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Je pensais me connaitre... | Jane

 :: Londres :: Centre de Londres
Lun 24 Juil 2023 - 18:06

Je pensais me connaitre...
Le métro londonnien, Londres
Mardi 6 décembre, 22h

Respirer me faisait mal, l’air écorchait mon œsophage et mes poumons semblaient ne plus réussir à suivre le rythme. Quant à mon cœur, il carburait à plein régime dans ma poitrine, j’en sentais tous les battements, le rythme était infernal et pourtant, je n’arrêtais pas. Je ne savais pas trop où j’allais, je n’étais pas sur le chemin que j’avais voulu prendre au départ, mais j’avançais, je mettais le plus de distance possible entre lui et moins. Mon sac se faisait lourd sous mon bras, mais je me cramponnais à lui, comme je me cramponnais à une peluche lorsque j’étais enfant. J’avais manqué de fuir sans ce dernier, je l'avais oublié jusqu'à ce qu'un de mes pieds trébuche sur lui. Bordel, je n’avais pas l’habitude de courir si longtemps, mon rythme ralentissait depuis quelques mètres, je courais parce que j’ai peur, mais si j’étais honnête avec moi-même, je serais aussi rapide en marchant. Je n’osais pas regarder derrière moi, je n’osais pas vérifier qu’il soit toujours là. Il ne devait pas, il m’aurait déjà rattrapé, comme il l’avait fait un peu plus tôt. C’était logique, il n’y avait pas de doute, pourtant, une partie de moi craignait qu’il soit encore là et me retourner au risque de le vérifier, c’était trop difficile. Non, je l’avais semé, alors pourquoi je courais toujours ? C'était à ce moment-là que mes yeux trouvèrent le symbole du métro Londonien, un soulagement m’empare, je ne sais peut-être pas où je suis dans la ville, mais le tube saura me remettre sur les rails. Je me dirigeais vers la bouche qui conduisait aux entrailles de la terre, mais avant de descendre les marches, je trouvais enfin le courage de jeter un coup d’œil au-dessus de mon épaule. Il n’était pas là.

J’ai noté son absence dans mon esprit, pourtant, c’était toujours avec précipitation que je descendais les escaliers. En bas, je me rendais compte qu’il n’y a pas la couleur de ma ligne, celle qui me ramène à mon quartier. Pas grave, je connaissais les autres couleurs, je savais laquelle me permettrais de rejoindre la mienne. Le fait de savoir me faisait ressentir un grand soulagement, bien trop important pour ce que c’était finalement. Depuis le temps que je vivais à Londres, il était bien normal que je sache ça. Néanmoins, il n’y avait rien de plus rassurant à cet instant que de savoir quel chemin prendre. Je progressais dans les boyaux, je marchais à présent, mais ma respiration était toujours bruyante, mes poumons n’avaient pas récupéré, mon cœur non plus, pourtant, je sentais qu’il commençait à s’apaiser, doucement. Par contre, la peur était toujours là. Je continuais de jeter des coups d’œil au-dessus de mon épaule, pour vérifier son absence. À cette heure-ci, il n’y a pas grand monde dans le tube, seuls quelques âmes, il était donc facile de repérer un visage. Je ne saurai pas dire si ça m’inquiète ou me rassure. Putain, j’ai chaud. Je venais de le réaliser. Courir alors que j’étais couverte de tout l’attirail d’hiver, voilà que j’étais en nage. J’enlevais mon bonnet de ma main de libre puis écartait l’écharpe de mon coup tout en ouvrant mon manteau. Je risquais d’en étonner plus d’un autour de moi, car même s’il ne faisait pas aussi froid que dehors dans l’antre du métro, il n’était pas question de chaleur non plus. Arrivé au bord, il me fallait attendre, il y a moins de métros la nuit, mais ce n’était pas non plus des attentes interminables. Je levais les yeux, le panneau indiquait onze minutes avant l’arrivée de la prochaine rame. Je m’enfonçais un peu plus sur la voix, puis me collais au mur pour attendre. Mon dos se soutenait aux murs alors que ma respiration retrouvait doucement un rythme de croisières, le cœur, lui, était encore un peu en surrégime, mais avait bien diminué. Si d’ordinaire, j’aurais gardé un œil sur les rails, aujourd’hui, c'étaient les zones d’accès que je regardais. Qui savait ? Il pouvait toujours revenir. Finalement, mon cœur n’arrivera pas à s’apaiser tout de suite, j’avais encore peur, trop peur de lui, mais peut-être aussi de moi.

Finalement, onze minutes, ça pouvait être long. Mes jambes étaient sur le point de me lâcher, mais hors de question de m’asseoir là, je n’étais pas sûr de me relever. Je sursautais à chaque bruit et autant vous dire que dans le métro, il y en a quelques-uns. Et entre temps, je repensais à ce qu’il venait de se passer. Je fermais les yeux un instant pour calmer mon anxiété, ça ne marchait guère. Je revoyais les jeux de lumière entre les deux hommes, je les revoyais les éviter ou voler à leur contactes, puis le regard de l’homme se tourner vers moi. L’impression d’être de trop, la première course, son interruption. Comment avait-il pu ? Comment était-il arrivé là ? Par quel moyen, c’était improbable, impossible, il n’y était pas la seconde d’avant, il était derrière moi et pourtant, il était bien là. À m'interrompre, à m'attraper et à me coller contre le mur. La peur était montée dans mon être en même temps que la douleur du contact avec le mur. Je lui avais demandé de me lâcher, mais il avait clairement répondu qu’il n’aimait pas cette idée. Il fallait que je me libère de son emprise, mais l’individu avait resserré cette dernière. La peur était encore montée d’un cran. Je n’avais jamais eu aussi peur. Au lieu de répondre à ses questions, j’avais eu l’entêtement d’essayer de me dégager du contrôle qu’il avait sur mon corps. C’était idiot, il était bien plus fort que moi, ça ne pouvait marcher, ça n’aurait pas dû marcher. Et pourtant…

C’était comme si un vague intérieur avait suivi mon mouvement, mais bien plus efficacement. La force de l’homme sur mon corps disparut alors qu’il volait avant d’atterrir quelques mètres plus loin. Comme s’il s'était pris un coup d’un homme tel que Superman. J’étais restée interdite le temps d’une seconde avant que l’instinct de survie ne prenne de dessus pour me souffler de dégager. Courir était donc devenu mon seul objectif. Loin, mettre de la distance. Un nouveau bruit, des échos de voix, je rouvrais les yeux et regardais dans la direction de ses dernières. Trois mecs, mon âge, pas lui, j’étais soulagé. Nouveau coup d’œil sur le panneau. Une minute, le métro n’allait pas tarder. Je me décollais du mur, fourrais mon bonnet dans mon sac et venais remettre ce dernier sur mon épaule. Ma respiration était posée, mon cœur avait aussi retrouvé un rythme normal bien qu’il avait eu un loupé quelques secondes plus tôt en entendent les trois individus arriver. « Eh mademoiselle ! » Non, je ne suis pas là. Ce fut ma première pensée alors que je rajustais la lanière de mon sac sur l’épaule. Je n'avais pas envie de jouer à un tel jeu, je voulais juste rentrer chez moi, je voulais juste qu’on me laisse tranquille, je ne voulais pas avoir à supporter pareil comportement. « Blondie, c’est toi que j'appelle. » C’était toujours la même voix, mais elle était plus près. Ils s’approchaient. Je regardais dans sa direction, finalement, seul un des trois s’avançait, ses deux potes étaient resté en arrière. Visuellement, nous étions plus ou moins du même âge. « T’es charmante, tu sais. » « Merci, mais je n’ai pas envie de parler. » Normalement, j’aurais certainement été plus aimable, normalement, j’aurais peut-être souri, même si je serais resté sur mes gardes. Je n’en sais trop rien, mais une chose est sûre, je n’aurais pas eu aussi peur qu’à cet instant. Se faire aborder dans le métro, ça arrive. La nuit, c’était moins rassurant, mais jamais aussi effrayant qu’aujourd’hui et je ne savais pas de qui j’avais le plus peur, de lui et ses amis ou de moi. Mon regard était retombé sur les rails, l’on entendait au loin la rame se rapprocher. Elle arrivait, je pourrais m’enfoncer dedans. « Tu dis ça, mais je suis sûr que c'est faux. » De réflexe, je lançais un regard noir au type. La rage avait pris le pas sur la peur. Je savais encore ce que je voulais mieux que lui. « Je sais ce que je veux et te parler, je ne veux pas. » Le ton de ma voix avait été sec, il ne laissait la place à aucun doute. La rame rentrait dans la station et commençait à ralentir. Je me tournais vers cette dernière, prête de rejoindre les portes pour enter à l’intérieur. C’est à ce moment qu’il attrapait mon bras. « Attends. » Il n’y avait pas de force dans son geste, contrairement à l’homme que j’avais croisé un peu plus tôt, mais tout était frais dans ma tête et la peur s’emparait de tout mon être. « Lâche-moi ! » Et alors que je dégageais mon bras en le repoussant, une nouvelle vague me submergeait. L’homme n’aurait pas dû bouger d’un iota, pourtant, il se retrouvait propulsé sur ses deux amis qui, surpris, tombèrent aux sols. Les trois mecs étaient par terre, mon cœur battait de nouveau à une vitesse affolante et la rame s’arrêtait. Je ne savais qui était les plus surpris, eux, moi ou ceux autour de nous qui constataient la chute des trois individus. Une nouvelle fois, l’instinct de survie me décidait à la fuite. J’appuyais sur le bouton pour ouvrir les portes et rentrais dans la rame. Les autres individus faisaient de même, on était Londres la nuit, ignorait ce qu’il se passait, c’était la meilleure défense. Alors que la rame se remettait en route, seuls les trois individus étaient encore sur le quai, ils étaient retournés sur leurs pieds, mais trop tardivement pour prendre le métro. Je poussais un soupir de soulagement tout en prenant une place assise. Mon sac sur les genoux, les bras autour de lui, je le serrais tel un doudou alors que l’on filait dans les boyaux de Londres.

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Eireen C. Gallagher
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Eireen C. Gallagher
Mar 8 Aoû 2023 - 22:45
Elle rêve d’une douche. Une longue, interminable douche brûlante dans la petite salle de bain de cette maison de Holyhead où elle commence doucement à prendre ses marques. Ça ne fait quelques semaines, son appartement et tout ce qu’elle y a laissé lui manque encore mais Jane s’est fait une raison. Y retourner serait stupide, aux yeux du monde elle a donc sans doute disparu et vu son statut ça n’est sans doute pas plus mal.
Lorsqu’elle y pense ça lui pince pourtant le cœur, non pas par prétention mais parce qu’elle avait ses marques dans ce quartier et surtout avec ses habitants. Est ce qu’ils se demandent où elle a bien pu passer ? A moins que le Gouvernement ou peut être même la Garde se soit chargé d’effacer toute trace de sa vie là-bas à Brixton, non loin de chez Benjamin.

Plus de 24h qu’elle est sur Londres, si son pas claque le pavé Londonien à cette heure glaciale de l’hiver c’est parce qu’elle prend enfin le chemin pour rentrer chez elle. Son baptême du feu a eu lieu la veille et son son visage n’en porte plus les stigmates c’est majoritairement grâce à la Magie. Dans son cœur se trouve encore le poids du sentiment d’échec face à la mort de l’un des prisonniers et le silence radio d’André. Elle ne sait pas quoi penser de cet homme mais il les a aidé au péril de sa vie, sans lui les deux survivants ne seraient pas actuellement pris en charge par des personnes aptes à les aider.
Emmitouflée dans son épais manteaux de laine, la capuche relevée, on ne distingue qu’à peine son visage à demi caché par une écharpe tout aussi épaisse. La sorcière sait les risques qu’elle prend à évoluer ainsi dans les rues de la Capitale mais elle n’arpente que les quartiers non magique alors que son envie de revoir les décorations de Noël éclairer la ville est venue frapper son mental. Juste un détour, un minuscule détour pour retrouver un peu de normalité après la nuit passée. Comme elle aimerait sentir la petite main d’Amalia dans la sienne, entendre son rire cristallin, sa liste interminable pour le Père Noël et qui s’allonge chaque fois qu’elles passent devant une boutique illuminée. Si sur ses lèvres flottent un sourire il est nostalgique, malgré ça aucun regret ne vient étreindre sa cage thoracique pour autant. Elle a fait un choix et c’est la tête haute qu’elle s’y tient.

Lorsque Jane descend dans le métro elle ne s’attend rien, concentrée sur ce qui l’entoure mais l’esprit à la fois au repos. Elle brouille les pistes, transplanera plusieurs fois avant de retrouver la sécurité de sa maison. Une habitude qu’elle commence à prendre tout doucement malgré son entrée plus que récente dans la Garde. Deux mois de fuite et de planque précèdent cette prise de décision, elle a eu le temps s’y faire.
Debout sur le bord du quai elle n’est pas alerté tout de suite par les éclats de voix qui semblent attirer les regards des quelques personnes présentent dans les couloirs du métro à cette heure là. Jusqu’à ce que l’un d’eux soit plus fort que les autres « Lâche-moi ! » et lui fasse relever la tête. Juste à temps pour voir ce que des yeux non avertis n’ont sans doute pas eu le temps de réellement percevoir. Aucun geste de la jeune femme mais pourtant un homme bousculé jusqu’à en percuter deux autres. Surtout, c’est la terreur sur les traits de celle ci qui vient la saisir. Jane sait ce qu’elle vient de voir et si un autre sorcier se tient sur le quai lui aussi l’aura deviné, avant de s’engouffrer dans la rame elle jette un regard vers les arcades et se demande si les caméras de surveillance ont pu capter quoi que ce soit. Est ce un réflexe d’ancien agent du Ministère qui la pousse à envoyer immédiatement un message à qui saura réagir pour effacer les traces ? Sans doute. Ça n’est bien évidemment pas le Gouvernement qu’elle contacte mais bel et bien la Garde et la voilà arpentant les wagons à la recherche de la jeune femme qu’elle a aperçu sur le quai quelques secondes plus tôt. C’est l’instinct qui la pousse à la trouver, s’assurer qu’elle va bien, comme si un voyant s’était allumé dans son esprit pour lui signaler que quelque chose cloche. Si elle se trompe alors tant mieux mais lorsque ses yeux se posent sur l’inconnue Jane sait qu’elle ne se trompe pas.

En douceur elle s’approche, ne se fait pas trop oppressantes, s’installe non pas directement face à elle mais à un siège d’écart. Si elle avait l’ouïe d’un lycan ou d’un vampire elle entendrait sûrement le fracas de ses battements de cœur. Prostrée, son sac sur les genoux et le regard dans le vide tout en elle indique un état de choc et les questions commencent à s’inviter dans l’esprit de la sorcière.

C’est avec toute la douceur dont elle dispose que Jane se penche légèrement vers celle qu’elle trouve plus jeune encore de près. La vingtaine, tout au plus, quand bien même elle a des airs de petite fille apeurée peint sur le visage et dans tout son langage corporel « Est ce que tout va bien mademoiselle ? » Entre elle toujours une distance raisonnable, Jane a abaissé sa capuche malgré les risques qu’elle a conscience de prendre en s’exposant ainsi. Une aiguille dans une botte de foin, certes, mais elle sait de quoi ils sont capables tout comme elle devine Oliveira sur les dents de ne toujours pas lui avoir mis la main dessus. Sentiment réciproque, qu’elle l’assume ou non « J’ai vu ce qu’il s’est passé sur le quai, malheureusement trop tardivement pour intervenir. » Elle a ce ton maternel qu’elle espère aidant sans être trop, son sourire bienveillant autant présent sur ses lèvres que dans ses yeux.

Dans ces quelques mots un sous entendu, pour appréhender la réaction de la jeune inconnue qui a semblé si troublée par son propre geste.
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Jane I. Wilson
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Jane I. Wilson
Mar 15 Aoû 2023 - 15:53

Je pensais me connaitre...
Le métro londonnien, Londres
Mardi 6 décembre, 22h

Les yeux dans le vide, je regardais les tuyaux qui se tenaient sur les murs des tunnels qui défilait devant moi. Regarder était un gros mot, l’image arrivait certainement jusqu’à mes yeux, mais pas jusqu’à mon cerveau. Non, lui était trop occupé à se repasser ce qui venait de se passer, là, à l’instant, mais aussi plus tôt dans la rue. Étais-je devenue folle ? Oui, je me posais réellement cette question. En même temps, ce que je pensais avoir vu -ou même avoir fait- semblait impossible. Un homme ne pouvait voler ainsi jusqu’à l’autre bout de la rue et sur ses potes. C’était mathématiquement impossible. Il n’y avait eu aucun déploiement de force, il n’y avait eu aucun câble, il y avait juste moi, Eireen, 20 ans et qui n’avait assurément pas la force physique de repousser quelqu’un avec une telle intensité. J’en étais incapable, je n'en avais même pas fait le geste, j’avais simplement voulu fuir et,ou me détacher de leur prise… Et pourtant, je n’avais pas rêvé… Si ? Non, ils avaient volé, les deux et à chaque fois, j'avais comme ressentie quelque chose -une vague peut-être-, qui émanaient de moi. J’étais perdu, désemparé, mais en même temps, un vieux souvenir revenait à mon esprit. Je l’avais oublié, jusqu’à ce jour. Pourquoi revenait-il aujourd’hui ? La similarité entre les scènes. Car dans celle qui émanait des antres de mon esprit, il y avait aussi des êtres volants, de ceux qui ne devraient pas voler en temps normal. Les gabarits étaient plus petits, c'étaient des enfants, mais à l’époque, j’étais moi-même une enfant. Je me souviens de la crainte que j’avais eue lorsque je m’étais aperçu qu’il s’en prenait à mon frère. Je me souviens aussi de la rage qui m’avait animé en même temps. Personne ne s’en prenait à mon jumeau. Je savais avant de le rejoindre que je n’eusse pas la force pour me battre, mais je ne pouvais pas le laisser là, seul. S’ils avaient commencé aux moqueries, leurs pas s'étaient avancé vers nous et la peur s'était emparée de moins. À même schéma que les deux individus du soir, nos assaillants avaient voltigé pour atterrir sur les fesses quelques mètres plus loin et nous avions pris nos jambes à mon coup. Je me souvenais de la peur, mais je ne savais plus si j’avais eu cette même sensation de vague. Je forçais sur mes souvenirs lorsqu’une voix me rappelait à la rame dans laquelle je me trouvais.

La voix était douce, pourtant, elle m’arrachait un sursaut de surprise. J’étais dans mon monde et on venait de me ramener à la réalité. Par réflexe, je portais mes yeux sur l’origine de l’interruption. Là, se tenait une femme qui semblait soucieuse. Je faisais si peur que ça ? Par réflexe, je passais la main sur la tête pour m’assurer que mon bonnet était bien enfoncé tout en tâchant de vérifier le reste de mon accoutrement d’un regard. Pas de sang, pas de vêtement déchiré, pourtant l’interaction avec le premier homme aurait pu avoir raison des tissus. Quant à répondre à la question, je ne savais pas trop que dire, déjà parce qu’il me faudrait mentir ou alors omettre la vérité, mais surtout parce que je n’étais pas sûr que ma voix ne trahisse pas la réalité. Car non, je n’allais pas bien, mais si je ne comprenais rien de ce qui s'était passé, une chose était sur… Je ne pouvais le raconter sans passer pour une folle, notamment à une inconnue. C’était donc ainsi qu’après quelques secondes, je me contentais de hocher de la tête pour dire que tout aller bien. La femme ne s’arrêtait pas pour autant là. Elle me disait avoir vu ce qui s'était passé sur le quai et qu’elle regrettait d’être arrivé trop tardivement. Les premiers mots avaient évoqué un nouveau sentiment d’effrois en moi, mais la suite m’intriguait. Le ton de la femme était doux, un sourire avait marqué les traits de son visage alors qu’elle parlait. Tout en elle donnait l’impression qu’elle n’était pas là pour me juger. Mais alors pourquoi était-elle là ? « Je… J’ai réagi un peu violemment. » Ce qui n’était pas faux, car rien n’indiquait que l’homme m’avait voulu du mal, il souhaitait peut-être juste mon attention pour me convaincre qu’il en valait le coup. Il voulait peut-être simplement s’excuser d’avoir pensé mieux savoir que moi. Je ne le saurai jamais. Encore sous le stress de ma rencontre dans la ruelle quelques minutes plus tôt, la peur avait pris part de tout mon être, faisant taire la raison et tout le reste. Et puis, il avait volé… Sans autre geste de ma part que moi récupérant mon poignet. Alors, oui, j’avais réagi un peu violemment, mais aussi inconsciemment, sans la moindre attention de violence. Pas volontairement en tout cas. Je voulais juste qu’il lâche mon bras. C’était tout.

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Eireen C. Gallagher
Jeu 24 Aoû 2023 - 14:43
Le sursaut de la jeune femme ne déclenche pas de culpabilité chez Jane, même si elle aurait préféré l’en épargner elle sait sa démarche purement bienveillante. De la situation elle ne sait pas vraiment quoi penser alors que de chaque côté les fenêtres du wagon laissent apparaitront des flashs réguliers : Les lumières installées dans les tunnels. Même en ça Londres semble lui manquer, ces trajets en métro qui rythmaient ses journées ou ses soirées quand bien même elle était plus souvent dans le monde magique. Ça lui arrivait parfois de se poser dans une rame en observant les gens, essayant de deviner leur vie, leur quotidien, qui ils étaient tout simplement.
Si c’est un peu ce qu’elle fait avec l’inconnue face à elle, elle ne parvient pas à en dessiner clairement les contours. Son comportement trahis celui d’une proie – et par Morgane qu’elle déteste ce terme mais c’est ce que la jeune fille lui inspire tant dans sa posture que son attitude. Elle a peur, la sorcière ne saurait dire si c’est de l’extérieur ou bien d’elle-même. Agressée par cette bande de types à qui Jane aurait aimé donner elle-même une leçon, n’y a-t-il pas une autre raison à cette prostration ?

Avec patience et silence l’Anglaise laisse la jeune femme décider de ses réactions y compris si celle-ci consiste à l’ignorer mais après quelques secondes elle obtient un hochement de tête. Quelques secondes encore et ce sont des mots qu’elle reçoit « Je… J’ai réagi un peu violemment. » Le sourire de Jane reste là, flottant, s’efforçant de ne pas être trop envahissant. Est-ce qu’elle en aura plus ? Est-ce qu’elle doit insister ? Quelque chose en elle lui souffle de ne pas partir trop vite et alors que son regard glisse sur un passager en mouvement sans vraiment le voir les mots sortent également de son côté « Ce qu’ils ont fait l’était tout autant, si ce n’est plus. » Effectivement elle n’en a pas tous les tenants et les aboutissants mais à ses yeux rien ni personne ne mérite une telle agression.
Ils étaient plusieurs face à une personne seule, cet effet de meute écœurant peut prendre des proportions dramatiques et n’importe qui présent sur ce quai a pu se faire sa propre idée de la situation.

Il y en aurait des choses à dire mais ça n’est pas là-dessus que Jane choisi de se concentrer. Le mal est fait, à moins de descendre à la prochaine station pour faire demi-tour, tenter de les retrouver et les mettre devant leur faute rien ne sert de ressasser.
La sorcière se fait discrète mais son attention est toute focalisée sur ce qu’elle a vu, ou cru voir. Ce qu’elle pense être une manifestation magique « Est-ce que vous avez conscience de ce qu’il vient de se passer ? » Alors elle choisit d’y aller cash mais toujours en douceur, non sans avoir discrètement lancée un sortilège autour d’elles afin que personne ne puisse entendre précisément ce qu’elles se disent.
Cette question elle se la pose car rien chez la jeune femme n’indique autre chose que de la surprise et de l’incompréhension face à la situation. Le cerveau a une capacité énorme pour vous faire voir les choses de la façon la plus simple à gérer y compris en employant la carte déni mais ça n’est pas ce qu’elle perçoit émaner de la jeune inconnue.

Et si ça n’était pas la première fois ? Surtout, comment se fait-il qu’à son âge la Magie – si c’est bien de ça dont il s’agit – semble être une nouveauté ?
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Jane I. Wilson
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Jane I. Wilson
Mar 5 Sep 2023 - 12:36

Je pensais me connaitre...
Le métro londonnien, Londres
Mardi 6 décembre, 22h

Oui, je voulais seulement qu’il lâche mon bras, mais je le voulais vraiment. J’avais envie de me débarrasser de ce type un peu lourd, j’avais envie qu’on me foute la paix. Donc certes, j’avais juste voulu qu’il me lâche, sans intention de violence, mais en y réfléchissant, la détermination pouvait être empreinte d’une certaine violence. J’avais délaissé le visage de l’inconnue juste après avoir parlé. Je ne lui avais rien préféré si ce n’est le vide et la réflexion. Je regardais sans voir, j’étais ailleurs, dans ma tête, dans mes réflexions, ne prêtant pas attention à ce qui se passait autour de moi. Pourquoi aurais-je dû le faire ? Nous étions simplement dans une rame de métro, les gens ne prêtaient pas réellement attention aux autres, surtout à cette heure-ci. Ma réflexion fut alors une nouvelle fois interrompue par les paroles de la femme. Pas de sursaut cette fois, je laissais juste les mots m’atteindre. Elle ne jugeait pas ma réponse, elle ne jugeait pas non plus mes actions, mais évaluait plutôt celles qui avaient précédé. J’accordais ainsi un regard interrogatif à la femme. Comment évaluait-elle leur action comme plus violente que le fait que je les avais fait voler ? Ils ne m’avaient fait aucun mal, bon certes, je ne leur en avais pas non plus laissé le temps, mais je cherchais tout de même à comprendre son point de vue. Leur nombre peut-être, leur insistance aussi. Jugeait-elle ça comme plus violent qu’un vol plané ? Peut-être. En même temps, il était vrai qu’ils étaient trois alors que j’étais seule en face. Seul l’un deux avait parlé ou même bougeait, mais finalement, les deux autres avaient gardé une place d’appui juste derrière. Finalement, il y avait moyen que de l’extérieur, la situation donne une impression encore plus étouffante que ce que j’avais pu ressentir. Quoiqu’à la réflexion, je l’avais certainement ressenti, mais pas mesuré jusqu’à présent. J’avais d’autres choses en tête.

Repartie dans mes réflexions, mes yeux de nouveau dans le vague, j'eus l’impression de me prendre un mur lorsque l’inconnue reprenait une nouvelle fois la parole. Avais-je consciente de ce qu’il venait de se passer ? Quelque chose me disait qu’elle ne parlait pas du fait qu’ils étaient trois, mais bien de celui que l’un d’entre eux avait volé. Ma réaction première avait été muée par le simple réflexe de poser un nouveau regard de surprise sur la femme. De mon regard, je balayais le visage de la femme pour tâcher de comprendre ce qui la poussait à cette interrogation. Ce dernier ne semblait pas enclin à un jugement, ni même à de la méchanceté, non, une fois de plus, ce qui en ressortait été de la bienveillance, avec peut-être un brin d’inquiétude. « De quoi parlez-vous ? » La question pouvait paraître idiote, mais c’était tout ce qui me passait par la tête. Comme si je voulais m’assurer qu’elle ne parlait pas simplement de l’interaction en soi, mais bien de ce qui s'était déroulée au final de celle-ci. Il faut dire, que la fin avait était des plus surprenantes, autant pour eux que pour moi et peut-être pour cette femme. Cherchait-elle à comprendre ce qu’elle avait vu ? Dans ce cas, je ne lui serais d’aucune aide, car si j’avais bien conscience d’être à l’œuvre de ce final, j’ignorais encore comment. Pire, je ne comprenais pas comment je pouvais avoir fait pareille chose. Pourtant, j’en étais sûre, c’était moi. J’avais senti mon corps en révolution, mais c’était impossible. Personne ne pouvait faire ça, pourtant, je l’avais fait. Je ne comprenais rien, mon esprit se mélangeait, je me mélangeais. Le rationnel d’un côté, le ressenti de l’autre, mais lorsque les deux se rencontraient, c’était comme deux voitures qui se percutaient. Une impression de constante collision se produisait dans ma tête, les deux ne pouvaient se rencontrer autrement. Ce que j’avais ressenti au moment où les deux hommes de la soirée avaient volé n’était pas compatible avec ce qui était mathématiquement explicable. Je sentais la migraine arriver...

Ft. Jane Wilson

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Eireen C. Gallagher
Ven 15 Sep 2023 - 13:55
Jane avance à pas de loup, mètre par mètre, souffle par souffle. Cette patience et cette prudence sont là dans le désir évident de ne pas brusquer la jeune femme qui semble si marquée par ce qu’elle vient de vivre. Sur le visage de cette dernière c’est à nouveau la surprise qui vient parcourir ses traits, quelque chose de lent, comme si elle avait un mal fou à réagir alors que ses yeux se perdent sur le visage de la Générale face à elle.

Est-ce qu’elle a pris la bonne décision ? Le regard ancré dans celui de l’inconnue Jane chasse ses doutes et se concentre sur l’instant présent. Trop tard pour les regrets, elle est là, les deux pieds dans un plat qui ne semble pas très solide « De quoi parlez-vous ? » Déni ou volonté délibérée de noyer le poisson ? Réelle absence de conscience de la réalité ? Elle comprend, tout ça n’a rien de rationnel et sa première étincelle de Magie est bien trop loin pour se rappeler de l’effet que ça pu lui faire. La Sorcière a qui plus est grandi dans une famille ou celle-ci était présente, elle n’a jamais débarqué dans sa vie par surprise donc n’a pas vraiment idée du choc possible.
Là encore ce ne sont que des suppositions car si elle est à peu près sûre d’elle concernant ce qu’elle a vu, si elle sait avoir ressenti la vibration de la Magie dans l’air, elle ne comprend pas vraiment à quoi elle a affaire. Comment une jeune femme de cette âge peut découvrir ses pouvoirs seulement maintenant ? Elle songe à une amnésie, ce qui pourrait effectivement expliquer cette incompréhension et la peur qu’elle pense lire dans les yeux bleus de la demoiselle. N’y voyant pas vraiment de solution l’Anglaise prend une nouvelle décision tout aussi frontale alors que les traits de son visage expriment toujours le calme « De la façon dont vous avez repoussé cet homme sans même le toucher. » Elle ne l’a pas envoyé voler sur de nombreux mètres, il n’a pas rencontré de mur à l’autre bout de la station, mais son corps s’est vu propulsé en arrière jusqu’à toucher le sol ou percuter ceux qui semblaient l’accompagner. A moins qu'il se soit de lui même jeté en arrière mais Jane sait pertinemment que ça n'est pas le cas.

Les lumières des tunnels grésillent à l’extérieur puis deviennent flash chaque fois que le métro entre et s’arrête à une station. Les annonces se suivent et se ressemblent, Jane se rend compte qu’elle a perdu le fil du trajet mais décide que ça n’a pas la moindre importance. D’un mot elle peut être ailleurs, d’un autre elle peut retrouver la chaleur et la sécurité de cette maison qu’elle n’a pas encore totalement adoptée et apprivoisée.
Est-ce là ce qu’elle aurait dû faire ? Sans doute aurait-elle dû s’occuper de ce qui la regarde mais l’instinct a été le plus fort. Laisser cette jeune femme livrée à elle-même ne lui a pas traversé l’esprit une seule seconde.
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Jane I. Wilson
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Jane I. Wilson
Jeu 19 Oct 2023 - 5:16

Je pensais me connaitre...
Le métro londonnien, Londres
Mardi 6 décembre, 22h

Il y eut quelques secondes avant que la femme ne réponde à ma question. Rien de bien long, rien de bien grand, pourtant, j’en ressentais tout le contraire. Juste le temps pour la femme de chercher ses mots, mais j’étais pendu à ses lèvres. J’attendais qu’elle parle, j’attendais qu’elle précise à la fois inquiète, mais pas seulement. Inquiète qu’elle pourrait parler du fait que l’homme avait été propulsé en arrière, mais en même temps avide de l’entendre pour être sûr que je ne l’avais rêvé. Devenais-je folle ? C’était l’une de mes pensées depuis le début de la soirée, mais si la femme avait vu la même chose que moi, la scène ne pourrait donc pas n’être qu’invention de mon esprit. Celle-ci et celle d’avant, dans la ruelle. Donc, ce serait réel, véritablement réel… Et aussi effrayant, voire plus, que si j’étais devenu folle. Non, finalement, je ne savais pas si je voulais vraiment qu’elle réponde à cette question…

« De la façon dont vous avez repoussé cet homme sans même le toucher. » Les paroles avaient été directes, le choc qu’elles provoquèrent en moi aussi et ce, malgré le fait que je savais qu’elles étaient possibles. Ce n’était pas parce qu’on était préparé à quelque chose qu’on le vivait mieux. Je regardais une nouvelle fois la femme. Je n’étais visiblement pas folle, mais ça ne me rassurait plus vraiment à présent. Que s'était-il passé ? Que me voulait exactement cette femme ? J’avais vu des films, des séries, lu des livres ou des scènes similaires se produisaient… Tous étaient de la fiction, dans tous, le héros se découvrait des facultés extraordinaires, mais alors le monde devenait aussi sombre que brillant. Les pouvoirs étaient toujours à double tranchant et les mondes dans lequel tombaient les protagonistes principaux étaient généralement semés de piège. Oui, mais voilà, tout ceci n’était que fiction, moi, j'étais réel et je n’étais une héroïne de rien du tout. Je n’étais pas une extraterrestre d’un autre monde ou alors une mutante de celui-ci. Non, j’étais juste Eireen et j’étais effrayé. Pétrifié, je voulais juste oublier, je voulais juste rentrer, je voulais juste me réveiller de ce mauvais rêve et reprendre ma vie logique et simple. « C’est impossible. » Je n’affirmais pas ses paroles, je ne contredisais pas non plus ce qu’elle avait vu, cependant, j’avais l’impression de faire tout autant. Je confirmais que ce que j’avais l’impression d’avoir vu ne pouvait être vrai, pourtant, c’était bien ce qu’il s'était passé.

La chaîne de wagon continuait d’avancer sous terre. Je n’avais pas suivi sa progression, j’ignorais où j’étais, peut-être avais-je loupé ma station de change, je n’en savais rien et soudainement ça me parut important, car l’envie de fuir me reprenait aux entrailles. Oh, la femme était gentille, douce, n’avait pas élevé la voix. Comme celle des livres et des écrans. Il y avait souvent ces individus rassurants qui venaient retrouver le héros perdu… Ils avaient toutes les réponses, ils étaient rassurants, mais ils n’étaient pas toujours que bonnes intentions. Qu’en était-il de cette femme ? Certes, les histoires n’étaient que fiction, mais c’était bien parce qu’elles étaient reflet de certaines vérités qu’elles touchaient les lecteurs. Oui, il était farfelu de penser que sa présence n’était rien d’autre qu’une coïncidence, mais il est aussi farfelu de penser qu’il est possible de propulser un homme sans le toucher. Pourtant, nous l’avions vue tous les deux.

Je voulais fuir, mais pour la première fois depuis le début de la soirée, la situation ne me permettait pas de le faire. J’étais coincé dans la rame en marche et si j’étais effrayé, ce n’était pas au point de me débattre, car même si les personnages des fictions n’étaient pas toujours complétant, la femme ici présente s'était tout de même montrée gentille et douce, mais pas seulement. Elle s'était approchée de moi, alors qu’elle avait l’impression que j’avais réalisé l’impossible. Elle était restée calme et semblait maîtresse de ses émotions. Et si ce qui était impossible pour moi ne l’était pas pour elle. L’idée faisait son chemin. Ce qui était impossible pour certains, pouvait être possible pour d’autres. D’ordinaire, c'était plutôt une question de point de vue, de logique ou encore de connaissance… Peut-être pas cette fois. « Vous… » J’avais pris la parole sans trop savoir que dire, juste poussé par l’idée. « Ce qu’il s’est passé. » J’hésitais encore. Je regardais autour de moi, sans but, juste pour me donner un peu de contenance, puis je revenais sur la femme. « C’est possible ? »

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Lun 30 Oct 2023 - 15:54
« C’est impossible. » Effectivement. Pour 90% de la population voir plus tout ça n’a rien de rationnel et ne peut être réel. Jane, elle, a grandi dans cet univers sans jamais le remettre en question mais elle a côtoyé des amis, des camarades d’école, parfois de simples connaissances ayant découvert ce monde du jour au lendemain. Les Né-Moldus comme ils sont appelés, ceux qui se retrouvent projetés du jour au lendemain ou presque dans un tableau qui change toute perspective. Seulement voilà, ces faits là, ce chamboulement, c’est à l’âge de 10 ou 11 ans qu’il se manifeste et la jeune femme assise face à elle les a dépassés depuis un moment.
Elle a beau chercher c’est la première fois qu’elle se retrouve confrontée à une telle situation et si la sorcière garde son sang-froid et n’exprime que de la douceur et de la bienveillance elle n’en est pas moins perturbée et peu à l’aise. Elle n’est rien pour ce visage exprimant la stupeur, personne, ça n’était pas à elle de forcer cette porte dont le passage changera la vie de cette inconnue à tout jamais.

Mais elle est là et ne peut se résoudre à l’abandonner à présent.

Dans le regard de la jolie blonde se passe 1 000 choses et malgré ce mot – impossible – Jane perçoit dans tout son langage corporel comme dans le ton qu’elle a employé, qu’il n’est pas une affirmation. Cette information n’a rien de simple à intégrer, encore moins à accepter, mais peut-on indéfiniment la nier ?
Jane garde ses distances, lui laisse autant d’espace que de temps pour accuser ce coup porté droit à ses certitudes. Elle n’a pas la moindre envie d’être assimilée à un potentiel danger mais sait pertinemment que c’est une éventualité. C’est vrai, elles ne se connaissent pas, l’Anglaise débarque de nulle part, pourquoi est-ce qu’elle lui ferait confiance ? Rien ne va dans cette situation, ni pour l’une ni pour l’autre. Aucun mot ne semble juste, aucune réaction, alors la Générale se contente de garder le silence jusqu’à ce que l’inconnue retrouve la parole « Vous… Ce qu’il s’est passé. » Elle sent son cœur accélérer sa course dans sa poitrine alors que l’évidence se matérialise. Pas sa place, pas son rôle, mais s’enfuir en la laissant ici seule avec ses questions n’est pas non plus une option « C’est possible ? » Cette fois ça tambourine dans ses tempes mais elle n’en montre rien, autour d’elles la vie continue de suivre son cour. Une soirée Londonienne comme une autre, personne ne s’aperçoit du chaos qui prend forme pourtant juste à côté. Et si tout dérapait ? Jane le sait, ce sont les émotions qui font le meilleur conducteur et ce qu’il s’est passé sur le quai en est un exemple flagrant. Que ce se passera-t-il si la jeune femme se retrouve submergée sans pouvoir le canalisée ? Elles ne pourraient pas se trouver dans pire endroit, enfermées et sous terre, entourées d’autres personnes n’ayant aucune possibilité de s’enfuir « Oui. » Mais le mot sort pourtant.

Et Jane scrute la moindre des réactions de la jeune femme.

Résultat d’années d’entrainement pour acquérir une maitrise parfaite de l’Occlumencie, elle garde son calme puis enchaine après quelques secondes de silence sans jamais quitter l’inconnue des yeux « Mais c’est la première fois que je vois quelqu’un de votre âge n’avoir jamais conscientisé cette partie de lui. » Sérieuse sans être trop grave, elle a conscience qu’il n’y a pas de bonne façon d’évoquer ces choses-là alors elle utilise des faits, emploie des termes simples et pragmatiques « Quelque chose, ou quelqu’un, a bridé une partie de vous. Ce que vous expérimentez actuellement intervient habituellement vers l’âge de 10 ou 11 ans. »  Légèrement penchée en avant, mains croisées entre les cuisses, la sorcière est prête à réagir s’il le faut. Sa baguette est à portée de main en une seconde, elle sait qu’elle devra peut-être s’en servir malgré les risques d’exposition aux regards. Pas pour intervenir sur la jeune femme mais bel et bien pour les faire sortir d’ici si cette dernière réagit violemment sans pouvoir le contrôler « C’est héréditaire mais peut sauter plusieurs générations. » Dans sa tête les schémas possibles s’entremêlent mais elle ne tire aucune conclusion. Elle ne connait rien de la personne qui se tient face à elle et n’ira pas lui poser la moindre question sur sa vie privée mais alors qu’elle s’apprête à prononcer le mot qui cristallise tout elle prend une profonde inspiration.
Ses muscles se tendent, elle fait le vide dans sa tête et roule des épaules de manière presque invisible pour les dénouer « D’une manière ou d’une autre vous avez de la Magie dans les veines Mademoiselle. » Bien sûr autour d’elles personnes n’entend ni ne comprend ce qu’elles se disent mais Jane ne craint pas les conséquences légales de dévoiler un tel secret. L’inconnue à qui elle fait face est une sorcière elle aussi, ce secret elle aurait dû le découvrir depuis longtemps déjà « Une Magie qui réagit de cette façon lors d’une émotion forte car elle n’a jamais été canalisée ni guidée. » Là encore, des faits.
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Jane I. Wilson
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Jane I. Wilson
Ven 3 Nov 2023 - 6:25

Je pensais me connaitre...
Le métro londonnien, Londres
Mardi 6 décembre, 22h

Lorsque l’impossible devient possible, c’est généralement source de joie. N’est-on jamais réjouis de soigner une maladie jusque-là incurable ou de défier les lois de la physique de nous connaissons ? Rendre les choses possibles, c’était l’objectif de beaucoup de chercheurs, mais a cet instant alors que la femme face à moi me confirmer que ce qui s'était passé était possible, ce n’était pas de la joie que je ressentais, mais de l'effroi. Oui, mais pas seulement. Une partie de moi ressentait aussi un soulagement, je n’étais pas folle, mais apparemment pas seule non plus. Car si l’inconnue me disait que c’était possible, c’était qu’elle le savait et qu’il y en avait peut-être d’autres, non ? Un nouveau flot de question atteignait mon esprit. De nature curieuse déjà au quotidien, là, j’étais en plus animé par la volonté de comprendre ce qui s'était passé, pourquoi elle disait que c’était possible, il y en avait d’autres, comment ça marchait ?… Ça se mélangeait dans mon esprit, ça partait dans tous les sens, je n'avais pas fini d’explorer un point qu’un autre débarquait sans crier gare. J’étais animée par la volonté de savoir, mais aussi par la peur de concrétiser tout ça. C’était possible ? Comment ? Ça allait contre tout ce que j’avais appris jusqu’à présent. La gravité, la force, la masse… Newton et sa pomme. La lune et ses sauts. Tout ça, était le monde dans lequel jamais grandit et pourtant, là, je comprenais que mes actions de la soirée n’avaient pas répondu à ses préceptes, mais a quelque chose d'autre. Une sensation d’oppression venait se créer dans ma poitrine. Le soulagement n’était pas suffisant face à l’inconnu qui se tendait à moi. En parlant d’inconnue, la femme qui était toujours face à moi reprenait la parole.

D’une certaine façon, mon interlocutrice apportait quelques réponses aux questions qui fusaient dans mon esprit, mais que je n’avais pas verbalisées. Était-elle habituée ? Conscientisé me parut un mot tellement compliqué dans ce fouillis qu’il me fallut le répéter plusieurs fois dans mon esprit pour qu’enfin mon esprit comprenne la phrase. Oh, c’était dur, j’avais l’impression que ma tête allait exploser. 10 ou 11 ans ? Qu’avait-elle dit ? LE souvenir remontait donc à la surface. Le visage de ma mère inquiète, mais aussi effrayé, mais surtout la raison. Je repartais encore en arrière, mon frère, ses agresseurs, mon envie de le défendre, le sous-nombre, le fait qu’ils étaient plus vieux, la peur, la vague qui m’avait submergé… La propulsion de ses derniers, -ca aller devenir ma marque de fabrique- notre fuite vers la maison… Quel mot avait utilisé la femme, bridé… Je me rappelais de l'ordre de notre mère "Oubliez ce qui s'est passé, n’en reparlez jamais." J’avais fini par enfuir ce souvenir, j’avais fini par le considérer comme un mauvais rêve… Et si ce n’était pas le cas ? J’avais quoi, dix ans ? Ça correspond à ce que la femme vient de dire. Le sentiment majeur qui me parcourait alors que l’inconnue expliquait que c’était héréditaire n’était plus la peur, mais le vide… Je ne savais pas quel autre mot utiliser. C’était comme si à cette réalisation, tout s’écroulait, pas seulement le monde plein de mathématiques, mais aussi tout ce en quoi j’avais toujours cru, en moi, en ma mère, en notre famille, a l’honnêteté… Mon esprit était entraîné dans une chute sans fin. J’entendais à peine le mot magie et encore moins le fait qu’elle pouvait réagir à des sensations fortes. Je n’écoutais plus vraiment. Je ne me méfiais plus non plus de la femme, non, j’avais d’autres préoccupations. Elles ne touchaient plus le fait que j’avais envoyé valser des hommes -pas directement en tout cas-, mais l’éventualité du mensonge qu’avait entretenu ma mère.

« Il faut que je rentre. » Pas à l’appartement pour retrouver mes deux colocataire -même si théoriquement, j’allais le faire dans un premier temps-, non, je devais rentrer en Irlande, je devais rentrer à la maison, je devais parler à ma mère, je devais retrouver mon frère qui semblait être mon dernier point d’ancrage. Soudainement, je me levai pour me diriger vers les portes de la rame de métro. Le vide commencé à se transformer en colère. En colère contre moi, le monde, le passé et ma mère. J’avais envie de pleurer, de tout exploser, il fallait que je sorte. Je ne savais pas où j’étais à Londres, mais la voix dans le haut-parleur avait annoncé un arrêt, je n’avais pas retenu le nom, mais ça ferait l’affaire. J’avais déjà fait assez de mal, il fallait que je sorte. Je fermais les yeux, la peur m’envahissait une nouvelle fois, la peur de blesser quelqu’un, la peur de ne rien contrôler. À présent, en plus de l’envie de pleurer, j’avais envie de me mettre en boule dans un coin. Je sentais la même énergie monter en moi alors que la colère et la peur s’entrechoquait. Je faisais face aux portes, ce n’était que des portes, pas des gens. La rame ralentissait puis s’arrêtait. L’impact de ma main sur le bouton permettait l’ouverture de porte produisait un claquement, témoin de la précipitation et de la force que j’avais mise. Il fallait que je sorte. Heureusement, le Londonien connaît ses codes. Il n’y avait pas grand monde qui attendait la rame -la raison à l’heure tardive- et le peu de personnes présentes laissèrent ceux de la rame défendre avant de rentrer dans celle-ci. Je n’eus donc pas d’obstacle. Je m’élançais hors de la rame, mes yeux repéraient rapidement le carré jaune avec EXIT inscrit dessus pour diriger mes pas. Il fallait que je sorte. Il fallait que je m’éloigne. Personne ne se trouvait devant moi. J’entendais la rame repartir, j’étais dans les boyaux de la terre. Quelques secondes étaient à peine passées, mais la colère et la peur continuait de produire cette énergie étrange. Je n’arriverai pas à sortir.

Je n’avais fait que quelques mètres dans le couloir du métro lorsque la colère reprenait le dessus… Plus de vision d’être vivant, il semblerait que la peur eût moins de raison d’être. Et c’était ainsi, que moi, Eireen, irlandaise, toujours joyeuse, me laissait aspirer par un nuage noir de colère. Mes jambes cessèrent de fonctionner, juste avant que j’envoyais tout valser. Je ne savais pas quoi, mes yeux étaient remplis de larmes, au même titre que mes joues. Je ne voyais plus rien, mais je savais qu’une nouvelle vague m’avait quitté, poussé par la colère. Je pleurais, je finissais par reprendre le contrôle de mes jambes, suffisamment pour rejoindre le mur et me laisser glisser sur ce dernier. Putain que ça faisait mal. Accroupie contre le mur, le sac sur les jambes, la tête sur le sac, je réalisais que j’avais probablement été trahie et que par ce fait, j’étais aussi inconnue pour moi-même que la femme du métro.

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Eireen C. Gallagher
Ven 17 Nov 2023 - 18:48
Qu’il est lourd ce poids avec lequel elle est en train de lester ses épaules … Du calibre à changer radicalement et drastiquement la vie d’une personne dont elle ne connaît rien, qu’elle n’avait même jusqu’ici jamais croisé.
Jane sent que son corps ploie sous la pression, celle d’hier comme celle d’aujourd’hui. Cet enchaînement puise au plus profond de ses ressources, à quel moment sa vie a-t-elle pris un tel tournant ? La réponse est simple : Dès l’instant où elle a lâché prise en confronté Oliveira il y a quelques mois de ça. Puis ce coup d’accélérateur il y a moins de 24h alors qu’elle faisait exploser un pan de mur du Ministère sans la moindre trace d’hésitation pour éviter à un quasi inconnu de finir emporter par la noirceur de ces occupants. Deux prisonniers sauvés, un mort, plusieurs blessés côté Garde … La Sorcière est si loin de se douter que se tient face à elle la fille biologique de l’un de ses nouveaux alliés, celui dont elle a pris la place suite à son départ en réalité, celui qui est la clé du secret d’Eireen.
Non, elle ne connaît pas son prénom mais elle voit le chaos déchirer son âme à travers son regard paniqué. Par Morgane qu’elle s’en veut mais quelque chose brûle en elle, un brasier alimenté par une force de caractère et une puissance qu’elle s’autorise enfin à laisser flamber dans ses veines. Elle est de tous les fronts, celui qui se tient en plein cœur de la jeune femme comme celui qui les entoure, à s’assurer que rien ni personne ne devienne témoin ou menace, à surveiller que la Magie Primaire de l’inconnue ne fasse pas exploser la rame.

Il file vite ce métro, perçant au travers l’ombre et les flashs de lumière lorsqu’il s’annonce à chaque station dont la Générale a cessé de regarder les noms. Aucun arrêt ne l’intéresse réellement, son terminus n’est pas à Londres mais elle commence à se dire que son instinct l’a poussé ici ce soir pour une raison.

Et cette raison est en train de perdre le sens de sa propre existence. Elle chute, là, sous ses yeux, le corps secoués et l’esprit malmené « Il faut que je rentre. » La cavalcade accélère dans sa poitrine, si l’inconnue disparaît dans cet état, que se passera-t-il ? Elle pourrait se dire que ça ne la regarde pas, qu’elle n’a pas à endosser cette responsabilité. C’est vrai, elle aurait pu et peut être dû détourner les yeux, ne pas s’en mêler … Mais elle ne serait pas elle-même. C’est là, ancré au plus profond d’elle, Jane n’abandonne pas les gens. Ici, il ne s’agit pas uniquement d’Eireen mais tout autant de ceux qu’elle pourrait mettre en danger malgré elle.
Jane ressent dans le creux de son dos une vague de chaleur générée par le stress mais elle garde son calme, le pic parvient lorsque la jeune femme se lève et trace vers la porte. Le coup qu’elle donne sur le bouton actionnant l’ouverture est brut, puissant, trahissant le rush d’adrénaline qui coule dans ses veines et roule sous sa peau. La réaction de Jane n’est pas immédiate, sonnée ça lui prend une ou deux secondes avant de débloquer son corps et se lever à son tour. Là elle se fraie un chemin jusqu’aux portes à son tour et s’extirpe de justesse du métro avant qu’elles  se referment. Gauche, droite, elle cherche la chevelure blonde de l’inconnue jusqu’à apercevoir un éclair furtif disparaître par l’une des sorties et déjà les murs semblent gronder autour d’elle. Elle sent la Magie, la ressent, grandissante. Rugissante.

La Gardienne puise dans son sang froid, n’accélère pas le pas afin de ne pas attirer l’attention sur elle. Sur elles. Lorsqu’elle retrouve Eireen celle ci est assise au sol, dos contre le mur, autour d’elle des objets éparses et un grésillement qu’un Non Magicien ne saurait identifier clairement. Jane n’hésite pas et vient s’accroupir devant la jeune femme, attrapant en douceur mais avec fermeté ses poignet tout en cherchant à capter son regard « Regarde moi. » Le tutoiement s'installe en phase de crise. Elle sait les risques qu’elle prend mais malgré tout ce qui émane de la jeune sorcière qui s’ignore son aînée saura la maîtriser en cas de besoin « Respire. » Facile à dire, elle le sait, mais si l’inconnue ne se calme pas le désastre est à leur porte « Inspire. » Alors elle lui montre la voie, utilise non pas la Magie mais son instinct et toutes ces heures passées seule ou en compagnie de Grace pour apprendre à maîtriser ses émotions « Expire. » Et ces conseils elle les suit elle même, les mime à Eireen, inspire et expire profondément sans jamais la quitter du regard « Je sais que c’est beaucoup te demander mais il va falloir que tu essaies de te calmer. » Et comme pour renforcer ses dires un craquement sourd dont elle n’identifie pas précisément la provenance la fait sursauter. Peut être simplement les freins d’un autre métro qui passe, ou peut être pas « Je m’appelle Jane, et toi ? » L’ancrer, capter son attention, c’est ce qu’elle tente en premier tout en repérant autour d’elles les potentielles caméras de sécurité.
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Jane I. Wilson
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Dim 19 Nov 2023 - 18:12

Je pensais me connaitre...
Le métro londonnien, Londres
Mardi 6 décembre, 22h

Dos aux murs, les jambes ramenaient vers moi, mon sac entre mes cuisses et mon abdomen, mon front posé sur mes genoux, je me fermais peu à peu au monde qui m’entourait. Les larmes coulaient toujours sur mes joues et aucune lumière ne semblait pouvoir parvenir à ses dernières. Les ténèbres finissaient de m’engloutir alors que passait mes bras sur ma tête. Je ne savais pas le spectacle que je donnais, je ne m’en souciais pas non plus. Rien ne paraissait me toucher, si ce n’était la douleur qui me parcourait totalement. Concernant cette dernière, comment pouvait-elle être aussi vive alors que mon corps n’avait rien ? Pas un os de briser, pas une entaille dans la continuité de mon derme. Rien, mais pourtant ça faisait mal et ce n’était pas en surface, bien au contraire, c'était des plus profonds, comme si on me broyait de l’intérieur. Je n’aurais jamais cru qu’une telle douleur pouvait être ressentie sans même qu’un seul coup ne soit reçu par mon corps. Et pourtant, aucun coup n’avait été porté si ce n’était que dans une porte fictive qui m’avait amené devant une réalité. L’on m’avait menti, certainement. Oui, certainement, car rien n’était sûr, mais en même temps, le souvenir semblait si clair et ça correspondait tellement bien à ce qu’avait dit l’individu. Et puis même, il n’était pas que question du possible mensonge, mais aussi du plausible menteur. Ma mère, une des personnes en qui j’avais le plus confiance. Je l’admirais beaucoup, elle n’avait pas eu une vie des plus simple, mais elle, c’était toujours arrangeait pour que mon frère et moi ne nous en sentions pas coupable. Elle avait toujours soutenu nos choix même si elle nous mettait en garde. Elle était celle qui avait sacrifié beaucoup pour que nous ayons une meilleure vie… Bref, jamais, je ne la pensais pas me mentir un jour, mais il semblerait qu’elle l’avait pourtant fait. Et puis, était-elle la seule ? Mon père ? Ma grand-mère ? Mon frère ? Non… Pas Cillian, non, c’était impossible, je ne m’en relèverais pas…

J’étais là, au pied du mur d’un couloir sous-terrain, perdu au fin fond des ténèbres, lorsque la chaleur de deux mains vient me tirer de ses derniers. Soudainement, je me souvenais d’où je me trouvais, dans les boyaux de Londres, a cette sortie de métro… Non, je n’avais pas atteint la sortie, je m’étais écroulé avant. Des mots m’atteignirent dans la seconde suivante. Il avait l’air de venir de loin, pourtant, j’écoutais, je m’y raccrochais, je levais la tête et regardais la femme. Je ne savais pas dire si c’était parce que je lui obéissais ou, par réflexe, parce qu’elle avait pris mes poignets, mais le résultat était là, je la regardais, comme elle me l’avait demandé. Les paroles qu’elle prononçait devenaient alors plus audibles à mon esprit. Respirer. Oui, mais pas simplement pour emplir mes poumons, c’était en tout cas ce que je comprenais derrière cet ordre. Respirer, pour reprendre le contrôle. Respirer pour ne pas retomber dans les ténèbres. Respirer, car c’était ce qui me ramènerait à la surface. Alors, même si je ne savais pas d’où sortait cette femme, même si je ne la connaissais pas avant de la croiser dans cette rame, même si elle pouvait être quelqu’un aux intentions mal placées, et même si je ne voyais qu'à peine ses traits à travers mes larmes, je décidais d’écouter et de faire. Inspirer, expirer, avec elle, comme elle le faisait. Lorsqu’elle m’intimidait de me calmer, je hochais légèrement de la tête, pour dire que je comprenais. Et je continuais de respirer, de me concentrer là-dessus et rien d’autre. La douleur ne se dissipait pas, elle restait présente, mais je n’y pensais pas pour le moment, je me contentais de respirer, comme me l’avait montré la femme dont la chaleur des mains me tenait autant en surface que ses paroles. « Eireen. » Répondais-je simplement à sa question. Puis je respirais de nouveau. Ce fut à cet instant que me revenait le souvenir de la vague d’énergie qui m’avait quitté avant que je m’écroule.

D’un coup, la panique s’emparait de moi. Je regardais rapidement autour de la femme, mais ne voyais pas grand-chose que des débris ici ou là et encore, rien de distinct, ma vue était toujours embrouillée par mes larmes. Je ne savais pas ce que j’avais, je ne voyais pas les conséquences, je ne voulais pas avoir blessé quelqu’un. Je paniquais, je le sentais, je devais me concentrer de nouveau sur ma respiration, preuve en était cette dernière, c'était de nouveau saccader. Inspirer. Expirer. Une nouvelle fois. « J’ai fait du mal ? » Mes yeux ancrés dans ceux de la femme, j’attendais la réponse tout en gardant en tête que je devais respirer et ne faire que ça. Je ne devais pas penser au risque qu’elle mente pour me rassurer ou alors aux possibles blessures que j’avais éventuellement pu infliger. J’avais peur de sa réponse, mais en même temps, je m’y raccrochais, j’avais besoin de savoir si j’étais un monstre ou non.

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Eireen C. Gallagher
Lun 4 Déc 2023 - 19:32
C’est la mère qui parle, puis la femme, la Générale ainsi que la Sorcière. Toutes, chaque partie d’elle est concentrée sur une seule et même mission, un seul objectif : Tranquilliser la jeune femme, l’aider comme elle le peut, puis éviter le désastre.
Jane n’a jamais vraiment eu à faire à cette Magie brute, celle qui se manifeste avec violence lorsqu’on la bride, celle qui éclate, rue contre les murs qui la maintiennent prisonnières. Elle est primaire, sauvage, indomptée, l’Anglaise se demande comment cette inconnue a pu vivre jusqu’ici sans se fissurer. Des hypothèses elle en a quelques-unes mais les conditions de cette situation ne lui permettent pas de vraiment s’arrêter sur la question pour l’approfondir. Elle gère l’urgence, voilà tout. Comme elle peut.

Elles fendent le cœur ces larmes mais Jane ne laisse pas ses émotions prendre le dessus. Pas qu’elle ne veuille pas s’attendrir face à celle dont elle ne connait pas encore le prénom mais elle ne peut en faire sa priorité. Ça prend quelques secondes, quelques minutes peut être mais enfin elle sent qu’elle l’accroche. Son regard trouve le sien malgré l’humidité qui le noie, ses lèvres se descellent et laisse échapper un prénom « Eireen. » Son prénom. Ainsi l’inconnue n’en est plus vraiment une et c’est un sourire que la Générale lui offre en retour « Enchanté Eireen. » Une façon de parler, une marque de politesse, quelque chose pour briser la glace. Ça ne dure qu’un instant, un moment de flottement, de paix, avant que la panique s’empare du regard de la jeune femme. Elle regarde à gauche, à droite, Jane n’a pas vraiment besoin de suivre son regard pour comprendre ou en tout cas imaginer la raison de cette pression nouvelle « J’ai fait du mal ? » Ce regard qu’elle lui lance briserait le cœur de n’importe qui ayant un minimum d’amour pour l’humanité, voilà pourquoi la sorcière ne perd pas de temps avant de lui répondre « Non. Juste du matériel. » Elle a envie de passer une main sur sa joue ou sur son front mais s’abstient, on n’entre pas comme ça dans l’espace vital de quelqu’un.
Pour le moment elle se contente de garder ses mains dans les siennes, toujours un sourire sur le visage malgré la fatigue et l’angoisse, l’attention en alerte. Elles ne sont pas dans le meilleur des endroits et malgré l’heure tardive ce n’est sans doute qu’une question de temps avant que quelqu’un s’approche d’elles « Ne t’en fais pas pour ça. » Extérieurement Jane garde son calme, intérieurement elle endigue le flot. Aussi expérimentée soit elle, elle reste humaine. Une humaine qui a passé une nuit déroutante en posant le pied pour la première fois dans ce qui sera désormais sa vie, son combat. Elle n’aspirait qu’à rentrer chez elle, retrouver la chaleur de ce nouveau foyer qu’elle apprend à découvrir et à apprécier. Et comme elle aimerait sentir le petit corps d’Amalia contre le sien, respirer son odeur, écouter son souffle tranquille lorsqu’elle dort.

Mais elle ne peut se laisser aller à de telles pensées, pas maintenant, alors après avoir observé autour d’elle c’est le regard d’Eireen qu’elle cherche à nouveau, son attention « Écoute, je ne crois pas que ce soit une bonne idée de rester ici. » Elle fait ce qu’elle peut pour ne pas se montrer alarmiste et conserve sa douceur mais dans sa posture comme son ton se trouve une certaine forme de fermeté « C’est compliqué pour moi de te laisser seule mais je ne peux pas non plus forcer ma présence. » Et elle, quand pourra-t-elle lâcher prise ?
Eireen n’y est pour rien et l’enjeu est trop élevé. Non, elle ne peut se résoudre à laisser la jeune sorcière livrée à elle-même sachant en plus le danger qu’elle peut représenter pour elle comme pour les autres « Je peux t’emmener ailleurs, répondre à toutes les questions que tu peux avoir, ou bien te laisser reprendre ton chemin. » Un choix difficile mais qui appartient à la jeune femme, un choix que Jane ne peut pas faire à sa place.
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Jane I. Wilson
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Jane I. Wilson
Mer 20 Déc 2023 - 14:18

Je pensais me connaitre...
Le métro londonnien, Londres
Mardi 6 décembre, 22h

Respirer, encore, se concentrer sur l'air qui emplissait mes poumons alors que Jane me répondait. Un soulagement, enfin. Que du matériel, c'était bien ça. Bah non, pas vraiment, ce n'était pas super, j'avais tout de même dégradé du matériel de la commune, mais au moins, ce n'était pas des êtres vivants. Ça me soulageait dans un certain sens. Puis soudainement, je me demandai s'il ne faudrait pas que je rembourse le gestionnaire du métro pour les dégâts causé. Pourquoi pensais-je à ça, à cet instant ? Je n'en savais trop rien, mais en tout cas, un fait était sûr : je n'avais clairement pas les moyens de rembourser quelque chose. Non, et puis, comment il ne serait que c'était moi ? Ce que j'avais fait était inexplicable. Donc même avec les caméras. Oh bordel, les cameras. Il y en avait dans le coin ? Que pouvait-on y voir ? Risquerai-je de finir sur la liste d'un flic ? Ou même pire, des services secrets. Ma tête bouillonnait de nouveau lorsque Jane reprenait la parole pour me dire de ne pas m'en faire pour ça. Pas sûr qu'elle parlait de l'histoire du MI5 ou MI6, mais ses paroles eurent pour effet de me reconcentrer sur ce qui était essentiel. Respirer, garder mon calme, arrêter de penser à tout et n'importe quoi.

Quelques secondes passèrent encore et une fois de plus, la voix de la femme se faisait entendre à mes oreilles. Si le ton était calme, les mots étaient un peu plus, alarmistes. Nous ne pouvions pas rester ici. Je ne saisissais pas tout ce qui devait se cacher derrière ses paroles, mais j'avais tout de même conscience d'être prise en plein milieu des dégâts que j'avais provoqués. Alors, certes, je ne savais pas l'amplitude de ses derniers, mais j'en étais tout de même l'épicentre. Et puis même, qui de sain d'esprit s’assiérait au milieu d'un tel désordre ? Bref, les paroles de la femme trouvaient un écho en moi, à présent, il me restait plus qu'à retrouver le contrôle de mon corps. Car si ce dernier n'avait pas été prostré pendant longtemps, il se plaisait bien d'être ainsi et je devais avouer que les genoux contre ma poitrine me rassuraient bien plus que l'idée de marcher. Pendant que je réfléchissais à me déplier, Jane me présentait en quelque sorte ce qui se passait dans son esprit. Certes, il était compliqué de rester ici, mais apparemment, il était aussi compliqué de me laisser seule et elle se proposait de répondre à mes questions.

Des questions, j'en avais. Beaucoup. Et je savais que ce n'était que le début. Si tout ceci était bien vrai alors, il y avait bien des choses qu'il me faudrait revoir, comprendre, trier… Mais ce n'était pas ce qui m'importait le plus pour le moment. En fait, tout ceci, j'y pensais à peine. Ce qui m'importait, c'était de savoir ce que ma mère savait, car je n'avais pas oublié ce qu'avait la femme un peu plus tôt, ni l’écho du souvenir qui avait résonné en moi. Je prenais une profonde inspiration. Rester calme, contrôler ses émotions. Je tâchais d'oublier l'espace d'un instant la trahison plausible qui animait mes pensées. Rien n'était acté, rien n'était sûr. Même si une partie de moi ne voyait pas trop comment ça pouvait être autrement. Était-elle la seule responsable ? Ou même la seule à savoir ? Oui, tout un monde s'ouvrait à moi, mais finalement, je me préoccupai davantage des secrets qui pouvaient y avoir dans ma famille. Il faut dire que jusqu’à présent, je ne pensais pas qu'il y en avait. J'avais toujours su que mon père n'était pas mon père, j'avais toujours su lorsqu'on traversait un passe difficile. Alors pourquoi m'aurait-on caché quelque chose d'aussi gros ? « Il faut que je rentre chez moi. » C'était la seconde fois que j’exprimais le fait de rentrer en Irlande en l'espace de quelques minutes. En-tout-cas, c'était ainsi que ça résonnait en moi, mais certainement pas pour la femme qui se trouvait face à moi. Dans la même impulsion que mes paroles, j'avais quitté le sol. Une fois sur mes deux jambes, je replaçai mon sac sur l'épaule. Une nouvelle inspiration, je séchais les larmes avec mon pull et regardai une nouvelle fois autour de moi. Une grimace apparue sur mon visage, heureusement que personne n'avait été là.

Mes yeux revenaient sur la femme et je comprenais que je devais bouger. Prudemment, je faisais un premier pas, mon corps semblait coopéré, alors j’encharnais. Il fallait que nous quittions cet endroit. Je me concentrais sur ce point tout en restant à hauteur de la femme. Au bout de quelques mètres, je reprenais la parole. « En Irlande. Il faut que je rentre chez moi, à Limerick. C'est là que j'aurais des réponses. » Si j'avais précisé le premier point pour Jane, je n'étais pas sûr que c'était pour elle que je clarifiais le fait que j'aurais des réponses là-bas. Non, c'était comme si je tentais de me convaincre moi-même de ce fait. « Merci. » J'inspirais une nouvelle fois tout en commençant à m'organiser. D'abord, il me fallait penser a comment je rentrerais. Train, bus, avion… Mélange de tous. J'avais bien des choix, plus ou moins long. Le train ne me conduirait pas jusqu'au bout, l'Irlande était une île. L'avion serait le plus rapide, pour cela que je le privilégiais souvent, mais quand était le prochain départ ? Oui, j'avais encore bien des décisions à prendre, mais une chose était sûre, je voulais partir le plus tôt possible.

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Mer 20 Déc 2023 - 17:38
Du temps, rien qu’un peut de temps pour engranger toutes ces informations, les faire siennes ou bien s’enfermer dans un déni profond. Jane ne sait pas ce que choisira Eireen, pas plus qu’elle ne peut se mettre à sa place. Le monde magique a toujours fait partie de son existence, elle ne sait pas ce que ça fait de le découvrir d’une manière si abrupte et encore moins lorsque l’on est directement concerné.
Elle attend, observe tant la jeune femme que ce qui les entoure, la fatigue n’embrouillant pas encore totalement sa concentration. Et puis viennent les mots « Il faut que je rentre chez moi. » Déjà prononcés. Sans rien exprimer de particulier la sorcière se redresse puis recule d’un pas pour lui laisser la place de se remettre debout elle aussi. Les gestes sont automatiques chez celle dont la Magie ne demande qu’à exploser et prendre ses droits. Elle réajuste la lanière de son sac sur son épaule, sèche ses larmes d’un revers de manche, retrouve un aplomb qui surprend Jane. Ce n’est pas du déni qu’elle perçoit mais de la détermination, une force de caractère, peut être même du soulagement alors qu’elle obtient enfin une réponse à ses interrogations. Des suppositions rien de plus mais c’est l’impression que se fait la Générale.

Les premiers pas se sont Eireen qui les entreprend et Jane ne l’en empêche pas. D’un regard en arrière elle fait le tour d’horizon et dans la plus grande des discrétions lance un sort sur chacune des caméras de sécurité pour en brouiller les dernières minutes filmées. Est ce que le Ministère aura vent de cette histoire ? Possible, si elle ne s’inquiète pas vraiment pour elle c’est différent pour la jeune femme étant passée sous les radars jusqu’ici « En Irlande. Il faut que je rentre chez moi, à Limerick. C'est là que j'aurais des réponses. » L’Anglaise fronce les sourcils, raccroche la discussion, comprend que dans ses silences Eireen fait déjà un chemin qui lui semble logique. Entre soulagement et inquiétude la Générale acquiesce, se détache émotionnellement de la situation « Merci. » Il n’y a qu’un sourire pour réponse, que dire de plus ?

Ainsi elle s’arrête, fouille dans son sac et sur un bout de papier griffonne un numéro de téléphone. Pas sa ligne personnelle, celle bien plus protégée encore que l’un des contacts de Niall lui a bidouillé grâce à ses compétences en hacking. Quelle ironie lorsque l’on sait que se tient face à elle la fille biologique du sorcier, notion qu’elle n’aura sans doute jamais « Si jamais tu as besoin de plus de réponses. » Elle lui tend le papier, lui offre un dernier sourire avant de tourner la tête vers l’arrière « Ne t’en fais pas, j’ai tout arrangé. » Un dernier hochement de tête, la sorcière observe la jeune femme s’éloigner et dans un soupir retrouve une connexion plus franche avec sa propre vie. Elle ferme les yeux un instant, les rouvre et reprend son chemin en direction du repère le plus proche d’où elle pourra disparaître.

▬ FIN ▬
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