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Enough, enough now ▬ Maxence

 :: Autour du monde :: Grande Bretagne :: — Irlande
Ven 24 Mai 2024 - 18:39

Lundi 27 Mars 2017
QG de la Garde

Le chaos se présente sous bien des visages, sous bien des formes. Ce matin-là lorsqu’elle a ouvert les yeux dans sa petite maison de banlieue de Holyhead Jane n’imaginait pas le voir se matérialiser ainsi.
La peur ou la rage dans des regards vides et des visages figés, l’odeur métallique du sang déjà coagulé sur le sol. Pas un bruit, pas de larme ni de cri, rien qu’un silence de mort et plus rien à espérer. L’horreur, là, sous son regard impuissant et celui de chaque personne franchissant ce voile semblable à la gueule béante d’un animal parti dans la douleur. Des traits connus, d’autres moins, un message plus ou moins clair et des questions en cascade. La Sorcière a beau avoir le cœur accroché jamais elle n’a eu devant les yeux un tel carnage, une telle violence, alors son cœur se soulève mais son souffle se coupe. Sous ses paupières l’humidité s’invite, ses genoux flanchent et plient jusqu’à rencontrer le sol lorsque c’est le regard clair de Lana qu’elle croise.

Plus aucune trace de vie dans ce bleu de glace.
Son corps, brisé.

L’expression pur de la haine, il n’y a que cette émotion capable de faire régner une telle déchéance. Sur le sol ce sont des êtres humains qui gisent, des pères, des sœurs, des fils. Cette aura de violence, de déchainement d’hostilité vient la prendre à la gorge et serrer sa cage thoracique. L’imagination s’emballe, envoie des flashs remplis de hurlement de rage ou de peur. Pas un seul survivant.

Une perle de sel roule sur sa joue gauche, une autre sur la droite, sa main chaude de vie rencontre le froid de la peau de celle qui au fil des mois est devenue une amie aussi bien qu’une alliée. Lana avait la justice et l’ordre dans les veines, un vrai soldat qu’elle devine avoir succombé sous l’assaut de l’ennemi pour protéger tous ceux qu’elle a pu. En vain.

Qui ? Comment ? Pourquoi ?

Si les questions s’invitent et sont pareilles à un essaim de guêpes agacées le temps n’est pas à la sidération. Qu’importe qui ils sont, et s’ils revenaient ? Ce sont des bruits de pas qui remettent son instinct en alerte, posant un pied au sol elle reprend appuie et essuie ses larmes avant de passer ses bras sous le corps disloqué de l’ancienne Aurore. La laisser ici n’est pas une option, Morgane sait ce qu’il adviendra de tous ces corps et la terreur de découvrir d’autres visages familiers la saisi avec brutalité. Rain, Neolina ou Dorofei … Adam ne peut pas perdre son père. Amalia ne peut pas perdre sa mère.
Se relever, porter ce corps inerte plus imposant que le sien, elle vacille mais tient bon. Dans un « ploc » que tous les sorciers connaissent elle disparait.


Une autre planque mise à sac, plus aucun refuge se dit-elle alors qu’elle transplane puis recommence pour brouiller les pistes sans jamais lâcher le corps de Lana. Mais qu’en faire ? Elle ne sait que si peu de choses d’elle, comme beaucoup de membres de la Garde le mystère est une question de survie.
Jane s’effondre au beau milieu des Highlands, à l’abri dans une ruine au bord d’un loch. Un château parmi d’autre, ce qu’il en reste, il lui semble distinguer le regard intrigué d’un fantôme entre deux pierres aux angles inversés. Ses nerfs mis à rude épreuve elle se mure dans le pragmatisme autant qu’elle le peut, la seule solution à laquelle elle pense pour le moment est d’entourer le corps d’un sortilège pour le maintenir en l’état le temps de réussir à réfléchir plus clairement.

Le temps d’agir, aussi.

Par réflexe elle sort son téléphone, inspire, hésite. Etre à ce point coupé de tout et de tous est une épreuve, se méfier des uns et des autres encore plus mais c’est là, ça rampe comme la gangrène sous la peau. Pas qu’elle doute de certains, c’est de les mettre en danger en les contactant qu’elle a peur.
Pourtant les messages partent. Rain. Maxence. Benjamin. Bref mais clair, codés pour la plupart, par des biais protégés et qui s’effaceront dès la réception et la lecture par le destinataire. L’information doit circuler.

Le téléphone éclate ensuite en une myriade de morceaux, détruit par un sortilège ne lui laissant aucune chance.


Les larmes ont séché sur ses joues mais ses gestes sont brusques. Par chance Gaby n’est pas là lorsqu’elle atterri dans le salon chez la jeune femme et Leroy. Son frère, lui, la regarde et comprend immédiatement que quelque chose ne va pas.
Jane enchaine, lui explique, renforce les sortilèges de protection autour et dans la maison en lui imposant la plus grande des prudences comme s’il avait encore 20 ans et venait juste d’être mordu. Pour autant elle sait qu’il ne fuira pas, qu’il n’abandonnera pas ceux qu’il aide dans l’ombre comme sa sœur l’a aidé comme elle l’a pu durant tant d’année « Je vais mettre les parents à l’abri. » Sans appel, il le sait et n’essaiera pas de l’en dissuader. Convaincre Kendrick sera plus compliqué mais pour Amalia il s’y pliera lui aussi. La Générale endosse ce rôle plus que jamais, directive envers sa famille jusqu’à en ressentir une nausée qui menace de la terrasser. Tout ça est de sa faute, une conséquence directe de ses choix. C’est à leur quotidien qu’elle va les arracher, à leur vie, leur maison, leurs amis … Pour les protéger, certes, mais à quel prix ? Si elle laisse son cœur parler elle s’effondre, elle le sent, alors Leroy prend le relais et appuie son discours.

A deux ils ont toujours été plus fort.

¥

Quelques jours plus tard
République Dominicaine

Elle a le regard dans le vide, les genoux repliés contre sa poitrine et les bras autour pour s’enrouler sur elle-même. C’est la première fois depuis plus de 72h que Jane se pose réellement et le contrecoup est d’une violence telle qu’elle est partie cacher ses plaies au somment du Pico Duarte, point culminant de l’ile. Le soleil se lève tout juste à l’Est, partie en laissant toutes ses affaires derrière elle c’est un morceau de sa vie qu’elle abandonne une nouvelle fois. Grace Clark n’est plus, ils ne seront sans doute pas nombreux à la chercher de toute façon. Drapé dans une longue robe corail emprunté à sa grand-mère elle frissonne, son corps tremble de plus en plus. Ça n’est pas le froid, ça n’est plus l’adrénaline, si toute sa famille est désormais – en principe – loin et à l’abri toute la tension retombe et les questions reviennent.
Elle lutte, lutte encore puis explose. Sa vue se trouble, noyée par les larmes de peur, de colère, de toutes ces émotions qui la submerge violemment sans qu’elle ne parvienne plus à les contrôler.

Les bras qui viennent l’enlacer en silence et sans vraiment la surprendre sont ceux d’une femme sans âge, les cheveux lâchés au vent, un sourire sur les lèvres. Aucun lien de sang, elle est celle à qui elle a emprunté le prénom dans une sorte d’homage, celle qui toutes ces années a gardé le moindre de ses secrets. Celle qui lui a appris à barricader son esprit pour en faire une forteresse impénétrable « Lâche prise mon enfant. » Quelques mots prononcés en espagnol et qui sonnent comme une berceuse pour l’âme et le cœur.
L’esprit de Grace, Legillimens, vient frôler le sien et elle le laisse faire. Jane n’a jamais cherché à le devenir, sa seule volonté pour embrasser l’Occlumencie était celle de protéger le secret de Leroy a tout prix.

Comme la jeune adulte qu’elle était alors Jane se laisse glisser dans les limbes le temps que son corps et son esprit expulsent toutes ces choses qu’elle retient depuis des jours.

Mardi 3 Avril 2017, début de soirée
Glenteenassig Forest Park, Irlande

Elle aurait pu prendre le pli, fermer les yeux et ne plus penser à cette vie qu’elle a laissée en suspens au Royaume Unis. Ici parmi les siens elle se nourrit des rires, des chants, du soleil qui dorent leurs âmes et réchauffent leurs cœurs. Ils ont tout abandonné eux aussi et si Jane cherche dans leur regard les reproches elle n’y trouve que de l’amour.

C’est parfois pire.

Elle a longtemps discuté avec Margo à l’aide d’un téléphone prépayé, l’a informé de la présence de sa famille de son côté de la planète même si les kilomètres qui séparent les USA des Caraïbes ne sont pas négligeables. La savoir « non loin » la rassure, elle qui au bout d’une semaine fait le chemin inverse et prend le risque de rentrer au Royaume Unis.

Il y a cinq mois de ça la sorcière s’est engagée dans une Cause qui lui a toujours tenu à cœur et passer les premiers instants de faiblesse, de deuil, elle reprend ses esprits. Elle est d’abord passée vérifier que le corps de Lana était toujours là, comme une princesse endormie dans son château d’Écosse. C’est aussi pour elle qu’elle rentre, pour trouver une solution, la ramener chez les siens et leur offrir la vérité. Une forme de vérité.
Ensuite c’est la direction de l’Irlande qu’elle a prise et alors que le soleil descend peu à peu sur l’horizon elle se pose au bord d’un grand lac proche semblable à un cratère puis observe l’eau en silence.

Ça n’est qu’au bout d’une heure sans prononcer le moindre mot ni même quitter l’eau des yeux qu’elle sort sa baguette de la poche intérieur de son long manteau. Les soirées sont encore fraîches ici, loin du soleil de l’Amérique Centrale. Les formules s’enchaînent à voix basses, la première pour s’assurer que nul autre être humain se cache quelque part dans le décor, la seconde pour invoquer son Patronus.
Si les premières étincelles argentées sont un peu timides la puissante lionne translucide ne tarde pas à prendre forme et comme chaque fois qu’elle l’observe Jane sent les battements de son cœur accélérer leur course. Jusqu’à il y a seulement quelques mois il prenait la forme d’un Impala. Agile, gracieux et rapide. Attentif, discret aussi. Désormais Jane ne se cache plus, elle accepte la puissance et l’essence brute qui coule dans ses veines, éveillées par son engagement et ce qu’elle a pu vivre ces derniers temps. Elle l’a su dès le départ qu’ils ne pourraient pas tous les sauver mais chaque perte est un coup de poignard dans le cœur.

Et de chacun elle n’oubliera pas le nom ni le visage.

Lorsque le félin solide mais gracieux s’élance il est porteur d’un message, pour l’un des seuls en qui elle a réellement confiance. Un premier contact après une semaine de silence radio.
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Jane I. Wilson
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Jane I. Wilson
Dim 23 Juin 2024 - 1:40
- … Disons que “amélioration” n’est peut être pas le premier terme que j’utiliserai… Téléphone coincé entre l’épaule et l’oreille, Maxence marmonnait tout en entrant les données dans le logiciel. Retour au boulot, après les avoir plantés quelques semaines plus tôt, lorsque sa nuit s’était terminée à se cramer la peau contre celle de Riley.
Décision incisive, mûre et réfléchie pourtant. Sur laquelle il était revenu quelques jours plus tôt, la queue entre les jambes, pour retrouver un salaire régulier et pouvoir, si ce dernier le souhaitait, payer un logement à Léon. Des frais d’inscription à la fac, aussi.    … ouais. Je lui ai envoyé un certain nombre de trucs. Bouquins, fringues, casque. C’est le seul pseudo truc qu’il accepte de ma… … part… Isma ? J’te rappelle.
Dans le halo bleu de l’ordinateur, la peau déjà claire de l’ancien solda pâlit davantage.

Il aura suffit de quelques mots cryptés sur l’écran de son téléphone portable, pour que le monde cesse de tourner. Le temps de quelques pulsation cardiaques ses veines se  gonflèrent d’adrénaline. Ses muscles se crispèrent. Et le reste du monde disparu, réduit à ces quelques caractères de 0 et de 1. De pixel et d’immatériel.
Une trentaine de systoles et de diastoles pour disloquer ses préoccupations.
Achevée, l’impression sale d’avoir cherché Léon à l’autre bout de la planète alors qu’il s’était rapproché de lui en rejoignant Londres. Étranglée, la culpabilité d’avoir cessé de le chercher. Écrasée, la terreur d’avoir brisé quelque chose entre eux. Fracassée, la tension laissée avec Néo depuis des semaines. Oubliée, la tendance internalisée et injuste d’accuser  Jordane de l’éloigner encore de son frère alors même qu’elle le lui avait ramené.
Balayés, les souvenirs de ses parents. La certitude d’avoir échoué. Trahi. Abandonné.
Ne reste que quelques caractères gris sur un écran bleu.
Et le silence de la conversation coupée nette.  

Maxence inspira, regard dans le vide, avant de ramener son attention sur la surface vitrée. Il fallait passer en mode automatique. Effacer le message, réfléchir posément. Suivre les ordres et…  Il bloqua son souffle un instant.
Ne pas bouger. C’est bien là la pire des choses quand on fait le choix de dédier sa vie aux autres. L’incapacité à agir. L’impuissance. La décision de se reculer pour sacrifier au bien commun.
Des tas de choses que Léon lui reprocherait. Des tas de choses déjà reprochées par d’autres. Des pères et des mères. Des enfants. Des sœurs et des frères. Kezabel ; aussi. Mais sans personne à sauver, prendre le risque de faire des liens entre lui et d’autres rend le ratio incertain.
Ne changer ses habitudes que s’il y a nécessité. N’y aller que s’il y a des corps à aider. Des organismes à soutenir. De la vie à rattraper au vol.

Un programme rempli d’une immobilité insupportable faite d’attente et de tensions.
De questions surtout.

La tension dans les muscles, Maxence fit glisser le curseur de sa souris et ne pu que se résoudre à entrer les résultats des dernières analyses dans chacun des tableaux informatique. Un travail mécanique et peu demandeur, de sorte de pouvoir réfléchir sans avoir l’air de vivre une journée spéciale.

Ce genre de journées ne devrait être que lassitude. Pourtant à chaque nouveau client, Maxence eu la désagréable impression d’un danger à proximité. A chaque regard, il revit ceux des types venus le dévisager lors de l’enterrement de ses parents. A chaque sourire, il se remémorait les déformations voraces qui révélèrent ce jour-là les canines des agresseurs de sa famille. Et chaque formule de politesse lui donna l’impression de se plier à un jeu dont il ne connaissait pas les règles. Niall le lui avait dit dès son embauche auprès de la Garde : garder profil bas, faire usage de ses connaissances de soldat, ne pas se précipiter. Un ensemble de règles valables dans tous les cas mais d’autant plus en cas de crise. Qu’importe qu’il soit parmi les soignants les plus présents ou qu’il appartienne à la section dirigée par Jane. Qu’importe que parmi les membres il y ait compagne, amis et plusieurs jeunes ayant été à sa charge des années.
Ou plus exactement, non pas «qu’importe» mais «à fortiori». Surveillé, attendu, repéré comme résistant, il était et resterait conscient d’avoir une cible gravée sur le front.

Ne pas bouger lui demanda alors un sang froid infernal. Lorsque Néolina appela, il s’efforça de garder un air neutre, lequel lui fit l’effet d’être plongé dans un bain d’eau glacial.
Néo. En vie. Une case de cochée… Mais tant d’inconnues encore dans l’équation de ce drame.
Durant toute la conversation, Maxence ne pu que dévier les propos, leur prêtant une banalité nauséeuse tandis que de l’autre côté du combiné, il entendait la voix de sa compagne contenir de son mieux le tourbillon de ses émotions. Lui faire comprendre qu’il avait eu ‘infirmation de la part de Jane ? Impossible. Nommer Lana et son destin funeste ? Hors de question. Lui demander des nouvelles de Sanae et Dorofei ? Encore moins. Evoquer Jordane, Kezabel ou Layla ? Toujours pas.
Demander de racheter de la tisane, comme un clin d’oeil un peu absurde à leurs tensions enfouies, un moyen surtout de lui évoquer Léon, le danger inhérent à sa propre position et sa peur d’être suivi. Voilà tout ce qu’il restait. Parler de courses, de l’heure de retour à l’appartement. S’en tenir là. L’y forcer, de sa propre voix calme, sans sembler noter les inflexions de la sienne. Peut être elle-même le connaissait-elle assez pour imaginer ses angoisses, les lires dans les quelques notes moins lisses de son timbre.

Et puis en fin de journée, lorsqu’il n’y eu plus personne dans le laboratoire, que les clients l’eurent déserté autant que ses collègues, il y eut la réalisation. Alors même qu’il s’en faisait pour la famille de Jane, l’imaginant les mettre à l’abri, les rejoindre le cœur battant, tout en suivant ses propres consignes : miser sur la sécurité. Une simple pensée. Infâme et injuste. Celle de ne plus avoir qu’une seule personne pour qui craindre sans sa famille.
Bien sûr, rien ne reliait Léon à qui que ce soit. Pas plus que la colocation n’avait de rapport direct avec lui ou la Garde. Pourtant le temps de rentrer, de disparaître dans les rues de Londres pour rejoindre Néolina, il n’y eu en lui que nœuds infernaux et acide dans la gorge à l’idée qu’un autre drame ne se déroule en parallèle.
Il fallu se rejoindre alors. Prendre des nouvelles au mieux, sans grandes certitudes. De proches en proches, sans communiquer véritablement, sans sembler interroger sur la santé de l’autre et sans jamais être tout à fait certains de ne pas être surveillés. De quoi rendre fou.
De quoi les diviser, surtout.

Bien des questions les accompagnèrent pendant les heures suivantes. Une attente infernale, surtout, que Maxence combla en se pointant à la collocation, quelques bouquins de médecins à la main, excuse toute trouvée. Sovahnn l’accueilli tous sourires, Léon tous silences, comme si rien n’avait changé. Pas de trace de Jordane, avait-il noté, ce qui ne voulait sans doute rien dire. Mais qui l’inquiétait malgré tout.
Avant chacun de ses déplacements, Maxence avait vérifié ne pas porter le moindre sort de traçage, de runes ou d’objet ensorcelé. Il s’était assuré qu’il en était de même pour Néolina et l’avait convaincue de retourner au travail dès le lendemain. D’être visible en ville, de voir sa famille, de ne rien changer à ses habitudes. Et rien ne se passa.
Et s’était engagé le combat contre l’impuissance. L’insupportable silence, à se demander si les informateurs étaient sur les pistes de qui que ce soit. S’il restait des survivants, quelque part. D’autres s’organisèrent ici et là. Quelques informations tombèrent au compte goutte. Des morts. Jamais de blessés. Et parfois, parmi ceux qui vérifiaient chacune des planques, des disparitions de plus. Alors faire profil bas sembla être la seule des solutions.
“Du moins un temps” disait Maxence à Néo.

Un “du moins un temps” qui dura quelques jours. De cernes masquées au maquillage. De conversations du bout des lèvres. De baisers fougueux et d’étreintes rassurantes. De soulagements, aussi, quand il eu des nouvelles de Sanae, donc de Kezabel puis Jordane par la collocation où elle avait fini par se pointer comme une fleur au lendemain du massacre, puis Dorofei bien plus tard. Margo, aussi, de proches en proches. Niall également. Des nouvelles grappillées ici et là par ceux qui se connaissent autrement, sans rapport avec la Garde. Sans se précipiter.

Et puis il y eu la lionne.
Seul  au laboratoire, après avoir envoyé quelques nouvelles à Fenella concernant un couple de demiguises récemment arrivé, il s’était arrêté face à l’animal d’argent, le roulement lent de ses muscles et l’ondulation de sa fourrure. Le signal, surtout, pour sortir de l’immobilisme.

- Toi.. Tu marches toute la nuit et t’évites de faire ta mauvaise tête…

Il ne prolongea pas davantage dans cette vie d’attente. Seul de garde de nuit, comme souvent, il programma les analyses, bâcla certains de ses dossiers qu’il terminerait sur son temps libre et se trouverait quelque excuse que ce soit à base d’ingérence du système. Et abandonna son poste.
Comme toujours, les différentes phases de transplanage s’accompagnèrent des vérifications d’usages, empruntées à son entraînement passé comme à celui, plus récent, auprès des membres de la Garde pour retrouver une forme de niveau lors des interventions avec Jane.
Il prit deux portoloins, transplana de nouveau, fit quelques fois rebrousse chemin et, surtout, rejoint Jane après un long moment de marche. L’exercice lui fit du bien. Ses muscles brûlèrent, ses poumons en écho, et il eut l’impression pas après pas de s’extraire doucement d’une sensation gluante qu’il s’était fait force de ne pas analyser. Il n’avait pas craqué et ce, malgré le fait de n’avoir cessé d’encourager vivre ses émotions pleinement. Dur, en vérité, de réaliser lorsqu’on manque de concret pour réaliser.
Petit, Maxence avait pensé arriver un jour à être de ceux qui ne doutent jamais. Qui savent sans se tromper, ce qu’il est nécessaire de faire.
Apprendre qu’il n’y a là que des illusions d’enfant s’est avéré plus difficile qu’il aurait pu le penser.


Quand, enfin, il atteignit les bords du lac, le médicomage ne repéra pas tout de suite Jane. Il vérifia trois fois les coordonnées indiquées, main sur sa baguette et sorts de vérifications lancés à la volée le plus discrètement possible. Mais sans doute était-elle en proie aux mêmes interrogations que lui.
Qui croire ? Ou plus exactement, à quelle identité se fier ?
Un nom, une voix, un corps, ce n’est rien. “Pas tant”, du moins.

Elle fini par apparaître et un élan d’affection et de soulagement vinrent lui étreindre les côtes, bien indifférents à ses réflexions critiques.
Alors, une brise vint rider la surface de l’eau et coucher les plantes rases, et il entendit sa propre voix la saluer.
Sa main n’avait pas quitté sa baguette, dissimulée dans sa manche comme enseigné dans le corps militaire.

- Content de te voir… Il y avait sur ses traits quelque chose de puissant. De la trempe de l’animal solidement ancré dans le sol qui était venu lui délivrer son message, plus tôt dans la journée. De la fatigue, bien sûr. De la peur et de la rage, sans doute. Mais un éclat sauvage, surtout. Un calme féroce.A tout hasard.. Tu me citerais le nom de ceux qu’on a perdu, le jour où on s’est rencontrés toi et moi ? Plus qu’un moment choisi pour penser aux morts, bien entendu. Mais elle le comprendrait sans mal.
Contrairement, sans doute, aux salopards ayant abattu nombre des leurs.
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Maxence Lukas Wargrave
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Maxence Lukas Wargrave
Jeu 27 Juin 2024 - 21:21
Jane a l’impression d’avoir tout quitté depuis si longtemps, pourtant seulement une semaine sépare ces deux instants. Face à l’étendue d’eau et enroulée dans un long manteau elle se laisse bercer par le clapotis des flots calmes, ce presque silence tout juste brisé par les bruits de la nature.
Dans sa poitrine son cœur continue de battre rapidement pourtant, mélange d’impatience et de peur, une angoisse latente qui pourrait la rendre dangereuse et prompt à la réaction. Elle n’a jamais été impulsive, Leroy remplissant tellement bien ce rôle lorsqu’ils étaient enfants puis adolescents. Au souvenir de ces moments presque irréels un sourire étire le coin de ses lèvres, elle se rappelle la grande sœur posée, concentrée et attentive qu’elle était. Toujours prête à la rattraper s’il menaçait de tomber parce qu’il courrait trop vite sans regarder où se posaient ses pieds. Elle n’a pas évité tous les bleus, elle a ri même parfois de le voir tomber ou se tromper. Elle ne l’étouffait pas, jamais, si aujourd’hui les rôles ne se sont pas inversés elle sait avoir en lui un allié précieux. Une constante.

Dans un soupir l’Anglaise fait rouler ses épaules sans vraiment parvenir à les dénouer, le corps est aussi fourbu que l’esprit et le cœur. L’accélération des battements de ce dernier intervient quand une intuition vient la frapper. Loin de posséder des sens aussi affûtés qu’un Lycan ou un Vampire elle a ce sentiment que quelque chose a changé dans l’atmosphère, comme une sorte d’ondulation dans les airs, un obstacle invisible pour la brise.

Par précaution la sorcière s’entoure d’un sortilège de Désillusion, disparaissant ainsi à tous les regards qui pourraient se poser sur elle qu’ils soient humain ou animal. Ces derniers la sentiraient, l’entendraient sans doute même respirer, mais lorsqu’elle aperçoit la silhouette familière de celui qu’elle attend elle devine son incapacité à la percevoir.
Quelque chose vient apaiser ses tourments intérieurs et silencieux alors qu’elle observe cette démarche devenue familière avec le temps. Seulement quelques mois qu’ils se côtoient mais la confiance s’est installée aussi simplement et solidement qu’une évidence. Sont-ils amis ? Elle n’a pas cherché à sortir de la relation « professionnelle » qu’ils partagent, ça n’a au fond pas vraiment d’importance. Ils savent pouvoir compter l’un sur l’autre, voilà pourquoi il est de ceux qu’elle a contacté directement. Et surtout celui qu’elle recontacte aujourd’hui. Tous deux savent le danger qu’ils encourent en prenant un tel risque mais se cacher et s’isoler n’a rien d’une solution éternelle aux yeux de la Générale. Lana n’est plus là, tous ce sont disséminés aux quatre vents. Combien sont-ils seulement de survivants ? Elle n’en a aucune idée.

Il ne se passe que quelques secondes avant que Jane ne se dévoile, sur son visage un sourire accueillant cerné malgré tout d’une tristesse insondable. Elle le sait, il pourrait s’agir de n’importe qui ayant volé l’apparence du Médicomage. Voilà pourquoi l’un comme l’autre garde sa baguette précieusement entre les doigts, qu’elle soit camouflée ou non.
Encore quelques pas et il est là, à seulement quelques mètres, suffisamment pour qu’ils puissent s’entendre. Les traits de l’homme sont tirés d’inquiétude et de fatigue mais les fossettes au coin de ses joues sont là, elles brillent jusque dans son regard alors qu’il la salue. Ce soir il est plus qu’un compagnon d’arme ou un coéquipier, il est ce pas qu’elle fait à nouveau vers cette Cause qu’elle n’a pas toujours comprise au fil de ces derniers mois mais qu’elle pense avoir utilisé à bon escient. Un ami, sans doute aussi « Content de te voir… » De simples mots qui la pousse à l’émotion, à fleur de peau. Aucune larme ne perle sur ses joues pourtant, ses yeux brillent sans doute un peu mais elle a retrouvé la maîtrise d’elle même au fil des heures puis des jours « A tout hasard.. Tu me citerais le nom de ceux qu’on a perdu, le jour où on s’est rencontrés toi et moi ? » Ainsi les voilà dictés par la méfiance, une sensation que la sorcière refuse d’accepter comme une normalité même si elle en comprend l’aspect essentiel. Un pas vers lui, son sourire toujours présent, néanmoins prête à lancer un puissant sortilège s’il s’avérait ne pas être celui qu’il prétend « Celui. » Plusieurs blessés mais un seul mort, parmi les prisonniers. André ? Même si tout en elle lui souffle qu’il s’agit bien de Maxence il serait idiot de prendre le risque d’exposer un homme dont elle n’a plus entendu parler depuis ce jour là. Mort ? Captif ? Elle a compris au fil du temps qu’il était nécessaire de choisir ses combats « Il s’appelait Tobias et avait une passion dévorante pour les films de Quentin Tarantino. » Entre autres mile facettes de sa personnalité.
Ce sont ses compagnons d’infortunes qui lui ont parlé de ce jeune homme mordu seulement quelques temps auparavant. Maxence comme elle n’ont probablement même pas eu le temps d’échanger le moindre mot avec lui avant que son cœur cesse de battre sur le pavé froid et humide de la Capitale Anglaise « Ça les registre ne le mentionnent pas. » Ceux que les responsables de ce massacre auraient très bien pu consulter. Sécurisés bien sûr mais n’ont ils pas réussi à trouver l’identité d’Arthur ?

Un souffle passe, mélancolique.

Dagwood, Sasha, et tant d’autres avant ou après eux. Quelle est dévorante cette amertume, cette culpabilité de n’avoir pas su les sauver, toutes ces questions qui rôdent et l’impuissance qui vient ronger l’âme comme un parasite. Si Jane a rejoint les rangs de la Garde c’est pour aider ceux qui dans l’ombre tentent de survivre alors que le monde les oppresse. Décimés, que lui reste-t-il comme armes ? Sa foi, certes, mais ça n’a jamais été suffisant.

Eux.
Voilà ce qu’il reste.

« Moi aussi je suis contente de te voir. » Sa voix est douce, sans doute un peu cassée par la fatigue mais ce soir elle a besoin de lâcher prise, d’écouter cette certitude qui l’étreint avec calme quant à l’identité de l’homme qui se tient pourtant toujours à une certaine distance d’elle « Comment tu vas ? » Lui, les autres, son entourage.
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Jane I. Wilson
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Jane I. Wilson
Sam 6 Juil 2024 - 0:45
Lorsqu’un coup de vent siffle à ses oreilles, les herbes grasses se courbent autour de ses semelles et la surface du lac se ride. Tout est calme ici. Tout semble en vérité affreusement normal partout où il se trouve. Il n’y a que lorsque quatre murs les isolent, quand les murmures se libèrent, que le drame retrouve ses couleurs. Là seulement, l’air se tarît, les voix se cassent, les regards se perdent. Il y trouve des contours trop souvent côtoyés, des horreurs pourtant inconnues mais une vibration commune. Un goût de métal en arrière de la bouche, une crispation au bout des doigts, une respiration un peu hachée. Des choses connues, qu’on se fait force d’ignorer pour apprendre à avancer.
D’une certaine manière, en rejoignant Jane, certaines choses se réalignent. Les pièces du puzzle se remettent en place. Dans sa chair, ça fait simplement sens à nouveau. Comme toutes ces fois où il fallait faire le compte des vivants, dans un coin de sa tête, avant même de décompter les morts. Quand il rejoignait Benji et se posait à ses côtés, parfois sans parler, juste pour prendre la mesure de la journée, les drames évités, et se câbler de nouveau, ne serait-ce qu’un peu, à l’avenir.
Un mal nécessaire. Un besoin de faire le point.

De laisser vivre ce qui doit vivre, et partir ce qui doit s’éteindre.

Il existe nombre d’entre-deux, au cœur de ses pensées, lorsque la silhouette de Jane se révèle et qu’il la rejoint doucement. Un fouillis d’angoisses et de suppositions qu’il voit passer sans vraiment s’y accrocher. Les contours inconnus de personnes avec qui il a travaillé, il le sait, avant que leurs moments communs ne soient arrachés à sa mémoire. Des marques réelles, de vides laissés par les disparus. Des peurs profondes, de voir ressurgir les mêmes drames que ceux qui ont fracassé sa famille un an plus tôt. Et l’impression infâme, de faire au mieux… seulement pour vivre le pire. Il aurait pu simplement disparaître. Écouter les reproches de son frère et disparaître avec lui, loin. D’une certaine manière, ce serait effectivement sa place. Et sans doute ce que ses parents auraient voulu de lui. Mais puisqu’on ne se construit pas pour les autres, puisqu’il faut savoir se rester fidèle et puisqu’il aurait bien fini, à un moment ou un autre, par reprendre le sentier des armes, le voilà à trouver un regard familier ; y lire tout ce qu’on fait de pire, et tout l’entre-deux que dessinent toujours les yeux des survivants… eh bien tout à ses décisions et ses choix, c’est à Jane qu’il sourit, avec toute la sincérité du monde.
Et ce même s’il n’a pas la naïveté d’arriver fleur au fusil.

Un pas vers lui porte chez la Générale un sourire de résilience. De ceux qu’on arbore quand les épaules tremblent et que les articulations faiblissent, mais qu’on avance malgré tout, qu’importe que les épreuves mugissent.
« Celui. » Un mot, un seul suffirait à montre patte blanche. Une simple constatation de l’erreur glissée au cœur même de la question. « Il s’appelait Tobias et avait une passion dévorante pour les films de Quentin Tarantino. » Cette fois, s’il voit son regard briller en avançant davantage, c’est un sourire plus affirmé qui prend possession de ses prunelles. Celles qui brillent en retour, gonflées d’une émotion qui soulève ses côtes et dessine quelques vérités qu’il est plus simple d’ignorer quand on se trouve loin de ceux qui l’ont vécu. Attendre à l’écart du champ de bataille ne fait plus partie de ses habitudes depuis longtemps et la dernière semaine lui a semblé être une épreuve de force. Entendre parler de ce garçon, fauché par le pire de ce monde, rappelle ce qui compte et ce pour quoi d’autres sont tombés.
Il sourit davantage alors, parce que ça lui ressemble bien, à Jane, d’évoquer les passions de Tobias. Ce qui faisait de lui un humain, pas un lycan, pas un ennemi, pas un danger ou un numéro. Juste Tobias. Ce “juste” qui contient pourtant tout un monde et laisse une infinité de silence lorsqu’il est temps d’écrire un nom sur une tombe.
Le fils de quelqu’un. Le frère de quelqu’un. Deux points qui les touchent l’un et l’autre de manière personnelle. Deux points qu’on trouve en filigrane derrière une passion évoquée, et toutes les anecdotes que la famille connaît encore sur le bout des doigts, comme un rappel qu’un jour ; il était là pour les leur apprendre.

« Ça les registres ne le mentionnent pas. »

Et que même dans l’absence ; il y a du monde pour écouter. Et le laisser vivre encore un peu, au travers de ceux qui tendent l’oreille.

- Les registres assistent rarement aux enterrements… Un sourire tire ses lèvres comme on tire une corde à linge. Douloureusement c’est vrai, et pourtant Maxence en retire quelque chose de positif. D’essentiel même. Jane incarne en quelques mots ce pourquoi fuir n’a jamais été une option. Il y a dans le contenu de ses mots et le grain de sa voix quelque chose qu’il faut cultiver encore, même s’ils sont moins nombreux chaque jour à le faire.

« Moi aussi je suis contente de te voir. » Pas d’autre question le concernant. Il est lui ; elle le sait. Ça s’arrête là.
Et laisse place au reste.. À cette joie de se voir, qui déphase les rapports hiérarchiques établis et rappelle que s’ils n’étaient pas amis à proprement parler, ils le deviennent soudainement. Du moins c’est ainsi ça prend sens, dans les veines de l’ancien soldat.
Un jour viendra où il faudra retomber sur leurs pieds. Peut être initieront-ils ça à présent. Peut-être ne feront-ils que lécher leurs plaies. Le courage, lui, accompagne leurs retrouvailles. « Comment tu vas ? » Et l’affection prend naissance dans de simples questions.

Le pincement d’un demi-sourire étire cette fois davantage ses lèvres.
- Répondre “mieux que d’autres” serait sans doute déplacé.. C’est pourtant le cas, et contrairement à ses dires, la réponse s’affirme avec la mentalité de ceux qui savent qu’il ne reste pas grand chose. Que ce “pas grand chose”, c’est eux, et que malgré tout c’est précieux. Qu’il ne faut pas le dénigrer, car un jour ou l’autre, c’est ce qui devra faire la différence.
Ainsi en la rejoignant, baguette rangée et soulagement sous les côtes, Maxence passe autour de ses épaules un bras fraternel et la serre un instant contre son cœur. Juste de quoi sentir le sien battre. De quoi se savoir en vie ; ensembles ; prêts à mettre un foutu pas devant l’autre quand bien même ceux-là seraient d’abord hésitants.
Ni la première débâcle, ni la dernière.
Combien de fois Logan lui a-t-il dit qu’il n’avait pas les épaules ? La question passe en météore et s’efface au loin, tout comme l’inquiétude étranglée à son passage, à l’idée que son ami fasse partie des victimes. Il le saurait sans doute. On aurait baladé sa tête en place publique quelque part.
- Ça va. souffle-t-il donc. Car c’est le cas. “Malgré tout”. Et malgré ce que le “tout” comprend comme angoisses étranglées.
En douceur, il le relâche et plonge un instant ses prunelles dans les siennes, esquissant un sourire qu’il sait soudainement aussi fatigué qu’emprunt d’émotions. Un truc auquel il trouvé écho dans le creux des iris d’encre qu’elle braque sur lui.
- “ça va comme ça peut mais ça va”, serait sans doute plus honnête.. Ils ont parlé, déjà, de Léon et de son retour. Elle a noté, il le sait, les regards esquivés entre lui et Néo. A entendu son besoin d’être davantage là pour sa famille, avant de revenir finalement, par besoin d’occupation, et parce que la dite famille ne veut pas de lui.
Dans un souffle il se retourne et place un pied non loin du sien, comme poussé par un besoin de chaleur tandis que son regard balaye un instant la surface calme du lac qui leur fait face.
- C’est un bel endroit. Et un instant, il se demande si c’est là qu’elle a enterré Lana. Car elle l’a enterrée, ça ne fait aucun doute.
L’ancien soldat inspire alors l’odeur d’humus, l’humidité tranquille et les morts accumulées, il relâche l’air et souffle sur sa famille décimée, ses peurs et ses impuissances. Et enchaîne. Et toi ? Dans tout ce merdier tu vas comment ? En douceur, son regard remonte vers elle et trouve le sien, perdu quelque part sur des images, des pensées ou des maux qui lui sont hors de portée. Proches pourtant. Comme si l’air, à sa manière, les lui contait à l’oreille. Dans une symphonie nébuleuse. Ta famille ? précise-t-il, comme si ces mots n’étaient pas déjà présents dans la première question.
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Maxence Lukas Wargrave
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Maxence Lukas Wargrave
Lun 22 Juil 2024 - 19:08
« Répondre “mieux que d’autres” serait sans doute déplacé.. » La douleur est semblable à un pincement, quelque chose d’incisif entre les côtes. Bref, proche de l’acidité, une sorte de choc qui ne dure pas.
L’espace d’une seconde son regard se voile et apparaissent de nouveau les visages figés dans la souffrance puis la mort. L’odeur métallique du sang, pas un râle, plus un signe de vie. Un véritable carnage qui s’imprime sous ses paupières chaque fois qu’elle les ferme, le sommeil en est devenu difficile à trouver. Ses yeux restent ancrés dans ceux de Maxence mais c’est à travers lui qu’elle regarde, juste un instant, sans s’arrêter sur le sourire triste qu’il affiche sans saveur. Mieux que d’autres. Mieux que ceux dont le sort a été scellé dans le chaos et un sadisme qu’elle n’aurait jamais pu imaginer malgré ce qu’elle pu voir de l’homme ces derniers temps. Jane n’est pas naïve, elle ne l’a jamais été, pourtant elle a toujours voulu garder sa foi en l’être humain. Difficile de garder dans le cœur cette pensée quand on a vu ce qu’elle a vu ce jour là, quand on s’imagine les familles en pleurs et le cœur brisé d’avoir perdu un ou peut être plusieurs êtres chers. Sans trop savoir pourquoi elle repense à l’attentat ayant secoué le Ministère il y a plus d’un an de ça, un songe qui s’évade comme il est venu, sans doute seulement de passage pour illustrer la haine de l’Homme envers sa propre espèce.

Une partie de cette douleur et de cette obscurité s’étiole lorsqu’elle sent le corps de Maxence se rapprocher du sien. Un bras passé autour de ses épaules, puis sa chaleur qu’elle ressent immédiatement. La Générale ne réfléchit pas à ses propres gestes lorsqu’elle vient poser son front dans le creux de son cou tout en fermant les yeux, s’abandonnant à ce moment d’humanité qui fait aussitôt briller de nouveau ses prunelles. Ce n’est pas un instant qui dure mais alors même qu’elle a passé ces derniers jours et dernières heures avec sa famille cette étreinte est différente. Parce qu’il sait, parce qu’il partage une douleur que les leurs ne pourraient pas comprendre même avec toute la volonté du monde. Jane sent son souffle se perdre dans un hoquet silencieux, une sorte de sanglot étouffé alors que les doigts de sa main droite désormais libres de baguette agrippe le tissus des vêtements du Médicomage. Elle se fout qu’aucun morceau de papier officiel porte son nom, elle l’a vu à l’œuvre.

« Ça va. » Rien qu’un souffle alors qu’ils se détachent l’un de l’autre, l’humidité du soir fait planer une brume légère au dessus du lac « Malgré tout. » Un vague sourire vient barrer ses lèvres, à la fois désolé et résigné. Las, pour le moins. Ils sont en vie, lui non plus n’a pas l’air blessé … Mieux que d’autres « Ça va comme ça peut mais ça va. » Elle se demande à quoi a pu ressembler son existence ces derniers jours, qui est ce qu’il a côtoyé, mis à l’abri, pour qui il a tremblé et quels sont les risques qu’il a pris.
Les a-t-il passé auprès de Neolina ? De Léon ? Ce petit frère qu’elle n’a jamais vu mais dont elle a entendu parler. Les silences de Maxence et ses regards perdus dans le vide étaient bien plus éloquents que n’importe quel mot, elle n’ose pas imaginer ce qu’elle aurait pu ressentir si un jour Leroy l’avait rejeté. Cette histoire n'est pas la sienne aussi elle ne porte aucun jugement, elle s'est contenté d'être là pour celui qui au fil des mois est devenu un ami « C’est un bel endroit. » Elle acquiesce, le regard porté loin au dessus des eaux « Je ne connaissais pas du tout. » Ce n’est que le hasard et peut être un peu l’intuition qui l’ont conduit jusqu’ici. Un lieu comme un autre, pour lequel elle n’a pas d’attache particulière. Pourtant quelque chose en elle lui souffle que cela pourrait changer, elle s’y sent en sécurité. Dans ce lieu, puis en sa présence « Et toi ? Dans tout ce merdier tu vas comment ? » Elle n’en sait rien, n’a pas pris le temps de réellement se poser la question et n’est pas vraiment certaine d’avoir le courage de faire face à la réponse « Ta famille ?
- Ils sont à l’abri. » Déracinés, mais à l’abri. Ça n’est pas entièrement juste puisque c’est précisément leurs racines qu’ils ont retrouvé là bas mais l’Angleterre était leur maison. Seuls Leroy et Gaby sont restés, le premier parce qu’il n’est pas question qu’il quitte son combat et la seconde parce qu’ils l’ont une nouvelle fois épargnée et protégée des recoins les plus sombres de leur réalité. A tort ou à raison.

Si le sourire qu'elle lui adresse exprime de la reconnaissance face à l'intérêt qu'il porte à sa famille soudainement Jane prend la teneur de ce à quoi ressemble sa vie désormais. Une fois de plus elle a fuit un foyer, un travail, une vie sociale à peine relancée … Tout ce qui faisait d'elle un individu, une part d'un tout. Le constat est franc, elle n’a plus rien. Loin de sa famille qu’elle a éloignée par choix, plus de repères, plus de toit, plus d’entrée d’argent non plus. Un détail étant donné les circonstances mais c’est comme si aux yeux du monde elle n’existait simplement plus, condamnée à se cacher et faire subir aux siens les conséquences de ses choix. Quelque chose se tord dans son ventre alors que d’un mouvement de gorge silencieux elle ravale tant bien que mal ces angoisses. Pas encore prête à y faire face elle oriente à nouveau la discussion vers lui sans vraiment réaliser qu'elle n'a pas répondu à sa question la concernant « Comment va Neolina ? » Elle aurait pu la contacter elle-même, au-delà du risque évident d’entrer en contact c’est instinctivement vers l’homme qui se tient près d’elle qu’elle s’est tournée en premier lieu « Et Léon ? » Ce petit frère qu’elle appelle par son prénom sans trop y réfléchir, abordant son identité et non pas son statut.
Où en est votre relation, voilà la véritable question qu’elle se pose et lui pose. Si Jane a fait le choix d’embarquer sa famille au loin elle pu au moins recevoir leur soutien, Maxence a-t-il pu compter sur la présence des siens ?
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Jane I. Wilson
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Jane I. Wilson
Lun 29 Juil 2024 - 17:02
Il aurait aimé rester là. Ça n’avait pris consistance qu’à l’instant où l’étreinte s’était éternisée un rien plus que ce à quoi elle était destinée. Un salut, des retrouvailles, un contact fugace nécessaire pour fournir à l’inconscient l’information si simple que l’autre est bien là. Ils prolongent. Rien qu’un instant de plus. Juste le temps de fermer les yeux, de sentir le souffle de l’autre se perdre et son visage s’enfouir dans son cou. Le temps de prendre conscience de ses doigts qui agrippent les tissus de sa veste et de sentir les siens se recroqueviller dans son dos. D’écouter la régularité de sa respiration louper un cycle. De sentir la sienne s’arrêter une seconde pour ravaler le reflux d’émotions qui s’emparent de ses poumons. D’entendre cette envie de s’affaisser un peu contre elle. De choper la chaleur humaine pour en faire le linceul de cette semaine passée à gérer l’ingérable.
Ils se détachent pourtant. Échangent des mots qui en disent peu, mais évoquent beaucoup pour celui qui sait écouter. Et dans ses sourires pâles et ses regards lointains, Maxence se doute qu’elle entend. Tout comme il perçoit les talons du massacre sur ses lèvres closes. Le brouhaha du silence qu’expriment les morts.
En s’éloignant, Maxence laisse couler sa main jusqu’à la base de la nuque et presse une seconde son épaule.

« Je ne connaissais pas du tout. » Quelques mots bien banals pour une situation qui ne l’est pas. Peut être est-ce la force de l’habitude. Peut être est-ce simplement rassurant de s’entourer de banalités pour délayer le pire dans un peu de normalité.

Jane ne répond pas. Pas à la première question du moins, qu’elle esquive pour se contenter d’un - Ils sont à l’abri. » qui en dit plus qu’il n’y semble. A peine quatre mots qui parlent de la peur de les perdre, de celle d’en être responsable. De l’urgence du moment et des jours passés auprès d’eux ensuite. Des silences ou des aveux. De la distance. Celle qu’on instaure avec les autres sans s’en rendre compte et celle qu’on impose à leur demander de tout quitter pour des décisions qui ne les regardent pas.
Celle qu’il n’a pas su imposer aux siens et qui leur a coûté la vie.
Maxence esquisse un sourire et acquiesce en silence. En réponse, un autre se dessine sur les lèvres de sa cheffe. Ou peut être est-ce l’inverse. Peut être est-ce le sien qui fait écho à celui qu’elle lui offre. Ils sont lourds ces sourires. Pâles. Las aussi sans doute. Éraillés.
Corrompus, même, par un mouvement de gorge silencieux qui ne manque pourtant pas au regard de Maxence. Que déglutit-elle, parmi toutes les choses à affronter en cet instant ? Quel brouhaha interne tandis que quelque part derrière eux, un oiseau lâche un cri dans la forêt. En se retournant, le plus âge des Wargrave fixe les arbres et leurs ombres. Il balaye les sous-bois du regard comme s’il pouvait distinguer l’animal ou l’identifier. Mais ses connaissances sont bien maigres et ses sens ne lui revoient que le jeu d’ombre des feuilles sur les troncs. Au sol, entre les fougères, quelque chose déguerpi.
« Comment va Neolina ? »
Dans son silence, quelque chose se noue autour de ses tripes et sert d’un trop plein d’émotions contradictoires.
« Et Léon ? »
C’est un sourire pincé et teinté de fatigue qui se tourne vers elle. Et un soupir pour rassembler ses pensées. En courbant la nuque, il y passe une paume.
- A l’abri ? Un souffle amusé soulève ses épaules et chasse l’épuisement qui hante ses veines. Néo… deale comme elle peut avec la situation. Et son boulot. Le regard est entendu entre les deux sorciers. S’il y en a bien une capable de se représenter ce que c’est de se lever tous les matins pour jouer son rôle et croiser des assassins au café de 10h… c’est bien Jane.
Et lui pour trembler à l’idée de ne pas la voir rentrer. Et l’issue de sa dernière mission. Factuellement, sans Jordane elle ne serait pas rentrée. Pas plus que ne le serait son frère.
- Et Léon… Il hésite, pince des lèvres, laisse son regard se perdre vers la surface miroir du lac. Reviens vers Jane. Et la traverse, comme elle l’a fait un peu plus tôt. A croire qu’ils ont bien des fantômes à voir au travers du regard de l’autre. ... m’en veux. A raison. Dans un souffle, il agite le visage de gauche à droite, comme pour extirper de ses pensées les images de ses parents calcinés et les autres, supposées, des cadavres de leurs frères et sœurs d’arme. Il repousse les reproches, les silences, la distance. Tord le cou à ses propres mots, si durs, qu’il ne cesse de s’adresser à lui-même. Néo a perdu son frère lors des derniers attentats. Que je retrouve le mien, qu’il soit en colère… ça et tout le reste… c’est compliqué. Et c’est compliqué entre nous.
Première fois qu’il le verbalise.
Dans une inspiration, Maxence passe une main sur son visage jusqu’à soulever ses lunettes et passer ses doigts sur ses yeux.
- T’as bien fait de les mettre à l’abri… Dans un nouveau soupir, il replace ses lunettes sur son nez. Et Leroy… L’écartes pas. ça n’a rien d’un ordre. C’est simplement tentant de les garder éloignés de l’enfer.
Mais celui-ci a une tendance manifeste à revenir frapper à leur porte.

Et quand ils en ignorent le visage ; ils ouvrent.
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Maxence Lukas Wargrave
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Maxence Lukas Wargrave
Jeu 1 Aoû 2024 - 16:19
« A l’abri ? » Pourquoi en faire une question ? Jane penche la tête sur le côté, attentive, un demi sourire flottant sur ses lèvres tandis que Maxence laisse échapper un rire qui n’en a que le nom « Néo… deale comme elle peut avec la situation. Et son boulot. » Un rictus de compassion lui traverse les traits cette fois, l’empathie flambant dans ses veines à l’idée de savoir la jeune femme au beau milieu des requins chaque jour qui passe.
Elle la trouve courageuse d’avoir pris le risque d’y retourner, d’évoluer parmi eux tout en sachant ce qu’ils ont fait. A la fois cette décision pourrait passer pour de la folie, tant pour elle que pour ses proches et une partie de la Cause. Il n’existe pas de solution parfaite, plus le temps passe plus elle l’apprend et l’accepte. Ils naviguent tous en eaux troubles, à devoir s’adapter chaque jour qui passe parce qu’ils ont pris une décision, fait des choix « Et l’issue de sa dernière mission. » En tant que Générale elle en a entendu parler, on lui a même demandé son avis sur la question. Elle n’y reviendra pas, d’une parce que Maxence ne fait pas partie du « conseil » qui s’est réuni ce jour-là et de deux parce que son avis en tant qu’individu et non membre de la Garde ne compte pas. Les erreurs sont humaines même si dans leur univers elles peuvent coûter la vie, la sienne ou celle de ses frères et sœurs d’armes. Encore une fois ils le savent, ils l’acceptent. Neolina a des qualités et des compétences qui font d’elle un membre efficace dans leur rang, peut être que le terrain n’est simplement pas fait pour elle et ça n’a rien de dégradant. Ceux qui récoltent des informations dans l’ombre ont tout autant d’utilité et d’importance que ceux qui agissent sur le terrain. A ses yeux en tout cas.

« Et Léon… » En douceur Jane redresse le menton et loge ses mains dans les poches de son manteau. Dans le regard de Maxence elle voit passer ses fêlures, sa douleur, ses incertitudes « ... m’en veux. A raison. » Vraiment ? La Générale ne prendra pas partie dans une histoire qui ne la concerne absolument pas, d’autant plus qu’elle ne connait Léon qu’à travers les yeux et les mots de son ainé.
Que sa colère soit légitime est une chose, que Maxence se flagelle pour ce qu’il a fait ou au contraire n’a pas fait ne pourra durer qu’un temps. Est-ce qu’un jour Amalia lui en voudra pour les choix qu’elle a fait ? Cette possibilité lui tord les tripes à chaque fois qu’elle y songe, le prix à payer est parfois élevé lorsqu’on a des convictions et une volonté farouche de protéger les siens. Parce qu’il s’agit bien de ça, qu’ils parviennent à le voir de leur perceptive ou non. Si Jane continue de se lever chaque matin avec l’envie de se battre c’est bien entendu pour aider ceux qui en ont un besoin direct mais c’est aussi pour tenter d’offrir un avenir à sa fille. Des plus beaux qu’ils puissent être « Néo a perdu son frère lors des derniers attentats. Que je retrouve le mien, qu’il soit en colère… ça et tout le reste… c’est compliqué. Et c’est compliqué entre nous. » Le hasard ou le destin se montre parfois cruel, des pensées banales mais qui résument tout ce qu’elle peut et doit offrir face à de telles confessions. Pas sa place, pas son histoire, tout ce qu’elle peut faire c’est écouter que ce soit l’un ou même l’autre si Neolina manifeste un jour le besoin d’en parler. Elles se reverront, tout ça n’est qu’une question de temps car malgré l’épuisement mental et physique la rage de luter est toujours là quelque part. Elle affleure la surface comme un serpent d’eau.

Le corps a beau être fourbu c’est l’âme qui flanche sous le poids de la fatigue, elle le perçoit dans chacun des gestes de Maxence. La façon dont il passe une main sur son visage, ce geste parlant de soulever ses lunettes pour glisser un instant ses doigts sur ses yeux « T’as bien fait de les mettre à l’abri… » Quel autre choix avait-elle ? La culpabilité est envahissante, d’un poids extrême, mais elle préfère prendre ce risque de les perdre de cette façon-là plutôt que de les voir souffrir au main de l’ennemi qu’elle s’est choisi « Et Leroy… L’écartes pas. » La réaction de la sorcière est immédiate, un rire franc soulève sa cage thoracique et résonne par-delà le lac. Dans son cœur se diffuse une chaleur douce et presque réconfortante alors qu’elle aperçoit la silhouette de son cadet dans ses songes éveillés « Même si c’était mon souhait je n’aurai aucune chance de le faire céder. » Une ou deux têtes de plus qu’elle, une carrure bien plus imposante, pourtant ça n’est pas ce qui la rend si sûre de cette affirmation. Leroy a très mal vécu sa transformation, les années qui ont suivi ont été un véritable challenge pour lui. Le déclic s’est fait seul, l’arrivée de Gaby dans leur vie l’a véritablement renforcé. La Lycanthropie enfin devenait une force, un moyen d’aider quelqu’un d’autre comme il a toujours eu à cœur de le faire. Et puis de fil en aiguille l’engagement s’est fait naturellement « Il est personnellement impliqué lui aussi, à sa manière. Aucune chance qu’il abandonne sa Cause et je serai bien mal avisée de lui reprocher quoi que ce soit. » Il a sa propre façon de se battre, en restant à distance et en servant de guide à ceux qui en ont besoin. Son secret Maxence ne le connait pas, peut être le devinera-t-il un jour mais malgré la confiance qu’elle porte à son égard ça n’est pas à elle de dévoiler cette partie de la vie de son frère. A ce jour seule Rain est au courant, un choix fait sous le coup de la colère l’ayant mené à lui asséner une gifle après quelques mots de trop. Occlumens toutes les deux elle sait ce secret bien gardé, l’Ambassadrice ne la trahira pas non plus de son plein gré.

D’un geste presque inconscient l’Anglaise invite son ami à faire quelques pas, comme si son corps réclamait un peu de mouvement « Ça m’a pris quelques années mais j’ai fini par comprendre qu’il n’avait plus besoin de moi pour se protéger. » Aucun parallèle entre sa relation avec Leroy et celle de Maxence avec Léon. Les circonstances ne sont pas les mêmes, les personnalités non plus et il existe un point qui ne peut être ignoré. Deux, en réalité. Leroy a 35 ans et de la Magie dans les veines, sans vouloir faire du cadet Wargrave un enfant sans défense il est évident que les deux « petits » frères ne partent pas avec les mêmes chances face à l’ennemi.
Jane n’a jamais considéré les Non-Magiciens comme étant sans ressources, en atteste entre autre son partenariat avec Naveen. Pour autant elle regarde la réalité droit dans les yeux, face à un sorcier et sa Magie l’un aurait moins de chance que l’autre « Je suis navrée d’apprendre que vous traversez des remous Neolina et toi. » Des mots bien banales mais teintés d’une sincérité évidente « Je vous souhaite que tout s’arrange. » D’une façon ou d’une autre.

Sous leur semelles l’herbe humide s’affaisse sans un bruit, les pas deviennent mécaniques « Est-ce que tu as quelqu’un sur qui te reposer un peu ? » Un ami, sa colocataire peut être ? Une question qu’elle-même ne s’est pas vraiment posé jusqu’ici.
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Jane I. Wilson
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Jane I. Wilson
Mar 6 Aoû 2024 - 19:44
Ils devraient s’épauler. Être là l’un pour l’autre dans les pires des moments. C’est ainsi que vont les choses lorsque tout est aligné comme ça devrait. Mais ce n’est pas le cas. Chaque fois, il lui semble qu’ils sont un peu plus à côté des besoins de l’autre. Chaque fois un peu plus gauches.
Le timing est mauvais pour se perdre. Le timing n’a jamais été bon pour ne pas savoir comment s’aimer. Car ils s’aiment, ça ne fait aucun doute. Depuis son respect chaque matin quand elle part à son soulagement lorsqu’elle rentre. Peut être est-ce plus difficile justement parce qu’ils passent du temps ensembles ? A craindre de se perdre, ils se rapprochent. Mais à se rapprocher, on entend plus aisément ce qui a rouillé dans leur complicité.
De là à rompre ? Non.
Mais assez pour que la réflexion vienne à lui échapper alors même que le sujet ne devrait avoir aucune importance au regard du drame qu’ils traversent. C’est là pourtant, comme l’est la colère de Léon et son rejet incessant le concernant. C’est aussi actuel que le massacre de leurs frères et sœurs d’armes. Aussi présent que la mort de leurs parents, l’odeur de la chair brûlée et la texture de leur peau cloquée.
Là ; comme tout ce qui le réveille la nuit, qu’importe qu’il y ait un corps chaud près du sien.

On a beau faire face au pire, à un moment, il ne reste que les vivants. Les protéger. Faire au mieux. Pas que les morts n’existent plus, mais si l’on cesse d’avancer, que restera-t-il ?
Que restera-t-il de ce monde, s’ils se prennent à songer à l’abandon ?

Et que restera-t-il de leurs proches, une fois le combat achevé ?

Un instant, Maxence se perd dans le regard de Jane. Ces questions, chacun se les pose. Elles vibrent dans leurs souffles et louvoient dans l’ombre de leurs iris. Ils se savent, connaissent les peurs qu’ils évitent en abordant des sujets plus simples, même s’il ne s’agit que de problèmes de couples ou d’un frère en colère. La densité du sous-texte n’échappe à personne. Et le simple fait de n’être pas seul face aux orages a quelque chose de réconfortant.
Entendre son rire, tout autant.

« Même si c’était mon souhait je n’aurai aucune chance de le faire céder. »   Un sourire passe sur les lèvres du grand frère quand il songe à la tête de con que peut être Léon. Il a toujours été plus vif que lui, d’une certaine manière. Plus dur aussi. Le genre qu’on ne fait pas céder. Et pourtant… Pourtant Maxence, d’une façon ou d’une autre, est passé à côté de quelque chose. Pas que Léon ait cédé. Mais il n’a jamais parlé. Ou peut être est-ce lui qui n’a jamais entendu ?

« Il est personnellement impliqué lui aussi, à sa manière. Aucune chance qu’il abandonne sa Cause et je serai bien mal avisée de lui reprocher quoi que ce soit. »

Il lui plairait. C’est là la réflexion qui passe à l’esprit de l’ancien soldat alors qu’il esquisse un petit rire. C’est idiot. Il ne le connaît qu’au travers de quelques anecdotes échangées ici et là. Pourquoi ? Comment ? Tout lui échappe. Malgré tout, la sensation reste. Un truc dans l’affection de la sœur, qui fait écho chez lui, sans doute.

- ça nous fait pas mal de points communs..

Le regard qui se pose en douceur sur la générale est fort d’une certaine forme de tendresse. Quelque chose qui s’est construit au fil des mois et à mesure des missions, des soins apportés, des urgences gérées.
Naturellement et sans véritablement se concerter, leurs pas s’accordent dans les sous bois, non loin de la surface miroir du lac.

« Ça m’a pris quelques années mais j’ai fini par comprendre qu’il n’avait plus besoin de moi pour se protéger. »  

Un sourire passe sur les lèvres du médicomage.

- Je connais la sensation.

Mais en est-il véritablement là ? Rien n’est moins sûr. Léon a survécu seul dans un enfer qu’il ne peut que deviner. Il est capable de s’en sortir, c’est certain. Malgré tout… malgré tout il restera toujours un “mais”. Maxence sait trop bien comme les moldus peuvent être fragiles face à une baguette. Comme ils peuvent tous l’être une fois désarmés. Mais peut être cette sensation est-elle d’autant plus exacerbée qu’ils l’ont été ; désarmés.
Qu’ils le sont, d’une certaine manière. Armés de tessons de verre, conscient que l’arsenal vient de disparaître, mais prêts à faire face à un pays s’il le faut.
Et que leurs frères ne sont pas loin de la ligne de front.

« Je suis navrée d’apprendre que vous traversez des remous Neolina et toi. » Sans rien dire, Maxence redresse le regard et le laisser traîner sur fougères et végétation basse. Des mots simples mais sincères il le sait. Sans doute n’aurait-il pas dû se confier sur ce point, par égard pour Néo. Peut être ne ressent-elle même pas les choses de la manière dont il les perçoit. Peut-être. Beaucoup de “peut-être”. En attendant, les après midi passées avec Niall ou Sanae lui manquent, pesant d’autant plus sur l’ambiance anxiogène avec laquelle ils dealent tous comme ils le peuvent.
C’est là la force de cette attaque. Elle taille dans le vif de leurs existences, jusque dans les soutiens qu’ils sont les uns pour les autres au quotidien. Des amis ; tout simplement. C’est parfois venu sur le tard, parfois sans mal, mais comme toute amitié forgée au goût de l’acier ; il y a là quelque chose de différent. D’une profondeur et d’une importance toute spécifique.

« Je vous souhaite que tout s’arrange. »  
- Merci.

Encore une fois, quelques mots bien simples mais des murmures bruyants.

« Est-ce que tu as quelqu’un sur qui te reposer un peu ? »

C’est là une question qui vient d’ordinaire de ses lèvres, alors un sourire passe de nouveau, pincé.

- J’ai des jeunes de Poudlard qui ont voulu faire ça il y a quelques jours. Tenir ce rôle. Il y a de l’affection dans ses mots lorsqu’il ramène son regard vers Jane. J’ai l’impression qu’il y a deux minutes trente ils n’avaient pas vingt ans et faisaient ce qu’ils pouvaient face aux enflures qui parasitaient leurs vies. J’leur ai confié mon frère. Enfin pas “confié”… mais il ne voulait pas aller ailleurs. Ça s’y prête. Et je les connais assez pour savoir qui ils sont.. Et de quoi ils sont capables. Mais ça j’y étais pas préparé. Un petit sourire passe et coule dans un souffle chargé tant de tendresse que de lassitude. A quel point parait-il fatigué pour qu’ils agissent ainsi et que Jane pose cette question ? Et dans quel monde sont-ils, pour qu’il sache son frère en sécurité là-bas ? Un instant, il laisse les questions sans réponses pour ses silences. Ceux-là même que Léon lui reproche. Ceux qui lui rappellent que tout ce petit monde a bien grandit. Et qu’ils se posent peut être la même question que Jane. Une question qui n’a pas tant de réponses. Une amie. Je suis passé chez elle après avoir retrouvé Léon. Et j’aurais sans doute pas été contre en faire de même cette semaine. Les lèvres se pincent de nouveau. Ne pas changer ses habitudes, poursuivre comme si de rien n’était. Éviter de mettre ses proches et leur famille en danger. On s’est appelés. Ismaelle s’était débrouillée pour être loin de chez elle, avec un autre téléphone. Des précautions qu’elle ne devrait pas avoir à prendre elle qui a décidé de s’éloigner. Mais encore une fois, je ramène la guerre dans les foyers de ceux qui n’ont rien demandé.

Un sourire las passe lorsqu’il échange un regard avec la générale. Comme un écho à leur première conversation.

- Et toi ?
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Maxence Lukas Wargrave
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Maxence Lukas Wargrave
Mer 14 Aoû 2024 - 15:45
« J’ai des jeunes de Poudlard qui ont voulu faire ça il y a quelques jours. Tenir ce rôle. » L’affection qui résonne dans sa voix est plus parlante que le moindre mot. Elle ne les connait pas ces gosses, tout juste à peine quelques-uns peut-être, mais elle ressent dans chaque regard ce lien indéfectible qui les lie. Ils ont connu l’horreur ensemble, y ont survécu, ce qu’ils partagent ne pourra jamais être entièrement compréhensible pour ceux qui comme moi n’étaient pas là. Maxence, lui, l’était. Un repère dans l’obscurité, aujourd’hui les rôles semblent s’inverser « J’ai l’impression qu’il y a deux minutes trente ils n’avaient pas vingt ans et faisaient ce qu’ils pouvaient face aux enflures qui parasitaient leurs vies. J’leur ai confié mon frère. Enfin pas “confié”… mais il ne voulait pas aller ailleurs. Ça s’y prête. Et je les connais assez pour savoir qui ils sont.. Et de quoi ils sont capables. Mais ça j’y étais pas préparé. » Ainsi vivent-ils dans un monde où survivre à l’impensable devient presque plus facile à gérer que des histoires de famille. Un très large résumé évidemment mais peut être existe-t-il une certaine résilience et un peu de distance face aux attaques extérieures, là où ce qui touche en plein thorax bouscule bien plus brutalement. Jane peut sentir au plus profond d’elle qu’un simple regard de sa fille pourrait l’ébranler bien plus fort qu’un sortilège ennemi alors la mine désemparée et fatiguée de Maxence ne l’étonne pas vraiment.

Lorsque ce sont les codes du cœur qui vibrent, la douleur est plus franche.
Incisive.

« Une amie. Je suis passé chez elle après avoir retrouvé Léon. Et j’aurais sans doute pas été contre en faire de même cette semaine. » Elle ne saurait dire pourquoi mais quelque chose dans les mots du jeune homme lui provoque un pincement à l’âme. Soulagée d’entendre qu’il n’est pas seul pour affronter ses maux et la situation c’est comme si elle réalisait avec une certaine soudaineté ne pas pouvoir en dire autant.
La sorcière n’a pas seulement abandonné un travail, un appartement, mais toute une vie. Des amis, des collègues, des personnes de qui elle s’est volontairement éloignée pour ne pas les mettre en danger. Et par la force des choses, simplement, puisque son quotidien aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui qu’elle menait seulement quelques mois plus tôt « On s’est appelés. Mais encore une fois, je ramène la guerre dans les foyers de ceux qui n’ont rien demandé. » Un soupir lui échappe, elle devine les traits de son visage sanas doute un peu dur. Fermés, pour le moins. Pas parce qu’elle le juge mais parce qu’elle le comprend. Est-ce que s’engager c’est être condamné à l’exil ? Le bruit de leurs pas résonne comme la seule compagnie qu’elle s’autorise mais le doute ne s’installe pas « Et toi ? » La question ne devrait pas la surprendre et pourtant c’est le cas, d’un clignement de paupières c’est comme si on l’extirpait d’un sommeil profond. D’un déni profond, surtout. Dans les faits ils sont quelques-uns à l’entourer, pour autant elle ne s’est réellement livrée à aucun d’entre eux.

Leroy ? Il ne fait pas partie de la Garde et son combat, même s’il est le sien aussi, ne mérite pas plus d’attention de la part des mauvaises personnes qu’il n’en a déjà. Ce grand colosse qu’elle a vu grandir n’a pas choisi de prendre les armes pour une bonne raison, la violence n’a jamais été une solution à ses yeux. Elle sait qu’il ne comprend pas nécessairement le choix de sa sœur mais il ne le juge pas. Parce qu’il aide ceux qui en ont besoin elle ne veut pas lui faire porter plus lourd fardeaux ni le mettre plus en danger qu’il ne l’est déjà. Sans parler de Gaby, pour rien au monde elle ne voudrait la voir replonger dans cette obscurité qui a fait d’elle un être silencieux et effrayé par le monde extérieur.

Benjamin ? Lui aussi a choisi de garder sa liberté et les siens ont trop besoin de lui. Elle ne veut pas faire peser plus lourd encore sur ses épaules.

Margo. Sa vie n’est plus ici même si son combat demeure. Elle a tourné la page, pour elle et pour sa famille.

Rain. L’amitié est sincère, pour autant Jane est au fait de leurs différences. Ce n’est pas vers l’Ambassadrice qu’elle se dirigera pour obtenir du soutien.

Dorofei ou Neolina. Des amis, d’anciens collègues devenus des frères d’armes, pourtant ça n’a rien d’instinctif pour elle d’aller vers eux.

Grace, sa famille … Elle les a déjà trop impliqués et malgré toute leur volonté ils ne pourront jamais entièrement comprendre.

Le silence dure le temps de ces réflexions, le constat se fait au fil des secondes « Il faut croire que j’ai pris l’habitude de gérer les choses par moi-même. » Son sourire semble triste alors qu’elle continue de poser machinalement un pas devant l’autre. Autour d’eux la nature n’en à que faire de leurs états d’âme d’être humain, elle continue son cycle ancestral dans un balai incessant de prédateurs et de proies.

Que sont-ils, eux, perdus dans les décombres de ce qu’ils ont cru inébranlable ?

« La vérité c’est que … » Elle hésite, cherche ou pèse ses mots en regardant le sol sans vraiment le voir « Je crois que je ne sais plus comment faire pour m’ouvrir aux autres. » Difficile à croire qu’elle ait tant changé en si peu de temps et pourtant, même son Patronus n’est plus le même.
Ce soir Jane se sent vulnérable et une part d’elle rejette ce constat jusqu’à faire naitre en elle une sorte de colère sourde qu’elle refoule tout autant. Pourquoi ? Elle ne le sait pas elle-même. Son regard désormais braqué droit devant elle se fait plus dur, dans ses poches ses poings se serrent, dans sa gorge sa voix s’étrangle un peu.
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Jane I. Wilson
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Jane I. Wilson
Mar 27 Aoû 2024 - 19:34
Elle brûle, cette douleur de comprendre à retard les erreurs qui ont été commises. D’en saisir la portée, d’en noter les conséquences sans pouvoir y faire quoi que ce soit d’autre que d’observer le brasier généré. Celui qui dévore les restes d’une famille qu’il a chéri, aimé. Une famille qui l’a accueilli et qui a fait de lui l’un des leurs, sans raison aucune à part l’amour impérissable de deux parents qui s’ignoraient encore. Ou plus exactement qu’il ignorait, lui, à son arrivée. Quand il les considérait encore comme des gens de passage dans sa vie. Ceux dont il finirait par oublier le nom. Ou plutôt ceux qu’il jurerait avoir oublié, comme il a “oublié” les Flores. Si on le lui demandait, il assurerait ne pas se souvenir de leur maison, du ponton enneigé ou de leur fille, Joleen. Pas plus que du père, Nelson, et de ses réflexions bas du front, de son éthique discutable et de ses accès de colère inquiétants. Il dira avoir oublié les Butler aussi. Qui se souvient d’une pauvre semaine ? Des questions en mitraillettes de la mère, Judy et du silence obtus du père, Todd.
Il dira ne se souvenir que de l’essentiel. D’avoir su équilibrer les choses, apprendre à les aimer et à appartenir à cette famille comme n’importe quel membre des Wargrave. Ne pas avoir fait de mal, avoir été un bon gamin, se souvenir des coups de soleil à la pèche avec leur grand père, de la chanson de sa mère lorsqu’ils étaient malades ou de son arrivée à l’hôpital, à la naissance de Léon.
La vérité c’est que tout ça peine à revenir depuis qu’il a tout enfoui sous des montagnes de déni pour ne plus y penser. Un déni au goût de cendres quand tout ce qui lui revient à chaque fois qu’il y pense… c’est le brasier. La maison en ruine. Les cadavres calcinés. L’angle anormal du bras de sa mère qu’il se répète ne pas avoir vu. Ou celui de sa nuque. Maxence fait “comme si”. Ce truc qui n’est pourtant jamais une bonne idée. Qui signifie surtout ramener la merde sous le tapis en espérant oublier qu’elle est là.
Comme s’il savait comment gérer la situation.
Comme s’il ne crevait pas de peur chaque jour de voir le numéro de Sovahnn apparaître.
Comme s’il n’avait pas envie d’exploser et de se réfugier chez Ismaelle pour ne plus en sortir.
Comme s’il savait communiquer ce qu’il n’évoque jamais.
Comme s’il avait seulement dormi ne serait-ce que huit heure au total depuis la semaine passée.
Comme s’il savait faire.
Comme si l’expérience et ses formations passées suffisaient à le rendre solide et capable face à l’ingérable.
Et qu’il n’était pas aussi paumé que n’importe qui d’autre.

La vérité c’est que c’est injuste d’en être encore là.
Que chaque nuit, il rêve des bras de sa mère, rendant alors son absence plus violente encore au réveil. Et la peur plus tenace.

Lui reste dont ce constat. Celui qui souligne les absences des autres. Savoir sur qui se reposer, auprès de qui retrouver son air. La réponse la plus évidente devrait être “Néolina”. Celle qu’il aime, qu’elle aime en retour. Qui fait partie de la même armée. Affronte les mêmes tourments. Mais qui les esquive avec tant d’acharnement qu’il a cessé de chercher à en parler.
Puis Sanae bien sûr, avec qui il parle moins ces derniers temps. Avec qui il parle peut être, en vérité, mais dont il ne se souvient de rien ou si peu, les isolant systématiquement. Systémiquement, même, si seulement l’expression était valable.
Reste Isma, à qui il ne peut parler de la Garde bien qu’elle ai compris depuis longtemps et qu’ils se comprennent à coup de non dits.
Le bilan est maigre, c’est certain, mais c’est lui, bien avant tout autre, qui peine à s’ouvrir. Lui qui n’a jamais fait que le strict minimum face à ceux qui l’ont demandé. Et lui qui n’arrive pas à se dégager de cette foutue sensation ; celle de déverser la lie dans des foyers en paix.
Dans les traits tirés de celle qui l’accompagne, Maxence lit les questionnements qui l’étouffent depuis des semaines. Ces derniers étendent plus encore leur emprise sur les linceuls des membres de la Garde. Ils se retrouvent dans le rythme cyclique des respirations de Jane et le son étouffé de leurs pas dans la végétation sèche. Leur ombre ondule dans les creux de leurs silences, les regards qui ne se croisent pas toujours, qui s’esquivent peut être même, d’une certaine manière. Dans la façon subtile avec laquelle leur marche ne les éloignent jamais vraiment l’un de l’autre. Jamais vraiment très loin des épaules qui se frôlent et des bras qui s’effleurent au gré de leurs pas.
La question la surprend, aussi prévisible soit-elle. Tout du long, Maxence ne laisse pas son regard appesantir le fil de ses réflexions. Il le laisse balayer le paysage et refait le fil de ses propres manques. Puis laisse le silence l’envahir.

« Il faut croire que j’ai pris l’habitude de gérer les choses par moi-même. » Le sourire qui passe sur ses lèvres n’est porteur d’aucune véritable joie. Il comprend. Pas qu’il soit isolé et Jane ne l’est sans doute pas plus. Elle est entourée, se bat pour ceux qu’elle aime, a autour d’elle ceux qui lui sont fidèles et partagent les mêmes combats. Tout comme il a derrière lui une foule de personnes qui, il le sait, répondraient présent s’il le demandait. A l’image même de ces jeunes qu’il a sollicité, à défaut d’autres choix, lorsqu’il a fallu trouver un toit à Léon. Pas une question, pas une hésitation, pas plus de temps de latence qu’il n’en a eu avec Enzo lorsque celui-ci s’est écroulé. Certains liens se passent de questionnements. Mais ce n’est pas pour autant qu’il leur parle. Et ce n’est pas pour autant qu’elle le fait.
Il se souvient pourtant de leur discussion, le premier jour. Face au corps d’un gosse qui n’avait rien demandé et s’est pris toute l’injustice du monde. Une première mission lors de laquelle lui-même aurait pu ne pas rentrer. Celle durant laquelle il a compris en quelques instants l’importance de sa relation avec Lana. Qui s’est confirmé au fil des semaines. Des mois.
Ne reste qu’eux. Et ces mots qu’ils ne savent prononcer. Et ces disparus à qui ils ne pourront plus parler.
« La vérité c’est que … » En douceur, Maxence relève son regard vers Jane. Elle, le garde braqué vers le sol. « Je crois que je ne sais plus comment faire pour m’ouvrir aux autres. » Il pourrait y avoir de la fatigue dans ses mots, quelque chose qui ramollisse ses gestes. Et dans le fond, c’est sans doute le cas. Pour autant bien au contraire, ses traits se tendent et ses muscles se crispent. Il y a quelque chose en elle qui, l’espace d’un instant, a quelque chose d’hypnotique. D’impressionnant du moins. La même chose qu’il a vu, encore et encore, à chaque mission, à chaque cas difficile, à chaque dossier compliqué. Il y a des braises chez cette femme. Un feu interne que leurs ennemis pensent souffler en oubliant qu’ils ne l’étouffent pas mais le ravivent.
Est-ce ce qu’elle voit, elle, quand il faut se faire face en fin de journée, et croiser son regard dans le miroir ?

La nature, elle, se fout de tout ça. De leur fatigue nerveuse, des épreuves et des engagements. Elle se fout des guerres et de la solitude. Elle se contente d’onduler et de s’abaisser le temps d’un souffle de vent. Le temps de laisser courir le silence. Puis de reprendre.

- Les Wargrave m’ont accueilli quand j’étais gamin. Et adopté officiellement à l’adolescence. J’ai cru que je savais faire : m’ouvrir aux autres. Et j’ai cru avoir trouvé un équilibre entre deux mondes qui ont du mal à s’accorder. Pourtant c’est ce qu’il me reproche et je crois qu’il n’a pas tors finalement. J’ai pas su. Ni ado, ni adulte. J’ai jamais tant partagé ni attendu qu’on m’aide. Je croyais pourtant. Un sourire triste passe sur ses lèvres à ces souvenirs qu’il sent remonter et qu’il repousse sans mal. Question d’habitude. J’suis pas si bon que ça pour donner le change il faut croire.

Un soupir amusé. Et son regard qui repart de nouveau vers elle.

- Tout ça pour dire que je comprends la sensation. Et la solitude qui existe en arrière plan. Celle qu’on n’arrive pas tout à fait à identifier, faute de trop l’ignorer. Là encore, question d’habitude. Alors il hausse des épaules et reprend, une pointe d’amusement dans la voix. Parce que rien ne va mais qu’ils sont encore debout. Et que c’est ainsi qu’il a toujours fait face, lui. Une forme de sourire buté face aux charniers que le monde lui impose. Une sorte d’acharnement, à sa manière.
Tu peux toujours tenter maintenant, le moment est foireux… mais c’est sans doute parce qu’il est foireux que c’est le meilleur à offrir..
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Maxence Lukas Wargrave
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