Déception & Fatigue - Rain

Mardi 3 mai dans la soirée.

Du silence enfin, ils avaient pu se rendormir sur le petit matin une fois Nicholas calmé. Il avait été malade toute la nuit et ils avaient alterné la surveillance. Et soudain, le réveil sonna, Warren fit un bon pas possible essayant de rassembler rapidement ses pensées. Qu'est-ce qui se passait ? On était quel jour ? Heureusement en quelques courts instants, il se souvint que l'on était et qu'il devait aller travailler. Il essaya de se lever discrètement même si après le bond qu'il avait fait, il avait déjà dû réveiller sa femme. Il alla se préparer, s'observa dans le miroir et avait toujours la même tronche pas fraîche que la veille, elle était même probablement pire vu la nuit qu'ils avaient passé. Soupirant, il était sorti fin prêt pour le boulot, il déposa un baiser sur le front de Mily en voyant qu'elle le regardait et lui souffla au creux de l'oreille  « Si jamais tu changes d'avis, ou que tes amies ne peuvent pas te recevoir, tu m'envoies un message et je rentrerai plus tôt.» A la base, il était prévu qu'elle passe la soirée chez des amies à elle, avec Nicholas ; et lui devait aller boire quelques verres avec des collègues du boulot puisqu'il n'y aurait personne chez eux et qu'il fallait bien également se re-sociabiliser un peu. Mily devant dormir chez ses amis, il aurait de toute manière la maison pour lui tout seul et donc aurait une bonne nuit de sommeil en perspective ! Et ça, ça le faisait vraiment rêver.

Journée de travail plutôt basique en somme, plutôt tranquille, même si ses collègues l'avaient un peu trop vanné toute la journée sur le fait qu'ils ne le laisseraient pas seul une seule seconde de peur qu'il aille roupiller dans un coin. Ahaha. Très drôle. On se marre bien dans le département magique de la Police ! Il avait dû se mordre très fort les lèvres pour ne rien répliquer de stupide, surtout qu'il avait envie d'aller boire un coup ce soir et tout seul c'était quand même beaucoup moins drôle. Il y en avait deux-trois dans le tas de ces collègues qui étaient vraiment sympas. Même si un de ses préférés était mort pendant les attentats. Rien qu'à penser à ce jour-là la tension monta d'un cran dans tout son être ; et dire que cela pouvait recommencer, encore et encore, tant que ces fous n'étaient pas mis …. pas mis d'ailleurs ? En prison ? Probablement pas. Tant qu'il ne leur avait pas mis la main dessus... mais vu ce qui risquait de se passer ce jour-là d'un côté il espérait que ça ne serait pas forcément de suite.
Il fallait être lucide, ce n'était qu'une vengeance, une réaction à la peur engendrée par la Magie. Une haine féroce pour ce qu'avait fait les Supérieurs dans le passé, probablement pour ce qu'ils feraient dans le futur, alors il fallait aussi réfléchir à tout cela...

Fin de journée, rendez-vous au chemin de traverse. Il avait fait avant quelques courses pour Nicholas – des potions plantes pour calmer ses prochaines douleurs de mal au ventre notamment-, ainsi qu'une des pâtisseries préférées de Mily qu'elle pourrait manger le lendemain. Il arriva donc pile à l'heure au bar, pour l'instant, ils n'étaient pas très nombreux et ce n'était pas vraiment les cools qui étaient présents pour ne pas dire que c'était plus les plus cons qui étaient bels et bien là. Il s'était, avec horreur, quand même un peu habitué à leurs discours même s'il les trouvait toujours en généralement répugnant.
Temps qui passe, quelques verres qui défilent – un peu-, avant qu'il ne remarque quelqu'un qu'il appréciait un peu. L'Ambassadrice ronchonne. Il se leva, s'excusant auprès de ses collègues avant d'aller la voir et de s'installer à côté d'elle.

 « Madame Godwin, je ne pensais pas vous voir un jour dans ce lieu où se côtoient tant de personnes si … peu à votre niveau.» dit-il joyeusement en guise de salut.

Qu'on se le dise, la plupart du temps la répartie de la femme amusait grandement le garçon. Si parfois elle pouvait se montrer méchante, exaspérante ou pire... la plupart du temps elle restait quand même un bon divertissement à se croire si supérieure à la moyenne et à être hautaine avec tous.

 « J'espère que vous avez l'alcool plus heureux que chiant, sinon j'suis pas sûr que vous allez ressortir d'ici sans provoquer un drame.»

Imaginons-là un peu bourrée, avec encore moins de retenue que d'habitude et des paroles tout aussi sèches parmi des gens qui se croyaient supérieurs, et qui étaient plus ou moins bourrés et sans tous leurs neurones allumés. Ah ! Que cette soirée promettait d'être comique... enfin s'il arrivait à rester réveiller jusqu'à la fin.

Assise au comptoir du Chaudron Baveur, un verre à moitié vide devant elle, l’Ambassadrice tente tant bien que mal de faire table rase de toutes les pensées qui lui traversent l’esprit depuis qu’elle est rentrée à Londres. Elle avait eu fort à faire au MACUSA, et une pile de dossiers l’avait attendue de pied ferme au Ministère, rien d’étonnant après autant de semaines sans avoir foulé le plancher de son bureau. Loin de déplaire à Rain Godwin, dont le travail représente quasiment la totalité de sa vie. Les quelques pourcentages restant étaient consacrés à son chat, la lecture et au peu d’amis qui lui restait dans ce bas monde. Se sentait-elle donc si seule pour atterrir dans un endroit pareil ? Assurément pas. La brunette n’était pas du genre à s’entourer de gens. Solitaire, elle appréciait grandement se retrouver seule, réfléchir, cogiter, faire le point sur certaines choses. Elle avait Moyra. Et quelques autres. Mais cela lui suffisait.

La quasi absence de Myrdinn pesait lourd sur sa fierté, et pourtant elle ne s’en plaignait pas car cela lui permettait d’accorder d’avantage de temps à son travail d’ambassadrice, et cela lui avait même permis de reprendre contact avec son amie d’enfance, et accessoirement avec sa fille dont elle était la marraine. Ce n’était pas cette dernière qui occupait les pensées de Rain, ce soir, mais plutôt sa mère. Adolescentes, elles avaient eu l’habitude de s’y retrouver, au Chaudron Baveur. Toutes les trois, dans leur bulle, et personne d’autre. Sans doute étaient-ce la nostalgie et l’évocation de souvenirs dimanche dernier qui poussèrent la brunette à se poser un petit temps au comptoir du bar, avec un verre de vin. De la piquette, assurément. Loin de la qualité des grands crus que l’ambassadrice avait pour habitude de boire, aux congrès diplomatiques. Mais ce soir, elle s’en fichait, elle demandait simplement au serveur à l’allure négligée de la servir. Bien sûr celui-ci savait qui elle était, et n’avait que trop peu l’habitude de recevoir la Dame ici. Afin de rassasier sa curiosité, il avait tout de même tenté d’aborder un sujet, sur lequel Godwin n’avait que brièvement répondu. Puis deux, puis trois sujets, avant de lâcher l’affaire.

« Mais n’avez-vous donc aucun autre client à servir ? » avait-elle alors rétorqué sèchement, poussant le serveur à la laisser ronchonner dans son coin. Il y avait certes d’autres façons de demander au serveur de la laisser tranquille, en particulier dans un lieu où la brunette n’avait pas l’avantage. Et pour cause, sa tenue de travail diplomatique veste et jupe tailleur ne concordait pas tellement avec l’ambiance et la clientèle habituelle. Légèrement éméchée par l’alcool, Rain s’en fichait royalement.

Et pour cause, elle ronchonne encore. Un comportement qui n’est pas passé inaperçu aux yeux de tout le monde. Un homme s’adresse à elle, elle n’eut qu’à légèrement tourner la tête vers lui pour reconnaître ce visage familier. Warren Tveit, un jeune homme bien divertissant travaillant au Ministère, département de la police magique. Amusant de le croiser dans un endroit pareil. Encore que ça n’étonnait pas l’ambassadrice que lui traîne ici. Cela faisait un moment qu’elle ne l’avait pas recroisé. Beaucoup de choses avaient dû changer depuis.

En premier lieu, Rain le toise de haut. Il aura au moins raison sur un point, tous ceux qui traînent ici n’arrivent pas à sa cheville. Warren se considère-t-il aussi gueux que tous ces cancrelats répugnants qui foulent le plancher miteux de ce pub ? Cette pensée lui arrache un sourire amusé. Un léger rire, même. Aussi, sans doute avait-il remarqué que la brunette enchaînait les verres de vin depuis un certain temps. Pourtant, elle restait tout de même lucide. L’alcool, mis à part peut-être lui délier sa langue de vipère plus que de coutume, n’avait pas grand autre effet sur elle. Elle se tourna alors complètement vers le jeune homme, son verre à moitié vide dans la main.

« Désolée de vous décevoir, mais je sais me tenir. Même dans des endroits miteux. Avec des gens douteux. »

Un léger mouvement de tête en direction des personnes qu’a laissé Warren avant de venir vers elle.. Rain comprenait mieux pourquoi le jeune Tveit avait préféré venir vers elle, elle imaginait d’ores et déjà le niveau de leurs conversations.

« Et moi je pensais plutôt que vous seriez aux côtés de votre famille, plutôt qu’ici, en compagnie de vos « amis » qui, navrée de le dire, ne respirent vraiment pas l’intelligence. »

Et elle buvait, et elle buvait Rain, une petite joie pour Warren qui allait donc probablement beaucoup plus s'amuser qu'il ne le pensait. Elle était beaucoup plus drôle que ses collègues d'une certaine façon, beaucoup auraient dit plus chiante, hautaine et vu, mais il aimait bien rentrer dans son jeu, alors c'était quelque chose qui lui convenait tout à fait.
Son sourire ne put que s'élargir lorsqu'elle le toisa de haut. Si ça t'amuse petite ambassadrice, si ça t'amuse. Cela ne lui faisait ni chaud ni froid ce genre de regard ; du moins venant d'elle. Si Kezabel le regardait de la sorte ça ne serait pas du tout la même chose... enfin ceci dit cela voulait dire qu'ils étaient dans la même pièce et ça, ça serait cool. Il secoua doucement la tête, essayant de se mettre une baffe mentale pour ne plus penser à Hasting. Cela ne servirait à rien. Ce n'était pas comme si elle n'avait pas été claire la dernière fois, mais les sentiments étaient toujours là. Bien cachés. Bien enfouis. Ceux dont ils ne pourraient parler pour ne pas la mettre en danger. Roh, merde.  Il arriva tant bien que mal à chasser l'ex préfète de sa tête avant de se concentrer seulement sur Godwin et de s'avancer vers elle pour aller lui causer.

« Désolée de vous décevoir, mais je sais me tenir. Même dans des endroits miteux. Avec des gens douteux. »

Il pencha un peu la tête sur le côté, plus amusé qu'autre chose tandis qu'elle faisait un mouvement de la tête pour indiquer ses collègues. Ils n'étaient pas douteux, juste étroit d'esprit, c'était différent. Bon, d'accord, ils avaient quelques aspects douteux mais d'une certaine lui aussi.

« Et moi je pensais plutôt que vous seriez aux côtés de votre famille, plutôt qu’ici, en compagnie de vos « amis » qui, navrée de le dire, ne respirent vraiment pas l’intelligence. »
 « Est-ce un compliment déguisé pour dire que j'ai minimum de neurones connectés contrairement à eux ?» glissa-t-il tout en reprenant un nouveau verre. Venant de quelqu'un comme elle c'était quand même un sacré compliment, il n'allait quand même pas assez à côté.  «Ma femme et mon fils ne sont pas chez nous ce soir, c'est bien pour cela que je me permets cette sortie. »

Sinon ça aurait été retour direct au bercail pour s'occuper de bébé – et Mily-.

 « Et vous devriez arrêtez de sous-estimer les gens, Madame Godwin, à moins que je puisse vous appeler Rain ?» RAAINNBOOOW. Hum pardon, ça lui manquait les cheveux arc-en-ciel de la dame.  « Tous ne sont peut-être pas des lumières, mais ils ont d'autres qualités. Et puis ils font bien leur travail, c'est tout ce qui nous est demandé, n'est-ce pas ? Faire notre boulot.»

Boulot de merde. Non, en vérité il l'aimait bien, il y avait juste des choses qu'il trouvait injustes et cela avait tendance à le rendre malade... même si avec le temps on s'habitue à tout, même à agir comme un con, avec des règles atroces et stigmatisantes.

 « Vous savez vous tenir ? Réellement... alors si j'vous propose une danse, je suppose que vous allez me lancer un regard hautain et refuser en me faisant un genre d'insulte bien sentie ? Hum.. Parfait !» avait-il répliqué sans même attendre une quelconque réponse de la femme. Il lui avait donc tendu la main pour l'inviter à la dite danse.  «Rain, m'accorderais-tu cette danse ?  Parmi ces gens douteux, dans cet endroit douteux. Pas forcément besoin de musique, ou de place. Improvisation totale.» Oui on passe au tutoiement rien que pour l'emmerder un peu plus.  « Je suis certain que l'on fera sensation, et ce n'est pas comme si quelqu'un pouvait filmer quoi que ce soit ici. Et la plupart sont trop bourrés pour se souvenir de quelque chose... A moins que vous soyez un peu comme beaucoup le disent, très coincée et qui ne sait pas s'amuser..»

Oui, il venait de lui lancer comme un défi. Elle devait pouvoir le lire dans son regard. Lui était déjà bien plus joyeux que d'habitude, l'alcool aidant ; Petit merdeux qui revenait en force. Mais il trouvait ça amusant, quelque soit la réponse de l'ambassadrice.

Warren Tveit, voilà bien une compagnie que Madame l’Ambassadrice n’était pas mécontente de revoir. Les attentats, les allers et venues entre New York et Londres, sans oublier le châtiment de Myrdinn, que d’événements passés qui avaient contraint Rain à se tenir éloignée de beaucoup de connaissances au Ministère, de part son travail acharné. Monsieur Tveit en faisait partie, certes ils n’étaient pas vraiment ce que l’on peut appeler des amis. La brunette le prenait surtout pour un collègue intéressant. Et ce malgré son jeune âge. Warren n’avait sans aucun doute l’intelligence et le niveau de diplômes de la diplomate, mais il avait le mérite de ne pas l’ennuyer. Aussi, il l’avait aidée lorsque des petits malins s’étaient amusés à lui colorer les cheveux en arc-en-ciel et fait pousser des oreilles de panda. Quelle histoire…A ce jour, Rain ne savait toujours pas qui était réellement responsable de ça, mais elle avait surtout eu bien d’autres choses à faire et avait eu vite fait d’oublier ce genre de futilités.

A présent, Warren allait avoir une deuxième raison de se payer la tête de Godwin. Bien qu’elle sût qu’en venant boire quelques verres ici, elle s’exposait au risque d’être vue par des travailleurs au Ministère. Mais aucune importance, elle n’en avait étonnamment rien à faire. Tout comme elle se fichait que Tveit se paye sa tête. Il tombe toujours au bon moment celui-là. Il venait de tirer l’Ambassadrice de ses pensées et souvenirs…à la fois agréables, mais aussi malheureux. Des neurones connectés ? Très certainement. D’où l’incompréhension de Rain quant au poste qu’occupait Warren. Ce n’était pas une surprise, elle ne le lui avait jamais caché. Si jeune était-il. Et déjà marié avec un enfant. Godwin était à mille lieux d’avoir une femme et un enfant qui l’attendent à la maison. Warren gâchait-il sa jeunesse ou bien était-ce Rain qui n’avait jamais profité de la sienne ? Sans doute un peu des deux. Elle ne répondit pas, elle se contenta d’un signe de tête, tout en continuant de siroter son cocktail.

Vint ensuite l’éternelle leçon de morale qu’elle n’entendait pas pour la première fois. Sous-estimer…mais était-ce sa faute si ces primitifs ne lui arrivaient pas à la cheville. Après tout, Warren avait raison, ils faisaient leur travail, rien d’autre. Cette petite phrase amusa la brunette finalement. Elle esquissa un sourire et cette fois, se décida à répondre.

« Je l’espère pour eux. Sinon, il n’y aurait rien à en tirer. » Elle marqua une pause. Son ton était dégoulinant de mépris, mais elle s’en fichait. Habituellement, Rain faisait pourtant attention à ce qu’elle pouvait dire dans un lieu comme celui-là. Mais ce soir-là, avec un gros coup dans le nez, elle se sentait faussement pousser des ailes. Comme si ses chevilles n’étaient pas suffisamment gonflées comme ça. Elle soupira. « Et vous, Monsieur Tveit, vous méritez mieux que ce travail au rabais, entouré de cette sous-catégorie d’employés. Mais ça, vous le savez déjà. Vous êtes décevant. »

Elle marmonnait, les lèvres dans son verre, sans dissimuler son mépris pour les employés de police magique. Pourtant, Warren était bien une exception, alors qui sait, sans doute qu’il y avait d’autres exceptions. Mais l’ambassadrice ne voulait pas le savoir. Elle avait effectivement du mal à se tenir, ce soir-là. Mais elle manqua de peu de s’étouffer avec sa boisson lorsque Warren l’invita à danser. Elle ne lui lança ni un regard hautain, ni une insulte. Les yeux écarquillés, l’air profondément choqué comme si on venait de lui manquer de respect. Ce qui n’était pas totalement faux, Tveit se mît à la tutoyer et l’appeler Rain. Voilà bien une chose inouïe à laquelle elle ne s’attendait pas. Danser avec un jeune homme dans un lieu qui ne s’y prêtait vraiment pas, et au passage détruire sa réputation de Dame de la Haute. Vraiment, la présomption de Warren ne l’amusait que d’avantage. Elle avait donc plutôt la réputation d’être coincée, incapable de s’amuser. Loin de se vexer, au contraire, la brunette ne s’attendait pas à moins. Elle se tourna alors vers Warren.

« Quelle audace…Mais pour qui vous prenez-vous donc. » Son regard noir vint accompagner sa réponse, bien qu’il fallût avouer qu’il l’avait bien prise au dépourvu. Comme si elle accepterait de danser comme ça, avec Tveit, au milieu du Chaudron Baveur. Quelle idée…Rain jeta alors un regard à son verre, cette fois.

« En voilà une réputation… »

L’Ambassadrice laissa passer quelques instants de silence, jouant avec son verre et le peu de cocktail qui restait dedans. Elle était un peu euphorique à présent, amusée de la situation et de tous ces gens qui la prenaient pour une coincée pas drôle. Mais elle ne pouvait nier le contraire. Elle laissa échapper un léger rire.

« Et bien, ils ont raison. » Sa décision était finalement prise. La brunette avala d’une traite ce qu’il lui restait de sa boisson alcoolisée, puis se leva, attendant que Warren fasse de même.

« Allons danser. »

Est-ce qu'il avait envie de jouer un peu con ? Tout à fait votre honneur ! Il voulait bien plaider coupable mais en même temps,  s'amuser avec l'ambassadrice était si drôle ! Elle était un bon candidat pour beaucoup de  choses avec son caractère de merde et ses phrases acerbes ! Et ils s'étaient à peine retrouvés que déjà elle avait lancé les hostilités... en parlant de ses collègues de la Police Magique. Oui... il ne fallait pas les sous-estimer, certes, tous n'étaient pas des lumières mais il ne fallait quand même pas exagérer. Et puis, ils ne faisaient que leur travail tous en temps qu'ils étaient. Il avait même réussi l'exploit de la faire sourire un peu. Et bientôt le méprise recommença, et lui se contenta de secouer la tête plus amusé qu'autre chose quand on la pratiquait on avait l'habitude de ce genre de paroles.

 «Il y a toujours à tirer des choses de personnes, même des plus bons à rien, il suffit de trouver leur point fort et de l'optimiser. »

Est-ce qu'il n'était pas trop optimiste ? Pas vraiment, il n'y avait qu'à voir avec Melvin, l'autre Cousin, qui était con comme un manche à balais, mais qui savait très bien utiliser la force de ses bras. D'autres obéissaient très bien aux ordres. Voilà le tout était de savoir ses forces ses faiblesses et jouer avec. En tout cas, elle semblait assez bavarde et ne craignait pas que des oreilles qui traînent puissent entendre les reproches non dissimulés. Est-ce qu'elle se croyait à l'abri de représailles même si elle n'était pas au Ministère ou alors c'est par ce que ses limites avaient un peu changé avec l'alcool qui coulait dans ses veines.
Et finalement, il fut la cible de ses reproches. Il haussa un sourcil, plus amusé que choqué ou même vexé.

 « Je n'ai pas pu finir mon cursus universitaire en même temps. Mon objectif, à la base c'était d'avoir un travail d'Auror, Madame Godwin.» Enfin Auror avec moins de sang-pur au pouvoir... aujourd'hui il n'était plus très certain que ce  travail le ferait rêvé.  « J'estime que j'ai encore beaucoup à apprendre, mais après je pourrai envisager de tourner vers cette voie. Est-ce qu'elle est assez bien pour vous ? Ou est-ce que vous me voyez dans une branche encore plus élitiste ?»

Tant qu'à faire, autant qu'elle lui donne sa vision des choses, même s'il ne l'écouterait pas s'il n'avait pas envie d'écouter ses conseils. Il était surtout très curieux de savoir quel travail elle ne trouverait pas au « rabais ».

Et puis, la connerie l'avait repris. L'alcool, pour lui aussi l'aidait un peu à se sentir un peu plus à son aise avec l'ambassadrice... et c'est ainsi qu'il lui avait proposé une petite danse, oui ici en plein milieu de ce bar où on allait les regarder bizarrement, mais c'était le but. La décoincer un peu... voir sa tête choquée, voir ce qu'elle allait bien pouvoir répondre, d'autant plus qu'il était passé au tutoiement et au prénom. Oui, il n'y allait pas par étape !

[colo=tomato]« Quelle audace…Mais pour qui vous prenez-vous donc. »[/color]
 « Pour ce que je suis, un petit con plein d'audace et de charme... même si je suis certain que cette dernière partie ne vous intéresse guère. » répliqua-t-il du tac au tac tout en lui dédiant son plus beau sourire. Ne vous inquiétez pas, son égo va toujours bien à ce niveau-là... et puis, factuellement, il avait une réputation de charmeur même s'il essayait de ne plus draguer depuis quelques mois. Charmer par contre, jouer... c'était parfois un peu plus difficile mais il s'y tenait un maximum !  « En attendant, je n'ai pas votre réponse, est-ce que vous acceptez ou pas ?» Ouais on en revient malgré tout au vouvoiement.  Et elle pouvait lui lancer autant de regard noir qu'elle voulait cela n'y ferait rien !

Et soudain elle se mit à rire un peu, avant qu'elle lui dise qu'ils avaient raison, mais après un nouveau verre avalé d'une traite elle lui sortit le « allons danser ». Il se leva à son tour, lui tendant de nouveau la main, sourire toujours cloué sur son visage.

 « Et que voulez-vous danser, Madame l'Ambassadrice ?»

Il l'avait entraînée au milieu du bar, faisant signe à deux-trois badauds de reculer par ce qu'ils allaient avoir besoin d'espace.

 « On a presque une piste rien que pour nous, ainsi que tous les regards braqués sur nous.»

Il était certain que Mily ne péterait pas un plomb par ce qu'elle comprendrait qu'il avait juste voulu s'amuser et qu'il ne cherchait aucunement à la draguer, autant en profiter !

Warren Tveit était un jeune homme plein de surprises apparemment. Rain qui au début ne le prenait que pour un larbin parmi d’autres, de plus un extrémiste suprématiste comme bien d’autres membres de sa famille, loin d’être inconnue dans le monde magique anglophone. L’ambassadrice avait officiellement retourné sa veste le concernant, car ce jeune Tveit se révélait être plus intéressant qu’elle ne l’aurait cru. La situation était loin d’être ordinaire, trouver Rain en ce lieu était déjà surprenant. Qui plus est, ivre. Sans nul doute étaient la solitude et la nostalgie qui l’avait poussée ce soir-là à venir s’exposer ainsi, elle qui habituellement savait passer outre et s’accommodait bien d’être seule. Avoir revu Moyra l’avait faite replonger dans d’anciens souvenirs, joyeux pour la plupart, mais certains également malheureux pour la brunette. Finalement, passer un moment avec Warren semblait bienvenu. De plus, il l’intéressait de plus en plus. Rain appréciait sa façon de voir les choses. Mieux encore, elle réfléchissait de la même manière sur le point évoqué par Tveit. Peut-être que leurs esprits se comprenaient. Cela lui fit esquisser un sourire espiègle, à l’ambassadrice. Elle aussi résonnait et agissait ainsi, mais dans la cour des grands. Les simples employés ne l’intéressaient guère. Elle avait plus fort à faire ailleurs. Elle le lui rappela, d’ailleurs.

« Mais aussi de trouver leur point faible, surtout, afin de les piétiner. » Elle marqua une pause, souriant pour elle-même. « J’aime votre façon de voir les choses. Mais moi, voyez-vous, je joue dans une cour plus...élevée. Je vous laisse le tout-venant. »

Encore une fois, Rain ne se cachait pas et déblatérait son mépris aussi naturellement que lui venaient les mots. Warren ne s’en offusquerait probablement pas, et ses collègues ne les écoutait même pas.
C’était la première fois que l’employé de police faisait part de son projet professionnel à l’ambassadrice, qui d’ailleurs trouvait le métier d’Auror déjà bien plus honorable que ce qu’il faisait actuellement. Mais elle ne pouvait lui reprocher de ne pas être cohérent dans son projet. Une nouvelle fois, elle sourit. Sarcastique.

« C’est honorable, oui. Mais vous n’êtes pas prêt d’arriver au bout. »

Elle faisait bien évidemment référence au nouvel événement venant bousculer la vie du jeune homme, à savoir un bébé. Rain pouvait aisément imaginer à quel point sa vie pouvait être bouleversée et qu’il ne pouvait plus faire exactement ce qu’il voulait. Mais elle ne s’éternisa pas plus longtemps sur le sujet. Car Warren avait eu l’audace de l’inviter à danser, et le plus surprenant était que l’ambassadrice avait accepté, une prouesse qui relevait incontestablement du miracle. Encore une fois, son interlocuteur se révélait fort surprenant. Elle haussa un sourcil lorsqu’il évoqua son côté charmeur. Il avait certes raison, mais, pourquoi ?

« Et qu’est-ce qu’il vous fait dire que ça ne m’intéresse pas ? »

Ça, Rain était bien curieuse de savoir pourquoi Warren semblait si sûr de lui. Elle prenait pourtant toutes les précautions nécessaires pour ne pas être vue avec une femme, mais malheureusement elle avait plusieurs fois prouvé en peu de temps qu’elle n’était pas infaillible...bien que cela était difficile pour elle de l’avouer. Tout comme pleinement s’assumer. Sa position le lui interdisait, pour se protéger.
Toujours est-il qu’elle avait accepté la proposition de Warren. L’ivresse s’était définitivement emparée d’elle, étrangement en cet instant elle se fichait bien de ce que l’on pouvait penser d’elle, ce qu’elle regretterait sans doute demain matin. L’ambassadrice accepta donc la main du jeune Tveit et celui-ci l’entraîna au milieu du pub, sur une piste de danse inexistante, donc improvisée. Et bien, les voilà dans une posture assez compromettante pour leur réputation au Ministère. Rain tâcha de ne pas prêter attention aux regards, certains amusés, d’autres interloqués, posés sur eux. Non, elle ne regardait que Warren. Seul problème à présent, elle ne savait absolument pas danser. Et soudainement, malgré les effets de l’alcool, elle devint très tendue, raide comme un piquet.

« Je ne sais pas danser. »

Elle ferma les yeux un instant, tentant d’imaginer une musique qu’elle appréciait qui passait en fond sonore, pour avoir le courage de se lancer. Malgré tout, ça ne marchait pas. Elle rouvrît alors les yeux.

« Ne bougez pas. »

Rain s’éclipse alors, jusqu’au comptoir. Elle interpelle rapidement le serveur pour lui commander deux boissons. Alcoolisées, à boire au goulot. Encore une chose qui ne correspond pas du tout à l’ambassadrice. Mais elle avait décemment décidé que tout était permis ce soir. Enfin presque. En souvenir de ses années à Poudlard. Bien que même là-bas, avec ses meilleures amies, elle n’avait jamais fait ça. Elle tendit quelques galions au serveur, lui lançant de garder la monnaie. Elle n’était pas en état de compter de toute manière, car elle venait sûrement de lui donner une petite fortune. Pour deux cocktails. Qu’elle importance, elle n’était pas à ça près.
Les deux verres à la main, Rain revint vers Warren et lui tendit l’un d’eux.

« Voilà. C’est offert par le contribuable. »

Elle pouffa de rire, niaisement. Puis, elle avala d’une traite plusieurs gorgées, sans aucune classe. Ce qui n’était pas loin de lui faire prendre une cuite. Encore une chose improbable. Mais, cela avait semblé lui faire trouver le courage de se laisser aller et se mettre à danser. Elle s’élança face à Warren, commençant à faire n’importe quoi. Des mouvements complètement désordonnés qui n’avaient aucun sens. Elle attrapa le jeune Tveit par le bras pour l’inciter à faire de même.

« Et bien alors, Warren, tu te dégonfles ? »

Est-ce qu'il était trop gentil avec ses collègues, trop optimiste, ou trop autre chose ? Non. Du moins il considérait que ce n'était pas le cas, par ce que qu'il disait là avait un fond de vérité. Même quelqu'un comme Rain ne pouvait le nier qu'avec les points forts et faibles de chaque personne, en les dirigeant bien on pouvait faire beaucoup. Il suffisait juste de bien les comprendre, de savoir ce qu'ils valent et quels étaient les enjeux des missions par exemple. Qu'est-ce qui était primordial ou qu'est-ce qui l'était loin. Godwin, continua sur sa lancée méprisante en rajoutant qu'elle voulait les piétiner. Charmante femme, n'est-ce pas ?

 « Le tout venant, réellement ?» dit-il amusé.  « Quelles sont ces personnes si importante, si élevées avec qui vous jouez, Madame Godwin ? Ma famille est une grande et plutôt influente dans ce pays.» Une réalité, ceci dit sa situation était similaire avec beaucoup de sang ours.  « Si bien que je pense côtoyer certaines personnes de cette cours élevée. Moi, simple petit employé... jouant au même niveau qu'une grande ambassadrice, n'est-ce pas beau ? A moins que cela soit triste ? Je ne suis pas certain de moi...»

Il avait dit le tout d'un ton enjoué comme s'il trouvait ça marrant – peut-être par ce que ce ton hautain de personne qui se croyait meilleure que les autres, que lui le faisait juste rire-. Elle en était presque risible par moment, mais au moins, ils passaient un bon moment, n'est-ce pas ?

 « Et puis, de toute manière, il faut bien commencer bas pour s'élever. J'ai encore toute la vie devant moi, contrairement à vous.»

Sourire du petit con, maintenant, mais là encore, ce n'était pas si faux que ça. Après avaient quoi ? 15-20 ans ? Soit une grande partie de sa vie. Il lui avait néanmoins bientôt expliqué que son projet final ça serait de devenir Auror... un jour. Il avait les capacités, il en était certain, seulement il préférait y aller par étapes vu qu'il n'avait pas pu finir l'Université et qu'en plus c'était un peu le Bordel avec un grand B au Ministère. Il attendait juste le bon moment la bonne occasion ainsi qu'avoir fait ses preuves. La patience était une bonne qualité, paraissait-il. Sa réplique, lui fit hausser un sourcil.

 « Pourquoi cela ? Ce ne sont que les capacités qui sont jugées, n'est-ce pas ? Alors pourquoi de tels dires ? »

Curieux. Un peu. Mais bientôt pour couper court à la discussion et surtout par ce qu'une nouvelle idée lui avait traversé l'esprit, il était parti sur son invitation à la danse.

 « J'sais pas, j'vous vois pas en mode Cougar, c'est tout. Il vous faut le haut du filet et vous  jugez probablement que mon âge fait de moi quelqu'un de plus inexpérimenté sur pas mal de choses que quelqu'un qui aurait 20 ans de plus que moi.»

Logique non ? Et bientôt, elle avait accepté la danse... à son plus grand étonnement. Lui qui croyait qu'elle avait l'envoyer bouler avec force ; Mais c'était plutôt une bonne chose, par ce qu'il avait envie de s'amuser, de faire quelque chose de peu commun et faire une connerie comme celle-là, devant les yeux d'autres habitués du bar – de ses collègues- avait quelque chose de plaisant... Et l'alcool aidait beaucoup, aussi bien pour l'un que pour l'autre, il fallait bien l'avouer. Il l'avait donc entrainée au milieu du pub où il leur avait demandé de faire un peu de place. Mais elle restait au milieu de la piste de danse improvisée. Soudain, elle lui avoua qu'elle ne savait pas danser, il pencha un peu la tête sur le côté comme s'il ne comprenait pas bien ce qu'elle racontait... et puis, elle lui avait dit de ne pas bouger. Il fronça les sourcils tandis qu'elle s'en alla jusqu'au comptoir et il comprit qu'elle allait leur commander d'autres boissons ! Parfait ! Il lui restait des potions pour décuver rapidement si nécessaire à la maison et elle revint avec quelque chose à boire au goulot et si elle ne savait pas danser, c'est qu'elle avait pris quelque chose de fort afin d'oublier, qu'elle ait moins d'inhibition.

 « Merci !» dit-il avant de faire comme elle, de boire plusieurs gorgées – un peu plus proprement que la Dame-.. et là elle commença à faire n'importe quoi, il n'était même pas sûr que ça ressemble à une danse, mais il était proche de l'hilarité, il avait presque oublié qu'ils n'étaient pas seuls. Et soudain, elle lui attrapa le bras.
« Et bien alors, Warren, tu te dégonfles ? »
 « Non, non pas du tout.» Ravi de voir qu'elle était passée au prénom et au tutoiement. Il plongea son regard dans celui de la femme avant danser tout d'abord proche d'elle, se débrouillant pas trop mal, avant de se décider que c'était plus drôle de faire n'importe quoi.



Avant de se redresser tanguant quand même un peu. Il lui dédia un sourire toujours amusé.

 « Moi je sais danser, du moins un minimum, mais je peux tout à fait être ridicule, c'est même plus drôle. Et toi, Rain de quoi est-ce que tu es capable ?»

Défi ? Tout à fait.

Qu’elle soirée inattendue. Si la veille, on lui aurait dit qu’elle finirait ici, Godwin n’y aurait pas cru. Et pourtant elle est là, elle boit avec Warren. Bien trop. Mais pas assez pour que sa langue ne se délie imprudemment. Lorsqu’il évoqua sa famille d’ailleurs, Rain aurait pu lui répondre qu’ils n’étaient qu’une bande de cinglés extrémistes. Certes elle n’avait jamais personnellement côtoyé les Tveit, mais ce qu’elle en avait entendu lui suffisait. Bien que, l’on pouvait avoir des surprises. La preuve avec Warren, il n’avait pas l’air d’être comme eux. Ou bien était-ce l’Ambassadrice qui ne préférait ne pas le voir comme il était réellement. Et puis, pourquoi donc s’en soucierait-elle, elle était à mille lieux de se préoccuper d’obtenir des informations pour la Garde ce soir. Peut-être même qu’elle ne s’en préoccuperait plus du tout. Ou moins. Oui, moins. Car à quoi bon.
Mais quel petit prétentieux ce Warren, à jouer des courbettes avec la diplomate et la taquiner de manière sarcastique. Bien sûr, on est bien loin du mépris ou du sournois. Il lui en faudra peu pour atteindre Godwin ce soir. L’alcool qui coule à présent dans ses veines la rend euphorique.

« Votre famille en fait partie, oui... » En se retenant de ne pas ajouter qu’ils font partis de la Haute qu’elle n’aime pas. En réalité, même si Rain ne se cache pas d’avoir une attirance certaine pour le luxe et les manières courtoises, les mondanités l’agace et la fatigue parfois. Elle ne se prive pas non plus d’en faire part à Warren...une grande première, qui plus est. Comme beaucoup de choses ce soir.
« En réalité je ne fais que côtoyer la « Haute » mais vous savez dans le fond je n’en fais probablement pas partie finalement. Alors nous pouvons sans crainte être égaux ce soir. Mais vous Warren, vous vous entendez bien avec votre famille ? Vous avez l’air différent tout de même. »

Alors qu’elle ne les connaissait pas personnellement, les Tveit. Et peut-être qu’elle commençait aussi à trop en dire. Heureusement, il changeait de sujet. Tout en continuant de se payer sa tête en plus. Mais Rain ne pouvait lui en vouloir, pas ce soir. Une remarque qui l’aurait sans doute agacée en dehors de ce contexte. Malgré tout, la brunette gardait le sourire.

« Vous n’êtes qu’un petit con. Je ne suis pas si vieille. Enfin, je crois. Et puis je me suis déjà élevée dans la hiérarchie. Ce n’est plus à moi de faire mes preuves. »

Et pour cause, à l’âge de Warren, elle était encore plongée dans ses études. L’ambassadrice avait d’ailleurs étudié jusqu’à presque 30 ans avant de commencer comme assistante. Mais pas sûr que Tveit s’intéresse à son parcours, alors elle s’arrêta là. Et elle fut bien soulagée lorsque son partenaire de soirée lui avoua ne pas l’imaginer s’intéresser à quelqu’un de plus jeune. Alors c’était simplement ça. Elle retint un soupire de soulagement. Même si il lui était déjà arrivée de s’intéresser à des femmes plus jeunes qu’elle, tout dépendait de la maturité et du feeling. Cela restait rare malgré tout. Mais cette fois, Godwin ne pouvait se permettre d’avoir la langue trop pendue.

« Ah, oui. Exactement. »

Elle s’était empressée d’enfouir son visage dans son verre pour terminer les dernières gorgées. Et peu de temps après, les voilà faisant n’importe quoi sur la piste de danse, qui n’en était pas vraiment une, mais que Warren avait improvisé. Au début, il semblait avoir tenté un rapprochement afin de ne rester qu’entre eux, mais peu de temps après, il était parti en vrille et les regards commençaient sérieusement à se poser sur eux. En fait, non, ils l’étaient déjà depuis longtemps. Rain le trouvait ridicule, mais amusant. Il l’a mît même au défi de lui montrer de quoi elle était capable. Encore une chose inouïe, décidément. Tout d’abord, elle se gratta légèrement la tête pour cherche une idée. Godwin n’était pas quelqu’un de très créatif, il fallait bien l’avouer. Et voir Warren ainsi lui avait fait réaliser à quel point elle avait été ridicule à danser comme ça. Mais elle haussa les épaules et décida finalement de se prendre au jeu.

« Tu appelles ça danser ? C’est ridicule. Même un veracrasse serait plus gracieux. Tu vas voir, freluquet. »

Rain tenta d’improviser un petit pas de claquettes, chose qu’elle n’avait encore jamais expérimenté. Et elle aurait dû se contenter de faire n’importe quoi, son pas de danse fut un véritable échec. Le parquet au sol n’était pas tellement régulier, si bien que la brunette coinça le talon de sa bottine entre deux dalles, perdît l’équilibre et s’effondra malencontreusement sur Warren. A moins que ce ne soit l’alcool qui la fit trébucher, et qui lui retira les réflexes de se rattraper. Affalée sur le jeune Tveit, l’ambassadrice eut besoin d’un petit moment pour réagir. Finalement, elle éclata de rire.

« Quel gentleman. »

Est-ce qu'il jouait avec le feu ? En partie, oui probablement, mais il trouvait que jusqu'ici il ne se débrouillait pas trop mal pour éviter des réponses gênantes ou qui pourraient le mettre dans la merde, l'ambassadrice, elle semblait toujours enclin à dire ce qui lui passait par la tête... et de façon pas franchement diplomatique, mais c'est ça aussi qui était drôle. Il essayait de prendre des paris dans sa tête jusqu'où elle pouvait aller dans cette pseudo-indécence ! Il pencha la tête sur côté lorsqu'elle parla de sa famille, par ce qu'il était assez d'accord avec elle, sa famille faisait partie de la Haute, des Privilégiés, des Grandes Familles et tout ce que l'on veut. Mais il déchanta assez vite lorsqu'elle lui posa une question claire sur ses relations avec sa famille, il ne pouvait pas vraiment dire ce qu'il avait sur le fond du cœur, la Vérité car même si les choses s'étaient bien arrangées ce n'était quand même pas des relations radieuses. Seul Nicholas, probablement aidait le jeune homme à se tenir plus calme qu'il ne l'était à l'époque, il n'y a que quelques mois, avant l'attentat, avant qu'il ne soit obligé de Les rejoindre.

 « J'ai une approche effectivement différente de la vie, des modes de vie que l'on peut avoir, quelque chose de plus contemporain comme pas mal de jeunes de mon âge.» répliqua-t-il. Une vérité pour masquer d'autres choses, pour juste tourner le positif.  « Et mes relations avec eux sont meilleures actuellement qu'elles ne l'étaient il y a quelques mois. On peut-être différent et bien s'entendre, l'un n'empêche pas l'autre. »

Seulement, il n'avait pas dit que cela concernait sa famille. C'était plus une généralité, qui n'était pas forcément applicable à son cas. Il suffisait de manipuler un peu les mots. Peut-être que dans un lieu plus clos, plus en tête à tête il aurait été plus franc, mais là, il en était hors de questions. On ne lui faisait déjà pas beaucoup confiance alors il ne comptait pas perdre le peu gagné pour elle.
Il avait changé de sujet assez rapidement pour la vanner une nouvelle fois et sans aucune honte et sa réponse le fit sourire de toutes ses dents. Oui, il n'était qu'un petit con et pas pour la servir ! On ne pouvait pas changer cette partie de lui visiblement. Le naturel revenait au galop.

 « Je vais les faire, mais vous savez que tout le long de sa vie, il faut continuer à prouver ce que l'on vaut, à votre place je ne me reposerai pas sur mes lauriers... surtout pas avec votre caractère, si quelqu'un prend la mouche un jour avec vous ça risque de faire mal !»

Nouveau petit sourire de con. Il pouvait jouer à ce petit jeu-là pendant un bon moment probablement, jusqu'à être lassé ! Mais attendant c'était l'instant danse qui avait commencé, tout d'abord par une démonstration de Rain – ridicule- et il enchaina de façon à ce que ce soit toujours aussi ridicule. Oui, aucun effort, au contraire, il avait juste envie de faire n'importe quoi. S'il s'en donnait vraiment la peine, il aurait probablement pu faire une plus belle performance. Le but était simple : qu'on les regarde, et surtout lui lancer un défi. Il était moins bourré qu'elle, même si l'alcool lui était déjà assez monté à la tête. Oui. Il avait envie de voir de voir de quoi est-ce qu'elle était vraiment capable ; est-ce qu'elle allait se dégonfler ou pas ?

« Tu appelles ça danser ? C’est ridicule. Même un veracrasse serait plus gracieux. Tu vas voir, freluquet. »

Sourire de vainqueur affiché sur sa tronche lorsqu'elle se « concentra » sur sa petite danse ; et après c'était lui qui n'était pas gracieux. Il eut un petit rire amusé.... vu l'échec que c'était. Et soudain, ce qui devait arriver arriva : elle se coinça un talon entre deux dalles et déséquilibrée, elle lui tomba dessus de tout son poids, ne s'y attendant pas, il tomba à son tour à la façon château de cartes. Heureusement, lui ne bouscula personne, sinon tout le monde aurait pu finir par terre dans leur public.

« Quel gentleman. »
 « C'est tout moi, ça.» gloussa-t-il.  « Dans le pur respect des femmes et compagnie.»

Ouais, autant avoir un peu d'auto-dérision, il savait qu'il avait parfait une vision un peu étroite des femmes, pour ne pas dire totalement machiste. Il essayait de s'améliorer sur le sujet mais c'était vraiment quelque chose de compliqué. Alors oui, il était loin d'être gentleman.

 « Bon c'pas que vous êtes lourdes... mais la position n'est pas très confortable, et j'risque de me faire des idées si vous restez autant collée... J'vous rappelle que j'suis marié.» claironna-t-il bien fort, tout en continuant de ricaner, un peu.

L’espace d’un instant, Rain aurait pu redescendre de son nuage alcoolisé en une fraction de seconde lorsque Warren évoqua ses différences avec sa famille mais aussi le fait que leurs relations s’étaient améliorées depuis quelques temps et que malgré ces flagrantes différences, ils semblaient arriver à passer au-dessus. L’ambassadrice se contenta d’acquiescer mais ne put s’empêcher de penser à Walters et à leur relation, ce que disait Warren leur ressemblait bien. Différents points de vue, mais bonne entente. Bien sûr, elle n’oubliait pas les horreurs que Johan avait commises. Elle non plus n’était ceci dit pas toute blanche, même si beaucoup moins que Myrdinn qui avait presque tout autant de sang sur les mains que Johan. Pourtant, Rain fréquentait ces deux partis, malgré le fait d’en avoir payé un prix fort. Mais elle comptait aller de l’avant en prenant du recul par rapport à la Garde et en continuant de fréquenter son ami de Serpentard de manière cordiale.
Cette courte pensée s’évada rapidement de son esprit. Car l’ambassadrice n’était pas ici pour penser à ses tracas, mais plutôt pour les oublier. Heureusement que la suite des événements était plus distrayante et l’état d’esprit de Warren lui plaisait assez. Une nouvelle fois, elle ne se retint pas de pouffer de rire à la réponse de son collègue.

« Vous viendrez me redire ça quand vous aurez obtenu un poste aussi haut placé que le mien. Ceci dit vous avez raison. Cheffe de la diplomatie, ou diriger le département de la coopération magique internationale. Il y aurait du ménage à y faire... »

Rain divague, mais se laisse complètement emportée par la danse, présentant une prestation dont elle pensait être fière alors qu’elle était ridicule. Et honteusement saoule. Au point qu’elle s’était écroulée sur Warren après que l’un de ses talons se soit coincé entre deux planches sur le sol. Ronde comme une queue de pelle, la brune ne réalisa même pas à quel point la position dans laquelle ils étaient était embarrassante. Loin d’être gênée ou offusquée, elle riait tellement qu’elle peina même à se relever. En temps normal, si cette mésaventure était arrivée par accident, Warren serait probablement déjà enterré à six pieds sous terre tant elle l’aurait enfoncé.
Mais non, elle ne bougeait pas, euphorique. Jusqu’à ce que son jeune collègue réalise également l’inconfort et lui fasse remarquer que cette posture pouvait prêter à confusion, qu’il allait commencer à douter des intentions de l’ambassadrice en lui rappelant qu’il était marié. Ce qui n’arrangea pas l’euphorie de Rain, qui se redressa finalement mais pas totalement.

« Oh, Warren. Mon petit attrapeur de petites frappes. »

Dit-elle en lui tapotant l’épaule d’une main, se maintenant au-dessus du sol avec un sourire léger. Elle marqua une pause pour glousser. C’est ce qu’était Warren, non ? Il ne devait s’occuper que de petites affaires étant donné qu’il n’avait pas encore totalement fait ses preuves.

« Tu n’es pas du tout mon genre. »

Que dire d’autre sinon la vérité. Mais ce n’était pas contre Warren, et elle se disait que c’était peut-être un peu trop direct et vexant. Elle se redressa alors complètement et invita le jeune homme à faire de même. Une fois tous deux remis sur pieds, elle reposa sa main sur son épaule pour l’y tapoter comme à l’instant.

« Ne le prends pas mal surtout, tu es un charmant garçon. »

Elle s’enfonçait probablement mais demain elle aura probablement tout oublié de cette conversation. Être homosexuelle ne l’empêchait pas de reconnaître le charme masculin, tout de même. Afin d’être sûre d’oublier toute cette soirée pour avoir le courage de retourner au Ministère demain, Rain se dit qu’un dernier petit cocktail ne serait pas de trop. Elle en fit part à Warren.

« Bien, je vais chercher deux autres cocktails. Ensuite, arrêtons de nous ridiculiser. »

Pour ne pas dire que sa réputation était déjà suffisamment mise à mal. Elle tituba tant bien que mal jusqu’au comptoir.

Il gloussa un peu tandis qu'une nouvelle fois elle semblait vouloir le rabaisser. Obtenir un poste aussi placé qu'elle ? Encore fallait-il le vouloir et pour l'instant il n'en avait absolument pas envie. Avoir un poste plus important que celui qu'il avait actuellement, sans aucun doute pour le reste... ça ne l'intéressait pas franchement.

 « Encore faudrait-il que cela m'intéresse... surtout si on reste beaucoup derrière son bureau à remplir de la paperasse !»

Ce n'était pas pour rien que lui était dans la branche de police magique et aurait voulu accéder à celui d'Auror. Par ce qu'il avait besoin d'action. Il avait besoin de bouger. Il avait besoin de sentir l'adrénaline couler dans son sang. De pouvoir réfléchir, résoudre des problèmes, se battre, se vider de pas mal de choses qui sommeillaient en lui par la même occasion.
Heureusement qu'ils avaient dansé, ensuite ; pas très bien surtout pour Rain qui s'était entravée et avait fini par s'étaler comme une merde sur lui. Elle riait tandis que lui, était quand même un peu embarrassé, si quelqu'un lançait une rumeur à la con, cela risquait de le foutre dans la merde inutilement. Ceci dit... tous les témoins avaient bien vu que... et bien que c'était juste maladroit, qu'il n'essayait pas de la peloter. Le pire là-dedans c'est qu'elle restait vautrée là, sur lui comme si elle était bien installée. Longues secondes. Trop longues, selon lui car il avait vite repris la parole pour lui fasse remarquer le tour : position & gêne, ainsi que le fait que LUI était marié.
Elle s'était redressée en partie tout en parlant de …. de quoi en fait ? Il n'était plus certain de comprendre ce qu'elle disait. Est-ce qu'elle délirait ? Ou est-ce que c'était son propre esprit qui commençait à être trop embrumé pour tout comprendre.

 « Hein ?» grogna-t-il en espérant qu'elle daigne bien lui expliquer tout ça... par ce que soit c'était en rapport de son métier et là ça rendait le discours plus cohérent... soit elle parlait d'elle, ce qui aurait pu être logique au vu de la conversation présente... A moins qu'il y ait un sous-entendu graveleux , d'autant plus qu'elle lui avait tapoté l'épaule de la main.


« Tu n’es pas du tout mon genre. Ne le prends pas mal surtout, tu es un charmant garçon.»
 « Ne vous inquiétez pas, je suis le genre de beaucoup de femmes.» Se vanter ? Même pas, c'était juste la vérité, les regards portés sur lui en général.... ce qui faisait toujours du bien à son égo, il faut bien l'avouer.  « Il m'en faut plus pour le prendre mal... Mais je suis curieux, quel est donc votre genre ?»

Par ce que oui, il était curieux. Plus que curieux même !
Il eut un petit rire lorsqu'elle lui dit qu'elle allait chercher d'autres cocktails et qu'il la voyait tituber de la sorte ! Par ce que oui le fait qu'il ne fallait plus se ridiculiser ça lui était un peu passé au dessus de la tête, surtout lorsqu'il la voyait marcher. Il avait donc continué de l'observer tout en se dandinant un petit peu, cette fois quand même d'une manière beaucoup plus gracieuse qu'auparavant même si l'alcool ne l'aidait pas à être au sommet de sa forme !
Finalement, n'ayant pas envie qu'elle se torde la cheville en revenant vers lui, il était allé la rejoindre.

 « Vous comptez rentrer comment ? Non par ce qu'en marchant ; vous risquez de vous faire de belles entorses... si vous arrivez à retrouver votre chemin... Quant à transplaner...» il gloussa. ... je n'ose pas imaginer l’atterrissage, j'espère que vous êtes seule chez vous, sinon vous risquez fort d'être ridicule.

Et encore, il n'avait pas causé d'être désartibuler. Il essayait de l'imaginer rentrer chez elle, est-ce qu'après ce verre elle n'irait pas en rampant, telle est la question !

L’ivresse change étrangement bien des comportements, sans aucun doute. L’alcool ingurgité avait rendu Rain Godwin si légère dans ses paroles et manière d’agir que peu de personnes la reconnaîtraient. Elle-même, demain matin, regretterait très probablement la tournure qu’avait prise cette soirée. Dans son esprit, il n’y avait aucun malentendu vis à vis de Warren, mais elle n’était pas seule en ce moment, et elle eut comme un éclair de lucidité en pensant au fait que son collègue, malgré son jeune âge, était marié. Qu’il était un homme, et qu’une femme dans cette posture au-dessus de lui, pouvait semer la confusion dans l’esprit de certains Supérieurs à l’étroitesse flagrante d’esprit. Ainsi, durant cet éclair de lucidité, l’ambassadrice se redressa et entraîna Warren avec elle. Voilà qui était plus confortable, désormais.

Étrangement, il ne semblait pas comprendre l’expression de la brune. Il lui semblait pourtant que c’était plutôt « jeune » comme expression. Ou bien trop moldu pour lui. Elle soupira et leva les yeux au ciel, un brin hautaine. Dommage pour lui. Il allait avoir droit à une petite leçon de culture made in Rain Godwin. Hélas, malgré l’ivresse ambiante, elle avait tout de même réussi à trouver un moyen de sortir ses grands airs. Et le ton qui va avec.

« Ne me dites pas que vous n’avez pas compris, c’est pourtant...enfantin. Vous êtes au bas de l’échelle de la police magique. « Petites frappes » désigne simplement les délinquants de bas étage, que vous et vos collègues vous occupez d’attraper. D’où, « Attrapeur ». Voilà. »

Elle soupira une nouvelle fois avant de changer de sujet, ce qui lui permît de perdre rapidement l’air pédant qu’elle avait arboré un instant plus tôt. La chute avait également permis à l’alcool de lui monter à la tête. Et l’envie de continuer de boire en allant se chercher un autre verre. Ce qui était une très mauvaise idée. Car Rain était bien loin des quelques coupes de champagne et verres de vin qu’elle sirotait tout le long d’une réception mondaine entre plusieurs petits fours. Elle avait tout de même dit à Warren sans retenue qu’il était charmant mais guère son genre, ce à quoi bien entendu il retourna la question. Le déroulé de la conversation pourrait vite déraper pour l’ambassadrice, elle répondit du tac au tac, mais alors qu’elle aurait eu envie de répondre :

Plus de poitrine.

Heureusement, elle répondit :

« Plus de barbe. Oui, c’est ça. Barbus. »

Mais Warren en avait une, dommage. Bon, elle était relativement discrète. Mais peu importe.

« Dis donc, toi non plus tu ne manques pas d’égo. »

La brunette le savait déjà, qu’elle et lui étaient relativement similaires sur ce point. Lui peut-être un peu moins étant donné qu’il était plus jeune. Oscillant entre le vouvoiement et le tutoiement, elle ne savait plus vraiment où elle en était à ce niveau-là. Mais l’ambassadrice était déjà loin, au comptoir en train de commander une nouvelle tournée pour Warren et elle. Ce dernier venait d’ailleurs de la rejoindre, s’inquiétant de savoir comment est-ce qu’elle allait rentrer chez elle. Une interrogation que Rain n’avait guère l’habitude de soulever. Elle avait l’habitude de prendre un taxi. C’est sans doute ce qu’elle allait faire une fois encore. En attendant, le serveur lui tendit deux cocktails de plus. La brune en fit glisser un des deux vers Warren, et commença à boire le sien.

« Un taxi...Un Magicobus...Peu importe. »

Un magicobus mais qu’elle horreur. Que disait-elle donc. Elle ria même de sa propre bêtise. Avant de se retourner vers son interlocuteur.

« Si vous êtes si inquiet, vous n’avez qu’à me raccompagner. »

Et non, ce n’était pas une proposition. Rentrer d’une soirée improvisée et édulcorée avec quelqu’un n’était pas dans les habitudes de l’ambassadrice. Après tout, elle avait d’autres larbins qui devaient la surveiller en ce moment même et surveillerait également son retour à Knightsbridge. Mais Warren, en parfait gentleman qu’il était, n’allait tout de même pas refusé !

Ils avaient continué leur petit jeu, jusqu'au moment où elle avait sorti une expression qu'il n'était pas certain d'avoir totalement compris.  C'était quoi cette histoire de petite frappe ? Quel sous-entendu est-ce qu'il y avait qu'il ne captait ? Et voilà que comme il lui posait la question, elle était redevenue la Rain que l'on connaissait tous les jours, la arrogante, imbue d'elle-même. Lorsqu'elle lui expliqua, il pencha un peu la rête sur le côté avant de soupirer. Elle en était encore là, à lui dire qu'il était au vas du rang, blablabla et qu'elle était élevée. Ca c'est bon, il l'avait bien compris.

 « Ouais, c'était vraiment une blague de merde. Ne vous inquiétez pas, j'avais bien compris que vous êtes supérieure à moi, et compagnie. Enfin, en théorie... Par ce que dans la pratique, contrairement à vous, me semble-t-il, j'ai le sang beaucoup plus pur. Un jour, ça pourra faire la différence.»

Bon, lui n'y croyait pas vraiment à toutes ces histoires de Pureté, mais il tenait quand même à le signaler, par ce que d'autres étaient très à fond dessus. Les meilleurs postes seraient pour les gens comme lui, pas pour ceux qui étaient un peu trop « mixte ».

 « Vraiment, je ne savais pas pourquoi, il me semblait que vous étiez beaucoup plus rigolote. J'ai du un peu le rêver. »

La suite de la conversation avait été un peu plus drôle lorsqu'ils parlaient « attirance » type & compagnie. Alors pourquoi est-ce qu'il n'était pas son type ? Qu'est-ce qui lui manquait ? Non pas que cela l'intéresse pour lui, mais il était curieux de savoir quel était le genre de personne qu'elle appréciait visuellement.

« Plus de barbe. Oui, c’est ça. Barbus. »
 « Plus que moi ? Et ben j'le pensais pas mais ok ! M'enfin, il y a aussi niveau caractère qui peut compter aussi... même si la question de départ n'était pas forcément axée là-dessus.»
Oui, il était curieux. Et alors ? Tout comme il ne manquait pas d'égo comme elle lui faisait remarquer. Il se contenta d'hausser un peu les épaules avant de reprendre la parole
 « Ouais, je le sais bien, mais bon pour certaines choses... ce n'est que la vérité, ce n'est même plus une question d'égo.»

Et sur ce, il lui dédia son plus beau sourire.
Et bientôt, elle leur avait rapporté deux nouveaux verre d'alcool., qu'il prit avec grand plaisir avant de le boire tranquillement tandis qu'elle reprenait la parole pour lui expliquait comment elle voulait rentrer. Il eut un vague petit rire lorsqu'elle parla de la raccompagner. Ouais, c'est vrai qu'il pouvait faire ça, mais est-ce qu'il en avait réellement envie ? Oui, par ce qu'il était surtout curieux de voir où elle habitait et puis sa compagnie restait quand même assez appréciable.

 « Je vais vous raccompagner, ça sera quand même plus sûr. Est-ce que vous pensez arriver à transplaner, ou est-ce que je nous commande un taxi pour que ça aille plus vite qu'à pied ou autres ?» Il se tut quelques instants, il y allait un peu au pif dans les propositions vu qu'il ne avait pas du tout où elle habitait. «Et n'avez vous pas peur qu'après j'vienne vous harceler chez vous si je connais votre lieu de résidence ? »

Le tout avec un petit sourire en coin.

Quel outrage, oser insinuer que Rain n’avait pas d’humour était...tristement vrai. Bon, aucune importance, elle saurait simplement qu’à l’avenir elle devait éviter ce genre de remarque. Bien qu’en fin de compte ce n’était même pas vraiment une plaisanterie. Dommage pour Warren, l’ambassadrice n’allait peut-être pas être de si bonne humeur que jusqu’à présent. Au contraire, elle sembla tiquer et s’arrêter un instant sur ce que venait de dire son jeune collègue. Encore une chose tristement vraie. Lui avait le sang-pur, il aurait sûrement moins de mal à grimper les échelons qu’elle si elle ne dépendait que du Ministère. Bien qu’elle y passait le plus clair de son temps depuis quelques années, sans le MACUSA derrière elle, elle ne serait sans doute pas à Londres aujourd’hui et elle en était consciente. Même si cette pensée avait le don de mettre la brunette en rogne. Malgré l’alcool dans le sang, Rain su garder contenance. Elle se demandait si Warren pensait réellement ce qu’il disait ou s’il ne l’avait dit que pour énoncer une vérité.

Le ton de la conversation était quelque peu descendu du côté de l’ambassadrice. Elle n’entra pas non plus dans son jeu lorsque Warren évoqua sa déception quant au côté clownesque de son interlocutrice qui, au passage, n’en était pas mécontente. Elle haussa les épaules en prenant une nouvelle gorgée de son cocktail. Qui serait sans aucun doute le dernier de la soirée, avant de repartir dans une valse ridicule. Rain n’était pas quelqu’un d’amusant avec un sens de l’humour hors du commun, elle était faussement navrée de décevoir Warren sur ce point. Être « rigolote » malgré elle n‘avait rien de glorieux non plus. Toutefois, l’ambassadrice ne pût s’empêcher de rebondir sur la remarque de tout à l’heure.

« Et que pensez-vous justement du fait que la prétendue pureté du sang prédomine sur les compétences professionnelles d’un individu ? »

Non loin de ses collègues de police magique, peut-être que Warren ne pourrait dire exactement ce qu’il pense. Ou alors peut-être aussi que Rain s’était trompé à son sujet, et qu’il était plus proche du reste de sa famille qu’il n’en avait l’air.

« Je vous imaginais plus ouvert que le reste de votre famille en général, mais je me trompais peut-être. Tout comme vous vous êtes trompé en pensant que j’étais quelqu’un d’amusant. »

Elle haussa de nouveau les épaules. La suite de la conversation semblait plus légère et amusante, justement. Mais la brunette s’était rendue compte que cette histoire d’homme barbu était un brin faussé tandis que Warren portait lui-même la barbe. Quel beau drap à présent, Rain pouffa même de rire lorsqu’elle se rendit compte du ridicule de sa réponse. Voilà que maintenant, le jeune Tveit la pensait attirée par des grosses barbes. C’est ce qui l’amusait le plus à vrai dire. Et heureusement, car elle aurait pu retomber dans la noirceur de ses pensées de tout à l’heure. Elle avait repensé à cette amie qu’elle avait tant aimé pendant des années malgré leurs personnalités et caractères opposés. Mais les chevilles gonflées de Warren étaient là pour permettre à Rain de ne pas broyer de noir à ce sujet.

« En réalité Mr Tveit, ce ne sont pas les hommes barbus qui attirent le plus mon regard. Je ne saurais quoi vous répondre, pour être franche. Ce qui m’attire, c’est un « tout ». »

Voilà. C’était joliment dit. Suffisamment explicite pour ne pas avoir à donner de détails supplémentaires. La brunette se surprenait elle-même d’avoir ce genre de conversation avec un freluquet de 23 ans. Aussi étonnant que cela puisse paraître, elle se sentait plutôt bien en sa compagnie. Probablement que l’alcool y était aussi pour quelque chose. Mais Warren ne l’impressionnait pas le moins du monde et qu’il l’a raccompagne et sache où elle habite ne l’inquiétait pas. Ses gardes du corps lui feraient sa fête si il tentait quoique ce soit mais Rain savait que ce ne serait pas le cas. Transplaner avec autant d’alcool ingurgité ? Certainement pas. Marcher jusqu’à Knightsbridge ? Non plus.

« Prenez un taxi jusqu’à l’ambassade d’Arabie. Je finirais à pied. »

Effectivement, elle n’habitait qu’à quelques rues de cette ambassade. La promenade en taxi allait lui faire tourner la tête. Marcher un peu lui ferait le plus grand bien. L’ambassadrice prit quand même soin de prévenir son jeune collègue que venir la harceler chez elle n’était franchement pas une bonne idée. Elle esquissa alors un sourire narquois comme réponse.

« Je vous le déconseille fortement. Vous risquez d’être très mal reçu. »

Par les chiens de garde, cela va de soit. Sauf si bien sûr Rain l’invite de son plein gré, mais il n’y avait aucune raison à cela. Ils ne deviendraient certainement pas aussi proches.

Et ils avaient continué parlé de beaucoup de choses. Il se passa une main dans les cheveux avant d'avoir un petit rire amusé à sa nouvelle question. Comment est-ce qu'elle pouvait penser qu'il était du genre à gober de telles conneries ? Il laissa passer quelques instants avant de répondre.

 « Non, pas du tout. Mais techniquement on est plus facilement employable et on évolue plus vite.»

Les pistons et compagnie aidaient bien. Il le savait et il n'en avait pas vraiment honte. Après tout, il avait bien intégré la police magique grâce à cela. Est-ce qu'il y serait arrivé sans cela ? Il n'en savait rien. Il avait toujours eu de très bonnes notes, il avait commencé à sa deuxième année de formation à Poudlard pour être Auror donc probablement que oui.

 « Peut-être qui sait ? Peut-être également que vous aviez raison et que j'ai un état d'esprit différent. Ah, les mystères de la vie !»

Mais non, il ne se moquait pas d'elle... Bon peut-être un peu quand même, par ce qu'il trouvait quand même ce petit jeu assez drôle. Ils en étaient arrivés au fait que Rain aimait les gars très barbus. Il essayait de comprendre quel genre de personne pouvait apprécier la femme, mais... ce n'était franchement pas clair, car très vite elle avait préféré dire un « tout ».

 « Un « tout », et bien ça ne m'aide pas du tout, mais... d'accord. Vous aimez bien garder une part de mystère n'est-ce pas ?» dit-il en plaisantant.

Ils avaient ensuite convenu qu'il était temps de rentrer et se posait la question de s'il allait la raccompagner ou pas. Transplaner n'était pas la meilleure des choses à faire et vu leurs états, surtout celui de l'Ambassadrice, il valait mieux être certain qu'elle revienne en un seul morceau chez elle. Il pourrait mieux dormir en étant certain qu'elle ne se soit pas fait agresser en rentrant. Après de courts échanges, il avait été convenu qu'il allait leur commander un taxi jusqu'à l'ambassade. Lui se contenterait probablement de transplaner jusqu'à chez lui. Il s'en sentait assez capable.
Il avait donc commencé à se diriger vers la sortie à la recherche d'un taxi magique ; tandis qu'elle lui répondait à sa petite pique précédente.

 « Pourquoi cela je serai mal reçu ?» demanda-t-il d'un peu laconique mais intéressé, curieux.

Il hella un des fameux taxis. Avant d'ouvrir la porte à la femme pour qu'elle puisse rentrer en premier.

 « Est-ce que vous souhaitez que je vous accompagne jusqu'à l'ambassade ? Si non, je transplane direct jusqu'à chez moi.»

Entre son égo démesuré, ses remarques moqueuses et ses questions déplacées, Warren avait contribué à bien embellir la soirée de l’ambassadrice, elle était bien obligée de l’admettre. Était-ce un mal ? Oui et non, pour la première fois depuis bien trop longtemps, Rain s’était un tant soit peu amusée à une soirée. Elle espérait en revanche que ces petites frasques passeraient inaperçues au Ministère, ou sinon sa réputation de femme raffinée tomberait définitivement à l’eau. Perdre toute crédibilité au travail, elle n’y tenait pas.
Heureusement, cette soirée se termina d’une meilleure façon qu’elle avait commencé, Warren appela un taxi magique pour déposer la brune jusqu’à l’ambassade d’Arabie, marcher à pied le reste du chemin lui ferait le plus grand bien, d’autant plus que la distance à parcourir n’était pas immense.

Warren était un jeune homme plein de surprises. Difficile de savoir dans quel camp se trouvait-il réellement. Sa remarque sur la pureté du sang n’était qu’une réalité après tout. Rain ne put qu’acquiescer. Elle était bien placée pour savoir qu’ici au Ministère, les impurs n’accédaient que rarement aux postes à hautes responsabilités. Malgré leur combat avec la Garde, les choses n’étaient pas prêtes de changer. Elle répondit donc simplement.

« En effet, vous avez raison. »

Les voilà donc tous les deux à vouloir garder une part de mystère sur eux. L’ambassadrice ne saura probablement pas de sitôt si Warren est réellement différent du reste de sa famille ou si il joue un rôle. Et lui ne saura jamais quel est réellement le type d’homme de Rain. Tout simplement parce qu’elle n’en a pas. En guise de réponse, le jeune Tveit n’eut qu’un sourire moqueur, le même que le sien, d’ailleurs.

« Mystère de la vie, comme vous dites. »

La brune termine alors son cocktail d’une traite. Il se faisait tard et sa journée de travail le lendemain s’annonçait atrocement dure et interminable. Sa propre faute. Elle assumerait les conséquences. La tête lui tournait légèrement. Mais pas assez pour lui faire dire des choses stupides et incompréhensibles.
Warren sortit du chaudron Baveur le premier, suivi de près par Rain qui tentait de garder l’équilibre avec ses talons hauts. L’un d’eux s’était déjà esquinté lors de leur petite danse improvisée, ce n’était pas le moment d’esquinter le second. En parfait gentleman, le jeune Tveit ouvrit même la porte du taxi à l’ambassadrice, un geste agréable qu’elle remercia chaleureusement. Avant de refermer derrière elle, elle prit soin tout de même de lui répondre, ce qu’elle n’aurait sans doute pas fait sobre. Mais l’envie était là.

« Voyons, Warren. Je suis Ambassadrice. » Toujours ravie de le rappeler avec un air hautain. « En tant que telle, je suis férocement gardée. Comme toutes les autres personnalités importantes. »

Se considérait-elle comme une personnalité importante ? Sans aucun doute. Et cela même ivre. Mais elle avait sincèrement apprécié ce moment, aussi improbable que cela puisse paraître. Sur ce, elle accorda un sourire chaleureux à Warren.

« Merci pour le taxi, c’est bien aimable. Mais je peux rentrer seule. Bonne soirée, Warren. »

Elle referma la porte et aussitôt la voiture démarra.