OS - A chair is still a chair, even when there's no one sittin' there [Russie]

Fin juin 2016, Russie.

Il était 21H passées – heure russe- lorsqu'il franchit la porte de la petite maison familiale. Il avait à peine refermée celle-ci en essayant de faire le moins de bruits possible pour ne pas réveiller les enfants qui devaient déjà dormir ou au moins être au lit qu'il se retrouva un Adam en pyjama qui fonçait sur lui pour lui sauter dans les bras. Il déposa un baiser sur les cheveux de l'enfant qui s'était accroché à lui comme une moule à son rocher et qui avait déjà calé sa petite tête dans son cou avant que le gamin lui souffle l'attendait pour aller au lit, par ce qu'il voulait que ce soit lui qu'il lui lise une histoire. Il se dirigea vers la chambre où dormait l'enfant, pour le border et s’asseoir finalement à côté de lui non sans avoir posé un sac plein d'affaire au pied du lit.

 « Tu restes vraiment ?»
 « Quelques jours, comme je te l'avais promis, mon cœur. » 
 « Et Jo, elle va venir aussi ?»
 « Elle passera sûrement à un moment dès qu'elle le pourra, mais tu sais, elle est très occupée alors elle ne peut pas faire comme moi.» Et surtout ce n'était pas sa mère, Jo' ne lui devait rien mais il ne pouvait pas lui dire comme ça, surtout vu comme les deux étaient attachés l'un à l'autre.  « Mais elle te fait un gros bisou, et tu lui manques beaucoup.»

Est-ce que sa coloc' lui avait dit ça comme ça ? Peut-être pas, mais il était certain que ça équivalait à la même chose ! Et puis broder un peu pour voir le gamin sourire, ça n'était pas bien grave. Jo', dans un certain sens était comme lui, peu démonstrative, ce n'était pas toujours simple de mettre des mots sur des émotions ou des sentiments. Tout en parlant, il avait enlevé le manteau veste et compagnie pour retrouver une tenue un peu plus confortable. Cette fois, il s'allongea à côté de l'enfant qui en profita pour se coller un peu plus à lui.

 « Alors, il paraît que tu voulais une histoire pour dormir ?» il le chatouilla doucement le ventre, faisant glousser son fils, avant de reprendre  « Ok, laisse moi deux minutes pour t'en trouver une.» il n'avait pas fini de dire la phrase que la tête sa grand-mère était apparue à l'embrasure de la porte, il lui sourit doucement, avant d'ajouter.  « Ne t'embêtes pas, je vais le coucher et rester avec lui cette nuit. On se voit demain matin.» Baiser envoyé en l'air pour la saluer.

Il serait bien rester auprès des adultes, mais il préférait pour la nuit comme il venait de le dire être aux côtés d'Adam pour qui les dernières nuits avaient visiblement été compliquées. Il voulait rentrer à Londres avec lui et Jo, et si la journée, il s'amusait avec d'autres enfants, ou passait de bons moments avec ses grands-parents, le soir c'était d'après la femme toujours beaucoup plus compliqué. Et il avait conté une vieille histoire russe, le genre de choses qu'on lui racontait à lui et sa fratrie lorsqu'il était enfant, au bout d'un moment, il remarqua qu''Adam s'était endormi – toujours lui-, ses petits poings serrant son sweat comme s'il craignait que son père reparte comme il était venu. Il essaya de trouver une position un peu plus confortable pour la nuit en faisant bien attention à ses gestes pour ne pas réveiller l'enfant. Il le borda un peu plus convenablement avant de fermer les yeux à son tour, mais il savait qu'il ne trouverait pas le sommeil facilement.

Il y avait toujours cette peur pour la vie de l'enfant, pour son avenir qui le taraudait toujours plus... Et depuis quelques jours c'était encore pire. Quels choix merdiques est-ce qu'il allait encore faire ? Il se passa une main sur le visage en soupirant, avant se passer tendrement une main dans les cheveux de son fils. Et si Prune était toujours là, comment est-ce que ça se passerait aujourd'hui ? Elle saurait le gérer, elle, le gamin. Elle savait lui parler, elle avait toujours su être sociale, être appréciée par tous ceux qui la connaissaient. Elle faisait partie de ses personnes solaires qui vous irradie par un de ces sourires.
Et l'absence faisait toujours mal.
Et les questions tournaient toujours : est-ce que Johann avait dit la vérité en décembre dernier ? Et si oui dans quel état est-ce qu'elle était ? Il l'avait cherché, mais le monde était beaucoup trop vaste pour avoir une réelle réponse... et il avait plus ou moins abandonné, cette chimère, préférant se focaliser sur Adam.

Il rouvrit les yeux quelques instants avant de les refermer, essayant de chasser les souvenirs avec elle qui se trouvaient dans cette pièce, ou même sur ce lit.
Eux ados, puis jeunes adultes.
Elle, qui savait le faire rire comme personne ne savait le faire ou ne réussissait probablement encore à le faire.
Elle lui manquait. Et il se trouvait stupide de ressentir encore tout ça après autant de temps. Plus de deux ans depuis qu'elle avait disparu. Depuis ce vide immense dans le cœur, dans l'esprit. Plus de deux ans et pourtant il ne pensait toujours qu'à elle. Ou plus précisément, il n'avait pas envie d'avoir quelqu'un d'autres, il n'y avait qu'à voir le fiasco avec la pauvre Sanae.


 Doro, je suis enceinte. lui avait-elle dit alors qu'il venait juste que l'école était à peine finie et qu'il était diplômé ; que la vie d'adulte devait commencer, qu'il n'allait plus avoir beaucoup de temps pour lui, pour eux. Il n'avait pas encore de situation stable, et il était clair qu'être Auror serait plus contraignant qu'un travail de bureau. Oui, à cette époque, il voulait fonder une famille avec elle, c'était sûr et certain, mais pas là. Ils étaient probablement trop jeunes. Beaucoup trop jeunes, il ne se sentait pas prêt. Il ne voulait pas être père, pas maintenant, pas dans cette situation, pas à 22 ans. Et à l'époque, déjà, il se disait qu'il ferait probablement un mauvais père.
Est-ce que que ça avait été vérifié ? Lui, trop souvent absent, trop happé par son travail ? Lui qui ne savait pas montrer ce qu'il ressentait à son fils ? Lui qui ne savait pas comment gérer un enfant et qui faisait la plupart des choses maladroitement ? Oui, probablement qu'il avait eu raison, à l'époque de penser ça. Il était loin d'être le père idéal ; il était le fuyant, l'invisible, presque l'inexistant.
Mais il l'aimait, l'enfant, il l'aimait sans aucun doute comme un fou déjà à l'époque, et toujours aujourd'hui. Et si par la force des choses, aujourd'hui il était plus présent, le reste n'était pas réglé. Il n'était pas à la hauteur pour un gamin aussi génial...
Et les regrets continuaient de s’accumuler, de amonceler. Toujours plus nombreux.
Tous comme les erreurs – qui n'en étaient qu'à moitié-.
Intégrer pendant l'année la Garde à Poudlard ? Oh oui, ça lui faisait envie, oui, c'était pour la bonne cause. Oui, c'était pour protéger des dizaines, des centaines de gamins pour qu'ils puissent s'instruire. Oui, c'était aussi pour assurer un avenir possible à Adam que sa magie se déclare ou non. Oui, dix mille oui... mais il l'avait abandonné à sa famille par ce qu'il ne se voyait pas l'emmener à Poudlard, par ce que ce n'était pas la place d'un enfant.
Intégrer, la Garde – celle d'aujourd'hui- par la suite ? Toujours pour les mêmes raisons, pour assurer un meilleur avenir à tous... mais son fils dans tout ça ? Qu'est-ce qu'il lui avait apporté ? Des absences, un père à présent avec un œil un moins qui n'était plus que l'ombre de lui même pendant un temps, un déménagement, devoir se cacher. Voilà, mon fils mon héritage, que des merdes.... par ce que ça a toujours été des choix en pensant au plus grand nombre et pas à toi, mon ange.

Heureusement, dans tout cela, il y avait Jordane. L'Amie, la coloc, la confidente – si on peut dire ça comme ça-. LA personne de confiance du moment – avec Logan, mais c'était différent-.
Celle qui semblait apte à le guider. Celle qui savait gérer son fils. Celle qui faisait rire sa petite tête brune. Celle sans qui la déchéance aurait probablement encore été plus grande.
Quand est-ce qu'il allait la perdre, elle aussi ? Par ce que quelque part, ils se ressemblaient : elle aussi avait bien fuir. Elle aussi savait bien se murer dans le silence et les faux semblants.
Elle aussi était de la Garde.
Elle aussi menait le même combat.
Elle aussi risquait sa vie.

Quelle personne ça faisait de lui ? Et surtout quel père ? Quelles priorités avoir à présent ? Et s'Ils menaçaient l'enfant et qu'il devait faire un choix... quel serait-il ? La Garde – un tas de gens- ou son propre sang ? La réponse, il la connaissait probablement et elle lui donnait la nausée.Père indigne. Théorie ! Tout ça n'était que théorie. Qui sait comment on peut agir dans le feu de l'action ?
Et son esprit s'embrouillait de nouveau, sous l'angoisse et tout le reste.