[Mission Capture] There's no escape ▬ Sanae & Naveen

Une inspiration.
Une expiration.

Sanae contemplait le bois lisse de la porte de l’appartement, le visage inexpressif mais le coeur battant. La dernière fois qu’elle s’était trouvée là, c’était pour partager un moment de simplicité autour d’une mousse au chocolat. Un instant de partage, parfaitement humain dans ce qu’il avait de plus banal. Ils avaient échangé leurs idées sur la magie, s’étaient projetés dans des voyages autour du monde. Ils avaient ris ensemble, mangé, et s’étaient remémorés avec humour le drôle de destin qui les faisait toujours se rencontrer. Enfin, ils s’étaient quittés et elle l’avait remercié. Elle l’avait remercié parce qu’il y avait peu de bouffée d’air frais qui lui faisait du bien ces derniers temps et qu’il faisait partie de ces gens qui distillaient un peu de chaleur autour d’eux. Elle l’avait remercié parce qu’elle aimait cette simplicité bienveillante qu’il y avait chez lui.

Drôle de destin, oui.

La simplicité, elle, s’était envolée. Les révélations de Timothy l’avaient piétinée aussi allègrement qu’un moucheron sur une vitre. Naveen n’était plus seulement un homme qu’elle appréciait, une fréquentation, un ami qu’elle apprenait un peu plus à chaque rencontre…Il était l’ennemi supposé ou l’allié prometteur. Mais il n’avait plus rien de simple désormais. Et il lui semblait qu’on lui avait soudainement volé quelque chose.

Une inspiration, alors.
Là, devant cette porte close sur laquelle elle ne tarderait pas à toquer.
Qu’y avait-il derrière cette porte ? Si elle avançait un peu dans le temps, si elle jetait un œil dans le trou de serrure, que verrait-elle ? Le naufrage d’une jeune amitié qui se fissurait et s’écrasait au sol dans la naissance d’une haine commune ou une nouvelle coalition pleine d’espoir ?

Une expiration, alors.
Pour laisser s’en aller les questions, les doutes, les craintes, les regrets.
Elle était étrangement calme ce soir, concentrée, loin du chaos habituel de son être. Comme une façon de renouer avec qui elle était auparavant, l’imperturbable sur la surface.

Sa main remonta jusqu’à son oreille et replaça l’oreillette invisible bien en place. A l’autre bout, un back-up au cas où les choses se corseraient. Au fond d’elle, la sorcière savait qu’elle n’en aurait pas besoin. Qu’il faille se fier à son instinct ou au discours qu’avait tenu Naveen à la fois devant elle, quelques jours plus tôt, ou au travers des souvenirs de Timothy, Sanae savait qu’il serait coopératif. Pourtant, si ses tripes lui hurlaient l’évidence, elle ne s’accrochait à aucune conviction. L’homme qui lui ferait face dans quelques secondes n’était pas celui qu’elle croyait depuis le début et elle comptait se garder de le sous-estimer. Il faisait partie d’un groupe de moldus prêts à éradiquer la magie. Un groupe responsable de la mort de leurs anciens leaders. Un groupe coupable d’un attentat qui avait coûté des vies. Des faits qu’elle n’était pas prête d’oublier.

Un regard vers sa montre.
Elle avait déjà placé des sortilèges pour s’assurer qu’aucune caméras ne captureraient son image, ni celle de sa baguette s’élevant dans les airs pour placer des sorts sur l’appartement, autant pour le protéger que pour empêcher Naveen de s’enfuir. Elle rangea sa baguette dans la poche intérieure de sa veste noire. C’était l’heure. Elle avait appelé Naveen la veille pour savoir s’il avait une soirée de libre et la chance avait été de son côté.

Tout ce qu’elle espérait, c’était que la chance perdure.

Elle prit une nouvelle inspiration et son poing s’abattit sur la porte. Trois coups.
Avant qu’elle ne s’ouvre, Sanae avait collé un sourire chaleureux sur son visage. Fort heureusement, ses nombreuses années de comédie à jouer les jeunes femmes parfaites donnaient quelques avantages. Feindre était sa spécialité après tout. Tout comme d’autres apparemment…

« Hey ! » le salua-t-elle quand la porte s’ouvrit. « On va finir par se voir toutes les semaines, hein. » Elle s’était déjà glissée dans l’appartement, brandissant un petit sac rempli de bonbons. « J’me suis dit que puisque les étoiles s’étaient apparemment alignées deux fois de suite pour qu’on soit libre en même temps, fallait fêter ça avec des bonbons. »

Elle lui sourit et s’avança dans le salon, posant le sac sur la table basse. « Quoi de neuf depuis la dernière fois ? »

A part le fait que j’ai découvert que t’étais un putain d’Inquisiteur…

Il rentra de sa garde en début d'après-midi, vérifiant l'heure il mit un réveil quelques heures plus tard histoire d'être réveillé et pas dans le pâté lorsque Sanae arriverait. Pourquoi est-ce qu'il avait accepté de la voir alors qu'il savait qu'il avait juste besoin de sommeil ? Probablement par ce que déjà il fallait bien aussi se divertir et en plus l'emploi du temps de la jeune femme était aussi compliqué que le sien, si bien qu'il se disait qu'il n'avait pas vraiment le choix s'il voulait la voir, la prochaine pouvait être la semaine prochaine comme le mois prochain ! Allez, il retournerait dormir après et puis ça lui laissait quand même quelques heures ce qui pour lui au final était beaucoup et suffirait à tenir.

Il avait mis son réveil une grosse demie-heure avant que la jeune femme arrive juste le temps de se reprendre un pâté, mettre des vêtements plus adaptés. Il en profita pour laisser deux ou trois messages à ses frères et sa sœur sur le groupe what's app histoire de leur raconter vite fait sa journée comme ils avaient l'habitude de le faire. La petite « anecdote » du jour, avec son binôme, ils s'étaient fait « agressés » à coup de poêle dans le bide par une petite vieille qui ne voulait pas aller à l'hôpital. Heureusement elle ne frappait pas trop fort, ils auraient tous les deux juste quelques bleus, et à part le coup dans le genou qui le lançait toujours, le reste ne lui faisait pas vraiment mal. D'ailleurs, en parlant de ça, il envoya un message à son collègue pour savoir comment lui il allait, il connaissait déjà la réponse mais c'était plus une façon de pouvoir rire de la situation qu'autre chose.

Il y avait de quoi faire à manger si jamais elle voulait s'inviter à dîner et que commander ne lui disait rien. Et bientôt la jeune femme avait frappé à la porte et il allait allé lui ouvrir. Banalités, qui pour lui n'étaient pas prête de se finir, loin de se douter de ce qui allait se jouer. Il la laissa entrée avec petit sourire aux lèvres tandis qu'elle prenait la parole.

« Hey ! On va finir par se voir toutes les semaines, hein. J’me suis dit que puisque les étoiles s’étaient apparemment alignées deux fois de suite pour qu’on soit libre en même temps, fallait fêter ça avec des bonbons. »
 « Bonsoir ! Avec des bonbons ?» demanda-t-il plus amusé que perplexe, même si ça se sentait qu'il n'était pas certain de comprendre les célébrations avec ce genre de petites douceurs.
« Quoi de neuf depuis la dernière fois ? »

Voyons voir : il faisait toujours chou blanc avec Arthur. Il s'inquiétait toujours de l'état de Jordane qu'il av ait vue quelques jours auparavant et il aurait préféré qu'elle reste ici en sécurité – quoiqu'elle lui dise- quitte à ce qu'il aille crécher quelques jours chez un ami, Ruben par exemple. Le temps qu'elle puisse y voir plus clair, réfléchir sans pression, mais ce n'était pas quelque chose qui s'était fait. Non, ça ce n'était pas des choses qui se disaient. Il se contenta d'hausser les épaules avant de dire :

 « La routine quoi, celle qui comprend qu'on se fasse agresser avec des poêles par les mamies.» plaisanta-t-il ; non, il n'en voulait pas à la vieille dame.  « Et toi comment ça va ? Tu racontes quelque chose depuis … Pfiout, cette petite dizaine de jours.» Il se tut quelques instants avant de reprendre  « Tu veux quelque chose à boire ou à manger ? J'ai rien qui est prêt, mais on peut toujours commander. Et dans le frigo t'as des bières si tu veux aller te servir.»

Quoi de plus normal ce qui était en train de se passer. Pas besoin de lui dire qu'elle pouvait s'installer sur le canapé et faire comme chez elle, elle le savait déjà. Il poussa un peu le chat qui avait ce soir-là élu domicile sur le canapé histoire qu'ils puissent s'installer confortablement.

 « J'étais de nuit, aujourd'hui... enfin de nuit jusqu'en début d'après-midi.»

Ca faisait longtemps qu'il avait arrêté les calculs précis de ces horaires.

 « Bonsoir ! Avec des bonbons ?»Elle pinça les lèvres fit un « Hm-hm » sans plus d’explications. Une fois entrée, elle regarda les lieux avec un nouvel œil. Ce n’était plus de la curiosité, c’était une analyse de ce qui se trouvait à portée de mains. Objets pointus, armes potentielles, enregistreurs, caméras. Les sortilèges qu’elle avait placé assuraient au moins qu’ils ne seraient pas écoutés. Ils échangèrent des banalités. Il fallait bien commencer quelque part. La sorcière était calme, si ce n’est la méfiance qui suintait au fin fond de son estomac. Pourtant, elle n’affichait extérieurement qu’un sourire aimable, qu’un naturel tranquille à ses côtés. Elle tâchait d’oublier à demi l’oreillette invisible dans son oreille.

Naveen avait refermé la porte et s’était tourné vers elle, haussant les épaules alors qu’elle posait lourdement le sac de bonbons sur la table basse.

 « La routine quoi, celle qui comprend qu'on se fasse agresser avec des poêles par les mamies.» Un souffle amusé, pas plus, et elle acquiesçait.  « Et toi comment ça va ? Tu racontes quelque chose depuis … Pfiout, cette petite dizaine de jours.» Seulement une petite dizaine de jours et les choses avaient tant changé… Le souvenir de cette mousse au chocolat agissait comme un rappel amer. Elle fit la moue. « Oh, pas grand-chose. » Mise à part un chaos permanent et de nouvelles découvertes.

 « Tu veux quelque chose à boire ou à manger ? J'ai rien qui est prêt, mais on peut toujours commander. Et dans le frigo t'as des bières si tu veux aller te servir.»Elle se pencha pour prendre quelques bonbons dans sa main. De la bière, du whisky, de la tequila, par intraveineuse s'il vous plait... « Un verre d’eau, ça ira, merci. J’ai tout ce qu’il me faut. » fit-elle en engouffrant une poignée de bonbons dans sa bouche.  Elle se laissa retomber dans le canapé, une jambe repliée sous elle tandis qu’il délogeait le chat qui s’en alla plus loin à regret.

 « J'étais de nuit, aujourd'hui... enfin de nuit jusqu'en début d'après-midi.»
« Hm...c’est dur de tout concilier hein ? » Le boulot...la vie privée...les Inquisiteurs.
Elle lui fit un bref sourire en mâchant ses bonbons. Elle prit le sachet pour le poser sur sa cuisse. Prenant un autre bonbon dans sa main, elle l’examina avec un air distrait, un peu perdue dans ses pensées. En réalité, toutes ses pensées étaient tournées vers lui et seulement lui.

« Tu sais...à chaque fois que je mange des bonbons, j’ai l’impression de retomber en enfance. Ce temps où on se fichait de tout tant qu’on avait de la place pour jouer et des sucreries à avaler… » De quoi tu parles Sanae ? T’as pas eu cette enfance-là. Elle continua néanmoins, sachant pertinemment que ce qu’elle évoquait n’était pas des souvenirs mais une normalité qu’elle n’avait pas connue dans sa jeune enfance. Le but de tout ça ? Il venait... « Ce temps où on ne devait pas prendre de décisions, où n’avait pas à s’en faire pour l’avenir...où on ne savait même pas vraiment comment mentir et où on faisait confiance facilement...» Son regard se sépara du bonbon pour se poser sur la silhouette de Naveen. Droit dans les yeux, sans ciller. Un instant de pause dans le silence et puis elle se détendait soudain en souriant, jetant le bonbon dans sa bouche.

Elle se racla la gorge, détournant le regard.
« J’ai repensé à notre conversation de la dernière fois... » dit-elle, laissant planer les mots quelques secondes avant de reprendre en l’observant, calme et détendue sur ce bout de canapé, des bonbons sur ses cuisses. Elle en déballa un. « J’ai une théorie. » Le bout du carambar fut coupé entre ses dents de devant et elle pointa le reste vers Naveen. « Tu crois en la magie. » L’affirmation était posée comme si elle avait déclaré qu’il allait pleuvoir demain. « D’abord j’ai pensé que tu devais vraiment t’emmerder pour penser aussi profondément à ce qu’on pourrait faire de l’existence d’un tel pouvoir et puis...après...je me suis dit que les choses étaient bien trop réfléchies pour que ça ne soit qu’hypothétique pour toi. »

Et si je te disais que j’étais une sorcière ?
Avec quels yeux me regarderais-tu ?

Cela ne l'étonnait pas qu'elle n'ait pas grand chose à raconter depuis  cette grosse semaine ; Le boulot, le boulot et encore le boulot probablement. Quelque chose qui était normal. Une fois ces banalités échangées, il lui avait proposé quelque chose à boire ou à manger.

« Un verre d’eau, ça ira, merci. J’ai tout ce qu’il me faut. »

Et elle avait prononcé cela tout en enfournant une poignée de bonbons dans sa bouche. Il n'osa pas lui dire que ce n'était pas quelque chose de trop nourrissant en même temps... il se contenta de se taire sur ce point là et se contenta d'aller lui chercher un verre d'eau vu que c'est ce qu'elle souhaitait tandis qu'il se dégotta un bout de biscotte histoire de calmer son ventre qui commençait à crier famine.

« Hm...c’est dur de tout concilier hein ? »
 « Pas plus que d'habitude. Tu sais de toute façon ce que c'est.» Et chez lui il n'y avait pas le sous-entendu qu'elle lui avait fait et qu'il n'avait bien sûr pas deviné.  « C'est un choix de vie après tout.»

Enfin ce n'était pas comme s'il avait quelqu'un à élever non plus... là oui, ça serait quelque  chose de beaucoup plus difficile à concilier. Il continua de la regarder manger ses bonbons.

 « T'as pas peur de coller une crise de foie avec tout ces bonbons ?» demanda-t-il un peu perplexe, tandis qu'elle semblait à présent plus songeuse qu'autre chose. Est-ce qu'elle n'était pas un peu étrange aujourd'hui ?
« Tu sais...à chaque fois que je mange des bonbons, j’ai l’impression de retomber en enfance. Ce temps où on se fichait de tout tant qu’on avait de la place pour jouer et des sucreries à avaler… » Ouais, on ne pouvait pas franchement dire que c'est ce qui qualifiait le plus son enfance et cette période c'était quelque chose  où il mettait un point d'honneur à ne pas y penser. C'était dans un coin de sa mémoire et il ne ressortait ses souvenirs amers que peu. Même pendant les repas avec sa mère, ses frères et sa sœur ils ne remontaient jamais plus de 20 ans en arrièe. « Ce temps où on ne devait pas prendre de décisions, où n’avait pas à s’en faire pour l’avenir...où on ne savait même pas vraiment comment mentir et où on faisait confiance facilement...»

Hein ? Mais qu'est-ce qu'elle racontait ? Il fronça les sourcils pas franchement certain de comprendre là où elle voulait en venir. Ouais, elle était  vraiment bizarre avec ce genre de phrase, elle ne lui avait jamais fait ça encore.

 « T'es sûre que tout va bien Sanae ?» demanda-t-il d'un ton plus inquiet qu'autre chose. Bon, contrairement à Jordane, elle ne semblait pas avoir de bleus sur le corps, du moins dans ce qu'il pouvait apercevoir. Il se gratta un peu la joue, avant de finalement hausser un peu les épaules  «Et pour le reste s'tu le dis.»

Il ne pouvait pas faire mieux, par ce qu'au final il n'était pas certain de comprendre ce genre de situation enfant. Ou peut-être que si, mais il ne tenait pas à se souvenir, la réponse évasive lui semblait donc la meilleure solution. Et soudain, elle se détendit, sourit... et jeta le bonbon dans sa bouche.

 « Tu as pris quelque chose ?»

Ce qui pouvait expliquer son comportement un peu étrange, même s'il restait quand même franchement singulier.L'inquiétude était toujours là et il s'était approché d'elle, finalement pour s'installer sur le canapé à quelques dizaines de centimètres.
« J’ai repensé à notre conversation de la dernière fois... » Laquelle fut sa première question mais il n'eut pas le temps de la poser que déjà elle avait repris la parole « J’ai une théorie. » Ah ? Tandis que le bout de carambar dut trancher et qu'elle pointa le reste vers lui. Il haussa un sourcil tandis qu'elle enchainait. . « Tu crois en la magie. » Donc voilà le sujet. « D’abord j’ai pensé que tu devais vraiment t’emmerder pour penser aussi profondément à ce qu’on pourrait faire de l’existence d’un tel pouvoir et puis...après...je me suis dit que les choses étaient bien trop réfléchies pour que ça ne soit qu’hypothétique pour toi. »
 «Tu veux qu'on parle de philosophie ou d'autres théories pour que tu saches à quel point je m'emmerde parfois ? » dit-il en plaisantant, même si un voyant c'était allumé dans sa tête. Le sujet était toujours synonyme de danger et si la dernière fois ça avait semblé venir naturellement, son comportement depuis tout à l'heure était quand même assez étrange. Quelque soit la réponse çà sa propre question, ce n'était pas vraiment important. Il devait faire comme d'habitude, faire attention, mais répondre toujours  avec le plus de sincérité possible.  «Affirmatif, Sanae. Je n'ai jamais dit le contraire de toute manière. Par contre je me demande, pourquoi, toi, tu pensais encore à ce que je disais au point que tu as semblé y réfléchir énormément et que tu m'en reparles.»  Il haussa les épaules avant de continuer.  « Pourquoi, ce sujet est si important pour toi ?» Est-ce qu'elle n'était pas en train de le tester ? Est-ce que Gregory n'essayait par exemple de le mettre à l'épreuve ou quelque chose comme ça. Ce type était probablement assez dingue pour ça, et il ne tenait pas à connaître ses méthodes. Il savait qu'il devait être sur la sellette après ce qui s'était passé à la réunion du mois dernier.

 « Pas plus que d'habitude. Tu sais de toute façon ce que c'est.» Oui, elle savait. Elle savait ce que c’était de devoir partager son temps entre un boulot très prenant, un semblant de vie sociale et une guerre qui s’éternisait en arrière-plan comme un bourdonnement qui ne cessait jamais. Omniprésent. Comme la pensée que c’était exactement la même chose pour Naveen ; lui aussi se partageait en plusieurs morceaux pour mener à bien tout ce qui constituait sa vie.  « C'est un choix de vie après tout.» Il lui avait donné son verre d’eau et avait croqué dans une biscotte. Elle prit une gorgée et posa le verre sur la table basse, hochant la tête sans réelle chaleur. « C’est vrai...c’est un choix. Et un choix a toujours des conséquences. »

Rappel inutile mais elle ne pouvait s’empêcher de faire la remarque. Une façon d’enfoncer un clou qui n’avait pas encore véritablement de sens pour Naveen à ce stade mais qui ferait d’autant plus écho à la suite. Il la regardait manger des bonbons, perplexe. Elle voyait son trouble grandissant à mesure qu’il notait l’étrangeté de son attitude.

 « T'as pas peur de te coller une crise de foie avec tout ces bonbons ?» Elle haussa les épaules. « Pas vraiment non. » dit-elle en mâchant tranquillement. Ce n’était pas pour rien qu’elle avait pris des bonbons. Pas pour rien qu’elle les engouffrait dans sa bouche comme une affamée. C’était son point de départ, son accroche, sa façon d’amener le sujet. Et à mesure qu’elle parlait, elle voyait les expressions sur le visage de Naveen changer.

 « T'es sûre que tout va bien Sanae ?...Et pour le reste s'tu le dis.»»Elle hocha de la tête en mâchant. « J’vais très bien. » répondit-elle simplement, d’un ton détaché. Son attitude tantôt légère, tantôt sérieuse déstabilisait Naveen et il semblait devenir de plus en plus perplexe, inquiet.

 « Tu as pris quelque chose ?»Un souffle amusé alors qu’elle délaissait un instant le sachet de bonbons, prenant une gorgée de d’eau. Oh, elle aurait aimé avoir pris quelque chose…Mais son esprit était aussi clair que son organisme était sobre. Horriblement sobre. Elle eut un léger rire qui ressemblait davantage à un ricanement cynique.« Non, je n’ai rien pris. A part du sucre. » Elle lui fit un clin d’oeil et avala un nouveau bonbon.

Vint alors le moment d’accélérer les choses, d’enclencher plus fermement le sujet. Elle ne voulait pas passer par quatre chemins, ne désirait pas faire durer cette conversation plus avant. Il lui fallait des réponses ce soir et n’avait-elle pas entendu depuis toujours que la vérité engendrait la vérité ? Elle aurait pu jouer avec lui encore longtemps bien sûr, mais quel intérêt ? Retarder l’échéance ne les aurait mené nulle part. Naveen s’installa sur le canapé, près d’elle, et il lui semblait que cette proximité amicale était d’autant plus tranchante que la distance. Elle voyait son inquiétude grandir, tout comme sa surprise, alors qu’elle délivrait sa théorie.

 «Tu veux qu'on parle de philosophie ou d'autres théories pour que tu saches à quel point je m'emmerde parfois ? »Elle eut un souffle mi-amusé, mi-amer. Piètre façon de détourner le sujet ou de noyer le poisson. Non, il ne réfléchissait pas à la magie parce qu’il s’ennuyait. Elle secoua légèrement la tête en reposant son verre sur la table.  «Affirmatif, Sanae. Je n'ai jamais dit le contraire de toute manière. Par contre je me demande, pourquoi, toi, tu pensais encore à ce que je disais au point que tu as semblé y réfléchir énormément et que tu m'en reparles.»Le menton de la sorcière se releva légèrement, les traits impassibles. Elle n’affichait qu’un air calme, concentré, un peu froid à vrai dire. Elle se préparait à la suite.  « Pourquoi, ce sujet est si important pour toi ?»

Un instant de silence durant lequel Sanae ancra son regard droit dans le sien. Sans détourner les yeux, elle prenait le sachet de bonbons et le déposait entre eux sur le canapé. Imperceptiblement, son corps se préparait à la possibilité de devoir répliquer, de devoir se défendre. Le dos droit, elle finit par ouvrir la bouche d’un ton posé.

« C’est vrai, j’y ai beaucoup réfléchi moi aussi car tu as raison, ce sujet est important pour moi…. » Entre l’espace de ses lèvres, quelques secondes de silence se glissèrent alors avant que les mots qu’elle n’aurait jamais pensé prononcer en sa présence ne prennent forme dans l’air. « Je suis une sorcière Naveen. »

Elle laissa l’information l’atteindre, lui donnant le temps de digérer mais le silence ne demeura pas longtemps entre eux.

« Et je sais que tu es un Inquisiteur. » Elle leva une main apaisante en l’air. « Je ne suis pas une Supérieure. Je ne te ferai pas de mal si tu ne m’en fais pas. Je ne suis pas ici pour ça. » Une légère pause. « Je sais que tu es quelqu’un de bien Naveen. Tu me l’as montré de bien des manières… Je sais qu’une partie de ton groupe aimerait faire les choses autrement que lors de cet attentat, et tu fais justement partie de ces gens-là. C’est ça qui m’intéresse. Nous intéresse... »

Elle ne cillait pas, attendait de voir sa réaction avant d’aller plus loin. Comprendrait-il que si elle ne faisait pas partie des Supérieurs, alors il n’y avait pas un milliard de possibilités quant à son affiliation ? La sorcière demeurait attentive à chacune de ses réactions et attendait, attendait le moment où transparaîtrait ses pensées.

« C’est vrai...c’est un choix. Et un choix a toujours des conséquences. » Whow, whow, whow !!!! Qu'est-ce qu'elle lui faisait là encore ? Depuis quand est-ce qu'elle était aussi... Loquace ? Pragmatique ? Autre chose ? Et plus la conversation avancée, moins les choses s'arrangeaient. Ici, il s'était passé une main dans les cheveux, cherchant ce qu'il pourrait bien répondre.  «Effectivement, et on en fait tous, tout le long de notre vie. Certains seront toujours meilleurs que d'autres, mais on ne le sera que plus tard.»

Est-ce qu'il parlait des Inquis ? Peut-être un peu mais pas que. Il avait des idées sur son boulot, sur les traitements de sa fille, sur pas mal d'autres choses. Tout n'était que choix dans la vie, faits à un moment donné. En attendant, il était de plus en plus troublé et ne savait pas comment réagir, comment rétablir une complicité passée. Il avait cette impression désagréable qu'il s'était passé quelque chose ; mais quoi ? Qu'est-ce qu'il avait raté ? Est-ce que ce c'était de sa faute ou alors juste un facteur extérieur. La réponse ne semblait pas vouloir venir.... alors il décida de continuer à essayer de détendre l'atmosphère .. notamment en essayant de plaisanter sur tous les bonbons qu'elle ingurgitait.

« Pas vraiment non. » Réponse froide, détachée. Bordel, qu'est-ce qui clochait ? Alors, il avait essayé de vérifier qu'elle allait bien, qu'elle n'avait rien pris de spécial, qu'elle ne risquait pas de se sentir mal ou autres, mais à chaque fois la réponse était la même, oui du moins revenait au même : elle allait bien, elle , n'avait rien pris. Pourtant, il avait l'impression que quelque chose clochait et pas qu'un peu, à moins que ce soit sa parano exacerbée qui était en train de parler. Après tout, elle avait le droit d'être moins extravagante que d'habitude. Pourtant, il restait sincèrement inquiet pour elle : qu'est-ce qu'elle pouvait cacher ? Un secret qu'elle n'arrivait pas à dire ? Est-ce qu'elle avait besoin de soutien, ou d'autres choses ? Et puis elle avait continué avec quelques autres insinuations sur le sujet dont ils avaient parlé la dernière fois sur la magie. Et il eut l'impression que son sang se glaçait. Le problème était là. Mais il ne savait pas encore le définir... et ça avait quelque chose d'inquiétant. Alors vu qu'elle ne semblait pas vouloir aller par quatre chemins, lui non plus n'allait pas jouer à ce petit jeu-là, déjà par ce qu'il n'en avait pas envie et par ce que ça ne servirait à rien. Quelle que soit la réponse, le verdict, il devait juste assumer. Il penchait, malheureusement pour une exécutrice de Gregory... et ça, c'était loin d'être plaisant.

Silence. Long, même s'il n'avait duré en réalité que quelques instants, une poignée de secondes. Elle continuait de le regarder et posa le paquet de bonbons entre eux sur le canapé. Il fronça les sourcils mais ne bougea pas histoire qu'aucun de ses gestes ne puissent pas être mal interprétés. « C’est vrai, j’y ai beaucoup réfléchi moi aussi car tu as raison, ce sujet est important pour moi…. » Et la délivrance arriva. « Je suis une sorcière Naveen. » Bug pendant quelques instants, il la regarda un peu bouche bée, avant de se détendre étrangement un minimum. Si elle disait la vérité, c'était probablement moins pire que Gregory. Hey, mec qui sait ce qu'ils peuvent te faire par la magie ? Mais ça serait mérité, si elle savait cette partie aussi, autrement dit, elle ne savait peut-être rien, c'était juste un aveu comme. Déstabilisant.  «Heuu... Ok.» se contenta-t-il de dire, déglutissant quand même difficilement. Plus curieux que réellement apeuré au final, même s'il était inquiet pour la suite. « Et je sais que tu es un Inquisiteur. » ALERTE AU ROUGE. Sa cervelle commençait à trouner à plein régime, mais il continua de ne pas bouger, de se contenter de la regarder, attendant la suite. Pas question de nier. D'autant plus que c'était peut-être ce qu'il attendait depuis un petit moment, cet instant. D'ailleurs le geste de la main de la jeune femme montrait bien qu'elle ne comtpait pas s'en prendre à lui. Pas de suite en tout cas. « Je ne suis pas une Supérieure. Je ne te ferai pas de mal si tu ne m’en fais pas. Je ne suis pas ici pour ça. Je sais que tu es quelqu’un de bien Naveen. Tu me l’as montré de bien des manières… Je sais qu’une partie de ton groupe aimerait faire les choses autrement que lors de cet attentat, et tu fais justement partie de ces gens-là. C’est ça qui m’intéresse. Nous intéresse... »
STOP. Arrêt.  Ca faisait beaucoup d'informations TRES précises. Ce qui signifiait que soit quelqu'un avait été choppé et avait parlé, soit c'était un test de Grégory. Il se mordilla un peu la lèvre.Elle pouvait prétendre d'être de la Garde et qu'elle soit Supérieure, il en avait conscience, mais pour lui ce n'était pas une option envisageable pour beaucoup de raisons. Il fallait qu'il réponde à tout cela mais il ne savait même pas par quoi commencer. Il avait imaginé beaucoup de scenarios mais celui-là n'était pas en option. Il bougea doucement la main vers le canapé, derrière lui.  « Je sors juste mon portable pour te le donner.» dit-il en la fixant toujours. Ce qu'il fit, en guise de bonne foie, pour lui montrer qu'il n'y avait pas d'appels en cours, qu'elle pouvait accéder à toutes ses correspondances sans qu'il ait le temps de bidouiller quoi que ce soit. De toute manière tous les messages des Inquis n'étaient pas là Maintenant se poser la question, lui demander de prouver qu'elle était une sorcière, histoire d'être certain qu'il ne s'agissait pas un d'bluff de Grégory ? Et s'il s'agissait cette option, cela voulait dire qu'il de toute manière parler à l'ennemi. Il avait été clair de toute manière lors de la Réunion, alors bon, il préférait abandonner cette idée. Il n'était pas en état d'exiger quoi que ce soit.  « Tu as l'air plutôt bien informée. Qui est-ce que vous avez fait parler ? Alejandra ? Timothy ? Arthur ?» Alejandra lui semblait peu probable ce qui ne laissait en réalité qu'une réponse logique, celle qui était probablement attendue par tous. Hésitation, claquement de la langue sur son palais mais finalement il souffla  «S'il y a bien quelqu'un d'innocent dans cette histoire c'est bien lui. Est-ce qu'il va bien ? » il la regarda dans les yeux. Oui, lui n'était pas innocent, loin de là. Léger soupir avant qu'il ne reprenne.  « Ce nous signifie que je dois ouvrir la porte ou bien te suivre ? » Non il n'opposerait aucune résistance, oui il la suivrait sans aucun souci. Vu ce qu'elle avait dit, qui était les propos de …. Et s'il y avait eu une taupe au sein des Inquisiteurs ?  « Il y avait un espion, dans nos rangs ?» demanda-t-il plus amusé qu'irrité ou fâché. Elle aurait été drôle celle-là. Quoiqu'il en soit, elle semblait en savoir beaucoup sur lui et ses intentions. Elle devait donc savoir qu'il était pour une alliance.
Lui ne bluffait pas, mais il savait pertinemment qu'elle pouvait mentir, qu'il ne passerait pas la soirée. Peu importait, du moment qu'on l'écoutait au final. Du moment qu'il pouvait au moins essayer de faire changer les choses ; Hey l'utopiste rêveur, on se calme.

Si on les observait de part une fenêtre, on aurait pu croire seulement à deux amis assis sur un canapé, discutant de tout et de rien autour d’un paquet de bonbons. Oui, on aurait pu croire que cette conversation était paisible, innocente. Mais il n’y avait rien d’innocent dans les mots employés, ni dans les regards appuyés.

 «Effectivement, et on en fait tous, tout le long de notre vie. Certains seront toujours meilleurs que d'autres, mais on ne le sera que plus tard.» Elle eut presque un sourire tendre, un peu triste, à ces mots. Rares étaient les fois où un choix nous apparaissait immédiatement comme le meilleur ; il fallait souvent bien du temps pour s’en rendre compte. Oui, Naveen avait raison...ils faisaient tous des choix et il n’y avait pas de moyen d’être certain de faire le bon.

Avait-elle raison de lui accorder un peu de confiance malgré ce qu’elle avait découvert sur lui ?
Avait-elle raison sur le fait qu’il était quelqu’un de bien ?

Il fallait continuer dans cette voie pour le savoir…
Alors, la sorcière continua. L’air se chargeait d’une lourdeur nouvelle à mesure qu’elle parlait et que les mots levaient le voile sur une vérité que Naveen découvrait à peine. Une sorcière, voilà ce qu’elle était. Une parmi tant d’autres qu’il jugeait sûrement comme des êtres qui ne devaient pas détenir un tel pouvoir. Ce n’était pas égalitaire. Elle pouvait entendre l’argument.
Mais il était hors de question qu’on lui enlève la magie. Hors de question que leur monde s’écroule pour autant. Les deux pouvaient cohabiter et s’il fallait davantage protéger les moldus, alors une fois les Supérieurs hors du Ministère, de nouvelles lois pourraient voir le jour.

Une fois le mot lâché, il y eut comme un sursaut discret de surprise au fond de son ventre. D’apparence impassible, elle demeurait calme mais à l’intérieur, la nervosité commençait tout juste à s’apaiser. Bouche bée, il avait eu un instant de choc tandis qu’il jetait quelques mots sans importance, encaissant la vérité. Peut-être ne la croyait-il pas d’ailleurs...Mais passé le choc, elle venait de voir, dans les prunelles de Naveen, quelque chose pour la rassurer. Du soulagement. Elle ne savait pas pourquoi il éprouvait cela, mais elle s’était attendue à bien pire. Il avait amorcé un mouvement et releva le menton, tendue, prête à réagir. Son regard était calme mais ses muscles bandés.

 « Je sors juste mon portable pour te le donner.» Une inspiration discrète, détendant les nerfs, et elle tendait la main pour se saisir du téléphone. « Bien. » Il l’avait devancé sur le sujet et elle savait que c’était pour lui, une façon de lui prouver qu’il ne comptait pas utiliser d’enregistrement contre elle ou appeler du renfort chez ses amis les Inquisiteurs. Elle prit le portable entre ses mains et vérifia que rien n’enregistrait. Elle le mit en mode avion et le garda avec elle.

 « Tu as l'air plutôt bien informée. Qui est-ce que vous avez fait parler ? Alejandra ? Timothy ? Arthur ?» Un léger sourire en coin.  «S'il y a bien quelqu'un d'innocent dans cette histoire c'est bien lui. Est-ce qu'il va bien ? »

« Tu penses vraiment que je risquerai la vie de quelqu’un pour satisfaire ta curiosité ? Sache simplement que c’est quelqu’un à qui on a donné l’opportunité d’entrevoir une autre issue, bien plus favorable que celle de l’affrontement. Quelqu’un qui, comme toi, a conscience qu’une alliance est préférable. » Un instant de pause. « Mais cette personne va bien, oui. Il n’y a pas de raison d’être violent, n’est-ce pas ? ».

Tant qu’ils faisaient les bons choix…

 « Ce nous signifie que je dois ouvrir la porte ou bien te suivre ? » Pragmatique. Intelligent. Elle devait bien lui reconnaître ça.

Sanae eut un léger sourire, prenant son sachet de bonbons pour le fermer et le glisser dans la poche de sa veste. Elle se leva, lui faisant face. « Si cela ne te dérange pas, tu vas me suivre. Nous irons dans un endroit sécurisé pour tous les deux. » Au Quartier général, une salle avait été spécialement préparée pour l’occasion, toutes les captures se faisant le même jour. Ils auraient une pièce sécurisée où l’ombre des Inquisiteurs ne viendrait pas flotter au-dessus de leurs têtes ; là-bas, personne ne malintentionné ne pourrait écouter leur conversation.

Mais Naveen avait une dernière préoccupation.
 « Il y avait un espion, dans nos rangs ?»
Elle secoua la tête.
« Non, pas d’espion. »

Seulement un gamin terrorisé et sans beaucoup d’options. Quelqu’un qui, comme Naveen, avait trop vu de morts et de traumatismes pour en engendrer d’autres sans évaluer les autres possibilités. La sorcière lui tendit une main.

« Quand tu seras prêt, tu prendras ma main. Tu risques d’avoir le tournis et envie de vomir, mais les effets ne durent pas. Ce sera seulement plus sécurisé pour t’amener là-bas, au moins nous sommes sûrs que tes collaborateurs ne nous suivront pas. »

Elle attendit qu’il soit prêt, et quand sa main vint toucher la sienne, elle y accrocha ses doigts pour être sûre qu’il ne lâcherait pas et transplana. Ils réapparurent dans une salle du QG lambda : une pièce sans décorations, avec une table, deux chaises. Pas de fenêtres. Rien qui ne puisse donner des informations sur l’endroit où ils se trouvaient. Pas de vitre teintée non plus ; à ce détail près, ils auraient pu être dans une salle d’interrogatoire moldue. La sorcière ne lâcha Naveen qu’une fois sûre qu’il fut stable « Ca va ? » s’enquit-elle. Un premier transplanage n’était jamais agréable. Elle attendit qu’il se soit remis, gardant un œil attentif à ses réactions.
Puis, Sanae sortit son téléphone – spécial pour communiquer avec les membres de la Garde -  pour envoyer un message à l’équipe qui s’était établie en back-up sur cette capture, s’assurant qu’ils étaient eux-aussi retournés au QG pour les suivre. Rangeant son téléphone, elle prit celui de Naveen et l’éteignit avant de le déposer sur la table. Elle lui fit signe de s’asseoir avant de faire de même.

Ses coudes rejoignirent la surface de la table.

« Je me doutais que tu ne réagirai pas violemment te connaissant mais je suis surprise par ta réaction : je ne m’attendais pas à du soulagement. »

Les choix, qu'est-ce que c'était au final ? L'histoire de la vie. Chaque décision était un choix, plus ou moins difficile. Il le savait. Est-ce qu'ils faisaient le bon ? On ne pouvait généralement le savoir qu'avec le recul. Le tout était d'assumer après ce qu'on avait pu faire à X ou Y moment de sa vie. Le souci, c'est qu'il avait du mal à comprendre ses réactions actuelles, à quoi est-ce que toutes ces questions rimaient ? C'était quelque chose d'étrange. Il avait l'impression que quelque chose clochait. Alors, plutôt que de tourner autour du pot pendant longtemps, il avait préféré entrer dans le vif du sujet : lui poser les questions qu'il fallait. Et le verdict n'avait pas tardé à tomber : elle était une sorcière. Plus de soulagement que de crainte, même si ça pouvait paraître étrange. Peut-être par ce qu'il voyait là une possibilité unique. Peut-être par ce que c'est ce qu'il attendait depuis des semaines. Maintenant, c'était à lui d'agir, de faire en sorte de pouvoir mettre son idée (son envie) à exécution. Bien sûr qu'il savait que rien n'était gagné, que sa vie était en jeu. Mais il s'en fichait. Il voulait essayer, pour ne pas mourir avec des regrets. Il devait essayer. Il était obligé. Il ne pouvait pas laisser passer, une possibilité que l’événement Poudlard ne se reproduise pas.
Il n'avait aucune marge de manœuvre. Il n'avait aucun droit à l'erreur. Et ça avait avec quelque chose d'un peu stressant quand même. Il avait l'impression de tenir quelque chose entre ses mains de fragile, de friable.

Inspiration. Expiration. Il avait commencé par sortir son portable doucement pour lui donner comme preuve de sa bonne foi, pour ne pas qu'elle se demande ce qu'il faisait il lui annonça son geste. Au moins, elle était certaine qu'il n'essayerait pas de l'avoir, d'enregistrer quelque chose ou même d'envoyer un message de SOS quelconque (ou d'alerte). Il avait peut-être tort d'agir de la sorte, de se priver de son seul atout pour se sortir d'une situation compliqué. Mais il avait conscience, qu'il devait tout mettre de son côté pour ne serait-ce que se faire écouter. Il ne demandait pas beaucoup plus au final, conscient qu'il était loin de pouvoir demander la moindre choses... et pourtant, il se permit de vérifier que si c'était Turner l'informateur/la source, ce qui était probablement le plus logique, il aille bien.

« Tu penses vraiment que je risquerai la vie de quelqu’un pour satisfaire ta curiosité ? Sache simplement que c’est quelqu’un à qui on a donné l’opportunité d’entrevoir une autre issue, bien plus favorable que celle de l’affrontement. Quelqu’un qui, comme toi, a conscience qu’une alliance est préférable.  Mais cette personne va bien, oui. Il n’y a pas de raison d’être violent, n’est-ce pas ? »
 «Donc, il s'agit forcément de Timothy d'après ta description.»  dit-il doucement. Ses autres idées ne correspondaient pas vraiment à cela.  « Et si je suis d'accord avec toi pour la violence ; tout le monde ne pense pas forcément de la même manière. Si quelqu'un se rend compte que des choses en fuité, il sera un des premiers suspecté.»

Un simple fait, voilà comme il l'avait énoncé... mais au final, il espérait qu'elle comprendrait que le gamin courrait peut-être un danger. Il n'allait pas lui ordonner, ou même lui demander de faire quoi que ce soit, ça serait malvenu. L'information était donnée, elle en ferait ce qu'elle en voudrait. Il ne pouvait pas faire grand chose de plus et insister, selon lui, serait contre productif. Il n'avait donc pas tardé à ajouter une autre question pour savoir s'il devait la suivre ou si quelqu'un allait les rejoindre ici. Sanae prit alors le paquet de bonbons qui signifiait probablement qu'ils n'allaient pas tarder à partir. Il essayait de se convaincre que ce n'était qu'un mauvais moment à passer, mais il n'en était au final pas aussi certain.

« Si cela ne te dérange pas, tu vas me suivre. Nous irons dans un endroit sécurisé pour tous les deux. »

Il acquiesça doucement mais se leva à son tour prêt à la suivre. Une dernière question cependant, sans être certain qu'il aurait la moindre réponse.

« Non, pas d’espion. »

Nouvel acquiescement tandis qu'elle reprenait la parole.

« Quand tu seras prêt, tu prendras ma main. Tu risques d’avoir le tournis et envie de vomir, mais les effets ne durent pas. Ce sera seulement plus sécurisé pour t’amener là-bas, au moins nous sommes sûrs que tes collaborateurs ne nous suivront pas. »
 « D'accord.»

Là non plus il ne chercherait pas à parlementer, à lui assurer que personne ne le suivrait, déjà par ce qu'il n'en était pas certain... et puis il n'avait pas son mot à dire. Pas pour l'instant du moins. Il n'était pas franchement rassuré mais lui donna quand même la main. Heureusement que c'était elle et qu'il avait une confiance relative, par ce qu'il n'était pas certain qu'il se serait exécuté aussi facilement avec quelqu'un d'autres.
Et là. Impossible de décrire la sensation, mais ils s'étaient retrouvés dans un autre endroit. Alors qu'elle semblait allait bien, lui avait l'impression qu'il allait dégueuler ses tripes et boyaux, pas bien dramatique en soi, ça allait passer vite. En théorie du moins.

« Ca va ? »
 « Ouais, ouais, ça va aller.»

Il finit par s'asseoir lorsqu'elle lui indiqua, la nausée toujours présente mais s’apaisant déjà un peu. Spécial comme moyen de voyager mais fort pratique, il fallait bien l'avouer ! Il regarda un peu autour de lui avant de se focaliser sur la jeune femme. Il avait bien envie de lui demander où il était, mais ce n'était toujours pas le moment. Il fallait qu'il se rappelle qu'il ne pouvait que la jouer serrer, il fallait donc qu'il se montre raisonnable.

« Je me doutais que tu ne réagirai pas violemment te connaissant mais je suis surprise par ta réaction : je ne m’attendais pas à du soulagement. »

Ah ; ça c'était donc vu tant que ça. Il se passa une main dans les cheveux entre la gêne et le stress. Il laissa passer quelques instants avant de planter son regard dans celui de la jeune femme et de répliquer.

 « J'ai eu un doute pendant un instant sur les raisons de tes questions. Et il n'y avait pas beaucoup de possibilités.» Trop subtil pour les Supérieurs probablement, ils auraient pu rentrer, le tuer ou l'enfermer directement.  « Je me suis demandé si tu n'étais pas un espion, ou quelque chose de similaire à la solde de Gregory. Je suppose que tu sais qui c'est. Ce qui était contrariant pour moi ; tu l'as dis, tu as compris ce que je voulais ; et ça aurait été compromettant.» Il se tut quelques instants avant de reprendre  «Même si la finalité, dans l'un ou dans l'autre des cas pourrait être la même issue.»

Autrement dit qu'ils pourraient tous vouloir le tuer. Il en avait conscience. Il savait que c'était un risque et il n'avait même pas envie de se battre pour sa vie. Seul son objectif comptait ; ses erreurs, des choix il devrait bien les payer et ça serait un juste prix.

 «Donc, il s'agit forcément de Timothy d'après ta description.»

Elle ne comptait certainement pas répondre à davantage de questions sur le sujet ; s’il avait envie de mettre un nom et un visage sur leur source d’informations alors il le pouvait mais elle ne confirmerait pas sa théorie.

« Et si je suis d'accord avec toi pour la violence ; tout le monde ne pense pas forcément de la même manière. Si quelqu'un se rend compte que des choses en fuité, il sera un des premiers suspecté.»

Voilà pourquoi elle pensait à lui comme quelqu’un de bon, par nature, quand bien même il avait participé à des actes discutables et franchement criminels – comme tous ceux impliqués dans une guerre -...c’était parce que Naveen se souciait profondément des autres, avant même d’être en colère, inquiet pour lui – même ou tout autre émotion égocentrique que n’importe qui aurait pu avoir. Non, lui, il pensait au bien du gamin.

« Toute personne voulant nous aider bénéficiera d’une protection de notre part, cela me semble assez évident pour ne pas avoir besoin d’être dit. » Les mots n’étaient pas tranchants, le ton n’était pas agressif mais il y avait de la fermeté dans sa réponse calme et posée. « Ne t’en fais pas pour cette personne. »

C’était tout ce qu’elle était prête à dire, à part qu’il n’y avait pas d’espion sous leur coupe chez les Inquisiteurs. Du moins, pas vraiment. Si Timothy avait donné des informations à la Garde, il n’en avait plus souvenir – ni de l’avoir croisé, elle, ni Niall – et il ne pouvait donc entrer dans la catégorie « espionnage ». Quant à Naveen...l’avenir le dirait sûrement. Et cet avenir était déjà à leur porte. Il était temps d’aller vers un espace plus sécurisé, téléphone du secouriste éteint et dans sa poche, tandis qu’elle tendait une main vers lui pour l’inviter à disparaître avec elle. Une sensation qui ne serait pas des plus agréables, elle le savait, mais qui se dissiperait rapidement. Elle n’avait pas senti d’hésitation chez lui, sans doute y avait-il une résignation plutôt sage dans son attitude, ou un espoir qui renaissait…

Ils transplanèrent, main dans la main, et réapparurent dans une salle d’interrogatoire du Quartier Général. Un message à l’équipe qui attendait en back-up et Sanae s’installait après avoir vérifié que Naveen allait bien. Ses prunelles le fixèrent pour évaluer ses réactions mais il ne semblait pas sur le point de tourner de l’oeil.

« Ouais, ouais, ça va aller.»
Elle hocha la tête, se délestant de tout rôle de soignant qui prendrait davantage le temps de laisser Naveen se remettre. Pas le temps. Pas l’envie. Pas son rôle aujourd’hui. Un soldat, pas un médicomage. Et elle ne tarda pas à engager la conversation, se basant sur l’expression de soulagement qu’elle avait vu traverser Naveen quand elle lui avait annoncé qu’elle était une sorcière. Une réaction pour le moins déconcertante pour un Inquisiteur.

« J'ai eu un doute pendant un instant sur les raisons de tes questions. Et il n'y avait pas beaucoup de possibilités.Je me suis demandé si tu n'étais pas un espion, ou quelque chose de similaire à la solde de Gregory. Je suppose que tu sais qui c'est. » Elle avait acquiescé silencieusement, le visage de l’homme prenant la parole devant l’auditoire réuni, s’imposant dans son esprit. « Ce qui était contrariant pour moi ; tu l'as dis, tu as compris ce que je voulais ; et ça aurait été compromettant.» En effet, il aurait pu être dès lors considéré comme un traitre, et si ce n’est mis de côté, abattu ou torturé pour s’assurer qu’il n’avait pas parlé à qui que ce soit, ou simplement pour le punir. « Même si la finalité, dans l'un ou dans l'autre des cas pourrait être la même issue.»

Le destin réserve parfois des avenirs bien sombres à ceux qui se battent pour des causes justes et des idylles à ceux qui veulent anéantir les autres. C’était toute l’injustice du monde et c’était peut-être l’une des grandes similarités qu’il y avait entre celui des moldus et celui des sorciers.

« Tu as donc peur de Gregory et de ceux qui sont de son côté. » conclut-elle avant de marquer une pause. « Et tu as sans doute raison : tes prises de positions te mettent en danger chez les Inquisiteurs mais elle t’ouvrent une autre voie. Ici-même. » Parce que la Garde avait entendu son appel et qu’ils étaient prêts à négocier une alliance prometteuse. « Si nous t’offrons la possibilité de t’allier à nous pour éviter qu’un autre carnage comme l’attentat du Ministère, la saisiras-tu ? Je crois déjà savoir la réponse mais j’ai besoin que les choses soient clairement dites Naveen : la décision que tu prendras te placeras en tant que traitre pour eux s’ils le découvrent mais nous pouvons te protéger comme nous protégeons ceux qui sont prêts à nous donner de précieuses informations. Nous avons des moyens que les Inquisiteurs n’ont pas, cela va sans dire. »

Elle joignit ses mains sur la table et le regarda tranquillement, sans agressivité. D’ailleurs, elle parlait avec un calme déstabilisant. Un calme qu’il n’avait sans doute pas l’habitude de voir chez elle tant elle s’était souvent montrée enjouée ou joueuse avec lui.

« J’ai besoin de savoir si on peut te faire confiance. Et j’imagine que tu as besoin de la même chose nous concernant. »

Il aurait voulu une réponse, une confirmation. Quelque chose pour montrer que le gamin – si c'était bien lui- était à présent protéger. Est-ce qu'il en avait besoin pour se rassurer, peut-être plus ou moins inconscient, mais si la plupart des membres des Inquisiteurs -dont lui- étaient coupables de tout ce qui s'était passés et devaient payer le prix ; pour Turner il jugeait que c'était différent pour plusieurs raisons qu'il était inutile d'expliquer. Il comprenait qu'elle ne pouvait pas lui fournir le moindre indice, mais il espérait qu'elle lui dirait au moins qu'il serait protégé ce type.

« Toute personne voulant nous aider bénéficiera d’une protection de notre part, cela me semble assez évident pour ne pas avoir besoin d’être dit. Ne t’en fais pas pour cette personne. »

Il acquiesça doucement. Elle pouvait mentir, il le savait bien, mais cela lui faisait amplement. Il jugeait qu'elle ne lui aurait pas dit ça juste pour l'apaiser, elle semblait plutôt dans la franchise.
Bientôt, elle le fit transplaner et la sensation était loin d'être agréable comme elle lui avait prédit. Voyons le bon côté des choses, il était entier, ça allait vite passer c'était rapide, sans risque. Et au moins, il ne savait pas où ils se trouvaient ce qui était probablement le mieux. Et il était visiblement l'heure de parler des choses sérieuses. Il espérait qu'il ne ferait pas de grosse bourde pour au moins avoir la chance de parler à quelqu'un de raisonnable – Sanae, ou quelqu'un d'autre si l'interlocuteur changeait-, pour .. s'expliquer ? Ouais, ce n'était pas forcément la meilleure définition mais elle restait proche de la vérité.
Première question sur son soulagement, pas question de lui mentir, autant lui dire qu'il avait craint que se soit juste les Inquisiteurs qui lui faisaient un coup fourré. C'était vrai. Il n'était pas persona non grata, mais les doutes qu'il avait pu immiscer dans certains esprits devaient rester gravés, certains n'avaient pas aimé, mais jusqu'à quel point ? Et dans son discours, il voulait clairement lui faire comprendre qu'il se doutait que même ici son destin ne serait pas mirobolant et que sa vie était toujours en jeu. Chose normale en soi, vu ce qui s'était passé dans leur Ministère.

« Tu as donc peur de Gregory et de ceux qui sont de son côté. »

Est-ce que le mot peur était le plus approprié ? Pas forcément, de la crainte oui, de la peur il n'en était pas certain. Ce n'était pas quelque chose d'aussi viscéral. Il voulait juste être certain d'accomplir quelque chose, il voulait juste que les informations qu'il avait, ses idées tombent dans d'autres oreilles (dans les bonnes oreilles)

« Et tu as sans doute raison : tes prises de positions te mettent en danger chez les Inquisiteurs mais elle t’ouvrent une autre voie. Ici-même. Si nous t’offrons la possibilité de t’allier à nous pour éviter qu’un autre carnage comme l’attentat du Ministère, la saisiras-tu ? Je crois déjà savoir la réponse mais j’ai besoin que les choses soient clairement dites Naveen : la décision que tu prendras te placeras en tant que traitre pour eux s’ils le découvrent mais nous pouvons te protéger comme nous protégeons ceux qui sont prêts à nous donner de précieuses informations. Nous avons des moyens que les Inquisiteurs n’ont pas, cela va sans dire. »

Cette fois, elle le laissa un peu perplexe. Il haussa un sourcil d'ailleurs montrant bien cet état d'esprit. Il ne s'était pas attendu à quelque chose comme ça, aussi franc... aussi facile en quelque sorte. Mais est-ce que c'est bien ce qu'il voulait ? Comment est-ce qu'il pouvait être certain qu'en s'alliant à la Garde il obtiendrait son Objectif. Par ce qu'au final, c'était surtout ça qui l'importait. Est-ce qu'être un traire au yeux des Inquisiteurs le gênait ? Pas vraiment. De toute manière, il s'était déjà assez placé comme tel. Ce n'était pas là son souci, juste le fait qu'il doive répondre de suite et qu'il ne puisse pas réellement pas marchander. La conversation n'était pas encore assez entamée pour cela, pour qu'il se permette la moindre chose. Il allait donc devoir répondre d'une autre manière  toujours faire d'écart... et tandis qu'il pensait à tout cela, elle avait repris la parole, le tirant de ses pensées.

« J’ai besoin de savoir si on peut te faire confiance. Et j’imagine que tu as besoin de la même chose nous concernant. »

On ne pouvait pas faire confiance à quelqu'un comme ça. Ce n'était que des mots. Le moindre événement pouvait tout faire basculer. Comment est-ce qu'ils pourraient lui faire confiance vu qu'il avait déjà « changé » de camps, d'idées qui plus est ? C'était une question épineuse... mais probablement un risque à prendre.
Encore quelques instants de silence, avant qu'il ne plante son regard dans celui de la jeune femme et de lui dire, doucement :

 « La seule chose dont j'ai besoin actuellement, c'est de savoir si on est bien sur la même longueur d'onde. La seule chose qui m'intéresse, ou du moins la prioritaire c'est que ce qui s'est passé dans cette école ne se reproduise plus. A petite ou à grande échelle. Que des gens sans … heu, magie, ne se retrouvent pas entre la main de ces fous-furieux.» Bref, que les Moldus ne soient plus des sous-fifres, des cobayes ou autres pour les Sorciers. Peu importe les mots, ce qu'il voulait dire devait être assez clair pour la jeune femme. Il se tut quelques instants avant de se racler la gorge et de continuer  « Alors, si c'est le cas, je ne vois aucun inconvénient de m'allier à vous, du moment que la vie d'innocents, d'un côté comme de l'autre, est préservée.» Nouveau temps de silence.  « Et je n'ai plus à rien à perdre, depuis longtemps, Sanae...De trop long mois. Années. .... même protégé, s'ils veulent m'avoir, ils m'auront ; vous avez des moyens qu'ils n'ont pas, mais l'inverse est probablement vrai, et je ne pourrai pas dire à  quel point...»

Mais c'était un risque qu'à l'instant T il prenait sans trop hésiter.  Il n'y avait probablement que cette alliance qui pourrait arrêter les Supérieurs, que cette alliance qui permettrait aux Moldus d'être tranquilles... Et c'était également la seule manière qu'il avait trouvé pour ne plus que des innocents payent. Que des Supérieurs meurent, autant le dire, il n'en avait rien à faire, pour les autres c'était quelque chose qui n'était pas vérifiable.

 « Ce point éclairci, je suppose que tu as beaucoup d'autres questions à me poser ?»

Est-ce qu'il était le seul à être en ces murs, vu ce qu'il avait dit à la Réunion, ou est-ce que les autres Généraux (membres?) étaient également présents ? Il eut une pensée pour Ruben et espéra qu'il ne ferait pas de la merde et qu'il essayerait de mettre un peu d'eau dans son vin. Il espérait surtout que son meilleur ami prendrait cette initiative pour le rejoindre sur son discours. Avec Shadwell rien n'était encore perdu.

Elle aurait pu tourner autour du pot, prendre plus de temps, et bien qu’elle prenne soin d’y aller par pallier, sachant déjà les questions qui attendaient d’être posées, mais Sanae ne voulait pas enrober les choses jusqu’à ce qu’elles n’aient plus leur sens véritable. Aucune envie de faire durer la tension qui les séparait désormais. Ça devait être fait alors elle le faisait. Peu importait à quel point cela lui coûtait au fond. Peu importait la tristesse qui imbibait ses pensées. La légèreté de leurs échanges passés n’était plus. Balayée par les circonstances et les identités de chacun, il n’en restait plus qu’un résidu amer, plein de regrets.
C’était comme les derniers jours de l’été où on pouvait sentir dans l’air que c’était la fin de quelque chose. Le parfum qui se dégageait dans la brise tiède annonçait le départ d’une chaleur précieuse dont la peau gardait les stigmates. Peut-être était-ce ça en fin de compte...la fin de quelque chose. Et le début d’une autre. Il restait alors à définir ce que cette autre chose serait.

 « La seule chose dont j'ai besoin actuellement, c'est de savoir si on est bien sur la même longueur d'onde. La seule chose qui m'intéresse, ou du moins la prioritaire c'est que ce qui s'est passé dans cette école ne se reproduise plus. A petite ou à grande échelle. Que des gens sans … heu, magie, ne se retrouvent pas entre la main de ces fous-furieux.» Elle avait vu son haussement de sourcil perplexe. Ils se surprenaient tous deux ce soir apparemment. Et la communication se faisait, tendue, par tâtonnements.  « Alors, si c'est le cas, je ne vois aucun inconvénient de m'allier à vous, du moment que la vie d'innocents, d'un côté comme de l'autre, est préservée.» Si elle n’exprimait rien en apparence, gardant un sérieux un peu froid mais concentré, Sanae aurait pu sourire de cette réflexion. Toujours les autres en priorité, hein ?  « Et je n'ai plus à rien à perdre, depuis longtemps, Sanae... Elle devinait qu’il s’agissait de sa fille. Le deuil, elle l’avait vu dans ses yeux ; pas seulement entendu dans ses mots. .... même protégé, s'ils veulent m'avoir, ils m'auront ; vous avez des moyens qu'ils n'ont pas, mais l'inverse est probablement vrai, et je ne pourrai pas dire à  quel point...»

Elle se redressait sur sa chaise, ses avant-bras posés sur la table, le dos légèrement arrondi et les épaules hautes.

« Si tu es là, c’est que nous partageons le même avis sur ce sujet Naveen. Nous voulons tout faire pour que les événements de Poudlard ne se reproduisent plus jamais. Beaucoup d’entre nous ont perdu des proches, nous sommes tous liés à ce combat d’une manière ou d’une autre et il n’y a pas de doute sur le fait que si nous pouvons trouver un moyen d’être plus efficace, nous le mettrons en œuvre. » Elle ouvrit les mains sur la table. « Notamment en trouvant des alliés là où on ne l’imaginait pas forcément. » Un instant de silence, lèvres pincées. Son regard ne le quittait pas. Direct mais sans violence. « Nous ferons tout ce que nous pourrons pour te protéger si tu t’engages sur cette voie…même si tu dis ne plus rien avoir à perdre. »

Si elle laissait plusieurs points de côté, ce n’était pas pour rien. Il allait sans dire que si la vie d’innocents pouvait être épargnée, ils feraient ce qu’il faudrait. Mais une guerre faisait bien des déceptions chez les naïfs : il y avait toujours des dommages collatéraux. Des innocents souffriraient de ce conflit à trois têtes, comme c’était déjà présentement le cas. Sauf que la Garde ne commettrait certainement pas un attentat pour porter un coup aux Supérieurs. Et à vrai dire, malgré l’horreur de la situation, malgré le fait que des personnes qui n’avaient rien demandé ce soit retrouvées là...Sanae savait qu’une partie d’elle aurait pu faire ce choix. Du point de vue des Inquisiteurs les plus extrêmes, tous les sorciers étaient les mêmes non ? En partant de ce principe, alors l’acte était justifié. Une logique froide, dure à entendre, mais elle comprenait malgré elle comment on en venait à cette décision.

 « Ce point éclairci, je suppose que tu as beaucoup d'autres questions à me poser ?»
Elle laissa son dos revenir contre le dossier de la chaise, ses mains toujours sur la table et eut un sourire en coin.

« J’ai beaucoup de questions oui. Mais celle de la confiance n’est toujours pas réglée. Cela ne suffit pas que je puisse te croire. Et tu ne devrais pas te contenter de me croire non plus. Nous avons tous les deux besoin de garanties. Et la magie peut nous apporter ça. » Elle joignit les mains, le dos droit. « Plusieurs façons de procéder :  nous avons un sérum de vérité qui assurera qu’aucun de nous ne joue de double-jeu. » Une pause, plus tendue. « Ou alors...dans l’optique où tu ne veux pas tester cette méthode, je pourrais t’assurer ma bonne foi avec du sérum de vérité et toi...tu devras me laisser entrer dans ta tête. »

Elle laissa les informations s’écouler quelques secondes avant de reprendre. « J’ai ...un don, Naveen. Une capacité spéciale qui fait que je suis capable d’entrer dans la tête des autres, de lire leurs pensées, voir leurs souvenirs, accéder à des parts d’eux-mêmes en étendant mon esprit dans le leur. Si on procède ainsi, je peux me contenter de seulement vérifier si tu ne mens pas ou ne projettes pas de nous doubler. C’est une façon comme une autre d’avoir une garantie sur ce que tu pourras me dire. Je pourrais aussi prendre tous les souvenirs que tu as qui concernent les Inquisiteurs. Plus efficace, mais un peu plus long pour toi à supporter. C’est toi qui vois. »

Son regard toujours ancré dans le sien, la sorcière ajouta en se penchant légèrement vers lui « Si cela ne tenait qu’à moi, je prendrai tes mots pour acquis. Mais j’ai toute une organisation derrière moi qui demande des garanties plus fiables que mon instinct. »

Calme. Le plus important était, ça, de garder son calme pour l'instant. Raisonner. Avoir son sang froid au maximum pour ne pas commettre la moindre erreur. Chaque mot, chaque intonation aurait son importance et s'il n'était pas calme, il pouvait aussi mal interpréter les propos de Sanae ce qui serait dommage. Concentration donc. Ne pas oublier l'objectif. Ne pas se laisser submerger par le moindre stress. Il avait donc essayé de lui expliquer un minimum comment il voyait les choses, son « objectif », qu'il était prêt à coopérer mais aussi sur le fait que protection ou pas, si les Inquisiteurs voulaient sa peau, ils l'auraient. Il en était certain. La magie ne pouvait pas protéger de tout.

« Si tu es là, c’est que nous partageons le même avis sur ce sujet Naveen. Nous voulons tout faire pour que les événements de Poudlard ne se reproduisent plus jamais. Beaucoup d’entre nous ont perdu des proches, nous sommes tous liés à ce combat d’une manière ou d’une autre et il n’y a pas de doute sur le fait que si nous pouvons trouver un moyen d’être plus efficace, nous le mettrons en œuvre. » Il acquiesça doucement ne sachant pas bien quoi répondre là-dedans, probablement par ce que pour l'instant il n'y avait rien à dire ! « Notamment en trouvant des alliés là où on ne l’imaginait pas forcément. » Là, elle parlait certainement de lui, d'autres inquisiteurs s'ils en trouvaient avec qui s'allier. Il se contenta de la regarder sans savoir quoi ajouter. « Nous ferons tout ce que nous pourrons pour te protéger si tu t’engages sur cette voie…même si tu dis ne plus rien avoir à perdre. »

Cette fois, il se contenta d'hausser un peu les épaules. Elle avait l'air d'y tenir, d'y croire. Et puis, il fallait bien avouer que ça avait aussi un côté rassurant, mais il savait que cela ne suffirait peut-être pas. Et si a Garde les avait trouvé, même si ce n'était les pas son propre groupe qui le choppait, cela pouvait très bien être les Supérieurs.

 « D'accord.», se contenta-t-il de dire.

Pas besoin d'épiloguer plus là-dedans, il suivrait ce qu'elle lui conseillerait et si elle insistait c'est qu'elle devait penser que c'était utile. Maintenant qu'ils en avaient fini avec ça, il était probablement temps de parler d'autre chose et il essaya donc de lui faire comprendre qu'il était prêt pour la suite. Peut-être allait-il regretter cette question, mais de toute manière il allait falloir y passer, alors autant le faire de suite, autant qu'ils en parlent. Il était là pour ça et il comptait coopérer le maximum possible.

« J’ai beaucoup de questions oui. Mais celle de la confiance n’est toujours pas réglée. Cela ne suffit pas que je puisse te croire. Et tu ne devrais pas te contenter de me croire non plus. Nous avons tous les deux besoin de garanties. Et la magie peut nous apporter ça. » Forcément, il fallait être con pour croire qu'elle se fierait juste à ses belles paroles. Il s'y était préparé un minimum. Il acquiesça doucement continuant de l'observer, elle et ses petites mimiques. « Plusieurs façons de procéder :  nous avons un sérum de vérité qui assurera qu’aucun de nous ne joue de double-jeu. » Sauf, s'il y avait un antidote à ça et qu'elle l'avait déjà pris, il eut un bref sourire. Il savait que c'était le jeu et n'attendait pas une réelle garantie. Il n'avait pas réellement le choix de toute manière. « Ou alors...dans l’optique où tu ne veux pas tester cette méthode, je pourrais t’assurer ma bonne foi avec du sérum de vérité et toi...tu devras me laisser entrer dans ta tête. »
 « Pardon ?» ce n'était pas agressif, ou quoi que ce soit, c'était juste de la perplexité qui allait presque jusqu'à l'incompréhension ? C'était quoi, ça encore ? Et pourtant il était plus curieux que réellement apeuré, du moins pour l'instant. Il aurait tout le temps de flipper une fois qu'elle aurait donné ses informations, ses explications.
« J’ai ...un don, Naveen. Une capacité spéciale qui fait que je suis capable d’entrer dans la tête des autres, de lire leurs pensées, voir leurs souvenirs, accéder à des parts d’eux-mêmes en étendant mon esprit dans le leur. Si on procède ainsi, je peux me contenter de seulement vérifier si tu ne mens pas ou ne projettes pas de nous doubler. C’est une façon comme une autre d’avoir une garantie sur ce que tu pourras me dire. Je pourrais aussi prendre tous les souvenirs que tu as qui concernent les Inquisiteurs. Plus efficace, mais un peu plus long pour toi à supporter. C’est toi qui vois. »

Non. Non. Non. ET renon. Il y a certaines choses qui ne devaient rester que pour lui... cependant... elle disait que c'était plus efficace ; or, pour prouver sa bonne foi, il devait utiliser la méthode la plus fiable pour elle. Pour Eux, la Garde. Il se mordilla un peu la lèvre en pleine réflexion, tandis que plein de questions fleurissaient en plus pour savoir comment ça marchait, ce genre de don. Puisque c'était comme ça qu'elle l'appelait.

« Si cela ne tenait qu’à moi, je prendrai tes mots pour acquis. Mais j’ai toute une organisation derrière moi qui demande des garanties plus fiables que mon instinct. »

Etrange Dame, qui aujourd'hui encore semblait vouloir lui faire confiance malgré tout. Ca avait quelques chose de fascinant, mais il ne pouvait que comprendre son Organisation derrière elle. Et il ne saisissait pas pourquoi ses propos, pour elle, étaient tenus comme vrais ?! Et maintenant, il allait falloir qu'il sorte de son silence, qu'il réponde enfin quelque chose. Il se passa une main dans les cheveux, cette fois nerveusement.

 « Ce que tu vois voir, est-ce que je fais le voir aussi ? Est-ce que tu... comment dire ça... juste te focaliser sur certaines choses ou tu dois tout  humm.. visualiser ? J'crois que c'est le bon mot vu ce que tu as dis.»  Fais pas le con. Prend le sérum de vérité. temps de silence, regard dans le vide.  « Si j'ai bien compris c'est la solution la plus efficace pour vous que tu utilises ton... Don ?» Cette fois, il la regarda dans les yeux quelques instants.  « Si c'est le cas, vas-y... et pour la potion pour toi, tu peux t'en passer. Je préfère te faire confiance, de toute manière, rien ne me dit que tu n'aurais pas pris un antidote avant pour ne pas que ça fonctionne.» il haussa les épaules.  « Je préfère juste me fier à toi. A ce que tu dis. A ta parole.»

C'était un jeu dangereux, il le savait. Il avait totalement conscience de cela, mais au final quelle importance ça avait ? Ce n'était qu'avec la confiance qu'ils pourraient tous avancer ; Les Sorciers avaient un net avantage sur lui, alors prendre des précautions ne serviraient à rien. Sanae – et donc la Garde- s'étaient montrés courtois jusque-là, alors il préférait juste croire les paroles de sa camarade.
Elle allait rouvrir des plaies, il s'en doutait ; mais au final si c'était le prix à payer pour une paix futur, pourquoi pas ? De toute manière, en réalité, les souvenirs de la petite, il y repensait chaque jour. Est-ce qu'un plus serait vraiment si dévastateur ? La réponse, il la connaissait, mais il essayait de voir le positif. Ce n'était pas de lui dont il était question au final, il ne fallait pas qu'elle puisse passer à côté de quelque chose.
Dis lui ce mot. Dis lui ces limites. Au diable tout le reste.
Silence.

Combien de fois devrait-elle le faire ? Combien de fois devrait-elle affronter le regard de ceux qui apprenaient tout juste son don ? On pourrait penser que l’habitude arrivait à effacer l’angoisse, à dissoudre les craintes mais il n’en n’était rien. Les révélations s’enchaînaient efficacement et si son visage demeurait impassible, tout en elle se crispait.

 « Pardon ?»
La perplexité et la surprise se lisaient sur les traits de Naveen. Rien de plus normal. Etrange d’ailleurs comme dans l’entremêlement de leurs mondes, les concepts semblaient appartenir au  domaine de l’extraordinaire mais les émotions restaient humaines, banales. La tristesse de perdre quelque chose, de tourner une page, la surprise de découvrir les secrets de l’autre, la pression de mener à bien une mission… Il n’y avait rien de plus humainement ordinaire dans cet échange, comme si tout ce qui se trouvait à l’extérieur d’eux-mêmes et qui les entourait entrait en décalage avec les sensations qui les parcouraient.
Pas d’agressivité dans sa voix mais l’ébahissement. Les Inquisiteurs savaient-ils que certains sorciers avaient des prédispositions, des dons spéciaux qui s’ajoutaient aux pouvoirs qu’ils possédaient déjà ? S’ils avaient eu accès à bon nombre d’informations, celle-ci était une découverte pour Naveen.

Elle l’observa attentivement se mordre la lèvre, peser le pour et le contre. Les choix qu’elle lui offrait n’étaient pas simples et elle lui laissait le temps d’y réfléchir sans insister. Les cartes étaient entre ses mains. Il passa une main dans ses cheveux sombres. La nervosité tiraillait ses traits d’habitude si chaleureux.

 « Ce que tu vois voir, est-ce que je vais le voir aussi ? Est-ce que tu... comment dire ça... juste te focaliser sur certaines choses ou tu dois tout  humm.. visualiser ? J'crois que c'est le bon mot vu ce que tu as dis.» Elle retint le sourire presque attendri face à ses balbutiements, ses hésitations. Il cherchait ses mots, tentait de faire sens de cette nouvelle information. « Si j'ai bien compris c'est la solution la plus efficace pour vous que tu utilises ton... Don ?» Ça l’était.  « Si c'est le cas, vas-y... et pour la potion pour toi, tu peux t'en passer. Je préfère te faire confiance, de toute manière, rien ne me dit que tu n'aurais pas pris un antidote avant pour ne pas que ça fonctionne.» Cette fois-ci, un léger sourire étira ses lèvres alors qu’elle ne retenait pas un souffle amusé, sans moquerie. L’amusement cachait l’étrange sentiment de réconfort qu’elle éprouvait à entendre qu’il lui faisait confiance.  « Je préfère juste me fier à toi. A ce que tu dis. A ta parole.»

Il y eut un court instant de silence durant lequel les prunelles de la sorcière ne lâchèrent pas les siennes. Son impassibilité se retrouvait transpercée par la foi qu’il avait en elle. Sanae joignit les mains sur la table.

« C’est en effet le moyen le plus efficace. Quant à la façon dont ça va se passer...Mon esprit va se fondre dans le tien, je le ferai avec le plus de douceur possible mais tu éprouveras une certaine gêne et tu auras sans doute mal à la tête pendant et après. » Elle se pinça les lèvres avant de reprendre. « S’il y a des choses que tu ne veux absolument pas que je vois, il faut te faire violence pour ne pas y penser. Je peux prendre les souvenirs qui passent directement dans ton esprit à mesure que tu y penseras ; si tu penses à un souvenir, je le verrai immédiatement. Pour ce qui est des choses plus enfouies, il me faudra naviguer plus en profondeur dans ton esprit mais je ne vois pas d’intérêt essentiel à fouiller dans chaque image de ton passé. J’ai seulement besoin que tu penses à tout ce qui concerne les Inquisiteurs. L’organisation, les missions, les ressources, les noms et visages, les événements passés ou à venir...en somme, tout ce qui serait utile. Je ressentirai tout ce que tu auras ressenti durant ces moments-là comme si...je les vivais avec toi en quelque sorte. » Elle prit une inspiration et appuya un peu plus ses coudes sur la table, se penchant légèrement vers lui. « Si je tombe sur un souvenir trop douloureux, tu n’auras qu’à taper sur la table ou me dire de passer à autre chose mais je saurais de moi-même accrocher un autre souvenir. »

Une pause, pour lui laisser le temps de digérer tout ce qu’elle venait d’énoncer. Elle n’avait pas rebondi sur la confiance qu’il lui octroyait ; la pudeur l’enchaînait à l’efficacité de cet interrogatoire.

« J’ai besoin d’avoir un contact visuel constant avec toi pour que mon don fonctionne. Quand tu seras prêt, j’entrerai dans ton esprit. »

Elle lui fit un léger sourire qui se voulait rassurant. Ou peut-être y avait-il un fond d’excuse là-dedans. Parce qu’elle savait...elle savait ce qu’il devait redouter. La mort de sa fille. Revivre les images, les sensations… Et elle aurait aimé dissiper sa peur mais il n’y avait pas de moyen, pas de mots qui puissent contrer l’angoisse ou la douleur. Alors elle attendait. Elle attendait qu’il soit prêt, lui laissait le temps de changer d’avis.

Il devait se concentrer. Il devait absolument être certain de bien tout comprendre pour ne pas répondre à côté, pour savoir dans quoi il s'engageait. Au final, ce n'était peut-être pas si important que ça de connaître les détails, il savait qu'ils auraient le dernier mot de l'histoire, qu'ils auraient d'une manière ou d'une autre les éléments qu'ils voulaient, mais vu qu'elle lui laissait le choix sur la manière, il préférait être certain de bien tout comprendre, par ce que certains termes lui semblaient quand même un peu obscurs. Et surtout, il y avait des choses qu'il aurait préféré laisser de côté. Alors, c'était nerveux qu'il avait repris la parole, qu'il avait essayé d'éclaircir certains points, même si sa décision était déjà plus ou moins prise : il fallait prendre la manière qui serait la efficace, même si c'était plus douloureux pour lui. Il fallait qu'elle voit sa bonne foi aujourd'hui, même si ce qu'il avait fait par le passé avec les Inquisiteurs n'était pas toujours reluisant.

« C’est en effet le moyen le plus efficace. Quant à la façon dont ça va se passer...Mon esprit va se fondre dans le tien, je le ferai avec le plus de douceur possible mais tu éprouveras une certaine gêne et tu auras sans doute mal à la tête pendant et après. » D'accord. Ok. Mal de tête ? Ce n'était pas bien grave. « S’il y a des choses que tu ne veux absolument pas que je vois, il faut te faire violence pour ne pas y penser. Je peux prendre les souvenirs qui passent directement dans ton esprit à mesure que tu y penseras ; si tu penses à un souvenir, je le verrai immédiatement. Pour ce qui est des choses plus enfouies, il me faudra naviguer plus en profondeur dans ton esprit mais je ne vois pas d’intérêt essentiel à fouiller dans chaque image de ton passé. J’ai seulement besoin que tu penses à tout ce qui concerne les Inquisiteurs. L’organisation, les missions, les ressources, les noms et visages, les événements passés ou à venir...en somme, tout ce qui serait utile. Je ressentirai tout ce que tu auras ressenti durant ces moments-là comme si...je les vivais avec toi en quelque sorte. »

Il acquiesça doucement, il n'était pas serein... mais au moins, elle verrait qu'actuellement, il était certain que s'allier à la garde était le bon choix. Elle comprendrait que ce qu'il avait dit, aussi bien pour Poudlard que dans leur conversation du début de mois – sur les hôpitaux, allier technologie moldue et sorcière pour sauver le plus de monde. Il ne savait pas si ça pouvait marcher, mais ils pouvaient toujours essayer, cela ne coûtait pas grand chose au final. Même si ça ne sauvait qu'une poignée de vie, ça serait toujours ça de gagner. Même si cela ne permettait aux malades de souffrir moins, ça serait déjà une victoire pour lui.

« Si je tombe sur un souvenir trop douloureux, tu n’auras qu’à taper sur la table ou me dire de passer à autre chose mais je saurais de moi-même accrocher un autre souvenir. »

On est d'accord qu'elle n'avait pas précisé ce qu'il devait taper sur la table. La tête, ça marchait ? Il eut un faible sourire à cette idée. Il inspira. Tout était lié, imbriqué ; et au final, il y avait beaucoup de choses qui ne devraient pas passer sous silence même s'il l'aurait préféré.

« J’ai besoin d’avoir un contact visuel constant avec toi pour que mon don fonctionne. Quand tu seras prêt, j’entrerai dans ton esprit. »

C'était simple, pourtant, il aurait juste eu à dire qu'il avait changé d'avis, qu'il ne s'en sentait pas capable. C'était simple, salvateur pour lui, cela lui éviterait de replonger dans un état qui ne l'avait au final probablement jamais quitté. Il avait juste construit une image, il avait juste tout classé dans un coin de sa tête et lorsque ça surgissait c'était encore plus douloureux. Et c'est aussi pour cela qu'il enchaînait les gardes, qu'il essayait de se crever à la tâche. Pour les autres, certes, mais aussi – et surtout?- pour ne plus avoir à penser, pour avoir le moins de temps pour réfléchir. Et les Inquisiteurs avaient également été un bon moyen de s'occuper les pensées.
Il inspira. Ce n'était qu'un mauvais à penser. Il pouvait le faire, il devait le faire, tout simplement. Quoiqu'il fasse, qu'il voit, qu'il veuille sa fille ne reviendrait jamais à la vie, il ne pourrait jamais plus la serrer dans ses bras, lui dire comme il l'aime. Il y avait plus que le trou béant de l'absence. Les questions comme « qu'est-ce que j'aurais pu faire de plus » ; et il savait que la réponse était rien. Mais elle continuait de tourner en boucle.
Alors, qu'est-ce que c'était, un peu plus de souffrance par rapport à tout cela ? Qu'est-ce que c'était, si ça pouvait aider à changer un peu la face du monde, même si ce n'était qu'un premier pas balbutiant.
Nouvelle inspiration, avant qu'il ne plante son regard dans celui de Sanae.

 « Vas-y, je suis prêt.»

Ou pas. Désolé Ruben.
La peur de l'inconnue....
Et puis la douleur, l'impression bizarre avant que son univers soit chamboulé.
Se concentrer sur les Inquisiteurs, c'est ce qu'elle avait dit, n'est-ce pas ? Alors c'est ce qu'il essayait de faire un maximum.
Pendant la période plus » calme » où Debbie avait été la cheffe, et que les méthodes étaient globalement plus douces, il était plutôt d'accord avec ce qui se faisait (même s'il était toujours pour faire une certaine distinction entre les Supérieurs et les Autres). Et puis, il y avait eut l'ère Gregory, l'attentat, les questions qui s’enchaînaient sur ce qu'il foutait dans de groupe avec un tel chef, avec quand même l'envie de lui laisser sa chance. - La disparition d'Arthur, de Debbie-. Le black out, dont il n'avait pas été mis au courant – malgré son grade de Général-, ce qui lui avait laissé un goût amer lorsqu'il avait appris mais il avait bien vite compris qu'on ne lui faisait plus confiance avec ses positions. Il y avait eu aussi William, le fait qu'il avait essayé de lui apporter un minimum de confort, même s'il avait quand même un peu les mains jointes. Il aurait probablement pu se débrouiller pour le faire sortir, mais ils n'auraient jamais atteint la sortie. Est-ce qu'il l'avait touché, Jackson ? Tout à fait. Est-ce qu'il lui aurait bien fait prendre l'air, même si ce n'était pas pour le laisser « partir » ? Oui, mais là, ça n'avait pas été possible, même s'il y avait réfléchi. Des choix, il en avait des tas, beaucoup de mauvais probablement aux yeux des Sorciers. Mais tout était une question de voir les choses, tout était une question de perception. Moins le gamin voyait/savait de choses, plus il avait de chances de s'en sortir lorsque … ceux qui décident se seraient décidés. Il y croyait encore un peu, qu'il pourrait partir, être libre. La discussion avec Alejandra contre qui il étaut furieux qu'elle ait touché William. Les discussions avec les autres membres, notamment avec Ruben, son meilleur ami, celui que Sanae apercevrait probablement le plus.
Il y avait eu la fameuse réunion, où il avait pris le risque de dire ce qu'il pensait tout bas, cette fois en étant plus clair, cette fois en ne tournant pas vraiment autour du pot. Danger, il savait qu'il s'y mettait, mais c'était quelque chose à prendre ;: est-ce que quelqu'un le suivrait ou pas ? La réponse était visiblement non. Il y avait bien Ruben, mais il n'était pas tout à fait sur la même pente.

Mais, il n'y avait pas que ça au final. Et c'est là que tout devenait compliqué. Le moment où certains autres sentiments amicaux, familiaux se mêlait. Comme le fait que c'était Ruben, son meilleur l'avait fait entrer chez les Inquisiteurs lorsque la sœur de sa femme avait disparu, lorsque Shadwell lui avait parlé de la magie, lui n'y avait pas vraiment cru mais il s'était finalement laissé convaincre par ce que « pourquoi pas ? » et puis, c'était un moyen de faire quelque chose, c'était un moyen que sa femme passe plus de temps avec leur fille plutôt qu'avoir cette obsession de la retrouver. Et il dérivait. Leur fille avaient besoin d'eux deux mais elle ne semblait pas s'en rendre compte. Combien d'appels est-ce qu'il avait passé à sa femme pour lui demander, supplier, ordonner de ramener son cul à l'hôpital par ce que leur fille la réclamait ? Combien de mensonges est-ce qu'il avait dû faire à la gamine, pour la rassurer, pour ne pas qu'elle se sente abandonnée ?

Combien de mensonges enfant, est-ce qu'il avait dû faire pour expliquer les coups de son père ? Combien de fois est-ce qu'il avait simplement dit une dispute entre frères ?

Et son état se dégradait à la petite, chaque visite devenant un crève cœur.
Chaque souvenir douloureux, court qui filait le long de son esprit alors qu'il essayait de se focaliser sur autre autre chose, mais il y revenait toujours.
Combien de journées, est-ce qu'il avait essayé de découper entre son travail, sa fille, les inquisiteurs, espérant encore et toujours que s'ils retrouvaient sa belle-sœur, sa femme reviendrait à temps auprès de sa fille.
Conneries. Foutaises.

Jusqu'à quel degré d'épuisement physique, psychologique, est-ce qu'il était allé, tandis qu'il continuait se laisser entraîner par tout ça, tandis que des « preuves « s'accumulaient » parfois contre les sorciers.

Et puis, la mort. Le deuil.  L'incompréhension. La haine. Un peu envers sa femme qui n'avait pas pu être-là. Un peu envers les sorciers, par ce que la magie aurait peut-être pu faire quelque chose. Un peu – beaucoup , beaucoup trop envers lui-même- de ne pas avoir pu faire quelque chose.

La chute profonde, remonter sans vraiment y arriver du puits sans fond, mais faire comme si tout allait bien.
Continuer se vouer corps et âmes à son métier, pour ne pas penser.
Continuer, toujours plus, de s'investir pour les Inquisiteurs, pour la même raison. Pour rendre le monde meilleur, pour ne plus que des gamins soient prisonniers, humilier.
Un objectif qui l'empêchai de sombrer, de tout abandonner.

Retour sur Ruben, qui lui expliquait que Mme Shadwell était une sorcière et qu'elle avait emmené ses enfant. Mais, lui ne s'en souvenait pas. Rien. Le vide. Il l'aurait bien pris pour un fou. Il avait cru il délirait... mais Il faisait totalement confiance en son meilleur ami.
Voilà, la magie, les enfants. Voilà ce dont elle était aussi capable.
Outre les sévices, même les « gentils » sorciers pouvaient faire des choses horribles.
Et si cette Dame lui avait supprimé des souvenirs avec sa petite et si....

Et il dérivait, tantôt de revenir au sujet principal, même si la plupart des informations avaient au final un rapport avec les Inquisiteurs, tout était lié. Savamment imbriqué.
Il aurait voulu penser à Ruben, à ses bons côtés que lui aussi n'était pas un méchant, qu'on ne devait pas lui faire du mal... mais est-ce qu'il y était arrivé ? Il n'en était pas sûr.

Il était prêt. Elle le voyait dans son regard, dans sa manière de se tenir. La détermination, même fébrile, se faisait sentir et elle inspira avant de planter ses prunelles noires dans les siennes. Il n’y eut alors plus rien autour qui existait, autre que lui. Plus rien que les quatre murs de cette pièce sobre, sans artifices. Ses mains se plaquèrent sur la table. Elle sentait sous ses doigts la surface lisse et froide. Un ancrage. Elle en choisissait toujours un ; quelque chose pour ne pas se perdre dans les méandres de l’esprit des autres. En vérité, elle n’avait pas vraiment besoin de ça pour rester alerte mais elle avait toujours pris l’habitude pour ce genre d’exercice de trouver autour d’elle quelque chose ou quelqu’un à quoi se raccrocher. Aujourd’hui, pas de Niall ou de bruit alentour. Juste elle, Naveen et cette table qui les séparait.

Elle respira lentement, profondément, les traits de son visage se détendirent et devinrent inexpressifs. Elle cligna une seconde des yeux et enfin, son esprit s’étendit en douceur vers l’homme face à elle.

Les premières images qu’elle vit ne furent pas l’entrée de Naveen chez les Inquisiteurs mais cela ne la troubla pas. Un esprit n’était qu’un hangar à souvenirs et il fallait un peu d’exploration pour trouver le début de l’histoire, rembobiner jusqu’à trouver le point de départ. Elle savait qu’il se forçait à penser seulement aux Inquisiteurs mais tous deux étaient conscients que les choses étaient bien plus compliquées. Elle accrocha les premiers souvenirs comme l’on prenait un train qui avait déjà démarré. La sorcière y trouva un Naveen en accord avec des Inquisiteurs plus mesurés, à l’époque où Debbie menait avant Gregory. Chose surprenante, Naveen avait toujours fait la distinction entre les Supérieurs et le reste de la population sorcière. Conscient de par son expérience que dans une société, tout le monde n’était pas du même côté et les oppositions étaient fortes – ainsi, il s’était toujours gardé de mettre tout le monde dans le même panier. Un discours que la majorité des Inquisiteurs ne tenaient pas. La venue de Gregory n’avait apparemment fait qu’appuyer une vision opposée à la sienne et les doutes s’étaient amoncelés. Elle apprit notamment que Naveen était un Général des Rafleurs. Surprise, la jeune femme était trop concentrée et plongée en lui pour montrer quelconque réaction.

Elle eut un sursaut au fond du ventre en voyant un visage connu. Celui de William. Elle connaissait ce souvenir mais ne l’avait vu que du point de vue du prisonnier face à un homme cagoulé qui semblait plus humain que les autres. L’homme cagoulé n’était autre que Naveen soignant William des mauvais traitements qui avaient marqué son corps. C’était une étrange sensation de revoir un souvenir sous un aspect différent et tout semblait s’accorder, se remettre en place à mesure que les images, les sensations, les pensées dévoilaient un autre pan de cette scène. Et les mots qu’elle avait déjà entendus prenaient une autre forme.

 « Et tu peux, je pense, comprendre que si certains arrivent à comprendre qu'il y a de bons et de mauvais Sorciers, d'autres ont plus de mal et ont peur ou de la haine pour vous tous. Pour diverses raisons. Par ce qu'on ne peut pas combattre réellement si on le voulait, par ce qu'on est dans l'incertitude, dans le brouillard, par ce qu'on ne mesure pas l'étendue réelle  de vos pouvoirs même si on en a une bonne idée. Et je comprends, que ça peut sonner comme des excuses foireuses de ton point de vue ; mais ça n'en est pas, c'est la vérité, c'est ainsi que l'on est tous fait. Et l'on réagi tous différemment face à la différence, face à la peur … de l'inconnu notamment. »
Elle avait été surprise en entrant dans la tête de William de voir parmi les Inquisiteurs un membre qui était prêt à sympathiser avec celui qu’ils avaient fait prisonnier ; la sincérité apparente avait longtemps été sujet à débat dans sa tête et elle n’avait jamais su dire si l’homme cagoulé s’était montré honnête envers William. Elle savait aujourd’hui que oui, pas de trace de mensonge. Naveen restait malgré tout lui-même, la main sur le coeur et l’esprit méthodique. Un soignant, un père endeuillé qui voulait protéger et sauver ceux qui pouvaient l’être – pourraient l’être grâce à la magie… Elle ne manqua pas de s’accrocher à son discours avec celle qu’elle avait déjà vu dans l’esprit de Timothy, Alejandra. De la verve, de la force et de la violence...mais pas du bon côté de la barrière pour eux. Dommage, elle aurait été un bon élément à recruter. Elle sentait l’effort, la douleur dans les tréfonds de son être qui prenaient Naveen lorsqu’il partageait son histoire, passait par son amitié avec Ruben – au vu du nombre de souvenirs provenant de la tête de Timothy et de celle de Naveen le concernant, Sanae savait plus de choses sur lui désormais que sur certains de ses coéquipiers de la Garde -, racontait comment il avait perdu ses souvenirs au sujet de l’ex- femme de son meilleur ami et puis...la mort de sa fille...
« Je n’ai pas les mêmes raisons, que beaucoup d’entre vous. Pour moi, c’est juste qu’en laissant ça passer sans rien faire, on finira tous traités comme des êtres inférieurs, méprisables, comme des objets, comme des esclaves. Et ce n’est pas quelque chose d’envisageable, notre Histoire a montré ce que l’esclavage, génocide et compagnie a fait, on ne peut pas retourner par là. Par ailleurs, vu ma … disons tronche le racisme j’en ai soupé toute ma vie. 

Il se plaçait dans l’entre-deux, ou parfois complètement à l’opposé des autres qui le jugeaient trop souple probablement. Mais ses arguments tenaient, étaient cohérents et on ne pouvait pas lui enlever cela. Pourtant, ce n’était pas l’avis de sa camarade dont le discours catégorique marquait une différence nette entre eux.

« Non, la magie n’est pas une bonne chose, on est bien d’accord là-dessus. Oui, il faut l’exterminer, mais commettre un génocide pour cela est inutile, inhumain d’une part. C’est ce que tu veux ? Tuer tout un peuple, dont la plupart des êtres sont beaucoup plus innocents que toi ? »

Pas sûr que ça en dérange certains Naveen…
Pas sûr que Sanae n’avait pas les mêmes idées concernant les Supérieurs…
On se reconnaissait toujours quelque part sur un visage ennemi...et ce n’était pas celui de Naveen qui lui faisait le plus écho.

 « Et, n'oublie pas que l'on a un avantage sur eux : on connaît leur existence, alors qu'ils ne connaissent pas la nôtre. »

Plus maintenant.

Elle passa à d’autres souvenirs, sondant l’esprit à la recherche de quelque chose de compromettant, qui pouvait la faire douter de son discours, de sa bonne foi. Elle revit le visage de celle qui avait tant terrifié Timothy, Maeve. Les conversations houleuses mais correctes entre Naveen et elle attestaient de leurs grandes différence et cela se rajoutait au tableau.
Elle cherchait plus avant, tombait sur la soirée du black-out. Elle n’y avait pas repensé en apprenant qu’il faisait partie des Inquisiteurs mais maintenant la question se posait et trouvait une réponse immédiate : il n’avait pas su pour ce projet, il avait été tenu à l’écart. Voilà pourquoi il s’était retrouvé à la mauvaise heure, au mauvais endroit. Les craintes, les déceptions, les questions ne faisaient que rajouter à la frustration de ne pouvoir avancer en un seul mouvement de groupe uni – les différences de chacun éparpillaient les Inquisiteurs et le groupe était plus que jamais divisé. Avec l’attentat, le black out et la capture de William, Naveen avait déjà une vision bien à lui. Vision partagée il semblerait par Ruben. Elle observait le visage soucieux du meilleur ami de Naveen et elle voyait s’y jouer une désillusion amère, celle d’un homme qui avait cru en un combat qui perdait de sa superbe. Les Inquisiteurs avaient emprunté une certaine voie et il n’y avait de retour en arrière. Le regret, voilà peut-être l’émotion qu’elle voyait dans tout ça. Les événements récents semblaient appuyer le déclin de l’organisation ou son ascension – tout dépendant le point de vue – et non seulement ils s’en voulaient tous deux de faire partie d’un groupe qui kidnappait des innocents mais ils étaient probablement parfaitement conscients qu’ils n’auraient pu faire barrage. La vision de Gregory et de ses fidèles chiens n’était pas de leur côté : la loi du Talion, ancestrale et primitive, mais diablement juste parfois.

« On peut toujours foutre une balle entre les deux yeux de Gregory ou le livrer aux Sorciers mais j’ai pas l’impression que ça soignera de problème de fond. Gregory a des liens avec le gouvernement et... Tu sais quoi ? En général j’ai foi en mon intuition. J’ai l’impression qu’il est assis sur une boite qui cache quelque chose de gros. Si le groupe reçoit l’appui du gouvernement, nos moyens vont monter considérablement. C’est tentant de devenir subitement fort et d’avoir le soutien d’un pays entier. Le problème, c’est que ce qu’on risque de faire de tout ça sera peu éthique... »

L’appui du gouvernement. Des moyens considérables peut-être débloqués. Son esprit s’accrochait aux images et aux paroles comme s’il les buvait.

« Et j'espère que ça sera la Garde qui nous tombera sur la gueule plutôt que les autres extrémistes. Ce ne sont pas des enfants de chœur, mais on pourra, avec un peu de chance parler avec eux. Pour l'instant on est pas censé avoir laissé le moindre indice.»
...
« Et je suis d’accord avec toi, plutôt la Garde que les Supérieurs. »

Ces mots-là avaient retenu son entière attention.
Elle eut une pensée pour Niall qui se chargeait de Ruben et espérait que tout se déroulait bien.

Les images familières de la réunion des Inquisiteurs apparurent et Sanae les accrocha seulement un instant; elle avait vu, déjà, dans la tête de Timothy ce qui s’était dit et elle n’avait pas besoin de vérifier si Naveen pensait ce qu’il avait énoncé. Elle le savait déjà.

Les souvenirs s’enchaînaient, défilaient et traçaient une histoire à crever le coeur. Elle commençait à constituer dans son esprit des morceaux de l’histoire, remontant le file d’Ariane. Ruben revenait dans le tableau, à  vrai dire il en faisait partie depuis le début. C’était lui qui avait fait entrer Naveen dans la Garde. Et puis la voilà...sa fille...petit être déjà trop malade, délaissée par une mère qui ne prenait pas ses responsabilités et aimée par un père qui tentait de tout faire pour elle, d’assurer tous les rôles, de la sauver autant que de survivre lui-même. La solitude, la rage, la frustration, et l’ignoble impuissance qui s’ancrait plus profondément en lui à mesure que l’état de sa fille empirait… C’était peut-être Ruben qui avait convaincu Naveen d’entrer chez les Inquisiteurs et de croire en la magie mais c’était cette petite fille partie trop tôt qui avait donné un vrai but à son père. Une véritable raison de se battre. Un argument entier qu’on ne pouvait pas réfuter.

Le ventre de Sanae se tordit violemment en même temps que celui de Naveen. La douleur contenue du deuil, l’effroi rien que d’y repenser. Elle savait qu’il luttait pourtant, qu’il tentait d’aller vers d’autres souvenirs mais tout le ramenait à elle… Et au milieu de tout ça, une question : est-ce que la magie aurait pu sauver sa fille ?

Oui.

Mais elle ne lui dirait pas. Mieux valait rester sur des peut-être.

Sanae ne s’accrochait pas aux souvenirs, elle les traversait sans les maintenir, sans s’y glisser vraiment. Il y pensait, alors elle voyait mais elle ne forçait pas. Elle les laissait venir et s’échapper, y attrapait des informations et des images.  Le visage de Ruben revint. Un souvenir plus lointain. Il dévoilait ses secrets à Naveen : une femme sorcière partie avec les enfants. Le sortilège d’oubliette qui creusait un trou dans la mémoire de Naveen. Oh, oui… il y avait des choses qui s’enchainaient mal, comme une cassure dans l’esprit. Des souvenirs non reliés. Des incohérences. Et les paroles de Ruben remplissaient les creux.

Elle sentait Naveen s’enfoncer dans des questionnements, comme autant de perturbations dans son esprit qui sonnaient la fin de l’exploration.

De toute façon elle avait tout ce dont elle avait besoin.

Son esprit quitta le sien, se rétractant comme aspiré par l’extérieur et il retrouva sa place en elle. Ses doigts se détendirent sur la surface de la table et elle soupira, son dos trouvant le dossier de la chaise. Elle ne dit rien pendant de longues secondes et finit par sortir son téléphone, y pianota quelque chose et le rangea, reportant son attention sur Naveen.

« Monsieur le Général des Rafleurs, je crois que votre honnêteté vous perdra... »

Elle eut un léger sourire en coin, plutôt tendre à vrai dire.

« Tu t’es clairement mis dans le viseur des Inquisiteurs en étant aussi transparent sur tes intentions – courageux mais imprudent. Ce qui veux dire que si tu veux bosser avec nous, il faudra être très consciencieux pour ne pas te faire prendre. Ça veut aussi dire qu’ils ne te font pas assez confiance pour te mettre au courant de futures opérations...Après tout, tu ne savais pas pour le black out. »

On toqua à la porte et la jeune femme se leva sans se presser, gardant un œil sur Naveen. Elle ouvrit la porte et attrapa les deux boissons qu’on lui tendit. Elle avait prit un jus de fruit pour Naveen – un truc sucré au cas où il tournerait de l’oeil après l’intrusion mentale – qui était encore neuf dans sa petite bouteille en plastique. Et pour elle, un café fumant.

Elle vint se rasseoir, glissant vers lui sa bouteille de jus.

« La bouteille est neuve, c’est juste du jus de fruits. » précisa-t-elle, anticipant la possible inquiétude.

Elle but une gorgée de son café. Grand Merlin merci …

« Si tu venais à nous aider, est-ce que tu penses que tu serais capable de jouer un double-jeu aussi dangereux ? »

Si elle s’inquiétait, c’était parce qu’il avait l’habitude d’être d’une honnêteté flagrante – qui jouait souvent à sa défaveur, sauf aujourd’hui. Pouvait-il jouer sur plusieurs tableaux alors que les risques allaient grossir à vue d’oeil ? Allait-il être capable de supporter la pression ? Etait-il assez motivé ?

Il fallait qu'il tienne. Il fallait qu'il montre tout ce qu'il pouvait. Il fallait qu'elle en sache le maximum, pour prouver sa bonne foie d'une part, pour montrer qu'il n'avait rien à cacher, qu'il était sincère dans sa démarche mais aussi par ce qu'il n'était pas bien certain de savoir combien de temps il allait rester en vie et si d'autres personnes allaient pouvoir communiquer, se fier, aller dans la même lignée que lui. Ruben peut-être, mais il n'en était pas certain.

Et les souvenirs avaient défilé si au début, ça allait plutôt bien vers la fin ce fut plus compliqué ; quand tout commença à s'entremêler, quand sa fille ne faisait qu’apparaître. Trou béant dans le cœur. Plaie jamais refermée qui continuait de se rouvrir à chaque fois. La rage de l'époque, il l’éprouva encore quelques instants, mais ce fut plus la lassitude, le manque, la tristesse qui avaient continué de germer, ainsi que la détermination. Son but. Sa promesse à lui-même, à sa fille en quelque sorte. Il tiendrait. Il devait tenir au moins pour ça... et après... peu importe ce qui arriverait. Peu importe s'il crevait, s'il se laissait tomber au sol. Le reste lui importait peu de toute manière. Le monde était fade, vil, trop gangrené pour véritablement pouvoir y faire quelque chose. Cette petite victoire, cette alliance avec le monde de la magie, pourtant, il la voulait, par ce qu'il jugeait que ça serait toujours mieux que rien.

Retour à la réalité. Mal au crâne. Nausée. Mais surtout souvenirs qu'il préférait laisser loin de lui, dans un coin de sa cervelle qui étaient bien présents, bien tapant. Douleur sans nom. Et pourtant, pour sa fille, lorsqu'il fermait les yeux parfois il se déroulait les scènes, il revivait tout cela, de façon mins intense certes, mais ça n'en était pas moins douloureux. Et les questions se posait, il essayait de voir ce qu'il aurait pu faire de plus. Qu'est-ce qu'il avait fait de mal ?
Pas le temps de se poser beaucoup plus de questions, de s'en remettre réellement que déjà, Sanae avait repris la parole. Allez, Evans. Focus.

« Monsieur le Général des Rafleurs, je crois que votre honnêteté vous perdra... » Il haussa un peu les épaules, ça, il le savait déjà plus ou moins que c'était un vrai risque pour lui, mais il s'en fichait. Il savait où était les limites de certaines et il avait toujours tâché de ne pas franchir trop les limites, sauf à la dernière réunion peut-être. « Tu t’es clairement mis dans le viseur des Inquisiteurs en étant aussi transparent sur tes intentions – courageux mais imprudent. Ce qui veux dire que si tu veux bosser avec nous, il faudra être très consciencieux pour ne pas te faire prendre. Ça veut aussi dire qu’ils ne te font pas assez confiance pour te mettre au courant de futures opérations...Après tout, tu ne savais pas pour le black out. »
 « Et il y a probablement beaucoup d'autres choses dont je ne suis pas au courant.» Il haussa les épaules.  « Normal que l'on fasse confiance qu'aux braves sous-fifres qui veulent bien vous obéir sans réfléchir. Mais effectivement, je suis peut-être un poil dans leur collimateur.»

Un poil, Naveen, vraiment ? Après tout, il avait toujours son grade de Général ; après tout, il arrivait quand même à causer aux autres membres sans qu'on lui parle trop mal, même s'il sentait une certaine méfiance. Il avait l'avantage, contrairement à Ruben, de pouvoir dialoguer plus facilement sans provoquer des joutes verbales. Il avait à peine remarqué qu'elle était partie quelques instants si bien qu'il fronça les sourcils lorsqu'elle vint se rasseoir pour lui tendre une bouteille de jus de fruit ; il la prit, l'ouvrit.

« La bouteille est neuve, c’est juste du jus de fruits. »
 « Merci !!»

Il but une ou deux gorgées, sans commenter sa phrase. Il n'avait pas besoin de savoir qu'elle était neuve, par ec que dans la réalité il existait peut-être un sort pour empoisonner la boite, il n'en savait rien, mais ce n'était pas vraiment le moment d'être trop cynique non plus !


« Si tu venais à nous aider, est-ce que tu penses que tu serais capable de jouer un double-jeu aussi dangereux ? »

Bonne question. Il avait bien envie de répondre oui, par ce que même si c'était dangereux... et bien, c'était un peu le jeu aussi... mais dans la réalité c'était quand même beaucoup plus compliqué vu qu'il pouvait citer des noms s'il se faisait chopper et dieu seul sait ce que les Inquisiteurs pourraient lui faire. Il devait donc être certain de pouvoir jouer le double jeu correctement ; pour ne trahir, pour ne pas envenimer les choses alors qu'au départ il voulait juste aider. Il se mordilla la lèvre, cherchant la réponse, cherchant de quel bois est-ce qu'il était réellement fait.

 « Probablement que oui. Je ne suis pas sûr d'être le meilleur menteur, mais éluder des sujets et tourner des phrases d'une certaine façon pour apaiser le tout, je pense que c'est dans mes cordes.» Temps de silence, court, le temps qu'il prenne une autre gorgée du jus avant de la fixer dans les yeux.  « Par contre, est-ce que cela signifie que je suis le seul à être ici... où est-ce que d'autres personnes sont également là ? Quelles seront les conséquences pour elle ? Vous pouvez modifier la mémoire, faire oublier, n'est-ce pas ?» ce n'était pas vraiment une question vu qu'il l'avait vécu et que c'est ce qui lui semblait la solution la plus sûre. Faire oublier des pans de vie, hop plus de danger immédiat de certains Inquis. De toute manière, niveau sort, c'était à peu près un des seuls dont il avait conscience qui pouvait vraiment servir.  « S'il y a d'autres personnes ici, il n'y a pas beaucoup de choix qui s'offrent à vous, soient ils coopèrent, soit ce n'est pas le cas et dans cette option, si vous les relâcher en leur faisant oublier l'entrevue, ça serait dangereux pour vous vu l'extension de l'organisation. Si vous choisissez une autre option, comme les faire disparaître, leur faire oublier... que je me souvienne alors que je suis Général paraîtra étrange.» Temps de silence.  « Il y a probablement beaucoup d'autres options auxquelles je ne peux même pas penser. Mais le principal reste là ; si d'autres ont été … emmenés dans vos locaux dans quel état est-ce qu'ils en sortiront ?»

Et c'était une information importante, par ce que suivant la réponse, le double-jeu ne serait pas du tout le même. Les règles du jeu changeraient d'une option à l'autre et il n'était pas certain de pouvoir toutes les gérer.

Elle regardait cet homme face à elle, dans cette salle d’interrogatoire confectionnée pour des cas comme le sien, et elle ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’il n’y avait pas d’autres cas comme celui de Naveen. L’honnêteté, la rigueur des principes qui l’exposait aux risques de ceux qui pensaient différemment, autant de qualités qui faisaient de lui qui il était et bien plus. Les mesures qu’avaient prises les Inquisiteurs avaient éloigné Naveen de leur groupe et il s’échouait à présent du côté de la Garde. Elle lui ouvrait les bras. Et il semblait réceptif. Cela n’étonnait pas la sorcière ; elle s’était facilement doutée qu’il ne serait pas récalcitrant et ce qu’elle avait vu dans son esprit confirmait son hypothèse. Mais il n’en demeurait pas moins que les Inquisiteurs se méfiaient de lui et que cela deviendrait de plus en plus dangereux pour lui. Si elle l’attirait un peu plus dans un combat compliqué, Sanae ne pouvait s’empêcher d’éprouver de l’inquiétude à son égard. Or, ce n’était pas le moment de s’inquiéter, seulement d’étudier les risques et d’y pallier.

« Et il y a probablement beaucoup d'autres choses dont je ne suis pas au courant.»Elle hocha la tête. Effectivement, il avait beau être général, les Inquisiteurs savaient trop bien ce qu’il pensait pour lui confier des informations conflictuelles. Il haussa les épaules, comme si ce n’était rien, comme s’il était prêt à mourir. Il l’était, du reste. Et elle savait désormais véritablement pourquoi. « Normal que l'on fasse confiance qu'aux braves sous-fifres qui veulent bien vous obéir sans réfléchir. Mais effectivement, je suis peut-être un poil dans leur collimateur.»
Un sourire en coin.
« Un poil. » souffla-t-elle, légèrement amusée comme pour contrebalancer le sérieux de cette conversation.

La question se posait néanmoins : était-il capable de jouer un double-jeu ? Etait-il capable, malgré son honnêteté, d’être dans deux camps pour obtenir ce qu’il voulait ? Elle avait attendu qu’il boive un peu, se remettant de l’intrusion mentale, pour lancer cette question à voix haute. Et il sembla réfléchir, comme il le faisait toujours avec un soin que d’autres ne prenaient pas le temps d’avoir, se mordillant la lèvre. Le regard de la sorcière ne le quittait pas.

« Probablement que oui. Je ne suis pas sûr d'être le meilleur menteur, mais éluder des sujets et tourner des phrases d'une certaine façon pour apaiser le tout, je pense que c'est dans mes cordes.» Elle cligna lentement des paupières, comme un acquiescement discret avant qu’il ne reprenne après une gorgée, ses prunelles ancrées dans les siennes. « Par contre, est-ce que cela signifie que je suis le seul à être ici... où est-ce que d'autres personnes sont également là ? Quelles seront les conséquences pour elles ? Vous pouvez modifier la mémoire, faire oublier, n'est-ce pas ? S'il y a d'autres personnes ici, il n'y a pas beaucoup de choix qui s'offrent à vous, soient ils coopèrent, soit ce n'est pas le cas et dans cette option, si vous les relâcher en leur faisant oublier l'entrevue, ça serait dangereux pour vous vu l'extension de l'organisation. Si vous choisissez une autre option, comme les faire disparaître, leur faire oublier... que je me souvienne alors que je suis Général paraîtra étrange…. Il y a probablement beaucoup d'autres options auxquelles je ne peux même pas penser. Mais le principal reste là ; si d'autres ont été … emmenés dans vos locaux dans quel état est-ce qu'ils en sortiront ?»

Elle but à son tour une gorgée de son café et tint le gobelet entre ses mains, réchauffant ses doigts.

« Si d’autres personnes étaient approchées pour les mêmes raisons que toi alors sois sûr qu’elles en ressortiront avec une mémoire effacée. Nous ne pourrions courir le risque qu’elles se souviennent de quoi que ce soit si elles ne voulaient pas nous aider. » Elle prit une inspiration, réglant la question de cette inquiétude-là, avant de reprendre. « Comme tu l’as dit, il est aisé pour quelqu’un d’intelligent comme toi de tordre la vérité pour ne pas vraiment avoir à mentir ouvertement, il suffit en effet de bien tourner ses phrases. Je pense que tu en es capable Naveen. » Elle s’humecta les lèvres et ajouta « Il n’empêche que tu es effectivement dans leur collimateur, ce qui veut dire que les informations que tu as à ta disposition seront limitées. Cependant...tu es dans cette organisation depuis un moment et tu as peut-être une meilleure compréhension de ce qu’il adviendra des Inquisiteurs dans l’avenir. Est-ce que tu penses qu’ils prévoient une nouvelle attaque bientôt, peu importe la teneur de l’opération ? J’ai cru comprendre dans tes souvenirs que les moyens qu’ils avaient à disposition pouvaient être étendus, ils semblent avoir une marge secrète, tu n’as pas idée d’où ça pourrait venir ? »

Elle avait vu dans l’esprit de Timothy autant que dans le sien que les Inquisiteurs semblaient avoir des connections confidentielles qui revêtaient des opportunités bien plus grandes ; et cela aurait arrangé la Garde de savoir de quoi il s’agissait exactement. Elle doutait que Naveen en sache plus mais elle tentait le coup.

Oui, un poil. Un énorme poil, mais un poil quand même. Il préférait tourner cela un peu en dérision, par ce que paniquer et voir tout en noir ne servirait à rien. Il savait à quel point il était dans la merde, c'était le plus important. Il ne se leurrait pas sur la situation, mais il espérait quand même pouvoir faire un peu illusion. Et maintenant, il restait à savoir s'il pourrait jouer un double jeu. C'était probablement un peu plus compliqué que cela. Plus que cette simple question. Il avait dû y réfléchir quelques instants pour savoir comment il sentait réellement cela. Est-ce qu'il pouvait ? Oui, probablement, par ce qu'au final, est-ce que ce n'est pas déjà ce qu'il faisait depuis quelques semaines en essayant de trouver Arthur ? Naveen avait donc essayé ce répondre au plus juste, tout en posant plusieurs questions qui lui tenaient à cœur. Il ne s'y connaissait pas trop en magie, il ne connaissait pas les termes et compagnie, et il avait besoin de quelques précisions pour bien comprendre la situation. Il voulait quand même savoir plus en détails dans quoi est-ce qu'il s'engageait.

« Si d’autres personnes étaient approchées pour les mêmes raisons que toi alors sois sûr qu’elles en ressortiront avec une mémoire effacée. Nous ne pourrions courir le risque qu’elles se souviennent de quoi que ce soit si elles ne voulaient pas nous aider. »

Humhum. C'était vague le mémoire effacée, il se demandait si ça serait juste l'entrevue ou alors totalement les inquisiteurs. Par ce que ce n'était pas du tout la même chose à gérer.  S'ils ne se souvenaient plus de cette journée, tout le monde se comporterait normalement.... si ce n'était pas le cas, comment est-ce qu'il pourrait expliquer que lui avait toujours sa mémoire. Ca semblait un détail, mais c'était important, par ce qu'on ne le raterait sûrement pas sur ça.  

« Comme tu l’as dit, il est aisé pour quelqu’un d’intelligent comme toi de tordre la vérité pour ne pas vraiment avoir à mentir ouvertement, il suffit en effet de bien tourner ses phrases. Je pense que tu en es capable Naveen. »

Il eut un petit sourire en coin, amusé par le compliment. Il ne se sentait pas spécialement intelligent, il était loin d'avoir fait de grandes études, il n'était pas un érudit, il ignorait beaucoup de choses sur beaucoup de sujets. Il avait juste une façon de penser qui pouvait l'avantager dans ce genre de circonstances, et aussi un côté empathique qui pouvait aider ; surtout lorsqu'on le voyait comme quelqu'un de simplement gentil. Même Maeve lui avait dit, c'est pour dire !  Les compliments dans sa bouche c'était un peu comme un saint Graal.

« Il n’empêche que tu es effectivement dans leur collimateur, ce qui veut dire que les informations que tu as à ta disposition seront limitées. Cependant...tu es dans cette organisation depuis un moment et tu as peut-être une meilleure compréhension de ce qu’il adviendra des Inquisiteurs dans l’avenir. Est-ce que tu penses qu’ils prévoient une nouvelle attaque bientôt, peu importe la teneur de l’opération ? J’ai cru comprendre dans tes souvenirs que les moyens qu’ils avaient à disposition pouvaient être étendus, ils semblent avoir une marge secrète, tu n’as pas idée d’où ça pourrait venir ? »

Là, c'était peut-être un peu plus problématique, par ce qu'il n'était pas certain de lui, par ce qu'il ne savait pas trop

 « Je ne sais pas pour le moment, je suppose que ça dépend de pas mal de facteurs que je ne peux prévoir. Malgré tout, s'ils m'ont laissé mon grade je suppose que ça leur convient comme ça.» Ou alors ils avaient une autre idée en tête. Il n'en savait trop rien.  « Non, je ne pense pas. Probablement qu'ils attendent que tout ce merdier soit un peu derrière eux, ou alors de nouveaux recrutements. Possible qu'ils aient de nouveaux projets avec... d'autres têtes pensantes.» Il haussa les épaules.  « Ils ont très bien pu s'allier avec le gouvernement, ou l'armée, peut-être même les deux. Voire avec d'autres pays. Et l'étendu de leurs pouvoirs, de leurs moyens. L'importance des missions ne seraient qu'exacerbées à ce moment-là. Mais ce n'est que de la théorie, je n'en sais rien. Si on se demande quelles entités pourraient permettre d'aller plus loin, d'avoir plus de moyens et compagnie, je pense en premier au Gouvernement, à l'armée pour le côté un peu armes... mais aussi à de riches donataires, et comme j'te le disais tout à l'heure des alliances avec d'autres pays, ou d'autres groupes. C'est vaste et vague pour l'instant.» Il se tut quelques instants, avant de reprendre  « Par contre, pour en revenir sur ce que tu disais un peu plus tôt...  quand tu dis effacer la mémoire, c'est à quel point ? Totalement les Inquisiteurs, ou juste votre entrevue. Que je sache quoi dire, si on me demande pourquoi, moi j'me souviens de tout...» Ou qu'il puisse mentir à la  limite.  « Et, si j'apprends quelque chose, comment est-ce que je fais pour vous le communiquer, sans attirer leur attention en sachant que je suis potentiellement sous surveillance ?»

Si l’interrogatoire touchait bientôt à sa fin, Sanae avait eu une dernière question. Elle gardait en elle les images et informations qu’elle avait pu voir dans son esprit et les transmettrai à Arthur dans son rapport mais il demeurait un point à aborder : l’avenir des Inquisiteurs. Et s’il fallait se fier à l’avis d’un des leurs, qui plus est un Général, alors la question se devait d’être posée. Naveen ne semblait pas sûr de lui mais il répondit néanmoins.

 « Je ne sais pas pour le moment, je suppose que ça dépend de pas mal de facteurs que je ne peux prévoir. Malgré tout, s'ils m'ont laissé mon grade je suppose que ça leur convient comme ça.» Pas faux. Et ce grade-là aurait son utilité à l’avenir...Elle acquiesça en silence et le laissa poursuivre ;  « Non, je ne pense pas. Probablement qu'ils attendent que tout ce merdier soit un peu derrière eux, ou alors de nouveaux recrutements. Possible qu'ils aient de nouveaux projets avec... d'autres têtes pensantes.» La sorcière pinça les lèvres en l’écoutant. Il était à craindre que les Inquisiteurs décident de prendre de nouvelles mesures au vu des circonstances et il faudrait être d’autant plus vigilant aux petits détails qui annonceraient ce changement. Quant aux nouvelles têtes pensantes… qu’est-ce que cela pouvait bien dire ?   « Ils ont très bien pu s'allier avec le gouvernement, ou l'armée, peut-être même les deux. Voire avec d'autres pays. Et l'étendu de leurs pouvoirs, de leurs moyens. L'importance des missions ne seraient qu'exacerbées à ce moment-là. Mais ce n'est que de la théorie, je n'en sais rien. Si on se demande quelles entités pourraient permettre d'aller plus loin, d'avoir plus de moyens et compagnie, je pense en premier au Gouvernement, à l'armée pour le côté un peu armes... mais aussi à de riches donataires, et comme j'te le disais tout à l'heure des alliances avec d'autres pays, ou d'autres groupes. C'est vaste et vague pour l'instant.» Elle se mordit la lèvre, pensive, le regard un peu dans le vide alors qu’elle imaginait ce même scénario. Avec l’aide du gouvernement, les Inquisiteurs pourraient se développer à plus grande échelle et cela n’annonçait rien de bon. Quand Naveen reprit la parole, la sorcière tourna à nouveau son attention vers lui.

 « Par contre, pour en revenir sur ce que tu disais un peu plus tôt...  quand tu dis effacer la mémoire, c'est à quel point ? Totalement les Inquisiteurs, ou juste votre entrevue. Que je sache quoi dire, si on me demande pourquoi, moi j'me souviens de tout... Et, si j'apprends quelque chose, comment est-ce que je fais pour vous le communiquer, sans attirer leur attention en sachant que je suis potentiellement sous surveillance ?»

Elle se redressa légèrement et fit un léger sourire.
« Leur mémoire de toute appartenance aux Inquisiteurs sera effacée. Personne ne sait que tu es ici et personne ne le saura donc si l’un de tes camarades disparaît du groupe et que tout le monde se pose des questions, tu devras jouer le jeu de la surprise et de l’incompréhension. » Elle but une gorgée de son café. « Voilà comment ça va se passer : tu vas devoir rester 24h avec nous, tu ne verras personne d’autre que moi de la Garde. Je serai ta référente à partir de maintenant et toutes les informations que tu pourras nous donner passeront par moi. » Elle appuya son dos contre le dossier de la chaise et fit une légère moue désolée. « J’sais bien que c’est pas la façon dont tu espérais passer ta soirée de libre mais c’est les ordres. Si tu as besoin d’appeler ton taff, tu pourras le faire mais je superviserai l’appel. »

Elle prit une inspiration et poursuivit, sortant son téléphone qui ne servait qu’à contacter la Garde.

« Pour ce qui est de la façon dont on communiquera, ceci est le genre de téléphone qu’on utilise pour se contacter au sein de la Garde. On va t’en donner un qui sera tout aussi sécurisé. Tu n’auras que mon numéro dans ton répertoire pour le moment. Quand tu auras des informations à me transmettre ou que tu auras besoin de m’appeler en urgence, tu pourras le faire avec ça. Nous établirons une série de codes pour qu’aucune véritablement information ne soit inscrite dans le téléphone ; mesure de précaution. Il y aura des moments où je viendrai directement chez toi aussi. Je transplanerai dans ton appart quand je serai sûre que la voie sera libre…. Transplaner, c’est ce qu’on a fait pour venir ici. J’apparaîtrai directement. C’est okay pour toi ? »

Elle tapa légèrement sur la table pour signifier que cet entretien était bientôt terminé.

« Et Naveen….puisque tu vas passer 24h ici, je te conseille de bien réfléchir pendant ce laps de temps. Si tu veux te rétracter, il faut le faire avant qu’on te relâche. Après...tout va se compliquer, tu le sais. »

Sanae se leva et mit ses mains dans les poches en le regardant, l’air amusé.

« Qui aurait cru qu’une sorcière et un Inquisiteur se fréquenterait sans même le savoir, hein ?... » Elle secoua la tête, un amusement amer aux lèvres. « Merci pour toutes les informations que tu as pu donner. On te mettra à l’aise ici pour que tu puisses pioncer un peu. Pizza et boisson offertes évidemment...on n’est pas des sauvages. »

Elle lui fit un clin d’oeil et attendit avant de partir. Elle avait hâte d'avoir des nouvelles de Niall et de Margo. Durant tout l'interrogatoire, Sanae avait repoussé le flot de pensées qui ne cessaient de vouloir se tourner vers eux. L'inquiétude tordait son estomac et elle voulait savoir en vitesse si les autres captures s'étaient bien déroulées.

Et maintenant ? Comment est-ce que tout ça allait se passer ? Il voyait bien que tout ça touchait à la fin. Est-ce qu'il avait réussi le test, il n'en savait trop rien, mais il aurait tout fait pour. Alors qu'advienne ce qu'il pourra, il n'avait plus vraiment les cartes en mains, et pourtant il avait répondu du mieux qu'il le pouvait à ses dernières questions.... malheureusement, on ne pouvait pas dire qu'il avait beaucoup d'informations à donner. Il lui donna donc ses propres suppositions ; et une fois cela mis à plat, il s'autorisa à lui poser de nouvelles questions histoire de mieux comprendre dans quoi est-ce qu'il s'engageait. Comprendre avec qui, il allait discuter, parler et compagnie.

« Leur mémoire de toute appartenance aux Inquisiteurs sera effacée. Personne ne sait que tu es ici et personne ne le saura donc si l’un de tes camarades disparaît du groupe et que tout le monde se pose des questions, tu devras jouer le jeu de la surprise et de l’incompréhension. »
 « Pas très compliqué, vu que je ne sais pas exactement qui est là...»

Et que beaucoup de choses se joueraient également sur le fait qu'il puisse jouer la surprise. Il ne se tromperait pas là-dedans, par contre, là où il allait devoir assurer, c'était pourquoi, lui avait toujours sa mémoire, pourquoi alors qu'il était un haut gradé est-ce qu'il n'avait pas été touché. Il se mordilla quelques instants la lèvre mais quelques réponses lui venaient instantanément : quelqu'un avait peut-être voulu le protéger, ou alors n'avait pas donné son nom ? Ou alors, on avait pas tout supprimé chez lui pour ce qui s'était passé à la réunion ? Ou alors que son tour allait peut-être arriver, qu'il n'était pas un très bon poisson ? Il pouvait il y avoir de multiples solutions ; il suffirait de trouver celle qui semblait le plus adapté. Mais quelque chose en lui, sentait quand même assez mal cette affaire-là, néanmoins, les sorciers avaient l'air sûrs de leur coup, alors il se décida à leur faire confiance.

« Voilà comment ça va se passer : tu vas devoir rester 24h avec nous, tu ne verras personne d’autre que moi de la Garde. Je serai ta référente à partir de maintenant et toutes les informations que tu pourras nous donner passeront par moi. » Parfait ! Il aurait pu avoir une référente beaucoup moins sympathique, cela lui convenait tout à fait. « J’sais bien que c’est pas la façon dont tu espérais passer ta soirée de libre mais c’est les ordres. Si tu as besoin d’appeler ton taff, tu pourras le faire mais je superviserai l’appel. »

De toute façon pour l'instant c'est elle qui avait son portable. Probablement même que l'appareil était en ce moment-même dans d'autres mains pour être analysé, en tout cas c'est ce qu'il aurait fait. Il lui aurait bien répondu là, mais il sentait qu'elle n'avait pas fini et d'ailleurs quelques instants plus tard elle avait sorti un téléphone. Encore un joujou ? En plus de son bippeur, téléphone perso & co. Ca en faisait dis donc !

« Pour ce qui est de la façon dont on communiquera, ceci est le genre de téléphone qu’on utilise pour se contacter au sein de la Garde. On va t’en donner un qui sera tout aussi sécurisé. Tu n’auras que mon numéro dans ton répertoire pour le moment. Quand tu auras des informations à me transmettre ou que tu auras besoin de m’appeler en urgence, tu pourras le faire avec ça. Nous établirons une série de codes pour qu’aucune véritablement information ne soit inscrite dans le téléphone ; mesure de précaution. Il y aura des moments où je viendrai directement chez toi aussi. Je transplanerai dans ton appart quand je serai sûre que la voie sera libre…. Transplaner, c’est ce qu’on a fait pour venir ici. J’apparaîtrai directement. C’est okay pour toi ? »
 «Je tâcherai de toujours avoir un petit truc à manger dans un placard, ou de quoi faire une mousse au chocolat quand tu viendras.» répondit-il d'un air taquin pour dire qu'il était d'accord. Bien sûr qu'il fallait être sérieux, il l'était. Il savait à quel point tout ceci était important.  « Pour le boulot j'te dirai à qui envoyer un texto, ça devrait suffire. Ils savent que si je ne viens pas, ce n'est pas pour rien.» Lui était plus du genre à faire des heures supplémentaires qu'autre chose alors bon ! Une autre façon de lui montrer qu'il ne lui jouerait pas un tour foireux au téléphone même si elle supervisait l'appel.

« Et Naveen….puisque tu vas passer 24h ici, je te conseille de bien réfléchir pendant ce laps de temps. Si tu veux te rétracter, il faut le faire avant qu’on te relâche. Après...tout va se compliquer, tu le sais. »
 « Je ne compte pas me rétracter si ça peut aider des gens.» répliqua-t-il en la regardant dans les yeux un vague sourire aux lèvres, tandis que bientôt elle s'était levée, les mains dans les poches.
« Qui aurait cru qu’une sorcière et un Inquisiteur se fréquenterait sans même le savoir, hein ?... Merci pour toutes les informations que tu as pu donner. On te mettra à l’aise ici pour que tu puisses pioncer un peu. Pizza et boisson offertes évidemment...on n’est pas des sauvages. »
 « Sanae ? J'ai une dernière question … Où est-ce que tu travailles exactement ?» demanda-t-il un vague sourire aux lèvres avant d'ajouter  « Ca marche pour tout le reste, merci...»

Simple et efficace. Les 24H allaient être longues, il le savait et rester là sans rien faire était le pire de tout, mais il ne s'était pas senti de demander un truc pour le distraire. De toute manière, il savait déjà qu'il ne changerait pas d'avis. Jamais. Il voulait mener ça à bien, cette mission, qui serait peut-être la dernière. Il espéra que Ruben allait bien, que s'il s'était fait chopper, il ne jouerait pas trop au con et qu'il opterait sincèrement pour la même option que lui. Mais est-ce que Shadwell était prêt à ça ? Il avait un doute sérieux sur la question.

Sanae avait l’impression que cette journée, cette capture, annonçait un tournant, un revirement sur lequel aucun d’eux n’aurait pu parier. Le choc passé, il fallait alors se tourner vers l’avenir. Et cet avenir semblait vouloir avoir du même côté moldus et sorciers. Après tout, n’était-ce pas ce qui arrivait toujours lorsque d’une guerre à trois têtes l’une d’elle se révélait être plus hideuse encore que les autres, plus sinistre, plus vicieuse ? Il fallait compter sur les deux autres têtes pour s’allier et mordre jusqu’au sang la troisième qui, par sa seule existence, menaçait tout le reste. Peu importait d’être sorcier, moldu ou cracmol, l’avenir dépendant des égos mis de côté et de l’intelligence déployée pour combattre leur ennemi commun. Voilà un combat que la sorcière acceptait sans hésitation. Qu’il faille se battre aux côtés d’amis ou d’ennemis pour anéantir plus grande menace encore, alors ainsi soit-il. Elle devait admettre néanmoins qu’elle préférait largement se battre aux côtés de Naveen que contre lui ; même s’il y avait des torts de chaque côté, elle aurait difficilement pu se résoudre à l’idée de se débarrasser de lui ou de l’évincer définitivement de sa vie. Les sacrifices seraient nombreux, elle le savait, mais quand elle pouvait éviter d’en faire alors chaque solution était la bonne.

Et l’homme qui lui faisait face, bon et courageux, valait bien la peine de prendre un risque, de parier sur un avenir incertain et de se lancer dans une alliance qu’elle espérait fructueuse.

L’interrogatoire touchait à sa fin et il était temps de faire un rapport, temps de prendre des nouvelles des autres en sortant de cette bulle étrange qu’était devenue cette salle sans chaleur ni couleur. Sanae s’était levée alors que Naveen lui disait qu’il garderait toujours de quoi faire une mousse au chocolat dans son placard. Elle tenta de retenir l’envergure de son sourire mais elle ne put le contenir en entier ; elle acquiesça quand il lui signifia que ce n’était pas la peine d’appeler au travail. Un texto suffirait. Parfait. Elle reprit son gobelet vide et se dirigea vers la porte quand Naveen la retint. Sanae se retourna dans l’entrebaillement de la porte.

« Sanae ? J'ai une dernière question … Où est-ce que tu travailles exactement ? »

Elle laissa s’échapper un souffle amusé.
Cela faisait bien longtemps qu’elle redoutait cette question à vrai dire ; il aurait pu la démasquer bien avant, trouver étrange qu’elle ne donne pas le lieu de son travail…

« Depuis le temps que t’aurais du poser la question… » s’amusa-t-elle, avant d’ajouter : « A l’hôpital sorcier, je fais partie des ceux qui devraient selon toi partager leur remèdes magiques pour sauver plus de vie. » Elle lui fit un clin d’oeil et la porte se referma derrière elle.

Oui, elle était de ceux qui auraient pu contribuer à sauver la vie de beaucoup de moldus dont les moyens de leur monde ne permettaient pas donner le plus de chances aux patients. Elle représentait ceux que Naveen avait sûrement le plus en tête : le monde médical sorcier, celui-là même qui aurait pu aider, partager, avec le monde moldu tant de techniques pour la survie des autres. Mais ce n’était pas à eux de décider, pas à eux de faire les règles…

En sortant de la salle, Sanae se dirigea dans la salle juste à côté pour disperser ses camarades qui étaient là en back-up. Elle arpenta les couloirs du QG pour trouver Margo et Niall mais les choses devaient toujours être en cours pour eux. Tenant son téléphone entre ses doigts fébriles, Sanae se fit un café : ces 24h allaient être longues et elle comptait bien rester quelque peu avec Naveen. Ils lui prépareraient de quoi dormir et manger.

Ce n’était pas plus mal d’utiliser ces heures pour parler.
Parler du monde magique.
Parler de la médicomagie.
Parler de « l’après. »
Parler du « pendant » ennuyeux où il aurait sans doute mieux valut avoir un jeu de cartes.

Et surtout, ne plus parler de « l’avant » à présent révolu.

FIN DU TOPIC