Call me maybe - Maxence

Jeu 10 Juin 2021 - 17:40

Samedi 21 mai 2016,

La journée était plutôt calme, si calme d'ailleurs, que Naveen avait décidé de faire du tri dans son casier, il avait toujours tendance à accumuler plein de papiers et autres choses diverses qu'il entassait au grès du temps. Il s'était donc installé avec sac poubelle vérifiant chaque chose qu'il trouvait pour savoir si c'était à garder ou bien à jeter. Après plusieurs minutes et avoir mis pas mal de prospectus dans le sac il tomba sur une serviette avec un numéro de téléphone dessus et ça lui fit froncer les sourcils. Merde, c'était quoi ça déjà ? Il ne se rappeler absolument pas à quoi ça correspondait même en fouillant bien dans sa mémoire ; alors qu'il allait le jeter mue par un instinct un peu précaire, il le mit dans sa poche, continua de ranger le casier avant d'aller mettre au bourrier tout ce qu'il y avait à jeter. En revenant, il se saisit de son téléphone, du papier qu'il avait mit dans sa poche et contempla ce dernier pendant plusieurs minutes. Ca ne datait que de quelques jours – une semaine ou deux à tout casser-, il en était certain, il se rappelait l'avoir posé là après être revenu d'une intervention -laquelle?-, mais il ne se voyait pas recevoir un tel « cadeau ». Se mordillant un peu la lèvre, il continuait d'hésiter sur la procédure à suivre. Est-ce qu’appeler un inconnu autant de temps après ça se faisait ? Est-ce que ce n'était pas du foutage de gueule, ou est-ce que cela ne ferait pas un faux espoir si la personne en face attendait quelque chose, alors que lui, était juste curieux et voulait savoir comment le numéro été attiré là !

Finalement, il avait fini par composé le numéro. Après tout, s'il ne le faisait pas, il ne pourrait pas assouvir sa curiosité et cela risquait de lui trotter encore en tête pendant plusieurs heures (pour ne pas dire plus). Et puis, qui sait ? Cela pourrait être également une excellente rencontre ! Plusieurs sonneries, avant qu'une voix au bout de fil se fasse entendre. Voix qu'il connaissait. Réflexion... de plusieurs secondes avant que la lumière fut dans sa tête !

« Maxence ?! C'est bien toi ? Comment ça va ?» dit-il en premier lieu « Bonjour, au fait ! C'est Naveen... Dis-moi, je vais sûrement avoir une question étrange pour toi... est-ce que tu sais ce que ton numéro fouts sur une serviette qui était dans mon uniforme ? »

Ouais, cash la question ! Après tout, vu qu'il connaissait la personne à l'autre bout du combiné il n'avait pas besoin de mettre les mêmes formes ! Maxence le connaissait probablement inquiet pour savoir que c'était le genre de chose qui avait tendance à beaucoup à l'intriguer ! Certes, cette fois-ci on pouvait dire qu'il n'y était pas allé de main morte et qu'il aurait pu peut-être faire les choses plus délicatement, et notamment se présenter plus tôt et surtout expliquer un peu mieux la situation initiale. Ceci dit, il espérait de ne pas avoir besoin d'entrer plus dans les détails: dans sa tête Max détenait forcément les réponses !

Jeu 17 Juin 2021 - 20:12

« Rah mais tu vas marcher, saloperie ?! »

A côté de la cuve, l’écran dans lequel Maxence était censé établir quelques données après avoir effectué la tare du solvant qu’il utilisait pour sa manipe… ne cessait de biper. Pas un ‘bip’ simple, indiquant un problème facilement abordable. Non, un PUTAIN de bip particulièrement aigu, répétitif au possible qui fendait le silence et ne cessait de couiner à chaque fois qu’il tentait quelque chose, se mettant même à sonner sans aucune foutue raison. La langue claquant sur son palais entre ses dents serrées, l’ex soldat pourtant connu pour son calme à toute épreuve n’en pouvait plus de ce truc qui n’en faisait qu’à sa tête, se mettant brusquement à bouder alors qu’il fonctionnait parfaitement quelques heures plus tôt. Et pourtant, ces analyses étaient nécessaires pour terminer sa journée, sans elles, il ne partait pas. Or il était là depuis tôt ce matin. Beaucoup trop tôt. Définitivement trop tôt pour un emploi qui ne le fascinait pas le moins du monde et ayant très peu dormi car ayant assisté une opération toute la nuit.

Trop tôt le réveil, trop tard la fin de journée, trop INFOUTUEMENT INSUPPORTABLE ce machin de merde ! Il pouvait comprendre pourquoi les sorciers possédaient une sainte horreur de la technologie ! D’ailleurs, pour être tout à fait honnête, s’il n’avait pas conscience de ses propres limites en matière de magie et du drame qu’il pouvait provoquer, Maxence aurait sans doute déjà tenté un sort…. Rien que pour faire taire ce bruit strident.

Ainsi, lorsque son téléphone se mit à sonner à son tour, c’était avec une voix passablement agacée qu’il décrochait… décochant au passage une taloche sur la surface grise du métal froid. Froid ? Non, chaud. Etrangement chaud d’ailleurs.

« Tais-toi machine de malheur ! »

Puis, il saluait sans grande conviction le propriétaire du numéro inconnu.

« Maxence ?! C'est bien toi ? Comment ça va ?»
« Euh, oui, c’est moi… » Plait-il ?
« Bonjour, au fait ! C'est Naveen... Dis-moi, je vais sûrement avoir une question étrange pour toi... est-ce que tu sais ce que ton numéro fouts sur une serviette qui était dans mon uniforme ? »
« Naveen ? » Tu ne connais pas quarante Naveen, je te signale. Pourtant, il avait fallu quelques secondes avant qu’il ne détache son esprit de ses histoires de boulot et se replonge dans d’autres souvenirs, tout aussi professionnels mais bien plus lointains. « Naveen l’urgentiste ? Ce Naveen ? » La voix se faisait incrédule et l’ancien infirmier de Poudlard avait réellement failli lui demander ce qui l’avait poussé à l’appeler … et comment il avait eu son numéro. « Merde ! Salut ! C’est top ça, comment… »Pourtant, l’intervention précédente de son interlocuteur fit finalement le tour de son cerveau, lui permettant d’éviter de poser une question parfaitement idiot…. « Attend, t’as retrouvé mon numéro sur une serviette, genre, là, récemment ? » … lui permettant donc de poser une nouvelle question parfaitement stupide, donc. Les sourcils froncés sous la surprise, le sorcier n’avait pas tout de suite fait le lien, compris qu’il aurait dû mentir, esquiver par réflexe le questionnement. Naveen appartenait à une frange de sa vie qui ne comportait pas de magie, ou si peu… alors il n’avait pas tout de suite identifié la faille. Car faillible, il l’était, c’était aussi bête que ça. Dommage pour quelqu’un qui avait parfaitement géré une crise magique et qui ne s’en rappelait pas à présent. « Ou t’as mis dix piges à faire ce numéro ? J’t’impressionne à ce point ? C’est flatteur mais pas très utile… » Totalement peu crédible et balancé avec une voix de second degré parfait.

Coinçant son téléphone contre son épaule, Maxence essayait de débloquer sa problématique de machine récalcitrante tout en continuant sa conversation.

« Comment tu vas depuis tout ce temps ? »

Sam 19 Juin 2021 - 19:11

Comment se sentir con en moins de deux minutes ? Reconnaître la voix à l'autre bout du fil et ne pas se rappeler comment est-ce que ce numéro avait pu arriver là. Ce n'était donc pas quelqu'un qui l'avait glissé « là » sans qu'il ne s'en rende compte trop concentré sur autre chose pour X ou Y raison. Non, c'était autre chose et cela le rendait encore plus perplexe. Sérieusement ? Comment est-ce qu'il aurait ne pas remarquer quelqu'un qu'il connaissait et pourquoi Maxence ne l'aurait-il pas salué ? Cela ne tenait pas debout ! Il ferma les yeux quelques instants essayant de bien se remémorer ladite journée mais il fallait bien avouer que pas mal de choses semblaient floues, en même temps il avait parfois tendance à confondre les jours...

« Naveen ? » Problème, vu la façon dont il prononçait le prénom il n'avait l'air de le situer qu'à moitié ou du moins d'être juste très surpris. Pourquoi... s'il avait mis son numéro dans son uniforme ? « Naveen l’urgentiste ? Ce Naveen ? » Hum... « Secouriste, mais ouais, c'est un détail. Lui-même...» Pourquoi tu sembles si surpris ? Il y avait quelque chose d'incompréhensible, mais il devait se ressaisir, peut-être que c'était juste quelque chose d'anodin pour lui et qu'il avait oublié... « Merde ! Salut ! C’est top ça, comment… » Comment, quoi ? « Attend, t’as retrouvé mon numéro sur une serviette, genre, là, récemment ? » Ah. AH. Merde. Il blague peut-être. Ouais, il doit blaguer. Ca ne peut pas être possible autrement. On se calme Naveen, de toute manière, il n'y a pas mort d'homme. Si ça se trouve vous vous êtes pris une cuite et.... non, tu étais en service mec et tu n'as pas eu la gueule de bois... Alors qu'est-ce qui avait bien pu se passer ? « Ou t’as mis dix piges à faire ce numéro ? J’t’impressionne à ce point ? C’est flatteur mais pas très utile… » En temps normal, il aurait pu avoir un rire, là, c'était surtout l'inquiétude qui le rongeait. Il allait répondre, mais l'autre avait déjà enchaîné
« Comment tu vas depuis tout ce temps ? »Hum ? Stressé là, d'un coup. Il inspira un bon coup et changea de position de façon à se détendre un peu ses épaules qui commençaient à être un poil tendues. «Heu... On va dire que ça va... mais j'suis sérieux mec, j'ai trouvé le numéro il y a une quinzaine de jours, ptet un poil plus. » Il se passa une main sur la nuque avant de soupirer et de continuer «Et j'avoue que je ne m'en souviens absolument pas, du coup j'aimerais bien voulu que tu éclaires ma lanterne. Tu t'es démerdé comment ? »

A moins que ce soit autre chose... peut-être qu'il devrait en parler avec Sanae ? Peut-être que cela pouvait cacher autre chose ? Il aurait pu mettre en cause la Sorcière, mais il avait assez confiance en elle pour savoir qu'elle ne lui aurait rien fait. D'autres ? Pour quoi ? Pour quelles raisons ? Probablement pas des supérieurs, ou alors ils ne savaient pas qui il était sinon il ne serait pas vivant actuellement, ou du moins pas libre. Non, ça ne semblait pas cohérent, chaque chose bizarre n'était pas forcément lié à la magie, ça serait trop simple. Un raccourci un peu trop bref et facile. Et pourtant, il fallait bien avouer que c'était tentant... vu qu'il n'avait pas bu. Un surmenage ? Possible. Vu comme il était fatigué et stressé cela semblait logique, son souci c'était que l'homme au bout du fil ne semblait pas bien savoir, lui aussi, pourquoi il y avait cette foutue serviette dans son uniforme.

« Après on peut se voir aussi, pour parler de... je sais pas trop quoi. Promis, je saurai aligner deux phrases cohérentes, tu ne m'impressionnes pas assez pour que j'en perde totalement mes moyens. Juste un peu.»

A vrai dire pas du tout, mais c'était juste pour plaisanter un peu. Pour rigoler, essayait de dédramatiser la situation de son côté. Et puis, face à face Max aurait ptet moins envie de plaisanter.

Jeu 1 Juil 2021 - 12:05

Sans doute aurait-il dû comprendre plus rapidement le danger de cette conversation. Maxence était entraîné, réfléchissait vite, intégrait les données, faisait les rapprochements. Il aurait dû être prompt à comprendre ce qui menaçait. Après tout, c’était son domaine. D’ailleurs, en d’autres temps, envers quelqu’un d’autre, peut-être aurait-il connecté les données plus rapidement. Mais il n’était qu’humain, ne bossait pas dans la sécurité du territoire magique, n’imaginait pas une seconde l’ampleur de la situation. Non, il avait seulement un ancien ami au téléphone. Une connaissance érigée au rang d’ami même, de celles qu’on ne soupçonne pas, qu’on côtoie, encore et encore pour finalement découvrir que ce lien formé est finalement plus solide que ce qu’on avait imaginé. Oui mais voilà, qu’importe la solidité du lien, l’éloignement est meurtrier et érode jusqu’aux attachements les plus précieux. Il était parti, avait servi au front trop longtemps, renouant une fois, deux, trois, entre chaque mission, chaque stage, chaque service. Jusqu’à ce qu’ils cessent finalement d’entretenir le lien.

Sans doute aurait-il dû avoir en tête de ne jamais baisser sa garde. Pourtant, durant quelques instants, il n’y avait à ses neurones occupés à se battre contre sa machine… qu’un ami perdu de vue. Rien d’autre. Rien de moins ni de plus. Naveen faisait partie de son passé, là où les Supérieurs n’existaient pas, là où son monde ne s’était pas encore effondré. Et il n’intégrait pas immédiatement le ton inquiet du secouriste. Pris au dépourvu, il se raccrochait à la normalité, à ce qui était attendu, et non pas au danger sous-jacent appartenant au domaine de l’improbable.

Secouriste, donc, pas urgentiste.

« Merde, t’abuses, ça veut dire que des deux, aucun n’aura réussi à terminer toubib ? C’est d’un décevant… »

Une moquerie badine, sans conséquence ni sérieux puisqu’il balançait comme un réflexe, le reflet d’une ancienne boutade d’un couillon qui le poussait à suivre son chemin, arguant qu’il serait foutu d’y arriver sans être dans la bonne voie. Mais manifestement, Naveen n’était pas d’humeur à rire, son ton déjà étrange changeant plus violemment encore, devenant nerveux, voire angoissé. Pas vraiment son genre…. Ce qui allumait avec un retard dérangeant une alerte soudaine dans l’esprit de l’ancien soldat.

«Heu... On va dire que ça va... mais j'suis sérieux mec, j'ai trouvé le numéro il y a une quinzaine de jours, ptet un poil plus. »
« Tu… » Attends, quoi ?!

Pourtant, Maxence ne continuait pas, s’arrêtant immédiatement dans ses interrogations, le laissant continuer, bloquant ses propres réactions instinctives pour se concentrer sur la situation. Comment pouvait-il avoir son numéro alors qu’ils ne s’étaient pas vus ? Quelqu’un lui aurait donné ?
Ou bien y avait-il des données qui lui échappaient.
Des souvenirs qui lui échappaient. Une réflexion de sorcier, rapidement ramenée dans ses neurones comme un boulet de canon, une intrusion vive de celui qui connaissait trop son monde et ses méthodes pour ignorer ce cri d’alerte.

«Et j'avoue que je ne m'en souviens absolument pas, du coup j'aimerais bien voulu que tu éclaires ma lanterne. Tu t'es démerdé comment ? »

Il l’entendait à peine, cherchant à son tour dans sa mémoire, retraçant son parcours des deux dernières semaines, cherchant le trou, le flou. Il existait forcément s’il s’agissait de ça. Bien sûr, ça n’aurait pas dû être sa première pensée. Mais pour un soldat rompu aux méthodes de l’armée, ayant lui-même effacé ses méfaits d’esprit d’innocents, possédant des lacunes dans sa mémoire qu’il craignait violemment de voir un jour comblés … oui, il y pensait. Bien sûr qu’il y pensait. Il aurait fallu être particulièrement idiot ou naïf pour ne pas faire un rapprochement que… que l’autre aurait pu sembler avoir fait s’il n’était pas un moldu totalement ignare sur ce qui concernait le monde sorcier.

« Après on peut se voir aussi, pour parler de... je sais pas trop quoi. Promis, je saurai aligner deux phrases cohérentes, tu ne m'impressionnes pas assez pour que j'en perde totalement mes moyens. Juste un peu.»
« Hein ? Merde désolé, ça me perturbe ton histoire, j’étais dans mes pensées. Oui, écoute on fait ça ! Je ferais en sorte de pas trop t’impressionner dans ce cas, je serais sage. J’suis au boulot là, je termine assez tard mais on peut aller se prendre une bière ce soir ou manger ensemble demain pour en parler de visu. T’en dis quoi ? »

Lui, remontait le fil, comme un lecteur k7 qui se serait emballé, rembobinant la bobine avec acharnement, abusant des arrêts sur image, des avances-rapide, des retours en arrière.

Mais sans rien trouver.

Alors un frisson glacé parcourait sa colonne vertébrale, cherchant d’autres possibilités, plus classiques, moins voisines d’une guerre dans laquelle il était plongé jusqu’au cou et qu’il était donc bien trop apte à envisager. Son passé comme son présent interféraient, c’était parfaitement normal. Mais céder à l’appel des sirènes serait absurde. Avant d’imaginer l’improbable, il est nécessaire d’envisager l’évident. Alors qu’aurait-il bien pu se passer de plus….. normal ?

Et comme une boucle, en parallèle de cette recherche du banal, une question glaciale : que s’était-il passé ?

Et pourquoi Naveen ?

Dim 4 Juil 2021 - 15:33

« Merde, t’abuses, ça veut dire que des deux, aucun n’aura réussi à terminer toubib ? C’est d’un décevant… »
« Tu sais que j'ai toujours été secouriste ? Et jamais dans les études de médecines, j'ai juste fait des rempla' avec des équipes d'hôpitaux à l'époque. C'ptet pour ça que tu confonds, enfin, on s'en fout !» il eut un petit rire avant d'ajouter. « Trop de choses à retenir pour moi, pour être toubib, j'en aurai fais un exécrable j'suis certain.»

Il considérait surtout qu'il n'avait pas les capacités mentales et intellectuelles pour l'être et de toute manière, à l'époque, il y aurait eu aussi eu l'aspect financier qui était en jeu. Il avait fallait qu'il bosse rapidement après l'obtention de son diplôme de fin de lycée. Mais ce n'était qu'un détail, ce n'était pas de toute manière quelque chose qu'il regrettait, il aimait son boulot et trouvait que cela lui correspondait bien ! En attendant, pour l'instant, ce n'était pas vers ce genre de conversation qu'il tendait, il était un peu trop inquiet, et se posait trop de questions. Il voulait comprendre ce qui s'était passé, mais n'y arrivait visiblement pas. Quelque chose clochait là-dedans mais quoi ? Quelle était l'information qui semblait ici primordiale qui lui manquait ? Et s'il avait espéré avoir quelques réponses ici... il se rendit très vite compte que ça serait beaucoup plus compliqué.« Tu… » la façon dont l'homme s'était tu, avait coupé sa phrase montrait qu'il semblait lui aussi éberlué. Bien. Donc soit ils s'étaient murgés tous les deux la gueule ; soit il y avait quelque chose d'un peu moins naturel. Qui ? Quand ? Pourquoi ? Est-ce qu'il pouvait se permettre de poser la question à Sanae ? Elle pourrait peut-être lire quelque chose en lui ? La magie ne pouvait pas tout résoudre, est-ce que c'était un point insolvable ? Est-ce que cela avait vraiment une importance ? Est-ce que c'était si grave de ne pas se souvenir de quelque chose d'aussi peu important. Il se gratta un peu la joue et avait vite continué, comme s'il n'avait pas remarqué que Max ne savait probablement rien. Sait-on jamais...
Court silence, avant qu'il ne reprenne la parole pour lui proposer qu'ils se voient avant de débiter une ou deux conneries en plus. Juste comme ça. Juste pour détendre l'atmosphère pour ne pas inquiéter ce bon vieux Max avec ses propres inquiétudes.

« Hein ? Merde désolé, ça me perturbe ton histoire, j’étais dans mes pensées. Oui, écoute on fait ça ! Je ferais en sorte de pas trop t’impressionner dans ce cas, je serais sage. J’suis au boulot là, je termine assez tard mais on peut aller se prendre une bière ce soir ou manger ensemble demain pour en parler de visu. T’en dis quoi ? »

Donc, lui aussi était aussi désemparé que lui sur le sujet vu qu'il était perturbé. Maintenant, il restait à savoir ce qui avait bien pu se passer peut-être qu'à tous les deux, ils allaient pouvoir remonter une trace quelconque. Et surtout, il devrait éviter de parler de la magie à part si l'autre évoquait le sujet. Ce n'était pas comme si ce n'était pas un sujet d'actualité, mais ce n'était pas le moment d'entrer vers des sujets qui étaient peut-être un peu brûlants, tendus ou autres.

« La bière ce soit, ça me va bien ! On verra pour le dîner, on ne peut pas dire que je suis franchement attendu quelque part... donc si t'es dispo aussi pour autre chose qu'un verre ! Ca me va ! Tu me dis juste où et l'heure qui t'arrange ?»

Ce n'était pas comme ça qu'il avait imaginé de retrouver une vieille connaissance. Ce qui l'intriguait c'était le pourquoi du comment ? Merde, il y avait tant de gens à Londres, même s'ils avaient tous deux oublié quelque chose... comment ça se faisait que ce soit avec une connaissance qu'il n'avait pas vu depuis des années. Il se mordilla un peu la lèvre avant d'ajouter

« Et tu es vraiment trop généreux de vouloir être sage. Tu aurais peut-être le droit à une image. Tu préfères celles d'un footballeur ou un pokémon ?»

Il y avait peut-être d'autres choses à la mode mais les deux étaient des valeurs sûres dans le cadre de donner des « images » pour bonne conduite. Est-ce qu'il serait capable d'aller jusque-là ? Possible. Ca dépendait probablement la réponse de son camarade. Il avait failli répliqué que c'était mieux qu'il était sage, il n'aurait pas à sortir le fouet... mais ça pouvait être à double tranchant ; et ce genre de phrase pouvait être mal vécu suivant certains vécu. Lorsqu'il arrivait à s'en rendre compte il évitait ce genre de blague ; là il n'était pas assez d'humeur pour que ça sorte plus vite qu'il ne réfléchisse.

Mar 20 Juil 2021 - 18:07

« Tu sais que j'ai toujours été secouriste ? Et jamais dans les études de médecines, j'ai juste fait des rempla' avec des équipes d'hôpitaux à l'époque. C'ptet pour ça que tu confonds, enfin, on s'en fout !» il eut un petit rire avant d'ajouter. « Trop de choses à retenir pour moi, pour être toubib, j'en aurai fais un exécrable j'suis certain.»
« Je sais ! Je sais aussi que je t’emmerdais avec la possibilité de finir toubib. »

Comme quoi, peut-être avait-il de facto plus de mémoire. Ou seulement de l’attention pour les petits détails dont tout le monde se fout. Va savoir. Toujours était-il que cette conversation le prenait de court, le laissant pantois, désarmé. Pas concernant leurs carrières respectives, mais bien à propos de ce qui l’amenait à le contacter ce jour-là. Pourquoi ? D’où venait cette fameuse serviette dont il n’avait plus aucun souvenir ? Une telle rencontre, il ne l’aurait pas oubliée. En janvier, peut être. A présent, non, Maxence était sûr de lui. Alors bien sûr, c’était arrivé ensuite, comme un coup de feu dans votre dos, une bourrasque dans l’organisme. Un oubliette. Bien entendu, il s’agissait de cela, ça ne faisait aucun doute. Mais à présent, il s’était trop engagé. Il faudrait maintenir sa version. Pour autant, l’ancien infirmier de l’école ne pouvait s’empêcher de songer au « qui ». Qui leur avait effacé la mémoire ? Et pourquoi ? Bien entendu, la première et plus évidente possibilité à ses yeux était que l’origine de cet oubli provienne de la Garde. Sa vie était devenue un gruyère et Maxence naviguait à vue avec une confiance étrange en ses contemporains. Gardant en tête la possibilité de mettre l’organisation à vue, Maxence notait cette probabilité dans un coin de sa tête et enchaînait.

« La bière ce soir, ça me va bien ! On verra pour le dîner, on ne peut pas dire que je suis franchement attendu quelque part... donc si t'es dispo aussi pour autre chose qu'un verre ! Ca me va ! Tu me dis juste où et l'heure qui t'arrange ?»
« Oh oui, après tout. Je préviens ma colloc’ et je suis libre. Vingt heures ça te va ? A la friche ? »

Un espace ouvert en arrière d’une petite ruelle, le tout donnant sur des scènes ouvertes, dans une ambiance détente où ils pouvaient boire et grignoter ce que les différents bars ou pseudo brasseries de plein air pouvaient proposer.

« Et tu es vraiment trop généreux de vouloir être sage. Tu aurais peut-être le droit à une image. Tu préfères celles d'un footballeur ou un pokémon ?»

Un petit rire passait ses lèvres. « Allez, envoie les pokémons, mon cousin attend des cartes que je lui dois depuis un bon vingt ans, c’est le moment ou jamais d’effacer mes dettes ! »

Pourquoi ça lui était remonté ainsi, soudainement ?
La passion des détails, vous dis-je.

Ne tardant pas à raccrocher, Maxence était resté là, les sourcils froncés, l’air sérieux face aux machines qui en faisaient toujours qu’à leur tête. D’un air distrait, il tapotait le plan de travail avec le coin de son téléphone, pinçant les lèvres avant de poser l’appareil à plat un instant. Lancement des analyses – pour celles qui voulaient bien se faire – et voilà qu’il s’asseyait brusquement, le mobile à la main, tapant quelques mots à destination de Niall. D’une façon générale, il préférait éviter au maximum les échanges qui pourraient amener à penser qu’ils étaient autre chose que des connaissances aptes à prendre quelques nouvelles de temps en temps pour aller boire un pot ensemble. Texto parti, le voilà à reprendre le cours de son travail jusqu’à ce que le téléphone ne sonne de nouveau. Callé entre son épaule et son oreille, il échangeait quelques mots avec l’inspecteur qui lui confirmait qu’il n’avait rien à voir dans son oubli deux semaines plus tôt. Même tentative avec Sanae. Pas plus concluant.

Bon.

Le pouce sur la mâchoire, l’index sur sa lèvre, l’analyste était resté un moment planté là, réfléchissant à la situation tout en débloquant comme il le pouvait la situation. Un arrêt pour envoyer en douce un patronus à Fenella, et voilà qu’il revenait dans la grande pièce aseptisée qu’il faisait sienne en ce weekend de travail solitaire.

« Bon, oh, tu sais quoi ? Démerdes-toi. Fait tes MAJ cette nuit, on se revoit demain. »

Des heures sup’ non prévues ? Potentiellement. Dans tous les cas, il coupait court au refus fatiguant des appareils, se décidant à tout fermer pour prendre la route et rejoindre l’espace commun, en périphérie de la ville. Epaule contre la vitre d’un bus, le presque toubib n’avait jamais vraiment cessé de réfléchir, tentant de retracer les dernières semaines, espérant trouver dans ses souvenirs un semblant de début d’explication. Mais sans succès.

Descendant à l’étage inférieur du véhicule en commun, Maxence n’avait pas tardé à retrouver le goudron pour tracer son chemin jusqu’au lieu de rendez-vous, passant une grande arche pour se retrouver dans cet espace si particulier. Au centre des bâtiments de ville, une grande cour emplie de verdure dans laquelle plusieurs commerces aux bars ouverts vers l’extérieur se tenaient. Des gens allaient et venaient, serveurs comme clients. Et au centre, un groupe d’un mélange étonnant de rock et de blues se produisait, faisant pulser les notes vives dans l’espace ouvert.

Bientôt une bière à la main, l’ancien presque medicomage observait le groupe en silence, attendant son ami d’antan. Pouvait-on dire ami ? Allez, disons ami. Disons d’autan aussi, car à observer l’âge des musiciens, le trentenaire se rendait compte qu’il avait vieilli sans vraiment s’en être rendu compte.

Mar 20 Juil 2021 - 21:21

Et puis tant pis, on verrait bien ce à quoi tout ça nous mènerait. Il fallait qu'il pense plus au fait qu'il allait passer une bonne soirée avec son ancien camarade qu'autre chose. Cette perte de mémoire était embêtante, inquiétante mais il ne devait pas se focaliser dessus non plus, n'est-ce pas ? Mais punaise, qu'est-ce qu'il aimerait savoir ce qui s'était passé pendant ce laps de temps ! Ils avaient quand même réussi à plaisanter un petit peu :

« Je sais ! Je sais aussi que je t’emmerdais avec la possibilité de finir toubib. »
« Du moment que tu recommences pas, ça me va.», plaisanta-t-il... à moitié.

Par ce qu'il est vrai que c'était aussi le genre de choses qui le gonflait un peu. Avec Max, tant que ça restait raisonnable ça allait, d'autres ne disaient pas forcément pas ce genre de choses pour plaisanter et c'était déjà fort moins plaisant. Alors soit, il n'était « que » secouriste et alors ? Si ça lui allait ? Contrairement à ce que certains semblaient croire ce n'était pas un sous-métier, il n'y en avait pas d'ailleurs, chaque maillon de la chaine du travail, quelqu'il soit, comptait. Ils avaient donc convenu d'un rendez-vous un peu plus tard dans la journée histoire de se revoir et aussi de parler de tout cela... enfin, parler de tout ça, si aucun des deux ne se souvenait de rien, ça serait sûrement vite vu. Avec un peu de chance, Maxence retrouverait en partie la mémoire d'ici-là, au moins un petit fragment... et si ce n'était pas le cas, et bien, ils avaient pas mal de choses à se dire...
Dont des choses qu'il ne voulait pas forcément trop parler...

« Oh oui, après tout. Je préviens ma colloc’ et je suis libre. Vingt heures ça te va ? A la friche ? »
« Ouais, parfait !»

… Est-ce que tu vas lui parler de ta fille ? Et que vas-tu dire de tes passe-temps mon grand de ces dernières années, ce n'était pas comme si les Inquisiteurs avaient pris une grande partie de ton temps libre. Ouais, ça allait être compliqué... mais il trouverait toujours de quoi meubler, il l'avait toujours fait.

« Allez, envoie les pokémons, mon cousin attend des cartes que je lui dois depuis un bon vingt ans, c’est le moment ou jamais d’effacer mes dettes ! »
«Ca roule, je t'apporte ça ! Je m'en voudrai que ton cousin te fasse payer des frais de retard en plus ! » ricana-t-il.

Est-ce qu'il en était capable ? Tout à fait. Il ne l'aurait pas fait si Max n'avait pas rajouté la petite phrase sur son cousin, mais là, c'était vraiment le genre de cadeau comique. Rien que pour voir la tronche que ferait son camarade lorsqu'il lui tendrait le paquet de cartes... le tout était qu'il paraisse sérieux afin que Wargrave croit qu'il ait pris tout ça un minimum au premier degré.

Ils avaient donc bientôt raccroché et dès que Naveen était sorti de son boulot, il était aller acheter un petit paquet de cartes, qu'il ouvrit et dessina derrière la carte pour ne pas abîmer cette dernière (sur la partie que l'on peut enlever pour la coller)... des sigles de « bons points ». Oui, c'était débile, oui ça ne ferait pas forcément rire Maxence mais au moins, lui ça l'avait un peu détendu.
Lorsque l'heure du rendez-vous approcha, il s'y rendit rapidement pour ne pas être en retard mais pas trop en avance non plus : s'il attendait le plus jeune, l'air stressé et compagnie ça ne le ferait pas. Passer du bon temps, voilà ce qu'il devait garder en mémoire. Quoique Wargrave puisse bien lui dire. Allez, Max, toi tu vas bien avoir quelque chose à me mettre sous la dent !.

« B'soir Max ! J'espère que tu n'es pas arrivé depuis trop longtemps.» dit-il en s'approchant de son camarade pour lui tendre la main en guise de salutations. « Tu vas comment depuis tout à l'heure ?» continua-t-il en lui faisant son plus beau sourire. « Ca va, t'as vieilli, mais tu t'es pas trop décrépi.» Ce qui signifiait aussi t'es toujours beau gosse. « J'vais aller me commander quelque chose, tu veux que je te prenne une autre boisson ? »

Il avait bien envie de prendre quelque chose de plus fort par ce que quelque chose lui disait qu'il en aurait besoin... mais il fallait aussi être raisonnable, ça serait quand même con d'avoir trop vu et d'avoir un nouveau trou noir. Ca serait même un comble !

Dim 25 Juil 2021 - 9:40

« Du moment que tu recommences pas, ça me va.»

Pas vraiment le genre à faire du snobisme carriériste. La vanne provenait surtout d’une certaine fatigue concernant ses propres études et d’un running-gag qui avait perduré à partir du moment où Naveen lui avait enseigné bien des choses qu’il ignorait l’étudiant dépité, absorbé par des bouquins qu’il n’arrivait plus à dévorer. Aucune forme de mépris donc, loin de là.

Bientôt ils se donnaient rendez-vous et déconnaient sur une histoire de bons points sur laquelle Naveen n’hésitait pas à rebondir.

«Ca roule, je t'apporte ça ! Je m'en voudrai que ton cousin te fasse payer des frais de retard en plus ! »
« Va falloir en rajouter quelques unes pour compenser mes agios. »

Et bientôt ils raccrochaient et la journée se passait pour l’amener tranquillement jusqu’à la soirée. Malgré les tentatives de Maxence pour comprendre ce qui l’avait amené dans cette situation, ce dernier était arrivé à la friche sans la moindre idée de ce qui avait pu se passer réellement. Ses seules certitudes concernaient la Garde : ça n’avait rien à voir avec l’organisation sinon Niall ou Sanae en auraient eu conscience. Ainsi il n’avait pas de risque de mettre en danger leur Cause. C’était là les seules certitudes dont il avait besoin pour gagner un semblant de sérénité quant à ce qu’on avait pu lui effacer.

L’épaule contre un des poteaux qui soutenaient la guérite d’un bar éphémère, l’ex soldat portait sa bière à ses lèvres, laissant un moment de côté ses inquiétudes pour seulement profiter du groupe de jeune qui se produisait non loin. Il y avait là une sorte de normalité avec laquelle il se sentait en décalage mais qui faisait simplement du bien. Il était déjà passé par là, avait du mal avec le retour à la vie civile. Il faudrait s’y faire, accepter que ça ne se ferait pas du jour au lendemain et qu’il y aurait des phases plus simples que d’autres. Il le savait, l’acceptait, écoutait seulement les sons qui faisaient vibrer l’adolescent caché en lui. Et bientôt, Naveen arrivait, s’approchant de lui tandis que l’ex infirmier se redressait en captant ce mouvement.

« B'soir Max ! J'espère que tu n'es pas arrivé depuis trop longtemps.»
« Hey ! Non, à peine le temps d’une bière ! »
« Tu vas comment depuis tout à l'heure ?»
S’il lui adressait un grand sourire depuis son arrivée, une petite moquerie en soin le transformait doucement en voyant sa main tendue qu’il saisissait pour le saluer… « Bien et toi ? » … Avant de le tirer pour l’enlacer un instant, sa main claquant amicalement dans son dos sans lâcher sa boisson. Le regard amusé qu’il posait sur lui traduisait une réalité simple : ça va, pas de manières. Ça fait certes dix ans, mais c’est comme si c’était hier non ? Le contact facile, ça n’était pas nouveau. Maxence n’était pas du genre à se prendre la tête, il prenait, laissait faire, profitait seulement des moments que la vie lui offrait sans y insérer de pesanteur superflue.

« Ca va, t'as vieilli, mais tu t'es pas trop décrépi.»

Son rire clair claquait dans l’air, acceptant ce compliment qui sonnait à la fois comme une insulte et une louange, s’amusant de la blague tout en se rendant compte qu’en effet, ils avaient vieilli. C’était un fait.

« T’es pas mal non plus ! »

Oui, t’es BG Nav’, c’est pas nouveau.

« J'vais aller me commander quelque chose, tu veux que je te prenne une autre boisson ? »

D’un geste, il désignait la bouteille qu’il tenait de trois doigts. « Je ne dirais pas non à sa sœur, merci ! »

Le laissant s’éloigner, le presque médecin reportait son attention sur la scène, esquissait un petit sourire à voir les jeunes s’y éclater, une connivence évidente passant entre eux. Avant que Naveen ne revienne, il terminait les dernières gorgées du liquide clair et balançait la bouteille dans une poubelle. Bientôt, il remerciait son ami pour l’alcool et reprenait la parole.

« Ils sont plutôt pas mal ! » Il parlait du groupe, évidemment. De cette habileté qu’ils avaient à jouer avec les sons pour en extraire une sonorité joyeuse, groovie plus que sympathique. « Tu parlais de vieillir. J’crois que dans ma tête j’ai encore leur âge. J’vois pas le temps passer. »Avec un petit sourire il portait le nouveau goulot à ses lèvres et en prenait une gorgée avant de faire un geste du menton. « Hm ! Sympa ! » Un coup d’œil pour en apprendre le nom et il l’enregistrait, conscient qu’il l’aurait sans doute bientôt oublié. « Quoi que si j’oublie la moitié de ce que je vis, ça n’aide sans doute pas à capter qu’on s’est pas vus depuis dix piges. » Un léger cynisme dans sa voix alors qu’il posait de nouveau un regard où pointait les éclats brillants de l’amusement. Ceux qui ne le quittaient que rarement, dans le fond. « Comment tu vas depuis tout ce temps ? »

Et puis après un moment :

« Bon, c’est quoi cette histoire ? T’aurais croisé un ami en commun qui t’aurais filé mon numéro peut-être ? »

Dim 25 Juil 2021 - 21:15

« Va falloir en rajouter quelques unes pour compenser mes agios. »
« Ca, après, tu vois avec ton cousin ! Tu peux toujours essayer de marchander pour les faire baisser en disant par exemple que c'est ta seule réelle dette ?» plaisanta-t-il.

Ouais. Pourquoi pas ? Qui n'essayait rien, n'avait de toute manière absolument rien, alors autant faire avec ! Autant essayer de faire au mieux, et ça lui paraissait une bonne solution. Certes, il ne s'agissait que d'une plaisanterie mais quand même. Après ces bonnes paroles, ils n'avaient pas tardé à raccrocher pour mieux se retrouver le soir venu. Evans était arrivé à peu près à l'heure mais Max était déjà bien présent et avait même commencé une boisson, le secouriste espérait donc que son camarade ne l'attendait pas depuis trop longtemps.

« Hey ! Non, à peine le temps d’une bière ! »

Le voilà rassuré en quelque sorte. Ils pouvaient donc directement passer à autre chose à savoir comment allait le plus jeune.

« Bien et toi ? »

Alors qu'il croyait que Wargrave allait prendre sa main tendue pour la serrer, que nenni, son interlocuteur avait préféré le tirer pour l'enlacer sa main claquant sur son dos. Oui, c'était bien aussi, beaucoup moins formel, il faut bien l'avouer... Le regard amusé de Maxence en disait long.

« Ouais, ouais pas de formalité et compagnie, j'ai compris, jeune homme !» il lui dédia un petit sourire avant de continuer « Certains sont un peu... tatillons avec ce genre de familiarités.»

Pas assez viril pour certains, contact trop proche pour l'autre, cela faisait trop long qu'ils ne s'étaient pas vu pour d'autres. Les raisons auraient pu être multiples ; il le voyait bien à son travail. Chaque personne avait des tolérances totalement différentes même pour ce genre de sujets à la con. Naveen n'avait pas pu, rapidement, s'empêcher de lui claquer une petite blague sur son physique que jeune premier pas trop décrépi.

« T’es pas mal non plus ! »

Il ne put s'empêcher d'avoir un léger petit sourire taquin.

« Ouais, ma sœur, fais que me dire que je fais chavirer tous les cœurs. Et ma mère aussi d'ailleurs.»

Oui, c'est vrai. Elles lui disaient bien trop souvent à son goût. Il le savait en réalité, il le voyait bien lorsqu'il sortait en boite, ou juste à un bar. Et oui sa réponse était débile, et il en jouait totalement. Il avait eu envie de répondre à côté, un peu.
Mais elles avaient beau dire, c'était qui le couillon qui se retrouvait seul ? C'était quand même lui. Un bien pour un mal, probablement avec le boulot prenant et beaucoup d'activités ci et là, mais maintenant qu'il aurait le champs un peu plus libre avec les Inquisiteurs -en théorie-... peut-être que certaines auraient pu changer. Ou pas. Mais là n'était pas la question. Se poser avec quelqu'un voulait aussi dire encore plus penser au passé et il n'en avait pas besoin. Il était toujours là, le vide, toujours aussi pesant. Il était là, obscur, tels à des sables mouvants même s'il faisait tout pour le cacher. Il ne pouvait pas s'en extraire, mais il pouvait toujours garder un peu la tête hors de l'eau.
Focus sur tout ce qui se passe autour de toi, mec. Se concentrer sur Max. Vérification de ce qu'il voulait – ou pas- avant d'aller chercher sa boisson.

« Je ne dirais pas non à sa sœur, merci ! »

Il avait acquiesça et s'était éloigné rapidement le temps d'aller chercher les deux boissons, choisissant une bière pour lui. Simple pour commencer. Il fallait qu'il garde l'esprit quand même un peu aéré. Après quelques minutes, il était revenu avec tout le nécessaire dans les mains.

« Ils sont plutôt pas mal ! » Hum ? Ah oui, le groupe. « Tu parlais de vieillir. J’crois que dans ma tête j’ai encore leur âge. J’vois pas le temps passer. » C'est vrai que le temps passait parfois assez rapidement, qu'il défilait devant leurs yeux sans qu'ils ne puissent rien faire pour l'arrêter. « Quand tu parles comme ça, on dirait presque un sexagénaire.» ricana-t-il avant de reprendre son sérieux. « si ça se trouve, ils ne pas si éloignés de ton âge tu sais ? Ils font ptet juste plus jeune, et puis, dix ans, grand max, qu'est-ce que c'est à trente ans ? Bon ok, le tiers de ta vie... mauvais exemple.» Il but plusieurs petites girgées de sa boisson tandis que l'autre garçon avait déjà repris la parole
« Quoi que si j’oublie la moitié de ce que je vis, ça n’aide sans doute pas à capter qu’on s’est pas vus depuis dix piges. » Le cynisme de Max lui fit hausser un sourcil, au moins ils en venaient plus ou moins naturellement au sujet qui l'intéressait si grandement... mais vu cette approche, les réponses ce n'est pas forcément par lui qu'il allait les avoir. « Comment tu vas depuis tout ce temps ? » Une nouvelle fois, il fut surpris par ce revirement de sujets ?
Bah écoute la routine, rien de bien intéressant à raconter je crois, ou de bien joyeux du moins. On va éviter de passer direct aux sujets déprimants, n'est-ce pas ? Il essaya de lui faire un petit sourire mais qui ressemblait probablement plus à une moue dépitée, les yeux dans le vague qu'autre chose. « Enfin tu vois, toujours secouriste... et je vis probablement un peu trop pour mon boulot.» Bon résumé ! Pas trop mauvais, vrai, même si ça élucidait beaucoup de détails. « ca fait longtemps que tu es revenu ? Par ce qu'on est bien d'accord que tu étais bien parti ?» Et que c'était en parti pour ça qu'ils avaient perdu contact.

Et puis... ils en étaient revenus au fameux sujet.

« Bon, c’est quoi cette histoire ? T’aurais croisé un ami en commun qui t’aurais filé mon numéro peut-être ? »
« Aucun souvenir, le trou noir complet... sans gueule de bois. Mais quel ami en commun ? Je ne suis pas certain que l'on en a un ? Et pourquoi diable, est-ce qu'il aurait fait ça ?» il lui tendit le bout de papier/ serviette où était marqué le dit numéro. « C'est ton écriture ou pas ?» Il soupira doucement avant de continuer « En soi, ce n'est pas bien grave, je n'aime juste pas ne pas me souvenir de quelque chose comme ça... Par ce que j'me dis, qu'est-ce qui a bien pu se passer.» Il but une nouvelle gorgée et rajouta en soupirant « Et avec tout ce qui a circulé sur la magie ou j'sais pas quoi, ça m'aurait rassuré de savoir que toi tu te souvenais. » Haussement d'épaules avant de reporter son regard sur l'homme. « Mais c'est une explication probablement un peu trop simple et totalement incongrue, par ce que ça n'aurait aucun sens... Enfin, ça n'a aucun sens en soi, ce n'est pas quelque chose de crédible comme information de toute manière.»

Pas la peine d'insister sur le sujet et d'inquiéter son ami, de risquer de le braquer contre la magie. Il avait un peu trop parlé, plus pour énoncer des faits, plus pour se parler à lui-même qu'autre chose. Il avait beau tourner tout ça dans sa tête, il ne voyait pas ce que la magie foutait là. Alors qu'est-ce qui s'était passé.

« J'ai pensé à un choc ou autres, tu sais comme quand tu es témoin d'une chose horrible. Mais là encore si toi tu n'as pas d'explications, ça reste étrange.»

Lun 9 Aoû 2021 - 17:48

« Ouais, ouais pas de formalité et compagnie, j'ai compris, jeune homme !» il lui dédia un petit sourire avant de continuer « Certains sont un peu... tatillons avec ce genre de familiarités.»

Jeune homme…. j’t’en foutrais du ‘jeune homme’ moi !

« ça va, on a fait assez de soirées pour se passer du cérémonial des retrouvailles ! »

Du moins pensait-il Naveen du genre à ne pas se formaliser d’une telle étiquette. Certes, après dix ans, il n’était sans doute plus celui qu’il avait connu à l’époque et inversement. Mais Maxence avait vécu trop d’épreuves pour s’embarrasser de civilités qu’il jugeait inutiles au vu de leur proximité passée. L’ancien soldat avait toujours été ainsi, le contact facile, se dégageant de la lourdeur des convenances, trop habitué aux milieux difficiles où chacun avait besoin du soutien de l’autre pour encaisser les épreuves imposées par la vie. C’était ainsi qu’il avait fini, durant ses études, dans toutes les soirées… parce qu’il en avait besoin, tout simplement. C’était ainsi qu’ils s’étaient rencontrés, la différence d’âge gommée par le milieu commun, les étudiants se mêlant aux professionnels en début de carrière, les chemins ne cessant de se croiser au sein du monde médical. Combien d’heures dormait-il, à l’époque ? Enchaînant les examens des deux mondes dans les filières adaptées par les sorciers, les études, les soirées, les contacts humains si violemment nécessaires durant ces années où tout semblait s’enchaîner sans vous laisser le temps de bailler.

« Ouais, ma sœur, fais que me dire que je fais chavirer tous les cœurs. Et ma mère aussi d'ailleurs.»
« Elles ont pas tort. »

Pas de sous-entendus, pas plus de la part de Naveen, d’ailleurs, juste une réalité qu’il assumait sans trouble. Du genre à s’amuser, à participer à toutes les soirées, à se lier aux uns et aux autres, Maxence n’était pourtant pas le genre à repartir avec toutes les nanas possibles. Il l’avait fait, sans doute, quelques fois, bien sûr. Mais cette belle assurance, ce détachement léger avait une sacrée tendance à s’écrouler quand il s’agissait d’engager les choses. Naveen l’avait vu en couple, juste avant que celui-ci ne se brise. Inversement, Maxence l’avait vu s’engager, comme les vases communiquant. Est-ce qu’il oserait poser la question ? Pas sûr.

En attendant, Naveen s’éloignait un moment pour revenir avec les bières, parler du groupe qui se produisait, autant que du passé.

« Quand tu parles comme ça, on dirait presque un sexagénaire.»
Un petit rire d’un côté comme de l’autre. « Ah j’t’ai pas dit ?! J’ai jamais été très honnête sur mon âge en fait ! » C’est ça ouais, c’est vrai qu’avec la gueule que tu avais à vingt piges, ça serait très crédible…. S’il avait physiquement vieilli avec ses premières années d’internat puis au front, depuis il semblait rester strictement le même, comme s’il était resté bloqué dans le temps. « si ça se trouve, ils ne pas si éloignés de ton âge tu sais ? Ils font ptet juste plus jeune, et puis, dix ans, grand max, qu'est-ce que c'est à trente ans ? Bon ok, le tiers de ta vie... mauvais exemple.» Cette fois, l’ancien soldat explosait de rire, passant d’un air sceptique à une véritable hilarité alors que son comparse se rendait compte seul de sa connerie. « J’me disais aussi ouais… » Un air moqueur sur ses traits éclairait ses yeux rieurs.

La conversation se poursuivant, ils en venaient naturellement à la question la plus évidente qui soit : comment allaient-ils depuis tout ce temps ?

« Bah écoute la routine, rien de bien intéressant à raconter je crois, ou de bien joyeux du moins. » Oh. Ah. Merde. S’il posait un regard sur lui, Maxence n’insistait pas, inquiet pour son ami mais silencieux, lui laissant l’espace d’en parler ou de se taire, par respect.
« Enfin tu vois, toujours secouriste... et je vis probablement un peu trop pour mon boulot.»
« Ah ça… le mal de la profession ! »
« ca fait longtemps que tu es revenu ? Par ce qu'on est bien d'accord que tu étais bien parti ?» Pas plus de précisions, donc. Bon. Ça sentait le drame..
« Oui oui, j’étais bien parti. Après l’internat j’ai fait mes classes sur le front pour obtenir le grade de médecin militaire. Je suis rentré il y a quelques mois. »

Plus joyeux de son côté ? Non, pas vraiment. Ça puait le drame là aussi, il devait bien l’avouer. Ainsi, ils passaient au sujet qui les avait amenés à se retrouver. Le fameux numéro sur un bout de papier trouvé dans sa veste.

« Aucun souvenir, le trou noir complet... sans gueule de bois. Mais quel ami en commun ? Je ne suis pas certain que l'on en a un ? Et pourquoi diable, est-ce qu'il aurait fait ça ?»
« J’en sais rien. Si, on en a, mais ça date sacrément quoi. Tu as toujours contact avec des vieux amis de l’époque ? Ou en effet une soirée avec un groupe ou je ne sais pas. Tu sais, pour peu que t’ais pas suivi un délire ou une conversation.. enfin j’en sais rien, je balance des idées comme ça mais je suis autant pris de court que toi. »

Observant Naveen sortir le bout de papier, Maxence le prenait entre ses doigts pour l’analyser. Une serviette, appartenant sans doute à un restaurant ou un bar. Et dessus, quelques numéros griffonnés.

« C'est ton écriture ou pas ?»

Ça y ressemblait.

« J’en sais rien… peut-être ? Avec des chiffres c’est dur à dire quand même je t’avoue.. »
« En soi, ce n'est pas bien grave, je n'aime juste pas ne pas me souvenir de quelque chose comme ça... Par ce que j'me dis, qu'est-ce qui a bien pu se passer.»
« Hm, ouais, j’entends bien. Ça me perturbe aussi. »
« Et avec tout ce qui a circulé sur la magie ou j'sais pas quoi, ça m'aurait rassuré de savoir que toi tu te souvenais. »

Cette fois, Maxence posait un regard neutre et interrogatif sur son camarade. Non pas par manque d’information, mais simplement parce que cette réflexion l’étonnant, le cueillait par surprise et l’envoyait tout droit dans une zone très inconfortable de son existence. Pourquoi fallait-il que tout ça ait fuité ?! Il avait toujours haïs garder ce secret pour lui, notamment auprès de sa famille ou de ses amis, mais à présent, il lui semblait que celui-ci le rattrapait sans cesse.

« Mais c'est une explication probablement un peu trop simple et totalement incongrue, par ce que ça n'aurait aucun sens... Enfin, ça n'a aucun sens en soi, ce n'est pas quelque chose de crédible comme information de toute manière.»

Si c’est ton avis, pourquoi est-ce que tu l’avances avec inquiétude ? C’est ça qui n’est pas cohérent.
Ainsi, Maxence comprenait que Naveen y croyait – ou savait – et qu’il jouait sur les deux tableaux pour connaître la position de ses interlocuteurs.

« J'ai pensé à un choc ou autres, tu sais comme quand tu es témoin d'une chose horrible. Mais là encore si toi tu n'as pas d'explications, ça reste étrange.»
« ça me semblerait plus logique ouais. Mon pragmatisme aime pas trop ta première solution. » Et puis, désignant la petite serviette de papier blanc cassé : « T’as été au restau ou dans un bar récemment ? » Soyons logiques, jouons la carte de l’incrédulité jusqu’au bout. « Moi oui, un sacré paquet depuis que je suis rentré. Je t’avoue que j’ai à la fois fêté ma liberté et noyé deux trois emmerdes dans l’alcool et le social, donc oui, j’ai pu écrire mon numéro je suppose, sans m’en souvenir. Ça me dit rien, mais j’ai pas forcément en tête tout ce que j’ai fait ces dernières semaines, alors après tout… Après côté chocs, j’en ai un sacré paquets, donc si tu dis vrai, je ne suis pas une référence côté souvenirs. »

Autant rebondit sur cette idée, non ?
Est-ce qu’il se servait de la mort de ses parents pour justifier une merde magique qui l’angoissait bien plus qu’il ne le montrait ? Tout à fait. Est-ce qu’ils se retournaient dans leur tombe ? Aussi.

Mer 11 Aoû 2021 - 17:03

« ça va, on a fait assez de soirées pour se passer du cérémonial des retrouvailles ! »

Oh, vraiment ? Naveen eut un sourire en coin. Il aurait bien sorti une connerie bien sentie, mais au final, cela suffisait amplement. Le sourire voulait tout dire ! Oui bien sûr qu'ils se connaissaient assez bien pour ça ! C'était bien cela montrait que pour certaines choses du moins Maxence n'avait pas encore changé et qu'il avait toujours le contact assez facile ce qui était plutôt également le cas de Evans. Ils avaient continué sur les railleries, cette fois-ci c'était plus sur le physique du plus âgé, et il fallait bien avouer qu'il était plutôt doué pour débiter des vannes... assez véridique. Il avait donc continué sur l'auto-dérision et la réponse de Max n'avait pas tardé à se faire entendre.

« Elles ont pas tort. »
« Ca me fait chaud au cœur d'entendre ça de la bouche d'un parfait hétéro. ricana-t-il ... enfin parfait hétéro, si tu n'as pas fait certaines découvertes entre temps ? »

Après tout, parfait on pouvait se découvrir certains penchants grâce à certaines personnes. Lui, avait toujours eu une attirance pour les deux sexes, alors il est vrai que « se découvrir » comme ça aussi tard lui paraissait peut-être un peu étrange, mais pourquoi pas, tout le monde était différent après tout. Il n'était personne pour juger. Sa question était aussi, outre de la curiosité, une façon de savoir où est-ce qu'il pouvait en être de sa vie sentimentale si jamais ce dernier arrivait à interpréter le tout comme tel.

Naveen était ensuite aller chercher les boissons avant de revenir, causant ainsi du groupe avec son ami... et les blagues ; si on pouvait appeler ça comme ça continuaient bon train ! Certains regards extérieurs auraient pu croire qu'ils se chamaillaient, voire se disputaient, mais la plupart devraient remarquer qu'ils s'amusaient juste. D'ailleurs n'étaient-ils pas en train de rire ?

« Ah j’t’ai pas dit ?! J’ai jamais été très honnête sur mon âge en fait ! »
Naveen eut un petit rire amusé. « Ouh, je sens que l'heure des révélations croustillantes est arrivée ! Je suis toute ouïe !» Comment ça, il se foutait un peu de leur gueule ? A peine, voyons ! Il savait pertinemment quel âge avait son interlocuteur ou du moins quelque chose d'approximatif ! Il avait donc continué à plaisanter sur l'âge jusqu'au moment où il se rendit compte qu'il s'enfonçait tout seul et avait décidé de continuer dans l'auto-dérision, encore ! Elle marchait bien, cette bonne vieille amie ! D'ailleurs Maxence sembla apprécier cette pirouette vu le rire qui s'en suivit !
« J’me disais aussi ouais… »
« C'est toujours ce qu'on dit.»

Et bientôt la conversation avait tourné sur le sujet un peu plus sérieux, comment est-ce qu'ils allaient depuis tout ce temps/ce qu'ils devenaient. Pour Naveen, le résumé était court : rien d'intéressant à raconter. Non, il n'avait pas envie de parler de sa fille ou autres... et avait tout préféré tourner juste par rapport à son métier qui était très prenant. De toute manière ce n'était pas comme s'il aurait pu parler des Inquisiteurs par exemple ! « Ah ça… le mal de la profession ! » Pour seule réponse, Evans eut un petit rire amusé ; ouais c'était le cas de beaucoup de personne affiliés à certains métiers reliés aux soins. Néanmoins Naveen avait vite enchaîné pour essayer de savoir ce qui s'était passé dans la vie du soldat, est-ce que ça faisait longtemps qu'il était revenu ? « Oui oui, j’étais bien parti. Après l’internat j’ai fait mes classes sur le front pour obtenir le grade de médecin militaire. Je suis rentré il y a quelques mois. »
« Il n'y a que quelques mois ? Effectivement, ça reste quand même assez récent.» Il se tut quelques instants comme s'il hésitait à poser une question... Il n'était pas certain de lui, mais il tenta quand même « Et ça va ? Je veux dire... ce qui s'est passé sur le front, tu arrives à bien le gérer après coup ? »

C'était probablement un peu con comme question, mais il s'inquiétait un peu pour son camarade. Les traumatismes pouvaient être nombreux et il voulait s'assurer qu'il n'avait pas besoin d'une aide quelconque... ou au moins d'une oreille attentive... Et c'est comme ça, qu'ils avaient fini par arriver au sujet « principal » à savoir le numéro qu'il avait trouvé dans sa tenu de boulot. Lui n'avait aucun souvenir, et ne comprenait pas bien pourquoi un ami lui aurait donné le numéro de Max, même s'ils se connaissaient tous les trois.

« J’en sais rien. Si, on en a, mais ça date sacrément quoi. Tu as toujours contact avec des vieux amis de l’époque ? Ou en effet une soirée avec un groupe ou je ne sais pas. Tu sais, pour peu que t’ais pas suivi un délire ou une conversation.. enfin j’en sais rien, je balance des idées comme ça mais je suis autant pris de court que toi. »

Ces arguments ne faisaient franchement pas mouche chez Naveen ; c'était possible, oui, mais il trouvait ça quand même peu probable. Il aurait bien voulu que Max lui dise que lui aussi ne se souvenir de rien et qu'il avait bien un trou noir pour une soirée dans ce labs de temps mais non. Il se mordilla un peu la lèvre, tout en continuant de réfléchir à tout cela.

« Vaguement quelqu'uns mais on ne s'est pas revus ces derniers temps, et surtout pas dans le cadre de mon boulot.» Il se gratta un peu la joue avant de soupirer. Il avait quand même essayé avec le bout de papier pour être certain que l'écriture qui se trouvait dessus n'était pas la patte de Max ; mais là encore la réponse n'était pas vraiment celle qu'il avait attendu (espéré).
« J’en sais rien… peut-être ? Avec des chiffres c’est dur à dire quand même je t’avoue.. »

Vrai ! Il ne pouvait que valider cet argument ! Et voyant qu'il ne tirerait rien de tout, il avait préféré un peu abandonner expliquant juste qu'il aimait juste ne pas avoir de souvenir de ce qui pouvait se passer, avant d'ajouter une petite phrase sur la magie. Juste comme ça. Par ce qui fallait bien que ça sorte, de toute manière ça en parlait partout sur les réseaux sociaux et compagnie... alors comment est-ce qu'il aurait fait pour ne pas y penser ? Cela montrait juste qu'il n'était pas terre à terre... mais en voyant le regard si neutre de son interlocuteur il préféra faire comme si au final c'était une idée à la con. Il avait fini par dire que ça pouvait aussi être dû à un choc ou autres.

« ça me semblerait plus logique ouais. Mon pragmatisme aime pas trop ta première solution. » Il secoua un peu la tête avec un léger sourire.« T’as été au restau ou dans un bar récemment ? » Négatif ! Enfin si positif, mais pas dans son habit de secouriste. « Moi oui, un sacré paquet depuis que je suis rentré. Je t’avoue que j’ai à la fois fêté ma liberté et noyé deux trois emmerdes dans l’alcool et le social, donc oui, j’ai pu écrire mon numéro je suppose, sans m’en souvenir. Ça me dit rien, mais j’ai pas forcément en tête tout ce que j’ai fait ces dernières semaines, alors après tout… Après côté chocs, j’en ai un sacré paquets, donc si tu dis vrai, je ne suis pas une référence côté souvenirs. »
« Ouais, donc on ne saura jamais... Bon ben, on est pas près à être des Sherlock Holmes. plaisanta-t-il. Il n'avait pas envie de passer non plus des heures à déblatérer de ça, ils ne trouveraient probablement juste jamais la solution. Tant pis. Mon pragmatisme ne l'aime pas forcément non plus cette solution... un peu surnaturelle ; mais avec tout ce qu'on entend aujourd'hui, on ne peut s'empêcher d'y penser ! il eut ensuite un petit sourire avant de continuer Bon, alors passons à un sujet où on est sûr de pouvoir répondre. Tu as quelqu'un dans ta vie en ce moment, Don Juan ou est-ce que tu continues de fêter la liberté retrouvée ? C'est mieux comme sujet non ? Il but de nouveau quelques gorgées de sa boisson avant de reprendre. A vrai dire, c'est surtout pour savoir quel genre de sortie tu peux te faire ! » Non, c'était juste qu'il avait envie de rattraper un peu le temps perdu et donc de savoir ce genre de choses vu qu'il était curieux... Et effectivement après suivant sa réponse et leurs emplois du temps, ils pourraient peut-être se programmer des petites soirées sympas. Promis, il n'y avait aucun sous entendu ou ambiguïté là-dedans.

Ven 20 Aoû 2021 - 10:20

« Ca me fait chaud au cœur d'entendre ça de la bouche d'un parfait hétéro. ricanai-t-il ... enfin parfait hétéro, si tu n'as pas fait certaines découvertes entre temps ? »
« Eh non, désolé de péter le cliché des expériences de l’armée ! Mais ravi d’incarner la perfection écoute…» Cette fois, c’était son tour de ricaner, jouant sur les mots, s’attardant sur le premier mot et non le second, comme ce à quoi il était aisé de s’attendre. Pas d’expériences homosexuelles dans l’armée, donc, malgré le peu de représentations féminines, aucune attirance spécifique, définitivement, il devait tendre plus résolument vers le bord hétérosexuel de la force, la conclusion semblait inévitable. Et oui, Naveen était beau mec, pas vraiment un scoop, du moins pas à ses yeux. Et oui, il se servait surtout de cette réflexion pour jouer l’humour. D’ailleurs c’était là le ton qui avait perduré tout au long de la conversation à mesure que le temps passait. Le groupe jouait au loin, faisant planer sur eux une ambiance légère qui rappelait celle de la fin de l’adolescence, d’un été auprès d’amis, de rires autour d’un feu ou dans une chambre étudiante. Les sonorités rock appelaient à l’évasion vers le passé, aux échanges légers entre amis, à l’insouciance qu’étaient alors leurs existences. Ces moments lui manquaient, lui faisait se demander s’il avait vraiment assez profité à l’époque. S’il n’aurait pas pu en faire plus, arrêter de précipiter l’avenir comme il l’avait fait pour seulement profiter du moment présent. Une bière à la main, le ton léger, la terre rêche accrochant aux semelles de ses chaussures, Maxence lui donnait la réplique, enchainant la conversation sans même y penser, retrouvant la complicité d’hier comme s’ils ne s’étaient jamais perdus de vue. C’était souvent ainsi dans la vie. On se perd, on se retrouve, on comble les espaces et on évoque les souvenirs et puis certains sujets semblent oubliés, remisés, mis de côté… pour faciliter l’échange et oublier que dans le fond, il y a bien des parts d’ombre dans les lacunes qui nous séparent.
C’étaient d’ailleurs ses propres ténèbres qui avaient finalement été évoquées, surgissant comme ça, attrapées au vol et plaquées au centre de la conversation.

« Il n'y a que quelques mois ? Effectivement, ça reste quand même assez récent.»
« Ouais.. décembre. »
« Et ça va ? Je veux dire... ce qui s'est passé sur le front, tu arrives à bien le gérer après coup ? »
Que répondre à ça ? Un instant, Maxence le fixait en silence, s’interrogeant sincèrement sur la question qui lui était posée. Est-ce que ça allait ? Sans doute pas. Il y avait sur ses rétines bien des images imprimées, comme marquées au fer rouge. Des corps calcinés, alignés sur le perron d’une enfance chérie. Des larmes d’enfants. Des peurs d’adultes. Des corps blessés. Le front n’était pas celui qu’il pensait, il avait dépassé les limites de l’acceptable, c’était incrusté jusque dans sa normalité, dans ce qu’on nommait bêtement la « vie civile ». Sa vie civile n’avait été faite que d’angoisse, de flamme et de sang. Un mensonge, bien sûr, parce qu’il y avait là-bas des amitiés profondes, des liens inoubliables, des espaces infranchissables. Et le front, le vrai ? Si loin, mais jamais vraiment effacé, comme si l’espace temps se tordait depuis des années maintenant, s’étendait ailleurs et se recourbait pour le rejoindre, dressant un pont entre présent et passé qu’il pouvait franchir d’un battement de cil. Alors… Arrivait-il à bien le gérer ?

« J’en sais rien. Comme ça peut je suppose. Ça serait simple de dire que ‘oui, j’arrive bien à le gérer, ne serait-ce que pour passer à autre chose… » Comme si parler de ses démons les rendait plus tangibles, réels. Comme si se faisant, il était possible de leur donner la possibilité, à leur tour, de franchir le pont et d’envahir la réalité. « .. Mais ça ne serait sans doute pas tout à fait vrai. » Il haussait des épaules, un voile passant devant son regard, l’arrachant à son passé pour le poser sur les jeunes qui semblaient tout donner, là-bas, sur scène. « Enfin ça va. Globalement ça va. » Il ne dirait pas qu’il voyait les corps de ses parents tous les soirs, la rage violente d’agresseurs lui tombant dessus, les visages de gosses tombant dans le cahot d’une bataille, les petits bras refermés contre lui quand, après coup, il devenait une bouée, un roc ou rien qu’un homme, un adulte auquel se raccrocher. Le front était compliqué à gérer. Poudlard était pire. Mais là-bas, au moins, il savait qu’il n’avait pas fait partie du problème, mais bien de la solution.

Une discussion qu’il n’évoquerait évidemment pas avec Naveen à présent et qu’il effaçait, comme la poussière qu’on glisse sous le tapis et qu’on oublie, jusqu’à ce que les monticules ne deviennent difficiles à ignorer. Alors il le ramenait naturellement vers le premier sujet qui les avait amenés là, sourire aux lèvres, comme si rien n’avait changé. D’ailleurs, rien n’avait changé : ses démons n’avaient pas ce pouvoir sur lui, il le leur refusait. Maxence connaissait ses tors et ses faiblesses, ses forces et ses batailles. Il faisait le tri, compartimentait, essayait d’avancer. Un jour, peut-être, finirait-il par se prendre le pied dans le tapis, risquant de finir couvert de la poussière de son passé, mais ce jour attendrait encore un peu.

« Vaguement quelqu'uns mais on ne s'est pas revus ces derniers temps, et surtout pas dans le cadre de mon boulot.»
« Je vois.. Eh ben j’en sais rien. J’ai pas d’idées, là comme ça. »

Ou plutôt, si, mais il était hors de question de lui donner le fond de sa pensée. Cependant, celle-ci était déjà sortie, comme s’il tâtait le terrain, allumant une certaine alarme dans l’esprit du sorcier. Se pouvait-il qu’il soit vraiment au courant ? Qu’ils aient été deux à porter le même secret pendant un temps sans pour autant le comprendre, comme tout ce temps passé auprès d’Auréa, la femme de Ruben, jusqu’à ce qu’il ne distingue ses cachoteries ? Non, ils n’auraient pas pu être si bons, tous deux, tant de temps.

« Ouais, donc on ne saura jamais... Bon ben, on est pas près à être des Sherlock Holmes. Pas de résolution du mystère, ce soir. Mon pragmatisme ne l'aime pas forcément non plus cette solution... un peu surnaturelle ; mais avec tout ce qu'on entend aujourd'hui, on ne peut s'empêcher d'y penser ! Penses-y, mais restes-en loin copain, c’est un conseil. Bon, alors passons à un sujet où on est sûr de pouvoir répondre. Tu as quelqu'un dans ta vie en ce moment, Don Juan ou est-ce que tu continues de fêter la liberté retrouvée ? Faisons ça, switchons de sujet pour ne plus y revenir. Ainsi, au moins, pourraient-ils éviter la fameuse vérité qui dérange. A vrai dire, c'est surtout pour savoir quel genre de sortie tu peux te faire ! »

Un petit rire le prenait à la gorge. Alors, quels types de sorties pouvaient-ils faire au juste ? Grande question. Passant une main sur sa nuque, comme un ado gêné, il répondait, conscient qu’il préférait de loin cette conversation à la précédente. « Tu te souviens.. enfin je ne sais plus trop dans quel sens tout ça s’était fait, mais on s’est connus grosso modo au moment de ma rupture avec ma copine de l’époque, Néolina. » Sa rupture ? Non, mais il n’avait pas spécialement envie de se perdre en descriptions quand celles-ci se trouvaient fort inutiles. « Eh ben c’est récemment plus ou moins reparti avec elle. Enfin on tente sa technique. Elle était team couple libre, pas moi. Et… on a fait chassé-croisé : elle est revenue vers moi en se disant prête à tenter le couple conventionnel et je lui ai proposé de la suivre dans l’option couple libre, c’est donc ce qu’on fait. » Ou plus précisément, c’est donc ce qu’on ne fait pas, puisque jusqu’ici, aucun des deux n’avait passé le cap.

Mar 24 Aoû 2021 - 15:41

« Eh non, désolé de péter le cliché des expériences de l’armée ! Mais ravi d’incarner la perfection écoute…»

Naveen eut une petite moue qu'il aurait voulu blasée, mais il ne réussit qu'à faire l'amusée. Non, il était beaucoup trop amusé par ce qu'ils venaient de se dire pour ressentir autre chose ! Pourtant, il fallait bien avouer qu'il aurait bien aimé apprendre une petite info croustillante sur son ami, juste pour pouvoir l'embêter un peu sur ça dans le futur. Jamais rien de bien méchant, il savait pertinemment qu'il y avait des limites à ne pas franchir et il essayait de ne pas être trop lourd, surtout quand ça pouvait être des sujets assez sensibles chez les autres.

« Tu ne veux même pas me sortir un petit mensonge pour satisfaire ce besoin de commérage ? Roh, t'es vraiment vilain !» Est-ce qu'il se foutait de leur deux gueules avec ces mots ? Tout à fait. Mais en vérité, Maxence le savait d'ores et déjà, Naveen préférait largement la franchise et c'était bien ce qu'était son camarade à ses yeux ! Il se baissa un peu avant de dire « Bon ça va, tes chevilles ont l'air d'avoir gardé leur volume normal, ça me rassure un petit peu ! »

Mais il n'y avait peut-être pas que des sujets légers à aborder, surtout depuis tout ce temps-là. Il y avait probablement, pour chacun, des Démons cachés ça et là, prêts à bondir à la moindre occasion. A cracher à la gueule souvenirs et traumatismes qu'ils réussissaient généralement à laisser dans un petit coin de leur tête. Alors oui, il avait voulu s'assurer de comment aller Maxence, réellement. Dire que ça va, c'est une chose... C'était à l'instant T généralement qu'on disait cela, mais lui voulait savoir en général, s'il n'avait pas de contre-coup, s'il arrivait à bien tout gérer. La guerre, les combats ça ne s'effaçait pas comme ça, ce n'était pas quelque chose qu'on pouvait clore d'un claquement de doigts. Est-ce qu'il aurait dû éviter la question ? Est-ce qu'il aurait dû faire comme si tout allait bien pour ne pas risquer de réveiller quelque chose ? Peut-être. Peut-être qu'il ferait plus de mal que de bien, peut-être qu'il se trompait totalement dans sa démarche d'appréhender les choses. Chaque personne au final était différente ; mais il lui laissait au moins une ouverture pour qu'il en parle librement s'il le souhaitait, qu'il sache que lui était présent s'il avait besoin d'une oreille attentive.

« J’en sais rien. Comme ça peut je suppose. Ça serait simple de dire que ‘oui, j’arrive bien à le gérer, ne serait-ce que pour passer à autre chose… » ca sentait le « mais » arriver. Il préférait l'entendre dire quelque chose comme ça, qui semblait proche du réel, plutôt qu'il dise que tout allait bien sans savoir à quel point il pouvait le croire ou pas ; s'il se leurrait lui-même ou s'il voulait juste que l'on croit qu'il gérait. « .. Mais ça ne serait sans doute pas tout à fait vrai. Enfin ça va. Globalement ça va. »

Et à vrai dire, Naveen sentait qu'il aurait pu répondre quelque chose comme ça pour sa fille. Oui ça allait globalement, oui, il arrivait à vivre malgré ça. Oui, il semblait gérer sans souci en extérieur du moins ; mais à l'intérieur il y avait toujours cette lutte, ce vide qui ne s'amenuisait pas. Il y avait toutes les fois, où il imaginait ce que serait sa vie aujourd'hui si elle était en vie ; celles aussi où il se demandait s'il n'aurait pas pu en faire plus ; celles où il se rappelait tout simplement le cœur serré. Les deux cas étaient totalement différents, mais quelque chose dans l'esprit, dans la façon de faire semblait quand même un minimum similaire.

« Bon, tant mieux alors si tu le vis comme ça. Mais si t'as besoin tu sais où me trouver maintenant.»

Phrase lancée, à la volée mais qui ne tomberait pas dans l'oreille d'un sourd. Mais est-ce qu'il pourrait comprendre les douleurs d'un soldat ? La réponse était probablement non, par ce qu'il n'avait pas vécu cela, pas exactement, par ce qu'il ne pouvait qu'imaginer. L'empathie ne faisait pas toujours pas. Et l'inverse était tout aussi vrai. Cela n'empêchait cependant pas qu'ils puissent se parler si le besoin s'en faisait ressentir. Pas besoin d'en dire plus, d'en faire des caisses, de rajouter quelques arguments. Ca serait tout sur le sujet... alors il valait mieux repasser à celui qui les intéressait et intriguait tous les deux – surtout le plus âgé il faut bien l'avouer- et qui les avait amené à se revoir... et ils tâtonnaient, chacun de leur manière...

« Je vois.. Eh ben j’en sais rien. J’ai pas d’idées, là comme ça. »

Et il se dit qu'il valait mieux laisser tomber. Ils ne tireraient ni l'un ni l'autre quelque chose de tout ça, alors il avait essayé de faire une petite conclusion... avant de passer à tout autre chose : savoir s'il avait quelqu'un dans sa vie – histoire aussi de pouvoir prévoir quelques sorties-. Le tout en continuant de plaisanter comme si ça pouvait faire oublier le sujet précédent dont le résultat avait été quand même un assez grand fiasco. Evans avait même réussi à faire rire un petit peu son camarade... et pourtant il voyait bien la gêne dans certains de ses gestes. Toujours timide sur le sujet le Maxou ?

« Tu te souviens.. enfin je ne sais plus trop dans quel sens tout ça s’était fait, mais on s’est connus grosso modo au moment de ma rupture avec ma copine de l’époque, Néolina. » Il acquiesça doucement, il s'en souvenait plus ou moins... en gros, pas dans les détails, mais c'était déjà mieux que rien, il pouvait quand même resituer deux ou trois choses. « Eh ben c’est récemment plus ou moins reparti avec elle. Enfin on tente sa technique. Elle était team couple libre, pas moi. Et… on a fait chassé-croisé : elle est revenue vers moi en se disant prête à tenter le couple conventionnel et je lui ai proposé de la suivre dans l’option couple libre, c’est donc ce qu’on fait. »
« Ah ouais, ça doit pas être simple tous les jours. J'sais pas trop si j'aimerai ou supporterai quelque chose comme ça. Pas sûr que ce soi mon truc. Tu.. le vis bien ? Ca va ?»

Il n'était pas du genre hyper-possessif, mais quand les sentiments étaient là... aller voir ailleurs ce n'était pas quelque chose qu'il comprenait réellement ; du moins pour lui. Ce n'était pas, de prime abord, une solution envisageable... Après, si tout le monde dans le couple est consentant que les gens sont heureux comme ça, ça les regarde. Chacun fait bien ce qu'il veut ! Il n'allait pas les juger pour ça... mais il restait assez stupéfait sur le sujet quand même. Il n'aurait jamais imaginé son ami dans ce genre de pratique.

« Elle doit être assez formidable, non ? Entre ta façon d'en parler, ta gêne tout ça... On dirait un peu un adolescent épris de sa belle.» se moqua-t-il gentiment. « Mais c'est mignon.»

Cette fois, il était sérieux. Quelque part, il était peut-être un peu envieux, mais il savait qu'avec son boulot, son passé, c'était probablement mieux qu'il reste seul. Il y a des blessures qu'il préférait ne pas risquer de rouvrir.

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Mar 31 Aoû 2021 - 14:11

« Tu ne veux même pas me sortir un petit mensonge pour satisfaire ce besoin de commérage ? Roh, t'es vraiment vilain !»
« Oh je suis beaucoup trop honnête pour ça enfin ! » Réflexion particulièrement ironique compte tenu du fait qu’il lui mentait depuis des années, gardant pour lui le secret de la magie presque par un réflexe trop ancré.
Fronçant un instant des sourcils, l’ancien soldat le voyait se pencher, s’interrogeant sur la raison de ce comportement inhabituel. « Bon ça va, tes chevilles ont l'air d'avoir gardé leur volume normal, ça me rassure un petit peu ! » Ah !
Un rire claquait dans sa gorge.
« J’essaye d’incarner la perfection ET de garder les pieds sur terre. C’est un travail de tous les jours tu sais ! » Ardu, même ! « Après si vraiment il te faut des aventures, je peux en inventer avec d’anciens copains d’armée hein, mais je jure pas de leur véracité… ! » Benji, es-tu prêts à être intégré dans une histoire inventée ?!

Non, sans doute pas. Pas plus qu’il ne l’était à évoquer ce passé-là, à vrai dire. Alors ses réponses se faisaient lacunaires. Honnêtes... mais parcellaires. Un instant, il se voyait une bière à la main, dans les gros coussins prunes de Poudlard, à échanger des anecdotes d’un passé commun avec Ismaelle. Première image oui, une seconde se superposant sans prévenir à la seconde. Des rires claqués avec une complicité évidente, assis face à elle tandis qu’elle demeurait sur son lit, un grand sourire éclairant un peu plus ses yeux brillants. Sans doute regretterait-il toujours son immobilité ce jour-là. Avec elle autant qu’avec d’autres. L’éternel célibataire qui ne passait pas le cap. Pourquoi ces images ? Parce qu’il y avait sans doute quelque chose de profondément essentiel à se forcer à garder en mémoire les rires quand il est si simple de laisser les pleurs prendre tout l’espace. Il y avait eu sur le front ou à Poudlard bien des épreuves qu’ils avaient surmonté comme ils pouvaient… mais également d’autres choses, plus humaines, plus profondes. Plus justes… qui méritaient d’être reconnues.
Une image s’imposait à lui alors, celle de deux soldats assis sur un muret, le regard fixé sur la lune montante à noter qu’elle serait bientôt pleine. Il se revoyait déposer sur le genou droit de son supérieur un brin de cette herbe qui lui manquait alors pour compléter la potion. Benjamin était blessé cette semaine-là, bloqué dans ses mouvements. C’était sans doute le premier soir où tous deux avaient réellement parlé à cœur ouvert.

« Bon, tant mieux alors si tu le vis comme ça. Mais si t'as besoin tu sais où me trouver maintenant.»
« Ouais, t’en fais pas je sais.. merci Nav’. »

Est-ce qu’il en parlerait ? Sans doute pas. Il y avait des choses qu’il enfouissait et qu’il laissait loin de la surface, loin des discussions entre amis, loin de tout. Des choses qui ne pouvaient exister qu’en lui et dont le monde pouvait bien se passer. Un jour, peut-être, serait-il pris par l’envie soudaine d’en discuter, mais pour l’heure tout ça resterait dans le registre du privé. D’autant plus qu’il y avait dans ses histoires bien des éclats de magie qui ne pouvaient être révélés au secouriste et toute l’affection et la confiance qu’il lui portait n’y changeraient rien. Alors le sujet ne pouvait que dériver vers d’autres rives moins… sanglantes.

Néo.

Ouais. Alors moins sanglantes, certes, mais pas moins mouvementées émotionnellement. Oui, toujours timide sur le sujet, il avait été celui qui esquivait ce registre depuis la rupture de l’époque. Celui à qui il fallait mettre les évidences sous le nez pour comprendre qu’il plaisait à quelqu’un et qui… n’avait clairement pas changé à ce propos, en témoigne Sanae. Alors il expliquait la situation… avec la pudeur d’un ado encore un peu hésitant sur le sujet. Max, trente et un an, a survécu aux affres de la guerre, est homme à garder l’esprit clair en cas de crise… et s’emmêle les pinceaux pour ce qui est de parler de l’amour de sa vie.

« Ah ouais, ça doit pas être simple tous les jours. J'sais pas trop si j'aimerai ou supporterai quelque chose comme ça. Pas sûr que ce soi mon truc. Tu.. le vis bien ? Ca va ?»

Ça… c’est une question particulièrement pertinente.
Comment allait-il ? Comment le vivait-elle, cette décision qui était la sienne ?

Le regard porté sur le batteur qui semblait y donner toute son âme, Maxence l’observait un instant jouer des baguettes qui tapaient en rythme les toiles tendues de la batterie, s’interrogeant sur un sujet qu’il mettait souvent de côté. A ses côtés, son ami reprenait.

« Elle doit être assez formidable, non ? Entre ta façon d'en parler, ta gêne tout ça... On dirait un peu un adolescent épris de sa belle.» Un petit rire sur les lèvres, les prunelles brillantes du presque médicomage militaire se posaient sur son ami, acceptant avec tendresse la moquerie. « Mais c'est mignon.»
« Je suis mignon et parfait donc, ‘fait gaffe je vais finir par être sensible à la flatterie ! Encore un peu et je prends ça pour de la drague. »

Non : panique pas tout va bien.

Dans un soupir, il passait une main sur son visage, terminant sur sa nuque tandis qu’il avalait les quelques gorgées qui lui restait de sa bière. Au dessus d’eux, un souffle de vent soulevait la tenture aux couleurs chaudes qui protégeait quelques tables déjà occupées et permettait aux clients d’attendre protégés de la pluie si celle-ci se pointait.

« Elle est sublime. Sérieusement, il y a chez elle ce truc, ce machin qu’elle a dans le regard et qui me chope depuis qu’on a quatorze piges quoi. Je peux toujours essayer de l’ignorer, c’est là. Elle est drôle, fiable, loyale, elle assume ses idées et ses opinions.. c’est quelqu’un qui cache une force vive que peu soupçonnent… bref, ouais, je me la suis jamais sortie du crâne, j’pense que c’est une évidence. On s’est vus peu de temps après que je sois rentré. Prochain arrêt : Retour en adolescence. »

Pinçant des lèvres, baissant le regard qui restait alors accroché au chanteur qui faisait passer son micro d’une main à la seconde, Maxence passait ses doigts dans ses cheveux bruns qu’il ébouriffait sans y penser.

« Conclusion, t’as raison j’suis un ado en force à l’heure actuelle… et pour être honnête je sais pas si cette situation me va. C’est moi qui l’ai décidé, je ne voulais pas qu’on s’enferme dans les mêmes erreurs que dans le passé… pour autant c’est nouveau pour moi et je ne sais pas trop où j’en suis sur le sujet. » Il haussait des épaules d’un air détaché. « Pour l’instant c’est accepté. Ce qu’il y a d’étonnant c’est que… bon, tu le répètes pas hein ado j’vous dis autant j’ai l’impression que j’accepterai plutôt bien l’arrivée de quelqu’un de nouveau… autant j’ai une sale envie d’encastrer ceux avec qui elle est sortie quand on a rompu il y a dix ans, c’est phénoménal. Et surtout très con. » ça ne lui ressemblait pas, c’était certain. Mais voilà, comme la lueur dans les prunelles de celle qu’il n’avait jamais cessé d’aimer : ce truc était là et avait du mal à prendre le large.

Jeu 2 Sep 2021 - 16:26

« Oh je suis beaucoup trop honnête pour ça enfin ! » Il n'en doutait pas un instant, il en fallait bien un sur les deux de toute manière. Il n'aimait pas spécialement les mensonges ou les non-dits, mais final c'était quelque chose de tellement récurrent depuis son enfance que ça le gênait beaucoup moins quand s'était pour se protéger, lui ses proches ou bien une Cause en laquelle il croyait. Pour le reste il essayait plutôt d'être diplomate même si ça ne marchait pas à chaque fois, il est vrai qu'il y avait des mensonges dont on ne pouvait pas se passer.
« Ca va comment » ? Ca va, bien sûr. Mensonge sans honte. Pour préserver les autres de l'inquiétude, de ce qui continuait de le ronger, comme s'il avait pu tout mettre dans un placard, la douleur de la perte, la séparation, le reste, et que ce dernier ne s'ouvrait que par moment les plus durs. C'était mieux pour tout le monde de ne pas connaître les affres de son âme, de ne pas pouvoir sonder le vide que l'on pouvait y trouver. Si noir, si terrifiant, l'absolu néant, la partie manquante à son âme. Oui, ça va bien. Et puis en soit, il était en forme physique, morale en général si on oubliait ce point précis ça allait aussi, il avait un boulot, un toit, de quoi bouffer. Pourquoi se plaindre ? Il était beaucoup plus chanceux que beaucoup dans un certain sens.
Alors, il y avait les blagues. Tout le reste. Ce qu'il y avait en surface, ce dont se contentait la plupart du monde. Etait-il bon menteur ? Pour certaines choses oui, pour d'autres beaucoup moins.
Les blagues, il y retournait corps et âme, c'était beaucoup plus simple comme ça, plaisantant à présent sur la taille des chevilles de son camarade !

« J’essaye d’incarner la perfection ET de garder les pieds sur terre. C’est un travail de tous les jours tu sais ! Après si vraiment il te faut des aventures, je peux en inventer avec d’anciens copains d’armée hein, mais je jure pas de leur véracité… ! »
« Oh oui vas-y Max, vas-y raconte moi une histoire.» ajouta-t-il du ton le plus enfantin qu'il avait pu sortir

Blague à part, ils avaient fini par parler de quelque chose d'un peu plus sérieux. Du moins Naveen avait préféré lui rappeler qu'il était disponible s'il avait envie de lui parler. Il se doutait que ça n'arriverait probablement jamais mais peut-être que si un jour il en avait vraiment besoin, il saurait qu'il pouvait compter sur lui. Il ne pourrait probablement pas tout comprendre, n'ayant pas vécu cette guerre-là, n'ayant pas été soldat. Ecouter, cependant, était bien souvent déjà beaucoup.

« Ouais, t’en fais pas je sais.. merci Nav’. »

Juste un acquiescement de la part du plus âgé qui ne voulait pas insister beaucoup plus. Cela ne servirait à rien, il n'y avait plus rien à ajouter, alors vu la gravité du sujet, le silence était d'or.
Bientôt d'ailleurs, ils étaient revenus sur un sujet un peu plus joyeux, son couple avec Neolina, et Wargrave lui expliquait les tenants et aboutissants de ce couple « libre ». Il était clair que dit comme ça, ce n'était pas du tout comme ça qu'il envisageait les choses. Partager c'était bien... mais la personne que l'on aime c'était quelque chose de peu envisageable pour lui. Ce n'était pas du tout son mode de fonctionnement, mais si ça allait bien à d'autres chacun était bien libre. Il avait donc essayé d'en savoir, voir si Max était vraiment heureux comme ça, par ce qu'il l'avait toujours vu en amour, plus comme lui, pas forcément hyper partageur et hyper zen à cette idée. Lui le vivrait probablement mal, même si par amour on pouvait faire beaucoup, alors qu'en était-il pour son ami ? Une chose était certaine il semblait éperdument amoureux.

« Je suis mignon et parfait donc, ‘fait gaffe je vais finir par être sensible à la flatterie ! Encore un peu et je prends ça pour de la drague. »
« Penses-tu que je serai si transparent vis à vis d'une telle information ? Manquerais-je de subtilité ?»

Oui, bien sûr. Et si on laissait tout bonnement la parole à l'intéressé ?

« Elle est sublime. Sérieusement, il y a chez elle ce truc, ce machin qu’elle a dans le regard et qui me chope depuis qu’on a quatorze piges quoi. Je peux toujours essayer de l’ignorer, c’est là. Elle est drôle, fiable, loyale, elle assume ses idées et ses opinions.. c’est quelqu’un qui cache une force vive que peu soupçonnent… bref, ouais, je me la suis jamais sortie du crâne, j’pense que c’est une évidence. On s’est vus peu de temps après que je sois rentré. Prochain arrêt : Retour en adolescence. » Ah ouais quand même. Ne sachant pas trop quoi répondre, il avait préféré dans un premier temps se contenter de boire un coup ; décrite comme cela elle aurait pu passer pour une femme parfaite. « Conclusion, t’as raison j’suis un ado en force à l’heure actuelle… et pour être honnête je sais pas si cette situation me va. C’est moi qui l’a décidé, je ne voulais pas qu’on s’enferme dans les mêmes erreurs que dans le passé… pour autant c’est nouveau pour moi et je ne sais pas trop où j’en suis sur le sujet. » Il fronça un peu les sourcils, voilà qui avait le mérite d'être honnête au moins, mais ça avait l'air d'être beaucoup de choses sauf simple. Il semblait plus que perdu dans le sujet, face à une nana qu'il semblait presque vénérer et pour qui il pourrait accepter presque tout. Silence, toujours, le temps qu'il essaye de bien aligner toutes ses pensées... mais surtout pour lui laisser de l'espace s'il avait de continuer.... ce qui ne tarda pas à arriver. « Pour l’instant c’est accepté. Ce qu’il y a d’étonnant c’est que… bon, tu le répètes pas hein ado j’vous dis autant j’ai l’impression que j’accepterai plutôt bien l’arrivée de quelqu’un de nouveau… autant j’ai une sale envie d’encastrer ceux avec qui elle est sortie quand on a rompu il y a dix ans, c’est phénoménal. Et surtout très con. »

C'est ça... c'est compliqué. Très compliqué. Il se gratta un peu la tête pour essayer de comprendre cette jalousie étrange. Autant s'il avait envie d'encastrer ses amants actuels, il pourrait comprendre autant ceux passés... surtout lorsqu'ils avaient rompu, c'était quelque chose de beaucoup plus difficile à envisager pour lui.

«Tu n'as pas l'air de te faciliter la tâche... J'avoue que je n'y connais pas grand chose dans cette situation alors c'est difficile d'avoir un avis impartial... mais fais attention à toi quand même, par ce que quand tu en parles, tu as l'air si accroc que, comment dire ça... que ça peut donner l'impression que tu pourrais donner beaucoup plus que ce qu'elle peut t'apporter.» Il se tut quelques instants avant de continuer « Après, je ne la connais pas. Je me fierai même plutôt à ton jugement et tu n'es pas du genre à te laisser mener par le bout du nez mais lorsque tu en parles...» Il laissa la phrase en suspens ne sachant pas bien comment la terminer. Il n'y avait pas de jugement, il émettait juste une sorte d'alerte « fais attention à toi, mon ami », es-tu sûre que tout est ok là-dedans, tu n'as pas l'air sûr de toi. « Ils sont comment ces exs ? Hyper baraqués et sexy ? Plein d'assurance ?» Il pencha la tête sur le côté avant de lui rajouter « C'est toi qu'elle a choisi, et vu comme tu l'as décris elle n'a pas l'air d'avoir du mal à avoir beaucoup d'hommes à ses pieds. C'est donc que tu as quelques de particulier que même ses partenaires du passé n'ont pas. Regarde-toi t'es beau gosse, intelligent, tu as une très bonne culture, du savoir-vivre.» Comment ça ce n'est pas réconfortant ? Nouvelle gorgée de boisson. « Enfin après, moi niveau couple, vrai couple, ça fait un moment que je ne l'ai pas été, du coup c'est dur de te donner un jugement honnête. Mais si ça peut te rassurer, je pense comprendre, ce n'est jamais simple de penser à ce genre de personne qui ont été importantes dans la vie de sa compagne.»

Ven 10 Sep 2021 - 17:30

Il était des choses qui se devaient de se noyer dans le silence. Des réalités qu’il fallait laisser de côté, qu’on ne pouvait laisser exister, prendre forme, s’exprimer au présent. Il les enfermait peut-être, c’était vrai, les reléguait au second plan… non pas parce qu’il en avait peur, parce qu’il les refusait et s’en cachait mais seulement parce que tout ça n’avait pas sa place ici, maintenant. Parce qu’il n’en avait pas envie. Maxence avait toujours été capable de mettre tout ça de côté pour réellement profiter du moment pourtant à ne pas pouvoir s’accorder les pauses nécessaires pour retrouver son équilibre, il se rendait compte à présent qu’il avait perdu de sa légèreté. Or ils ne gagneraient pas. Ils ne passeraient pas au dessus de ce qui comptait réellement. Ses démons étaient en cage, envoyés sur les pleines désertiques d’un linceul sans âme. Or lui aimait trop les gens et le présent pour s’en priver. Pour laisser un passé nappé de poudre prendre le contrôle de celui qu’il était à l’instant. Pas le lieu, pas le moment. Quand il voudrait visiter les étendues arides, il le ferait.

Mais pas aujourd’hui.

Aujourd’hui il buvait un verre avec un ami des soirées de faculté. Aujourd’hui, il profitait de ces moments précieux, tout bêtement. Car les jeunes là-bas le transportaient par leur musique vers des temps aux ambiances plus légères. Que le vent qui soulevait la bâche aux couleurs bariolées soulevait son cœur avec autant de force qu’il le noyait de cette ambiance légère, un peu bohème que le style du tissu appelait. Parce que les rires des autres, attablés ou debout autour d’eux, rappelait qu’il y avait autre chose de plus important.

L’ici. Le « maintenant ».

« Penses-tu que je serai si transparent vis à vis d'une telle information ? Manquerais-je de subtilité ?»
« Aucune idée. Tu m’as rarement dragué. Ou alors je suis COMPLETEMENT passé à côté…. » Ce qui… amène à un autre lieu commun. « Raison pour laquelle il est important de doser la subtilité dans ce genre de cas, d’ailleurs. »

Histoire d’éviter de laisser quelqu’un en plan comme un con, oui.

Et en parlant de laisser quelqu’un en plan, il revenait sur ses anciennes histoires, sa rupture avec Néo et leur récent arrangement. Ils testaient, oui. Et l’idée ne faisait apparemment pas parfaitement sens aux yeux de Naveen.
Etait-ce plus clair ou simple pour le principal intéressé ? Il en doutait.

«Tu n'as pas l'air de te faciliter la tâche... J'avoue que je n'y connais pas grand chose dans cette situation alors c'est difficile d'avoir un avis impartial... mais fais attention à toi quand même, par ce que quand tu en parles, tu as l'air si accroc que, comment dire ça... que ça peut donner l'impression que tu pourrais donner beaucoup plus que ce qu'elle peut t'apporter.»

C’était vrai. C’était même la conclusion à laquelle il était arrivé il y avait bien des années et qui l’avait poussé à estimer que, oui, ils devaient se séparer. Que c’était une bonne chose. Rapidement, les deux jeunes gens avaient compris qu’ils n’allaient pas dans les mêmes directions, qu’ils ne pourraient terminer ensemble la route qu’ils avaient commencé main dans la main. Alors ils avaient laissé traîné, craqué, accepté qu’ils faisaient erreur jusqu’au moment où, d’un commun accord, ils en étaient arrivés à la conclusion que c’était terminé.

Et pourtant ils avaient repris.

« Après, je ne la connais pas. Je me fierai même plutôt à ton jugement et tu n'es pas du genre à te laisser mener par le bout du nez mais lorsque tu en parles...»

Ouais. J’ai l’air du mec qui se ferait bouffé pour pouvoir passer un peu de temps à ses côtés. Qui mettra tout sur pause rien que pour se prendre encore quelques instants dans l’éclat d’obsidienne de son regard. Je sais. C’est pas nouveau.

Mais Maxence ne répondait pas réellement, attendant que son ami ait terminé ce qu’il avait à dire. Car ces mots, même s’ils n’étaient pas plaisants allaient dans un sens qu’il connaissait parfaitement et qu’il était important d’entendre.

« Ils sont comment ces exs ? Hyper baraqués et sexy ? Plein d'assurance ?»

Une grimace sur ce visage qui avait fini par se tourner de nouveau vers les jeunes et leur cadence rock.

« ‘Dépend lesquels. »

Trop pour véritablement en parler, à vrai dire. D’autant qu’il n’en savait finalement pas grand-chose et qu’elle ne considérait pas grand monde du lot comme des ex.

« C'est toi qu'elle a choisi, et vu comme tu l'as décris elle n'a pas l'air d'avoir du mal à avoir beaucoup d'hommes à ses pieds. C'est donc que tu as quelques de particulier que même ses partenaires du passé n'ont pas. Regarde-toi t'es beau gosse, intelligent, tu as une très bonne culture, du savoir-vivre.»

A vrai dire, si, c’est réconfortant. C’est même très juste, d’une pertinence qui lui allait droit au cœur et faisait une percée à travers les doutes et l’égo blessé. Car oui, il y avait de ça, bien entendu.. ! Maxence pouvait chercher à avoir un discours cohérent, assuré et mature, une part de lui restait accroché à elle, blessée d’avoir été remplacé, de n’avoir pas été à la hauteur, de ne pas avoir été celui qui correspondait. Une part sans doute plus à vif qu’il ne l’avouait à présent.

« Enfin après, moi niveau couple, vrai couple, ça fait un moment que je ne l'ai pas été, du coup c'est dur de te donner un jugement honnête. Mais si ça peut te rassurer, je pense comprendre, ce n'est jamais simple de penser à ce genre de personne qui ont été importantes dans la vie de sa compagne.»

Donc il n’était plus avec Callie depuis un petit moment. L’information était notée avant même que le reste ne fasse réellement son chemin dans son esprit.
Déposant un regard sur lui, Maxence l’y laissait traîner un moment, attendant peut-être plus de précisions tout en intégrant que pour l’heure, son ami attendait surtout ses propres réactions. Muet, il n’avait pas envie de l’être, savait son opinion sur le sujet autant qu’il était apte à admettre reconnaître dans les dires de Naveen bien des plaies qu’il gardait pour lui. Alors muet il ne serait pas. Pour autant, Maxence laissait l’espace à son ami de reprendre la parole pour parler de lui.

Alors il haussait des épaules, non par négation ou indifférence, seulement pour impliquer une certaine désinvolture à l’instant.

« T’as raison, sur pas mal de points et j’en suis conscient. Il faut un temps d’adaptation, c’est normal… d’autant que je suis parti, elle a fait sa vie avec pas mal de monde et je m’inclus de nouveau là-dedans alors… ouais, forcément ça n’est pas toujours simple de composer avec les autres disons. Mais tu sais.. le choix de ce type de couple, ça vient de moi. Et c’est pas pour lui accorder un truc que je lui cèderai ; au contraire elle voulait essayer à ma façon. » La seconde de silence s’étirait un instant pour trouver les mots. Sans doute un peu piquant ou douloureux, oui. Mais honnêtes. « C’est pour me protéger. Parce que j’y mets pas la même implication de mon côté. Je saurais pas l’expliquer, mais comme ça j’accepte de ne pas me projeter dans quelque chose de durable. Ça donne un côté moins… solennel à la relation. Pus facile. » C’était ainsi qu’il le vivait du moins. Comme si la façon dont ils avaient de s’accorder actuellement permettait une fin potentielle moins brutale. Sans doute parce que dans le fond, il n’y croyait pas tout à fait. Mais surtout parce qu’il y avait autre chose de plus profond encore derrière cette décision. « Tu sais… à vrai dire, j’en ai salement chié ces derniers temps côté perso et pro… et elle aussi à vrai dire. J’ai besoin de vivre un peu au présent, de faire des trucs que j’ai pas forcément réfléchi. Des trucs sans doute profondément cons qui ne sont peut-être pas viables dans le temps mais qui ont le mérite d’être vrais. »

Voilà ce que c’était, avec Néo. C’était vrai. Et en l’instant, même si ça n’avait peut-être pas vocation à durer, ce caractère là était simplement essentiel.

« Je sais pas si ça semble cohérent ce que je raconte mais c’est un peu comme ça que je le ressens. Je suis pas certain de faire le bon choix, et encore moins de savoir ce que je fais. Mais j’avais envie de ça. »

Et t’as raison, de tous, c’est vers moi qu’elle est allée.
Cette fois.

Sam 11 Sep 2021 - 20:53

Plaisanter. Voilà ce qui leur restait de mieux à faire. Encore et toujours. Rigoler pour oublier, pour ne plus penser. Cela faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas revus, mais il se doutait que ce qu'il avait vu en guerre laissait des séquelles, qu'il devait encore souvent ressasser cela. Combien de soldats revenaient anéantis, avaient des troubles post-traumatiques ? Trop nombreux. Alors oui, de la légèreté pouvait aussi faire du bien.

« Aucune idée. Tu m’as rarement dragué. Ou alors je suis COMPLETEMENT passé à côté…. » Ricanement de la part du plus âgé. « Raison pour laquelle il est important de doser la subtilité dans ce genre de cas, d’ailleurs. »
« Hmhm.» Sourire en coin, totalement taquin. « A ton avis, quelle est la bonne réponse, est-ce que je ne t'ai jamais dragué ou est-ce que tu es toujours passé à côté ?»

Le bougre avait-il utilisé une voix des plus mielleuse tout en lui dédiant son plus charmant sourire ? Tout à fait. Vilain garçon qu'il était, mais c'était vraiment trop drôle de continuer de jouer sur ça. Non, il ne l'avait jamais vraiment dragué, mais sait-on jamais peut-être que Max, allait continuer à se poser la question et rien que l'idée de voir sa tête plus ou moins étonnée de cette réponse le réjouissait.

Bientôt cependant, ils avaient repris un sujet beaucoup plus compliqué, et surtout qui touchait Max en plein cœur : sa relation avec Neolina. Ce qu'il disait interpellait fortement Naveen mais ne savait pas trop comment le classer. Il y avait ce bip d'alerte dans son crâne, comme s'il craignait que son ami se fasse pigeonner et souffre et en même temps, ils avaient parlé et fait des choix communs le couple. A quel point est-ce que c'était compliqué ? Est-ce qu'il y avait de quoi s'inquiéter, ou pas du tout, il n'en savait rien pour l'instant.

Pendant un instant il avait hésité à lui dire comment il voyait la situation, mais il avait finalement pas pu s'en empêcher. Il avait essayé d'y mettre un peu de pincettes, mais pas trop non plus. Il lui donnait juste une impression de toute façon, il n'y avait aucune incrimination. Souligner un point qui pourrait craindre par la suite, voilà peut-être même l'objectif bien résumé. La dernière question sur les exs avaient fait grimacer son ami.

« ‘Dépend lesquels. »

Ouais, ok. Compris. On change de sujet ! On ne cause plus des ex, du coup on va reprendre sur... et bien sur le positif, par ce que malgré tout il en voyait. Il sentait bien qu'il y avait quelque chose avec les ex, avec cette histoire de couple libre. Et il ne fallait pas être bien devin pour comprendre le principal souci. Il avait donc tenté de le réconforter du mieux qu'il le pouvait, juste lui montrer que parmi tous les mecs c'était lui qu'elle avait choisi alors que rien ne l'y obligeait, alors qu'ils auraient pu juste rester amis et plus si affinités. Il avait vite dit un mot sur sa propre situation pour lui faire comprendre qu'il ne savait plus trop ce que c'était d'être en couple.

« T’as raison, sur pas mal de points et j’en suis conscient. Il faut un temps d’adaptation, c’est normal… d’autant que je suis parti, elle a fait sa vie avec pas mal de monde et je m’inclus de nouveau là-dedans alors… ouais, forcément ça n’est pas toujours simple de composer avec les autres disons. Mais tu sais.. le choix de ce type de couple, ça vient de moi. Et c’est pas pour lui accorder un truc que je lui cèderai ; au contraire elle voulait essayer à ma façon. »

Il acquiesça doucement, il voyait totalement ce qu'il voulait dire par-là et Maxence faisait bien de lui rappeler un peu tout ça, ça aidait aussi à relativiser un peu, à se faire une meilleure idée de la chose. Néanmoins, il n'osa pas lui dire que certaines personnes auraient aussi proposé d'essayer à « la façon du partenaire » tout en sachant que ledit partenaire allait proposer la même chose. Non, ça aurait été vicieux de dire ça maintenant, par ce qu'elle avait l'air d'une chouette fille qui voulait juste aussi faire un compromis. Les deux pouvaient être possible et vu le description de Max c'était plus la deuxième option qui était envisageable !

« C’est pour me protéger. Parce que j’y mets pas la même implication de mon côté. Je saurais pas l’expliquer, mais comme ça j’accepte de ne pas me projeter dans quelque chose de durable. Ça donne un côté moins… solennel à la relation. Pus facile. »

Là par contre, il avait l'impression de moins le suivre. Ou du moins, ses dires il les comprenait sans souci, mais... Max avait l'air déjà très impliquée, donc ou était cette protection réellement ? Il fronça un peu les sourcils juste quelques instants, mais le laissa continuer sans ajouter un mot. Probablement que c'était juste par ce qu'ils étaient différents... qu'ils n'avaient pas forcément ce même point de vue.

« Tu sais… à vrai dire, j’en ai salement chié ces derniers temps côté perso et pro… et elle aussi à vrai dire. J’ai besoin de vivre un peu au présent, de faire des trucs que j’ai pas forcément réfléchi. Des trucs sans doute profondément cons qui ne sont peut-être pas viables dans le temps mais qui ont le mérite d’être vrais. »

Là, effectivement, c'était quelque chose qui était plus clair pour lui. Il avait tiqué sur le fait que sa vie était un peu une VDM grandeur nature, mais du coup cette envie de vivre juste au présent, juste profiter était compréhensible, par ce que l'on ne sait pas de quoi demain est fait.

« Je sais pas si ça semble cohérent ce que je raconte mais c’est un peu comme ça que je le ressens. Je suis pas certain de faire le bon choix, et encore moins de savoir ce que je fais. Mais j’avais envie de ça. »
« Tu es revenu pour de bon, pour tu penses que tu peux être rappelé à un moment donné ?» Oui, par ce que ça aussi, ça pouvait expliquer cette envie de vivre au présent actuellement par ce qu'il craignait aller au front... et quand on y va on ne sait pas si on va revenir. Il laissa passer quelques instants avant de reprendre Je ne sais pas si la cohérence est importante à ce moment-là, tu as dis le plus important. Tu avais envie de faire ça, ton cœur le dictait. Ca ne peut faire de mal à personne qu'à vous deux, alors je crois que tu fais bien. Et de toute manière, si ça ne fonctionne pas avec sa méthode, vous pourrez de nouveau essayer la tienne, non ? Il se tut quelques instants avant de reprendre « Tu comptes l'emmener en voyage ? Un truc funny ? Vu ce que tu as dis d'elle et ce que je connais de toi, j'me dis que vous pourriez vous éclater, et ça vous ferez changer d'air si votre vie pro et perso sont compliquées ces temps-ci. Parfois, c'est tout ce dont on a besoin.»

Et ce qu'il n'avait pas sû faire. Il n'était pas arrivé à vraiment partir, prendre le large pour plusieurs semaines. Il était resté cloué sur place, comme s'il ne pouvait pas s'éloigner de l'endroit où Elle était. C'était stupide, ce n'était pas comme s'il y allait pouvoir avoir une résurrection. Il en avait conscience, mais ça avait été, à l'époque plus fort que lui.

« Et puis, qu'est-ce que aurait été un bon choix ? On ne le sait jamais à l'avance, non ? Enfin quand ça implique des sentiments c'est toujours compliqué de prédire, on est si compliqués les humains.»

Petit sourire en coin avant de pousser un soupir et boire un nouveau coup.

Mar 21 Sep 2021 - 16:30

« Hmhm.» Sourire en coin, totalement taquin. « A ton avis, quelle est la bonne réponse, est-ce que je ne t'ai jamais dragué ou est-ce que tu es toujours passé à côté ?»

Maxence répondait par un rire sincère qui claquait dans sa gorge comme une évidence, pas gêné le moins du monde. Pas réellement du genre à se prendre la tête, avec qui que ce soit, Maxence retrouvait son naturel habituel. Là où l’idiot pourrait imaginer que le rire cachait la gêne, il y avait en réalité une autodérision forte chez l’ancien soldat.

« Sincèrement ? Me connaissant, je suis clairement capable d’être passé à côté ! »

L’image de Sanae s’imposait à lui presque contre son gré. Les nombreuses allusions, l’humour, les piques, les gestes de plus en plus marqués jusqu’à ce que l’évidence lui saute à la gueule. Combien s’étaient arrêté(es) en chemin, pensant qu’il n’était pas intéressé ? Sans doute un certain nombre, ne nous dévalorisons pas. Etait-il passé à côté de certaines histoires, l’éternel célibataire un peu trop endurci ? Probablement, oui. C’était même certain. Il y avait une dissonance dans ses facilités : accessible aux autres, il ne voyait aucun problème à socialiser… et pourtant lorsqu’il s’agissait de relations charnelles ou romantiques, Maxence perdait soudainement son intelligence émotionnelle. Sans doute restait-il des blessures relatives aux ruptures avec Néo… c’était certain même. Et c’était pour cela qu’il n’arrivait pas à envisager réellement et totalement cette relation. A ses yeux, si elle n’était pas vouée à l’échec, elle relevait de l’improbable et à agir comme il le faisait, l’ancien soldat s’en protégeait. Alors oui, c’était une option qui semblait étonnante de sa part, mais elle faisait sens à ses yeux. Et ce sens n’empêchait pas les frustrations passées et la colère intériorisée de ressurgir à présent. Deux problématiques distinctes qui se rejoignaient… et amenaient à certaines difficultés, oui.

« Tu es revenu pour de bon, pour tu penses que tu peux être rappelé à un moment donné ?»

Redressant le regard, Maxence le posait sur son ami, mesurant parfaitement la question sous-jacente. Très pertinente. Trop pertinente, même, puisque c’était tout à fait ce qui l’amenait à agir ainsi. Poudlard, des gosses, ses parents, la disparition de son frère, celui de Néo… Ouais, ça pesait. Ça pesait mais ça lui rappelait surtout comme sa vie était courte. Il y avait derrière ses yeux rieurs bien des peines et des traumas qu’il acceptait et dépassait plus ou moins selon les jours. L’homme facile d’accès, toujours disponible et disposé à la déconnade était aussi celui qui quelques mois, années ou semaines plus tôt lavait le sang qui maculait ses bras. Et sa vie risquait toujours de basculer à l’heure actuelle. De ses anciens liens avec Logan, Max se savait sur la sellette, les Supérieurs le lui avaient bien fait comprendre. Alors il se tenait à carreau, restait le plus prudent possible… mais il savait surtout que tout pouvait basculer à chaque instant.
Maxence se contenta d’un sourire lourd de sens et Naveen reprit avant qu’il ne formule une quelconque réponse qui ne plairait ni à l’un ni à l’autre.

« Je ne sais pas si la cohérence est importante à ce moment-là, tu as dis le plus important. Tu avais envie de faire ça, ton cœur le dictait. Ca ne peut faire de mal à personne qu'à vous deux, alors je crois que tu fais bien. Et de toute manière, si ça ne fonctionne pas avec sa méthode, vous pourrez de nouveau essayer la tienne, non ? »
« Sans doute. » Sentait-on le manque de conviction dans ses paroles ? Probablement oui.
« Tu comptes l'emmener en voyage ? Un truc funny ? Vu ce que tu as dis d'elle et ce que je connais de toi, j'me dis que vous pourriez vous éclater, et ça vous ferez changer d'air si votre vie pro et perso sont compliquées ces temps-ci. Parfois, c'est tout ce dont on a besoin.»

Cette fois, Maxence se redressait légèrement, les yeux s’arrondissant de la surprise de n’y avoir jamais songé. « Tient, pas con ça comme idée ! On pourrait faire ça oui. » Il n’y avait pas pensé une seconde, trop embrigadé par son quotidien, trop conscient aussi de leurs engagements auprès de la Garde également. Mais qu’est-ce que quelques jours pourraient bien changer au juste ? Avec les portoloins ou la possibilité de transplaner, ils pourraient être sur place rapidement, il suffisait de choisir intelligemment la destination. Et puis, soyons honnêtes, ça ne pourrait que renforcer leurs couvertures respectives.
Et tu es encore en train de penser en soldat.
Eh putain.
Non, jamais il n’avait pensé à ça… sans doute parce que, très justement, il était un militaire. Quelque part et malgré lui, Maxence restait le médecin de zone de guerre, jusqu’au point d’avoir intériorisé cette évidence pour ne plus laisser de place au reste. Des réflexions qu’il avait entendues à mi mots à travers les lèvres de Sanae. Très pertinentes, une nouvelle fois.

Ça pourrait leur faire du bien, tout bêtement, Naveen avait raison. Ni l’un ni l’autre n’avaient pris beaucoup de temps pour eux depuis les derniers drames. Ils s’étaient enfermés dans leurs branches professionnelles, n’avaient prêté attention au perso que pour… eh bien… se retrouver. Un dérapage totalement imprévu en plein deuil qui avait abouti à cette relation un peu branlante mais si profondément nécessaire.

« Et puis, qu'est-ce que aurait été un bon choix ? On ne le sait jamais à l'avance, non ? Enfin quand ça implique des sentiments c'est toujours compliqué de prédire, on est si compliqués les humains.»
Un demi-sourire sur les lèvres, il lâchait un petit souffle amusé. « C’est sûr oui. »

Tu crois qu’il ne l’a pas vu, ce soupir ? Ce double discours ? Cette tristesse dans le fond de ton regard ? Naveen fuyait à sa façon en buvant quelques gorgées de sa bière de manière à lui donner la possibilité de détourner le regard. Un instant donc, Maxence faisait de même, agissant en miroir pour boire à son tour quelques gorgées, semblant se laisser emporter par ses pensées. Oh, il y avait des souvenirs qui lui trouaient la poitrine, dans cette mémoire épuisée, c’était certain… et pourtant c’était vers lui que tendait son esprit. Vers ce langage corporel qu’il associait en silence avec la conversation qu’ils avaient. Les relations de couple, la difficulté inhérente au genre humain, le front non comme destination en soit mais comme évocation des drames qui s’y déroulaient. Maxence n’avait aucune réponse, mais bien des hypothèses douloureuses.

« T’as envie d’en parler ? »

Avec douceur, son regard se posait sur son ami.

Mar 21 Sep 2021 - 20:15

TW : Deuil.

« Sincèrement ? Me connaissant, je suis clairement capable d’être passé à côté ! »

Naveen eut un bref rire amusé. C'était vrai que s'il n'avait pas changé, c'était quelque chose qui lui ressemblait assez de ne pas s'en rendre compte. Ceci dit, il était certain que parfois, il avait fait plus ou moins la même chose... ne pas s'en rendre compte. Néanmoins, aujourd'hui, la question était de savoir s'il continuait à plaisanter là-dessus, s'il lui disait que oui il l'avait dragué et qu'il était déçu que son ami n'ait jamais rien remarqué... Bon, ce n'était pas vrai, il ne l'avait jamais réellement dragué, mais il était certain que la tête de Maxence serait juste magique. Après encore quelques instants, d'hésitation, il n'osa pas aller aussi loin, c'était quand même d'assez mauvais goût.

« T'inquiètes, ma paupiette...» Oui, il ne faisait pas la blague, ce n'est pas pour autant qu'il allait être sérieux totalement. « T'es passé à côté de rien, par ce que je n'ai rien fait. Puis bon, j'ai jamais dit que j'étais hyper discret quand je draguais, peut-être que ça se voit comme le nez au milieu du visage.»

Ou pas. Qui sait ? Pas Maxence en tout cas et lui aimait bien raconter ce genre de choses où il ne donnait au final aucune réelle réponse. Plus sérieusement, ils avaient donc repris, Evans essayant de comprendre ce que son ami « vivait » avec sa petite amie, jusqu'au moment où il avait posé une nouvelle question. Plus dure, il le savait, probablement beaucoup trop terre à terre, mais il la jugeait quand même intéressante pour ne pas dire primordiale. Est-ce que Maxence comptait retenir en territoire ennemi, ou du moins est-ce qu'il était possible qu'on le rappelle ? Le regard que lui lança son camarade lui fit presque mal au cœur. Il aurait certainement mieux fait de manger cette question, par ce qu'il voyait bien que c'était le genre de chose qui pesait sur le plus jeune. Il avait donc laissé un silence certain, avant de se décider à reprendre la parole comme un grand alors que Wargrave lui lançait un sourire lourd de sens. On change. On repart sur quelque chose de plus doux, mignon, pas de souci ! Il savait faire ça sans aucun souci, de toute manière, en réalité la réponse il l'avait probablement déjà, le comportement de son interlocuteur en avait dit assez long. Pas besoin de mots pour officialiser la chose.

Mais sa nouvelle question, interrogation vu qu'il était loin, très loin de comprendre tout ces choses de couples « libres », laissa Maxence sans conviction. Il n'avait jamais vécu cela, ce n'était absolument pas dans son mode de pensée, alors il essayait de comprendre pour conseiller au mieux son ami... et visiblement il venait de faire chou blanc. Il avait donc essayé un nouveau point : qu'il parte en voyage avec sa petite amie. Généralement c'était le genre de chose qui marchait plutôt bien.

« Tient, pas con ça comme idée ! On pourrait faire ça oui. »

La position qu'il avait pris, la mimique qu'il avait eu... tout montré qu'il était surpris et qu'il avait l'air d'apprécier cette idée. Il n'était pas certain que ce soit possible, il ne connaissait pas assez leur vie, mais des fois même un voyage à une ou deux heures de route de Londres pouvait faire du bien. Il en était à peu près certain, peut-être qu'ils auraient dû essayer ça avec Callie à un moment donné, pour sauver ce qu'il restait à sauver... Mais ça n'aurait pas marché, il en était certain. Lui était trop en colère contre elle à l'époque. Trop plein d'incompréhension également. Trop plein de beaucoup de choses... Au moins, ils ne s'étaient pas totalement déchirés. Pourtant, il l'avait aimée à en crever.
Et aujourd'hui ? Aujourd'hui, il y avait beaucoup trop de choses compliquées dans sa vie. Beaucoup trop de choses dont il s'empêchait, de peur de souffrir, de peur d'ouvrir de nouveau son cœur en vain. D'être une nouvelle fois. Et puis Callie resterait toujours particulière dans tous les cas. Non, il ne se voyait pas là-dedans pour trop de raisons, mais il savait qu'il fallait aussi écouter un peu son cœur.

« T’as envie d’en parler ? »
« De quoi ?»

Pourtant, il avait très bien compris la question. Pourtant il connaissait parfaitement la réponse. Ce qu'il pourrait lui dire, lui expliquer. Est-ce qu'il en avait envie ? La vérité, c'est qu'il n'en savait trop rien. Ce n'était pas comme s'il y avait encore quelque chose à sauver, ce n'était pas comme si les choses pouvaient s'améliorer.
Il reprit un gorgée, ou peut-être même deux de sa boissons, essayant de faire taire la voix intérieure qui avait juste envie d'hurler. Celle en détresse. Celle qu'il essayait de rendre muette. Celle qui criait à l'injustice. Celle qu'il essayait au mieux d'oublier pour ne pas sombrer complètement.
Inspiration. Expiration. Silence. Mâchoires un moment serrées avant qu'il ne souffle.

« Il n'y a pas grand chose à dire, Max. Abby est morte à la fin, on ne se comprenait plus avec Callie, alors on avait plus grand chose à faire ensemble. Il y a certains points sur lesquels nous avions des avis beaucoup trop divergents, et ce n'était pas tenable.»

Il haussa les épaules. C'était vrai. Et est-ce qu'il avait des regrets pour son ex femme ? Probablement que oui, mais la part de lui qui hurlait toujours qu'elle aurait dû être là était toujours bien trop active à lui. Elle aurait dû être là, pour sa fille. Elle aurait dû être là, pour qu'il n'ait pas à inventer des mensonges pour persuader la petite que maman viendrait. Et il avait du mal à en démordre. Il pouvait entendre ce qu'elle lui avait dit, que c'était trop dur pour elle. Il pouvait l'entendre, mais il avait encore aujourd'hui trop de mal à le comprendre, l'argument.

« Mais la dernière fois qu'on s'est contactés, elle allait bien.»

Aussi bien que l'on pouvait être dans ce genre de moments. Ils ne parlaient pas vraiment, de temps en temps ils s'envoyaient un petit message ; des nouvelles avant de retomber dans un certain mutisme. Il soupira.

« Du coup, ta princesse, tu penses l'emmener où ?»

Parce de quelque chose de plus gai, qui ne le concernait pas c'était tellement mieux. Et qu'il ne tenait pas surtout dans un lieu public à ébrécher encore plus la barrière qui le maintenait debout.

Jeu 23 Sep 2021 - 21:16

« De quoi ?»

Il n’aurait pas insisté, ne savait même pas exactement ce qu’il soulevait. Maxence voyait seulement le regard de cet ami perdu de vue depuis tant de temps. Il y décelait les ombres mouvantes de nuages trop lourds. Le sel versé sur les plaies ouvertes trouvait sa saveur dans les sourires joyeux, les rires faciles. L’ancien soldat savait voir ces souffles rauques que le passé pouvait souffler dans le regard d’un damné. Et il voyait à présent l’étreinte des spectres dans le regard de son ami. Il n’en connaissait ni la forme ni les tourments mais en percevait les chuchotements rauques d’un passé douloureux. D’un présent marqué à tout jamais.

Haussant des épaules, l’ancien infirmier de Poudlard lui adressait un petit sourire en coin, lui signifiant en silence qu’il n’était pas forcé de parler, c’était bien là toute la teneur de sa question. Avait-il envie d’en parler. Le verbe n’était pas innocent mais appelait bien à un choix réel, laissant des portes ouvertes qu’il s’empresserait de franchir si Naveen en démontrait le besoin. Mais en attendant, il se taisait, laissait l’autre venir, lui laissait la place de choisir ou non de parler, d’exposer ses failles et ses plaies.
Ainsi, son ami portait de nouveau sa bouteille à ses lèvres, en prenant une gorgée puis une autre, appuyant par son langage corporel la dureté des blessures qui barraient ses pensées. Respectueux du silence, Maxence bu en miroir, désireux de laisser le temps et l’espace à l’autre de décider de ses besoins. Et puis les murmures rauques de ses spectres franchissaient ses lèvres pour s’exposer au monde.

« Il n'y a pas grand chose à dire, Max. Abby est morte à la fin, on ne se comprenait plus avec Callie, alors on avait plus grand chose à faire ensemble. Il y a certains points sur lesquels nous avions des avis beaucoup trop divergents, et ce n'était pas tenable.»

Abby ? Sa fille, sans doute. C’était là ce que ses dires tendaient à lui signifier. C’était le plus simple, le plus affreux aussi. Le désastre d’une vie. Pinçant doucement des lèvres, Maxence retenait l’affliction qu’il ressentait à entendre ainsi d’un homme si joyeux autrefois l’horreur de ses blessures. Perdre son enfant. Il n’y avait violence plus insurmontable.
Vous savez ce qu’on dit ?

En temps de paix, les enfants enterrent leurs parents.
En temps de guerre, ce sont les aînés qui tiennent les gerbes de fleur.

Il eu été amusant de noter qu’entre les deux hommes, les deux situations s’affrontaient, mêlant les antonymes pour ne plus laisser que deux adultes dévastés par la perte des leurs.

L’enfant arrachée par la paix.
Les parents par la guerre.
Comme un pied de nez cynique à l’adage.

« Mais la dernière fois qu'on s'est contactés, elle allait bien.»

Callie, bien sûr. Callie qu’il avait côtoyée, pour qui il avait vu son ami s’enflammer, les regards se mêler, les sentiments s’avouer. Callie qui n’était alors plus guère qu’une inconnue aux yeux de celui qui avait partagé sa vie. Chacun meurtris de plaies qui inondaient le monde d’une brume acide qui jamais ne se dissiperait tout à fait.

« Du coup, ta princesse, tu penses l'emmener où ?»

La porte refermée, le regard fuyant, la douleur fusait si fort dans son organisme que Maxence pouvait presque la sentir se cristalliser autour de lui. L’appel à changer de sujet n’appelait pas à d’autres questions, se chargeant alors d’une certaine retenue protectrice. Lui-même ne s’était étendu ni sur le front ni sur ses deuils, ne souhaitait pas en entacher le moment comme si l’idée de s’y confronter était inconvenante. Mais Naveen avait fait le choix de parler là où il aurait pu se taire. Maxence n’avait pas posé de question directe et indiscrète, ouvrant seulement une possibilité. L’autre avait fait ses choix, tout bêtement.

« Je suis profondément navré pour ce que vous avez vécu elle et toi. Bien entendu, si tu as besoin d’un soutien ou d’une écoute, n’hésite pas une seconde. Je suis à priori là pour un certain temps encore. »

Un certain temps, évoqué avec une imprécision toute volontaire.
Quelques mots venant clore le douloureux sujet sans l’ignorer pour autant, Maxence en respectait la volonté sans s’esquiver lâchement face à la violence de la nouvelle.

« Ma porte t’es toujours ouverte. »

Plus ou moins. Celle de… Oui. Bon. Ni Néolina ni Fenella, à vrai dire, toutes deux situées en quartier magique… C’est pour le concept, ne jugez pas cette phrase prononcée trop vite.

« … Ou du moins celle de Néolina et de son insupportable colloc’ que je préfèrerai fuir. Disons donc que c’est métaphorique. » Bien rattrapé. Pas qu’il en était réellement là avec Gary, mais la situation lui fournissait une excuse parfaite tout autant qu’un moyen d’alléger le sujet d’un petit rire commun.

Laissons ta carapace là où elle est. Je te vois te fissurer.

« C’est une bonne question. Tu m’en demandes beaucoup là.. Certainement pas vers chez moi, histoire de laisser un peu de côté la dramaturgie de nos existences.. » Prononcé avec un humour cynique chargé d’autodérision. « Un peu de soleil, ça ferait du bien à tout le monde je pense ! C’est con, je crois que j’ai jamais réfléchi à ce genre de choses. Je sais pas… la Grèce ? J’ai jamais vraiment voyagé.. enfin, tu sais, pas dans des zones touristiques du moins. Donc ouais, n’importe où tant que j’ai du soleil, un lit, un toit … et une connexion wifi et je serais comblé. » Par sa présence, surtout.

Oui, la Grèce. Voir le Colisée, l’acropole, l’agora, les places de sable clair… Un instant, l’idée le submergeait par sa proximité car au même titre qu’il n’avait bien souvent même pas envisagé les femmes qui l’entouraient, jamais il n’avait envisagé réellement de vacances.

« Je me rend compte que j’ai jamais dû prendre de vacances de ma vie moi. Tu me rappelleras d’envisager d’exister un jour, ça ne fera pas de mal. »

Tu noteras, surtout, toute la manière qu’il t’offre pour rebondir. Toutes les portes et la légèreté qu’il insuffle en prenant l’espace vocal pour te laisser le temps de te remettre, de déglutir, de raccrocher. C’est volontaire sans être un malaise ou de l’égoïsme, juste une façon de donner à l’autre le temps de sortir de l’eau, d’attraper la bouée de sauvetage des conversations badines et de reprendre son souffle.

« Et sérieusement… aucun rapport mais… paupiette ?! »… « Genre… Paupiette ?!??! »

Un petit sourire moqueur sur les lèvres.

Ven 24 Sep 2021 - 20:41

Il aurait pu éviter le sujet, faire semblant de ne pas comprendre la question et de passer à autre chose... mais à quoi bon ? Les choses étaient ce qu'elles étaient, explicables en quelques mots. Durs, tranchants, et impossible à changer. Quoiqu'il fasse certaines choses étaient inéluctables. Alors, non il ne voulait pas fuir, même si aujourd'hui encore les mots étaient piquants, qu'ils lui donnaient l'impression de brûler son âme, son cœur. Essayer d'oublier ne servait à rien, cela revenait toujours en force. Mentir, éluder c'était la même chose de son point de vue. Il pouvait dire ces quelques mots, expliquer la situation que Maxence comprenne de quoi est-ce qu'il s'agisse. Ce n'était pas un secret d'état, ce n'était pas quelque chose qu'il ne voulait pas qui se sache. L'explication serait là, brève, qu'il ait une idée de la situation : rien de plus rien de moins. Parler sur ça ne servait à rien pour lui, il n'en avait même pas envie. Par ce que ses plaies étaient encore trop douloureuses, et qu'aucun mot ne pourrait améliorer la situation. Oui, c'était bien cela, quelques phrases suffisaient amplement et après, il avait directement changé de sujet histoire de ne pas plomber la soirée.

« Je suis profondément navré pour ce que vous avez vécu elle et toi. Bien entendu, si tu as besoin d’un soutien ou d’une écoute, n’hésite pas une seconde. Je suis à priori là pour un certain temps encore. »

Il fronça un peu les sourcils avec la dernière partie de sa phrase, cela voulait dire qu'il risquait toujours de repartir. Noté pour plus tard, par ce que pour l'instant, le principal c'était probablement de déjà répondre à ce qu'il avait dit là... et la vérité c'est qu'il ne savait pas comment est-ce qu'il pouvait faire la moindre phrase.

«Tu n'y es pour rien, Max. C'est juste... comme ça. Et j'te l'ai dit, il n'y a trop rien à dire. »

Tu verras en juillet, quand ça fera deux ans, si tu dis toujours ça. Tu le sais déjà, et ce moment tu le redoutes surtout avec tout ce qui se passe dans ce monde à présent. Tu peux déjà le prévoir l’effondrement. Tu peux déjà le sentir. Alors pourquoi répondre cela ? Est-ce que tu ne voilerais pas un peu la face Evans ?

« Je veux dire, les choses sont comme ça, aucun mot ne pourra arranger la situation. Pas celle qui m'intéresse du moins. Mais, merci !»

Par ce que sa rupture, en soit, il l'avait plutôt bien digérée. Non, il parlait de l'autre chose. Et il avait l'impression de s'enfoncer dans.... dans quoi ? Ce n'était même pas de la mauvaise foi, par ce qu'il le pensait sincèrement. Ce n'était pas non plus vraiment du déni... ou alors sur son propre état ? A moins que l'on voit ça comme une forme malsaine de résilience, il avait toujours été plutôt doué là-dedans paraissait-il, ainsi que pour se mentir à lui-même pour continuer d'avancer.

« Ma porte t’es toujours ouverte. … Ou du moins celle de Néolina et de son insupportable colloc’ que je préfèrerai fuir. Disons donc que c’est métaphorique. »
Il avait également laissé Max lui expliquer où est-ce qu'il comptait l'emmener sa chérie, sans lui couper la parole, bien qu'il avait bien envie de le vanner. On se retient encore un peu, et lorsque le silence fut, il put se lâcher.
« Donc, t'es en train de me dire, que si je veux venir te causer, je trouverai ta porte fermée ? Sympa, le pote !» dit-il en plaisantant, il avait parfaitement compris ce qu'il voulait dire, mais le fait qu'il se soit repris de la sorte, lui faisait penser à quelqu'un disait « ouais, ouais c'est ouvert mais juste dans tes rêves par ce que dans la réalité c'est MORT. Tu restes dehors ». Et bien sûr que Max était loin d'avoir dit ça. « D'ailleurs tu crèches où, réellement si j'veux passer ? Promis, juré, je n'en abuse jamais à part avec ma sœur voire mon meilleur ami.» ~~petit cadeau de joueuse à joueuse.~~ Non en vrai il n'en abusait certainement pas, par ce qu'il n'avait pas beaucoup de temps à lui... « Pourquoi, il est si affreux que ça, son colloc ?» demanda cette fois intrigué et amusé le secouriste, c'était rare de le voir dire ce genre de choses, du moins il avait cette impression.

Bon et on reprenait la question initiale. «Donc toi, ta connexion wifi, ça fait parti de tes caractères prioritaires ? » rigola-t-il, avant de reprendre « J'espère pouvoir convaincre un vieux pote de faire un road trip tu sais avec les sacs à dos, et j'ai demandé à …. une amie....» Ouais c'est bien amie. Jordane, valide, c'est bon ? «... de me trouver des lieux sympas à faire. Mais bon, j'crois qu'il ne voudra jamais, du coup je demanderai ptet à ladite amie. » Tout va toujours bien Jo ? C'est bon, pas la peine de fuir ce n'est pas à toi qu'il le dit. En vrai c'était plutôt un compliment... « La Grèce ouais, après, l'Italie c'est joli et sympa à visiter parait-il et je crois qu'on y mange des trucs sympas... enfin tu vois après on regretter ce pays quand on bouffe nos pizzas surgelées ou de grandes chaînes.» Il se tut quelques instants avant de reprendre « T'inquiètes, généralement, le peu que je prends c'est pour rester ici... du coup j'espère que cette année ça changera un peu !»

Voilà, quelque chose de beaucoup plus gai, de plus joyeux qui laissait par ailleurs beaucoup de porte ouverte.

« Et sérieusement… aucun rapport mais… paupiette ?! Genre… Paupiette ?!??! »
« Ouais . Paupiette, comme ça, c'est gratuit. J'espère que tu aimes, par ce que ça m'arrive plus d'une fois de dire ça ! Après je peux trouver autre chose qui rime en ette. Andouillette ? Rilette. Violette. Omelette. Boulette. Je vais m'arrêter ici, n'est-ce pas ? Tu valides paupiette.»

Magnifique sens de la poésie, bien entendu !

Jeu 30 Sep 2021 - 19:28

«Tu n'y es pour rien, Max. C'est juste... comme ça. Et j'te l'ai dit, il n'y a trop rien à dire. »

D’un petit regard en coin, Maxence soulignait toute l’absurdité de cette réflexion. Tu n’y es pour rien. Evidemment qu’il n’y était pour rien, ça n’était pas le propos. Il ne s’en voulait même pas d’avoir posé la question, conscient de ne pas avoir acculé son ami en le mettant au pied du mur d’une conversation qu’il ne souhaitait pas avoir. La question était large, il pouvait choisir de l’esquiver sans nier quoi que ce soit. Juste.. non, j’ai pas envie d’aborder le sujet. Alors non, il n’y avait aucune responsabilité à pardonner dans quoi que ce soit. Mais il voyait ce qu’il voulait dire. Ce que ces mots comblaient au juste, ce qu’ils exprimaient sans en trouver forcément le sens. Non, il n’y a rien à dire comme il n’avait pas envie de poser des mots sur la mort de ses parents, la disparition de son frère, son abandon de Poudlard et des jeunes qui y étaient encore – sans compter des collègues et amis – ou les patients qu’il avait pu perdre. Rien à dire. Et pourtant parfois, dire d’indicible pouvait aider. Alors il ne rajoutait rien, ne cherchait pas à forcer quoi que ce soit, simplement à laisser une ouverture là où elle était nécessaire.

« Je veux dire, les choses sont comme ça, aucun mot ne pourra arranger la situation. Pas celle qui m'intéresse du moins. Mais, merci !»

En silence, Maxence lui adressait un petit sourire compatissant, acquiesçant seulement. Il n’y avait pas de pitié là-dedans, il le respectait trop pour ça et connaissait trop le deuil pour se laisser aller à ce genre de complaisance. Seulement une réelle douleur pour son ami. Avoir affronté l’horreur ainsi, au sein même de son foyer, auprès de celle qui avait constitué le centre de son univers … non, il n’imaginait pas. Il ne le pourrait jamais. Pas de réflexion déplacée sur sa propre situation, pas même une pensée vers ce qu’il n’aurait sans doute jamais au vue de la situation actuelle. Non, seulement la peine de son ami, les épreuves qu’il avait traversées et un profond soutien muet.

Ainsi, entendant la demande de Naveen de changer de conversation, Maxence passait à la suite, lui laissant bien des options pour penser à autre chose.

« Donc, t'es en train de me dire, que si je veux venir te causer, je trouverai ta porte fermée ? Sympa, le pote !»
Un petit rire clair entre ses lèvres. « Alors non, c’est pas du tout ce que je dis ! » Je dis que j’ai parlé sans réfléchir et que je m’en mords les doigts à présent.

« D'ailleurs tu crèches où, réellement si j'veux passer ? Promis, juré, je n'en abuse jamais à part avec ma sœur voire mon meilleur ami.»
« Un peu ici et ailleurs actuellement.. ; j’ai des affaires chez trois personnes différentes présentement. Ma vie n’est pas d’une stabilité dingue, il faut l‘avouer. »

Ok, deux personnes, mais ça lui permettait d’appuyer sur le fait qu’il n’était pas si simple à trouver et que donner les adresses constituait à donner celles d’autres personnes sans forcément leur demander auparavant. Pas tout à fait correct de sa part, donc.
Pas tout à fait, puisqu’il avait laissé quelques trucs chez Ismaelle, pour être tout à fait honnête.

« Trois femmes que j’aime plutôt bien. » Voir trop bien. « Quand je te dis que c’est le bordel. » Un aveu qu’il n’avait jamais eu à voix haute et qu’il ne lui servait que dans la volonté très altruiste de lui donner des ragots auxquels se raccrocher. Sinon il ne l’aurait sans doute jamais dit. Isma, on n’en parle pas, ça ne se ferait jamais, il avait loupé sa chance. Quand à Fenella… point mort, il avait battu en retraite, le célibataire endurci désespérément mauvais à ce petit jeu. Bref, d’une manière générale, Maxence était particulièrement doué pour faire du sur-place et il n’y avait que Néo pour faire sauter les barrières imposées et l’amener à parler sentiments. Comme s’il n’attendait que ça, depuis toujours… un constat particulièrement triste, à vrai dire.

« Pourquoi, il est si affreux que ça, son colloc ?»

Un regard en coin lancé par-dessus sa bière, d’un air particulièrement pincé.

« Il fait parti de ceux pour qui elle m’a quitté. » Ouais, il est là le problème. « Enfin à cause desquels on a rompu. » Non plus. « Enfin j’me comprends. »

On peut en revenir au sujet deuil ?! Non parce que là c’est moi qui m’enfonce.
Alors sinon, mes parents se sont fait tués par ma faute.
… Et toi la famille, ça va ?

Non ? Bon. Eh ben prend ma perche de changement de conversation alors, je t’en prie.

Mais il reprenait la question initiale. Le voyage donc ! Ça part dans tous les sens cette histoire.

«Donc toi, ta connexion wifi, ça fait parti de tes caractères prioritaires ? »
« Après des mois isolés, j’te promets que tu penserais pareil. » Le front, Nav’. Ya pas forcément une connexion optimale là-bas. Bon, surtout quand il s’agit de Poudlard, CERTES. Mais ça, ça n’arriverait évidemment pas dans la conversation.

« J'espère pouvoir convaincre un vieux pote de faire un road trip tu sais avec les sacs à dos, et j'ai demandé à …. une amie....» Une amie ? Pourquoi tout ce suspens autour de ce mot ?
Et oui, elle valide le mot, détend toi.
«... de me trouver des lieux sympas à faire. Mais bon, j'crois qu'il ne voudra jamais, du coup je demanderai ptet à ladite amie. »
Là par contre elle fait une attaque. Concept réservé à Kezabel, apparemment. Et Enzo, à échelle différente.
« Ah ouais ? »
« La Grèce ouais, après, l'Italie c'est joli et sympa à visiter parait-il et je crois qu'on y mange des trucs sympas... enfin tu vois après on regrette ce pays quand on bouffe nos pizzas surgelées ou de grandes chaînes.»
Un petit rire amusé passait les lèvres de Maxence. « Ouais j’imagine oui ! »
« T'inquiètes, généralement, le peu que je prends c'est pour rester ici... du coup j'espère que cette année ça changera un peu !»

Oh mais je ne m’inquiétais pas, mais dit comme ça, ça souligne en revanche un besoin plus que flagrant de ne surtout pas t’arrêter pour penser à ce qui t’es arrivé. Une réflexion qui passait évidemment sans qu’il ne l’évoque à voix haute ou par le moindre regard qui soit.

« Ouais . Paupiette, comme ça, c'est gratuit. J'espère que tu aimes, par ce que ça m'arrive plus d'une fois de dire ça ! Après je peux trouver autre chose qui rime en ette. Andouillette ? Rilette. Violette. Omelette. Boulette. Je vais m'arrêter ici, n'est-ce pas ? Tu valides paupiette.»
« Ouais… on va rester sur paupiette du coup. C’est bien paupiette. Nan mais ça a un côté mignon si on y réfléchit bien. Ouais, je vais me faire à paupiette. T’es pas forcé de passer à Rillette, j’te promets.. »

Un petit rire dans sa gorge, amusé.

« Pourquoi cette galère sur le mot ‘amie’ d’ailleurs ? »

Ven 1 Oct 2021 - 18:01

Pourquoi est-ce qu'il insistait si lourdement sur le fait que Max n'y pouvait rien et qu'il n'y avait rien à dire. Il le savait que c'était con. Il le savait que son camarade n'y était pour rien, mais c'était la seule chose qui lui était venue à l'esprit à ce moment-là. Par ce que sinon, ça n'aurait été que du vide, ou de la noirceur. Il ne souhaitait pas s'étaler dessus, trop douloureux, trop triste pour une conversation comme celle-ci, de retrouvailles. Peut-être aussi -même certain- que c'était une manière comme une autre de dire que ça allait, que c'était ok, du moins autant que pouvait le montrer la situation. Evans avant donc essayé de changer de conversation bientôt suivi par son camarade, de nouveau les rires étaient bien présents pour chasser la noirceur qui pouvait entourer le reste.

« Alors non, c’est pas du tout ce que je dis ! »
« Ah ! Alors qu'est-ce que tu as voulu dire ?» demanda-t-il, amusé avant d'embrayer sur une question un peu plus sérieuse, savoir réellement où il habitait s'il voulait le voir.
« Un peu ici et ailleurs actuellement.. ; j’ai des affaires chez trois personnes différentes présentement. Ma vie n’est pas d’une stabilité dingue, il faut l‘avouer. »
[« »Ah ouais, carrément, trois ? Intéressant. Très intéressant. Deux, je peux comprendre et bien visualiser, mais trois? Vas-y éclaire mes lanternes. »[ /b] Il eut un sourire en con, espérant quand même avoir quelques réponses.
« Trois femmes que j’aime plutôt bien. Quand je te dis qu c’est le bordel. »
Il eut un petit sifflement surpris.
[b] « Tu te fais pas chier mon pote ! Trois femmes ? Et bah, Don Juan !» Il eut un petit rire amusé avant de reprendre « Ouais, effectivement c'est le bordel, et là je crains de ne rien pouvoir pour toi, mais j'ai quand même hâte que tu m'en dises un peu plus.»

Oui, par ce que c'était quelque chose surprenant venant de Max, et il se doutait qu'il y avait quelque chose qu'il ne comprenait tout simplement pas. Il préférait donc attendre les explications avant de donner un avis, ou de faire une nouvelle plaisanterie qui pourrait peut-être être mal venue.
Bientôt, ils en étaient venus à parler du coloc de son ami. Il ne comprenait pas bien pourquoi il semblait il y avoir autant de tensions autour de ce dernier, cela ne ressemblait pas vraiment à Maxence. Pas la peine de le regarder comme ça, il savait que la question était compliquée, dure peut-être.

« Il fait parti de ceux pour qui elle m’a quitté. Enfin à cause desquels on a rompu. » Enfin j’me comprends. »
Heu. Ben, lui n'était pas sûr de tout comprendre.
« Et bien moi, je ne suis pas certain de tout comprendre, il s'est passé quoi ? Elle t'a trompée ? Enfin même si d'après ce que j'ai compris, c'est même pas réellement trompé ?! »

Ouais, non ça, c'était compliqué à bien tout saisir pour lui vu qu'il n'avait pas franchement l'habitude de ce genre de couples libres. Il ne savait pas bien les bons mots à utiliser, ou ce qui était possible ou pas. Bref, c'était en quelque sorte le total inconnu. En attendant, il préféra boire une ou deux gorgées de sa boisson.

« Après des mois isolés, j’te promets que tu penserais pareil. »
« Ouais, c'est vrai... mais là tu ne serais pas isolé, si tu es avec elle ? Je veux dire ça serait juste couper pendant quelques heures ou jours de tout... enfin du monde et de ces merdes, des problèmes. Mais je comprends ce que tu veux dire, c'est vrai que dans ce cas-là ça ne doit pas être simple.»

Pour sa part, lui il avait plus envie de bouger, de faire de multiples choses que de rester dans un joli truc et compagnie. Ceci dit, de vraies vacances comme ça, ça faisait bien longtemps qu'il n'en avait pas eu... Et peut-être que c'était la méthode de Max qui était la meilleure.... Il n'en savait trop rien, il n'y avait qu'à moitié réfléchi pour tout dire. Il avait même donné une idée de destination, pour lui l'Italie était super sympa, peut-être plus que la Grèce... mais tout devait dépendre du goût du couple.

Et oui paupiette c'était bien, mais si Max n'appréciait pas ce terme, il pouvait aussi trouver d'autres mots qui correspondraient mieux... mais il fallait que ça rime. Comme il était généraux – et surtout qu'il avait vraiment envie de plaisanter- il lui avait donné de multiples mots pour que son camarade puisse en choisir un qui lui corresponde le mieux.

« Ouais… on va rester sur paupiette du coup. C’est bien paupiette. Nan mais ça a un côté mignon si on y réfléchit bien. Ouais, je vais me faire à paupiette. T’es pas forcé de passer à Rillette, j’te promets.. »
« Ah, bah tu vois ! C'est dommage, c'est bien aussi les rillettes... Et puis je suis certain que je me serais fait un plaisir de bien dire fort dans la rue « Hey ma Rillette, comment ça va ? »» Et oui, il aurait été capable de le faire au moins une fois, par ce qu'il lui arrivait d'être sans gêne si son côté taquin prenait le dessus sur le reste. Du moment que ça restait bon enfant, il n'y avait pas de souci

« Pourquoi cette galère sur le mot ‘amie’ d’ailleurs ? »

Ah ! Celle-là, elle n'était pas vraiment prévue comme question. Comment est-ce qu'on peut expliquer ça ? Il se mordilla un peu la lèvre l'air pensif.

« Il y a quelques années, j'ai.. on va dire recueilli pour un temps bref une... adolescente qui me draguait plus qu'ouvertement pour faire simple. Beaucoup plus compliqué en réalité, mais bref. Elle s'était cassée de chez elle et plutôt qu'elle tombe sur n'importe qui avec son petit jeu j'ai préféré qu'elle reste à la maison. Et un beau jour elle s'est cassée un peu comme elle est arrivée.» Il eut un bref sourire sans se sentir obligé de dire qu'il ne l'avait bien entendu pas touché, coucher avec elle ou autres tant ça lui semblait normal. Maxence devait assez le connaître pour ne pas qu'il ait à préciser une telle chose. « On s'est revus, il y a quelques semaines, et... c'est devenu une chouette femme... jeune femme. Et voilà on s'entend bien.»

Il aurait bien rajouté qu'elle avait peut-être une tendance stupéfiante à aller vers lui, chez lui lorsqu'elle se blessait et qu'elle était en plus généralement assez entreprenante et que c'était quelque chose qui le laissait perplexe. A vrai dire, il aurait bien eu envie d'avoir un avis extérieur sur la question. Par ce qu'il craignait toujours d'avoir abusé de la situation, même si Jordane à chaque fois lui avait bien comprendre que non. Que c'était son choix, qu'elle n'était pas une chose fragile. Que c'était juste une manière d'extériorisée son mal être du moment, probablement. Et en dehors de ça, ils se contactaient de temps en temps.
Mais il ne savait pas si dire quelque chose comme ça, se faisait. Bien sûr, il ne citerait jamais le nom de la femme qui resterait une inconnue... mais avait-il le droit de parler de ses « malheurs » à quelqu'un d'autres. Une histoire parmi tant d'autres... surtout qu'il n'avait aucune preuve. Personne ne pourrait la reconnaître avec ce qu'il dirait sauf, peut-être quelqu'un qui la connaissait.
Et une nouvelle fois, sa conscience bataillait. Maxence était la personne parfaite à qui lui racontait les choses dans les grandes lignes, sans être jugé, avoir un réponse nette et précise de ce sujet qui le questionnait toujours.. Mais Jordane avait mis sa confiance en lui et il ne voulait pas la trahir d'une quelconque manière que ce soit, et cette confiance était plus importante, probablement que ses envies à lui, que son ressenti sur tout ça. Une partie de lui, lui disait de faire confiance à Jordane, qu'elle savait ce qu'elle ressentait bien qu'un inconnu, que toutes les personnes étaient différentes ; mais l'autre avait toujours peur d'abuser d'une quelconque manière d'elle ce qu'il se refusait.

« C'est, en vérité, un peu plus compliqué que ça. Mais il y a des choses personnelles qui la concernent, et je ne veux pas trahir sa confiance... même s'il faut bien avouer que j'aurais bien eu besoin de ton avis éclairé. » Il soupira. « C'est vraiment une chouette fille, je tiens beaucoup à elle... mais t'inquiètes, aucun sentiment à l'horizon ! Une amie, quoi.»

Ven 8 Oct 2021 - 13:03

« Alors non, c’est pas du tout ce que je dis ! »
« Ah ! Alors qu'est-ce que tu as voulu dire ?»

Un regard de biais appuyait les paroles qui ne tardaient pas à répondre à cette question qui tenait plus de l’ordre de la provoc’ que de la réelle interrogation. « Tu le sais parfaitement. Que je serais toujours disponible si besoin. Passe-moi un appel et je rapplique. Simplement que géographiquement parlant c’est un peu moins simple que ce que je sous-entendais. » Parce que les deux habitations se trouvent en milieu sorcier, ce qui constitue soudainement un obstacle non négligeable à l’invitation d’un ami pour boire un verre.

« Ah ouais, carrément, trois ? Intéressant. Très intéressant. Deux, je peux comprendre et bien visualiser, mais trois? Vas-y éclaire mes lanternes. »
Une réponse par un léger sourire. « Pourquoi trois te semble aussi étonnant que ça par rapport à deux ? » Une question par une question. Vous n’êtes pas rendus les gars.

« Tu te fais pas chier mon pote ! Trois femmes ? Et bah, Don Juan !» Il eut un petit rire amusé avant de reprendre « Ouais, effectivement c'est le bordel, et là je crains de ne rien pouvoir pour toi, mais j'ai quand même hâte que tu m'en dises un peu plus.»
Une grimace un peu sceptique passait sur les traits de l’ancien soldat qui était pourtant assez content de son coup. Bien que la conversation l’amenait sur un terrain plus que glissant qu’il n’appréciait que peu, au moins avait-elle eu le mérite de l’éloigner des ombres.

« J’ai juste dit que je les aimais bien, pas qu’il y a quoi que ce soit. Mis à part avec Néo qui EVIDEMMENT fait partis des trois, hein ! »

Tout de même. Très étrange comme il pouvait se sentir affreusement mal d’évoquer ça à voix haute et de recevoir ces réflexions de la part de son ami alors même qu’il s’était engagé dans une histoire de couple ouvert, amenant par nécessité au fait que rien de tout ça ne devait poser problème. Mais le souci, il était là, dans le regard de l’autre. Dans ces mots qui appelaient directement à des concepts qu’il avait fort intégré depuis toujours.

« Et bien moi, je ne suis pas certain de tout comprendre, il s'est passé quoi ? Elle t'a trompée ? Enfin même si d'après ce que j'ai compris, c'est même pas réellement trompé ?! »
« Non, non non c’est pas le cas… » encore une fois, il se sentait comme celui qui était en tort, d’où venait un problème qu’on lui reprochait en silence sans véritablement l’affirmer.

« Ouais, c'est vrai... mais là tu ne serais pas isolé, si tu es avec elle ? Je veux dire ça serait juste couper pendant quelques heures ou jours de tout... enfin du monde et de ces merdes, des problèmes. Mais je comprends ce que tu veux dire, c'est vrai que dans ce cas-là ça ne doit pas être simple.»
« C’était juste une vanne mec, tu vas trop loin dans l’analyse. »

Il n’avait fait que dire qu’après les années au front, n’importe quel lieu déconnecté de sa réalité où il aurait la wifii et un toit sur la tête serait des vacances agréables. Bien sûr qu’il l’aurait elle, l’analyse était simplement hors propos au vu de ce qu’il venait de dire.

« Ah, bah tu vois ! C'est dommage, c'est bien aussi les rillettes... Et puis je suis certain que je me serais fait un plaisir de bien dire fort dans la rue « Hey ma Rillette, comment ça va ? »»
« O…ké. » Les blagues les plus courtes sont les meilleures poto. « Ne fait pas ça. » Répondait-il avec un sourire en coin. Non, vraiment, ne fait pas ça.

Et puis les deux hommes abordaient un sujet sur lequel Naveen avait tenté une esquive peu subtile. Conscient de la peine qu’il dissimulait à travers son enthousiasme étrange, ses réflexions à la joie surdosée et ses mimiques faussement joyeuses, Maxence préférait enchaîner avec sérieux mais amusement sur le sujet.

« Il y a quelques années, j'ai.. on va dire recueilli pour un temps bref une... adolescente qui me draguait plus qu'ouvertement pour faire simple. Beaucoup plus compliqué en réalité, mais bref. Elle s'était cassée de chez elle et plutôt qu'elle tombe sur n'importe qui avec son petit jeu j'ai préféré qu'elle reste à la maison. Et un beau jour elle s'est cassée un peu comme elle est arrivée.»
« Olah, tu fais dans le simple toi dis-moi… » Dangereux, clairement. La fille aurait pu rabattre sur lui bien des mauvaises fréquentations. Elle aurait pu n’être que ça, une rabatteuse, quelqu’un qui flairait les victimes d’un groupe plus important et lançait sur lui de grands gaillards ou des gamins habiles qui viendraient le dépouiller jusqu’à la moelle. Oh oui, elle aurait pu être des tas de choses… mais d’après ce qu’il disait, rien de tout ça ne s’était passé. Elle n’était qu’une gosse paumée qu’il avait aidé et qui s’était enfuis comme elle était venue, sans rien lui prendre. Et pour être très honnête, il aurait sans doute réagi très exactement de la même manière. « On s'est revus, il y a quelques semaines, et... c'est devenu une chouette femme... jeune femme. Et voilà on s'entend bien.» Cette fois, Maxence lui adressait un regard appuyé, essayant de déterminer ce qu’il voulait dire par « on s’entend bien ». Il l’avait désignée comme femme avant jeune femme, donc c’était comme ‘femme’ qu’il la percevait.

« C'est, en vérité, un peu plus compliqué que ça. Mais il y a des choses personnelles qui la concernent, et je ne veux pas trahir sa confiance... même s'il faut bien avouer que j'aurais bien eu besoin de ton avis éclairé. » Il soupirait quand Maxence s’accrochait à ce qu’il lui disait, comprenant que la situation semblait bien complexe dans son esprit. Besoin d’un avis éclairé sur quoi, au juste ? De quoi l’inquiéter. « C'est vraiment une chouette fille, je tiens beaucoup à elle... mais t'inquiètes, aucun sentiment à l'horizon ! Une amie, quoi.»
« Une chouette amie avec qui tout n’est pas toujours platonique si je comprends bien. » Il n’eu pas besoin de répondre pour que son regard le fasse à sa place. « T’es sûr qu’il n’y a vraiment pas de sentiments ? Ça semble compliqué ton histoire, je me trompe ? »

Dim 10 Oct 2021 - 18:41

« Tu le sais parfaitement. Que je serais toujours disponible si besoin. Passe-moi un appel et je rapplique. Simplement que géographiquement parlant c’est un peu moins simple que ce que je sous-entendais. »

Est-ce qu'il était touché par ce que lui disait son camarade ? Bien sûr que oui, surtout qu'il savait que s'il appelait Maxence viendrait réellement, que ça n'était pas que des mots en l'air... mais la vérité c'est qu'il n'appelait pas grand monde dans ces moments-là, préférant juste être seul, seule sa petite sœur parfois débarquait après ce genre d'appel, peut-être aussi mais beaucoup plus rarement Ruben. Non pas qu'il n'ait pas confiance en son meilleur ami, mais c'était avec sa sœur qu'il s'entendait le mieux dans ce genre de moment, celle sur qui il pouvait toujours compter. Liés, comme les doigts d'une main depuis toujours. C'était plus simple de se laisser aller avec elle... mais tout cela il ne pouvait pas le dire à Maxence, ça ne se faisait pas.

« Merci beaucoup, Max. Je note l'information !»

Ce qui était vrai, il était possible à un très faible taux qu'il le fasse, mais il avait l'information. Et elle était nécessaire, par ce que suivant ce qui se passait dans sa vie, son camarade ici présent pourrait être le meilleur interlocuteur. Tout dépendait du problème.

« Tu sais que le contraire est valable, également.»

Bientôt, heureusement, ils étaient passés à un sujet beaucoup plus intéressant : le fait que Maxence parlait à présent de trois femmes. TROIS ! Rien que ça, et bien ; mon cochon, il ne se gênait pas... et oui la façon de parler de tout ça amusait beaucoup le secouriste !

« Pourquoi trois te semble aussi étonnant que ça par rapport à deux ? »
« Il est vrai que l'on dit jamais deux sans trois... ne put-il s'empêcher de répliquer.

Une petite vanne plus tard... il essayait de lui tirer les verres du nez assez intrigué de cette histoire par ce qu'il ne voyait pas du tout Maxence lui dire quelque chose comme ça ; Ruben par exemple ça aurait été quelque chose qui serait passé sans réfléchir autant. Ceci dit, qu'il en ait une ou trois, ou plus, cela ne le regardait absolument pas, chacun était bien libre de faire ce qu'il voulait. Ce n'était juste pas trop forcément sa vision des choses, son besoin à lui.

« J’ai juste dit que je les aimais bien, pas qu’il y a quoi que ce soit. Mis à part avec Néo qui EVIDEMMENT fait partis des trois, hein ! »
Ah! Oui bon d'accord, on peut dire qu'il avait rien compris sur ce coup-là le Evans ! « Ouais, bon j'ai un peu compris de travers, je l'avoue, mea culpa... mais je maintiens quand même le Don Juan !»

Et bientôt il avait essayé de savoir ce qui s'était passé avec Neolina la « dernière fois ». Tout ne semblait pas clair, et il ne voulait pas dire une nouvelle connerie. Pour mieux parler de tout ça, avoir un jugement neutre, il fallait qu'il en sache le plus possible, Maxence n'était pas du genre à donner que « sa vision des choses », il essayait toujours d'être le plus impartial possible, alors même s'il fallait peut-être prendre certaines choses avec des pincettes...

« Non, non non c’est pas le cas… »

Mais encore ? On ne pouvait pas vraiment dire qu'il y voyait beaucoup plus clair à présent. Il décida de ne pas insister sur le sujet, si Maxence avait voulu s'expliquer plus en détails, il l'aurait probablement fait, alors il resterait dans un flou assez artistique. Il n'avait pas tard à lui faire un sourire en coin, un peu désolé lorsque son camarade lui dit qu'il allait trop loin dans l'analyse, défaut chez lui, il avait tendance à tout décortiquer. Un peu trop. Beaucoup trop même. On passe donc à autre chose, plus humoristique – et lourd-.

« O…ké. Ne fait pas ça. »

Geste de la main qui montrait que c'était ok. Et ils avaient fini par arriver au sujet de « l'amie ». de Jordane qui du coup, oui était une simple amie, même si c'était probablement un peu plus compliqué que ça leur relation. On ne pouvait pas le résumer en ce simple mot alors il avait essayé de résumer la situation au mieux.

« Olah, tu fais dans le simple toi dis-moi… »
« Je sais que ce n'était pas bien malin et qu ça aurait pu m'attirer beaucoup d'ennuis mais... je ne pouvais pas la laisser seule, possiblement dans la rue, ou dans les bras d'un mec qui aurait accepté une de ses propositions.» Il haussa les épaules. « Ce coup-ci, j'ai joué et j'ai eu raison de faire confiance.» Tout simplement. Un jour, ça lui porterait tort, mais par exemple avec Janie aussi il avait eu raison de l'aider, c'était une chouette jeune femme. Et si c'était à refaire, il referait, ne serait-ce que pour laisser quelques jours de répits à des personnes qui n'avaient juste pas eu de chance. Pour lui, ça se résumait à cela. Aider son prochain. Parfois une seule main tendue pouvait faire tant de différence dans une vie. Il avait fini par continuer de raconter ladite relation avec l'amie.
« Une chouette amie avec qui tout n’est pas toujours platonique si je comprends bien. T’es sûr qu’il n’y a vraiment pas de sentiments ? Ça semble compliqué ton histoire, je me trompe ? »
« Effectivement, ce n'est pas toujours platonique, mais ce n'est pas vraiment le souci.» Si ce n'était que ça, encore, ça irait, ça serait quelque chose qu'il pourrait gérer sans se poser trop de questions... « Disons que les deux fois ou ça s'est produit, elle avait eu l'air de s'être attirés des ennuis avec... je ne sais pas qui d'ailleurs, je n'ai rien pu savoir... mais elle avait des traces de coups...» il se passa une main dans les cheveux avant de soupirer. «... et elle était sûre d'elle pour ce qui s'est passé, elle est même venue me chercher jusqu'à chez moi la deuxième fois. Et tu sais comment j'ai réagi par peur qu'elle risque sa vie ? J'lui ai filé la clef de mon appart pour qu'elle puisse avoir un endroit où se réfugier. » Il grimaça un peu avant de revenir. « Mais même si elle semble très sûre de ce qu'elle veut, et que c'est sa façon d'extérioriser le truc, j'ai toujours peur d'utiliser une faiblesse. Et je refuse d'être quelqu'un comme ça.» D'être quelqu'un qui utilisait la faiblesse de l'autre pour coucher avec par exemple, entre autre. Mais surtout, au final, il avait peur de la blesser la Jordane, qu'elle le regrette, qu'elle se perde encore plus. « Donc oui, j'suis sûr que je n'ai aucun sentiment pour elle, du moins pas ceux que tu entends... c'est juste quelqu'un que j'apprécie beaucoup, et que j'ai juste envie de protéger alors que je sais pertinemment qu'elle déteste ça et que ça a plus tendance à la faire fuir. Ca fait de moi quel genre de type ? » Et il ne se rendait pas compte que même dit comme ça, cela pouvait quand même paraître ambigu, même dans sa manière de prononcer les choses, il y avait toute l'amitié, la douceur qu'il éprouvait pour elle.