[EVENT PRIDE 2017] - Côté Face - Sujet commun

« T’es vraiment certaine que tu veux entrer là-dedans ?» demanda-t-il à une Amelia qui semblait ravie de se trouver ici. Sa meilleure amie, accrochée à son bras acquiesça, lui promettant qu’ils allaient bien s’amuser. Elle avait entendu dire que la fête ici, serait particulièrement bonne. Pour lui faire plaisir, plus que pour une quelconque conviction, il l’avait accompagnée, espérant qu’ils ne feraient pas trop cruches parmi tous ces Moldus. « Pour boire et danser on passera inaperçus », qu’elle avait dit, Amelia. Et en soit, elle avait raison…. Sauf que vu la beauté de la jeune femme, il n’était pas bien certain qu’ils « passeraient inaperçus ». Il la trouvait éblouissante ce soir, elle avait dégotté des habits Moldus qui lui allaient à merveilles.

Et ils étaient entrés. Et ils avaient commencé à boire, intrigués par plusieurs cocktails qu’ils finissaient par se partager. Ils observaient, curieux ce monde qu’ils ne connaissaient que trop peu. L’un comme l’autre n’avaient pas l’habitude de ce genre de fêtes, étant plus trainés d’habitude dans les « fêtes » sang-purs ; plus extrémistes, pompeuses, où les fausses apparences étaient maitresses. Ici, ils découvraient des relations qui se formaient plus naturellement, des gens tellement différents qui se parlaient. Ils en étaient presque subjugués. Une fois que l’alcool avait un peu inhibé certaines parties de leur éducation, ils étaient partis danser sur la piste de danse au milieu des Moldus. Collés  serrés l’un contre l‘autre, ils essayaient de copier un peu les pas de danse qui semblaient à la mode. Même s’ils étaient maladroits, ils ne s’en sortaient au final peut-être pas si mal que ça !

Il était loin de se douter ce qui allait bientôt se passer...

Sa main tenait celle de sa meilleure amie/de sa sœur de cœur, pendant qu'il passait au travers de la foule. Les lumières le frappaient en même temps que les couleurs qui étaient parsemées partout. Il était bien dans cette foule, pourtant, de base, les foules, c'était son truc, mais ici, c'était différent. Être ici, c'était tellement important pour lui que la foule, ce n'était qu'un détail. Il se tournait vers cette sœur qu'il avait gagnée alors qu'il perdait sa propre famille parce qu'il avait avoué que ses camarades de classe n'avaient pas totalement tort lorsqu'il l'insultait. Oui, il était une tapette, même s'il n'aimait pas ce mot. Oui, il était attiré par les hommes et non les femmes. La déclaration n'avait pas plus à son père, il avait fini dehors. Ça aurait pu être le début de la fin, mais il avait été chanceux, il avait pu compter sur Cynthia et les siens. Lorsqu'elle l'avait vu le lendemain, elle n'avait pas cherché à comprendre, elle l'avait embarqué par la main et ramener chez elle. Ils n'avaient pas grand-chose chez les Gardner, mais ils n'avaient pas hésité à l'accueillir avec les moyens qu'il avait. C'était grâce à eux qu'il avait pu se relever et s'accepter. Avoir fini chez eux, avait été finalement ce qui lui était arrivé de mieux. Alors que Cynthia se trouve près de lui a cet instant, c'était ce qu'il y avait plus de logique. Ils étaient là pour profiter, ils étaient là pour affirmer ce qu'ils étaient, ils étaient là, parce que comme le disaient les Gardner : qu'est-ce que ça peut bien nous foutre, qui aime qui, le temps que chacun se trouve. « Je suis déçu » « Pourquoi ? » S’étonnait Cynthia, parce que de son côté, elle s'amusait comme une folle et elle avait l'impression que c'était de même pour lui. « Ce mec là-bas, il est aussi hétéro qu'il est canon. » Un rire s'échappait de la gorge de son amie. « Ce n'est pas comme si c'était le seul canon ici. » « Carrément, toi-même, tu l'es tout autant. » Rajoutait un type près d'eux, visiblement intéressé par le charme de Nasir. « Et toi, tu illustres parfaitement mes propos. » « Tu es un amour, tu penses qu'il pense de même ?» « J'en suis même sûr. » Nasir eut un sourire au clin d’œil que lui adressait Cynthia. La soirée s’annonçait inoubliable.

C’était le moment parfait. La foule, les bruits, les lumières, le trop plein. J’ai dans l’alcool plus de veines que j’en ai pas bu depuis quatre mois. Nan, on la refait. J’ai dans les veines plus d’alcool que j’en ai bu depuis quatre mois. Toujours aimé ces moments où tout semble possible. Là, en plein cœur d’une ville dont je sais tant de dirigeant prônant l’intolérance. Envers tant de gens. Gueuler la fierté. S’aimer. Vivre et rire. Ouais. C’est le moment parfait. Celui où on est soi même à 10 000 pourcent. C’est celui où je m’oublie pourtant. Juste envie d’une bonne soirée. Juste envie de ne penser à rien d’autre que les néons, les pulsations des basses et l’émulsion générale. Envie d’être, simplement. Après des jours et des semaines où j’ai parfois salement manqué d’air.
D’être. Pas de penser.
Elle s’appelle Nyla. Elle est chypriote, en visite à Londres. Elle rentrera dans trois jours. Et ne me reverra plus jamais.
Elle s’appelle Nyla, sans doute la plus belle femme que j’ai jamais vue.
Elle s’appelle Nyla, et ses mains remontent sur mes hanches.
Elle s’appelle Nyla, et mes lèvres effleurent les siennes.

Elle s’appelle Nyla, et lorsque ses doigts s’enroulent autour des miens, ma gorge se serre si fort que j’en perds le souffle.

Ouais. Elle s’appelle Nyla et ne comprend pas pourquoi : brusquement je m’éloigne et rompt le contact sans un baiser. Sous les lumières et les néons, au creux de la musique si forte, bercée par la joie des autres, je fais quatre pas en arrière et bouscule les rires et les chants, les hanches et les sourires.

- Désolée. Elle n’entend sans doute pas.
Me voit juste me perdre dans la foule sans un regard en arrière. Direction le bar. Le verre que je commanderai avec un argent que j’ai pas. Et le manque d’une autre, que j’arrive pas à combler.