce qu’elle attend de nous j’en suis certain.

« Mais pour l'instant, j'avoue que je ne vois pas trop ce que je fais réellement pour elle... »
« J’te l’ai dit, t’es là. »

Qu’est-ce que tu veux faire de plus ? Accoucher à sa place ? Je passe mon tour. L’implication à des limites non mais oh ! Fallait pas naitre dans une rose.

« Mais sinon... pour la maison, t'es sérieux ? »

Un rire m’échappe, secoue mes épaules, s’efface comme il est venu mais le sourire reste.

« Oui. »

Je sais, chez les gens normaux ce genre de trucs n’arrive pas en général mais hey, surprise, j’ai le sang pur et je suis plein aux as. T’as pas remarqué à quel point j’avais des similarités avec ses gens si haut placés ? Personnellement je cherche toujours.

« J’aurai sans doute jamais assez d’une vie pour dépenser tout l’argent que ma famille m’a laissé et me laisse encore. »

Haussement d’épaules, sourire plus tranquille, plus calme surtout. Cet argent il est surtout synonyme d’héritage et qui dit héritage dit absence. Mort. Manque. Le deuil a beau être fait depuis longtemps maintenant il est évident que j’échangerai tout ce que j’ai de matériel si ça pouvait me ramener mes parents. Je n’ai jamais connu notre Grand-Mère et j’étais peu proche de notre Grand-Père, l’impact émotionnel n’est absolument pas le même de ce côté-là. Et comme si c’était pas assez le père de notre mère a décidé de nous filer de l’argent, des fois qu’on en manquerait … Ou que ça pouvait remplacer les années passées sans l’avoir dans nos vies. Ou le fait qu’il nous ait kidnappés et presque mariés de force, aussi. aller, la rancune ça colle des rides et j’suis bien trop frais pour prendre le risque.

« J’ai aucun mérite à tout ça, c’est pas comme si je l’avais gagné cet argent et j’aurai du mal à le dépenser pour moi mais si ça peut servir à aider les gens que j’aime et/ou qui en ont besoin tant mieux. »

Les amis, des asso, des causes qui me tiennent à cœur, ce genre de trucs. Aller, peut être qu’un jour je réaliserai mon caprice et j’achèterai une ile.

« T’es en train de te dire que j’suis un bon parti, avoue. »

Enzo ! Quoi ? Il a dit qu’il trouvait ça drôle j’y suis pour rien. Est-ce que j’suis obligé de faire la même gueule que Joey avec son How you doing ? en disant ça ? Sans doute pas. Merlin m’a fait comme ça, deal with it bitch. Tu me parles meilleur, un clic et j’te supprime p’tit con. Tu m’aimes trop pour ça. Pas faux. On verra si tu fais autant le malin quand tu sauras que ce type c’est le cousin de ton ex. Chut. MOUAHAHA. Hum. Pardon.

On se calme, tout ça ne doit pas être très agréable Enzo de ressentir ses battements cardiaques, ou au final, il ne savait pas trop quoi. Il n'en était pas franchement sûr. Allez, pour votre bien à vous deux, tu dois te calmer, mais c'était plus dur à faire qu'à penser ; c'était bien là le souci. Tim n'avait pas tardé à poser une question sur la famille de Zack, il avait l'impression, là encore de ne pas tout saisir.

« Parce qu’eux aussi ils ont un deuil à faire. Ils ont perdu leur fils et c’est pas forcément toujours évident d’être confronté à l’évidence de l’absence. »

Il avait l'impression de comprendre, sans réellement comprendre ce qu'il disait-là. Bien sûr, les tenants et aboutissants, la perte et tout ça, c'était quelque chose de clair pour lui. Tout comme la mort. Mais il fallait bien avouer qu'il avait du mal à comprendre en quoi cela pouvait vraiment concerner Sovahnn, enfin elle avait leur petite fille qui allait bientôt naître,  elle avait besoin d'aide. Ils n'allaient quand même pas la laisser tomber ? Ca lui semblait assez étrange comme ça et difficilement compréhensible. Mais soit, il n'avait probablement pas non plus tous les éléments en mains et il savait qu'il réagissait bien souvent différemment des autres gens, ce n'était probablement pas si anormal qu'il ne comprenne donc pas. Plutôt que de passer pour un ahuri, il avait préféré opiner doucement de la tête afin de répliquer doucement

 « Ok, ben j'espère quand même pour elle qu'ils pourront être présents, au moins un minimum.»

Et il avait bientôt enchaîné sur la famille de la blonde, là, il comprenait un peu mieux la situation et pouvait répondre plus facilement, même s'il est vrai qu'il se sentait un peu dépassé par tout ça. Chaque famille avait ses façons de faire. Et il n'était pas trop optimiste, est-ce qu'il ne devrait pas essayer de voir avec sa mère pour que cette dernière aille les voir, pour demander tout autre chose, et essayer de prendre la température ? Mauvaise idée, il le savait, d'autant plus que sa mère était attachée à la jeune femme. Une chose était certaine, et bien claire dans sa tête malgré tout : il voulait être présent pour elle, l'aider ; quitte à se damner auprès des Inquisiteurs, du moment qu'elle allait bien, qu'elle puisse mener sa vie avec sa fille c'était le plus important pour lui. En attendant, il était plutôt content, pour l'instant il aurait une certaine disponibilité si elle avait besoin de lui.

« J’te l’ai dit, t’es là. »

de nouveau, il fronça un peu les sourcils. Non, vraiment, il ne comprenait pas franchement ce qu'il voulait dire par là, par ce que ça lui semblait normal d'être là et que de son point de vue, c'était rien. Ce n'était pas le genre de chose qui pouvait vraiment changer.
Il se contenta donc d'hausser les épaules. Ouais, on va rester sur ça pour ne pas ennuyer plus le grand garçon, sa question avait déjà dû être assez étrange pour ne pas qu'il en rajoute une couche.
Et puis Enzo avait aussi parlé d'acheter une maison à la blondinette. Hein ? Mais bordel, une maison ?! Visiblement, sa tronche et ce qu'il avait dit sur le sujet devait être assez drôle vu le rire qu'Enzo avait eu. Rapide, mais présent.

« Oui. » Bah, merde, alors. « J’aurai sans doute jamais assez d’une vie pour dépenser tout l’argent que ma famille m’a laissé et me laisse encore. »

C'est vrai que parfois, il avait tendance à oublier qu'Enzo faisait parti des sang-purs, il fallait bien avouer qu'il s'était plus focaliser sur son Don ? Malédiction poilue qu'autre chose ? Il avait bien vu, avec Kyle, que le grand garçon devant lui n'avait rien contre les moldus/cracmols.

« J’ai aucun mérite à tout ça, c’est pas comme si je l’avais gagné cet argent et j’aurai du mal à le dépenser pour moi mais si ça peut servir à aider les gens que j’aime et/ou qui en ont besoin tant mieux. »

C'est bien, ils avaient de la chance ses amis, même s'il doutait que personne n'abusait franchement de la situation ; mais il est vrai que ça pouvait sauver des vies. Il haussa finalement un peu les épaules avant de répliquer

 « Ce n'est pas une question de mérite ou pas. Tu en as énormément, tant mieux pour toi, et c'est cool de vouloir aider tes amis avec. Et puis, tu sais, il paraît que quand on a de l'argent on est plus... puissant, notre voix compte plus.» Il avait toujours beaucoup de mal avec ce concept, mais bon, c'était quand même pas loin de la vérité  « Mais j'avoue que je ne m'y connais pas du tout là-dedans.»

Hum bon voilà.

« T’es en train de te dire que j’suis un bon parti, avoue. »

Pendant un instant il avait rougi avant de se mettre à rire, bon un petit rire certes, mais c'était toujours mieux que rien, n'est-ce pas ? Il fallait juste espérer que ce ne soit pas un genre d'avance, mais non, ça n'y ressemblait pas vraiment. En même temps, il n'était pas certain de le remarquer. Allez, Tim, focus.

 « Ouais, tout à fait !» Allez,  il pouvait essayer de faire le con, 'est-ce pas ? En espérant que ça marche.  « Heureusement, que tu ne sais pas que j'tai fait un gâteau au chocolat pour te soudoyer.»

Tiens, d'ailleurs, il alla enfin chercher le verre d'eau pour Enzo et posa le gâteau qu'il coupa en tranche pour que chacun puisse se servir. Inspiration.

 « Alors, le bon parti ; dis-moi, à part l'argent et l'humour qu'est-ce que tu as pour toi ?»

Ton de la blague. Et puis doute sans ses yeux. Merde, est-ce qu'il n'était pas allé trop loin, là ?

« Ce n'est pas une question de mérite ou pas. Tu en as énormément, tant mieux pour toi, et c'est cool de vouloir aider tes amis avec. Et puis, tu sais, il paraît que quand on a de l'argent on est plus... puissant, notre voix compte plus.» 

Est ce que j'ai déjà envisagé les choses comme ça ? Non. Absolument jamais. C'est pas du tout dans mon tempérament de vouloir faire partie des puissants, bien au contraire. Me servir de ce poids pour avoir de l'influence sur quelque chose, pire, sur quelqu'un … Non clairement ça n'est pas quelque chose que je peux envisager. J'ai pas tellement un super apriori sur ceux qui procède de cette façon, devenir l'un d'entre eux me file plus la nausée qu'autre chose. Je veux juste être tranquille, vivre ma vie dans mon coin, et si un jour j'ai besoin d'user de ça pour faire bouger un truc qui me tient particulièrement à cœur, que je juge juste, alors on verra. Contrer un promoteur pour préserver une plage ou une baie, ce genre de trucs, ou tout ce qui touche à la pollution … mais la politique c'est clairement pas pour moi. Ça ne m'intéresse pas.

« Mais j'avoue que je ne m'y connais pas du tout là-dedans. » 

Voilà, moi non plus. Je sais vers qui me tourner si je veux apprendre – coucou le grand-père – mais vraiment ça ne m'intéresse pas. Être un bon parti en revanche … pas plus, tout le monde a compris que je plaisante. Il rougit, j'en tire une certaine satisfaction je ne vais pas mentir, mais quand il se laisse aller à un rire, même léger, je sais que je n'ai pas dépassé les bornes. Est ce qu'il va finir par croire que je le drague vraiment ? Et bien si c'est le cas je me retrouverai pris à mon propre piège et je l'aurai bien cherché.

« Ouais, tout à fait ! Heureusement, que tu ne sais pas que j'tai fait un gâteau au chocolat pour te soudoyer. »
« C'est donc pour ça ... »

Et si je te dis que je préfère la viande saignante ? Ouais, non hein. Non. Mauvaise idée, on est bien là pourquoi tout gâcher.

« Merci. »

Pour le verre d'eau que j'attrape pour en boire directement quelques gorgées. L'odeur du gâteau se fait plus franche. Sucré, agréable, je ne suis pas vraiment un gros gourmand mais je dois admettre qu'il sent vraiment bon. Ça m'arrive de cuisiner, souvent en réalité parce qu'il faut bien se nourrir, mais clairement la pâtisserie ça n'est pas mon truc.

« Alors, le bon parti ; dis-moi, à part l'argent et l'humour qu'est-ce que tu as pour toi ? »
« J'sais pas, j'me suis fait larguer comme une merde y a un mois et demi alors pas grand chose j'imagine. »

Tu sais, il est là, ce moment où ça t'échappe, tu le réalises et t'as juste envie de te foutre une claque. S'apitoyer sur son sort c'est une belle grosse merde et même si parfois ça fait du bien, un moment, faut arrêter. Surtout que j'ai plus d'estime de moi que ça.

« Hum, tu peux m'appeler Caliméro j'le mérite là. »

A mon tour de me laisser aller à rire et je commence à réfléchir sérieusement. Oui je sais tout ça part d'une blague mais j'ai quand même envie d'y répondre, ça fait jamais de mal de dresser la liste des trucs que tu trouves pas trop mal chez toi.

« J'suis un garçon plein de bon sens, à l'écoute des autres, pas trop dégueulasse à regarder, je sais cuisiner, j'suis globalement autonome pour tout, j'adore les animaux … Le gendre idéal quoi. »

Un peu de dérision, malgré tout, s'agirait pas d'être trop sérieux non plus. Est ce qu'on fait aussi la liste de ce qui ne va pas ? Non, pas envie. Personne n'est parfait, la plus part du temps je ne suis pas gonflé de confiance en moi malgré les apparences peut être, mais là tout de suite j'ai pas envie de mettre la lumière sur ces pans là de celui que je suis. Parfois ça fait juste du bien de se trouver cool et là tout de suite c'est le cas alors je vais en profiter un peu si ça ne dérange personne.

« Vous vous connaissez depuis combien de temps déjà avec Sova ? »

Changement de direction, plus ou moins. On est là pour elle après tout et même si j'ai déjà eu des bribes de leur histoire, ça me rend simplement curieux d'en savoir plus.

Il ne savait plus trop dans quel genre de discussion il était en train de s'engager,  et c'était en plus lui qui provoquait en plus avec ses phrases à la con. Vraiment, pourquoi est-ce qu'il partait dans ce genre de discours 'adulte' en mode, ouais le fric c'est le pouvoir ? Pourquoi est-ce qu'il faisait ça, alors qu'au final c'est juste ce qu'il avait entendu dans divers médias et qu'il ne pouvait pas témoigner lui-même. Sa famille avait un peu d'argent, assez pour qu'il puisse vivre avec sa mère, sans être obligé d'avoir des petits boulots étudiants ; même si parfois il s'en trouvait pour aider cette dernière. Voilà, on va donc tout normalement s'orienter dans autre chose, ça sera quand même beaucoup mieux ! Ils en étaient donc arrivés au moment où Enzo lui avait dit qu'il était un bon parti, et après quelques instants d'hésitations et il faut bien l'avouer de gêne, en se demandant s'il disait ça pour le draguer ou pas, il avait fini par arriver à se détendre, comprendre qu'il s'agissait juste d'une boutade. Il avait même réussi à rire un peu ; bon ce n'était pas non une énorme esclaffade, mais c'était toujours mieux que la peur n'est-ce pas ? Tim en avait profité pour faire un peu d'humour, espérant que ça serait pris comme tel, on ne pouvait pas dire que c'était vraiment son fort, ce genre de trucs. Lui, était plus du genre à tout prendre sérieusement, pour ne pas dire, au premier degré. Il avait parfois beau essayer d'y voir la blague, rien n'y faisait, ou du moins tout dépendait de la subtilité des dires de ses interlocuteurs. Avec les mois, il se démerdait quand même de mieux en mieux, mais il avait encore beaucoup de chemin à faire pour arriver à se fondre un peu plus facilement dans la masse.

« C'est donc pour ça ... »
 « Ouais. Mais fais comme si tu ne savais rien, ça serait dommage de te gâcher la surprise, non ?»
« Merci. »

Comme seule réponse, il s'était cette fois contenté d'un vague sourire. Il avait ensuite essayé de reprendre un peu sur ce qu'ils disaient avant le « bon parti ». Il fallait bien qu'ils fassent un peu plus ample connaissance, pour Sovahnn. Le courant passait à peu près bien pour l'instant, si bien que même si la peur restait-là, il prenait un minimum confiance et se détendait. Il essayait de mettre un coup de pied à ses angoisses, de les enfouir un peu plus profondément, mais elles semblaient quand même vouloir rester bien ancrées. Comme un avertissements. Sait-on jamais ce qui pouvait lui prendre ? C'était stupide, il le savait, mais il n'y pouvait rien.

« J'sais pas, j'me suis fait larguer comme une merde y a un mois et demi alors pas grand chose j'imagine. »
 « Ow. J'suis désolé, c'était ptet maladroit d'ma part comme question.» répliqua-t-il rapidement assez gêné. Le but n'était pas de le mettre mal. Il avait réussi à mettre les pieds dans le plat sans le vouloir, c'était un don visiblement.
« Hum, tu peux m'appeler Caliméro j'le mérite là. »
 « Pourquoi est-ce que j'ferai ça ? Enfin, je veux dire que je peux comprendre que ça ne doit pas être une situation très cool à vivre et que perdre une personne à laquelle on tient, c'est... compliqué à gérer.» il se mordilla un peu la lèvre, essayant de trouver les bons termes.  « Enfin s'tu veux en parler, comme j'le connais pas et que j'te connais pas trop... T'auras un avis neutre, mais j'suis vraiment nul dans ce genre de conseils et compagnie j'te préviens. J'suis pas fiable.»

Ouais bon, à part avec Lewis on ne pouvait pas dire qu'il avait vraiment été en couple, et c'était son à présent meilleur ami... qui lui avait toujours visiblement des sentiments pour lui. Bref, là aussi c'était quelque chose de compliqué. Il y avait Ruben aussi pour qui il avait clairement des sentiments, mais il le détestait aussi. La merde totale.
Heureusement Ryans arriva sur son grand cheval blanc pour redresser la conversation dans quelque chose de plus joyeux.

« J'suis un garçon plein de bon sens, à l'écoute des autres, pas trop dégueulasse à regarder, je sais cuisiner, j'suis globalement autonome pour tout, j'adore les animaux … Le gendre idéal quoi. »
 « Ouais, c'est vrai que c'est déjà pas mal. Je valide surtout quelques points : la cuisine et les animaux.» Autrement dit, c'était des points communs. C'était un portrait plutôt positif qu'il dressait de lui, ce que Tim était incapable de faire. Bon, il savait qu'il avait quelques qualités quand même, il en avait conscience mais elles étaient, pour lui -pour les autres?- complètement surpassées par les défauts. «Ca va, je crois que je peux rajouter que tu n'as pas un égo trop gonflé non plus ! »

C'est vrai, tout ce qu'il avait dit ça restait quand même relativement modeste. 

« Vous vous connaissez depuis combien de temps déjà avec Sova ? »
 « Et bien, je ne pourrai pas te dire exactement, j'ai bien envie de répondre depuis toujours. Elle habitait pas loin d'ici, du coup on était voisin.» il haussa un peu les épaules.  « J'ai quasi toujours habité ici, donc il faudrait voir si elle était déjà là ou pas... j'avoue les dates et moi c'pas trop ça, surtout quand ça remonte à aussi loin ; mais pour moi, elle a toujours été là, dans mon entourage.» Et toi, sombre crétin, à Poudlard tu l'a reniée... et même un an après. Ses « raisons » n'expliquaient pas tout, et il le savait. Il regrettait de s'être éloigné d'elle. Peut-être qu'il devrait lui dire plus clairement, peut-être que c'était inutile.  « On s'est perdus de vu... et bien tu te doutes de quand, on s'est revus à Poudlard.» Il soupira doucement.  « Et on peut pas dire que j'ai assuré à ce moment-là... mais on va dire que le principal c'est que « tout » se soit résolu ; à présent.» Il se tut quelques instants.  « Toi, du coup, tu la connais forcément de là-bas, mais depuis quand est-ce que vous êtes amis ?»

« Pourquoi est-ce que j'ferai ça ? Enfin, je veux dire que je peux comprendre que ça ne doit pas être une situation très cool à vivre et que perdre une personne à laquelle on tient, c'est... compliqué à gérer. » 

Compliqué, oui je crois que c'est le bon terme. Pas envie de refaire l'histoire, pas envie de me replonger dans ces premiers jours de dérives où j'ai cru devenir fou. Peut être que je le suis vraiment devenu, en réalité.

« Enfin s'tu veux en parler, comme j'le connais pas et que j'te connais pas trop... T'auras un avis neutre, mais j'suis vraiment nul dans ce genre de conseils et compagnie j'te préviens. J'suis pas fiable. »

Un rire amusé, rien de plus. Non, pas envie d'en parler, à quoi bon ? J'ai pas besoin de conseil, plus besoin d'une épaule sur laquelle pleurer, j'veux juste … Oublier, passer à autre chose, mais ça se saurait si c'était aussi simple. Bref, j'aurai du me taire c'est surtout ça.

« J'suis un garçon plein de bon sens, à l'écoute des autres, pas trop dégueulasse à regarder, je sais cuisiner, j'suis globalement autonome pour tout, j'adore les animaux … Le gendre idéal quoi. »
« Ouais, c'est vrai que c'est déjà pas mal. Je valide surtout quelques points : la cuisine et les animaux. Ca va, je crois que je peux rajouter que tu n'as pas un égo trop gonflé non plus ! »

Le rire se fait plus franc. Ah, mon égo. Un truc chatouilleux de temps en temps il faut l'admettre mais personne n'est parfait.

« Vous vous connaissez depuis combien de temps déjà avec Sova ? »
« Et bien, je ne pourrai pas te dire exactement, j'ai bien envie de répondre depuis toujours. Elle habitait pas loin d'ici, du coup on était voisin. J'ai quasi toujours habité ici, donc il faudrait voir si elle était déjà là ou pas... j'avoue les dates et moi c'pas trop ça, surtout quand ça remonte à aussi loin ; mais pour moi, elle a toujours été là, dans mon entourage. » 

Est ce que je suis en train d'imaginer la petite Sovahnn et le petit Tim en train de jouer à la dinette ou dans le bac à sable ? Absolument, et c'est très mignon. Un ami d'enfance, un repère du passé, je crois que c'est pas donné à tout le monde d'avoir ça.

« On s'est perdus de vu... et bien tu te doutes de quand, on s'est revus à Poudlard. »

Drôle de coïncidence. Coïncidence de merde même je dirai. Surtout quand on sait qu'aucun des deux n'a choisi d'aller là bas.

« Et on peut pas dire que j'ai assuré à ce moment-là... mais on va dire que le principal c'est que « tout » se soit résolu ; à présent. » 

Pas de commentaire à faire, tout ça ne me regarde pas. Pour autant je suis plutôt heureux pour eux qu'ils aient pu mettre tout ça de côté. Je ne pourrai pas toujours être là, c'est rassurant de savoir que Sova à d'autres amis proches, dans tous les sens du terme. Et puis être en bon terme avec Tim aujourd'hui me fait sincèrement plaisir, surtout quand je vois de quel mauvais pied on est parti. On en est pas à se faire de franches accolades et je doute que ça se produise un jour mais je trouve que le feeling passe plutôt bien.

« Toi, du coup, tu la connais forcément de là-bas, mais depuis quand est-ce que vous êtes amis ? »

Depuis qu'on a joué au docteur dans un couloir de l'école alors qu'on n'avait même pas échangé nos prénoms ? J'ai pas honte de ça mais sans trop savoir pourquoi, et même si ça me fait sourire intérieurement, j'ai pas spécialement envie de balancer ça à Tim. Sova le fera si elle veut, je pense que j'ai suffisamment malmené le garçon comme ça niveau sujet qui font rougir. Un peu pudeur n'a jamais tué personne a priori alors oui, je vais sortir cette carte là.

« Hum, ça doit faire un truc comme deux ans et demi, trois ans. On s'est rencontrés par hasard et ça a tout de suite matché entre nous. »

Sans déconner. On était juste deux couillons en mal de vivre, on a fait chier le monde ensemble, ça s'est terminé l'un contre l'autre. La seule et unique fois. Pas la moindre trace d'ambiguïté entre nous aujourd'hui. J'ai tellement de souvenirs avec elle entre ces murs, derrière ces grilles. Pas tous bons, on peut le dire, mais pourtant quand je repense à cette époque qui me semble être bien plus lointaine que ça c'est le sourire qui me vient. Pas de nostalgie, juste cette petite étincelle de bonheur d'avoir partagé tout ça et de se dire que c'est loin d'être fini.

« Rien à voir mais tu fais quoi comme études au fait ? »

Poudlard, école, étude, ça se tient. Je m'intéresse, y a quoi ?

Parfait, il ne semblait pas avoir envie de parler de ses soucis, ce qui l'arrangeait quand même beaucoup, il faut bien l'avouer mais s'il l'aurait vraiment aidé/écouté autant qu'il le pouvait dans le cas contraire. Ils avaient fini par parlé de Sovahnn et de comment est-ce qu'ils s'étaient connus. La vérité, c'est qu'il n'avait pas de tête en date ni d'anecdote précise, la demoiselle pourrait probablement en dire un peu plus, elle avait quelques années de plus que lui si bien que les souvenirs devaient être plus encrés dans sa tête ! Il faudrait qu'il lui demande à l'occasion même s'il est vrai que leur environ 4 ans d'écarts n'était pas immense, tout gamin ça commençait à compter. Malheureusement, il avait vite tout balayé en parlant de Poudlard, la boule au ventre, entre la culpabilité qu'il pouvait ressentir sur ça et les souvenirs sur cette sombre époque engendraient sur lui. Est-ce qu'il avait merdé à l'époque ? Probablement. Est-ce qu'il avait quelques excuses ? Tout à fait, même si cela n'expliquait quand même pas tout. C'était trop facile de se cacher toujours derrière ; lui comme beaucoup d'autres devaient apprendre à assumer mais il était encore loin d'un vrai résultat satisfaisant. Même s'il n'avait dit que quelques phrases, qu'il avait réussi à être concis, il pensait avoir tout résumé d'une façon assez juste et correcte, assez du moins pour qu'Enzo sache qu'il n'avait pas forcément été des plus cools pendant une époque avec elle. Il n'avait heureusement fait aucun commentaire de tout cela.

Maintenant ils pouvaient passer à un autre sujet qui était d'ailleurs déjà tout trouvé... il n'avait plus qu'à retourner la question à Enzo. Même si pour les lieux il se doutait à peu près de ce que cela devait être...  Il n'y avait pas beaucoup de choix au final, Poudlard semblait même le seul et l'unique.

« Hum, ça doit faire un truc comme deux ans et demi, trois ans. On s'est rencontrés par hasard et ça a tout de suite matché entre nous. »

Simple calcul qu'il ne pouvait pas s'empêcher de faire : donc ça serait pendant la période où les Supérieurs étaient encore là – et lui aussi du coup-. Il acquiesça doucement, se demandant s'il était possible de demander un peu plus de détails, par ce qu'une rencontre par hasard et bien ça laissait au final pas mal de choix. Mais il se ravisa sur sa question, si Ryans avait voulu en parler à un moment donné de façon plus détaillé il l'aurait fait. Il n'avait pas envie de peut-être réveiller un souvenir douloureux chez son interlocuteur, alors le silence était de mise. Enfin, probablement qu'il devait quand même dire une phrase ou deux non ? Pour ne pas paraître trop mal poli, même si un petit geste de la tête aurait pu suffire!

 « C'est cool, en même temps elle est tellement gentille que c'est difficile que ça ne matche pas. »

Impartialité ? C'est quoi ce mot ? Ca se mange ? Non, il avait bien des difficulté à pouvoir agir comme ça face à Sovahnn.

« Rien à voir mais tu fais quoi comme études au fait ? »

Ouulàà. Bonne question, mais il trouvait le changement de sujet peut-être un peu trop abrupte. Il le regarda quelques instants un peu perplexe, se demandant s'il y avait un rapport avec Sovahnn avant se de dire que c'était juste de la curiosité. On se détend Tim, ce n'est pas une question piège, au contraire apprendre à se connaître c'était peut-être la meilleure des choses à faire.

 « Je suis pour l'instant en première année de Journalisme à la Fac.» Il se tut l'année prochaine  « Pour l'instant ça me plaît bien, mais j'me demande si je ne devrais pas plutôt au final faire quelque chose en lien avec les animaux... pas vétérinaire, je pense que ça serait trop complexe ; mais auxiliaire ou quelque chose comme ça.»

Non pas qu'il n'ait pas les capacités, il les avait probablement, mais … pour l'instant faire de longues études était quelque chose de trop compliqué pour lui, et on ne pouvait pas dire qu'il avait très bonne mémoire en ce moment (cachet ? Dépression ? Les deux?)... du coup il ne voulait pas viser quelque chose qu'il ne pourrait pas obtenir, ça serait beaucoup trop décevant.

 « Je suis un peu en pleine réflexion sur ça, c'est un métier qui me plaît pas mal journaliste... mais c'est être en rapport avec trop de gens. Au final, à la fin des études, je pensais plus me tourner vers ceux qui font les enquêtes, ou du journalisme animalier ; bref quelque chose où tu es plus dans l'ombre... mais entre temps faut faire plein de stages et compagnie et je ne pense pas pouvoir tenir ce rythme ou avoir d'assez bonnes appréciations pour pouvoir réussir le diplôme à la fin.»

Les notes, il n'y aurait pas de souci, mais les stages, s'il se faisait démonter pour trouver du boulot après, ça serait compliqué ; il ne voulait pas voir que jusqu'au bout de son nez, il fallait réfléchir à toutes les perspectives ; en l'état actuel des choses même s'il évoluait, c'était beaucoup trop lentement par rapport à ses études. Et ce qu'il disait là, c'était juste un simple constat, des faits, qu'Enzo pouvait comprendre. Quand on est nerveux, timide et compagnie bien se faire voir dans ce genre de métier, bien s'adapter c'était plus compliqué. Les capacités en soit, il les avait. Mais il y avait le tout autour qui fallait aussi compter, dans son état actuel s'il ne voulait pas se faire bouffer encore plus par le stress, le burn out et compagnie il devait agir/réagir.

 « Enfin à voir... T'es un des premiers à qui j'en parle d'ailleurs.»

Il haussa simplement les épaules. Peut-être aussi que le fait que s'il changeait de voie et qu'il n'allait plus à la Fac il n'aurait plus besoin de voit la tronche de Shadwell et que ça, c'était aussi une bonne chose.

« Je suis pour l'instant en première année de Journalisme à la Fac. Pour l'instant ça me plaît bien, mais j'me demande si je ne devrais pas plutôt au final faire quelque chose en lien avec les animaux... pas vétérinaire, je pense que ça serait trop complexe ; mais auxiliaire ou quelque chose comme ça. »

Virage à 90°, non ? Pas que je juge mais les deux me semblent quand même diamétralement opposés.

« Je suis un peu en pleine réflexion sur ça, c'est un métier qui me plaît pas mal journaliste... mais c'est être en rapport avec trop de gens. Au final, à la fin des études, je pensais plus me tourner vers ceux qui font les enquêtes, ou du journalisme animalier ; bref quelque chose où tu es plus dans l'ombre... mais entre temps faut faire plein de stages et compagnie et je ne pense pas pouvoir tenir ce rythme ou avoir d'assez bonnes appréciations pour pouvoir réussir le diplôme à la fin. »

Là encore, aucun jugement. Je ne connais pas ses compétences, ses capacités, pas plus que je ne connais le programme ou le fonctionnement de ces études ni même le métier qu’il vise alors s’il ne le sent pas effectivement c’est sans doute une bonne idée d’envisager autre chose. Simplement de se dire que si ça, ça foire, il y a autre chose d’accessible et qui l’intéresse. Un plan B finalement, ou bien un changement de direction si c’est simplement l’envie qui le pousse. Il n’y a jamais rien de figé, autant foncer si on le peut et qu’on le sent comme ça.

« Enfin à voir... T'es un des premiers à qui j'en parle d'ailleurs. »

Un sourire étire tranquillement mes lèvres, je reprends une gorgée d’eau et prend vraiment plaisir à cette discussion. Etre en bon terme avec lui j’aurai fait sans, c’est pas tellement un souci, mais il faut bien le dire c’est quand même plus agréable comme ça étant donné la personne qu’on a en commun. Et puis je sais pas, je l’aime bien. Je me connais suffisamment pour savoir que ça pourrait très bien ne pas être le cas étant donné nos tempérament vraiment éloignés mais le feeling est là et tant mieux.

« Parfois en parler ça aide à y voir plus clair. »

Souvent même, pour ne pas dire toujours.

« Mon meilleur ami s’était lancé dans Médecine, au final il s’est rendu compte un peu comme toi que ça le ferait peut-être pas. On en a discuté, il s’est rendu compte qu’il avait d’autres options qui lui permettraient quand même d’évoluer dans un milieu qui lui plait. Des métiers qui sont tout aussi importants et valorisants même s’ils sont moins mis en avant niveau prestige. »

Tous ces boulots qui sont dans l’ombre du Médecin, quasiment. Ambulanciers, Aides-soignants, infirmiers, … On en parle moins j’ai l’impression mais s’ils n’étaient pas là ça ne tournerait pas et connaissant Caem comme je le connais, clairement, je l’imagine tellement plus dans ce genre de taf qu’en haut de la chaine alimentaire où t’as pas forcément toujours le temps de laisser la place à l’humain. Je ne juge rien, personne, surtout pas en ayant si peu de connaissance sur le sujet, je dis juste que je connais mon pote.

« Auxiliaire véto c’est super j’trouve. En plus rien ne t’empêche de rejoindre des asso à côté si tu veux faire plus. »

Que ce soit de la protection ou des reportages, faut pas oublier le côté passion. Je sais que j’ai la chance de ne pas avoir à me prendre la tête pour tout ce qui est argent et qu’on en a tous besoin pour vivre mais bosser et avoir une passion n’est a priori pas impossible. Donc accessible à tous.

« J’me suis lancé dans des études vachement scientifiques parce que je veux bosser dans le milieu marin, la protection des espèces, ce genre de trucs. J’suis fasciné par les requins, mon but c’est de les étudier, les connaitre au max pour pouvoir agir sur la protection de leur environnement, etc … Au final plus ça va et moins j’suis sûr de moi au niveau du chemin à emprunter pour y parvenir. Rester le cul sur une chaise à écouter quelqu’un parler pendant des heures ça n’a jamais été mon truc. »

Le rire qui m’échappe est amusé mais il y a sûrement une part de léger stress dans tout ça. J’ai vraiment envie de parvenir à ça, je veux une légitimité, faire les choses bien mais le chemin est long et je ne suis pas certain d’avoir la patience pour ça.

« Du coup j’ai fait un peu d’éco-volontariat, j’ai trouvé d’autres moyens d’apprendre et me former, j’dis pas qu’un jour je vais pas tout plaquer pour me lancer à fond là d’dans. Tu vois, devenir un éco terroriste chez Sea Sheperd par exemple. »

Pour cette dernière affirmation je plaisante, ou pas finalement mais c’est dit sur le ton de la dérision, de l’ironie peut être j’en sais trop rien. Ma seule certitude c’est que je veux passer ma vie à faire ce que j’aime, à œuvrer pour la défense de ce milieu qui me tient à cœur depuis tout petit. La manière, la forme, je suppose que les choses se feront petit à petit, d’elles mêmes.

« C’est pas évident de trouver sa voie, ou de savoir comment y accéder. »  

A mon tour de hausser les épaules. Nope, c’est pas simple cet âge où tu sais que tu dois penser à tout ça mais rien n’est clair. Surtout quand le monde dans lequel tu évolues n’arrête pas de te rappeler que tu peux y passer d’un moment à l’autre et que finalement ce temps que tu penses avoir peut se retrouver raccourci du jour au lendemain. Mais là-dessus j’ai pas envie d’être cynique ni défaitiste. Je veux regarder devant, penser à l’avenir, mon avenir.

Pourquoi est-ce qu'il n'avait pas juste répondu à la question ? Il aurait pu s'arrêter au journalisme, puisque c'était vrai. Il ne savait pas trop, peut-être par ce que dire ça à voix haute à quelqu'un c'était en quelque sorte concrétiser tout cela. L'échec qu'il aurait l'année prochaine, ou celle encore d'après, à part si un miracle se produisait chez lui. Les questions qu'il se posait, est-ce que c'était une bonne idée de changer de voie sans essayer ? Au pire, si ça ne marchait pas, il pourrait bifurquer à ce moment-là. Est-ce qu'il n'était pas trop pessimiste, est-ce qu'il n'était pas trop exigeant avec lui-même ? Il n'en savait rien ; Est-ce que ce n'était pas choisir la facilité ? Ou alors est-ce que c'était du réalisme ? Il n'arrivait toujours pas à trancher, ce qui faisait que même là il restait le cul entre deux chaises. Le pauvre Enzo ne pourrait pas en plus lui répondre quoi que ce soit, il ne le connaissait pas assez pour « juger », pour lui donner un quelconque conseil ; d'ailleurs même s'il en parlait à Sovahnn il n'était pas certain qu'elle pourrait lui répondre,  après tout elle ne savait pas à quel point il en prenait des cachets, enfin du moins il le supposait. Lewis, dans ses amis, était la personne qui le connaissait le mieux, celui en qui il pouvait avoir confiance, celui qui savait exactement ce qu'il prenait... mais il avait un parti pris ; son meilleure ami (ex) voudrait qu'il reste à la Fac de façon à ce qu'ils puissent se voir plus souvent, même s'il essayait de répondre de façon sincère, son avis serait biaisé par cela.

« Parfois en parler ça aide à y voir plus clair. »

Tim acquiesça, pour l'instant ce n'était pas tout à fait vrai pour lui, mais peut-être qu'à force de discussions avec des personnes différentes, il trouverait enfin sa voie, celle qu'il devait suivre dans les options qu'il avait.

« Mon meilleur ami s’était lancé dans Médecine, au final il s’est rendu compte un peu comme toi que ça le ferait peut-être pas. On en a discuté, il s’est rendu compte qu’il avait d’autres options qui lui permettraient quand même d’évoluer dans un milieu qui lui plait. Des métiers qui sont tout aussi importants et valorisants même s’ils sont moins mis en avant niveau prestige. »

Il acquiesça doucement, c'était bien ça le but, évoluer dans un milieu qui lui plaisait. Etre avec les animaux était quelque chose de rafraîchissant pour lui, quelque chose qui lui faisait du bien, surtout qu'il avait moins besoin de côtoyer  les êtres humains de ce fait... est-ce qu'il se voyait vraiment là-dedans pour en faire son métier ? Il n'en savait rien. C'était ça le souci, il n'en savait foutre rien, les idées étaient là, mais dans le développement ? C'était quand même dur, quand on a pas de vocation de savoir ce qu'on veut faire à 18 ans pendant toute sa vie, surtout quand pendant deux ans on est enfermés  et que l'on croit que l'on va crever, que l'on a aucun avenir.

« Auxiliaire véto c’est super j’trouve. En plus rien ne t’empêche de rejoindre des asso à côté si tu veux faire plus. »
 « Je pensais faire un tour du côté du côté des associations pendant mes vacances, une fois les cours et examens passés que je puisse vraiment m'y consacrer..»

Une chose par une chose, il aurait pu le faire maintenant, mais encore une fois, il ne voulait pas trop en faire, être partout à la fois serait trop compliqué pour lui, surtout le temps de s'intégrer. Il avait besoin de son calme, d'être dans sa chambre, seul. Pas de bruit. Juste lui. Ses pensées. Ses angoisses.

« J’me suis lancé dans des études vachement scientifiques parce que je veux bosser dans le milieu marin, la protection des espèces, ce genre de trucs. J’suis fasciné par les requins, mon but c’est de les étudier, les connaitre au max pour pouvoir agir sur la protection de leur environnement, etc … Au final plus ça va et moins j’suis sûr de moi au niveau du chemin à emprunter pour y parvenir. Rester le cul sur une chaise à écouter quelqu’un parler pendant des heures ça n’a jamais été mon truc. »

Ah oui c'est précis son idée là ? Intéressant d'ailleurs, et quand il en parlait, cela faisait vraiment une vocation totale. Il avait l'air tellement passionné. Par contre lui, passer son temps le cul sur une chaise, ça ne le gênait pas du tout, il pouvait comprendre l'envie d'Enzo de bouger, d'être dans la pratique plutôt que dans la théorie, tout dépendait des caractères de toute manière.

 « En tout cas une chose est sûre, je pense que rien qu'à t'entendre parler on peut dire que c'est une vocation. » Il se tut quelques instants avant d'hausser un peu les épaules et de continuer  « La pratique, dans ce genre de chose, je pense qu'effectivement c'est plus intéressant que de la théorie, même si j'ai un peu de mal à m'imaginer le contenu de tes cours.»

Pour ne pas dire qu'il ne voyait même pas du tout en quoi ça pouvait consister, mais le principal c'est que ça plaisait à son interlocuteur.

« Du coup j’ai fait un peu d’éco-volontariat, j’ai trouvé d’autres moyens d’apprendre et me former, j’dis pas qu’un jour je vais pas tout plaquer pour me lancer à fond là d’dans. Tu vois, devenir un éco terroriste chez Sea Sheperd par exemple. »
 « Du coup tu arrives à suivre et allier les deux, c'est bien ça ! C'est cool t'as du courage.» On se calme Tim, il a parlé d’écoterrorisme en plaisantant. Tu respires, tout va bien. Et tu te tais sur le fait que la violence c'pas bien.  « J 'avoue que je ne connais pas trop ce.... Sea Sheperd, ils font quoi exactement ? Et, je crois que c'est pour ça qu'il y a beaucoup de métier où tu apprends sur le terrain, c'est ce qu'il y a de plus formateur, c'pour ça que j'me dis que la Fac, même si le système me convient, c'pas forcément ce qui va le mieux... et bosser vraiment théorie et pratique sur le terrain c'est quelque chose que tu peux mieux visualiser, mieux retenir. Et tu vois tout ce qui te sert, plutôt que te farcir des cours qui ne t'apporterons rien au final... comme la philo, c'pas trop mon truc... ou tous les trucs un peu comme ça»  No offense Ruben.
« C’est pas évident de trouver sa voie, ou de savoir comment y accéder. »
 « Je suis totalement d'accord... et puis je sais pas où tu vies, mais ici, même avec des diplômes si tu n'as pas d'expérience c'est compliqué de trouver quelque chose... alors bon il faut bien avouer qu'en prenant ça en plus en compte c'est de plus en plus difficile pour nos générations de trouver un juste milieu entre nos études, ce qui nous plaît, et les métiers qui emploient.» Il soupira doucement avant de finalement hausser les épaules.  « Mais du coup, sujet plus joyeux, t'as déjà pu nager avec un requin, enfin dans les films et tout les mecs sont dans des cages pour pas se faire bouffer, c'est comme ça dans la réalité, ou c'est encore une connerie de la télé ?»

Une connerie de la télé, pour un type qui fait des études de journalisme c'est totalement charmant et adéquat n'est-ce pas ?

« En tout cas une chose est sûre, je pense que rien qu'à t'entendre parler on peut dire que c'est une vocation. » 

Peut-être même plus que ça. Une raison de vivre ? Un peu fort. Une manière de vivre en tout cas. Pas une seconde je n'imagine mon existence loin de l'océan, il en fait partie depuis le premier jour et je ne veux pas que ça change.

« La pratique, dans ce genre de chose, je pense qu'effectivement c'est plus intéressant que de la théorie, même si j'ai un peu de mal à m'imaginer le contenu de tes cours. »

Des chiffres, des mots imprononçables, ce genre de trucs qui me filent plus la migraine qu'autre chose mais j'essaie vraiment de m'accrocher.

« Du coup tu arrives à suivre et allier les deux, c'est bien ça ! C'est cool t'as du courage. »

Ou de l'inconscience, au choix. J'ai calmé le jeu, pas trop le choix de toute façon mais je ne me fais pas trop d'illusion sur la réussite de mon année. Il s'est passé trop de choses, le démarrage a été chaotique, j'ai encore quelques mois pour corriger ça certes mais je ne suis pas sûr à 100% de tenir la distance. Niveau implication surtout. Compliqué de rester focus quand les deux tiers de tes cellules te disent de foutre le camp, prendre le large, partir respirer un peu ailleurs.

« J 'avoue que je ne connais pas trop ce.... Sea Sheperd, ils font quoi exactement ? Et, je crois que c'est pour ça qu'il y a beaucoup de métier où tu apprends sur le terrain, c'est ce qu'il y a de plus formateur, c'pour ça que j'me dis que la Fac, même si le système me convient, c'pas forcément ce qui va le mieux... et bosser vraiment théorie et pratique sur le terrain c'est quelque chose que tu peux mieux visualiser, mieux retenir. Et tu vois tout ce qui te sert, plutôt que te farcir des cours qui ne t'apporterons rien au final... comme la philo, c'pas trop mon truc... ou tous les trucs un peu comme ça. » 
« C’est pas évident de trouver sa voie, ou de savoir comment y accéder. »
« Je suis totalement d'accord... et puis je sais pas où tu vies, mais ici, même avec des diplômes si tu n'as pas d'expérience c'est compliqué de trouver quelque chose... alors bon il faut bien avouer qu'en prenant ça en plus en compte c'est de plus en plus difficile pour nos générations de trouver un juste milieu entre nos études, ce qui nous plaît, et les métiers qui emploient. »
« C'est sûr. »
« Mais du coup, sujet plus joyeux, t'as déjà pu nager avec un requin, enfin dans les films et tout les mecs sont dans des cages pour pas se faire bouffer, c'est comme ça dans la réalité, ou c'est encore une connerie de la télé ? »
« C'est en partie vrai, disons que ça existe mais personnellement j'suis pas fan. C'est surtout des trucs à touristes où les types appâtent les squales pour se faire du fric sur les sensations. Y a aussi des scientifiques qui fonctionnent comme ça parce que parfois t'as pas le choix mais c'est pas la façon dont j'envisage les choses. »

Quand on connaît mon rapport aux cages … Ouaip, nope. Je ne dis pas que ça n'arrivera jamais mais je trouve ça … J'en sais rien, le procédé me dérange. Je sais qu'ils peuvent être dangereux mais dans ce cas là faut juste pas aller les emmerder, c'est tout. Non ? Pour le loisir en tout cas.

« J'ai eu l'occasion de plonger pas loin de requins baleines, j'me suis retrouvé à l'eau avec des gris du récif sans que ça soit volontaire aussi, ça a du m'arriver de côtoyer d'autres requins sans même le savoir quand je surfe. »

Sourire, haussement d'épaules.

« Les requins ne sont pas des monstres, les attaques sur l'homme sont extrêmement rares parce qu'on n'est pas leur proie naturelle. Les blessés, les morts, ce sont des erreurs, parce qu'ils ont pris l'humain pour autre chose ou parce qu'a cause de la sur-pêche ils n'ont plus rien à bouffer au large. Sans parler des eaux usées qui les attirent. T'as plus de change de fini tué par un moustique que par un requin … et puis c'est le jeu quand tu t'aventures dans leur milieu naturel. »

T'as appuyé sur le bouton magique mon ami, t'es pas sorti de l'auberge je te le dis. Je passe en mode instruction, éducation, passion. Est ce que je fais un lien avec ce que je suis moi-même ? Même pas, en plus. Pourtant il y a des similitudes c'est plutôt clair.

« Et Sea Sheperd, c'est une organisation qui a pu se financer plusieurs bateaux qui sillonnent le monde avec pour intervenir de manière plus franche contre le braconnage et les pratiques barbares. Ils font de la sensibilisation aussi, bien sûr. Le fondateur est interdit de séjour dans plusieurs pays, j'dis pas que je valide tout mais au moins ils font bouger les choses et les océans en ont foutrement besoin. »

C'est peu de le dire. J'ai la chance de vivre dans un endroit paradisiaque, ça me fout hors de moi quand je tombe sur un déchet en plastique qui traîne dans l'eau ou sur la plage. Il se peut que je m'emballe un peu, que le ton se fasse plus « enflammé » parce que c'est un sujet qui me tient particulièrement à cœur. Je m'en rends compte, ça me fait sourire.

« Faut pas me lancer là dessus je vais te saouler pendant des heures. »

Vrai.

« Enfin va pas falloir que je traîne de toute façon, j'ai cours dans pas longtemps. »

Rapide coup d’œil sur ma montre et mon regard retrouve le sien après avoir glissé une seconde sur le chat.

« Tu veux qu'on voit autre chose vis à vis de Sovahnn ? »

Puisque l'occasion se présentait, Enzo avait raison d'essayer de vouloir faire un peu plus connaissance. Il avait donc parlé un peu de lui avant de poser quelques questions à l'autre garçon, il était intrigué par ses études, notamment depuis qu'il avait causé de requins. C'était pas du tout son truc, il fallait bien l'avouer, mais il savait qu'il y avait beaucoup d'informations erronées qui circulaient sur eux, et... il avait envie de savoir la vérité, pas qu'un ramassis de pseudo-vérité faits par des journalistes/reporters qui avaient envie de faire à la population après X ou Y film, par exemple. Les dents de la mer n'avait pas aidé dans le bon sens du terme. Et du coup, est-ce qu'Enzo en avait déjà rencontré, dans quelles conditions ?

[colo=tomato]« C'est en partie vrai, disons que ça existe mais personnellement j'suis pas fan. C'est surtout des trucs à touristes où les types appâtent les squales pour se faire du fric sur les sensations. Y a aussi des scientifiques qui fonctionnent comme ça parce que parfois t'as pas le choix mais c'est pas la façon dont j'envisage les choses. »[/color]

Il acquiesça doucement, il n'était pas certain de comprendre comment on pouvait les approcher autrement si bien qu'il préféra laisser Enzo continuer plutôt que de l'interrompre un peu bêtement

« J'ai eu l'occasion de plonger pas loin de requins baleines, j'me suis retrouvé à l'eau avec des gris du récif sans que ça soit volontaire aussi, ça a du m'arriver de côtoyer d'autres requins sans même le savoir quand je surfe. »

Là, il fit les gros yeux étonnés. Bon, il ne s'y connaissait pas du tout dans les différentes races de requins, il avait presque envie de regarder sur son portable à quoi ça ressemblait mais il s'abstint par ce que ça ne serait probablement pas très gentil de faire autre chose pendant qu'il répondit à sa question... même si ça avait un rapport ! Enzo avait continué à lui expliquer que les requins n'étaient pas des monstres, et  qu'au final les attaques étaient rares sur les humains ! Ah, il le savait bien ! Il avait raison et il était content de s'être douté que les médias en faisaient beaucoup trop ! En tout cas il était content d'apprendre plein de choses par quelqu'un de si passionné, c'était toujours plus agréable

« Et Sea Sheperd, c'est une organisation qui a pu se financer plusieurs bateaux qui sillonnent le monde avec pour intervenir de manière plus franche contre le braconnage et les pratiques barbares. Ils font de la sensibilisation aussi, bien sûr. Le fondateur est interdit de séjour dans plusieurs pays, j'dis pas que je valide tout mais au moins ils font bouger les choses et les océans en ont foutrement besoin. »

Plus franches ? Ce qui voulait vraiment dire, exactement ? Probablement des choses plus terroristes comme il l'avait dit avant. Est-ce qu'il devait demander des exemples ? Non, bien sûr que non, il n'était pas certain de vouloir savoir de toute manière. Il se passa une main dans les cheveux, essayant de réfléchir à une réponse qui ne serait pas trop conne après toutes ces informations intéressantes,

« Faut pas me lancer là dessus je vais te saouler pendant des heures. »
 « ow, tu me saoules pas, bien au contraire, je trouve ça super intéressant et instructif ! Enfin t'es passionné, donc ça passe plutôt crème. Un cours sur ça par un prof barbant qui dirait la même chose que toi, je ne suis pas certain que j'aurais le même discours !» Il se tut quelques instants avant de reprendre  « Et tout à l'heure tu as cité deux races de requins, ils ressemblent à quoi exactement ? Ils sont grands ?»

Ouais. Ca de la question pas franchement pertinente.

« Enfin va pas falloir que je traîne de toute façon, j'ai cours dans pas longtemps. » Ah oui, c'est vrai, le décalage horaire ! « Tu veux qu'on voit autre chose vis à vis de Sovahnn ? »

Bonne question, probablement que oui, mais c'était des inquiétudes à la con. Du genre, pour Noël, on fera comment pour qu'elle ne le passe pas seule ? Et des dizaines d'autres dans ce genre-là qui allaient et venaient, repartaient. Il laissa passer quelques instants de silence avant de reprendre

 « Non, non pas pour l'instant, je crois que j'ai un peu perdu mes idées... au fil du temps. » Il haussa un peu les épaules avant de  continuer  « je ne voudrai pas que tu arrives en retard en cours, c'est sympa d'être passé et … n'oublie pas la part de gâteau pour Sovahnn et tu t'en prendre un autre gros morceau si tu veux, pour toi.»

De toute manière, qu'est-ce qu'il pouvait dire d'autres ? Ils avaient avancé... un peu sur le cas Sovahnn vu qu'au final il n'y avait pas grand chose à dire, mais en avaient appris un peu plus l'un de l'autre.

« ow, tu me saoules pas, bien au contraire, je trouve ça super intéressant et instructif ! Enfin t'es passionné, donc ça passe plutôt crème. Un cours sur ça par un prof barbant qui dirait la même chose que toi, je ne suis pas certain que j'aurais le même discours ! » 

C'est con mais ça me touche, d'autant plus parce que c'est ce que je veux : Transmettre, faire comprendre cette passion et changer le regard que la majorité des gens porte sur ces créatures qui ne demandent qu'à vivre tranquillement dans leur milieu naturel. Finir Prof ? C'est pas le plan, mais apprendre aux autres … Oui, pourquoi pas.

« Et tout à l'heure tu as cité deux races de requins, ils ressemblent à quoi exactement ? Ils sont grands ? »
« Le requin baleine oui, c'est un des plus grand mais il se nourrit de plancton. C'est une espèce complètement inoffensive – enfin sauf si t'es du plancton, du coup. »

AHAH. Hum. Quel humour.

« Le Gris du Récif c'est pas un spécimen spécialement grand, ils font moins de 2m en général. Ils vivent en groupe et sont relativement agressif envers les autres espèces, ça peut leur donner un côté impressionnant. »

Est ce que j'ai flippé quand ils ont commencé à se pointer alors que j'étais à l'eau pour essayer de libérer cette pauvre torture avec Stacy et Lindon ? Non. Certains appelleraient sûrement ça de l'inconscience, d'autres du sang froid, j'me suis simplement pas posé la question et ce shot d'adrénaline … J'ai kiffé, pas la peine de le nier. Encore un truc qui me conforte dans mes plans.

Et des requins on passe à Sovahnn, la raison première de ma venue ici.

« Non, non pas pour l'instant, je crois que j'ai un peu perdu mes idées... au fil du temps. Je ne voudrai pas que tu arrives en retard en cours, c'est sympa d'être passé et … n'oublie pas la part de gâteau pour Sovahnn et tu t'en prendre un autre gros morceau si tu veux, pour toi. »
« Nah c'pas sérieux, faut que je fasse attention à ma ligne. »

Dit en se relevant, la main posée à plat sur le ventre. J'suis pas sérieux le moins du monde et certains me foutraient des claques pour ça je le sais très bien. Qu'est ce que j'y peux si je tiens cette constitution de mon père ? C'est lui qu'il faut blâmer, et la lycanthropie. Et puis c'est pas comme si je passais la moitié de mon temps libre à faire du sport … Pourquoi je me justifie au juste ? Tout le monde s'en branle et j'suis juste en train de faire le con encore une fois.

« Merci, c'est gentil. »

C'est sincère. Ça pourrait être moqueur, ça ne l'est pas. Ce type aurait clairement pu faire partie de ceux avec qui j'ai pas forcément été tendre par le passé, ça a peut être été le cas à vrai dire, mais aujourd'hui avec un peu plus de plomb dans la tête je vois un mec gentil. Et où est le mal à être gentil ? Nulle part, bonne réponse.

« J'sais qu'a première vue en dehors de Sova on n'a pas grand chose en commun toi et moi mais … En fait si, visiblement, et j'suis content d'apprendre à te connaître un peu mieux. »

Et là encore rien d'autre que de la sincérité. Sans Sovahnn je doute qu'on se serait recroisés, ou en tout cas qu'on se soit revus après le soir du Black Out. A présent je me dis que ce type fera partie de mon entourage et ça me va bien.
J'amorce gentiment mon départ, prends le temps de le saluer et là où je pourrais simplement transplaner je choisis de ne pas le faire. J'ai bien compris que la Magie ne le mettait pas à l'aise alors j'attendrais d'être dans le hall, à un endroit où personne ne me verra.

« Bonne soirée. A bientôt. »

Un dernier sourire, un dernier signe de la main, une part de gâteau pour Sova dans l'autre.

▬ FINI POUR MOI ▬