[ROUMANIE] we're move on - Rachel

Jeudi 4 mai 2017, dans la soirée.

Il avait laissé Adam à ses cousins pour la soirée prétextant une urgence en Angleterre, ce qui n’était pas tout à fait vrai… mais pas tout à fait faux non plus. On ne pouvait pas dire qu’il allait à Londres mais en réalité, plus en Roumanie. Sauf que ce n’était pas quelque chose qu’il pouvait expliquer réellement à ses proches, surtout pour les protéger mais aussi pour éviter trop de questions. Il était donc parti, profitant que son fils s’amuse avec les gosses de son âge. Ses quelques heures de « disparitions » passeraient bien mieux s’il s’amusait. Parfait. Il avait pris plusieurs porteloin, avait également transplané un bon nombre de fois pour brouiller un maximum de pistes. juste au cas où. même dans la réalité vu qu’il logeait pour l’instant en Russie les risques étaient quand même bien moins grands… mais ils restaient présents.

Son général l’avait contacté pour qu’il aille faire un topo sur ce qui se passait en Roumanie. Il devait passer inaperçu, être comme un fantôme. Aucune action. Aucune prise de risque. Ce n’était pas le moment. Le but était juste de se faire une idée d’où en était le conflit dans les grandes largeurs dans un premier temps. En clair, c’était juste faire un tour rapide pour qu’ils se fassent une idée vague, pour qu’ils puissent mieux suivre ce dossier probablement dans un futur plus ou moins proche. La Garde restait plus qu’affaiblie, fracturée, ce n’était même pas une vraie « mission » à proprement parler. il n’avait pas posé plus de questions, et il allait simplement agir et obéir aux directives. Il ne cherchait à comprendre le pourquoi du comment, il y avait certainement une raison. Peut-être que cela signifiait un retour des missions prochaines, ou alors la Garde avait reçu de nouveau des demandes d’aide, peut-être aussi que des informateurs avaient entendu des choses. En somme, le choix était assez vaste.  Beaucoup de peut-être. Et lui, tout ce qui l’intéressait c’était surtout d’aller sur le terrain, de pouvoir y retourner.  Il se réjouissait donc que les choses allaient peut-être de nouveau revenir un peu plus « normales » si on pouvait dire ça comme ça.

Arrivé sur le terrain, il vadrouilla un peu notant mentalement tout ce qu’il voyait. Le conflit semblait toujours présent, des corps, des traces de batailles en témoignaient, mais à ce moment-là tout semblait étrangement calme. Il fronça les sourcils légèrement, restant néanmoins toujours dans l’ombre pour ne pas risquer de se faire repérer. Plus compliqué pour tout analyser mais bientôt il comprit, le lieu principal des conflits, les troupes avaient bougé. Il allait essayer de trouver le nouveau lieu, il n’y avait aucun bruit de baston aux alentours, ce n’était donc pas juste à côté, lorsqu’il remarqua une silhouette connue à plusieurs dizaines de mètres de lui. A pas de loup, il alla la rejoindre « Nora ? Qu’est-ce que tu fais ici ? » il lui semblait avoir entendu qu’elle avait des racines dans le coin, alors… c’était peut-être pour ça qu’elle était ici. Tout n’avait pas forcément un rapport avec la Garde, même si la coïncidence pouvait être étrange. Ce qu’il nota également. Ils ne savaient toujours rien sur qui avait fait ça, s’il y avait des traitres ou pas, et la femme qui se trouvait face à lui n’était pas forcément quelqu’un qu’il connaissait bien, il n’était pas certain de pouvoir lui faire totalement confiance. Prudence donc. Et surtout rester aux aguets, prêt à se défendre s’il y avait besoin.

Est-ce qu’il trouvait cette présence étrange ? Oui. Il était surpris qu’ils soient deux ici, au même moment. Mais il faut bien avouer qu’il se doutait que c’était toujours le désordre dans les plus hautes sphères, alors ce n’était pas si étonnant que ça ; et puis comme pour lui ça ne devait pas être considéré comme une vraie mission, mais plus une aide pour se remettre au jus de ce qui se passait dans ce pays où ils s’étaient si investis ces derniers mois – avant le massacre. Il espérait que les choses allaient bientôt pouvoir évoluer, revenir un peu plus à la norme. Il se sentait presque démuni de ne pas pouvoir agir, sur aucun point. Il lui avait serré un peu – beaucoup- la mâchoire lorsqu’elle prononça le nom du groupe… mais en même temps il n’y avait personne autour d’eux, il essaya de calmer sa parano.

« Quelque chose comme ça, ouais.» répondit brièvement.

La présence de Nora aurait pu être toute autre vu qu’elle connaissait la langue et sûrement bien le pays – beaucoup mieux que lui-. Lui était plus un homme de terrain mais effectivement, il lui manquait quelques notions… qui sur ce coup-là auraient été inutiles vu qu’il devait passer inaperçu.  Tout comme lui, il la vit vérifier qu’il n’y avait rien dans les environs avant qu’elle ne reprenne la parole. De nouveau un haussement d’épaules. Il essayait d’enlever de sa tête les images de ces morts, de tout ce sang qui avait coulé, mais rien n’y faisait, cela restait gravé dans sa mémoire comme au fer chaud ; sa seule consolation était d’avoir évité à Jordane qu’elle en voit trop. Il la regarda un instant, toujours silencieux, absolument pas certain de pouvoir lui faire confiance mais il ne devait pas non plus le montrer. Il n’était pas connu pour être chaleureux ou bavard, au contraire on le voyait plus comme un gros ours assez mal léché la plupart du temps et cela lui convenait parfaitement. C’est ce qu’il était quelque part. Il n’aimait pas parler de lui, surtout pas aux personnes qu’il ne connaissait pas vraiment et surtout pas avec la paranoïa ambiante. Néanmoins, peut-être qu’en lui parlant, il pourrait se faire un peu plus une idée sur cette femme.

«Comme ça peut aller dans de telles circonstances. » Autrement dit pas super, mais ça peut aller, il n’avait pas vraiment envie d’aller dans les détails et en vérité, c’était sûrement le même genre de phrase qu’il aurait pu sortir à beaucoup de monde, même à des gens dont il était plus proche. « La même chose.» Concernant avoir été en contact avec quelqu’un, ce qui n’était pas tout à fait vrai, mais il préférait dire cela. Ainsi, il ne se mettait que lui-même en péril. Personne n’avait besoin de savoir que Jordane était en vie. « Et toi, comment est-ce que tu vas ?? » il s’était de nouveau tu quelques instants. On ne pouvait pas dire qu’il était content de la voir, mais il était disons plus dans un moove positif en voyant qu’elle aussi était en vie – sauf si elle était la traitre-. Il avait manqué de lui dire qu’ils en sauraient peut-être plus bientôt… mais au cas où, il préféra s’abstenir et se contenta d’un banal   « C’est le mieux à faire de suivre les recommandations fournies… » Il soupira brièvement   « Tu as entendu des choses ?» Si elle avait été en contact qu’avec un Général, sûrement que non, mais sait-on jamais…  Le tout était de parler plus en code qu’autre chose. Par mesure de sécurité, il ne voulait pas lui signifier, mais elle devait se douter que c’était de mise.

Il avait du mal à savoir quoi penser d’elle au premier abord. Il était certainement beaucoup trop méfiant et cela devait jouer, mais ce n’était pas bien grave. Il avait juste opiné lorsqu’elle avait raconté en quelques mots sa vie passée. Il la comprenait réellement sur cela, être vraiment quelqu’un qui avait l’habitude du terrain, qui avait déjà tué de part son métier creusait parfois des fossés énormes dans certaines missions… et aussi pour encaisser ce genre de chocs.

« Je comprends.» glissa-t-il simplement.

Quelque part il enviait que sa vie personnelle à elle n’ait pas été impactée, mais on ne pouvait pas revenir sur le passé. Ce qui était fait… était fait. Il devait juste aller de l’avant et c’est ce qu’il faisait généralement, malgré tout certaines images lui restaient beaucoup trop implantées dans les rétines à son goût… c’était un mal pour un bien au final, même si c’était compliqué, il préférait vraiment que ce soit lui qui ait vu tout cela que quelqu’un qu’il appréciait et qui aurai pu s’effondrer par la suite ou péter une durite.

A ses nouvelles questions, il haussa de nouveau les épaules.

« Pas vraiment non.»

Déjà qu’il parlait peu d’habitudes – à quelques exceptions près-, ici, c’était encore pire. Il ne lui faisait pas confiance, il ne l’avait pas assez côtoyée pour arriver à être moins dur. Il n’avait rien à dire là-dessus et ne voulait pas risquer de donner des informations à un potentiel adversaire, ou même à quelqu’un de la Garde mais qui en savait moins pour certaines raisons. Il était à peu près certain que tout le monde n’avait pas forcément accès aux mêmes informations, alors, il préférait faire attention surtout après ce qui s’était passé. Et si Nora le prenait mal ou qu’elle le trouvait désagréable, comme un ours mal léché, il faut bien avouer qu’il n’en avait strictement rien à faire.

— On devrait se mettre à l’abri, le temps de décider de la tactique à adopter.

Il la suivit, un peu étonné par sa proposition de « la tactique à adopter ». Il avait même haussé un sourcil un peu perplexe en se demandant comment est-ce qu’elle en était arrivée à « la tactique à adopter » comme s’ils allaient bosser ensemble. Vraiment, cela le rendait totalement perplexe et il se retenait de lancer une pique. Ce n’était pas vraiment le moment, ils étaient censés se serrer les coudes, alors il allait devoir essayer de faire preuve d’un minimum de diplomatie. Autrement dit, quelque chose qui n’était pas simple pour lui, surtout lorsqu’il n’avait pas d’atome crochue avec la personne et qu’il ne lui faisait pas confiance. Il inspira un bon coup mais n’eut pas le temps de répondre et de trouver les bons que déjà, Nora avait repris la parole avec une nouvelle question.

« Tu sais très bien que ce sont des informations confidentielles, surtout en de telles circonstances.» finit-il par dire assez rapidement.  C’était toujours mieux que « je ne vois pas en quoi ça te regarde ».  Hey, comme quoi, il pouvait faire preuve d’un minimum de diplomatie… Ok, c’était vraiment le minimum syndical, mais ce n’était déjà pas trop mal pour lui. Il y eut un bref temps de silence avant qu’il ne reprenne « Mais je ne comprends pas bien ce que tu veux dire par « la tactique à adopter », j’ai reçu des ordres clairs auxquels j’obéirais. Et je préfère travailler seul. » Visiblement la diplomatie s’était en partie fait un peu la malle, mais ça aurait pu être bien pire. Un « désolé ou autre aurait pu être de mise, mais il ne voyait pas bien de quoi est-ce qu’il devait s’excuser, alors ce petit mot, elle n’allait pas l’entendre tout de suite.