Sam 14 Avr 2018 - 22:10 Lundi 7 septembre
Non. Non. NON. Ce n’était pas possible, c’était un cauchemar. Et pourtant il aurait dû s’en douter que ce jour arriverait, mais il ne pensait pas que ça serait aussi rapide. Se passant une main dans les cheveux pour se les ébouriffer et ne pas les avoir dans les yeux, il se leva rapidement, l’esprit encore un peu embrumé par ce réveil forcé. La panique était générale. Il devait agir. Il devait combattre, aider les élèves de Poudlard.
Ils étaient revenus.
Ils allaient encore commettre des meurtres.
Qui étaient-ils ? Les connaissaient-ils ? Peut-être qu’il y avait ses morts, ses oncles ou tantes parmi ces fous et cette idée lui donnait juste envie de vomir de frémir. Il pria pour ne pas croiser l’un d’eux. Il pria pour que sa famille ne soit pas impliquée réellement là-dedans : penser comme les Supérieurs était une chose, agir comme eux, préparer cette attaque était totalement autre chose.
Il avait l’impression d’avoir l’esprit en feu. Qu’est-ce qu’il devait faire ? Combattre pour permettre aux plus jeunes d’être cachés ? Evacués ? Ou bien aider à évacuer ? Ou est-ce qu’il serait le plus utile ?! Il n’en savait trop rien, mais étant à l’université, il jugea qu’il était plus apte à combattre auprès des gardiens que ceux qui n’avaient pas encore atteints les années supérieures. Eux pourraient aussi aider à évacuer, et puis si on lui demander d’aider à évacuer, ou de fuir, il obéirait. En quelques mots, il aviserait. La baguette en main, il sortit rapidement du dortoir pour se diriger vers les étages inférieurs, voir où et comment on pouvait avoir besoin de lui.
Les sortilèges pleuvaient dans tous les sens, il avait essayé de bloquer, de retarder quelques attaquants, mais rester tout le temps aux aguets pour ne pas se prendre un sort dans le dos –d’un ami ou d’un ennemi, un sort perdu- n’aidait pas le garçon à se concentrer. Et il n’arrivait à s’arrêter de penser à sa famille. Ses cousins, où étaient-ils ? Est-ce qu’ils prenaient part à la bataille ? Connor, probablement pas. Melvin oui, et avec les Supérieurs. Quant à Mily, sa chère et tendre femme, avec un peu de chance, elle finirait comme Elinor et comme ça fini le mariage, fini la possibilité de devenir père dans quelques mois.
Il avançait doucement, cherchant des connaissances du regard. Est-ce que Cassie et Mathew allaient bien ? Et Caitlyn ? Et Keza ? Et Enzo ? Et tous les autres. Il aurait voulu s’assurer que tous allaient bien. Il aurait voulu pouvoir les aider s’ils étaient en difficulté, mais les uns et les autres n’avaient probablement pas besoin de lui.
Il stupéfia un Supérieur, et en voulant l’envoyer balader au loin avec un autre sort, ce dernier se trompa de destinataire et toucha un pauvre grosse qui passait par là juste à ce moment-là. Warren pesta et se dépêcha d’aller voir comment allait la victime. Elle était un peu sonnée, mais n’avait rien de grave, alors qu’il allait lui proposer de l’aider à trouver la sortie, quelqu’un surgit derrière lui, il fit rapidement volte-face près à attaquer, lorsqu’il se rendit compte que ce n’était que Mily. Blanche comme un linge, qui semblait avoir du sang qui tâchait sa chevelure.
Le moment qu’il attendait. Il avait juste à tourner les talons. A partir avec le gamin, et elle ne ferait pas long. Ce n’était pas compliqué, c’était même plutôt simple. Il aurait ce qu’il voulait… ce qu’il attendait depuis décembre.
Mais contre toute attente il la prit dans les bras, et vu qu’elle semblait au bord de l’évanouissement, il la prit finalement dans les bras, tentant de trouver une position, ou il pouvait utiliser sa baguette pour se défendre, une position où ils ne seraient pas une grande cible… Par ce qu’ils risquaient d’être une cible pour les non sup, peut-être même pas les sup’ qui ne savaient pas forcément qui ils étaient. Il vérifia une dernière fois que le gamin pouvait se lever, interpella un gardien qui passait par-là et le laissa à sa charge, près l’avoir chaleureusement remercié.
Il n’avait plus qu’une idée fixe. Il fallait qu’il parte avec Mily. Il fallait qu’ils rentrent. Loin de tout ça. Loin de cette guerre stupide. Alors, il descendit le plus rapidement possible les escaliers vers la sortie, vers un possible avenir meilleur. Il fuyait, probablement un peu lâchement. Le souffle court, plus les marches se faisaient compter, plus il avait le souffle court. C’est qu’elle pesait son poids la garce. Il jura de manière inconvenante, mais continua sa route. Il hésitait à la porter avec un sort, mais il avait peur de devenir une cible encore plus ambulante, d’autant plus qu’il ne pourrait plus se servir de sa baguette s’il agissait ainsi. Alors qu’il avait fait deux pas dans le hall et qu’il s’en tirait pour l’instant pas trop mal, un sort l’atteignit en plein sur la hanche. Il trébucha, lâcha Mily comme une merde sur le sol, se tenant l’endroit où il avait été touché… du sang coulait. La blessure n’avait pas l’air spécialement profonde, mais elle était douloureuse, après il n’était pas médecin et il n’avait pas le temps de se poser trop la question. Il resta une bonne minute cloitré sur le sol, le temps de retrouver ses esprits, de se concentrer assez pour pouvoir se relever, continuer son chemin avec Mily. Merci l’adrénaline qui devait agir !
Les derniers mètres –centaines de mètres- furent éprouvant pour lui. Chaque pas, lui donnait l’impression qu’on lui enfonçait un truc dans la blessure et ce n’était guère plaisant, et la belle au bois dormant était toujours un poids mort-assommée-.
Pourquoi est-ce qu’il l’aidait ? Pourquoi est-ce qu’il était en train de faire ça ? Il n’avait pas la réponse et cela le dérangeait, même s’il continuait d’avancer. Il ne pouvait pas dire que ça venait du cœur… cela voulait dire qu’il l’aimerait, et ce n’était pas le cas. Non, ça ne pouvait pas être ça, il en était certain…
Et il passa la brèche, la « faille ». Il posa Mily au sol, et la gifla plusieurs fois espérant qu’elle reprendrait rapidement connaissance. Ils n’étaient pas tirés d’affaire, loin de là, même.
Enfin après plusieurs minutes, elle ouvrit enfin les yeux, l’air un peu perdu et lorsqu’elle comprit ce qu’il avait fait, elle eut une sorte de sourire victorieux, que Warren remarqua à peine, un peu troublé par tout ce qui se passait, entre la douleur de s blessure, l’adrénaline qui voulait toujours et toutes les questions qui se posaient, l’inquiétude pour ses amis, il n’arrivait plus à penser réellement. Elle se leva et il l’emmena quelques pas plus loin le temps qu’elle retrouve ses esprits.
- On doit transplaner chez moi. On sera en sécurité là-bas.
Ils atterrirent en plein dans le salon, d’une façon pas forcément gracieuses. Exténués l’un et l’autre par leurs blessures.
Pourquoi était-il retourné ici ?
Pourquoi son réflexe premier avait-été de sauver Mily, de retourner chez lui ?
Pourquoi alors qu’il ne pouvait pas les sentir ? Qu’il ne supportait plus d’avoir une famille comme ça ?
Pourquoi ?
Tant de questions sans réponse, mais il avait peur. Il avait peur de ce que cela pouvait signifier, et si cela démontrait qu’au final il était comme ses cousins, qu’il était encore « programmé » pour revenir comme un bon petit toutou chez lui ? Est-ce qu’il pourrait trahir ses amis ? Est-ce qu’il pourrait vraiment participer à une possible résistance, ou devenir auror –son rêve- ? Programmé. Lobotomiser. Perdu. Blessé…