|
| Jeu 25 Avr 2024 - 13:13
13 Avril 2017 Une fois de nouveau assis à son bureau, Oliver tapote du bout de l’ongle son clavier sans réussir à détacher le regard de l’écran. La barre de chargement d’une vidéo uploadée sur youtube avance lentement de la gauche à la droite de son écran et une petite fenêtre blanche, dans le coin inférieur, l’informe de la transmission d’autres documents depuis l’un de ses disques durs externes. Quelque part sur la droite, le tintement familier d’une notification lui rappelle qu’il a entraînement crossfit de prévu avec un ami d’ici 15 min. Habitude prise depuis longtemps : qu’importe l’âge, Oliver a toujours eu la tendance nette à ne connaître que deux modes de fonctionnement : l’incapacité à se détacher d’une tâche ou l’impossibilité de s’y atteler. D’un geste distrait, il appuie sur le bouton de son téléphone qui affiche l’alerte sans que le journaliste n’y pose le regard.
Il n’y est pas. Il est même parfaitement ailleurs : devant l’entrée du commissariat de police. 182 Bishopsgate. Une façade froide de larges pierres grises. Deux lanternes encadrant un blason. Et la masse froide du bâtiment, davantage semblable à un blockhaus qu’à un poste de police. Quand ces mots “Je comprends, merci. Navré de ne pas avoir aidé davantage, Beau’ était un bon ami. ” sonnaient encore dans sa cage thoracique et qu’à s’éloigner de la structure de briques froides, le journaliste s’est retourné en entendant des pas sur l’asphalte. “ Attends, Nox ! ” John. L’un des traînes bitumes qui aspirent au poste d’inspecteur sans véritable chance d’y accéder. Un flic avec qui il a sympathisé lors de sa dernière arrestation, pris sur les lieux d’un meurtre de Pleine Lune, à saisir quelques clichés. Libéré ensuite par un autre inspecteur - Niall - qui arpente les lieux et qui fut, avant récemment, un ami. “Tu n’as vraiment rien sur l’affaire ? Berry est sur les dents. Il te laissera pas filer si tu caches quoi que ce soit...”
Contre le clavier, l’ongle loupe un battement et reprend son tempo.
“Berry peut bien se casser les dents : si j’avais quelque chose, je vous l’aurais dit. Tu bosses avec Niall non ? Tu sais comment je fonctionne. ”
En arrière de ses lèvres closes, Oliver refait la conversation. Il remonte à l’appel du matin, qui lui a appris la mort d’un ami et collègue. Puis va plus loin, jusqu’aux quelques rencontres hostiles avec l’inspecteur Berry, persuadé de sa culpabilité dans une affaire précédente. Sa mémoire l’amène plus loin alors, sur la scène déroulée sur les docks, à distance de Londres. Là où un affrontement a éclaté et tué un homme, Storn, sous ses yeux. A l’instant où il a fuit les balles puis s’est caché pour appeler Niall, qui est arrivé sur place avec la cavalerie. Quand ils se sont salués, puis que Niall l’a interrogé avant de se retirer de l’enquête estimant ne pas être totalement objectif avec un ami sur le banc des accusés. Plus loin encore, quand il organisait la rixe et calculait les meilleurs options pour se débarrasser de Storn.
Le regard sombre porté sur l’écran, Oliver ne pèse plus sa culpabilité. Il ne tempère plus ses inquiétudes. L’enquête sur Storn est bouclée. Classée sans suite. Mais Berry, chargé du dossier, n’a pas caché ses suspicions.
- Restez en ville, qu’il dit… Maugréé Oliver sans se départir de toute la tension immobile qui crispe son organisme. “J’t’en foutrais des ‘restez en ville’…” D’un geste mécanique, il attrape le mug de café froid qui traîne sur le bureau depuis des heures et après quelques gorgées, ferme la page youtube et ouvre ses propres dossiers. Plusieurs fois, son téléphone sonne. Plusieurs fois, Oliver l’arrête, toute son attention tournée vers l’écran et les dossiers qu’il ouvre en boucle.
Sous ses yeux, défilent les dossiers échangés avec “Beau’”. Beaunard de son vrai prénom, Namibien ayant immigré à Londres - ou Londonien ayant vécu en Namibie, Oliver n’a jamais vraiment bien compris - et véritable crack en informatique. Tous deux se sont rencontrés via un autre petit génie du clavier, quelques années plus tôt. Quatre ans qu’ils bossaient ensembles. Quatre ans durant lesquels Oliver appelait Beaunard successivement Beau ou Bob selon qu’il soit sérieux ou ait envie de le charrier. Quatre ans durant lesquels Beau se moquait de l’incapacité chronique de l’anglais à prononcer correctement “Beaunard”, raison d’être de chacun de ces sobriquets. Quatre ans de dossiers, d’enquêtes, de rires et d’heures concentrées. Quatre ans de petites piques amicales pour désigner la relation établie entre leur ami commun, Kahill. Tout à la fois amicale, professionnelle et charnelle.
Quatre ans qui lui sautent à la gueule au moment où Kahill justement, l’appelle et qu’enfin, Oliver se décide à décrocher. Il en distingue chacune des minutes dans la voix tremblante de son collègue et ami, sans doute bien plus proche de Beau qu’il ne l’a jamais été lui-même. C’est qu’à leur manière, les cracks en informatique semblent tous se connaître plus ou moins. Tout comme sa propre présence dans les milieux conspi et liés au surnaturel n’est un secret pour personne. Mais si boulot et perso se sont toujours mêlés entre eux, aujourd’hui est un jour différent. Aujourd’hui devrait être un jour différent.
- Hey. Tu sais sur quoi il bossait ? - Plus ou moins. On n’a pas parlé depuis.. J’en sais rien. Trois semaines peut-être ? Il t’a pas semblé bizarre à toi ? Je sais pas, tendu… distant ? - pas spécialement non… Il devait venir ici le mois prochain. Sa sœur se marie dans le Colorado, il avait prévu de venir me voir… Dans une crispation de la mâchoire, Oliver ferme les paupières. Inspire. Bloque. - Et toi ? Rien qui sorte de l’ordinaire ? - A part toi qui sort d’une affaire judiciaire et Beaunard qui se fait tuer tu veux dire ? Il fait pas bon de vivre à Londres, c’est surtout ça que je retiens.. ! Ton inspecteur là, Berry, c’est encore lui sur le dossier ou c’est ton pote qui s’en charge ? - Berry. - Merde. - Ouais.
Et puis, après un moment :
- Je sais qu’il bossait sur des bandes vidéos. Tu sais comme ce que tu m’as filé il y a quelques mois. Il m’a demandé conseils. Les doigts d’Oliver se crispent sur son mug lorsqu’il rouvre les paupières. - Tu sais de quoi il s’agissait ? - Aucune idée, on a parlé technique pure. Un claquement de langue agacé. - Tu… en sais plus sur sa mort ?
Ouais. Ton pote s’est fait lacérer de haut en bas, par, je cite, “un objet particulièrement tranchant ne laissant aucune trace caractéristique d’une lame ou d’un instrument mécanique. Entailles anormalement profondes”…
- Nan, j’en sais rien, désolé Kahill. - C’était un mec bien ; “Bob”. Le rire s’étrangle entre les deux hommes et pour la première fois, Oliver laisse un sourire triste tordre ses lèvres. - Ouais. C’était un chouette gars.
***
17 Avril 2017 Dans la serrure, le penne roule dans un cliquetis familier. Lorsqu’Oliver abaisse la poignée, le tambourin sous ses côtes gagne encore en intensité. Pourtant le battant de la porte bascule sans mal et quelques pas le séparent de l’appartement vide. Il inspire, bloque, puis passe sous la croix de rubalise qui interdit l’accès. En silence, le journaliste range la clef dans sa poche et referme en douceur derrière lui. L’immeuble est trop vieux pour présenter la moindre camera surveillance et il doute que la police en ait posé dans les lieux, pourtant Oliver ne se défait pas de sa capuche. Une arme bien mince pour une situation dans laquelle il dépasse - encore - bien des limites. Pourtant en entrant dans le salon si familier, il ne lui semble pas avoir cette stature de cambrioleur qu’on lui prêterait sûrement. Tout est à la fois ordinaire ici et parfaitement anormal. Les traces de verre sur la table basse, la télécommande abandonnée sur un coussin du canapé, les tableaux accrochés au mur. La photographie dont il est l’auteur, offerte “comme ça” quand il bossaient sur un sujet et que Beau a fini par se perdre dans la contemplation des photo encore en train de sécher. Posée près du tourne-disque. Qui a encore un tourne-disque ? Et puisque la pensée lui serre d’un rien le cœur, Oliver s’en détourne pour voir ce qui ne pas pas. Le pli sur le tapis, un cadre de travers, et puis les balises jaunes qu’il découvre ici et là en fouillant l’appartement. Naturellement, Oliver a attendu le délai nécessaire. La Crim’ est passée, les hommes en blanc aussi. Tout est au labo. S’il y a quelque chose à trouver ici, ils l’ont fait.
Mais ils cherchaient un Homme. Pas un sorcier. Seul bémol … quelles traces laisserait un sorcier ?
Si vous voulez savoir la vérité, écoutez les fous. Proverbe Africain Avec déception, Oliver découvre sans surprise qu’ordinateur portable et tours ont disparu du bureau. Ne reste que les trois écrans. Inutiles. Rien de plus dans les tiroirs ou le petit meuble sous la fenêtre. Sans se laisser démonter, le journaliste abaisse en douceur les volets de la petite pièce sombre et glisse une maglite entre ses dents avant de l’allumer et de se pencher sur les énormes placards qui continuent le mur arrière du bureau. Un genou au sol, il défait les dossiers les plus près du sol, pousse les jeux vidéos, écarte les cartons et s’affaire à tester chaque latte. Ça a été évoqué un jour. C’est là, quelque part. Il y a forcément quelque chose à trouver.
| |
| Oliver 'Callum' Nox Âge personnage : 34 Hiboux postés. : 1110 Date d'inscription : 30/11/2018 Crédits : CelestialThunder's Double Compte : Sovahnn, Takuma, Logan, Alec, Jordane, Maxence, Jessen
| | Jeu 2 Mai 2024 - 12:47 A côté de la souris, un bol avait été abandonné. Des nouilles instantanées s'y étaient suffisamment momifiées pour retenir à la verticale les deux baguettes plantées dedans. Le repas, préparé à la hâte et avec négligence, paraissait avoir été tout aussi rapidement délaissé, et les rondelles d'oignon nouveau déshydratées avaient eu le temps de se fossiliser sur un dépôt amidonné dont la texture et la vue laissaient entendre que le respect de l'équilibre alimentaire n'était pas la priorité de son producteur, et encore moins de son consommateur. En dehors de la fenêtre à peine ouverte qui faisait remonter les bruits quotidiens d'une capitale en expansion permanente, l'on pouvait entendre le bruit d'un ventilateur d'ordinateur qui, selon le vrombissement, était en train de largement dépasser ses compétences. La température du processeur affichait un quatre-vingt-dix degrés constants depuis quelques minutes maintenant et Lev avait cessé son activité pour laisser à l'unité centrale le temps de faire sa tâche sans interruptions ni surcharge. Recroquevillé sur son fauteuil dans une position improbable, le visage coincé dans un maillage de doigts, il regardait les logs défiler sur le terminal, espérant qu'aucune erreur ne survienne. L'ordinateur avait déjà crashé deux fois à cause d'un problème de port et Lev avait dû le coucher sur le côté pour que la carte graphique de deux kilos et demi cesse de tordre les interfaces de la carte mère. Faire du traitement vidéo était un processus souvent gourmand, mais son matériel commençait aussi à atteindre ses limites. Avec la crise des composants électroniques, il avait hésité à racheter quoi que ce soit, parce que les vendeurs avaient tendance à cannibaliser les cartes électroniques, ou à refiler du seconde-main juste pour maintenir la cadence, mais l'évidence s'imposait doucement : il avait besoin de racheter une tour.
NaBo n'avait pas eu le temps de beaucoup s'attarder dessus, probablement à cause du temps conséquent que demandaient certains filtrages. La vidéo originale, demeurée sur le serveur distant, était inexploitable, mais des métadonnées, générées lors de manipulations vidéo, pullulaient çà et là dans le dossier d'export, sans l'export en lui-même. Lev en avait conclu que NaBo avait utilisé le serveur distanciel pour faire les calculs, mais avait gardé le résultat de ses traitements localement sur son propre ordinateur. Technique louable, les serveurs étaient souvent plus performants que tout ce qu'on pouvait avoir en matériel personnel, mais dangereuse : ce qui n'était pas chez soi pouvait se retrouver chez les autres. Les yeux de Lev s'abaissèrent vers un dossier sur son bureau, d'où dépassaient des photos : NaBo avait manqué de prudence et en avait payé le prix.
Lev avait tenté de reconstituer les résultats de NaBo ; ceux à cause desquels il avait été tué. Plutôt que d'éprouver les méandres du deuil, il avait monopolisé son attention avec du travail, cherchant ce qui avait pu provoquer des représailles aussi sanglantes et définitives. A force de vivre dans un monde dématérialisé, les informaticiens se faisaient rarement assassiner, pourtant. Mais au fond, il ne pouvait pas prétendre être surpris. Ca devait forcément arriver un jour à quelqu’un. Maintenant, toute la question était de savoir pourquoi. Qu’avait-il mis en lumière de si sensible qu’on ait déployé autant d’efforts pour le trouver, et encore plus pour le tuer. Lev dégagea une main et fit glisser légèrement les photos en dehors de la pochette jusqu’à faire apparaître un abdomen presque fendu en deux. C’était comme une dent chancelante qu’il ne pouvait pas s’empêcher de toucher. La violence du geste le surprenait à chaque fois, mais il ne pouvait s’empêcher de conclure que seule la magie était capable d’une barbarie aussi spectaculaire. Un véritable paradoxe ! S’abstraire des règles de la science et de la logique devait permettre des raccourcis faciles, au lieu de créer une bouillie pareille. Les naturalistes n’avaient peut-être pas tort : tout ce qui allait contre les sciences était fondamentalement abominable.
Soudain, le monitoring de la carte graphique fit un bond, la mémoire vive se satura pendant quelques secondes et l’écran s’éteignit. Le ventilateur tourna énergiquement un instant, puis s’arrêta après quelques tours paresseux, et le silence ce fut. Lev n’avait même pas eu le temps de réagir ; ça n’aurait eu aucun intérêt de toute façon.
« Merde… merde, merde, merde, MERDE ! » s’énerva-t-il finalement en crescendo, se retenant de taper des poings sur le bureau de frustration.
Il ferma les yeux et y enfonça deux doigts jusqu’à commencer à voir des tâches lumineuses sur le revers de ses paupières. Il venait de perde cinq heures. Il avait déjà appris sa mort avec deux heures de retard et ne pouvait pas se permettre d’en perdre davantage. Il ne se donna plus la peine de ramper à quatre pattes sous le bureau pour triturer des câbles et réarranger le système de refroidissement : il s’était déjà voilé la face les deux premières fois et n’était pas assez stupide pour perpétrer indéfiniment la folie. Les performances du matériel ne suffisaient pas. NaBo... quel pseudonyme de merde quand même ! Très français, aussi. Lev avait fini par lui soutirer un aveu : c’était une contraction en verlan de Beaunard ; quelque chose qu’il lui avait confié autour d’une pinte, ne commettant pas l’erreur de l’écrire par clavier interposé. Mais alors, quelle erreur avait-il bien pu faire pour finir éventré ? L’erreur de la vérité pouvait-on dire.
Dépité, Lev se retourna pour contempler son salon à la recherche d'une soudaine illumination. Il ne s'était pas préparé à ce qui l'attendait, bien que, à l'évidence, il vivait même dedans, mais c'était toujours différent de s'y confronter à travers les verres grossissants de plusieurs jours de travail acharné. L'appartement était rempli de matériel informatique, de bouteilles vides et de plats instantanés ; ils colonisaient toutes les surfaces planes : le comptoir de la cuisine, le dessus du frigo. Ce bordel s'entassait par dizaines sous la table qui lui servait de bureau, ne laissant qu'un petit espace pour les pieds ; les objets s'alignaient le long du mur, sur plus de trois mètres et parfois sur quatre rangées. L'air était humide, imprégné d'une odeur de pourriture. Et puis, des moucherons, qui planaient au-dessus des bouteilles, formant des nuées sombres au plafond, au-dessus de l'évier. Il y avait des vêtements qui traînaient dans tous les coins, par terre, sur les chaises, le canapé, le lit. Une bouteille pleine de Dewar's trônait sur la cuisinière. Il fallait croire qu'à défaut d'éprouver du chagrin, ce-dernier avait décidé d'envahir son lieu de vie.
Une heure plus tard, il regardait pensivement les deux banderoles jaunes qui barraient l'appartement de NaBo, comme une croix tombale supplémentaire sur sa vie. Rapidement, il s'était douché, avait changé de vêtements et était parti avec une sacoche, son portable soigneusement glissé dedans. Après avoir emprunté à l'abri d'une capuche sans marques distinctives un dédale de lignes de bus contraires, Lev avait fini par atterrir ici, à contrecœur. Il n'aimait pas venir chez les gens : ca présageait la nécessité de tisser des liens, souvent handicapants. Venir dans l'appartement de la victime d'un meurtre était encore moins envisageable, et pourtant définitivement nécessaire. Mais rester dans le couloir à contempler la porte n'était pas particulièrement prudent non plus. Dans un geste soigné par une habitude qu'il n'aurait pas souhaité avoir, il enfila une paire de gants en latex et trouva une quelconque carte de fidélité dans sa poche pour contraindre cette vieille serrure à s'ouvrir d'un mouvement de l'évier.
Une fois la porte doucement close, Lev jeta un regard oblique et très vague sur l'intérieur : tout était presque trop bien rangé, loin du bordel qui régnait dans sa propre porcherie, ce qui était déconcertant. Sans considération aucune pour les souvenirs et l'identité de NaBo qui imprégnaient ces murs, le russe cartographia méthodiquement les lieux. Il n'était pas venu pour s'adonner à quelques élans de nostalgie ou pour s'immiscer davantage encore dans une intimité qui ne lui avait jamais vraiment appartenu. L'ordinateur portable avait bien évidemment été récupéré par la police, mais quelque chose lui disait qu'ils ne trouveraient pas grand-chose dessus : le tueur n'était pas venu que pour se débarrasser d'un Icare trop proche du soleil, il avait dû aussi s'occuper de ses ailes. Non, ce qu'il était venu chercher en décidant d'ignorer risques et périls au profit d'un gain de temps potentiellement considérable, c'étaient les copies. Les disques durs scotchés à l'arrière des tableaux, les clés USB sous le parquet, ou dans les conduits d'aération de la cuisine. Enfin, ca, c'était le schéma classique... Ces documents volés, qu'il n'était pas parvenu à filtrer correctement, c'était la raison de la mort de NaBo.
Prenant soin à le moins possible déranger la fragile organisation que laissait un homme mort derrière lui, Lev évinça d'abord les possibilités les plus évidentes, donnant des coups sur les carreaux du carrelage pour trouver celui qui était creux, ou sur les plaintes qui se détachaient si facilement du mur et révélaient parfois un enfoncement creusé à la cuillère. Mais à peine avait-il eu le temps de faire le tour de la cuisine que l'engrenage de la porte d'entrée se mit à jouer sa petite musique lancinante d'un mécanisme en train de se faire doucement violence. Avec effroi, Lev rejoignit en quelques enjambées la planque la moins originale et qui aura coûté la vie à tant de personnages de film d'horreur : sous le lit. Retirant son sac à dos, il s'y glissa sur le ventre et plaqua une main contre sa bouche pour étouffer sa respiration, emportée par une soudaine montée d'adrénaline. C'était ce qu'il craignait : que quelqu'un ait eu la même idée que lui, au même moment que lui. Peut-être même était-ce l'assassin qui était revenu sur ses pas, les trouvailles faites sur l'électronique volée n'ayant pas porté ses fruits ? A cette seule idée pourtant, Lev se calma étrangement et s'approcha du bord dans une tentative d'apercevoir le visage de l'intrus.
Et puis bientôt, l'ennui tomba. Les bruits qu'il entendit étaient bien ceux d'une fouille, mais elle était délicate, même un peu lente et dénuée de violence, faite par quelqu'un qui, manifestement, portait un certain respect pour les lieux et instinctivement, la méfiance retomba et Lev finit par s'ennuyer. Néanmoins, le temps commençait à se faire long et il ne pouvait pas miser sur la chance de rester ici jusqu'au départ de l'inconnu. Après quelques hésitations, doucement, il roula sur le côté et s'extirpa des méandres poussiéreux pour se relever et, à pas de velours, rejoindre le bureau d'où provenaient les bruits. Ainsi, il aurait pu se glisser jusqu'à la sortie avec précautions et ne jamais laisser entendre avoir été un jour ici, mais en passant devant le bureau, il s'arrêta : l'homme était agenouillé, une capuche sur la tête, en train de sonder les lattes du parquet. Et Lev aurait pu s'en contenter, de ça. De ce dos inconnu, tout aussi noir que le sien, ignorant parfaitement sa présence... mais le reflet d'un miroir attira son attention, qui lui permit tant de voir le visage de l'étranger qu'à l'étranger de voir le sien s'il avait daigné lever les yeux.
« Toi ! » S'exclama-t-il soudain.
Ce n'était pas très malin, ni particulièrement intelligent, et encore moins prudent, mais la concordance des évènements eut raison de son naturel tranquille et une sorte d'indignation mêlée à de la range monta en lui et noua ses sourcils à la racine de son nez dans une expression de mécontentement. Le voir lui, ici... les similitudes étaient trop saisissantes pour les ignorer et Lev eut une désagréable impression de déjà-vu. Ce visage, certains le connaissaient, d'autres moins, parfois seulement le nom, voir que le pseudonyme : Callum. Tour à tour journaliste de renom, puis évanoui mystérieusement dans la nature avant de réapparaître sous la plume d'une espèce de blogueur. Lev n'avait pas vraiment eu de preuves quant à la continuité de cette biographie, mais ils évoluaient dans un monde beaucoup trop petit pour s'ignorer. Callum, lui, ne le connaissait ni d'Eve, ni d'Adam, comme on disait, mais Lev n'avait jamais laissé derrière lui un style journalistique bien distinct et, au fond, reconnaissable... Ce n'était pas la première fois que l'ombre de Callum apparaissait dans une affaire de "moldu" tué par un "sorcier" et, quoi que leur univers fût exigu, les répétitions y devenaient rapidement suspectes et Callum avait toujours été là, au milieu des évènements, avec l'info "en trop". L'info qui laissait presque entendre qu'il était non seulement à l'épicentre des évènements, mais parfois même à leur origine. Un pompier incendiaire...
« Callum... J'ai longtemps cru que tu te contentais de gribouiller les conclusions, lui dit-il d'une voix étrangement calme, mais dure, demeurant dans l'encadrement de la porte, pas que tu te pointais sur place pour fouiller les preuves et... pourquoi pas, les créer. Voir, les provoquer ? » | |
| Lev Pelevine Âge personnage : 30 Hiboux postés. : 30 Date d'inscription : 27/03/2024 Crédits : Uℓу
| | Sam 18 Mai 2024 - 19:43 Un genou au sol, Oliver s’arrête un instant et l’ombre d’un sourire passe sur ses lèvres. Dans le grand placard de plein pied, intégré au mur, de nombreux casiers ont disparu. Mais parmi ceux qui restent…
- Tu me rassures là… ; rien qu’un murmure.
…Trône un petit placard dans le placard. Sorte de petite boite de bois peint, bien propre, aussi large que chacune des étagères et fermé de portes blanches. Pas de poussière malgré les différents câbles traînant tout autour, là où les espaces vides désignent sans aucun doute la place d’anciens bacs. Une fois ouvert, les petites portes blanches ouvrent sur un tout autre monde. Sur chacune des trois petites étagères, des restes de paquets de gâteau, une bouilloire au câble emmêlé, des emballages vides, des nouilles et du café instantané stockés derrière quelques paquets de bonbons et des tubes de compléments alimentaires.
Un souffle passe et tors les lèvres du journaliste. Le temps d’une seconde, il en vient à refermer les portes de bois lustré avant de les rouvrir pour fouiller chaque paquet laissé là. Gâteaux, tablettes de chocolat, paquets de chips et barres de céréales. Il retourne mug à la céramique noircie et thermos de métal. De même, les parois d’inox de la bouilloire bénéficient d’une inspection rapide. Puis le fond de la cache. Et les nouilles instantanées.
- Bingo… Un petit sourire victorieux se dessine lorsqu’il découvre l’opercule de l’une des box mal collée. Bientôt, l’exaltation de la conquête s’élargit sur ses lèvres à la vue d’une clé usb emballée dans un petit sachet de plastique caché sous les pâtes sèches.
L’objet achève sa route dans sa poche et Oliver reprend ses recherches. Il repose chaque objet à sa place ; en replace parfois certains, gêné par ses gants ; puis referme le petit placard interne. Portes fermées et sans le bazar laissé par la police, l’ensemble semblerait nickel. Vient ensuite le moment de s’en prendre au reste du placard. Casiers amovibles, dossiers, cartons, boites de câbles et autre matériel informatique. Le tout classé, rangé, ordonné dans une rigueur dont Oliver ne saurait dire si elle le soulagerait ou l’angoisserait profondément. Une chose certaine : son temps de vie serait probablement ironiquement court.
De quoi faire râler Beau, tient.
Les étagères à hauteur de regard ne révèlent rien de spécifique, à part quelques albums photos - le genre commandés sur le net et imprimé en livres photos - dans lesquels Oliver ne se risque pas, une collection de BD érotiques lui arrachant un petit rire silencieux, et trois jouets emballés avec des post-it sur les boites : Roby 13 mai, George 03 aout, Juliet 17 Septembre. Rien sur le renfoncement à gauche, rien sur la jointure entre l’étagère et le mur. Rien. Restent celle du haut - qu’il faudrait atteindre avec un escabeau pour être confortable - et celle du sol. Il sort alors le carton remplis de câbles, envisage de le vider au cas où des disques durs seraient glissés sous ces derniers, puis abandonne, le regard attiré par autre chose. Quelques bouquins. Une pile à vrai dire, plaquée en arrière du carton. En avant de celle-ci, le titre lui frappe l’œil. “Troubles bipolaires : vivre avec les hauts et les bas”. Froncement de sourcils, visage penché. Puis abandon de nouveau. Pas ses oignons. Les plinthes, le lino de fond du placard, l’angle du mur, les surfaces invariablement pleines. Arrêt sur image. Un soupir, paupières fermées, mâchoire crispée et talon du poignet venu cogner son front le temps que ses doigts ne s’agrippent un moment dans les mèches de ses cheveux. Une seule clé USB cachée ? Ou la police était-elle tombée sur le reste ? Arrêt de la respiration. Réouverture des paupières. Retour aux recherches. Le renfoncement du placard, donc, derrière le mur. Dégager les dossiers, y jeter un coup d’oeil, palper le Lino, en suivre la ligne de la découpe le long du mur et…
« Toi ! »
… et arrêt cardiaque, manifestement.
Le retour au réel se déroule comme un coup de tonnerre inversé. D’abord l’éclair, qui claque jusque devant ses pupilles, puis le grondement de la foutre, et le concerto de l’averse sur ses côtes. Le souffle, lui, lui manque une seconde, coupé par la surprise. Chopé à la gorge par la panique brutale d’être découvert par la police. Mais si son sursaut amène son corps à se redresser en pivotant vers la source du bruit - non sans frapper le placard au passage - il lui permet également de découvrir un homme à la silhouette fine, tout autant attifé de noir qu’il l’est lui-même. L’accoutrement des voleurs… et des meurtriers ; probablement.
- Qu..
Une arme. C’est une arme qu’il aurait dû prendre. La pensée lui râpe le crâne quand ses mains, portées d’une volonté propre, se sont tendues seules vers… vers quoi ? Un flingue imaginaire ? … avant de revenir vers l’avant et de se tourner vers le ciel sans qu’Oliver ne sache vraiment s’il s’agit là d’un signe d’apaisement ou d’incrédulité.
« Callum... J'ai longtemps cru que tu te contentais de gribouiller les conclusions, Dans l’encadrement de la porte, l’homme reprend, de cette voix semblable à la pierre. Froide et calme. pas que tu te pointais sur place pour fouiller les preuves et... pourquoi pas, les créer. Voir, les provoquer ? »
Pas d’arme pointée vers lui, pas d’identité non plus. Plus troublant encore, la mention de son pseudonyme et l’accusation sous-jacente… Une très belle porte de sortie pour un meurtrier cherchant un coupable. Un instant et pour toute réponse, Oliver se contente de braquer la lumière de sa torche droit vers le type, éclairant du même coup un parfait inconnu. Définitivement pas un flic.
- J’ai l’impression qu’il y a comme un déséquilibre des charges entre toi et moi…” Posément, Oliver se redresse, talons bien plantés dans le sol et musculature tendue. Pas qu’il soit un combattant. Pas qu’il ait jamais fait autre chose que quelques rixes ici et là. Mais l’idée passe et revient en boucle dans son esprit : pourquoi le type serait là ? Deux raisons : détruire des preuves … ou les trouver. “Tu me ferais l’honneur de rééquilibrer l’équation ?” Il y a dans le ton de sa voix quelque chose de piquant, un brin joueur, qui ne devrait pas exister. Un éclat attisé par l’adrénaline qui pulse sans discontinuer. “ Parce que là à froid, de mon point de vue, t’as l’air du type le plus clean du monde…” Mais concentré comme il l’était un instant plus tôt, sans doute l’homme aurait-il pu passer derrière lui et l’égorger. Les hypothèses vont et viennent sans véritable suite logique.
A présent, ce serait moins simple. Sans doute est-il le plus impressionnant des deux, avec le carré solide de ses épaules. L’expérience le rend pourtant lucide sur le sujet : ces dernières années l’ont rarement laissé en position de force. En silence, il mesure alors la possibilité pour lui d’atteindre la cuisine et les lames qui ne manquent pas de s’y trouver, parfaitement incapable pourtant de déterminer de quoi il serait capable en cas d’attaque.
- Tu es ? La question rebondit entre eux dans une sobriété illusoire. Avec elle, les échos de ses pensées. L’homme le connaît. Est-il sur l’une des enquêtes de Beau ? En lien avec lui ? Un ami peut-être ? Un collègue ? Une victime ou un coupable ? Famille, amant, sorcier… Dans tous les cas : personne qui n’ait légitimement le droit d’être là. Pas ainsi accoutré, agissant dans le silence de la nuit.
Définitivement, une arme n’aurait pas été de trop... | |
| Oliver 'Callum' Nox Âge personnage : 34 Hiboux postés. : 1110 Date d'inscription : 30/11/2018 Crédits : CelestialThunder's Double Compte : Sovahnn, Takuma, Logan, Alec, Jordane, Maxence, Jessen
| | Jeu 6 Juin 2024 - 10:20 Les émotions étaient universelles. D'un bout à l'autre du monde, la vérité était inscrite sur chaque visage, invariable. Lev n'était pas un spécialiste des expressions, mais une enfance passée à observer ses parents dissimuler leurs émotions et désirs avait taillé en lui une certaine sagacité pour les traits humains. Une habitude qui s'était transformée en instinct à force de deviner les grondements qui devenaient orages dans l'humeur de son père, ou le sourire tiré de sa mère, comme un fil, qui précédait les hospitalisations, ou bien les folies passagères. Comprendre, c'était une façon de survivre. Aux coups, au chagrin, à la déception. Mais contrairement aux autres émotions, le mensonge ne s'exprimait pas dans le témoignage, mais dans la contradiction. Il n'était alors pas évident de le déceler, car on ne savait pas exactement quoi chercher ; d'aucun disaient même qu'il était impossible de savoir exactement lorsque quelqu'un mentait, et il ne restait plus qu'à interpréter les petites manies que tout un chacun possédait dans son répertoire. Aussi, Lev scrutait ce visage mal connu, déjà renfrogné, l'examinant sous tous ses revers.
L'intrus avait au moins eu le mérite de s'étonner, non sans introduire dans sa suite une dimension propre à la farce en se cognant, comme s'ils furent dans une grotesque pièce de théâtre avec des ressorts préparés et attendus. Son esprit ne fut capable que de formuler une bribe de mot inachevé, ponctuée par un point d'interrogation dans la voix. Ca, Lev voulait bien lui reconnaitre : il y avait quelque chose d'incongru lorsqu'un cambrioleur venait se faire surprendre par un autre, ce qui ne faisait qu'ajouter un sentiment supplémentaire de comique. Pourtant le Russe, dans toute sa spontanéité, ne plaisantait pas et ce ton parut préserver un semblant de tension naturelle, sans laisser sombrer la situation dans une plaisanterie dont on pouvait rire. L'intrus amorça même un geste de défense en cherchant brièvement une protection invisible, ce qui, étonnamment, lui parut justement drôle : Lev n'était pas armé, ni même particulièrement menaçant et l'idée que quelqu'un puisse lui trouver ses qualités paraissait étrange. Enfin, il savait se défendre ; passage obligatoire pour le fils d'un oligarque, mais il savait ne pas être le parangon d'une carrure imposante, ni posséder un regard à faire des trous dans les murs. Peut-être était-ce dû à sa simple présence ici, imperturbable malgré les dangers ? Il fallait le connaître pour savoir qu'il s'agissait davantage d'impudence que de courage. Néanmoins, dans la majorité des cas, ça suffisait.
Finalement, une tentative d'intimidation advint, mais à défaut de l'attaquer, le dénommé Callum lui envoya le faisceau lumineux de sa lampe torche. Lev ne dissimula pas son visage derrière une main tendue, et se contenta de plisser les yeux et de pencher légèrement le front vers l'avant. Donc, ils étaient tous les deux désarmés, et peu téméraires de surcroit : le journaliste aurait pu profiter de son aveuglement pour lui sauter dessus, lui faire perdre pieds et s'enfuir comme un lézard accidentellement découvert derrière une feuille. Mais au lieu de ça, il l'éclaira seulement, et parce qu'il ne s'agissait pas d'une torche industrielle dédiée à la police ou aux travaux public nocturnes, mais d'une lumière jaunâtre assez blafarde, il ne mit pas beaucoup de temps avant de pouvoir passer outre cet obstacle intempestif. Et quoi que le journaliste se soit redressé avec une lenteur souple, la tension n'en diminua pas pour autant, emplissant la pièce d'une opacité sauvage, désagréable. Ce qui lui importait le plus, pourtant, c'était d'être face à un inconnu, de ne pas être à armes égales ; armes qu'il exigea d'une voix facétieuse. L'expression de Lev ne changea pas. Froid et suspicieux, il mesura cet homme comme l'on jaugeait un échiquier. Souvent, obtenir la vérité était plus simple en exprimant une fausse assertion qu'en tentant d'obtenir l'information désirée : les gens étaient plus prompts à contredire pour rétablir une fausse accusation qu'à affirmer ce qui était déjà. Mais Callum ne le faisait pas. Pas encore. Par esprit d'équité, ou parce qu'il était vraiment coupable ?
Etant donné la situation, il ne comprenait pas ce besoin ; peu importait, non ? Et puis, s'il lui dévoilait son prénom, cela ne l'avancerait à rien. Lev. Perdu parmi les amis invisibles de NaBo, dissout dans la foule londonienne, dans le monde moldu et magique, sans renommée, ni reconnaissance. Il fallait y coller son nom de famille pour avoir une vague idée de qui il était, et encore, l'image qu'on s'en figurait était rarement celle d'un informaticien à la morale variable, mais d'un playboy déchu, l'Achille au talon fragile, qui était né avec tout et qui avait tout perdu par manque de dextérité. En l'occurence, se nommer revenait à préciser l'appellation latine d'une quelconque brindille. Mais ça... Callum ne pouvait pas le savoir. Il cherchait l'étincelle, celle qui donnerait du sens à leur face à face et rétablirait la balance de l'incompréhension, comme si des accusations ne pouvaient être acceptées qu'à visage découvert. Lentement, un sourcil s'éleva et traversa le front du Russe pour rejoindre la lisière de ses cheveux dans une expression circonspecte.
« Je viens de t'accuser de fabriquer des preuves et de mettre tes contacts sciemment en danger... sa phrase s'acheva sur un semblant de sourire dans la voix, alors qu'en prononçant sa pensée intrusive, Lev nota à quel point répondre à la requête pouvait le mener sur une voie indésirable. Et tu voudrais que je te donne mon identité ? »
Cette fois, le fantôme d'un rictus s'allongea sur ses lèvres, alors qu'il soupirait, ne quittant toujours pas le journaliste du regard, pas tout à fait prêt à bondir, mais pas désinvolte non plus.
« Je crois qu'on est bien placés tous les deux, commenta-t-il en désignant l'appartement de ses paumes ouvertes, pour savoir qu'en ce monde-ci, avoir un nom peut être dangereux. Tu t'es fait le tiens tout seul, Callum ; laisse donc le miens tranquille. Je n'ai aucune envie de finir comme NaBo. »
Si le propos avait commencé sur le ton vague de la plaisanterie, il s'était achevé sur le sinistre souvenir des photos acquises sur les serveurs de la police quelques heures plus tôt. Mais avec une soudaine insouciance, Lev s'écarta et entra dans la pièce en longeant le mur, laissant l'encadrement de la porte vide. Son regard, un brin provocant, fit un aller-retour sans équivoque le long du chemin que Callum pouvait à présenter emprunter pour fuir la pièce. Son corps ne faisant plus expressément barrage, il pouvait s'évaporer dans la nature. Et pourtant... pourtant il y avait un manque de confiance qui allait probablement lui dicter le contraire : Lev était un témoin inconnu et gênant, à la capacité de nuisance ignorée. Pour sa part, il songeait surtout à prouver son point de vue en provoquant la lâcheté, ou bien à au moins laisser l'appartement vide. Du moins, il n'avait pas l'intention de le retenir, ni de se battre, à moins que la situation ne le lui impose. Il lui avait toujours semblé que la violence était un refuge, mais surtout une facilité qui ne lui était pas propre. L'interpeller n'avait été qu'une stupide bravade, plus émotionnelle que réfléchie, plutôt qu'une tentative véritable de demander des comptes. En revanche, il serait fâcheux que le journaliste s'en aille en possession d'indices...
« Je croyais que comme tout bon journaliste, tu connaissais des poulets dans le poulailler... mais t'es là, en train de fouiller dans leur sillage comme nous autres mortels, dit-il en agitant ses dix doigts, toujours gantés de latex. C'est qu'ils n'ont vraiment rien trouvé...? »
Une question au goût de certitude. Conclusion qu'il pouvait déduire de leur présence commune dans ces lieux. Si Lev avait accès à une partie de leurs compte rendus électroniques, Callum avait possiblement des oreilles tendues sur ce qui n'apparaîtrait jamais dans un dossier écrit, et parfois même à ce qu'on se refusait d'enregistrer en tant que pièce à conviction. | |
| Lev Pelevine Âge personnage : 30 Hiboux postés. : 30 Date d'inscription : 27/03/2024 Crédits : Uℓу
| | Mer 26 Juin 2024 - 13:16 « Je viens de t'accuser de fabriquer des preuves et de mettre tes contacts sciemment en danger... L’a-t-il fait ? Voilà des questions qui lui brûlent les neurones depuis la mort de son ami. A chaque instant, chaque seconde, Oliver fait-il planer sur ses contacts des dangers qu’il est seul à avoir accepté ? Pas tant. Kahill sait dans quoi il s’embarque. Mais Beau ? Est-il seulement possible que des gens - semble-t-il parfaitement allergiques à la technologie - aient pu remonter jusqu’à lui ? Via leurs propres contacts, sécurisés ? Un rapport avec Ruben et ses Inquisiteurs ? Lui fait-il à l’envers, une nouvelle fois ? Une bien bonne excuse pour équilibrer les tors. … Et tu voudrais que je te donne mon identité ? » - Sur un malentendu… Un petit sourire amusé passe sur les lèvres du journaliste, en écho avec le rictus dont il devine la trace sur celles de son vis-à-vis. Ce dernier pourrait cacher une arme, Oliver ne perd pas cette possibilité de vue et ce, encore moins depuis qu’il a appris à craindre ce que les sorciers sont capables de faire. Pourquoi ne pas abattre ses cartes en ce cas ? Ils peuvent jouer. Ils jouent souvent. D’autant plus que certains agents de leur gouvernement sont déjà entrés jusque chez lui pour l’interroger sur sa possible participation aux messages diffusés sur grande audience quelques mois plus tôt.
« Je crois qu'on est bien placés tous les deux.. pour savoir qu'en ce monde-ci, avoir un nom peut être dangereux. Tu t'es fait le tiens tout seul, Callum ; laisse donc le miens tranquille. Je n'ai aucune envie de finir comme NaBo. » Une chose est certaine, c’est que cet homme cherche des vérités et désigne Beau tout autant qu’Oliver par leur pseudonyme. Un pseudo qui n’a jamais filtré durant l’affaire du hacking des chaînes d’infos et de la révélation du monde magique. Ainsi, s’il est un sorcier, alors il est bien informé et joue avec les mêmes armes qu’un moldu. Pas une main près des poches. Les bras couverts cependant. Quant à la possibilité qu’il puisse lui-même être présent pour dissimuler certaines preuves ; ce n’est pas à exclure.
Le menton haut, Oliver plisse d’un rien les paupières en observant l’intrus décider d’une attitude qui a tout d’étonnante. De quelques mouvements, il abandonne la seule ouverture et libère l’espace donnant au couloir. Oliver le suit de son faisceaux lumineux. Soudainement, la cuisine semble accessible et de là où il se trouve, le londonien peut apercevoir le plan de travail et les couteaux accrochés sur une applique de métal sous l’un des meubles de cuisine. Son regard suit pourtant l’intrus, un air amusé soulevant les commissures de ses lèvres quand ce dernier lui fait signe d’y aller. D’une certaine manière, il se met lui-même dos au mur, coincé dans le renfoncement du bureau face à un homme qu’il a supposé être le meurtrier de l’informaticien. C’est donc que cette hypothèse n’a pas la primauté dans son esprit. Ou qu’il est très sûr de lui. En l’observant se déplacer, Oliver note un corps qui semble plus fin. De prime abord, à armes égales, sans doute peut-on supposer qu’il puisse avoir l’avantage. Une supposition seulement. Déjà parce qu’il n’a rien d’un combattant et que seule sa stature fait illusion. Ensuite parce que si cet homme appartient à l’une ou l’autre de ses hypothèses, la force brute ne lui sera d’aucun secours. Qu’importe combien il peut soulever à la salle. Et puis, surtout, son jeu en lui-même est intéressant. Cette manière d’ouvrir un espace comme on laisserait une ouverture aux échecs ou aux dames… Alors Oliver ne bouge pas. Mais ce n’est ni la crainte ni l’appréhension qui sillonnent ses veines. « Je croyais que comme tout bon journaliste, tu connaissais des poulets dans le poulailler... mais t'es là, en train de fouiller dans leur sillage comme nous autres mortels, De nouveau, il vise juste. Plus marquant encore, il pourrait bien savoir qu’il vise juste. Par déduction ou par informations préalables. C'est qu'ils n'ont vraiment rien trouvé...? » La conclusion finale, tout aussi pertinente. Cet homme signe-là une bonne manière de le faire parler, donc, qu’il soit au courant ou non. En abaissant le faisceau de sa lampe, Oliver abaisse d’un rien le menton, observant un instant son interlocuteur sans y répondre. Rien, clairement non. Pas “pas assez”, c’est certain. Quant à ce qui traîne dans le placard derrière lui, ils sont passés à côté, c’est là sa seule certitude. - Conclusion logique, faut le reconnaître... Plus près, il pourrait davantage percevoir les fluctuations de ses muscles, les froncements de ses sourcils, les pincements de ses lèvres. Pourtant naturellement, tous deux restent à distance. Un avantage, néanmoins : en contre-jour, le journaliste reste le moins aisé à décrypter. Garder la lumière droit dans le visage du type creusait alors cet avantage. D’une part pour limiter ses propres expression, de l’autre en aveuglant l’homme. Mais derrière lui se trouvent les fenêtres aux volets fermés et la dernière chose que souhaite Oliver ; c’est de recevoir davantage de compagnie. Un coup est remarquable, donc. Bien joué du moins. .. Et pratique. Elle permet de répondre à plusieurs interrogations du même coup. Son visage bascule légèrement sur le côté. C’est donc le genre de données qu’il n’a pas. Mais qui en croisent peut être d’autres. Ou peut être n’a-t-il aucune informations mais le connaît de réputation. Un gars du milieu, sans doute. C’est amusant comme expression… “ce monde-ci”… Comme s’il en existait plusieurs. | |
| Oliver 'Callum' Nox Âge personnage : 34 Hiboux postés. : 1110 Date d'inscription : 30/11/2018 Crédits : CelestialThunder's Double Compte : Sovahnn, Takuma, Logan, Alec, Jordane, Maxence, Jessen
| | Dim 30 Juin 2024 - 19:45 Une issue positive était-elle seulement probable ? L'information était une activité qui détestait les témoins, car leur efficacité résidait dans l'anonymat et l'invisibilité. Evidemment, pour un journaliste, c'était différent : les renseignements provenaient souvent de contacts volontaires et avoir des amis était primordial. Lorsqu'on était toute la journée vissé devant son clavier, à contempler la vie à travers l'écran d'un ordinateur, on pouvait ne jamais parler avec personne. La vie s'écoulait au rythme d'un terminal, d'un processeur, d'une connexion distante. On n'avait besoin de personne, à part d'un bon vendeur de matériel électronique et d'un livreur de nourriture, disponible tout au long de la nuit si possible. Acquérir de l'information ne nécessitait alors ni l'aide, ni la confiance de quiconque. Et comme une pieuvre au mauvais camouflage, on se faisait prendre par imprudence par un prédateur plus habile, ou plus riche. Lev était malencontreusement sorti de son trou, chose qu'il faisait de plus en plus régulièrement par nécessité, pour rencontrer l'autre espèce, celle qui vivait au travers de ses rencontres, et dont l'amitié dépendait beaucoup de la confiance. Alors, à moins qu'ils ne trouvent un terrain d'entente, ou qu'ils ne soient trop lâches pour distancier le danger, l'un d'eux allait peut-être mourir, ou définitivement regretter d'être venu fouiller cet appartement. Si l'un d'eux avait été homme plus déterminé à en découdre, ou simplement téméraire et préparé, la question aurait probablement déjà été réglée. Et quand bien même, au vu des suspicions qu'il avait, Lev sentait un suspens étrange, comme s'ils cherchaient tous deux soit une bonne raison pour attaquer en premier, soit une bonne raison pour se barrer sans avoir à se souiller les mains, au sens propre. Possiblement que sa posture était la seule chose qui le sauvait pour l'instant : contrairement au journaliste, Lev était un sombre inconnu. Excepté les soupçons évidents, sa page était vierge. Il n'était pas plus une menace qu'il n'était un allié, en théorie, mais malgré ses accusations, par pur calcul, il ne savait pas encore vers quoi était-il préférable de faire pencher la balance pour s'en sortir.
Ils n'avaient de cesse de se jauger, d'estimer, de réfléchir... et pourquoi ? Chacun à sa façon s'adonnait à la provocation, à l'imperturbable sentiment d'être encore le maître de son destin, attendant que l'autre veuille bien commettre une erreur, le geste de trop qui déclarerait la guerre, ou signerait au contraire une forme de paix. Ce qui dérangeait le plus Lev, c'était l'absence de réponse. Callum se butait à ne pas contredire ses accusations. Evidemment, il ne lui devait aucune explication, mais plus l'omission durait, plus il se rendait coupable. Après tout, peut-être était-il ici pour récupérer des preuves de sa propre culpabilité que les flics n'étaient pas parvenus à trouver. Ou peut-être faisait-il simplement son travail de journaliste. L'air doucement amusé, qui revenait ponctuellement relever son expression d'une facétie curieuse, ne lui échappa pas. Lev n'était donc pas le seul à y trouver une certaine ironie. Néanmoins, les réponses étaient toujours aussi peu informatives, toujours aussi élusives, jusqu'à cette distinction, qui lui fit, plus par mimétisme que par intérêt, pencher la tête sur le côté à son tour. Un sourcil s'élava le long de son front, interrogateur et sceptique d'apporter autant d'intérêt à une simple expression, jusqu'à ce qu'un semblant de compréhension n'advienne. Il y avait tous ces petits mondes dans le grand monde des hommes, puis il y avait les deux grands mondes dans l'univers de l'humanité. Lev oubliait parfois, retranché dans son domaine d'informaticien, qu'il y avait des distinctions plus grandes – celles qu'il entretenait déjà avec les gens du quotidien lui suffisaient amplement. La suspicion se mua en un léger étonnement : il n'aurait jamais songé qu'on puisse se tromper sur son compte et le prendre pour autre chose que le moldu qu'il était ; cela lui semblait gravé sur son visage. De fait, l'idée lui parût si incongrue en considérant son existence qu'il ne put s'empêcher de sourire, puis de carrément lâcher un rire franc et allègre.
« Franchement, ce ne sont pas des méthodes de sorcier... » finit-il par commenter pour dissiper le doute à l'égard de la situation dans laquelle ils se trouvaient tous les deux.
Il venait peut-être de se tirer une deuxième balle dans le genou en dévoilant cette information à ce sujet, mais cela lui avait paru si incongru... La mort de NaBo était un fait magique, très certainement, mais les sorciers ne s'embêtaient que très peu à mettre des gants et à fouiller, encapuchonnés et pendant trois quart d'heure, l'appartement d'un mort. Non, ils sortaient leur baguette magique et résolvaient leurs problèmes d'un mouvement du poignet. Il se souvenait, d'ailleurs, de la première fois qu'une telle brindille avait été pointée vers son visage, directement entre les deux yeux comme un quelconque calibre ; ça avait quelque chose de profondément dérisoire, de ridicule, même. Question d'habitude, probablement. Déjà à l'époque, et encore aujourd'hui, cette vue ne lui faisait étrangement pas peur, comme s'il n'était jamais parvenu à assimiler que ce bout de bois était capable de le tuer tout autant qu'une arme.
« J'ose une autre conclusion : ce que les flics ne sont pas parvenus à découvrir, nous sommes ici pour le trouver... ou le dissimuler davantage. »
Sa bouche, encore une fois, s'orna d'un rictus facétieux, dévoilant une rangée de dents régulières et soignées, dont le blanc d'ivoire vint refléter la lumière évasive de la lampe torche. Il se considérait être un homme patient, mais le temps inutilement employé l'exaspérait néanmoins, comme les indécisions. Alors, quitte à se débarrasser de leur stupeur immobile, Lev s'aventura à écourter leurs incertitudes communes.
« Je veux savoir pourquoi il est mort, le reste m'importe peu, déclara-t-il, doucement résigné. Tu veux pas de casser, mais ca ne t'as pas rendu plus avenant pour autant... Donc, à moins que tu sois coupable pour de bon, soit on se débarrasse de la tension résiduelle au travers d'un bon vieux duel à l'arme blanche, soit on met la violence de côté et on se résout au partage chrétien et à l'entraide, parce que j'ai pas l'intention de rester planté là comme un poteau téléphonique. »
Un sourire étrange, carnassier, avait fini par s'allonger sur ses lèvres. Il savait parfaitement que rien n'était capable de régler l'absence totale de confiance qui régnait entre eux, mais même les voleurs avaient un code, une parole et une forme de noblesse, car pour conclure toute affaire, il fallait un peu de simple franchise, après tout. Lev n'avait vraiment pas envie de se battre, mais tout dans son attitude droite et statique témoignait de sa détermination à s'y soustraire si tel devait être leur choix. Et là, il n'était pas simplement question de gagner, mais de lutter contre un ennemi sans se faire prendre : si les flics étaient parfois lents, entendre dire au téléphone par un voisin qu'il y avait un baroufe monstre dans l'appartement d'un mort allait très certainement les intéresser. Vivons heureux, vivons cachés, comme disaient certains, sans songer qu'un jour cette maxime allait pouvoir convenir en de telles circonstances. Lev releva une main et passa un éventail de doigts dans ses cheveux en retirant par la même occasion sa capuche. Les mèches folles retombèrent, contrastant de leur teint de merle avec son visage trop pâle et ses yeux trop bleus. Se battre ou coopérer, dans les deux, c'était une gêne. Un rictus, encore, le secoua doucement :
« Il y a certes d'autres façons moins violentes pour se débarrasser de la tension ambiante, mais on n'en est pas encore là j'ai l'impression. » | |
| Lev Pelevine Âge personnage : 30 Hiboux postés. : 30 Date d'inscription : 27/03/2024 Crédits : Uℓу
| | Dim 7 Juil 2024 - 16:58 L’autre éclate de rire et le sourire d’Oliver s’affirme davantage, soulevant sa pommette droite tandis que ses yeux demeurent fixes pourtant. Droit braqués dans ceux de son vis à vis, analytiques quant aux plissures sur son front, à la hauteur de son rire, à la surprise dans son regard. Enfant, au jeu du “tu choisirais quoi toi ? Comme pouvoirs magiques ?”, Oliver aurait pu opter pour celui de lire dans les pensées. Être un Charles Xavier de la vraie vie. Servir ce métier dans lequel il s’est engagé tout naturellement. A présent, il vit de questions et se construit sur chaque lacune qu’elles laissent. Les sorciers ont-ils ce genre de capacités ? Lire dans les esprits, disparaître, voler ? Jusqu’où vont leurs aptitudes ? Et quels usages en font-ils ? Y a-t-il parmi leurs instit’s quelqu’un qui est capable d’insérer artificiellement des idées dans les cerveaux de ses élèves ? Dans leurs politiques un grand nom capable d’hypnose ? Un mentaliste dans leurs salles de spectacle qui soit possède de véritables dons ? Un artiste, un tradeur, un grand chef étoilé, un chirurgien esthétique ? Des criminels ? Tant de possibilités dès lors qu’on les image intégrés à leur monde, à se servir des cartes joker allègrement offertes à la naissance pour servir leurs propres intérêts. Ou pire, ceux d’une population complète, sans tenir compte des autres. De ceux qui jouent avec un paquet de carte dans lequel on a retiré les meilleurs atouts.
« Franchement, ce ne sont pas des méthodes de sorcier... »
Et de toutes ces possibilités, celle qu’il soit l’un d’eux se brise un peu plus. Définitivement pas l’attitude d’un sorcier. Et définitivement l’un de ceux qui savent. En une remarque, Oliver obtient non pas une mais plusieurs des réponses qui lui sont nécessaires pour appréhender correctement la situation. Bien sûr, l’homme pourrait mentir, mais il lui semble trop pris de court pour feindre sa propre réaction.
« J'ose une autre conclusion : ce que les flics ne sont pas parvenus à découvrir, nous sommes ici pour le trouver... ou le dissimuler davantage. » Un souffle amusé lui soulève le torse, en écho à l’éclat espiègle qui se tisse sur les traits de l’intrus. - Tu m’as habitué à moins convenues comme conclusions… Et dans ses yeux, entremêlé à l’amusement qui l’étreint depuis un moment, quelques brides de complicité semblent prendre leurs aises. « Je veux savoir pourquoi il est mort, le reste m'importe peu. Tu veux pas de casser, mais ca ne t'as pas rendu plus avenant pour autant... Donc, à moins que tu sois coupable pour de bon, soit on se débarrasse de la tension résiduelle au travers d'un bon vieux duel à l'arme blanche, soit on met la violence de côté et on se résout au partage chrétien et à l'entraide, parce que j'ai pas l'intention de rester planté là comme un poteau téléphonique. » Cette fois, le sourire est plus franc sur les lèvres du journaliste. - La rapière, la condition sine qua non du parfait cambrioleur… Je savais que j’avais oublié quelque chose… Ce, glissé sans autre volonté qu’un sens rhétorique un brin cynique, tandis que son vis à vis se débarrasse d’un geste de sa capuche. Grand seigneur, donc. Un seigneur dont le sourire aux allures carnassières lui évoque quelques familiarités miroirs… Une fois libéré, son visage plus accessible ne lui dit rien. Il n’a pourtant rien d’oubliable. Bel homme, mais d’une manière bien spécifique. De celles qu’il se prend bien souvent à admirer, aimant attraper ces particularités physiques au travers de l’objectif de son appareil photo. Pommettes “trop” hautes, traits “trop” fins, ossature “trop” saillante et regard “trop” vif. Le genre de “trop” qui lui dénotent et lui plaisent. Une chose est certaine, cet homme, Oliver ne l’a jamais ne serait-ce que croisé. « Il y a certes d'autres façons moins violentes pour se débarrasser de la tension ambiante, mais on n'en est pas encore là j'ai l'impression. » Kinky.. Un petit rire soulève ses côtes à cette pensée. - Un poil prématuré mais tentant.. Aucune trace de sérieux véritable dans sa voix, Oliver fait passer sa lampe torche d’une main à l’autre et, sans davantage de cérémonie, rejoint l’homme en prenant garde à ne jamais braquer le faisceau lumineux vers les volets proprement fermés. Il est mort parce qu’il a titillé les mauvaises personnes. Le genre fana de majorettes et de pyrotechnie. Une manière comme une autre de désigner les sorciers. Et si j’ai pas souvenir de me l’être joué Whitechapel récemment, il est clair que nos conclusions se rejoignent… Whitechapel, en référence à Jack l’éventreur. … On est deux à vouloir savoir si j’ai joué un rôle dans cette merde… Un coup de menton sur le côté, surmonté d’une grimace. Un peu plus que deux. S’il est ce qu’il pense, alors il n’y a là qu’un secret de polichinelle. Et mon casier a déjà quelques lignes à son actif. C’est pourtant sa main droite qu’il lui tend, coude plié, paume et pouce vers le haut. Raison pour laquelle Oliver s’est débarrassé de sa maglite. Va pour le partage chrétien. Un accord, tout aussi improbable que ce soit. Puis, dès lors que sa main se saisi de la sienne, Oliver l’attire d’un rien à lui, un sourire vorace sur les lèvres. - Pas de nom ? Ok. Une profession peut être ? Parce que t’as tout l’air du genre de mec capable de trouver l’introuvable dans ses disques durs. Le regard planté dans le sien, Oliver ignore l’état du bureau à sa gauche, souffrant clairement de la perquisition. Tours absentes, tiroirs entrouverts. Matériel réquisitionné. | |
| Oliver 'Callum' Nox Âge personnage : 34 Hiboux postés. : 1110 Date d'inscription : 30/11/2018 Crédits : CelestialThunder's Double Compte : Sovahnn, Takuma, Logan, Alec, Jordane, Maxence, Jessen
| | Lun 2 Sep 2024 - 17:15 Il ne savait toujours pas s'il avait eu raison de livrer autant d'informations, surtout à un journaliste. Ne laisser rien paraître ? Lev était plutôt du genre économe, mais pragmatique : il y avait des secrets qui étaient difficiles à garder et qui rendaient plus suspicieux que nécessaire, là où n'offrir que ce qu'on voulait bien demeurait une forme de contrôle. Plus encore parce qu'il avait conscience d'être pelé comme un oignon, et il y avait des aveux qui facilitaient la tâche. Puis, le genre tendu comme un string n'était pas vraiment à son goût ; il préférait largement l'anticipation tacite, du-t-elle être celle d'un serpent. Les sorciers, même amicaux et absolument charmants, demeuraient pour le commun des mortels des créatures prodigieuses, un peu à part, et l'on pouvait se vanter d'avoir avec le monde magique autant d'aisance qu'on le désirait, il demeurait toujours un voile invisible, volatile, entre quiconque avait été privilégié par la nature, et les autres. Lev se demandait d'ailleurs si certains sorciers, au coeur le plus pur et tolérant du monde, ne le considéraient quand même pas comme une sorte d'infirme. Avec quelqu'un comme Callum, qui ne les vénérait pas, Lev avait pris le parti de se mettre sur un commode pied d'égalité qui, même si on ne voulait pas le reconnaitre, existait toujours, intangible, entre deux entités qui se reconnaissaient : entre deux moldus sans pouvoirs.
A son manque d'originalité, Lev haussa seulement des épaules, appréciant la connivence qui se glissait doucement entre ceux qui n'avaient aucune raison de se faire confiance. Maîtriser les conséquences était la seule chose qui lui importait, au fond.
« On ne peut pas être la lampe la plus éclairée de la guirlande à tous les coups » avoua-t-il sans gêne.
Être gentiment sous-estimé ne l'avait jamais vraiment dérangé ; passer une adolescence insensée à essayer de plaire à un père et à consoler une mère avait été suffisant pour que l'anonymat demeure une arme complaisante. Là où certains devenaient névrosés, Lev avait suivi le chemin d'une indifférence tranquille : être stupide était encore la meilleure promesse qu'on pouvait faire à quelqu'un de méfiant, même si c'était pour satisfaire un brin d'humour.
« Ca tombe bien, ca m'aurait fait mal au coeur de te gifler avec un gant en latex en travers du visage. Ceux en cuir sont restés à la maison pour les parties de golf » ne s'empêcha-t-il pourtant pas ce trait d'esprit, comme une revanche envers les autres ampoules de la guirlande : sa petite faiblesse, car Lev avait toujours apprécié de se croire malin.
Tout de suite, il sentit son visage cartographié. C'était peine perdue de le dissimuler, ses traits, à commencer par ses yeux, étaient bien trop reconnaissables et ce fut en connaissance de cause qu'il se laissa faire avec patience. Si son apparence livrait certains de ses secrets, les plaisanteries graveleuses, elles, en dévoilaient d'autres. Très tôt, Lev s'était figuré à quel point la lascivité était une faille intarissable dans l'esprit des individus. Plus encore que la capacité à l'auto-dérision peut-être, car il s'agissait d'une atteinte à l'intime et à la perception qu'on avait de sa propre pudeur. L'intelligence avait été soit d'esquiver l'estocade, soit de la prolonger plus ou moins habilement ; ceux qui s'en offusquaient transformaient leur gêne en une arme. Que Callum l'accepte comme une invitation ne l'étonna étrangement pas ; il y avait une désinvolture dans ses expressions qui laissait soupçonner un jeune homme, si ce n'était véritablement aventureux, au moins décomplexé. L'initiative fut étonnamment féconde, comme si cette seule étincelle avait provoqué une flamme prête à faire feu de tout bois. Le journaliste rattrapa la distance, forçant Lev à se redresser légèrement, par reflexe : il l'observa, vaguement étonné par sa nouvelle attitude, presque trop confiante. Et puis, ces explications, hachées par une agitation presque exaltée de pouvoir enfin partager un secret un peu trop lourd à porter ? Tout ça pour s'achever sur une main tendue et une invitation tacite, que Lev contempla un peu trop longtemps. Notre jeune ami qui, de nature, était exceptionnellement brezgliv (délicat, promptement dégoûté), n'appréciait guère de partager quelques centimètres carrés de paluches avec des étrangers. Il la regarda en manifestation incongrue de civilité, et pourtant si classique, sans donner l'air de réfléchir à quoi que ce fut, constatant seulement que la proximité se faisait toujours plus accrue. Malgré tout, il finit par relever sa propre main et, avant de la glisser dans celle du journaliste, eut l'esprit d'enlever ce gant d'hôpital qui convenait si mal au partage chrétien susnommé. Heureusement qu'aucun des deux ne prit l'initiative de cracher dans leurs paumes respectives pour sceller encore plus sérieusement cette collaboration.
Et inévitablement, Lev sentit le piège lorsque les doigts ne le libérèrent pas, mais l'attirèrent à eux dans une manœuvre déloyale. Sans trébucher, il se retrouva assez déséquilibré pour devoir faire un pas dans ce qu'on pouvait appeler la "sphère privée". Plus exactement, il vit les lèvres conquérantes et sentit bien après la poignée de main qui se retrouva coincée entre les deux corps tout de noirs vêtus.
« T'as cru que j'étais sourd ou t'avais spécifiquement besoin d'être à deux doigts de me rouler un patin pour me poser cette question ? demanda-t-il avec une forme de sérieux, rendant les deux flèches que Callum avait planté dans son propre visage. Je croyais que c'était un poil prématuré ? »
Sa main, elle, resta docilement dans son piège à attendre sa délivrance. Il ne s'éloigna pas non plus, parce que si toucher les étrangers le gênait quelque peu, il n'avait jamais éprouvé aucun mal à être trop près, peut-être parce que c'était une proximité qu'on lui avait déjà tant de fois imposée contre sa volonté. Après tout, ce qui ne l'importunait pas ne pouvait pas le contrarier. Les autres en revanche...
« Un hobby, corrigea-t-il avec malice. Disons que je tourne dans les mêmes cercles que Beaunard, lui concéda-t-il cette inimité, se débarrassant du pseudonyme pour acter leur entente. Mais si t'es pas sûr d'avoir joué un rôle, c'est que t'es pas un intermédiaire...? Laissa-t-il en suspens, avant de reprendre : Et que t'es pas du tout au courant de ce qui lui a valu cette mort ? »
C'aurait été tellement plus simple pourtant. Callum en contact, représentant et négociateur de l'autre monde, donnant un boulot à NaBo pour ou contre quelqu'un sur cette vidéo qui avait fait rendre l'âme à son ordinateur. Au moins, il aurait eu l'impression de gravir une marche sur cette échelle qui tournait en rond, au lieu de faire du surplace avec un gars qui n'en savait pas plus que lui. Ses yeux se plissèrent doucement, alors qu'il était assez proche pour que sa respiration bute contre l'arête du nez sombre, et dans ce mélange de méfiance de plus en plus guillerette et de concessions taquines, il lui abandonna une part de lui, toujours dans l'espoir d'avoir en retour une part de l'autre.
« Archip3l. Ca sonne mieux par clavier interposé, je me doute, mais je ne me destinais pas à rencontrer des gens. Disons "Archi", on est assez intimes pour ça, je crois. T'as trouvé quelque chose dans ce que les flics n'ont pas remarqué ? » sauta-t-il volontairement du coq à l'âne, là où changer de chemise aurait été encore incongru. | |
| Lev Pelevine Âge personnage : 30 Hiboux postés. : 30 Date d'inscription : 27/03/2024 Crédits : Uℓу
| | Ven 20 Sep 2024 - 10:09 Il faut être con ou salopard pour être ici. En pleine nuit, à braver tout ce qu’il y a de bon sens quitte à s’attirer une attention fort gênante de la part de psychopathes meurtrier ou de la police d’état. L’un comme l’autre n’étant pas des plus agréables compagnies pour les semaines à venir… Il faut même l’être d’autant plus, quand on se sait avoir des choses à cacher. Être arrogant, sans doute. Ou inconscient. Et plus encore, même, quand certains comptent sur nous. A fortiori un enfant, et sa mère, en fuite à l’autre bout de la planète pour tenter d’esquiver ce qu’un foutu crétin de journaliste pourrait enclencher d’inévitable. Que Damoclès ait le sens de l’humour ou non, le tranchant de sa lame cible déjà les duvets délicats de nombre de nuques.
Et pourtant Oliver ne peut s’empêcher d’y prendre un certain plaisir. Leur rapprochement ne dure que le temps de quelques paroles. Le temps de s’amuser des répliques, de survoler l’atmosphère électrique qu’exige la situation. D’en inspirer toute la pesanteur et de détailler chacun des traits d’un visage qu’il ne risque pas d’oublier. Le temps, surtout, de sceller un accord qui se passe de termes et se contente de l’agressive connivence d’une poignée de mains.
« T'as cru que j'étais sourd ou t'avais spécifiquement besoin d'être à deux doigts de me rouler un patin pour me poser cette question ? Un demi-sourire passe sur les lèvres du journaliste. Le ton lui plaît bien, coincé entre deux timbres. Entre le sérieux et l’acide, aussi aigre-doux que la pique est méritée. Je croyais que c'était un poil prématuré ? » - Seulement un poil. « Un hobby, lâche finalement son vis à vis, leurs mains liées entre elles entre leurs deux corps dans une acceptation tacite. Disons que je tourne dans les mêmes cercles que Beaunard, Le sourire ne suit pas sur les lèvres d’Oliver, mais un éclat différent passe dans son regard basalte. Quelque chose de dur et d’intrigué, aux angles enrobés d’une reconnaissance silencieuse. Et sans commenter, laissant venir la suite des réflexions de son interlocuteur, il le lâche. Mais si t'es pas sûr d'avoir joué un rôle, c'est que t'es pas un intermédiaire...? Ainsi les épidermes surchauffés par l’adrénaline se délaissent, son corps bascule d’un rien sans se redresser tout à fait. Et faire peser son regard sur ces dernières déductions. Nul besoin d’acquiescer de lui-même, les synapses de l’homme s’en chargent pour lui. Et que t'es pas du tout au courant de ce qui lui a valu cette mort ? » - J’aurais presque pu trouver ça plus enviable.. Savoir, être responsable de cette mort, avoir tout engendrer à coup de volonté nocive ou de maladresse boiteuse. Ne pas être au courant, plutôt qu’être le cerveau de toute cette mascarade, a quelque chose de plus navrant encore. Un instant, le regard d’Oliver plonge vers le bas, emporté par ses propres réflexions, puis ramené droit dans celui de .. « Archip3l. Ca sonne mieux par clavier interposé, je me doute, mais je ne me destinais pas à rencontrer des gens. Disons "Archi", on est assez intimes pour ça, je crois. T'as trouvé quelque chose dans ce que les flics n'ont pas remarqué ? » D’Archi, donc. Non par la force des choses mais par celle de son aveu. - Va pour Archi. Et l’intimité qui va avec, concédé avec une malice taquine dont les vibrations s’accordent étonnamment sans mal. Disons que ça sonne pas si mal.. Un demi-sourire apparaît, un brin moqueur, avant de s’écarter. Beau’ n’avait rien d’un idiot. Mais me concernant, j’ai quelques doutes.. Et le pari à venir n’a rien d’assuré, Oliver en a toute conscience. La probabilité que tu m’la fasse à l’envers est importante.. admet-il, en ouvrant sa paume face à Archi, y laissant apparaître la clef USB piochée dans sa poche un instant plus tôt. Le connaissant c’est sans doute pas la seule. Et j’ose espérer qu’un certain nombre de dossiers sur lesquels je l’ai fait bosser ne sont pas actuellement aux mains des flics. Sinon c’est pas d’eux dont je devrais m’inquiéter. La clef retourne dans sa poche lorsqu’il se retourne de nouveau vers le placard et le toise comme s’il s’agissait d’un suspect obstinément mutique. A aucun moment pour autant, Oliver n’abaisse tout à fait sa garde, conscient de chaque mouvement d’Archi. Un coup en arrière du crâne est vite arrivé. - C’est sans doute pas la seule. Prends le placard de gauche.
L’instant suivant, le journaliste est de nouveau accroupi en face des étagères dont il défait les cartons et teste le placo-plâtre. De la même manière, celui qui se fait appeler Callum passe son doigt de nouveau ganté le long de chaque plinthe sans cesser de penser que ces gestes, la scientifique les a sans doute déjà effectués. Pour autant, il s’acharne.
- Tu sais s’il a des clouds ou quelque chose du genre ? Quelque chose qui serait davantage de son domaine, devine sans le dire le photographe en posant de nouveau le regard sur Archi. Sans cesser tout à fait ses recherches. Tous deux ont assez perdu de temps à se jauger. Il est nécessaire à présent d’avancer. Si la nuit se traîne, l’aube est de nature à les surprendre. Sans compter le risque d’autres visites impromptues.
Et tandis qu'Oliver vérifie le fond d'une simple boite de matériel informatique vide, il se fige et son regard file droit sur Archi, puis vers la porte. Aucun doute : le bruit venait de la porte d'entrée.
| |
| Oliver 'Callum' Nox Âge personnage : 34 Hiboux postés. : 1110 Date d'inscription : 30/11/2018 Crédits : CelestialThunder's Double Compte : Sovahnn, Takuma, Logan, Alec, Jordane, Maxence, Jessen
| | |
| |