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Mer 18 Sep 2024 - 15:16
18 mai 2016

Des heures que je me retourne dans mon lit, à repenser à l’enquête que j’ai dû boucler à contrecœur hier. Fut un temps où j’aurais tenu tête, refusé, continué à enquêter en ignorant la hiérarchie. J’ai l’impression que c’était hier, et pourtant… Aujourd’hui, je suis juste fatigué. J’obéis sans discuter. Rien de ce que je pourrais dire ne changera l’avis des Supérieurs. “Classez ce dossier, Vargas.” Dès que mes recherches me conduisent sur la piste de sangs-pur, je me fais une raison: je sais que ça va finir comme ça. Peu importe que les victimes me supplient de leur venir en aide: je ne peux rien faire. Rien du tout. Vous vous trompez d’gars, je suis pas un héros. Je suis une victime aussi.

Bon, foutu pour foutu, je me relève, j’enfile les premiers vêtements qui me tombent sous la main, et je retourne au bureau. A cette heure, je ne devrais croiser personne. Tant mieux. J’ai de l’administratif en retard, parce que ça me gonfle, je suis flic, pas auteur, mais faut bien leur faire un récap’ de notre travail, à ceux d’en haut. Histoire de leur prouver que leur censure fonctionne à merveille.  

Je traverse les bureaux des autres brigades, ceux qui ont la chance d’avoir de l’espace, du marbre sous leurs pieds, et un meilleur café. D’ailleurs, j’en prends un avant de rejoindre mon bureau. S’il n’y a personne pour me casser les pieds, j’vais pas me gêner. Quand je me rapproche de notre placard à balais, quelque chose cloche. Il y a de la lumière et du bruit venant de la petite pièce des archives. Celle où sont entassés des tiroirs du sol au plafond, tous remplis de nos divers rapports, comptes rendus et informations confidentielles. Je sors ma baguette, et avance en silence jusqu’à la porte. Je m’apprête à lancer un stupefix quand je reconnais Rivers Junior. « Putain mais qu’est ce que tu fous ici à une heure pareille? » Il sursaute, et fixe ma baguette du regard. Je suis pas dingue, j’allais pas le tuer. Je la range dans la poche de ma veste, et soupire. « Ecoute petit, l’affaire a été classée, tu perds ton temps. Range ce dossier, et vas retrouver ta femme. » Je lui tourne le dos, et me dirige vers mon bureau: la table la moins en ordre de toute l’équipe. C’est un bordel organisé, je sais m’y retrouver.

J’entends Alec me suivre, je contourne mon bureau et prends la parole avant qu’il ne commence à me prendre la tête avec un “mais”. « Rivers. La perquisition n’a rien donné, c’est ainsi. » Si, j’avais de quoi boucler un homme dans l’heure, mais comme il s'agissait d’un grand ami du directeur de la justice, on m’a ignoré et demandé comment allaient mes filles et en quelle année elles faisaient leur rentrée à Poudlard. Ca m’arrangerait donc que le bleu ne mette pas son nez dans l’affaire, parce que s’il s’entête, c’est sur moi que ça va retomber. Je l’ai volontairement gardé à l’écart parce que ça touchait sa famille de trop près à mon goût. Je me laisse tomber sur mon siège, après avoir poussé un tas de papiers pour poser ma tasse à café. « Alors à moins qu’il n’y ait un mort, tout peut attendre demain. Rentre te reposer. »

Spoiler:
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Gabriel Vargas
Gabriel Vargas
Gabriel Vargas
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Gabriel Vargas
Sam 21 Sep 2024 - 19:09
Les chevilles nouées sous le bureau, les jambes tendues et le regard rougi de fatigue, Alec achève d’éplucher les relevés d’usage des huit baguettes réquisitionnées dans l’une des affaires sur lesquelles il planchent. C’est son rôle. Loin du terrain, isolé parce qu’il est connu comme étant impulsif et colérique mais surtout il le parierait : parce que ça les fait bander de foutre le fils Rivers à l’épluchage de la paperasse. Et pour être très honnête, il admettra sans mal trouver ça compréhensible. Tant au vu de son propre passif de salopard arrogant que pour son insolence maladive.
Pour autant, comme chaque fois, Alec avance le boulot de la journée d’après. Ce, depuis six mois. A s’abîmer les yeux sur les lignes, comparer les noms, éplucher les dossiers. Il en vient à tout connaître sur le bout des doigts, jusqu’aux dates de départ en vacance des uns et les petites habitudes de marché aux puces des autres. Ce, sur la dizaine de dossiers empilés sur son bureau.
Six dossiers dont les pistes sont froides depuis des lustres, qui termineront sans aucun doute au rebus. Dans l’un d’eux, c’est un moldu accusé d’avoir assassiné sa famille. Brûlés vifs. Moche.
Reste les trois les plus difficiles. Ceux qui impliquent des sangs purs… Traitées bien différemment…

En roulant ses mâchoires l’une sur l’autre, Alec laisse taper sa plume sur le rebord du bureau. Un rythme sec, nerveux. Comme lui. Lui et ses yeux rougis par la fatigue, son incapacité à dormir, sa peur en bandoulière et ses souvenirs à vif.
Brutalement, il se redresse, délaisse ce café qu’il voudrait remplacer par un pur feu et la pile de dossiers en cours pour se mettre sur ses pieds et tourner dos au petit bureau. Seul avantage d’appartenir au véritable placard des flics sorciers : moins de contacts avec les Supérieurs. Pour dire, Alec ignore jusqu’aux opinions politiques de ses coéquipiers et se garde bien d’évoquer quoi que ce soit. Une manière de séparer les choses.

Dehors, il n’y a personne. Ni dans leur placard, ni dans les grands bureaux adjacents, ni dans l’immense pièce ouverte sur l’étage du dessus, celui des juges et des avocats. Personne sans doute au dessus encore, là où Ana Oliveira et son père trouvent leurs bureaux.
Personne dans les couloirs.
Seul, l’héritier rejoint la salle des archives en arrière de leur bureau et referme la porte derrière lui. D’un coup de baguette, il allume les torches aux murs et s’avance le long des étagères et des casiers débordant de dossiers classés. Des tiroirs, du sol au plafond.
Pas et souffle se répercutent dans la pièce vide, faisant glisser sur sa peau un frisson d’angoisse.

- C’est là qu’il manque Spotify…

Une réflexion qui à elle seule lui vaudrait aisément les foudres des Supérieurs et du gouvernement entier. Sans compter celles des Rivers. Mais puisque ni les uns ni les autres ne l’entendent, Alec plante ses poings dans ses poches, y range sa baguette et tente d’oublier ce que son imagination projette dans les ombres de la pièce. Lorsqu’il trouve le dossier classé quelques jours plus tôt, ses doigts tremblotent. Un grognement agacé y répond et le jeune flic ferme une seconde les paupières pour chasser ce que les Supérieurs ont laissé comme traumas de sous sa peau. Ça fourmille pourtant. Lui mord les nerfs et susurre bien des menaces à ses oreilles.

- Va chier.

Il se saisi de la poignée. Ouvre le tiroir, sort les premiers feuillets.
Le boulot, comme exutoire. La certitude, aussi, que s’il n’est pas chez lui ; sa femme passera une nuit sans être dérangée par l’un de ces tarés qui font de sa vie un enfer.

Le dossier, donc. Classé, évidemment. Seoc MacNìll - sang pur - juriste et homme de lettre, respecté dans sa profession, s’est vu accusé de violences lorsque son fils a été amené en urgence à St-Mangouste. Douze ans, plusieurs organes en rade, fractures multiples et boite crânienne fêlée. Sans compter des brûlures au feu sor’cier sur les cuisses. De celles que rien n’arrêtent hormis des sortilèges de troisième catégorie réalisées par des médicomages formés à contrer la magie noire.
Et MacNìll n’a rien de neutre comme nom de famille pour Alec, car il s’agit de celui de son précepteur. Nul doute donc de la violence du moins du frère aîné de cette famille. Quant à apporter son témoignage lui-même ? L’idée ne l’a pas même traversé.
Dossier classé en quarante-huit heures. Moitié moins que la plus simple des affaires.
Dans l’ombre que les feuillets projettent sur les tiroirs de la salle des archives, Alec devine sans mal les six lettres qui expliquent sans nulle doute l’efficacité de traitement. R-I-V-E-R-S.
Il lui semble même avoir souvenir des MacNìll traiter dans le salon du manoir avec les hommes Rivers tandis que son grand père vivait encore. Jethro, son oncle : Le futur ministre de l’économie. Leeroy, son père : le futur directeur de la Justice Magique. Son Grand Père, l’ex directeur du Département des Mystères. Et les MacNìll : Son précepteur et le juriste à présent associé à nombre des membres officiels des Supérieurs.

Sourcils froncés sur les petites lignes du dossier, Alec n’entend ni la porte ni les pas qui amènent Vargas à son niveau et lorsque sa voix retentit dans l’espace silencieux, tous ses muscles se contractent d’un bloc.
« Putain mais qu’est ce que tu fous ici à une heure pareille? »
Sans compter les battements furieux de son cœur qui fusillent ses côtes.
- Bordel de.. Le regard fixé sur la baguette que son chef dirige vers lui, Alec ne remarque qu’à retardement avoir lui même jeté sa paume vers son arme.
« Ecoute petit, l’affaire a été classée, tu perds ton temps. Range ce dossier, et vas retrouver ta femme. »
Un souffle amusé passe ses lèvres, d’un cynisme évident. Face à d’autres, il aurait déjà joué de ses sarcasmes à toute épreuve. Avec Vargas, Alec tient sa langue. Ainsi le voilà à suivre son chef des yeux avant de refermer le tiroir d’un coup de coude. L’instant suivant, il l’a rejoint près de son bureau. Sans avoir rien commenté. Ni rangé le dossier.
« Rivers. La perquisition n’a rien donné, c’est ainsi. » Laissant sa hanche reposer contre son propre bureau, Alec l’observe retomber lourdement sur son siège. « Alors à moins qu’il n’y ait un mort, tout peut attendre demain. Rentre te reposer. »
A cette simple idée, son cœur accélère de nouveau. Mais comme toujours, le visage du garçon reste de marbre. A défaut de laisser transparaître ses angoisses, c’est un sourire en coin qui étire ses lèvres lorsqu’il ramène le regard vers les papiers qu’il tient en liasse.
- Tu sais ce qui est amusant ? Hormis le fait qu’on soit deux, me semble-t-il, au bureau au lieu de dormir, commente-il en silence. C’est qu’il y avait trois feuillets. Douze pages au total il y a trois jours… Il redresse le regard pour le poser dans celui de son boss. … Et il y en a toujours douze. Malgré le compte rendu de la perquiz’ ajoutée depuis. Autrement dit : certaines informations ont disparu du rapport.
- La perquisition n’a rien donné parce qu’elle ne devait rien donner. ‘Me prend pas pour un con Vargas. L’accusation est factuelle dans les mots mais le ton, lui, reste d’une neutralité lasse lorsqu’Alec ramène le regard sur le dossier qu’il épluche. S’il lui a été interdit de le consulter, c’est pour ça bien sûr. D’ailleurs la comparaison, l’héritier Rivers n’aurait pu la faire s’il n’avait pas la sale tendance à passer nombre de son temps libre ici.
Et non auprès de sa femme. Sans compter les autres.
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Lun 30 Sep 2024 - 19:00
J’espérais vraiment qu’il abdiquerait, retournerait aux archives ranger son putain de dossier et me foutrait la paix. Mais non. Il est là, devant moi, avec ce foutu dossier entre les mains, et un sourire en coin m’indiquant que j’suis pas prêt de me débarrasser de lui. Je crois que j’ai fait une erreur à le laisser moisir sur la paperasse, parce qu’il retient le nombre de feuilles dans chaque dossier maintenant. Il me défie du regard, et me pose le tas de feuilles sur un classeur ouvert. Un vrai gosse. Tu lui dis de lâcher l’affaire, et il s’y agrippe comme un joueur de quidditch à son balai.

« Attends, t’es en train de me dire… Que l’on aurait volontairement retiré des informations de ce dossier? » J’attrape les documents, fait mine de les parcourir du regard, l’air faussement scandalisé. « C’est une accusation gravissime. Si tu disais vrai ça voudrait dire… Mais oui, il manque une page entière du rapport de la perquisition que j’ai moi même rédigé! Heureusement que tu étais là, on va rouvrir le dossier immédiatement et… » Je lâche les documents et change totalement d’expression pour devenir le vieux flic blasé qui a autre chose à foutre à deux heures du mat’ que de rappeler à un bleu où est sa place. « Gamin, je sais pertinemment qu’il manque quelque chose. La question que tu dois te poser, c’est pourquoi ça n’est pas là. » J’attrape ma tasse à café, repousse la chaise face à moi et l’invite à s’asseoir. « Et je ne te prends pas pour un con, je te prends pour un gosse de riche. » Ce qui revient peut être au même, finalement.

Je repousse le dossier vers lui, et remarque à sa mine d’adulescent à qui l’on a refusé le droit d’aller à une fête que non, il n’est toujours pas prêt de me lâcher avec ce foutu dossier. Au mieux, dans deux jours, je reçois une beuglante de la directrice pour m’inciter à mieux museler mes sous-fifres. Au pire, le gamin a de vrais problèmes, et moi aussi. Personnellement, j’ai BESOIN de ce job, autant pour ma santé mentale que pour mes factures. Poudlard, c’est pas gratuit. Les concerts de Kpop non plus. Et même si je me demande trop souvent à mon goût pourquoi je continue à me battre vu que je dois étouffer toutes les affaires qui m’horripilent le plus, je me dis que pour toutes celles où aucun sang-pur n’est en cause, je suis utile.

« On est une équipe. Tout ce que vous faites peut retomber sur la gueule des autres, en particulier sur la mienne. Et t’attarder sur des dossiers que l’on m’a prié de classer et d’oublier, ça peut nous attirer de sacrés emmerdes. » J’imagine que je fais appel en vain à sa raison, et que quoi que je dise, il va continuer à fouiller. Il a de toute évidence lu les rapports, et en fait une affaire personnelle. Tu l’as dit toi-même: la perquisition ne devait rien donner. Alors au lieu de t’imaginer que je suis aveugle, sénile, ou pire, que je suis l’un de ces pendejos qui étouffe des affaires contre des pots-de-vin, range ce dossier et oublie-le. » Le gamin ramasse le dossier, mais à la dernière seconde, je l’attrape. « … A moins que tu aies une idée qui pourrait éloigner ce pauvre gamin de son père. Parce que rouvrir le dossier est utopique. Mais ton nom peut faire des miracles, alors, impressionne moi. »
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Gabriel Vargas
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Gabriel Vargas
Mer 2 Oct 2024 - 14:15
« Attends, t’es en train de me dire… Que l’on aurait volontairement retiré des informations de ce dossier? »   Devant l’exclamation de Vargas, Alec lève les yeux au ciel en soufflant très ostensiblement. Jusqu’où le prendra-t-il pour un abruti incapable de faire quoi que ce soit ? Sa réputation le précède, c’est certain. Le type qui a battu à mort le fiancé de celle dont il a volé la main à coup de menaces dont personne n’a vraiment compris la teneur. Celui dont on dit qu’il est violent avec les femmes, force pour obtenir certaines faveurs. Qui ne tient ni ses nerfs ni face à une bouteille d’alcool. Bien sûr qu’il le fout à la documentation, lui même en aurait fait autant avec un tel profil. Et bien sûr qu’il qu’il se paye sa gueule. « C’est une accusation gravissime. Si tu disais vrai ça voudrait dire… Mais oui, il manque une page entière du rapport de la perquisition que j’ai moi même rédigé! Heureusement que tu étais là, on va rouvrir le dossier immédiatement et… »   Regard en biais, loin d’être dupe Alec le fixe en attendant qu’il ait fini son petit numéro et reprenne son attitude de vieux briscard fatigué par le métier. Chose qui ne manque pas d’arriver. « Gamin, je sais pertinemment qu’il manque quelque chose. La question que tu dois te poser, c’est pourquoi ça n’est pas là. »   L’autre attrape sa tasse, une chaise et lui fait signe de s’asseoir… sous le sourcil levé d’Alec, qui lui signale sans le dire que c’était bien là sa question sous-jacente. « Et je ne te prends pas pour un con, je te prends pour un gosse de riche. » Là où il aurait pu s’agacer très frontalement de l’échange, Alec lâche pourtant un rire clair tant la réflexion le prend par surprise.
L’honnêteté serait-elle plus aisée aux faveurs de la nuit, comme elle l’est dans des draps tout juste froissés ?
- Oui, donc tu me prends pour un con. Conclue-t-il dans un sourire amusé sans la moindre forme d’irritation. Ce que “gosse de riche” lui évoque lui tord pourtant les tripes mais après vingt-quatre ans de silence, il s’agit là d’une seconde nature pour l’héritier.
Il ne s’assoit pas pourtant et se contente de poser son talon sur l’assise de la chaise tout en portant sa propre tasse de café froid à ses lèvres.

« On est une équipe. Tout ce que vous faites peut retomber sur la gueule des autres, en particulier sur la mienne. L’amer liquide coule dans sa gorge lorsqu’il redresse un regard sur ces mots-ci, loin d’en être perturbé. Et t’attarder sur des dossiers que l’on m’a prié de classer et d’oublier, ça peut nous attirer de sacrés emmerdes. »   Lorsqu’il rabaisse sa tasse, les yeux de glace du Rivers n’ont pas lâché son chef. Un bleu acier que tous ceux de son sang portent comme une marque de famille. Les mêmes, donc, que ceux de son père. Et c’est bien de son père dont on parle, devine-t-il sans mal. Son père, qui l’a prié de classer le dossier concernant très justement un ancien ami de la famille. Ou plus exactement de son frère. Celui-là même qui a mis ses deux enfants à terre plusieurs fois pour leur inculquer “la vie”. Et les compétences de sorciers plus âgés, puisqu’un Rivers “ne faillit pas”. Tu l’as dit toi-même: la perquisition ne devait rien donner. Alors au lieu de t’imaginer que je suis aveugle, sénile, ou pire, que je suis l’un de ces pendejos qui étouffe des affaires contre des pots-de-vin, range ce dossier et oublie-le. »   Calmement, Alec repose la tasse pour se saisir du dossier sans la moindre volonté de le ranger et de clôturer cette conversation que Vargas consent à rendre bien plus honnête que la majorité de leurs échanges. Chose qui lui plaît. Ses réflexions lui restent bloquées dans la gorge alors que la paume de Vargas vole jusqu’à son poignet et l’arrête. « … A moins que tu aies une idée qui pourrait éloigner ce pauvre gamin de son père. Parce que rouvrir le dossier est utopique. Mais ton nom peut faire des miracles, alors, impressionne moi. »

Et dans un petit sourire, ses yeux s’écarquillent pour laisser passer une expression de surprise.

- C’est qu’on pourrait finir par parler la même langue toi et moi… Fait-il, non sans son éternel sourire en soin. Mais cette fois, il remonte jusqu’à la glace de son regard pour la faire fondre quelque peu. Sans commenter les insinuations sur les pressions exercées sur Gabriel, Alec rouvre le dossier et, ignorant les images mobiles sur lesquelles le gamin hospitalisé à Saint-Mangouste détourne le regard, il désigne la chambre de ce dernier. Remplie de statues, de glaise, de briques et de brocs. Même d’une eau ensorcelée, seule sculpture n’ayant pas été brisée par une altercation qui ne fait aucun doute. Mais n’a pas été notifiée dans le compte rendu, évidemment. Le gosse aime bosser la terre et autre. Vu la gueule de sa chambre, j’sais pas s’il est bon en plus d’avoir la fibre artistique, mais je partirai là-dessus. ‘Ya une filière d’art à Castelobruxo et s’il y a bien un truc avec les gosses de riches c’est qu’ils sont faciles à brosser dans le sens du poil et ont tout intérêt à être parmi les meilleurs. Surtout vu les exigences des MacNìll que j’connais un peu. Alec ramène son regard vers Vargas en abaissant ce dossier si mal renseigné. C’est d’la putain de politique tout ça. Et il se souvient du dernier dossier et des mises en gardes de Kolyovski, avocat vers qui Vargas l’a envoyé pour ne pas l’avoir dans ses pattes lors d’une arrestation. Alors moi j’opterai pour ça : J’ui ouvre les portes de Castelobruxo en brandissant le multipass “Rivers”… A tout hasard, Alec glisse une référence moldue au passage. En tant que bon fils de grande famille, il est censé être hermétique à l’autre monde. Mais pour Vargas, qu’en est-il ? Il poursuit. … Vu la gueule des relations à l’internationale et leurs silences assourdissant quant à la situation mondiale ; ils veulent pas faire de vague. Donc faire entrer le gosse sera facile. Le fils du directeur de la Justice Magique, et le neveu du putain de Ministre de l’Économie : t’acquiesce et tu fais. Avec un peu de bol, ils voudront la jouer discret et ne surtout pas en parler. Ça amènerait deux trucs : ils offrent une place de choix au môme et les MacNìll, trop contents d’avoir chié le futur Phineas Barrett.. - Équivalent sorcier de Michel Ange - … le laissent faire sa vie au fin fond du Brésil. Et pas moyen de remonter jusqu’à… D’un geste, Alec désigne le bureau de la Brigade, et achève toi. Ça lui donne quelques années pour respirer et à nous de quoi choper autre chose pour le faire tomber. Ils doivent avoir assez de squelettes dans le placard pour en faire un cimetière. Trouver des infos, les relier à un autre pourri, et les forcer à s’annihiler l’un l’autre, voilà ce à quoi Alec pense. Mais ignorant les convictions profondes de Vargas, il se refuse à aller jusque là et se contente du dossier.

- Voilà c’que je ferais. Des mois après les avoir rejoints, est-ce là une volonté de lui donner sa chance ou de lui tendre un piège ? Pour peu que Vargas bosse pour son père, c’est lui-même qu’Alec enterre et il le sait parfaitement.
Mais c’est auprès des Rivers qu’il a grandit. Le sale môme insolent et amoral a malgré tout retenu quelques leçons. Et si les siens brillent en politique, lui aussi pourrait jouer ce jeu.
Dans le camp adverse.
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Alec Kaleb Rivers
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