Au coeur des Highlands

Lun 26 Aoû - 16:50

Au coeur des Highlands

with Rain M. Godwin

Mai 2017 - Manoir des Monarvant - Scotland

La douleur me serre le coeur. Le vent me gifle le visage avec ses violentes bourrasques, mes cheveux volent autour de moi, virevoltent face aux assauts des éléments. L'air est humide et je le sens qui pénètre de plus en plus profondément en moi, sans retenue. Mes jambes au-dessus du vide sont elles aussi à la merci du ressac et des gouttelettes d’eau salée projetées hors de leur élément. Ma silhouette, tout de noir vêtue se fond dans la pénombre. Le soleil s’est couché depuis moins d’une heure maintenant et je suis seule avec mes pensées face aux éléments. Installée sur le bord d’une falaise à Kilt Rock, je ne suis qu’à une dizaine de mètres à peine de la cascade qui vient terminer sa route dans la mer. L’île de Skye est un endroit qui m’aide à me ressourcer, à trouver mon énergie, bien qu’elle soit plus proche du Manoir familial que ma résidence actuelle, cet endroit a toujours été synonyme de sécurité et de calme pour moi.

Je m’interroge une fois de plus sur ma vie, sur les décisions que je prends et sur les conséquences qui en découlent. Depuis de nombreux mois, ma conscience est lourde, mon esprit est tiraillé par tout ce qu’il se passe autour de moi, par les personnes qui m’entourent et que je souhaite aider, m’oubliant et me mettant par la même occasion en danger. Je ne me sens plus en sécurité hors de chez moi, encore moins dans les secteurs des Moldus depuis l’incident avec ce vampire. Il m’était ce jour-là impossible d’agir tout en respectant la loi et j’ai été obligée de m’incliner, de subir l’intimidation provoquée par ce vampire sans savoir comment m’en sortir, le laissant jouer avec moi tel un chat qui s’amuse avec une faible souris.

Je ne suis pas retournée voir Anna depuis l’incident. Nous continuons d’échanger de temps en temps mais il est trop tôt encore pour que j’aille lui rendre visite. Même si la cicatrisation s’est achevée depuis le temps, je ne me sens pas encore prête à aller la voir et à revivre ce qu’il s’est passé lors de cette soirée. Je n’ai pas réussi cette fois ci à me plonger de nouveau dans le travail et à quitter comme à mon habitude le Royaume-Uni et l’Europe de manière générale pour m’évader et mettre de la distance avec tout ce qui ne va pas actuellement. Le timing n’était pas optimal puisque c’est cet instant précis que choisit ma famille pour organiser un évènement dans notre résidence et ma présence était forcément exigée. Aussi bien lors de la soirée que pour son organisation.

Je ne fus pas surprise le moins du monde en entendant le bruit caractéristique d’un transplanage et de distinguer des petits pas sur le sol rocheux se rapprocher de moi. Quelques secondes de plus et le silence si fit de nouveau, avant que Wibkey, mon Elfe de Maison finisse par le briser respectueusement.

« Bonsoir Dame Fenella. Pardonnez-moi le fait de vous déranger ... mais Elly m’a indiqué que je pouvais vous trouver ici... Vous êtes attendue au Manoir et si nous ne nous hâtons pas, nous allons être en retard... »

Je serre la mâchoire, comprenant que trop bien le sous-entendu de l’Elfe qui était à mon service. Elly, l’Elfe de maison qui m’avait vue grandir et qui était au service de ma famille puis bien avant ma naissance faisait son maximum pour me venir en aide et me soutenir. Elly qui quant à elle m’avait été imposée par ma famille cherchait toujours à se trouver une place dans mon foyer et de me protéger, bien que son arrivée dans ma vie ne se soit pas du tout fait à ma demande. Quand elle s’incluait ainsi dans la conversation, je comprenais aisément qu’entre les lignes, si je n’arrivais pas dans la minute, le sermon et la correction seraient pour elle et je préférais le lui éviter.

« Merci Elly. Nous nous retrouvons donc là-bas.»

Je retiens le soupire qui me démange et je transplane plusieurs fois pour rejoindre le Manoir. Je marque un temps d’arrêt, le temps de retrouver mes esprits et de me défaire de cette sensation extrêmement désagréable. J’arrive devant la grande grille surmontée des emblèmes de la famille, des Basilics aux yeux sertis d’émeraudes, qui s’ouvre devant moi en me reconnaissant. Je traverse la longue allée d’un pas décidé, me préparant à jouer le rôle qui m’est donné. Je monte les marches du perron avant d’entrer cette fois-ci dans le Manoir et de découvrir la fourmilière en effervescence. Lorna qui passe par là me prend rapidement dans ses bras, me déposant un baiser sur la joue avant de filer, laissant flotter dans son sillage de douces paroles quant à “mes guenilles qu’il faut à tout prix que je remplace par une tenue plus adaptée.”

Je retiens un petit souffle, avant de rejoindre ma chambre, deux étages plus haut. Cette pièce a vécu et s’est transformée au fil des années, passant de ma chambre d’enfant puis d’adolescente à annexe du dressing de la famille, à laboratoire personnel de Carron puis de nouveau ma chambre lorsque j’avais renoué avec les miens. Une robe flotte en plein milieu de la pièce, qu’Elly inspecte méticuleusement, se méfiant des surprises que peuvent me faire mes chers et tendres parents...

« Je viens de finir de la repasser et je n’ai rien noté de particulier ni de maléfice, vous pouvez y aller sereinement, Maîtresse. »

« Je te remercie. »

Je me prépare, enfilant la tenue choisie pour l'occasion ainsi que la parure toute désignée pour aller avec avant de faire une rapide retouche de maquillage et de descendre rejoindre tout le monde dans le lieu de la réception, à l’autre bout des chambres. Arrivée au bas des escaliers, Carron, l’ainé m’attendait, me tendant son bras, pour me faire un briefing dont je me serai bien passée. Je l’embrasse sur la joue, puis accepte le bras qu’il me tend et nous nous dirigeons ensemble vers la soirée.

« Tu es toute en beauté ce soir. »

« Merci Carron, mais va droit au but, tu sais à quel point je déteste être présente pour ces évènements, ne rend pas cet instant plus désagréable et gênant qu’il ne l’est déjà. »

Un sourire en coin pointe le bout de son nez avant qu’il ne poursuive.

« Comme tu t’en doutes, cette soirée a pour but de montrer que nous sommes de nouveau unis et de rappeler que nous nous sommes tous les trois battus pour la cause des Nôtres en Roumanie. N’oublie pas d’avoir l’air heureuse d’avoir aidé les Tiens. »

Je pince mes lèvres, sans répondre car je sens que ce n’est pas terminé.

« Pour ton information également, Père et Mère auront quelqu’un à te présenter plus tard dans la soirée, ne gâche pas tout une fois de plus, je pense que ce sera ta dernière chance auprès d’eux. »

Je regarde droit devant moi. J’ai passé l’âge de faire des scènes et je suis plus intelligente que cela. Au lieu de m’énerver, je saisie plutôt la perche tendue par mon ainé et la longueur d’avance qu’il me donne face à mes parents. Me laisser le découvrir à l’instant T aurait été pire que de le savoir maintenant. Même s’il ne sera jamais de mon côté, il n’est pas non plus contre moi et il m’aide, à son échelle, sans pour autant trahir nos parents.

« Je vais faire de mon mieux, tu peux en être assuré. »

Nous arrivons dans le salon dans ce qui s’apparente à une orangerie, ou ce que certains pourraient également comparer à un immense salon sous une verrière. Une trentaine de personnes, une capacité à en accueillir dix fois plus mais pour ce soir, seulement une centaine est attendue, enfants compris. Des instruments de musique laissent leurs notes s’élever en toute quiétude tandis que les différents invités parlent par petit groupe. Il fait plutôt bon, grâce à la magie bien évidemment et je vois de nombreuses têtes connues, plus ou moins appréciées.

Mon frère me laisse pour aller rejoindre sa femme et ses enfants, tandis que je me déplace, attrapant un verre sur un plateau, à la recherche d’une personne pas trop hostile pour commencer cette soirée.

(c) princessecapricieuse

Mer 4 Sep - 2:38

Mai 2017

Manoir Monarvant

Dans les Highlands sauvages d’Écosse, s’étendait le domaine prestigieux de la famille Monarvant. L’ambassadrice du MACUSA, l’une des invitées d’honneur de la soirée que les sang-purs écossais organisaient, se tenait devant la grille, derrière laquelle une allée longue de plusieurs centaines de mètres menait à l’entrée du Manoir. Les détails de l’ornement de l’entrée n’échappaient guère à l’américaine, les statuettes de Basilics s’agitaient contre la grille, leurs yeux verts dévisageant celle qui attendait devant, et qui ne cillait pas. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’elle venait, et les serpents qui servaient d’emblème aux Monarvants, n’étaient pas suffisamment habitués à recevoir des personnes dont le sang n’était pas parfaitement pur. La grille s’ouvrît, finalement, Rain pût ainsi rejoindre la haute porte d’entrée du Manoir.
Le hall d’entrée, bien qu’accueillant, ne manquait pas de mondanités. Une parfaite orangerie, décorée avec goût et subtilité, dans laquelle se mêlait bon nombre de personnalités, du Ministère britannique, de Ministères d’autres pays, ou bien tout simplement de riches héritiers influents, principalement de sang-pur, bien entendu. L’Amérique n’avait pas le même rapport à la nature du sang qu’ici, au Royaume-Uni, c’était ainsi que la brune hautaine défendait sa présence dans toutes les soirées mondaines et prestigieuses auxquelles elle était conviée. Son rang dans la diplomatie jouait bien sûr principalement en sa faveur, concernant les Monarvants d’ailleurs, elle leur avait été utile une fois ou deux. Pourtant, bien qu’elle restait une famille traditionnelle, ultra conservatrice et pro sang-purs, Mr et Mme Monarvant savaient reconnaître les nombreux avantages d’entretenir une relation cordiale avec une ambassadrice de renom, ce qui ne manquait pas, au passage, de flatter son égo déjà surdimensionné.

Bien qu’elle n’était pas particulièrement une adepte de ce genre de soirée, Rain y évoluait pourtant comme un poisson dans l’eau. Habituée des mondanités, des minauderies, de musique classique, de costumes chics et de bons vins, elle se laissa servir une coupe par l’un des membres du personnel, avant d’aller saluer chaleureusement ses hôtes. Prouvant ainsi à certains regards qui ne trompaient pas, que la Dame avait tout autant sa place que n’importe quel sorcier haut placé. Les Monarvants eux-mêmes, jouissaient d’un statut assez important dans le hiérarchique bureaucrate, certes moins élevé que celui de l’américaine, mais leur sens de la réception et de la décoration intérieure étaient nettement supérieur à n’importe quel diplomate, c’était certain. Durant de brefs échanges, l’ambassadrice demanda poliment des nouvelles de la famille, ne s’y intéressant plus par politesse et convenance sociale, que par réel intérêt. Bien que le devenir de l’une des filles en particulier, attirait un peu plus son attention, celui de Fenella qui avait eu plutôt tendance à sortir du sentier qui lui avait été tracé, durant ces dernières années. Ainsi la demoiselle était de retour, difficile de savoir pourquoi venant d’elle, en tout cas ses parents avaient bien des projets pour elle ce soir. Hélas, les mariages arrangés étaient toujours d’actualité, au sein de cette communauté.

« En tout cas, je vous remercie sincèrement pour l’invitation. Formidable soirée, comme toujours. »

Toujours un mot poli et flatteur en faveur de la famille Monarvant, leur laissant imaginer leur supériorité. Godwin s’éloigna ensuite, sirotant le champagne qui lui avait été servi, pour aller saluer les autres personnalités du milieu, qu’elle avait repéré dans l’assemblée. Habilement, elle s’amusait à répandre son hypocrisie tout en laissant traîner ses oreilles partout où elle le pouvait. La tenue qu’elle portait n’avait rien de criard, ou voyant, une simple robe chic passe-partout afin de se fondre dans la masse sans attirer l’attention sur elle.
Au détour d’un couloir quittant l’orangerie, Rain croisa presque le regard de l’un des elfes de maison qui chérissaient chaque membre de cette famille, et entretenaient ce domaine, avec les autres personnels. Rien d’étonnant venant de sang-purs, donc. Pour sa part, l’ambassadrice préférait être seule plutôt qu’entourée par ces créatures. Mais leur présence signifiait l’arrivée imminente de la progéniture Monarvant dans l’orangerie, dont l’une d’elle portait une tenue rappelant l’avènement d’un heureux événement à venir. Fenella, la jeune femme au parcours controversé, et bien incapable de masquer son exaspération, était arrivée au bras d’un homme qui s’apparentait à un frère aîné, d’après les photos ensorcelées de famille qui juchaient le dessus des meubles.

La brune suivait la fille Monarvant du regard, détaillant au passage ses courbes dissimulées sous l’élégance de sa robe, ainsi que les traits fins de son visage, sublimé par ses yeux d’un bleu perçant. L’américaine attendit qu’elle soit seule avant de se rapprocher d’elle, elle n’était pas certaine de la manière dont elle pouvait l’aborder, elles ne se connaissaient pas, mais la curiosité dévorante de Rain Godwin la forçait à laisser tomber sa froideur et sa condescendance habituelles, pour arborer un sourire avenant. Ainsi, elle s’était avancée vers Fenella et l’avait aussitôt abordée.

« Bonsoir…Fenella ? »

Elle savait qui elle était, mais c’était par pure politesse, après avoir légèrement penché la tête sur le côté, avant de se redresser.

« Je suis Rain Godwin, une amie de vos parents. »

Amie était un bien grand mot, connaissance aurait été plus approprié. Mais cela n’avait aucune importance.

« Ils m’ont beaucoup parlé de vous. J’étais bien curieuse de vous rencontrer, enfin… »

Difficile de la croiser avant cela, compte tenu de son parcours. Souriante, l’ambassadrice leva sa coupe.

« À la vôtre. Vous êtes rentrée depuis longtemps ? »

Mer 18 Sep - 9:36

Au coeur des Highlands

with Rain M. Godwin

Mai 2017 - Manoir des Monarvant - Scotland

Mes yeux de glace survolent la salle, vont d’un visage à un autre mais personne ne m’attire. Il va pourtant bien falloir que je fasse l’effort de m’intégrer et je me décide pour aller à la rencontre de vieux amis de mes parents. Les chances pour que notre échange se passent bien sont maigres mais tant qu’ils ne sont pas avec eux, j’ai toujours un faible espoir que la conversation ne soit pas si désolante qu’elle s’annonce. J’avais à peine commencé mon chemin vers eux que ma route croisa celle d’une femme qui m’aborda avec un sourire qui semblait à première vue sincère, ou extrêmement bien travaillé.

Aussi brune que moi, ses yeux étaient cependant semblables à un puits sans fond tant ils semblaient noirs. Elle me salue, semble hésitante sur mon identité mais je la salue tout comme elle le fait, gardant cependant un port de tête assez haut, plus par éducation que par volonté de me montrer supérieure à elle.

Je sais cependant que je dois me méfier, que je ne dois pas accorder ma confiance trop facilement et je reste sur mes gardes, ne sachant pas à qui j’ai à faire.

« Je suis Rain Godwin, une amie de vos parents. »

Je reste impassible, quand elle m’annonce son lien avec mes parents, pas la moins surprise par cette information. Il était cependant de notoriété publique que mes relations avec mes parents ne sont pas au beau fixe et elle doit donc le savoir, si elle est effectivement l’une de leurs amis.

« Ravie de faire votre connaissance, Rain. »

Je me mets sur le même pied d’égalité quelle, un prénom pour un prénom, une absence de titre pour une familiarité et notre conversation commença ainsi.

« Ils m’ont beaucoup parlé de vous. J’étais bien curieuse de vous rencontrer, enfin… »

Pas en bien, j’en suis convaincue et j’étais bien curieuse moi aussi, mais de savoir pour quel motif ils avaient évoqué ma vie à cette femme. Elle lève sa flûte et nous trinquons. Un sourire d’apparat s’est dessiné sur mon visage et je commence ma petite enquête, sans pour autant me montrer désagréable ni piquante comme il m’en est bien souvent coutume dans ce genre de moment.

« Je suis surprise que mes parents vous aient parlé de moi, autant que vous semblez le dire, je ne suis pourtant pas la plus intéressante de leurs enfants. »

Je prends une gorgé de bulles, avant de poursuivre.

« Je suis rentrée il y a quelques jours mais ce déplacement a été plus court que prévu. La situation ayant été gérée plus rapidement que prévue, ma présence n’était plus nécessaire. »

Je ne rentre pas trop dans les détails. Même si je parle actuellement de ma profession première et d’une mission pour le ministère concernant des Créatures Magiques, je ne sais pas jusqu’à quel point mes parents lui ont parlé de moi, ni même qui elle est, derrière cette identité déclinée brièvement quelques instants plus tôt.

« Que faites-vous dans la vie Rain ? Votre visage ne me semble pas inconnu. »

Ce qui était entièrement faux, mais cela flattait toujours autrui de savoir qu’il ne passe pas inaperçu parmi la foule, qu’il est un visage et une personne reconnaissable dans la masse. Je garde mon sourire de convenance, la pièce se remplit petit à petit et les invités commencent à affluer paisiblement. Nous nous étions au final mises un peu en retrait, ce qui me convenait parfaitement pour échanger avec cette femme et en apprendre un peu plus sur elle.

(c) princessecapricieuse

Ven 18 Oct - 11:42

Mai 2017

Manoir Monarvant

L’appartenance de la jeune Monarvant au milieu, était tout à fait reconnaissable. Elle n’avait aucune envie de participer à cette mascarade, et pourtant elle offrait à celle qui était venue l’aborder, un sourire de circonstance, ainsi qu’une réponse à ses questions. Rain ricana intérieurement, en apparence elle gardait elle aussi cette expression flottante sur son visage, elle ne se moquait pas de Fenella, loin de là, seulement elle n’était pas la seule personne que l’ambassadrice avait croisé lors d’une soirée mondaine organisée par la Haute communauté sang-pure, qui n’avait guère envie d’être là. Au fil des années, Godwin avait appris à les reconnaître, ces enfants devenus adultes, ayant évolué dans un cercle qui ne leur correspond pas, ce soir-là la jolie brune en était l’exemple même, ce qui la rendait bien plus intéressante aux yeux de l’américaine, qu’elle n’aurait pu le penser. Cette dernière avait arrondi les angles auprès de la fille de ses hôtes pour pouvoir l’aborder plus aisément, en réalité elle n’avait pas tant d’informations que cela à son sujet, et n’était pas aussi proche de ses parents qu’elle ne le laissait sous-entendre. Mis à part quelques brefs échanges sur la situation actuelle, les Monarvants n’avaient pas mentionné leur fille plus que de coutume, et celle-ci finirait sûrement par s’en rendre compte, mais en attendant Rain jouait simplement la carte de l’amie de la famille.
Maintenant que la conversation était ainsi engagée, les deux femmes s’étaient éloignées légèrement de la foule d’invités que les hôtes s’empressaient de saluer chaleureusement au fur et à mesure que l’orangerie se remplissait de couples de sang-pur dont l’expression trahissait toute leur hypocrisie. Malgré tout, Fenella accepta de trinquer, c’était cette manière sarcastique de décrire le ressenti que ses parents avaient vis à vis d’elle, qui avait fait d’avantage sourire l’ambassadrice.

« C’est vous qui le dites… »

Le nez dans sa coupe de champagne, elle laissait simplement flotter ces quelques mots, sans en dire plus, la demoiselle le prendrait comme elle le voudrait.

La brune ne dissimulait pas sa curiosité à l’égard de la fille qu’elle rencontrait enfin, espérant en apprendre d’avantage, si bien sûr elle acceptait de lui parler un peu plus d’elle. Le travail était une bonne piste pour commencer, l’américaine savait seulement que l’activité professionnelle de Fenella avait un rapport avec les créatures magiques, mais lorsque ses parents l’avaient mentionné, Rain n’avait pas cherché à en savoir plus, étant donné que les créatures magiques n’étaient vraiment pas sa tasse de thé. Elle s’était contentée du minimum avec les plus âgés, mais si il fallait creuser avec leur fille, l’effort serait fourni. Peut-être une opportunité d’agrandir encore son impressionnante culture générale.
Elle s’étonna également que la jeune Monarvant ait reconnu le visage de l’ambassadrice, celle-ci n’en montra rien, peut-être était-ce une marque de politesse, prêcher le faux pour savoir le vrai, Rain connaissait bien ces méthodes, mais cela pouvait aussi être la stricte vérité. Elle était passée quelques fois dans les journaux sorciers lors de conférences de presse au sujet des relations entre le Ministère britannique et le MACUSA. Pour cette raison, elle passa une main dans sa chevelure, rejetant ses mèches en arrière, avant de reprendre la parole, laissant entendre une légère condescendance dans la voix :

« Je suis Ambassadrice du MACUSA, ici à Londres. Vous m’avez probablement vue quelques fois dans le Daily Prophet. Bien que la plupart des sorciers ne s’intéressent pas à la politique, bien d’autres sujets sont abordés en diplomatie. »

Des sujets comme le Quidditch ou la violation du secret magique, qui passionnaient généralement le petit peuple. Bien que depuis quelques mois, les attaques de créatures figuraient dans les premières pages. Mais Godwin n’était pas là pour parler d’elle, même si elle ne pouvait s’empêcher de rappeler au monde l’importance de son rang, lorsqu’on lui posait la question.

« Et vous, Fenella, en quoi consistent vos missions exactement ? Vos parents ont simplement mentionné qu’il y avait un rapport avec les créatures. »

Malheureusement. La brune hautaine aurait préféré parler d’un autre sujet, mais c’en était ainsi.

« J’ignore pourquoi vous pensez être la plus inintéressante de votre fratrie, pourtant travailler dans ce domaine semble…divertissant. »

Elle n’avait pas réussi à trouver le terme qui conviendrait le mieux et qui semblerait le moins sarcastique pour caractériser les activités de la jeune Monarvant, elle avait surtout grand hâte de savoir pourquoi la jeune femme pensait cela d’elle.