[Event 31.10.2015 / 01.11.2015] Trick or Treat ! - TOPIC COMMUN #1

« Et on est partis les p’tits gars ! Eh non, je ne vous dirais pas où mais c’est halloween, alors déjà… attention… tadam ! Alors vous en pensez quoi ? Non parce que, autant mon côté artiste marche pour les photos, autant question dessin maquillage et autre, je suis pire que niveau zéro ! Et j’ai à peine dit ça qu’on me dit en commentaire que vous voulez me voir dessiner. J’aurais dû me la fermer tient ! Bon, aller, petit tour dehors pour une petite surprise ! »

Un grand sourire aux lèvres, Callum s’était éloigné de la glace dans laquelle son reflet maquillé façon dias de los muertos au Mexique. Le téléphone à la main, il avait coupé la story avant de s’habiller pour sortir et rejoindre les rues bondées de Londres. Déguisé avec un grand manteau long couvrant un costume flash et tout à fait dans le ton de son maquillage, le jeune homme avait offert de grands sourires et grimaces aux gamins qui passaient là avant de rejoindre Camden Market où il savait qu’une marche de zombies allait démarrer d’ici quelques minutes. Ce fut donc avec amusement qu’il avait sorti son téléphone pour filmer les quelques premières réactions, gratifiant la caméra de son habituel sourire de gamin absolument fan de ce genre d’évènements. Les gens réagissaient souvent violemment, surpris de ces soudaines « agressions ». C’était décidé, une fois rentré, il se faisait une soirée films du genre afin de continuer la journée comme il se devait. Halloween était définitivement une fête qu’il appréciait particulièrement et ce, même si la présence de « magie » et de « sorciers » autour de lui commençait à lui faire grincer des dents. La caméra de son téléphone s’était alors arrêté sur une jeune femme qui s’exprimait fort face à un couple de… français d’après ce qu’il entendait qui n’étaient manifestement pas ravis de la représentation donnée pourtant brillamment par les comédiens. L’un d’eux le fit d’ailleurs sursauter alors qu’il bloquait un instant sur la scène. Ravi et riant de bon cœur, il avait de nouveau fait un rapide face caméra avant de couper le téléphone et de sortir son appareil photo afin de prendre quelques instantanés de la situation.

Œil dans l’objectif, il avait capturé visages effrayés, amusés ou stupéfaits aussi bien que les costumes et maquillages particulièrement bien réalisés des participants avant de braquer son appareil sur la jeune femme et ses français, s’amusant des photos qu’il pouvait en tirer, lui adressant un petit sourire taquin.

Je voudrais qu’on s’arrête tous cinq petites secondes et qu’on ait une pensée pour Halloween l’année dernière.

Ou pas.

D’un autre côté, avec Londres en effervescence comme elle l’est depuis un mois, je pourrais presque m’attendre à voir débarquer une Accromentule au prochain coin de rue. Question discrétion ça ne serait pas terrible mais après le « tremblement de terre » de juillet je crois qu’on devrait s’attendre à ce que plus rien ne nous étonne, non ?
J’ai l’air détendu, à vrai dire depuis ce qui s’est passé avec Lukas je ne suis désormais jamais 100% tranquille quand je déambule dans les rues de Londres. Il m’arrive parfois de scruter tous les visages que je croise comme si j’étais à la recherche de cette pétasse qui a braqué un flingue sur la tempe de mon petit frère. Et dans ma direction, accessoirement, mais étrangement ça m’atteint beaucoup moins.
Enfin bref ! Ce soir c’est soir de fête, on ne pense pas à ses choses-là, on se noie dans l’insouciance et on s’amuse avec les copains ! Aka Keza, Caem et la frangine.  Will est parti se dorer la pilule en Australie et surtout passer de la crème solaire partout sur son boyfriend à mon avis, Mateo passe du temps avec Maxime.  Donc petit comité, mais pas des moindre ! Et pourquoi je ne suis pas avec eux à Hyde Park ? Parce que j’ai décidé au dernier moment de passer par Camden pour acheter un truc que je ne trouverais qu’ici.

Et bien m’en a pris.

Il y a des choses qui ne sortent pas de ma tête, une certaine méfiance envers les autres parfois lourde à porter, mais quand je vois tous ces gens qui sourient, hurlent de fausse terreur, sursautent quand ils croisent des masques, difficile de ne pas plonger à corps perdu dans cette euphorie. Je ne dénote pas dans mon costume, d’ailleurs, avec ma dégaine de zombie/fantôme/personne morte mais vivante quoi qu’il en soit. En revanche, ceux qui dénotent, ce sont ces personnes que j’identifie comme étant des Français – hey, j’ai été en France, je suis callée maintenant – et qui semblent s’offusquer de cette ambiance pleine de « Magie ». Naturellement, mon sale caractère ne fait qu’un tour – oui, j’invente des expressions, et alors ? Donc je prends un plaisir non dissimulé à leur apprendre la vie avec mon magnifique accent Ecossais. Ils ne comprennent probablement pas grand-chose à ce que je dis, je vois néanmoins Madame s’offusquer quand je lâche un beau « merde » en français en plein milieu d’une tirade.

Mon attention est détournée lorsque je sens ce petit frétillement sur ma nuque, cette sensation d’être observée qui me fait tourner la tête pour faire face à un objectif. Et au sourire de celui qui le tient, braqué dans ma direction.

Sourire que je lui rends, à fond dans le personnage, sourcil arqué, air faussement hautain.

« Hey ! T’as demandé l’autorisation à mon agent avant de m’immortaliser ? »

Je pourrais me méfier, dans le fond je le fais sans doute un peu, mais j’ai pas envie de me prendre la tête. On va dire que c’est son sourire qui fait trembler mes défenses.

J'envoie un sms à Laurin que j'ai perdu dans la foule. Il ne me réponds pas. J'ai comme l'impression qu'il y a de l'eau dans le gaz entre lui et moi. Je ne sais pas vraiment comment me comporter avec lui. Je pense qu'il aimerait que tout le monde le sache, mais je ne suis pas spécialement prêt à assumer, surtout dans le lycée ou je suis. Je n'ai pas envie qu'on me fasse des remarques ou qu'on nous regarde de travers. Je sais que c'est idiot de penser aux autres, mais je sais comment ça marche et même si on est plus proche j'ai comme l'impression qu'il se lasse de devoir toujours se retrouver dans des endroits où on est seuls parce que je n'ai pas envie qu'on nous vois. Il réponds enfin à mon appel, mais je ne l'entends pas bien. Je l’engueule presque au téléphone et d'habitude je ne suis pas comme ça, mais je crois que je commence à m'attacher vraiment et l'idée qu'il puisse s'en aller m'effraie. C'est la seule chose de bien qu'il me soit arrivé depuis que je suis sorti de poudlard. Je soupire agacé d'avoir accepté de venir, je n'avais pas envie de sortir, je voulais qu'on reste tous les deux. Je ne voulais pas prendre le risque de sortir, surtout quand il y a du monde. On ne sait jamais ce qu'il peut passer et sur les conseils de mon père j'ai fini par céder et par prendre ma baguette magique avec. Je ne l'ai pas utilisé depuis longtemps, mais les supérieurs aiment semer la pagaille quand il y a du monde. On ne sait jamais.

Je fini par m'arrêter un instant réellement agacé par tout ça. Je vais rentre chez moi si ça continue. Je regarde autour de moi, il ya du monde, beaucoup de visages et beaucoup de bruit. J'ai presque envie de leur dire de la fermer que je puisse essayer de réfléchir, mais je n'arrive pas vraiment à penser. Je fini par apercevoir un visage que j'ai l'impression de connaître Je ferme les yeux et secoue la tête, c'est peut-être mon imagination qui me joue des tours. Je n'arrive pas vraiment à me rappeler son nom, ni où je l'ai vu mais il ne m'est pas inconnu. J'allais reprendre ma route mais je vois quelqu'un d'autre que je n'ai pas de mal à identifer. Kim avec un enfant qui lui parle, l'enfant à l'air turbulent et l'image de Kim avec ce petit me faire sourire. C'est peut-être un neveu ou cousin à elle. Je lui fais un sourire et répondu à son salut, sans me dire que ce n'était peut-être pas moi que ça visait.

« Hey Kim! »

Le petit power rangers à l'air de bien être en forme. Je ne suis pas expert des enfants mais ça ne me dérange pas plus que ça et je suis sur que j'aurais été un grand frère super si j'avais eu des frères ou sœurs, mais je suis fils unique et ce n'est pas plus mal comme ça finalement.

Il aurait bien passé la soirée avec Adam, mais ce dernier avait été invité par des amis à faire… une chasse aux bonbons déguisé et compagnie. Il venait donc de l’emmener chez les gentils parents qui recevaient une bonne dizaine de gamins, il espérait que tout se passerait bien et qu’Adam arriverait à bien s’intégrer. Dorofei avait donc décidé de passer un peu de bon temps et de décompresser de la vie de tous les jours, ses pas l’avaient mené au marché où il y avait beaucoup de monde, vraiment beaucoup. Soudain son regard croisa celui d’un gamin qui ne devait pas être majeur sa tête lui disait quelque chose, il l’avait probablement vu à Poudlard, mais il n’était certain de rien, après tout il croisait beaucoup de visages chaque semaine, et il ne se rappelait absolument pas de tout le monde. Kim ? Le gamin venait-il réellement de prononcer ce nom ? Il fronça les sourcils, et se tourna légèrement pour voir sa camarade de la Garde accompagné d’un …. Gamin d’une dizaine d’années qui semblait très en forme. Vraiment beaucoup. Peut-être un peu trop, il essaya de deviner à quel point Kim était heureuse de cette situation, et quelque chose lui disait qu’elle était exaspérée. Néanmoins, il ne se voyait pas franchement prendre les devants de suite… quoique.

« Bonsoir Kim ! Comment tu vas ? » Il eut un petit sourire, probablement plus amusé qu’autre chose par la situation, c’était inattendu, et elle n’avait pas l’air en danger, alors bon, il pouvait se permettre d’être amusé n’est-ce pas ? « Je vois que tu as un super-héros rien que pour toi, tu as chanceuse dis donc ! Comment est-ce que ce …. Justicier et toi faites ensemble ?! Court temps de silence avant qu’il ne reprenne, cette fois en s’adressant directement à l’enfant, sur un temps qui se valait de la confidence « Est-ce qu’elle a fait une bêtise, ou alors peut-être que tu la protège mais de quoi ? »

Il eut un nouveau sourire en coin, tout en regardant le duo assez improbable, il jeta un bref regard à Aiden ne sachant pas quoi lui dire, mais s’il la connaissait aussi, cela voulait dire qu’il était également à Poudlard. Il essayait de se rappeler comment est-ce qu’il pouvait bien s’appeler ou dans quelle maison il était, mais franchement rien ne lui venait, ce n’était pas quelqu’un qui l’avait réellement marqué et c’était probablement une belle chose – si, si je vous assure que c’est un compliment, à sa façon-. Le petit gamin avait un peu rit à sa dernière réplique mais ne semblait pas décidé à lui répondre. Timidité ? Autre chose ? Il était peut-être juste dans son monde… Dorofei n’en savait trop rien au final. Il n’y avait donc que Kim qui pourrait lui dire quelque chose à ce sujet-là, et après en fonction, il aviserait pour voir si elle avait besoin d’aide ou si elle gérait totalement la situation, et quelque chose lui disait que c’était la première solution.

C’était une mauvaise idée. C’était toujours une mauvaise idée, et Kim le savait, mais pourtant, c’était comme si elle oubliait à chaque fois. Comme si au plus profond d’elle-même, elle ne pouvait pas s’empêcher d’essayer, d’espérer. Elle était comme ça, Kim. Elle était cette nana qui râlait tout le temps et prétendait être associable, mais qui en réalité rêvait de s’amuser avec les copains et de faire les quatre cent coups ensemble dès que l’occasion se présentait. Sauf que les copains étaient à New-York et elle était à Londres. Mais c’était une habitude, finalement, et Kim avait bien du mal à la perdre.

Alors la voilà en plein centre de Londres, à Camden Market plus précisément, blasée et déçue, à essayer de se frayer un chemin dans la foule, avec un nain vert qui gravitait autour d’elle comme un électron survolté. Il lui avait foncé dedans, était tombé par terre, et s’était relevé, le tout avant même qu’elle n’ait pu ne serait-ce que tendre un bras pour le rattraper, puis, absolument pas désolé de l’avoir percutée ni penaud d’avoir chuté, avait commencé à s’intéresser à elle, à son fauteuil, à ses cheveux… Quand soudain.

« Hey Kim !
- Bonsoir Kim ! Comment tu vas ? »

Mais, loin de la mettre à l’aise, les visages amiables de Aiden et Dorofei avaient sur elle un effet étrange, bizarre. Un effet qu’elle ne connaissait pas, comme si elle était stressée, angoissée… Entre le gamin surexcité qui lui tournait autour et les deux têtes connues qui attendaient qu’elle réponde à leur salut, oui elle se sentait agressée, comme menacée et prise au piège et son corps entier lui hurlait de s’enfuir d’ici.

« Salut. »

C’était un sentiment d’oppression qui naissait et faisait monter en elle la tension montant, son rythme cardiaque s’accélérant et ses paumes et son front devenant moites. Elle déglutit. Il fallait qu’elle se calme. Qu’elle se reprenne, qu’elle se ressaisisse. Qu’elle respire.

« Je vois que tu as un super-héros rien que pour toi, tu es chanceuse dis donc ! Comment est-ce que ce… justicier et toi faites ensemble ? Est-ce qu’elle a fait une bêtise, ou alors peut-être que tu la protèges mais de quoi ? »

Ses mains crispées sur ses roues, une expression de plus en plus paniquée s’affichant sur son visage, Kim était incapable de parler, ni même de comprendre ce qu’on lui disait. Un justicier ? Une bêtise ? La protéger ? Oui, elle avait besoin d’être protégée. En cet instant, il ne restait rien de la rouquine forte et fière qu’elle était. Il ne restait rien de la fille qui avait cadré Aiden alors qu’il était en plein bad trip. Il ne restait rien de la fille qui avait combattu les Supérieurs aux côtés de Dorofeï lors de leur mission commune à Poudlard. Elle n’était plus qu’une fille apeurée qui pour une fois ne dirait pas non à un peu d’aide.

« Je… j’ai besoin d’air. »

Et elle s’éloigna en hâte, les plantant là tous les trois. Oui, elle avait besoin d’air et d’espace, de liberté. Alors elle se frayait un chemin à travers le labyrinthe du marché, sans se soucier de bousculer des gens ou de leur rouler sur les pieds…

Pas de réponse ? Tant pis. Ta ferrari n’est pas laaaa, tu n’l’as pas prise avec tooooiiii … Désolée, c’est l’auteur qui déraille.

J’oublie pas que j’ai une course à faire alors après avoir bien passé mes nerfs sur ces deux français aigris et apostrophé cet inconnu voyeur et son objectif, je décide de tracer ma route sans attendre telle une tornade que je suis. Sauf que je ne parviens pas à aller très loin dans ce foule et rencontre un obstacle – Pardon pour le terme. Et quel obstacle ! Je me fais littéralement foncer dedans par un char d’assaut !

« Hey ! »

Toujours dans la délicatesse.

« Tu peux pas regarder où tu vas ?! »

Je me suis rattrapée in extremis, désormais c’est les mains sur les hanches que je toise la personne en fauteuil qui vient de me percuter et manquer de me faire tomber, prête à l’insulter et la traiter de bulldozer. Jusqu’à ce que je reconnaisse son visage.

« Kim ?! »

Et le sourire revient. En réalité je ne la connais pas, je crois qu’on n’a jamais parlé elle et moi, mais je sais qui c’est et il y a cet espèce de lien qui nous rattache tous. Nous, les anciens de Poudlard. Est-ce que ce petit power rangers est dans le lot ? Celui qui vient de débarquer comme une fusée … accompagné par d’autres visages familiers.

« Oh salut Aiden ! »

Et bonjour Monsieur dont je ne connais pas le nom. Un ancien Gardien, je crois, à qui j’adresse un sourire poli avant de revenir sur mes deux anciens camarades d’école.

« Bah alors, c’est réunion de famille ou quoi ? »

Le monde est petit, comme on dit.

« Et lui il est à qui ? »

Le nain vert qui s’agite partout là.

Le « salut » de Kim était, juste étrange, il fronça les sourcils un peu étonné, et essaya de détendre l'atmosphère comme il le pouvait et le seul élément qu'il avait – et qui pouvait également être un élément perturbateur- était le gamin turbulent. Pitié qu'Adam ne devienne pas comme ça et reste assez... disons sage, discipliné, bien élevé, pas trop bruyant -juste ce qu'il faut pour un gosse-, mais toujours plein de vie. Il avait donc essayé de parler à l'enfant  et à Kim plus ou moins en même temps pour... en fait il ne savait pas trop quoi, probablement pour essayer de comprendre pourquoi elle se trimballait avec un gosse comme ça qu'elle n'avait pas spécialement l'air de connaître. Est-ce qu'il fut surpris lorsqu'il remarqua qu'elle semblait encore plus paniquer ? Tout à fait !

 «Je… j’ai besoin d’air.  »

Et elle s'éloigna sans qu'il ait réellement eut le temps de l'arrêter vu que visiblement le gamin avait à présent décider de l'adopter à lui.  Joie. Elle s'éloignait alors qu'il savait qu'elle avait peut-être besoin d'aide, de parler. Alors,  histoire d'être certain de ne pas paumer le gamin s'il lui courrait après, il préféra simplement prendre son téléphone et écrire un texto à la jeune femme. Reviens s-il te plaît, quand tu auras pris l'air. Si tu le souhaites on pourra parler un peu quand j'aurais retrouvé les parents du nain. Il fallait trouver maintenant un point d'accueil. Tout cela avait pris quoi ? Une dizaine ou une vingtaine de secondes tout au plus et alors qu'il allait demandé à Aiden, s'il savait où était le point d'accueil, le petit truc vert parti soudain en courant vers Kim et.... et une autre élève de Poudlard.  Probablement qu'il y avait eu bousculade, ce qui l'arrangeait bien, il faut bien l'avouer. Il démarra également en trombes, en se demandant si ce gamin ne préférait, au final pas les joies des présences féminines.

- B'soir! dit-il sobrement, en se rendant compte que visiblement Aiden l'avait suivi sur ces quelques mètres/dizaines de mètres.

Ouais visiblement, c'était une réunion de famille, et, à 26 ans, il se sentait soudain super vieux par rapport aux trois autres. Allez Doro', c'est qu'une impression !

« Et lui il est à qui ? »
- « Ce n'est pas le mien, j'en ai déjà un un peu plus microbe que celui-là et  ça me suffit. Donc je ne sais pas, mais il a l'air de beaucoup apprécier Kim. Vous savez s'il y a un point d'accueil  histoire que ses parents ou sa famille puissent le retrouver avant qu'ils ne se fassent un sang d'encre ? »

Et là, il savait de quoi il parlait. Si Adam se perdait comme ça dans une foule, il bénirait probablement la personne qui le ramènerait au point d'accueil. Mais Adam était quand même beaucoup plus jeune que ça et donc plus craintif et facilement apeuré... enfin certaine fois. Si souvent le gamin jouait son timide, parfois il l'étonnait en s'adressant à des inconnus. C'était son petit microbe à lui et au final, il lui manquait. Il s'empêcha de regarder son téléphone pour vérifier que personne ne l'avait appelé pour lui dire qu'il y avait un souci à la fête, ou quelque chose comme ça !  Papa poule devait se retenir. Il essayait néanmoins de ne pas quitter le gamin des yeux, même s'il semblait adorer Kim, à cet âge la moindre autre chose pouvait attirer son attention.

Elle avait besoin d’air. Oui, elle étouffait, elle avait besoin d’air, d’espace, de liberté, et vite. Jetant des regards furtifs autour d’elle alors que la foule semblait décidée à se resserrer autour d’elle comme un étau, se forçant pour continuer à pousser sur les roues de son fauteuil, Kim n’avait qu’une envie : boucher ses oreilles et fermer ses yeux pour ne plus rien voir ni entendre, pour oublier les bruits et les silhouettes qui l’entouraient et l’assaillaient de partout. Mais elle ne pouvait pas s’arrêter, elle devait sortir d’ici, il fallait absolument qu’elle sorte d’ici.

« Hey ! »

Ce n’était pas la première personne qu’elle percutait, mais cette fois-ci, la collision fut plus frontale que les précédentes. Projetée contre le dossier de son fauteuil, Kim releva la tête et distingua à travers les mèches rousses qui lui barraient la vue une grande brune qui se tenait face à elle, les mains sur les hanches, manifestement contrariée. Elle baissa à nouveau la tête, recula, puis manœuvra pour contourner la jeune femme dans l’idée de s’en éloigner au plus vite, comme pour éviter tout conflit. Mais la brune ne semblait pas d’humeur à vouloir lâcher l’affaire.

« Tu peux pas regarder où tu vas ?!
- Je suis vraiment désolée, je voulais pas… »

Quiconque connaissait Kim aurait tout de suite vu qu’elle n’était pas dans son état habituel. En temps normal, elle aurait rétorqué, se serait défendue, vivement, fièrement. Elle n’était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, la rouquine. Mais en cet instant, elle n’avait rien de la femme caractérielle et exécrable qu’elle pouvait être. C’était comme si elle était soudain devenue une petite fille effarée et inoffensive.

« Kim ?!
- Hein ?
- Oh, salut Aiden !
- B’jour.
- Bah alors, c’est réunion de famille ou quoi ? »

Comme un enfant bombardé de questions de toute part mais incapable d’y répondre, elle avait regardé tour à tour chacun des protagonistes de la discussion, cédant à nouveau de plus en plus à la panique au fur et à mesure que les répliques fusaient.

« Et lui il est à qui ?
- Ce n'est pas le mien, j'en ai déjà un un peu plus microbe que celui-là et ça me suffit. Donc je ne sais pas, mais il a l'air de beaucoup apprécier Kim. Vous savez s'il y a un point d'accueil histoire que ses parents ou sa famille puissent le retrouver avant qu'ils ne se fassent un sang d'encre ? »

L’étau se resserrait, l’air lui manquait, son rythme cardiaque s’accélérait et sa peau devenait moite. Sans s’en rendre compte, elle se remit à reculer, lentement, précautionneusement, sans les quitter du regard, priant pour ne pas qu’ils remarquent sa tentative de fugue alors qu’ils se demandaient quoi faire du gamin. Manquerait plus qu’ils se mettent à vouloir l’aider et elle ne répondrait plus de rien. Pourtant, il fallait bien qu’elle se rende à l’évidence, elle avait besoin d’aide. Alors, une fois assez loin de tous ces visages connus et anxiogènes, elle s’aventura à regarder autour d’elle à la recherche de quelqu’un avec qui le courant pourrait passer, et avisant un black aux cheveux fous et à l’attitude légère, se lança.

« Salut. Désolée de t’embêter mais tu pourrais m’aider à sortir d’ici ? J’ai vraiment besoin d’air et j’arrive pas à m’extraire de cette foule. S'il te plaît. »

S'il te plait, dis oui, ou même ne dis rien, prends les poignées de mon fauteuil, et pousse le si possible dans la direction opposée à celle dont je viens !

« Hey ! T’as demandé l’autorisation à mon agent avant de m’immortaliser ? »
« Je plaide coupable ! »

La jeune femme l’avait fait sourire. La spontanéité lui faisait toujours cet effet là, surtout si c’était pour se moquer de certaines personnes un peu trop rigides. Comme ayant un ustensile servant au ménage logé dans un fondement ne souffrant habituellement pas de la chaleur mordante du soleil. Comme c’est imagé n’est-ce pas !?
Pourtant, Callum ne pu épiloguer plus. En effet, une flopée d’énergumènes pseudo terrorisés avait traversé la foule, le forçant à reculer, toujours sourire aux lèvres quoi qu’un peu pris de court par cette cohorte. Lorsqu’il se retourna, la jeune femme avait disparu. Haussant des épaules, passant à autre chose, l’influençeur, de nouveau, appareil à la main s’était amusé à prendre les gens sur le vif, capturant ces instants étonnants, cherchant LA photo à fort impact visuel. Il s’agissait là d’une situation qui s’y prêtait, il fallait bien l’avouer.

Bientôt pourtant, son attention fut retenue par quelqu’un d’autre. Une autre jeune femme. Car le hasard s’avérait plutôt généreux sur le sujet ce jour-là.

« Salut. Désolée de t’embêter mais tu pourrais m’aider à sortir d’ici ? J’ai vraiment besoin d’air et j’arrive pas à m’extraire de cette foule. S'il te plaît. »

Surpris, il se retourna donc vers la jeune rousse en fauteuil qui lui demandait de l’aide.

« Euh oui bien sûr ! Attends voir… » Rangeant son téléphone – dont il se servait une seconde plus tôt pour envoyer un petit message en story orné d’une belle photo sanglante – le jeune homme avait également sécurisé son appareil photo. Il savait déjà trop bien comme les mouvements de foule pouvaient s’avérer dangereux à gérer parfois. Alors s’il n’avait pas les mains de libres, il préférait assurer le coup. « Je peux ? »

Il avait désigné son fauteuil avant de se saisir des poignées, une fois l’accord de la jeune femme obtenu.

« C’est parti ! … j’ai le droit d’écraser du zombie ou ça fait moyen ? »

Parce que son esprit de grand enfant lui donnait très envie de foncer dans le tas. D’ailleurs, il s’était bien mit à trottiner avec le fauteuil… mais pas du côté de la foule. Gamin certes, mais elle lui demandait de l’éloigner de la foule à cause de quelque chose qui pouvait ressembler à une crise d’angoisse. Pas vraiment le moment de jouer aux quilles avec son fauteuil. Sans parler de l’aspect assez peu politiquement correct ou même du côté détournement corporel…. Voire enlèvement… Callum tu penses trop.

« Pas très fan des zombies, de la foule ou des deux ? » Avait-il demandé lorsqu’ils s’étaient trouvés un peu plus à l’écart.

À quand remontait la dernière fois que Kim avait demandé de l’aide à quelqu’un ? Elle-même ne s’en souvenait pas, c’était pour dire. Elle avait tendance à faire le contraire, à refuser catégoriquement tous ceux qui voulaient lui prêter main forte et à leur en vouloir lorsqu’ils le faisaient contre son gré, même s’ils avaient parfois raison. Mais aujourd’hui, elle savait qu’elle n’y arriverait pas toute seule, et elle était prête à sacrifier un peu de sa fichue fierté si ça lui permettait de sortir de cette situation avant qu’elle ne vire au drame.

« Euh oui bien sûr ! Attends voir… Je peux ? »

Soulagement, teinté d’une certaine impatience malgré tout. Bien sûr qu’il pouvait, il devait même puisque c’était exactement ce qu’elle lui demandait. Elle se contenta d’acquiescer, et bientôt le voilà qui poussait son fauteuil, forçant la foule à s’écarter sur son passage.

« C’est parti ! … j’ai le droit d’écraser du zombie ou ça fait moyen ? »

Elle déglutit. En d’autres circonstances, elle aurait adoré et encouragé ce genre d’attitude, mais en cet instant, elle n’était absolument pas d’humeur. Elle voulait juste être loin de toute cette agitation. Elle ferma les yeux, inspira profondément, essaya de détendre ses bras crispés sur ses accoudoirs. Il fallait qu’elle se calme, qu’elle se reprenne. Ou au moins qu’elle tienne jusqu’à être de retour à la maison. S’il y avait une chose dont elle avait pas besoin en cet instant, c’était être au centre de l’attention.

« Pas très fan des zombies, de la foule ou des deux ? »

Elle rouvrit les yeux. Autour d’eux, les passants ne grouillaient plus comme des fourmis dans une fourmilière, et, quelques mètres plus loin, elle distinguait des rues vides. Elle passa une main dans ses cheveux, constatant qu’ils étaient moites de sueur, et ouvrit sa veste, appréciant la fraicheur de l’air sur son torse.

« Non… Enfin, je sais pas. »

Un petit effort de clarté, Kim ?
Rah, laisse-moi reprendre mon souffle !

Ils ne tardèrent pas à s'arrêter, et elle se pencha pour attrapper une bouteille d'eau dans le filet sous son fauteuil. L'ouvrant, elle la porta à ses lèvres et en vida la moitié d'une traite, puis en versa un peu dans sa main pour rincer son visage avec. Elle but encore quelques gorgées, puis la tendit au jeune photographe. Elle prit encore quelques secondes pour se remettre de ses émotions, avant de reprendre la parole.

« Les zombies ne me dérangent pas plus que ça, la foule non plus d’habitude. Mais je sais pas, yavait ce gamin surexcité, et cet ado que j’ai aidé un jour dans la rue, et cet homme que je connais du boulot, et cette fille que j’ai croisée à l’école… Je sais pas, c’était comme si… je sais pas. »

Elle s’était sentie assaillie, agressée. Persécutée, presque. Hantée.

« J’avais juste l’impression que j’allais étouffer. Ça t’es jamais arrivé ? »

Encore quelques minutes auparavant, elle-même aurait répondu non à cette question.

Dorofei haussa un sourcil perplexe à l’explication du blondinet, gneuh ? Il n’était pas certain de bien saisir la différence. Il hésita quelques instants, mais se dit finalement que les explications pourraient être bénéfiques pour qu’il n’embrouille pas plus Adam que cela.

« Et c’est quoi la différence, les super-héros, est-ce que ce ne sont pas des gens qui ont des… disons pouvoirs/capacités spéciales… et qui sauvent la vie de gens en se battant contre des méchants ? Par ce que dans ce cas-là, ce sont des supers-héros non ?»

Allez Aiden, va répondre à la question maintenant et bon courage, surtout que le Cooper, il attendait réellement la réponse, histoire de ne plus dire de bêtise sur le monde moldu ! Et bref, ils s’étaient ils s’étaient retrouvés tous les deux. Dorofei ne savait pas franchement pas trop quoi dire à l’autre garçon, si bien qu’il haussa les épaules quand il demandant ce qu’elle avait, la Kim. Il n’en savait rien. Il ne comprenait pas non plus.

- Hum ? demanda-t-il finalement à la nouvelle phrase du gamin Je ne le cache pas, mais je ne le crie pas sur tous les toits non plus, mes amis généralement le savent ou si ça vient dans la conversation.

Ce n’était qu’un ado, avec qui il n’avait jamais réellement parlé du coup comment est-ce qu’il aurait pu savoir cela et en quoi était-ce d’ailleurs intéressant ? A son âge, il se fichait bien de savoir qui était père ou dans les adultes de Poudlard. Mais bon chacun son truc, et comme il était curieux également, il ne pouvait pas vraiment en vouloir à cette petite bouille ! Et puis c’était dit avec tant d’innocence ! Aiden, à son tour avait essayé de faire parler le gamin, sans grand succès, jusqu’à ce que miracle : la mère du gamin arrive. Les miracles existent, il allait pouvoir repartir à ses occupations ;… et soudain les canaux lacrymaux de la mère se mirent à fonctionner de manière un peu trop…. Poussée au gout de l’Auror. Il lui tapotta maladroitement sur l’épaule pour tenter de la réconforter.

- Tout va bien, ne vous inquiétez pas ! Vous voyez, il est en pleine forme, calmez-vous. Il est en sécurité maintenant, vous l’avez retrouvé ! Par contre, il suit bien les inconnus. Dorofei. Oups. Ca lui été sorti tout seul… c’était un simple constat… et forcément la crise de larmes de la femme redoubla. Quel boulet quand il y s’y mettait. Je suis désolé, enfin, ce que je voulais dire c’est de lui rappeler qu’il ne faut pas suivre les inconnus, tout le monde n’est pas bienveillant, par contre vous devriez-vous trouver un point de rencontre si vous vous perdez, ça pourrait, hum sympa…

Et il vérifia que le gamin était toujours là, la réponse était oui, toujours occupé par le pauvre Aiden. Les mensonges, ce n’est pas beau, mais tant pis… Ils devaient se sortir de là avant que les choses dégénèrent, et il fallait que la mère gère les choses avec l’enfant, et pour cela ils devaient partir.

- Si vous n’avez plus besoin de nous, avec mon … cousin, on doit y aller. Faites bien attention à vous deux, et bonne fin de soirée ! Il se tut quelques instants avant de dire Aiden, tu viens, on a à faire !

Il s’éloigna de quelques pas, après avoir salué une fois l’enfant et la mère. Il vérifia que la mère s’était un minimum repris et qu’elle surveillerait bien l’enfant à présent, même s’il pensait que c’était au final surtout l’enfant qui posait « souci ». on avait beau être vigilent, parfois, l’enfant nous échappe quand même quand il est malin ! ca lui était déjà arrivé avec son gosse alors bon, il ne pouvait être que compatissant envers la maman.

- Tu as quoi de prévu maintenant ? demanda-t-il au blondinet maintenant qu’ils n’étaient plus que tous les deux.

« Non… Enfin, je sais pas. »

La jeune femme semblait vraiment perturbée, ce qui induit Oliver à laisser de côté son aspect un peu trop exubérant ou actif. Il savait qu’il pouvait être ainsi, c’était son côté hyperactif, toujours en mouvement, toujours bercé de dizaines de pensées différentes. Il savait que parfois, il avait tendance à en faire top, ce qui pouvait être agaçant. C’était d’ailleurs d’autant plus vrai que depuis qu’il avait son personnage de Callum sur les réseaux. Il n’était parfois pas simple de le mettre de côté.

Regardant la jeune femme se servir de l’eau, il avait contourné le fauteuil pour s’assoir sur un banc tout près. L’idée de la regarder de haut lui déplaisait fortement et il ne voyait pas d’autre moyen de quitter cette sensation délicate.

« Les zombies ne me dérangent pas plus que ça, la foule non plus d’habitude. Mais je sais pas, yavait ce gamin surexcité, et cet ado que j’ai aidé un jour dans la rue, et cet homme que je connais du boulot, et cette fille que j’ai croisée à l’école… Je sais pas, c’était comme si… je sais pas. »

Il la laissait parler sans réellement comprendre ce qui posait réellement problème dans tout ça. D’autant plus si la foule ne lui posait pas problème en temps normal. Pourtant, il pouvait comprendre qu’être coincée à mi hauteur dans une certaine masse de personne puisse être oppressant. C’était d’ailleurs ce à quoi il avait pensé à l’origine. Lui, ça l’aurait clairement dérangé. C’était d’ailleurs dans ces moments-ci qu’il se rendait compte de sa chance de pouvoir se déplacer et faire plus ou moins ce qu’il voulait de son corps. Etant sportif et travaillant souvent sur sa mobilité, ça le touchait particulièrement.

« J’avais juste l’impression que j’allais étouffer. Ça t’es jamais arrivé ? »
« Pas vraiment. Enfin.. »

La première réponse avait été immédiate, naturelle. Et fausse. En réalité, cette sensation, il la connaissait. Elle lui était arrivée une fois et attendait, dans l’ombre, de pouvoir prendre de nouveau ses aises. Oui, il avait déjà cru être écrasé par cette sensation d’oppression, d’angoisse indéfinissable. Quand un type tuait son compagnon d’un éclair verdâtre sorti d’il ne savait où. Le jour où celui-ci lui avait dit de partir, d’arrêter ses recherches. Le jour où il avait comprit qu’un monde caché existait. Et qu’il était en danger.

Une ombre avait dû passer sur son visage alors que sa poitrine se serrait, tant de peine que d’angoisse sourde.

« Si, c’est déjà arrivé. Quand un mec avec qui je construisait quelque chose est mort d’un accident. »

C’est toi l’accident couillon.

« Un truc un peu moche. »

Le truc moche, c’est que tu t’en veux car c’est sans doute de ta faute. Et que tu ressens finalement plus de choses concernant ce qui s’est réellement passé que de réel deuil.
C’est vrai que c’est moche.

« J’peux faire quelque chose ? Aller plus loin ? Manger un truc j’sais pas. Penser à autre chose peut aider non ? »

Sans vraiment réfléchir, il lui avait tendu son appareil photo.

« Tient, tu veux jeter un coup d’œil ? »

À l’écart de la foule, Kim avait enfin l’impression de pouvoir à nouveau respirer. Son cœur tambourinait encore dans sa poitrine, et elle ne pouvait s’empêcher de jeter des regards furtifs autour d’elle comme pour vérifier qu’ils étaient bel et bien seuls, mais elle parvenait progressivement à reprendre son souffle et à se détendre. Se savoir en compagnie d’un parfait inconnu lui faisait du bien, aussi, bien que ça puisse paraitre étrange, presque paradoxal. Car finalement, c’était le fait de se retrouver confrontée à toutes ces têtes connues qui avait déclenché le malaise. Mais alors qu’elle essayait de trouver les mots justes pour exprimer ses ressentis, elle réalisait que c’était vraiment pas évident. Voyait-il seulement de quoi elle parlait ? L’avait-il par chance peut-être déjà vécu ?

« Pas vraiment. Enfin…
- Moi non plus. »

C’était la vérité. Elle-même n’avait encore jamais eu ce genre de réactions, de sensations. C’était la première fois que ça lui était arrivé, et elle n’avait rien compris. Son cerveau était encore un peu embourbé, comme si elle sortait d’une anesthésie générale, ou bien comme si elle avait un peu trop bu, mais elle savait pertinemment que, dès qu’elle aurait retrouvé un tant soit peu ses esprits et pu se poser tranquillement chez elle, elle rejouerait la situation et la tournerait dans tous les sens pour trouver une explication.

« Si, c’est déjà arrivé. Quand un mec avec qui je construisais quelque chose est mort d’un accident. »

Ce soudain revirement de position attira son attention et elle releva ses yeux vers son interlocuteur, le sondant, intriguée. Il s’était assis sur un banc en face d’elle, et quelque chose dans son regard, dans les traits de son visage, dans son attitude générale, avait changé. Comme une flamme qui s’éteignait, arrêtait de danser, pour ne laisser que des braises crépiter doucement, faiblement, dans l’ombre. Elle fronça les sourcils. Quelque part, son propre malaise recommençait à se manifester, et elle eut un pincement au cœur, mais elle le ravala et focalisa son attention sur le jeune métis devant elle qui revivait de toute évidence un épisode difficile de son passé.

« Un truc un peu moche.
- Hm. »

Ça lui avait échappé. Un petit "Hm" comme pour montrer qu’elle écoutait, qu’elle entendait, ce qu’il lui disait. Qu’elle processait. Que ça ne la laissait pas de marbre, mais qu’elle avait besoin d’un petit temps de réflexion pour savoir comment réagir, quoi lui dire. Et surtout, quoi en penser. Un mec avec qui il construisait quelque chose ? Mort d’un accident ? Un truc un peu moche ? Elle ne s’attendait certainement pas à ce qu’un parfait inconnu lui confie ce genre de choses. Déjà en temps normal, elle avait du mal avec les confidences et les états d’âmes de ses proches, alors comment gérer ceux d’un gars qu’elle ne connaissait absolument pas ?

« Je vois, c’est… Enfin, c’est sûr que ça doit pas être facile. »

Hé ben, plutôt pas mal pour quelqu’un d’absolument pas doué avec la dimension psychosociale, non ?

« Mais t'as vu ce qui s’est passé ? »

… T’es pas sérieuse.
Merde

« Désolée. »

C’est ça, mais le mal est fait.
Ben quoi, chassez le naturel…

« J’peux faire quelque chose ? Aller plus loin ? Manger un truc j’sais pas. Penser à autre chose peut aider non ? »

Heureusement que le bouclé était rapide pour changer de sujet de conversation. Même si en réalité, elle aurait vraiment aimé recevoir une réponse à sa question, par pure curiosité, ainsi que par souci… Pourtant, elle s’empressa d’acquiescer, mais avant qu’elle ne puisse trouver une idée de chose à faire, le voilà qui lui tendait son appareil photo.

« Tiens, tu veux jeter un coup d’œil ? »

Et Kim de saisir la machine et de commencer à faire défiler les images. La foule, tout d’abord, les costumes et les maquillages. Et là, une série de photos de cette ancienne Slytherin qu’elle venait de croiser, manifestement en pleine… disons, discussion mouvementée, avec un couple effaré. Puis la ville, la nature, des enfants, des couples. Et là, une série de photos d’une ancienne Ravenclaw ou Hufflepuff avec des cheveux tantôt bruns et tantôt flashy. Merde, qu’est ce que ça voulait dire ?

« Elles sont super chouettes ! Mais purée comment t’as fait ça ? »

Question la plus innocente possible. Parce que sur les sujets autres que les deuils ou ruptures ou autres, Kim savait faire preuve de tact.

Pas de réelles réponse provenant de l'adolescent, c'était probablement mieux comme ça. La mère petit à petite s'était semblé être calmée, et elle avait fini par partir avec l'enfant. Par merlin, merci, ils allaient enfin peut-être avoir un peu la paix... et comme le blondinet semblait absorbé par il ne savait quoi, il préféra ne pas interrompre le fil de ses pensées. Il repéra rapidement Kim, avec un autre garçon qu'il ne connaissait absolument pas, il hésita quelques instants à s'approcher au moins pour dire au revoir à la jeune femme et pour vérifier que tout était ok pour elle. Mais... mais il y avait ce mais qui l'empêchait pour l'instant de le faire ; est-ce qu'il y avait réellement besoin de ce genre de civilité ? Pas sûr. Elle ne le prendrait pas mal s'il partait comme ça, c'était même probablement, préférable. Il ne fallait pas la déranger maintenant qu'elle semblait légèrement plus …. disons calme. Les apparences sont parfois trompeuses mais Kim n'était plus une gamine, elle savait se gérer toute seule comme un grande, sans que quelqu'un comme lui ait forcément besoin d'intervenir. Oui, il pouvait partir l'esprit tranquille, du moins c'est ce qu'il se disait. Il n'allait quand même pas rester là à l'espionner pour vérifier que tout allait bien. Pour s'en assurer.  C'était une attitude un peu glauque, n'est-ce pas ? Ca faisait stalker, harceleur. Ca faisait mauvais genre, bizarre, attitude malsaine. Il n'était pas comme cela, n'est-ce pas ? Non. Pas du tout, il y avait juste cet instinct de protection qu'il développait envers certaines personnes et qu'il avait parfois du mal à canaliser, comme ce soir.

On se calme Coop' ! On se calme. Il n'allait rien lui arriver à Kim, une crise de panique ou une soudaine envie d'être seul ça arrivait à tout le monde, même aux meilleurs. Cela ne voulait rien dire, cela ne voulait pas présager le pire. Et puis la rouquine savait se défendre. On inspire. On expire. On la laisse papoter avec l’Apollon métisse, au moins, il y aurait une partie de la soirée qu'elle apprécierait. Peut-être qu'avec lui elle pourrait se détendre et … et il ne savait pas trop quoi en fait. Cela ne le regardait même pas.


Et d'ailleurs, comme pour confirmer qu'il était temps qu'il se casse ailleurs, son téléphone se mit à sonner. Il eut peur pendant un instant que ce soit la mère du gamin qui gardait Adam, mais non. C'était juste une de ses sœurs. Il prit la communication et, quelques instants après, il se dirigeait un peu plus loin, vers un endroit où sa sœur lui avait donné rendez-vous avec un peu de chance, il allait à présent pouvoir se détendre un petit peu et surtout ne plus avoir aucun gamin dans les pattes-. Oui par pitié, il avait déjà assez donné ce soir et ne se sentait pas de jouer de nouveau au bon samaritain, au gentil Saint Bernard. Il voulait juste se détendre totalement, pour une fois.

- Fin pour moi-

Etait-ce la chose à dire dans cette situation ? Sans doute pas. A vrai dire, il ne savait pas réellement pourquoi c’était sorti comme ça, d’autant qu’il n’en avait jamais vraiment parlé. C’était une façon un peu étrange de faire du lien avec la jeune femme. De lui dire qu’il pouvait comprendre, qu’il était compatissant. Mais il vit à son regard qu’elle n’avait pas réellement attendu ça et il s’en sentit contrit. Il n’aurait sans doute pas dû emprunter cette voie là. C’est comme ça parfois les relations humaines. On tente des trucs, on se plante ou on s’en sort. Sans jamais trop savoir comment se dépatouiller de la mince frontière entre échec et réussite.

« Je vois, c’est… Enfin, c’est sûr que ça doit pas être facile. »

Il avait haussé des épaules. Ça n’était pas ce qu’il cherchait : de la compassion. Enfin, si, sans doute, quelque part, aurait-il aimé réellement en parler et réellement s’épancher sur le sujet. Mais à l’heure actuelle, il avait essayé de sortir ça sur un ton assez léger, comme si ça n’était rien qu’une anecdote. Le but n’était pas du tout d’éloigner la conversation du sujet initial. Du tout.

« Mais t'as vu ce qui s’est passé ? »
….
« Désolée. »

« Au moins, je t’ai éloigné de ton angoisse en déclenchant de la curiosité malsaine, c’est pas mal comme technique. Je vais voir à développer ça. Habituellement, je passe pour un con et ça débloque la situation, mais l’évocation de détails immondes sur la mort de mon ex, c’est une idée à explorer aussi ! »

On va revenir à la technique de Kamelott, c’est globalement plus agréable. Passer pour un con, je veux dire, pour ceux (celle, la joueuse directement concernée) qui n’ont pas la référence.

Sans répondre à la question de la jeune femme qui était bien évidemment déplacée ni pour autant le prendre mal, Oliver s’était contenté de changer de sujet, proposant de lui montrer ses photos.

« Elles sont super chouettes ! Mais purée comment t’as fait ça ? »

« Ah ça… je ne le sais pas moi-même. »

Parce que je pense que cette personne est un genre de monstre, de mutant ou je ne sais quoi, capable de modifier son apparence et que si je te dis ça, je me réveille sans doute demain avec une camisole de force.

« Navré, j’ai pas de détails sordides pris en photo ! »

Oui, il se moquait ouvertement d’elle.

« Enfin, pas trop. Quelques uns seulement. »

« Au moins, je t’ai éloigné de ton angoisse en déclenchant de la curiosité malsaine, c’est pas mal comme technique. Je vais voir à développer ça. Habituellement, je passe pour un con et ça débloque la situation, mais l’évocation de détails immondes sur la mort de mon ex, c’est une idée à explorer aussi ! »

Ou comment lui faire bien comprendre qu’elle manquait cruellement de tact. Et pourtant, par rapport à quand elle était gamine ou ado, il y avait du mieux. Mais Kim n’était pas faite pour montrer de l’empathie et faire preuve de discrétion. Elle était franche, directe, et s’en voulait souvent après-coup, mais c’était comme ça. Chassez le naturel, il reviendra au galop.

Heureusement, le métis ne semblait pas vouloir s’épancher sur son manque de délicatesse, et bientôt la voilà qui parcourait les photos de l’appareil qu’il lui avait tendu. Et quelle ne fut sa surprise en voyant qu’elle reconnaissait certains sujets immortalisés dans carte mémoire. La Slytherin explosive, la Ravenclaw métamorphomage… Qu’est-ce que ça voulait dire ?

« Ah ça… je ne le sais pas moi-même. »

Mensonge. Ce jeune homme cachait quelque chose, Kim le savait, le sentait. Ce n’était pas là l’œuvre de la crise d’angoisse qu’elle venait de faire, ce n’était pas de la pure paranoïa, non, cette fois-ci, elle était convaincue que quelque chose se tramait et que ce n’était pas particulièrement rassurant. Peut-être ne savait-il effectivement pas comment la Ravenclaw avait fait pour changer de couleur de cheveux en pleine rue, mais il savait ce qu’il avait vu et il avait forcément développé des théories à ce sujet.

Pourtant, elle n’était pas franchement en condition pour le confronter. Pas le bon endroit, pas le bon moment. Alors elle se contentait de graver ses traits et ses mots dans sa mémoire, se promettant d’en parler à la Garde si l’occasion se présentait. Et, puisqu’elle n’avait foncièrement rien à lui reprocher, elle essayait de malgré tout profiter de sa présence et de sa bonne humeur.

« Navré, j’ai pas de détails sordides pris en photo !

...

« Enfin, pas trop. Quelques-uns seulement. »
- En même temps comment tu veux que je fasse preuve de douceur alors que tu tends le bâton pour te faire battre. Déjà que je suis pas la bienveillance incarnée... »

Oui, elle aussi tendait le bâton pour se faire battre. C'était soit ça, soit mettre à nouveau les pieds dans le plat. Et quand bien même il semblait l'inviter à le faire, elle sentait que ce n'était pas ce dont il avait envie.

« En vrai je suis désolée. Bon, tu l'auras compris, je suis pas très douée pour tout ce qui est émotions, mais si je peux faire quoi que ce soit... »

Mieux ? Mieux.

« Au fait, moi c’est Kim. »

Et elle lui tendit la main.