How I Met the ex-colleague - Jane

Dimanche 3 juillet 2016,

 « Adam, est-ce que tu es prêt ?» souffla-t-il à l'enfant tandis que ce dernier regardait dans son petit sac qu'il trimballait partout, s'il avait bien son livre d'images et son doudou ainsi qu'un jouet ou deux.  Prenant son fils contre lui, il avait bientôt souffla à sa grand-mère  « J'te le ramène normalement ce soir. » Dorofei déposa un baiser sur le front de la vieille dame, avant de prendre Adam dans les bras.  « Allez on va voir Tonton à Londres.... et Jo devrait bientôt venir aussi.»  Du moins il l'espérait, par ce qu'il la réclamait beaucoup la Brooks, Adam.

Il était en effet venu voir son fils en vacances dans sa famille en Russie et, à la demande du gamin qui voulait voir Tonton Gary il le ramenait pour quelques heures dans la capitale. Pour plus de sécurité, il avait transplané plusieurs fois en Russie, que l'on retrouve moins facilement sa trace, avant de prendre un porteloin qui l'emmena directement en Angleterre, de là, il retransplana plusieurs fois de manière non linéaire jusqu'à arriver dans la maison de son frère. Le gamin, à peine le pied posé par terre, courrait vers le salon pour aller chercher son oncle, Dorofei crut entendre un petit « mais c'est mon neveu préféré ? » sortir de la bouche de son aîné. Si sa venue à lui était prévue – ils essayaient de passer un peu de temps en famille le week-end lorsque c'était possible, celle du gamin ne l'était pas du tout. Toute sa fratrie savait qu'il était dans leur famille en Russie pour quelques semaines. Il avança à son tour jusqu'au salon pour le saluer et fut surpris de voir qu'il n'était pas seul. Il fronça quelques instants les sourcils  un peu surpris de voir qu'il ne l'avait pas prévenu qu'il avait de la visite... mais visiblement Gary avait jugé que la femme qui se tenait avec lui dans le salon était totalement safe et que ce n'était pas grave si elle le voyait.

En soit, il savait qu'elle avait probablement plutôt raison, Jane était quelqu'un de sûr, qu'il appréciait sincèrement depuis quelques années. Néanmoins la paranoïa était toujours là et il savait qu'il faudrait qu'il en touche un mot à son frère un peu plus tard.... ou pas. Il pensait savoir pourquoi son frère avait fait ça : pour qu'il voit quelqu'un de confiance, une amie. Pour qu'il soit moins « isolé ». Pour son bien en quelque sorte, pour le protéger d'une autre manière. Dorofei se retint de soupirer un peu agacé par cela, mais quelque part, il était aussi touché de cette attention. D'ailleurs, est-ce que Jane se trouvait là par hasard ou est-ce que l'autre l'avait invitée exprès pour qu'ils tombent l'un sur l'autre ? Il n'eut pas vraiment le temps de se poser beaucoup plus de questions. Il ne pouvait pas rester là, à la regarder d'un air probablement béat sans rien dire d'autres.

Elle n'est pas un danger, tu le sais bien.
Oui, mais si ce n'était pas vraiment elle ?
Et dans ce cas là, qu'est-ce qui prouve que ton frère est bien ton frère, les gens de la Garde que tu croises le sont réellement lorsque vous vous croisez hors QG ?
…..
On se calme. On fait taire la paranoïa maladive et destructive. Il n'avait qu'à lui faire confiance. Tout simplement. Tout le monde n'était pas perverti.

Qu'est-ce qu'elle savait exactement sur ce qui s'était passé ? La cause de son départ du Ministère ? Est-ce qu'elle avait pu entendre des bruits de couloir, ou autre choses ? D'ailleurs si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, elle ne l'avait même pas revu depuis qu'il avait un œil de verre.

 « Coucou Jane !!» clama soudain Adam, arrivant à le faire sortir de son flux de pensées qui avait dû durer une ou deux dizaines de secondes  « Elle va bien Amalia ?»

Le gamin était toujours accroché au cou de son oncle et ne semblait pas vouloir le lâcher
Oublie pas de dire bonjour ; là ton fils de quatre ans est plus poli que toi.
Le temps que le cerveau intègre l'information, qu'il soit un peu moins perturbé par tout cela et qu'il arrive à faire taire la petite voix parano, il s'était approché de la jeune femme pour lui faire la bise avant de se décider enfin à parler.

 « Désolé, j'étais totalement dans mes pensées. Ca fait un bail, comment est-ce que tu vas ?»

Il lui dédia le sourire le plus chaleureux qu'il avait en stock. Il savait qu'il avait toujours les traits un peu fatigués et tirés de part ses insomnies, mais il avait quand même retrouver une tronche à peu près acceptable aux yeux du monde. Il faisait moins « peur », fantôme  ou autres comme lui avait pu faire déjà fois plusieurs fois la remarque Adam. Il espérait que ça passerait juste comme un père célibataire qui était crevé et que ça s'arrêterait-là.

 « Ca me fait plaisir de te voir.»

Ce qui était vrai, même s'il ne faisait probablement pas assez ce genre de compliments aux gens à qui il tenait.

 « Viens, Adam, j'ai quelque chose à te montrer, un super nouveau jeu de construction qu'on va tester tout de suite.» avait fini par sortir Gary tout en s'éloignant un peu avec le gamin pour les laisser parler un peu, qu'il supposa le Dorofei.

Sauf qu'une fois son frère parti, il regarda la femme en ne sachant pas trop quoi rajouter, quelle attitude adopter face à elle. Est-ce qu'elle lui en voulait ? Est-ce qu'elle serait juste curieuse ? Ou bien totalement autre chose ? Il se doutait que les questions allaient fuser, alors, sagement, il attendait et il devrait probablement improviser.

« Alors, comment va Derry ? »

La claque part droit contre l’épaule de cette armoire à glace qui lui sert de frangin depuis 35 ans maintenant.

« Aoutch ! »

Réaction exagéré du « petit » frère qui se tient l’épaule comme si elle la lui avait déboîté. Le cadet des Bennett avait terminé sa croissance lorsqu’il a été mordu aussi il ne doit pas cette carrure à la lycanthropie. Sa force, ainsi que sa tolérance à la douleur, en revanche si. Et pourquoi cette agression de la part de son aînée au juste ? Derry c’est un des voisins de Jane qui du haut de ses 70 ans bien tassés à très largement laissé entendre qu’il en pince pour elle. Leroy l’emmerde avec ça quasiment à chaque fois qu’ils se voient – donc toutes les semaines.

« Jane, enfin, ne frappe pas ton frère ! »
« Désolée M'man, il avait une miette sur l’épaule. »

Voilà ce qui se passe régulièrement chez les Wilson le dimanche midi, les deux enfants redeviennent des gamins sous le regard amusé et attendri de leurs parents. Lorsque Amalia est là c’est elle le centre de l’attention, ce weekend elle est chez Kendrick et s’ils leur arrivent de déjeuner tous ensemble parfois aujourd’hui son ex compagnon et leur fille sont chez les nouveaux beaux-parents de ce dernier. Leroy, Esther et Abraham ne le savent pas encore mais leur ancien gendre va de nouveau être papa, là où Jane aurait pu sentir son cœur se serrer elle n’a fait que sauter de joie. Ces deux là ont parfaitement réussi leur séparation, la mère d’Amalia se réjouit d’accueillir un nouveau membre dans leur belle famille, un petit frère pour la prunelle de ses yeux.

Attendue ailleurs elle enlace sa mère, puis son père, se dresse sur la pointe des pieds pour embrasser la joue de son frère qui ne fait aucun effort. Des gosses. Qu’importe leur âge.

« Jane ! »

Elle se barre à reculons, la langue coincée entre les dents et un air mutin, fière d’avoir claquée l’arrière du crane de Leroy avant de s’éloigner de lui par de rapides petits pas. L’instant d’après elle transplane.

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« Coucou Jane !! » 
« Hey Sweet Pie ! »

L’innocence de l’enfance face à la raideur de l’âge adulte, voilà comment elle perçoit le contraste entre Adam et son père. Instinctivement elle ne prête pas plus attention à l’homme que ça, comme pour lui laisser l’espace et le temps dont il semble avoir besoin pour intégrer – et accepter – sa présence.

« Elle va bien Amalia ? »
« Oui, à merveille. Elle a hâte de passer dans la grande école ! »

Adam, accroché au cou de son oncle Gary, la regarde avec ses grand-yeux impressionné. A le voir comme ça elle aurait aimé qu’Amalia soit là, elle aurait été heureuse de revoir celui avec qui elle a partagé des après midi entière de jeu lorsque le petit garçon était en garde chez elles. Une autre époque il lui semble et par Merlin qu’il a changé, tout comme son père.
Dorofei semble retrouver contact avec la terre et s’approche de Jane à qui il fait la bise. Elle a ce geste réflexe de poser une main sur son bras, un sourire tranquille sur les lèvres, comme à l’écoute des réactions de son ancien collègue. Des questions elle en a des tas bien sûr, à commencer par la suivante : Pourquoi a-t-il disparu du jour au lendemain ? Elle se fait ses propres idées, imagine une implication du Ministère qui pratique régulièrement l’épuration en son sein. Elle y a toujours sa place, continue de passer entre les mailles du filet, mélange de chance et de travail.

« Désolé, j'étais totalement dans mes pensées. Ça fait un bail, comment est-ce que tu vas ? »
« Je vais bien, merci. »
« Ça me fait plaisir de te voir. »
« A moi aussi. »
« Viens, Adam, j'ai quelque chose à te montrer, un super nouveau jeu de construction qu'on va tester tout de suite. » 

Elle les comprend toutes ces manœuvres, ce demande même si Gary ne l’a pas invité dans le but d’aider son frère. Quelque chose se trame quoi qu’il en soit, elle peut le sentir et alors qu’elle envoie un coucou à Adam en lui faisant promettre de lui montrer le résultat elle a le sentiment que l’atmosphère de la pièce se fait plus lourde.
Il se passe quelques instants de silence pendant lesquels elle observe Dorofei, toujours un sourire sur les lèvres, la tête légèrement penchée sur le côté. S’il a l’air grave, elle respire la légèreté sans en faire des tonnes. Simplement elle-même.

« Tu as l’expression d’une personne qui est tombée dans un guet-apens mon ami. »

Jane va se rasseoir à la table où elle était installée et fait un signe à l’ancien Auror d’en faire autant, l’invitant à se joindre à elle.

« Comment vas-tu ? »

Il devait se concentrer sur ce qui se passait autour de lui et non pas sur les questions qu'éventuellement, elle allait bien pouvoir lui poser... ou même qu'il n'avait pas du tout prévu qu'elle soit là. Et il luttait contre sa paranoïa, contre la peur que les choses se passent mal. Et rien que par sa présence, il la mettait en danger elle aussi ? Peu probable, pour ne pas dire pas du tout envisageable. Il se passa une main dans les cheveux, regardant son fils parler avec Jane. Il eut un petit sourire en voyant la tête de son fils lorsqu'il apprit que son amie allait à la grande école... lui aussi, il y serait bientôt, dans deux ans. Il se rongea un instant l'ongle d'un air pensif, école lui faisait surtout penser à Poudlard et donc au fait qu'il ne savait pas si Adam pourrait y accéder ou s'il serait comme sa mère : cracmol. En soit, cela n'avait aucune importance, pour lui du moins ce n'était pas le fait que l'enfant soit sorcier ou pas, il l'aimerait toujours autant mais la conjoncture actuelle ne l'aidait pas franchement à être calme sur le situation.... tout comme il ne savait pas bien comment l'enfant réagirait : quand tu penses avoir des « pouvoirs », une baguette que tu grandis dans ce milieu, à quel point ça pouvait détruire de ne pas accéder à tout cela ?

Et enfin, il réussit à sortir de ses pensées, de sa torpeur pour aller saluer sa camarade comme il se doit en s'excusant.

« Je vais bien, merci. »

Tant mieux, c'était déjà ça... et en même temps, il ne la voyait pas dire qu'elle n'allait pas bien alors que ça faisait des mois qu'ils ne s'étaient pas croisés. Elle avait néanmoins l'air totalement sérieuse et sincère. Et bientôt son frère avait fait en sorte d'emmener Adam plus loin de façon à laisser les deux ex-collègues ensemble. Il n'arrivait pas à se décider à quel point Gary les avait manipulés tous deux, ça lui ressemblait plutôt bien d'ailleurs. Essayer de le faire renouer avec d'anciennes amitiés.
Et à présent qu'ils étaient tous les deux, il craignait les questions qu'elle allait bien pouvoir lui poser, par ce qu'il y a certaines choses qui devraient probablement demeurer sans réponse...
Mais c'était probablement sans compter sur l'humour, la gentillesse et la simplicité de la femme qui savait facilement mettre à l'aide.

« Tu as l’expression d’une personne qui est tombée dans un guet-apens mon ami. »

Il ne sut s'empêcher d'avoir un petit rire amusé tandis qu'elle se rasseyait à la table avant qu'elle lui fasse signe de faire autant, ce qu'il ne tarda pas à faire.

« Comment vas-tu ? »

La question à un million. Il laissa passer quelques instants, ne sachant pas trop comment répondre à la seconde question.

 « Ouais, je ne sais pas pourquoi je sens que mon frangin a organisé tout ça et qu'il pense l'emporter au paradis, en plus.» dit-il en plaisantant.  « … il ne sait pas à quel point ma vengeance pourra être terrible.»

Bien sûr que non, il ne se vengerait pas de son frère... pas vraiment du moins. Cela partait en plus d'une trop bonne intention pour qu'il lui en veuille... mais il ne pouvait pas plaisanter là-dessus longtemps. Le tout était de dire la vérité, en éludant beaucoup de choses. Vraiment beaucoup, mais ça restait quand même quelque chose de faisable.

 « J'ai connu mieux depuis que … je ne suis plus Auror. » Il haussa les épaules.  « mais écoute, on prend une nouvelle routine... et je reste beaucoup plus avec Adam.» Réponse 100 % réelle mais qui ne disait pas en réalité à quel point il était plus dans le bas que dans le haut. Tout comme, elle n'avait pas encore posé de questions sur l'oeil de verre.  « Et toi,  comment ça va, je pense que tu as beaucoup plus de choses intéressantes à raconter que la vie d'un papa célibataire qui ne fait pas grand chose de ses journées ?»

Est-ce qu'il était en train d'amoindrir tout ce qu'il avait vécu ? Tout à fait. Mais c'était pour le bien de Jane. Moins elle en savait, mieux ça serait. Et puis, s'il ne parlait pas de tout ce qui s'était passé avec la Garde, on ne pouvait pas dire que sa vie était franchement passionnante...

« Ouais, je ne sais pas pourquoi je sens que mon frangin a organisé tout ça et qu'il pense l'emporter au paradis, en plus. »

Le contraste est assez flagrant, comme si la nuit rencontrait le jour. Jane est aussi vive et solaire que Dorofei semble éteint malgré les efforts qu’il semble fait pour ne pas le laisser paraître. Une chose difficile à cacher quand vous êtes face à une personne comme cette femme qui lit le genre humain sans la moindre difficulté. Est ce que Gary a réellement organisé un guet-apens pour piéger son frère ? C’est une éventualité, oui, mais Jane connaît suffisamment bien l’homme pour savoir qu’il y a une bonne intention derrière ce possible stratagème.

« … il ne sait pas à quel point ma vengeance pourra être terrible. »

Un rire clair est lâché du côté de l’Anglaise, il ne s’agit pas vraiment de démonstration puisque même si son quotidien au Ministère consiste à jouer un rôle elle tombe le masque lorsqu’il s’agit de personne en qui elle sait pouvoir avoir confiance. Ici il s’agit plus d’un ami que d’un ancien collègue, une personne a qui elle tient. Bien sûr prise par son propre quotidien elle a parfaitement conscience de ne pas avoir été des plus présentes, ça n’est pas quelque chose qu’elle n’assume pas ni pour laquelle elle se sent coupable. Chacun fait ce qu’il peut, voilà tout, si on ne peut changer ce qui est passé on peut agir sur le présent. Cet instant là qu’il partage au gré du hasard ou d’une manigance d’un tiers. Les conditions et la raison importent peu.

« J'ai connu mieux depuis que … je ne suis plus Auror. »

Elle a le regard compatissant sans en faire trop, croisant les jambes et joignant ses mains l’une à l’autre.

« Mais écoute, on prend une nouvelle routine... et je reste beaucoup plus avec Adam. »

Les hommes et ce besoin ancestral de taire les émotions, les reléguer dans un coin sans y prêter attention, elle pourrait en rire en d’autres circonstances. Après tout, n’est ce qu’on ce que la société leur apprend depuis des générations ? Il n’est jamais trop tard pour déconstruire de mauvaises habitudes, son propre père et son frère en sont des exemples parfaits.

« Et toi,  comment ça va, je pense que tu as beaucoup plus de choses intéressantes à raconter que la vie d'un papa célibataire qui ne fait pas grand chose de ses journées ? »
« C’est vrai que la vie d’une mère célibataire est bien plus intéressante que celle d’un père célibataire, on ne le dit pas suffisamment. »

Elle s’amuse de ces quelques mots, glissant sur un sarcasme presque attendri, chargé de toute l’affection qu’elle a pour ce jeune Russe un peu bourru. Il pourrait être son petit frère lui aussi et sans aller jusqu’à jouer les matriarches elle sait qu’elle a cet « ascendant » sur lui quoi qu’il arrive.

« Adam doit être heureux de pouvoir profiter de son Papa. »

Elle est comme ça Jane, toujours à tirer du positif de chaque situation. Elle ne sait pas exactement ce qu’a traversé Dorofei ni même les raisons exactes de son départ du Ministère mais elle sait, elle le voit, qu’il a souffert. Non cet homme n’a pas eu la vie facile c’est une certitude et l’absence de la mère d’Adam dans le décor en est un exemple de plus. Néanmoins, il est là, cet enfant qui n’a rien demandé à personne et qui comme chaque enfant à besoin d’un adulte pour veiller sur lui. Il a des oncles, des tantes, des grand-parents, mais rien ne remplace un père ou une mère. Jamais vraiment.

« Notre bon vieux Ministère est chaque jour un peu plus rempli de personnes tout à fait charmantes ... »

Cette fois le sarcasme se fait plus acerbe, presque acide, alors qu’elle se permet d’afficher clairement son mépris face à non pas l’institution mais ceux qui en ont pris le pouvoir. Elle lève les yeux au ciel mais ne se départie pas de son sourire.

« On ne manque pas de travail en ce moment. »

Et celui qui l’attend n’est pas des plus simples, elle le sait, mais elle a choisi ce poste pour cette exacte raison. Non pas pour se mettre en danger mais pour anticiper, devancer et protéger.

« Si tu cherches un job je peux peut-être t’aider. Dans quoi est ce que tu te verrais ? »

Qu’il le sache ou pas elle a des contacts partout, dans des tas de domaines, l’avantage d’être si sociable et ouverte sur le monde.

Est-ce que Gary avait vraiment organisé cette rencontre pour qu'elle ne soit pas fortuite, c'était plus que possible. Son aîné en était tout à fait capable... Un peu perturbé, Dorofei essaya quand même de plaisanter un peu sur le sujet en promettant qu'il se vengerait si c'était le cas. Malheureusement, maintenant qu'ils étaient tous adultes, c'était beaucoup moins simple de trouver une vraie vengeance alors que dans l'enfance, il aurait certainement pu trouver un châtiment à la taille de cette trahison. Mais là n'était pas la question, ce n'était pas qu'une simple question de plaisanterie, le sujet suivant était beaucoup plus sérieux et grave, toujours compliqué à aborder surtout avec quelqu'un qui n'était pas dans la Garde par ce qu'il y a beaucoup de choses qu'il devait forcément cacher. Il devait donc faire un résumé qui était crédible et qui retraçait pas trop mal la vérité... surtout qu'elle travaillait au Ministère et qu'elle avait peut-être entendu certaines choses. Du négatif avec une petite dose de positif voilà la seule chose qu'il réussissait à faire réellement.... et il avait tout aussi rapidement rediriger le sujet vers elle.

« C’est vrai que la vie d’une mère célibataire est bien plus intéressante que celle d’un père célibataire, on ne le dit pas suffisamment. »

Il pencha la tête sur le côté avec une petite moue. Ouais, c'est vrai que vu comme ça... ça n'avait l'air guère plus intéressant, sauf qu'au final, elle bossait et il y avait peut-être des choses intéressantes à raconter et elle devait sortir bien plus que lui et là encore et bien, cela permettait d'avoir des petites histoires sous le coude, d'autant plus qu'elle contrairement à lui avait la parlotte facile.

« Adam doit être heureux de pouvoir profiter de son Papa. »

Maintenant oui, il essayait de gérer au mieux, mais ce n'était pas simple. Il ne se sentait pas vraiment à sa place dans ce rôle même s'il aimait son fils de tout son cœur. Il avait souvent l'impression de ne pas savoir faire avec les gosses, qu'il lui manquait beaucoup de choses à ce niveau-là... mais Adam ne semblait pas trop s'en plaindre. Néanmoins, la peur était toujours sous-jacente de mal faire, de lui faire du mal, de commettre une erreur qu'il ne pourrait pas réparer. Il pensait probablement un peu trop au futur de l'enfant aussi et à son statut de sang. S'il était cracmol, quel avenir est-ce qu'il allait bien pouvoir lui offrir dans la conjoncture actuelle ? Et c'est pour cela que la Garde était importante à ses yeux, par ce qu'elle promettait un avenir meilleur.

« Notre bon vieux Ministère est chaque jour un peu plus rempli de personnes tout à fait charmantes ... » Il ne put s'empêcher de lever les yeux vers le ciel, il s'en doutait, mais cela le révulsait de plus en plus, et de voir qu'il y avait tant de jeunes gens qui rejoignaient le camps des Supérieurs. « On ne manque pas de travail en ce moment. »
 « Tu m'étonnes... Bizarrement sur ce point-là je ne t'envie pas du tout. » avait-il répliqué du tac au tac, par ce que parler de ça, c'était beaucoup plus simple que de causer de sentiments et compagnie.

La suite, par contre, il ne s'y était pas du tout attendu... et son cerveau s'était presque mis en mode alerte. « Si tu cherches un job je peux peut-être t’aider. Dans quoi est ce que tu te verrais ? »

Oh oui, l'offre était alléchante, et il avait envie d'y répondre mais ce n'était pas raisonnable, du moins pour le moment. Déjà, par ce qu'il devait s'occuper de son état psychologique en priorité et quand ça serait fait, il avait plus envie de se donner corps et âmes à la Garde pour faire avancer les choses. Mais aussi par ce qu'il craignait de la mettre en danger inutilement si jamais, ça venait à s'apprendre qu'elle l'avait aidé. Peut-être était il trop intransigeant sur la chose, mais il avait déjà mis trop de monde en danger pour qu'il ne réitère ça. Maintenant, le tout était de savoir comment est-ce qu'il allait pouvoir répondre à cela.

 « J'avoue que je ne sais pas trop encore, j'étais très attaché à ce job, alors je dois encore en faire un peu mon deuil, probablement. Mais c'est gentil, s'il me vient une idée de génie j'te le ferai savoir. Pour l'instant, je crois que je vais surtout chercher à profiter un peu de mon fils.» Il se tut quelques instants avant de reprendre, un sourire un peu sarcastique aux lèvres.  « Alors quelles nouvelles idées notre Ministère adoré a trouvé ? On sait qu'il peut être très inventif.»

Ces informations là, il aurait pu aussi les avoir de Neolina... mais il préférait qu'elle vienne de quelqu'un qui ne lui cacherait potentiellement pas quelque chose. Hampton pourrait vouloir le préserver de certains détails et il avait besoin de savoir. La rage et la haine peuvent aider à faire avancer et il n'était plus mal au point de vriller pour une mauvaise nouvelle de ce genre, au contraire, il voulait utiliser ses sentiments pour se remettre plus rapidement sur les rails.

« J'avoue que je ne sais pas trop encore, j'étais très attaché à ce job, alors je dois encore en faire un peu mon deuil, probablement. Mais c'est gentil, s'il me vient une idée de génie j'te le ferai savoir. Pour l'instant, je crois que je vais surtout chercher à profiter un peu de mon fils. »

Il n’y a ni jugement ni déception dans le regard que Jane pose sur Dorofei, rien que de la bienveillance encore une fois.

Ils sont certainement nombreux ceux qui ne comprendraient pas ce cheminement de pensées, elle ne voit qu’un homme qui décide de faire passer sa santé mentale en priorité. Faire le deuil de ce qui n’est plus prend du temps, plusieurs phases, s’il ne se sent pas prêt voilà son droit le plus légitime. Elle a tendu la main, il sait, lorsqu’il aura pris le temps nécessaire pour se recentrer et se reconstruire il n’appartiendra alors qu’à lui de faire le reste du chemin. D’ici là il fera assurément un heureux en la personne de son fils, c’est ce qu’elle pense en tout cas mais n’a pas toutes les clés pour l’affirmer bien sûr. Jane fait partie de ceux ayant eu la chance d’avoir une enfance en or dans une famille soudée, elle est aujourd’hui Maman d’une petite fille épanouie et qui ne manque de rien. Surtout pas de l’amour et la présence de ses deux parents. Loin d’être naïve elle sait que le bonheur d’un enfant dépend bien souvent de celui de ses parents et si ces derniers sont dans une mauvaise passe, qu’importe la forme qu’elle prend, il en souffrira et en gardera des traces pour le reste de sa vie.

« Alors quelles nouvelles idées notre Ministère adoré a trouvé ? On sait qu'il peut être très inventif. »

Ça pour l’être, il l’est effectivement. Le rire que l’Anglaise laisse échapper est rempli de sarcasme et les plus attentifs pourraient sans doute déceler une ombre passer dans le fond de son regard. Ces hommes et ces femmes mettent à mal sa bonne humeur, quand bien même certaines de leurs idées permettent au monde magique de se protéger. Personne ne peut le nier, elle en tout cas s’assure de faire la part des choses tant qu’elle le peut. Là est la responsabilité d’un Gouvernement après tout mais quand ce même Gouvernement en profite pour imposer sa suprématie et ses idées aux détriments de ses propres administrés c’est autre chose.

« Des lois, toujours plus de lois, toujours plus liberticides. Les sorciers sont bien plus dociles que les moldus, si David Cameron en faisait autant avec son Gouvernement il y a sans doute bien longtemps que le peuple serait dans la rue. »

Moins énervés que les Français, c’est une certitude, mais on ne peut pas leur enlever ça. La Magie devient un moyen de pression efficace, là aussi il est impossible de le nier. Dans un « État » qui se montre de plus en plus totalitaire la peur des conséquences gronde dans les foyers. Que faire face à une telle puissance ? Chacun pense à protéger sa peau, celle des siens, c’est humain. Jane serait prête à sortir les griffes sans hésitation pour protéger sa famille.

« Ils vont nous envoyer contrôler les lycans déclarés et probablement faire traquer ceux qui ne le sont pas. »

Sa posture, son ton, l’absence de sourire sur son visage sont autant de preuves que le sérieux et la gravité estompent sa légèreté habituelle. Chacun de ses agissements est mesurés, elle pèse toujours le pour et le contre avant de se dévoiler tant les conséquences peuvent être importantes. Il en va de son métier, bien sûr, mais tellement plus encore. Il y a ceux qui se battent avec la Magie ou bien la politique, elle préfère agir dans l’ombre. Pas par lâcheté mais bien pour préserver ce fonctionnement clandestin qui permet d’aider ceux qui en ont le plus besoin. Foncer dans le tas n’a jamais été une solution à ses yeux, chacun sa façon de se battre.

La situation était au final beaucoup plus compliquée qu'il n'y paraissait. D'un côté, il aurait eu envie d'accepter son aide, de pouvoir changer un peu son quotidien, de l'autre c'était trop risqué surtout pour quelqu'un qui travaillait au Ministère et qui n'avait pas connaissance de son appartenance à la Garde. Alors, il essayait de lui expliquer avec ses mots, probablement un peu maladroits. Et bientôt, il avait bifurqué de sujet en demandant des nouvelles du « Ministère », et notamment sur les nouvelles mesures qui étaient dans les tuyaux, ou celles qui venaient de sortir. Ils étaient de plus en plus inventifs, ces gens-là.

« Des lois, toujours plus de lois, toujours plus liberticides. Les sorciers sont bien plus dociles que les moldus, si David Cameron en faisait autant avec son Gouvernement il y a sans doute bien longtemps que le peuple serait dans la rue. »

En même temps, la Magie pouvait être beaucoup plus brutale que ce qui se passait chez les Moldus lorsqu'ils descendaient dans la rue... et pourtant la violence était dans ces cas-là déjà assez forte. Au final, il se demandait s'il y avait tant de gens que ça qui étaient vraiment totalement contre les nouvelles mesures. Il y avait beaucoup de gens qui râlaient, mais beaucoup semblaient quand suivre en grande partie le gouvernement. Du moins, comme il n'y avait aucune réelle grosse rébellion, il y avait peut-être quelques questions à se poser.

« Ils vont nous envoyer contrôler les lycans déclarés et probablement faire traquer ceux qui ne le sont pas. »
 « Pardon ?»

La vérité, c'est qu'il avait bien compris ce qu'elle lui avait dit. C'est juste que c'était totalement gros qu'il avait du mal à y croire. Il la regarda totalement perplexe tandis qu'elle, pour une fois, était vraiment des plus sérieuses, des plus graves. Mais une autre question se posait à lui, plusieurs autres, même. Et si les lycans n'étaient qu'un début et qu'ils continuaient avec tous les autres dons ? Il s'inquiétait de pour Logan, ou même Sanae. Et s'il avait eu une pensée bien entendue pour Neolina, elle était connue, reconnue et déclarée comme métamorphomage, elle ne devrait donc rien risquer. Il se passa une main dans les cheveux en cherchant la réponse la plus adéquate, même s'il n'y en avait évidemment pas. Il aurait presque pu sentir la rage monter. Comme si les Lycans n'étaient déjà pas assez opprimés comme ça, il fallait que ce Gouvernement à la con en rajoute une couche. Il hésita quelques instants avant de lui souffler.

 «Est-ce que je peux vous aider d'une quelconque manière ? »

Pas le Gouvernement, bien entendu... mais plus s'il pouvait être utile à certains Lycans ou autres. Vu sa tête et son passif, il était certain que c'était quelque chose qui lui tenait à cœur. Il n'était pas certain de pouvoir faire grand chose, surtout vu sa position actuelle – aussi bien avec la Garde que les Supérieurs-, mais peut-être qu'il pourrait être d'une quelconque aide.
Il inspira, pour essayer de retrouver son calme.

 « Ils comptent s'y prendre comment pour faire tout ça, ces génies ?» Il secoua la tête avant de soupirer.  « Et c'est probablement le début du commencement des restrictions pour toutes les personnes ayant … un Don, une différence, appelle ça comme tu veux.»

Qui seraient les prochains ? Les Vampires ? Ca serait probablement dans la même lignée que les Lycans, on pouvait les considérer comme des « bêtes sanguinaires » et dangereuses... Mais il était peu probables qu'ils s'arrêtent en si bon chemin.

 « Et je suppose que tout le monde va obéir sans broncher ?»

Et d'un côté, il pouvait comprendre, s'opposer aux Supérieurs, au Gouvernement surtout en étant seul, c'était s'ouvrir la porte de l'enfer directement sous ses pieds, c'était un bon moyen de se retrouver six pieds sous terre rapidement, au mieux... du moins pour ceux qui n'étaient pas proches des têtes pensantes.

« Pardon ? »

C’est brutal, elle le sait, mais à quoi bon mettre les formes ? Qu’on soit impliqué directement ou pas dès l’instant où l’on possède une conscience, un simple sens du respect de l’autre, on ne peut pas ne pas réagir. Comment l’Homme peut-il à ce point ne pas apprendre de son passé et des erreurs commises ? Les exemples ne manquent pourtant pas et ce à travers les âges, à travers les mondes.
Face à son ancien collègue Jane reste de marbre mais son sourire n’est plus vraiment là. Elle n’a pas besoin de masque face à lui, pas besoin de garder ce sourire qui la caractérise aux yeux d’un bon nombre. Son regard planté dans celui du jeune homme elle n’a aucun mal à tracer le fil de ses pensées, à s’en faire une idée tout du moins. Il ne sait pas pour Leroy, ce frère qu’elle aime de toute son âme et pour qui elle se battra jusqu’à la mort s’il le faut. Un hasard de la vie que cette Morsure, Jane aurait sans doute mené le même combat sans ça. L’injustice est sans doute la chose qu’elle exècre le plus et ça n’est pas dans ce monde-là qu’elle souhaite voir grandir Amalia.

« Est-ce que je peux vous aider d'une quelconque manière ? »

Si elle ne répond pas immédiatement la question fait son chemin, les idées avec.

« Ils comptent s'y prendre comment pour faire tout ça, ces génies ? »

Comme des personnes qui ont malheureusement bien trop d’idées, qui savent se servir de l’univers dans lequel ils évoluent. Le Ministère dispose des registres, vient ensuite le bouche à oreille, la délation, toutes ces belles choses qui encore une fois font teinter la cloche du Point Godwin. C’en est gerbant.

« Et c'est probablement le début du commencement des restrictions pour toutes les personnes ayant … un Don, une différence, appelle ça comme tu veux. »

L’Anglaise hoche la tête et garde son calme en apparence mais dans son esprit la colère flambe comme si on avait jeté de l’huile sur le feu. Mains autour d’une tasse, son index droit vient cogner contre celle-ci de manière frénétique bien que quasiment imperceptible. Un coude posé sur la table, assise légèrement de biais les jambes croisées, elle ne porte plus ce halo de lumière qui irradie d’elle la plupart du temps. Ici, elle n’a pas à porter de maque.

« Et je suppose que tout le monde va obéir sans broncher ? »

Légèrement piquée au vif elle se redresse un peu contre le dossier de sa chaise. Rien de personnel, elle le sait, Dorofei n’a de toute façon pas toutes les cartes en main car au même titre qu’il porte ses secrets elle a les siens. Ça n’est pas elle qu’il vise, ce sont eux. Ces hommes et ces femmes qui ont envahi et gangréné le pouvoir en faisant planer sur le reste du peuple une menace aussi sombre qu’un nuage d’orage.

« Les chiens de l’Enfer, bien sûr. Ils n’attendent que ça. Les autres se protègent comme ils peuvent. »

C’est un mélange d’acidité et de compréhension, de profonde humanité surtout. Comment en vouloir à ceux qui ont peur de défier l’autorité ? Après tout, n’est ce pas là exactement ce qu’elle fait ? Jane n’est pas du genre à se donner plus de courage qu’elle n’en porte, pas quand une partie de ces actions est faite dans le seul but de protéger les siens. Se protéger elle-même, aussi.

« Je vais devoir contrôler chaque Lycan inscrit sur les registres et étant domicilié à Londres. Fort heureusement ils sont très peu nombreux. Il leur sera demandé de s’enfermer lors de la prochaine Pleine Lune. »

Un mal pour un bien, sans doute, mais elle n’a aucune confiance en l’Institution. En la forme qu’elle prend depuis quelques années, en tout cas.

« Si tu veux aider, Dorofei, préviens ceux que ça pourrait concerner si tu en connais. Mais reste discret. »

Chose qu’il fait déjà, de toute façon.

« Fais passer le mot, dis-leur aussi qu’ils ne sont pas seuls. »

Elle n’a pas idée des connexions que cela pourrait lui apporter, ignorant tout de son allégeance à la Garde. De lien en lien le réseau pourrait s’étendre sans qu’ils ne s’y attendent réellement.

La connerie des hommes serait-elle donc sans fin ? Bien sûr que d'un côté, il était important que les loups-garous soient bien pris en charge par d'autres afin qu'ils apprennent au mieux à s'adapter à cette nouvelle nature... Mais ces mesures étaient excessives et ne présageaient rien de bon pour la suite. Ce n'était pas par ce que quelqu'un avait été mordu qu'il était forcément un danger public comme certains propos pouvaient bien sembler le laisser penser. Et ça l'agaçait et l'irritait profondément cette injustice. Et il voulait aider, s'il en avait les moyens, ce qu'il ne tarda pas à faire savoir avant de poser de nouvelles questions pour mieux comprendre le désastre qui se présentait là. Clairement dans sa tête c''était d'abord les loup-garous, les vampires ne tarderaient pas à suivre. Et après ? Les légimens, métamorphomages, voyants et compagnie seraient les suivants ? Sous quel prétexte ? Comme quoi, encore une fois, il était bon de faire parti de la « normalité », de la majorité des gens, et cela lui donnait envie de grincer des dents. La dernière question posée par Cooper avait été peut-être un peu trop piquante, il ne s'en était aperçu que lorsqu'il avait vu Jane se tendre un peu sur le fauteuil. Oui, c'était maladroit et bien sûr que l'on ne pouvait pas discuter d'ordres venant de ces Éminences ; il en était totalement conscient ; Du moins des gens comme eux ne pouvaient rien dire, d'autres appartenant aux Supérieurs auraient clairement pu.

« Les chiens de l’Enfer, bien sûr. Ils n’attendent que ça. Les autres se protègent comme ils peuvent. »

Bien sûr et c'était normal que les gens veuillent se protéger eux et leur famille. Qui sait ce que ces chiens pourraient leur faire sinon ? Ils étaient capable de tout, alors il valait mieux assurer ses arrières. D'un côté, il essayait de se rationaliser en se disant que pour voir de telles absurdités c'était pas plus mal qu'il ne soit plus Auror, aucune envie d'aider ces connards à épancher encore plus la haine et l'intolérance.

« Je vais devoir contrôler chaque Lycan inscrit sur les registres et étant domicilié à Londres. Fort heureusement ils sont très peu nombreux. Il leur sera demandé de s’enfermer lors de la prochaine Pleine Lune. »

Hum ? En soi, vu ce qui se passait, ce n'était pas stupide, mais les dérives pouvaient vite arrivées, ou d'autres problèmes. Et s'ils avaient envie d'aller à la campagne, s'ils préféraient dans ces moments-là être au grand air ? La frustration n'emmènerait rien de bon... mais comme ça aurait pu être bien pire, plus difficile de dire quelque chose là-dessus et c'est peut-être pour ça que le gouvernement jouait sur ça. Il travaillait sur la question, sans trop en faire pour ne pas qu'on leur reproche... et donc, il y aurait une possibilité de servir, à juste titre, la populace ne pourrait qu’acquiescer, trouver ça plus facilement normal.

« Si tu veux aider, Dorofei, préviens ceux que ça pourrait concerner si tu en connais. Mais reste discret. » Sauf qu'on ne pouvait pas dire qu'il en connaisse grand monde ayant cette particularité. « Fais passer le mot, dis-leur aussi qu’ils ne sont pas seuls. »
 « Et si ces personnes là veulent un contact ?» demanda-t-il doucement.

La question qui se posait à présent c'était surtout de savoir s'il devait en parler à Neolina ou pas pour qu'elle voit avec la Garde ce qu'ils pouvaient faire de cette information. Lui n'en connaissait pas de Loup-Garou, la Garde pourrait en aider un grand nombre, mais... ça serait impliquer Jane dans quelque chose de beaucoup plus gros et dangereux en quelque sorte, et il n'avait pas envie de la mettre en danger. D'un autre côté, elle aurait peut-être voulu s'engager dans quelque chose de plus grand. Et il ne pouvait pas non plus aborder le sujet de la Garde. Il ne savait pas quoi faire, alors il préféra continuer.

 « A vrai dire, je n'en connais pas vraiment, comme tu le dis, toi qui accès à des informations plus précises, il doit il y avoir peu à Londres.» Silence.  « J'vais voir discrètement, si des amis en connaissent je te tiendrai informée dans ce cas-là.» De nouveau un silence, plus lourd, avant d'essayer autre chose  « A ton avis, la prochaine connerie qu'ils vont nous sortir c'est quoi ? Bientôt on va avoir des tests aux entrées de tous les bâtiments avec un accès plus ou moins VIP suivant ton sang et ton allégeance, ça me paraît bien à leur niveau.»

Acerbe, et pourtant, il aurait voulu lui sortir une réelle connerie.

« Et si ces personnes là veulent un contact ? »

Est ce que ce sera elle ? Sans doute pas directement, pas tout de suite pour le moins, mais le réseau de communication est en place. Jane est une valeur sûr en terme de confidentialité grâce à son don mais comme chaque être humain, sorcier ou pas, elle n’est pas infaillible elle le sait. Ainsi sa plus grande force demeure sa discrétion, ce masque qu’elle porte aux yeux d’une très grande majorité. Même Dorofei n’est pas au courant de cette partie de sa vie tout comme elle ignore allégeance de son cadet à la Garde de Myrddin. Entre autres secrets.

« A vrai dire, je n'en connais pas vraiment, comme tu le dis, toi qui accès à des informations plus précises, il doit il y avoir peu à Londres. »

Effectivement. Peu de connus, en tout cas, car les pages des registres ne sont pas noircies d’encre. Lorsque Leroy a été mordu c’est l’instinct qui s’est manifesté, une intuition, une volonté farouche de le protéger quoi qu’il arrive. Voilà pourquoi elle a convaincu aussi bien son frère que leurs parents de ne pas déclarer le plus jeune des Wilson.

« J'vais voir discrètement, si des amis en connaissent je te tiendrai informée dans ce cas-là. »

Un sourire, un hochement de tête, elle sait que cette discussion ne pourra pas se poursuivre trop longuement pour la simple et bonne raison que viendra le moment où elle ne pourra plus se livrer. Dorofei le comprend-il ? Le sujet ne change pas radicalement mais il dérive gentiment, revient plus ou moins à son point de départ.

« A ton avis, la prochaine connerie qu'ils vont nous sortir c'est quoi ? Bientôt on va avoir des tests aux entrées de tous les bâtiments avec un accès plus ou moins VIP suivant ton sang et ton allégeance, ça me paraît bien à leur niveau. »

L’amertume est palpable chez le jeune homme, autant dans les mots, la façon de les prononcer que dans la posture, l’attitude. Le Ministère, ceux qui le composent, lui ont pris bien plus qu’il ne le montre, bien plus que Jane le suppose probablement. Elle l’observe un instant avec tendresse, pas de pitié non mais juste ce qu’il faut d’affection. Elle a ce regard sur lui, presque comme une mère parfois, réaction instaurée de part leur différence d’âge.
Puis le message fait son chemin lui aussi, la pousse à penser à son propre cas. Sang Mêlée elle se sait non pas en bas de la pyramide mais franchement très haut non plus. Pas de Né-Moldus du côté des Wilson, le mélange de leur sang remonte à des générations qu’elle n’a même pas connu. Elle s’en fout, bien sûr, mais comprend aussi que tout ça joue pour conserver son statut, sa place, sa marge de manœuvre. Ça ne lui fait rien quand on la regarde de haut, quand le mépris est évident, simplement parce qu’elle sait qui elle est, parce qu’elle sait ce qu’elle vaut. Son sang n’est peut être pas pur mais son âme l’est, à ses yeux c’est une chose bien plus importante.

« Tu sais, c’est plus ou moins déjà le cas. »

Triste à dire mais simplement le reflet de la réalité. Combien de Né-Moldus ou de Sang-Mêlés trop dilués à leurs yeux ont été « remerciés » ? Ceux qui ont manifesté leur mécontentement, ont remis en cause leurs façons de faire et leurs idées, ont tout simplement disparu pour certains d’entre eux. Certains jours sont difficiles mais Jane s’accroche aux alliées qu’elle a toujours au sein de cette fourmilière. Peu nombreux mais précieux, ne pas accorder sa confiance trop vite est devenue une question de survie.

« Alors dis moi, qu’est ce que vous avez prévu pour l’été avec Adam ? »

Après tout, la vie n’est pas faite que de choses tristes et sordides ou dangereuses. Les enfants ont ce pouvoir, ils vous ramènent à l’essentiel, font briller le soleil dans vos vies même les jours de pluie. Dorofei en a sûrement conscience mais il a avec lui le meilleur allié, un allié qui a tout autant besoin de lui que l’inverse.

Maintenant qu'elle avait réussi à attirer son attention sur certaines choses, il était vraiment curieux de savoir comment les choses allaient se dérouler s'il trouvait quelqu'un qui correspondait. Vers qui devait-il les envoyer ? Une question simple et pourtant aucune réponse était donnée et il n'était pas certain de comprendre réellement la réponse. Probablement que cela signifiait qu'il faudrait voir le moment venu, que pour l'instant il n'y avait rie ne précis, ou de réellement décidé. Il acquiesça donc à ce silence, comme s'il avait compris... et il avait d'ailleurs continué sur sa lancée pas franchement troublé par le silence de la femme. De toute manière, ce n'était pas comme s'il en connaissait des personnes lycanthropes, alors la seule chose qu'il pouvait faire ou proposer c'était d'en parler à sa famille à des amis proches et sûrs des gens totalement sûrs, aka probablement la Garde, même s'il n'était pas sûr encore de la décision à prendre pour le bien être de Jane. Il ne voulait pas l'embarquer dans quelque chose d'impossible, d'autant plus que sa propre position dans le groupe n'était pas simple.

Cooper avait fini par changer de sujet pour essayer de revenir à quelque chose qui n'était pas secret : la connerie des Supérieurs et ce qu'ils pouvaient encore faire pour pourrir la vie des gens. Et il était amer dans tout ça, par ce qu'il avait du mal à comprendre comment on pouvait toujours être sur ce genre de pensées, toujours aussi arriérés. Et il se doutait que l'éducation y était pour beaucoup, génération après génération, les mêmes erreurs de perpétraient et c'était probablement là, dans le futur qu'il faudrait « jouer », ces points qu'il faudrait redresser d'une manière ou d'une autre. Cependant, comment est-ce tous ces gamins, et adultes ne pouvaient-ils pas ouvrir les yeux avec ce qu'ils voyaient tous les jours ? Surtout lorsqu'ils étaient à l'école, c'était vraiment quelque chose qui le dépassait totalement.

« Tu sais, c’est plus ou moins déjà le cas. »

Oui, il le savait bien, mais il avait quand même forcé pas sur le trait. Ceci dit, ça faisait un moment qu'il se faisait « oublier » et les choses avaient pu encore changer et se dégrader sans qu'il ne s'en rende vraiment compte.

« Alors dis moi, qu’est ce que vous avez prévu pour l’été avec Adam ? »
 « Pas grand chose pour le moment. On verra au fur et à mesure.»

Le laisser à sa famille en Russie. S'éloigner pour le protéger et en même temps qu'il puisse quand même passer des vacances dignes de ce nom, mais il ne se voyait pas dire que le gamin allait devoir sûrement y rester tout l'été... Néanmoins sa réponse faisait un peu pauvre comme ça, alors il se décida à ajouter un petit

 « On ira sûrement un peu chez la famille, et après, il faut voir ce qui se présente. Et pour toi, tu as pu avoir un peu de vacances cet été ? Vous avez prévu quelque chose avec ta fille ?»

Détourner les choses de lui lui semblait une excellente solution, surtout lorsqu'on a aucune réelle réponse à fournir.

« Pas grand chose pour le moment. On verra au fur et à mesure. »

Ça ne transpire pas d’enthousiasme, c’est d’ailleurs ce qui saute aux yeux de l’Anglaise depuis le début. Non, Dorofei ne respire pas la joie de vivre, au travers de ses prunelles elle ne parvient pas à lire la moindre étincelle. Qu’est ce qui peut bien passer derrière ce masque qu’il porte ? Là, dans son esprit, quelles sont les ombres qui y dansent ? Qu’est ce qui le préoccupe ? Elle les devine mais ne les connaît pas, ces ombres, pas vraiment certaine de la posture à tenir ici. Et puis il y a ce petit pincement qui vient malmener son cœur de maman, plaçant Adam au beau milieu d’un terrain bien triste pour un enfant. Lourd, sombre, peut être simplement une vue de l’esprit mais elle a toujours fait confiance à son instinct.

« On ira sûrement un peu chez la famille, et après, il faut voir ce qui se présente. Et pour toi, tu as pu avoir un peu de vacances cet été ? Vous avez prévu quelque chose avec ta fille ? »

Est ce qu’il pense réellement qu’elle ne capte pas sa manœuvre ? Celle d’éviter, de détourner, pour ne pas qu’elle viennent poser ses deux pieds droit dans un plat qu’il s’échine à déplacer. La patience faisant partie des forces de la sorcière elle ne se défait ni de son sourire ni de sa capacité à entrer dans le jeu du jeune homme. A-t-elle envie de le secouer, de lui mettre sous le nez son rôle de père ? Oui, mais elle se contient. Qui est elle pour lui faire la leçon ? De plus elle n’a pas envie de le juger, simplement de le comprendre. Puis de l’aider.

« Amalia va partir une dizaine de jour en France avec son père, elle passera quelques semaines chez mes parents aussi. Elle adore être là-bas. »

Chez les Wilson la musique s’écoute aussi fort que les rires résonnent entre les murs. On y danse beaucoup aussi et ça, que ça plaît à la petite fille. Une pensée pour Leroy, bien sûr, à qui elles rendront visite bien entendu. Un jour, deux, plus, qu’importe ils suivront leurs envies et elle voit déjà son cadet lui dire qu’ils se sont mis d’accord avec Amalia : Elle reste deux jours deux plus, tu peux rentrer à Londres.
Son coeur est rempli de chaleur quand tous ces visages effleurent son esprit. Margo bien sûr, Tatiana et Louis aussi. Sa vie illumine là où le visage de Dorofei semble si éteint.

« Je l’ai inscrite dans un centre de loisirs où certains de ses petits camarades d’écoles vont déjà puis nous partirons toutes les deux en Espagne pendant deux semaines. Histoire de changer d’air et prendre le soleil. »

Ces moments là sont importants, Jane met un point d’honneur à s’accorder ce temps précieux avec sa fille. Depuis toute petite elle lui fait découvrir des tas de choses, des tas de gens, il en va de même pour Kendrick. L’éducation de leur fille se fait sur le même fil conducteur, les mêmes idées, les mêmes envies, les mêmes principes. Alors oui, cette année ce sera l’Espagne où une amie de la sorcière les accueilleront avec son accent chantant.

« Si Adam a envie de passer du temps avec sa copine tu n’as qu’un mot à dire, tu le sais. Il sera toujours le bienvenu, que ce soit à la maison, chez mes parents ou bien même en vacances avec nous. »

La toile se tisse en douceur, Jane n’est pas manipulatrice mais sait naviguer entre différents courants pour ne pas arriver trop frontalement aux faits lorsqu’il le faut. Ici une idée bien précise en tête, le bien être du petit garçon comme objectif mais également celui de son père. Il a de la famille, elle le sait, preuve en est l’endroit où ils se trouvent. Il a des amis aussi sûrement même si ce pan de la vie du Russe lui échappe. Elle, elle se situe quelque part entre les deux et cet ancien collègue a dépassé ce stade dans son cœur. Sur son visage toujours ce sourire bienveillant, le regard un peu insistant quand il tente d’esquiver du sien. Parfois il faut forcer un peu le destin, y compris celui des autres. Quelque chose lui dit qu’il ne le fera pas de lui même alors ce qu’elle lui offre n’est rien d’autre qu’un coup de pouce.

« Toi aussi, d’ailleurs. Ça ne te ferait peut être pas de mal et ça te permettrait de profiter de ton fils dans un cadre totalement différent. »

Quoi de mieux pour ça qu’un terrain inconnu, un endroit où sortir de sa zone de confort tout en gardant certains repères à portée de main. Et ce repère, elle peut l’être.

Il aurait beau essayer, il n'y arriverait pas. Déjà en temps normal, la papote et compagnie n'était pas franchement son fort et il n'était pas connu pour être le mec le plus souriant du monde,... alors aujourd'hui – pour ne pas dire ces derniers mois- où les choses étaient encore plus compliquées, il avait beaucoup de mal à parler de lui, à arriver à se projeter même dans un futur proche. Vivre au jour le jour, faire au mieux pour Adam. Vraiment, il essayait de tout son cœur mais échouait pas mal avec l'enfant – du moins de son point de vue-. Alors oui, c'était plus simple comme ça, de ne pas s'appesantir sur lui et d'essayer de se tourner un peu plus vers  Jane et sa fille. C'était plus agréable aussi, ça sera moins lourd, peut-être arriverait-il à se détendre. Peut-être, il l'espérait du moins, le but n'était pas de se montrer désagréable ou même grossier envers Jane qu'il appréciait beaucoup.

« Amalia va partir une dizaine de jour en France avec son père, elle passera quelques semaines chez mes parents aussi. Elle adore être là-bas. »

Il acquiesça, c'était bien que la petite puisse voyager elle aussi et rester dans sa famille, un peu comme Adam le faisait avec la sienne... même si quelque part c'était différent. Le petit garçon serait principalement avec ses cousins, avec des enfants de son âge. Il en était proche, c'était une certitude mais.... mais quoi d'ailleurs ? Il n'aurait su le dire exactement, mais ce « mais » traînait dans sa tête avec cette impression qu'il ratait encore quelque chose. Qu'avec Jane ça semblait si simple, alors que lui prenait toujours les mauvaises décisions avec Adam et que ça le  bouffait. Et c'était faux,en plus, même s'il ne s'en rendait pas compte, il était souvent maladroit mais il n'était pas aussi mauvais qu'il semblait le croire.

« Je l’ai inscrite dans un centre de loisirs où certains de ses petits camarades d’écoles vont déjà puis nous partirons toutes les deux en Espagne pendant deux semaines. Histoire de changer d’air et prendre le soleil. »

Ah oui, effectivement ça c'était de grandes et belles vacances en famille. Amalia allait probablement s'éclater. Est-ce que Adam aimerait ce genre de choses ? Quelque part, il en doutait, ça n'avait pas l'air d'être le genre de son fils qui sur bien des points était casanier contrairement à lui.

« Si Adam a envie de passer du temps avec sa copine tu n’as qu’un mot à dire, tu le sais. Il sera toujours le bienvenu, que ce soit à la maison, chez mes parents ou bien même en vacances avec nous. »

Est-ce que quelques jours avec les deux femmes serait quelque chose de cool et qui leur ferait du bien ? A lui en tout cas oui, à son fils, il était moins sûr. Il pourrait toujours tenter ceci dit si l'envie l'en prenait... ou plutôt non, s'il n'avait pas peur de les mettre en danger. Par ce que le problème de fond était là. Et si sa venue mettait son amie et sa fille en danger ? Si trop sortir, mettait également Adam dans la même situation ? Il n'en savait rien, mais la paranoïa était là, elle suintait par tous les pores de sa peau. Pourtant, le oui, il avait envie de le dire, pour quelques jours. Alors, il ne savait pas quoi répondre, il n'osait même pas la regarder dans les yeux, un peu comme un gamin pris en faute.

« Toi aussi, d’ailleurs. Ça ne te ferait peut être pas de mal et ça te permettrait de profiter de ton fils dans un cadre totalement différent. »

tout à fait ma bonne dame. Elle avait raison. Il le avait pertinemment, mais il y avait cette raison qui faisait qu'il n'osait pas accepter ; et puis, au final peut-être craignait-il aussi être un danger s'il reperdait le contrôle. De ce côté là, il allait beaucoup mieux, c'était indéniable, mais on ne savait jamais. Est-ce que partir comme ça, surtout loin de Jordane qui était devenu un pilier indispensable était une bonne idée ? Sans Logan dans le coin également ? hey, t'es un grand garçon tu peux te passer d'eux quelques jours. Jordane ne va pas s'envoler, et tu sais très bien te contrôler. oui mais... Confiance totalement ébranlée par ce qu'il avait fait à Brooks. Comment être certain qu'il ne blesserait pas ses camarades ? C'est une des raison pour lesquelles il n'avait même pas retenté de retrouver son rôle à la Garde par ce qu'il n'était pas sûr, qu'il préférait aller mieux.
Alors, Coop' qu'est-ce que tu peux répondre à cette gentillesse, surtout quand l'hésitation est là.

 « Ca serait trop potentiellement trop dangereux pour toi, Jane.» finit-il par dire à demi-mots, avant de soupirer et de désigner son œil.  « Je ne me suis pas fais que des amis, quand je suis parti des Aurors. Je ne peux pas me permettre de risquer ta vie et celle de ta fille pour des vacances.»

Plus simple peut-être de dire la vérité... ou du moins un bout de vérité. Non, il ne parlerait pas des cachots, de la Garde. Juste de l'essentiel, pas besoin d'être devin pour comprendre qu'il parlait sûrement des Supérieurs. Il soupira un peu, avant d'hausser les épaules.

 « Pour Adam, je ne sais pas... Tu sais, il est un peu casanier, et timide en prime, sur une après-midi ça peut le faire, mais plus... dans un lieu qui lui serait inconnu ça sera peut-être plus compliqué, mais je peux lui proposer pour quelques jours.» Quelque part, au fond de lui une petite voix, lui criait qu'il faisait erreur, qu'il devait faire marcher arrière, mais non. Il ne retira rien. Il n'était pas sûr de lui.  « En Russie, il y a quelques enfants de son âge parmi la famille, donc il ne s'ennuiera pas non plus, surtout que j'y vais presque tous les jours !»

Et que là-bas, il savait à quel point l'enfant était protégé, contrairement dans un lieu un peu plus « neutre », qu'il ne connaîtrait pas. Et l'angoisse était là, la peur irrationnelle de le perdre, de faire dernier mauvais choix. Silence, pendant quelques instants, le temps qu'il essaye de se calmer sur ce point-là.

 « C'est une proposition très gentille en tout cas, mais tu es sûre que ça ferait plaisir à ta fille ? Je ne voudrais pas qu'il s'impose non plus et qu'elle se sente obligée de jouer avec lui... »

« Ça serait trop potentiellement trop dangereux pour toi, Jane. »

Elle pourrait s’agacer de ce genre de réponses, quelque chose de presque chevaleresque dans la démarche qui hérisse le poil de la femme libre et indépendante qu’elle se targue d’être. Elle n’a pas besoin qu’on prenne soin d’elle, pas besoin qu’on la protège – elle en est parfaitement capable et surtout c’est à elle d’en prendre la décision. Elle le sait, il n’y a rien d’autre derrière ça qu’un bon sentiment, voilà pourquoi elle ne le reprend pas. Pas plus qu’elle insiste, force pour en savoir plus. Persuadée qu’il sait au fond de lui qu’il peut lui faire confiance elle se dit qu’il s’ouvrira si l’envie de le faire se présente. Quelles sont ces menaces qui pèsent si durement sur lui ?

« Je ne me suis pas fais que des amis, quand je suis parti des Aurors. Je ne peux pas me permettre de risquer ta vie et celle de ta fille pour des vacances. »

Plus encore qu’un indice, une direction. Un ennemi commun, surtout. Un ennemi qui fait crisser ses nerfs de plus en plus férocement et là encore ses poings menacent de se serrer mais elle maintient sa stature, un sourire fin mais présent, son attention toute à Dorofei et ses mots.

« Pour Adam, je ne sais pas... Tu sais, il est un peu casanier, et timide en prime, sur une après-midi ça peut le faire, mais plus... dans un lieu qui lui serait inconnu ça sera peut-être plus compliqué, mais je peux lui proposer pour quelques jours. »

Pas de commentaire là encore, elle se contente de hocher la tête sans vouloir s’imposer dans la façon dont il perçoit et élève son enfant. Elle n’en a pas le droit même si la lionne en elle grogne de nouveau. Est ce un trait de famille de se renfermer ainsi sur soi même ou Adam marche t’il dans les traces de son père par inconscience ? Lorsque ses pensées s’évadent vers Amalia elle y voit la joie de vivre, l’amour et la curiosité envers les autres, l’envie de découvrir le monde parce qu’ils l’ont ainsi présenté à ce dernier. C’est un jugement qu’elle porte ici elle en a conscience mais elle ne perd pas de vue que Dorofei fait son possible, qu’il encaisse les crasses que l’existence lui fait subir les unes après les autres même si elle n’en a pas les détails. Cette envie d’extirper Adam à cette noirceur n’en est que plus vive mais elle se contente de cette ouverture. Ça n’est pas un non, c’est un peut-être, un choix qu’elle devra respecter quoi qu’il arrive.

« En Russie, il y a quelques enfants de son âge parmi la famille, donc il ne s'ennuiera pas non plus, surtout que j'y vais presque tous les jours ! »

La joie d’avoir une immense famille, c’est vrai, Gary en étant d’ailleurs la preuve. Jane a eu cette chance non pas dans sa fratrie mais par de nombreux cousins et cousines alors ce quotidien elle peut le deviner. Elle n’en garde que de bons souvenirs, des rires qui résonnent contre les murs de la cuisine, des courses poursuites dans les couloirs ou les jardins, une enfance plus qu’heureuse. Amalia n’a pas de frère et sœur, pas encore en tout cas, pas de cousin directs de son côté à elle mais Kendrick à lui aussi une grande famille alors de ça elle ne manque pas non plus. C’est ce qu’elle aime le plus, voir sa fille interagir avec les autres.

« C'est une proposition très gentille en tout cas, mais tu es sûre que ça ferait plaisir à ta fille ? Je ne voudrais pas qu'il s'impose non plus et qu'elle se sente obligée de jouer avec lui... »

Le sourire sur le visage de l’Anglaise se fait plus doux, sa main vient se poser tranquillement sur celle du Russe alors qu’elle cherche son regard. Presque amusée.

« Dorofei, nos enfants se connaissent depuis des années et s’adorent. »

Amalia est aussi vive qu’Adam est sur la réserve, aussi bavarde qu’il est silencieux c’est vrai, mais à cet âge là tout ça n’a pas d’importance. Qu’importe s’il ne dit rien elle fera la discussion toute seule, qu’importe s’il reste statique elle le prendra par la main et l’entraînera avec elle.

« Je comprends que tu t’inquiètes pour nous et je t’en remercie mais même si je n’ai pas tous les tenants et aboutissants j’ai conscience qu’il existe des risques. »

Parce qu’il les exprime. A demi mots certes mais il les exprime. Et parce qu’elle les connaît, eux, ceux qu’elle côtoie chaque jour qui passe et dont elle observe l’emprise toujours plus étendue et plus forte.

« Je ne mettrais jamais ma fille en danger sans avoir pris toutes les précautions possibles, garde ça en tête. »

Nombreux sont ceux et celles qui ne voient pas la sorcière puissante et intelligente qu’elle est pour la simple et bonne raison que le cacher la rend plus efficace et dangereuse encore. Si un jour quelqu’un tente de s’en prendre à Amalia la sorcière révélera à tous son véritable visage et la pitié ne fera pas partie de ce qu’elle exprimera alors non, jamais elle ne mettrais directement la chair de sa chair en danger. Elle a parfaitement conscience des risques qu’elle prend déjà bien qu’ils soient toujours mesurés et sa sécurité assurée mais il n’existe pas ce risque 0, bien sûr.

« Propose à Adam et prends le temps d’y réfléchir, l’offre tient toujours de mon côté. C’est valable pour vous deux. »

Parce qu’on ne peut pas affronter l’ombre sans se ressourcer parfois en pleine lumière, c’est ainsi qu’elle perçoit et vit les choses. Par Morgane qu’elle aimerait le voir sourire sous le soleil Espagnol, oublier un peu ce poids qui semble si lourd sur ses épaules.

Jane se lève finalement et dépose un baiser sur la joue du jeune homme en guise d’au revoir après avoir annoncé son départ. La chaise crisse sur le sol lorsqu’elle la rabat contre la table, elle salue Gary d’un signe de la main et vient chahuter le petit garçon quelques secondes au passage avant de quitter les lieux. Non sans laisser ici un peu de son soleil, elle l’espère.

▬ FINI POUR MOI ▬

Il n'avait pas voulu lui dire tout ce qui était finalement sorti de sa bouche, mais il s'en était presque senti obligé pour qu'elle comprenne que ce n'était pas contre elle. Qu'il  ne voulait mettre personne en danger et qu'à partir ensemble c'était une possibilité. Bien sûr, qu'elle pourrait lui dire non, qu'elle était assez grande pour choisir d'elle-même... mais si quelque chose se passait une fois là-bas, si sa fille était blessée, ça serait quand même de sa faute à lui – du moins de son point de vue- et il n'avait pas envie d'être l'auteur d'un nouveau drame. Peut-être était-ce une façon étrange de prendre les choses en mains, mais il n'était déjà pas serein concernant la sécurité de sa famille, il ne voulait pas que ses amis en pâtissent également tout simplement. Coop' espérait ainsi qu'elle comprendrait un peu son point de vue et qu'elle n'insisterait pas beaucoup plus et surtout qu'elle ne lui en voudrait pas. Il était un peu perdu avec tout ça, beaucoup trop perdu, dans ce qu'il pouvait se permettre ou pas. La faute aux doutes inséminés ci et là, par certaines remarques. Il ne voulait pas mettre des gens en danger. Il le refusait. Alors des mesures radicales semblaient plus adaptées. tu vrilles, mon garçon tu vrilles. Oui, il vrillait, il descendait, il remontait. Montagnes russe des émotions, des sentiments, de l'estime de soi même si la pente descendante était plutôt vraie en ce moment. Après sa dernière phrase, Jane avait posé sa main sur la sienne

« Dorofei, nos enfants se connaissent depuis des années et s’adorent. »

C'était vrai, il ne pouvait pas le nier même si les deux gamins étaient totalement différents.. ; Pour l’instant, ils avaient l'air de s'en foutre un peu tant qu'ils pouvaient jouer ensemble

« Je comprends que tu t’inquiètes pour nous et je t’en remercie mais même si je n’ai pas tous les tenants et aboutissants j’ai conscience qu’il existe des risques. »

Ah ? Bon... Il se doutait du coup de la suite de ce qui allait suivre, mais il ne reprit pas la parole, histoire d'avoir bien tous les arguments de la mère de famille, pour pouvoir bien les intégrer et y répondre au mieux par la suite

« Je ne mettrais jamais ma fille en danger sans avoir pris toutes les précautions possibles, garde ça en tête.  Propose à Adam et prends le temps d’y réfléchir, l’offre tient toujours de mon côté. C’est valable pour vous deux. »

Est-ce qu'il faisait confiance à Jane ? La réponse était bien entendu oui... mais les Supérieurs pouvaient être tellement vils qu'il ne savait pas trop quoi répondre. Et si malgré tout il se passait quelque chose si Amelia était en danger ? Et si.... Mettre la vie de son propre enfant était déjà compliqué pour ne pas en plus risquer celle d'autres êtres innocents. D'un autre côté, qui irait suivre Jane, sa fille et Adam s'ils partaient ensemble ? Personne, en théorie du moins. Il se passa une main dans les cheveux avant de soupirer.

 « Merci beaucoup Jane, je vais déjà voir pour lui, s'il en a envie ou pas... Et pour moi, je vais y réfléchir à tête reposée... mais c'est surtout  heu, super sympa.»

Il fallait en parler avec Jordane, au final c'était elle qui le connaissait probablement mieux que personne, elle qui savait ce qui se passait avec la Garde et le reste. Elle qui pourrait lui donner un avis un peu plus éclairé. Il soupirait doucement tandis que Jane se levait, lui déposant un baiser sur la joue. Ils se saluèrent une dernière fois, et elle laissait derrière elle quand même une petite lueur d'espoir... Oui peut-être que passer des vacances loin de Londres, même que quelques jours serait une bonne chose mais il n'en était pas certain.