Lev Pelevine

Nationalité: Britanique/Russe Âge: 30ans Sang: Moldu Patronus: Aucun Epouvantard: Le suicide de sa mère Baguette: Aucune Don: Etre chiant ? Métier: informaticien Groupe: Pas d'appartenance concrète à ce jour Votre rôle au sein du groupe: Informateur occasionnel, non déclaré

Son père disait : "Quand on est riche, et qu'on entre dans une pièce, c'est comme être une femme avec une paire de seins parfait. Ou des jambes sublimes. Tu sais exactement ce que les gens regardent et tu sais exactement ce que les gens veulent". Il est probable que ça, plus qu'autre chose, l'ait rendu discret et renfermé. En tout temps, le regard que les autres portaient sur sa richesse, sa pauvreté, ses parents ou simplement lui-même, ont modelé son caractère déjà complexe, parfois éreintant, déstabilisant et catégorique, doté de ce charme vénéneux propre à ceux qui se suffisaient à eux-mêmes. Comme l'on dit parfois de certains tableaux, qu'ils nous donnent la sensation de "nous regarder" plutôt que le contraire, on serait tenté de dire que Lev fait partie de ces gens capables de "nous lire" et de perturber en profondeur la conception même de notre compréhension. Souvent, il n'hésite pas à larguer ses rares interlocuteurs au bord de la route, au risque de les perdre définitivement, excédés par une sorte d'arrogance langagière, faite de jeux de mots, d'anagrammes, de glissements improbables de sens, de citations intertextuelles trop implicites, d'usage immodéré d'expressions en langues étrangères, de taxonomies diverses, noms imprononçables du jargon programmatique ou considérations nébuleuses sur le phénomène de la conscience. Difficile à dire s'il le fait exprès, ou pas. On ne sait pas quand on s'engage dans un marathon avec lui, car Lev devient transgressif parfois simplement pour le goût de la bravade : va-t-on le suivre et le supporter ? D'autant qu'à constater sa mère folle, il croit souvent lui-même frôler la démence et sent le besoin de se rassurer contre l'élastique surface de la réalité, qui ne cesse de le faire douter de son propre jugement. Mais en même temps, il s'est suffisamment lové contre l'existence pour parvenir à la déformer à sa guise : plutôt bon manipulateur, il sait faire rentrer le bâton carré de ses désirs dans le trou rond des certitudes. Néanmoins, si la génétique a été plus clémente que ne l'étaient ses craintes, et après avoir soutenu plusieurs assauts de folie, il fallait reconnaître que dans ses veines coulait plutôt le sang paternel, cet élixir démonien.

Quel est votre avis sur la situation actuelle ? Se trouvant émotionnellement peu investi dans cet univers, Lev est parfois davantage motivé par le plaisir orgueilleux et intellectuel que lui procure son travail, plutôt que par les dilemmes moraux intrinsèques à la situation qui se présente à lui. Peut-être parce qu'il a longtemps été baigné par une forme de tragédie, il s'est contenté de réduire son monde au pragmatisme sans relief du binaire. Même s'il en a subi les conséquences, sa compréhension du monde magique est statistique, abstraite et tend à se dissoudre dans celui des moldus. L'injustice de son pays d'origine et du sort de son propre père l'ont prémuni contre la naïveté d'un idéal : des choses, Lev en a soit une perception microscopique ou macroscopique. Il se lie facilement aux destins uniques, personnels de chaque individu et des enjeux qui régissent leur vie, avant de prendre soudain une hauteur vertigineuse qui lui fait considérer un tableau dans son ensemble, trop éloigné pour en voir les coups de pinceau, et om est pour le moment incapable de réconcilier les deux. A l'échelle de sa vie, les sorciers sont une métrique ; à l'échelle de l'histoire, les Supérieurs et les Gardiens ne sont qu'un aléa ; à l'échelle de ses instincts, il défendra sa vie et s'il prend parti, ce n'est que par convenance.    

Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre ce clan ? S'il n'appartient à aucun clan pour le moment, peut-être cela adviendra-t-il un jour...

Récap de votre histoire :  
Février 1987 – naissance de Lev Pelevine, de Mikhaïl et Marina Pelevine.  
Août 1992 – premier internement de Marina.  
1999 – Considéré comme déficient, Lev est scolarisé à domicile.  
2001 - Mikhaïl Pelevine est arrêté par les autorités russes. Il est condamné plusieurs mois plus tard à 9 ans de réclusion. Sa femme et son fils prennent la fuite vers Londres où ils mènent une vie de relative misère.  
2005 – Désabusé, Lev quitte l'école et fait de petits boulots dans la programmation.  
2010 – Lev investit de l'argent dans la cryptomonnaie et publie quelques articles sur le sujet. Son père est condamné pour une deuxième peine de 18 ans de réclusion.  
2014 – Le site anonyme 4chan connait une vague de médias représentant des sorciers. Lev entame ses recherches sur le sujet. A la fin de l'année, il subit son premier Oubliettes.  
2015 – Lev rejoint une communauté anonyme sur Internet et commence à tester des stratégies pour distinguer les activités sorcières de celle des moldus, ce qui lui vaudra plusieurs missions, mais aussi plusieurs Oubliettes.  
2016 – Diversification des projets ; Lev se place entre les deux mondes.  

      Votre histoire complète :  
"... Ca tente de résoudre le problème des généraux byzantins : ils campent de chaque côté d'une ville et comptent l'attaquer. La question est de savoir comment ces généraux doivent se coordonner entre eux pour le faire ? Ils pourraient envoyer des messagers, mais on n'a pas la garantie qu'ils ne vont pas se faire capturer en route ou se faire acheter par l'ennemi, ni même que l'un des généraux n'est pas un traitre tout simplement : on ne peut pas faire confiance à l'information. Mais il y a une grosse incompréhension sur ce problème. Beaucoup de gens pensent que la question de sécurisation du message n'a jamais été résolue. Or, elle l'a été par Leslie Lamport. Ce qui n'a pas été résolu en revanche, c'est que toutes ces solutions supposaient qu'on soit d'accord sur la liste de généraux et sur leur identité, qui ne peut pas être anonyme. Dans un système comme la cryptomonnaie, qui repose sur le stockage d'information sans autorité centrale, la question d'une identité fiable est critique."
Contrairement à l'adage proverbial, la lumière ne fut pas. Pire, elle paraissait disparaître. Dans son regard plein d'eau, Lev pouvait voir le vide interstellaire. Un de ces regard stupide qui semblait venir tout droit d'un univers où la raison et la logique appartenaient au royaume du mythe. Une extinction qui arrivait souvent lorsqu'il essayait d'expliquer sa vocation. En particulier, il avait remarqué qu'une lueur d'incompréhension singulière survenait dans l'expression des sorciers. Peu convaincu par ses explications, soudain, son interrogateur sortit sa baguette et la pointa sur la tempe de Lev et bientôt, la réalité se brouilla dans le siphon des souvenirs...
L'identité.  
Curieux choix de prédilection pour quelqu'un qui n'avait jamais compris quelle était la sienne. Lev était l'héritier de l'une des plus illustres et opulentes familles russes, fils de Mikhaïl Pelevine, mémorable personnalité de Moscou jusqu'à Magadan, homme d'affaires et ancien PDG d'une compagnie pétrolière. Ancien, car si Lev était né dans la prospérité, cette existence prit brusquement fin lorsque son père fut brutalement incarcéré pour malversation financières et escroquerie. Si certains médias avaient évoqué une condamnation justifiée, d'autres avancèrent la thèse de l'oppression politique. Sa femme, Marina, s'exila avec son fils au Royaume-Uni, et même là, l'ombre du Kremlin fut assez longue pour geler leurs avoirs. Aujourd'hui, Mikhaïl continuait de purger une peine qui, comme le savaient bien les Russes, était tel le foulard d'un magicien : à la longueur indéfinie.  
Pouvait-on être orphelin en ayant des parents ? Son père, absent de son quotidien, l'avait pourtant toujours fixé à travers l'impression de papier glacé, parfois gaufré, d'un journal économique. Lev se revoyait quémander des magazines pour voir cet homme au relief solennel, emphatique, à la respiration lente comme pour mieux soutenir son rôle. Jadis brunes, de généreuses boucles cendrées, rabattues vers l'arrière en dégradé de poivre et sel de vagues houleuses, entouraient sa tête, joliment désordonnée. Beau, félin, cruel, souple, la poitrine bombée et le cou épais, son corps était d'un blanc laiteux naturel ; blanc de marbre.  
Sa mère n'eut pas encore vingt ans lorsque son tempérament naturellement exalté avait montré les premiers symptômes d'une altération morbide. Disons simplement que fut-elle née deux ou trois siècles plus tôt, Marina eût tout naturellement trouvé place dans la cohorte combustible des sorcières. Le mal l'avait envahi de façon progressive, avec des intervalles de paix extatique, des pointillées de bon sens précaire, des rêves soudains d'éternité certaine, hélas plus rares et plus brefs. Lev supputa qu'en l'espace de trente années, compte tenu de chaque instant présumé de maternelle présence, des visites lugubres qu'il avait faites, petit garçon, dans divers hôpitaux ou cliniques, le temps qu'il avait passé auprès d'elle ne devait guère dépasser le terme d'une gestation humaine. L'incarcération de son époux acheva de l'enfoncer dans l'abîme de la désagrégation mentale. Généralement, il l’appelait mama, accentuant en anglais la dernière syllabe, en russe la première. Toutes les familles heureuses étaient plus ou moins différentes, toutes les familles malheureuses se ressemblaient plus ou moins.  
Pouvait-on n'être qu'une moitié de culture ? A quatorze ans, il avait quitté la Russie trop tôt pour être véritablement russe, et était arrivé trop tard à Londres pour être vraiment anglais. Il ne comprenait ni l'une, ni l'autre nationalité jusqu'au bout, et ne s'y identifiait que par fragments inconsistants.  
Pouvait-on être beau et laid ? Femme et homme ? Son visage était partagé entre ceux qui lui accordaient un certain charme, et ceux qui lui trouvaient une ressemblance avec une grenouille. Dans tous les cas, il ne rentrait pas dans les proportions, car il l'avait particulièrement large. Un idéal masculin selon la science, avec un diamètre bigoniaque presque égal au bizygomatique. Néanmoins et en accord avec le guide de Mommarts de 2016, parce que l'alignement de ses yeux ne concordait pas avec une ligne parallèle tracée selon l'angle de sa mâchoire, ses traits laissaient le sentiment que quelque chose n'allait pas, ne serait-ce qu'un peu. Expression polarisante, soulignée par une figure majoritairement féminine, et pourtant décharnée par des pommettes particulièrement hautes et des joues creusées par une large distance entre le gonion et l'os zygomatique. Mais le charme, ou son anomalie, reposait sur ses yeux, ou particulièrement sa zone périoculaire, grande et profonde, soulignée par de longs cils de jais, retenant Lev aux opposés extrêmes du dimorphisme. Entre féminité du regard et virilité de la bouche, dilué dans la dichotomie de ses expressions. Ainsi que l'avait décrit le domaine de la psychologie cognitive, nous basions notre perception des gens sur la façon dont ils se présentent et leurs caractéristiques faciales. Un air hyper-masculin était corrélé comme étant le résultat d'un plus grand taux de testostérone, lui-même à l'origine d'un comportement attendu comme agressif. Des traits plus fins et féminins laissaient à supposer quant à eux une attitude emprunte de passivité et de néoténie. Là où un mélange ambigu des deux donnait les individus les plus difficiles à lire, indéchiffrables, et donc plus dangereux.  
Pouvait-on être stupide, tout en étant intelligent ? Son apparent manque d'intérêt pour les études et ses résultats scolaires plutôt médiocres le reléguèrent au fond de la classe, certains professeurs de son école élitiste peinant à supporter sa mauvaise volonté. Par dépit et esprit de vengeance, le directeur songea à lui imposer un test psychométrique avec l'idée de fournir une indication quantitative standardisée du degré de ses capacités mentales, avec l'espoir de parvenir à le soustraire à son autorité pour l'envoyer dans une classe, gentiment dite, d'intégration scolaire. Un retard mental l'aurait dédouané, lui et son école, de leur échec à intégrer Lev à leur cursus. Et Lev leur fut effectivement retiré pour être scolarisé à domicile, son test ayant démontré des capacités allant largement au-delà de la moyenne. Maladroit écolier, enfant précoce passionné par les ordinateurs, souvent impénétrable, son intelligence aigüe et bizarre fut récompensée par une solitude exacerbée, là où son nom de famille permettait de n'avoir à prétendre à aucune distinction particulière dans le monde académique.  
Très tôt, on lui avait offert un ordinateur, mais plutôt que de se passionner pour les jeux, Lev se fascina pour les modifications qu'il pouvait apporter à leur code pour les transformer à sa guise. La vivacité secrète, mutique de son esprit s'approfondissait tacitement ; il lisait voracement et avec peu d'exigence dans le choix de ses lectures, quoi qu'avec une toquade particulière. Par absence de compréhension et d'interactions sociales peut-être, mais son domaine s'était porté sur ce qui avait attrait à la psychiatrie ou au comportementalisme, aussi fut-il adepte tant de l'existentialisme russe que de la psychanalyse allemande. Mais sa plus grande source de savoir, encore aujourd'hui, demeura le vaste domaine de l'internet russophone. Des années de communisme et de restrictions vit ce moyen de contourner les règles exploser comme dans aucun autre pays, tentant de devenir concurrentiel au moyen d'un libéralisme agressif. L'accès gratuit aux informations, mais surtout le piratage substantiel et impuni de la production culturelle occidentale, devinrent son apport constant en renseignements. Si le pays avait rapidement plongé dans une énième dictature, Internet resta, malgré les efforts, d'une anarchie indomptable et particulièrement prolifique.  
Pouvait-on être pauvre tout en étant riche ? Insatisfait par les inconvénients d'un contrôle centralisé de son pays d'origine, puis de certains systèmes de production, Lev avait d'abord rejoint la communauté de la cryptomonnaie en écrivant pour de petits journaux digitaux, avant de s'intégrer à plusieurs groupes de travail, dont notamment celui visant à utiliser la technologie du bitcoin pour d'autres actifs, comme des contrats financiers, des enregistrements de noms de domaine ou de la sauvegarde de donnée sensible. Ce fut là qu'il se mit au travail sur le thème d'une identité sécurisée. Si la véritable fortune n'advint qu'en deux-mille-quatorze, sa façon de vivre ne changea pas beaucoup. Avec une ferveur quelque peu résignée, il s'occupa de sa mère ; il tenta de lui rendre une existence à laquelle elle était habituée, mais cela parut la ravager davantage encore. L'austérité de sa propre vie ne lui avait posé que des inconvénients d'ordre technique, et, obnubilé par son travail, Lev garda volontiers un rythme proche de la pauvreté. Aux yeux d'un physiologiste ordinaire, l'énergie au travail de cet adolescent eût pu paraître anormale. Il exploitait son temps avec une prodigalité qui confinait à la folie et qui eût certainement abrégé sa jeune existence si sa passion, qui lui était d'abord apparue comme la promesse d'un fleuve sans limites, inépuisable de splendeur et de liberté, n'eût laissé transparaître quelques allusions voilées à de possibles défaillances...  
Une attraction originale devint particulièrement populaire dans les recoins sombres d'internet ; des fichiers paraissant résister à toute retouche ou effet spécial. L'on supposa pendant un temps que c'était l'expérimentation d'une Intelligence Artificielle qui donnait ces résultats et l'enthousiasme retomba, jusqu'à ce qu'un discret algorithme ne révèle l'impossibilité. Lev chercha longuement l'origine de ces documents qui apparaissaient puis disparaissaient aussi rapidement qu'ils étaient venus dans les méandres sans archive de 4chan. Nulle information pour éclairer le public sur l'identité des "protagonistes" ou sur la nature exacte de leur "exhibition". Des rumeurs soigneusement et adroitement entretenues par la communauté intéressée donnait à entendre qu'il s'agissait de mystérieux visiteurs venus de l'espace, là où d'autres y distinguaient la preuve de l'existence du surnaturel. Plus Lev tentait d'en desceller le mensonge, plus ces pixels paraissaient livrer leur véracité dans leur forme la plus simpliste, illustrant des gens disparaissant dans les airs ou faisant naître des gerbes d'étincelle du bout de leurs baguettes. Qu'était-ce qu'un rêve ? Une suite composée par le hasard, une succession de scènes triviales ou tragiques, statiques ou viatiques, fantastiques ou familières, qui nous montraient des évènements plus ou moins vraisemblables rapiécés de détails grotesques. Croyant s'enfoncer dans les pas aliénés que sa mère avait laissé dans sa génétique, Lev mit tout son savoir en recoupement de données pour trouver au moins une origine, un seul point de départ à cette folie naissante qui sous-entendait le monde peuplé non seulement de mystères, mais de pure et simple magie.  
Pouvait-on se souvenir sans mémoire ? Depuis qu'il avait commencé son enquête sur les vidéos de sorciers, éparpillées dans les vastes méandres d’internet, le Temps avait pris une curieuse texture. Ses données ou ses intentions cessaient parfois de concorder avec ses souvenirs ; il devenait impossible pour lui de fixer le temps dans son esprit, ou au prix d’un effort, d’un tâtonnement, d’une irritante fatigue. Se souvenir lui paraissait être aussi dur que de fouiller d’une main la boîte à gants à la recherche d’un stylo, la nuit, sous une pluie battante, tout en essayant de tirer avantage d’un feu rouge dans le noir opaque, pendant que fonctionnait le métronome, le chronomètre des essuie-glaces : le doigt aveugle de l’espace crevant et déchirant la texture d’une mémoire vide. Une tourmente curieusement physique de l’esprit qui défaillait, les chatouillements de l’approximation, les évasions du cerveau épuisé. Il lui fallut beaucoup d’ingéniosité, mais surtout de rigueur, pour comprendre qu’il n’était pas en train de perdre ses intervalles de lucidité, et que quelqu’un altérait ponctuellement sa mémoire.  
Consciencieusement, Lev documenta les souvenirs manquants ou parfois grossièrement défigurés. En consignant une chronologie stricte de ses déplacements, de ses intentions et de ses suspicions, il ne parvenait pas exactement à retrouver les souvenirs perdus, mais devinait seulement ce qui manquait : il voyait quelqu’un ou quelque chose qu’il n’était pas sensé voir et sa mémoire en était abîmée. Après s’être senti aussi fou qu’un homme croyant percevoir une conversation dans les tuyauteries glougloutantes des canalisations, le pragmatisme lui fit entendre qu’il n’était non pas en train de s’éloigner de sa raison, mais de s’en approcher. Dans les tréfonds de son clavier, Lev jeta une bouteille à la mer en songeant la voir seulement dériver sans but, mais surprenamment, alors qu’il regardait le sombre univers sans bruit ni fond, ce dernier lui octroya un clin d’oeil. Les réponses affluèrent, protégées mais généreuses : l’Oubliettes.  
Il eut l'impression que ces "sorciers" anonymes, à la sincérité étrange, et qui craignaient toujours un peu l'autorité de leur Ministère respectif, livraient leurs secrets avec une avidité enthousiaste et naïve. Quoi que, même leur communauté n'était pas exempte de tensions, et Lev découvrit bientôt que ce qu'il s'imaginait être un groupe marginal et infinitésimal, dominait suffisamment l'horizon pour être capable de contrôler certains pans de la réalité. Il en rencontra quelques-uns, plus courageux que d'autres à partager leur monde et bientôt, Lev se fragmenta sur le fil de ce rasoir, gardant un équilibre précaire et dissimulant son identité derrière une rémunération en Bitcoin ou Ethereum, mais surtout derrière un pseudonyme : Archip3l. Bien plus que les "moldus", les "sorciers", quoi que rares, étaient avares dans cette technologie qu'ils ne connaissaient pas toujours, et pour qui elle recélait parfois plus de mystère que la magie elle-même. Les demandes se bornaient la plupart du temps à une simple recherche d'identité, qu'elle fut physique, bancaire ou financière. Plus rarement, on lui commanditait un sabotage, mais parce qu'il concernait des "sorciers" qui n'avaient qu'une connaissance limitée en informatique et ne voulaient pas se faire remarquer des moldus, ses méfaits passaient largement inaperçus, alors que leur existence en ce monde digitalisé, lorsque l'on savait quoi chercher, devenait par moment transparente. Les "sorciers" ne se comportaient pas comme des "moldus", et s'illuminaient dans ses nuages de données comme des étoiles en plein milieu d'un ciel nocturne. Même si la magie avait ses limites, Lev non plus, n'échappait pas aux vulnérabilités, comme aujourd'hui...  
"Vous ne convenez pas..." conclut le sorcier en éloignant sa baguette de la tempe du "moldu".  
Lev soupira, résigné et habitué au triturage de cervelle ; même si l'exercice ne lui avait jamais plu, il n'avait rien à cacher. Il se doutait déjà ce qui allait venir : il ne s'en souvenait jamais, mais il reconnaissait par instinct les prémices et les conséquences d'une mémoire saccagée, des blancs dans sa vie, remplis par un artiste plus ou moins doué.  
"Misère, serra-t-il les dents alors que la baguette pointait à présent son visage, et avant que l'onde gazeuse n'apparaisse, il s'entendit jurer à travers une rangée de dents serrées : sa grand-mère la cochonne...!"

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