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Lun 22 Mar 2021 - 23:44
Dimanche 8 avril 2016

Le numéro inconnu s’affichait encore et encore, illuminant l’écran quand Takuma ne faisait qu’observer le plafond éclairé par intermittence au rythme des appels. Les bras en croix, le regard fixe, il serrait seulement les dents, l’esprit ailleurs. Doucement, le jeune homme se redressait, posait les yeux sur un message en absence. Caitlyn. Il y répondait, sans véritablement chercher, ni ses mots, ni le ton, ni rien. Les échanges étaient naturels et ce, depuis le début, sans qu’il ne cherche à nommer autrement cette relation qu’une amitié aux origines un peu étrange. Les doigts pianotaient, envoyaient le énième message de la semaine, ayant beaucoup échangé la veille, s’étant appelés trois jours plus tôt.  

« A quel moment il est normal de plus parler avec une nana maquée qu’avec ses potes ? Vous avez quatre heures. »

Le numéro inconnu s’affichait de nouveau, Takuma rejetait l’appel.

Un message envoyé à Enzo, un autre à Sovahnn, un dernier à Aileen, puis à Jordane.

C’est ça, fait comme si. Raccroche les wagons, redeviens social mon Takuma, on fera comme si Caitlyn n’était pas la seule avec qui tu t’es mis à échanger à partir du moment où elle s’est pointée au Japon pour te sortir de ta torpeur. On fera comme si ça ne comptait pas. Que ça ne voulait rien dire.

C’était ce moment exact qu’avait choisi son téléphone pour afficher un autre numéro, effacé, qu’il connaissait pourtant par cœur. Dakota.

Les mâchoires se serraient l’une contre l’autre quand le jeune homme rassemblait ses jambes sous lui, fronçait les sourcils, plus affecté qu’il ne voudrait bien l’avouer. C’est ça ? On se remet à parler depuis l’enterrement de Zach ? C’était ce qu’il fallait pour que tu te souviennes de mon existence. Will n’y pouvait rien, Enzo était un dommage collatéral. Toi c’est quoi ton excuse ?

Les poings sur la couette, le regard braqué sur ces chiffres composés tant de fois sans lancer l’appel ou envoyer un nouveau message de plus. Ces chiffres dont la provenance venaient d’il ne savait plus trop où sur le globe, ayant perdu le fil de ses voyages. Loin, c’était tout ce dont il avait besoin.

Et pourtant, il décrochait.
Justement à cause de l’histoire entre Will et Enzo. Justement parce que les craintes et les doutes s’étaient répandus en lui, venant titiller son inconscient alors même que de telles inquiétudes n’avaient pas de sens.

« Hey. Tout va bien ? »
« Ouais pas de soucis, pourquoi ? J’avais juste envie de discuter. »
« Nan, je sais pas, au cas où. »
« C’est encore la merde de votre côté c’est ça ? »
« Mais non, j’ai juste des réflexes de merde. Comment tu vas ? »

A quel moment ça devient normal, tout ça ? Qu’est-ce qu’on essaye de faire dis moi ? Quand chaque mot fait mal, pourtant. Mais vas-y, dis moi. Comment tu vas ?
Dis-moi. Pourquoi je n’suis pas parti avec toi ?


Alors Enzo ? On met combien de temps à se remettre d’une rupture ? Plus de deux ans ne s’effacent pas aussi facilement, Takuma en avait conscience. Elle était la première avec qui il avait commencé à construire quelque chose, elle le resterait, c’était certain. Et pourtant, il restait un goût amer dans ses paroles. La culpabilité, oui, mais aussi l’incompréhension et l’acide du rejet. Il comprenait ses raisons, du moins c’était son discours originel. Mais dans le fond, à peine avaient-ils été libérés de l’entrave que constituait Poudlard que, déjà, elle s’esquivait.

C’était rien que ça dis moi ? L’équivalent d’une amourette en camp de vacance qui cesse dès que les bords du cadre s’effacent ?

Il raccrochait avec l’envie de rappeler l’autre numéro, les paupières se fermant sur la solitude de la chambre d’hôtel qui claquait à ses sens.

Pourquoi t’es pas parti ? Tout le monde est parti finalement. Toi le premier.
Mais pas vers elle.


Non, pas vers elle.

« Lâche l’affaire, bouge de là. »

Avancer, se reconstruire. Un mot d’ordre plus qu’un mantra alors qu’il passait sous la douche, enfilait des fringues propres et sortait de la chambre d’hôtel, passant le long des étages, s’attardant aux salles de réception, notant l’agencement, l’organisation de ceux qui recevaient les autres clients. Il notait, oui, intégrait, comparait, le regard braqué, concentré. Et la voix de son père résonnait dans ses souvenirs.

Il est insupportable ce gosse parce qu’il est doué pour tout mais qu’il ne veut rien faire.

C’était vrai pour l’enfant, vrai pour l’ado, vrai pour l’adulte en devenir.

Vous en avez pensé quoi, hein, quand vous avez vu ma gueule sur les affiches de l’abribus ?

Ça aurait pu être une fierté outrageuse, ça l’était d’ailleurs sans doute à l’époque, comme une façon de réagir, d’être vu, reconnu. Takuma avait simplement cherché à être bon, grimpant brusquement les échelons avant de décider qu’il se foutait de réussir dans ce domaine ou pas. Oui, il avait été reconnu, pas par les bonnes personnes ni pour les bonnes raisons. Mais il l’avait été. Il avait prouvé l’inévitable : c’est vrai qu’il est bon ce môme.

Comment on peut à ce point renier son gosse ?

Alors pourquoi faisait-il ça ? Toujours en recherche d’attention parentale ? Quel autre intérêt cachait  celui de s’intéresser brusquement à l’entreprise familiale ? Attirer leur regard, par la fierté… ou l’angoisse ? L’humain n’est pas toujours bienveillant ni gentillet. Vous ne voulez pas réagir ? Peut-être suis-je apte à le provoquer. De force.

Et si j’étais meilleur ?

Dégainant le téléphone, c’était cette fois avec une voix plus grave qu’il déblatérait des informations dans sa langue natale. Il est loin, le gosse qui s’avérait prodige en musique. Loin le gosse qui glissait sur les rambardes à Poudlard, dégainait le skate dans la salle commune ou faisait exploser des feux d’artifice au dessus du château. Loin le type qui entrait sur une scène, bouffait la clameur de la foule qui se répercutait dans ses poumons, faisait vibrer son cœur, incendiait ses veines.

Mais dans le fond, peut-être n’y avait-il qu’une envie : être vu, remarqué, compris, entendu.

Il marchait dans les rues de Bath, rejoignait un réseau de cheminette, insérant les écouteurs dans ses oreilles, montant le son pour sentir la basse emporter ses nerfs, souffler le baiser de l’oubli dans ses synapses. Ne plus penser, juste écouter et avancer, se détacher de chaque instant passé, des souvenirs, des échecs et des abandons. Se laisser porter.

Et pourtant, c’était vers son regard qu’il allait, sans même s’en rendre compte, brusquement rattrapé par ses pensées.

Iris d’azur, loin des fonds lacustre au soir qu’il trouvait dans les yeux de Dakota.

« … »

Devine qui t’a vu sans que tu ne demandes rien ?

C’était pourtant un claquement de langue agacé qui frappait son palais quand le jeune homme entrait dans la plus grande des rues commerciales sorcière anglaise, rangeant son téléphone dans sa poche, se dégageant de ses oreillettes pour espérer ne pas être inquiété. Et déjà, il se mêlait à la foule, rejoignait les portes de la boutique qu’il rouvrait, refermant la porte derrière lui tout en y laissant la pancarte ‘open’ et se retournait pour observer les lieux. Mieux organisés, les étals semblaient plus simples à reconnaitre. Pourtant, il régnait toujours ici une impression de trop, les lieux fourmillant de mille trésors, une ambiance qu’il aimait bien.

Passant derrière le comptoir, il renvoyait un message ‘je suis sur place, tu viens quand tu veux !’.
Et tu squattes mes pensées de façon tout à fait peu appropriée pour une amitié innocente. Salut, bye.

« Ouais… ouais ouais ouais. Dis-lui ça. »

C'était avec un petit rire qu'il prononçait ces mots, un sourire en coin bourré d'auto-dérision sur un visage qui se faisait moins triste à présent.

Nouvel appel. Un instant, Takuma avait cru qu’il s’agissait d’elle, mais il y avait là le numéro inconnu qu’il finissait par connaître sur le bout des doigts.

Tu vois. C’est pour ça, qu’elle s’est barrée Dakota. Et on la comprends.

« Ouais. Ecoute j’ai changé d’avis, j’en veux pas de ta dope. Lâche-moi ok ? J’suis pas l’bon client. »

Si. T’es le bon. Tu les contactes un jour sur deux, tu les fuis un jour sur deux. Tu es celui qui craqueras, et qui deviendra ingérable une fois que ça sera le cas. Ils le savent, tu le sais. Et ta putain de carte fidélité, ils te la fileront en version platine.

Pourtant, il abandonnait le téléphone sur un coin du comptoir, en sortait des documents abandonnés à destination d’aujourd’hui, qu’il épluchait, muselant les envies putrides qui cramaient ses veines bien autant que celles, tout aussi inavouables, qui grignotaient par moment ses pensées.

Tu t’es construit sur des fondations branlantes. Commence par redonner un peu de stabilité à tout ce bordel. On verra la suite après.
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Takuma Ishida Hayato
Génie de supérette
Takuma Ishida Hayato
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Takuma Ishida Hayato
Mer 31 Mar 2021 - 9:38
Samedi 07.05.2016
Dans la matinée

Camden Town, Londres, Royaume Uni

« Tu veux faire quoi aujourd’hui ?
- J’vais voir Takuma cet aprèm pour l’aider avec sa boutique.
- Ok, et demain ?
- Je… vais skier avec Enzo ? »

Il lâcha un rire, secoua la tête l’air de dire "T’es pas croyable".

« Et moi c’est quand que m’accordes un créneau dans ton planning ? »

Aucun reproche dans le ton de sa voix ni dans le fond de ses yeux. Aucune trace de jalousie non plus, ni de tristesse, ni de sacrifice. Il avait toujours été comme ça, là sans s’imposer à elle, pas inquiété pour un sou de son harem. Elle sourit à son tour.

« La nuit ça ne te suffit pas ? »

Sourire amusé qui se transforma en sourire de sale gosse. Qui s’élargit alors qu’il prenait un air faussement boudeur.

« Ça c’est bas. »

Elle se hissa sur la pointe des pieds et vint prendre ses lèvres. Un baiser qui se voulait rapide, furtif, mais qu’elle prolongea, cédant à sa propre tentation.

« Le week-end prochain j’suis à toi. »

* * *

Samedi 07.05.2016
En début d'après-midi

Chemin de Traverse, Londres, Royaume Uni

« C’est sur le Chemin de Traverse, la boutique de ton pote ?
- Oui pourquoi ? »

Elle finit d’enfiler ses baskets et revint sur ses pas, se postant face à l’entrée du salon où Jake était posé dans le canapé, le regard et l’attention tournés vers elle alors qu’elle se préparait à partir.

« Tu feras gaffe à ne pas sortir ton portable hein ?
- … Ah ouais. »

Retour à la réalité, celle qu’elle manquait d’oublier à chaque fois qu’elle passait le week-end chez lui. Chez lui ou n’importe où d’autre en réalité. Pourtant, elle n’oubliait jamais vraiment. Faisait profil bas par réflexe à chaque fois qu’elle sortait, se fondant dans la masse, tous les sens aux aguets. Combien de temps avant qu’on ne lui tombe dessus ?

Une vibration dans sa poche la tira de ses pensées qui prenaient des teintes plus sombres. Elle sourit en voyant le SMS, répondit rapidement et glissa le portable à nouveau dans sa poche après avoir désactivé le vibreur pour ne pas être tentée de le ressortir.

Spoiler:

« À ce soir ! »

Elle dût faire un effort pour paraitre enjouée, le cœur serré à l’idée des risques qu’elle prenait en sortant. Elle aurait pu Transplaner, une partie d’elle regrettait de ne pas l’avoir fait. Mais l’autre, plus fière et révoltée, se refusait de vivre dans la peur. Pour vivre heureux, vivons cachés, elle avait maintes fois essayé, ça n’avait jamais marché.

Elle sortit tout de même son portable sur le chemin, hésita à envoyer un message à Enzo, se contenta de relire ceux qu’ils avaient échangés la veille, avant de faire pareil avec ceux de Takuma. C’était fou à quel point elle était devenue proche de ses anciens camarades depuis qu’ils avaient quitté Poudlard et s’étaient dispersés à travers le monde.

C’était fou à quel point elle était devenue proche de Takuma, surtout.

Arrivant devant le Chaudron baveur, elle rangea son téléphone dans son sac plusieurs mètres à l’avance puis entra dans le pub et le traversa pour ressortir par la porte arrière. Bientôt, les briques s’écartaient et elle s’engageait sur la rue sorcière qui fourmillait d’activité malgré la guerre qui faisait rage. Comme à chaque fois qu’elle venait, elle sentit un frisson lui parcourir l’échine, émerveillée.

Elle n’en montra rien cependant, avançant sans ralentir jusqu’à arriver devant la boutique de Takuma et pousser la porte pour y entrer sans hésiter. Alors seulement elle s’arrêta, laissa ses yeux se perdre sur les étals pleins à craquer et recouverts de poussière, prenant le temps pour s’habituer aux odeurs qui l’assaillaient, l’agressaient presque. Déjà, Takuma venait à sa rencontre et elle s’avança vers lui, le prit dans ses bras.

« Trop contente de te voir. Comment tu vas ? »
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Caitlyn Louise Twain
Ptite tête boule de poils
Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Dim 11 Avr 2021 - 2:06
Cet appel, insistant, ça aurait pu être Caitlyn. Ça aurait pu être Dakota. Ça aurait même pu être n’importe qui. Sovahnn et son bébé, Enzo, Jordane, Aileen du fin fond du monde. Ou Jill. Il pourrait recontacter Jillian, passer la voir, retrouver les amitiés d’avant. Comment avait-il fait ça, au juste ? S’isoler comme il l’avait fait, de proche en proche, sans vraiment s’en rendre compte, sans en noter les changements. Que Jordane ne cherche pas sa compagnie, il s’en doutait, le savait. Mais les autres ? Le problème ne venait pas d’eux mais bien de lui et il en avait parfaitement conscience. Il s’enfermait lui-même sans vraiment s’en rendre compte jusqu’au moment où l’isolation le prenait à la gorge. Le brouhaha devenait silence, chacun le blessant tout autant. Alors doucement, le jeune homme repoussait ces démons qui murmuraient à son oreille et il retrouvait le quotidien, le prenait de nouveau en main. Remettre de l’ordre pour combattre le chaos. Il y avait de quoi sourire quand on voyait la boutique dans laquelle il avait bossé ces derniers mois. L’ancien propriétaire était un adepte du capharnaüm accueillant. Pour l’ordre, il repasserait…. Et pourtant, Takuma y mettait une certaine logique qui n’existait pas avant, tentait d’optimiser les choses. Les bouquins d’herboristes sur le bar, son téléphone posé dans leur ombre, il en avait appris chaque page depuis son arrivée, en octobre. Chaque tige, chaque racine, chaque fleur ici, il en connaissait les propriétés, pouvait les lister, en savait les interactions, les synergies.

Insupportable ce gosse.

Il pouvait presque entendre son père mais aussi, plus récemment, Maxence. C’était peut-être ça qui manquait, ça qu’il recherchait. Un cadre. Comme l’enfant hyperactif d’hier qui se battait sans cesse contre les limites mais les cherchait avec tout autant de force. Wargrave les lui avait donnés. Mais il n’était plus là et comme un ado, il se devait de quitter l’enfance pour entrer dans le monde adulte. Sans filet de sécurité, assumant ses propres décisions, ses choix, ses positions. Ce qu’il se devait se faire depuis toujours pourtant. Mais quelque chose avait changé.

Un coup de baguette et, là haut, les bocaux se mettaient en branle, changeant de place quand, lui, attrapait un carton pour le pousser et l’ouvrir d’un coup de couteau, déballant des racines d’ajowan, une plante indienne. C’était donc le nez dans les petits sacs qu’il entendait la porte s’ouvrir derrière lui, libérant un grincement sombre.

« Rah il faut que j’y mette une musique ou quelque chose, parce que ça c’est glauque. »

Un regard doux et souriant se posait sur la nouvelle arrivante quand celle-ci passait les portes, laissant une vague de chaleur se répandre dans les lieux. Elle s’arrêtait quand il délaissait ce qu’il faisait, la rejoignait et la prenait dans ses bras sans vraiment y penser, répondant à son élan naturel. Sans doute ne l’aurait-il pas fait si elle n’avait pas initié le geste. Son corps contre le sien, celui qu’il avait exploré encore et encore une nuit, s’y crashant sans y  mettre d’explication, trouvant dans les éclats de la lune se reflétant sur l’épiderme humide une brûlure dans son âme, l’envie de retrouver la flamme de l’existence. Corps qui irradiait, comme il le faisait alors. Comme il le faisait toujours apparemment. L’envie de poser ses lèvres sur son cou, elle le prenait brusquement, tout aussi violemment rejetée ailleurs.

« Trop contente de te voir. Comment tu vas ? »

Les mains glissaient de son dos à ses bras quand il se dégageait de l’étreinte, posait son regard dans le sien. Ne pas se noyer dans l’azur. Ne pas en noter le vertige, la conscience de ce truc, né en mars, mué en amitié, pas véritablement nié.

« ça va mieux. » La question était moins anodine qu’elle n’y paraissait et Takuma en avait parfaitement conscience alors la réponse ne l’était pas non plus. Les traits plus reposés, le dos plus droit. Il n’était pas remis, non, ne s’en cachait pas, ni par messages ni en face. Mais il y avait du mieux.

Les mains glissaient sur ses bras, ses doigts ne s’y accrochaient pas, effleuraient, quittaient le contact, et il lâchait son regard, se tournant vers les lieux.

« Hey mais du coup t’es jamais venue là avant toi ! » Oui, parce qu’on ne se connait vraiment que depuis deux mois et que j’en sais plus sur le goût de ta peau que sur celle que tu es.

Une réflexion qui était de moins en moins vrai à mesure des appels qu’ils échangeaient depuis des semaines.

D’un geste, il balayait les lieux. « Bienvenue dans mon humble…. Bordel organisé. » demeure ? Non. D’ailleurs il n’avait lui-même plus véritablement de lieux où vivre à vrai dire. L’hôtel était son arme de replis, une façon de garder les portes ouvertes.

« Je te le disais hier c’est pas parfait mais je commence à avoir fait le tour de tout ce qui était en attente, je vais pouvoir rouvrir. Mine de rien, ça fait plaisir d’être là. » D’un regard sur le côté, il lui souriait doucement. « Content de te voir aussi. » Et puis, neutre : « ça a été la route pour venir jusqu’ici ? J’ai dégagé un espace dans l’arrière-boutique, on va pouvoir transplaner directement. D’ailleurs j’ai sécurisé la zone. Comme quoi vive avec Aileen, ça vous provoque des effets secondaires un peu bizarres. » Le tout était lâché avec un petit rire amusé, détaché.

Il observait un instant la vitrine à travers laquelle on voyait les passants pressés défiler, s’attarder, discuter. La normalité qui prenait pourtant un air d’étrangeté.

« Comment tu vas toi ? La soirée s’est bien passée ? »

Un petit sourire léger, possiblement un peu moqueur, pas la moindre trace d’agression, d’agacement ou de jalousie. Juste de l’intérêt. Car oui, il savait qu’elle l’avait passé avec Jakob.
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Takuma Ishida Hayato
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Takuma Ishida Hayato
Dim 11 Avr 2021 - 22:08
Les odeurs, de bois, de poussière, d’herbes en tout genre, de racines et d’écorces, de fruits, de feuilles. Quelques-unes familières, la plupart inconnues, ou s’entremêlant trop pour être reconnaissables. L’air était lourd, chargé de ces parfums qui stagnaient là depuis des jours, des semaines. Elle pouvait presque voir les particules en suspension, réfractant les rayons de lumière qui perçaient entre les étagères, les sentir qui lui comblaient les narines, lui montaient à la tête, la prenaient à la gorge.

« Rah il faut que j’y mette une musique ou quelque chose, parce que ça c’est glauque. »

La voix de Takuma la tira de ses contemplations et elle capta son regard, lui rendit son sourire, amusé et empreint de douceur.

« Faudrait surtout la graisser un coup. Et aérer un petit peu, aussi… »

Surtout amusé en réalité, la douceur ne venant que plus tard. Le prenant dans ses bras, elle se détendit imperceptiblement, reléguant son inconfort au second plan alors qu’elle s’imprégnait de son odeur à lui. Et toujours cette même facilité dans le contact, intuitive, comme une évidence, cette connexion qu’elle ne comprenait pas, ne s’expliquait pas.

« Ça va mieux. »

Ses yeux si sombres, si profonds, plongés dans les siens l’espace d’un instant. Ses mains glissant le long de ses bras, naturellement. Sa réponse sincère, sans détours, sans détails cependant. Pas besoin, pas tant qu’elle ne demandait pas, mais quand elle le faisait, il ne cachait rien, ne mentait pas. Son ton léger, détaché, pas moins lourd de sens pour autant. Mieux ne voulait pas dire bien.

« Hey mais du coup t’es jamais venue là avant toi !
- Nope ! Tout comme tu n’es jamais venu dans la mienne de boutique… »

Jusque-là, mine de rien, c’était surtout elle qui venait à sa rencontre plutôt que l’inverse. Au Japon quelques fois, à l’enterrement de Zach, à Bath récemment. Cela dit, jamais elle n’avait proposé ni même attendu de lui qu’il la rejoigne chez elle, ou où que ce soit d’autre. Le but n’était pas et n’avait jamais été de le faire revenir, pas tant que lui-même n’en avait pas envie. Mais elle voyait qu’il se sentait bien avec elle, tout comme elle se sentait bien avec lui, et ça lui suffisait pour vouloir passer du temps avec lui.

« Bienvenue dans mon humble…. Bordel organisé. »

Un geste démonstratif, il enchainait sur un ton enjoué.

« Je te le disais hier c’est pas parfait mais je commence à avoir fait le tour de tout ce qui était en attente, je vais pouvoir rouvrir. Mine de rien, ça fait plaisir d’être là. »

Elle regarda autour d’elle à nouveau, redécouvrant les lieux, consciente qu’elle pourrait les redécouvrir de la même manière encore dix fois avant de pouvoir prétendre les connaître, et ce pourvu que rien ne change de place entre temps. Elle commençait à s’habituer aux fragrances qui l’avaient assaillie, tout comme elle avait fini par s’habituer à celles qui emplissaient la fleuristerie, sans pour autant jamais parvenir à les oublier vraiment lorsqu’elle y était. Dire que c’était Enzo qui lui avait parlé de la possibilité d’un job, dans une herboristerie.

« Content de te voir aussi. »

Un fois de plus, elle recentra son attention sur Takuma qui lui souriait, visiblement heureux. Semblant oublier l’espace de quelques instants les démons qui le hantaient, s’acharnaient.

« Ça a été la route pour venir jusqu’ici ? J’ai dégagé un espace dans l’arrière-boutique, on va pouvoir transplaner directement. D’ailleurs j’ai sécurisé la zone. Comme quoi vive avec Aileen, ça vous provoque des effets secondaires un peu bizarres. »

Il lâchait un rire léger et elle sourit, souffla du nez, amusée, prenant quelques secondes pour réfléchir, avant de répondre avec la même neutralité.

« Oui ça va, RAS. Flemme de transplaner pour des distances aussi courtes. »

Elle se doutait bien qu’il connaissait la Caitlyn résistante. En même temps, qui ne la connaissait pas, après l’avoir vue sur scène, chemisier blanc, pantalon en faux cuir, escarpins noirs et rouge à lèvres, assortie au reste du groupe, les feux des projecteurs portés par la brume artificielle. Elle-même l’avait oubliée, enterrée, mais force était de constater qu’elle n’était jamais très loin. Faire profil bas, oui. Mais se cacher ? Il y avait des jours où elle avait juste envie de dire merde.

« Comment tu vas toi ? La soirée s’est bien passée ?
- Oui, au top ! Et je vais bien. J’devrais peut-être m’inquiéter, c’est un peu trop calme ces temps… »

Dit sur le ton de l’humour, quand bien même avec un fond indéniable de vérité. Elle n’avait pas prévu de s’intéresser à tout ce qui pourrait mal aller, pas quand elle n’avait tout compte fait pas plus de raisons de craindre les retombées des "mesures de précaution" des sorciers et des moldus que n’importe qui d’autre. Ou presque.

« En vrai c’est une bonne idée pour la safe-zone, c’est clair que ça peut être utile. »

Et plutôt qu’Aileen qu’elle ne connaissait finalement pas plus que ça, ça lui rappelait surtout Wargrave. Elle jeta un dernier regard circulaire à la pièce, puis déposa son sac contre le comptoir et se tourna à nouveau vers lui, sourire aux lèvres

« Tu me fais visiter ? »
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Lun 12 Avr 2021 - 0:45
Ça aurait dû être bizarre. Chaque fois qu’ils s’étaient vus, il aurait dû y avoir une gêne, quelque chose pour imposer une distance entre eux. Mais la seule qui pouvait l’y pousser, ça aurait été l’attirance, évidente, qui ne l’avait jamais quitté depuis ce premier baiser. Elle était là, il ne la niait pas, ne la laissait pas le noyer pourtant, la laissant passer, glisser comme ses doigts qui accrochaient un instant fugace ses bras. L’attirance, elle était là hier, n’avait pas de raison de disparaitre entre temps. Elle n’avait simplement ni sens ni raison d’être … encouragée. Juste là. Rien de plus. Après tout, elle l’avait emporté contre les corps de Jill et d’Aileen sans que ça ne pose problème, il n’y avait aucune raison à cela. Pas plus de gêne à présent donc qu’hier, quand les esprits et les corps s’étaient calmés et que l’anormalité de la situation aurait pu leur sauter à la gorge. Ce qui s’était passé là-bas avait comme un goût de songe resté hors du temps et de la réalité. Quelque chose qu’il était mieux d’y laisser, afin d’en conserver la saveur, de n’en gardant qu’une certaine douceur toujours partagée, comme ce quelque chose qui s’accroche à vous après une nuit passée à rire en bonne compagnie, comprenant au petit matin que le sommeil vous a échappé.

Ce qui s’était construit semblait parfois aussi improbable qu’insensé, du jour au lendemain, les inconnus s’étaient mis à partager sans gêne. Les corps d’abord, le quotidien ensuite, comme s’il n’y avait là qu’une continuité logique, un contact qui s’éternisait, refusait de se tarir comme ça, aboutissant finalement à autre chose. Sans pression ni hésitations, c’était simplement venu naturellement sans qu’ils ne posent de mot dessus ou qu’ils ne s’interrogent. Une part de déni ? Peut être. Sans doute même, mais ça n’avait pas d’importance. C’était ainsi que ça devait se passer, voilà tout.

- Nope ! Tout comme tu n’es jamais venu dans la mienne de boutique… »
« Eeeeet… » Une seconde, il s’arrêtait, bloquait sur la réflexion et concluait dans un rire franc, claquant dans le silence de la boutique soudainement égaillée. « .. et c’est pas faux. » Le rire se prolongeait dans un sourire complice, un regard qui s’accrochait un instant, retraçait les semaines passées. En effet, c’était elle qui venait jusqu’à lui. Il y avait ça d’amusant quand les premiers pas numériques avaient été plus fluctuants. Elle d’abord puis lui, qui développait bien plus, échangeait dans le quotidien, se livrait sans véritablement y réfléchir, l’entraînant dans son sillage. Comme si c’était simple. Comme s’ils l’avaient toujours fait.
« Eh ben tu sais quoi, j’y passerais histoire de découvrir un peu ces lieux. D’autant qu’il faut que je mette une tête sur ceux dont tu me parles. Et puis peut être que j’aurais la chance de tomber sur le type qui sniffe toutes les plantes qui passent alors qu’il est allergique et éternue partout. Tu vois il y a des choses dans la vie à côté desquelles il ne faut pas passer. Ce type en est une ! »Affirme-t-il avec un aplomb trop teinté d’humour pour être honnête.

Les échanges étaient légers, s’enchaînaient sans vraiment y penser.

« Oui ça va, RAS. Flemme de transplaner pour des distances aussi courtes. »
« Dit la seule fille au monde qui a la flemme de transplaner et préfères marcher. » C’est d’une logique à toute épreuve.

Et d’un petit sourire en coin, il lui souriait sans commenter plus que ça, parfaitement conscient qu’il ne s’agissait pas de flemme mais d’un pied de nez à la situation qui leur était imposée. Sans doute comme d’être celui qui avait caché les deux ennemis publics numéro un quand Poudlard était tombé et de détenir à présent une boutique au cœur même de la rue à la plus passante du monde sorcier. Comme une façon pour les deux de refuser de plier malgré les coups, les chocs ou l’angoisse. Hier, ils enterraient un élève, un lien invisible les reliant tous comme étant des anciens de l’école. Aujourd’hui, pourtant conscient de la menace ou des pressions qui pesaient sur tous ceux qui ne correspondaient pas aux attentes d’un gouvernement de plus en plus gangréné…. Ils s’acharnaient par de petits gestes, de petites prises de position à refuser de s’incliner. Et cette étincelle dans son regard, celle qui pouvait menacer de tout cramer, il n’en doutait pas, Takuma la notait, l’observait comme un éclat fugace dans la nuit.

- Oui, au top ! Et je vais bien. J’devrais peut-être m’inquiéter, c’est un peu trop calme ces temps… »

De nouveau, ses lèvres se fendaient d’un sourire, un souffle amusé soufflé de concert à l’humour qui teintait ces paroles.

« Parle pas trop fort, ça risquerait de dégénérer. »

On ne sait jamais. Ça ne reste jamais très longtemps calme dans le coin.

« En vrai c’est une bonne idée pour la saife-zone, c’est clair que ça peut être utile. »

Ses lèvres se pinçaient dans un rictus complice, moqueur autant qu’amusé, fronçant les sourcils dans une grimace semblant lui dire « non, tu crois ? ».

« Boh je vois pas pourquoi tu dis ça. Franchement, qu’est-ce qui pourrait déconner ? » Rien voyons ! Tout va bien dans le meilleur des mondes et rien n’est susceptible de basculer à tout moment. D’ailleurs si Takuma s’était remis à discuter avec Sovahnn et Enzo, renouant doucement avec le concept même de lien social, il savait qu’en parallèle bien des choses merdaient et que tous se prenaient avec plus ou moins de force les contrecoups de ces événements.

« J’ai appris du meilleur avec Maxence ! Il a quand même tenu des années sans se faire cramer ! D’ailleurs j’espère que ça a tenu jusqu’au bout son truc. »

Les risques qu’ils prenaient, ces adultes qui luttaient à leur manière contre le système, il n’était pas sûr de toujours les avoir pleinement mesurés. Mais toujours était-il que tous à leur manière, ils étaient devenus des modèles sur lesquels il s’appuyait à présent. Tous, oui, même Logan à sa manière. Mais il avait surtout observé bien des enseignants et les membres du personnel qui s’étaient postés ainsi dans un rôle de protection, prenant en charge tellement plus que ce qu’ils semblaient supporter. Sans eux, que ce serait-il passé ?

« Tu me fais visiter ? »

L’éclat d’un sourire dans un geste aussi bête, une situation si simple que ce quotidien là allégeait ses épaules.

« Bien madame ! J’ai essayé de réorganiser les lieux, parce que le vieil apothicaire…  disons qu’il avait une façon de ranger bien à lui. Quoi que je suis pas sûr d’être le mieux placé pour juger. M’enfin du coup j’ai globalement fait par zones associées à des grands types de pathologies tu vois ? Du type respiratoires par là, allergiques, gynéco…  enfin en vrai je ne sais pas si c’est le mieux parce qu’il y a pas mal de choses qui se retrouvent un peu partout mais du coup j’ai réparti pour qu’un client puisse trouver certaines choses simples par lui-même. J’avais commencé à mettre des petites pancartes explicatives un peu partout il y a quelques mois donc je vais continuer ça. »

Tout en tournant dans la boutique, il lui désignait les étals en vrac, véritable mine d’or de choses qui fourmillaient là, dans des bacs pour certaines, des pots souvent dans un équilibre que seule la magie permettait de maintenir. Des grappes de plantes, parfois vivantes, parfois séchées, parfois… mouvantes là, le long des poteaux ou des murs. Ça, là, partout recelait de merveilles qu’il commençait à connaître par cœur, conscient que sans sa mémoire un peu particulière, il serait complètement perdu.

« J’ai mis quelques potions à disposition, mais les plus chères et les plus spécifiques sont derrière le comptoir voire dans l’arrière boutique. Bon, le polynectar c’est toujours mort hein,  il y a une main mise sur les ingrédients, mais j’ai quand même pas mal de choses mine de rien. »

Takuma était bien le seul à avoir apprécié les potions dans son groupe d’amis à Poudlard, ainsi que la botanique qui l’avait toujours passionné quand elle était associée à la médecine. Comme quoi finalement, certaines choses se retrouvaient. Fasciné par les arts japonais, le jeune homme avait bien souvent délaissé certains pans de la magie pour se concentrer sur les glyphes et les runes, tissant des sorts entre eux pour les associer. Une façon de faire qui lui avait valu une excellente note à un examen de Rivers…. Et une heure de retenue pour une raison qu’il n’avait toujours pas compris. La véritable étant sans doute… d’avoir réussi l’examen. Et/ou d’avoir couché avec Aileen. Bon. Mauvais choix stratégique.

« Tient, viens voir…  Là t’as un sacré nombre de recueils. Alors j’en ai épluché un certain nombre quand j’ai commencé à bosser ici. Sincèrement, ceux là sont un bon début à intégrer. Par contre ceux là je t’avoue, j’ai lâché. Ah et celui-là mord. Genre les lettres, elles mordent. Non je précise ; si jamais tu t’y perds c’est bon à savoir. Eeeet… voilà. Un tour à l’arrière ça te dit ? »

Phrase à ne pas prononcer par une femme ou dans un contexte moins hétérosexuel, notons. Ou alors si, mais en connaissance de cause.

« Tient, vient. Bon alors c’est pas parfait hein… à vrai dire c’est même un foutoir pas possible, j’ai à peine commencé mon tri. Avec le départ certains produits ont trop souffert. » Ouvrant une porte, il la laissait passer dans une petite courbette ironique. Là, ils descendaient quelques marches pour atterrir sur de la terre brute. « J’me demande d’ailleurs si c’est pas un mauvais plan pour les moisissure mais bon. A réfléchir à long terme ça. » Si la boutique pouvait donner une impression de trop et d’absurde, ici, c’était un véritable capharnaüm, reflet de la façon de faire de l’ancien proprio. « Bon alors j’avais commencé à tout trier dans l’ordre alphabétique mais monsieur le vieux bouc n’était pas chaud. » Le vieux bouc ? « C’est affectueux. » ça l’était véritablement et il n’y avait que de la douceur dans sa façon de le prononcer. Le vieil homme était têtu comme un bouc, ce qui avait toujours amusé le jeune homme qui n’hésitait pas à le charrier là où pourtant l’homme inspirait souvent le rejet ou la crainte tant il semblait issu d’un autre univers. Oui, il l’appréciait ce vieil ermite étrange. « Enfin bon… c’est pas probant probant mon truc pour l’instant. »

S’il fallait garder des objectifs dans la vie, ce projet-là, il prenait de sacrées proportions.

« Oh ! Tient regarde ça ! » Est-ce qu’il l’embarquait en tous sens, comme le gamin hyperactif qu’il était et qui retrouvait de vieilles traces de son enthousiasme absurde passé ? Tout à fait. « Tu vois ça là ? » Une étagère, comme n’importe lesquelles. Et pourtant, s’il passait une main à l’arrière d’un pan de bois, celui-ci se dérobait, comme une illusion, l’espace de quelques centimètres tout au plus, sous un bocal. Et d’un geste, il activait quelque chose dans un cliquetis léger … alors, soudainement, le pan de mur se mettait en branle, les étagères et les tiroirs se refermaient les uns sur les autres, défiant toute logique physique et malgré le froissement des feuilles, les cliquettements des bocaux et les crissements du bois et des graines qui glissaient, rien ne semblait vraiment s’effondrer quand le pan de mur révélait une porte…. Et sur le visage du jeune homme, c’était un grand sourire de gosse fier d’avoir découvert le monde de Narnia qui se dessinait. « C’est cool hein ? » Un haussement de sourcils comme un défi : dis-moi que tu ne trouves pas ça génial, je ne te croirais pas !

« C’était là avant, j’ai un peu amélioré le truc en réutilisant ce qu’avait fait Maxence. Bon c’est pas parfait, j’ai pas compris comment il avait fait certaines choses. Mais hey ! Un jour peut-être que je trouverais. Donc voilà ta safe zone ! J’me sens un peu Pablo Escobar mais promis c’est clean. Même pas d’alcool, je passerai crème en pleine prohibition ! »

En revanche, oui, actuellement il estimait que ce genre de choses n’était pas à négliger.

« Ah et dans l’arrière boutique, derrière le grand placard là, il y a un escalier. Ça mène à un local au dessus. Je sais pas trop quoi en faire mais voilà c’est là. ET le placard en question est habité par un truc qui me ferme la porte à la gueule à chaque fois que j’ouvre les portes. Donc j’ai laissé tombé… »

Tout en parlant – bon dieu mais ce qu’il pouvait parler quand il s’y mettait celui-là ! Un vrai gosse surexcité ! – Takuma laissait Caitlyn découvrir les lieux.

« Voilà, tu sais tout ! J’ai pas d’autres planques en réserve. Ou alors je les ai pas trouvées… Donc si ça te dis, le job est à toi si tu veux bosser dans mon bordel ! » A peine prononçait-il ces mots que ses sourcils se fronçaient. « Wait… je reformule… » Juste de l’humour, la blague, évidente, se devait d’être faite. « Si tu veux tenir la boutique, elle est à toi ! C’est peut-être mieux dit comme ça… » Bien vu genius !

Mais il n’y avait sur ses traits que de la mutinerie amusée.

« Comme ça tu pourras aérer. »

Et un petit clin d’œil pour ponctuer cette présentation bien singulière.
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Takuma Ishida Hayato
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Takuma Ishida Hayato
Dim 18 Avr 2021 - 18:57
Aucune gêne, aucun malaise. Pourtant, il y aurait eu de quoi. Entre sa relation avec Jake, son passif avec Alec, celui de Takuma avec Dakota, avec Aileen, et surtout avec la drogue… Pourtant, rien de tout cela ne semblait pouvoir les éloigner ; au contraire, d’inconnus ils étaient devenus confidents d’une vie après avoir été amants d’une nuit, se livrant l’un à l’autre après s’être explorés. En partant à sa recherche, Caitlyn ne s’était pas attendue à trouver une telle proximité. Elle avait perçu son appel à l’aide là où personne d’autre ne l’avait fait et y avait répondu sans jamais imaginer une telle entente.

« Eeeeet… et c’est pas faux. »

C’était fou à quel point elle l’aimait l’entendre rire, voir la joie sur les traits de son visage mais surtout dans le fond de son regard, autrefois si vide. Takuma avait ça d’incroyable qu’il était sincère, autant dans son mal-être que dans son bonheur. Comme si c’était simple, oui.

« Eh ben tu sais quoi, j’y passerais histoire de découvrir un peu ces lieux. D’autant qu’il faut que je mette une tête sur ceux dont tu me parles. Et puis peut être que j’aurais la chance de tomber sur le type qui sniffe toutes les plantes qui passent alors qu’il est allergique et éternue partout. Tu vois il y a des choses dans la vie à côté desquelles il ne faut pas passer. Ce type en est une ! »

Il ironisait, se donnait en spectacle, comme elle se souvenait de l’avoir vu faire jadis, l’entrainant avec lui dans sa bonne humeur de la même manière qu’il avait toujours entrainé tout le monde. Caitlyn n’était pas dupe, la joie désinvolte de Takuma ne venait pas d’une absence de tourments, probablement n’avait-ce d’ailleurs jamais été le cas. Mais elle n’était pas moins sincère pour autant, faisait partie intégrante de son caractère, autrement qu’un simple masque.

« Dit la seule fille au monde qui a la flemme de transplaner et préfère marcher. »

Elle feignit l’incompréhension, l’innocence, alors qu’il la regardait avec un sourire en coin. Trop tard, il avait aperçu dans le bleu de ses yeux le reflet de celle qu’elle avait pu être. Résistance passive ou presque, à moitié inconsciente qui plus est, mais résistance malgré tout.

« Parle pas trop fort, ça risquerait de dégénérer. »

La vie se répétait, Caitlyn se souvenait de son insouciance et des son sentiment de liberté enfant, se rappelait de sa joie de vivre opiniâtre aux débuts de leur enfermement, se remémorait sa révolte puis sa chute. Où se situait elle aujourd’hui ? Finirait-elle un jour par reprendrait les armes comme elle l’avait fait jadis, incapable de continuer à accepter, à courber l’échine ?

« Boh je vois pas pourquoi tu dis ça. Franchement, qu’est-ce qui pourrait déconner ? Hey j’ai appris du meilleur avec Maxence ! Il a quand même tenu des années sans se faire cramer ! D’ailleurs j’espère que ça a tenu jusqu’au bout son truc. »

Takuma était dans l’anticipation, celle de ramasser des gens à la petite cuiller. Comme à Poudlard, reproduisant grandeur nature ce que lui et ses semblables avaient construit. Caitlyn les admirait, avait toujours voulu faire partie d’eux, tout comme elle avait voulu faire partie des Gardiens. Finalement, Enzo avait peut-être raison en disant qu’elle était solitaire. Qu’elle ne s’intégrait pas. Malgré elle, et le regrettant parfois, se comparant souvent, mais finissant par faire son truc, à sa manière.

« Bien madame ! J’ai essayé de réorganiser les lieux, parce que le vieil apothicaire… disons qu’il avait une façon de ranger bien à lui. Quoi que je suis pas sûr d’être le mieux placé pour juger. M’enfin du coup j’ai globalement fait par zones associées à des grands types de pathologies tu vois ? Du type respiratoires par là, allergiques, gynéco… enfin en vrai je ne sais pas si c’est le mieux parce qu’il y a pas mal de choses qui se retrouvent un peu partout mais du coup j’ai réparti pour qu’un client puisse trouver certaines choses simples par lui-même. J’avais commencé à mettre des petites pancartes explicatives un peu partout il y a quelques mois donc je vais continuer ça. »

Trop ranger et nettoyer cet endroit lui ferait certainement perdre tout son charme et son essence-même. Epousseter et aérer, par contre, ça se tentait, et si certains coins étaient propres, réaménagés par le nouveau propriétaire trop récemment pour que le temps ne les marque à son passage, la plupart des pots et fioles et autres récipients étaient recouverts d’une épaisse couche de poussière, en plus de ne tenir en équilibre que par magie. Et alors que Takuma ouvrait la marche, évoluant entre les étagères et autres meubles et désignant à tour de rôle l’objet dont il était question tout en maintenant une vue d’ensemble, Caitlyn s’attardait sur chaque recoin, sentant ses capteurs olfactifs exploser jusque dans son crâne mais pas moins émerveillée des trésors dont la boutique recelait.

« J’ai mis quelques potions à disposition, mais les plus chères et les plus spécifiques sont derrière le comptoir voire dans l’arrière-boutique. Bon, le polynectar c’est toujours mort hein, il y a une main mise sur les ingrédients, mais j’ai quand même pas mal de choses mine de rien.
- Pas mal de choses, ouais. C’est une manière de voir les choses. »

C’était une mine d’or, ni plus ni moins. Et Caitlyn de se demander, sincèrement, si à la sortie de Poudlard, en dehors des cours et devoirs imposés par les programmes scolaires, il y avait toujours autant de désintérêt voire de dégoût pour la Botanique et les Potions. Elle ne pouvait pas prétendre avoir toujours été emballée par les sujets qu’on leur apprenait en classe, encore moins par certains profs pour ne pas citer Wallenstein, mais ça ne l’avait pas empêchée de voir plus loin, plus large.

« Tient, viens voir… Là t’as un sacré nombre de recueils. Alors j’en ai épluché un certain nombre quand j’ai commencé à bosser ici. Sincèrement, ceux là sont un bon début à intégrer. Par contre ceux là je t’avoue, j’ai lâché. Ah et celui-là mord. Genre les lettres, elles mordent. Non je précise ; si jamais tu t’y perds c’est bon à savoir. Eeeet… voilà. Un tour à l’arrière ça te dit ?
- Un tour à l’arrière, go.
- Tient, vient. Bon alors c’est pas parfait hein… à vrai dire c’est même un foutoir pas possible, j’ai à peine commencé mon tri. Avec le départ certains produits ont trop souffert. »

Il lui tint la porte avec une politesse exagérée, la laissant passer devant lui et descendre les quelques marches d’escalier jusqu’à se retrouver sur un sol en terre battue où s’entassaient les pots, bacs, bouteilles, chaudrons et outils en vrac.

« J’me demande d’ailleurs si c’est pas un mauvais plan pour les moisissure mais bon. A réfléchir à long terme ça. »

Si ça pouvait le rassurer, aucune odeur de moisissure à la ronde. Peut-être l’ancien propriétaire y avait-il pensé, aussi désorganisé soit-il. Des sortilèges, ou tout simplement des plantes contre les moisissures, ça devait bien exister.

« Bon alors j’avais commencé à tout trier dans l’ordre alphabétique mais monsieur le vieux bouc n’était pas chaud. C’est affectueux. Enfin bon… c’est pas probant probant mon truc pour l’instant. »

Un grand sourire aux lèvres, Caitlyn secouait la tête de faux dépit. Avant même qu’elle n’ait pu rétorquer quoi que ce soit, Takuma repartait et l’entrainait à sa suite.

« Oh ! Tient regarde ça ! Tu vois ça là ? »

Et déjà le voilà qui plaçait sa main à l’intérieur d’une étagère, actionnait un levier, et le meuble se mettait à se replier sur lui-même comme un harmonica, faisant grincer le bois et cliqueter le verre sans que jamais rien ne tombe ni ne se casse, jusqu’à laisser apparaitre une porte dans le mur nu.

« C’est cool hein ?
- Trop !
- C’était là avant, j’ai un peu amélioré le truc en réutilisant ce qu’avait fait Maxence. Bon c’est pas parfait, j’ai pas compris comment il avait fait certaines choses. Mais hey ! Un jour peut-être que je trouverais. Donc voilà ta safe zone ! J’me sens un peu Pablo Escobar mais promis c’est clean. Même pas d’alcool, je passerai crème en pleine prohibition ! »

Les-y voilà, à cette fameuse anticipation de ramasser des gens à la petite cuiller. Poussant la porte, Caitlyn s’aventura dans la pièce secrète, s’apprêtant à l’explorer tandis que Takuma reprenait.

« Ah et dans l’arrière boutique, derrière le grand placard là, il y a un escalier. Ça mène à un local au dessus. Je sais pas trop quoi en faire mais voilà c’est là. ET le placard en question est habité par un truc qui me ferme la porte à la gueule à chaque fois que j’ouvre les portes. Donc j’ai laissé tomber… »



« Voilà, tu sais tout ! J’ai pas d’autres planques en réserve. Ou alors je les ai pas trouvées… Donc si ça te dis, le job est à toi si tu veux bosser dans mon bordel ! »

Wut ?

« Wait… je reformule… Si tu veux tenir la boutique, elle est à toi ! C’est peut-être mieux dit comme ça… Comme ça tu pourras aérer. »

Alors finalement Caitlyn céda à cette envie de rire qui la tiraillait depuis qu’il avait commencé sa visite guidée. Femme qui rit… Non, pas encore, mais clairement, elle aimait le voir exalté, d’autant qu’il ne feignait pas la joie.

« T’es conscient que j’ai pas eu le temps de voir la moitié des trucs que tu m’as montrés… ? »

Non parce que s’il connaissait la boutique comme sa poche depuis le temps, elle avait l’impression qu’elle n’avait rien retenu de tout ce qu’il lui avait dit. Sauf pour la safe zone. Et la créature dans le placard. Et les potions dans l’arrière-boutique. Le reste se mélangeait beaucoup trop dans sa tête pour qu’elle ne soit capable de restituer quoi que ce soit. Ou peut-être était-ce dû au fait que son cerveau était paralysé par les odeurs, à défaut que son attention ne soit focalisée dessus, faisant volontairement abstraction.

« Allons voir ce placard ! »

Curieuse, la Caitlyn ? Obstinée, aussi, mais ça il l’avait compris dès le départ. Oui elle aimait les défis, et ça faisait longtemps qu’elle n’en avait pas relevé un. Elle se sentait comme une enfant, pleine de cette excitation à l’idée de découvrir un nouveau jeu. Elle remonta la première les escaliers, et jeta un regard circulaire à la pièce principale, avisant derrière le comptoir l’ouverture menant à l’arrière-boutique et s’y dirigeant sans hésiter. Là, le même désordre régnait sur les tables, un évier dans un coin, l’armoire en question dans l’autre.

« C’est fou à quel point j’ai oublié ce que ça voulait dire d’être sorcier depuis qu’on a quitté Poudlard. Tu crois que les enfants de familles sang-pur vivaient avec des créatures dans leurs greniers et dans leurs jardins ? Non parce qu’à part celles qu’on a vues avec Stoneheaven, j’crois que j’en ai jamais croisé. »

Jusqu’à en faire elle-même partie. Mais ça c’était une autre histoire. Après tout, les moldus pouvaient tout aussi bien être des Loups-Garous que les sorciers.

« J’espère que tu sauras reconnaitre ce que c’est du coup, parce que moi j’suis pas sûre d’y arriver. »

Et s’ils ne savaient pas à quoi ils avaient affaire, ce serait mal parti pour savoir comment s’en débarrasser.

« T’es prêt ? »

Elle attendit son aval, puis toqua à la porte de l’armoire.
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Mar 20 Avr 2021 - 12:15
Miroir ô beau miroir magique au mur...
... qu'est-ce que nos chers amis vont pouvoir
... affronter dans cette armoire ? :ga:

1- Doxy
2- Lutins de cornouailles,
3 -Chaporouge,
4- Chartier,
5- Elfe de maison,
6 - Epouvantard,
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9 - Jobarbille,
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14 - Clabbert
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Takuma Ishida Hayato
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Mer 21 Avr 2021 - 21:08
L’intérêt revenait, signe sans doute que la dépression reculait jour après jour depuis l’arrivée de Caitlyn dans sa vie. Elle avait toujours été une ombre derrière la sienne, un crissement dans le fond de ses neurones, quelque chose qui lui agrippait le cœur comme un monstre pouvait attraper une cheville. Des doigts griffus prêts à l’écraser et l’emporter dans les ténèbres, réduisant la vie à son sens le plus basique, noyant son esprit de questions et d’angoisses. Elle restait là, comme une vieille ennemie. Elle murmurait à son oreille depuis l’enfance, réduisait son champ de vision. Et pourtant, de nouveau, elle reculait. Les raisons exactes, s’il les effleurait sans les nier, le jeune homme les éloignait régulièrement de son esprit, conscient qu’il n’y avait là-dedans pas grand-chose de réellement sain. Il fallait aller mieux, être plus stable, c’était là l’essentiel de ses objectifs. Alors il avançait pas à pas, cherchait à s’éloigner de la pente qui le tentait si désespérément, tentait de ne pas s’accrocher à certaines pensées, les laissant exister sans leur donner l’occasion de lui griffer douloureusement la conscience. Et pourtant, elles étaient là, elles s’infiltraient malgré tout.

Il y avait la notion de ce téléphone qui risquait de sonner, bien sûr. Il y avait surtout ces yeux à la couleur des vagues qui semblaient prendre toutes les informations apportées. Absorbées, les odeurs, emportés, les lieux. Là, un rayon passait dans l’air, y faisant scintiller les grains de poussière dont la lumière s’accrochait comme des millions d’éclats brisés dans les prunelles d’eau. Et son rire, il claquait sur les murs comme pour les fissurer, pour effriter les murailles d’une prison qu’ils avaient connus tous deux. D’ailleurs, ce rire, il se répercutait dans ses prunelles quand ils riaient en cœur, s’accrochait un instant à ses iris, ondulant sur la surface quand elle posait ce regard doux sur lui.

Ouais, ces pensées-là s’imposaient parfois un instant, noyaient le reste comme une nuit passée pouvait ensevelir la réalité. Un baiser sous la lune, deux corps enlacés dans l’eau glacée. Mais l’éclat restait là.

« T’es conscient que j’ai pas eu le temps de voir la moitié des trucs que tu m’as montrés… ? »

L’éclat, il ne luttait pas contre lui, ne cherchait pas à le faire sien, à l’attirer à lui. L’observer illuminer les lieux, lézarder les murailles de son esprit. Rien de plus que ça. Voir flamber l’éclat sans rien demander en retour.

Un sourire sur les lèvres qui terminait par un léger rire claquant dans sa gorge comme dans celle d’un enfant sur le sable avant de se jeter dans les vagues.

« Ouais j’en ai conscience, mais bon d’ici que tu découvres tout ce qu’il y a ici, on aura approximativement cinquante ans donc partant de ce concept j’ai accéléré. » Un souffle amusé passait ses narines. S’il avait intégré les lieux rapidement, sa mémoire un peu particulière n’y était pas étrangère et il le savait parfaitement. D’autant que malgré ça, Takuma continuait de s’étonner de tomber sur telle ou telle herbe, découvrant ça et là des bocaux au contenu inconnu, des étrangetés dans les tiroirs, des caisses de graines étonnantes dont il n’avait pas l’idée du nom. Oui, il en fallait du temps pour connaître ces lieux alors bien sûr, il n’attendait pas à ce qu’elle les intègre si vite.

« Allons voir ce placard ! »

Un nouveau rire à la voir buter ainsi sur un mystère. L’acharnée frappait encore !

« ça m’aurait étonné tient ! »

Ils passaient par l’ouverture et déjà, derrière eux, le mur reprenait sa forme, se refermant en vibrant, les bocaux cliquetant les uns sur les autres sans tomber jusqu’à ce que les lieux aient de nouveau un aspect normal. Il devrait envisager de mettre un sort mutique afin d’éviter que ce bruit ne s’entende de l’extérieur en cas d’urgence.
Prévoyance ? Oui.

« C’est fou à quel point j’ai oublié ce que ça voulait dire d’être sorcier depuis qu’on a quitté Poudlard. Tu crois que les enfants de familles sang-pur vivaient avec des créatures dans leurs greniers et dans leurs jardins ? Non parce qu’à part celles qu’on a vues avec Stoneheaven, j’crois que j’en ai jamais croisé. »
« C’est pas je crois, c’est je suis sûr. J’ai pas grandit parmi les sorciers mais à l’adolescence j’ai découvert quelques familles sang purs et je te confirme. Il y avait des yokaïs dans un lac derrière chez eux. Les gamins allaient les voir le midi, ça semblait choquer personne. Et il y avait une goule dans le grenier chez les parents d’Aileen apparemment. Donc ouais apparemment c’est normal. Je suppose que c’est d’autant plus vrai quand on vit en campagne. »

Et qu’on n’est pas spécialement pété de tunes, aussi.

« Après si les créatures de Stoneheaven te manquent, je t’invite au zoo de la ville hein. »

Le sorcier, celui qui est sous le zoo moldu et qui semble s’étendre sur les miles et des miles.

« J’envisageais d’aller faire un tour dans des coins un peu paumés je ne sais où d’ailleurs. » T’envisage surtout beaucoup trop de choses pour une seule vie mon Takuma. Simple avis personnel. « Si ça te dis de m’accompagner en rando, du coup… »

Un instant, il accrochait son regard, lui souriait puis détournait les yeux pour les poser sur l’armoire et ce, avant qu’une quelconque tension ou sensation d’étrangeté ne les prenne. Déjà, il sortait sa baguette – au cas où – pour observer la porte entre-ouverte qui avait toujours refusé de s’ouvrir.

« J’espère que tu sauras reconnaitre ce que c’est du coup, parce que moi j’suis pas sûre d’y arriver. »
« Eh ben… je vais essayer écoute. »

A force de trainer avec Ismaelle et Maxence, à se fasciner autant pour les créatures magiques que pour la botanique et la médecine magique, Takuma avait engrangé un grand nombre d’informations. Utiles ou non, l’histoire ne nous le disait pas.

« T’es prêt ? »

Un signe de tête et il acquiesçait, ne pouvant s’empêcher de se fendre d’un rire franc et net quand elle… toquait, à l’armoire… et que celle-ci s’ouvrait brusquement. C’était d’ailleurs parce qu’il riait qu’il fut pris de court quand l’oiseau en sorti comme une fusée bleutée.

Un bras au dessus de lui, un geste de recul, une main qui atterrissait sur le bras de Caitlyn un instant sans vraiment intellectualiser le geste et il se ramassait une seconde sur lui-même pour laisser passer l’oiseau qui passait au dessus de sa tête pour rejoindre le plafond où il décrivait des mouvements erratiques sous le regard surpris des deux jeunes gens.

« Merde, comment il a survécu tout ce temps ici tout seul celui-là ?! » Naturellement, Takuma baissait sa baguette, faisait siffler un chuintement doux entre ses lèvres sans approcher l’animal qui, doucement, cessait de décrire des cercles affolés . « Hey ptit père, chh calmes-toi… » Et puis, il se retournait vers la jeune femme avec un air rieur. « Ok, soixante-douzième mission de ce poste si tu l’acceptes : t’occuper de l’oiseau. »

Plissant les paupières pour mieux voir la bestiole, jeune à priori, qui avait fini par s’accrocher à une poutre enhauteur, il ajouta : « Un…. C’est pas un augurey ? J’en ai l’impression…. Ça y est, tu te souviens de ce que c’est que d’être sorcière ? Sur le chemin de traverse, ça risque de plus vite te revenir cela dit. »
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Takuma Ishida Hayato
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Takuma Ishida Hayato
Mer 28 Avr 2021 - 18:26
« Ouais j’en ai conscience, mais bon d’ici que tu découvres tout ce qu’il y a ici, on aura approximativement cinquante ans donc partant de ce concept j’ai accéléré. »



« Et t’es conscient du fait qu’on dirait que t’es en train de sous-entendre que j’ai une mémoire de merde ? »

Non, elle le voyait bien. Autant un peu plus tôt son lapsus était parfaitement maitrisé et voulu, autant celui-ci n’était clairement pas calculé. Et Caitlyn ne pouvait pas manquer une telle occasion de le tacler, grand sourire aux lèvres.

« Ça m’aurait étonné tient ! »

Tout comme il n’en manquait pas une pour se moquer d’elle non plus. Elle le voyait dans son regard, cet amusement de la voir qui s’enjaillait pour chaque détail, s’émerveillait devant chaque broutille. Et s’il n’y avait pas que de l’amusement dans ce regard qu’il posait sur elle lorsqu’elle ne le voyait pas, elle ne se départissait pas de cette légèreté qui leur était propre à chaque fois qu’ils se voyaient.

« C’est pas je crois, c’est je suis sûr. J’ai pas grandi parmi les sorciers mais à l’adolescence j’ai découvert quelques familles sang purs et je te confirme. Il y avait des yokaïs dans un lac derrière chez eux. Les gamins allaient les voir le midi, ça semblait choquer personne. Et il y avait une goule dans le grenier chez les parents d’Aileen apparemment. Donc ouais apparemment c’est normal. Je suppose que c’est d’autant plus vrai quand on vit en campagne. »

Elle rit à nouveau, les anecdotes de Takuma étaient toujours assez improbables et sa manière de les raconter, de se donner en spectacle le plus naturellement du monde, aussi.

« Des Yokais ? »

Non parce que si elle savait encore ce qu’était une goule, elle n’avait littéralement aucune idée de ce qu’elle devait s’imaginer sous le terme Yokai.

« Après si les créatures de Stoneheaven te manquent, je t’invite au Zoo de la ville hein. J’envisageais d’aller faire un tour dans des coins un peu paumés je ne sais où d’ailleurs. Si ça te dit de m’accompagner en rando, du coup… »

Entre le Zoo et la rando, le choix était vite fait.

« Avec plaisir pour une rando ! Le Zoo par contre j’sais pas, j’crois que ça a jamais trop été mon truc de voir des animaux en cage. »

En particulier depuis que sa propre liberté dépendait de l’intégrité de son secret. Et probablement que les créatures magiques étaient effectivement bien mieux loties dans un Zoo sous-terrain dont la superficie était amplifiée par les sortilèges sur des miles que dans leurs habitats naturels à la merci des humains, mais elle ne pouvait s’empêcher d’y voir quelque chose d’assez malsain que de les observer comme des bibelots dans une vitrine.

Quant à celui que Takuma avait dans un placard, elle ne savait pas trop à quoi s’attendre. Plus par réflexe qu’autre chose, parce qu’elle n’avait finalement jamais été la Miss-Je-Sais-Tout que voyaient en elle Doryan et Wallenstein, elle affirma qu’elle avait des lacunes en Magizoologie. Ce qui face au QI de Takuma n’était certainement pas un mensonge, même si en réalité elle avait toujours été parmi les meilleurs de sa classe, quand bien même elle n’avait pas baigné dans l’univers sorcier contrairement à la plupart de ses amis.

« Eh ben… je vais essayer écoute. »

Déjà, elle sentait son cœur s’emballer et son ventre se nouer d’excitation mêlée à une certaine appréhension à l’idée de ce qui suivrait. Sa baguette n’attendait que le signal pour quitter son étui sur son avant-bras et venir rejoindre sa main droite tandis que Takuma dégainait d’ores et déjà la sienne en la voyant qui s’approchait de la vieille armoire… et éclatait de rire quand elle toqua à la porte avec tout le sérieux du monde.

Porte qui s’ouvrit à la volée, la faisant sursauter et faire un bond de côté alors que Takuma attrapait son bras en se baissant, sa main libre devant son visage en guise de bouclier. Mais, loin de manifester la moindre envie de les attaquer, l’oiseau tournoyait au plafond, plus affolé qu’eux.

« Hé, tout doux, c’est rien, tout va bien. »

Voix grave, posée, presque chantonnante alors qu’il lui semblait sentir la panique de l’animal, sa détresse surtout.

« Merde, comment il a survécu tout ce temps ici tout seul celui-là ?! Hey ptit père, chh calmes-toi… »

Il avait l’air de n’avoir que les plumes sur les os, longues et luisantes, noires aux reflets émeraude, et alors que Takuma prenait le relais pour tenter de le rassurer, Caitlyn le détaillait du regard en essayant de se souvenir de ses cours de SACM.

« Ok, soixante-douzième mission de ce poste si tu l’acceptes : t’occuper de l’oiseau.
-  Tu viens de me convaincre. »

Et elle rit de nouveau.

« Un…. C’est pas un Augurey ? J’en ai l’impression….
- Ah oui, oui c’est ça, un Augurey ! J’me disais bien que ça me disait quelque chose ! »

Mais les descriptions dans les manuels et les explications de Stoneheaven avaient beau être précises, ce n’était jamais la même chose qu’en vrai.

« Ça y est, tu te souviens de ce que c’est que d’être sorcière ? Sur le chemin de traverse, ça risque de plus vite te revenir cela dit.
- J’commence surtout à me demander si je l’ai vraiment été un jour ! »

Culturellement parlant. Les connaissances et les capacités, elle les avait. Mais le sentiment d’appartenance, c’était autre chose. Et alors qu’elle y réfléchissait, elle se rendit compte que ce qu’elle avait toujours considéré comme une force, une richesse, avait finalement un arrière-goût d’incomplet. Elle semblait à l’aise dans les deux mondes, ne l’était en réalité ni dans l’un ni dans l’autre. Peut-être celui des créatures serait-il le bon ?

« Faut qu’on lui trouve un autre endroit pour dormir. Et un truc à manger aussi. Ça mange quoi les Augurey ? À vue de nez, ça a pas trop une tête de végétarien… »

Elle se tourna vers l’armoire sans franchement y réfléchir, et y trouva suspendu à la tringle une sorte d’énorme cocon tissé de paille et de brindilles et enveloppé de toiles d’araignées.

« J’crois que j’ai trouvé son nid. »

Pas sûr que le faire déménager soit une bonne idée. Avisant l’évier dans l’autre coin de la pièce, elle passa sous l’oiseau, attrapant une vieille casserole au passage pour la remplir d’eau et la déposer sur le plan de travail pendant que Takuma allait chercher quelque chose à manger.

« On devrait le laisser se calmer. On peut aller voir en haut en attendant ! »
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Dim 2 Mai 2021 - 20:15
« Et t’es conscient du fait qu’on dirait que t’es en train de sous-entendre que j’ai une mémoire de merde ? »
« Non madame, je dis que ces lieux sont une caverne d’Ali Baba, mais cette interprétation en revanche en dit beaucoup sur toi. »

Il la fixait avec un petit sourire. Est-ce qu’elle savait pour ce secret qu’il avait gardé pour lui bien des années et qui avait fait le tour de l’école dès lors que les autres avaient appris ? Le gamin bizarre et un peu con n’était plus que bizarre. Très bizarre et trop intelligent. Trop rapide, trop étrange aussi. Ne pas avouer ce statut-là avait été une façon de se protéger du regard des autres également, de leurs préjugés. A présent, il ne s’en cachait pas, oui, il avait intégré bien des choses ici et ce, à une vitesse impressionnante. Takuma continuait même à se dire que si le vieux lui avait donné ces lieux, c’était en partie pour ça. Mais il n’y avait pas de trace de malaise, de souffrance ou de vexation entre eux, simplement des piques échangées dans la bonne humeur. Sans doute se cherchaient-ils un peu, admettons-le. Mais l’échange se faisait toujours avec une légèreté partagée.

« Des Yokais ? »
« Ouais, des créatures de chez moi. Le terme en regroupe pas mal. Je sais que ces gens-là avaient des amabié, c’est… comment décrire ça ? Des genre de sirènes à trois queues qui sortent de l’eau pour balancer des prophéties. »

Il y avait quelque chose d’amusant à constater qu’il en savait finalement plus sur le monde magique d’occident que celui d’où il était originaire.

« Avec plaisir pour une rando ! Le Zoo par contre j’sais pas, j’crois que ça a jamais trop été mon truc de voir des animaux en cage. »
« Vu les lieux, le terme de cage est plus que sévèrement exagéré, mais je comprends. »

La réalité, c’était que malheureusement, avec l’implantation des moldus de plus en plus profondément jusque dans les contrées autrefois désertées, les créatures magiques trouvaient de moins en moins d’espace et leur nombre se raréfiait par conséquence directe. Ces lieux étaient donc nécessaires, leur permettant d’évoluer dans de grands espaces sécurisés. Quant à l’idée de se faire de l’argent là-dessus ? Le sujet était bien évidemment fortement discutable.

« Il y a pas mal de coins dans les montagnes par chez moi qui sont à l’origine de beaucoup de mythes moldus. J’suis beaucoup mieux renseigné sur la magie dans le coin donc je me dis que ça serait une occasion d’en découvrir un peu plus sur… bah, mes origines en quelque sorte. Donc si ça te dis, tu es la bienvenue. » C’était sans doute un peu exagéré de parler d’origines, mais oui, il appartenait au monde magique et l’avait renié durant toute son enfance et son adolescence, il semblait donc à présent urgent d’en découvrir un peu plus. D’autant que s’il s’était intéressé au tissage de sorts et aux runes relativement rapidement à l’adolescence, les créatures et autres aspects de la magie asiatique étaient pour lui un véritable mystère.

Un peu comme cette armoire, d’ailleurs, dont le contenu n’avait pas tardé à s’envoler à tire d’aile au dessus d’eux dans une panique palpable.
C’était pourtant avec une voix douce et posée que Caitlyn l’apaisait de concert avec Takuma qui posait un regard tendre sur elle un instant avant de le poser de nouveau sur l’animal.

« Hé, tout doux, c’est rien, tout va bien. »

Pourtant, pour l’instant, ils n’avaient pas grand-chose à faire d’autre que de montrer qu’ils n’avaient rien de menaçant pour l’animal. Alors de nouveau, ils riaient, réflexion sur réflexion, l’amusement témoignant à la fois de leur bonne humeur et de cette légèreté essentielle qui s’insinuait toujours comme malgré eux.

- Ah oui, oui c’est ça, un Augurey ! J’me disais bien que ça me disait quelque chose ! »
« J’voyais ça carrément plus grand. C’est peut-être un jeune. » En plus d’être particulièrement maigrichon.

De nouveau, le jeune homme se moquait d’elle, insinuant qu’à présent, elle ne pouvait que se sentir un peu plus sorcière. Et encore, l’armoire ne leur avait pas caché quelque chose de plus spécifique comme un épouvantard ou quelque chose de cet ordre-là.

- J’commence surtout à me demander si je l’ai vraiment été un jour ! »

Un petit sourire aux lèvres, le jeune homme comprenait ce qu’elle voulait dire. Le cul entre deux chaises, il ressentait la même chose, comme s’il n’avait jamais fait qu’effleurer chacun des deux mondes sans vraiment appartenir à aucun d’entre eux. « Je suppose que c’est le ressenti de pas mal de sangs mêlés ou de nés moldus tu sais. C’est ça hein, je ne me plante pas, tu es une mêlée ? »

Issue des deux mondes, il ne savait finalement pas quelle avait été son enfance et s’il sentait sur quel terrain glissant il s’engageait, le jeune homme le faisait tout de même, lui laissant la possibilité de s’esquiver, de ne pas développer outre mesure si elle voulait fuir la discussion.

« Faut qu’on lui trouve un autre endroit pour dormir. Et un truc à manger aussi. Ça mange quoi les Augurey ? À vue de nez, ça a pas trop une tête de végétarien… »
« Euh ouais, aucune idée. Je vais envoyer un texto à Enzo, il demandera à StoneHeaven parce que là je sèche.. »
« J’crois que j’ai trouvé son nid. »

Demi-tour toutes, Takuma posait son regard sur l’intérieur de l’armoire, découvrant en effet un entrebat de plumes, de poils piochés il ne savait où et de brindilles.

« En effet ! … N’empêche que je maintiens que c’est un jeune. C’est censé avoir la taille d’un phœnix ! Ça n’a pas cette taille un phœnix…  » Merci pour cette réflexion hautement cohérente.

L’observant faire, Takuma regardait Caitlyn sortir une vieille casserole dans laquelle bien des élixirs avaient été préparés, avant de la remplir d’eau pour la laisser à disposition de l’animal qui les observait, inquiet et alerte, du haut de son perchoir.

« On devrait le laisser se calmer. On peut aller voir en haut en attendant ! »
« Ouais, t’as raison. »

Par acquis de conscience, Takuma s’était simplement retourné, refermant les portes de l’armoire qui se refermaient… avant de toquer de nouveau, les observant s’ouvrir de nouveau en lâchant un petit rire amusé. « Ok, bon à savoir…. » Un sort la protégeait sans doute. Peut-être l’oiseau avait-il appris à toquer de lui-même, faisant des allers retours, se nourrissant quand il ne s’y réfugiait pas. Ou peut-être s’était-il retrouvé enfermé en jouant à ce petit jeu et ce, par erreur.

« Bon, allez on le laisse, je te montre le local. »

Bientôt, donc, ils montaient les marches pour arriver au pallier du dessus. Derrière eux, l’escalier devenait collimassion, montant encore au dessus sans qu’ils ne l’empruntent, entrant donc dans le local qui avait dû être un ancien appartement à l’origine. Les lieux étaient pourtant encombrés de cartons et d’un bazar assez phénoménal, se répandant jusque sur ce qu’on devinait être une vieille cuisine sorcière, sans doute uniquement utilisée pour réaliser certains baumes, onguents, filtres ou potions. Là, il avait dégagé un canapé. Et la pièce derrière ? Impraticable tant tout s’y accumulait.

« Ah non mais quand je te dis qu’en bas j’ai rangé, je déconne pas hein ! Là j’te promets, c’est propre ! Ici franchement…. J’ai dégagé le canapé pour pouvoir m’y poser, mais j’ai vite abandonné le reste. J’suis à peu près sûr qu’il y a des trucs non identifiés dans la chambre derrière. Genre des doxys ou autre… et le pire c’est que ça lui semblait normal à lui tout ça. Je sais que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs confitures, mais bon là c’est peu être pousser un peu loin le concept. » D’où la casserole en bas, oui, Takuma avait choisi la facilité en déportant le problème en bas.
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Takuma Ishida Hayato
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Takuma Ishida Hayato
Mer 5 Mai 2021 - 2:03
« Non madame, je dis que ces lieux sont une caverne d’Ali Baba, mais cette interprétation en revanche en dit beaucoup sur toi.
- Mouais. »

Faussement sceptique, elle finit par lâcher un sourire, celui-là même qui ne semblait pas vouloir la quitter à chaque fois qu’elle discutait avec lui, miroir du sien qui illuminait son visage et son regard et qu’elle aimait tant. L’espace d’un instant, elle fut tentée de lui demander ce qu’il avait bien pu saisir d’elle depuis qu’ils se connaissaient. À quel point l’avait-il cernée ? Sachant qu’elle n’avait jamais tellement cherché à lui cacher quoi que ce soit… Sachant qu’elle-même avait l’impression de le comprendre si facilement, si naturellement…  Oui, c’était facile avec lui, naturel, aussi bien dans les moments graves que dans ceux empreints de légèreté.

« Ouais, des créatures de chez moi. Le terme en regroupe pas mal. Je sais que ces gens-là avaient des amabié, c’est… comment décrire ça ? Des genre de sirènes à trois queues qui sortent de l’eau pour balancer des prophéties. »

Elle écoutait avec un intérêt non-feint, réalisant que quelque part, les cours lui manquaient. Après sa fuite de Poudlard, elle s’était consacrée à la recherche d’un travail, d’un logement, de quoi gagner sa vie, sans penser ne serait-ce que l’espace d’un instant à l’école, comme ne voulant plus en entendre parler. Elle se souvenait de ces lettres échangées avec Elias, où il s’étonnait de son parcours, lui conseillait de reprendre une formation, de réaliser son potentiel… et de sa réponse par la négative, désintéressée. De son envie de faire une pause, quelque part. Mais de plus en plus, elle se rendait compte qu’elle voulait retourner sur les bancs de l’école, apprendre, raisonner.

« C’est super intéressant ! »

Les dimanches soir étaient d’ailleurs devenus ses instants préférés depuis que Miss Blunt lui donnait des cours de potions, et elle les attendait avec impatience d’une semaine à l’autre.

« Vu les lieux, le terme de cage est plus que sévèrement exagéré, mais je comprends. »

Elle se perdit dans ses réflexions l’espace de quelques secondes. Quelque part, le Zoo était à la fois une réserve naturelle où les créatures magiques étaient en sécurité, à l’abri du regard des Moldus ainsi que de celui des Sorciers qui bien qu’autorisés à les voir n’étaient pas forcément plus tolérants de leur présence sur les terres qu’ils s’appropriaient, et à la fois un puits de connaissances pour qui s’intéressait à la Magizoologie. Autant d’arguments en faveur d’une visite, ou plusieurs. Mais elle n’était vraiment pas sûre de supporter la vision des autres visiteurs, ceux qui venaient parfois seulement pour le spectacle, la consommation, voire avec des intentions plus sombres encore. Ceux qui n’hésiteraient pas à la mettre en cage également.

« Il y a pas mal de coins dans les montagnes par chez moi qui sont à l’origine de beaucoup de mythes moldus. J’suis beaucoup mieux renseigné sur la magie dans le coin donc je me dis que ça serait une occasion d’en découvrir un peu plus sur… bah, mes origines en quelque sorte. Donc si ça te dis, tu es la bienvenue. »

Elle hocha la tête.

« Quand tu veux ! Sauf le week-end prochain, mais volontiers pour celui d’après par exemple ! »

Elle venait de promettre à Jake de passer un peu plus de temps avec lui, ce n’était pas pour se barrer avec Takuma à l’autre bout du monde à la place ! Et puis, quelques jours avant la Pleine Lune, ce n’était pas forcément une bonne idée de partir à la recherche de créatures magiques ou autres mythes et légendes. Était-ce pour cela qu’elle avait l’impression de sentir les émotions de l’oiseau qu’ils venaient d’effrayer. En même temps, ce n’était probablement pas compliqué de comprendre qu’il était paniqué, vu comment il tournoyait au plafond.

« J’voyais ça carrément plus grand. C’est peut-être un jeune.
- Si je me souviens bien c’est une sorte de vautour donc ouais ya moyen qu’il grandisse encore un peu, ouais. »

Oui, les connaissances elle les avait. La mémoire également. De loin pas celle de Takuma, clairement, mais assez pour avoir toujours été parmi les meilleurs de sa classe, surtout dans ces matières qui n’étaient pas au goût de ses camarades, que ce soit la Botanique ou les Potions ou justement les SACM. Assez pour avoir plusieurs fois été traitée de Miss Je Sais Tout, y compris par les profs. Était-ce pour ça que Takuma s’était longtemps caché de ses capacités cognitives hors normes ?

« Je suppose que c’est le ressenti de pas mal de sangs mêlés ou de nés moldus tu sais. C’est ça hein, je ne me plante pas, tu es une mêlée ?
- C’est bien ça. »

Une mêlée. Assez drôle comme formulation…

« Mes parents étaient nés-moldus tous les deux alors ouais c’était ni l’un ni l’autre à la maison. Les nés-moldus au moins c’est clair, et certains sang-mêlés vivent comme des sorciers de sang pur si l’union à un moldu date d’il y a assez longtemps, mais j’avoue qu’en y repensant, à la maison, c’était ni purement moldu, ni totalement sorcier. »

Elle n’y avait jamais vraiment réfléchi, s’était toujours sentie plus à l’aise dans le monde moldu que dans celui des sorciers, y compris lorsqu’elle était à Poudlard, regrettant l’absence de certaines technologies ne serait-ce que l’éclairage électrique, mais aujourd’hui, elle sentait bien qu’elle n’y appartenait plus. Était-ce à cause de ce qu’elle avait vécu à Poudlard ? Ou à cause de son alter ego ? Quoi qu’il en soit, ça ne l’aidait pas à savoir quoi faire de l’oiseau, ne serait-ce que pour lui donner à manger.

« Euh ouais, aucune idée. Je vais envoyer un texto à Enzo, il demandera à StoneHeaven parce que là je sèche.. »

Et son nid en forme de larme accroché à la barre avec les cintres, et le sol de l’armoire recouvert de plumes et d’excréments qui se rajoutaient aux odeurs bien assez fortes déjà de la boutique… Elle se promit de faire le ménage ici aussi, mais en attenant, le mieux serait de laisser l’oiseau tranquille un moment pour qu’il puisse finir de se calmer.

« Ouais, t’as raison. »

Et Takuma de refermer les portes de l’armoire puis de toquer à nouveau dessus et les regarder s’ouvrir. Manifestement, encore un sortilège qui les avait maintenues fermées pour quiconque tentait de s’y introduire sans s’être annoncé au préalable.

« Ok, bon à savoir… »

Elle souffla du nez, amusée, secouant la tête de droite à gauche avant de hausser les épaules.

« Bon, allez on le laisse, je te montre le local. »

Elle le suivit dans l’escalier secret jusqu’à arriver dans une pièce encore plus encombrée que la cave, pleine de cartons, vieille vaisselle et meubles anciens dont seul le canapé semblait libre.

« Oh la la…
- Ah non mais quand je te dis qu’en bas j’ai rangé, je déconne pas hein ! Là j’te promets, c’est propre ! Ici franchement…. J’ai dégagé le canapé pour pouvoir m’y poser, mais j’ai vite abandonné le reste. J’suis à peu près sûr qu’il y a des trucs non identifiés dans la chambre derrière. Genre des doxys ou autre… et le pire c’est que ça lui semblait normal à lui tout ça. Je sais que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures, mais bon là c’est peu être pousser un peu loin le concept.
- … Dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures… »

Quel rapport au juste ?

« Je vois. C’est vrai que par rapport à ici, c’est carrément aseptisé en bas ! C’était pas un vieux bouc l’ancien proprio, c’était un grand malade qui amassait tout et ne jetait jamais rien oui ! »

Elle était découragée d’avance à l’idée de devoir mettre de l’ordre dans tout ça. À vrai dire, elle en était à envisager de tout balancer, ça serait plus simple !

« En vrai pour le ménage heureusement qu’on a la Magie. Non parce que la technologie moldue c’est sympa un moment mais j’crois que là si on n’avait rien d’autre qu’un aspirateur faudrait compter des mois. »

Alors qu’avec quelques coups de baguette, la poussière et la crasse seraient loin et ça serait tout de suite plus engageant pour trier et ranger. Et à force de faire le ménage dans les bureaux le soir, elle connaissait les sortilèges les plus efficaces. Joignant le geste à la parole, elle commença par ouvrir la fenêtre de l’autre côté de la pièce, puis lança quelques Récurvite aux divers recoins de la pièce, avant d’y rajouter quelques Tergeo.

« Désolée c’était trop tentant. Trop nécessaire surtout, en vrai. Mais on peut redescendre s’occuper de la boutique et de l’arrière-boutique d’abord, c’est plus important. À moins que tu veuilles dormir là ? L’ancien proprio dormait où au juste ? »

Une fois qu’ils eurent décidé par où commencer (ouais j’te laisse voir si tu veux qu’ils redescendent dans la boutique ou qu’ils restent dans le local), elle s’assit sur une caisse en bois et rattacha ses cheveux en un chignon.

« Bon par contre il va me falloir un peu de musique je pense ! »

Parce que la musique pendant une session de ménage, c’était la vie. Et parce que sauter du coq à l’âne c’était la vie aussi, elle enchaina sans transition :

« On pourrait l’appeler Narnia ! C’est pas un lion mais il vivait dans une armoire, ça compte non ? »

Puis illumination :

« Ah pis ya Rainbow qui pourra vivre ici du coup, ou en tout cas me rendre visite plus facilement ! J'espère qu'ils vont bien s'entendre ! »

Petite pensée pour Aeliane et l'herboristerie de ses parents à Dublin. Ouais j'modifie un peu, j'crois que la joueuse avait dit qu'ils étaient sur le Chemin de Traverse mais j'ai pas envie ^^'
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Mer 5 Mai 2021 - 11:09
« Quand tu veux ! Sauf le week-end prochain, mais volontiers pour celui d’après par exemple ! »

Oui, le weekend prochain, elle le passait avec Jakob, elle le lui avait dit. Peut-être y avait-il quelque chose de dérangeant à ce qu’il lui propose cette randonnée ? Ou du moins, peut-être y aurait-il y avoir quelque chose de gênant là dedans, et pourtant aucun flottement à l’horizon. Parce qu’il ne comptait rien faire, sans doute, parce qu’elle non plus, selon toute vraisemblance. Parce qu’ils avaient du mal, dans tous les cas, à insuffler une quelconque lourdeur dans cette relation qui n’appartenait qu’à eux, qui se faisait en douceur, sans que de quelconques regrets ne viennent l’entacher. Peut-être y avait-il une part de déni. Peut-être ne l’envisageait-elle simplement pas. Peut-être était-ce juste une pause parmi la folie du monde. Dans tous les cas, ça lui convenait. Et la perspective de cette randonnée, sortie de nulle part dans son esprit, aussi.

- Si je me souviens bien c’est une sorte de vautour donc ouais ya moyen qu’il grandisse encore un peu, ouais. »
« Faut vraiment que je me méfie des inconnus qui me filent des bonbons moi… »

Les lèvres ramenées en avant dans un air sceptique, le jeune homme observait l’animal un brin inquiet, un brin désabusé par ce que la vie lui réservait parfois. Bien sûr, il parlait de l’héritage improbable que l’homme lui avait réservé. A savoir : sa boutique.
Finalement, le jeune homme s’était engagé sur une voie peut-être instable : celle des parents de la jeune femme. S’il avait bien compris qu’ils étaient décédés, aborder le sujet pouvait être mal vécu. Pour autant taire la mémoire des morts peut être plus douloureux encore. Alors il avançait à tâtons, doucement, prêt à faire demi-tour si besoin, ne voulant surtout pas la blesser de quelque manière que ce soit. Mais toujours curieux de la connaître un peu mieux.

« Mes parents étaient nés-moldus tous les deux alors ouais c’était ni l’un ni l’autre à la maison. Les nés-moldus au moins c’est clair, et certains sang-mêlés vivent comme des sorciers de sang pur si l’union à un moldu date d’il y a assez longtemps, mais j’avoue qu’en y repensant, à la maison, c’était ni purement moldu, ni totalement sorcier. »

Ça semblait passer.

« Ouais, clairement ça te laisse le cul entre deux chaises. Un peu comme les gosses qui ont deux nationalités, c’est pas toujours simple de se reconnaître dans un monde plutôt qu’un autre. On fini par ne plus vraiment savoir trop où se situer. »

Où en était-il lui vis-à-vis de ça ? Que ce soit culturellement entre deux pays ou entre deux mondes, il n’avait aucune idée de ce à quoi il appartenait, devenant un melting-pot, un imbroglio d’influences différentes. Où se situait-il ? Aucune idée.

Finalement, les deux jeunes gens avaient laissé l’animal tranquille, montant à l’étage où Caitlyn restait bouche-bée face au désordre ambiant. Eh oui, cette partie, Takuma ne s’en était quasiment pas occupé et ça se voyait. D’un naturel exubérant et vif, lui-même passait sans cesse d’une chose à l’autre, se mettant à fond dans une chose, mais ayant souvent tendance à switcher de sujet dès qu’il avait eu satisfaction, il n’était pas aberrant de dire qu’il pouvait être bordélique…. Mais même pour lui, là, c‘était trop. Beaucoup trop même.

- … Dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures… »
« Quoi, c’est pas ça que ça veut dire ? » S’exprimer dans une langue qui n’est pas sa langue maternelle, et notamment à travers des expressions imagées, ça n’est pas toujours si simple que ça. Quelqu’un risque ici de valider mes dires… « Quand on fait un thé, mieux vaut utiliser une vieille théière qui n’a jamais été lavée, les tanins imprègnent la faïence poreuse et libèrent plus de saveur. C’était mon idée. » Peut-être n’était-ce qu’une habitude de chez lui. D’ailleurs il doutait d’avoir déjà vu la moindre théière anglaise marquée comme le pouvaient l’être celles de « chez lui ». Enfin, toujours était-il qu’il comparait ce qu’on pouvait prendre pour un manque d’hygiène à ce qui s’était passé ici où le propriétaire avait clairement lâché l’affaire depuis longtemps.

« Je vois. C’est vrai que par rapport à ici, c’est carrément aseptisé en bas ! C’était pas un vieux bouc l’ancien proprio, c’était un grand malade qui amassait tout et ne jetait jamais rien oui ! »
« Eh ouais… je sais… Pourquoi tu crois que je me suis barré à l’autre bout du monde ? »

Certainement pas pour fuir le bordel du coin, c’était certain et elle en avait conscience, mais autant en rire non ?

« En vrai pour le ménage heureusement qu’on a la Magie. Non parce que la technologie moldue c’est sympa un moment mais j’crois que là si on n’avait rien d’autre qu’un aspirateur faudrait compter des mois. »
« Clairement ouais. D’autant que j’suis pas sûr que les crottes de doxy, ça se lave bien à coup de vinaigre… »

Et déjà, il l’observait avec un sourire en coin se mettre à nettoyer quelques coins, récurant certaines zones avant même de les avoir désencombrées après avoir ouvert la fenêtre. Définitivement, les odeurs du coin la gênaient. Etait-ce lui qui n’y était pas assez sensible, insensibilisé par sa présence dans les lieux ?
Lorsque la fenêtre s’ouvrait, elle soulevait dans un petit nuage fin la poussière des lieux qui se mettait à voleter autour d’elle, scintillant dans la lumière de l’extérieur qui accrochait les traits si fin de la jeune femme à l’air concentré. Sans doute le sourire en coin se chargeait-il alors d’une certaine forme de tendresse, l’observant un instant, ses sourcils froncés, ses lèvres pincées, ce petit air mutin et buté qui donnait à ses traits quelque chose d’une candeur charmante.

« Désolée c’était trop tentant. Trop nécessaire surtout, en vrai. Mais on peut redescendre s’occuper de la boutique et de l’arrière-boutique d’abord, c’est plus important. À moins que tu veuilles dormir là ? L’ancien proprio dormait où au juste ? »

Raccroche à la réalité, Takuma.

« Hm ? Euh aucune idée. Si ça se trouve il dormait là dans tout le bordel et j’en avais aucune idée. Mais il est souvent arrivé qu’il ne soit pas là quand j’arrivais le matin et que j’ouvrais la boutique donc j’en doute. Il a pas poussé le vice jusqu’à m’offrir son appart. » Ce qui aurait été encore plus bizarre que ce coup de tête qu’il avait déjà eu à lui faire hériter des lieux comme ça, sans préambule, comme un caprice soudain.  « T’as vraiment en tête de nettoyer là maintenant tout de suite ?! »De toute évidence…. « Pour l’instant je suis bien à faire la tournée des hôtels du coin, ça a quelque chose de moins… définitif. Mais c’est toujours bon d’avoir ce type d’options. » Pour lui ou pour d’autres d’ailleurs. « Eh puis c’est mieux de laisser l’oiseau tranquille d’ailleurs. Donc allons-y, autant se faire du mal vu que tu sembles motivée… » Il ne l’imaginait pas débarquer et se décider soudainement à tout nettoyer, prenant les choses en main sans attendre, mais après tout pourquoi pas. D’ailleurs il n’aurait même pas dû en être étonné. Cette femme était un boulet de canon, elle faisait, et à travers ce regard vif, il lui semblait que rien ne pourrait lui résister.

Pas même ce foutoir d’ailleurs.

Dégageant quelques cartons d’un coup de baguette, il en attirant un à lui, le poussait pour trouver ce qu’il avait posé derrière quelques semaines plus tôt.

« Celui-là est ensorcelé, on peut y balancer ce qu’on veut histoire de stocker et tout jeter d’un coup. J’avais acheté ça dans un coup de motivation pour le bas. Je l’ai monté pour commencer ici et… la motivation s’est cassée du côté de la Thaïlande, grosso merdo. »

Loin, très loin. En se retournant, il la voyait s’assoir pour s’attacher les cheveux, une mèche accrochant un instant le coin de ses lèvres. Et rien qu’une seconde, comme un flash devant ses prunelles, il se projetait dans le passé, contre son corps. Juste un instant avant que l’image ne s’efface comme elle était venue.

« Bon par contre il va me falloir un peu de musique je pense ! »
« Bon plan ça ! »

Baguette à la main, il jetait un accio et le téléphone laissé sur le bar s’envolait pour remonter jusque dans sa main. Coup de chance, le coin était assez isolé pour que l’appareil fonctionne normalement. Ainsi, pendant qu’il cherchait l’application en questin, la jeune femme reprit.

« On pourrait l’appeler Narnia ! C’est pas un lion mais il vivait dans une armoire, ça compte non ? »
« Ah pas mal ça comme nom !! » Oui, il les avait lus. Ça étonne quelqu’un ici ? « Ah pis ya Rainbow qui pourra vivre ici du coup, ou en tout cas me rendre visite plus facilement ! J'espère qu'ils vont bien s'entendre ! »

Un instant de trouble dans ses yeux en relevant le regard sur elle, activant une playlist aléatoire, augmentant le son avant de poser l’appareil là où il ne dérangerait pas.

« Rainbow ? »

Aeliane ?

Fiona ?
Shrek ?
L’ÂNE ?!

Ebouriffant ses cheveux gris aux reflets bleutés, Takuma inspirait profondément en fixant le capharnaüm. « Bon ben quand ‘faut y aller hein… Puisque t’as l’air décidée, on va dire que je le suis. » Ce que femme veut, hein…. Oui, c’était pour lui qu’elle faisait ça, il en avait parfaitement conscience, et cette volonté farouche, elle l’amusait autant qu’elle l’impressionnait. Clairement, si ça ne tenait qu’à lui, ils seraient allés boire un verre ailleurs… raison pour laquelle en deux mois, il n’avait pas terminé de s’occuper des lieux, sans doute.

Ainsi, il s’était décidé à faire du tri, penché sur le bazar, Takuma envoyait valser dans le carton ensorcelé ce qui ne servait plus, paraissait périmé ou trop abimé… ou simplement ce qu’il n’avait pas la foi de ranger. Ce qui avait de la valeur, en revanche, il l’envoyait dans une autre partie de la pièce. Au vu de l’état des lieux, il fallait commencer par désencombrer, ranger dans l’arrière boutique ou ailleurs ce qui pouvait servir, nettoyer l’intégralité des trois pièces, puis réorganiser les lieux.

« C’est quoi ce que tu as utilisé tout à l’heure ? Tergoo ? »

Il n’avait pas bien entendu, ou bien intégré, un peu trop ailleurs pour réellement faire attention. Et non, le petit géni ne savait pas tout, et certainement pas en terme de ménages.

La tête dans un carton, il en sortait un sachet non identifié, s’apprêtait à envoyer l’ensemble dans le carton décharge, une grimace de dégout sur le visage quand la musique avait changé. Il ne lui avait fallu qu’une fraction de seconde à comprendre quel morceau s’était enclenché, joie de l’aléatoire. Et s’il sautait sur le téléphone, ce serait légèrement suspect. Alors il était resté là, suspendant un instant son geste en entendant les notes vives, saturées d’énergie se répandre dans la pièce… puis sa voix s’élever. La sienne. Pinçant les lèvres, il fermait les paupières un instant. Combien de temps avant qu’elle ne le grille au juste ?
Récemment, sur un coup de tête, Takuma avait fait ce qu’il ne faisait jamais : il s’était replongé dans d’anciens morceaux qu’il avait pu enregistrer et se trouvaient sur youtube. Il y avait même là un concert, perdu dans les méandres d’internet. L’algorithme avait enregistré cet intérêt soudain et le lui faisait payer à présent.

« T’en connais d’autres comme ça, qui pourraient nous servir ? »

C’est ça, fait ton innocent…
Il balançait le sac avec le reste du carton, tentant d’attirer son attention sur autre chose.
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Takuma Ishida Hayato
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Takuma Ishida Hayato
Dim 30 Mai 2021 - 11:52
Caitlyn tient le téléphone de Takuma. Va-t-il recevoir un appel du dealer de drogues à ce moment-là ?

O (optimal) ; E (effort exceptionnel) ; A (acceptable) ; P (piètre) ==> oui, le téléphone sonne
D (désolant) ; T (troll) ==> non, le téléphone ne sonne pas

(ouais j'ai mis les chances de mon côté :gla: 4 contre 2 xD :999:)

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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Dim 30 Mai 2021 - 11:52
Le membre 'Caitlyn Louise Twain' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


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Dim 30 Mai 2021 - 12:14
« Faut vraiment que je me méfie des inconnus qui me filent des bonbons moi… »

Nouveau rire alors que Takuma prenait un air perplexe, parfaitement sérieux, observant l’animal dont il venait d’hériter. Cadeau empoisonné ? Si peu. Quelque chose lui disait que ce n’était pas la première fois qu’il s’était sinon fait avoir par les dernières volontés d’un inconnu excentrique, du moins retrouvé dans une situation improbable sans l’avoir vue venir et surtout sans avoir rien demandé à personne.

« Ouais, clairement ça te laisse le cul entre deux chaises. Un peu comme les gosses qui ont deux nationalités, c’est pas toujours simple de se reconnaître dans un monde plutôt qu’un autre. On finit par ne plus vraiment savoir trop où se situer. »

Elle hocha la tête, l’écoutant se confier à mi-mots, s’avouer une fois de plus perdu, partagé. Elle savait le poids qui pesait à ses chevilles alors qu’il s’efforçait de garder la tête hors de l’eau, quand n’importe qui d’autre le voyait comme certes jeune et inexpérimenté mais menant sa barque avec détermination malgré les vagues et les courant. Une fois de plus, elle percevait en lui le reflet de ses fêlures, l’écho de ses tourments.

C’était fou à quel point c’était facile d’aborder des sujets douloureux avec Takuma. Elle qui avait toujours tout gardé pour elle, tout voulu gérer seule, lui qui avait toujours caché son passé, cherché à l’oublier, se surprenaient finalement à s’ouvrir l’un à l’autre comme s’il n’y avait rien de plus normal. À se comprendre, naturellement. Ou presque.

« Quoi, c’est pas ça que ça veut dire ? Quand on fait un thé, mieux vaut utiliser une vieille théière qui n’a jamais été lavée, les tanins imprègnent la faïence poreuse et libèrent plus de saveur. C’était mon idée.
- Ah ! Non c’est pas tout à fait ça que ça veut dire. C’est… une expression pour dire que parfois les vieilles méthodes sont les plus efficaces. Un peu comme quand on dit "on ne change pas une équipe qui gagne". Mais du coup ouais pour le coup il l’a peut-être pris un peu trop littéralement ton prédécesseur. »

À se demander s’il connaissait le concept de poubelle.

« Eh ouais… je sais… Pourquoi tu crois que je me suis barré à l’autre bout du monde ?
- Ah c’était pas à cause de moi ? »

Non plus, et elle le savait très bien, même si elle avait certainement été la demoiselle en détresse de trop. Tout comme lui, elle le tournait en dérision. Mais si Takuma lui avait expliqué les raisons de sa disparition, Caitlyn n’avait finalement jamais parlé de ce qui s’était passé ce jour-là. Et n’était pas prête à le faire, pas encore. Injuste sans doute, quand lui semblait s’être fait à l’idée qu’il pouvait tout lui dire. Pourtant il ne semblait pas lui en vouloir pour un sou.

« Clairement ouais. D’autant que j’suis pas sûr que les crottes de doxy, ça se lave bien à coup de vinaigre… »

Est-ce qu’elle sentait le regard qu’il posait sur elle, à la fois surpris et émerveillé ? Est-ce qu’elle voyait le sourire qui étirait ses lèvres, narquois au départ puis de plus en plus attendri ? L’attention attirée par le désordre partout autour d’eux, elle était consciente d’attirer la sienne alors qu’elle s’attaquait à la poussière et à la crasse, mais ne savait pas les pensées qui traversaient l’esprit de Takuma alors qu’il la regardait faire. Ou peut-être ne voulait-elle pas savoir.

« Hm ? Euh aucune idée. Si ça se trouve il dormait là dans tout le bordel et j’en avais aucune idée. Mais il est souvent arrivé qu’il ne soit pas là quand j’arrivais le matin et que j’ouvrais la boutique donc j’en doute. Il a pas poussé le vice jusqu’à m’offrir son appart. »

Elle souffla du nez. Peut-être était-ce simplement parce qu’il louait, et qu’il n’y avait donc pas grand-chose à offrir. Parce qu’en réalité, elle aurait trouvé ça moins choquant de recevoir un appart qu’une boutique.

« T’as vraiment en tête de nettoyer là maintenant tout de suite ?! »

N’était-ce pas pour ça qu’elle était venue ? Pour l’aider à faire le ménage, à nettoyer, à trier, à jeter. Non. En réalité, non, elle était venue pour le voir, clairement. Pour passer du temps avec lui, discuter autrement que par SMS ou par téléphone. Il avait dit qu’il lui montrerait la boutique, peut-être s’était-il imaginé une simple visite des lieux puis une sortie, mais elle avait dit qu’elle l’aiderait à ranger, et elle avait bien envie de s’y tenir.

« Pour l’instant je suis bien à faire la tournée des hôtels du coin, ça a quelque chose de moins… définitif. Mais c’est toujours bon d’avoir ce type d’options. Et puis c’est mieux de laisser l’oiseau tranquille d’ailleurs. Donc allons-y, autant se faire du mal vu que tu sembles motivée… »

Elle secoua la tête, sourire aux lèvres.

« Autant tu peux avoir une volonté et une patience de malade, autant là j’sens que t’aurais laissé moisir c’t’endroit pendant des mois, donc ouais, on va s’y mettre là maintenant tout de suite, ouais. »

Il pensait qu’elle était têtue et déterminée ? Têtue elle l’était, mais niveau détermination il la dépassait largement. Le voir qui s’instruisait, se construisait, quand elle ne faisait que vivoter entre deux boulots ingrats et un ancien cagibi transformé en studio, sans projets ni ambitions… Elle était loin d’avoir sa force d’esprit, son endurance.

« Celui-là est ensorcelé, on peut y balancer ce qu’on veut histoire de stocker et tout jeter d’un coup. J’avais acheté ça dans un coup de motivation pour le bas. Je l’ai monté pour commencer ici et… la motivation s’est cassée du côté de la Thaïlande, grosso merdo. »

Un carton sans fond, exactement ce qu’il leur fallait pour balancer tout ce qui devait l’être. Elle s’assit, refit son chignon en un geste rapide, posa les yeux sur lui sans voir ce qu’il avait vu une fois de plus. Ou sans vouloir le voir.

« Bon plan ça ! »

Il dégaina sa baguette, et bientôt le voilà son téléphone à la main, lançant une playlist avant de le déposer sur un carton entre eux.

« Rainbow ?
- Ma chouette. »

Elle ne savait même plus si elle lui avait dit qu’elle avait une chouette, depuis le temps. Sa baguette, son balai, et sa chouette, les trois seules choses qui la rattachaient encore au monde Magique, presque comme une caricature de la sorcière des contes pour enfants. Elle eut un sourire amusé, secoua la tête une fois de plus, différemment cette fois. Comme pour chasser une certaine mélancolie. Se recentrer.

« Bon ben quand ‘faut y aller hein… Puisque t’as l’air décidée, on va dire que je le suis. »

Fixant le travail qui les attendait, l’air presque dépité, Takuma passa une main dans ses cheveux, ravivant leurs reflets bleus dans les rayons qui éclairaient la pièce, comme réfractés par les petites fenêtres ouvertes en grand, leur odeur aussi alors qu’un courant d’air imperceptible se chargeait de leurs fragrances qu’elle connaissait si bien.

« C’est quoi ce que tu as utilisé tout à l’heure ? Tergoo ?
- Tergeo. C’est pour nettoyer, la poussière, la crasse, tout ça. »

Et, attrapant une vieille théière en cuivre, justement, elle lui fit une démonstration, formulant cette fois l’incantation qu’elle avait tendance à passer sous silence d’habitude. Elle le laissa essayer, puis ils se remirent à trier, jetant tout ce qui était trop abimé pour pouvoir encore servir, mettant de côté ce qui pourrait s’avérer utile.

Le premier morceau arrivait à sa fin, ils avaient déjà bien rangé autour de leurs sièges improvisés respectifs. Nouvelle chanson, nouvelle énergie. Et quelle énergie ! Et alors qu’elle s’attaquait à un nouveau mètre carré de fourbi, concentrée sur cette musique qu’elle ne connaissait pas et dont elle gravait déjà le rythme et la mélodie dans son esprit, elle mit plusieurs secondes avant de comprendre.

Comprendre que cette voix qui s’élevait sur le son de la guitare électrique, c’était la même que celle qui reprenait la parole juste à côté d’elle comme si de rien n’était.

« T’en connais d’autres comme ça, qui pourraient nous servir ? »

Penchée vers l’avant, elle s’interrompit, haussa les sourcils, tourna la tête vers lui… Bientôt, un sourire malicieux venait étirer ses lèvres.

« Hum. »

Elle se rassit droite sur la caisse qui lui servait de tabouret, sans le quitter du regard. C’est ça, balance le sac dans le carton, tu crois vraiment que je vais le suivre des yeux alors que je découvre devant moi une énième de tes facettes ?

« Alors comme ça tu chantes ? »

D’un geste désinvolte, elle attrapa le téléphone.

« Et tu fais de la guitare ? Et des disques ? »

Sur l’écran, l’image de couverture d’un album sur laquelle il figurait, habillé de cuir noir, coiffé, maquillé. Mais, bizarrement, ce n’était ni la surprise ni l’admiration qui l’emplissaient en cet instant, mais l’idée d’avoir encore un point commun avec lui, et pas n’importe lequel. La musique. Comme pour à peu près tout, il était manifestement infiniment plus doué qu’elle, mais elle se revoyait dans la Salle sur Demande qui avait si souvent pris la forme d'une salle de répétitions, lui offrant podium, piano, micros, amplis, guitares, et autres instruments, et l’y imaginait avec elle.

« Va falloir me donner quelques détails si tu veux que je t'apprenne d'autres sortilèges utiles... ! »
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Ven 4 Juin 2021 - 13:22
- Ah c’était pas à cause de moi ? »

Un rire joyeux là où il aurait pu n’y avoir qu’une sensation douloureuse et lourde entre eux. Mais étrangement celle-ci refusait de s’installer. Caitlyn avait été le déclenchement, c’était vrai, et son rire amusé signifiait à quel point, non, ça n’était pas à cause d’elle. Takuma aurait d’ailleurs pu sauter sur l’occasion pour lui demander ce qui s’était passé exactement ce jour-là pour qu’elle soit dans un tel état mais il ne l’avait pas envisagé. Si elle voulait parler, elle le ferait. Mais ce qui s’était passé était dur, forcément, et l’inquiétait. Seulement la jeune femme était quelqu’un de secret, qui ne laissait pas si facilement filtrer ce qui la concernait. Alors non, il ne réclamerait pas d’explications, pas plus maintenant que les jours les séparant de cette réelle rencontre qui les avait étrangement réunis. Ça n’était donc pas par manque d’intérêt qu’il évitait de poser la question, mais par respect. Par respect sans doute qu’il se tairait si un jour, il venait à deviner. Là où Alec forçait, lui resterait en retrait en attendant qu’elle vienne à lui, espérant qu’elle le fasse.

Il n’avait pas tardé à l’observer, surpris, déjà prête à tout renverser, tout nettoyer de fond en comble, à peine inquiète du travail qui s’amoncelait face à eux.

« Autant tu peux avoir une volonté et une patience de malade, autant là j’sens que t’aurais laissé moisir c’t’endroit pendant des mois, donc ouais, on va s’y mettre là maintenant tout de suite, ouais. »

Le compliment l’avait cueilli par surprise, dessinant sur ses lèvres un petit sourire touché autant qu’étonné. C’était ainsi qu’elle le voyait ? Comme quelqu’un qui pouvait avoir volonté et patience ? Tout ce dont ses parents l’avaient toujours accusé de manquer si férocement. L’enfant toujours avide de mouvements, qui n’arrivait pas à se poser sur quoi que ce soit plus de deux minutes sauf quand, brusquement, il était totalement happé et ne sortait pas de sa bulle avant des heures, qu’importe ce qu’on pouvait lui demander. Jamais en adéquation, d’ailleurs, avec la volonté des adultes. Avait-il changé ? Se trompait-elle ? Ou observait-elle simplement au travers d’un masque de facilité qui l’avait si souvent entouré ? S’il avait toujours grandit en marge, comme jamais véritablement connecté avec ce qui importait au moment présent, l’esprit parti ailleurs, rarement en adéquation avec ce qu’on attendait de lui, il avait fini par savoir. Savoir feindre plus qu’être. Savoir se poser, apprendre à se maîtriser. Apprendre, en fait, très différemment de ce qu’on attendait de lui, rarement au bon moment, rarement ce qui avait été prévu. Et pourtant, qu’il aimait ça, se gorger d’informations, maîtriser un sujet qu’il ignorait tout à fait jusqu’alors, sa curiosité devenue passion, développée à l’encontre d’un cadre dans lequel il ne s’était jamais reconnu. Jamais retrouvé. Et pourtant, elle trouvait derrière tout ça patience et volonté. Ce qu’il doutait d’avoir. Alors ce petit sourire en coin, il ne pouvait le contenir.

« Hey j’te signale que j’ai géré tout le bas ! »

Une lubie, un brusque besoin de tout refaire à sa sauce, tout réorganiser, tout nettoyer et imprégner les lieux d’un peu de qui il était. Un travail acharné qui… s’était arrêté comme il était venu, délaissant brusquement l’arrière boutique autant que le haut qu’il n’avait même pas véritablement touché. Comme souvent avec lui, il marchait par lubies, une chose l’obsédait un temps jusqu’à ce qu’il se lasse et passe à autre chose, absorbé par une autre curiosité captant son attention parfois versatile. Des choses, des sujets, des pratiques, des compétences, des techniques. Jamais des gens.

Il y avait ça d’amusant  à noter qu’ils se considéraient l’un l’autre comme étant meilleur au petit jeu de la volonté, de l’acharnement. Si on l’avait interrogé, Takuma n’aurait pas hésité : elle faisait preuve de bien plus de persévérance que lui, si apte à larguer ce qu’il avait commencé sur un coup de tête. Si habité à switcher qu’il ne s’en rendait même pas compte.  

« Ok ça va, on laissera mes capacités à la procrastination s’exprimer demain, j’ai compris ! »

Moqueur envers elle autant qu’envers lui, se laissant emporter par sa volonté farouche de faire de l’endroit quelque chose d’acceptable. Elle le cadrait, lui imposait les choses, ordonnait, dans le sens primaire. Elle mettait de l’ordre. Alors il laissait faire, simplement, sans vraiment y réfléchir, se mettant en mouvement, l’imitant, embrayant à son tour, se décrochant de certains regards, forçant son attention à revenir sur des choses plus pragmatiques. Terre à terre : jeter, ranger, ordonner, nettoyer. Et parler. Car l’instant se prêtait justement parfaitement à ça, au fait de se découvrir un peu plus, au travers d’une conversation banale, simple, quelque chose de fluide qui passait avec facilité entre eux.

- Ma chouette. »
« Ah ok ! »

Non, elle n’en avait pas parlé, il s’en serait souvenu. D’ailleurs, elle avait raison, tout ce qui avait à trait à la magie était souvent mis de côté. Ou mis sous silence, il n’en savait trop rien. Mais de ce qu’elle en disait, la jeune femme n’était plus réellement imprégnée par ce monde qui était pourtant le sien. Un peu étrangère d’un univers auquel elle appartenait pourtant. Une sensation qu’il connaissait bien également.

« Elle ‘a pas envie d’un pote augurey, ta chouette, non ? Juste pour savoir. Parfaitement innocemment. »

Un sourire autant qu’un regard en coin se posaient sur Caitlyn un instant, de l’humour pétillant dans ses grands yeux noirs qui accrochaient presque sans en avoir l’air les lagons de son regard. Et déjà il passait à autre chose, sans s’y attarder, sans chercher quoi que ce soit et certainement pas un retour. C’était juste là, il s’en dégageait lui-même, conscient que s’il n’avait pas certaines difficultés personnelles, son attitude aurait sans doute été plus franche et marquée. Mais à l’heure actuelle, il ne pouvait se le permettre, fuyait seulement ce qu’une part de lui avait pourtant envie de déclencher. Retour dans les cartons, les choses étranges, peu ragoutantes qu’il peinait parfois à identifier, parfaitement conscient, dans le fond, qu’il n’avait aucune envie de savoir. L’esprit et les mains occupées, il n’avait pas tilté immédiatement ce qui résonnait autour d’eux. Sa voix imprégnait l’air pourtant, quand les notes survoltées, elles, y claquaient, l’emplissaient d’une énergie brute, caractéristique de sa musique. Lorsqu’il l’avait compris, le jeune homme avait fait comme si de rien n’était, espérant que la langue et les années suffiraient à ce que la jeune femme ne fasse pas le rapprochement.

« Hum. »

Et c’est l’échec. Il grimaçait même avant qu’elle ne reprenne la parole.

« Alors comme ça tu chantes ? »

Déjà, Caitlyn attrapait son téléphone, avant même qu’il n’ai esquissé réellement de geste pour l’en empêcher, le laissant là avec sa grimace où pointait l’amusement autant que la résignation de celui qui venait de se faire cramer après des années de silence.

« Et tu fais de la guitare ? Et des disques ? »
« Eeeeh… c’est possible. Un poil. »

Juste un peu. De quoi passer sur youtube, avoir fait un paquet de concerts, remplis quelques zeniths et avoir sa gueule placardée sur les arrêts de bus. Rien de bien… ouais bon.
Très bon moyen de draguer, si tu veux mon avis… lui diraient un certain nombre de personnes. Pourtant il ne développait pas de lui-même, si bien qu’il avait fallu que la jeune femme reprenne la parole pour qu’il consente à envisager de s’épancher sur le sujet.

« Va falloir me donner quelques détails si tu veux que je t'apprenne d'autres sortilèges utiles... ! »

Un éclat de rire franc claquait dans l’air, rebondissait sur les cartons pour s’échapper par la fenêtre ouverte.

« Okay on en est au chantage donc ? C’est vilain ça tu le sais ? Quelle mauvaise personne tu fais franchement… »

Une attaque très peu crédible au vu du regard brillant d’ironie qu’il posait sur elle en cet instant. Il accrochait la lumière, étincelait un instant d’amusement.

« Okay, j’me couche. Je fais de la guitare, de la basse, du piano, du violon et du violoncelle si tu veux tout savoir. Les derniers étant imposés par les parents. » Une obligation qu’il avait mal vécu à l’époque, alors il jouait systématiquement volontairement mal, jusqu’à ce que sa mère ne comprenne le pot-aux-roses. Une des plus belles disputes dont il se souvienne. « Très cliché, je sais. Que veux-tu, on les r’fera pas. » C’était bien pour ça qu’il ne collait pas au décor. Bien pour ça, sans doute, qu’ils n’avaient jamais réagi quand il s’était mis à faire les gros titres, à attirer brusquement les foules. L’attention, il l’avait eue, mais pas des bonnes personnes. Laissé seul dans un milieu qui le dépassait, il aurait pu se passer bien des choses. Mais de tout ce qu’il cherchait, l’important lui avait été refusé : ses parents n’avaient pas réagit. Et Takuma se rendait compte à quel point il avait été toute sa vie à la recherche de leur attention, de leur assentiment. « J’étais gamin. J’avais seize ou dix-sept ans. » Il haussait des épaules, léger, naturel. « J’ai eu un petit succès. » Et dans l’air, il entendait un autre son, quelques cris en arrière plan. Un concert. « Non mais ce troll ! Bon, ok, j’ai eu un beau succès. Ça a été court mais intense comme on dit. » Un peu comme toi et moi quoi. Ahem. « Tu sais ce que c’est le milieu de la musique, surtout là-bas. J’suis monté, pas longtemps, eh puis j’ai été oublié. » Non, t’as pas été oublié, sinon la minette de l’hôtel ne t’aurais pas fixé comme ça. « J’me suis barré. Du jour au lendemain. Sans prévenir. Ça a fait un bordel de dingue. J’avais jamais été vraiment scolarisé côté sorcier, j’me suis barré ici et après quelques temps j’ai débarqué à Poudlard. » T’as jamais vraiment été scolarisé tout court, à vrai dire, mon cher Taku.

Ça avait été un switch parmi d’autres, c’était tout. Il était monté, brusquement, là où tant rêvaient de se hisser. Il l’avait prouvé, n’avait pas obtenu ce qu’il voulait, alors il avait tout largué, comme si le feu des projecteurs, la fierté de la réussite, la satisfaction de l’engouement général n’étaient pas suffisants. Un peu flippants, surtout, pour un jeune homme seul qui ne savait se situer dans sa propre réalité. Un gosse qui avait fuit à partir du moment où la situation lui échappait. Un gosse qui fuyait la réussite, aussi, sans doute. Son père avait toujours trouvé insupportable de ne le voir échouer alors même qu’il ne fournissait pas les efforts nécessaires. Sans doute cette vision de la vie l’avait-elle un peu trop impacté. Ou bien avait-il simplement eu la présence d’esprit de s’éloigner d’un milieu toxique qui risquait de l’emmener vers une pente qu’il venait à peine de quitter ? Ou bien avait-il seulement switché, sans raisons réelles, pour s’intéresser à autre chose, à un autre monde dont il ne connaissait rien alors : la magie. La sienne.

« J’ai pas touché une gratte depuis quelque chose comme quatre ans. J’envisage de m’y remettre. »

Après tout, si la musique l’avait sorti de ses addictions, attirant son esprit sur des nouveautés, le captant totalement ailleurs que dans la rue… peut-être pouvait-elle l’empêcher d’y retourner.

« ça te dit, un de ces quatre, d’envisager une petit impro ou un truc du genre ? »

Le regard au dessus d’un carton captait le sien. Les bras posés en croix sur une pile de bouquins poussiéreux, totalement fixes, certainement immobilisés par un sort (ou un taux de crasse inquiétant).

Non, il n’avait pas oublié.
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Takuma Ishida Hayato
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Takuma Ishida Hayato
Ven 18 Juin 2021 - 20:45
Un rire pour seule réaction. Il aurait pu rester interdit, crispé, mal à l’aise, il aurait pu en profiter pour la questionner, il n’en fit rien. Il n’en ferait rien. Ne relèverait pas, n’insisterait pas, se contenterait de s’aligner sur elle. Elle voulait en rire ? Il en rirait. Elle voulait le taire ? Il le tairait. Et lorsqu’elle voudrait en parler, il l’écouterait. Avec Takuma, Caitlyn ne se sentait obligée ni redevable de rien, ne s’en voulait pas de ce secret qu’elle gardait quand il semblait se refuser de lui cacher quoi que ce soit. N’y pensait pas plus que ça à vrai dire, quand bien même Louve était là chaque minute de chaque jour pour lui rappeler sa présence avec elle, en elle. Avec Takuma, Caitlyn oubliait ses craintes et ses tourments. Se laissait porter par cette légèreté, cette facilité, qui ne semblait pas vouloir les quitter quand bien même ce n’était pas les occasions qui manquaient. Avec Takuma, Caitlyn se sentait vivre.

Un peu comme avec Jake, sans doute. Si différemment pourtant. Si les yeux de Jake exprimaient l’amour et la bienveillance, ceux de Takuma reflétaient ses doutes, ses peurs, ses peines et ses joies. Si le corps de Jake était comme insensible au temps qui passait et semblait pouvoir l’emporter avec lui hors d’atteinte des violences de la vie, celui de Takuma en portait les marques, miroir des cicatrices qui lézardaient sa peau. Elle aurait pu se renfermer, s’effacer, cédant à la gêne, à la pudeur, à la peur de déranger et celle de s’attacher, pourtant, avec l’un comme avec l’autre, elle n’arrivait pas à s’empêcher de se sentir bien, d’aimer passer du temps avec eux.

« Hey j’te signale que j’ai géré tout le bas !
- Mouais, la partie facile quoi. »

Un compliment caché derrière une critique moqueuse. Caitlyn savait à quel point Takuma pouvait être inconstant, changer de cible d’intérêt, cherchant toujours mieux, plus prometteur, plus stimulant, plus complexe et plus gratifiant, comme un papillon passait de fleur en fleur dans une quête sans fin du meilleur nectar. Pourtant, et au-delà de la simple détermination de celui qui s’entête à vouloir atteindre ses objectifs, au-delà de la volonté de fer de celui qui met un point d’honneur à réussir ce qu’il entreprend, Takuma était patient. Humainement.

« Ok ça va, on laissera mes capacités à la procrastination s’exprimer demain, j’ai compris ! »

Elle lâcha un petit rire clair, puis s’attela à la tâche. Comme une métaphore de l’ordre qu’elle mettait dans la vie de celui qui n’était encore récemment qu’un inconnu à ses yeux. Et il se laissait faire, la laissait faire, acceptant de bonne grâce le ménage qu’elle faisait dans sa boutique autant que dans son quotidien, jouant le jeu comme si ce n’était rien d’autre qu’un jeu à jouer. Rendant facile, naturel, ce qui aurait pu être délicat, malaisant. Faisant preuve, sous un masque de résignation, d’une détermination farouche, à vouloir s’en sortir, aller mieux, à accepter une aide venue de nulle part comme si ça n’avait rien de gênant, d’inconfortable. Caitlyn savait qu’elle ravivait parfois des souvenirs difficiles, douloureux, pourtant Takuma avait cette manie d’assumer ses émotions sans chercher à s’en cacher, la laissant lire dans son âme comme dans un livre ouvert. Et attendait patiemment qu’elle soit prête à en faire de même.

« Elle a pas envie d’un pote Augurey, ta chouette, non ? Juste pour savoir. Parfaitement innocemment. »

Elle rit à nouveau, secouant la tête. C’était bien à ça qu’elle pensait en mentionnant Rainbow qu’elle voyait déjà devenir pote avec l’Augurey, Narnia donc.

« J’sais pas, faudrait lui demander… »

Grand sourire de sale gosse, le retour. Oui elle le charriait, rentrant dans son jeu à faire semblant qu’il n’y avait aucun message caché, aucun sous-entendu. En réalité, elle imaginait déjà Rainbow s’installer sous les toits comme elle avait pu le faire à la Volière de Poudlard jadis, prenant l’oiseau sous son aile. Et elle, dans la pièce qu’ils étaient en train de ranger ? Elle avait pris ses marques dans le studio de Miss Blunt, les cours de potions n’y étaient pas étrangers, seule l’économie sur le loyer pesait dans la balance mais elle n’était pas sûre de vouloir habiter sur son lieu de travail. Mais ça ne devrait pas empêcher sa chouette d’y faire son nid.

« En ce moment, elle fait sa vie en Norvège mais j’la vois bien emménager dans le grenier, avec l’Augurey. Faudrait voir si on arrive à trouver un moyen pour leur permettre de rejoindre la nature sans devoir survoler Londres… Genre un système de Portoloin clandestin. »

Et elle savait pertinemment l’effet qu’auraient ces mots-là sur le petit génie qu’il était, pouvait presque voir les synapses s’allumer dans son cerveau. À moins que ce ne soient les siennes qu’elle sente, se promettant déjà de s’arrêter à la bibliothèque en rentrant chez elle. Oui, elle commençait à se douter que les capacités intellectuelles de Takuma allaient bien au-delà de la simple intelligence, au-delà même de la facilité d’apprentissage. N’avait jamais accordé d’importance ni même tellement fait attention à ce masque de simplet qu’il affichait à Poudlard, l’avait probablement vu mais pas vraiment enregistré, mais depuis qu’elle le côtoyait, elle se rendait chaque jour un peu plus à l’évidence que son cerveau ne fonctionnait tout simplement pas de la même manière qu’un cerveau lambda.

Alors cette musique qui faisait vibrer la pièce autour d’eux, saturée d’énergie, claquant dans l’air, et cette voix qui s’élevait, rauque par moments, claire par d’autres, non, elle n’aurait pas dû la surprendre. Pourtant, l’espace d’un instant, d’une fraction de seconde qu’elle avait exprès prolongée, elle avait bugué, prise de court, comme si elle n’était pas sûre de ce qu’elle entendait là. En plus d’être apprenti sorcier, bon samaritain, jeune entrepreneur, il était manifestement aussi célèbre musicien. Tellement de visages, de facettes, d’identités. Qu’en était-il de celle, enfouie au plus profond de son corps, de son esprit, revenant à la charge dès qu’elle avait le dos tourné ? Celle du gosse paumé qui ne rêvait que de répondre à l’appel de la came, d’étancher sa soif dans une ruelle sombre, d’y succomber, s’y abandonner ?

L’espace d’un instant, elle repensa à la sienne, de soif, celle qu’elle ressentait à l’approche de la Lune, à cette facette qui finissait par l’emporter à chaque fois, la laissait pour morte à même le sol une fois assouvie. Comme elle, était-il condamné à toujours devoir cohabiter avec cette part d’ombre en son for intérieur, à vouloir la combattre chaque jour au lieu de tenter de faire la paix ? Elle se détacha ces pensées, attrapa le téléphone de Takuma d’un geste fluide, assez lent pour paraitre désinvolte, assez rapide pour qu’il n’ait pas le temps de l’attraper avant elle, le confronta avec le grand sourire d’une gosse fière de sa connerie.

« Eeeeh… c’est possible. Un poil. »

Haussement de sourcils, dans l’attente d’une suite qui ne vint pas. Elle n’allait pas lâcher le morceau de si tôt. Et tous les moyens étaient bons, tous les coups bas permis.

« Okay on en est au chantage donc ? C’est vilain ça tu le sais ? Quelle mauvaise personne tu fais franchement… »

Son sourire se fit plus triomphant encore.

« Okay, j’me couche. Je fais de la guitare, de la basse, du piano, du violon et du violoncelle si tu veux tout savoir. Les derniers étant imposés par les parents.
- Forcément.
- Très cliché, je sais. Que veux-tu, on les r’fera pas. »

Elle secoua lentement la tête, leva les yeux au ciel, le suivant, sourire aux lèvres, dans son ironie mais sachant pertinemment à quel point ça l’avait pesé, à quel point ça le pesait encore.

« J’parie que tu faisais exprès d’être nul. Et qu’en vrai t’aurais pu être soliste dans un philharmonique. »

Elle souffla du nez, amusée à cette idée. Même ça n’avait rien de très amusant dans le fond.

« J’étais gamin. J’avais seize ou dix-sept ans. »

Il haussait les épaules, désinvolte.

« J’ai eu un petit succès. »

Un petit succès. Allait-elle faire genre qu’elle n’entendait pas les cris et les ovations dans le public ?

« Hm. »

Bras croisés, elle leva les sourcils une fois de plus, sourire en coin.

« Non mais ce troll ! Bon, ok, j’ai eu un beau succès. Ça a été court mais intense comme on dit. Tu sais ce que c’est le milieu de la musique, surtout là-bas. J’suis monté, pas longtemps, eh puis j’ai été oublié. »

Une nouvelle pièce dans le puzzle de sa vie, faisant sa place dans le tableau qu’elle en avait assemblé. Nouvelle face au prisme à travers lequel elle la regardait, venant l’éclairer d’une lumière différente. Nouvelle façon d’appréhender celui qu’il était aujourd’hui, tenant compte de celui qu’il avait été jadis.

« J’me suis barré. Du jour au lendemain. Sans prévenir. Ça a fait un bordel de dingue. J’avais jamais été vraiment scolarisé côté sorcier, j’me suis barré ici et après quelques temps j’ai débarqué à Poudlard.
- C’est moi ou t’as eu genre 5 ou 6 vies avant celle-là ? »

Entre la naissance choyée, l’enfance délaissée, l’adolescence rebelle, la célébrité éphémère, la chute vertigineuse, l’exil libérateur, et finalement le retour en pleine face.

« J’ai pas touché une gratte depuis quelque chose comme quatre ans. J’envisage de m’y remettre.
- Quatre ans ? »

Etonnement non feint. Et dans sa poitrine, dans son ventre, un fourmillement d’excitation à l’idée qu’il veuille reprendre ce qu’il semblait avoir tant aimé.

« Ça te dit, un de ces quatre, d’envisager une petite impro ou un truc du genre ? »

Elle souffla du nez, écrasant un rire.

« Tu sais que je suis loin d’avoir ton niveau hein ? »

On en parle, du fait que son "succès" avait eu bien plus d’impact que celui de Takuma ? Non, on va éviter, faire comme s’il ne s’était rien passé. Que personne ne l’avait vue derrière son synthé, que personne n’avait reconnu sa voix. Après tout, c’était vrai, personne n’était jamais revenu dessus par la suite.

« En vrai j’aimerais trop. On peut essayer tout à l’heure, si tu veux, quand on en aura marre de faire le ménage. Après l’effort, le réconfort. Et ouais, ça aussi c’est du chantage. »

Non, elle ne perdait pas de vue son objectif premier, à savoir, aider Takuma à venir à bout de cet Enfer. Et parce qu’elle n’oubliait pas sa promesse :

« Tiens, regarde et apprends : Récurvite. »

Un geste vif de la baguette, et la pile de livres sous ses bras croisés se vit délestée de la crasse qui les consolidait et de la poussière qui les recouvrait, les couvertures en cuir retrouvant leur lustre d’antan, les dorures et gravures se faisant plus nettes, plus marquée, sur leurs dos.

« Faudrait une bibliothèque. Ou deux. Ou dix. »

Non parce que les livres c’était encore autre chose, ça ne se jetait pas. Et, apercevant un meuble au bois tout aussi terni que le reste des objets qui jonchaient la pièce, elle lui fit subir le même sort, ravivant sa couleur d’ébène laqué et rendant sa transparence au verre des portes. Bientôt, le tas de livres alla trouver sa place sur une étagère, trié par auteur. Une récompense pour les yeux.

« Peut-être qu’on devrait se concentrer sur les bouquins d’abord, j’parie qu’il doit yen avoir des centaines qui trainent par terre, si on les range ça fera déjà mille fois plus de place. »

Joignant le geste à la parole, elle se leva et partit à la recherche de piles de livres auxquelles elle réserva le même sort… tout en reprenant l’air de rien :

« T’avais un nom de scène ? Promis j’irai pas chercher sur Youtube. »

Ou si.
Et parce qu’elle ne voulait pas s’arrêter en si bon chemin d’en apprendre toujours plus sur lui :

« Yen a d’autres, des secrets publics que je devrais connaitre tant qu’on y est ? »
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Ven 2 Juil 2021 - 3:56
Le jeune homme n’avait aucune idée de la façon dont elle le voyait. Oui, il switchait, comme toujours en manque de renouveau. Un besoin de sollicitation constant, de découverte, d’adrénaline n’avait jamais véritablement cessé de lui cramer les veines. Etrangement apaisé à Poudlard, il reprenait à présent ses travers, avide de plus, incapable de s’arrêter sur quoi que ce soit, il ne cessait de flamber puis de passer à autre chose. Inconstant, instable, incapable, voilà comment il était décrit dans l’enfance, voilà les adjectifs avec lesquels il se définissait lui-même. Il n’avait jamais été bon à l’école, se perdait toujours dans des projets inutiles, s’oubliait en cours de chemin. Mais ça n’était pas ainsi qu’elle le voyait. Pas ainsi qu’elle le percevait. Oui, il était capable de se plonger des heures dans un sujet tout autant qu’il était capable de ne jamais aller plus loin que la surface, passant de point d’intérêt en point d’intérêt sans jamais réussir à vraiment se décider sur quoi que ce soit, parfaitement incapable d’intégrer ce qu’il avait décidé de rejeter, ce qui ne l’intéressait pas. Pourtant profondément brillant quand le sujet lui parlait, il était resté le cancre de la classe durant des années sans vraiment chercher à se sortir de cette image qui insupportait ses parents. Comment réagirait-il s’il savait, s’il voyait quel regard elle posait sur lui, ses failles et ses défauts observés sous un angle bien moins acerbe que celui qu’il se portait.

Volontaire, patient. L’exact inverse de l’opinion qu’il portait sur lui-même, reflet évident d’une vision parentale ancienne, jamais révisée. Les lagons de ses iris dessinaient sans cesse ses contours, comme on observe un tableau dans ses petits détails, avant de s’en éloigner pour le contempler dans son intégralité. Il livrait, chaque coup de pinceau. Et elle en saisissait les nuances, les textures, le grain et l’éclat. Elle assimilait ce qu’il ignorait. Et en reflet, il l’observait en retour. Il n’y avait là que très peu de coups de pinceaux pourtant, très peu de détails. Mais il y avait l’œil posé, il y avait l’intérêt pour l’humain, la patience, la bonté. Il y avait dans cette concentration de l’autre une beauté douce qu’il captait sans y songer. Peu d’évidences, mais tant d’indices. La louve solitaire ne l’était pas tant que ça. Captivée par l’humain, elle observait, se passionnait sans y paraître. L’œuvre de son être était floue, encore, bien lointaine mais loin d’être inaccessible. Il en discernait les contours du coin de l’œil, comme un mirage qu’on ne peut observer qu’à la dérobée. Qui nécessite du temps pour se révéler tout à fait.

Oui, peut être pouvait-il être patient, finalement.
Après tout, s’il y avait bien un sujet sur lequel il ne switchait pas, ne se lassait pas, ne cherchait pas sans cesse le renouveau, c’était le plus universel de tous : l‘humain. Et ce mirage gagnait à être contemplé.

Or pour l’heure, c’était lui qui était dévoilé de nouveau. Pas qu’il s’agisse d’un problème, mais cette carrière fulgurante, courte et intense lui semblait toujours lointaine. Difficile à aborder car il ne savait comment s’y situer. Bien sûr, il y avait sans doute du talent derrière tout ça, mais surtout beaucoup de chance. Porté par certains, enfoncé par d’autres, il n’avait été qu’un pion, qu’une façade. C’était sans doute ce qu’il avait quitté à l’époque, confondant fond et forme. Car oui, la musique avait toujours été un art qui lui parlait, les sons devenant symphonie dans son esprit, formant des volutes qu’il décryptait sans y songer. Il y avait ça d’amusant que l’apprentissage qu’on lui avait fournis dans l’enfance lui semblait alors profondément sans saveur, dénué de l’essence même qui faisait l’intérêt d’une mélodie. A l’époque, ils lui semblaient ternes, froids, lisses. Or pourtant, seul, extrait du cadre imposé, les sons retrouvaient un sens, une importance, une rugosité typique qu’il avait ensuite retrouvé à chaque fois qu’il… laissait parler l’instrument, l’accordant à ses émotions. Plutôt que de le brider, l’enfermer.

« J’parie que tu faisais exprès d’être nul. Et qu’en vrai t’aurais pu être soliste dans un philharmonique. »

La réflexion le prenait de court, le faisant exploser de rire à l’instant même où il le cueillait. Alors le jeune homme posait sur celle qui détenait encore son téléphone un regard tout à la fois amusé, joyeux et doux.

« Je suis si prévisible que ça ? » De nouveau, le rire claquait dans l’air, grésillant dans les atomes en mouvement. Elle tapait juste, en effet. « C’est le cas ouais. Je sais pas si j’aurais pu être soliste, mais je rendais ma mère dingue. C’est elle qui voulait m’initier à la musique. Pas assez d’efforts, pas assez de rigueur. C’était pas… naturel comme façon de faire. Je détestais ça. En vrai, ce que je faisais de mon côté était peut-être immonde hein. Mais au moins c’était pas, tu sais, tronqué. » Un mensonge. Voilà ce que c’était, cette façon d’apprendre et d’exprimer. Comme s’il avait dû chanter des textes de loi, et non pas .. un vertige, une secousse, un émoi, une angoisse, ou une révolte. Quelque chose d’intense, d’évident, d’émotionnel. Quelque chose de vrai. Ce qui lui était demandé alors n’avait pas de sens à ses yeux, voilà tout.

Un petit sourire aux lèvres, il la voyait l’observer, ce petit sourire aux lèvres, la malice brillant dans le fond de ses prunelles. Ferait-elle semblant de le croire, quand il disait qu’il n’avait fait qu’ « un peu » de musique ? Non, clairement pas, et la moquerie était évidente sur ses lèvres, lui donnant un air à la fois piquant et candide, illuminant ses traits. Bras croisés, sourcils relevés, elle le mettait au défit d’un regard et un instant, il le soutenait avec un sourire amusé, s’y noyait plus qu’il ne la provoquait. Un échange muet et complice, qui s’étirait un instant, les reliant d’une connivence évidente. Et puis, comme si ça avait jamais été une option, Takuma cédait, retraçant ce qui l’avait amené sur scène, dans ce milieu si prisé et fermé à la fois dont il avait pourtant fermé la porte sur un coup de tête. Et à mesure que les mots dessinaient sa vie, il observait les réactions de celle qui assemblait le puzzle de son existence.

- C’est moi ou t’as eu genre 5 ou 6 vies avant celle-là ? »

De nouveau, un rire amusé sur ses lèvres.

« C’est clairement pas toi, j’ai en effet eu quelques vies déjà. J’ai parfois l’impression d’en être étranger moi-même, c’est dire. Ça me semble vieux tout ça, alors que c’est finalement relativement récent. J’ai juste tendance à tout cramer d’un coup avant de passer à autre chose. Ça donne l’impression que je vis beaucoup de choses, mais je suis juste doué pour zapper. »

Et la musique, comme beaucoup de choses, oui, il l’avait zappée.

- Quatre ans ? »

Un nouveau petit rire secouait ses lèvres alors qu’il haussait des épaules, résigné.

« Ouais, j’ai pensé avoir fait le tour du sujet. Donc je l’ai mis de côté. J’crois que j’ai mis pas mal de choses sur ‘pause’ quand j’étais à Poudlard. C’qui n’est pas une mauvaise chose. Mais maintenant je me rends compte que ça me manque. »

Il était passé à autre chose, oui, se passionnant pour la magie, creusant le sujet, s’y perdant totalement jusqu’à oublier bien des traits de sa propre personnalité. Jusqu’à ce qui lui avait permis de respirer quelques temps auparavant, d’écarter le danger de la drogue. Une addiction par une autre, puis une troisième, comme s’il ne faisait que passer de passions en passions, asservi par un attrait ou un autre. Envoûté par la musique puis l’apprentissage, se plongeant à cœur perdu dans une voie puis l’autre, les empruntant toujours avec une vivacité rare. Sauf qu’il n’allait jamais véritablement jusqu’au bout du chemin. Il bifurquait encore et encore, sans jamais s’en rendre compte avant de s’être perdu sur une nouvelle voie.

Pourtant, s’il revenait doucement vers des chemins escarpés, tortueux et boueux, de nouveau, Takuma bifurquait, pour se sauvegarder cette fois. Peut être qu’à force de s’enfoncer dans ces voies…. Il en oubliait simplement de gravir la montagne pour en contempler le sommet ? Peut-être avait-il simplement oublié qu’il y avait plus de chose à retenir d’un trajet que sa simple trajectoire et qu’il passait à côté de l’essentiel. Alors cette fois, le jeune homme revenait sur ses pas, se décidant enfin à en apprécier la route.

« Tu sais que je suis loin d’avoir ton niveau hein ? »

En miroir, il écrasait un rire amusé. « Qu’est-ce qu’on s’en fout ? C’est pas vraiment l’important. L’essentiel, c’est de partager un truc non ? »

Comme s’ils ne partageaient aucun truc…. Je m’égare.

« En vrai j’aimerais trop. On peut essayer tout à l’heure, si tu veux, quand on en aura marre de faire le ménage. Après l’effort, le réconfort. Et ouais, ça aussi c’est du chantage. »

Ramenant une jambe sous son avant bras, assis au sol, il souriait, accompagnant son geste d’un signe de négation, l’air de dire un ‘t’es grave’ presque prononcé.

« Ok, je retiens, madame est un maître chanteur. C’était pas exactement ce que je sous-entendais quand je parlais musique ! » Ouh, beau jeu de mot. « Cela dit, en soit je suis ok, mais.. j’en ai pas, hein, de guitare. Ou de quoi que ce soit d’autre d’ailleurs. T’as ça chez toi ou tu as autre chose en tête ? »

De gestes vifs, il traçait une mélodie brute sur les différents cartons et autres supports devant lui.

« Après les cartons, ça le fait hein… ! Plus ou moins. »

Certes, tout ne sonnait pas parfaitement juste, soyons honnêtes. Mais pour l’heure, il fallait suivre le premier objet du chantage : le ménage. Damnation.

« Tiens, regarde et apprends : Récurvite. »
« Ah ! Ok, pratique. Tu m’expliques comment j’ai fait pour vivre des mois avec plusieurs sorciers pour qu’il n’y en ait pas un seul à m’apprendre ça ? D’OU je m’emmerde à faire la vaisselle si ce genre de trucs existent ?! » Il les retenait, les colocataires !
« Faudrait une bibliothèque. Ou deux. Ou dix. »
« Ouais, pis en soit il faudrait faire du tri parce que je ne suis pas sûr que tout soit fiable là dedans. Mais une chose après l’autre sinon on n’est pas ren…dus. » Le dernier mot se suspendait le temps d’observer la jeune femme faire montre de ses talents, rendant à un meuble qu’il aurait sans doute envisagé de jeter une certaine splendeur. Les livres venant s’y insérer, bien rangés les uns contre les autres venaient compléter le tout, offrant à l’ensemble un charme de l’ancien indéniable. La regardant faire avec une certaine fascination, il la félicitait d’une mimique admirative alors qu’elle continuait d’organiser, lui proposant un plan d’attaque qu’il validait avant de lâcher quelques mots… qui n’avaient sans doute pas tout à fait à voir avec la bibliothèque.

« T’as un certain talent pour rendre un peu de beauté dans quelque chose d’abîmé… »

Un petit sourire en coin, le regard qui accroche le sien, s’y arrête un moment avant de s’en arracher, se levant pour retourner à ses tâches ménagères.
Derrière lui, la jeune femme reprenait.

« T’avais un nom de scène ? Promis j’irai pas chercher sur Youtube. »

Avec un petit rire de gorge, le jeune homme lui jetait un coup d’œil par-dessus son épaule.

« C’est ça ouais. J’paries que tu iras ! …. Moi, j’irais. »

Et il ne s’en cachait même pas. Curieux, il n’aurait clairement pas résisté à l’occasion d’en savoir plus sur elle et son univers. Mais pour l’heure, c’était de son passé dont il était question.

« Yen a d’autres, des secrets publics que je devrais connaitre tant qu’on y est ? »
« Pourquoi, c’est pas assez, ancien camé des rues, fils de grand entrepreneur et idole sous les projecteurs ? J’ai pas tant de corde à mon arc que ça, désolé de te décevoir. »

Et assistant à l’infirmerie de Poudlard, ce qui est bien déjà. Oui, où qu’il aille, lorsqu’il décidait de se plonger dans un sujet, il avait comme la certaine tendance à… le poncer. A en faire quelque chose de concret.
Puis, tout en continuant son rangement, balançant ce qui devait l’être sans ménagement, imitant Caitlyn en dégageant des espaces pour les livres qu’il nettoyait les uns après les autres avant de les ranger puis de les empiler dans un coin, se promettant d’acheter des meubles, il reprenait.

« Hm, secret public… j’ai tout largué pour étudier la magie, vu que je n’y connaissais rien. L’instruction est obligatoire dans le monde magique au Japon, mais pas forcément de le faire dans une institution. J’ai voulu me rapprocher d’une école, mais j’étais reconnu toutes les deux minutes ce qui était… Paaarticulièrement chiant. J’ai tenu deux semaines. »

La constance et Takuma, deux antagonistes.

Se rendant compte qu’il délaissait une pièce, le jeune homme décidait d’affronter la monstruosité de choses entassées pour en sortir à l’aide d’un sort une bibliothèque, provoquant un bouquant pas possible alors qu’elle se soulevait, faisant tomber le fratras en équilibre sur laquelle elle reposait. Finalement ramenée dans un coin de leur pièce, le jeune homme soupirait bruyamment avant de partir dans une quinte de toux. La poussière soulevée par son entreprise venait lui cramer la trachée, le forçant à rejoindre la fenêtre un moment tout en s’essayant au recurvite sur le meuble en question.

« Ah si, en secret public, je me suis fait entuber de la moitié de mes salaires. J’suis à peu près sûr que c’est dans le domaine public. Et si tu fouilles un tant soit peu youtube, je suis sûr que tu peux trouver des délires un peu perchés sur certaines chansons. » Disait-il d’un air parfaitement sérieux. Et puis, sans transitions : « Au fait, pourquoi la Norvège ? Pour ta chouette. »

Profitant de mieux respirer, il s’évertuait alors à ranger les livres jusque là empilés dans le meuble qui retrouvait un aspect plus ou moins acceptable. Clairement pas aussi bien que Caitlyn, mais déjà bien moins pitoyable qu’auparavant.

« Ah oui et : Moeru. Mon nom de scène. Flamber. C’est.. mon ex.. qu’il l’avait trouvé. ‘Parait que ça m’allait bien. Je me suis pris pas mal de jeux de mots pour les titres d’articles quand j’ai disparu. »

Conscient d’avoir été balloté partout sans aucun contrôle, il avait également fuit ce manque de naturel. Comme toujours, il y avait été lui-même sans vraiment l’être, grimé par le poste, le rôle qu’on lui attribuait. Il l’avait fait sien sans vraiment s’en rendre compte. Jusqu’à saturation.
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Takuma Ishida Hayato
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Takuma Ishida Hayato
Mer 14 Juil 2021 - 14:51
« Je suis si prévisible que ça ? »

Sourire amusé, bras levés, haussement d’épaules. Oui ? En même temps, elle n’était pas difficile à deviner, celle-là. Il avait beau ne pas faire dans les stéréotypes, celui de l’asiatique surdoué restait. Et Takuma commençait tout juste à l’assumer. Se voyant toujours comme l’enfant prodigue, le bon à rien, le rebelle, le camé, mais se sachant non-seulement doué, brillant, mais également volontaire, engagé.

« C’est le cas ouais. Je sais pas si j’aurais pu être soliste, mais je rendais ma mère dingue. C’est elle qui voulait m’initier à la musique. Pas assez d’efforts, pas assez de rigueur. C’était pas… naturel comme façon de faire. Je détestais ça. En vrai, ce que je faisais de mon côté était peut-être immonde hein. Mais au moins c’était pas, tu sais, tronqué. »

Que ça ait du sens. Et celui de ses parents lui était bien souvent étranger. L’enfant qu’il était ne comprenait pas les préoccupations de l’homme d’affaires, de la femme de haut rang, ne comprenait pas les règles, les codes, l’étiquette de cette société fondée sur l’hypocrisie, les faux-semblants. Refusait de rentrer dans le moule, de sauver les apparences. Ce besoin de donner du sens à ce qu’il faisait ne l’avait jamais quitté.

Incompris. Rêvant de pouvoir s’exprimer, s’affirmer. Cherchant à attirer l’attention, à compenser le manque, l’absence, à remplir le vide. Se battant pour son prochain, pour son futur, pour sa liberté et celle des autres, à sa manière. Tant qu’il y avait un sens, il s’investirait, donnerait le meilleur de soi-même. Dès lors que c’était superflu, il se lasserait.

Caitlyn resta un instant sans rien dire, observant Takuma d’un air presque absent, gravant pourtant dans son esprit chaque relief de sa personnalité qui se dévoilait à elle, chaque trait de ce caractère qui lui semblait si familier alors même qu’elle en apprenait chaque fois un peu plus sur lui. Si prévisible, oui, comme si elle le connaissait depuis l’enfance, alors même qu’elle ne savait pas la moitié de ce qu’il avait vécu.

« C’est clairement pas toi, j’ai en effet eu quelques vies déjà. J’ai parfois l’impression d’en être étranger moi-même, c’est dire. Ça me semble vieux tout ça, alors que c’est finalement relativement récent. J’ai juste tendance à tout cramer d’un coup avant de passer à autre chose. Ça donne l’impression que je vis beaucoup de choses, mais je suis juste doué pour zapper. »

Elle souffla du nez, haussa les épaules, amusée, désinvolte. Ce qu’elle considérait comme une richesse semblait lui peser et elle pouvait le comprendre, c’était bien plus simple de mener une petite vie tranquille plutôt que d’en enchainer cinq en l’espace de 20 ans. Elle le voyait, qu’il était fatigué, las de ces facettes de soi-même, masques sous lesquels se cachait une identité qu’il craignait de ne jamais connaitre, jamais afficher.

« Ouais, j’ai pensé avoir fait le tour du sujet. Donc je l’ai mis de côté. J’crois que j’ai mis pas mal de choses sur ‘pause’ quand j’étais à Poudlard. C’qui n’est pas une mauvaise chose. Mais maintenant je me rends compte que ça me manque.
- C’est bien des fois de faire une pause. De souffler un peu, réfléchir à ce qu’on veut garder et ce qu’on veut lâcher, tout ça… »

Comme un reflet, une fois de plus, de sa propre situation, de sa propre position. Ça faisait un bon moment, désormais, que sa vie était en suspens, qu’elle avançait certes mais sans se déterminer, prenant le temps de faire le point, attendant d’avoir toutes les cartes en main pour le faire. Après bientôt une année de pause, elle savait qu’elle voulait reprendre les études. Le sport, aussi. La musique ?

« Qu’est-ce qu’on s’en fout ? C’est pas vraiment l’important. L’essentiel, c’est de partager un truc non ? »

Un sourire étira ses lèvres. Bien sûr que l’excuse de la différence de niveau n’était absolument pas valide et ne servait qu’à assurer ses arrières, alors qu’elle était loin d’être nulle en réalité, et surtout, qu’elle en avait carrément envie. En cet instant, elle avait l’impression que tout était possible. Retaper la boutique, garder ses boulots et son appart, s’inscrire à la fac, trouver un club de Quidditch, faire de la musique avec Takuma…

« Ok, je retiens, madame est un maître chanteur. C’était pas exactement ce que je sous-entendais quand je parlais musique ! Cela dit, en soit je suis ok, mais... j’en ai pas, hein, de guitare. Ou de quoi que ce soit d’autre d’ailleurs. T’as ça chez toi ou tu as autre chose en tête ? Après les cartons, ça le fait hein… ! Plus ou moins. »

Elle eut un rire clair. Pourquoi s’était-elle imaginé qu’il avait une salle pleine d’instruments, du style studio d’enregistrement aménagé dans le garage ?

« Alors, non, j’ai pas ça chez moi non plus. Mais du coup, soit un magasin d’instruments de musique, ça te permettra de racheter une gratte, soit… j’connais un piano dans la rue, j’y allais souvent pour en jouer, ya moyen de faire un quatre mains. »

Cela dit, en attendant, les quatre mains étaient occupées à autre chose. Et je parle du ménage, bande d’esprits mal tournés !

« Ah ! Ok, pratique. Tu m’expliques comment j’ai fait pour vivre des mois avec plusieurs sorciers pour qu’il n’y en ait pas un seul à m’apprendre ça ? D’OU je m’emmerde à faire la vaisselle si ce genre de trucs existent ?! »

Bizarrement, les sortilèges ménagers étaient parmi les premiers qu’elle avait cherché à maitriser par et pour elle-même, différemment de ceux qu’on leur enseignait dans les livres. Rapidement suivis des sortilèges de soins, puis des sortilèges de défense. Des potions, aussi, médicinales ou non. Le b.a.-ba pour quelqu’un qui vivait la guerre, à ses yeux du moins. Y compris le ménage.

« Ouais, pis en soit il faudrait faire du tri parce que je ne suis pas sûr que tout soit fiable là dedans. Mais une chose après l’autre sinon on n’est pas ren…dus. »

À moitié consciente du regard qu’il posait sur elle, elle afficha un sourire radieux, des étoiles dans les yeux, se tournant vers lui.

« Ouais c’est vrai qu’à la base on voulait faire le tri d’abord, mais peut être qu’on sera mieux pour trier des trucs propres, faudrait pas jeter des trucs juste parce qu’ils sont pleins de crasse. »

Et puis comme un souffle de sérénité, de gravité, alors qu’il accrochait ses iris l’espace de quelques instants.

« T’as un certain talent pour rendre un peu de beauté dans quelque chose d’abîmé… »

Elle eut un sourire plus calme, plus doux, avant de hausser les épaules, le regardant se lever et s’atteler à son tour à la tâche avant de s’y remettre elle-aussi. Et de revenir à la charge.

« C’est ça ouais. J’paries que tu iras ! …. Moi, j’irais. »

Regard complice, plein de défi.

« Pourquoi, c’est pas assez, ancien camé des rues, fils de grand entrepreneur et idole sous les projecteurs ? J’ai pas tant de cordes à mon arc que ça, désolé de te décevoir.
- Petit joueur. »

Apercevant une étagère, elle entreprit de la requinquer puis la déplaça dos à l’armoire en ébène et commença à y ranger des livres tout en écoutant ce qu’il lui disait.

« Hm, secret public… j’ai tout largué pour étudier la magie, vu que je n’y connaissais rien. L’instruction est obligatoire dans le monde magique au Japon, mais pas forcément de le faire dans une institution. J’ai voulu me rapprocher d’une école, mais j’étais reconnu toutes les deux minutes ce qui était… paaarticulièrement chiant. J’ai tenu deux semaines. »

Il s’interrompit et bientôt la pièce d’à côté tremblait alors qu’il en extrayait un meuble pour le ramener dans celle où ils se trouvaient et le déposer contre le mur. Sortant d’un nuage de poussière, il se dirigea vers la fenêtre, toussant et cherchant de l’air frais avant de lancer un Récurvite à leur troisième bibliothèque. Et Caitlyn de se consacrer à la poussière, l’évacuant d’un tour de baguette par la fenêtre de la pièce adjacente.

« Ah si, en secret public, je me suis fait entuber de la moitié de mes salaires. J’suis à peu près sûr que c’est dans le domaine public. Et si tu fouilles un tant soit peu Youtube, je suis sûr que tu peux trouver des délires un peu perchés sur certaines chansons. »

Elle rit à nouveau, secouant la tête, mais n’eut pas le temps de répliquer que déjà il enchainait.

« Au fait, pourquoi la Norvège ? Pour ta chouette. Ah oui et : Moeru. Mon nom de scène. Flamber. C’est... mon ex… qui l’avait trouvé. ‘Parait que ça m’allait bien. Je me suis pris pas mal de jeux de mots pour les titres d’articles quand j’ai disparu. »

Surprise par la tournure soudaine de la conversation, elle leva les sourcils, affichant un sourire amusé.

« Pas Dakota je suppose. »

Presque une question, mais qui n’attendait pas réellement de réponse pour autant.

« C’est vrai que ça te va bien. Et ton prénom, il a une signification ? »

Comme si tous les prénoms asiatiques, africains, sudaméricains, ou de tout autre pays où la nature était restée au centre de la culture et du langage voulaient dire quelque chose… Elle leva les yeux au ciel, puis la tête, cachant son visage entre ses mains.

« Désolée c’est tellement cliché. Surtout ne me retourne pas la question. »

En l’occurrence, j’ai trouvé sur internet que Taku veut dire "ouvrir, étendre, pionnier, artisan" et Ma veut dire "réel, vrai".

« Et du coup, la Norvège… J’y ai vécu quelques temps, après la chute de Poudlard en septembre. »

Après avoir fui Poudlard comme une lâche, tu veux dire.
Pincement au cœur.

« J’étais paumée, j’habitais chez des amis mais je n’y arrivais plus. »

Chez des amis, hein ? C’est sa patience, sa tendresse, sa souffrance, que tu n’arrivais plus à gérer. Son amour que tu n’arrivais plus à lui rendre. Poids et source de tracas, d’ennuis aussi, il méritait mieux que toi. Comme Elias. Comme Jake ? Takuma ?
Pincement au cœur.

« J’ai saisi une opportunité : une nana qui m’a proposé un job dans son auberge de jeunesse. J’ai toujours pas compris ce qui lui a pris, mais j’me suis pas trop posé de questions, j’avais acheté une tente magique en été, je l’ai prise et je l’ai plantée en Norvège et voilà. »

Malgré les pincements au cœur, son sourire ne la quittait pas, son ton restait amusé, son esprit focalisé sur le caractère comique et complètement improbable de l’histoire. Complètement improbable.

« J’ai pris Rainbow avec, bien sûr, et comme elle ne pouvait pas habiter avec moi à Londres, elle est restée en Norvège, j’y retourne régulièrement pour la voir. »

Pour ça et pour rien d’autre, hein ?

« D’ailleurs, j’étais justement en train de jouer du piano dans la rue que je te disais quand elle est venue vers moi et m’a proposé ce job. Comme quoi j’ai aussi gagné ma vie en faisant de la musique. Mais pas de nom de scène pour moi, et pas de chanson délire sur Youtube, désolée ! »
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Ven 23 Juil 2021 - 3:13
Il avait effectué un virage à 180 très jeune, n’avait cessé de tournoyer depuis, toujours là où on ne le demandait pas, s’efforçant de trouver une voie qui ne serait pas celle qu’on lui imposait. D’être différent de celui qui s’était dessiné dans les prunelles de ses parents, ce type qui l’ennuyait au plus haut point. Exactement comme eux. Alors oui, c’était prévisible de la part d’un enfant de cacher ses habiletés, de refuser d’entrer dans un cadre établi dans lequel il ne se reconnaissait pas. De ne pas céder, ne pas se conformer. Là où ça ne l’était pas, c’était l’âge auquel il avait agit ainsi. Trop jeune, trop avancé, trop décalé par rapport à lui-même. Le mal-être qui transparaissait de telles actions, Caitlyn le sentait, le comprenait sans en mettre à jour les plaies. Pas besoin, elle les avaient vue, bouches ouvertes, les bordures des blessures étaient apparues à elle sans qu’il n’ait la force de les mettre sous clef. Comme un dernier réflexe, un besoin de tendre vers l’autre, de l’appeler. L’autre, c’était elle, et il semblait que ça n’aurait pu être autrement.

- C’est bien des fois de faire une pause. De souffler un peu, réfléchir à ce qu’on veut garder et ce qu’on veut lâcher, tout ça… »

Un sourire doux traçait ses lèvres en posant le regard sur elle. Des mots qui lui correspondaient tout à fait au vu du besoin profond qu’il avait de se reconstruire, d’apprendre à avancer, de faire du tri, de déterminer ce qui lui importait. Mais des mots qui semblaient attribués à une toute autre existence que la sienne. Il distinguait en silence les bordures de ce qu’elle révélait à mi-mots, s’appuyant sur lui, sur ses épreuves, sans jamais  se mettre en avant, mais révélant avec pudeur les fumeroles de ses propres cendres. Ils en avaient cramé des journées. A l’entrée dans l’âge adulte, ils vivaient sur les vestiges d’une guerre qui ne cessait de péter sans jamais vraiment s’assumer, encaissaient les débris, les dégâts laissés par des années d’enfermement. Non, ça n’était pas simple et chacun faisait comme il le pouvait. Certains parlaient, d’autres non, certains vivaient à s’en flamber les veines, d’autres se mettaient sur pause. Capables d’observer en douceur le monde tourner, d’en déceler les couleurs, les bruits les odeurs, d’y voir l’essentiel sous la cendre.

C’est ce que tu fais. T’es pas sur pause, tu reprends ton souffle, tu l’injecte dans l’essentiel.

« Exactement. C’est nécessaire parfois. »

Je suis de ceux qui courent trop vite sur les pans d’une montagne, qu’il s’agisse d’y grimper ou de rouler jusqu’à sa base. Toi tu sais voir ce que j’oublie d’observer.

Poses-toi. T’as le droit de souffler, le monde attendra.


Si ces mots allaient vers Caitlyn, ils vibraient étrangement dans ses veines, serraient son cœur, l’emplissait d’une certaine douceur. De celle qu’il lui adressait et ne s’accordait pas assez sans doute.

Il s’était arrêté, non pas pour souffler ni pour observer le monde, sélectionner l’essentiel, mais juste pour explorer une autre part de lui-même. Et ça n’était pas une mauvaise chose. Tout comme ce qu’elle faisait valait le coup.  
Peut-être trouvait-il donc une part de ce qui importait. Et contrairement à ce qu’il avait pensé de prime abord, la musique semblait finalement faire partie de lui. Elle se rappelait à sa mémoire dans les moments difficiles, comme une bouée de sauvetage. Une évidence.

« Alors, non, j’ai pas ça chez moi non plus. Mais du coup, soit un magasin d’instruments de musique, ça te permettra de racheter une gratte, soit… j’connais un piano dans la rue, j’y allais souvent pour en jouer, ya moyen de faire un quatre mains. »
« Eh ben vendu ! On fait les deux. Mais sache que j’ai pas touché un piano depuis plus de dix piges. »

Pourquoi l’accepter alors ? Pourquoi partir sur un instrument qui n’était relié qu’à l’esprit étriqué d’une culture familiale trop rigide ? Sans doute simplement parce qu’il était temps d’associer d’autres souvenirs aux touches noires et blanches. On évolue, on change, on avance. On transforme la cendre en engrais pour y voir s’y développer de belles choses.

Amefutte ji katamaru.*

« Ouais c’est vrai qu’à la base on voulait faire le tri d’abord, mais peut être qu’on sera mieux pour trier des trucs propres, faudrait pas jeter des trucs juste parce qu’ils sont pleins de crasse. »

Des mots qui passaient à la trappe quand il soufflait en douceur des vérités plus personnelles. « T’as un certain talent pour rendre un peu de beauté dans quelque chose d’abîmé… » Le sourire apaisé, calme le cueillait, se répercutait sur ses lèvres. En toute simplicité, avant de passer à autre chose.
Les regards se faisaient complices et les rires clairs, s’instaurant une connivence évidente.

- Petit joueur. »

Un carton vide volait vers elle, maigre attaque qui n’atteignait pas sa cible, balancée dans un rire léger qui virevoltait dans l’air où brillait des milliers de particules de poussière. Sans s’arrêter de ranger, trier, extraire des meubles permettant un arrangement plus propre de la pièce, les deux jeunes gens parlaient, le nippon répondant avec humour et honnêteté à ses réflexions. Et puis ce nom si familier lui sembla étrange sur ses lèvres, à elle.

« Pas Dakota je suppose. »
« Nan, en effet. C’était bien avant Poudlard. »

Umiko. Elle et Dakota furent les deux seules avec qui il avait construit quelque chose. Elle était une amie bien avant que d’autres sentiments ne s’interposent et les fassent évoluer vers autre chose. Une relation bien mal aboutie, toute hésitante et pleine d’erreurs et de premières fois. S’il en gardait l’image d’une enfant à présent, il savait que cette femme avait constitué un véritable tournant dans sa vie. Pas moins ravagé qu’il ne l’était, elle l’avait pourtant poussé vers une voie plus saine sans même s’en rendre compte. Une fille bien dont il n’avait plus de nouvelles depuis. Abimée par la vie et les mauvais choix mais dotée d’un cœur d’or. Un profil qui semblait se répéter.

« Umiko. » Un mot, neutre, soufflé pour information avant de passer à autre chose.

« C’est vrai que ça te va bien. Et ton prénom, il a une signification ? »

Un petit rire perçait sa gorge.

« Désolée c’est tellement cliché. Surtout ne me retourne pas la question. »
« C’est vrai qu’c’est cliché. »

Une moquerie douce et légère.

« Sincèrement ? T’es pas prête pour les interprétations possibles et l’étymologie des prénoms dans ma langue. Si tu le prends en littéral, on est sur quelque chose comme ‘le vouloir réellement’, Taku pouvant être traduit par ‘vouloir’ et ‘ma’ comme la notion de ‘véritable’. Mais il peut y avoir une notion d’artisan, de création…. Ou si on remonte à l’origine du prénom, quelque chose comme ‘l’homme sombre’. Mais vu que vous avez tendance à m’appeler ‘Taku’ en règle général.. en substance, ça veut dire « chez soi. » »« J’t’avais dit que t’étais pas prête à une explication de texte. Et c’est très… TRES vulgarisé comme explication. »

Je présente très humblement mes excuses aux japonais si j’ai foiré, et je me doute que j’ai foiré ! Les sites et manuels n’évoquent pas la même chose, je ne suis pas au niveau, plaignez-vous au syndicat des questions délicates si besoin xD !

« Et du coup, la Norvège… J’y ai vécu quelques temps, après la chute de Poudlard en septembre. »

Cette fois, il suspendait son geste, posait les yeux sur elle sans l’interrompre, reprenant son travail sans y songer, plus attentif à ses paroles qu’à ce qu’il faisait mécaniquement.  

« J’étais paumée, j’habitais chez des amis mais je n’y arrivais plus. »

Les voilà, les fumeroles. Les parcelles de sa vulnérabilité, soufflées à mi-mots, dévoilées au détour d’une conversation banale, sans qu’il n’ait véritablement rien demandé. Parce que c’était le moment sans doute, qu’elle avait décidé comme ça, sans le prévoir. Alors il sentait les inflexions douloureuses dans ces mots. Dans ces termes sans équivoque. Paumée. Ne plus y arriver. Ces phrases qui résonnaient en lui, faisaient sens, se reflétaient dans ses propres vécus.

J’y arrivais plus…

Il la revoyait ce jour-là, bien après cette histoire de Norvège, ne poserait pas la question, bien sûr. Mais à ce moment-là non plus, elle n’y arrivait plus. Elle était à bout.

« J’ai saisi une opportunité : une nana qui m’a proposé un job dans son auberge de jeunesse. J’ai toujours pas compris ce qui lui a pris, mais j’me suis pas trop posé de questions, j’avais acheté une tente magique en été, je l’ai prise et je l’ai plantée en Norvège et voilà. »

Une expression impressionnée se dessinait sur ses traits en l’entendant évoquer ces moments passés en Norvège. Partir ainsi à l’aventure avec une tente à l’autre bout de la planète, dans l’inconnu complet, sans plan de secours ni de véritables contacts. Sérieusement ? Wow. Il y avait de l’admiration dans son regard. En Norvège, seule, avec une tente. Partir en Angleterre lui avait semblé être un coup de folie. Mais à côté de la tente en pleines steppes, il faisait pâle figure.

Elle était là, chez des amis, en collocation, en saturation. Alors elle était partie, seule, au bout du monde. Un petit sourire traçait ses lèvres en notant le parallèle évident des deux situations. Alors sans doute y pensait-elle en le rejoignant là-bas.

« J’ai pris Rainbow avec, bien sûr, et comme elle ne pouvait pas habiter avec moi à Londres, elle est restée en Norvège, j’y retourne régulièrement pour la voir. »
« A l’auberge ? »

Ou dans les grands espaces Norvégiens ? Ce serait un beau retour à la nature pour cet animal que les sorciers utilisaient en véritable facteur. Mais pourquoi ne pas la ramener sur Londres ? Nombreux étaient les sorciers qui gardaient leurs strigidés à leur côté dans la ville. Parce que là où elle habitait, ça semblerait étonnant. Il avait déjà compris qu’elle vivait avec quelqu’un, à présent le jeune homme comprenait qu’il s’agissait d’une moldue.  

« D’ailleurs, j’étais justement en train de jouer du piano dans la rue que je te disais quand elle est venue vers moi et m’a proposé ce job. Comme quoi j’ai aussi gagné ma vie en faisant de la musique. Mais pas de nom de scène pour moi, et pas de chanson délire sur Youtube, désolée ! »

Tu as suivi une parfaite inconnue… en Norvège… et tu y as planté une tente. Il en restait sur le cul. Pourtant un petit rire tranchait de nouveau l’air.

« Hey tu vois, comme quoi, finalement la musique permet en effet de gagner sa vie. Ça fera taire les mauvaises langues. »


À quel moment, tu comprends que c'est ton truc ?
Que la musique revient pour te relever de chaque chute
À quel moment, tu sais qu'elle est ta boussole ?
Quand la vie te punit, la musique te console
À quel moment, ce piano a chanté ?
Ses accords t'ont hanté, ont choyé ta santé
À quel moment, il est ta respiration ?
Et à quel moment, on en fait une chanson ?

« Donc tu t’es barrée pour prendre un job qu’une inconnue t’a proposé, et tu as vécu en Norvège dans une tente ? Ok : respect ! » Réel.

Il aurait pu réagir sur ce qu’elle avait laissé filtrer, sur ces informations qu’il récoltait par brides, avide d’en savoir plus sur elle, mais pudique et respectueux de la laisser avancer à son rythme. Doucement, tant que les pas l’amenaient doucement vers lui pour se confier. Oui, il aurait pu la relancer, mais s’il captait les pincements au cœur qu’elle masquait par l’amusement, il en comprenait surtout le sous-texte : exploiter ça, le caractère comique de la situation. Et pas ce qui restait là, sous-jacent.

« Et c’est comment ? La Norvège. Ça fait partie des pays que j’aimerai visiter. »

Le rat des villes était définitivement attiré par les grands espaces.

« Tient tu me passes le chaudron à ta droite ? » Il organisait, reconstituait, ordonnait. Et doucement, tout ça commençait à avoir des aspects moins anarchiques. Le trouvant trop abîmé pour en tirer quoi que ce soit, il le balançait sans ménagement dans le carton sans fond, suivant alors un meuble en trop sale état pour l’utiliser, une ribambelle de bouquins délabrés, un ensemble de sacs au contenu bien suspect. Le ménage continuait, bercé d’anecdotes, les emportant par moment vers des souvenirs de bout du monde jusqu’à ce qu’enfin, les lieux semblent globalement déblayés.

« Au fait, tu m’as demandé de ne pas te rendre la question concernant mon prénom. Alors je le ferais pas… parce que je sais déjà ce que signifie le tient. » Une main dans ses cheveux bleutés, un petit sourire en coin, le sourire tendre, les yeux illimités de sa malice enfantine. D’éclats sans doute un peu plus nuancés que ça, à vrai dire. « Et tu l’incarnes bien. »

Le regard droit vers le sien, qui l’accrochait une seconde.

Pure. Beauté pure, même.

« Voilà ! J’voulais te mettre un peu mal à l’aise pour m’avoir forcé à tenter d’épiloguer sur la signification du mien. » La petite mimique provocante fronçait son nez, allumait ses prunelles, claquait l’amusement sur ses traits doux. Et puis, l’air de rien, il enchaînait. « Tu sais quoi ? Allez, on a bien bossé, ça fait une plombe qu’on y est. On met tout en hauteur et on laisse la magie nettoyer un peu les sols. Avec toute la merde qu’on a remuée, ça devient nécessaire. D’autant plus dans l’autre pièce ! Comme ça tu pourras me montrer ce fameux piano qui permet de choper du boulot. On sait jamais dans la vie ça peut servir hein ! Jordane cherche du boulot depuis des mois, va falloir qu’elle se mette au piano, j’vois qu’ça.. »

Déjà, il se mettait en mouvement, déblayait ce qui nécessitait encore de l’être, balançait sans ménagement les quelques dernières choses inutiles, bien plus enclin à balancer que l’était Caitlyn. Bientôt, des balais furent ensorcelés et ils purent quitter la pièce pour redescendre.

« T’as vu Merlin ? De Disney ? Parce que j’imagine déjà les trucs se rebeller et terminer dans la rue. »

Les balais marchant sur leur frange, la mousse partout dans la pièce, le soulèvement des éponges…

« On est partis ? »

Un dernier regard pour l’Augurey qui se calmait tranquillement dans son coin, un œil pour la nourriture qui avait furtivement baissé et déjà, ils sortaient.  



*Après la pluie vient le beau temps.
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Sam 14 Aoû 2021 - 16:45
« Eh ben vendu ! On fait les deux. Mais sache que j’ai pas touché un piano depuis plus de dix piges.
- Sérieux, t’as pas touché un clavier pendant tout le temps que t’étais sur scène ? »

Qu’il refuse de travailler ses gammes et d’enfiler des costards miniatures pour des auditions c’était une chose, mais elle aurait cru qu’il laisserait ses doigts courir sur les touches du synthé de temps en temps, ne serait-ce qu’en guise de dernier pied de nez à ses parents. Preuve que son dégoût de la chose était bien plus fort qu’elle ne l’aurait imaginé.

« J’ai fait du violon aussi. Fais gaffe parce que tu risques de finir par correspondre aux critères de tes parents si on continue à trainer ensemble. »

Caitlyn avait toujours eu un air et une réputation de Miss Parfaite, la plupart des parents seraient heureux de savoir leur enfant en sa compagnie. Ceux de Takuma, de ce qu’elle en avait entendu, seraient encore capables de voir en elle une mauvaise influence. Trop pauvre, sans doute. Trop libre, du coup. Qu’elle puisse leur ramener leur fils tel qu’ils l’avaient imaginé ne les intéressait pas.

Ce n’était pas son but, bien sûr. Leur absence, aussi pesante, aussi obsédante soit-elle, était moins toxique que leur présence dans la vie de Takuma, il l’avait compris. Et son passé, elle ne cherchait pas à l’effacer, il ne cherchait pas à l’oublier. Il faisait partie de lui, définissait celui qu’il était aujourd’hui, et il l’embrassait, l’assumait, refusait de le rejeter, de le dénigrer.

« Nan, en effet. C’était bien avant Poudlard. »

Caitlyn se sentit soudain bien hypocrite, à se placer en soutien, en mentor, alors qu’elle aurait tant de choses à apprendre de lui. Faites ce que je dis, pas ce que je fais, toujours. La théorie elle l’avait, savait bien que le passé finissait toujours par rattraper celui qui le fuyait. De là à l’appliquer… L’élève était plus avancé que le maître sur ce point-là. Ou peut-être le maître était-il bien moins indulgent envers soi-même qu’envers l’élève.

« Umiko. »

Elle hocha la tête, son sourire se fit plus doux une fois de plus, son regard se perdit dans celui de Takuma l’espace de quelques instants. Le timbre de sa voix avait changé, tout comme celui des battements de son cœur qu’elle entendait résonner dans sa poitrine comme venus d’un autre temps, d’une autre vie. Mélancolie.

« C’est vrai qu’c’est cliché. Sincèrement ? T’es pas prête pour les interprétations possibles et l’étymologie des prénoms dans ma langue. Si tu le prends en littéral, on est sur quelque chose comme "le vouloir réellement", "Taku" pouvant être traduit par "vouloir" et "ma" comme la notion de "véritable". Mais il peut y avoir une notion d’artisan, de création…. Ou si on remonte à l’origine du prénom, quelque chose comme "l’homme sombre". Mais vu que vous avez tendance à m’appeler "Taku" en règle générale… en substance, ça veut dire "chez soi.".
- L’homme sombre, hein ? »

Et de ce "T’es beau" qui se reflétait dans ses yeux rieurs, de ce "Je t’aime" qui se dessinait sur ses lèvres narquoises, Caitlyn n’en était pas consciente pour un sou. Sa silhouette voutée qui détachait dans la nuit, les contours des tatouages qui sillonnaient sa peau diaphane, sombres cicatrices d’un vécu qui l’était tout autant, d’un sang et d’une âme ayant succombé à la noirceur plus d’une fois.

En rire, encore et toujours. Sans jamais en sous-estimer le poids, la gravité. Moqueuse, taquine, elle s’amusait du sens caché de son prénom qui lui seyait si bien, ironisait l’attrait qui y était si souvent associé. Le bad boy. Le gangster. Le rebelle. L’anti-héros des romances cucu la praline, modèle aux relations toxiques servi sur un plateau d’argent aux jeunes de nos jours.

« J’t’avais dit que t’étais pas prête à une explication de texte. Et c’est très… TRÈS vulgarisé comme explication. »

Et à son tour de raconter, de dévoiler une part obscure de sa vie avec le sourire, s’amusant de l’aspect improbable de ses aventures comme tirées d’un film d’un tout autre genre que celui de Takuma. Riant même de cette admiration qu’elle voyait dans son regard, secouant la tête l’air de dire qu’elle ne la méritait pas.

« A l’auberge ?
- Mais non, pas à l’auberge ! Dans la forêt, là où j’ai planté ma tente. »

Elle n’avait jamais voulu enfermer Rainbow, ne l’avait fait que l’espace de quelques semaines quand elle vivait avec Rafael et Casey. Ni l’une ni l’autre ne s’y sentaient à l’aise en réalité, et ce n’était pas faute d’hospitalité. Cela dit, la Norvège non plus n’avait pas su lui procurer le sentiment de plénitude qu’elle recherchait, malgré ses grands espaces, mais Rainbow y avait trouvé sa maison. Où serait-elle, où seraient-elles, si Caitlyn n’avait pas accepté le job d’une touriste qui l’avait entendu jouer du piano ?

« Hey tu vois, comme quoi, finalement la musique permet en effet de gagner sa vie. Ça fera taire les mauvaises langues. »

C’était une manière de voir les choses.

« Donc tu t’es barrée pour prendre un job qu’une inconnue t’a proposé, et tu as vécu en Norvège dans une tente ? Ok : respect !
- Faut croire que j’ai un truc avec le concept de se barrer à l’autre bout du monde sans savoir ce que j’y trouverai… »

Clin d’œil à leur rencontre.

« Et c’est comment ? La Norvège. Ça fait partie des pays que j’aimerai visiter.
- Tu vas rire mais j’ai pas tellement visité, alors qu’à la base c’était justement la raison principale qui m’a poussée à prendre le job. »

Pas de tourisme, pas de photos, elle était restée au campement qu’elle avait aménagé, investi jusqu’à s’y sentir chez elle, profitant de cette sérénité qu’elle y avait trouvée, créée. Pas envie de bouger, pas alors qu’elle venait tout juste de se poser.

« Mais de ce que j’en ai vu, c’est vraiment beau. J’adore les forêts de conifères, la mer aussi. Faudrait que j’y retourne pour voir les Fjords et les lacs, t’es le bienvenu pour venir avec moi. »

À ce train-là, ils pourraient bientôt ouvrir un blog avec les récits et les photos de leurs voyages à travers le monde. Ou une agence. Comme quoi, pas besoin d’avoir des diplômes pour gagner sa vie. L’idée qui devait ne faire que traverser son esprit y trouva un coin où se loger, et Caitlyn la contempla avec une certaine satisfaction. Après tout, c’était vrai, s’il y avait bien une chose que Poudlard leur avait apprise, c’était à se débrouiller.

« Au fait, tu m’as demandé de ne pas te rendre la question concernant mon prénom. Alors je le ferais pas… parce que je sais déjà ce que signifie le tien. Et tu l’incarnes bien. »

Une hésitation, ne sachant pas bien comment réagir, avant de le voir qui jubilait de sa provocation, un sourire en coin, une flammèche dans ses prunelles sombres, une main dans ses mèches bleutées. Sale gosse. C’est ça, fous toi de moi j’te dirai rien.

« Ouais nan j’veux pas savoir. »

Et elle n’imaginait même pas à quel point elle avait eu raison de refuser.

« Voilà ! J’voulais te mettre un peu mal à l’aise pour m’avoir forcé à tenter d’épiloguer sur la signification du mien.
- Ah non mais merci, vraiment.
- Tu sais quoi ? Allez, on a bien bossé, ça fait une plombe qu’on y est. On met tout en hauteur et on laisse la magie nettoyer un peu les sols. Avec toute la merde qu’on a remuée, ça devient nécessaire. D’autant plus dans l’autre pièce ! Comme ça tu pourras me montrer ce fameux piano qui permet de choper du boulot. On sait jamais dans la vie ça peut servir hein ! Jordane cherche du boulot depuis des mois, va falloir qu’elle se mette au piano, j’vois qu’ça… »

Elle pouffa devant l’absurde de sa théorie, qui aurait pu l’être encore plus s’il y avait intégré Enzo ou Alec – sans rancune les gars ! Mais déjà il finissait de jeter quelques derniers objets qui trainaient un peu trop près de ses yeux, suspendait le reste dans les airs, et Caitlyn de dépoussiérer le sol d’un sortilège rapide avant d’enchanter balais et panosses pour les laisser passer la serpillère en leur absence.

« T’as vu Merlin ? De Disney ? Parce que j’imagine déjà les trucs se rebeller et terminer dans la rue.
- C’était pas l’Apprenti Sorcier, ça ? D’ailleurs il me semble que j’ai joué le thème au violon, Tchaïkovski sauf erreur. »

En tout cas la joueuse l’a joué à la clarinette et n’a jamais vu le dessin animé mais c’est à ce moment là qu’elle en a appris l’existence et l’histoire.

« On est partis ?
- On est partis ! »

Ils descendirent les escaliers, ressortirent de l’armoire, passant par l’arrière-boutique où Narnia l’Augurey avait fini de manger et de se calmer, attrapant son sac au passage, et bientôt les voilà sur le Chemin de Traverse. Caitlyn laissa Takuma refermer la porte de la boutique, puis s’engagea dans la rue sorcière, rejoignant le côté Moldu de la ville et le guidant jusqu’à l’endroit où se trouvait le piano libre accès.

Elle entendit la musique bien avant de voir l’attroupement, faillit se trahir mais se retint au dernier moment et n’en montra rien, attendant que Takuma l’ait à son tour perçu, plusieurs mètres plus tard, alors qu’ils tournaient à l’angle du trottoir. Là, à l’autre bout de la rue, les passants s’étaient arrêtés pour écouter le concert de jazz improvisé d’un vieillard qui ne payait pas de mine mais qui envoyait du lourd.

« On va passer pour des gros nuls après ça… J’avoue que j’ai oublié que c’est samedi et qu’on risque d’avoir du public. »

Ce qu’il fallait comprendre avec Caitlyn, et que Takuma avait sans doute compris plus rapidement que quiconque, c’était qu’elles avaient toujours été deux. L’une confiante, extravertie, notamment quand ses proches avaient besoin de réconfort, d’autant plus quand il y avait quelque chose à défendre. L’autre d’une timidité et d’une humilité presque maladives, n’assumant pas ses facilités sociales ni intellectuelles, craignant d’être trop, ou au contraire pas assez.

La plupart ne s’en rendaient même pas compte. Avec Takuma, elle n’avait pas peur des mots. Avec Jake, elle n’en avait pas besoin. Elias l’avait appris contre son gré. Rafael l’avait compris avec le temps. Enzo l’avait senti, assez rapidement, plus ou moins inconsciemment. Alec l’avait su par la force des choses. Son harem, encore et toujours. Bien mieux que n’importe quel trait de caractère, c’étaient ses liens qui la définissaient, faisaient d’elle celle qu’elle était.

Les derniers accords s’envolèrent, le vieillard entreprit de se lever, déjà la foule se dispersait, et bientôt le trottoir était à nouveau libre, pas totalement vide pour autant mais assez pour que Caitlyn et Takuma s’approprient l’instrument en toute discrétion. Elle posa son sac contre le tabouret sur lequel ils s’étaient assis tous les deux, contempla les touches noires et blanches marquées par le temps et les intempéries.

« J’te laisse l’honneur ? »



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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Dim 22 Aoû 2021 - 18:21
- Sérieux, t’as pas touché un clavier pendant tout le temps que t’étais sur scène ? »
« Ben… ouais »

Pourquoi ? Sans doute seulement parce que le piano était à présent tout à fait associé à son enfance, qu’il ne l’avait jamais réellement vu autrement. Que ça ne l’attirait pas, tout simplement. Pourtant qu’importe l’instrument, les notes lui parlaient. Mais voilà, il y avait des liens qui ne se défaisaient pas si aisément. Ceux de la famille, des souvenirs, des restrictions étaient de ceux-là. Non, il n’avait jamais correspondu, jamais été de ceux qui se taisent, qui ne prennent pas de place, qui sont sages et effacés. Il était tout l’inverse, jusqu’à prendre tout l’espace en manque si cruel de considération qu’il en aurait brisé les murs pour être remarqué. Le piano avait ça de trop discret, de trop pur et sage - immobile, propre…. - qu’il avait du mal à s’y identifier.

« J’ai fait du violon aussi. Fais gaffe parce que tu risques de finir par correspondre aux critères de tes parents si on continue à trainer ensemble. »
« Sérieux ?! » Un petit sourire sur les lèvres, il se rendait compte qu’à l’imaginer jouer ainsi, l’image qui en ressortait n’avait plus rien à voir avec ses à priori d’enfants. Elle le forçait à de nouvelles associations, à poser un regard plus complaisant, à accepter ce qu’il était plutôt du genre à rejeter. La façon dont elle pouvait peindre ce qui n’avait été pour lui que contrainte et soumission se chargeait d’une vague de liberté qu’il n’y avait jamais associé et qui dessinait un petit sourire sur ses lèvres tandis qu’ils continuaient à parler. Evoquant brièvement l’avant Poudlard et son ex, Takuma sentait poser sur lui le regard de la jeune femme dans lequel il s’arrêtait un instant, comme capté par l’azur de son regard. C’était un effort de s’en arracher, d’éviter de laisser l’attirance évidente reprendre le contrôle de ses actes et de répondre aux questions qu’elle lui posait.

- L’homme sombre, hein ? »

Un instant pourtant, il s’arrêtait, le regard perdu dans le sien, y contemplant un éclat qu’il n’aurait su réellement définir. Ce qu’il savait décrypter, en revanche, c’était qu’il y avait une certaine dose de tendresse qui n’avait rien à faire entre deux amis. Un élan qu’il cru avoir rêvé après un battement de cil, comme l’image d’une illusion qu’il souhaiterait draper de vérité. Un instant à se laisser glisser dans une faille où ni Jakob ni l’addiction n’avaient vraiment d’impact. Rien que le temps d’un battement de cœur avant de s’en retirer comme l’eau quitte la roche, emportée par la marée. Rien qu’un instant presque volé au présent, ce n’est rien, ça s’oublie, ça se nie. Alors ils continuaient de parler, évoquant le passé de l’un comme de l’autre, survolant le premier pour s’arrêter sur la seconde et ses aventures en Norvège.

- Faut croire que j’ai un truc avec le concept de se barrer à l’autre bout du monde sans savoir ce que j’y trouverai… »

Il souriait, avec tant de tendresse que de respect pour cette capacité à tout larguer, à avancer. C’était quelque chose qui les rapprochait, sans doute. Il avait tant fuit, passant d’une phase à la suivante, quittant le pays sur un coup de tête pour découvrir autre chose, ailleurs. Se rapprocher d’un autre monde.

Nee kamisama, boku no ouchi wa doko desu ka ?
Moeru

Pour être honnête, il aimait bien savoir qu’ils avaient ça en commun. Se reconnaître dans ce que le comportement de l’autre pouvait contenir tout à la fois de courage et de failles. De désirs et de peurs.

- Tu vas rire mais j’ai pas tellement visité, alors qu’à la base c’était justement la raison principale qui m’a poussée à prendre le job. »
« Nan c’est vrai ?! »
« Mais de ce que j’en ai vu, c’est vraiment beau. J’adore les forêts de conifères, la mer aussi. Faudrait que j’y retourne pour voir les Fjords et les lacs, t’es le bienvenu pour venir avec moi. »

Il allait le proposer, sourit en douceur de la proposition.

Elle n’est jamais bien loin, la brèche. Conscients ou non, elle restait là, ouverte à la marrée.

Sans doute l’eau s’y engouffrait-elle encore un peu tandis qu’il lâchait une réflexion teintée d’une tendresse bien trop étendue pour être vraiment amicale.

« Ouais nan j’veux pas savoir. »

Elle ne saurait pas, donc. D’ailleurs il ne l’aurait pas dit, pas frontalement. Et certainement pas tout de suite. Alors il se contenait d’un petit sourire en coin, mutin, la défiant du regard sans pour autant rajouter quoi que ce soit et passant à autre chose.

Ils se cherchaient, bien sûr, comme les deux ados qu’ils étaient encore peu de temps auparavant. Comme des jeunes gens normaux qui esquivaient le temps d’une attirance parfois reniée les tourments d’une réalité bien plus douloureuse. C’était innocent, admettons-le, l’une fermant les yeux à ses propres émotions, le second bien plus conscient de ses actes mais face à une barrière qu’il ne franchirait pas. C’était innocent, léger, illusoire même.

Rien qu’une marrée qui passait et qu’on oublierait ensuite.
L’eau qui courre sur le sable, en efface les traces, nettoie les plaies, cicatrise les sillons du passé.

Bientôt, ils repartaient, laissant les pièces davantage dégagées. Il faudrait encore un sacré temps de nettoyage, bien sûr, mais ils en avaient assez fait pour le moment et il semblait important d’envisager une autre activité. Voir l’extérieur, sortir un peu.
Ainsi, les deux jeunes gens étaient sortis, traversant le chemin de traverse, emportés par la foule jusqu’à retrouver l’extérieur. Il n’y avait pas moins de monde dans les rues de Londres, mais le côté moldu l’oppressait moins, comme si ces environnements dénués de magie pouvaient s’avérer moins… risqués.
Un instant, il lui sembla la voir se tendre sans rien dire mais oublia rapidement cette impression car bientôt ils arrivaient dans la rue que Caitlyn avait désigné. Là-bas, au carrefour, un homme se produisait, entouré d’une foule de badauds qui l’écoutaient avec intérêt et admiration. Takuma avait toujours trouvé qu’il y avait ça de beau avec la musique… elle était apte à rassembler les gens, qu’importe qui ils pouvaient être, révélait les âmes, rapprochaient les gens. Pas besoin de parler la même langue ou d’appartenir au même milieu pour se comprendre, il suffisait parfois de se laisser porter.

Observant en silence le vieil homme, les deux jeunes portaient sur lui une certaine fascination qui rejoignait celle des autres passants. Un moment suspendu, le monde s’arrêtait simplement pour s’emplir de ce que cet homme savait dégager. Pour partager un temps, une émotion, un souffle. Un instant, il lui sembla être connecté avec chacun d’entre eux, petits et grands, l’âme reliée à celle de l’homme qui la mettait à nue à travers quelques notes superbement interprétées. Souriant en silence, il attendit la fin pour applaudir, comme les autres, déposant alors son regard sur une Caitlyn qu’il devinait impressionnée.

« On va passer pour des gros nuls après ça… J’avoue que j’ai oublié que c’est samedi et qu’on risque d’avoir du public. »

Alors le sourire s’adoucissait face à cette pudeur qu’elle portait toujours en elle sans toujours lui laisser une véritable place. Parfois, elle la noyait sous une assurance qui n’existait pas toujours réellement. Comme portée par la colère, la joie ou simplement le moment. Il n’existe de courage sans angoisses. Alors à la voir se décider avant lui, marchant jusqu’au piano en l’emportant dans son sillage, c’était bien ce qu’il observait sans bruit : le courage. Un instant, d’ailleurs, il n’y eu que ça avant qu’une pointe de stress ne vienne le prendre.

Ridicule, vous me direz. Il avait remplis des salles entières et aurait pu flancher pour une simple chanson sur un piano. Glissant son annulaire sur les touches blanches et lisses, il fit glisser son regard sur les passants qui s’esquivaient à présent pour la plupart, notait ceux qui restaient, intrigués par le nouveau binôme d’audacieux. Personne ne le dévisageait, ne reconnaissait ses traits, ne sortait son téléphone… et il fallait bien avouer que ça le rassurait.

Se glissant auprès de la jeune femme, sa cuisse contre la sienne, épaules contre épaules, il ne pouvait que noter les pulsations qu’il sentait frapper entre ses côtes autant qu’au centre de ses veines. Le stress, disons.
…Avec une dose de mauvaise foi assez phénoménale.

« J’te laisse l’honneur ? »

Un rire claquait dans sa gorge, éloignant l’appréhension que la foule avait fait naitre. « C’est ça, super. Merci pour celui qui n’a pas touché un piano depuis longtemps. » Un regard de côté et c’était avec un air moqueur et complice qu’il la fixa un instant avant de laisser courir ses doigts contre les touches. Le cerveau vide, les notes lui échappant un instant, il hésitait. Ça remontait, vraiment, et tout ce qui lui venait semblait si foutrement lointain, carré, insipide. Et puis, se décidant à relâcher la pression, il laissait ses doigts reprendre le contrôle, les notes s’enchaînant, trouvant le chemin les unes des autres dans un naturel qui le surprenait presque. Rapidement, ses doigts retrouvaient leur souplesse, leur arrondi, jouant sur l’instrument comme pour l’apprivoiser, le comprendre. Comme on apprendrait à communiquer avec autrui, timidement d’abord, puis de manière plus franche, tombant par hasard sur des choses en communs. Une façon de se lier. Se dessinaient alors doucement les contours d’une mélodie tirée d’un film, comme s’il en trouvait le chemin à travers les notes improvisées. Une trame qui se tissait presque par hasard. Et tandis que la musique se déroulait dans l’air, classique et connue, les doigts de Caitlyn se joignaient aux siens, les frôlant parfois, chargeant alors le son d’une profondeur qu’il lui semblait découvrir comme si elle n’existait pas avant.

La brèche, nous disions, n’est jamais bien loin.
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Takuma Ishida Hayato
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Takuma Ishida Hayato
Lun 6 Sep 2021 - 11:39
Trop discret. Trop pur et sage, immobile, propre. Comment ne pouvait-il pas voir que le piano était tellement plus que ça, qu’il pouvait faire danser, chanter, penser, pleurer. Qu’il pouvait toucher les âmes tout autant que n’importe quel autre instrument. Ayant toujours refusé de s’arrêter aux apparences, de laisser autrui la dégoûter de quoi que ce soit, une partie d’elle ne pouvait s’empêcher de lui en vouloir d’avoir été si aveugle, de n’avoir pas su voir plus loin que son aversion pour tout ce qui était lié de près ou de loin à ses parents. Lui qui avait la capacité de voir plus que quiconque ce que les autres ne voyaient pas. C’était injuste, elle le savait, et elle ne le lui dirait pas, tout comme il ne lui avait pas dit le fond de sa pensée, mais tout comme le piano, Caitlyn n’était pas cette image lisse et parfaite que les autres avaient d’elle.

Petite fille modèle, Miss Je-Sais-Tout, la première de la classe et toujours le sourire aux lèvres, telle un robot, un hologramme. Pourtant, vivante, elle l’était. Humaine, aussi. Elle avait ses envies, ses émotions, ses humeurs. Riait quand elle était heureuse, pleurait quand elle était triste, criait quand elle était fâchée et se taisait quand elle était blessée. Et elle avait ses tares, ses faiblesses, ses défauts et ses imperfections. Pouvait être jalouse, jugeante. Dure envers les autres autant qu’envers soi-même, parfois. Secrète, surtout, au point où c’en pouvait être vexant. Et en cet instant, si elle avait su ce qu’il reprochait à l’instrument, probablement qu’elle n’aurait pu s’empêcher de lui en vouloir, d’être un peu déçue, même, malgré ou peut-être justement à cause de l’admiration que lui suscitaient sa force de caractère et son ouverture d’esprit, sa capacité à se relever, à s’accrocher envers et contre tous.

En réalité, sa déception n’aurait été que l’expression de sa frustration et de sa peine de voir l’influence néfaste que pouvaient avoir des parents sur un enfant, au point de lui faire détester un instrument alors même qu’il adorait la musique. Et à le voir qui s’en imprégnait, s’y abandonnait, mettant de côté ses aprioris une fois de plus, se gardant bien de lui faire part de l’ampleur de ses préjugés, Caitlyn fut surtout vite emplie de fierté pour cet homme qui défiait encore et toujours les lois qui l’entouraient, qui l’enchaînaient. Loin de se douter qu’il portait sur elle le même regard, voyait en elle le même courage. Des parcours de vie bien différents, des origines, sociales, culturelles, diamétralement opposées, et pourtant tant de similitudes, tant de points communs. Reflets l’un de l’autre, pas moins complémentaires pour autant, et ne s’en rendant qu’à moitié compte l’un comme l’autre.

Elle pouvait entendre son cœur tambouriner entre ses côtes alors qu’il prenait place à côté d’elle, l’attribua à l’appréhension de se retrouver devant une poignée de badauds qui ne le connaissaient pas, face à un instrument qu’il avait renié toute sa vie. Elle eut un sourire. Pourtant, son palpitant n’était pas en reste, et sa peau s’embrasait, sa gorge se serrait, son ventre se nouait. Mais ni ses sens amplifiés ni son métabolisme accéléré ne lui conféraient la science infuse, ne la rendaient imperméable au déni ou à la mauvaise foi. Elle retenait son souffle alors qu’il posait ses doigts sur les touches, nerveux, crispé. Puis elle le vit qui se détendait au fur et à mesure que les notes lui échappaient, et elle reconnut la mélodie de ce film d’animation japonais qu’elle avait tant de fois regardé, enfant. Alors elle joignit ses doigts aux siens, presque aussi fins, presque aussi légers.

Elle ferma les yeux, laissa sa tête partir légèrement vers l’arrière et sur le côté. S’imprégnant de la musique, respirant les odeurs. Son odeur. Réalisant à quel point elle était heureuse d’être là avec lui, d’être avec lui tout court. D’être là pour lui, aussi, car si les ombres qui rodaient autour de lui semblaient ne pas pouvoir l’atteindre quand elle était à ses côtés, elles n’étaient jamais loin et elle le savait. Heureuse d’apprendre à le connaitre, quand bien même il lui semblait parfois qu’elle le connaissait depuis toujours. D’en découvrir chaque jour un peu plus sur lui, sur elle-même par la même occasion. Et de voir qu’il en découvrait chaque jour un peu plus sur soi-même, lui-aussi. Qu’il portait sur soi-même et sur le monde autour de lui un regard nouveau, différent. Sans jamais voir celui qu’il portait sur elle.

Elle rouvrit les paupières. Le morceau arrivait à sa fin et elle n’avait pas envie d’une transition vers un autre. Elle voulait laisser résonner les dernières notes dans l’air et dans les cœurs, prendre le temps de les apprécier, de les savourer. Mais les applaudissements vinrent briser le silence, et Caitlyn se rendit compte qu’un nouveau public s’était formé après la dispersion du précédent. Elle en fut presque déçue. Elle aurait voulu se tourner vers Takuma, l’observer un moment, discuter. Au lieu de quoi, elle se remit à jouer. Une autre mélodie, moins connue, qui ne demandait pas à être complétée pour le moment, offerte à cet homme qui, elle le savait, ne demandait qu’à pouvoir la regarder, l’écouter quelques instants, avant de se joindre à elle à son tour.

* * *

« Alors, j’t’ai convaincu à acheter un piano ? »

À nouveau seuls dans une rue pourtant loin d’être vide, ils marchaient sans but précis, simplement celui de s’éloigner du public qui pourtant n’était pas resté longtemps après les avoir vus s’en aller. Pourtant, Caitlyn n’avait jamais été véritablement mal à l’aise devant les foules ni les jurys. Avait donné des auditions, passé des examens, lancé une révolution. Était-ce la présence de Takuma qui lui faisait cet effet, comme si elle n’avait pas envie qu’il la voie autant à l’aise, aussi confiante, alors que lui-même avait rempli des salles entières et avait des capacités intellectuelles hors du commun ? Elle n’aurait pas su expliquer comment elle se sentait à chaque fois que la musique s’arrêtait et qu’elle réalisait qu’ils n’étaient pas seuls.

« Si c’est comme ça que tu joues du piano alors que tu détestais ça et que t’y as pas touché depuis plus de dix ans, j’me demande ce que ça donne avec une guitare après quatre. »

Et elle secoua légèrement la tête, lâchant un petit rire amusé.
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Dim 19 Sep 2021 - 14:35
L’enfant d’hier n’était pas l’adulte d’aujourd’hui. Il était alors un petit garçon frustré qui cherchait l’attention des siens et qui projetait dans des choses idiotes tous les manques qu’il bouffait tous les jours. Alors oui, un piano n’était alors rien de plus qu’un instrument fait pour le forcer à rester immobile à entrer bien sagement dans un cadre qu’on avait construit pour lui sans envisager une seconde de lui demander son accord. Il fallait être de marbre, contrôler ses émotions, baisser le regard, laisser de l’espace aux autres, apprendre et se taire. Les règles s’enchaînaient et l’attitude était observée sans cesse… alors qu’il aspirait si violemment au mouvement. Alors oui, il gardait cette rancœur envers un instrument qui ne faisait que cristalliser des souffrances qu’il était alors difficile d’attribuer aux humains. Ça aurait signifié admettre qu’il leur en voulait. Admettre que les parents n’étaient pas à la hauteur, qu’ils ne savaient simplement pas faire face à cet enfant qui ne rentrait pas dans le moule. Un gamin qui ne savait jamais rien faire, qui s’ennuyait et devenait intenable. Un gamin que personne ne comprenait et qui n’avait pas les codes pour apprendre à se poser, s’exprimer, entendre ce qu’on lui disait. Car non, il n’était pas hors de la problématique. Simplement il était l’enfant et personne n’avait été apte à comprendre. Aimait-il la musique à l’époque ? Pour être honnête : non. Rien ne lui parlait, tout semblait forcé, contraint, comme une symphonie qui sonnait faux. D’ailleurs les premiers morceaux qui étaient sortis plus naturellement de sa guitare quand il avait fini par s’y mettre sortaient eux aussi du cadre. Takuma n’avait pas appris à jouer comme on l’attendait de lui, il ne s’était pas posé pour apprendre à aligner les notes et les sons, faire les liens, comprendre les gammes et intégrer les accords. C’était sorti par un imbroglios de sons claqués, ses doigts jouant avec le bois du corps de l’instrument comme s’il s’en servait comme une caisse de résonnance, trouvant là des habitudes qu’il avait toujours eu de tapoter des sons lorsqu’il travaillait, s’ennuyait ou devait s’occuper les mains. Le reste était venu ensuite, les accords. C’était sorti par un imbroglios de sons claqués, ses doigts jouant avec le bois du corps de l’instrument comme s’il s’en servait comme une caisse de résonnance, trouvant là des habitudes qu’il avait toujours eu de tapoter des sons lorsqu’il travaillait, s’ennuyait ou devait s’occuper les mains. Le reste était venu ensuite, comme une façon à l’adolescence de joindre le monde qu’il cherchait à se créer et celui de l’enfance qu’il avait pourtant renié si fort.
Alors bien sûr, la comparaison trouvait une réalité évidente. Oui, il s’était fié aux apparences mais ça n’était pas tant celles-ci qui avaient joué mais bien les réactions des uns et des autres quand il se devait de jouer.

‘Il est quand même mignon ton fils. Mais regarde ça, il n’arrête pas de se dandiner. Désolée de te le dire hein, mais ça n’est pas convenable pour un pianiste. Bon eh puis c’est pas encore ça hein…’
Non, ça n’était pas ça. Ça n’était pas ça parce qu’il n’en avait simplement pas grand-chose à faire de leurs histoires alors tout comme à l’école, le garçon ne faisait rien de bien. Il avait appris, bien sûr, presque contre son gré, en menant la vie dure aux uns et aux autres. Alors oui, à s’assoir face à cet instrument, le jeune homme qu’il était devenu avait toutes les peines du monde à se détacher de ces sales sensations que d’autres lui avaient imposées.

Sauf qu’enfant, tout ce qu’il voulait, c’était se lever pour s’en aller…
Mais qu’à présent, il ne lui serait jamais venu à l’esprit de souhaiter être où que ce soit d’autre que sur ce petit tabouret, assis à côté de la seule personne au monde apte à lui faire aimer ce moment.

Les notes résonnaient sous ses doigts, glissaient d’ondes douces le long de ses os, remontant dans son bras pour s’oublier quelque part vers son épaule. Les gens aussi disparaissaient d’ailleurs, ils s’évaporaient dans une autre réalité où tout ça n’avait plus aucun sens. Le raffut de la rue, les regards d’autrui, la pression de l’enfance… ces détails se délitaient pour ne plus laisser que la beauté d’un moment simple partagé avec une amie.

Du coin de l’œil il l’observait fermer les yeux, ses doigts glissant sans mal sur les touches, tellement habituée qu’elle n’y prêtait même plus une réelle attention. Non, elle n’en avait pas besoin, faisant corps avec l’instrument, elle s’imprégnait seulement du moment avec une simplicité toute pure qui la définissait bien. Caitlyn rendait les choses faciles, s’imprégnait des instants comme si elle possédait l’aptitude sublime d’en déceler la beauté. Un petit sourire se dessinait en silence sur les lèvres du garçon qui ne la quitta pas des yeux un instant, traçant du regard les courbes fines de son visage, courant  le long du tracé de sa mâchoire jusqu’à ses lèvres pour terminer sur ses paupières qui tressautaient par instant comme si tout son corps imprégnait les sons.

Et il failli manquer la note.

Revenant brusquement sur le piano et ses doigts qui avaient décidé de vivre leur vie sans qu’il n’y fasse plus attention que ça, Takuma arrondi les yeux une seconde, se rendant compte du temps de latence qu’il venait d’avoir à laisser traîner son regard sur son amie.

Amie ouais. C’était d’ailleurs tout à fait ce que se disait l’homme qui le fixait avec un petit sourire en coin face à lui.

Le doute n’était plus permis et le jeune homme en eu conscience tandis que le morceau arrivait à sa fin. S’il avait cherché un temps les touches, les vieilles habitudes étaient revenues seules et c’était bien ce regard un peu trop long qui lui avait permis de se rendre compte qu’il n’avait plus tant d’efforts à faire pour se connecter à l’instrument et au morceau qu’ils jouaient à quatre mains. Un moment de partage durant lequel ils s’étaient écoutés, entendus, accordés.
Un peu trop accordés, à vrai dire. Et tandis que la dernière note vibrait dans l’air, il lui sourit en douceur un instant, ne pouvant empêcher le petit souffle enjoué à voir cette joie vive qui brillait dans ses prunelles. Que cette femme pouvait respirer la vie..

Il aurait aimé laisser durer cet instant, laisser voleter les notes autour d’eux, s’emplir de cet instant qui n’aspirait qu’à les réunir un moment. Partager ce temps qui n’aurait dû appartenir qu’à eux, oui. Et pourtant les applaudissements venaient le fracturer, le ramenant une nouvelle fois sur la terre ferme. Alors il quittait son regard pour le poser sur ceux qui s’étaient attroupés autour d’eux. Pas tant de foule, bien sûr, loin de là, mais ces yeux qui se tournaient vers eux à chaque instant attendaient la suite ou réclamaient la place, pressant l’instant de s’essouffler. Il n’y avait là rien de comparable avec ce que ses souvenirs lui rappelaient mais, presque par réflexe, Takuma cherchait des yeux la présence d’un smartphone prêt à les filmer. Ça n’existait pas à l’époque, mais en cet instant, il eu l’impression que son passé pouvait le rattraper en une seconde, l’agripper, et l’éloigner un instant de Caitlyn. Mais personne ne filmait. Ils leur volaient l’instant, oui, mais seulement ces quelques secondes. D’ailleurs le son repris auprès de lui, comme un cadeau que son amie lui glissait en silence. Lâchait les inconnus,  il posait de nouveau le regard sur elle, l’assumant plus sûrement cette fois. Ainsi, un temps, il fut simple spectateur au même titre que les autres. Mais ceux-là, de nouveaux, ils disparurent. Alors il n’y eu plus qu’elle et chaque note qui coulait dans l’air, présent de chaque instant, glissant sur sa peau, coulant dans ses poumons à chaque inspiration l’onde résonnait à l’intérieur même de son organisme. Il ne connaissait pas ce morceau et se laissait porté par celui-ci, en écoutant les sons mêlés. Les doigts fins de la jeune femme semblaient danser sur les touches, comme si elle entamait un ballet avec l’instrument, offrant au silence une intensité presqu’intime qu’elle lui confiait comme un trésor. Un petit sourire sur les lèvres, il écoutait, observait la jeune femme peindre l’air aux couleurs de son âme.

***
 

« Alors, j’t’ai convaincu à acheter un piano ? »

Son rire claquait dans la rue pour rebondit sur les quelques passants qu’ils croisaient ça et là.

« Tu m’as convaincue d’en faire déjà ! Mais tu voudrais en plus me convaincre d’en acheter un ?! »

D’un mouvement, il s’était légèrement penché vers elle, moqueur. « T’as des actions chez Yamaha, avoue ! »

Un petit sourire et il se redressait, amusé. Ils avaient quitté la foule, suivant principalement l’impulsion de la jeune femme qui semblait avoir besoin de la fuir. Une envie de se retrouver plus au calme ? Sans doute. Une volonté d’éviter le regard de l’homme qui avait trop bien capté la situation, surtout, pour le nippon.

« Si c’est comme ça que tu joues du piano alors que tu détestais ça et que t’y as pas touché depuis plus de dix ans, j’me demande ce que ça donne avec une guitare après quatre. »

Un petit rire claquait de nouveau dans sa gorge, posant sur elle un regard où l’autodérision pointait. « C’est ça ouais, fait comme si t’avais entendu aucune fausse note de ma part. »

Un sourcil relevé, l’air de se moquer gentiment de lui-même. Non, il n’avait pas été irréprochable, d’ailleurs il pourrait presque voir sa mère lever les yeux au ciel et claquer sa langue sur son palais. Pour autant, sur le coup, elle n’existait pas plus que les autres … et à l’heure actuelle, elle ne passait dans son esprit que par une vague furtive qui passe et s’esquive, laissant seulement quelques gouttelettes rapidement séchées au soleil. Pas de trace de tristesse ou de frustration, donc, dans son comportement. Juste un fait, non, il n’était pas si bon au piano. Assez pour donner le change et suivre une mélodie, mais sans plus. Sauf à ses yeux, manifestement.

Plongeant ses mains dans ses poches, il lui offrit un sourire un brin plus doux sans pour autant faire dans le mélodramatique. « Plus sérieusement, ça faisait des années que j’avais pas touché le moindre instrument. J’suis content d’avoir fait ça avec toi. »

Un instant, son regard captait le sien, s’y perdant une seconde de trop avant qu’il ne le détourne, conscient d’être sur une pente glissante.

« .. avoue tu l’as fait exprès ? »

Un petit sourire au bord des lèvres, il désigna du menton une enseigne qui pointait le bout de son nez au bout de la ruelle.
Un luthier.
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Takuma Ishida Hayato
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