A costly favor - Ana & Auguste

Récemment sortie d’une réunion avec Leeroy et les employés de la police magique, Ana se remit à travailler sur les dossiers en cours, non sans une certaine satisfaction. Les rafles de lycanthropes remportaient un franc succès, tandis que sa mission avec la jeune Raffleuse s’était déroulée sans accroc. La plupart des bêtes emprisonnées n’avaient pas survécu aux manipulations et aux tortures infligées par leurs bourreaux, jusqu’à présent, ils n’avaient en revanche réussi à ne dresser aucun lycan. Qu’importait, la sous-directrice du département de la justice se fichait de ces vies, qu’ils meurent au fond d’un cachot où qu’ils leur soient utiles à quelque chose, dans les deux cas, elle était satisfaite. Et son supérieur Rivers aussi, d’ailleurs, qui ne cessait de la complimenter sur son excellent travail fourni. Insolemment aguichante, la brésilienne en rajoutait pour se faire bien voir auprès de lui, se rendant désirable au plus haut point, de quoi créer certaines jalousies.

Elle en était persuadée, ce n’était plus qu’une question de temps. Elle voyait bien comment Leeroy la regardait, qu’il luttait pour ne pas lui sauter dessus, sûrement pour préserver son mariage ou peu importait. Certains regards, postures, ne trompaient pas. Et ce sentiment de puissance et de contrôle enveloppait la brésilienne d’une jouissance infinie. Une pensée qui la rendait de bonne humeur, au point que rien ne pouvait venir gâcher cette journée, qui avait si bien commencé.

Malheureusement, une ombre vint quand même gâcher son beau tableau. Blackblood…Dossier sous le bras, il avait demandé à voir Ana en privé, et apparut dans l’embrasure de la porte du bureau dans toute sa splendeur. Elle releva alors la tête vers lui, silencieuse, le toisant simplement d’un regard dur, l’écoutant se pavaner et la saluer chaleureusement. Ses lèvres pulpeuses se pincèrent lorsque le Général ouvrit la bouche, ce scélérat avait fait exprès de la désigner « sous », au lieu d’adjointe, il savait qu’elle détestait cette appellation. Elle n’en fît rien, ignorant superbement le compliment exacerbé. Bien sûr qu’elle était ravissante, en toute circonstance, vêtue de sa chemisette et de sa jupe tailleur serrée, par-dessus lesquelles elle portait sa cape noire ministérielle. Elle n’avait pas besoin de Blackblood pour le lui rappeler. De plus, bien qu’elle était obligée de le côtoyer dans le cadre de leur serment, elle ne pouvait s’empêcher de lui en vouloir. Rancunière, la brune autoritaire ne lui pardonnait pas l’affront qu’il lui avait fait. Ce qui était bien dommage pour lui, car elle aurait pu passer outre les violences sexuelles avec le temps, si il ne l’avait pas humiliée à ce point.
Malgré ces beaux traits masculins et ce corps bien sculpté, Ana s’était jurée que son acolyte ne poserait plus ses mains sur elle. Leurs rapports, depuis, étaient strictement professionnels, bien qu’un certain jeu de séduction subsistait parfois.

Mais il fallait l’avouer, un sourire naquit sur ses lèvres colorées, lorsque ce cher Augustus avoua la raison de sa présence. Les rôles étaient inversés cette fois, lui venait à elle pour réclamer elle ne savait quoi. Satisfaite, elle se redressa lentement, posa sa plume, croisa ses jambes fines sous son bureau et s’adossa contre son imposant fauteuil.

« Voyez-vous cela… »

Amusée et narquoise, elle était bien curieuse de savoir ce que le bellâtre lui voulait, elle se ferait également le plaisir de le provoquer un peu au passage.

« Et de quoi s’agit-il, alors ? »

Elle croisa les bras sur sa poitrine, à present, adoptant une posture sexy mais renfermée, telle une presque directrice de son département qui recevait en entretien l’un de ses simples employés, avec toute l’autorité dont elle faisait preuve. Elle jeta un coup d’œil rapide à sa manucure.

« Fais vite, car j’ai du travail. » Son sourire s’étira, elle leva alors ses prunelles brunes vers Blackblood. « Je ne passe pas mon temps à coudre des robes pour vieilles bourgeoises, moi. »

Alors qu’elle pensait que la venue de Blackblood allait être une tâche mal lavée sur le scénario de la journée parfaite, Ana se délecta de l’entendre réclamer une faveur. Elle l’autorisa à s’asseoir sur le fauteuil face à elle, bien qu’elle aurait préféré le voir à genoux jusqu’à se faire de l’arthrose, c’eût été la moindre des choses pour rattraper son comportement, qu’elle ne lui pardonnait toujours pas. Tandis que lui, n’avait pas le choix. Malgré son passage par la fenêtre et autres légères tortures infligées à son beau corps, il était obligé de revenir ramper devant la directrice adjointe du département de la justice pour espérer obtenir ce qu’il était venu chercher. De quoi s’agissait-il, cette fois ? Elle l’avait aussitôt interrogé, loin d’être du genre à discuter de la pluie et du beau temps avant toute chose, et surtout pas avec Augustus, elle ne manqua en revanche pas d’agrémenter sa position hiérarchique supérieure à la sienne, par une remarque cinglante au sujet de l’activité professionnelle de son collaborateur. Ce à quoi il s’empressa de répondre, rappelant incontestablement à la brésilienne la bassesse de ses revenus comparés à l’immense fortune dont jouissait le Général des Rafleurs, alors qu’il ne l’avait, selon elle, nullement méritée. Une simple réflexion qui eut le don d’effacer le sourire provocant sur les lèvres maquillées de la sulfureuse brune. Mais cet insupportable cancrelat marquait un point, la future promotion qu’elle attendait avec impatience lui rapporterait bien plus d’argent qu’actuellement. Sauf que ce n’était pas le centre d’intérêt d’Ana, qui se fichait d’être immensément riche, la seule chose qui lui importait dans la vie, c’était le pouvoir. Aucune surprise là-dessus, Blackblood le savait, tous deux partageaient ce goût pour le despotisme.

Ana se moquait donc, tout autant de ces belles robes qu’il lui proposait. Mais elle était curieuse de savoir ce qu’il manigançait, et ce qu’il était venu lui demander. Alors, il jeta un dossier sur le bureau de la Dame. Celle-ci arqua un sourcil, et attira l’objet vers elle pour l’examiner, silencieuse. Elle jeta un bref regard suspicieux en direction d’Augustus, elle se demandait bien comment cet homme à la masculinité douteuse avait bien pu se procurer ce dossier.

« Comment as-tu… » Un soupire, un léger mouvement de tête. « …Peu importe. »

Parfois, il était préférable d’ignorer certaines choses, et la sous-directrice préférait de pas savoir comment il s’y était pris. Elle refusait de croire que le dossier « traînait » juste « quelque part ». Peu lui importait ce qu’avait fait le Général pour l’obtenir, mais si il y était parvenu, ce n’était pas pour rien. La brune ne comprenait pas pourquoi il tenait absolument à s’occuper de cette affaire, d’un coup. Après avoir feuilleté brièvement les quelques pages, elle referma le tout et ramena ses mains entre elles. La requête du bellâtre méritait quand même une certaine réflexion, étant donné que quelqu’un était déjà en charge de cette affaire. Les jambes fines croisées sous son bureau, Ana retrouva son sourire vicieux. Après tout, elle était celle à qui Augustus venait lécher les bottes aujourd’hui, et elle devait bien admettre que d’en était jouissif.

« Je n’ai que faire de tes robes, et autres artifices. »

Elle n’était pas ce genre de femme. Si elle voulait une belle robe, elle était bien capable de s’en acheter une elle-même. De même que les bijoux ou les bouquets de fleurs, le Général pouvait oublier.

« On ne m’achète pas avec si peu, tu devrais le savoir. Désolée, mais Il y a déjà quelqu’un sur l’affaire. »

Il était encore tôt pour déterminer si cette personne avançait ou non, mais la sulfureuse brune avait bien l’intention de mener son enquête dans le courant du mois prochain.
Autrement dit, ce cher Blackblood allait devoir trouver mieux pour la convaincre. Elle avait laissé passer un bref silence exprès.

« Si tu veux que je le congédie pour te mettre à sa place, et bien… » Elle ricana sournoisement et passa une main dans sa chevelure, avant de se redresser et de s’adosser à son tour contre le dossier de son immense fauteuil en cuir. « Tu vas devoir faire preuve de plus d’imagination pour me faire changer d’avis. »

Et ce n’était que le début. Augustus allait devoir ramper, c’était certain.

« Et puis, pourquoi vouloir t’occuper de ça ? Je ne connaissais pas cette fascination pour ces infâmes créatures des abysses… »

Les explications de Blackblood n’étaient pas des plus convaincantes. Ce soudain intérêt pour les Vampires, Ana ne l’avait pas vu venir, pensant simplement qu’il était venu jusqu’à son bureau pour discuter du coup d’état, et de mettre au point un plan plus élaboré, car en réalité ils n’en avaient pas vraiment reparlé. Chacun tâtait le terrain, à sa manière, et la sous-directrice du département de la justice en voulait toujours au tailleur, malgré la petite vengeance qu’elle s’était octroyée lorsqu’il était revenu chez elle la queue entre les jambes, espérant retrouver sa baguette qu’elle lui avait volée. De l’eau avait certes coulé sous les ponts, mais pas suffisamment. Heureusement pour Augustus, la sulfureuse brésilienne pouvait être facilement attirée par, des plans machiavéliques ou une excellente maîtrise de la gente féminine. De ce qu’elle avait essayé du Général, elle penchait plutôt pour la première proposition.
Aucun intérêt pour les belles robes que ce dernier lui offrait, et elle n’avait pas reçu d’autres raisons valables de retirer Armis Moore de l’enquête des Vampires, pour mettre le bellâtre brun sur le coup. Toujours impeccablement habillé et coiffé, difficile d’imaginer qu’il était le genre d’homme qui n’hésitait pas à se salir les mains. Psychopathe dangereux et manipulateur, ce point que ces deux-là avaient en commun ne les rendait que plus unis par le serment inviolable, passé quelques mois plus tôt.

De l’autre côté de son bureau, Ana le dévisageait en souriant, avant de baisser la tête avec un sourire au coin des lèvres. Vouloir se débarrasser de Moore ressemblait bien aux méthodes habituelles de Blackblood, et c’était bien ce qui avait fait sourire la Dame, mais cette fois elle ne pouvait hélas pas le laisser faire. Lentement, elle joint ses mains l’une à l’autre, avant de répondre.

« D’autant plus que je ne t’aurais pas laissé faire. Armis Moore fait parti d’une famille influente dans le monde sang-pur, le genre qu’il vaut mieux avoir de son côté, si tu vois ce que je veux dire. »

Comme bien des familles sacrées que représentaient les sang-purs en Angleterre, les Moores jouissaient de leur notoriété. Au passage, la brune avait soufflé à son collaborateur le nom de la personne en charge du dossier, si jamais. Cela pouvait toujours lui servir si jamais l’envie lui prenait d’aller s’entretenir avec Armis.

« Cela dit, rien ne t’empêche d’aller récupérer des informations auprès de lui, directement. »

Cette fascination pour ces maudits suceurs de sang restait un mystère pour la brésilienne, qui pensait qu’il y avait autre chose derrière les dires du Général des Raffleurs. Difficile de savoir exactement, l’idée de vouloir en faire des exemples lui ressemblait bien, également. Il avait déjà bien montré sa détermination en ayant en amont étudié le dossier, avec probablement plus d’opiniâtreté que la directrice adjointe elle-même. De plus, il fallait bien avouer que ces deux créatures du diable avaient dépassé les bornes. Faire de la magie, se nourrir de sang humain devant une caméra de téléphone intelligent, tout cela était bien imprudent compte tenu des conséquences que cela pouvait engendrer.

« Tu as raison. Mais ça ne me dit toujours pas pourquoi tu veux t’en charger toi-même. »

Ana le fixait intensément, son petit sourire au coin des lèvres d’Augustus, ne trompait personne, surtout pas sa collaboratrice tout aussi assoiffée de sang et de pouvoir, que lui. Un silence s’installa, la femme se leva lentement de son fauteuil en cuir, et contourna son bureau pour retrouver le bellâtre de l’autre côté, contre son épaule elle fit glisser le bout de ses doigts, dans une démarche aguicheuse.

« À moins que tu n’aies d’ors et deja, un plan… »

Elle n’en doutait pas, connaissant l’homme. Elle avait murmuré ces quelques mots au creux de son oreille, le timbre de voix suave. Allait-il réussir à faire pencher la balance en sa faveur ?

Un simple sourire arraché sur les lèvres de la sous-directrice lorsque son nouvel associé évoqua la possibilité de supprimer celui qui était en charge du dossier Vampires. Cette lueur malfaisante qui luisait constamment dans les pupilles claires de Blackblood la faisait frissonner. Malgré toute la rancune qu’Ana éprouvait pour lui, le dégoût qui emplissait chaque pore de sa peau légèrement satinée, à chaque fois que son regard croisait le sien, en repensant à sa manière d’appréhender son désir, elle ne pouvait s’empêcher d’embrasser cette personnalité si semblable à la sienne. Elle craignait cet homme autant qu’elle admirait son pouvoir et sa soif de sang, elle le haïssait autant qu’elle le désirait, voilà bien pourquoi la sulfureuse brésilienne s’était approchée elle-même de lui. De ses doigts fins elle le tentait, le forçait à cracher les raisons de sa venue, posséder tout pouvoir et se laisser corrompre était grisant.

Bien sûr qu’elle ne le connaissait que trop bien, ce qui était aussi décevant que satisfaisant. Elle aurait aimé découvrir d’autres facettes de la personnalité d’Augustus, mais les hommes ne la surprenaient guère plus, à présent. Elle allait s’y faire, jusqu’à présent le coup d’état qu’ils préparaient contre Walls était sa préoccupation la plus importante, mais elle était impatiente d’en savoir plus, ce que le Général avait en tête au sujet des Vampires, jusqu’où son esprit débordant et machiavélique pouvait aller. Voilà pourquoi elle le laissa s’agripper à sa taille fine pour l’asseoir sur ses genoux. Elle n’avait pas anticipé ce geste, mais n’en fut guère surprise, le connaissant lui. Discrètement, il lui souffla son plan dans le creux de l’oreille.
La sous-directrice fut parcourue d’un frisson une nouvelle fois, elle avait pensé trop vite, finalement Blackblood se décidait à lui dévoiler autre chose. Elle le savait dangereux et tordu, mais elle n’aurait jamais pensé qu’il était fou. Et « ça », c’était fou. Mais diablement intelligent et excitant, tout comme lorsqu’elle s’était mis en tête de capturer des lycans et de les dresser. Ce beau brun aux yeux bleus venait de lui donner un moyen de parvenir à ses fins, en lui offrant l’un de ces rares spécimens assoiffés de sang, sur un plateau.

Ana inspira discrètement lorsque le souffle d’Augustus parcourra sa gorge, elle poussa le vice en passant une main sur sa joue, qu’elle caressa sensuellement en tournant la tête vers son visage, se penchant comme si elle s’apprêtait à poser ses lèvres sur les siennes. Mais il n’en fut rien, elle inclina simplement légèrement la tête en murmurant :

« Tu es fou, Blackblood… Mais j’aime ça. »

À ces mots, la sulfureuse brune se délogea des genoux du bellâtre, lentement elle se mit à faire les cents pas, tournant autour du fauteuil de son hôte, laissant claquer les talons aiguilles de ses escarpins contre les dalles en pierre humide qui composaient le sol de son bureau. Ses paroles accompagnées de simples gestes, elle répétait le plan pour elle-même.

« Si ton plan réussit, alors plus rien ne pourra nous arrêter. Ces créatures tueuses sans remords, sont exactement ce qu’il nous faut pour parvenir à nos fins. »

Bien sûr, Rome ne s’était pas construite en un jour. Le plan était dangereux et tordu, à l’image du Général des Rafleurs, mais si fonctionnait, leur succès était garanti. Voilà donc la raison de sa venue, il avait besoin d’Ana pour le passer sur le dossier Vampires à la place d’Armis Moore, et pour préparer les potions nécessaires à la mise en place de l’échafaudage. Le jeu semblait-il en valoir la chandelle. Avant de rejoindre le fauteuil de son bureau, la brésilienne se tourna une dernière fois vers son associé, son regard noir partageant la même lueur malfaisante dans les pupilles, sublimée par son rouge à lèvres aguicheur.

« Finalement, tu sais peut-être comment parler aux femmes… »

Un doigt fin posé sous son menton et la tête légèrement relevée à présent, elle commençait d’ors et déjà à réfléchir à la mise en place de leur nouveau stratagème.

« Je devrais pouvoir commencer dès ce soir. »

Et pour cause, la Maîtresse de potions qu’elle était avait grand hâte d’utiliser ses réserves, non pas pour les Supérieurs cette fois, mais bien pour elle-même.

Le contact physique avec Blackblood était électrique. La Dame s’était surprise à fermer les yeux un instant lorsqu’elle avait senti la main masculine contre ses reins. Mais elle s’était promis de ne plus lui céder, elle en avait fait l’erreur la dernière fois et cela lui avait coûté cher. Elle pouvait presqu’encore sentir les brûlures infligées par les coups du Général sur sa peau, cette manière de faire n’était pas la meilleure si ce cher Augustus espérait séduire la sous-directrice. Malgré son goût prononcé pour le meurtre et le sang, son âme torturée n’attendait guère grand chose d’un homme qu’un moment intime et simple. Elle restait une femme malgré tout, dont les hommes n’avaient que trop allègrement abusée, et qu’il était temps de renverser la balance. Ana s’y attelait sans relâche depuis qu’elle occupait le poste de directrice adjointe du département de la justice, mais il n’était pas toujours chose aisée de rompre avec les vieilles habitudes. La sulfureuse brune savait séduire pour parvenir à ses fins, cette pratique était ancrée bien trop profondément pour être défaite en un jour.
Dans un sens, elle pouvait remercier l’attitude exécrable d’Augustus, qui lui avait fait prendre consciences de certaines choses, notamment la mettre au clair sur ce qu’elle voulait faire, et surtout ne plus faire, pour obtenir ce qu’elle souhaitait. Après tout, son nouvel acolyte avait prêté serment avant de s’être donnée à lui, pourquoi les prochaines fois ne pouvaient-elles pas être différentes ? La mise en pratique était plus difficile que la simple théorie.

Ana était donc retournée s’asseoir à son bureau, et même si elle appréciait grandement la présence de Blackblood avant d’organiser la nouvelle étape de leur plan, elle ne pouvait nier la charge de travail qui l’attendait aujourd’hui et dans les prochains jours, pour le compte du Département. Elle avait quand même hâte de se mettre au travail, et avait suffisamment d’ingrédients en sa possession pour commencer la préparation du fameux philtre, elle comptait s’y attelait dès le soir-même. En tout cas, le Général des Raffleurs frappait fort sur ce coup-là. L’ambition malsaine rayonnait dans ses magnifiques pupilles bleues, prétendre y être indifférente, était un mensonge pour la brésilienne. Mais elle n’était pas dupe, elle se doutait bien qu’il y trouvait son compte, et que ce n’était à la base pas une manière de se faire pardonner de la dernière fois. L’invitation au Manoir Blackblood, en revanche…
Intéressant. La Dame avança son visage, passant sa paume sous son menton, comme si elle tentait de déceler ce qu’il y avait derrière cette proposition. Elle se demandait si ce ne serait pas là l’occasion pour Augustus de rattraper le tir, l’attirant au sein même de son antre luxueuse, afin de l’appâter par la mise au point de leur plan machiavélique en préparation. Ou bien voulait-il l’humilier, une fois de plus, lui rappelant à quel point la fortune de la lignée Blackblood était colossale, par rapport aux revenus de celle qui n’était issue d’aucune lignée sacrée d’Angleterre. Il n’avait pas manqué de le lui rappeler lors de leur dîner dans la maison victorienne d’Ana, à Chelsea.

Lentement, elle inspira et et se redressa.

« Très bien. À bientôt, alors. » répondit-elle, simplement.

Peu importe ce qu’avait réellement le bellâtre ténébreux en tête, elle se tiendrait prête à l’affronter, de toutes les manières possibles. Ce dernier se leva, alors, et quitta le bureau rapidement avoir tourné les talons. Le regard de la sous-directrice ne manqua pas d’accorder un instant à la silhouette masculine avant qu’il ne disparaisse. Une dernière inspiration, puis elle retourna vaquer à ses occupations.