Entre chien et loup - Enzo

Jeudi trois décembre 2015

La nuit commençait à tomber sur la capitale anglaise. Gary était encore une fois en pleine conversation via whatsapp avec Esteban. Ce dernier lui disait qu'il pourrait être passer une petite demi-heure en ville, dans un bar du chemin de traverse. Pas le temps de passer chez lui et d'affronter ses parents et leurs questions. L'autre garçon le savait s'il mettait un pied chez ses parents il était impossible qu'il en sorte en 30 min... et 30 min c'est court. Gary avait essayé de le convaincre de passer que  dans la chambre mais l'autre n'avait rien voulu savoir.  Gatiss devait donc se faire violence pour s'extirper du lit qu'il n'avait pas réussi à quitter aujourd'hui sauf pour aller aux toilettes, il n'avait même pas eu le courage de manger quelque chose. La journée faisait partie des bas. Clairement... ceci dit lorsqu'il avait reçu le message il n'était pas tard.
Il s'était donc changé, préparé sans mettre non plus de trop beaux habits, ne voulant pas paraitre non plus trop apprêté. Il sortit pour faire un tour en ville et trouver quelque chose à grignoter avant l'heure fatidique dans un bar. Vers les 18h, qu'il lui avait dit. Et plus l'heure approchait plus il se sentait à la fois inquiet et excité de le revoir enfin après tout ce temps. Trois semaines qu'il était sorti et il ne l'avait pas encore vu en chair et en os. Comment est-ce que cela allé se passer ? Il savait que pour l'instant ils ne devaient être que amis... meilleurs amis si personne ne lui avait piqué cette foutue place. Et il avait éperdument besoin de cet ami. Il avait beau faire comme si tout allait pas trop mal quand il sortait, il arrivait à donner le change la plupart du temps... mais au final il n'allait mas si bien que cela et il n'y avait qu'Esteban qui pourrait réellement l'aider puisqu'il était en quelque sorte sa seule famille, son seul point d'appui.
Famille inconnue. Amis moldus qui ne devaient pas comprendre pourquoi il avait disparu 6 ans et qu'il ne savait pas comment contacté. Amis sorciers qui beaucoup semblaient ne pas vouloir à faire à lui comme s'il risquait de leur faire du mal, ou comme s'ils lui reprochaient ce qu'il avait fait. La bonne blague, comme s'il ne s'en voulait déjà pas assez, comme si c'était dans sa nature.
Alors oui, aujourd'hui il avait désespérément besoin de son ancre, de son Esteban... même s'il ne lui avouerait pas comme cela plus pour éviter de l'effrayer que par ego. Il espérait juste ne pas trop en faire.  
Et l'heure H était enfin arrivée. Il s'était installé à une table et s'était déjà pris un verre pour se calmer, pour se donner du courage.  Et Esteban arriva, il lui fit un petit signe et lorsque fut près de lui il ne sut plus comment réagir : accolade, serrage de mains, autres ?? Il se laissa alors aller à son instinct, à ce dont il avait besoin. Une étreinte. Une simple étreinte, glisser contre lui le serrer doucement. Pas de baiser, pas se tête enfouie dans son cou ou quelque qui pourrait  être mal interprété. Mais visiblement il n'avait pas dû être assez clair dans ses intentions car très vite l'autre le repoussa sans aucune douceur et l'obligea à s'asseoir. Gatiss était perplexe et le regardait sans trop comprendre, d'autres se seraient probablement excusés, peut-être qu'une telle attitude était mal venue mais pas lui. Lui sentait plutôt la moutarde lui monter au nez. Il inspira essayant de se calmer.

- Je n'aurai pas du venir Gary, je suis désolé. Je...
- Tu quoi ? Jamais je ne t'aurais demandé que... enfin je sais que tu que tu as du refaire vie pendant que j'étais à Azkaban. Je le sais et tant mieux pour toi.. mais putain la seule chose que je te demande c’est juste deux minutes de réconfort. De tendresse. C’est tout. J’ai juste besoin de mon meilleur ami.
- Gary... je dois y aller je te recontacte. Ok ? Je devrais avoir des vacances vers Noël à ce moment-là on aura tout le temps de parler. Et chez moi. Ca sera plus simple.
Esteban n'avait jamais trop apprécié les conflits avec lui mais là Gary en restait scié. Il cligna des yeux.
- Je croyais que tu avais 30 de tes précieuses minutes à m'accorder mais visiblement j ai du  mal lire. C'était 3. Merci d'être passé.

Et voilà qu'il partait au quart de tour.. ils n'étaient plus ensemble pourtant. Il savait qu'il suréagissait probablement beaucoup mais à cet instant précis il n'arrivait pas à rationaliser. Esteban soupira le salua en lui répétant une autre fois qu'il le recontacterait et il partit. Probablement sachant que cela ne servait à rien de parler à Gatiss quand il était dans cet état... et pourtant c’est ce qu'il aurait voulu le Gary. Juste que l'autre essaye de comprendre, de parler.
Il inspira un bon coup toujours furieux autant contre lui que contre son ex. Plus contre son foutu ex d'ailleurs. Ca avait souvent été comme ça entre eux, lui gueulait, l’autre se casser et le lendemain  ou quelques heures plus tard, ils parlaient plus tranquillement, mais il est vrai qu’il était rare qu’ils se chamaillent.
Maintenant, il prenait l’air, il s’éloignait à grands pas, en grognant plus comme un homme néandertalien qu’autre chose, il tourna dans une petite ruelle et soudain, il eut l’impression qu’il se faisait suivre. Paranoïa ou réalité ? Il marcha alors un peu plus lentement faisant semblant de chercher quelque chose dans ses poches. La silhouette, un homme bien plus grand et baraqué que lui, passa à côté de lui…. Gary se tenait prêt à sortir sa baguette, après tout, ils étaient en quartier sorcier, cela ne choquerait personne ! Au lieu de le laisser passer, de peur tomber dans un piège d’un de ces foutus sang-pur (bien qu’il ne sache pas trop ce qu’on pourrait lui reprocher cette fois, ais avec eux, tout était possible), il poussa l’homme tentant de le plaquer contre un mur et pointa sa baguette sous le nez du type.

«Qu’est-ce que tu me veux ? Pourquoi tu me suis ? »

Visiblement, il avait perdu le peu de sang froid qui lui restait, mais peut-être qu’une petite baston lui clamerait les nerfs qu’il avait en pelote, et ici, il ne risquait pas de faire tomber un lustre et plafond sur la tronche du jeune homme vu qu’ils étaient dans la rue. Autant dire que la finesse, il l’avait laissée sur le bas côté.

Il devait se calmer. Absolument. Il ne devait rien faire de stupide, d’inconsidéré. Il inspira. Ce n’était probablement rien. Absolument rien. Les secondes passaient, les pas défilaient, le mec le suivait toujours. Ou du moins était toujours derrière lui. Il tenta, encore plusieurs instants de ne pas craquer. De ne pas céder à la panique néfaste mais il devait en avoir le cœur net. Il devait en être certain. Il ne devait pas tomber dans un guet-apens. Clairement, il savait qu’il avait perdu beaucoup de réflexes en six ans, beaucoup de pratique aussi, alors déjà qu’avec un assaillant il n’était pas certain de pouvoir réellement s’en sortir suivant le niveau de son adversaire si jamais il y en avait plusieurs, il était foutu. Oui. Il devait agir, avant que quelqu’un d’autre le fasse, alors, il avait mis son « plan », son intuition à exécution. Une petite voix en lui, lui disait qu’il faisait totalement erreur, qu’il devait arrêter, mais il ne le fit pas, et alla jusqu’au bout.

Totalement paranoïaque. Sur les nerfs. Aux aguets. Prêt à agir au moindre faut juste, à la moindre menace de l’armoire à glace. Et il n’y alla pas par quatre chemins. Il n’en avait pas le temps, il n’y pensait même pas. Il n’y avait que la peur, la paranoïa, l’inquiétude, que ses nerfs à vifs et l’adrénaline qui parlaient. La réflexion, était partie bien loin. Le grognement du type, le tendit encore plus.

« Si tu tiens à ton bras j’te conseille de me lâcher tout de suite. »

Il hésita quelques instants, par ce que d’une manière ou d’une autre, s’il était bien ce qu’il croyait être ce type lui ferait quand même la misère. Néanmoins juste au cas où il le relâcha légèrement tenant toujours fermement sa baguette. Cervelle en ébullition. Et si ces petits copains arrivaient ? Il serait trop concentré sur ce type. Merde. Il ne savait plus quoi faire et commençait à paniquer. Se sentir totalement à bout, le cul entre deux chaises. Il était coupable. Non innocent. Il n’en savait rien. Foutrement rien. Sa respiration s’accélérait. Et tandis qu’il était sur cette tangente, il se fit reculer brusquement, brutalement. Gary jeta un coup d’œil rapide aux alentours, personne ne semblait arriver. Il garda quand même sa baguette levée, sans l’attaquer puisque ce grand dadet ne semblait pas vouloir sortir sa baguette. Du calme Gatiss du calme, pas de drame Gratiss (je sais que tu l’attendais celle-là, j’te la donne sur un plateau)

« J’te veux rien, j’veux juste rentrer me coucher tu soules là. C’est quoi ton problème ? Je sais même pas qui t’es. »

Inspirer. Expirer. Il avait l’air sincère… mais il pouvait juste être bon menteur également. Il resserra un peu plus sa baguette dans sa main mais la baissa, un peu à contrecœur. S’il disait vrai ce type, il ne pouvait pas l’attaquer et continuer à l’accuser sciemment. Néanmoins, il se tenait toujours prêt à la rebrandir au moindre faux pas du grand brun. Inspirer, expirer de nouveau. Tenter de calmer son rythme cardiaque, de se calmer même tout court histoire de pouvoir réfléchir réellement. De prendre une décision sensée et non pas du à son instinct paranoïaque.

«Je suis désolé, j’ai cru que tu me suivais et je n’aime pas du tout cette perspective. Tout simplement. » Vérité vraie ! Promis M’sieur le Baraqué. «Vu ta taille par rapport à la mienne, qu’on est dans une ruelle sans personne, j’ai juste préféré prendre les devants. »

Toujours vérité. En espérant que ce ne soit pas un de ces foutus types. De toute manière d’une façon ou d’une autre… il ne pouvait que se montrer aimable… et il aviserait ensuite de ce qu’il devait faire. Son rythme cardiaque était toujours trop rapide, il n’arrivait pas à se décider si le garçon disait la vérité ou pas et cela avait tendance à l’angoisser et à l’agacer.

Suspens dans les ruelles londoniennes, le nouveau film de non action, dès ce soir dans les salles obscures. Je fais le malin mais la vérité c’est que j’en mène pour autant pas très large. D’habitude c’est moi qui agresse les gens dans la rue en les prenant par surprise – ironie du soir, bonsoir – et me retrouver dans le rôle de la « victime » j’aime moyen. Peut-être en partie parce que j’ai peur pour ma vie et que défile dans ma tête des tas de souvenirs encore un peu trop frais pour certains.
Ce qui me tranquillise, un peu, c’est son attitude. On va être honnête deux secondes, il a l’air encore plus flippé que moi – loin de moi l’idée de faire des comparaisons douteuses mais je croise à peu près le même genre de regard, les mêmes perceptions, quand sous mon autre forme je prends un animal en chasse.
Sauf que c’est pas le cas actuellement, le méchant de ton histoire c’est pas moi et s’il te plait ne soit pas celui de la mienne ça m’arrangerait. Quoi qu’il en soit je perçois son rythme cardiaque qui ralentit, j’imagine que c’est plutôt bon signe et qu’il va finir par lâcher cette putain de baguette qu’il continue de garder nerveusement entre ses doigts.

« Je suis désolé, j’ai cru que tu me suivais et je n’aime pas du tout cette perspective. Tout simplement. »
« Ouais, normal. Sauf que j’te suivais pas. »

Enzo, ton humeur !
Oui bah merde.

« Vu ta taille par rapport à la mienne, qu’on est dans une ruelle sans personne, j’ai juste préféré prendre les devants. »

Bah oui quelle bonne idée ! Bon honnêtement je ne vais pas lui jeter la pierre, je serais mal placé pour ça, mais il n’est pas obligé de le savoir.

« J’peux l’entendre, enfin si on veut. Mais c’est de la discrimination c’que tu fais, on peut être grand et être un véritable nounours inoffensif. »

Chose que je suis la plus part du temps, non ? Oui je sais, commencer à faire de « l’humour » avec un inconnu sur la brèche alors qu’il fait nuit et ce dans ce genre d’artère où personne ne passe jamais c’est sans doute pas l’idée du siècle. Pourtant faut croire que mon attitude de petit con est parfaitement réveillée maintenant qu’on m’a sorti légèrement brusquement de mon mode – plus ou moins – veille.

« T’es pas obligé de me croire mais j’suis pas là pour t’embrouiller. »

Regarde comme je suis mignon, j’peux pas mentir sur mes intentions avec un air si angélique.

« J’te le jure sur la tête de mon chat. »

Croix de bois, croix de fer, si je mens je retourne en enfer ! Visiblement j’ai bouffé un clown, je crois que Jillian Davis a une mauvaise influence sur moi. C’est sûr même ! Je ne vois pas d’autre explication. Ou alors j'suis défoncé, mais dans ce cas c'est à mon insu. Esprit sain dans un corps, tout le bordel.

« Désolé je viens de me réveiller. »

Et je retourne me coucher, ouais, cherche pas, mais bref j’ai la connerie un peu trop présente pour un type qui vient de se faire braquer. Mon instant de survie doit être en train de continuer sa nuit tranquille dans un coin de mon cerveau.

« Bon, on fait quoi ? Parce qu’on a l’air de deux cons là. »

Tu te demandes si je suis fiable, j’en fais autant, on passe la nuit dans cette ruelle en se regardant dans le blanc des yeux et on attend de voir lequel de nous deux révèle en premier son vrai visage ?

Ouais ben ce n’était pas évident qu’il ne le suivait pas, il n’était pas encore Madame Irma ! Inspirer. Expirer. Se calmer encore un peu. Il devait rester aux aguets … sait-on jamais. Il haussa un peu les épaules essayant de retrouver un peu plu son calme mais c’était loin d’être simple. Bon.

«C’était juste pas évident à première vue, tout simplement… dans une rue peu peuplée c’est juste que quelqu’un qui tourne en même temps que mo. Voilà. »

Non, ce n’est pas une excuse Gary et le garçon le savait bien en plus, mais il ne faisait dire que ce que son esprit lui soufflait. Il tenta de lui expliquer vu cette taille de grand gaillard, il valait mieux qu’il soit prudent. Un coup de ce type pourrait le faire valser de l’autre côté de la rue – bon, probablement pas, mais on se comprend-.

« J’peux l’entendre, enfin si on veut. Mais c’est de la discrimination c’que tu fais, on peut être grand et être un véritable nounours inoffensif. »
«Je n’ai jamais dit le contraire, mais avec ta taille et ton gabarit, si ce n’est pas le cas et si tu me sui…vais,-et ça fait beaucoup de si, j’en ai conscience, et bien j’étais mal barré. Tout simplement. Instinct de survie, et je n’ai rien contre les grands gaillards… ni contre les petits d’ailleurs.»

Ouais, sait-on jamais s’il a un pote nain, ça peut toujours servir. Ceci dit, il pouvait comprendre si l’autre l’avait réellement mal prit, il avait bien conscience qu’on ne choisissait pas sa taille, comme la couleur de sa peau ou sa sexualité, ce n’était pas cool cette réflexion.

«Je suis désolé, je ne voulais pas me montrer offensant.. juste…. Jute te dire ce qui me passait par la tête, je n’ai jamais dit que je n’étais pas un petit con. »

Il avait essayé de plaisanter, mais n’était pas certain que cela ait bien marché. Il n’était visiblement pas encore prêt pour cela ! L’humour, ouais, non. Il n’était pas du tout dans le bon mood.


« T’es pas obligé de me croire mais j’suis pas là pour t’embrouiller.[…]
« J’te le jure sur la tête de mon chat. Désolé je viens de me réveiller.»

Ce gamin était vraiment étrange, il haussa un sourcil un peu perplexe se demandant s’il plaisantait, ou si c’était plutôt sarcastique, quelque chose comme cela. Si c’était le premier cas, il pouvait se détendre, si c’était le deuxième, il devait encore redoubler de vigilance !

« Bon, on fait quoi ? Parce qu’on a l’air de deux cons là. »

Il décida d’essayer de faire un peu confiance aux gens, tous n’étaient pas pourris si bien qu’il rangea enfin sa baguette, la gardant quand même à portée de main, sait-on jamais. Il se passa une main dans les cheveux, ne sachant pas trop ce qu’ils pourraient faire. Il lui tendit finalement la main avant de souffler.

«Gary. Gary Gatiss. Je peux t’offrir un verre pour me faire pardonner de mon… erreur ? »

Ouais, il n’avait eu que cette idée-là pour le « on fait quoi ». Mais en y réfléchissant ce gamin semblait en âge d’aller à Poudlard. Ils étaient dans le quartier sorcier, il pourrait donc poser des questions sans trop de souci… peut-être qu’il pourrait lui apprendre deux ou trois choses, tout en sachant qu’il n’était pas sûr de vouloir réellement poser des questions là-dessus. Quant à se présenter, merci Merlin, cette fois il avait dit son bon prénom du premier coup et de toute façon si cet individu était un Supérieur, il savait probablement qui il était, ce n’était donc pas la peine de cacher son identité ! Le changement de situation pouvait paraitre brusque, mais au final, le garçon était toujours aux aguets, toujours sur les nerfs. Il ne se laisserait pas endormir aussi facilement, il préférait simplement paraitre plus paisible, plus sympa.

Simple fait, et à ce rythme on en a pour la nuit. Mes conneries – qui n’en sont pas finalement – ont le don de le détendre puisqu’il range finalement sa baguette. Toujours à portée de main, certes, mais au moins elle ne me menace plus et pour le coup, là, c’est moi qui me détend. Cercle vertueux.
Je ne sais pas s’il est résigné ou réellement convaincu mais quand il tend sa main vers moi je marque un temps de surprise. Vraiment ?

« Gary. Gary Gatiss. Je peux t’offrir un verre pour me faire pardonner de mon… erreur ? »

Et puis finalement, pourquoi pas ? Ma seconde de réaction, c’est simplement un rire amusé par l’improbabilité de la situation. D’un autre côté, je crois que je comprends. Je sais ce que ça fait d’être sur les nerfs, de se méfier de tout le monde et d’être sur le qui-vive en permanence. A vrai dire, j’ai toujours un peu tendance à être comme ça quand je suis ici – Sauf ce soir, et visiblement quelqu’un a pris le relais.

« T’as vraiment l’air de passer une soirée de merde. »

Je ne me moque pas, je pense que ça se voit sur mon visage de toute façon puisque si le sourire y a pris ses quartiers un instant, un peu amusé de ce retournement de situation, il a disparu pour laisser place à quelque chose de plus neutre.
Je ne suis pas insensible. Vrai que je peux me montrer un peu indifférent quand ça ne concerne pas l’un de mes proches mais je ne suis pas sans cœur non plus. Ce type face à moi, sans m’inspirer confiance ou pitié, me donne simplement l’impression de ne pas spécialement avoir de chance. A priori quand on en arrive à sauter sur les gens comme ça, c’est soit qu’on a un grain, soit une bonne raison de le faire. Je peux me tromper, et je suppose que je le saurais assez vite, mais le concernant je penche plutôt pour la deuxième option.

J’attrape finalement la main qu’il me tend et officialise les présentations à ma manière.

« Sam. Samuel. Enchanté. »

J’aime pas mentir, vraiment pas, mais j’aime encore moins finir enfermé dans une cage et ces dernières années c’est un peu trop devenu une habitude. Faut pas m’en vouloir. L’intérêt d’avoir des fréquentations douteuses – oui je parle de toi Jackson, ou de Mateo, toute cette bande-là finalement – c’est qu’on se retrouve à avoir de faux papiers d’identité sans le moindre problème. Evoluant entre plusieurs continents et plusieurs mondes c’est devenu une nécessité. Je ne connais pas ce type, on ne peut pas dire que ça ait super bien commencé entre nous, je prends mes précautions c’est tout. Pas envie de devenir parano pour autant, je me préserve juste un minimum et l’avantage de l’accent Australien c’est qu’il est très proche de celui d’ici. Je suis donc « officiellement » un buveur d’eau chaude – A moitié par le sang, de toute façon, mais chut.

« Tu sais quoi ? Pourquoi pas. J’allais rien faire de très constructif de toute façon et quelque chose me dit que t’en as gros sur la patate alors si t’as besoin d’un inconnu avec qui boire un verre le temps de vider ton sac … »

Haussement d’épaules. Sourire. Rien de constructif, hum ? Si ce n’est rentrer me coucher parce que je suis claqué mais détail. Ici c’est l’heure de l’apéro, je dormirais plus tard. C’est pas comme si quelqu’un m’attendait de toute façon – Enfin si, mon chien, mais la vérité c’est qu’il doit être en train de dormir profondément vu l’heure qu’il est là-bas.

Un petit 3-4h du mat …

« J’te propose de choisir un endroit au hasard, histoire que tu ne penses pas que j’essaie de te tendre un piège et réciproquement. J’connais pas vraiment les bars ici à vrai dire, sans doute un peu plus de l’autre côté. »

Aka côté Non-Magiciens, je pense qu’il l’aura compris.

Est-ce que l'on pouvait réellement dire que l'incident était clos ? Probablement que oui, cela n'empêcha pas qu'il soit toujours aux aguets, juste au cas où. Être en hyper vigilance constante dans les lieux publics était quelque chose d'épuisant, mais en même temps est-ce qu'il avait réellement le choix ? Il n'en était pas certain quoi qu'en disent beaucoup. Probablement qu'avec le temps tout cela s'atténuerait : la peur, la paranoïa. Probablement, mais pas certain vu que visiblement les choses avaient encore empiré en six ans, les nés-moldus étaient plus mal vus, moins acceptés, ou quelque chose dans ce goût-là. Il avait entendu des choses, Esteban lui avait en dit d'autres. Il ne savait pas s'il devait tout prendre comme comptant, ou s'il y avait des nuances. Alors ce n'était pas simple, il devrait probablement demander à quelqu'un de confiance, une réelle mise à jour. Mais à qui ? Ce n'était pas comme s'il avait réellement gardé contact avec beaucoup de gens... En verité à part avec Esteban, c'était plus le calme plat qu'autre chose. Oh, bien sûr, il pourrait retrouver d'anciennes connaissances, mais il n'était pas certain de pouvoir supporter certains regards. Peut-être que certains auraient « peur » vu qu'il était à présent, quand même un meurtrier. Certes, ce n'était pas volontaire, mais quand même, pour certains cela ne faisait aucune différence. C'est peut-être aussi pour cela qu'il prenait son temps. Pour ne pas perdre les pédales, pour se réhabituer au monde extérieur avant d'affronter d'autres réalités qui seraient tout autant compliqué pour lui à gérer que le reste. Le garçon reprit la parole et cela le tira de ses pensées.

« T’as vraiment l’air de passer une soirée de merde. »
 « J'en ai connu des meilleures effectivement, mais il y en a eu des pires ; alors ça devrait aller.»

Il n'allait quand même pas se morfondre sur son sort pour une dispute avec Esteban, même si c'était quelque chose de violent pour lui en ce moment. Ou plutôt, il préférait se morfondre seul, tranquillement, sans personne pour l'emmerder, il ne se voyait pas parler à un inconnu. Rester vague, évasif,  tout en rassurant partiellement, semblait donc une bonne alternative. On se reprend, on fait bonne figure, il ne voulait pas passer pour un fou, qui sait qui traînait dans les parages, il ne tenait pas spécialement à faire un retour par la case Prison, ou par un hôpital psy. Non, il allait très bien mentalement, enfin du moins, il se sentait toujours sain d'esprit bien qu'un poil -beaucoup- très tendu et nerveux. Son interlocuteur lui serra finalement la main avant de se présenter.

« Sam. Samuel. Enchanté. »
 « De même Samuel.»

Ils n'avaient pas gardé les cochons ensemble, il n'allait pas d'ores et déjà l'appeler par un petit diminutif.

« Tu sais quoi ? Pourquoi pas. J’allais rien faire de très constructif de toute façon et quelque chose me dit que t’en as gros sur la patate alors si t’as besoin d’un inconnu avec qui boire un verre le temps de vider ton sac … [...] J’te propose de choisir un endroit au hasard, histoire que tu ne penses pas que j’essaie de te tendre un piège et réciproquement. J’connais pas vraiment les bars ici à vrai dire, sans doute un peu plus de l’autre côté.»

Mais de l'autre côté, ils ne pourraient pas sortir leurs baguettes en cas de souci, c'était peut-être un peu risqué, de toute manière, il saurait probablement mieux se défendre avec ses poings qu'avec des sorts, il était un peu rouillé – il devrait retravailler tout ça aussi, juste au cas où-, même si tout revenait quand même assez rapidement. Il acquiesça doucement.

 «Ca me va pour l'autre côté, on verra bien ce que l'on trouvera... et ce n'est pas trop mon truc de vider mon sac. Mais c'est une gentille proposition. »

Est-ce qu'il allait finir par se détendre ? Peut-être après encore quelques verres, ou si Esteban venez s’excuser en lui demandant pardon à genou... ou mieux en lui faisant juste un gros câlin. Une étreinte. C'est plus ce dont il avait besoin qu'autre chose.

 «Mais picoler, ça me va tout à fait... T'es juste bien majeur ? Je n'ai pas envie de me faire arrêter... »

Qui sait ce que la police pourrait lui reprocher cette fois : faire boire un mineur ? Détournement de mineur peut-être ? Ils pouvaient être très inventifs parfois. Ouais, c'est ça assure-toi qu'il est majeur Gary, il y a assez eu de merdes comme ça. Et non, il ne comptait pas le draguer ou autre, mais les gens sont très imaginatifs. Ca serait difficile de prétendre qu'ils fassent parti de la même famille en plus, ils n'avaient aucun réel trait en commun. Voilà, encore une fois, il essayait déjà de trouver une solution au cas où il y aurait un gros problème et rien que ça, ça l'angoissait. On se calme Gatiss !
On va se contenter de faire la conversation. Ca serait déjà pas mal. Commencer par quoi ? Probablement qu'il ne pourrait pas poser trop de questions sur la situation actuelle, mais tant qu'ils étaient ici, il pouvait quand même se renseigner sur une chose -absolument pas primordiale, mais quand même-.

 « Si tu es... étais à Poudlard, tu étais dans quelle maison ?»

Question primordiale, oui, oui ! Il avait mis au présent, puis au passé, se doutant que s'il était là c'est qu'il faisait parti des gens qui en étaient partis. Et ça, il avait un peu de mal à se faire à cette idée. Foutu Esteban, qui n'avait pas su lui expliquer la situation hyper clairement, maintenant il avançait un peu dans... disons dans le noir.

« Ca me va pour l'autre côté, on verra bien ce que l'on trouvera... et ce n'est pas trop mon truc de vider mon sac. Mais c'est une gentille proposition. »
« Je t'en prie. »

Qui sait, peut-être qu'après quelques verres ça sortira tout seul. Pas que je tienne absolument à ce qui me raconte sa vie, j'envisage simplement toutes les possibilités. Y compris celle de me jeter allègrement dans la gueule du loup – l'autre loup, celui qui est moins beau que moi – et de le faire avec le sourire en prime.

« Mais picoler, ça me va tout à fait... T'es juste bien majeur ? Je n'ai pas envie de me faire arrêter... »

Impossible pour moi de ne pas rire, pas parce que je me moque – peut-être un peu mais pas méchamment en tout cas – mais simplement parce que … pas que ça soit amusant, d'autant moins quand il me donne l'impression de réellement stresser pour ça, mais enfin je me comprends. Et entreprend de le rassurer, parce que je suis un mec sympa et altruiste. Oui j'ai décidé de me lancer des fleurs ce soir, un souci avec ça ?

« Majeur et vacciné, t'en fais pas. Mais me dis pas des choses comme ça j'vais commencer à croire que tu veux me pécho. »

Aller on se détend, fallait pas me proposer de me payer un verre pour te faire pardonner. Invitation que tu peux reprendre, soit dit en passant, je ne m'en formaliserai pas. Et note à moi-même, faire ce genre de blague à un illustre inconnu c'est peut-être pas l'idée du siècle. Peu importe.

« Si tu es... étais à Poudlard, tu étais dans quelle maison ? »

Virage à 90 degré, que je n'ai pas senti venir. Mon sourire s'affaisse un peu, je laisse mes sens capter tout ce qu'ils peuvent par instinct. Son rythme cardiaque, pour voir s'il accélère auquel cas je repasse en mode méfiance. Sa respiration, aussi. Tout ce qui peut émaner de lui, en somme.
Mais encore une fois, j'ai juste l'impression d'avoir un type en panique face à moi, un peu largué, qui n'a pas forcément de mauvaises intentions mais se méfie à outrance de celles des autres envers lui. Et quelque part ça me dérange, d'être une source de stress pour lui ou qu'il en soit une pour moi. C'est donner du crédit à tous les enfoirés qui nous poussent à nous comporter comme ça aujourd'hui à cause de leur connerie.

Je crois que c'est à ce moment là que je décide de faire un gros fuck à ces connards d'ailleurs, quitte à prendre des risques pour ma gueule au passage. Je préfère jouer la carte de l'honnêteté.

« Étais, oui. Pendant trois ans seulement, j'suis pas d'ici à la base. Et tu sais quoi, je déteste mentir, sauf que comme toi j'ai l'impression, on m'a donné matière à me méfier des gens. Et j'aime pas ça. »

Vraiment. Ça ne me plait pas de raconter des bobards à des gens parce que j'ai peur pour mon cul, ou celui de mes proches. Ces tarés, tout autant qu'ils sont, ont réussi à nous faire vivre dans la peur de l'autre, la méfiance, et ça me met en colère. J'essaie de rester calme, ça ne ferait qu'empirer les choses, mais je crois que ça doit sans doute se voir un peu que ça m'agace réellement. En espérant qu'il ne le prenne pas pour lui. Et qu'il n'est pas un geste malheureux en pensant que j'essaie de l'embrouiller, aussi.

« Je m'appelle pas Samuel, mais Enzo, et j'étais chez les Gryff. »

Voilà. Ça, c'est fait. Maintenant si t'es avec eux, régale toi, qu'est ce que tu veux que je te dise.

« Et je crois que c'est le moment où on décide de sortir de cette ruelle mal éclairée pour éviter un autre moment de flottement à pas savoir lequel va faire un plan foireux à l'autre ni qui agira en premier. Félicitations tu viens de faire grimper mon taux de stress, tu me dois un deuxième verre. »

Tentative d'humour histoire de détendre l'atmosphère, la sienne comme la mienne.

Oui, c’était probablement une question stupide de lui demander s’il était majeur, mais c’était plus fort que lui ! Il ne voulait pas risquer d’avoir des parents relous sur le dos après par ce qu’il aurait fait boire la progéniture ! Visiblement la question était très drôle, Gary haussa un sourcil un peu perplexe en ne voyant pas en quoi cela pouvait être drôle !

« Majeur et vacciné, t'en fais pas. Mais me dis pas des choses comme ça j'vais commencer à croire que tu veux me pécho. »
« J’en avais pas l’intention, mais je vais peut-être reconsidérer la question vu que tu as mis sur le sujet sur le tapis. »

Bah quoi ? Il plaisantait, réellement, il n’avait aucune envie de le draguer ou de le pécho, mais des fois après quelques verres on se contrôle un peu moins et vu ce qui s’était passé avec Esteban, et du fait que le garçon avait quand même un physique plutôt agréable, même si de base ce n’était pas trop son type, Gary ne se faisait pas trop confiance sur ses réactions alcoolisées. Alors oui, ça restait une possibilité.

«Et ne t’inquiètes pas, même alors quelques verres je comprends parfaitement, et respecte, le non. »

Petit sourire mi charmeur, mi amusé. Lui, préférait les gens de son âge, ou plus âgé, le garçon était quand même un brin trop jeune pour lui, mais cette évocation l’avait quand même bien amusé. Et vu comme ça avait été dit, l’autre sorcier ne devait pas être homophobe, cela ne sonnait pas ainsi dans l’intonation. Mais, trêve de plaisanterie il avait d’autres… disons informations que le garçon pourrait peut-être lui donner, il essayait de faire la conversation, cherchant un peu ses marques, essayant de ne pas trop mettre les pieds dans le plat, il avait commencé « light » avec sa maison à Poudlard. Il avait remarqué qu’il avait peut-être merdé en voyant la tronche que tira le garçon après sa question.

« Étais, oui. Pendant trois ans seulement, j'suis pas d'ici à la base. Et tu sais quoi, je déteste mentir, sauf que comme toi j'ai l'impression, on m'a donné matière à me méfier des gens. Et j'aime pas ça. »

Il fronça les sourcils, mais ne dit rien, se contentant d’acquiescer également, mais il était devenu de nouveau un peu plus méfiant. C’était connu le coup du « moi aussi je connais ça », pour amadouer les gens. Néanmoins, il y avait une forte probabilité qu’il dise également totalement la vérité.

« Je m'appelle pas Samuel, mais Enzo, et j'étais chez les Gryff.
Et je crois que c'est le moment où on décide de sortir de cette ruelle mal éclairée pour éviter un autre moment de flottement à pas savoir lequel va faire un plan foireux à l'autre ni qui agira en premier. Félicitations tu viens de faire grimper mon taux de stress, tu me dois un deuxième verre. »

WHOAW. Whoaw. Ca faisait beaucoup d’un coup. Il lui avait menti sur son prénom en premier lieu : pourquoi ? Cela lui faisait plus pencher sur le fait que le grand brun se méfiait également beaucoup des gens. Au lieu de répondre de suite, il préféra attendre qu’ils soient de nouveau sur la grosse artère, avec toutes les personnes qui passaient. Gary plaça ses mains dans ses poches, il hésita quelques instants et finalement reprit la parole à son tour.

«Enchanté Enzo, et visiblement, tu es encore plus… méfiant, même si j’aurais plus utilisé le terme de parano, que moi. » Il secoua un peu la tête. «Gryffondor ? Vraiment ? Chouette maison, mais ça ne vaut pas Serpentard. »

Il lui sourit, plus amusé qu’autre chose. Il avait beau être un fier Serpentard, il n’y avait aucune meilleure maison réellement, chacune avait ses qualités, chacune correspondait plus ou au moins aux individus.

«Ne t’inquiètes pas, je n’ai encore jamais mangé de Gryffondor. »

Non, il n’y a aucun sous-entendu là-dessus, promis, c’était juste pour essayer de détendre l’atmosphère parce qu’il savait bien que ce n’était pas forcément la maison la mieux vue, suivant… par exemple le statut de sang. Les Verts n’étaient pas tous tolérants, c’était même peu dire.

« Et va aussi pour le deuxième verre ! Je tâcherai de ne pas trop boire, histoire qu’au moins un de nous deux soit en état de ramener l’autre chez lui s’il y a besoin, je vais devoir tristement jouer l’adulte responsable….. qui oubliera probablement cette responsabilité après quelques verres. C’est comme ça que ça marche, non ?»

T’inquiètes paupiette, il ne fera pas trop son relou ! C’était pour … disons essayer de détendre l’atmosphère, il n’était personne pour le raccompagner, mais l’autre le souhaitait il restait à sa disposition… C’était plus une sorte de proposition, qu’il le sache, juste au cas où… Il n’y avait plus qu’à espérer qu’ils ne finissent pas tous les deux totalement bourrés.

Surprise. Et demi tour. Je sais pas pourquoi je suis ce type que je ne connais pas pour aller boire un verre, peut-être juste parce que j'en ai effectivement marre de me méfier de tout le monde. En attendant on arrive dans une ruelle un peu plus fréquentés et c'est à ce moment qu'il décide de réagir verbalement à ce que je viens de lui dire.

« Enchanté Enzo, et visiblement, tu es encore plus… méfiant, même si j’aurais plus utilisé le terme de parano, que moi. »
« Chacun ses raisons pour ça. »

Je ne te juge pas, ne me juge pas. En tout cas, je crois que je suis rassuré de voir qu'il ne le prend pas mal. Je m'en serais remis c'est pas la question mais c'est bien aussi si ça se passe juste … bien, en fait. En Australie je suis détendu du calbard presque en permanence, à Londres c'est crispation académie, à regarder les autres en chien de faïence comme s'ils étaient l'ennemi personnifié. Et comme j'ai dit ça me plait pas. J'imagine que je serais rapidement fixé concernant ce type de toute façon. Pardon, Gary. Il a un prénom et moi aussi à présent alors autant les utiliser.

« Gryffondor ? Vraiment ? Chouette maison, mais ça ne vaut pas Serpentard. »

Sourire en coin, je secoue la tête tout en continuant d'avancer. Cette éternelle guéguerre entre ces deux Maisons … C'est devenu presque un jeu je pense, une private joke. Je n'y étais pas vraiment intéressé pendant très longtemps, ne me sentant pas plus Gryffondor qu'autre chose, et puis j'ai fini par me laisser tenter au final. Pour autant j'ai vite compris que tous les Verts n'étaient pas ce que la « légende » leur prête comme image et que c'était finalement la même chose pour chaque Maison. Encore et toujours ce besoin de coller les gens dans des cases.

« Sûr qu'entre un lézard sans pattes et un lion, y a pas photo. »

Petite pensée pour mon frère au passage, naturellement.

« Ne t’inquiètes pas, je n’ai encore jamais mangé de Gryffondor. »
« Ah oui ? J'ai tenté le Serpentard une fois, j'ai vomis deux heures plus tard. »

Dit-il, sur le ton de la conversation, mais dans les poches et regard en l'air comme si tout ça était normal. Je plaisante, enfin je crois … Mais je me vois pas tellement lui balancer qu'il y a une probabilité pour que ce soit en partie vrai, hum ? Ouais, on va éviter.

« Et va aussi pour le deuxième verre ! Je tâcherai de ne pas trop boire, histoire qu’au moins un de nous deux soit en état de ramener l’autre chez lui s’il y a besoin, je vais devoir tristement jouer l’adulte responsable….. qui oubliera probablement cette responsabilité après quelques verres. C’est comme ça que ça marche, non ?»
« Exactement. D'autant que j'suis pas du genre gamin qu'on chaperonne. »

Simple fait. Ok je n'ai que 18 ans – même si c'est pas flagrant quand on me voit. Sauf quand je dors, c'est Liam qui le dit. Paraît que je perds 10 ans – mais d'une dans ma tête c'est pas vraiment le cas et de deux, ça fait bien longtemps maintenant que je m'occupe de moi-même, que je connais mes limites et surtout, que personne ne me dit ce que je dois faire ou ne pas faire. Sans offense pour qui que ce soit, d'autant que ce genre de trucs me manquent en réalité. Mais j'ai Isma pour ça, ou ma Grand-Mère, mon frère éventuellement, certainement pas un inconnu qui a décidé qu'il était plus âgé donc le plus responsable des deux. Je suis majeur, c'est tout ce qu'il a besoin de savoir.

« Et puis j'te préviens j'suis pas un garçon facile, t'arrivera pas à te faire ramener chez moi comme ça. »

Ni à me ramener chez toi, soit dit en passant. Je plaisante, ça va on se détend. Mes perceptions sont peut-être hors service – non, j'pense pas – mais je suis persuadé qu'il n'y a absolument aucune ambiguïté de son côté me concernant. Y en a pas non plus du mien, partant de ce postulat tout va bien et on peut se permettre ce genre de vannes puisqu'il n'a pas l'air homophobe a priori.
Et nous voilà hors du quartier Sorcier, chose pas très étonnante je respire un peu mieux au fur et à mesure qu'on s'éloigne. Ce qui se passe ici est assez improbable, si on y pense bien, mais qu'importe.

« Tu fais quoi de beau dans la vie ? »

Quoi ? Il a pas envie de parler de ce qui va pas, faut bien trouver autre chose non ?

« Chacun ses raisons pour ça. »

Il haussa un peu les épaules, effectivement, le « gamin » avait totalement raison. Chacun avait ses raisons pour chaque chose. Excellente réponse qu'il ne pouvait pas... disons réfuter d'une quelconque manière. Il avait ensuite essayé de lancer une petite vanne pas bien méchante sur sa maison, histoire de continuer un peu ce duel stupide entre maison, même s'il n'en restait pas moins un fier Serpentards qui aimait sa maison, un peu moins la plupart des benêts qui étaient de dedans.

« Sûr qu'entre un lézard sans pattes et un lion, y a pas photo. »
Un a du venin, l'autre des crocs. Ceci dit, la créature la plus agressive, serait peut-être le blaireau, parait-il.

Enfin, ceux qu'il connaissait, dans les Jaunes, n'étaient pas franchement très agressifs, bien au contraire, c'était plutôt relaxe, amitié, loyauté, limite du peace and love ; mais avec tout ce qui s'était passé ces derniers temps, les choses avaient effectivement peut-être changé un peu !

« Ah oui ? J'ai tenté le Serpentard une fois, j'ai vomis deux heures plus tard. »
 «Certains doivent avoir un goût assez étrange, personnellement, je ne te conseille de me goûter, je dois avoir les nerfs un peu trop tendu tu risquerais de t'étouffer »

Oui. Tout à fait Messieurs Dames, la connerie et l'étroitesse d'esprit ça a un goût, pas très bon qui plus est ! A vomir. Bien sûr qu'il l'avait pris sur la rigolade, comment est-ce qu'il aurait pu imaginer, pour l'instant le contraire. Gary avait continué sur sa lancée, et parlé de boire raisonnablement -oupas-. Et qu'il allait juste devoir boire raisonnablement histoire de.... et bien disons d'être responsable comme il était plus âgé. La poisse ultime. D'ailleurs, il avait toujours du mal à se dire qu'il était trentenaire.

 « « Exactement. D'autant que j'suis pas du genre gamin qu'on chaperonne. »»

Il haussa un peu les épaules.

  « Vois ça comme... celui qui conduit ne doit pas boire. C'est pas une réelle question de chaperonner juste de.... d'être... » Vas-y Gary, enfonce-toi, ça commence juste à être intéressant ! Est-ce qu'il allait sortir sans le vouloir une connerie indélicate ?  « … d'être prudent en quelque sorte. J'aimerai éviter qu'on fasse un truc du genre... sortir nos baguettes pour voir laquelle est la plus grande .» les pervers ont remballe, il parle de la vraie baguette.  « Ou de désartibuler, tu vois ce genre de joyeuseté ?»

Ouais, même si on ne pouvait pas dire qu'il avait géré, ses propos auraient pu être largement pire, beaucoup plus outrageants, alors cela devait aller, à peu près du moins.

« Et puis j'te préviens j'suis pas un garçon facile, t'arrivera pas à te faire ramener chez moi comme ça. »

Il haussa un sourcil plus amusé qu'autre chose et fit un petit geste des épaules. Il y avait bien des vannes qu'il avait envie de sortir mais il avait préféré s'abstenir.

 « Ne t'inquiètes, t'es pas trop mon type de toute façon.»

Esteban si. Il secoua un peu la tête, ça n'allait pas être simple cette histoire d'arriver à se le sortir de la tête et de vouloir le garder qu'en ami. Pas simple d'essayer de tout remettre à zéro après six ans d'emprisonnement où l'envie de le revoit était un principal lei-motiv. Sale petit con hypocrite et stupide. Il lui en voulait toujours pour la scène de tout à l'heure. Et pas qu'un peu, par ce qu'il avait l'impression de ne pas être réellement supporté par la seule personne proche qui le restait ; que la première fois qu'il le revoyait le courant n'était pas réellement repassé, surtout dans le sens de son ex. Deux inconnus. Deux foutus inconnus, et ça lui foutait la haine, la gerbe, plus y pensait. Mais au final, il savait qu'il ne pouvait pas lui en vouloir, pour Esté, la vie avait continué de tourner.

« Tu fais quoi de beau dans la vie ? « 
 « De beau ? Pas grand chose. De moche, je crois que je peux dire qu'il m'arrive un poil trop souvent d'être un peu agressif envers des inconnus, ou pas si inconnus que ça d'ailleurs.» On ne pouvait pas dire que sa réaction, face à son ex avait été angélique.  «Non je... disons cherche ma voie, et oui, avec quelques années de retard. Et toi, à part être un homme pas facile, et du coup me désillusionner, tu fais quoi dans la vie ?»

Bien sûr qu'il plaisantait pour la question de désillusion, mais il trouvait ça quand même un peu drôle, alors bon, autant en profiter, n'est-ce pas ?

« Vois ça comme... celui qui conduit ne doit pas boire. C'est pas une réelle question de chaperonner juste de.... d'être… d'être prudent en quelque sorte. J'aimerai éviter qu'on fasse un truc du genre... sortir nos baguettes pour voir laquelle est la plus grande . Ou de désartibuler, tu vois ce genre de joyeuseté ? »

Ce type est chelou, mais il me fait rire. Chelou dans le sens … Je sais pas, par certains côtés – oui, je le connais depuis trois minutes, je sais – il me fait un peu penser à Warren. Que j'ai pas vu depuis un bail, et qui est peut-être le père du bébé d'une de mes meilleures amies … A moins que ça ne soit Zach, qui a couché avec mon mec. Y a longtemps, oui, ok, mais ça va. J'aime pas l'idée, c'est tout. Et c'est pas le sujet.

« Ne t'inquiètes, t'es pas trop mon type de toute façon. »

Je devrais être le type de tout le monde, enfin, quel hérésie !

Mais je crois distinguer une pointe de dépit chez lui. Pas par rapport à moi évidemment, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit ni même pensé, je me dis juste que ce gars là doit avoir un sacré baluchon à emmerde. Je sais pas, une intuition comme ça. Un joyeux panel.
Et tant qu'on est là, qu'on est tombés d'accord pour se faire confiance un peu en mode YOLO et on verra plus tard pour les conséquences, autant faire connaissance.

« De beau ? Pas grand chose. De moche, je crois que je peux dire qu'il m'arrive un poil trop souvent d'être un peu agressif envers des inconnus, ou pas si inconnus que ça d'ailleurs.»
« C'est pas moi qui te blâmerais pour ça, ça serait mal venu de ma part. »

Je lève les yeux au ciel, avec une pensée pour Lukas entre autre, mais aussi les deux types que j'ai salement amoché dans une ruelle y a quelques semaines et qui seraient sans doute six pieds sous terre aujourd'hui si Warren – décidément, j'pense beaucoup à toi aujourd'hui mon pote – n'avait pas débarqué comme par Magie pour m'empêcher de faire une connerie. J'ai l'air de prendre ça à la légère, disons que c'est juste un événement foireux de plus que j'ai mis de côté et j'imagine que le fait d'avoir été un paquet de temps dans le brouillard doit aider.

« Non je... disons cherche ma voie, et oui, avec quelques années de retard. Et toi, à part être un homme pas facile, et du coup me désillusionner, tu fais quoi dans la vie ? »
« C'est que ça prend du temps tout ça. »

Sourire en coin, plus les pavés et les secondes défilent, plus je me tranquillise.

« J'ai arrêté les cours en juin, avec tout ce qui s'est passé j'ai pas tellement eu envie de retourner à Poudlard et je ne regrette pas. Depuis j'ai profité de mon été, là je bosse dans un surf shop chez moi en Australie et en février je reprends les cours. Biologie marine, entre autres. »

Haussement d'épaules, sourire tranquille à son adresse et mes yeux divaguent un peu sur la rue. Un moment ou un autre faudra qu'on fasse notre choix, j'y tiens à mes verres maintenant qu'on est là.

« Et il n'est jamais trop tard pour chercher sa voie, en plus de ça on en a peut-être plusieurs tout au long de notre vie qui sait. »

Je crois que oui, à vrai dire. Peut-être pas forcément tout le monde mais certaines personnes changent drastiquement de direction au cours de leur vie il me semble.

« T'as quel âge d'ailleurs ? »

C'est pas trop intrusif, ça va ? C'est juste que j'suis quasiment certain que t'es pas si vieux que ça.

Parler c’est bien beau, il avait un peu perdu la main sur certaines choses, un peu moins sur d’autres mais qu’il s’agissait de parler de lui c’était visiblement toujours un peu le même schéma, le mec un peu blagueur un peu sarcastique disparaissait, et il avait plus tendance à se renfermer ne sachant pas quoi. D’une certaine façon, il avait peur du jugement des autres, d’une certaine façon, il craignait qu’on le rejette, qu’on l’envoie bouler pour son erreur. Même s’il avait payé, même si tous ces gens, ces sorciers ne pouvaient pas savoir.

« C'est pas moi qui te blâmerais pour ça, ça serait mal venu de ma part. »
« Il y en a qui ne se gêneraient pas, ils oublient parfois de balayer devant leur porte.»

Il haussa un peu les épaules avant d’essayer de répondre à sa nouvelle question sur ce qu’il faisait dans la vie ; Un mot aurait pu suffire : rien. Par ce que c’était la totale vérité. Il avait essayé de le dire d’une autre façon !

« C'est que ça prend du temps tout ça. »
« Ouais c’est une façon de voir les choses.»

La vérité c’est qu’il savait ce qu’il voulait faire mais que dans son esprit c’était trop compliqué et qu’il ne tenait pas non plus à être trop remarqué par le Gouvernement Sorcier ; quant à travailler les Moldus, le souci était les diplomes. Il soupira doucement, bien sûr tout cela il ne pouvait pas lui dire à de grand gus.

« J'ai arrêté les cours en juin, avec tout ce qui s'est passé j'ai pas tellement eu envie de retourner à Poudlard et je ne regrette pas. Depuis j'ai profité de mon été, là je bosse dans un surf shop chez moi en Australie et en février je reprends les cours. Biologie marine, entre autres. » Ah oui, un truc auquel il n’aurait jamais pensé. De toute façon, il ne se voyait pas franchement reprendre les études. « Et il n'est jamais trop tard pour chercher sa voie, en plus de ça on en a peut-être plusieurs tout au long de notre vie qui sait. T'as quel âge d'ailleurs ? »

Haussement de sourcil amusé par cette dernière phrase. Il se passa une main dans les cheveux.

« On ne t’a jamais appris qu’il ne fallait pas demander aux dames leur âge ? Ben, j’ai beau ne pas être une dame, c’est la même chose. J’suis un poil susceptible sur le sujet, les hormones parait-il» dit-il le plus sérieusement possible, avant d’avoir un très léger rire. « Non en vrai j’ai trente ans, mais je crois que mon cerveau ne l’a pas du tout assimilé, cette dizaine fait mal à mon petit cœur.» Temps de silence. «Tu vois, j’ai une tronche de minet, mais j’suis pas de toute première fraicheur. » Il se racla un peu la gorge « C’est cool, ce que tu prévois de faire, j crois que ….. je vais aussi aller travailler de l’autre côté. Peut-être comme secouriste, ou sinon dans un truc genre 112, tu sais les appels d’urgences, ça demande moins de diplomes. Ouais, j’suis pas un branleur mais j’ai un parcours un brin chaotique. Et du coup tes études, c’est pour faire au juste ? Par ce que ça ne me parle pas du tout !»

« On ne t’a jamais appris qu’il ne fallait pas demander aux dames leur âge ? Ben, j’ai beau ne pas être une dame, c’est la même chose. J’suis un poil susceptible sur le sujet, les hormones parait-il. »
« Oh pardon Mamie, j’savais pas que t’étais en pleine ménopause. »

Pardon Grand-Mère, et toutes les femmes du monde en fait, j’vous jure que j’prends pas ça à la légère ni ne m’en moque. De lui par contre, oui, clairement, parce que j’ai le sentiment de pouvoir le faire et qu’il me tend des perches de 15 kilomètres environs.

« Non en vrai j’ai trente ans, mais je crois que mon cerveau ne l’a pas du tout assimilé, cette dizaine fait mal à mon petit cœur. »

Trente ans. Ça me parait le bout du monde et en même temps j’ai tellement l’impression d’être plus âgé que je ne le suis parfois que finalement pas tant que ça. En réalité, je vais simplement pas trop attention à tout ça mais peut-être que quand j’y serais à mon tour ça me fera la même chose. Pour l’heure, j’ai du mal à capter qu’on puisse se sentir vieux à cet âge-là mais ouais, on verra bien quand j’y serais.

« Tu vois, j’ai une tronche de minet, mais j’suis pas de toute première fraicheur. »

J’éclate de rire sans chercher à me retenir une seule seconde.

« T’es dur avec toi-même enfin ! Trente ans c’est rien … juste 11 de plus que moi. »

La vache, une décennie en fait, mais faut dire qu’avec sa tronche de minet comme il dit et la mienne qui me donne quelques années de plus je me dis que quelqu’un qui nous croise dans la rue ne capterait sans doute pas « l’ampleur » de cet écart.

« C’est cool, ce que tu prévois de faire, j crois que ….. je vais aussi aller travailler de l’autre côté. Peut-être comme secouriste, ou sinon dans un truc genre 112, tu sais les appels d’urgences, ça demande moins de diplômes. Ouais, j’suis pas un branleur mais j’ai un parcours un brin chaotique. Et du coup tes études, c’est pour faire au juste ? Par ce que ça ne me parle pas du tout ! »
« Pour passer ma vie à me dorer la pilule sous le soleil et sur l’océan loin des emmerdes. »

Dit-il l’air hyper sérieux, avant d’esquisser un sourire en coin. Ne me lance pas sur ce sujet-là sinon on en a pour la nuit je te préviens.

« J’veux bosser dans la conservation et la protection des espèces et milieux marins, donc l’idée c’est d’en apprendre le plus possible sur eux pour pouvoir faire ça correctement. Un mélange de science et d’écologie, pour faire au plus simple. »

J’ai déjà tellement hâte d’aller un peu plus sur le terrain. J’ai pas encore commencé les cours et je sais qu’il y a de grandes chances pour que je trouve les journées longues parfois mais le terrain, clairement, c’est ce qui me fait tenir. Je connais un peu par certains côtés, j’ai qu’une hâte c’est de tenter de nouvelles expériences. La prochaine en date : La ponte des tortues. Entre deux nettoyages de plages ou des trucs comme ça. Mais les requins … J’ai encore des étoiles pleins les yeux en repensant à l’expérience de fou que j’ai vécu cet été avec Lyndon et Stacy à Ningaloo. Pas l’espèce que je préfère, le requin baleine, mais se retrouver à côté de ces géants tranquilles a été une des plus belles expériences de toute ma vie.

« J’trouve ça cool ton idée, les appels d’urgence. Il faut du monde pour bosser là-dedans, c’est bien. »

Mon truc à moi c’est de venir en aide aux animaux, il faut bien du monde pour s’occuper des humains et même si c’est « juste » en étant un maillon de la chaine c’est déjà énorme. Enfin je trouve.

« Celui-là ? »

Un pub qui a l’air sympa, juste à l’angle de la rue où on se trouve. Au pif.

« Oh pardon Mamie, j’savais pas que t’étais en pleine ménopause. »
« Ttss. Mamie ?! Moi c’est Papinouche. C’est quand même plus… j’aurais dit classe, mais je ne suis pas certain que l’on est la même perception, donc je vais arrêter mon commentaire à ça.»

Oui malgré tout, il était arrivé à se détendre un minimum, il était arrivé à mettre Esteban dans un côté de sa cervelle pour se focaliser sur tout autre chose, sur cet Enzo avec qui, visiblement, ils avaient le même sens d’humour pas franchement drôle. Après cette petite blague, il était redevenu un minimum sérieux en lui répliquant son âge réel avant de sortir de nouveau une autre connerie c’était plus fort que lui, pour une fois qu’il avait un bon public qui ne levait pas les yeux au ciel de ses vannes. Il avait bien fait ! D’ailleurs Enzo avait éclaté de rire.

« T’es dur avec toi-même enfin ! Trente ans c’est rien … juste 11 de plus que moi. »
- Ouais… enfin 11 ns, sur 30 ça fait 1/3 et quelques… Pardon, c’est beaucoup espèce de jeunot.

Vas-y, t’as vu l’insulte suprême ? Sujet de nouveau sérieux, avec le sujet des boulots, bref, les trucs d’adultes. Puisque c’est ce qu’ils étaient plus ou moins tous les deux.

« Pour passer ma vie à me dorer la pilule sous le soleil et sur l’océan loin des emmerdes. J’veux bosser dans la conservation et la protection des espèces et milieux marins, donc l’idée c’est d’en apprendre le plus possible sur eux pour pouvoir faire ça correctement. Un mélange de science et d’écologie, pour faire au plus simple. »

Ouais, il y voyait probablement plus de l’écologie que de la science, mais au final sa vision n’était pas importante, il fallait des gens comme ça par ce que c’était important malgré tout la faune et la flore. Un type bien en quelque sortes, du moins à ce niveau-là ! Il se passa une main dans les cheveux en cherchant ce qu’il pouvait bien dire de pas trop con, mais ce fut le plus jeune qui reprit finalement la parole en premier

« J’trouve ça cool ton idée, les appels d’urgence. Il faut du monde pour bosser là-dedans, c’est bien. »
« Ouais, je sais, je pense que je suis plus fait pour le terrain, mais dans un premier temps je pense que les appels d’urgences seraient pas mal pour redémarré et après ça me fera peut-être un tremplin. Surtout que j’ai de bonnes bases dans la médecine, ou même le secourisme. M’enfin, on verra bien !» Il se tut quelques instants avant de reprendre « Mais pour toi, c’est cool, j’avais aussi pensé à travailler avec les animaux, mais plus dans les refuges, ou les SPA, tu vois, mais d’après ce que j’ai compris c’est dans la plupart du temps plus du bénévolat, et malheureusement, ça ne fait pas vivre.»

Il soupira un peu, c’était triste de toujours réfléchir en fonction pognon, mais ils n’avaient pas le choix dans une telle société de consommation.


« celui-là ?»
«Ouais si tu veux, de toute façon comme je ne le connais pas, je ne pourrai pas te le conseiller ou pas, alors on tente, on verra bien. De toute manière, il n’y a qu’en testant qu’on peut se rendre compte… ou regarder les avis sur internet aussi, mais j’suis pas trop fan de ce genre de choses ! Ca me semble parfois un peu truqué ! »

Ils entrèrent pour s’installer sur une petite table vide où ils allaient pouvoir continuer à bavarder tranquillement.

« Et donc, depuis combien de temps tu te passionnes pour la mer, tout ça tout ça tout ca ?»

« Ouais, je sais, je pense que je suis plus fait pour le terrain, mais dans un premier temps je pense que les appels d’urgences seraient pas mal pour redémarré et après ça me fera peut-être un tremplin. Surtout que j’ai de bonnes bases dans la médecine, ou même le secourisme. M’enfin, on verra bien ! »

Je ne dis rien, mais je n'en perds pas une miette. La médecine est évidemment une chose que j'associe à Leiv, puis Caem. Maxence aussi. On m'a rafistolé tellement de fois que sans des personnes comme ça je ne sais pas dans quel état j'aurais pu finir. Certainement bien plus tôt, radicalement, et beaucoup moins beau gosse !

« Mais pour toi, c’est cool, j’avais aussi pensé à travailler avec les animaux, mais plus dans les refuges, ou les SPA, tu vois, mais d’après ce que j’ai compris c’est dans la plupart du temps plus du bénévolat, et malheureusement, ça ne fait pas vivre. »

Légère grimace, plus un rictus qu'autre chose, parce que je comprends sa déception. J'ai la chance de ne pas avoir besoin de travailler pour vivre alors forcément pour moi tout est beaucoup plus simple et faire du bénévolat et du volontariat est quelque chose que je peux me permettre. J'ai conscience que ça n'est pas le cas de tout le monde, c'est même assez rare en réalité. Mais enfin on n'est pas là pour parler de mon compte en banque, on est là pour se trouver un bar et boire un verre alors je propose un des premiers qui se présente à nous.

« Ouais si tu veux, de toute façon comme je ne le connais pas, je ne pourrai pas te le conseiller ou pas, alors on tente, on verra bien. De toute manière, il n’y a qu’en testant qu’on peut se rendre compte… ou regarder les avis sur internet aussi, mais j’suis pas trop fan de ce genre de choses ! Ca me semble parfois un peu truqué ! »

Faire semblant qu'on comprend de quoi il parle et sourire. Voilà. Comme ça c'est bien. On entre, on s'installe et la discussion se poursuit tranquillement.

« Et donc, depuis combien de temps tu te passionnes pour la mer, tout ça tout ça tout ca ? »
« Toujours ? »

Je veux pas jouer les romantiques ou quoi que ce soit dans ce genre là mais parler de ça, ça me provoque toujours une petite source de chaleur dans le cœur. Parce que c'est moi, mon essence même, ma passion et une très grande partie de mes souvenirs les plus beaux. Une serveuse arrive, on commande deux bières.

« Je suis né au bord de l'océan, j'y ai toujours vécu, mon père en était passionné aussi. Je tenais à peine debout qu'il m'emmenait déjà surfer avec lui. »

J'ai encore une fois parfaitement conscience de la vie de rêve que j'ai ou en tout cas ai pu avoir. D'une certaine façon c'est toujours le cas, d'un point de vue matériel en tout cas, mais … J'vais pas m'excuser pour ça et de toute façon personne ne me le demande. En attendant parler de mon père ne me rend pas triste, peut-être un peu nostalgique mais je n'en perds pas mon sourire.

« C'est mon élément, si on veut. Et j'ai toujours aimé les animaux donc … Merci. »

Non ça n'est pas à lui que je dis merci mais à la serveuse qui dépose nos deux pintes sur la table. J'attrape la mienne et la lève dans sa direction.

« A la tienne. »

Les verres s'entrechoquent, je bois une gorgée puis une seconde avant de le reposer sur la table.

« On verra bien lequel des deux ramènera l'autre sur son dos. »

Il y a quelques minutes il me sautait à la gorge et me menaçait dans une ruelle sombre, maintenant on en est à avoir des private joke. C'est beau. La magie du « arrête de te méfier un peu des gens et kiffe », probablement.

« T'en fais pas, je bosse dans quelques heures donc a priori on n'en arrivera pas là. »

Par contre on risque de pisser des litres, c'était l'instant glamour.

« Et toi, la médecine ? Une vocation ou c'est totalement fortuit ? »

Étrangement, il parlait beaucoup, beaucoup trop avec un inconnu. Ceci dit en soi, il ne disait rien de dramatique et juste du vrai, si c'était un des amis des Supers-Abrutis, il comprendrait que le sang-de-bourbe qu'il était allait repartir et rester principalement dans son monde looser ; et sinon ça faisait juste je raconte un peu trop ma vie. Point. Vu la grimace qu'il avait fait sur l'histoire du bénévolat cela voulait que soit il avait déjà vécu ça, soit, il pouvait se permettre ce genre de chose. Chanceux, tant mieux pour lui, il en fallait bien et il n'était pas mesquin pour lui en vouloir. Il en fallait des biens nés, d'autres non. Lui était plutôt du genre VDM depuis le départ même s'il ne s'en était pas trop mal sorti au final, si on oublie le long passage à Azkaban.Cela aurait pu être pire, il le savait d'une certaine manière peut-être que la magie l'avait sauvé... ou pas. Ils avaient enfin trouvé ce qu'il fallait pour s'installer – aka le premier bar venu-, et Gary essaya donc d'en savoir un peu plus sur cette passion sur les animaux,

« Toujours ? Je suis né au bord de l'océan, j'y ai toujours vécu, mon père en était passionné aussi. Je tenais à peine debout qu'il m'emmenait déjà surfer avec lui.  C'est mon élément, si on veut. Et j'ai toujours aimé les animaux donc … Merci. »
 « Merci m'dame ! Je t'aurais bien dit que ça fait un bail, mais je crois qu'au final à ton âge « toujours », c'est pas si long que ça.»

Sourire en coin de parfait crétin. On peut jouer longtemps au jeu du « bébé et pépé sont dans un bateau » lequel fera la meilleure vanne sur l'âge ? Promis, on ne compte pas les points. Il se racla la gorge avant de continuer cette fois un peu plus sérieusement.

 «  C'est cool en tout cas d'avoir une passion et quelqu'un avec qui la partager depuis tout ce temps ! »

Il prit à son tour son verre pour trinquer avec le garçon en face de lui.

 « Ouais, à la tienne !»

Ils boivent une gorgée, le plus âgé cherche un nouveau centre de discussion. Il a toujours pas mal de questions sur Poudlard, ce qui s'est réellement passé, mais non. Ce n'est pas le moment, quelque chose l'en empêche se lui poser les questions à ce gamin.

« On verra bien lequel des deux ramènera l'autre sur son dos. »
 « N'y vois aucune offense là-dedans, mais tu pèses combien ? Non, par ce qu'avec mon gabarit de micro-crevette et sans les « pouvoirs » d'une fourmi qui peuvent soulever je ne sais plus combien de fois leur poids... 50 ? Cent , Mille ? Bref. Déjà pour ma part deux fois serait pas mal.»

Surtout vu la fonte musculaire qu'il avait eu quelque chose lui disait que ce gars il ne pourrait pas le porter sur ses épaules.

 « J'te le dis d'avance, pour pas te prendre en traite, moi j'te ferai sûrement rouler en faisant attention, à ne pas trop abîmer ta petite bouille, promis.»

Ce n'est pas un sauvage lorsqu'il veut bien s'en donner la peine, promis !

« T'en fais pas, je bosse dans quelques heures donc a priori on n'en arrivera pas là.  Et toi, la médecine ? Une vocation ou c'est totalement fortuit ? »
Il en faut bien qui bossent dans ce monde ! Lui pourrait dormir, se remettre de ses émotions, se mettre en PLS en envoyant bouler l'autre petit con d'Esteban.


 «Ca fait longtemps que je m'y intéresse également, mais bon pas depuis toujours.  Mais c'est vrai que j'ai « toujours » trouvé ça intéressant de connaître plein de choses, de pouvoir soigner les gens ; après jusqu'à ce que je sache que j'allais... là-bas. Je ne pensais pas pouvoir faire ce genre d'études qui sont trop coûteuses, sauf avec une bourse. »

Et pour ça, il fallait être vraiment être très bon. On ne pouvait pas franchement dire qu'il était excellent à l'époque, il était bon dans pas mal de matières, mais travailler au foyer ça avait toujours été compliqué pour lui. Il y avait un peu trop de distractions, de sujets de dispute, de rigolade, de jeux. Et il fallait bien qu'il était bien du genre à préférer s'amuser avec ses amis qu'à bosser. Il avait laissé en plus un « indice », l'air de rien, sur son statut de sang, histoire de voir si cela provoquait une quelconque réaction sur son interlocuteur ; Il s'était tût et avait bu une gorgée de sa boisson avant de reprendre

 « Et après, les choses ne se passent toujours pas comme on veut quand on sort de l'école alors bon.»

Ouais, s'il avait dit qu'il tuerait quelqu'un sans le vouloir et qu'il finir en prison pour 6 ans, que cela détruirait son trouple, il lui aurait bien ri au nez à cette personne.... qui aurait eu parfaitement raison. D'ailleurs peut-être qu'en cours de divination, il avait quand même eu quelques indices !

« Ça fait longtemps que je m'y intéresse également, mais bon pas depuis toujours.  Mais c'est vrai que j'ai « toujours » trouvé ça intéressant de connaître plein de choses, de pouvoir soigner les gens ; après jusqu'à ce que je sache que j'allais... là-bas. Je ne pensais pas pouvoir faire ce genre d'études qui sont trop coûteuses, sauf avec une bourse. »

Encore une fois l'argent entre ligne de compte et je me sentirais presque mal d'avoir eu l'enfance que j'ai eu, même cette vie aujourd'hui dans laquelle pas une seconde je ne me souci de savoir comment je vais me démerder pour payer ce dont j'ai besoin. On ne choisi pas sa famille, on ne choisi pas où on nait, c'est comme ça. En attendant je ne reste pas chez moi les bras croiser à attendre que tout me tombe tout cuit dans le bec, j'ai ma fierté moi aussi après tout. Et puis surtout, j'aurai échangé ou rendu tout l'argent du monde si ça m'avait permis de retrouver mes parents. De ne pas les perdre, tout simplement.

« Et après, les choses ne se passent toujours pas comme on veut quand on sort de l'école alors bon. »
« Non, ça c'est sûr. »

Je ne connais rien de son histoire et j'ai bien compris qu'il n'a pas envie d'en parler. Je respecte ça, évidemment, de la même façon que je n'ai pas tellement envie de parler de moi ni de ce qui a pu m'arriver. Parfois ça fait juste du bien d'être avec une personne totalement inconnue, ça remet en quelque sorte les compteurs à zéro, et même si on ne se recroisera peut-être plus jamais je passe un bon moment. On a visiblement le même humour, il me tacle sur mon âge autant que je le fais sur le sien … Ouaip, soirée et rencontre plutôt cool.
Et bière plutôt bonne, la première comme la seconde. Seulement voilà, l'heure tourne, si la montée d'adrénaline provoquée par son « agression » tout à l'heure m'a réveillé je sens bien que plus les minutes passent plus je commence à sérieusement avoir du mal à garder les yeux ouverts. J'ai arrêté de compter les heures qui me séparent du réveil au fur et mesure qu'elles sont de moins en moins nombreuses mais si je veux être un minimum efficace, si je veux éviter de me blesser, un petit tour chez Morphée serait sûrement une bonne idée. L'agitation de Londres m'a épuisé, je dois bien le dire aussi. Le ressac et les embruns me manque, le calme et le silence de la nuit là bas dans mon trou au milieu de nulle part … l'appel du large se fait sentir.

« C'était sympa de faire ta connaissance Gary, vraiment, mais je tiens plus. »

Où va le monde si ce sont les vieux qui couchent les jeunes ?! Jusqu'à ce que je me rappelle que je me suis levé … hier, en fait. Je viens tout simplement de vivre deux journées l'une à la suite de l'autre, je pense avoir des circonstances atténuantes.
Je termine ma bière et ramasse mes affaires, non sans jeter un coup d'œil sur mon téléphone – dingue ce qu'on prend le réflexe, mais clairement si la majorité de mes proches n'étaient pas à l'autre bout de la planète par rapport à moi je ne passerais pas autant de temps à regarder ce petit écran.

« J'espère que tu trouveras ta voie, je te le souhaite en tout cas. Bonne soirée, peut-être qu'on se croisera par hasard une nouvelle fois. »

On se serre la main, échange encore deux ou trois mots, je le laisse là et rejoint le froid humide de l'extérieur direction le Portoloin le plus proche pour rentrer. J'en profite pour passer un coup de fil à Liam qui est entre deux cours, lui raconte ma journée/soirée, et lui promets de faire attention en rentrant. Ce soir je suis tombé sur un type qui m'a l'air d'être quelqu'un de bien, quelqu'un qui malgré la première impression n'a pas cherché à me faire du mal. Lui n'a pas eu cette chance la dernière fois. Je suis presque tenté de passer le voir mais m'abstiens. Dodo, boulot. Chien et chat, aussi. Bonne nuit les petits.