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On the otherside - Enzo

 :: Autour du monde :: Europe
Mar 12 Avr 2022 - 9:07

 12 Aout 2016


Dans le grand salon, Alec ancrait les semelles épaisses et maculées de boue rougeâtre dans l’épais tapis blanc cassé. Sous les crampons, la lourde moquette s’écrasa sans un bruit, laissée imprégnée d’une marque sombre venue contraster avec la couleur jusque là immaculée du riche tissu. Aux côtés de l’emprunte, la cendre vint compléter le tableau, creusant dans les fibres une tâche brune que rien ne saurait défaire. Le cône roulait en silence entre ses doigts, le regard posé vers les tableaux qui ornaient l’immense pièce. Alec avait cessé d’entendre ce que disaient ses ancêtres depuis bien longtemps et aujourd’hui ne faisait pas exception. Les uns maugréaient contre lui, les autres évoquaient Janie ou Logan, certains parlaient même de son propre géniteur, glissant des mots durs et brusques, murmurés avec le bon sens de le faire en son absence mais l’insolence de les évoquer dans l’ombre même du manoir qui était le sien. Mais Alec fixait l’homme qui avait donné sa semence pour donner vie à sa mère. Sans doute la seule chose qu’il ait jamais fait pour elle. Le jeune homme ne l’avait qu’à peine connu et observait à présent en silence le port altier et rêche d’un homme dont le mutisme glaçant se posait sur lui avec la même foudre que celui de sa mère. La peinture bougeait à peine pour lui donner vie, comme s’il s’agissait là d’un authentique tableau moldu, l’ironie n’échappant pas au jeune homme qui esquissa un sourire froid. L’homme avait rendu la vie impossible à son père, paraissait-il. Mais jamais il n’en avait entendu parler par les principaux intéressés. Pas plus que de leur enfance. Ainsi silencieux, il notait le froncement des sourcils, les cheveux noirs, les lèvres pincées, le tic que son annulaire prenait par intermittence, tapant en silence contre sa paume droite. Le même que celui de sa mère quand elle nourrissait de sombres réponses à ses actions. Lydia était changeante, la femme et l’épouse attendue en société, la tenancière du manoir, aussi revêche et rude que ces hauts murs de granites lorsqu’elle s’établissait en privé. Elle était ainsi lorsqu’elle perdait le contrôle. Ainsi lorsque son père n’était pas à la hauteur. Ainsi dès que le fils ou la fille étaient dans les parages. Des injures à sa personne, ces deux gamins.

Planté là, les épaules légèrement en arrière, comme offert aux critiques, Alec demeurait. Jamais il n’avait envisagé de les comprendre. Petit, il observait c’était vrai, mais seulement pour comprendre le moment exact où il dépassait les lignes, où le rapace ou l’ours lui tomberaient dessus. A les voir ainsi, Alec ne s’était jamais véritablement posé de questions. Mais récemment englué dans son silence, forcé de participer à des soirées mondaines qu’il vomissait profondément, il posait sur ces gens un regard autre. Le jeune homme observait les femmes aller et venir, les jeunes filles apprendre le silence, la docilité et la soumission. Il notait les regards, les lèvres pincées, les yeux qu’on détourne, qu’on ramène pour ne pas être insolentes. Il apprenait à voir ce qu’il avait jusque-là ignoré.

La tension de son père envers son oncle, la probabilité, donc, que le plus âgé ait sur le plus jeune une emprise physique forte. Les coups d’œil de ce dernier sur lui et son mutisme concernant le sujet de son bâtard devenu la risée du monde sang pur. Le silence et l’absence régulière de sa femme, qui n’avait cessé de le prévenir à ce sujet. La tension dans les muscles des enfants restants à son approche. Alors le jeune homme remontait le fil de ses souvenirs, alignant les connaissances les unes à côté des autres comme un puzzle de secrets familiaux qu’il lui avait fallu attendre la vingtaine avant de saisir. La proximité tactile de son autre oncle envers sa mère, ses mouvements de dégout et pourtant cette aptitude à toujours le défendre elle qui semblait absolument inapte à défendre qui que ce soit.

« Bande de dégénérés.. »

Entre les rainures de la lourde table de chêne massif, le joint vint s’écraser, provoquant l’énervement général des personnages des tableaux devant lui. De pâles reflets de ceux qu’ils avaient étés. Des parcelles, seulement, des grandes figures familiales qui avaient, chacun à leur manière, réglé le monde à leur image.

S’il avait toujours été critique et acide, Alec dépassait à présent l’initial rejet pour se nourrir de quelque chose de plus… brut. Concret. Physique même. Entre les deux hommes, au travers des siècles, des générations et d’une couche de peinture toujours entretenue avec le plus grand des soins, quelque chose semblait brûler dans l’air lourd.

Les péchés du père…

« Mais qu’est-ce que tu m’as fait encore ?! » La voix vives et rauque de sa mère perça l’atmosphère, faisant taire les répliques des ancêtres qui tous, se tournèrent vers elle. Il fallu pourtant qu’elle se plante face à son fils pour que celui –ci ne daigne lui accorder son regard. Les traits tendus, secs. La veine sur le front. L’annulaire droit dont l’ongle était soulevé de l’ongle de son pouce à rythme régulier. Un bruit qui avait bercé son enfance comme le métronome de la sanction à venir. Lydia ne dit rien, plantant dans ses yeux l’orage des siens, comme s’ils choisissaient dans cette famille les géniteurs en fonction de la couleur de leurs iris. Sa mère ne vint ni déblatérer sur le prix du tapis, ni sur le temps et l’argent qu’il faudrait pour réparer l’offense qu’il venait de faire : Alec se rappelait trop bien du verre d’eau renversé quand il n’avait que quelques années. De l’eau. Simplement de l’eau. Pas besoin d’argumenter, la femme comprenait d’ailleurs sans mal qu’il y avait dans l’attitude de son fils une nouvelle de ces provocations dont il n’apaisait plus la récurrence depuis plusieurs semaines. Pire encore, à l’observer de haut, devenu plus massif, plus grand, plus imposant qu’elle, Alec dessina avec une lenteur infâme le sourire qui le caractérisait tant sur ses lèvres pincées. Sur sa peau, pas un frémissement. Sous la sienne, les muscles roulèrent durant les longues minutes où dans le silence du manoir, les deux s’affrontèrent.

Sa mère avait-elle ainsi tellement peur des coups d’un homme qu’elle avait reproduit le schéma parental dans son couple et jusqu’à sa progéniture ? Enfant, Alec détournait les yeux de l’impact de cette femme tandis qu’il tenait ceux de son père, qu’importent les coups reçus. Mais à l’instant, il n’y avait plus la moindre trace de fuite. Bien au contraire, c’était lui qui se faisait incisif, lui qui se murait dans le silence, lui qui reproduisait l’exacte attitude ô combien dangereuse de cette qui avait le culot de se faire appeler sa mère.

Et il la sentit frissonner, se fendiller. La femme infâme, toujours solide et froide. Son attitude brutale pour ne jamais perdre la bataille, consciente qu’à la moindre faille, l’autre pourrait se retourner contre elle.
Alec apprenait. Leurs fêlures autant que leurs armes. Son annulaire claqua contre la surface du bois.

En un instant, Lydia se mit en marche, sortant d’un geste sec sa baguette courte comme si elle n’attendait finalement que ça. Comme dans l’enfance, quand il dépassait les bornes et qu’elle estimait avoir à se charger elle-même de ce que son mari, manifestement, effectuait mal.

« Vas-y. » Sa voix lui perçu comme un grondement de tonnerre. Roulaient dans sa gorge la colère des épreuves de la nuit, la fatigue accumulée, la rage des morts dont il lui semblait traîner le goût dans sa gorge. Lentement, il se pencha vers elle. « Qu’est-ce que t’as pas encore tenté ? »
« Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même concernant ta situation Alec. » Cette capacité de répéter son prénom, comme si elle pouvait lui rappeler par là-même qu'elle était celle qui l'avait choisi et qu'il lui devait de ce fait, le respect.
Le dégout que cette femme portait pour Carraway et qu’il percevait à chaque fois qu’il rentrait des escapades nocturnes et meurtrières bordait à présent ses lèvres. Mais elle posait également à présent des prunelles inquisitrices sur lui. Elle connaissait la dangerosité de celle qui faisait à présent ses nuits. Et craignait ce qu’il pouvait lui emprunter. Soit. Parfait. Un sourire mauvais se glissa sur ses lèvres.
« ça nous fait un point en commun. »

Le silence tonna, dru, entre eux. Il s’étala dans la pièce jusqu’à sembler prendre possession de toute chose, vibrer dans chaque interstice.
Le silence, donc, lui répondit pendant de longues secondes, des minutes même peut-être. L’enfant était devenu homme. L’homme était devenu menace.

Après un temps infini, la femme fini par desserrer les lèvres.

« Qu’est-ce que tu veux Alec ? » Et il ne répondit que par cette phrase qu’elle tonnait sans cesse à son mari lorsque celui-ci évoquait la possibilité de tenter les choses autrement, avec leurs enfants.
« C’est pas avec des mots qu’on traite le mal. »

Prendre le temps, donc, de la pousser à bout, de garder le contrôle, d’instaurer une telle tension qu’elle-même ne voudrait plus se l’imposer. S’il fallait partir d’ici en faisant imploser l’intégralité de ces raclures, Alec le ferait. Qu’importe les dégâts, leur liberté il la gagnerait. Après tout, n’était-ce pas l’exacte image de ce qu’on avait toujours voulu lui enseigner ?
En replaçant d’un geste affreusement doux une mèche de sa mère, il lui glissa d’un air froid « Tes cheveux sont défaits. » puis s’éloigna sans plus de cérémonie. « Tu diras à ton mari que j’ai à lui parler. Finalement vous avez raison : le département de la Justice m’intéresse. » Derrière lui, sa mère resta immobile à le fixer sortir par la porte de la terrasse, une marque brune sur le visage.

Et de son silence, une fois seul, Alec sourit à son tour. Chaque jour, Azalea cherchait à le briser plus profondément. Chaque jour donc, il reportait le mal être sur d’autres. Mais contrairement à son adolescence, cette fois, il choisissait ses cibles.
Et ses armes.

A peine eut-il passé la porte que sa posture même changea et il disparu dans la salle de bain où il resta de trop longues minutes pour se défaire de la sensation poisseuse d’être recouvert de sang. A raison ou à tors d’ailleurs ; les massacres lui collaient à présent tellement à l’épiderme qu’il n’aurait su dire si effectivement le rouge l’avait atteint ou non. Sous l’eau brûlante la joie vive des maigres victoires vint se craqueler sous le désespoir de la situation. Qu’importe qu’il craque ou non, les larmes sous l’eau ne se voient pas.
Quand enfin, Alec vint se glisser contre Mack dans la chaleur d’une nuit de sommeil inachevée, il ferma les yeux aux horreurs pour se réfugier contre la douceur de sa peau. Lèvres dans sa nuque, un bras autour de son ventre, les doigts glissés entre les siens, c’est épuisé qu’Alec sentit le sommeil le happer comme une gueule monstrueuse.

***

« Je t’ai dit de garder ta place. »

Sans vraiment répondre, Alec écrasait un bâillement sans daigner sortir la moindre main de ses poches. Attitude nonchalante à jouer avec le cure-dent qu’il avait pris dans la cuisine de la pauvre dame que Kenner venait d’interroger, le jeune homme ne semblait même pas prêter attention à ce que le type pouvait bien lui raconter. Sa place, à vrai dire, il ne savait la situer auprès de ce connard. Il lui semblait que l’homme envisageait de copier le rôle d’Azalea à son égard. Du bout de la langue, Alec faisait mouvoir le petit bout de bois entre ses canines en y songeant en silence. Des ordres directs ou une volonté d’asseoir un certain pouvoir ? Des demandes des Rivers peut-être ? Pour l’heure, Alec laissait faire, s’interrogeant de la réaction de Carraway si un autre voulait lui piquer sa place. Laisser couler, donc, en profiter pour se refaire les termes du contrat. Si l’autre déblatérait devant lui, avançant dans les petites maisons du village paumé d’Irlande, Alec le suivait sans répondre, sachant parfaitement que son mutisme agaçait Kenner au plus haut point. Le contrat l’empêchait de nuire volontairement aux Supérieurs ou de tuer Carraway. Mais pour le reste, les failles étaient malgré tout béantes non ? Rivers prenait  sur lui pour maîtriser sa situation, laisser le temps au temps, frapper au moment opportun et non sur un coup de tête adolescent dont il était pourtant capable.

Un pas après l’autre, regarder ce type vérifier une liste d’il ne savait trop quoi avant de l’effacer sans qu’il n’ait pu poser les yeux dessus. Un pas après l’autre, songer avec son petit sourire moqueur incessant à ces empruntes que Kenner n’avait pas effacé dans la baraque de la vieille et dont il s’était bien gardé de parler. Rester à sa place, donc. L’ombre parmi les ombres. Le gentil chien toujours prêt à mordre.

A son tour, Alec fini par laisser son regard dériver sur les collines environnantes. Les maisons de pierres étaient encastrées dans le décor, comme si le village avait poussé là de lui-même, champ de dolmens habités reliés entre eux d’allées de pierre ou de goudron. C’était con, il s’était presque attendu à croiser un regard ami au détour de ces vieilles ruelles que l’espace champêtre rendait dégagé. Personne bien sûr pourtant, ni derrière les arbres, ni au travers des grandes vitres du seul bar du coin. Sur cette devanture, Alec laissa son regard dériver un moment. Dommage, il aurait bien pris un verre.

Un pas, toujours sans y songer, les courbatures de ses muscles épuisés par le rythme effréné grinçaient pourtant à chaque geste. Mais l’esprit, lui, fini par partir ailleurs, sur des contrées plus calmes, auprès de gens plus appréciables.

« Oh, tu m’écoutes ?! »
« Non. » Réponse balancée sans vraiment tourner le regard vers lui, aussi honnête que cynique, parfaitement ancré dans son rôle de passif agressif dont l’attitude mettait à rude épreuve les nerfs de ses geôliers. Les yeux braqués sur le jardinet d’une maison au toit biscornu, Alec vit dans le reflet d’une fenêtre au volet mal fermé la silhouette encapuchonnée s’approcher d’eux. L’autre ne vit rien, trop occupé à se retourner vers lui, le forçant à se retourner d’un geste vif trahissant la colère qui, sans doute, menaçait de se changer en violence à son encontre. Le corps rendu presque mou par son attitude d’ado revêche, Alec fit un effort monstre pour fixer Kenner dans les yeux plutôt que de trouver ceux qui perçaient dans le dos de son cerbère.

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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Mer 20 Avr 2022 - 16:04
« Tu sens la cocotte. »
« Tant mieux, c’est l’but. »

Sourire sur le coin des lèvres mais l’attention déjà ailleurs. Pas mon genre de me foutre du parfum, je me contente de mon gel douche la plus part du temps mais aujourd’hui c’est différent.
Solas et moi on se tient sous un porche de l’UCL, il se ronge l’ongle de l’index et moi j’ai l’air d’un type trop bronzé pour être anglais.

« T’arrive à sentir le musc derrière le parfum ? »

Mon regard cherche le sien alors que j’ai le dos et le plat du pied appuyé contre le mur, l’air de rien. Juste deux mecs qui discutent, deux étudiants profitant de la tranquillité des lieux pour réviser et préparer la rentrer. Ça me fait un truc au fond du coeur, je me dis que j’ai sans doute abandonné les études trop vite tout en sachant qu’avec tout ce qui s’est passé j’aurai pas su faire autrement. Est ce que j’envisage de reprendre ? J’en sais rien, c’est pas fait pour tout le monde, j’suis pas certain que ça soit fait pour moi. Liam y passera sans doute des années, moi je me dis que je finirai bien par trouver un truc où me poser et ça sera sans doute pas un cursus scolaire comme j’ai pu l’envisager en début d’année.

« Oui, mais parce que t’es tout près de moi et que j’te connais j’crois. »

Ça fait quelques semaines maintenant que Ben m’a confié l’entraînement de Solas et je suis content de voir à quel point il évolue rapidement. A peine un an qu’il a été mordu, la chance d’être tombé sur Zari, puis Ben et Jody, il avait tout pour que ça se passe au mieux. Développer ses sens, apprendre à s’en servir, travailler sa tranquillité aussi … Des trucs que j’ai appris sur le tas en ce qui me concerne, parfois guidé par non pas un autre Lycan mais une Animagus. Quand Ever a débarqué dans ma vie, puis Jakob, j’avais déjà acquis de bonnes bases, j’vois pas pourquoi je jouerai la carte de la fausse modestie alors que je suis fier d’avoir conjuré tous les mauvais sorts pour et par moi même.

« Au niveau de la bibliothèque tu dis ? »
« Ouais, j’sentais que ça ce matin. »

Si on est là lui et moi c’est parce qu’il a senti un autre Lycan ce matin. Ben aurait pu passer, Zari aussi, ça fait simplement moins suspect de voir débarquer un type qui a l’âge d’être étudiant – même si y a pas d’âge pour ça, je sais, me faites pas dire ce que j’ai pas dit tout le monde a compris l’idée.

« J’y vais. »

J’pousse sur mon pied et commence à descendre les marches le plus tranquillement possible, main dans les poches et un sac à dos accroché aux épaules. Au creux de ma paume je peux sentir le crépitement familier de la Magie directement transmis par ma baguette que je garde précieusement prête à servir si besoin.

« Fais gaffe à ton cul hein, j’ai pas envie que ton mec débarque pour me fumer parce que t’as voulu te la jouer James Bond. »
« Mon mec est un hacker, il a rien à dire. Si un jour le FBI débarque chez nous ça sera pour lui, pas pour moi. »

Ça, c’est juste parce que c’est nécessaire de se détendre. J’en ai peut être l’attitude mais je ne fais pas le malin pour autant, mes arrières d’une part je les sais surveillée, d’autre part je me suis protégé au maximum. Si quelqu’un ici me reconnaît ça sera clairement pas de chance mais on a pris soin tous les deux de rester à l’écart des regards histoire de pas être vu ensemble. C’est déjà ça.

Je suis les indications données par mon comparse et entre dans la bibliothèque en utilisant sa carte, personne pour vérifier. Ça serait difficile de mentir, lui et moi on a pas grand-chose en commun physiquement … et j’en fais le tour de cette grande pièce. Chaque étage, chaque rayon, faisant semblant de chercher quelque chose. J’envoie une photo débile à Liam quand je tombe sur un livre qui me fait marrer, reste malgré tout concentré. Il sait que je suis là, il sait ce que je fais, on a trouvé notre rythme de croisière tous les deux vis à vis de ça. Pire, on bosse ensemble. A petite échelle pour le moment mais j’ai bien peur que ça s’intensifie si ce que je commence à envisager s’avère être la réalité.

Environ dix minutes plus tard je retrouve Solas après avoir transplané à l’abri des regards indiscrets. On se retrouve à quelques mètres d’une des « planques » de Benjamin, là où on décide de se retrouver tous les cinq.

« Alors ? »
« J’ai capté l’odeur mais il était plus là. »
« Tu l’connais. »
« Non, jamais senti. »

¥

« C’est le troisième en une semaine, ça pu non ? »

Jody, assise sur un meuble, les mains accrochées au bord de chaque côté de son corps. Solas est posé avec Zari sur une sorte de sofa, Ben à les mains posées à plat sur la table et le regard rivé sur le dessus de celle-ci. Calme, comme toujours, l’aura qu’il dégage nous apaise tous. Moi je me tiens debout près d’une fenêtre, l’épaule posée contre le mur et les doigts de la main droite occupés à faire tourner un petit objet de fer trouvé par là.

« Ça peut être un hasard, des touristes … mais avec ce qu’a dit Caitlyn vis à vis de la louve qu’elle a pris en charge ... »

Le hasard, on s’en méfie. Pas de meurtre cette fois mais un loup ayant mordu sciemment quelqu’un avant de s’enfuir. Zari a capté un autre Lycan un peu plus tôt dans la semaine, Solas vient d’en trouver un autre. On pense tous à la même chose même si aucune certitude n’est avancée. La Pleine Lune est dans quelques jours, là ça craindra vraiment si ces personnes là sont vraiment des nouveaux mordus. Des nouveaux loups livrés à eux même, des dangers pour les autres.

¥

Je sais pas tellement comment on en est arrivé à ça, surtout je sais pas comment ça peut sembler naturel à ce point mais c’est le cas. J’ai arrêté de chercher la moindre cohérence quand il s’agit de ce type, je sais juste qu’on a un passé foireux mais qu’on a tous les deux pris du plomb dans la tête depuis.
Tellement que j’en suis a errer dans l’ombre, capuche sur la tête, avec un but bien précis. L’adrénaline est là, bien plus nourricière qu’elle ne le devrait. Elle fait taper mon cœur sourdement et éveil l’animal impatient de courir sous la Lune avec les siens. Quelque chose de sombre cavale dans mes veines et s’imprime dans le fond de mon regard, ça m’a presque surpris quand j’ai croisé mon reflet dans la fenêtre d’une des battisses du village. Un endroit paumé au fin fond de l’Irlande, visiblement. Qu’importe, je sens bien que c’est la sous la surface, un truc que j’ai pas envie de faire taire pour le moment.

« Oh, tu m’écoutes ?! »
« Non. »

La violence appelle la violence c’est ainsi, si mes gestes restent lent et mesurés l’envie d’attraper ce type brutalement se fait sentir. Je la contiens, juste un peu, préférant y aller avec finesse mais agilité. Bientôt son dos se plaque contre mon torse et ma main contre sa bouche. Un bras bloqué entre lui et moi, ma paume qui écrase son poignet, son odeur s’ancre dans ma mémoire olfactive. J’ignore s’il est l’un de deux qui a fait de ma vie un Enfer, un de ceux qui a regardé le gosse que j’étais se désintégrer, se reconstruire, recommencer. La Bête grogne sa soif de vengeance, la violence si souvent mise sous clé, l’envie de lui briser la nuque fait glisser ma paume en direction de son menton l’espace d’une seconde. La froideur de mes pensées contraste avec la brûlure qui alimente la chaleur de ma peau, je ne croise pas le regard d’Alec. Comme s’il n’existait pas, pas tout de suite, juste le temps d’un clignement de paupière tandis que l’autre se débat dans mon étreinte à la limite de la létalité.

L’instant s’envole, je porte mes lèvres à l’oreille de l’inconnu.

« Bonne nuit. »

Rien qu’un murmure.

« Stupefix. »

Ma baguette s’enfonce entre ses côtes, l’éclat de Magie n’est même pas visible quand il le fige en une seconde. Entre mes bras demeure désormais un poids mort, la frustration rôde en moi comme une meute de charognards alors que je passe mes bras sous les siens et l’entraîne à l’abri des regards. Entre deux maisons, une ruelle vide et crasse, le laisse tomber lourdement face contre le sol pour qu’il ne voit pas mon visage. Ce, sans prendre la moindre précaution. C’est la haine qui me donne envie de lui cracher dessus, de lui faire bien pire à vrai dire, je me contente de le pousser du bout du pied avec dédains.

« Va falloir que tu r’vois un peu tes fréquentations. »

Là et seulement là mon regard trouve celui d’Alec, un sourire étire le coin de mes lèvres. Épaules un peu voûtées, nouées, je les fais rouler. Le poing toujours serré.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Ven 22 Avr 2022 - 14:39

 12 Aout 2016


L’ombre était sur lui, glissée sans un bruit, sans que le molosse ne prenne la mesure de ce qu’il se passait dans son dos. Alec le distinguait à la périphérie de son regard, les épaules hautes, le corps crispé il aurait pu l’affirmer. Grand. Si foutrement grand. Ça ne lui était jamais vraiment sauté à la conscience avant cet instant-là, ce moment où l’ombre déploya ses ailes pour fondre sur le type. Ils s’étaient déjà foutus sur la gueule tous deux pourtant le poids des années marquait à présent ses prunelles. Si lui avait pris en carrure, Enzo n’était pas dans la même catégorie. A l’instant, il devenait le danger, l’ombre qui s’abat. Et en un battement de paupières, quand l’autre voulu faire un pas en avant, il se referma sur lui. Alec vit les traits de son visage se crisper, creuser les sillons de la réalisation sur sa peau autant que dans son regard. Un instant, il ne le lâcha pas, lui. Comme s’il était à l’origine de tout ça. Le poignet coincé sous la paume d’Enzo, il se tendait tout entier, l’accusation muette dans les pupilles dilatées.

Alec haussa les épaules sans même esquisser de sourire froid. Sa place, c’était d’observer sans agir non ? Alors l’oeil froid, mauvais, l’ancien Serpentard observait. Il notait tout. La crispation de la gorge sous le poids de l’ancien Gryffondor, sa glotte qui montait, s’abaissait, le torse qui ne se soulevait pas : son souffle, sans doute, retenu. Et la pause d’Enzo remontant jusqu’à cette putain de gorge qu’il voudrait broyer lui-même. Un instant, lui non plus ne vit plus ni l’ami, ni le type. Seulement la mort possible, la libération immonde. Le son sec d’une nuque qui se brise. La jouissance toxique de rendre les coups, même par l’intermédiaire d’un autre. Alec n’avait jamais juré ni leur protection ni même de ne rien faire contre eux. Il n’y avait qu’Azalea qui était parfaitement protégée. Alors oui, l’idée avait pulsé dans ses veines comme le reflux d’une vague sourde. Un déluge, une cavalcade. Il n’avait rien demandé, n’avait pas appelé à l’aide, n’avait pas sous-entendu quelque volonté de s’esquiver de là. Pourtant, quelqu’un était venu et tenait en joue l’un de ses geôliers. Un renversement de situation particulièrement ironique du fait qu’il s’agisse justement d’Enzo. Un juste retour des choses pourtant. Un putain de juste retour des choses.

Battement de cœur, l’élan de violence lui tordait les veines, le prunelles posés sur cette paume ayant rejoint la mâchoire crispée du type. Ça n’aura duré que quelques secondes, une fraction même peut-être. Mais Alec eu l’impression que le temps se dilatait sous cette idée ; la possibilité froide et maladive d’une simple pression, un coup sec d’une force animale. Chaque mort, chaque horreur accumulée ces dernières semaines assemblées dans cette idée fixe. Partagée. Il l’aurait parié.

« Bonne nuit. »

Seuls quelques parcelles de son lui parvinrent, le bourdonnement dans ses tympans avalant le son du sortilège prononcé.
Le type s’écroula.
Alec n’avait pas esquissé un mouvement. Pas plus qu’il n’avait posé les yeux directement sur Enzo, laissant seulement son regard dériver sur la gorge du type qui se soulevait tandis que le corps, lui, retombait mou dans les bras de l’australien qui le rattrapait. Il ne dit rien, redressant doucement les yeux sur ce type qu’il apprenait à considérer comme un ami, un allié. Lui non plus ne parla pas et Alec aurait pu jurer que leurs veines battaient de concert de cette frustration pure qui le cisaillait totalement. Le voir mort aurait été la meilleure chose à vivre aujourd’hui.

Enzo recula, emportant le corps avec lui. Il resta là un instant, à l’observer s’éloigner, cette chose profondément sombre dans le fond de l’œil. Plusieurs fois déjà, l’impression avait été là, celle d’être emportés dans le même bateau. Pourtant cette fois fut différente, cette fois la connexion était là, noyés par le même monde, crispés sous les mêmes coups, frustrés de valeurs communes. Sous sa peau, les muscles de ses mâchoires roulèrent et, enfin, le jeune homme s’arracha à son immobilisme. L’idée qu’Enzo puisse décrypter la violence sourde de son organisme ne lui vint pas à l’esprit, inspirant profondément, bloquant, expirant, il le rejoint en silence, éclaircissant ses pensées noyées de vengeance pour raccrocher au réel, à l’actuel. Enzo s’était pointé. Dans quelle réalité cette possibilité ne le surprenait pas au juste ?

Le type avait été balancé gueule contre terre dans le fond d’une ruelle crasse. Le type de lieu qui lui seyait bien mieux que sa pseudo domination narcissique mégalomane.

Il aurait pensé que dans une situation pareille tous deux auraient eu un sourire immédiat, franc, amusé. Un fantasme plus qu’une idée adaptée à leur réalité. La vérité c’était qu’ils étaient tous deux noyés dans une fange qu’ils connaissaient trop bien. Que les bras de la violence les engluait trop pour réellement s’en défaire immédiatement. Qu’ils n’étaient pas assez proches pour ne serait-ce qu’avoir l’envie de faire l’effort de ne pas avoir été profondément tenté par cette aspiration inconsciente. Trop dangereuse pour l’un comme pour l’autre. Mais si putain de tentante.

Les paroles de Warren lui revinrent à la mémoire en rejoignant Enzo. Le fait d’attendre le bon moment, de frapper vraiment et non avec la bêtise de l’impatience.

Nouveau souffle entre ses lèvres, le regard glissant de cet œil mauvais au corps immobile posé au sol. Toute la rage et la haine, il les connaissait, les goûtait, les captait sans mal tant elles n’étaient que le reflet de ses propres ressentis contenus. Enzo se contenta d’un léger coup emplis de dédain.

« Va falloir que tu r’vois un peu tes fréquentations. »

Sans lâcher le corps des yeux, Alec sentit le regard de l’australien se poser sur lui, un sourire étirait ses lèvres déclenchant un souffle amusé entre les siennes. « C’est une idée ça j’y avais pas pensé... » Pas la moindre trace d’agression, seulement un cynisme amusé ; dépité aussi sans doute. Étrangement doux même.

Lâchant enfin le dos du type du regard, il revint dans le sien, dégageant pour la première fois ses mains de ses poches, laissant enfin de côté son attitude d’ado revêche pour retrouver une posture plus classique et non dans l’opposition. Comme un temps de latence. La paume vers le haut, tendue vers lui, c’est un sourire en coin qu’il lui adressa, reconnaissant. Mains liées, l’attirant épaule contre épaule, c’est d’un coup léger dans son dos qu’il le remerciait en silence.

Oh bien sûr, il aurait pu lui sortir un « je pensais pas qu’un jour tu me ferais fantasmer tu vois » et à vrai dire, la réplique lui avait traversé l’esprit. Trop tôt encore, sans doute, pour se permettre ce genre de choses. Vis à vis de lui-même autant que vis à vis d’Enzo. Pas l’ambiance non plus, fatigué de se réfugier dans l’humour, lent à tout à fait se dégager de l’impression sale de la haine gigantesque qui l’attirant du besoin sourd de fracasser ce type inconscient.

Dans le dos d’Enzo, un second impact, le pouce tapotant deux fois le tissu sombre du sweat avant de le lâcher. Peut-être était-ce dans sa tête mais il y avait quelque chose de solennel là dedans, comme s’il se décidait finalement à sceller un truc qui allait de soi même si ni l’un ni l’autre ne comprenait comment l’évidence s’était mise en place.

Le lâchant, Alec posa un nouveau regard sombre sur le type. Il cracha.

L’un miroir de l’autre. Et inversement.

D’un coup de baguette, Alec fit couler sur le type un sortilège de désillusion pour camoufler sa présence avant de s’en désintéresser tout à fait. Passer d’un monde à l’autre, se défaire de la sensation poisseuse du premier pour tomber dans le besoin de s’emplir du second. Inspirant profondément, en posant la main sur l’épaule de l’Australien, Alec impulsa le mouvement, pressant légèrement la chair avant de le lâcher. Quelques gestes emprunts d’un soulagement qui lui serrait la gorge. Ce besoin-là d’être avec les gens qu’il appréciait et respectait l’étranglerait presque s’il le laissait faire, s’il refusait d’entrer dans le dramatique à outrance, s’il voulait laisser à ces types la possibilité de leur bouffer la vie. L’affect, par des contacts physiques qu’il ne se serait jamais permis quelques mois plus tôt. Quelques gestes qui, surtout, montraient à quel point il avait besoin de tout ça, d'être soutenu, d'appartenir à quelque chose, de parler, de montrer ses allégeances profondes. D'affirmer une part de lui, aussi. Celle qui était apte de douceur, d'empathie et de respect.

« J’t’offre un verre ? » Après tout ils étaient paumés au milieu de nulle part, le type était en mission solo, pas de raison que ça craigne, si ? Un achat dans la supérette du coin et l’isolement dans la campagne, voilà ce qu’il avait en tête. Il supposait qu’Enzo l’aurait repéré s’il y avait quelqu’un en planque à les observer. « Une envie soudaine de caillasser du connard ? » Lançant un regard par dessus son épaule en s’éloignant dans le petit village, Alec lui adressa un petit sourire amusé autant qu’empathique. Ce qu’il ne donnerait pas, lui, pour riposter.

Il attendit que l'autre lui réponde pour lui demander comment il allait, comme s'il y avait dans les convenances et l'intérêt de l'autre un moyen de laisser ce monde souillé de côté.

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Alec Kaleb Rivers
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Lun 9 Mai 2022 - 16:42

Just because you don't see the beast doesn't mean it's not there. Be careful playing with somebody’s kindness they have tamed their beast.

Elle est là, pas même réellement dissimulée, cette envie de faire mal. Broyer les os, cisailler l’esprit autant que la peau, entailler les nerfs, briser l’âme autant que le corps. Et pourquoi pas utiliser la Magie ? Un sortilège comme ils ont tant aimé utiliser contre cette bande de gosses qu’on était. On a beau chercher la rédemption certains souvenirs ne disparaissent vraiment. Qu’importe si le corps n’en garde plus aucune trace, les marques sont bien plus profondes que ça alors ne se voient pas à l’œil nu de toute façon.
J’ai le cœur qui tape sourdement et une envie de poser ma main à plat là où un an plus tôt se trouvaient encore les traces de leurs jubilations. Un acte isolé, peut être, mais un plaisir malsain qu’ils auraient tous partagé. Ils auraient tous laissé faire. J’avais 15 ans, peut être 16, la première fois qu’ils m’ont balancé dans une cage. Cette fois là mes rêves d’enfants se sont brisés, ils se sont envolés, on m’a volé ce qu’on appelle l’innocence. Et elle était déjà bien amochée. Est ce qu’on peut faire pire que ça ? Ne pariez jamais sur l’inventivité de l’Homme, ce dont il est capable dépasse ce qu’on peut imaginer. Bientôt un an que mon sang a été versé sur la dalle froide et crasse d’un endroit qui n’existe plus aujourd’hui. Elle est là cette violence, elle galope dans mes veines avec autant de force et de rage que chaque « coup » qu’on m’a porté. Et ceux pris par ceux que j’aime.

Alors lui, là, sur le sol, il cristallise tout ça. Il alimente des soupçons plus actuels, aussi.
L’envie de le voir se tordre de douleur et de sentir ses os se briser me cogne dans les tempes.
Tu vaux mieux que ça on me dira, parfois cette confiance devient fardeau. Ça serait tellement facile de se laisser aller … Mais c’est vrai, j’suis pas comme ça. Je vaux mieux que ça.

« C’est une idée ça j’y avais pas pensé... »

Qu’il en ait conscience ou non Alec devient en cet instant un ancrage pour moi. Il ne chasse pas la bête mais garde l’humain en surface, juste avec quelques mots, juste par sa présence. Juste par ce qu’il représente à sa façon. Qu’importe si notre relation a toujours été compliquée, il n’a jamais été l’un des leurs. Pas plus hier qu’aujourd’hui.
C’est un sourire que j’esquisse en attrapant sa main, un simple contact qui me ramène un peu plus dans l’instant présent là aussi. Une accolade comme on ne s’en serait sans doute pas donné il y a de ça encore quelques mois mais faut croire qu’à force de se prendre des claques dans la gueule on fini par mûrir un peu. On pensait avoir tout pour se détester, dans le fond on n’a jamais rien eu pour ça. Rien que des conneries de sales mômes à l’égo trop chatouilleux, sans doute, rien qui ai la moindre importance aujourd’hui.

Félicitations, tu deviens un homme mon fils. T’as pris autant de plomb dans l’aile que dans la caboche.
Je crois qu’on a juste l’air de deux types fatigués, lassés, même si j’ai pas tellement idée de ce à quoi ressemble son existence en ce moment je peux me laisser aller à deviner. Ses traits tirés, la présence de ce type avec lui, quelques bribes que j’ai pu pêcher par ci ou par là. On n’évolue plus dans le même monde, parfois Poudlard avait presque des airs de refuges si on laisse aller à y penser. C’est faux, on a simplement mis de côté tout ce qu’on a encaissé là-bas.

Et puis des fois ça remonte à la surface.
Ça s’efface comme un dessin sur le sable après le passage d’une vague quand on se raccroche à l’autre. Aux autres. Elle est étrange cette étreinte mais le fait qu’elle me semble naturelle.

Vient ce qui ressemble à un passage de relais, qui aurait pu croire qu’un jour on bosserait en équipe lui et moi ? Je ne dis rien, je me contente de le regarder littéralement cracher son mépris sur cet homme immobilisé, au sol. Pas une once de pitié dans mon regard, j’ai cessé de serrer le poing pour enrouler la lanière de cuir que je porte au poignet autour de mes doigts. Un simple objet pour m’ancrer ici, maintenant, me détacher de ces pensées sombres qui s’éveillent comme un rapace nocturne au coucher du soleil. J’effleure un de mes tatouages du bout du pouce, l’homme disparaît sous un sortilège et il n’y a que la main d’Alec sur mon épaule pour me faire quitter des yeux son emplacement.

« J’t’offre un verre ? »

Un souffle par lequel s’échappe un rire, la tête basculée sur le côté une seconde et un rictus de bouche pour l’accompagner.

« Je vote pour plusieurs. »

Un truc pour calmer les nerfs, au risque des les aiguiser plus encore c’est une possibilité mais la tension redescend à mesure qu’on s’éloigne de la ruelle où gît toujours sur le sol un homme que j’ai envisagé tuer l’espace d’un instant. Ça n’a rien d’anodin, je le sais, comme je sais que j’ai malgré tout plus de distance avec ça que la plus part de mes proches. Est ce que ça vaut le coup de leur en parler ? J’ai pas envie de lire de la déception dans le regard de qui que ce soit, surtout pas dans les yeux bleus de celui avec qui je construis chaque jour l’avenir. Il connaît mon histoire, il l’accepte, mais jusqu’à quel point ? Ils sont recollés les morceaux de moi qui sont tombés sur le sol quand il a pris la décision de me sauver la vie en me brisant le cœur mais il y avait tellement de vérité possible dans ces mots ...

« Une envie soudaine de caillasser du connard ? »

Sourcils froncés, je me racle la gorge avant d’ouvrir la bouche puis de la refermer. Quelques pas sur le pavé, le regard qui glisse sur les alentours avant de se poser sur le mouvement répétitif de mes pieds. Mains dans les poches, un sourire naissant, presque triste, je tourne le visage pour retrouver son regard.

« C’est jamais très loin sous la surface. »

Comme des braises sur lesquelles il suffirait de souffler pour raviver le feu. J’ai fait la paix avec des tas de choses, pris ma vie en main, j’ai embrasser l’existence de la plus belle des manières mais quand l’ombre s’invite si facilement les questions reviennent. J’avance, je travaille, pourtant ça semble parfois si facile de trébucher.

« Et ça a tendance à remonter de plus en plus facilement depuis qu’ils s’amusent à passer des lois à la con. »

Du genre qui pourrait ruiner la vie des personnes comme moi dont certaines me tiennent profondément à cœur. Emprisonnés ou pire pour seul crime d’exister, de vivre avec un choix qu’ils n’ont pas fait. Pourtant il y a une part de moi qui comprend et à toujours compris la peur qu’on inspire, mais est ce qu’on est plus dangereux qu’un sorcier armé de sa baguette ou un non magicien tenant une arme à feu ? La vie n’a plus à nous prouver qu’il n’y a pas besoin de ressembler à un monstre pour en être un et la majorité d’entre nous ne fait que … vivre. Tranquillement, sans jamais emmerder personne. On limite la casse comme on peut, on s’entraide, on a la chance de s’être trouvé et c’est pour ça que tous ensemble on a décidé de se mettre aussi à chercher. Les autres, ceux qui sont seuls, comme je l’ai été.

« Heureusement j'suis rarement à leur contact. »

Un sourire qui se fait plus rapide qu'il ne devrait l'être, j'enchaine comme si parler d'eux, de ça, me brûlait les veines. Comme si j'avais peur de moi-même, surtout.

« C’est comme ça tout le temps ? »

Avant bras plié et légèrement relevé, pouce pointé vers l’arrière, je l’interroge sur la présence de ce type.
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Enzo S. Ryans
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Mer 1 Juin 2022 - 21:10

 12 Aout 2016


Elle crache, cette envie de tabasser. Elle vous scinde les paupières, vous taillade les veines. Non, Alec n’avait pas conscience de l’ancre qu’il pouvait devenir, n’avait pas idée d’à quel point cette violence commune pouvait éroder Enzo. Ce qu’il savait, en revanche, c’est qu’il y avait quelque chose de profondément réconfortant à voir ça dans le regard d’un autre ce qui coulait comme de la boue dans ses neurones chaque jour. Un bien qui appelait au soulagement de le trouver dans les pupilles dilatées d’un semblable et non d’un ennemi. Semblable. Un mot venu de nulle part mais qui fusait pourtant comme l’évidence. Était-ce lui qui s’en était rapproché au fil des ans ou l’inverse ? Sans doute n’avaient-ils jamais été si différents tous les deux finalement. Mais jamais auraient-ils imaginé cette alliance sonnant à présent comme naturelle. L’accolade pour se décider à s’éloigner du type, à ne pas glisser vers ce besoin brutal et enflammé d’une vengeance bien méritée. Sa main dans la sienne scellait ce qui, quelques mois plus tôt, semblait impensable.

Ici, sous les lueurs pâles du village irlandais, les conflits d’hier semblaient bien ternes et sans saveurs. Sans intérêt, surtout. S’il y avait quelqu’un à qui Alec voulait faire la guerre, ce n’était pas lui et les mois passants, chacun prenait du plomb dans la tête. Aptes à se remettre en question, peut être avec un temps de retard pour Rivers, peut être maladroits par moment l’un avec l’autre tous deux avançaient pourtant.

« Je vote pour plusieurs. »

Le rire s’échappa dans un souffle miroir, tous deux encore pourris d’émotions qu’ils drainaient en silence loin de ce qu’ils décidaient être la réalité. Celle dans laquelle ni l’un ni l’autre ne passaient à l’action. Celle dans laquelle ce type se réveillerait plusieurs heures plus tard, observé en silence par un Alec qui n’en aurait profité ni pour fuir ni pour frapper. Passif, dans une foutue posture hargneuse qui constituait au final le mieux dont il était apte. Les choix. Celui de laisser une chance à l’autre, de laisser de côté son égo, d’apprendre la confiance et de laisser une vie. La raison était différente chez chacun. Moins vertueuse, sans doute, du côté d’Alec.

« Adjugé vendu. »

Embrayant leur marche, s’éloignant alors du corps abandonné dans un recoin, Alec se fit la réflexion que si certaines choses avaient énormément changé depuis Poudlard, ils y avaient également sans doute pris des habitudes bien maladives. Laisser un type comme ça, dans un coin, au risque qu’il soit blessé ou découvert… faisait partie d’une sorte de normalité qui avait pris naissance dans la résistance engagée il y avait bien des années.

Ce type, ses mains rougies du sang de types qui n’avaient rien demandé. Des types comme eux. Dans un regard en coin, Alec se dit qu’il était à priori considéré comme digne de confiance par un mec qui lui aurait sans doute latté la gueule s’ils avaient poursuivi leurs conflits de jeunes crétins. Le genre de choses qu’il n’attendait de personne à son arrivée à Poudlard. Qu’importe ce qu’on s’acharnait à lui faire subir, il y avait des victoires qu’il serait difficile de lui arracher. L’adulte du présent n’avait plus rien de l’adulte d’hier et si la route était encore longue, c’était bien de ça dont il se chargeait pour ne pas perdre le fil.

« C’est jamais très loin sous la surface. » Une honnêteté qu’il n’attendait pas, faisant à l’origine référence à sa simple présence ici. Mais une honnêteté qui faisait du bien.

Et ça, ça lui montrait qu’il n’était pas seul à vivre ce genre de choses. A craindre la colère en lui, à savoir quel goût pour le sang elle pouvait macérer en silence. A se dire, aussi, que l’existence de ces pulsions de destructions ne le rapprochaient pas plus de leurs ennemis que d’une réaction sans doute humaine. Acceptable du moins. Si d’autres avaient pu accepter ça d’Enzo...bref.
Alec posait sur lui un regard de biais qui se voulait neutre.

« Et ça a tendance à remonter de plus en plus facilement depuis qu’ils s’amusent à passer des lois à la con. »

Un sourire en coin, plein de dépit et de compréhension. De lassitude aussi.

« J’comprends ça ouais. » Un souffle lâché au passage, une vérité qui lui glaçait les sangs quand il voyait ce qui passait de jours en jours dans le quotidien des londoniens mais qui, très égoïstement, restait assez loin de sa conscience. Trop de choses à gérer dans son quotidien ; projeter à ce que vivaient les autres devenait ainsi compliqué. Parfois, Alec y songeait, puis sa propre réalité le rattrapait et naïvement, il oubliait.

« Heureusement j'suis rarement à leur contact. »

Les yeux posés sur lui, Alec vit passer le sourire, vif, presque brusque, et baissa une seconde le regard. Il lui fallu quelques secondes avant de faire le lien avec la violence qu’Enzo avait évoqué. Pas certain de comprendre la peur de soi, il connaissait la rage et la haine, la peine et la frustration. Le regard sur lui, c’était justement ce qu’il cherchait à comprendre. A savoir ce qui se cachait derrière ce sourire fugace, derrière ce qu’il savait de lui, ces conclusions maladroites qu’il ne pouvait pas véritablement faire avec certitudes. Pas un mot, donc, il ne se le permettrait pas. Seulement un sourire miroir à la fois conscient que lui, il y était et qu’ils partageaient en cet instant des émotions communes.

« C’est comme ça tout le temps ? »

Un pouce jeté en arrière pour désigner celui qui pouvait bien choper des escarres qu’ils s’en cogneraient. S’ils ne s’en délectaient pas. Bêtement et sans réelle raison, Alec lança un regard vers l’endroit où le type avait disparu. Chaque pas lui sembla l’emporter un peu plus loin. Un soulagement venu de nulle part qui délestait ses épaules d’un poids à mesure qu’il laissait en arrière le Supos et ses sales idées.
Il lui fallu quelques pas de plus avant de lâcher un soupir et de passer une main sur son visage avant de la glisser dans ses cheveux. Comme un moyen de s’arracher de sa posture, raccrocher à une autre réalité. Revenir dans son corps réellement.

« Il est plutôt soft dans son genre. »

Sans vraiment s’en rendre compte, il accélérait légèrement le pas, pressé de mettre un maximum de distance entre eux.
Vrai. Ce mec était loin d’être le pire d’entre ceux qui l’accompagnaient en règle générale. Ravalant son sel et sa rage, Alec redressait les épaules, relevait le menton, refusait de se montré abattu.

« Étrangement il paraît qu’ils ne me font aucune confiance. J’comprends vraiment pas pourquoi... » Un sourire moqueur en coin sur les traits et la difficulté de raccrocher véritablement immédiatement à son attitude d’ordinaire désinvolte. Ça irait, bien sûr, il lui fallait juste un temps pour revenir en lui-même. Revenir à soi. « J’ai échappé au concept de Warren mais j’ai gagné une baby-sitter pour me tester… et deux trois autres crétins qui me collent au cul pour la forme. » Avec tout ce que ça implique.

Alec se revoyait au Mexique, bouffé des angoisses de la chute à venir. Ces mots qu’ils avaient échangés, improbables mais réels. Très honnêtes eux aussi. Plus, sans doute, que ceux qu’il servait à ses proches, ne cherchant pas à protéger Enzo d’une quelconque manière.

« Ils finiront par se lasser. » ajouta-t-il en haussant des épaules comme s’il n’y avait là qu’un moustique agaçant ses sens et non des tarés qui lui menaient la vie dure.

Là, c’était lui qu’il protégeait. Ces certitudes, il fallait les répéter et s’y accrocher. Pas le choix de faire autrement, c’était ce qui le maintenait debout, le forçait à tenir le choc à coup d’espoirs démesurés.
Fronçant les sourcils devant lui, Alec observa les lieux un instant en silence, comme s’il les voyait pour la première fois. Plus le temps passait, plus il lui semblait prendre du recul, de l’espace entre ce qui se passait sous ses yeux et ses propres pensées. Déconnecté, détaché de son propre présent.

Alors le retour sur terre le surprenait presque. Joli coin. Bizarre. Pas plus me direz vous que l’amitié naissante et le respect mutuel.

« Au fait, juste une vérification technique : si j’te demande comment j’t’ai appelé pour te faire chier, tu me réponds… ? »

Ceci deviendra un mot de passe, oui.
Samaritain, Bichon, autre ; tu choisis.

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Alec Kaleb Rivers
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Lun 13 Juin 2022 - 12:11
On apprend tellement de choses en observant le langage du corps, je ne sais pas si tout le monde y est attentif mais quand je vois Alec poser autant de gestes en si peu de temps je sais que ça laisse transparaître de la nervosité. Un soupir, une main qui passe dans les cheveux, le regard qui va et vient sans vraiment fixer quoi que ce soit … ça ne dure qu’un instant mais il est plus qu’éloquent à mes yeux. Sans doute même plus que des mots à vrai dire.

« Il est plutôt soft dans son genre. »

Sur mon visage un rictus, rien de nerveux je crois que c’est plus un truc qui s’apparente à de la colère. Plutôt soft hein ? J’aurai tout autant pu lâcher un rire profondément cynique mais je me contente de regarder droit devant moi sans trop faire attention au rythme de nos pas qui accélèrent. Je suis le mouvement, mon esprit dérive vers le passé parce que j’y vois une situation similaire à celle d’Alec aujourd’hui. J’en ai pas les détails, dans le fond j’en ai pas besoin, je me dis juste qu’ils ont certainement pas changé depuis ces quelques années. Ça ne leur posait pas de problème de torturer des gamins, pourquoi ça en deviendrait un de bousiller des jeunes adultes ?

« Étrangement il paraît qu’ils ne me font aucune confiance. J’comprends vraiment pas pourquoi... »

Mains dans les poches, cette fois c’est un rire qui m’échappe. Un rire sincère, une réponse à son ironie mais je vois bien sur ses traits la tension qui ne s’évapore pas comme elle aurait pu le faire avant. J’ai détesté ce type pendant des plombes, le sourire en coin qu’il arborait à l’époque n’avait rien à voir avec celui qu’il exprime ici. Plus d’ombre dans le regard, moins d’arrogance dans la stature. La fatigue est visible pour celui ou celle qui sait voir plus loin que ce qu’on veut bien montrer, encore une fois il y a des attitudes que je retrouve pour les arborer moi même encore aujourd’hui.

« J’ai échappé au concept de Warren mais j’ai gagné une baby-sitter pour me tester… et deux trois autres crétins qui me collent au cul pour la forme. »

Ca n’est pas violent, c’est même lancinant, presque insidieux. J’ai toujours comparé ce genre de ressentis à un serpent qui se déplace tant dans les veines qu’autour des muscles. Autour de la gorge, surtout. Le concept de Warren … Je nous revois il y a quelques semaines à essayer de mettre côté toute l’obscurité de ce monde auquel j’ai réussi à échapper et pas lui. A faire les cons sur une planche comme si rien d’autre n’avait d’importance … Il avait besoin de ça, je le sais, je l’ai compris. Moi, j’ai eu du mal à décrocher, à me dire que j’allais rejoindre ma vie « tranquille » pendant que lui retournerait dans sa cage dorée. Difficile de s’en détacher de cette envie de lui hurler dessus, lui dire de se barrer, de tout laisser. De disparaître. Mais Nicholas. Et Mily, malgré tout. Peut être aussi une sorte de réconfort dans l’habitude, j’en sais rien.
Si mes yeux se posent sur les collines environnantes mon esprit divague du Pacifique à la prison qu’était Poudlard pour moi il y a de ça quelques années maintenant. Tout ce que dit Alec me parle, de la Baby-sitter aux crétins qui collent aux basques. Pour être sûr que tu restes dans le droit chemin, surtout prêt à te faire payer le moindre écart parce que c’est ce qu’ils aiment le plus. Aussi tarés que sadiques, je me prends des flash en pleine gueule des pires horreurs que j’ai pu voir. Ou faire. Regarder mon petit ami me scarifier la peau avec une lame en argent sans avoir la moindre possibilité ni pour lui ni pour moi d’y faire quoi que ce soit. Devoir lui lancer un sortilège impardonnable jusqu’à ce qu’il perde connaissance … Les chaînes, les barreaux de cage, les crocs qui se referment sur des innocents. Parfois je me demande encore comment j’ai pu survivre à tout ça, comment j’ai pu rester moi-même. Est ce que ça m’a sauvé de laisser sortir ma rage jusqu’à voir la mort flotter dans le regard de certains d’entre eux ? Je sais que ce sont mes proches qui sont en grande partie la cause de ma survie mais je ne peux pas nier cette partie là de l’histoire. Tout comme je ne nierai pas la certitude d’être capable de recommencer.

« Ils finiront par se lasser. »

Cette fois le rire est autant bref qu’il est amer, le regard posé sur le pavé je secoue la tête de droite à gauche et de gauche à droite avant de relever les yeux. Je ne le regarde pas, me contente de me reconnecter avec le présent comme je peux. Oui, ils finiront par se lasser. Ils se lassent toujours. Puis ils trouvent de nouveaux jouets.

« Au fait, juste une vérification technique : si j’te demande comment j’t’ai appelé pour te faire chier, tu me réponds… ? »

Je crois que ça me prend une seconde ou deux avant de réellement comprendre, d’entendre. Il me faut alors cligner des paupières plusieurs fois, chercher son regard, encore une fois me servir de lui comme ancre. Alec Rivers, une ancre. Y a rien qui va là dedans et pourtant les choses me semblent simplement à leur place. Une normalité qu’on a encore du mal à accepter lui comme moi, un truc qui nous surprend autant l’un que l’autre je crois. L’égo chatouilleux cherche encore la merde parfois mais c’est un sourire qui étire mes lèvres et il n’a rien de mauvais.

« C’est pas possible d’imiter une jolie gueule comme la mienne Rivers, va falloir que t’arrête avec tes devinettes. » Admets le, ça te fait simplement kiffer de me rappeler toutes les conneries que j’ai pu faire, toutes celles que t’as pu me balancer. L’épisode de la gargouille la dernière fois, la façon dont t’aimais tant te foutre de moi en faisant appel à tous les synonymes canins que tu pouvais trouver … « Et cesse de m’tendre des perches au passage, on sait très bien comment ça va finir. »

Cette fois c’est moi qui le taille, un truc que je permets sans avoir la certitude qu’il ne va pas se braquer mais une certaine confiance en la situation malgré tout. Et en lui, pour le coup.
Dans tout ça si je me moque je comprends la démarche, ce besoin d’être sûr qu’il s’agit bien de moi et pas d’un jeu de son esprit ou des connards qui régissent sans doute une grande partie de sa vie désormais. La dernière fois qu’on s’est croisés il sentait l’étau se refermer sur lui, trois ou quatre mois plus tard le cadenas a été bloqué. Lui n’a pas les moyens que j’ai pour s’assurer que je ne suis pas un imposteur, voilà pourquoi je ne lui retourne pas la question. Même avec du polynectar ou un sortilège il ne pourrait pas falsifier ce que mes sens captent pour l’identifier.

« J’essaie de calmer le jeu sur l’aspect Samaritain mais c’est pas si simple. » Pas quand c’est dans ta nature profonde et sans trop savoir pourquoi des mots que Will a prononcé me reviennent en tête. T’as su garder ton humanité. Oui, c’est ce qu’il a dit quand je lui ai tout raconté après avoir vidé l’intégralité de mon estomac dans le fond des chiottes. Je l’ai gardé cette putain d’humanité, je m’y suis accroché comme un naufragé à son radeau pourtant en morceaux. « Et les jeux de mots en rapport avec les canidés c’est niveau 5ème année, même toi t’es passé au dessus de ça maintenant. » Les yeux levés au ciel, le sourire sur le coin des lèvres, je le taille mais surtout je lui apporte les confirmations dont il a besoin pour relâcher la pression.

Et je ne sais pas dans quelle dimension on évolue mais je me retrouve sur le sommet d’une colline assis à côté d’Alec, le cul posé sur un roc large comme une maison, les jambes dans le vide et une bouteille qui passe entre lui et moi. Les yeux occupés à observer tout ce qui passe à leur porté je découvre un paysage apaisant, riant sans rien dire en y voyant le contraste évident avec le Mexique. Ce jour là on était des désastres tous les deux, moi je ne savais même pas si j’allais rentrer. Les émotions en vrac, le cœur à l’amende, je noyais ma douleur et ma colère dans les vagues et le silence. Je suis rentré finalement, pour moi les choses se sont arrangées. A ce moment là j'imaginais pas que deux mois et demi plus tard je changerai de continent pour partager mon quotidien avec ce type qui m'a brisé le cœur pour me sauver la peau.

« J’ai vu Warren y a quelques semaines, il a réussi à se faire la belle quelques heures pour venir me voir. » La voix se fait un peu rauque, les sourcils froncés une seconde quand le Pur Feu passe dans ma gorge. « Il a voulu apprendre à surfer, c’était pas beau à voir. »

J’éclate de rire sans me retenir en repensant aux gamelles qui s’est mangé mais la vérité c’est que ce moment là avait sans doute bien plus de valeur pour lui que pour moi. Pas parce que je m’en fous mais simplement parce qu’il avait pour lui un goût de liberté.

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Enzo S. Ryans
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Mar 28 Juin 2022 - 23:07

 12 Aout 2016


Les réactions étaient ténues, pudiques, acides. Elles se déroulaient au fil de ses réponses sans qu’Enzo ne pose le regard sur lui. Il semblait à Alec qu’ils se laissaient l’un l’autre tant le temps que l’espace pour redescendre d’une sensation sourde et commune. L’appel à la violence leur était familier et tous deux avaient besoin de ce moment de transition sans vraiment se regarder avant de pouvoir passer à une conversation plus classique. Et puis il y avait les sujets abordés. Alec les abordait avec une certaine réserve, d’un ton que l’humour voulait détacher mais que le ton rendait rêche de colère. Cette manière d’être lui était rendue par chaque souffle sec, chaque rictus largué par Enzo. D’aucun aurait pu manquer d’interaction. Alec s’en trouvait profondément soulagé. A vrai dire il y avait là-dedans un rendu miroir qui apaisait la sensation de solitude profonde qui l’étreignait depuis des semaines. Enzo était passé par là, le Serpentard en avait une conscience qui autrefois aurait été froide. Elle était à présent à la fois empathique et apaisé. Comme un truc profondément égoïste de se sentir soulagé d’être compris, de marcher à côté de quelqu’un qui savait sans qu’il ait besoin d’expliquer ou de poser les mots. Ses simples réactions symbolisaient toute l’acidité qui coulait dans ses veines répondant, mutiques, aux siennes. Quelques années plus tôt, ils se toisaient, la colère et le rejet braqués dans le regard. Aujourd’hui Alec était sincèrement heureux de sa présence. Impossible sans doute de transparaître pour l’instant, pas tant que la colère, l’inquiétude et un certain besoin de préservations ne rendaient sa manière d’être encore bien rêche mais c’était le cas. Une vérité qui l’amenait à se calmer lorsque le rire d’Enzo raisonnait, franc et vif dans l’air anglais. Hier, ils étaient ennemis. A présent il sentait partager avec lui bien plus qu’il ne l’aurait imaginé et cette proximité faisait du bien. Plus encore, il lui accordait une confiance qu’il n’aurait jamais supposé auparavant. Et l’amitié qui allait avec.

Elle s’était tissée au fil du temps, presque à rebours de leur propre mauvaise tête. Sans être rapprochés par la force des choses, ils n’avaient cessé de se croiser à des moments où le vécu de chacun le faisait avancer. Pas que le trajet pour passer de la querelle au respect n’ait pas été long mais de pas en pas, il les amenait à cette relation étrangement apaisée qui les liait à présent. Un signe, sans doute, de maturité. Dans le fond, ils avaient surtout assez grandit pour apprendre à reconnaître leurs réels ennemis et à mettre de côté leurs guerres d’égos mal placées.

Ça aurait d’ailleurs largement pu clasher lorsqu’Alec lui demandait – non sans une certaine maladresse il en conviendrait – de lui rappeler les manières dont il avait pu l’emmerder à Poudlard durant des années. Le regard d’Enzo se posa sur lui avec hésitation, transparaissant de nouveau de cette chose sombre qui grésillait en lui et qu’Alec n’aurait su véritablement définir. Ses iris dans les siens, il se débattait sans doute avec son passé et glissait au fil des secondes, vers celui qui leur était commun. Un instant de doute et Alec cru que la tension risquait de revenir à réveiller ainsi des vieux souvenirs pourtant bien immatures. Ils avaient dépassé ça ? Oui, bien sûr que oui, le sourire d’Enzo le prouvait tandis que lui-même était resté d’une neutralité calme sans anticiper par tension la possible mauvaise réaction de l’autre. Trop fatigué pour ça. Son énergie, Alec la gardait pour de réels conflits. Leurs histoires de caniches ou de nanas n’en étaient pas.

« C’est pas possible d’imiter une jolie gueule comme la mienne Rivers, va falloir que t’arrête avec tes devinettes. » C’est vrai. Ça le faisait kiffer de se rappeler de toutes les merdes qu’il avait pu sortir. Ça aurait dû entrer dans la case de la conciliation désolée… mais on ne se refait pas et l’image de ces moments le faisait à présent sourire. D’autant plus considérant la connerie dont ils avaient pu faire preuve à se prendre la tête pour des bêtises pareilles. L’évocation du passé ramenait quelque chose de plus léger dans leurs regards à tous deux, marquant Alec d’une grimace volontairement comique à lever les yeux au ciel, les lèvres pincées. L’air de dire que « que voulez vous, j’aime bien faire chier le monde ». « Et cesse de m’tendre des perches au passage, on sait très bien comment ça va finir. » Cette fois, c’est lui qui aurait pu se braquer. Un rire, pourtant, suivi à la pique évidente. Alec et sa capacité à  se penser plus malin que les autres mais à se prendre à son propre jeu, incapable de poursuivre sur une pente qui aurait dû n’être symbole que d’humour et qui pouvait vriller pour un rien. Assez d’autodérision pour l’admettre sans mal. Pour en rire également. « Legit ! » Le taquet. Totalement légitime vu la dernière tension ayant existé entre eux.

’J’bosse sur l’sujet, mais c’est pas d’ma faute si t’aime les saisir..’ Voilà. Exactement comme ça. Réflexion qu’il avait failli sortir tout naturellement mais qu’il avait retenu au vu de l’échange auquel Enzo faisait référence. Une problématique qu’il savait être la sienne et à laquelle il avait été forcé de faire face. Aucune tension chez lui cette fois, seulement la retenue de ne vouloir sortir ce genre de conneries qu’une fois plus calme et non encore dans la gestion de la violence déclenchée par son garde-fou. Alec apprenait doucement à composer à la fois avec ses traumatismes et avec les sentiments des autres. Pas le moment pour ça. Pourtant qu’Enzo y fasse allusion réveillait un truc chez lui. Un truc qui maturait depuis un moment maintenant et qui avait besoin d’être abordé avec sérieux.

« J’essaie de calmer le jeu sur l’aspect Samaritain mais c’est pas si simple. »  Un souffle amusé, cette fois s’échappa de ses narines. Étrangement doux, il le lâchait dans un regard en coin, captant à la fois le sérieux et l’humour de l’ancien Gryffondor. Il restait toujours étonné de cette capacité à lâcher des parts de lui face à quelqu’un qui aurait pu – aurait dû ? - être considéré comme apte à les lui retourner dans la gueule à la moindre occasion. L’autodérision était évidente, assumant tant sa nature qu’il laissait entrevoir un fait sans doute réel : pas si simple, dans le fond, de se préserver plutôt que de se dévouer aux autres. Un léger sourires aux lèvres, Alec s’en sentait adoucit, conscient qu’il s’installait là une part de complicité qui avait finalement une forme de solidité mise en place sans même qu’il n’y prenne gare. Ce qui, hier, les faisaient bondir, devenait à présent un sujet de connivence. D’autant qu’à sa manière, Enzo remettait la balle au centre. Volontaire ou non, c’était bien joué. « Et les jeux de mots en rapport avec les canidés c’est niveau 5ème année, même toi t’es passé au dessus de ça maintenant. »  Définitivement, Alec avait ce qu’il lui fallait et un rire coula sans heurt entre eux. La nuque cassée vers l’avant, le sourire franc, les mains dans les poches en sortaient pour se placer devant lui en haussant les épaules tandis que l’autre levait les yeux au ciel dans le même rire. « J’ai épuisé mon stock, j’attends qu’il se renouvelle…. »

Cette complicité avait un goût particulier, étrangement naturelle, elle les surprenait sans cesse et s’installait sans vraiment leur laisser le choix. Il y avait quelque chose de rassurant là-dedans à vrai dire. À jouer à tailler ceux qu’ils étaient quelques années plus tôt et les tensions anciennes, ils plaçaient surtout un terrain plus stable entre eux. La voilà, la transition dont il avait besoin pour descendre en pression et retrouver un comportement plus détendu. Comme si à évoquer le passé, ils se situaient naturellement dans une sorte d’entre deux. Ni vraiment ici ni vraiment là-bas. Comme s’ils pouvaient s’affranchir de ces deux états, des tensions anciennes comme des épreuves présentes.

La bouteille passait être eux, reliquat d’images anciennes. Le Mexique d’abord, bien présent dans les mémoires, mais aussi Poudlard. A l’époque il y avait Cameron pour faire tampon entre eux mais il s’agissait sans doute là du premier point de basculement. Les premiers vrais échanges, les premiers rires. Un demi-sourire en coin, Alec prenait une nouvelle gorgée d’alcool, baissait la bouteille, fixait les collines irlandaises étalées au loin devant le large roc qui leur servait de support. Les jambes dans le vide, de nouveau, mais les deux hommes avaient bien changé depuis. Le Mexique aussi, nouveau moment de bascule. La gueule et le cœur en vrac, tous les deux à un moment où leur vie se cassait la gueule ou risquait de le faire. La sienne avait foutu le camp, celle d’Enzo, il le devinait, s’était stabilisée. Les choix font la vie ; pas toujours les siens. Si quelques années plus tôt, Alec le lui aurait fait payé, il n’avait aujourd’hui aucun désir de retomber dans ses travers. Ça viendrait peut être un jour, plus tard. Pour l’heure l’acidité qui coulait toujours en lui, il se battait pour ne lui donner aucune importance, la repousser, refuser d’être celui qu’il montrait à la gueule du monde. Essayer de faire mieux, pour une fois. C’était là sa seule manière de se battre contre ce qu’il vivait. Peut être avait-ce été pour ça qu’Enzo agissait ainsi à l’époque. La cape du samaritain, un moyen de ne pas tout à fait se perdre quand tout fout le camp. Nouvelle lampée, et il passait la bouteille.

« J’ai vu Warren y a quelques semaines, il a réussi à se faire la belle quelques heures pour venir me voir. » Alec aurait pu le savoir, ce n’était pas le cas. Instinct de préservation, pudeur ou simplement aucun intérêt de parler d’Enzo. Un peu de tout, sans doute. D’autant que Rivers et Ryans n’étaient pas vraiment connus pour s’entendre. Une réputation qui lui plaisait bien et sur laquelle il s’appuyait. La voix rauque, l’alcool qui passe, et déjà, un sourire sur les lèvres d’Alec que cette simple image appelant à quelque chose de « normal ». Deux potes, la gorge en feu au passage de l’alcool sorcier. Le genre de convivialité qu’il ne partageait plus qu’avec Warren, justement. Et autant il appréciait énormément son ami, autant un peu de diversité, bordel ce que ça pouvait lui faire du bien. La simple présence de Ryans cassait son morne quotidien et le ramenait sur la terre des vivants.  « Il a voulu apprendre à surfer, c’était pas beau à voir. » Le rire était immédiat à présent, plus léger et naturel, courant dans sa gorge sans y rester accroché comme il le faisait au début. Il avait fallu ce temps de transition pour que cela revienne, mais à présent de concert avec Enzo, Alec se détendait. « Oh putain j’aurais voulu voir ça ! Il avait jamais surfé ? » Un coup d’oeil de côté pour le voir lui faire non de la tête. « Merde ça devait être royal ! En Australie ? » D’un geste du doigt, Alec lui fit signe de passer de nouveau l’alcool. « T’en fais depuis longtemps ? » Comment échapper à l’image d’un Enzo fracassé au Mexique qui cherchait clairement à se démonter autant qu’à ressentir autre chose que le chagrin qui lui ceignait les chairs. Une question plus neutre, dont il attendit la réponse avant de poser la suivante. « J’fais peut être une connerie en posant la question mais ça a l’air d’aller mieux. Ça va William ? » D’une façon générale, d’abord. Parce qu’il avait manifestement traversé l’enfer et qu’avant la relation en elle-même, sa santé était primordiale. Et puis ensuite, bien sûr. « Vous avez réussi à arranger un peu les choses ? » Il pouvait sembler complètement déconnant qu’un type comme lui pose ce genre de questions. Le genre à s’écarter quand un homme s’approchait trop, à cogner s’il dépassait sa ligne rouge ou à lâcher des bombes de merdes à la gueule de ceux qui n’avaient rien demandé. Le genre de type qu’il ne voulait pas être et qu’il avait – sincèrement – essayé d’enraillé en devenant ami avec Yassen, bien des années avant ce jour. Il y avait pourtant sans doute plus de sincérité dans ces questions que dans l’attitude qu’il se donnait, par angoisse autant que par facilité.

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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Mer 6 Juil 2022 - 22:35
« Oh putain j’aurais voulu voir ça ! Il avait jamais surfé ? »

Signe de tête pour confirmer que non, c’était pas le cas. Est ce qu’on peut vraiment dire que ça l’est désormais ? Faut pas juger … Si, je le fais, parce que c’est Warren et qu’il en ferait autant si les rôles étaient inversés. C’est ce qu’on fait avec ses potes, non ? On se soutien quand c’est important, on se taille quand ça l’est moins. Et Alec, c’est quoi le statut avec lui ? Je me dis que j’ai jamais aimé qu’on me colle dans des cases, qu’on me placarde une étiquette sur le front, alors ce qui se passe ici n’a pas besoin d’être qualifié. C’est là, ça existe, c’est vécu. Voilà ce qui compte vraiment.

« Merde ça devait être royal ! En Australie ? » Une nouvelle gorgée, une nouvelle grimace, je lui repasse la bouteille à sa demande et desserre les mâchoires en hochant de nouveau la tête de droite à gauche, de gauche à droite. Non, pas en Australie. Plus en Australie. Dommage de se dire que ça a un côté rassurant et que j’hésiterai toujours à l’inviter chez moi à cause de son entourage, surtout triste de se dire que la confiance n’est pas totale. Une vérité qui fait mal, à peine assumée, mais existante et qui ne peut être niée « T’en fais depuis longtemps ? » Le sourire revient, il est blindé d’un mélange de bonheur et d’autre chose « Depuis que j’tiens debout. » Sans doute même avant.

J’ai pas de souvenirs des premières vagues prises avec mon père, trop p’tit pour ça alors le disque dur s’est effacé depuis. Dommage, j’aurai voulu cristalliser ces images, les sacraliser même. Ça fait mal le jour où t’apprends qu’un souvenir n’est jamais le même quand tu y repenses. Les détails qui changent sont infimes mais t’en arrive à te demander si t’inventes pas tout ça, si tu l’as vraiment vécu. Le cerveau est ton meilleur allié comme ton pire ennemi, c’est comme ça, mais j’ai conscience de la globalité. Des vagues ensemble on en a pris des centaines, peut être même des milliers, rien n’effacera jamais ça. Rien n’effacera jamais tout ce qu’il m’a transmis, de la passion à l’apprentissage, ma façon à moi de faire vivre son héritage. Je prends mon pied à travailler les matériaux jusqu’à en sortir des planches dont je suis fier mais je sais que c’est lui le point de départ. Et qu’à chaque fois que je m’enferme dans l’atelier c’est à lui que je pense. J’oublie les questions, les inquiétudes, j’oublie même un peu le manque et l’absence, je me dis qu’il serait heureux de voir que j’ai rien lâché de tout ça.

Alors c’est un peu comme s’il était là, avec moi.

« J’fais peut être une connerie en posant la question mais ça a l’air d’aller mieux. Ça va William ? »

La surprise doit s’imprimer sur mes traits, autant parce que je redescends sur terre que par la teneur de la question et ce qui vient avant. De la bienveillance et un intérêt que je sais non feint. Il est sans doute une des dernières personnes que j’aurai imaginé poser cette question et à la fois … Pas tellement, je le réalise alors que je me racle la gorge et remonte un genou contre mon torse en l’entourant de mes bras – le genou, pas Alec, rêvez pas non plus les gars. Cette fois c’est moi qui lui réclame la bouteille, peut être une envie ou un besoin de noyer les vestiges de cette période douloureuse où on s’est croisés comme deux cons paumés à l’autre bout du monde. Paumés et saturés, surtout. Saturés de toute la merde que nous envoie l’univers jusqu’à parfois se dire que ça ne s’arrêtera jamais. C’est quoi le deal ? Plus on encaisse plus on s’en mange ? Sans doute, j’en sais rien, pas envie de partir dans un débat philosophique et existentiel. Les choses sont ce qu’elles sont, on change ce qu’on peut changer. On emmerde ceux qu’on peut envoyer chier.

« Vous avez réussi à arranger un peu les choses ? » Regard porté sur l’horizon, la bouteille qui repasse dans sa main, un sourire sur le coin de mes lèvres « On a emménagé ensemble y a un mois donc j’dirai que oui. » Je suis pas encore certain de totalement le réaliser et en même temps, je me souviens à peine comment c’était avant. Façon de parler, évidemment, mais ça sonne tellement comme une évidence. Nous. Ça. Sorti de nulle part mais solide comme un putain de roc qui tient le coup malgré les brèches et les fêlures.

Ne me demande pas ce que nous réserve l'avenir, j'sais pas
Ça va faire une éternité qu'j'suis pas sorti de chez moi

Casseurs Flowters

C’est vrai, depuis qu’on a posé nos meubles et nos cartons je me rends compte que j’ai peu bougé. Je m’y sens bien dans cet endroit, j’y prends mes marques. On y prend nos marques. Là encore, l’évidence. Pourquoi chercher plus loin ? Pourquoi vouloir analyser ? Tu te souviens Soso, c’est comme ça doit être.
Un pied dans le vide, l’autre posé sur la roche je me laisse happer un instant par la verdure et le silence environnant. Putain que je haïssais ce climat gris et humide en débarquant ici, putain que j’étais un sale môme borné. Déraciné. A cette époque j’étais loin d’imaginer qu’un jour je quitterai l’Australie de mon plein gré.

« Il va mieux, merci pour lui. » Sincère. Tant les mots que le sourire et le regard « Ça laisse des marques mais il est bien entouré. » Ses parents, ses potes, sa psy, Einstein à sa manière … Et moi, évidemment. Il y a ce truc entre nous, une compréhension mutuelle et silencieuse qui ne souffre quasiment pas de failles. Parfois il sursaute encore dans son sommeil, de temps en temps c’est un éclair d’angoisse qui traverse ses prunelles quand il marche dans la rue et j’entends son cœur qui s’emballe. Je sais tout ça, je comprends tout ça, parce que j’ai vécu tout ça. C’est pas ce qui nous rapproche et je sais qu’il y tient autant que moi mais on ne peut pas nier que ça aide à se comprendre. A anticiper les chutes de l’autre pour mieux le rattraper.

« Y a eu un moment de flottement mais faut croire qu’on est aussi borné l’un que l’autre. »

Pour rester ensemble, s’accrocher, surtout ne pas les laisser gâcher et casser ce qu’on a. Ne pas laisser la vie nous bouffer, nous happer, nous éloigner.
Teinté de pudeur et de fausse dérision, je dénigrerai jamais cette relation parce que j’ai peur du regard des gens. J’ai pas besoin de jouer les mâle Alpha détaché pour me rassurer, surtout pas quand il s’agit de lui. De nous.

« Tu sais que tu poses des questions que mon propre frère n’a pas jugé utile de poser ? »

Pas de rancœur, juste une certaine forme d’amusement alors que je tourne la tête vers lui, un sourcil arqué et un demi sourire sur le coin des lèvres.
Derek se contente de suivre le courant, je sais qu’il s’inquiète pour moi quand ça va pas, qu’il est là à sa façon, mais demander des nouvelles de Will ? Faut pas trop en demander. Qu’est ce qui est le pire ? Qu’il lui colle une droite ou qu’il fasse comme s’il n’existait pas ? Honnêtement, je crois que les deux se valent parce que l’ignorer lui c’est ignorer sciemment toute une partie de mon existence. C’est cracher sur ma plus belle histoire et ce qui me rend si heureux. Au nom de quoi ? D’une connerie sans nom que je ne comprendrai jamais.

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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Mer 13 Juil 2022 - 12:07

 12 Aout 2016


C’était étrange comme leurs deux univers étaient demeurés mêlés sans jamais véritablement se rencontrer réellement. Nombreux étaient ceux qui les reliaient sans jamais les avoir durablement rapprochés. Et pourtant ils se trouvaient là et si Warren était une porte d’entrée vers une conversation plus classique, celle-ci masquait une commune conscience de la situation générale. Enzo comme lui la connaissaient, l’évoquaient mais la laissaient aussi de côté. Elle était déjà bien assez réelle chaque jour durant et si Alec n’avait aucune envie de déblatérer sur sa situation, Enzo ne s’engouffrait pas dans cette faille tant que l’autre faisait preuve de retenue à ce sujet. A avoir évolué ainsi à proximité sans jamais vraiment se fréquenter, Rivers avait l’impression de ne rien connaître de lui. Il passait sur ce qui transparaissait en silence de l’évocation de l’Australie. Le manque de confiance. Un manque qui lui serait tout autant associé, très certainement, mais qui, surtout, était partagé. Bien sûr Alec n’irait pas l’évoquer, préférant préserver cette sensation loin de tout pour ne pas la rendre plus réelle qu’elle ne l’était déjà.

Bien au contraire, la conversation lui faisait du bien, déliée loin de certaines de ses réalités, elle lui permettait de raccrocher à quelque chose de plus « normal ». Enzo était en cet instant à la fois conscient des choses mais aussi un contact vers une autre réalité – moins sale peut être – dans laquelle évoluaient ceux qu’Alec aurait aimé retrouver. Sans colère cette fois, c’était au contraire un véritable intérêt qui se nouait en lui.

La surprise se plaqua sur le visage de Ryans lorsqu’Alec fit l’un de ces pas qu’il n’était pas tout à fait certain de faire correctement. Pas de douleur, ça avait l’air d’aller. Ainsi seul restait-il cette réalité dont tous deux avaient conscience. Pas tout à fait son genre. Prendre des nouvelles et s’inquiéter avait mis du temps à s’installer chez lui mais ce n’était pas ça qui marquait le jeune homme, Alec le savait bien. Tout con qu’il puisse être, il n’en était plus là. C’était la nature de la relation en elle-même. Le genre dont il restait habituellement distant, parfaitement conscient de l’image que ça renvoyait. Un truc avec lequel il n’était plus en adéquation depuis longtemps mais qui lui collait à la peau autant qu’aux tripes. Pas moyen de s’en extraire véritablement. Les autres gardaient de lui l’image du type en rejet profond pour ce qui concernait l’amour de même sexe chez les hommes. Chez les femmes peut être aussi, l’alliant davantage à un fantasme. Une part de lui qui, si elle n’était pas pleinement et intégralement fausse – malheureusement – lui tapait sur le système. Il ne voulait simplement pas être ce type-là mais si l’impact de son éducation s’était dilué au cours du temps, restait une angoisse dévorante dont il avait du mal à se défaire. Le jeune homme haïssait cette impression vorace d’être ce qu’on avait fait de lui. Des pensées intolérantes rameutées de sa famille jusqu’à la peur engendrée par son oncle. Il avançait, depuis des années. Et pourtant quelques mois encore plus tôt, il s’était comporté en con avec Enzo et savait pertinemment que sa surprise ne venait pas de nulle part.

Pourtant, effectivement, il n’y avait dans son intérêt que sincérité. Aucun problème réel avec qui que ce soit. Il s’était simplement embourbé au fil des ans dans un marasme de réflexes inculqués, d’égo et d’idiotie. En revenant parmi les sangs purs, le jeune homme s’était promis de ne pas flancher, de rester lui en dépit des pressions qu’on ne manquerait pas de lui infliger. Et lui, c’était un type qui s’inquiétait pour le mec d’un autre. Ami ou non, d’ailleurs. C’était un gars qui l’admirait, en réalité, pour avoir su rester majoritairement droit, s’être assumé, avoir été à contre-sens des idées martelées. Lui, avait honte de cette surprise, car il la savait justement tristement légitime.

Lorsqu’Enzo ramena sa jambe contre lui, Alec s’interrogeait sur la manière dont il pourrait vivre une telle approche de sa part. L’idée n’était pas de raviver quelconque plaie ni de l’amener à se tendre face à ce qu’il pourrait dire. Il aurait pu balayer cette sollicitude d’un revers de main, éloigner le sujet, lui mettre un stop immédiat mais n’en fit rien. Ni moquerie ni crainte, comme s’il lui laissait une nouvelle fois le bénéfice du doute. Ou qu’il avait confiance, en quelque sorte, en les intentions de l’ancien Serpentard.

Un sourire, doux. Il n’était pas le sujet. Ne l’avait jamais été. Tout allait bien.

« On a emménagé ensemble y a un mois donc j’dirai que oui. »  Cette fois, c’était sur ses traits que la surprise se dessinait. « Oh merde ! » Lâché par étonnement sur un ton qui semblait davantage signifier : « Trop bien ! ». « Effectivement.. » Lui-même eu un petit sourire.

Autrefois, Alec faisait en sorte de ne jamais se montrer comme sensible à ce genre de choses. Il repoussait, balayait, évinçait l’amour des autres au point de faire mine de ne pas le voir. Vieil héritage familial de valeurs qu’il avait finalement mis du temps à interroger réellement. Trop de batailles à mener, trop à encaisser de front sans avoir la possibilité de sortir de l’acide dans lequel il était alors totalement noyé. Il avait fallu du temps, du recul, du courage aussi sans doute pour en arriver là. A trouver ça chouette. Beau, s’il était plus honnête.
Il y avait eu de la jalousie, chez lui, à voir les autres s’épanouir, se trouver, se permettre ce qu’il n’osait pas. Une colère sourde bariolée d’injustice. A présent Alec était davantage en paix vis à vis de lui-même. En débarquant à Poudlard, il bouffait la sensation de n’avoir personne. Janie l’avait lâché quelques années plus tôt et même s’il agissait avec toute la compréhension et l’amour dont il était capable, le ressentiment pourrissait en lui en profondeur. Mack était encore loin, laissée en arrière avec l’un de ces mecs qu’il ne sentait pas du tout ; aussi importante qu’elle le sciait de frustrations amères. Et... c’était tout. Un putain de « tout » qui sonnait foutrement comme un « rien ». Bien sûr les vieilles blessures n’étaient pas tout à fait soignées mais à présent plus en paix, capable de laisser leur place aux autres et à entendre ce qu’il refusait de voir auparavant, Alec était à présent apte à tracer des chemins qui lui étaient alors étrangers.

« Il va mieux, merci pour lui. »  Content de l’entendre, Alec hocha simplement du menton. « Ça laisse des marques mais il est bien entouré. » Cette fois, le jeune homme eut un petit souffle. Sec et doux tout à la fois. Baissant le regard pour l’allonger vers les collines environnantes avant de revenir sur Enzo. Oui, ça laisse des marques, il pouvait l’imaginer aisément. Tout comme le Gryffondor le pouvait. Mais il ne doutait pas que William soit entouré, encore moins avec son mec à ses côtés et une fois installés dans un coin à eux, sans doute sécurisé autant que possible. Cette certitude, Alec avait failli l’exprimer mais ne connaissant aucunement Jackson, il préféra s’abstenir. Après tout, il n’en savait rien, peut être était-il isolé, peut être avait-il dans son passé bien plus de casseroles qu’il se l’imaginait. Là, en ce moment, des gens étaient là pour lui et lui donner un cadre sécurisant pour se remettre. Une bonne chose, donc.

« Y a eu un moment de flottement mais faut croire qu’on est aussi borné l’un que l’autre. »
Un « moment de flottement ». Toute la pudeur des épreuves dépassées à deux en quelques mots. « Aussi bornés l’un que l’autre », une manière assez touchante, finalement, de dire ça. Une expression qui lui fit sobrement penser à Mack, plantée devant le portail le premier jour, à ne pas tressaillir malgré son état déplorable pourtant soigné avant de le larguer à ses parents. Mack, chaque jour, à encaisser avec lui la violence de ses journées et des siennes. Oui, autrefois, Alec faisait en sorte de ne jamais se montrer comme sensible à ce genre de choses. Aujourd’hui, il sourit avec douceur. Ça avait prit du temps mais maintenant, il comprenait. Et il arrêtait de se cacher derrière une pseudo rectitude pour éviter de passer pour fragile.
Enzo lui avait toujours donné l’impression d’être quelqu’un de fiable, de droit. Qu’importe la personne avec qui il était, ce fameuse entêtement nommé avec une sobriété presque noble se pressentait dans son comportement. Sa dérision n’était là que pour alléger les choses, Alec n’en doutait pas ; il agissait souvent de même.

« Tu sais que tu poses des questions que mon propre frère n’a pas jugé utile de poser ? »

La réflexion le prit avec un rire un peu étrange, coincé entre l’amusement de la réflexion, le soulagement d’avoir été bien interprété et le dépit d’imaginer que son frère ait pu ne pas trouver le temps ou l’envie de poser une question qui lui semblait bien basique. Alec se souvenait encore de la tarte immédiate que Janie lui avait balancé lorsqu’elle lui avait annoncé être en couple. Le rire qui lui avait tordu la gorge avant qu’il ne prenne une chaise, ne la retourne et ne s’y pose à califourchon, un sourire en coin à lui balancer « ok, c’est bon, parle moi de ce Luke. L’amour te rend violente, donc il doit pas être si mal ce gars. » avant qu’elle ne lui réponde d’une grimace marquée d’un grand sourire. Il l’avait détesté ce gars et seules les années et le recul lui avaient appris à lui donner une véritable chance. Luke avait gagné sa confiance, peu à peu, son respect ensuite, et son amitié sans doute. Seule la mort et la peine validaient à présent l’évidence. Il faudrait peut être du temps à Derek pour s’y faire et accepter ce qui ne souffrait d’aucune incertitude. Peut être. Pas comme s’il le connaissait assez pour pouvoir affirmer quoi que ce soit.

« Il est pas bien mieux que moi hein.. ? » Il y avait dans cette question une empathie malhabile. Pas tant une réelle interrogation ceci dit. Davantage une réflexion générale. Une manière, surtout, d’avouer avoir été et être encore un gros nul sur ces sujets-là. Ça faisait un moment qu’Alec y pensait, obligé d’être confronté à ce qu’il avait vécu, de ressasser l’horreur tout autant que ses propres méfaits, le jeune homme n’était pas naïf quant à son propre comportement. Il tournait ça depuis des semaines. La colère d’Enzo, les insultes d’Alec, son mépris, tout ça était hors de la brume dans son esprit. S’ils cherchaient à leur sujet, c’était ce qu’ils trouveraient en priorité. L’apprenti occlumen avait caché tout ce qui était précieux sous la surface, en bonne garde du monstre rugissant qui hantait ses souvenirs. Ça, cet instant et les autres, ça en ferait parti.

« ça passe pas encore tout à fait bien ? » L’acceptation de leur couple.

Quelques mois plus tôt, jamais Alec ne se serait engagé sur cette voie. Pas qu’il en soit à l’aise mais il n’y avait jamais réellement eu de rejet réel du sujet le concernant, seulement un besoin de rester le plus loin possible de ce qui pouvait appeler à sa mémoire des souvenirs qu’il préférai esquiver. Or après des semaines à avoir été forcé d’y faire face et malgré l’agression de Blackblood, une part de l’angoisse avait évolué en autre chose. Il n’aurait su dire en quoi, d’autant qu’il restait en lui une peur primaire et enfantine qui le dévorait lorsqu’il songeait à son oncle. Un truc vorace qui devenait colère et ouragan. Pour autant, il lui semblait avoir l’esprit plus clair à présent. Comme si d’avoir été forcé de faire face au pire lui apprenait à cesser d’en détourner les yeux pour chercher à le fuir de quelque manière que ce soit. Qu’importe s’il violentait des gens au passage. Et de ça, il ne voulait plus. Ainsi sans être à l’aise, les battements fébriles qui vibraient dans ses veines la dernière fois n’existaient plus véritablement. Si quelque chose chuintait de fébrilité, c’était la conscience que certains mots se forgeaient dans son esprit, se mettant en place doucement, comme s’il cherchait à les mettre dans le bon ordre sans vraiment réussir à décider si l’ensemble faisait sens ou non.

Il hésitait, une part de lui rechignant à lâcher à mi-mot tant d’intimité, à faire le pas de la rédemption, à dire ce qui pesait pourtant depuis bien longtemps. Ça n’était pas une nouveauté mais Alec se savait prêt pour la première fois de sa vie. Ce n’était pas tant l’égo mais il lui fallait encore quelques minutes pour être au clair avec lui-même et passer le cap. Ne rien brusquer. Après tout, ils avaient le temps, il y avait des étapes à respecter et pour ça, il arrêtait de fermer les yeux au vécu des autres et l’interrogeait simplement à mi-voix. Après tout, lui-même n’imaginait simplement pas quelle pouvait-être cette situation. Sa sœur et Mack étaient très amies depuis toujours, bien avant, même, qu’il ne se lit lui-même à la voisine. Alors que serait-ce d’imaginer que sa sœur n’accepte pas une part de soi. Une part aussi grande que l’amour et l’affection. Qu’elle balaye simplement une part de ce qu’était son frère. Ce qu’il avait fait, d’ailleurs, dans une moindre mesure, durant quelques années. Clairement, ce ne devait pas être simple à vivre d’autant que s’il ne connaissait pas les relations exactes entre les deux frangins, Alec n’était pas aveugle ni à l’amour ni aux tensions qu’il avait pu lire entre eux. Or il était bien placé pour savoir ce que le manque d’un frère ou d’une sœur peut provoquer dans les pires des moments. Tout comme il savait la colère qui l’étreignait à chaque fois que Janie n’acceptait pas une part de lui, le jugeant pour ça.

Du plomb dans la tête, du plomb dans l’aile. Ils avançaient, bien sûr, et ça n’était pas simple tous les jours.

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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Sam 23 Juil 2022 - 13:51
« Il est pas bien mieux que moi hein.. ? »

Pas le même genre je crois, j’en sais trop rien. Le visage à demi tourné vers Alec un sourire étire le coin de mes lèvres et si je n’exprime rien de particulier je ne manque pas ce qui se trame ici. Pas d’agression, pas de rejet, même une sorte d’aveu silencieux. Oui t’as merdé mon pote, proprement. T’as dit des choses que t’aurai jamais dû dire, ce qui est encore pire c’est que tu les aies pensé. Pas de colère en moi mais une sorte de résignation, un apaisement que je ressens ici parce qu’il n’y a pas la moindre trace de tension entre nous deux. Je pourrais m’interroger quant aux battements de son cœur qui accélèrent brièvement avant de se calmer de nouveau, me demander pourquoi ce pic de stress en abordant un tel sujet, je décide de ne pas le faire. De prendre les choses comme elles viennent. Je n’attends rien, pas de lui en tout cas.

« Ça passe pas encore tout à fait bien ? » Regard sur l’horizon, inspiration. La tête légèrement penchée sur le côté c’est un rictus interrogatif qui traverse mon visage. Un pincement de lèvres, je plisse le nez comme les yeux puis relâche l’air « Je crois qu’il a surtout développé ce truc de « si on en parle pas ça n’existe pas » comme pas mal de monde dans ma famille au final. » Pas de vague. Plutôt ironique dans ma situation si on y regarde de plus près. Le rire qui m’échappe est bref, pas tellement amer, surtout résigné encore une fois. J’attrape la bouteille de nouveau et laisse descendre la brûlure du Pur Feu dans mon œsophage avant de la lui tendre de nouveau.

Soupir.

« La plus part des gens pensent sans doute que je m’en fous parce que je vis ma vie, je m’arrête pas pour écouter ce que les autres ont à dire sur la façon dont je le fais et avec qui, mais j’entends. » Ces messes basses ou bien ces mots balancés sans filtre. Parfois ils ne se rendent même pas compte de l’impact, de ce que ça implique vraiment. La maladresse peut être pardonnée jusqu’à un certain point « Je vois. » Ces regards en coin, ces rictus de dégoût et de mépris. Parce que je suis amoureux d’un homme ils ont décidé qu’ils m’étaient supérieurs, que je n’étais pas vraiment l’un des leurs. C’est vrai, si c’est ça être un homme alors ça ne m’intéresse pas.

« Et c’est pas toujours agréable. » D’être ostracisé, jugé, méprisé « Jamais en fait. » Comment est ce que ça pourrait l’être ? Je m’en cogne la plus part du temps parce que j’ai la chance d’être heureux, bien entouré, d’avoir aussi cette capacité à ne pas trop me soucier de ce que peuvent bien penser les autres. Comme tout le monde sans doute j’ai eu du mal à m’accepter au début mais je crois avoir appris à m’en foutre rapidement pour la simple et bonne raison que je ne voyais pas où était le problème. Simplement parce qu’il n’y en a pas, il ne devrait pas y en avoir. Qu’est ce que ça peut foutre au reste du monde que tu t’envoies en l’air avec une personne du même sexe que toi ou l’inverse ? Qu’est ce qu’il y a de si bancale dans leur existence pour qu’ils en arrivent là ? Je les juge autant qu’ils me jugent, parfois « heureux » de pouvoir faire changer certains regards. Quand on y pense ça a goût de tristesse.

« En plus de ça, ça me fait ... » Je secoue la tête de droite à gauche, de gauche à droite, une paume tendue dans l’air un instant « De la peine, vis à vis de Will. Il mérite mieux que ça. » Si on devait s’en tenir qu’à notre relation. J’ai la chance d’avoir cet entourage proche qui ne s’arrête même pas sur la question, n’en fait pas un sujet. J’ai aussi le bonheur d’avoir Olivia et Eleanor pour réchauffer un peu mon cœur quand il s’agit de la famille de sang. Pourtant je sais que je mettrai autant de poing de la gueule de Bryton qui le faudra et que ce sentiment de culpabilité vis à vis de mon petit ami ne se tarira peut être jamais totalement. Une sensation de devoir faire plus, j’en sais trop rien. Et concernant mon frère, cette impression d’avoir constamment le cul entre deux chaises parce que je lui ai pardonné tellement et je continuerai sans doute à le faire.

« Quand je vois la façon dont j’ai été accueilli dans sa famille j’ai honte d’une bonne partie de la mienne. »

Les mâchoires se crispent un peu, je ne sais même pas comment on en est arrivés à ça, ici. Je réalise aussi que lancé dans mon monologue je ne porte pas tellement d’attention à la façon dont réagit Alec. Pas bien mieux que toi … Je suis en train de décrire tout ce que t’as déjà fait toi aussi. Les moqueries, l’agression, la violence. Est ce que je compte me taire ? Pas une seconde. Rien de tout ça ne sonne comme des reproches dirigées contre lui, c’est pas son procès que je suis en train de faire et la façon dont il le vit ne regarde que lui.

« Et j’en ai un peu plein le cul de cette connerie ambiante, ça me dépasse. Je comprends pas. » Je secoue la tête encore une fois, les yeux baissés sur ce pied toujours dans le vide que je ne vois pas vraiment « Je comprends pas comment on peut à ce point haïr quelqu’un, en arriver à une telle violence que ce soit dans les mots, parfois les silences ou bien les gestes. Pour … ça. »

Ce truc qu’on ne reproche pas tant que ça concerne un homme et une femme. Et dans ce milieu pourri jusqu’à la moelle où les mariages forcés sont la norme, où le bonheur une notion plus qu’abstraite, ce sont les gens comme moi le problème. Ça tourne pas rond et le pire dans tout ça c’est que ça se transmet en de génération en génération. Ça devrait s’essouffler pourtant, non ? Les esprits s’ouvrent de plus en plus alors je crois que ça fait encore plus mal quand ça vient de personnes qui sont dans la même tranche d’âge.

« Un truc qui ne regarde personne d’autre, qu’importe la forme de la ou les relations. »

Un plan cul n’a pas moins de valeur qu’une histoire d’amour, c’est différent mais aucun ne mérite plus de mépris que l’autre. Aucun ne mérite le moindre mépris, le moindre jugement. Je sais que je ne changerai pas le monde ni les Hommes, que dans 5 minutes j’aurai chassé tout ça de mes pensées, mais pour tous ceux qui en souffrent on n’a pas le droit se taire pour préserver ceux qui consciemment ou pas sont la cause de tant de douleurs.

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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Mar 2 Aoû 2022 - 16:34

 12 Aout 2016


Il est toujours douloureux d’être mis face à ses manquements, ses erreurs, ses contradictions. Égoïste, peut être même, d’en ressentir un mal-être quand les victimes devraient être mises au premier plan. Alec savait qu’en s’engageant sur cette voie qu’il esquivait pourtant la majorité du temps, il devrait affronter ses propres conneries. Pas comme un enfant à se taire face à ce qu’on lui reprochait, pas comme un adolescent à répondre par le cynisme mais comme un adulte, avec retenue et empathie. Le genre de choses pour lesquelles il n’était pas véritablement connu. Alors oui, Alec avait plusieurs fois dû apprendre à accepter et faire face. A prendre ses responsabilités, tout bêtement.
Bien sûr qu’une part de lui n’avait qu’une envie : dégager de là et ne pas chercher à s’embourber dans ce terrain-là. Mais l’autre savait où il allait tout autant qu’il avait conscience depuis bien longtemps qu’il était temps de s’excuser. Et d’entendre les dégâts engendrés par son comportement. De prendre conscience. D’accepter qu’on n’est pas seul dans son petit monde et que, oui, nos actes ont des conséquences sur les autres, qu’on le fasse à dessein ou non. Qu’on nous pardonne ou pas. Et qu’on se pardonne soi-même ou non.

Pourtant, oui, outre le travail interne le poussant doucement, minute après minute à accepter l’idée que, si, c’était le moment, l’ouverture parfaite, et qu’il serait un putain de lâche s’il n’en profitait pas maintenant…. Eh bien… Alec était véritablement et sincèrement intéressé par le sujet en question. Les relations entre frères lui avaient toujours parues bien lointaines et il ne s’y était jamais vraiment intéressé. Pourtant les difficultés pouvaient lui parler mais c’était ainsi, ils s’étaient longtemps désintéressés de la vie l’un de l’autre. Au fur et à mesure que leurs relations prenaient un tour plus apaisé, d’autres choses s’enclenchaient. Des discussions qu’ils ne se seraient jamais permis plus tôt, ni l’un ni l’autre.

« Je crois qu’il a surtout développé ce truc de « si on en parle pas ça n’existe pas » comme pas mal de monde dans ma famille au final. » 
ça craint.. ça aurait sans doute été ce qu’il n’avait pas craint d’endiguer quelque chose qu’il sentait prêt à prendre place. De véritables échanges, ils en avaient déjà eu, plus ou moins à tâtons, parfois plus que boiteux mais surtout de plus en plus affirmés. Alec voyait très bien ce que pouvait donner ce concept de mettre certaines choses sous le tapis, c’était ainsi que les leurs étaient élevés. Ainsi que sa sœur avait totalement disparu du tableau et qu’il était soudainement devenu fils unique, dépourvu de la seule personne qui ait jamais fait de sa vie autre chose qu’un profond enfer. Elle était une part de lui, la plus importante. Et tous l’avaient passée sous silence. Alors bien sûr, ça n’avait rien à voir. Pas plus que pouvait l’être son impossibilité d’entrer dans la case de la monogamie. Mais toujours était-il qu’il savait quelles habitudes malsaines avaient les familles de la Haute pour balayer ce qui ne leur convenait pas. Et souvent, lorsqu’on n’entrait pas dans les cases prédéfinies, ce qui n’allait pas, c’était soi.

Tout comme il l’aurait fait s’il avait été celui qui évoquait ce genre de sentiment de rejet, Enzo prit la bouteille et la vida de quelques gorgées avant de faire descendre le feu dans une grimace puis de la lui rendre. C’était lui qui évoquait ce que les siens faisaient d’une part de ce qu’il était, pourtant Alec savait qu’avec ce qui venait, lui aussi en aurait besoin.

« La plus part des gens pensent sans doute que je m’en fous parce que je vis ma vie, je m’arrête pas pour écouter ce que les autres ont à dire sur la façon dont je le fais et avec qui, mais j’entends. » Il ne bu pas, pourtant, écoutant en silence ce qu’il savait l’impliquer tout autant que d’autres. Partagé entre l’empathie des épreuves vécues, la jalousie face à la capacité d’avancer malgré tout et le mal-être de ne pouvoir se targuer d’avoir fait partie du bon côté de la barrière.  « Je vois. » Oh pas de messes basses, pas de moqueries de loin. Non, lui avait tout fait en frontal, juste pour le nauséeux bénéfice de faire sortir l’autre de ses gongs, de l’amener à sortir de cette droiture qui l’insupportait à l’époque. Il comprenait, bien sûr, ce qu’était être décrié, rejeté, pointé du doigt. Sauf que lui avait cherché la grande majorité de ce qu’on lui avait imputé, ne cherchant jamais à effacer son ardoise ou à se faire passer pour autre chose que le connard qu’on voyait souvent de lui. Très bien. Parfait. Sauf que bien sûr, il l’avait fait payer aux autres. Bien sûr il aurait été simple d’imputer ça à la manière dont il avait été élevé. Mais soyons honnêtes, s’il avait agit ainsi, c’était en pleine conscience de ce qu’il faisait subir aux autres. Pas qu’il puisse tout à fait comprendre, sans doute. Mais du moins aujourd’hui, il entendait.

« Et c’est pas toujours agréable. » Tu comptes vraiment minimiser ça ? « Jamais en fait. » Mieux.
Etonamment Alec retrouvait dans son discours quelque chose qui lui faisait penser à ce que Warren disait de son côté. Le mépris, la crainte, le rejet, l’isolement imposé aux sangs purs pour la simple raison qu’ils faisaient partie de ce système, d’un groupe restreint qui, au fil des ans, avaient donné leurs pires oppresseurs. Le concernant c’était sans doute effectivement injustifié. Mais Alec pouvait s’interroger de son propre impact sur cette impression générale. Pour ça, pour le reste, il faisait partie du problème, leur tirait à tous une balle dans le pied.

Avec lenteur, il fini par détacher son regard d’Enzo, tant par honte que par pudeur, parce qu’il n’était pas à l’aise avec ce qui transparaissait, parce qu’il se savait profondément coupable de beaucoup de plaies, parce qu’il ne voulait imposer ses propres sentiments quand là, clairement, ils n’avaient rien à y foutre. Il était l’agresseur. Et l’agresseur écoutait.

« En plus de ça, ça me fait ... »  Mal. Quoi d’autre ?
Une paume en l’air, le bras balayant l’air, il n’y avait pourtant rien à saisir quand la connerie des uns faisait le malheur des autres. « De la peine, vis à vis de Will. Il mérite mieux que ça. »  La pensée aurait pu le surprendre mais Alec n’en était plus là depuis longtemps.

Vous méritez tous bien mieux que ça.

Enzo lui avait un peu parlé de sa famille la dernière fois et Alec ne pouvait qu’imaginer ce que c’était que de savoir son mec relié à ceux qui… n’étaient sans doute pas si loin des siens. Lui-même n’avait jamais imaginé être en couple et il était possible qu’inconsciemment, l’idée de devoir imposer à qui que ce soit ceux qui constituaient sa famille n’était simplement pas concevable. La culpabilité, Alec pouvait alors la deviner.

« Quand je vois la façon dont j’ai été accueilli dans sa famille j’ai honte d’une bonne partie de la mienne. »

La réflexion était venue en parallèle de la sienne, le surprenant presque tandis qu’Enzo se crispait légèrement à ses côtés.
Lui-même s’interrogeait. C’était quoi alors ? L’accueil qui avait été le sien ? C’était quoi, de presque appartenir à une famille « normale »? L’idée le fusillait presque, injuste quand on savait qu’Enzo l’avait perdue, justement, cette famille qui aurait dû être là et le soutenir. Celle dont il n’aurait pas eu honte. Celle qui lui avait appris à être le genre de mecs que… Bah ; que le genre dont il faisait partie, se devait de détester. Plus simple, moins intrusif, plus abordable.

« Et j’en ai un peu plein le cul de cette connerie ambiante, ça me dépasse. Je comprends pas. » Il avait fallu ça pour le forcer à faire de nouveau face, à rappeler le sujet initial, plus précis, moins général. L’homosexualité. Peut être une forme de fuite. Sans doute une réalité plus pragmatique encore, impossible de la lui associer : c’était une chose parmi d’autres. Un « détail » qui fait un être humain, une part de lui, rien de plus. Rien de moins, surtout. Lorsqu’il s’agissait d’envisager ainsi la relation amoureuse – ou autre – de deux hommes.. Alec n’en faisait pas plus de cas. Moins maintenant qu’avant, c’était vrai, mais le problème n’avait jamais été là. Ainsi, si à présent il ne s’arrêtait pas sur le concept même d’une relation de couple entre mecs, mais simplement sur les sentiments et les ressentis de deux humains.. ça n’était pas innocent. Pas plus que la culpabilité qui le perçait de nouveau soudainement. La connerie ambiante était la sienne. Incompréhensible parce qu’elle n’avait simplement pas de raison. Ou plus exactement, si, elle avait chez lui une origine qu’il ne voulait reconnaître comme une genèse réelle car ce serait lui accorder une importance à gerber. Pourtant c’était là. Ça se repaissait de sa culpabilité, bouffait son mal-être, se gaussait de sa cruauté passée. Il faisait partie de cette « connerie ambiante », pire que ça, il donnait par sa propre parole et ses propres gestes une voix à celle du monstre de son enfance. Il permettrait ce qu’il exécrait, blessait ceux qu’il aurait préféré préserver à présent. Bref, il se plantait de cible et devenait l’arme alors même qu’il avait toujours cherché à contrer l’existence même de sa famille. Et pourtant voilà qu’à un moment, et sans vraiment s’en rendre compte, il en était devenu un pur produit. Un instrument. L’idée avait de quoi le rendre dingue et, sur la surface de la bouteille de pur feu, ses doigts se crispaient. « Je comprends pas comment on peut à ce point haïr quelqu’un, en arriver à une telle violence que ce soit dans les mots, parfois les silences ou bien les gestes. Pour … ça. » ça. Ce « ça » qui n’avait rien à voir avec lui, rien à voir avec eux, rien à voir avec toutes ces opinions maladives qui n’avaient rien à foutre dans le quotidien de gens qui n’avaient rien demandé. Ce « ça » pour quoi on tuait, on huait, on brisait. Ce « ça » qui n’aurait dû être que des tranches de vies, des rires et des battements de cœur, du désir et des souffles perdus, des larmes aussi sans doute, comme dans n’importe quelle relation humaines, des cris, mais rien qu’on n’ait besoin de pendre sur la place publique. Ce « ça » qui ne méritait pas de procès, n’aurait dû être que normalité et qui pourtant, se prenait par moment toute la haine du monde. Pour rien. Parce que des gens, un jour, avaient décidé qu’il n’était pas acceptable de s’aimer, de se plaire, de se voir. Parce qu’une société basée sur des normes et des règles usitées pour le bien commun s’était pris un jour d’une soudaine lubie de faire la guerre à l’amour et au désir. Parce que lui, du haut de son mètre quatre-vingt trois de grande gueule avait choisi de suivre. Et de lutter, lui aussi, contre « ça ».
De toutes les guerres qu’il avait menées aux siens, celle-là, il l’avait livrée à leurs côtés.

« Un truc qui ne regarde personne d’autre, qu’importe la forme de la ou les relations. »

Sans le moindre. Putain. De sens.

Car non, cette peur-là, elle est insensée. Cette peur-là, elle se plante de destinataires. Cette peur là, elle est irrationnelle et Alec le savait parfaitement.
Alors oui, bien sûr, il lui avait fallu des années pour s’en rendre compte, des années pour accepter de côtoyer, d’être approché, de faire quelques pas dans un univers qu’il ne percevait à l’apogée de son adolescence qu’au travers du prisme déformé d’un enfant angoissé. Mais en tant d’années à côtoyer les moldus, à traîner dans leurs campus, à vivre en vase clos au sein de Poudlard, il aurait été ridicule d’affirmer que lui-même n’avait pas pu voir et entendre. Il y avait simplement des choses qu’il avait été long à accepter, des yeux qu’il avait peiné à ouvrir, des pas qu’il avait été couard de ne pas franchir. Alec s’était montré lâche, oui, et il en avait conscience. Parce que dire que « c’est pas si simple » aurait été un affront mais qu’il n’y avait rien eu de simple dans la démarche qu’il avait eu à faire. Rien de facile à se remettre en question, rien d’aisé à accepter d’abord Yassen comme ami, puis de changer son regard sur les gens. Mais que ça n’était pas parce que quelque chose était difficile que cette difficulté-là donnait légitimité à se comporter comme une merde. Et une merde il avait été. Avec les inconnus, les amis, les alliés. Il le savait et ne chercherait pas à le démentir.
Ces mots lui étaient adressés tout comme il allaient vers ceux qu’ils méprisaient tous deux avec une rage meurtrière, tout comme ils volaient vers son frère et vers tous ceux qui, un jour, avaient détourné le regard ou l’avaient maintenu trop longtemps, craché les mots, levé le poing. Et Enzo avait raison de ne pas chercher à le préserver, ou à retenir ses paroles. Alec le savait, même si chacune lui faisait l’effet d’une gifle.

Comme avec Caitlyn, des mois plus tôt, il était des choses qu’il devait entendre.

« T’as tout dit. » Aucun contre-argument, aucune volonté d’aller à l’encontre de ce qui avait été dit. Juste le ton rauque de sa voix. Pire, il était d’accord avec ça. Alors avait-ce toujours été le cas ou avait-il changé d’avis en cours de route ? Plusieurs années plus tôt, lorsque le rejet amenait à la violence, avait-il conscience du mécanisme sous-jacent ? En était-ce seulement la raison ?
Alec avait parfaitement conscience du nombre de fois où il avait simplement fait payer aux autres les années passées auprès de sa famille. Qu’il s’agisse des violences parentales ou de l’abandon de sa sœur, il savait parfaitement qu’il lui était arrivé de rentrer dans le lard de types simplement pour relarguer ce qui pourrissait à l’intérieur. Sur ce sujet, il n’avait pas été différent. Durant de nombreuses années, le garçon n’avait fait qu’esquiver ce sujet, le nier, refuser de l’évoquer. Ainsi, il avait cru que ça n’existerait pas, que ses opinions n’étaient rien d’autre que les siennes, que personne n’influençait la manière dont il pouvait se comporter. Il avait cru, naïvement, ne pas leur donner le pouvoir de ce qu’il était. Sauf que chez lui, le terme de phobie n’était pas si mal-adapté que ça.

Les mots restaient coincés dans sa gorge, incapables de trouver un ordre correct ou de trouver le chemin de la sortie.
Pour se donner une contenance ou pour débloquer ce qui coinçait, Alec se racla la gorge, soupira, fit rouler les muscles de son dos sans véritablement noter la tension dans laquelle ils avaient fini par se nouer.

« C’est pas de la haine. » Il ne l’avait pas regardé pour dire ces quelques mots, n’aurait pas pu. Le regard porté sur les collines, les doigts légèrement crispés sur le verre de la bouteille, Alec la porta de nouveau à ses lèvres pour se donner une contenance et en vida quelques gorgées. La première, pour s’occuper les mains, les autres, parce que son corps les lui exigeaient avec une fureur familière. C’est pas de la haine. C’est de la peur. C’est une putain de peur panique. Les paupières baissées, une goulée d’alcool coincée dans les joues une seconde, Alec fit descendre l’ensemble dans une grimace. Le feu dans la gorge, une bourrasque dans la poitrine. Ouais. C’est pas d’la haine. Mais on s’en fout, quand le résultat est là.

Il est des jours où il faut poser ses couilles sur la table.. et trouver le courage d'être humble et correct, même quand ça veut dire admettre qu'on a fait des putains d'erreurs. Surtout quand ça veut dire admettre ce genre de choses, d'ailleurs.

« Écoute.. Je suis désolé. Pour ce que j’ai pu dire, ou faire. J’ai été un connard. » Vraiment. Et des plates excuses, ça n’arrivait pas si souvent que ça chez les Rivers. A vrai dire, il lui semblait parfois être le seul à initier le concept, sa sœur mise à part. « D’autant plus si je le suis de nouveau à l’avenir. » ‘ Mais il s’est passé ce qu’il s’est passé ‘?  ça aurait pu. Ça aurait tout à fait pu être ses paroles.  Mais malgré toute la colère et le rejet qu’il y avait eu, Alec avait entendu ce que Caitlyn lui avait dit, sur un tout autre sujet dans un tout autre contexte. Il avait alors prit conscience qu’il était seul responsable de ses mots, de ses gestes, de ses choix. Qu’importe ce qu’il y avait eu en amont. Et sur ce problème-là, l’intrication malsaine entre les deux sujets ne lui échappait plus. « Ya un problème effectivement, et le problème c’est pas vous. Ça a jamais été vous. » Doit-on réellement le verbaliser ? Encore ? En 2016 ? Putain t’as pas idée. « Et je fais partie de ce problème. » Nouvelle gorgée. Une, deux, trois. Et dans son crâne, des flashs, l’envie de se dédouaner, de fuir la responsabilité, de ne pas s’y confronter et de basculer de nouveau dans la facilité d’accuser les autres. « T’as payé.. pour ce que d’autres ont fait. Et ça, non seulement c’est dégueulasse, mais c’est ma seule responsabilité. » ‘Ce que d’autres ont fait’, ces mots n’échappaient pas à sa conscience, l’amenant à boire quelques autres gorgées avant de tendre la bouteille à Enzo. « Reprends ça, j’vais finir torché sinon. » On trouve du courage là où on peut. Et admettre avoir été une sous-merde n’est jamais des plus agréable, surtout quand c’est fait en toute honnêteté et sans échapper à son propre jugement.
Alec y avait déjà beaucoup pensé ces dernières semaines… ces derniers mois, pour être honnête. Il avait cessé de fuir, avait dû faire face sans toujours y arriver. Il tentait d’avancer sur le sujet, s’était retrouvé confronté à ce qu’il avait vécu, ce qu’il avait accepté de faire enfant et ce qu’il avait fait par la suite. Les mots étaient sortis auprès de Caitlyn, ne rencontrant que le silence. Puis avec Warren, sans meilleur résultat. Aujourd’hui, il ne cherchait pas à en parler, n’avait pas l’égoïsme de penser que c’était lui, le sujet, quand il n’était pour l’heure que le bourreau. Simplement, avant, il n’aurait fait qu’esquiver le sujet, l’aurait tourné au ridicule – au mieux – à la fuite ou la violence.

« J’suis très mal placé pour juger qui que ce soit. » Ni lui ni son frère ni son couple ni quoi que ce soit de plus ou moins associé. Ce qu’il avait fait, pourtant. Une autre forme d’excuses. « Et de toute manière ça me concerne pas donc c’est juste pas mon rôle… c’est un truc que j’effacerai pas comme ça. » Ce qu’il avait pu dire ou faire laisserait des traces et si les excuses étaient un premier pas, Rivers savait qu’elles n’étaient rien de plus. Et qu’Enzo n’était même pas tenu de les accepter. Ce qu’il avait imposé aux autres ne s’effacerait pas, c’était ainsi. Ses mots devenaient confus, brouillés par le martellement brutal de son myocarde qui s'affolait à l'idée de ce qui pourrait advenir si Enzo traduisait de la bonne manière les quelques mots échappés un peu plus tôt. Être en position de faiblesse n'avait jamais été son fort et le fait était que leurs conflits passés n'étaient pas si lointains. Et qu'il savait Enzo apte à entendre le sourd martellement qui fusillait ses veines.  Inspiration retenue une seconde, expiration sèche avant de reprendre. ça n'avait qu'à peine duré, tellement retenu que c'en était peu perceptible, du genre qu'un autre n'aurait sans doute pas noté mais que lui entendrait, il le savait. Et dire que ça le faisait chier serait grandement sous-estimer la réalité.
« Je le redis, je suis réellement désolé. J’aimerai faire mieux. J’suis pas sûr d’y arriver mais j’aimerai. » Sans doute ces derniers mots étaient-ils rendus plus sincères et pragmatiques par l’alcool. Non, il n’y arriverait peut être pas, mais depuis des semaines, Alec cherchait profondément à s’affirmer, à marquer sa loyauté là où elle devait aller et à cesser ses conneries d’auto-destructions imposées aux autres. Ça n’était pas parfait, c’était même franchement laborieux par moment et martelé de loupés évidents et de paroles maladroites, mais c’était là. « Et j’t’ai jamais haïs. Et certainement pas pour ‘ça’. » Il savait ce que c’était que de haïr. Tous deux en avaient profondément conscience. Alors non, entre eux, ça n’avait rien à voir. Des conneries d’ados, d’égos, de nanas. Des conneries, tout court. Mais on apprend avec le temps, on grandit, on fait face, on fait volte face parfois et l’ennemi d’hier devient l’allié d’aujourd’hui. Il y a alors bien des coups bas à dépasser, des excuses à présenter et des regards à affronter. Ainsi les yeux d’orage avaient trouvé les prunelles d’automne.

« J’espère que ça s’arrangera avec ton frère. J’comprends que ce soit dur à vivre pour tous les deux. »

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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Mar 9 Aoû 2022 - 13:40
« T’as tout dit. »

Je sais pas, sans doute. J’en sais rien et toi t’as des putains de trucs coincés dans la gorge. Ça se ressent dans son attitude, dans la voix un peu étranglée comme si elle avait du mal à sortir, quelques gestes qui trahissent sa nervosité ça et là. Sans parler de ses battements de cœur, plus vifs.
Je ne suis pas certain de bien comprendre ce qui est en train de se passer ici, de comprendre ce qui peut le mettre dans cet état là parce que ça contraste avec le type que j’ai toujours connu c’est assez clair.

« C’est pas de la haine. »

Tout ça tu l’as pris pour toi, pas vrai ? Pourtant c’était pas spécialement le but, je crois que j’avais juste besoin de cracher ce truc qui ne me hante pas mais me tient à cœur. Pas autant qu’à Liam, chez lui c’est devenu un truc bien plus fort, plus personnel, et quand on en connaît les raisons on le comprend. Perdre la personne qu’on aime au nom de cette haine, comment on excuse ça ? C’est simple, on ne peut pas. Je crois même qu’on ne doit pas. Ces pourritures sont là dehors à vivre leur vie de nouveau et ça file la gerbe quand on sait que les victimes, ceux qui restent, celui qui reste, doit vivre avec cette idée. Il a réussi à se reconstruire et putain il peut être fier de ça, de lui, mais j’admire son self control. Dans le fond c’est lui qui a raison, ça ne veut pas dire que c’est facile pour autant. Je pense même que c’est bien plus difficile de rester à sa place et accepter, avancer, que de foncer dans le tas pour faire justice soi-même. Comme moi j’ai pu le faire par le passé. J’aime à penser qu’aujourd’hui les choses seraient différentes, que j’ai bien plus de recul et de maîtrise de mes émotions.

Pas envie d’avoir à le découvrir.

« Écoute.. Je suis désolé. Pour ce que j’ai pu dire, ou faire. J’ai été un connard. » Ça sort presque violemment et si j’en suis pas à sursauter j’ai cet infime mouvement de recul qui ne se perçoit pas « D’autant plus si je le suis de nouveau à l’avenir. » Le rire qui m’échappe est bref, amusé, alors qu’il semble se noyer dans le Pur Feu « Ouais alors les excuses ça marche pas si t’envisage déjà de recommencer. » Mais tu vois le truc c’est que j’ai jamais rien attendu de toi alors sérieux, pourquoi tu te mets dans cet état-là ? Sur quoi j’ai appuyé pour que ça grésille à ce point en toi ? La rédemption je connais, moi aussi j’ai été un connard même si t’as l’air d’avoir toujours vu en moi que l’opposé de cette image que t’as de toi « Ya un problème effectivement, et le problème c’est pas vous. Ça a jamais été vous. Et je fais partie de ce problème. » Les personnes qui comme toi ne voient pas ou ne voyaient pas qu’effectivement c’est un problème de traiter les autres différemment et brutalement parce qu’ils n’ont pas la même façon de vivre.

« T’as payé.. pour ce que d’autres ont fait. Et ça, non seulement c’est dégueulasse, mais c’est ma seule responsabilité. »

D’autres ? Là encore c’est le trou noir, le flou le plus complet, comment est-ce que d’autres pourraient être responsable des crasses qu’il a pu dire ou faire à moi comme à d’autres. Je ne remets rien en question, j’essaie juste de comprendre, de faire la part des choses avec mon propre regard sur une globalité qui me semble de plus en plus lointaine. Parce que non, ça n’a rien de général là tout de suite.

« Reprends ça, j’vais finir torché sinon. » J’attrape la bouteille sans ciller, la garde entre mes doigts et le quitte du regard une seconde pour porter mes yeux au plus loin. Un truc m’échappe, clairement, mais ce qui me semble évident c’est la mélasse dans laquelle il a l’air de s’embourber. Je pourrais m’en foutre, c’est pas le cas, pas mon genre. Un truc qui me joue des tours d’ailleurs parfois « J’suis très mal placé pour juger qui que ce soit. Et de toute manière ça me concerne pas donc c’est juste pas mon rôle… c’est un truc que j’effacerai pas comme ça. » Il me perd, j’vais pas mentir, mais c’est une putain de détresse dont je ne sais pas quoi foutre qu’il m’inspire « Je le redis, je suis réellement désolé. J’aimerai faire mieux. J’suis pas sûr d’y arriver mais j’aimerai. » Je n’y perçois que de la sincérité dans ces mots hachés par un cœur qui fait beaucoup trop de bruit. Ça claque, ça cogne, pas besoin de vraiment l’analyser pour voir la crispation de ses mâchoires et ses épaules tout aussi tendues. Ce qui se passe ici c’est un truc qui le ronge du plus profond des entrailles et j’ai pas la moindre foutu idée de ce qui se passe, ce qui a pu déclencher ça. Certains penseraient peut-être qu’il accepte enfin des trucs qu’il a rejeté toute sa vie et ça pourrait mais j’entrerais pas sur ce terrain-là.

« Et j’t’ai jamais haïs. Et certainement pas pour ‘ça’. »

En d’autre circonstances j’aurai sans doute sorti la carte de l’humour, je lui aurai balancé un p’tit tacle pour détendre l’atmosphère ou simplement par habitude. Pas cette fois. Le sérieux qui plane au-dessus de nous tremble de ces maux et j’ai pas la tête à ça alors c’est le silence que je choisi. L’attention mutique que je lui porte depuis quelques secondes, des minutes peut être alors que la campagne Irlandaise nous ignore et continue de vivre sa vie. J’ai jamais pensé qu’il me haïssait, je crois que j’ai simplement jamais essayé de poser des mots ou quoi que ce soit pouvant qualifier notre « relation ». On ne s’entendait pas, point. Pour des raisons complètement idiotes en plus de ça, en apparence au moins.

« J’espère que ça s’arrangera avec ton frère. J’comprends que ce soit dur à vivre pour tous les deux. » Will et moi ? Tu sais quoi le pire dans tout ça c’est que c’est sûrement pas plus le bonheur pour Derek. Il s’isole, se met en tête que je vais l’abandonner … Enfin c’était le cas mais je pense avoir réussi à le rassurer. J’irai nulle part, physiquement oui peut être mais il est et restera mon frère, mon sang, quelqu’un sur qui je ne tirerai jamais un trait. Ce serait fait depuis longtemps si ça avait dû être le cas parce que ce que je lui ai pardonné … Certains jours je me demande encore comment j’ai réussi à faire ça « C’est mieux, clairement. J’attends pas de lui qu’il aille contre qui il est non plus. Tant qu’on reste dans un respect mutuel ça va. » Et c’est le cas. L’indifférence est présente c’est une certitude mais je me dis que c’est sans doute un moindre mal. Une certaine forme de violence malgré tout mais bien moins difficile à gérer qu’un truc qui pourrait nous amener à nous déchirer encore une fois. Il se passerait quoi si je devais choisir entre l’un ou l’autre ? Même s’ils ne s’aiment pas – et je ne blâmerai jamais Will pour ça tant les raisons de cette inimitié sont évidentes – aucun des deux ne m’a jamais demandé un truc pareil « Mais merci. » Bouteille à demi levée comme pour accentuer les mots par le geste. Ça n’a pas tellement de sens, c’est surtout un réflexe.
Les landes sont calmes, le type restés dans une ruelle du petit village en contre-bas m’est sorti de l’esprit. Je ne sais pas si c’est pour atténuer, contraster avec la nervosité de Rivers mais je me sens tranquille. Le silence s’installe quelques secondes, le verre tinte contre la roche quand j’y dépose le Pur Feu et passe mes mains sur mon jean sans y prendre garde avant de les frotter l’une contre l’autre. Dans le lointain un troupeau de moutons se déplacent, j’en entends quelques-uns s’exprimer sans s’imaginer que le grand méchant loup s’est posé quelque part sur leur territoire. Une pensée qui me fait sourire.

« Excuses acceptées. » Si ça peut te soulager, si t’as besoin de ça pour continuer à avancer dans cette direction. La bonne selon mon point de vue mais tout comme toi qui je suis pour juger ? Je sais que j’avais pas besoin de t’entendre dire ça, que j’apprécie mais que j’aurai pu faire sans. Rien d’arrogant, de condescendant ou dénigrant, pas d’indifférence non plus, juste le fait que tu n’as pas suffisamment eu d’affect sur moi pour réellement me faire souffrir c'est tout. Puis peut être que j'avais simplement la trempe nécessaire pour supporter tout ça.

Et que le passé c'est le passé.

« Tu veux en parler ? » De ce truc qui te bouffe les sangs bien plus que la culpabilité « Parce que ça m’a l’air bien plus lourd que de simplement dire pardon a un type que t’as fait chier et en plus de ça pas tant pour sa sexualité. » Une approche en douceur, un truc qui lui laisse la possibilité de s’exprimer s’il en a envie ou besoin. Une porte ouverte tout simplement.
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Enzo S. Ryans
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Ven 12 Aoû 2022 - 4:09

 12 Aout 2016


ça n’a pas de sens tout ça. Ça ne devrait pas en avoir. Comment aurait dit sa mère déjà ? Ah oui. ‘Une association d’idée malheureuse’. Et malheureuse elle l’était. Elle n’avait même strictement aucune raison d’être, en soit, mais s’inscrivait dans un contexte plus généralisé. Grandir en société c’est être imprégné de ses opinions, de ses dérives, de ses tors. C’est aussi apprendre à se forger sa propre opinion et accepter que toute influençante soit-elle, rien ne nous excuse d’être influençables. C’était bien là la conscience acerbe du jeune homme. Ce qu’il avait dit ou fait n’était rien d’autre que sa propre responsabilité, circonstances atténuantes ou non. Lui qui avait toujours cherché à aller à l’encontre des pensées généralistes de sa famille, amusé d’être celui qui « pose problème », qui refuse chaque once de ce système avait pourtant eu la facilité de prendre pour argent comptant certaines pensées qui lui avaient semblé normales avant d’être remises en question à Poudlard. A celles-ci s’ajoutaient alors une angoisse toxique et mal associée. La changer en colère et la rejeter sur les autres avait simplement été plus simple que d’affronter ses propres démons et de comprendre que la peur ne venait de personne d’autre que lui-même. Non du vécu, non des autres et certainement pas d’un risque réel. Juste de lui.
Alec n’avait simplement jamais parlé de ça avant l’épisode de la salle des illusions qui l’avait forcé à faire face à cet évènements et aux projections que Logan avait fait apparaître dans le château durant une nuit d’octobre. Rétrospectivement, il y avait de quoi s’interroger sur le but, à long terme, d’une telle action. Connaissant l’homme et conscient que ce cheminement avait joué énormément sur sa capacité à cacher les informations que les Supérieurs cherchaient à lui soutirer, Alec se demandait parfois si tout ça n’avait pas été anticipé sur de nombreuses années. Une idée qui lui donnait simplement envie d’écraser la gueule de son cousin dans un mur. Pour autant, ces évènements lui avaient permis d’avancer vers l’aptitude à faire face, à cesser de se liquéfier face à l’image même du monstre de son enfance. Un premier pas, donc, suivi de nombreux autres.

Un pas dérisoire, sans doute.

« Ouais alors les excuses ça marche pas si t’envisage déjà de recommencer. » Réponse légitime et absurdement blessante. Ainsi si Alec acquiesçait ; conscient que la réflexion était juste, il lui fit également signe de le laisser poursuivre.

C’était vrai. Faire de la merde pour espérer qu’en quelques réponses tout soit effacé était non seulement insensé mais profondément insultant. Que valait alors l’impact des actes s’ils pouvaient être renouvelés sans cesse ?! Pourquoi accepter une telle chose ?
Pas de réponse. Que ce soit Enzo ou un autre, rien n’impliquait de réellement l’excuser et ces excuses, effectives comme anticipées n’attendaient pas à ce qu’on les comprenne ou qu’on les entendent. Encore moins qu’elles comptent ou soient acceptées. Ça… ça ne lui appartenait simplement pas. Mais ce qui suivrait si. Encore une fois, Alec était seul responsable de ses actes ou de ses mots. Il suffisait donc, maintenant qu’il avait conscience d’impact de ses actes, de … cesser. Tout connement. Tout foutrement de connement. Sauf que son anticipation n’avait pas pour but de se dédouaner, c’était bien plus cynique que ça. Alec savait qu’il pouvait vriller, il avait trop souvent fait face à ses souvenirs pour ignorer l’état d’anxiété ou de panique brutale qui l’emplissait parfois. Alors oui, dans ce contexte, il savait qu’un mauvais jour, quelques mauvais mots, une mauvaise association de pensées et il pourrait avoir un geste de rejet. Pas que ce soit juste. Pas que ce soit acceptable. Pas que ce soit excusable. Mais ça restait une possibilité contre laquelle il s’emploierait à travailler.

Il y avait simplement là une démarche d’honnêteté.
Et sans doute, oui, un travail de rédemption. C’était con sans doute. Après tout, ça n’était pas lui le sujet et tout du long, Alec avait cherché à ne surtout pas l’être. Pourtant, oui, si ces excuses étaient sincères, elles étaient peut être plus importantes pour lui que pour Enzo. Qu’il n’en ait pas besoin était une bonne chose. Qu’il ait eu les épaules, d’autant plus. Mais ç’aurait pu ne pas avoir été le cas. Ça ne l’avait pas été pour d’autres, sans doute.

« C’est mieux, clairement. J’attends pas de lui qu’il aille contre qui il est non plus. Tant qu’on reste dans un respect mutuel ça va. » 

Acquiesçant en silence, Alec ne pouvait s’empêcher d’éprouver une forme de peine pour cette situation. Mais si de paroles de concernés, « ça allait ».. alors il n’y avait rien de plus à en dire. Un jour peut être l’équilibre serait différent et William serait davantage accepté par Derek. Alec le leur souhaitait.

« Mais merci. »  L’ancien Serpentard eut un léger rire amusé lorsqu’Enzo leva la bouteille tout en parlant. Pas grand-chose à trinquer dans l’histoire.
Pas qu’il y ait quoi que ce soit d’amusant d’ailleurs mais sans doute était-ce une manière de dissimuler le malaise engendré chez lui par cette conversation.

Ça le rendait simplement dingue qu’une chose qui n’avait pas de rapport immédiat puisse à ce point interférer dans sa vie, son rapport aux autres ou son comportement général. L’idée qu’il ait pu associer l’inassociable et donner le pouvoir aux actes d’un pervers de contrôler celui qu’il était devenu avait de quoi le faire gerber. Pour lui ou pour les autres, qu’importe, il n’y avait rien d’acceptable dans cette histoire et de ça, il était coupable. Comme si ses propres échecs d’enfants ne suffisaient pas, s’ajoutaient à eux ceux de l’adulte.

Si Enzo observait la plaine, en captant les allées et venues et le doux murmure de la vie au loin, Alec se fermait au présent comme au passé, profitant seulement de ce moment de silence et d’un sujet éloigné de sa personne pour respirer et apaiser ce qui bouillonnait dans son esprit. La vérité, c’était que malgré la brûlure dans sa gorge et le doux vertige dans ses neurones, seule la bouteille lui semblait pour l’heure la meilleure des amies. Un fond d’alcoolisme, sans doute. Comment s’en étonner quand il buvait quasiment quotidiennement depuis la pré-adolescence sans trouver le moindre intérêt de lever le pied ?

« Excuses acceptées. »  Pas sûr de savoir comment réagir ni même ce que ça lui faisait, ni si c’était important, mais il y avait là une bonne chose, voilà tout ce qu’Alec percevait clairement. Une manière de refermer une période à laquelle il n’avait personnellement plus envie de s’associer volontairement. Pas que le passé puisse être effacé et pas qu’il le renie. Bien au contraire, il y avait dans cette conversation une manière de sceller un accord nouveau pour accepter qu’effectivement ‘le passé, c’est le passé’. Si l’adage était clair pour Enzo, il l’était beaucoup moins pour un Alec bien plus enclin à vivre noyé par ses souvenirs et ses erreurs.

De nouveau, un pas en avant. Pour arrêter d’être ce type qui fait payer aux autres ses erreurs, ses affronts, ses traumas. Encore une fois, comme souvent, Enzo semblait plus au clair avec ces sentiments-là. Plus mature sans doute. Plus apaisé. L’idée l’énervait toujours autant mais l’ancien Gryffondor avait cessé d’être la cible de cette colère-ci.

« Tu veux en parler ? » Un coup au plexus et l’espoir que ces quatre foutus mots ne faisaient pas référence à ce qu’il imaginait.  « Parce que ça m’a l’air bien plus lourd que de simplement dire pardon a un type que t’as fait chier et en plus de ça pas tant pour sa sexualité. »  Le rire revint, secouant son thorax pour s’évader d’un souffle sec lâché sur la plaine. Les épaules abaissées, le dos droit, le torse sorti, le menton haut. Et un léger tressaut du genou venu gâcher toute la fausse représentation du type à l’aise. Bien sûr qu’il était crispé. S’il y avait bien un  truc qu’il n’imaginait pas raconter à Enzo, c’était bien ça. Pourtant, étrangement, au fil des mois, leurs conversations s’étaient approfondies. A leur manière et malgré les impairs, une sorte d’équilibre s’était installé entre eux, assez serein et stable pour leur permettre d’aborder des sujets difficiles pour l’un ou pour l’autre. La manière de faire, l’humour et le sous-texte le soulageaient justement ici. Pourtant..

« A quoi bon ? » Souffla Alec en attrapant de nouveau la bouteille pour la déboucher. « ‘Ya des trucs que j’peux pas balancer comme ça au gars dont les histoires passionnelles avec les gargouilles mériterait deux ou trois romans pour ménagères en manque de sensation... » Un sourire de con, la bouteille levée comme pour trinquer à cette soirée qui lui semblait pourtant si lointaine à présent. « Hey j’ai pas dit qu’te lâchait avec l’intégralité de ta sexualité » Le rire avait claqué joyeusement, résonnant entre eux et allégeant ce qui s’était muré d’angoisse en lui. Il avait fallu bien des vannes envoyées l’un à l’autre pour que le cadenas ne s’ouvre de nouveau. Et quelques autres conversations légères pour que le courage et l’envie reviennent. L’envie. Ouais. Peut être un peu fort comme terme. Mais c’était venu. Comme un truc qui ronflait en arrière plan, une onde lointaine doucement stabilisée à mesure que le temps passait et que les sujets s’égrenaient. Et puis, soudainement, après que le silence les aient happés depuis un moment et que les deux eurent déconnectés quelques instants, sans doute absorbés par les moutons qui paissaient non loin, c’était venu. La bouteille en équilibre au bord de son genou, le regard ailleurs.

« Mon paternel est violent et la génitrice… pire. » Pas d’émotion dans ces mots. Le mépris était là, recouvrant la totalité des sentiments qui seraient légitimes les concernant.  « Faut dire que l’enfance, ça a dû être particulier pour elle je pense. » Pourquoi prendre cet angle ? Ça faisait des semaines qu’Alec y songeait, presqu’étonné de s’intéresser à ce que ces gens qu’il haïssait de toute son âme avaient pu être plus jeunes. Peut-être une manière d’éviter de se passer, lui, comme la victime. D’oublier, ne serait-ce qu’un peu, ce qui s’apprêtait à sortir de cette voix rauque et lourde qui était la sienne à présent. Un orage lointain qui roulait depuis sa poitrine pour gronder sur les landes, échappé hors de sa cage. « Son frère.. mon oncle.. disons que c’est pas le genre de gars que je laisserai dans une salle avec une gosse. Ou un gosse. »

De nouveau, le bouchon de la bouteille sautait et Alec en prélevait quelques gorgées sans lâcher des yeux l’herbe qui ondulait par endroit. Il y avait un vide dans son esprit, quelque chose qui y bourdonnait en sourdine. Qu’importe. Personne ne réagissait lorsqu’il larguait ces mots-là. Alors qu’importe.

« L’association est merdique et insultante, je sais. Mais c’est pas l’genre de choses qu’on capte quand on a cinq piges. » Nouvelles gorgées.

Certes. Mais à quinze, davantage. Il le savait, mais sa capacité d’excuses vibrait sous le vrombissement dans son esprit qui lui enserrait le cœur et la poitrine.
En lâchant un souffle, Alec se redressa légèrement jusqu’à poser la bouteille devant lui, l’avant bras sur sa cuisse. Il dégluti, souffla de nouveau.

Voilà. Tu l’as, ce truc « bien plus lourd ». Ce truc qui me bouffe la gueule et dont je sais jamais vraiment quoi faire. Cette merde que je maîtrise pas et qui me fait vriller à un point que t’imagines pas. Ça me défini pas, ça me contrôle pas, ça… enfin du moins ça serait bien que ça ne le fasse plus.
Ce genre de choses s’apprend, je suppose.
Comme de pas flipper que l’ancien gars qu’on a emmerdé se serve de ça contre soi, sans doute.


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Alec Kaleb Rivers
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Jeu 18 Aoû 2022 - 18:55
« A quoi bon ? » J’en sais rien, à toi de me le dire. Ou de ne pas le faire. Ton choix « ‘Ya des trucs que j’peux pas balancer comme ça au gars dont les histoires passionnelles avec les gargouilles mériterait deux ou trois romans pour ménagères en manque de sensation... » Si lui choppe la bouteille moi je lâche un rire bref en levant les yeux au ciel. Encore une fois je me dis qu’à une époque j’aurai été piqué au vif simplement parce que ça vient de lui. Qu’importe ce qu’il aurait pu me dire je l’aurai mal pris, p’tit con trop susceptible et si peu sûr de lui. Tout ça me semble si loin, presque une autre vie, je me dis que c’est sûrement une bonne chose « Hey j’ai pas dit qu’te lâchait avec l’intégralité de ta sexualité » Sourire sur le coin des lèvres, la tête qui bouge de droite à gauche, de gauche à droite avant de relever le menton comme les sourcils « Alors déjà c’était pas DES mais UNE. La noie pas dans la masse s’il te plait, elle mérite mieux. » Cette pauvre gargouille. La vérité c’est que de cette soirée j’en ai que des bons souvenirs. Pas nombreux, certes, mais tous bons. J’avais le cœur en vrac de m’être fait larguer comme une merde – ouais, déjà à l’époque je gérai pas bien les ruptures mais faut dire que se faire tej à cause de ce qu’on est c’est un peu compliqué à digérer. Bref, je noyais ma frustration et ma tristesse dans l’alcool en faisant l’équilibriste sur les toits, un truc très intelligent mais personne n’a jamais dit que j’avais toujours eu que des bonnes idées. Cameron était là, je suppose que je me sentais en sécurité. Ou alors j'en avais simplement rien à foutre.
Perdu dans ces souvenirs je comprends surtout que tout ça n’est rien de plus ni rien de moins qu’une pause, un truc pour parer la lourdeur de ce qui coure vraiment sous la surface. Chez lui, pas chez moi. J’ai pas la moindre idée de ce que ça peut être, même si je connais une partie de sa vie et que je sais dans quelle merde il se trouve j’ai pas l’impression que ça vienne de là. Surtout, je cherche le rapport avec son comportement homophobe et la vérité c’est que j’appréhende ce qui va suivre.

« Mon paternel est violent et la génitrice… pire. » Si lui regarde droit devant moi c’est son profil que je dévisage. Sourcils froncés. Le ton se veut neutre mais le mépris transparait, je peux distinguer une légère crispation de sa mâchoire. Ça n’est pas de la pitié que je ressens, pas vraiment de l’étonnement non plus parce que je sais la violence de ce monde auquel j’ai eu la chance d’échapper en partie. Pourtant, et parce que j’ai grandi dans la tendresse et l’amour inconditionnel de mes parents, j’ai du mal à réellement percuter ce que ça implique. Ma naïveté sur le sujet n’est pas nouvelle, c’est comme si je découvrais ce schéma chaque fois qu’on me parle de parents abusifs ou qui ne remplissent pas le rôle que j’ai dessiné dans mon esprit les concernant « Faut dire que l’enfance, ça a dû être particulier pour elle je pense. » Une pensée pour Eleanor, pour ma mère avant elle qui a décidé un beau jour de tout plaquer pour s’enfuir à l’autre bout du monde. C’est déjà difficile pour les héritiers, je sais que ça l’est d’autant plus pour les héritières et je suis probablement loin du compte « Son frère.. mon oncle.. disons que c’est pas le genre de gars que je laisserai dans une salle avec une gosse. Ou un gosse. » Je ne sais pas si je percute tout de suite, je me vois bloquer sur le bouchon de la bouteille qui saute et ses mouvements sans être capable de dire quoi que ce soit. Il y a des horreurs qu’on n’imagine pas, qu’on n’est pas prêt à imaginer, à envisager, qu’on a même jamais effleuré. Mon esprit n’est pas calibré comme ça, comme si malgré tout ce que j’ai pu vivre il était encore préservé de certaines atrocités. Alors là, les yeux posés sur lui, je sens mon cœur qui s’emballe et une sorte de panique qui s’installe. A 19 ans, bientôt 20, je découvre encore le monde il faut croire et la claque est bien réelle. Elle est brutale. Ensuite tu te dis qu’il ne faut pas que ton regard change sur l’autre, qu’il a pas besoin de ça, tu te demandes aussi si t’as bien compris, si c’est pas juste un mauvais détour que t’as pris. Mais quand tu mets les pièces du puzzle bout à bout, quand tu les imbriques les unes dans les autres, tu sais que non … C’est bien le bon chemin sur lequel tu marches.

La lenteur avec laquelle je tourne la tête pour poser mon regard sur le paysage me semble inappropriée, mon silence me semble inapproprié, le souffle que je repends tout autant. La vérité c’est que je n’ai pas de repère, que mon esprit a du mal à ne serait-ce accepter cette réalité. Une sorte de blocage se forme, un rejet clair et net de sortir Alec de son statut de connard pour le poser en victime parce que ça me semble simplement surréaliste « L’association est merdique et insultante, je sais. Mais c’est pas l’genre de choses qu’on capte quand on a cinq piges. » Il est violent le frisson qui me glace le sang et descend le long de ma colonne vertébrale, comme si une part d’innocence que je ne soupçonnais pas avoir encore s’envolait avec fracas.

Les deux mains passées sur le visage comme si ça pouvait m’aider à y voir plus clair tout ce que j’arrive à formuler c’est un « putain de merde » étouffé par mes mâchoires serrées.
Le réflexe est étrange, celui de visualiser le visage de mes trois oncles. La nausée se pointe, le dégoût avec, sans doute une part de colère parce que même si c’est un adulte que j’ai à côté de moi aujourd’hui il a été l’enfant qu’on a brisé. Il l’est toujours. Et moi j’étais pas prêt à le voir comme ça c’est vrai, alors je sais pas vraiment quoi foutre de cette confession. Le silence s’installe et j’ai pas envie de le faire durer même si je ne sais pas vraiment ce qu’il attend de moi. Rien sans doute, je ne sais pas, à ce stade j’encaisse comme je peux tout en essayant de démêler mes ressentis parce que mes propres émotions là tout de suite on s’en fout pas mal. De la culpabilité ? Non, des tas de choses pas ça, comment j’aurai pu savoir ? Rien n’a été déplacé dans mon comportement vis à vis de lui parce que mes intentions n’ont jamais été … Elles n’ont jamais cherché à reproduire ce que ce salopard lui a fait subir. A lui, à d’autres peut être, j’ai vraiment l’impression de tomber de trois étages pour me prendre la vie en pleine gueule alors que je pensais en avoir vu toutes les atrocités.

L’arête du nez pincée entre le pouce et l’index de ma main droite je laisse l’air quitter mes poumons dans un long et profond soupir. Quelques instants après mon bras retombe sur ma cuisse et je porte mon regard au plus loin. Pas parce que j’évite de le regarder, juste parce que là tout de suite le paysage Irlandais me sert de port d’attache « Pardon, y a rien de juste qui me vient. » La vérité, tous simplement. On est censé dire quoi dans ces cas là ? J’ai pas les clés pour ça, au fond je crois que personne ne les a vraiment. Juste un sous titre : J’voudrai pas faire d’impair. J’voudrai pas te blesser. Pas envie non plus que tu décharges sur moi quoi que ce soit parce que je le sais, on peut devenir très con quand on a la sensation de se montrer trop vulnérables toi comme moi. Pas vrai ? C’est pas que j’ai peur, juste que j’ai pas envie que ça s’envenime parce que c’est tellement pas le moment. Parce que je me connais, je sais que je ne serai pas forcément capable de rester de marbre si tu m’agresses. Parce que la violence peut s’installer et escalader très vite les strates sur lesquelles je n’ai pas envie de la voir s’inviter là tout de suite.

L’envie de fuir et celle de bien faire, de faire au mieux, juste d’être là pour pas le laisser avec le poids de ce qu’il vient de lâcher, voilà ce qui se castagne dans ma tête. J’imagine pas la force et le courage qu’il faut pour avouer un truc pareil, même pas une seule seconde. J’en ai moi aussi des secrets bien lourds mais ça ? On fait comment pour se construire là dessus ? On le fait de travers c’est ça ? « Je ... » Mes deux mains vont se croiser derrière ma nuque, tout autant de gestes nerveux que je ne contrôle pas, qui sont là sans doute pour permettre à mon esprit de souffler. A nouveau je laisse retomber mes bras et cette fois c’est sur mes cuisses que mes doigts se croisent « J’suis désolé que t’aies eu à souffrir autant de la part de ceux qui étaient censé te protéger et te préserver. » Que t'en souffre encore, même si t'es sûrement plus blindé.

La tête baissée, l’intérieur de la joue coincée entre mes canines sans forcer, je tourne finalement le visage vers lui. Pas de pitié, juste de la sincérité.

Et j’veux pas non plus que tu crois que je ne suis plus capable de te regarder.
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Enzo S. Ryans
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Ven 19 Aoû 2022 - 18:47

 12 Aout 2016


Ce ne sont que des mots. Des sons. Rien que des syllabes, des ondes envoyées dans les airs. Pourtant ces ondes avaient la puissance de séismes. Ces ondes, elles lui défonçaient les nerfs, s’infiltraient dans ses muscles et les figeaient d’une crispation glacée. Ces mots, c’étaient des plaies à vif, des entailles nues, des pensées coupables. Ces mots avaient signé le départ de sa sœur, la solitude de ses journées, la lutte acharnée d’un môme délaissé. Ils étaient les cauchemars de ses nuits, la culpabilité de son existence, l’impossible pas à franchir. N’aurait pas été le même si rien de tout ça ne s’était passé, si ces lettres ne se nouaient pas dans sa gorge pour marquer au fer rouge sa chair. Il était l’enfant de l’infernal. Fouetté par incandescence, insulté par l’ignorance de tous ces autres qui s’étaient amassés face à lui sans jamais daigner entendre ces cris qu’on lui avait appris à taire. Un gosse qui aurait sans doute réellement appris à fermer sa gueule si ça, ça n’avait pas été trop lourd à porter. Si la colère n’avait pas été si dévorante qu’elle s’était moquée des coups et des cris.
Et pourtant, dès qu’il s’agissait de lâcher ce séisme, ses lèvres demeuraient muettes. Ça lui flinguait les nerfs, bridait son insolence, lacérait ses certitudes. Il était celui qui s’était tu. Celui qui avait laissé faire. Celui qui avait accepté. De ça, jamais il ne se déferait. Qu’il s’agisse de sa sœur ou de lui-même, Alec faisait face, mais ne guérissait pas. Comment le faire ? Comment l’admettre ?
Bien sûr, il avait grandit, comme elle, comme d’autres. Mal. Comme un arbre qui pousse de travers.  Il avait craché l’acide sur les autres, s’était montré sans cesse méfiant, incertain, acerbe. Sans cesse, l’enfant ou l’adolescent avait vu l’autre comme un ennemi, l’avait cru près à se retourner, disparaître ou trahir. Sans cesse, il avait attendu le coup entre les omoplates, la main sur la cuisse, les doigts sur la gorge. Non, Alec n’avait pas dépassé ses drames d’enfance, il apprenait seulement à y faire face, à les accepter comme une part de son histoire. Une part, seulement, qui ne devait pas prendre toute la place et définir ce qu’il deviendrait, ce qu’il dirait ou sur qui il cracherait. Choisir ses ennemis, présenter ses excuses, apprendre à être meilleur que ce que des enflures avaient fait de lui.

C’est douloureux, de se présenter en victime. Pire encore d’admettre que votre monstre d’enfance et ceux qui l’ont couvert ont finalement réussi à faire de vous l’un des leurs. Dur, d’accepter d’entendre qu’il avait été agresseur sous de multiples facettes, dur de se savoir coupable. Immonde, de leur donner une telle place.

Derrière ces mots, il y avait une violence énorme, peut être même pire encore que celle qu’on lui avait fait dans l’enfance. Il y avait le refus de se mettre au centre de l’histoire. Alec abordait les autres, ses victimes, ses parents, même une forme de nouvelle excuse envers des propos qu’il n’avait pourtant pas. Qu’on n’entende pas qu’il associait homosexualité à pédophilie, car ça n’était pas le cas et que cette pensée le terrifiait, nauséeux qu’on puisse l’imaginer sous-entendre une telle chose. Une chose qui s’était pourtant quelque part gravée dans l’enfance et qu’il avait fallu déconstruire ensuite, à mesure des années. Qu’on n’entende pas, surtout, ce qui s’était passé. Pas directement. Pas en parlant de lui-même. Pas en placardant ses émotions, ses plaies, ses traumas. Non, il évoquait une mère qu’il ne respectait pas, parlait de la violence d’un père qui ne l’avait jamais épargné. Il évoquait même « les gosses », comme s’il n’en faisait pas partie. Comme s’il cherchait à placer quelque chose entre ces hypothétiques gamins et le monstre dont il connaissait le vrai visage. Mais sur lui, pas un mot. Pas un souffle sur ce cœur fracassé, ces tremblements mutiques, ce regard fermement braqué vers l’horizon. Peut être qu’ainsi, ces mots atterriraient ailleurs, loin de toute oreille.

Mais Enzo entendit.

Alec n’en avait pas le moindre doute. Pas avec cette manière subtile avec laquelle il se crispait puis détournait le regard. Elle était là, cette réaction qu’il découvrait comme humaine. Celle-ci ou l’observation obstinée de son visage. Dans tous les cas : le silence.
Alec balançait une bombe et suite à la déflagration, il n’y avait que ça. Le vide, bruyant dans son mutisme. Une légère grimace traversa alors ses traits, trahissant l’émotion brutale et glacée qui le ravageait à l’idée qu’une fois de plus, il n’y ait que ça. Le garçon n’avait pas les codes, pas le recul pour réellement accepter qu’il y avait là une réaction parfaitement humaine. C’était le choc, le déni, le marchandage.
C’était le faire passer d’un statut à un autre, cesser de le voir comme solide et fier, arrogant et fruste, toujours apte à se défendre sans jamais laisser qui que ce soit lui marcher dessus. Et accepter qu’un jour, il avait été un môme sur lequel on avait roulé jusqu’à le broyer. Que derrière sa manière d’être, parfois violente, parfois brusque, il y avait des fêlures telles qu’on n’a simplement rien à dire de correct face à un truc pareil.
Il y a des choses qu’on n’imagine pas. Qu’on ne peut pas intellectualiser. Des choses trop lourdes, trop insupportables pour savoir qu’en faire. C’était là toute la douleur que ce silence provoquait. Ces traumas, il les portait sans cesse depuis l’enfance et sans doute aurait-il aimé que quelqu’un, un jour, lui donne un mode d’emploi pour encaisser ce qu’il avait vécu. Tous, pourtant, croulaient sous la violence de ces mots. Une violence si minime par rapport à la réalité, qu’elle lui semblait presque cynique.
Et puis il y avait une chose qu’il ne comprenait pas lui-même. Le fait que le silence renvoyait à celui des adultes d’hier. Celui qu’on lui imposait, celui que sa mère lui renvoyait quand il suppliait pour la seule et dernière fois de l’autoriser à ne plus jamais voir cet homme.
C’était tout ce qu’il avait jamais obtenu. La seule réponse à sa souffrance. La trahison ultime : l’indifférence.
Et voilà sans doute ce qu’il risquait à chaque fois que ces mots passaient la frontière de ses lèvres. Ça et un autre type de traîtrise. Le questionnement restait présent : et si l’autre en riait ? S’il l’utilisait ? Si ça ressortait ensuite, profitant de ses faiblesses pour le mettre plus bas que terre ?

Quelques mois plus tôt, Alec aurait facilement vrillé à ce sujet. Il n’aurait pas laissé le temps à l’autre, lui aurait sauté à la gorge plutôt que de lui laisser la possibilité de le blesser plus encore. Aurait frappé, avant d’être mis à terre.
Sauf qu’Alec avait été forcé de faire face aux pires heures de sa vie. Il bouffait la culpabilité de ses propres actions, savait que l’enfant qu’il avait été avait accepté de jouer le jeu, n’avait pas eu la force, un jour, de réagir, de dire « non », de répondre avec sa violence et son entêtement habituel. Alec avait été mis pied au mur et avait dû cesser de fuir pour se servir de la pire épreuve de son existence pour en affronter une nouvelle. Et y survivre.
Ainsi, le jeune homme avait découvert qu’il en était simplement capable. Alors que changerait le silence ou le rire d’un autre quand il avait su traverser tout ça ?

A ne pas réagir de manière épidermique, dans l’angoisse brutale d’être une nouvelle fois trahis, seulement confiant en sa propre capacité à encaisser les coups, Alec était alors capable de percevoir ce que l’autre vivait. Ça pourrait presque sembler hors propos. Mais s’il évoquait son drame au travers des maux des autres, Alec percevait tout autant les signes de l’impact dans le comportement de son ami. La crispation des muscles, les mains passées sur son visage, le souffle stoppé, le regard qui part d’un côté à l’autre, cherche une ancre, l’arrête du nez pincée. Fermer les yeux, se protéger de ce qu’on ne veut imprimer ?
C’était con ; mais de voir l’autre accuser difficilement le coup avait quelque chose de plaisait. Quelque chose qui le soulageait, même. Le Rivers aurait pu avoir du mal à voir l’émotionnel passer d’un camp à l’autre mais la vérité, c’était que de voir Enzo ainsi déstabilisé prouvait à quel point l’annonce était brutale, ingérable. Elle lui rendait la légitimité que le silence lui volait.

Son bras retomba lourdement sur sa cuisse, le regard braqué sur le paysage irlandais.  « Pardon, y a rien de juste qui me vient. » Il y avait toujours ça d’étrange que d’observer les gens se démêler avec cette annonce. Douloureux ; mais étrange.
Sa première pensée fut du rejet, de la colère, une envie de balayer ce qu’il percevait comme une phrase bateau avant de fuir le sujet et de passer à autre chose. Comme souvent, si ce n’était toujours. Qui lui en avait réellement parlé ? Qui avait fait l’effort de faire face, mis à part Kezabel ? Concernant Sanae, il s’agissait d’une situation particulière, elle comme lui cherchaient à maintenir une forme de distance, conscient du danger inhérent à leur situation et de son caractère éphémère. Mais les autres ? Ses amis, pour qui il avait fait un effort incommensurable afin d’évoquer le sujet, de dire les choses clairement, de tenter de s’exprimer dans un lieu sécurisé dans lequel il n’avait pas à être jugé. Ça grinçait toujours en lui, expression d’un manque douloureux, d’un déni de son vécu. Et pourtant si l’intervention l’avait fait tiquer un instant, la formulation finit par faire son chemin en lui.

Pardon.
Rien de « juste ».

Deux intentions qu’il n’attendait pas. Ni l’excuse, ni la tentative de trouver quelque chose de correct à dire. Quelque chose qui ne sonne pas faux, qui ne blesse pas, qui ne soit pas inconvenant ou douloureux. Voilà ce qu’il entendait par cette formulation. Une délicatesse qu’il n’attendait pas, pas à son encontre du moins.
Alec connaissait trop leurs accrochages et caractères emportés pour ne pas comprendre ce qui pouvait retenir l’autre quant à des propos trop précipités. Pourquoi alors? Risquait-il de se prendre un revers de la part d’Enzo qu’il n’avait pas prévu ? C’était toujours une possibilité.
Laissant son regard dériver à son tour sur les champs, Alec songea au nombre de ceux qui connaissaient la vérité quant à son enfance. Parmi eux figuraient Blackblood, Carraway et Walters. Ainsi que, sans doute, d’autres salauds dont il avait oublié l’existence en cours de route. Quelque sort ce à quoi cet aveu pouvait amener et qu’importe les liens tendus qu’ils avaient pu avoir il y avait quelques temps, rien n’égaleraient ce dont, eux, étaient capables. Un frisson d’angoisse lui traversa l’échine en songeant à la proximité de Blackblood et au regard malsain posé sur lui. Coupant une seconde sa respiration, Alec fermait les paupières, repoussant cette image tout autant que d’autres qui, associées, revenaient le ronger durant un instant.

 « Je ... » C’était avec soulagement qu’il l’entendit reprendre la parole, rouvrant un regard sombre posé sur la campagne irlandaise. Le sortir de ses souvenirs. Revenir au présent. Retour à Enzo. Ses mains se croisaient derrière sa nuque avant de retomber sur ses cuisses, les doigts emmêlés. Geste de réassurance. Amusant qu’il soit celui qui les enchaînait quand, cette fois, Alec restait de marbre. En attente. Sans doute déjà dans une attitude prête à encaisser, rendre, attaquer peut être même, si besoin. Comment on se construit là dessus hein ? On le fait pas. On le fait mal. On le fait en craignant l’autre et en attendant systématiquement chaque coup dans le dos. On le fait sans se considérer, sans s’aimer.
Ces gestes, Alec s’arrêtaient dessus car ils étaient plaisants. Égoïstement plaisants. Pas parce qu’il mettait l’autre mal à l’aise mais seulement parce que transparaissait toute la violence de l’annonce, tout le conflit intérieur, toute la légitimité d’une conversation difficile qui pulsait sans cesse dans ses veines. D’angoisse, de peine, d’incompréhension, d’appréhension. Et d’un truc plus sombre. Un truc dangereux qui ne s’adressait plus qu’aux membres de sa famille et qui attendait son heure. « J’suis désolé que t’aies eu à souffrir autant de la part de ceux qui étaient censés te protéger et te préserver. »

Un pieu dans le cœur, une enclume dans la gorge Alec encaissait en silence les mots qui se perdaient dans les prés et se tatouaient dans sa chair.

Enzo avait retrouvé son regard et il devinait une crispation de sa mâchoire autant qu’une sincérité simple dans ses iris.
Un peu trop, d’ailleurs, pour lui. Soudainement lui qui avait posé les yeux sur l’ancien Griffondor en attente d’une réaction ne la gérait plus. Trop de bienveillance, sans doute. Des mots, surtout, moins teintés de colère que lorsqu’il les avaient entendus quelques années plus tôt.

Lâchant un souffle amusé, Alec baissa le regard, un sourire un peu tordu sur les lèvres. Il y avait là la douleur d’un gosse qui avait mis bien des années avant d’entendre ce simple concept. Un gosse qui se le prenait toujours droit en pleine face quand il les entendait, même adulte. D’autant plus de la part de celui qui lui en aurait mis une en pleine gueule s’il l’y avait encouragé quelques années plus tôt. Mois, si l’on était très honnête.

« C’est 'amusant'... c’est à peu près ce que Kezabel m’a dit quand elle a compris. J’me suis tapé l’impression d’une chute d’une vingtaine d’étages à l’évocation simple de ce truc que j’avais jamais intellectualisé comme ça. « Leur rôle de me préserver » » C’était pourtant quelque chose de simple non ? Quelque chose que n’importe qui devrait connaître. « … c’est effectivement pas leur fort. » Sa voix était rauque, dure, sèche. Un truc bien plus assuré qu’il ne l’était véritablement, le regard baissé quelque part entre sa cuisse et le granite du rocher sur lequel ils étaient perchés. Le visage parti vers l’avant, quelque chose de rugueux dans les veines. Toujours moins à l’aise avec la bienveillance qu’avec les chocs.

Lentement, le jeune homme releva le visage, conscient que l’alcool cognait à présent en lui, allégeant la virulence de ses souvenirs, soutenant un courage qu’il n’était pas toujours certain de posséder.

« Ya rien de ‘juste’ à dire. Mais merci d’avoir essayé. » Je sais. J’ai essayé. Moi non plus j’ai jamais trouvé quoi dire à Janie.
Voilà une vérité qui résonnait salement en lui, arrimant à la colère de voir ses propres émotions mises de côtés par d’autres à quelque chose de plus rude encore. Celle de ne savoir que dire à celle qui avait tenté de le protéger. Celle qui avait vécu l’enfer à ses côtés, autrement, atrocement, et qu’il n’avait jamais su ni remercier comme elle l’aurait dû, ni simplement soutenir comme il l’aurait fallu. Non, il n’y avait rien de « juste » à dire. Car tout ça était trop intolérable pour permettre aux mots de sonner comme il le faudrait.

 « J’te dis, je veux faire mieux. J’ai l’impression de propager un tas de merde qu’on se refile de générations en générations. Comme une malédiction de merde sur laquelle on devrait avoir une emprise mais que personne ne dépasse. Et y’en a ras le cul de cette connerie. » J’peux pas modifier le passé. Quoi que je fasse, ça, c’est arrivé. Mais je peux changer ce que j’en fais. Et je veux faire mieux que ça. Mieux que de propager le mal, mieux que de partager le poison.

Il eu un sourire tordu, de nouveau.

« T’en fais pas. Je sais qu’il y aura jamais rien de vraiment correct à dire sur ce truc. » Je sais, je vois que tu cherches, que tu te débats avec ça, que tu fais des efforts pour pas détourner le regard, éviter le sujet et balayer tout ça sous le tapis. Rien que ça c’est énorme pour être honnête. Tout me semble toujours insuffisant, mais en vrai, c’est déjà plus que ce que beaucoup ont fait. Rien que pour ça, pour refuser de me faire me sentir transparent, inconséquent, illégitime, je devrais te remercier. Ça viendra pas, mais ça devrait. Pas de coups de sang donc, pas d’attaque, une part de lui se débattait avec cette envie pourtant mais l’autre, dominante, était las de tout ça. Lui, en réalité, comprenait l’intention et y trouvait une certaine forme de soulagement. De gratitude aussi peut être. Enzo aurait pu mal le prendre, mal comprendre, répliquer violemment. Ça n’avait pas été le cas. Au contraire, Alec devinait qu’il cherchait ses mots, les choisissait au mieux sans être certain de bien faire. Un sensation qu’il connaissait trop bien. Sentir qu’on faisait cet effort à son égard avait quelque chose de réconfortant. « Et j’suis fatigué d’être à vif sans arrêt de toute manière. Va bien falloir que j’me calme avant de le voir débouler à une réunion de famille. »

Un souffle, entrecoupé d’un rire saccadé. La réflexion se voulait humoristique, elle lui fit pourtant l’effet d’un fouet qu’on claque sur le cuir d’un animal.

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Alec Kaleb Rivers
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Jeu 1 Sep 2022 - 21:16
« C’est 'amusant'... c’est à peu près ce que Kezabel m’a dit quand elle a compris. J’me suis tapé l’impression d’une chute d’une vingtaine d’étages à l’évocation simple de ce truc que j’avais jamais intellectualisé comme ça. « Leur rôle de me préserver » » Parce qu’elle aussi a eu cette chance inestimable de connaitre l’amour inconditionnel d’un père et d’une mère. Un truc qu’on lui a arraché violement, qui laissera en elle des cicatrices, un vide que rien ni personne ne saura combler. Ce sont les pensées qui me traversent le cœur et la tête quand d’un soupir je vide en silence l’air de mes poumons. Pieds dans le vide, mains croisées, le regard porté au loin je réalise encore une fois à quel point j’ai eu un cadeau précieux tout au long de mon enfance. Ça devrait être la norme, plus on grandi et plus on rencontre de nouvelles personnes plus on se rend compte que ça n’est pas nécessairement le cas. Ça ne l’est pas chez les Sang-Pur en tout cas et les exemples sont beaucoup trop nombreux « … c’est effectivement pas leur fort. » Le rire qui passe mes lèvres est bref, las, mes pensées dérivent vers Eleanor puis Warren, jusqu’à Elizabeth. Est-ce que je suis naïf de penser que mes parents m’auraient préservé de ça ? A quoi bon me poser une question dont je n’aurai jamais la réponse « Ya rien de ‘juste’ à dire. Mais merci d’avoir essayé. » On répond quoi à ça ? De rien ? Ça semble tellement fade et surtout insuffisant mais j’ai pas grand-chose en stock. Encore une fois cette « peur » de faire pire que mieux alors lâcheté ou raison je choisi le silence. Pas un silence lourd, juste un silence qui s’accompagne d’un sourire sans en faire trop, sans tomber dans le patho ou la pitié « J’te dis, je veux faire mieux. J’ai l’impression de propager un tas de merde qu’on se refile de générations en générations. Comme une malédiction de merde sur laquelle on devrait avoir une emprise mais que personne ne dépasse. Et y’en a ras le cul de cette connerie. » Un combat qu’il mène contre lui-même à l’heure actuelle, n’est-ce pas ? « Déjà tu comprends qu’il y a un problème, t’as fait une partie du taf. C’est clairement pas le cas de la majorité. » Simples faits et je ne compte pas épiloguer plus que ça. Il sait déjà tout ce que je pense, tout ce que je défends, le reste ça lui appartient. L’encourager ou le féliciter ? Pas mon rôle, pas un truc qui vient spontanément. Pas que tout ça me semble abstrait mais ça ne m’apparait pas être mon combat c’est tout.

« T’en fais pas. Je sais qu’il y aura jamais rien de vraiment correct à dire sur ce truc. »

J’aurai aimé le trouver si c’était le cas, sincèrement, mais je ne suis pas plus avisé qu’un autre et surtout tout ça me dépasse complètement. Rien de grave, on ne peut pas toujours avoir les mots et dans le fond là tout de suite c’est sans doute pas le plus important. La gêne et la culpabilité s’estompent au profit d’une présence qui se suffit à elle-même je crois.

« Et j’suis fatigué d’être à vif sans arrêt de toute manière. Va bien falloir que j’me calme avant de le voir débouler à une réunion de famille. » Je sais pas tellement ce qui me passe à travers l’esprit à ce moment là, mélange de retenu et violence qui se manifeste par un rictus, un vague claquement de langue, un infime mouvement de tête. Pas envie d’essayer de me foutre à sa place pourtant c’est compliqué de pas envisager une marre de sang et ce salaud qui gît dedans. Si je pense à mon propre connard d’oncle ? Oui, mais je n’en dirai rien. Il n’est pas question de comparer quoi que ce soit, les sévices que Alec a subit et les miens quand cet enfoiré m’a abandonné à mon sort alors que j’avais 15 ans et que je ne gérais rien du tout. Personne ne fait ça, personne ne largue un gosse tout juste mordu et le laisse livré à lui même comme il l’a fait avec mépris. Personne ne fout sa propre famille en cage en jubilant non plus. Une sale race ni plus ni moins, juste une pensée qui passe et s’en va comme elle est venue. Un truc que je chasse par autre chose, tant pour lui que pour moi « Parlant de réunion de famille, ravi de voir que t’as trouvé de supers sujets de conversation avec ma cousine. » Tu crois qu'un jour ils riront du fait que pendant que le premier était avec la cousine du deuxième, le deuxième était avec la frangine du premier ? Moi en tout cas ça me fait marrer.

Une lampée de whisky et un rire sec, aucune animosité mais un réel amusement. Autant que possible vu les circonstances, c’est pas comme si on pouvait balayé d’un revers d’humour ce qu’il vient de m’avouer. A vrai dire, on ne devrait pas et c’est pas ce que j’essaie de faire. Je reprends juste mon souffle je crois, je le noie dans une autre gorgée de Pur Feu qui vient me brûler la gorge presque autant que les confidences d’Alec. Un soupir et le fond de la bouteille tinte sur la roche alors que je l’y repose. Comment on en est arrivé là ? Je nierai pas cette partie de moi qui a envie de fuir, rentrer chez moi, fuir la noirceur que je sens rouler dans mes veines depuis que j’ai choppé ce type en bas. Depuis que j’ai ressenti cette excitation que je tais quand elle se présente. Un réflexe, un truc qui se manifeste pour préserver les autres de cette violence que j’ai en moi. Une peur de l’abandon mal géré ? Sans doute. Possible. Juste pas envie qu’ils voient la bête à l’intérieur de moi, qu’ils en aient peur. Je sais que c’est pas le cas, que c’est juste moi qui ne l’assume pas encore totalement.

Les sens à vif je sens avant de voir, à peine besoin d’un regard en biais pour deviner la présence du troupeau de moutons ayant passé la crête derrière nous. Sur mon visage un sourire furtif, toujours un rappel silencieux au grand méchant loup, avant de les oublier pour reporter mes yeux sur l’horizon « J’aurai jamais les mots qu’il faut  donc je prendrais pas le risque de faire pire que mieux mais j’peux écouter si t’as besoin. » Un souffle d’air dans les cheveux, quelques mèches qui dépassent de ma capuche là sur le sommet de mon crane et s’affole dans le vent l’espace d’une seconde.

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Enzo S. Ryans
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Jeu 22 Sep 2022 - 16:17

 12 Aout 2016


S’il y avait bien une conversation qu’il n’imaginait pas avoir c’était celle-là. Pourtant c’était fait, le secret avait passé ses lèvres et l’instant se prolongeait. En arrière de ses rétines se jouaient des cauchemars qu’il ne souhaitait pas détailler et des culpabilités qu’il peinait à accepter. Entremêlés le présent et le passé, douloureusement intriquées étaient les blessures et les erreurs et entre ses lèvres se confondaient parfois bien des sujets. Alec était conscient de s’être construit tout à la fois sur une culture qu’il lui avait fallu déconstruire au fil du temps mais sur des traumas dont il avait longtemps négligé l’impact. Ça n’entrait pas tout à fait d’ailleurs ; l’idée même de comprendre que sa propre conduite voire sa psychologie au quotidien puisse être dictée par les actes d’un type qui ne méritait pas une seule de ses pensées lui foutait une envie de gerber plus forte que n’importe laquelle de ses cuites. Cette sensation était donc générale : transmettre le poison de ses ancêtres. Elle s’était développée au fil des ans et il lui avait fallu un moment pour mettre le doigt dessus. Depuis quelques temps, Alec était forcé de faire face à sa famille et s’il n’avait jamais entendu de véritables anecdotes crédibles sur les siens, à force de poser les yeux sur les portraits de ses aïeux, il en était persuadé : qu’importe le type de merde, ils se le passaient de génération en génération. Qu’il s’agisse de leur violence latente, de leur manière de traiter les autres, du besoin inégalable de monter en société qu’importe qui ils devraient écraser pour ça ou simplement de la façon brutale et rigide de maintenir tout le clan dans un cadre pré-établi. Et parmi tout ça, oui, l’homophobie. Rien que ce mot n’avait jamais appartenu à son vocabulaire avant de côtoyer des moldus et de découvrir certains regards associés. Il en était de même pour certains comportement qu’il pouvait avoir vis à vis des femmes. Et, à sa faveur pour une fois, sur les rapports familiaux. Non, Alec ne s’était pas remis immédiatement en question. Oui, il lui avait fallu des années pour que sa pensées évolue véritablement et non, il n’en était pas fier.

« Déjà tu comprends qu’il y a un problème, t’as fait une partie du taf. C’est clairement pas le cas de la majorité. »  Cette culpabilité là lui sciait les nerfs d’une colère sourde prête à le frapper à tout moment, y compris lorsque ce type de réflexions lui étaient servies. Autrefois, l’impulsion lui aurait fait agresser l’autre. A présent il se taisait simplement et encaissait, conscient que, oui, il était une part du système et le reconnaître sans impacter ceux qui le soulignaient… était une première étape. Soit exactement ce qu’évoquait Enzo. Rien de plus, rien de moins. Alors pourquoi l’entendre par un autre faisait toujours aussi mal ? Sans doute simplement parce que se faire dire ses vérités n’a jamais rien de franchement confortable et qu’il avait beau aimer indigner une part de ses contemporains … dans le fond, l’avis de certains autres comptait. Avoir besoin de la validation d’autrui ? Il aurait véritablement pensé ne pas appartenir à cette catégorie de personnes. Et pourtant c’était le cas. Comme un ado qui se cherche encore un peu, il y avait dans doute une part de lui qui aspirait à se reconnaître dans les valeurs d’un groupe. A y être reconnu sans avoir besoin d’être sans cesse interrogé sur sa personne. Ce pincement indiquait bien le chemin à parcourir avant de finalement faire ce qu’Enzo avait fait depuis longtemps : mûrir.

Ainsi le sujet en arrivait à son terme. C’était ainsi, il balançait la bombe et ça en restait là. Mais contrairement à d’autres, Enzo faisait face, il ne laissait pas simplement couler le sujet sans même l’évoquer. N’évacuait pas les souffrances de son interlocuteur par une autre conversation immédiate. Ces quelques mots ici prononcés, l’évocation honnête qu’une incapacité à savoir que dire, à craindre d’empirer les choses auraient pu l’agacer… en vérité ils lui parlaient. Alec avait eu beau appartenir à cette histoire, avoir été là… jamais il n’avait su que dire à Janie. Jamais un seul remerciement n’avait franchi ses lèvres, conscient pourtant de ce qu’elle avait fait pour lui éviter le pire. Pas plus qu’il n’irait lui dire ce qu’il avait pu se passer après son départ. Il se taisait, par honte et par peur, inquiet de blesser celle qui avait déjà bien assez vécu. Rien que ça, ce ‘je suis désolé que tu ais eu à vivre ça’ si bête et simpliste d’apparence apaisait ses nerfs d’une reconnaissance qu’il n’avait pas su apporter à sa propre sœur. Comme si au travers du silence, les mots sauraient passer. Quoi de plus hypocrite quand il en voulait à d’autres de n’avoir fait mieux lorsqu’il avait avoué les parts de son passé. Lui-même ne donnait jamais de détails et avait mis une décennie avant de poser le mot ‘pédophile’ sur le blaze de son oncle. Une décennie.
Et pourtant cette incapacité des autres à trouver les mots restait blessante, frustrante, violente. Mais au fil des aveux, Alec en arrivait à comprendre que si ces émotions là lui fouettaient les sens c’était simplement parce que lui même ne trouvait aucune solution. Aucun mot, aucun apaisement. Tant qu’il y aurait ce gosse en lui à hurler sans que l’adulte d’à présent ne sache comment calmer le torrent de violence qui foudroyait ce petit corps, il continuerait à en vouloir aux autres. Parce qu’il s’en voulait à lui-même. Lentement, au fil de la conversation, cette réflexion émergeait dans le fond de sa pensée.

Tout comme ça n’est pas aux autres de payer pour tes sévices, ce n’est pas à eux de trouver comment te guérir. Simple. Mais dur à admettre.

 « Parlant de réunion de famille, ravi de voir que t’as trouvé de supers sujets de conversation avec ma cousine. »

Arraché à sa prise de conscience, loin du sentiment apaisant de sentir l’autre se tendre à l’évocation d’une immonde rencontre en réunion de famille, la conversation vira vers un sujet qu’il avait presque oublié. Enzo aurait pu avoir un ton dur, une tension latente dans l’évocation de sa conversation avec Eleanor ; pourtant c’était un rire sec mais semble-t-il dénué de colère qu’il lui offrait avant d’enquiller une nouvelle rasade de whisky.
La tête lui tourna lorsque le Rivers se retourna de nouveau vers lui, une grimace plantée sur les traits, un rire au bord des lèvres.

« Ouaiiiis.. j’ai fait ça... » Deso ?

Pas une retenue de plus et sans chercher à intellectualiser la chose, Alec se marrant comme un con, assez conscient que l’alcool avait gagné ses neurones pour l’amener à flotter un peu plus joyeusement au dessus de cette conversation.

Le rire s’apaisa doucement et captant une inflexion soudaine dans les prunelles d’Enzo, Alec suivi son regard pour tenter de capter ce qui valait sa soudaine concentration. Un instant il ne vit rien, sa première pensée embarquée vers des territoires hostiles. Mais bientôt, au loin se dessinèrent les contours d’un troupeau de moutons. Et donc un petit rire dans sa gorge, soudain conscient qu’il avait… craint des… moutons.

« J’aurai jamais les mots qu’il faut  donc je prendrais pas le risque de faire pire que mieux mais j’peux écouter si t’as besoin. » Un regard en coin, plus apaisé qu’il ne l’aurait pensé, empreint d’émotions contradictoires. Le simple fait d’écouter Enzo sous-entendre une volonté de protéger ses sentiments avant de lui dire qu’il pouvait se confier avait quelque chose de très étrange. Une part de lui en était mal à l’aise, l’autre en était désemparée. Et touché.

Durant un instant, le silence fut suspendu dans ses rétines grises posées sur celui avec qui il s’était tant fritté par le passé. Les lèvres closes sans trop d’idées ni de que dire ni de que faire, simplement la conscience qu’il y avait là une proposition qu’il n’aurait jamais attendue de ce mec-là. Une connivence à présent sérieuse, empreinte de sujets lourds et d’entente muette. Dans son mutisme alors, un remerciement aphone.

Le moment s’était étalé un instant avant qu’Alec ne se redresse légèrement, balaye le propos d’un geste de la main et ne réponde avec un ton léger. « Hm, ya sans doute beaucoup à dire. Mais je suis fatigué des silences autant que de mes paroles... Et franchement j’ai assez donné pour faire face à toute cette merde et à mes propres comportements de connard pour avoir envie de m’épancher là. Une autre fois écoute ; c’est toujours un bon sujet pour péter l’ambiance autant le garder pour une bonne occasion. »

D’un sourire, sans s’attarder sur ses propres paroles, Alec enchaîna. « Ta cousine donc. » Et dans une grimace aspirée, il signa la fin du sujet de son enfance.  

« Ouaiiis.. j’me suis dit que c’était plus safe pour toi comme pour moi d’en rester à la version initiale : on peut pas se piffrer et on se fout sur la gueule quand on peut. » D’un petit rire, Alec haussa des  épaules avant d’ajouter. « ça peut toujours servir, sait-on jamais. »

Telle avait été sa logique face à la belle blonde. Qu’elle soit bonne ou non, Alec n’en savait foutrement rien. Toujours était-il qu’entouré comme il l’était de tarés en puissance, éviter de dévoiler ses cartes et d’être franc sur les alliances et les allégeances véritables lui semblait être une bonne chose. Garder un as dans sa manche. Tous deux étant identifiés comme moutons noirs dans cette société gangrenée préféraient sans doute éviter de focaliser l’attention sur leur possible association. D’apparence, à Poudlard ou ailleurs, jamais ils n’avaient été vus de la manière dont on aurait pu les percevoir aujourd’hui. Autant garder ça dans leur main.

« Alors, sur l’échelle de la confiance, à ton avis je peux la situer où, la poupée Andrews ? » Conscient que le terme « poupée » puisse être mal pris ? Assez peu. L’explication ne tarda cependant pas. « Ils me collent une angoisse les gars de cette famille j’te jure. C’est là que Mack aurait dû atterrir si je l’avais pas épousée. Elle aurait été la belle sœur d’Eleanor et elles ont exactement le même profil. C’est malsain as fuck. »

La belle petite poupée blonde aux yeux bleus et la peau pâle, comme un fétichisme étrange qu'il dénonçait bien davantage que les femmes associées, évidemment. Une pensée ne pu que glisser dans ses pensées : peut être ainsi les bleus se voyaient mieux ? La  peau de porcelaine d’une belle poupée. Ça se pète la porcelaine. Pensée injuste, sans doute. Après tout que savait-il du mari d’Eleanor ? Rien. Pas plus qu’il n’avait vu la moindre violence lors de la soirée en question. Pourtant il traînait une sale impression laissée par les marques découvertes sur le corps amaigri de la femme qu’il avait toujours aimé dans cette foutue saloperie de robe blanche qu’on lui avait imposé.
Alec n’insinuait rien, loin de penser qu’il y avait dans ses préjugés une malheureuse et triste vérité.

« Hey tu sais que j’aurais pu lui parler de ton amour pour les gargouilles hein, tu t’en sors pas si mal ! » Un petit rire pour balayer ses sombres pensées. « Plus sérieusement, j’avais pas imaginé qu’elle puisse être ta cousine à la base, j’ai réagi au plus simple. T’as eu des emmerdes pour ça ? »

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Alec Kaleb Rivers
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Lun 26 Sep 2022 - 11:54

« Hm, ya sans doute beaucoup à dire. Mais je suis fatigué des silences autant que de mes paroles... Et franchement j’ai assez donné pour faire face à toute cette merde et à mes propres comportements de connard pour avoir envie de m’épancher là. Une autre fois écoute ; c’est toujours un bon sujet pour péter l’ambiance autant le garder pour une bonne occasion. » Je mentirai en disant que je ne ressens pas un élan de soulagement en entendant ces mots. Rien d’égoïste bien au contraire mais se préserver soi-même n’est pas un crime. Je suis sincère dans ma démarche et je l’aurai écouté sans ciller mais le fait que la conversation dérive sur autre chose libère de la place dans mes poumons et dénoue mes épaules c’est ainsi « Ta cousine donc. » A qui t’a parlé de mes « prouesses », oui, bien meilleur sujet de discussion « Ouaiiis.. j’me suis dit que c’était plus safe pour toi comme pour moi d’en rester à la version initiale : on peut pas se piffrer et on se fout sur la gueule quand on peut. » Sans doute, j’en sais rien, contrairement à lui je me sens loin de tout ça « Ça peut toujours servir, sait-on jamais. » J’hoche la tête sans vraiment percuter, sans trop savoir quoi dire surtout. Si lui a eu cet instant alors je le suis, dans l’histoire c’est pas moi qui ai le plus à craindre. Pas au quotidien en tout cas. Je devine qu’il a pensé à nous deux dans sa réflexion et sans aller jusqu’à dire que ça me touche j’apprécie mais je ne peux pas nier le caractère un peu abstrait de tout ça

« Alors, sur l’échelle de la confiance, à ton avis je peux la situer où, la poupée Andrews ? » C’est immédiat mais contrôlé, une tension qui crispe mes nerfs et les mâchoires même si ça ne dure qu’une seconde. Ça fait accélérer mon rythme cardiaque et un rictus tort mon sourire un instant « Sur une échelle où tu ne la qualifie pas de poupée, ça me semble déjà pas mal. » Le ton n’est pas froid ni agressif mais ne rien dire n’est pas une option et je réalise ne pas être trop à l’aise avec le fait de l’entendre parler d’elle. Une poupée en apparence, peut être, mais au fil de nos discussions je réalise qu'elle est bien plus forte et habile qu'elle ne le montre. Comment survivre parmi ces requins sinon ? « Ils me collent une angoisse les gars de cette famille j’te jure. C’est là que Mack aurait dû atterrir si je l’avais pas épousée. Elle aurait été la belle-sœur d’Eleanor et elles ont exactement le même profil. C’est malsain as fuck. » Blonde, la peau pâle, autre chose ? Est-ce qu’il connait Eleanor plus que je ne le pense ? J’en ai pas eu l’impression quand elle m’a parlé de lui et au fond de moi je sais très bien que je n’ai pas envie que ça soit le cas. Rien de personnel, pas vraiment, simplement je n’ai pas envie de voir l’attention des Rivers se poser sur celle que je considère plus comme une sœur que comme une cousine. Quant aux Andrews je ne les connais pas, même Declan avec qui elle est mariée depuis un moment est un quasi étranger pour moi et depuis qu’elle m’a parlé de Tatiana je réalise que je l’ai complètement relégué au second plan. Presque comme s’il n’existait pas vraiment « Hey tu sais que j’aurais pu lui parler de ton amour pour les gargouilles hein, tu t’en sors pas si mal ! » Le rire qui m’échappe est bref mais plus détendu « Plus sérieusement, j’avais pas imaginé qu’elle puisse être ta cousine à la base, j’ai réagi au plus simple. T’as eu des emmerdes pour ça ? » Un soupir, le regard porté plus loin et les nerfs qui se détendent au fur et à mesure que les secondes passent. Je me concentre sur moi-même, tâche de faire taire les inquiétudes qui pourraient se manifester avec plus de virulence que je ne le voudrai. Pas envie de faire marche arrière, pas l’énergie pour ça « Non, juste une conversation à cœurs ouverts. » Pas forcément simple ni toujours très agréable mais elle a au moins eu le don de nous faire prendre conscience qu’au-delà de notre bulle les choses changent. On change. Nos vies changent. Le lien lui reste intact, peut-être même plus fort encore « J’vais pas non plus te remercier hein, abuse pas. » Sourire en coin, les battements de mon cœur continuent de ralentir.

Le regard posé sur les nuages je les regarde s’assombrir et le temps semble virer doucement à la pluie. Même le vent se lève, par réflexe je me tasse un peu plus sur moi-même et rentre mes mains dans mes manches sans y prêter attention « Plus sérieusement, c’est pas pour la jouer retour en arrière foireux mais si tu peux juste … » Oublier qu’elle existe ? Je laisse échapper un rire sec et secoue la tête « J’suis à deux doigts de te demander de ne pas adresser la parole à ma cousine et ça me pose problème. » Parce que je ne veux pas être ce type qui pense qu’il a le droit de dicter aux autres ce qu’ils peuvent ou ne peuvent pas faire. Parce que j’ai pas envie qu’on se tape ce retour en arrière foireux ni redevenir le gamin si peu sûr de lui qu’il réagit par la violence. On n’en est plus là et j’ai pas envie de gâcher ça alors quand je cherche son regard le sourire est sincère « J’veux juste pas qu’elle ait la moindre emmerde, c’est tout, donc si je m’autorise un truc c’est simplement te demander de ne pas attirer l’attention sur elle. » Pas la peine que je te fasse un dessin, tu connais ta vie mieux que moi, tu connais les risques quand il s’agit de ta famille.

Au loin l’orage gronde et se rapproche lentement, le vent se fait plus fort, la pluie menaçante. Une certaine lassitude me gagne et l’envie de retrouver le soleil de Californie, la quiétude de la maison, se manifeste.

« T’as besoin d’aide avec ton chaperon ? Sinon je vais y aller. »

On a enchainé les sujets intenses, je ressens le besoin d’évacuer de mon système les émotions lourdes qui vont avec. Comme un voile sombre que j’aimerai voir disparaitre pour ne pas m’y plonger plus encore.

- FINI POUR MOI –

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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Lun 26 Sep 2022 - 22:05

 12 Aout 2016


Ah, il fallait s’y attendre. Apprendre à se comprendre et à communiquer entre les deux jeunes hommes ne se faisait pas aussi simplement qu’il y semblait. Elles restaient là, les traces de la distance et de la colère, sans véritablement avoir leur place ou s’incruster, elles restaient des stigmates dans leur manière d’échanger. Naturellement et sans le chercher, Alec énervait par son phrasé dont le cynisme machiste faisait grincer les nerfs de son ami. Peut être avec le temps apprendraient-ils tous deux les limites et les manières d’être de l’un ou de l’autre et ce, sans les dépasser. Ou du moins en acceptant qu’ils soient dépassés sans mauvaises arrières pensées de temps en temps. Après tout, comment Alec réagirait aux coucheries entre sa sœur et lui ?
Pour l’instant, c’était Enzo qui grinçait sous les mots d’Alec. A raison, d’opinion externe, cela dit en passant. Mais c’est qu’il ne se re-ferait pas l’enfant.

« Sur une échelle où tu ne la qualifie pas de poupée, ça me semble déjà pas mal. »  En d’autres temps sans doute se seraient-ils écharpés dans la seconde. Pour l’heure le ton d’Enzo n’avait rien d’agressif ainsi Alec le prenait comme il venait et sans invective. A vrai dire, il y répondit d’une grimace à peine désolée avant d’étayer son propos. Difficile, pour être honnête, de développer véritablement le sentiment qui mûrissait salement dans ses tripes depuis qu’il avait posé les yeux sur elle. Difficile, surtout, de faire la part des choses entre ses propres traumas et ceux des femmes de sa famille et les signaux qu’il avait pu – ou non – percevoir. La vérité c’était qu’Alec n’en savait rien et que derrière ses répliques manifestement machistes, il y avait une opinion bien plus féministe qu’il n’y laissait penser. Ainsi qu’un malaise général à voir les cercles infernaux dans lesquels les femmes étaient plongées. Pire encore sans doute celles dont le physique lui évoquaient immédiatement sa femme…. Ou sa sœur. Et une admiration sans borne envers celles qui avançaient dans un monde qu’’on’ avait conçu sans les y inclure.

Ainsi les mots étaient posés, bien que foutrement lacunaires, seuls relents d’un sentiment général qu’il ne savait comment véritablement interprété. Enzo avait su pour Mack. Et quoi ? Dans le fond tout ce qu’il avait sous la peau était cette sensation poisseuse généralisée … mais n’importe lesquels de ceux qui évoluaient librement dans ce monde la lui refilaient. Alors peut être déconnait-il simplement à plein régime. Dans tous les cas, Enzo ne réagissait pas. Le moment de s’exprimer passa, vite remplacé par un ton plus léger et un retour d’un intérêt non feint. Avait-il eu des emmerdes par sa faute ? Pas qu’il regretterait son choix si ça avait été le cas, mais s’il pouvait éviter de foutre la merde dès qu’il ouvrait la gueule… franchement ce serait appréciable.

 « Non, juste une conversation à cœurs ouverts. »  Qu’il devinait parfois inconfortable mais à priori moins problématique que ce que ça aurait pu être. « Bon.. » Un petit mouvement de tête sur le côté et les lèvres pincées l’air de dire ‘ça va, le drame a été esquivé.’. Pas besoin d’avoir des sens de lycanthrope pour comprendre qu’Enzo se détendait de nouveau après s’être crispé suite à sa sortie de route j’ai nommée « poupée ». « J’vais pas non plus te remercier hein, abuse pas. » Un rire clair du côté d’Alec, un sourire en coin de l’autre. « Merde, j’m’attendais à une médaille moi… la déception est grande.. » J’ai pas le droit d’insulter ta cousine et de te foutre dans la merde et qu’on me remercie?! Monde injuste.. !

Autour d’eux le vent irlandais charria soudainement une atmosphère plus humide, soufflant déjà la mélodie d’une averse à venir. Avec lui, la conversation se tue de nouveau pour revenir à quelque chose de plus lourd sans véritablement l’être. « Plus sérieusement, c’est pas pour la jouer retour en arrière foireux mais si tu peux juste … » Ne pas m’approcher de ta cousine ? Ce refrain me dit vaguement quelque chose. « J’suis à deux doigts de te demander de ne pas adresser la parole à ma cousine et ça me pose problème. »  Sans prendre la mouche ni grincer des dents, Alec souffla une simple petit expiration amusée. Effectivement, ça sonnait clairement comme un retour en arrière foireux mais à vrai dire, la réaction l’amusait plus qu’autre chose. Trop habitué à ce qu’on lui tienne ce type de discours, Alec notait surtout l’inquiétude pour une femme qu’Enzo estimait et affectait et la recherche de formuler les choses le plus correctement possible. Pas qu’ils marchent sur des œufs l’un face à l’autre mais apprendre à se comprendre et à communiquer prenait du temps alors Alec n’en faisait aucun cas. « J’veux juste pas qu’elle ait la moindre emmerde, c’est tout, donc si je m’autorise un truc c’est simplement te demander de ne pas attirer l’attention sur elle. »  Pas besoin d’explications supplémentaires, le jeune Rivers savait qu’il était un nid à emmerdes et qu’il les cherchait souvent bien plus que nécessaire… surtout en ce moment. Pour le coup il n’avait fait qu’échanger quelques mots avec la jeune femme, contenant jusqu’à ses réactions instinctives face à quelques connards bourrés aux tendances violentes lors de sa soirée. Mais est-ce que le simple fait de lui parler n’était pas source de danger ? S’il était honnête avec lui-même, Alec admettrait sans doute naturellement que la première pensée d’Enzo n’avait donc rien de dérangeant. Juste purement pragmatique.

Ça aurait pu faire mal. Sobre, ça aurait sans doute été le cas. Pour l’heure, Alec n’esquissa qu’un simple sourire tout à la fois cynique et compréhensif. « Sage je serais Sir Ryans, promis. J’bougerai pas une oreille ! » Sage il l’était toujours non ? … non ? « Mais uniquement si  tu me cèdes la garde de cette bouteille. Seule possibilité pour sceller le deal ! » Et l'alcool passa d'une main à l'autre.

« T’as besoin d’aide avec ton chaperon ? Sinon je vais y aller. »
« Tu déconnes ?! J’ai une excuses pour lui coller des baffes, laisse moi ce plaisir ! » Un grand sourire de con sur les lèvres et l’air bien plus léger qu’il ne l’était à l’idée de retourner s’enterrer dans la boue de son existence. Tout en se relevant, Alec rajouta avec un petit sourire en coin : « Déjà qu’j’ai pas le droit de me tenter de faire ta cousine, laisse-moi ça au moins ! » Le temps de se lever et il rajoutait déjà, deux mains levées dans un geste d’apaisement et de sédition : « Je déconne, t’inquiète pas, c’était juste pour t’emmerder.. et c’était même pas l’ambiance rassures-toi. » Peut être pourraient-ils en rire réellement et sans sous texte un jour, de ces taquineries-là ? Car il n’y avait là rien de plus. Va savoir.

Fais ton malin Alec, tu ne feras pas la même gueule quand il s’agira de Janie.

Bref, le petit con retrouvait sa carapace avant de plonger de nouveau dans la fosse aux lions. Pas d’inquiétude à avoir, le message était passé et s’il s’y était engagé, Alec suivrait ses promesses sans sourciller comme il l’avait fait avec nombre de personnes. Peut être l’inflexion de respect et de sérieux dans sa voix suffirait à passer le message. Peut être pas.

La bouteille à la main, le jeune homme s’éloignait déjà. Pourtant il s’arrêta un instant, jetant un regard en arrière en direction d’Enzo. « Hey... Merci d’être passé. » Ils pouvaient bien peiner à s’entendre au travers des tensions de l’un ou de l’autre, de leur vécu ou des écarts de leurs humours respectifs, dans le fond le respect était là. La reconnaissance aussi.

- Topic fini -

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