What's else - Hailey

« Ouais, on peut toujours essayer, mais je ne te promets pas le résultat final.»

Elle comprenait tout à fait la réponse de Theodore, elle connaissait bien ce sentiment de ne pas trop savoir quoi attendre de soi-même. Comme un chaton qu'on sortait de sa boite et qui n'avait qu'une envie; s'y replonger le plus rapidement possible. Si son coeur ne s'était pas arrêté de battre, probable qu'il y avait beaucoup de choses qu'elle n'aurait pas fait, beaucoup de choix qu'elle n'aurait pas pris. Rester à sa place, tout faire pour plaire à ceux qui nous entoure, oubliant peu à peu ce que nous voulons vraiment. Non, elle n'avait pas de mal à imaginer Bladgen assit à sa place, écraser par le regard rempli de déception de son géniteur.

Oui, il serait sûrement châtié si on le surprenait à faire les yeux doux à un vampire, n'importe quel adulte sensé lui dirait de se tenir à l'écart, que c'était bien trop dangereux. Qu'arriverait-il si le pire se produisait? Continuerait-il de longer les ruelles tard la nuit pour venir à sa rencontre? Briserait-il les règles pour sa compagnie, ou écouterait-il la voix de la raison et resterait à l'écart? Des idées auxquelles Hailey ne voulait pas penser a cet instant. Elle ressassait beaucoup d'évènements passé et futur dans son petit crâne, mais celui-ci était sans image, un tableau vide qu'elle se refusait de peindre par peur de ce qui s'esquisserait.

Elle préférait donc le distraire, utiliser la surprise contre lui pour qu'ils oublient un peu la menace du monde qui les entourait. C'était dangereux, insensé et peut-être même un peu risqué, mais le vampire n'arrivait pas à se soucier des autres plus qu'elle ne s'intéressait à Theodore. Elle aurait affronté le ministère et son armée pour passer une soirée de plus en compagnie de son camarade, quelque chose qui refuserait sans doute, mais qui prouvait bien sa détermination. Elle le traîna donc à travers les rues sans plus de soucis que celui de s'assurer que la bâtisse était toujours debout.

Et elle y était, toujours bien coincée entre deux échoppes bien entretenues, un petit coin de monde perdu, oublier qui ne demandait qu'à retrouver sa gloire d'antan. Du temps ou l'établissement brillait encore comme un petit joyaux, on y cuisait des pains et des gâteaux dans un vieux four à bois dont les briques s'éffrittaient au fil du temps. Hailey s'imaginait déjà en train d'y préparer des biscuits secs pour accompagner le thé qu'elle servirait dans la grande salle. Elle savait que l'endroit ne ressemblait à rien et qu'elle avait sûrement les rêves plus gros que la panse, elle avait pourtant pris la décision de devenir plus indépendante et de trouver sa marque dans le monde loin de son père et de son stupide nom.

« Heu ? Attends, attends Hailey, tu vas un peu trop vite pour moi. Tu as acheté… ou veux acheter ça … pour en faire un lieu où l'on boit du thé et tout et où il y a des livres ?» Hailey ne pui retenir un petit rire de s'échapper de sa bouche devant les interrogations de Theodore, se demandant si son idée n'était pas un peu trop moldu pour le monde des sorciers. Elle haussa les épaules, comme pour souligner la bêtise de ses aspirations. ‘' Je voudrais en faire une librairie où on pourrait venir prendre le thé et feuilleté des bouquins avant de les acheter. Je pourrais aussi restaurer des vieilles éditions au sous-sol pour arrondir les fins de mois ‘' Un plan plutôt branlant qu'elle tentait de préciser depuis quelques semaines, malheureusement les choses n'étaient jamais simple et la vie s'efforçait toujours de lui mettre des bâtons dans les roues. « C'est quoi du coup cette histoire de trois mois ? Et de treize jours ? » Elle haussa les épaules, s'éloignant de l'édifice pour rejoindre les côtés de Theodore pour admirer les ruines de la petite avenue. ‘' Je ne suis pas la seule à avoir l'oeil sur ce petit bijou, mais le courtier à promi de me laisser deux semaines pour réunir la somme, sans quoi elle retournera sur le marché. ‘' Curieux qu'au moment même où elle avait fait une offre sur la bâtisse, quelqu'un d'autre avait également décidé de miser. Le rival n'avait pourtant pas la détermination qui animait la petite Hailey, persuader que c'était là son ticket pour la liberté et surtout; l'indépendance. Elle resta un moment en silence, les yeux rivés sur les ruines où elle allait peut-être construire les fondations de sa vie éternelle. Un petit endroit à l'abri où elle pourrait regarder le temps passé jusqu'à ce que les siècles s'entremêlent et se perdre dans l'espace. Jusqu'au jour où elle ne serait plus, ou alors elle la vendrait et s'établirait ailleurs, là ou les rues ne seraient pas hantés par le souvenir de ceux qui la quitteraient.

Qui sait, pour l'instant ce n'était que des murs qui menaçaient de s'effondrer sous une cheminée vacillante. Son nouveau boulot devrait l'aider à économiser ce qui lui manquait lorsqu'elle réunissait tous son or et les objets de valeur de son appartement qu'elle avait déjà commencé à liquider. « Tu as avoir besoin d'aide pour les travaux ?» Sans savoir pourquoi, Hailey avait du mal à imaginer Theodore brandissant un marteau ou retapant le carrelage d'une cuisine, c'était pourtant une idée qui lui plaisait. Peut-être pouvait-il alléger son travail avec quelques sortilèges ici et là, il fallait bien que la magie servt à quelque chose d'autre que s'attaquer entre sorciers ou enflammer des chandelles. Elle détourna la tête vers lui, son regard n'avait rien perdu de la douceur que son baiser avait provoqué, glissant un instant contre ses lèvres qui lui manquaient déjà. ‘' Je ne dis pas non ‘' Souffla-t-elle dans un maigre effort pour contenir sa joie derrière son sourire fendu. ‘' J'aurais également besoin de toi pour me tenir au courant des ventes chez Bertie, je vais surtout avoir besoin de chocolat. ‘'

Ça n'avait jamais été ce qu'elle préférait, même de son vivant, elle savait pourtant qu'il n'y avait rien comme l'odeur de biscuits pour attirer adultes et enfants, ces derniers auraient également besoin d'être distraits pendant que leurs parents parcouraient les étagères. Quoi de mieux qu'une bonne boisson chaude fait à partir de véritable carrés de chocolat. Incapable de résister à son coté espiègle, le petit vampire se pencha discrètement vers son oreille, inspirant son parfum envoûtant avant de souffler. ‘' T'as envie d'aller y jeter un coup d'oeil? ‘' Ses yeux clairs et brillants le détaillait doucement, trop subjuguer pour craindre sa réponse.

Jeu 2 Mar - 18:35

Elle ne semblait rien avoir à redire ce qui était certainement une bonne chose, elle était au moins compréhensive sur ce point-là, et puis est-ce que l’on ne disait pas que l’enfer était parfois pavé de bonnes intentions, ou encore que c’était l’intention qui comptait ? Il allait donc essayer, faire de son mieux mais le résultat il ne le connaissait pas encore. Alors Hailey avait semblé vouloir prendre la discussion sur un autre pied – à moins que ce soit une nouvelle idée comme qui lui avait traversé l’esprit ,- et elle l’avait emmené un peu plus loin dans de nouvelles ruelles et devant un bâtiment qui semblait plus en ruines qu’autre chose. Elle semblait si ravie, presque fière, qu’il ne savait pas trop ce qu’elle attendait de lui exactement. Pour l’instant tout ce qu’il voyait c’était une vielle bâtisse pleine de poussière, qui mériterait une bonne rénovation. Alors, pourquoi ? Il repensa un instant à sa rencontre avec Eileen, et il se dit que c’était au final peut-être l’architecture du lieu qu’elle voulait partager, mais il n’était pas doué là-dedans non plus, il n’y voyait rien de spécial. A moins que ce soit encore autre chose : comme ils devaient être discrets et qu’il ne semblait pas il y avoir un chat là-bas, ils devaient pouvoir se retrouver là-dedans pour se voir en prenant moins de risque qu’en ville… enfin moins de risque c’était vite dis, elle semblait quand même un peu sur le point de s’effondrer à certains endroits, mais ça non plus il ne se voyait pas le dire pour ne pas faire disparaitre son magnifique sourire de son visage.

Fort heureusement pour lui, c’est Hailey elle-même qui avait repris la parole lui expliquant ce qu’elle comptait. Enfin, disons qu’expliquer était un bien grand mot aux yeux de Théodore, par ce qu’il n’était vraiment pas sûr de tout avoir suivi. Transformer ce truc pour en faire un lieu où il y aurait du thé et des livres ? C’était ça son idée, ou un simple rêve, ou encore ce qu’elle voulait qu’ils imaginent lorsqu’ils étaient ici ? Si pour elle tout semblait clair, la façon dont elle lui présentait – et surtout qu’ils en avaient jamais parlé avant- le faisait quand même un peu hésiter sur le fond et la forme du projet, sur ce qu’il y avait à comprendre. Elle eut un petit rire et il retroussa un peu le nez ne voyant pas ce qu’il y avait de drôle là-dedans, il était loin d’être vexé, mais juste un peu perplexe. La vérité, c’est qu’avec les maladroits et compagnie, il voyait mal une collaboration entre les livres et la boisson, si on abime un livre chez soi, bon et bien c’est ainsi mais dans un tel lieu ? Il avait l’impression de rater une information importante. ‘' Je voudrais en faire une librairie où on pourrait venir prendre le thé et feuilleté des bouquins avant de les acheter. Je pourrais aussi restaurer des vieilles éditions au sous-sol pour arrondir les fins de mois ‘’ L’idée en soi, il la trouvait plutôt bonne, c’était sympa, ça changerait certainement de ce que l’on pouvait voir MAIS… mais s’il était généralement interdit de boire et manger dans les bibliothèques et librairies ce n’était pas pour rien. Et ce point-là, il ne savait pas s’il devait lui faire remarquer ou pas. Il n’avait pas envie de tuer une idée dans l’œuf, mais des fois avoir un autre point de vue était toujours quelque chose d’utile voire d’intéressant. On ne peut pas penser à tout. Il se passa alors la langue sur ses lèvres cherchant ses mots C’est une excellente, c’est vrai que ça changera certainement de ce que l’on peut voir ailleurs… Cependant, heu… il y a beaucoup de gens qui sont maladroits et qui ne font pas attention, certains risquent d’abimer les livres et de ne pas les acheter, genre si de leur boisson tombe dessus, tu vois ? C’est pour cela que dans ce genre de lieu on évite de mettre des boissons ou de la nourriture. Il suffit juste de prévoir cette éventualité et de voir ce que tu appliqueras dans ce cas-là … peut-être. Après tout, elle ferait bien ce qu’elle voudrait, cela ne le regardait pas. Il savait juste que ce n’était pas le genre de choses qui s’improvisaient, d’ouvrir une boutique, de tenir les comptes divers et variés, les stocks, de tout gérer de front et d’être en plus commerçant. Certainement qu’il était un peu trop terre à terre. Mais ce n’était pas comme s’il n’y avait pas d’investissement financier derrière, et il ne voulait pas qu’elle se retrouve encore plus dans la merde qu’aujourd’hui. Mais pour l’instant, il ne voulait pas être trop négatif et d’ailleurs il y avait eu un autre point – cette fois financier- qui avait attiré son attention. « Je ne suis pas la seule à avoir l'oeil sur ce petit bijou, mais le courtier à promi de me laisser deux semaines pour réunir la somme, sans quoi elle retournera sur le marché. ‘' Il opina alors un peu. Il fallait qu’il lui dise quelque chose, par Merlin, il ne pouvait pas la laisser s’embarquer là-dedans comme ça. Alors il devait faire un choix, rapidement sans savoir si c’était le bon. Il préféra pour l’instant lui demander si elle avait besoin d’aide pour les travaux histoire qu’elle n’ait pas l’impression qu’il la plombait et qu’il était avec elle sur ce coup-là, ce qui n’était pas tout à fait faux. Mais Hailey était certainement beaucoup plus rêveuse que lui sur ce genre de choses, elle ne voyait pas forcément tous les points négatifs… Comment ouvrir la boutique en pleine journée ? On ne pouvait pas la plonger totalement dans le noir ? ‘' Je ne dis pas non . J'aurais également besoin de toi pour me tenir au courant des ventes chez Bertie, je vais surtout avoir besoin de chocolat. ‘' Et il avait l’impression de s’être mis un couteau dans la gorge, comment est-ce qu’il allait pouvoir lui dire tous les points « négatifs » maintenant ? Il ne voulait pas ruiner sa bonne humeur et cette joie qui émanait d’elle… mais il ne pouvait décemment pas non plus lui ne pas lui faire voir certains aspects. « Je vais essayer, mais moi j’suis surtout dans la création de nouvelles senteurs pour les bonbons… pas du tout dans la vente.» Allez dis-lui. Mais il n’eut pas le temps de prendre son courage à deux mains que déjà, elle le perturba en lui murmurant quelques nouveaux mots à son oreille. « Ouais, ouais bien sûr que je veux aller jeter un coup d’œil.» Il lui fit un léger sourire et essaya de trouver des mots doux et diplomatiques « Tu as déjà fait ça ? Enfin tout gérer comme ça ?» Il se dit que déjà cette question était pas mal pour démarrer pour mieux se situer. «Tu vas en faire surtout une boutique nocturne ou tu comptes aussi l’ouvrir en journée ? » Problème numéro 2 soulevé, mais là encore d’une manière un peu détournée bien qu’elle comprendrait ses intentions et cela le rendait nerveux, par ce qu’il ne voulait pas la blesser, au contraire c’était pour la protéger.

Comme toujours, Theodore était beaucoup plus avenant et réfléchi qu'elle, c'était l'une des choses qui pouvaient en agacer certains mais qu'Hailey aimait par dessus tout. Comme un petit Jiminy Cricket qui la mettait en garde avant qu'elle ne ce fou les pieds dans les plats.

« C'est une excellente, c'est vrai que ça changera certainement de ce que l'on peut voir ailleurs… Cependant, heu… il y a beaucoup de gens qui sont maladroits et qui ne font pas attention, certains risquent d'abimer les livres et de ne pas les acheter, genre si de leur boisson tombe dessus, tu vois ? C'est pour cela que dans ce genre de lieu on évite de mettre des boissons ou de la nourriture. Il suffit juste de prévoir cette éventualité et de voir ce que tu appliqueras dans ce cas-là … peut-être. »

À nouveau, elle avait l'impression de faire partie d'un autre monde, ou alors était-elle encore perdu dans sa propre tête. Elle avait l'habitude d'ajouter une touche de fantaisie invisible à ce qui l'entourait, sûrement pour compenser la noirceur du monde qui semblait toujours vouloir l'agresser. Son visage ce tordu d'une expression confuse, ses sourcils s'abaissant gravement tandis que sa lèvre supérieure se retroussait.

‘' Attends, t'es sérieux là? On peut changer d'apparence physique et faire lévité un grizzli dans les airs, mais nettoyer des tâches de thé sur les pages d'un livre, c'est là qu'on trace la limite? ‘' Elle avait conscience qu'elle avait toujours bonifié la magie durant son parcours de moldus, que ce n'était pas tout à fait comme dans Cendrillon et que les petits oiseaux ne lui confectionnerait pas de rob de bal, il y avait pourtant quelque chose de profondément décevant et presque risible dans les limites que cette soit disant magie contenait. Peu importe, ce n'était pas suffisant pour la décourager de l'idée, elle devrait simplement s'adapter et devenir une ennuyeuse librairie à l'image de Barnes and Noble. Il faudrait sans doute qu'elle balance la monotonie de l'endroit en augmentant sa marge de profit. Oui, très très ennuyeux comme projet.

« Je vais essayer, mais moi j'suis surtout dans la création de nouvelles senteurs pour les bonbons… pas du tout dans la vente.»

Il avait donc un coté créatif qu'il cachait bien derrière ses petites allures érudites, elle se demanda alors ce qui l'inspirait quotidiennement dans son boulot. Le processus de création qu'il appliquait à ses confiseries, si parfois quelque chose lui rappelait son amie, comme elle pensait à lui chaque fois que l'odeur boiteuse des chênes de la forêt magique le ramenait à son esprit. Une idée qui la quitta rapidement pour une autre, celle de lui montrer l'intérieur décrépie qui se cachait derrière la lourde porte de bois gravée.

« Ouais, ouais bien sûr que je veux aller jeter un coup d'œil.» Le vampire ne remarqua pas la légèreté de son sourire en lui rendant, sûrement aveugler par l'excitation qu'elle ressentait à l'idée de partager ses projets futurs. Mais la précarité de ses rêves n'échappait pas à son compagnon qui ajouta; « Tu as déjà fait ça ? Enfin tout gérer comme ça ? Tu vas en faire surtout une boutique nocturne où tu comptes aussi l'ouvrir en journée ? »

Beaucoup de questions auxquelles elle n'avait pas encore réfléchi, elle avait préféré se préoccuper du contenant avant du contenu, toujours incertaine si la bâtisse survivrait les rénovations ou si elle devait remplacer chacune des charpentes tremblantes qui la constituait.

‘' Je pensais surtout commencer par m'occuper du bâtiment et trouver assez de livres pour le remplir, ça me donnera amplement le temps d'apprendre quelques trucs et peut-être engager un employer. C'est une bonne idée d'avoir quelqu'un qui pourrait faire tourner la boutique durant le jour ‘' Elle offrit un sourire à Theodore, contente qu'il soit là pour mettre des rails à son train plutôt que son père ou son créateur. ‘' Attends moi ici ‘'

Elle l'abandonna sur le palier de la boutique pour aller rejoindre l'allée plus loin, quelques secondes et elle disparaissait déjà dans la pénombre de la ruelle. Elle C'était assurer de laissé la fenêtre de la cuisine ouverte quand elle était venue quelques jours plus tôt, inutile de se soucier de la boue dans la petite cour de quelques mètre carrés vu l'état de l'endroit. Le vampire était assez agile pour se glisser par la fenêtre sans bruit, Hailey ne pouvait cependant échapper au bois pourri sous son pied qui craqua de désespoir en se fendant. Tout comme la poignée hurla sous la force qu'elle dû mettre pour l'ouvrir, encore une chose de plus à réparer dans l'endroit. Comme tous le reste qui ne servait plus qu'à abriter insectes et petits rongeurs. Un paradis pour Mr Flocon qui était resté à l'appartement, une entreprise monstre pour une petite vampire aux yeux perçants l'obscurité qui extirpait sa baguette pour souffler un sortilège dignement réussi.

‘' Incendio ‘'La torche qui n'avait pas servi depuis longtemps s'enflamma dans son socle murale, elle offrit un nouveau sourire à son professeur avant de lui prendre à nouveau la main et le tirer énergiquement à l'intérieur. L'endroit était tout aussi crampé qu'il en avait l'air de l'extérieur, coincé entre deux bâtisses plus modernes comme si la révolution l'avait oublié.Une grande pièce centrale ou des reliques de comptoir et de vitres qui confirmaient qu'on y avait autrefois vendue des denrées, la caisse ornée de cuivre s'étalait ouverte contre le plancher tout près de la porte de service. Aucun signe d'altercation ou de rénovations, comme si l'échoppe s'était simplement endormi un soir et avait oublié de se réveiller. Hailey entendait les rats qui couraient dans le plafond et les insectes qui rampaient sous le plancher, mais elle s'en moquait. Elle avait quelque chose à prouver et elle le ferait, même si ça voulait dire investir de l'argent qu'elle n'avait pas dans un endroit qui ne semblait pas vraiment en valoir la peine.

Jeu 23 Mar - 19:08

Il devait se montrer le plus impartial possible, mais ce n’était pas simple. Par ce qu’il aimait vraiment beaucoup la jeune femme et qu’il voulait ni se montrer blessant, ni la démotiver alors il avait eu l’idée qu’elle essaye de prendre conscience de tout ce que ça impliquait. Ce n’était pas gagné, par ce que lui-même n’était pas un expert là-dedans. Alors, il lui proposait certaines choses, il essayait donc de lui dire certaines choses qui lui passaient par l’esprit notamment sur l’hygiène, il en était certain, il y aurait certainement quelques drames et il n’était pas certain que ce soit vraiment une affaire viable. Si elle avait été très fortunée, il s’en serait certainement moins soucié, ça serait une petite perte, mais là elle semblait vouloir mettre toutes ses économies et elle ne pouvait donc pas se permettre de rater. Du moins de son point de vue… après tout elle n’avait peut-être pas le même et ça serait toujours elle qui aurait le dernier mot, il n’insisterait pas outre mesure. Il vit soudain la tête qu’elle faisait et fronça les sourcils, il espérait juste ne pas avoir fait trop d’erreurs.

‘' Attends, t'es sérieux là? On peut changer d'apparence physique et faire lévité un grizzli dans les airs, mais nettoyer des tâches de thé sur les pages d'un livre, c'est là qu'on trace la limite? ‘'
« Ca dépend probablement si l’encre est touchée ou pas, mais tu te vois nettoyer livre après livre ? Peut-être que suivant les taches ce n’est pas le même sort… mais là je ne m’y connais pas assez. Pour des petites taches ça peut passer, mais beaucoup de gens aiment les livres neufs.»

Il haussa un peu les épaules, par ce qu’il ne savait pas quoi dire d’autres. Ou alors, il fallait qu’elle fasse des livres à prix réduits… et donc sa marge était censée baisser mais là encore, il ne s’y connaissait pas assez. Alors il préféra ne pas en rajouter, par ce qu’il n’était certain de rien, par ce qu’il en avait déjà trop dit.

« Puis, ici, on est pas en quartier Moldu ? Tu ne pourras pas faire de la magie comme ça… après en quartier sorcier ça serait déjà peut-être plus faisable.»

Il n’en restait pas moins qu’avec son petit « souci vampirique », tenir une telle boutique serait peut-être compliqué. Ou pas. Il devait bien, il y avait des tips qu’il ne connaissait absolument pas. Theo avait continué à poster des questions, et à lui expliquer ce qu’il faisait avant d’accepter de faire un tour à l’intérieur. La diplomatie était tout en art surtout dans ce genre de situations, il essayait d’y aller le plus doucement possible pour lui donner un maximum de piste.

‘' Je pensais surtout commencer par m'occuper du bâtiment et trouver assez de livres pour le remplir, ça me donnera amplement le temps d'apprendre quelques trucs et peut-être engager un employer. C'est une bonne idée d'avoir quelqu'un qui pourrait faire tourner la boutique durant le jour ‘'

Il haussa un sourcil, un peu perdu et perplexe. Si l’idée en soit était bonne … Le reste restait approximatif comme si elle ne voyait que son projet et pas tout le reste à côté. Il voyait bien comment son patron étai toujours dans les papiers, et c’était certainement pareil dans le monde moldu ou sorcier, peut-être même pire dans le monde Moldu. Il cherchait les mots les plus adéquats et compréhensibles, il avait l’impression qu’elle pensait que tenir une boutique se ferait rapidement, en un claquement de doigts ou presque. Quelques instants plus tard, elle disparut dans l’obscurité le laissant cherchant ses mots, ses arguments qu’il n’était même pas certain de dire. Il y eut quelques bruits avant qu’un nouveau sortilège naquit dans les lèvres de la jeune femme qui venait d’allumer une torche pour les éclairer -. Elle lui prit de nouveau la main pour l’attirer à l’intérieur…. Et c’était… aussi vieillot à l’intérieur au point où il espérait que rien ne leur tombe dessous… mais il devait il y avoir du cachet une fois que tout serait bien en ordre.

« C’est vrai que bien arrangé, ça pourrait être vraiment sympa mais…» mais quoi, Theo ? Il se mordilla la lèvre, un peu gêné, puis se passa une main dans les cheveux. «… mais j’ai un peu peur que tu t’embarques dans quelque chose qui te dépasse, par ce que tu y vas mettre tout ton argent, je ne voudrais pas que tu te plantes. L’idée est cool, mais tenir un magasin, c’et aussi remplir plein de papiers chaque mois, payer des taxes, payer un employé puisque tu en veux un, et pour ça faut que tu sois sûre de rentrer dans tes frais. Et vu les travaux à faire ça va déjà coûter beaucoup d’argent, tu vois ? Et encore je ne m’y connais pas trop, je sais que mon patron parle de la comptabilité aussi… enfin tu vois, plein de choses que je ne connais pas vraiment. Fais attention à toi, s’il te plait.»

A ta santé mentale, physique. A ce que tu peux vraiment faire en tant que vampire… et il n’avait pas encore abordé ce point. Probablement qu’il ne le ferait pas. Il ne voulait pas enfoncer le clou encore plus profondément.

« Ca dépend probablement si l'encre est touchée ou pas, mais tu te vois nettoyer livre après livre ? Peut-être que suivant les tâches ce n'est pas le même sort… mais là je ne m'y connais pas assez. Pour des petites tâches ça peut passer, mais beaucoup de gens aiment les livres neufs.»

Hailey oubliait souvent les subtiles nuances de la magie, qu'il y avait une différence entre allumer une lampe et enflammer une chandelle. La réflexion était plus facile lorsqu'elle utilisait son cerveau de moldus, la physicalité des actions entre l'interrupteur et le briquet ne lui échappait jamais.

Il avait probablement raison pour les livres aussi, les gens normaux aiment avoir des couvertures bien droites et reluisantes, ils aiment être les premiers à lire les mots d'une nouvelle page fraîchement imprimés. La blonde quant à elle avait grandi à travers les vieux objets. Rien à voir avec les vieilleries de quelques générations que les sorciers s'échangeait tout le temps. Des artefacts, des textes dont on ne peut étudier que la traduction, des décorations qu'on ne pouvait jamais toucher. Qu'on devait ‘' aimer avec ses yeux ‘' comme Thomas lui avait appris.

C'est peut-être pourquoi le chaos d'une librairie seconde main l'avait autant attiré, parce qu'elle en avait marre de cette balance oppressante de l'univers qui décidait de ce qui était coutume ou pas. Sensé ou non. Hailey n'avait qu'une envie, tomber à nouveau dans le terrier et retrouver ce fichu lapin blanc à la montre dorée.

« Puis, ici, on est pas en quartier Moldu ? Tu ne pourras pas faire de la magie comme ça… après en quartier sorcier ça serait déjà peut-être plus faisable.»

Autre chose qu'elle n'avait pas pris en compte, il faut dire qu'elle n'avait toujours pas trouvé un contact pour changer les billets de papa en pièce d'or, ce qui faisait d'elle une pauvrette dans le monde des sorciers. Peut-être pourrait-elle attendre la nuit, lorsque les gens sont endormis pour retirer le chaos du monde qui s'était manifesté sur les pages des livres? Elle y passerait sa vie et ne possédait pas la manière de passer inaperçu. La dernière chose qu'elle avait besoin était d'une morsure dans son établissement sous les yeux de moldus affoler. Elle tentait toujours le coup, comme une gamine tentant de lui expliquer pourquoi on n'avait pas vraiment besoin d'annuler la sortie au zoo même s'il pleuvait à boire debout.

« C'est vrai que bien arrangé, ça pourrait être vraiment sympa mais…»

Elle devrait se suffire de ce petit partage de vision, elle le savait bien. Pourquoi avait-elle choisi Theodore pour déployer ses aspirations alors qu'elle le connaissait réfléchi et sensé? On aurait pu croire à l'autodestruction de son rêve, un choix totalement conscient pour une jeune femme pas très sûre d'elle-même. Il y avait bien une sous vérité dans tout ça, mais c'était aussi beaucoup plus. Dans sa vie, on avait souvent répété les mêmes paroles à son oreille dans l'espoir qu'elle comprendrait, ou simplement qu'elle écouterait. Il y avait ceux qu'elle écoutait respectueusement avant de rouler les yeux en reprenant son chemin. Il y avait ceux qui voulait imposer leurs idées, ceux là elle ne les écoutait même pas. Certains qu'elle comprenait, mais pas tout à fait et mesurait par confiance. Puis il y avait ceux qui avait les mots, ceux dont elle pesait les mots sans mal puisque le message passait clairement. Elle n'avait pas à chercher de sous-entendu ou ratait l'interligne qui devrait être si simple à comprendre selon certains.

«… mais j'ai un peu peur que tu t'embarques dans quelque chose qui te dépasse, par ce que tu y vas mettre tout ton argent, je ne voudrais pas que tu te plantes. L'idée est cool, mais tenir un magasin, c'et aussi remplir plein de papiers chaque mois, payer des taxes, payer un employé puisque tu en veux un, et pour ça faut que tu sois sûre de rentrer dans tes frais. Et vu les travaux à faire ça va déjà coûter beaucoup d'argent, tu vois ? Et encore je ne m'y connais pas trop, je sais que mon patron parle de la comptabilité aussi… enfin tu vois, plein de choses que je ne connais pas vraiment. Fais attention à toi, s'il te plait.»

C'était une bête idée, mais il ne le soufflait pas. Elle échouerait probablement ou découvrirait que son rêve n'est pas si géniale que ça, mais il ne le disait pas. Pas besoin, elle le savait déjà, il lui rappelait simplement toutes ces raisons qu'elle avait oubliés ou ignorer, pas tellement par manque d'intelligence mais parce qu'elle avait l'habitude de déléguer ou que son père s'en occupe pour elle.

Le vampire détourna la tête, pouvant toujours admirer la vision des étagères remplient de tomes et son petit atelier de restauration à l'arrière. Elle aurait remplient les espaces vides des fenêtres avec des plantes tombantes qui aurait bloqué les rayons du soleil et aurait fait la meilleure recette de chocolat chaud Harding que le pays avait connue.

Un beau tableau, voilà peut-être à quoi servait les rêves. Ils offraient une belle vue qu'on pouvait capturer quelque part dans son esprit avait de poursuivre son chemin. Elle haussa les épaules, abaissant légèrement le menton comme si elle avait un peu honte de ses rêveries.

‘' Tu as surement raison, c'est un grand projet pour une petite idée impulsive ‘' Ce n'était pas nouveau, elle bougeait et parlait toujours sans réfléchir, tant de fois elle aurait aimé faire marche arrière et reprendre ses sens avant de s'embarquer dans quelques choses. Des erreurs qu'elle avait commises parce qu'elle ne réfléchissait pas toujours aux conséquences ou aux sacrifices nécessaires.

‘' C'est juste que je... ‘' Que tu quoi. Que tu ne veux plus être la gosse de riche à papa, mais que tu ne sais pas faire autrement. Que tu a toujours le raisonnement d'une princesse qui peut faire ou pensée ce qu'elle veut et que l'univers allait se plier à sa volonté? ‘' Avant je savais exactement ce que je voulais faire, tu vois. Ou ma vie se dirigeait. Enfin, c'est ce que je croyais ‘' Dit-elle dans un souffle court, elle quitta la main de Theodore pour se diriger dans la pièce pour l'inspecter, comme si elle voulait se souvenir de la craque du foyer et de la tâche jaunie contre le papier peint.

‘' Avec le temps, je réalise que l'indépendance que je pensais avoir acquise n'était qu'une illusion. Même aujourd'hui il veille à mon appartement, ma voiture et mes dépenses. ‘' Oui, la petite fille à papa, Hailey Harding. Celle qui avait étudié à loisir autant qu'elle le voulait sans jamais avoir les notes justifiables pour garder un siège. Celle qui ne s'était jamais arrêté à se demander comment elle allait payer son café à 6$ avant les cours ou faire une donation charitable sur le campus parce qu'elle ne savait pas dire non sous la pression. Même si elle n'avait jamais été gourmande et détestait le shopping, le poids de son style de vie commençait à peser sur sa morale.

‘' Je prendrais bien le premier boulot qui vient, mais... '' Mais je risque de bouffer quelqu'un '' Et pour tout dire je n'ai pas vraiment d'expérience dans quoi que ce soit sauf... Les bibliothèques... ‘' Aider la bibliothécaire au lycée et à l'université n'était pas exactement quelque chose qu'on validait sur un curriculum, jusqu'ici ça ne lui avait apporté que quelques crédits qui n'étaient pas relier aux arts.

Dim 9 Avr - 9:08

Peut-être qu’encore une fois il pensait un peu trop, mais il n’y pouvait rien. Quelque part, il se disait qu’il ferait mieux de se la fermer, après tout son idée pouvait peut-être marcher, il n’en savait trop rien… Néanmoins vu la situation d’Hailey, il se disait que c’était la moindre des choses de se montrer un peu plus terre à terre, elle allait investir – et beaucoup- là-dedans. La laisser foncer droit dans le dur et qu’elle galère pendant des mois, voire des années pour rembourser d’éventuelles dettes, était impossible à ses yeux. Il espérait juste qu’elle ne lui en voudrait pas, qu’elle comprendrait qu’il faisait vraiment ça pour son pour son bien, son intérêt à elle, et rien qu’à elle. Tout n’était pas négatif, loin de là, mais il manquait quand même quelques étapes plus « techniques » à la belle blonde et il trouvait ça normal de lui souligner cela, qu’elle s’interroge dessus et voit si elle pouvait l’intégrer dans son idée, modifier un peu quelque chose pour que tout soit cohérent et compagnie. Oui, il aurait certainement dû y aller beaucoup plus doucement, mais quelque part, il se disait que c’était comme enlever un pansement, il fallait il y aller le plus rapidement possible, ça ferait certainement moins mal, du moins il l’espérait de toute son âme. S’il y a bien quelqu’un qu’il voulait voir heureuse et faire ce qu’elle aime, c’était Hailey… et il était en train de tout gâcher lamentablement par un acquis de conscience et un esprit certainement un peu trop carré par moment, et trop terre à terre. Il savait qu’il allait comme donner le coup de grâce, avec cette histoire d’argent, mais il fallait qu’elle l’entende. La boutique pouvait ne pas marcher et que ferait-elle dans ce cas-là ? Ce n’était pas comme si c’était 10£ que l’on pouvait se permettre de perdre. Il avait fait son possible pour être clair et factuel, pour ne pas se montrer trop dur. Il l’observait, pour l’instant, elle semblait tenir le coup tandis que lui devait à présent plus ressembler à un gamin pris en faute et penaud, comme s’il avait fait quelque chose de mal alors qu’il savait qu’il avait juste été franc – et absolument dans l’optique de la blesser-.

Lorsqu’elle avait tourné la tête pour regarder les étagères, il se mordilla un peu la lèvre, voulant trouver des mots réconfortants, ou lui faire comprendre que tout n’était pas encore mort, c’était juste des réflexions à avoir, et effectivement peut-être changer un peu le projet initial, mais peut-être que ce n’était rien d’insurmontable -peut-être que si-.

‘' Tu as surement raison, c'est un grand projet pour une petite idée impulsive ‘' Et voilà, il avait détruit son rêve. Brisé en mille morceaux. Il déglutit difficilement mais avait quand même vite repris « Non, ce n’est pas ce que je dis, il faut juste peut-être modifier quelques petites choses et ça pourrait peut-être fonctionner, je… suis désolé, mais je ne voulais pas que tu te lances à corps perdu dans ce projet et que… tu perdes beaucoup.» C’était encore une fois dit d’une manière assez maladroite, mais il faut bien avouer qu’il ne voyait pas trop comment est-ce qu’il pouvait le formuler autrement. Tout n’était pas à jeter, loin de là, même… mais il ne s’y connaissait encore pas assez. Il paraissait même qu’une même idée suivant l’endroit où c’était implanté ne marchait pas forcément de la même manière, du moins c’est ce que son patron lui avait expliqué. ‘' C'est juste que je... ‘' Que quoi ? Theo fronça doucement les sourcils. Et n’osa pas reprendre la parole ‘' Avant je savais exactement ce que je voulais faire, tu vois. Ou ma vie se dirigeait. Enfin, c'est ce que je croyais ‘' Il soupira doucement et se passa une main dans les cheveux tout en se mordillant doucement la lèvre, en pleine réflexion mais pour l’instant, il se contenta d’opiner de la tête ne sachant pas bien comment est-ce qu’il pouvait répondre à cela. Il n’y avait même rien à dire, c’était aussi simple que cela. ‘' Avec le temps, je réalise que l'indépendance que je pensais avoir acquise n'était qu'une illusion. Même aujourd'hui il veille à mon appartement, ma voiture et mes dépenses. ‘' Il, c’était son père, sans aucun doute. Mais il n’y voyait pas grand mal là-dedans, certes, elle n’était pour l’instant pas aussi indépendante qu’elle le pensait mais elle restait jeune. Lui, logeait bien toujours chez ses parents alors qu’il aurait ou se prendre un appartement – même si la vérité c’est que leurs parents préféraient l’avoir lui ou Wes sous la main-. Il était néanmoins loin de connaître avec précisions tous les détails de ce qu’elle racontait et pour le coup répondre sans bien tout connaître était quelque chose de compliqué à ses yeux. ‘' Je prendrais bien le premier boulot qui vient, mais... ' Et pour tout dire je n'ai pas vraiment d'expérience dans quoi que ce soit sauf... Les bibliothèques... ‘' Il retroussa un instant son nez, mais cette fois lui fit un sourire encourageant. « Essaye déjà de poser des Cvs en mode Sorcier dans les petits salons de thé ou les librairies. Enfin, ceux où tu seras en sécurité même s’il fait jour.» Dans le monde Moldu, c’était pratiquement impossible. « Comme ça tu peux commencer à te familiariser avec ton projet et en parallèle, il doit bien il y avoir des genres de cours, pour monter une entreprise non ? Savoir à quoi il faut penser, comment gérer l’argent. Tu vois des choses concrètes pour t’aider à y voir plus clair. Tu auras comme ça un peu d’expérience dans le domaine, si tu bosses peut-être plus d’indépendance et tu pourras réfléchir en même temps à ton idée, non ?» Il se tut quelques instants avant de se diriger de nouveau vers elle et de lui prendre avec douceur une de ses main si froide, et il plongea son regard dans celui de la vampire avant d’ajouter « Ton idée n’est pas mauvaise Hailey, il faut juste que tu prennes conscience de tout ce qu’il y autour, que tu matures en un peu tout ça. Ca peut peut-être marcher, je n’en sais rien, moi. Tu n’as pas à l’abandonner, ton idée.» Pas pour l’instant du moins, mais ça, ça serait à elle d’en décider une fois qu’elle en saurait plus sur tout ce que qui faut savoir quand on monte une boite.

« Non, ce n'est pas ce que je dis, il faut juste peut-être modifier quelques petites choses et ça pourrait peut-être fonctionner, je… suis désolé, mais je ne voulais pas que tu te lances à corps perdu dans ce projet et que… tu perdes beaucoup.»

Qu'avait-elle à perdre à ce point-ci de son existence? Un peu de temps, d'argent et d'effort. Quelque chose dans laquel se plonger la tête, ne plus pensé à autrefois ni à ce qui sera. Coincé entre le passé et le futur, là où elle vivait les années piliers de sa vie d'immortel. Enfermé dans le cercueil, toujours la possibilité d'être bonne ou mauvaise selon le chemin qu'elle déciderait d'emprunter.

Il avait pourtant raison, plus que le matériel ou même le spirituel, ce qu'elle devait préserver avant tout était l'humanité qui la nourrissait toujours. Elle n'avait pas besoin d'un échec ou d'un rêve brisé, tant de choses qui pouvaient facilement la décourager d'essayer. On aurait pu croire qu'elle ne participait pas sans la promesse d'une victoire, pourtant sa vie était remplie de détermination, mais son coeur aussi fatigué. Cruel était le destin qui lui avait refusé le repos qu'elle avait pourtant bien mérité.

S'étaler, lui raconter combien papa prends bien soin de toi. Lui aussi était près de ses parents, mais ça semblait différent. Une famille, des frères et des soeurs. Pour Hailey, c'était un binome qui prenait maintenant des airs malsains, pesant de plus en plus sur ses petites épaules voutées. Aucun emploi ou prospectus d'avenir. Aussi dépendante qu'on l'avait moulée, incapacitante existence.

Trouver un boulot, l'idée la fit sourire sans toutefois lui arracher quelque mot. Elle n'avait pas envie de s'étendre, ni de retirer à Theodore l'image qu'il avait d'elle. Forte elle l'était, chaque fois qu'elle était près de lui et qu'elle devait se contenir. Réfréner la bête qui avait envie de le serrer contre elle et glisser ses crocs contre sa peau satiné. Forte lorsqu'elle mordait et trouvait la force de s'arrêter, d'épargner une vie. Les sentiments qui auraient dû la faire vriller était ceux-là même qui la tenait ancré dans l'univers. Ne pas mordre Theodore. Jamais. Pas même au bord de la mort, pas même pour sauver sa vie.

Il prit sa main et sans savoir pourquoi, elle s'avança d'un pas et laissa retomber son front contre son épaule en soupirant faiblement. Elle savait qu'il avait raison, il fallait plus que claquer des doigts pour ouvrir une entreprise, beaucoup de choses à apprendre et à considérer. Tout ça semblait d'un ennui... Mais elle n'avait pas grand chose d'autre à faire pour tout dire.

Pourquoi avait-elle l'impression qu'elle allait manquer de temps? Elle qui était censée être éternelle, celle qui passerait à travers la vie comme une météore et qui se souviendrait de sa voix et de son odeur dans un millier d'année. Quand le dernier homme aura oublié son nom et que le feu cessera de brûler, elle se souviendrait.

Elle se redressa finalement, laissant sa main se resserrée légèrement contre celle de Theodore.

‘' T'as raison, je devrais apprendre à marcher avant de me mettre à courir ‘' Quelque chose que son père lui avait répété mille fois, si bien qu'elle c'était demandé quand viendrait le jour où elle ne se traînerait plus sur les genoux. Blagden était différent, il n'avait pas la condescendance de Thomas lorsqu'il lui offrait sa confiance.

Peut-être n'était-ce pas une aussi bonne idée de jeter par la fenêtre ce qu'elle avait mis de côté pour le premier local qui avait croisé sa route. Que le temps de son apprentissage lui permettrait de solidifier sa résistance face au sang. Peut-être trouverait-elle une idée plus originale qu'une simple librairie en cours de route. Quelque chose qui donnerait envie aux jeunes de lire et aux vieux de papoter. Et si elle remplaçait le chocolat chaud par de la verdure qui rappellerait le vieux solarium du manoir Harding?

‘' Merci Theo ‘' Souffla-t-elle avant de poser un baiser contre sa joue avant de faire un pas de recul. Elle savait maintenant pourquoi elle avait tant voulu lui montrer cet endroit. Même si elle semblait parfois transpirer la confiance, les pans de sa robe cachait toujours le vacillement de ses pieds. Le doute, l'incertitude. Celle qui la poussait à compter les poches de thé dans le chat de porcelaine, qui l'empêchait de dormir si le dessous du lit n'était pas balayé quotidiennement. La même folie qui avait traversé son esprit un soir de pluie et l'avait convaincu que le temps filait à toute allure et qu'il fallait qu'elle laisse sa marque dans le monde. Que disait Arthur déjà? Ah oui; J'ai raté, mais je veux pas qu'on dise que j'ai rien foutu.

‘' Je savais que je pouvais compter sur toi pour garder mes pieds sur terre ‘' Un nouveau sourire, bien consciente qu'elle était une astronaute à la dérive et que sans lui, elle serait probablement devenue une bête bien différente de celle qu'elle était aujourd'hui.

La même qui s'était échouée sur le bord d'un toit, qui avait plongée dans le vide et qui avait fait briller ses canines sous le regard de sa proie. Aussi salé et hargneuse qu'une hyène, le produit d'une existence corrompue et d'une société anarchique. Tuer pour ne pas mourir. Mourir pour ne pas tuer.

‘' Avant, je ne m'en souciais pas vraiment ‘' Avoua-t-elle en fronçant le nez pour montrer son désappointement. Qui avait-elle été? Une simplette sans responsabilités qui ne s'était jamais soucier du comment ou du pourquoi. Sans doute que si elle s'était mariée avec un choisi, son père lui aurait fait construire l'endroit de ses rêves et aurait engagés des employés qui auraient veiller au grain tandis qu'elle se serait amusée à jouer les ‘' propriétaires ‘' de Manhattan. Elle aurait continuée à être aveuglé par l'accessibilité et la facilité sans se soucier de sa valeur ou de sa chance.

Qui était-elle à présent? Une jeune femme parfois solitaire qui apprenait à supporter le poids de son propre monde. Quelqu'un qui avait décidé de s'émancipé de son père et prendre position dans le monde, dans cette guerre qui menaçait tous ceux qu'elle aimait bien. Alec, Enzo et Pholos. Theo aussi si les choses ne changeait pas. Combien de temps avant qu'un camp frappe à sa porte et qu'il soit emporté par les ravages de la guerre? Il avait déjà assez souffert, la vie lui avait déjà retiré ce qui comptait le plus. Apprendre et aider à son tour, pouvoir rendre un peu de bien pour contré tout le mal qu'elle avait fait. Pas pour racheter ses erreurs, mais parce que c'était la chose à faire.

Qui es-tu Hailey?
Et toi, vampire?

‘' Il commence à se faire tard, on devrait y'aller. J'te raccompagne. ‘' Avant que le vampire prenne encore le dessus et que le parfum de ta peau devienne insupportable. Avant que la lune vire au rouge et que je brise la promesse que je t'ai fais. Bien avant que la magie immémoriale souffle à mon oreille que tu pourrais être mien pour l'éternité.

‘' Nox ‘' Dit-elle d'une voix sur après avoir pointé sa baguette vers la torche qui s'éteignit d'un premier coup. Elle avait bien pratiqué dans les bois, se tenant loin de tout sort qui aiderait son démon à incapacité ou infliger de la douleur à quelqu'un. En revanche, les trucs pratiques comme allumé et éteindre, ouvrir ou fermé; elle s'en sortait plutôt bien.

Le petit vampire dirigea son compagnon dans la pénombre de la pièce jusqu'à la porte d'entrée qui craquait sous l'effort lorsqu'elle s'ouvrit.

Elle repasserait quelque fois dans les prochaines semaines pour entretenir l'inspiration jusqu'à ce qu'un jour l'endroit soit acheté. Il serait rénové et le monde entier oublierait qu'un jour, quelqu'un avait voulu y vendre des bouquins. Tout le monde sauf un petit vampire aux boucles blondes qui se souviendraient toujours de la petite boulangerie dont le plancher avait gémit sous leurs poids, de son pull tricolore et du baiser qu'il avait posé sur ses lèvres dans le parc.