[Event 10.10.2015] Perimeter Breach - TOPIC COMMUN #1

Ce Stryker était vraiment une personne étrange, bien que sympathique au premier abord, il y avait quelque chose qui le gênait sans qu’il arrive exactement à mettre le doigt dessus. Il s’était un peu promené avant de s’installer à côté du stade de Quidditch, préférant s’asseoir sur le sol plutôt que dans les gradins. Il essayait de réfléchir à tout cela, à comment trouver ce qui le gênait chez l’autre garçon… mais ce n’était pas simple, il n’y avait pas vraiment de marge de manœuvre, Cody était un type intelligent, Tveit devait donc d’abord trouver ce qui le gênait avant de tenter quoi que ce soit… et d’ailleurs en parlant du loup, le Vert était en train de voler avec un autre élève, Ethan. Etrange, intrigué, il regarda pendant un petit moment le manège entre les deux garçons, essayant d’y déceler quelque chose. Il observait de loin, regrettant de ne pas pouvoir entendre ce que les deux autres élèves pouvaient bien se dire, probablement que cela aurait été un peu instructif… ou pas du tout. Peut-être qu’il se prenait un peu trop la tête pour rien c’était même fortement probablement mais il n’y pouvait rien, son esprit était en ébullition. Il détestait cette sensation : ne pas comprendre totalement quelque chose, surtout lorsque cela concernait un type comme Stryker, quelqu’un qui devait être dans leur camps.

Il se demandait s’il ne devait pas aller prendre son balais, les rejoindre, juste pour voir comment l’un et l’autre réagirait. Si ça se trouve, il y a avait un « truc » entre Cody et Ethan, ou pas. Ils étaient peut-être juste des amis, des camarades…. Et il se sentait fatigué et las d’un coup d’essayer de trouver une solution qu’il ne viendrait jamais comme ça, pas juste en claquant des doigts. Probablement qu’il ferait mieux de se lever et d’aller travailler ses cours… mais il n’arrivait pas à détacher son regard de Cody, comme s’il était devenu une nouvelle obsession, et d’ailleurs c’est trop plongé dans ses pensées, il n’avait pas vu que Jayden était dans les parages. De toute manière, c’était le genre dont il se fichait bien, il devrait juste être plus prudent plus aux aguets. Les élèves anti-supérieurs étaient toujours là et pouvaient tenter des choses sur un Pro-Supérieur. Est-ce que leur petite résistance avait redémarré ? Peut-être qu’il faudrait qu’il essaye de parler à Adrianna, pour voir si elle était toujours aussi étrange, pour voir s’il ne pouvait pas y trouver une information importante ou deux. Ouais, une fois qu’il arriverait à se détacher de Cody, c’est probablement ce qu’il essayerait de faire… A moins qu’il y ait quelque chose d’important qui se produise, ou si soudain il se sentait mal de ne pas réviser comme il le faudrait. Il ne pouvait pas se permettre d’être médiocre, il fallait qu’il soit dans les meilleurs, pour que ses parents soient fiers, ainsi que les Supérieurs, pour son propre avenir également, mais il ne s’en faisait pas franchement pour celui-ci. Il était doué, c’était un fait, il pourrait faire la plupart des métiers qu’il souhaitait.

C’était une autre journée idéale pour voler et c’était la raison pour laquelle nous nous étions rendus au stade de Quidditch à défaut de retourner dans le parc de notre première rencontre. Je me trouvais en compagnie d’Ethan à qui j’avais laissé un peu d’espace. Une entente avait été conclue entre nous : il devait d’abord maîtriser les virages avant de passer à la leçon de la vitesse. Je l’avais déjà vaguement introduit au deuxième cours, mais je trouvais important qu’il soit plus à l’aise avec ce qu’il avait déjà appris. Le Serdaigle avait accepté ma proposition et après des jours de pratique il était désormais prêt à me montrer ses nouvelles prouesses. Ou pas. Je percevais la nervosité de mon jeune camarade comme si son manque de confiance continuait de planer au-dessus de lui comme un mauvais esprit frappeur. Pourtant, rien dans mon attitude ou dans mes paroles ne pouvait le stresser. Je restais sage et calme, appuyé sur le manche de mon balai en attendant patiemment qu’il me fasse sa petite démonstration. Un mince sourire étirait mes lèvres tandis que plans futurs prenaient doucement forme dans mon esprit.

Ethan allait faire une délicieuse victime. J’en étais certain.

Tandis que mon camarade se préparait à sa démonstration, j’observai un peu les alentours du stade. Je vis au loin Jayden qui s’affairait à ses petites activités. Je vis également Connor qui était assis à l’opposé de nous sur le terrain. J’étais trop loin pour qu’il s’aperçoive que je le regardais, mais je savais qu’il nous observait. Il devait sans doute se demander ce que je faisais avec Ethan. De mon côté, je me demandais s’il avait eu des petites nouvelles de notre général informateur. Je me demandais également s’il avait compris que le philtre d’amour venait de moi. J’aurais pu le saluer, mais je décidai de rester concentré sur Ethan. S’il s’apercevait qu’il y avait deux spectateurs de plus peut-être qu’il refuserait de me montrer ses nouvelles prouesses.

Le Serdaigle s’exécuta enfin, faisant un tour serré autour d’un bout de bois ramassé plus tôt qui flottait dans les airs en position verticale. J’observai avec attention son angle, mais aussi la maîtrise de son vol qui avait été plutôt tremblant la dernière fois. Ethan repositionna son manche dans le but d’accomplir un virage large et lorsqu’il eut terminé son deuxième tour, je l’applaudis.

- Parfait ! Tu es déjà beaucoup plus à l’aise que tu ne l’étais pendant tes premiers essais. Bravo c’est une très belle amélioration ! Ça me satisfait assez pour te montrer la suite si tu veux bien.

J’offris un sourire sincère à Ethan avant d’enfourcher mon balai.

- Cette fois-ci, ce n’est plus le manche du balai qui doit avoir un angle : c’est plutôt ton corps. Tu te souviens de ce que je t’ai dit lors de la première leçon ? C’est l’angle que ton corps prend sur ton balai qui fera toute la différence.

Sans voler, je positionnai mon corps plus près de mon manche.

- Comme ça j’irai plus vite et comme ça, j’irai beaucoup moins vite.

Je m’étais nettement redressé afin de montrer une bonne différence.

Légèrement nerveux mais aussi impatient, Ethan avait pris la direction du stade de Quidditch pour son entraînement avec Cody. Les deux jeunes gens avaient décidé de se revoir dans l’espoir que le plus jeune fasse ainsi des progrès. Une décision qui avait forcé le jeune homme à sortir de sa coquille, à s’ouvrir au monde. Il en avait d’ailleurs parlé dans une lettre à Charleen avec une certaine fierté. Avancer, il lui montrait que malgré tout ce qu’il s’était passé à l’école depuis la rentrée il n’était pas revenu en arrière et que son regard restait rivé vers l’avenir. En arrivant, il avait donc salué Cody d’un geste de la main et d’un bonjour discret. Il avait remarqué deux autres élèves dans les parages, Jayden et Connor qui lui inspirait une grande méfiance. Il décida cependant de les oublier. Il se força à ne pas imaginer leurs regards se poser sur lui. Se fermer à l’extérieur et ne se concentrer que sur ce qu’il avait à faire.

Pas une seconde à perdre, la leçon commença rapidement. Les virages étaient encore au programme et Ethan avait l’intention de montrer qu’il avait désormais bien intégré ce qu’ils avaient vu ensemble. Il s’attacha donc à virer autour d’un bout de bois qui lévitait. Il eut droit à des applaudissements de la part de Cody qui le firent rougir. Il se rapprocha alors de son camarade qui salua sa progression. Il semblait même suffisamment satisfait pour envisager de passer à la gestion de la vitesse ce qui fut une grande victoire pour Ethan.

Le jeune homme écouta avec attention les explications de son aîné et commença de lui-même à s’incliner de différentes manières sur son balai. En alliant ainsi le geste à la parole il se sentait plus à même de mémoriser ce qu’on était en train de lui expliquer. Il passa ensuite à la pratique et fit une première accélération. Qui le surprit et il s’arrêta légèrement brusquement, cela se vit à son corps qui fit un brusque mouvement d’avant en arrière sur son balai.

« Ok… Je crois que j’ai compris. »

Compris oui, ça c’était certain que son cerveau avait bien saisi le principe. La difficulté serait maintenant de réussir à mettre en application. Pas une mince affaire. Remettant ses idées dans l’ordre, Ethan décida de jouer sur des variations de vitesse plus modérées sur une ligne droite. Il jetait régulièrement des regards vers Cody pour recueillir son avis. Il était avide de ses précieux conseils et acceptait désormais pleinement ce rôle d’élève face à lui.

Puis il y eut un bruit. Ethan sursauta et regarda instinctivement autour de lui. L’espace de quelques secondes il crut qu’il avait halluciné, que ce n’était rien. Mais un second bruit lui fit froncer les sourcils. C’était une explosion. Suivant un instinct qu’il ne saurait nommer, Ethan décida alors de prendre un peu de hauteur grâce à son balai pour pouvoir mieux regarder autour de lui. Une troisième explosion. Ses mains devinrent moites. Il sentit son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine. Une sorte de fissure au loin attira son attention. Il leva les yeux. Le bouclier. Le bouclier était en train de s’ouvrir.

« Qu’est-ce que… »

Puis il y eut des cris. Ethan ne parvint pas à distinguer clairement ces derniers mais des personnes se mirent à surgir aux abords du stade, les baguettes levées. Oubliant toutes ses craintes, Ethan accéléra alors subitement pour se caler aux côtés de Cody en qui il avait désormais pleinement confiance.

« Tu crois que… Que ce sont des secours ? »

Les silhouettes s’approchaient désormais d’eux mais Ethan ne pouvait encore reconnaître personne. Fuir ? La probabilité que ces personnes soient des ennemis des Supérieurs et donc des alliés était forte et pourtant, Ethan ne pouvait réprimer un doute. Ses mains se crispaient sur son balai. Il fallait dans tous les cas se décider et rapidement…

La Garde de Myrddin. C’était impensable, inimaginable… Une communauté secrète, cachée aux yeux du monde entier, œuvrant dans l’ombre pour rétablir le bien dans le monde. Comme dans les films, mais vraiment. Pourtant, ça n’avait rien d’anormal, au contraire, c’était tout à fait dans la logique des choses que de voir une résistance de développer suite à la prise de pouvoir d’un groupe de terroristes. Un peu comme pendant la seconde guerre mondiale, finalement – Kim gardait de vagues souvenirs des rares fois où elle en avait entendu parler à l’école primaire. La voilà maintenant qui vivait probablement des événements tout à fait similaires que ceux des années 40.

Première mission : attaque de Poudlard. Ça lui faisait presque mal au cœur que d’infliger à l’école une nouvelle bataille, mais c’était bien pensé et Kim approuvait totalement l’idée malgré le petit pincement qu’elle ressentait dans le creux de sa poitrine à l’idée de tous ces gamins coincés entre les murs du château à nouveau victimes ou témoins de violence. Le plan était clair : en milieu d’après-midi, ils se répartiraient autour du domaine, les sorciers artificiers court-circuiteraient les sortilèges de sécurité et ils entreraient en force !

Avec l’aide de quelques sorciers artificiers, elle avait trouvé un stratagème pour que son fauteuil n’ait pas besoin d’être actionné par la force de ses bras, mais pour que les mouvements de son buste suffisent à le mettre en marche. Une inclinaison vers l’avant et il accélérait, une inclinaison vers le côté et il tournait, une inclinaison vers l’arrière et il ralentissait ou reculait… Bref, un sortilège très pratique, une sorte de Wingardium Leviosa comme elle le faisait lorsqu’elle devait monter ou descendre les escaliers, sauf que cette fois, pas besoin de sa baguette.

De son équipe, elle ne connaissait que Dorofei, les autres lui étaient familiers de vue mais elle ne leur avait jamais parlé et n’était même pas sûre de savoir comment ils s’appelaient. Le temps n’était pas aux discussions de toute manière, et elle sentait la tension monter, les cœurs battre la chamade, les goutes de sueur perler sur les tempes ou dans les dos, tandis que l’instant fatidique se rapprochait.

Et il arriva, cet instant fatidique. Les mécanismes avaient fonctionné, les sortilèges de protection avaient cédé, les brèches s’étaient ouvertes. Trois détonations assourdissantes avaient retenti, avertissant probablement tout le château, mais peu importait, ils pouvaient rentrer. Ensemble, ils franchirent la ligne, s’avançant dans le parc dans les environs de l’endroit où se trouvait le Stade de Quidditch.

« Pour la liberté ! »

Elle n’aurait jamais pensé se joindre à ses alliés lors de ce cri de guerre qu’elle avait trouvé si ridicule lorsqu’il leur avait été imposé, mais elle se surprit à le faire, et avec force qui plus était. D’un mouvement de sa baguette, elle neutralisa un Supérieur qui accourait, tandis que ses acolytes en faisaient de même de leur côté. L’énergie de groupe et la surprise leur conféraient un avantage certain.

Le moment était venu. Peut-être l’occasion de se « racheter » de ne pas avoir été là pendant la prise de Poudlard. Il devait rester concentrer tout le long de cette attaque, il devait revenir en entier pour ne pas que son fils devienne orphelin. C’est peut-être cela qui lui faisait le plus peur, de ne pas revenir, mais c’était cette tension qui lui donnait juste l’adrénaline qu’il fallait. Cela lui donnait un objectif supplémentaire. Il devait sortir le plus de jeunes d’ici pour qu’il y ait le moins de pertes possibles. Trop de sang avait déjà coulé, ces soit-disant Supérieurs devaient s’arrêter et vite, ils devaient comprendre qu’ils ne gagneraient jamais, que ce n’était pas cette « victoire » qui allait faire abandonner la Résistance ! Au contraire, les mois passaient et leurs rangs se renforçaient, maintenant ils n’étaient plus que cloitrés à Poudlard, maintenant la « bataille » avait une toute autre envergure !

Il ferma les yeux quelques instants, essayant de se concentrer un maximum. Lorsqu’il les rouvrit, il jeta un coup d’œil à ses compagnons de bataille, qui parmi eux allait revenir ? Il ne fallait pas rêver, certains de ses camarades allaient y passer. Il attendait, inquiet, que les barrières soient détruites… et si cela ne marchait pas ? Et si Ils avaient prévu le coup. Il devait arrêter de trop se poser de questions, d’ailleurs, bientôt les méthodes des artificiers marchèrent, les brèches se formèrent. Pour la liberté, le crédo du moment. Pour la liberté, certaines vies seraient encore sacrifiées, celles d’innocents surtout, celles des plus jeunes qui pouvaient le moins se défendre… mais au final cela valait probablement le coup, cela sauverait avec un peu de chance les générations futures, les vies futures des survivants. Un avenir meilleur, dans lequel, n’importe quel sorcier (ou pas d’ailleurs), pourrait vivre sans que la pureté de son sang soit mise en avant, soit primordiale.

Tenant fermement sa baguette il s’engouffra à son tour dans la brèche, il y avait quelques élèves qui n’étaient pas trop loin d’eux, mais pour le moment son attention était surtout retenue par les Supérieurs qui accouraient vers eux. Grâce à un sort, il envoya promener l’un d’eux sur plusieurs mètres. Pour l’instant ils avaient l’avantage, mais il savait dores et déjà que très rapidement les choses changeraient : les Supérieurs pourraient prendre les élèves en otage ce qui rendrait beaucoup plus difficile leur intervention. A l’attention des quelques jeunes qui se trouvaient par-là, sur le stade, ou à côté Si vous voulez partir, c’est le moment le brèche vous ramènera vers l’extérieur. Sinon, allez dans un endroit où vous serez protégés ! Il avait parlé assez fort pour se faire entendre. Maintenant, le choix serait de leur côté ! Maintenant qu’ils savaient qu’ils pouvaient partir il espérait que la plupart se feraient la malle, pour ceux qui voulaient rester, il espérait qu’ils se mettraient à l’abris loin du combat qui s’engageait. Le plus important à présent était d’éliminer/ de mettre KO le maximum de supérieurs possibles, tant qu’ils avaient toujours la surprise de leur côté !

Je crois que j’ai le mal du pays. Poudlard est redevenu ce petit enfer qu’il avait été à mon arrivée. Je ne suis pas faite pour vivre enfermée je crois et depuis que ces enfoirés sont revenus, ce sentiment d’oppression n’a sûrement jamais été aussi fort. Mack n’est jamais revenue, Alec a disparu et à ce jour, les nouvelles étaient inexistantes. La rumeur disait qu’il était mort, en ce qui me concerne j’ai cette infime conviction qu’il a réussi à sortir d’ici et honnêtement ça me fait marrer que ces salauds puissent imaginer qu’ils ont gagnés. Voilà tout ce qui me passe par la tête quand je marche dans le parc pour rejoindre les abords du stade. Là-bas au loin, quelques personnes tournicotent sur leur balai sans que je n’y prête vraiment attention. Je dois être l’une des seules dans cette foutue école à ne pas être subjuguée par ce sport. Mon regard finit par se poser sur Connor, perdu dans ses pensées et je me demande sincèrement ce qu’il peut regarder ou préparer. Ici personne n’est dupe, tout le monde sait qu’il n’est pas clair.  A mes yeux, il n’y a pas plus fourbe que ce genre d’individu et je m’en méfie généralement comme de la peste. Rien de pire qu’un type dont le cul est planté entre deux chaises !

« Tu prépares un coup d’état Tveit ? »

Restant sur mes gardes, je m’apprêtais à tracer ma route quand la première détonation avait eu lieu. Instinct de survie, baguette à la main j’avais lancé un regard autour de moi sans comprendre. Deux autres avaient suivi et ça avait suffi à mettre tous mes sens en alerte. L’attaque venait de l’extérieur ça ne pouvait que vouloir dire : attaque alliée. Un cri avant de voir débarquer une foule de personnes armées dont des visages plus ou moins connus. Un espoir de liberté retrouvé.

« Si vous voulez partir, c’est le moment le brèche vous ramènera vers l’extérieur. Sinon, allez dans un endroit où vous serez protégés ! »
« Ils sont 2 de ce côté-là, et il doit y en avoir 2 autres par là. »

Toutes informations étaient bonnes à prendre à mon sens, même si en entendant les explosions ils seraient bien plus dans peu de temps. Baguette à la main, je pensais à Jordane principalement. Hors de question de me tirer d’ici sans mon acolyte. Un regard à Dorofei puis Kim, essayant de garder mon sang froid.

« Combien de temps la brèche restera ouverte ? »

Histoire de savoir où était la fenêtre de tir et surtout quelle était la marge de manœuvre. J'ai jamais eu l'âme d'une grande samaritaine, tout le contraire même. Mais si j'ai une chance de faire sortir Jordane de ce putain de château en perdition alors je ne risque pas de laisser passer l'occasion !

« Si y a moyen de faire diversion ou autre pour aider... J'ai toujours été assez douée pour jouer les kamikazes. »

Il préféré ignorer Jayden quasiment totalement, si ce n’est qu’il avait levé les yeux au ciel pour montrer sa désapprobation avant de continuer à observer Cody et Ethan. Et soudain, tout autour d’eux changea, il y avait eu les explosions et puis des gens étaient entrés à Poudlard. Il ne fallait pas être devin pour comprendre qu’il s’agissait probablement d’une quelconque Résistance. Pathétique, mais il fallait s’en méfier ! Il se leva en quatrième vitesse tandis que Supérieurs arrivaient pour combattre. Il n’avait plus le choix, il devait les aider s’il ne voulait pas risquer que l’école soit reprise par ces rigolos ! Ils avaient pour l’instant l’avantage de la surprise mais les Supérieurs gagneraient, c’était certain. Maintenant, il devait aider ses « alliés », son camp à éviter une catastrophe. Il regarda donc les envahisseurs en essayant de trouver une cible plausible, quelqu’un de pas trop âgé pour ne pas se faire tuer, pour ne pas être trop inférieur vu qu’il était loin d’avoir fini ses études contrairement à eux. Peut-être que retenir Jayden ou Ethan serait mieux, ils étaient capables de se battre aussi, mais il était plus probable qu’ils essayent de partir et étaient donc moins dangereux, d’ailleurs la question sur la brèche, voulait bien dire ce qu’elle voulait dire ! ll regarda la Verte, sans agir pour l’instant. Et maintenant voilà qu’elle voulait faire diversion ! Il pouvait lui en donner de la diversion sans aucun souci. « Tes désirs sont des ordres Delaney ! » glissa doucement avant de se tourner brusquement vers la jeune femme qui était toujours non loin de lui « Expelliarball » C’était loin d’être le sort du siècle, elle s’en sortirait sans trop de dommage, mais cela ferait probablement la diversion voulue… elle allait attirer des regards mais au lieu d’occuper les Supérieurs, ça serait probablement ses alliés qui chercheraient à l’aider. Il aurait pu la désarmer, il le savait, mais il trouvait ça beaucoup moins fairplay. Sans baguette, elle ne pourrait pas se défendre et ce n’était pas voulu, du moins pas pour l’instant. Il verrait plus tard suivant ses réactions comment s’occuper d’elle. La surveillant toujours d’un œil, il chercha Stryker des yeux pour savoir comment il réagissait, qui il aidait. .. pendant ladite recherche il essaya de répérer un adversire acceptable : le gardien (ou plutôt ex gardien, c’était mort, il ne pourrait rien contre lui, beaucoup étaient trop âgés et la nana en fauteuil roulant était juste… peut-être dangereuse. Il réutilisa sa baguette pour souffler un sort, cette fois vers Kim, il voulait bloquer ses roues, vu la vitesse qu’elle avait actuellement la chute serait rude, il n’y avait plus qu’à espérer qu’il atteindrait sa cible.

Je n’avais même pas eu le temps de poursuivre ma leçon qu’un puissant bruit s’éleva dans le ciel. Arrêtant tous mes mouvements, mes yeux s’élevèrent vers les cieux. À peine quelques secondes passèrent et de nouveaux bruits similaires retentirent dans l’environnement. Je constatai rapidement que le bouclier que les Supérieurs avaient instauré afin de prévenir les échappatoires était en train de s’ouvrir. Je sus aussitôt ce qui se passait : les gentils étaient venus sauver les gosses des grands méchants. Je m’attendais à ce qu’ils viennent à un moment ou à un autre, mais j’étais assez déçu qu’ils aient choisi cet instant pour faire leur apparition. Mes yeux s’étaient reportés sur Ethan qui observait le spectacle des sorciers et sorcières qui pénétraient dans l’atmosphère de Poudlard. Il me serait difficile de garder ma couverture plus longtemps.

« Tu crois que… Que ce sont des secours ? »
- J’en suis persuadé.

J’avais à peine terminé ma phrase qu’une fille en fauteuil roulant envoya valser un Supérieur qui s’était interposé à son arrivée. J’allais aussi devoir faire quelque chose pour tenter de les repousser même si à cet instant précis je n’en avais nullement envie. Tout le travail que j’avais fait jusqu’à présent avec Ethan ne servait plus à rien. Si je me battais du côté des ennemis je risquais non seulement ma vie, mais celle de Ruby et je ne pouvais pas me permettre une telle erreur. Je devais dire adieu au Serdaigle et prêter main-forte à Connor qui se trouvait plus près des nouveaux arrivants. Ethan se trouvait à mes côtés et je plantai mes yeux dans les siens.

- Écoute-moi. Tu te souviens de ce que je t’ai dit pour la vitesse ? C’est ton angle sur le balai qui fait toute la différence. Tu as une chance de foutre le camp d’ici alors fait le maintenant. Enfourche ton balai tout de suite, penche ton corps le plus près de ton manche et enfuis-toi par l’une des brèches.

J’ignorais si ça allait réellement fonctionner, mais ça valait sûrement le coup d’essayer. Il s’agissait d’une tentative de ma part pour me protéger. Dire que le sort d’Ethan m’importait peu serait mentir, mais ce n’était pas pour les bonnes raisons. Si nos routes se recroisaient ailleurs dans le monde, j’aurais peut-être encore une chance de le mettre dans ma poche. Pour l’instant, l’heure pressait et je devais bouger.

- Ne t’inquiète pas. Tout ira bien. Je sais que tu peux le faire.

J’offris un sourire sincère à Ethan avant d’enfourcher mon balai et de filer rapidement en direction de Connor, Jayden, la fille en chaise roulante et un autre homme qui m’était parfaitement inconnu. La Serpentard était déjà sur le sol comme si elle avait été attaquée. La baguette de Connor s’agitait en direction de la rouquine. Je pointai donc la mienne vers l’homme avec la ferme intention de l’électrocuter. Si le sortilège atteignait sa cible, il serait aussitôt hors d’état de nuire. Je m’exécutai sans tarder afin d’éviter qu’il balance une attaque à Connor.

Si Ethan n’avait toujours pas quitté le terrain, il savait désormais que nous n’étions pas du même clan. S’il décidait d’intervenir dans notre petite bataille isolée, je n’aurais d’autre choix que de l’envoyer valser. Si au contraire il avait déjà suivi mon conseil, il était peut-être en train de franchir le bouclier brisé, encore innocent de ma double identité.

De là-haut, ils avaient une vue imprenable sur les événements. L’espace de quelques instants, c’était presque comme s’ils ne faisaient pas partie de tout ça, qu’ils étaient devant un film à voir une scène de guerre plus réaliste que jamais. Cody avait raison, il s’agissait bien de secours. Il avait du mal à distinguer les visages avec la hauteur mais son regard se posa rapidement sur le fauteuil et la chevelure rousse de Kim. Il la connaissait, elle était une ancienne de Gryffondor, une fille avec un caractère si fort qu’il l’évitait soigneusement. Sa présence ne pouvait être un hasard. Ils approchaient de Connor et Jayden. Qu’allait-il se passer ? Ethan releva la tête, la voix de Cody venait de l’interpeller. Il lui rappelle comment aller vite, il lui intime de prendre la fuite. Les mains d’Ethan se crispent sur son balai. La fuite, c’est sa spécialité. Il sait comment faire. Mais est-ce vraiment le choix qu’il doit faire aujourd’hui.

« Mais… T’es sûr que… »

Ethan n’a pas le temps de finir sa phrase. Cody enchaîne, il a ce sourire tranquille, cette voix calme et sereine. Il a confiance en lui, il l’encourage. Ethan déglutit. Son camarade a raison, il doit saisir sa chance. Après tout, il n’est pas assez puissant pour se battre, autant fuir ? Cody s’éloigne sur son balai. Le jeune Serdaigle ferme les yeux quelques instants puis, décide d’accélérer. Il suit les conseils de Cody, il se penche sur son balai. Il prend rapidement de la vitesse, il vole plus près du sol. Il va à contre-courant. Il voit la forêt qui s’approche. Ethan ralentit alors légèrement, il faut qu’il sache où se trouve exactement la brèche. Mais en même temps qu’il perd de la vitesse, un sort touche l’arrière de son balai. Il n’a pas le temps de comprendre. Son balai encaisse le choc, tourne sur lui-même et l’éjecte avant de s’écraser comme lui. La rencontre avec le sol et rude. Le choc se fait sentir dans son dos, et dans sa tête. Ethan roule sur plusieurs mètres, il tourne sur le dos et cherche son souffle, le choc l’ayant à moitié coupé. Cette impression de suffoquer est ignoble. Petit à petit, il reprend le dessus et tente de se relever. Personne ne prête attention à lui, la bataille fait rage. Ethan est sur ses deux jambes mais il a du mal à tenir debout. Il sort alors sa baguette. Complètement désorienté, il ne sait plus vers où aller. Il n’arrive plus à remettre de l’ordre dans ses pensées.

Le choc ayant perturbé le fil de ses pensées, Ethan se trompe de direction. Au lieu d’avancer vers la forêt, de partir à la recherche de la brèche il avance dans le sens inverse, vers le Château. Sa démarche est mal assurée, il tient cependant toujours sa baguette contre lui. Quelqu’un arrive en courant dans le sens inverse et le percute à l’épaule. Ethan s’arrête et regarde le jeune garçon courir comme un fou vers la forêt. Vers la sortie. Le Serdaigle le regarde, aspiré. N’était-ce pas là qu’il voulait aller ? Il regarde autour de lui, cherche un visage familier, quelque chose à quoi se raccrocher.

Dès l’instant où les Artificiers parvinrent à déjouer les sortilèges de protection du château pour leur permettre de pénétrer à l’intérieur de son enceinte, la tension qui régnait dans leurs rangs se dissipa, comme par magie. Comme lors d’un examen, quand l’attente amplifiait le stress, et que celui-ci s’estompait au moment de rentrer dans la salle. L’adrénaline pulsait encore dans leurs veines, mais plutôt que de les ronger de l’intérieur, elle les animait d’une énergie et d’une détermination sans pareilles.

Kim était dans son élément. Alors qu’ils franchissaient les limites du domaine, elle savait exactement ce qu’elle avait à faire, comme si un voile se levait après des années de cécité, comme si un mécanisme s’enclenchait après des années de blocage. Ce n’était certainement pas ainsi qu’elle s’était imaginé son futur emploi, elle se voyait plutôt en mission solo sur les traces de malfaiteurs isolés, mais, tandis qu’elle avançait en direction du stade de Quidditch, elle réalisait qu’elle avait toujours attendu cet instant.

Presque simultanément, comme s’ils s’étaient concertés, ses alliés et elle neutralisèrent chacun de son côté un ou deux Supérieurs du premier groupe arrivé sur les lieux. Les défenses du château cédaient une à une, l’effet de surprise aidant sans aucun doute, mais le pire restait à venir. Sa baguette brandie devant elle, alimentant un bouclier magique qu’elle déployait autour d’elle, Kim progressait, gagnait du terrain, côte à côte avec les autres sorciers de la Garde.

« Ils sont 2 de ce côté-là, et il doit y en avoir 2 autres par là.
- Je m’occupe de ceux-ci. »

Se tournant dans une des directions indiquées par la rouquine, Kim aperçut effectivement deux Supérieurs qui accouraient et engagea le combat de sorte à permettre au reste du groupe de continuer à avancer. Agitant sa baguette, lançant sortilège après sortilège, Kim se batait avec force et résolution, les mâchoires serrées et le regard dur.

« Repulso ! Atakunto ! Stupefix ! Everte statis ! »

Les sortilèges fusaient, tantôt prononcés tantôt pas, et le combat requierait toute son attention, toute sa concentration. Elle entendit de loin la rouquine demander combien de temps la brèche resterait ouverte puis se proposer pour faire diversion, mais elle laissa aux autres le soin de lui répondre. Une seconde d’inattention, et elle pourrait y perdre la vie. D’ailleurs, elle n’esquiva que de justesse un maléfice de l’ennemi visant sa tête, et un autre la frappa à l’épaule gauche et lui fit l'effet d'une décharge électrique. La douleur était vive, fulgurante, mais ses réflexes étaient là, bien présents, et elle essuya les sortilèges suivants d’un coup de baguette.

« Protego ! »

Et puis elle revint à la charge. La fierté vint se mêler à la rage et à la détermination qui l'animaient, ses yeux verts lançaient des éclairs. Ils n'auraient pas raison d'elle, et ils paieraient pour toutes les horreurs qu'ils avaient infligées et qu'ils continuaient à infliger à ces gamins. Rapide, agile, malgré son handicap, elle réussit finalement à prendre le dessus sur ses adversaires et lança deux sortilèges qu’elle savait être les derniers et qui les atteignirent de plein fouet.

« Petrificus totalus ! Incarcerem ! »

Le cœur tambourinant contre sa cage thoracique, le souffle court et le visage en feu, elle s’accorda deux secondes pour reprendre ses esprits et se massa machinalement l’épaule, observant son œuvre avec une certaine satisfaction. Elle s’approcha des deux Supérieurs prisonniers de leurs propres corps et leur confisqua leur baguette. Elle se retourna ensuite, constata que les deux autres Supérieurs signalés par la rouquine étaient également hors d’état de nuire et que le reste du groupe avait pu gagner du terrain en attendant. Elle se remit en route pour les rejoindre.

Prenant de la vitesse grâce au mécanisme magico-moldu qui animait son fauteuil, son bouclier magique à nouveau déployé autour d’elle, elle en profitait pour observer de loin l’évolution de la situation. La rouquine se démenait avec une sorte de cognard qui lui tournait autour et l’attaquait régulièrement, Dorofei se battait en duel contre un grand blond sur un balai, les autres sorciers de la Garde étaient aux prises avec des Supérieurs accourus depuis le château qui n’était plus qu’à quelques dizaines de mètres.

Soudain, un sortilège s’écrasa sur son bouclier, et elle fronça les sourcils, cherchant le sorcier qui l’a lancé. Elle croisa alors le regard d’un petit brun bouclé : son prochain adversaire. Réduisant la distance qui les séparait, elle arriva près de lui et ils se jaugèrent mutuellement. En d’autres circonstances, elle serait depuis longtemps passée à l’attaque, sans attendre, sans hésiter. Mais, peut-être parce qu’elle savait qu’il ne représentait pas pour elle une menace aussi importante que les deux Supérieurs de tout à l’heure, elle se permit de lui poser une petite question par pure curiosité avant de commencer :

« C’était censé être quoi ? »

Une fois qu’il aurait répondu, ils pourraient engager le combat.

Les gamins qui devaient à peine être majeurs prenaient part au combat et pas dans leur camp, le petit brun bouclé ainsi que le blond défendaient les supérieurs. Ce n’était pas du dégoût, ou de la haine qu’il ressentait pour eux, ni même de l’incompréhension. Il les plaignait plus qu’autre chose, car la plupart d’entre eux –même si ce n’était pas la totalité- étaient juste des gamins pas forcément méchants justes un peu trop endoctrinés par leurs familles. Malgré tout, il faudrait bien les neutraliser à un moment et à un autre, quand lorsque les Supérieurs les plus âgés, les  plus dangereux seraient mis hors d’état de nuire.  Et c’est tout en pensant à cela, qu’il évita de justesse un sort, il mit quelques instants à comprendre qu’il s’agissait du  blond sur le balais. Petit con. Pourtant, ça restait un gamin, il ne pouvait pas utilise n’importe quel sort, surtout qu’il était toujours en l’air, une mauvaise chute pouvait être fatale et qui sait, peut-être était-il récupérable, peut-être avait-il un bon fond. Il fit soudain volte-face et souffla un sort afin de déséquilibrer le balais, enfin de jeter un second sort, pour que le sol devienne assez mou au cas où le blond tombe… ainsi il se ferait moins mal et il avait quelques minutes devant lui –peut-être moins, peut-être plus- avant de devoir faire de nouveau attention à l’élève.

Kim s’occupait vraisemblablement de Tveit, alors il préféra se diriger rapidement vers la rouquine pour vérifier comment elle allait, il vérifia rapidement si  elle n’avait rien de cassé, visuellement aucune position de membre ne semblait choquante ce qui était déjà une bonne chose. « ça va aller ? » souffla-t-il doucement à la jeune femme tout en vérifiant tout en vérifiant tout autour d’eux que personne ne semblait les attaquer, du moins que personne ne les attaque sans qu’il puisse riposter, ou les protéger. « Tu devrais peut-être sortir, pour te mettre en sécurité. » Il se doutait qu’elle ne le ferait probablement pas, tous ces gamins avaient quelqu’un à aller chercher, à protéger, familles ou amis. A son époque, il se serait presque rit au nez et serait allé chercher ses amis pour pouvoir partir tous ensemble. Mais à son époque, toute cette merde n’avait pas lieu, c’était difficile de juger. «Est-ce qu’à part le blondinet et le petit brun bouclé, tu vois dans les alentours des… élèves qui sont avec Eux ? » S’éviter de mauvaises surprises. Ila gita tout d’un coup sa baguette pour lancer un sortilège informulé à un des supérieurs qui s’avançait vers eux. C’était loin d’être une question anodine, un gamin pouvait demander de l’aide et les attaquer lâchement, s’il se débrouillait bien, il pourrait canaliser facilement quelques personne de la Garde. Dorofei préférait éviter cela. Il suffirait de les désarmer, leur enlever temporairement leurs baguettes…. Ou autre suivant la situation, mais blesser des gamins, quelque soient leurs pensées, n’était pas quelque chose qui lui plaisait. Il allait reprendre la parole, lorsqu’il remarqua enfin Ethan  « Aide-le, s’il te plait. » Ce n’était pas un ordre pour Jayden, mais une simple demande. Une ou peut-être deux minutes s’étaient écoulées depuis qu’il avait laissé  Cody de « côté ». Il avait de nouveau pointé son regard vers lui. Tant pis pour son envie initiale, ce gamin était potentiellement dangereux, les autres de Garde avanceraient au sein du parc, du château sans lui. Lui, devait s’occuper du blondinet. Il s’était d’ailleurs avancé vers lui «Lancer un sort sur un balai, c’est franchement stupide tu sais. Tu aurais pu faire une chute mortelle, aussi doué penses-tu être. » Il laissa passer quelques instants Expelliarmus ! Il avait prononcé rapidement le sort, laissant peu de chance au blond de pouvoir échapper à ce sort. Il aurait pu faire pire, bien pire… mis sa conscience lui hurlait pour l’instant de rester dans le préventif avec le blondinet.

«Je m’occupe de ceux-ci.» La voix de Kim avait claqué et sans plus de cérémonie, elle avait détourné le regard pour se concentrer sur sa tâche. De son côté, l’Irlandaise avait reporté son attention sur Dorofei, sans se soucier du fait que le danger pouvait venir de cet imbécile de Connor. « Tes désirs sont des ordres Delaney ! Expelliarball » Le cognard avait fusé droit sur elle, agressif au possible. Il lui avait fallu une chance inouïe pour éviter de se le prendre en plein visage. Vu la violence et sa vitesse, elle aurait pu en mourir sur le coup. Au lieu de ça, la rouquine avait tenté de s’en débarrasser dans un cri de rage. Elle avait réussi une première fois, puis une seconde fois. Toutes ses tentatives avaient été vaines, alors quand cette balle maudite avait percuté son bras, la douleur avait été fulgurante, lui arrachant un cri de douleur perdu dans un craquement sinistre. Son bras s’était brisé sous le choc et la douleur lui faisait déjà tourner la tête.

Sa baguette était tombée sous le choc, elle aurait toutes les difficultés du monde à la manier. De sa main valide, elle avait repris son arme, consciente que si elle n’agissait pas, elle se prendrait de nouveau le cognard. Par miracle, elle avait réussi à dévier la balle vers Connor avant de se laisser tomber à genoux, bras collé contre sa poitrine pour tenter de faire diminuer la douleur. Une pointe de jubilation avait vu le jour en voyant le genou de Connor céder sous l’impact. Justice connard ! Et pour en rajouter une couche, elle avait balancé un expelliarmus pour désarmer ce traitre.

« ça va aller ? »
« J’vais tuer cet enfoiré ! »
« Tu devrais peut-être sortir, pour te mettre en sécurité. »

L’irlandaise avait souri amusée. Sortir d’ici c’était sûrement le meilleur plan. La plus sage des choses à faire. Fuir ce putain de château sans se retourner et retrouver une liberté méritée. Pourtant elle n’avait pas répondu à cette injonction. Elle ne pouvait pas partir, pas encore.

«Est-ce qu’à part le blondinet et le petit brun bouclé, tu vois dans les alentours des… élèves qui sont avec Eux ? »

Un signe de tête pour lui signifier que non. Sa tête tournait dès qu’elle bougeait son bras, mais elle passait outre pour revenir à ce que lui avait demandé Dorofei. Prendre soin des autres n’avait jamais été son fort. Plutôt égoïste de nature, on le lui avait assez reproché au cours de son existence. Elle pouvait bien faire preuve d’altruisme dans ce bordel sans nom. Elle avait donc rejoint Ethan, Ethan qui avait l’air complètement dépassé par tout ce qui se passait et qui semblait paumé.

« Tu devrais l’écouter, sortir d’ici ! »

Parce qu’elle fera la même chose d’ici peu et qu’ils devraient tous le faire ! Fuir cet endroit de malheur qui n’avait plus rien d’un lieu sécure ! En regardant la bataille, l’Irlandaise avait vu ce supérieur et ses serpents. Un carnage annoncé ! De sa main valide, la belle avait tenté un sortilège sur le Serpentard toujours perché sur son balai, quitte à lui offrir une chute et à le blesser mortellement.

« Stupéfix ! »

@Connor Tveit

La jubilation fut de courte durée. Il avait réussi à toucher Jayden mais contre toute attente –ou presque- le sort s’était finalement retourné contre lui… et avant qu’il ait pu esquisser le moindre geste, vu qu’il était un peu trop occupé avec Kim, la balle le faucha de plein fouet au niveau du genou. Il n’avait même pas eu le temps de répondre à a rouquine, dommage par ce qu’il avait une chouette idée de réparti. Entre la douleur et la surprise, il s’était étalé par terre. Le craquement et l’allure de son genou ne laissaient aucun doute sur la « gravité » de la chose, c’était au minimum une bonne fracture, probablement ouverte… Il ferma les yeux quelques instants, essayant de canaliser la douleur, de se concentrer pour continuer à aider les siens.

Il était plus fort que la douleur. Il pouvait faire avec. On lui avait bien appris. On l’avait bien dressé… mais même son bras cassé à 5 ou 6 ans qu’on avait daigné lui soigné que quand il avait arrêté de pleurer, même tout le reste n’était pas grand-chose comparé à cette douleur vive qui l’empêchait clairement de réfléchir correctement. Il en voyait presque flou… mais malheureusement il n'avait gardé sa précieuse baguette avec lui, elle avait glissé à quelques mètres... il ne restait plus qu'à ramper pour l'attraper. Probablement qu’il ne pourrait pas se lever, mais même allongé au sol ou assis, il pourrait jeter des sorts, se « battre » pour la bonne cause, et surtout essayer d’éviter de se faire tuer, la rouquine ne le raterait probablement pas, tout comme Delaney si elle venait vers lui. Quelle connerie, quelle idée il avait eu de vouloir être « trop gentil », de ne pas être assez violent, voilà ce qu’il récoltait.

Il inspira un bon coup ; Il devait se concentrer. Il savait le faire. Il essaya de changer de position et dût se mordre la langue jusqu’au sang pour ne pas gémir sous la douleur, voire même pleurer et un goût de bile arriva jusque dans sa gorge... mais il glissa, étendit le bras pour reprendre l'objet en bois tant convoité. Un Tveit était fort. Un Tveit ne pleurait pas. Il n’y avait que les faibles qui chouinaient et il valait mieux que ça.. Avant de cracher un peu de bile. Malgré sa vision partiellement troublée par la douleur –peut-être perdait-il du sang ? mais là encore il ne voulait pas s’attarder à ce genre de détails-, il essaya de déterminer où en était la situation : la rouquine était prise u pièges de serpents, ce qui expliquait sans doute qu’il respirait encore –merci l’intervention divine d’un supérieur- ; Cody tant qu’à lui était « piégé » entre l’ex Gardien et Delaney… un peu plus loin il y avait Ethan, mais il fallait bien avouer que ce dernier ne l’intéressait pas plus que cela… néanmoins, ça serait probablement un bon moyen de faire intervenir quelqu’un et que Cody se retrouve avec un seul partenaire à affronter… Expelliarmus Murmura-t-il entre ses dents, avant de souffler doucement, mais rapidement Accio baguette, Incarcerem Si les sorts marchaient comme il le souhaitait, Ethan serait privé de baguette et ne pourrait plus tenter de s’échapper, même si on le libérait, il faudrait venir jusqu’à Tveit qui détenait l précieuse baguette, une foutue perte de temps qui jouerait en leur faveur. Il savait que c’était risqué pour lui, mais au final il n’avait pas spécialement peur…. Tout ce qu’il faisait c’était pour leur cause, la Bonne Cause. Il n’était qu’un pion, il en avait conscience, il serait probablement sacrifié un jour, alors autant qu’il serve à quelque chose. Ne pouvant pas bouger et avec cette foutue douleur qui lui donnait à présent presque des vertiges lors qu’il était toujours quasi allongé, il n’avait guère le choix que d’utiliser les sorts les plus basiques.

Je m’étais lancé dans le feu de l’action sans même réfléchir. Dans cette guerre, Connor et moi étions dans le même camp même si au plus profond de mon être je ne faisais partie d’aucune équipe. J’ignorais si le combat était perdu d’avance, mais ceux qui étaient apparus sur le terrain de Quidditch étaient de redoutables adversaires. Clairement plus âgés que nous, ils maîtrisaient davantage de techniques et de sortilèges. Du haut de son fauteuil roulant, la rouquine semblait éliminer tous les Supérieurs qui tentaient de nous approcher en guise de renfort dans d’impressionnants mouvements de baguette. L’homme qui l’accompagnait semblait s’occuper de Connor et de moi, les deux menaces directes. Je n’avais pas hésité à lui balancer un sortilège qui avait habilement évité sans trop de problèmes. Il n’avait pas tardé à répliquer, lançant un sort qu’il me fit perdre totalement le contrôle de mon balai. Ma main libre avant beau serrer le manche le plus que possible : il n’y avait rien à faire. Je vis un autre sortilège lancé dans ma direction et un coup d’œil m’apprit qu’il venait directement de Jayden dont la baguette était élevée à mon endroit. J’évitai cette nouvelle attaque grâce à mon balai fou. Je n’avais d’autre choix que de l’abandonner. Je tentai donc de me rapprocher du sol et lorsque je fus à trois mètres au-dessus, je me laissai tomber. Je fus surpris de constater que le terrain était devenu mou sous mes pieds, m’évitant ainsi de me casser les jambes.

C’est à cet instant que je compris notre avantage à moi et Connor. Nous étions épargnés probablement en raison de notre âge ou du fait que nous étions encore des étudiants. L’homme aurait pu me tuer sans trop de ménagement et pourtant il avait ensorcelé le sol afin de m’éviter de cruelles blessures. Je me relevai sans trop de difficulté avant de marcher en direction de l’action dans un pas précipité. L’attention de l’homme était de nouveau posée sur moi.

« Lancer un sort sur un balai, c’est franchement stupide tu sais. Tu aurais pu faire une chute mortelle, aussi doué penses-tu être. »

Je ne répondis pas à sa remarque : j’accélérai plutôt le pas. La mort était peut-être imminente et pourtant je n’avais pas peur. Une nouvelle énergie s’était emparée de mes sens et je ressentais la même adrénaline lors d’un match de Quidditch bien que la situation était incomparable.

« Expelliarmus ! »

Je me laissai désarmer sans riposter. Je savais que mon ennemi était plus fort que moi, mais cela ne m’empêchait pas d’avancer. J’observai ma baguette voler dans sa direction et je constatai que Connor était désormais sur le sol. Pas très loin de lui, des serpents avaient cloué la rouquine sur son fauteuil roulant : les renforts étaient arrivés. L’idée de me transformer me traversa l’esprit, mais c’était encore trop tôt. Je n’avais pas assez de forces pour le garder assez longtemps pour que cela me serve à quoi que ce soit, mais cela ne m’empêchait pas de pouvoir faire un essai. Juste un.

Je jetai un coup d’œil à mon balai qui avait retrouvé son immobilité. Je tendis le bras dans sa direction et il se retrouva dans ma paume la seconde d’ensuite. J’enfourchai de nouveau mon manche avant de foncer directement sur l’homme qui se trouvait non loin de moi. Je le chargeai de toutes mes forces afin de lui faire perdre l’équilibre. Je lâchai mon balai au même moment et je me retrouvai penché par-dessus lui. J’attrapai sa main dans laquelle il avait ma baguette et je rassemblai assez de concentration pour parvenir à faire sortir mes crocs reptiliens. Les longues dents pointues s’enfoncèrent dans sa chair et un goût métallique se répandit sur ma langue encore humaine. J’en profitai pour reprendre rapidement ma baguette.

Non, ce gosse il n’aurait pas pu essayer de le tuer. C’était impossible. Il était jeune, il avait le temps encore d’ouvrir les yeux, de se repentir ! Maintenant, il allait peut-être devoir en payer les conséquences, tout dépendrait de comment se passerait la suite : il avait quand même désarmer le blondinet histoire qu’il ne soit plus un danger pour les autres et qu’il puisse ensuite se concentrer sur les autres Supérieurs, plus âgés, plus dangereux. Kim était en mauvaise posture, mais il ne pouvait pas encore trop agir pour l’aider, il y avait trop d’ennemis autour d’eux, il devait d’abord les neutraliser par ce que se faire tuer tous les deux pendant qu’il l’aiderait serait stupide… et d’ailleurs ces quelques secondes où il avait observé la jeune rouquine avaient été une « mauvaise idée », en effet blondinet en avait profité pour récupérer son balais et Dorofei se le prit de plein fouet ! le gamin lui prit la main dans laquelle il tenait la baguette appartement à Cody et alors qu’il allait le faire basculer sur le côté histoire de ne pas lâcher la baguette et de pouvoir contrer le gamin, ce dernier fit quelque chose de totalement inattendu : planter des foutues dans son bras. Surpris et sous le coup de la douleur il lâcha la baguette que l’autre récupéra.

Malgré la douleur, il était évident, qu’il avait encore un avantage sur le garçon, ce dernier avait quand même les mouvements réduits à cause de sa position proche de son bras et de la concentration dont il devait faire probablement preuve pour se transformer de la sorte ! Il applaudirait la performance un peu plus tard. D’un geste brusque qu’on lui avait appris en self défense il tapa de bras valide dans le creux su bras de l’autre garçon celle qui tenait la baguette histoire de toucher un nerf, histoire que le gamin ait une décharge de douleur et lâche de nouveau sa baguette. Il envoya un deuxième coup du niveau de l’os mastoïde : pas assez fort pour faire une fracture et risquer de graves conséquences sur le gamin, mais assez fort pour le sonner. Les deux réunis avaient pris à peine deux ou trois secondes. Il se tordit légèrement ensuite, s’enfonçant un peu plus profondément les dents du gamin, grimaçant sous la douleur, mais pour avoir la meilleure prise il n’avait pas le choix : il tenta alors de l’étrangler, essayant de trouver où il fallait appuyer exactement pour lui faire faire perdre connaissance (voir le tuer si ça durait trop longtemps mais ce n’était le but). Il voulait juste que le gamin le lâche sans qu’il ait trop de lésions, sans qu’il y ait un nerf ou muscle trop sévèrement touché, quelque chose qui l’empêcherait de combattre…. Un sort aurait été trop risqué pour tous les deux, le mettre KO était donc la seule solution qui lui restait pour l’instant. Il n’avait plus d’autres choix que d’employer des méthodes plus « brusques », plus douloureuses, le gamin l’avait attaqué, il l’avait, au final, bien cherché !

Des gamins. À peine sortis de l’adolescence, probablement à peine capables de réfléchir par eux-mêmes, mais pourtant déjà prêts à tout donner, à se battre corps et âme pour cette Cause qui n’hésiterait pas à les sacrifier sans cérémonies. Deux gamins déterminés à leur tenir tête, à mettre à mal leur mission. Deux gamins contre un groupe de sorciers expérimentés de la Garde, l’un sur son balai à défier Dorofeï, l’autre en retrait à l’attaquer elle, et Kim ne savait pas si elle devait les plaindre ou les exécrer.

C’était une faiblesse. Elle le voyait bien, elle n’était pas aussi prompte à en découdre avec ces gosses qu’elle ne l’avait été avec les deux Supérieurs patrouilleurs accourus à l’endroit de la brèche, et ça ne lui ressemblait pas. Depuis quand épargnait-elle ses adversaires ? Sa baguette brandie devant elle, elle attendait, sans vraiment savoir quoi. Qu’il lui explique, peut-être, ou peut-être qu’il ouvre les hostilités. Mais soudain, un cri de douleur la tira de ses contemplations.

Tournant la tête, sans pour autant baisser sa garde, Kim avisa l’autre rousse, à genoux, tenant son bras contre sa poitrine, crispée. La seconde d’après, le cognard qui jusque là lui tournait autour et qui manifestement ne l'avait pas ratée arriva à toute vitesse sur eux et percuta le bouclé au niveau de la rotule, le mettant également à terre, avant continuer sa course, cette fois-ci en direction du blond qui, toujours sur son balai, l’évita de justesse, esquivant par la même occasion le sort de Dorofeï qui lui était destiné et qui atteignit le cognard, l’explosant.

Ils auraient presque pu crier victoire. Les deux recrues des Supérieurs étaient tombées, leurs idoles n’allaient pas tarder à être neutralisés, et déjà Dorofeï s’occupait de la rouquine blessée et de l’autre jeune dépassé par les événements… Oui, ils auraient presque pu déclarer ce premier affront comme gagné. Cependant, Kim savait que leur mission était loin d’être remplie, et, surtout, que tout risquait de basculer à tout moment. D’un regard circulaire, elle analysa la situation puis inspecta les alentours. Et ce fut alors qu’elle le vit. Ou plutôt qu’elle les vit. Le Supérieur, loin, seul, mais surtout la horde de serpents, dangereusement proches, glissant à toute vitesse dans l’herbe du parc.

« Merde. »

Sentant son myocarde se mettre à palpiter soudain dans sa poitrine et ses yeux paniqués s’écarquiller, elle leva sa baguette, pointant les longs corps lisses qui ondulaient à ses pieds, mais déjà, trois reptiles remontaient le long de ses roues, de ses jambes, et s’enroulaient autour d’elle. Merde, merde, merde. Elle se débattit de toutes ses forces, essaya de s’opposer à la puissance de leur étreinte qui se resserrait autour de son corps de toute part. En vain. Elle était prise au piège.

À quelques millimètres de son oreille, le plus imposant des trois serpents émit un sifflement menaçant, prêt à planter ses dents crochues dans la chair de sa nuque. Mais, plus encore que la perspective d’une morsure venimeuse, c’était l’immobilité à laquelle ils l’avaient réduite qui l’emplissait d’effroi. La tête et quelques doigts, c’était tout ce qui lui obéissait, le reste était complètement ligoté, et la perte du contrôle de ses muscles, de ses membres, lui faisait perdre le contrôle de ses émotions. Bientôt, la voilà qui succombait à la panique, les yeux embués de larmes, la gorge nouée et le souffle court, essayant de se démener par tous les moyens sans réussir à décoller son buste et ses bras du dossier et des accoudoirs contre lesquels ils étaient plaqués.

Stop. On se calme. On ferme les yeux, on respire, on se concentre. On réfléchit, bordel ! Il fallait qu’elle trouve une solution. Rouvrant les yeux, elle réévalua la situation et comprit bien vite qu’elle s'était détériorée non seulement pour elle, mais également pour ses alliés. Dorofeï était à nouveau aux prises avec le blond, au corps à corps cette fois, aidé de loin par la rousse. Le gamin paumé n'était plus dans son champ de vision, elle ne pouvait qu'espérer qu'il avait fini par saisir l'occasion pour quitter le château. Quant au bouclé, bien que grièvement blessé, il avait manifestement rampé jusque sa baguette pour la récupérer, et ne semblait pas près de vouloir déclarer forfait. Il fallait absolument qu'elle le neutralise une fois pour toutes.

« Immobilus. Expelliarmus. »

Elle ne pouvait pas diriger sa baguette sur elle ou sur les serpents, mais elle pouvait encore tourner son fauteuil de sorte à faire face à ses adversaires, et elle espérait que le brun sournois ne s'attendrait pas à se faire attaquer par une handicapée assaillie par des serpents. Quitte à ce que ce soit la dernière chose qu'elle ferait. Suite à cette prise de conscience, ses yeux s'emplirent à nouveau de larmes, et, avec la force du désespoir, elle se remit à se débattre, plus acharnée que jamais avec un hurlement sorti du plus profond de ses entrailles.

C’était comme si le monde s’était soudainement mis à tourner autour de lui. Ethan ne comprenait plus ce qui était en train de se passer, ne savait plus quelle décision il devait prendre, quel chemin il devait emprunter. Il avait soudainement arrêté de marcher, comme immobilisé, complètement bloqué. Que faire ? Il commençait petit à petit à comprendre le choix qui se dressait devant lui : prendre la fuite ou aller aider ses camarades. Perdu dans l’agitation, il n’avait toujours pas compris de quel côté l’allégeance de Cody pesait et pensait donc devoir retourner dans la bataille notamment pour lui, pour son ami. Mais le visage de Charleen commençait à apparaître dans ses pensées. Il lui avait promis qu’il sortirait. Et il savait bien que son faible niveau en combat ne changerait pas grand-chose, pire, risquait surtout de le mettre en danger. Est-ce qu’elle pourrait lui pardonner de s’être mis en danger de la sorte alors qu’il pouvait courir vers elle et la liberté ?

Deux mains décidées se posèrent sur ses épaules. Ethan sursauta, reconnectant violemment avec le monde extérieur. Les bruits des sorts, les cris de douleur et de rage mêlés. Et le regard d’une jeune femme planté dans le sien. Elle lui parle mais il faut quelques secondes à Ethan pour réussir à se concentrer sur les mots qu’elle prononce. Il loupe le début de la phrase mais finalement, les mots deviennent plus clairs. Elle lui dit qu’il faut faire un choix, qu’il peut partir maintenant. Il lit dans ses yeux, elle pense sincèrement qu’il doit partir et elle a raison. Ethan est encore trop faible et si son esprit a commencé tout juste à se renforcer, cette bataille n’est pas encore la sienne.

Le jeune homme serre alors ses doigts autour de sa baguette et hoche la tête, approuvant les propos de la jeune femme qui lui demande une dernière fois s’il veut la suivre. Oui. Il est prêt. Et alors qu’il commence à marcher à ses côtés, il la voit se retourner brutalement pour contrer un sort. Ethan se tourne alors à son tour et aperçoit Connor au loin, étendu au sol, la baguette braquée vers eux. A vrai dire, il ne reconnait que ses cheveux, ne parvenant pas, à cette distance, à voir clairement son visage. Un autre sort et une fois encore, la membre de la Garde aux côtés d’Ethan le protège avant de lui attraper le bras fermement.

« Allez, on se dépêche, il ne faut pas perdre de temps ! »

Ethan lance un dernier regard vers l’école. Combien de ses camarades vont sortir ? Combien vont rester enfermés dans cette école ? Il n’en sait rien et si son cœur se serre, il sait qu’il fait le bon choix. Pour Charleen, pour ses parents et pour lui. Il sait aussi que la prochaine fois sera différente. Il deviendra plus fort, il saura se défendre, il ne sera plus cet enfant perdu qu’on doit secourir. Mais il devait l’être encore une fois, une dernière fois.

Ethan disparaît dans la forêt, escorté par la Garde. Un homme couvre leur fuite. A la lisière de la forêt, il envoie des sorts pour faciliter la tâche de ses collègues qui tentent de faire sortir les élèves. Il repère alors une jeune femme, rousse, en fauteuil. Il sait qu’elle est dans leurs rangs mais ne la connait que peu. Il ne retient cependant que le fait qu’elle soit dans une situation délicate et décide de partir dans sa direction pour lui venir en aide.

Ethan aux mains de la garde, l’Irlandaise avait reporté son attention vers la bataille qui faisait rage derrière elle. Son bras lui faisait un mal de chien, incapable de bouger le moindre de ses doigts sans déclencher un mini-cataclysme dans son organisme, la rousse luttait pour ne pas se laisser envahir par la nausée qui la menaçait à chaque pas. Elle aurait aimé l’immobiliser ou au moins faire taire ce mal qui venait bourdonner à ses oreilles, au lieu de ça, elle avait fait abstraction. Céder à ce genre de chose c’était signer son arrêt de mort et bizarrement, la belle n’était pas encore prête à rendre son dernier souffle. Pas ici, pas maintenant, elle aurait tout le temps pour s’apitoyer plus tard.

Baguette à la main, elle s’était rapprochée de Kim toujours coincée avec les serpents qui la retenaient prisonnière. Dans un premier temps, elle avait cherché comment se débarrasser des reptiles sans magie. Privée de sa main dominante, elle savait mettre en danger Kim si elle s’essayait aux sortilèges plus complexes avec sa main droite, pourtant elle s’était vite rendue à l’évidence, jamais elle ne réussirait à les faire lâcher prise. Trop accrochés, les entraves finiraient par l’étouffer et la tuer.

« Lashlabaskz ! »

Mal exécuté, la rousse avait pesté, agacée de ce manque de maitrise stupide. Il lui avait fallu recommencer une deuxième fois pour obtenir une réussite partielle, permettant à Kim de retrouver un semblant de mobilité sans pour autant la libérer complètement. S’attaquer à l’une des têtes de l’Hydre ne servait à rien, elle le savait, il fallait couper la tête pensante ou au moins la maitriser partiellement.

« Je m’occupe de lui, avec un peu de chance ça te laissera l’occasion de te libérer complètement ! »

C’était du suicide, elle qui n’avait pas une âme altruiste de nature. Volte-face était fait, le sorcier qui leur faisait face concentré sur sa tâche. Baguette pointée vers Kim, il dirigeait sa marmaille d’une main de maitre. Agissait avec un sadisme évident. L’heure n’était pas à la pitié, de son côté, l’Irlandaise n’aurait pas ce sentiment vis-à-vis de ses adversaires. Élèves ou non, ils avaient choisi leur camp et la pitié n’était plus de mise depuis longtemps !

« Confundo ! »

De quoi déstabiliser dans un premier temps l’adversaire et tenter de le faire lâcher prise. De justesse, elle avait évité une réplique un peu virulente. Avant d’enchainer avec deux autres sortilèges.

« Obscuro, Confringo !! »

Il y avait eu une explosion, mais la belle n’avait pas eu le temps de voir si l’homme avait été touché qu’un sortilège était venu la toucher de plein fouet, lui faisant voir trente six chandelles. Désorientée, elle n’avait pas tout de suite vu Dorofei s’approcher pour leur venir en aide. Il était temps pour elle de rendre les armes, de fuir cet endroit maudit. Un patronus était parti en direction du château, un message pour Jordane, pour lui donner une chance de s’échapper.


@Kim Collins

NB : Ce n'est pas précisé pour ne pas devancer le MJ & co, mais Jayden sort

Immobile. Kim était complètement immobile, incapable de faire le moindre geste, de contrôler ne serait-ce qu’un seul membre. Ses doigts et sa tête, c’était tout ce qui lui restait. Et elle paniquait, terrorisée comme jamais, tremblant, hurlant, s’acharnant, se débattant avec la force du désespoir. Et les serpents enroulés autour de ses poignets et de sa poitrine serraient, comprimaient sans faiblir, lui éraillant la peau des bras, lui chassant l’air des poumons, empêchant son cœur de battre et son sang de circuler.

Elle allait mourir. Elle sentait déjà l’oxygène lui manquer et ses muscles se raidir. Oui, elle allait mourir, si pas étouffée ou épuisée, alors tout simplement mordue. Mais plutôt mourir qu’être prisonnière de son propre corps, comme un quadriplégique ou un infirme moteur cérébral, réduite à la dépendance, devant chaque jour s’abaisser à accepter l’aide d’un proche, d’un soignant, d’un passant…

Des larmes de rage et de dépit lui montèrent aux yeux, tandis qu’elle haletait pour palier à cette sensation de faiblesse qui s’immisçait dans ses muscles et de vertige qui s’emparait de son cerveau au fur et à mesure que ses cellules épuisaient leur stock d’oxygène. Ses paupières à moitié closes, elle voyait encore le visage sadique de son tortionnaire, son sourire cruel et ses yeux fous, comme s’il était juste là tout près d’elle, lui riant au nez. Oh combien elle aurait aimé pouvoir lui faire face en étant libre de ses mouvements. Combien elle aurait aimé le provoquer en duel en pleine possession de ses capacités. En attendant, elle était là, devant lui, réduite à l’immobilité. Impuissante, inoffensive, pathétique.

« Lashlablask ! »

Une incantation prononcée d’une voix forte la tira de la torpeur dans laquelle elle s’enlisait et elle aperçut l’autre rouquine qui dirigeait sa baguette sur les serpents. Le sortilège n’eut pas l’effet escompté, mais elle le réitéra et le reptile enroulé autour de son bras gauche fut projeté quelques mètres plus loin.

« Je m’occupe de lui, avec un peu de chance ça te laissera l’occasion de te libérer complètement ! »

Et Kim vit sa sauveuse s’éloigner, déterminée à en découdre avec l’ennemi, ayant manifestement oublié la douleur que lui provoquait son bras cassé. Par réflexe, sa main libre empoigna le serpent qui enserrait son buste, tentant de lui faire lâcher prise. En vain. Elle sentait ses sens la quitter, la nuit se refermer sur elle. Presque inconsciemment, elle alla chercher sa baguette qu’elle tenait encore dans sa main droite et la dirigea tant bien que mal sur le reptile fatal.

« Vipera Evanesca. »

Elle avait à peine eu la force de chuchoter le sortilège, priant pour qu’il soit efficace malgré le manque de timbre dans sa voix et de précision dans son geste. Et le serpent qui comprimait ses poumons disparut. Ce fut la libération. Elle inspira profondément, sentant l’air lui brûler la gorge, et se mit à tousser, ses alvéoles s’ouvrant et ses poumons s’expandant enfin. L’oxygène qui montait à son cerveau lui faisait l’effet d’une drogue après un sevrage, et elle se sentit partir. Les deux derniers serpents disparurent à leur tour, et elle porta sa main droite à sa poitrine tout en se penchant vers l’avant pour cracher la bile qui lui remontait jusque dans la bouche.

Une détonation retentit, lui rappelant la bataille qui continuait à faire rage autour d’elle. Elle tourna la tête vers la source du bruit, et aperçut la rouquine en mauvaise position, mais déjà Dorofeï accourait pour lui prêter main forte. Puis elle constata que le brun bouclé semblait, malgré la blessure qui l’empêchait de se relever sur pieds, ne pas avoir dit son dernier mot. Avec une rage nouvelle, elle dévia le sortilège qu’elle le vit lancer, puis entama un duel qu’elle ne comptait pas laisser s’éterniser. Après un échange cordial de sortilèges, elle finit prendre le dessus sur le Supérieur en herbe.

« Stupefix ! »

Elle préféra le plonger dans l’inconscience plutôt que de l’entraver, encore traumatisée par sa propre expérience de l’immobilité. Rien qu’à y repenser, elle en eut un haut le cœur. Elle se força à se ressaisir, puis jeta des regards à Dorofeï et aux autres membres de la Garde. L’heure était venue pour eux de se retirer.