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P.S. I love you ▬ William [One Shot]

 :: Autour du monde :: Grande Bretagne :: — Ecosse :: Poudlard :: Le Parc de l'Ecole.
Mar 11 Juil 2017 - 21:25
    Vendredi 26 Juin 2015 – Fin d’après-midi, après les épreuves de la journée
P.S. I love you



William & Enzo

Previously on AMC The Wlaking Dead : Here

Faut pas m’en vouloir, c’est plus fort que moi et puis à vrai dire, pourquoi est-ce que je m’en priverai ?

De quoi est-ce que je parle ? Du fait que j’ai envie de rejoindre mon homme qui se trouve là-bas, en face, à quelques dizaine de mètres de l’autre côté de la cour, assis sur un muret. Envie de le regarder, lui parler, le toucher, le sentir et l’embrasser. Alors je me lève, salue mon comparse Gryffondor avec qui je viens de passer un moment à discuter et traverse tranquillement la cour, mains dans les poches, un sourire pour Riley au passage parce que je la croise : Elle fait le chemin inverse et rejoint son Gaucho, à mon avis. Un soupir mêlé de fatigue post-examen et d’aise s’échappe de moi, la tension qui retombe, je marche en fermant les yeux l’espace de quelques secondes, laissant le soleil me caresser de ses rayons ne me disant que bientôt, je serai chez moi, avec le ressac pour berceuse. Quand je les rouvre c’est pour les poser dans ceux de William et quand j’arrive à sa hauteur, je viens me caler entre ses jambes alors qu’il est assis légèrement en hauteur. Mes mains glissent gentiment sur ses cuisses, je ne prononce pas un mot, elles remontent se poser sur sa taille et je dépose un baiser sur ses lèvres. Un baiser tranquille, sans provocation même si je n’ai pas oublié ce que je lui ai promis, ce que je lui ai fait subir ce matin tout comme je suis certain qu’il n’a pas oublié lui non plus mais ça n’est pas de ça dont j’ai envie pour l’instant. C’est un échange calme, tendre, d’une simple pression d’abord puis qui prend un peu plus d’ampleur l’espace de quelques secondes, une minute, peut-être plus. Le monde a cessé d’exister pour moi, il n’y a plus que lui.

Nous.

Un dernier impact sur ses lèvres, toujours aussi tranquille, un autre sur sa joue, un sourire puis mes mains viennent se poser à nouveau sur ses cuisses qui m’enserrent avec naturel. Un éclat de rire derrière moi me fait tourner la tête, j’aperçois Riley assise sur les genoux de Mateo.

« J'pari qu'on les maris avant la fin de l'été. »

Je plaisante … Mais en réalité cette idée me plairait assez. J’adorerai aller au mariage de deux de mes potes … Ok, peut-être pas tout de suite, mais je me dis qu’un jour ça arrivera peut-être et oui, j’aime cette éventualité. Je les observe encore une seconde puis mon attention revient sur celui que Caem appelle maintenant Doudou pour me faire chier. Oui, j’ai cafté, pardon. Caem qui n’est pas vraiment dans les bonnes grâces de William depuis hier mais ça passera, je l’espère. J’essaierai d’arranger les choses, d’arrondir les angles s’il y a besoin mais pour le moment, autant laisser tout ça retomber. Ça me ferait clairement chier que mon meilleur pote et mon petit ami ne s’entendent pas mais je les connais, j’me dis que y a pas de raison, même si je comprends la contrariété du Californien. On se dit tout, on ne se ment pas, ça ne m’est pas venu à l’esprit de lui cacher ce qu’il s’est passé même si on s’est un peu pris à la tête hier après-midi à cause de ça. Non, on ne s’est pas pris la tête, on a discuté. Nuance.

« Ça s’est bien passé aujourd’hui ? »

Je connais déjà la réponse, sur le papier, parce que ces examens sont un peu une formalité pour lui c’est sûr mais on ne sait jamais, je préfère l’entendre de sa bouche plutôt que de passer à côté de quelque chose à cause de quasi-certitudes. Oui il est doué, son cerveau est une arme de destruction massive et sa mémoire donne tout son sens à son Patronus mais il reste humain, après tout. Même moi qui maitrise le surf depuis tout petit, il m’arrive de me prendre de sacrés gamelles. On ne parle pas de la même chose, certes, mais je ne pense pas que la comparaison soit si improbable que ça. On va dire … que j’aurai très bien pu me planter en SACM, si ça peut coller un peu plus, parce que c’est clairement la matière que je maitrise le mieux et qui m’intéresse le plus. Dès que ça concerne les animaux, j’enregistre tout beaucoup plus facilement.

Et de mon côté ?

« J'pense que ça été, on verra bien. J'suis surtout content que ça soit fini. »

Vraiment. Les examens mais aussi l’année scolaire. Puis la vie ici, aussi, parce que même si pour l’instant rien n’a été officiellement annoncé, que ça risque de me manquer un peu malgré tout, je ne désespère pas de pouvoir rentrer chez moi rapidement et je sais que je suis loin d’être le seul à penser de cette manière. Il y a des choses qui me travaillent un peu, comme le fait que notre quotidien à tous va radicalement changer et qu’on sera surtout tous éloignés, très éloignés, les uns des autres. Il y aura a peu prêt 12 000 km entre ce garçon et moi, sans parler des 17h de décalage horaire, alors oui ça m’angoisse un peu mais on verra. On s’acclimatera. Je nous fais confiance même si je sais que ça va surement être dur de ne plus se voir tous les jours, surtout de ne plus passer toutes nos nuits ensemble. Et puis il y a la Magie qui aide énormément, il faut le dire.
Mais hors de question de mettre fin à notre relation parce qu’on ne sera pas sur le même continent. Ça n’est pas une option, clairement pas, même si on n’a pas vraiment abordé le sujet pour le moment.

Je passe mes bras autour de lui et l’enlace en douceur, glisse mon visage dans son cou où je dépose un baiser avant de poser mon menton sur son épaule et de fermer les yeux. Mode Peluche – sans poils, ou presque – activé, j’ai envie d’un câlin.

« Tu m'as manqué. »

C’est la vérité. Il m’a manqué cette nuit même si je respecte complètement le fait qu’il passe du temps avec cette adorable jeune femme qui tient plus de sa sœur jumelle que d’une amie. Il m’a manqué aujourd’hui aussi, parfois, de temps en temps. On vit au même endroit et on se voit tous les jours, je sais, mais c’est comme ça.
J’ai juste envie de rester contre lui, là, comme ça, un petit moment. Ça me repose, ça m’apaise, je me sens bien dans ses bras tout comme j’aime le tenir dans les miens. Et puis je finis par m’écarter un peu, juste pour me retourner et m’adosser contre le muret sur lequel il est assis, mon dos contre son torse et ma tête un peu penchée en arrière, légèrement posée contre la sienne et sur son épaule. J’attrape ses mains, joue avec ses doigts. L’une d’elle passe un peu sous le col de ma chemise, caresse ma peau sans ambiguïté, je la stoppe là où se trouvent mes cicatrices. Il en effleure le grain comme il le fait parfois et si ce geste m’a perturbé au départ, je l’ai totalement accepté aujourd’hui. Parce que tout ça lui appartient désormais.

« J'vais aller voir Helland, lui demander s’il ne connait pas quelqu'un qui pourrait les faire disparaître. »

Encore une décision prise dernièrement, notamment après notre discussion assez difficile émotionnellement de la semaine dernière. Je n’y avais jamais pensé jusqu’ici, peut-être qu’inconsciemment je n’étais pas prêt mais aujourd’hui c’est le cas et plus j’y pense, plus j’ai hâte de me débarrasser de ces stigmates, ne plus les voir chaque fois que je croise mon reflet dans le miroir, ne plus ressentir le regard des gens sur ces marques. En espérant que ça soit possible. Elles ont été faites avec de l’argent, même la transformation n’a pas pu les effacer alors que la blessure n’était pas guérie quand la suivante a eu lieu. J’ai envie d’y croire, je pense que c’est aussi un moyen de faire un pas de plus vers une nouvelle vie. Un nouveau départ. Et si je dois passer sur le billard comme ils disent bien que je ne comprenne pas vraiment cette expression, je lui demanderai de venir avec moi. J’aimerai qu’il soit là.

On reste comme ça un petit moment, immobiles ou presque et silencieux, juste un moment de calme, presque une pause. Un moment juste pour nous deux même si la cour est loin d’être vide. Pas étonnant avec ce soleil. Je me détache finalement de lui après quelques temps, dépose un énième bisou sur sa joue, m’écarte, me tourne vers et lui tend la main en souriant.

« Tu viens ? J'ai envie de me dégourdir un peu les pattes. »

Il prend ma main, descend de son perchoir et nous voilà partis dans le parc, sans destination précise, à marcher main dans la main en parlant de tout et de rien, du dernier truc qu’il a lu en matière de neurologie, de l’espèce d’oiseau que j’ai aperçu l’autre jour, que je ne connaissais pas et que j’ai finalement réussi à identifier en fouinant à la bibliothèque dans le rayon sciences naturelles – pas assez rempli à mon goût, ni à celui d’Ora quand elle était encore là. Et puis des vacances, un peu, alors qu’on se retrouve sur le ponton en bois sur lequel je vais souvent me poser pour être au calme, loin de tout le monde, dans des moments qui m’appartiennent. C’est incontestablement un de mes endroits préférés, en compétition direct avec les toits où je n’ai pas été trainer depuis un moment d’ailleurs. Face au lac, je le tiens dans mes bras, debout derrière lui et mon menton posé contre sa tête.

« Si ça t'dit, on ira faire un tour au Wilsons Promontary National Park quand tu viendras à la maison, y a des paysages à couper le souffle là-bas. On pourra y rester quelques jours juste tous les deux si tu te sens de me supporter. »

Paranthèse tourisme *out*:

J’esquisse un sourire taquin, qu’il ne voit pas mais devine bien sûr. Quelque chose d’autre s’éveille en moi, probablement stimulé par ces éventualités qui me donne envie de sourire à l’idée de les réaliser. J’ai très envie de faire des trucs avec les potes, un peu de voir la famille aussi quand même, de partir un peu tout seul sans doute et d’avoir mes moments à moi mais avant toute de chose, et parce qu’on en a envie tous les deux, parce qu’on a déjà évoqué le sujet, j’ai hâte qu’on passe un peu temps ensemble à l’extérieur, que notre relation repousse ses limites et découvre autre chose, qu’elle sorte de cet endroit où elle a pris naissance lentement mais sûrement ces derniers mois. Traitez-moi de romantique si vous voulez, j’en ai rien à faire. Ou presque.

« Coupés du monde, de la civilisation, à se faire bouffer par les moustiques et autres créatures dangereuses australiennes type serpents ultra venimeux, insectes géants, etc  ... Tu verras, ça sera génial ! On en sortira peut-être pas vivants ou en entier mais ça sera génial. »

Je me marre comme un sale gosse, à le faire faussement désespérer d’avoir choper un loustic pareil qui passe de l’homme mûr au gamin intenable en moins de temps qu’il ne faut pour le dire relativement souvent, quitte à en devenir épuisant au passage.

« Il fera sans doute pas super chaud, parce que c'est le plein hiver en ce moment là-bas, mais ça m'dérange pas de te servir de radiateur. Et puis au moins on sera tranquilles. »

Le point positif c’est que justement, avec le froid, on ne sera pas envahi d’insectes mais peu importe. Cet endroit est à couper le souffle, j’en garde des souvenirs impérissables. Je me dis qu’on pourrait se trouver un petit coin tranquille et sans trop de peuple, avec un peu de confort si on a envie, et profiter de la nature sans voir personne tant qu’on le souhaite. Je propose, il disposera, mais j’ai très envie de lui faire découvrir les endroits que j’aime le plus par là-bas, qu'on se coupe un peu du monde. Et qu’il se rende compte qu’il n’a encore rien vu côté accent Australien … Un jour je l’emmènerai dans l’Outback, là il comprendra. C’est vrai que c’est pas l’accent le plus sexy du monde et qu’on passe un peu pour des types qui on la flemme de parler parfois mais ça fait voyager. J’aime bien le fait que chacun ou presque de mes potes, filles comme garçons, ainsi que mon cher et tendre, en ait un différent.

« Faut que je t'emmène voir les baleines aussi mais en attendant ... »

Et là, ça part en vrille, parce que ce calme ça ne pouvait pas durer. Ça menaçait depuis quelques secondes maintenant. Je ne lui laisse pas le temps de comprendre, me détache de lui, recule d’un pas et le chope sans prévenir, ne lui laissant ainsi absolument aucune chance. L’instant d’après je le balance dans l’eau, fier de mon cou c’est peu de le dire, et quand il remonte à la surface, me fusille du regard après avoir retrouvé son souffle, je lui tourne le dos, l’observe par-dessus mon épaule et baisse mon short – et le caleçon avec, juste un peu, j'envisage pas de me foutre à poil non plus – en lui montrant mon cul dans un geste débordant de maturité et de glamour.

« La seule que tu vas voir pour l'instant c'est la baleine blanche. »

Une claque sur ma propre fesse gauche, qui faut le dire est quand même moins halé que le reste de ma peau parce que je ne pratique pas le naturisme, je remonte mon short et mon caleçon ...

« Woohoo ! »

… puis saute dans l’eau pour atterrir juste à côté de lui, en faisant une énorme bombe qui éclabousse sur des mètres alentours. Il se prend donc naturellement un tsunami en pleine face mais je ne m'arrête pas là, c'est foutu. J'ai à peine sortie la tête de l'eau pour reprendre ma respiration que je plonge dans un seul et unique but malgré le manque de visibilité évident sous la surface. A force de trainer dans l'eau j'ai un bon compteur en terme d'apnée alors je laisse planer un peu le suspens avant de lui attraper le pied en tâtonnant et l'entrainer sous l'eau à son tour. Il va me haïr … et ça m'amuse d'autant plus. J'suis trop mignon, il pourra pas m'en vouloir longtemps de toute façon mais ça se saurait s'il n'avait pas le sens de l'humour. Je remonte à la surface, prend de l'air, il en profite pour m'envoyer une masse d'eau en pleine figure, tente de me couleur et y parvient plus ou moins. On se chamaille comme des gamins, il m'insulte et ça me fait éclater de rire. Je me sens tellement bien en cet instant, sans rien qui pèse sur mes épaules, juste le bonheur de l'instant sans penser à rien. C'est peut-être pour ça que j'attrape son visage entre mes mains et l'embrasse furtivement sans réfléchir, sans doute aussi pour l'agacer encore un peu plus. Et c'est peut-être aussi, en partie en tout cas, pour ça qu'il se passe quelque chose que je n'avais pas prévu, que je n'ai pas vu ni senti venir. Je suis là, mort de rire, à le regarder « s'énerver » contre moi et les mots sortent sans prévenir.

« Je t'aime. »

Tout se fige. Lui, moi, même le lac retrouve son calme si ce n'est qu'il reste bercé par nos mouvements pour rester à flot. L'effet de surprise, l'impact des mots. Je ne le quitte pas des yeux mais un vent de panique m'envahit, mon sourire s'affaisse pour disparaître totalement. Le temps me semble s'être arrêté, j'ai l'impression que ce statut quo dans l'immobilité et le silence dure des décennies alors qu'il ne s'agit que de simples secondes. Des secondes pendant lesquels j'ai presque peur d'avoir fait une connerie, d'avoir exprimé quelque chose qui pourrait lui faire peur, le faire fuir … Jusqu'à ce que je retrouve mes esprits et sortent de ma torpeur, bien plus assuré. Tout simplement parce que même si je le savais, même si je le sentais, même si jusqu'ici je n'étais pas prêt à exprimer mes sentiments pour lui de cette façon, je les pense ces mots. Oui putain, je les pense, je les ressens et je les vis. Je ne m'étais simplement pas laissé l'occasion d'ouvrir les yeux, peut-être, comme si ça n'avait finalement pas tant d'importance que ça puisque les gestes parlent souvent d'eux-même. Ce ne sont que des mots après tout … Mais pas n'importe lesquels, pas quand ils ont autant de sens. J'ai le souffle un peu court, je n'ose pas vraiment faire le moindre mouvement vers lui mais je persiste et signe, volontairement et en toute connaissance de cause cette fois.

« Je t'aime. »

C'est plus sur, plus appuyé et sans détour, comme pour lui confirmer que je ne regrette pas, que je l'assume à 100%. De l'impulsion on passe à l’affirmation. J'ai le palpitant qui s'emballe et c'est peu de le dire mais quelque part c'est comme un profond sentiment d'allégresse, un peu de soulagement, mêlés à une part d'appréhension quant à sa réaction. Je ne peux pas le nier, en cet instant je suis légèrement mort de trouille.

To be with you is easy
I know you're good for me
This feeling inside me
Oh it sends me sky high


Above & Beyond ▬ Good for me
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Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Lun 31 Juil 2017 - 17:01
L’attaque surprise d’une Riley sauvage me déstabilise alors que je titube, la portant tant bien que mal sur mon dos.

- Eh ! Depuis quand j’suis là pour jouer les fidèles destriers ?
- Depuis que je l’ai décidé !

CQFD.
Elle éclate de rire alors que mes mains glissent sous ses cuisses, que je prends bien appuies pour ensuite me mettre à tourner sur moi-même sans prévenir. Et j’accélère la cadence, tanguant dangereusement mais je m’en fout, mon plaisir pour l’instant est de l’entendre me crier d’arrêter alors qu’elle manque de s’étouffer dans un fou rire.
Je finis par m’arrêter, la lâchant et titubant comme elle de droite à gauche, la terre tournant subitement bien plus vite que nous pourrions l’imaginer.

- Celui qui vomit le premier à perdu !

Une main sur l’estomac, je m’appuie sur un pilonne du château, presque hilare de voir Riley marcher telle une ivrogne. Je me fous de sa gueule sans hésitation, parfaitement conscient qu’elle n’hésiterait pas à en faire de même si j’étais moi-même à sa place. Ceci dit, j’le suis aussi, pas très stable sur mes deux jambes en me disant que d’être défoncé, c’est quand même bien mieux.

- Allez, on enterre la hache de guerre. Princess J voudrait-elle bien se donner la peine de partager un morceau de muret avec moi ?

S’ensuit une référence digne des plus nobles, air absolument sérieux sur mon visage tout en l’invitant d’un geste de la main à venir s’assoir après avoir dépoussiérer l’endroit en question. Nous finissons par éclater de rire face à l’absurdité du geste et du moment et, putain, ce que ça fait du bien de relâcher la pression. Pas que j’ai été très inquiet des examens, ni même en ce qui concerna ma réussite mais il est bon de se dire que tout ça c’est terminé. Et qui dit examen terminé dit VACANCES ! Retour chez soi, la Californie, la plage, les copains, les soirées sans fin jusqu’à l’aube en bord de mer… Une bulle de bonheur se manifeste au creux de ma poitrine de tous nous imaginer à l’extérieur et enfin goûter de nouveau à la liberté.
D’ailleurs, c’est le sujet principal de notre discussion avec Riley, listant tout ce que l’on fera une fois que nous serons à l’extérieur de ces murs, tout ce que l’on visitera. Et pendant qu’elle m’évoque Kezabel, j’ai l’impression qu’une ombre passe sur son visage sans vraiment savoir si c’est moi qui ait fabulé ou si c’est bien ce que j’y ai vu. Pourtant, je ne pose aucune question, jugeant que si elle souhaite en parler, elle le fera d’elle-même. J’suis pas le genre de gars à presser les choses ou même à jouer les interrogatoires.
Nous abordons également le sujet d’Enzo et de Mateo, ce que nous ferons chacun de notre côté avec eux, des vacances qu’ils ont plus ou moins organisés avec son Gaucho qu’elle ne tarde d’ailleurs pas à rejoindre, sous mon sourire taquin qui veut lui dire qu’elle déborde totalement d’amour et que c’est aussi amusant que déroutant de voir une nana au caractère de Riley aussi éprise. Et attendrissant, aussi.

Et en parlant d’être éprit…
Mon sourire s’élargit lorsque je vois le Gryffondor s’approcher de moi alors que je suis toujours assis sur le muret, les jambes pendant dans le vide. Avec la cadence de ces examens, nous n’avons pas eu autant de temps qu’avant de passer un moment vraiment ensemble. Mais par contre, pour trouver le temps de se chauffer comme des baraques à frites, là, aucun problème.
Parce que oui, je n’ai absolument pas oublier sa promesse de fin d’examen tout comme je n’ai pas oublié la mienne, lâcher au détour d’une énième provocation physique et psychologique.
Pourtant lorsqu’il vient se glisser entre mes jambes, ce sont des gestes tendres, lents qui se manifestent. Aussi bien de son côté que du mien, des mains sur ses hanches au creux de son dos, je m’abreuve de ses baisers, en profiter pour lui donner le change lentement, tendrement. J’aime prendre mon temps pour prendre conscience de la chance que j’ai, de toutes ces choses positives que cela entraine chez moi parce que c’est aujourd’hui indéniable : Je suis incroyablement bien avec Enzo. Et encore plus lors de ce genre de situation.

Je savoure de nouveau ses lèvres sur les miennes, sur ma joue, lâchant un léger frisson silencieux qui court le long de mes avant-bras, soudainement interrompu par deux éclats de rires derrière lui.

- J'pari qu'on les maris avant la fin de l'été.
- Pas sûr que Mateo soit prêt à ce qu’on lui passe la corde au cou… Je marque brièvement une pause. Ceci dit, c’est pas comme si Riley lui laisserait le choix en vérité.

Je ricane, inutile de préciser que je blague… Faut pas déconner.
L’idée d’un mariage entre eux est presque séduisante rien que pour voir Mateo en costard devant s’engager avec sa nana. Disons qu’il s’est évertué à nous donner l’image de l’Homme libre, qui se fout de tout et qui est contre toute forme d’engagement… Maintenant, tu le regardes bichonner cette femme qu’il tient sur ses genoux et tu te dirais presque ça n’est plus le même homme.

- Ça s’est bien passé aujourd’hui ?

Enzo me tire de mes pensées, le tenant toujours contre moi avec la ferme intention de l’y garder.

- Oui, impec. Mais je n’suis pas mécontent que nous ayons finit, j’en pouvais plus de gratter des parchemins. Je m’étire de toute ma longueur et me repositionne correctement, emprisonnant les hanches de Enzo entre mes jambes. Et toi ?
- J'pense que ça été, on verra bien. J'suis surtout content que ça soit fini.
- Idem. J’ai même du mal à croire que l’année soit déjà terminée.

Je suis arrivé ici en Décembre et j’ai l’impression que ça ne date que d’hier, les souvenirs de cette soirée et nuit encore vives dans mon esprit. J’en chasse les idées. Pas le moment de faire dans le mélodrame alors que je retrouve celui qui me fait battre le myocarde comme s’il venait de se courir un petit marathon.
Concernant ses examens, j’ai entièrement confiance en lui. Enzo est un bosseur et il compte bien poursuivre les études convoitées. C’est le genre de mec qui va se donner à fond sans rechigner si c’est pour pouvoir exercer quelque chose qui lui plait et atteindre ses objectifs. Et quelque part, je suis fier de voir à quel point il se donne pour tout ça.

Ses bras s’enroulent autour de moi, son visage niché au creux de mon cou et j’en fais de même, sourire attendri aux lèvres. J’englobe ses épaules, dépose mon visage contre sa tempe où j’y dépose un baiser, restant là sans bouger. Il m’offre une sécurité à laquelle je ne m’attendais pas et ça me frappe d’un coup, prenant conscience que jusqu’ici je n’y avait jamais vraiment pensé.
Il va me manquer. Je sais que nous sortirons du château pour les vacances d’été tout comme je sais que chacun d’entre nous iront poursuivre notre vie là où elle s’est arrêtée. Il est hors de question que je passe mes vacances sans le voir, sans passer plusieurs jours avec lui en tête à tête, loin du monde, loin de tout … mais lorsque vous êtes habitué à la présence d’un proche H-24, 7/7j, il est difficile d’imaginer un quotidien sans lui. De ne plus l’avoir à proximité, dans son lien ou pouvoir rejoindre le sien à n’importe quel moment. Il y a le transplanage, certes mais ça reste encore différent. Et quelque part j’en ressens un pincement au cœur alors que je le serre un peu plus fort contre moi.

- Tu m'as manqué.
- Toi aussi. Il était temps que tout ça se termine.

Je dépose un nouveau baiser sur ses cheveux alors que l’une de mes mains vient effleurer sa nuque dans un geste apaisant. Enzo finit par se retourner, posant son dos contre mon torse, sa tête contre mon épaule. Mes bras encerclent son corps alors que l’une de mes mains vient effleurer sa peau sous cette chemise qui fait tout son effet mais sans jamais aller plus loin, focalisé sur le moment présent, bien décidé de profitant de ce moment d’accalmie, de l’instant présent.
Perdu dans mes pensées, je ne sens pas tout de suite le grain de peau qui diffère sous mes doigts : Celui de ses cicatrices. Ce n’est que lorsqu’Enzo m’y arrête que j’en prend conscience. Pas que je ne m’en soucie pas mais plutôt parce que je commence à le connaitre par cœur, que ces marques sur sa peau son autant de secrets que j’aime à découvrir chez lui, même si la finalité n’est jamais vraiment joyeuse. Elles font partie de lui donc leurs histoires ou tout simplement leurs présences m’intéressent.

- J'vais aller voir Helland, lui demander s’il ne connait pas quelqu'un qui pourrait les faire disparaître.

J’arque un sourcil, sur le coup étonné de l’entendre dire ça avant que l’évidence ne se présente.
Trop de mauvais souvenirs pour lui, le ramenant à un passé déjà suffisamment lourd pour lui. Comment pouvons-nous réussir à avancer lorsque des marques aussi importantes ornent notre peau ? J’imagine qu’il a dû être difficile pour lui de prendre la décision, tout du moins, je pense. Faire une croix sur ces cicatrices c’est faire une croix sur un passé dont il a eu du mal à se détacher. Puis je me dis qu’au contraire, cette décision doit le soulager… Ce sont des choses qu’il voit au quotidien, qu’il croise constamment dans un miroir, des traces qui soulèvent des questions de la part de plus curieux et des moins délicats.
Bref, c’est un sujet complexe, encore une fois.
Je dépose un baiser sur sa joue, mes lèvres près de son oreille.

- Je suis fier de toi.

Parce que ça n’est pas une démarche évidente et que je me dis que quelque part, ça doit l’angoisser. Quoi qu’il en soit, Enzo sait qu’il peut compter sur moi si jamais il a besoin d’un soutien psychologique ou même physique, c’est une évidence pour moi qu’il puisse compter sur ma présence à tout moment.
Je ferme les yeux, restant blottis comme ça dans son dos, yeux clos, visage appuyé contre le sien. J’pourrais presque m’endormir là, comme ça, la pression complètement redescendue. Il fait incroyablement bon, le soleil caressant allègrement les parcelles de ma peau.
Ca me renvoi à toutes ces journées passés sur les bords de la Californie, clope aux lèvres, torses nus, faisant des concours de skate avec les copains sans se soucier du lendemain. Ce genre de moment me manque, l’insouciance aussi. Je ne dis pas qu’elle ne m’a jamais quitté mais sincèrement, ces derniers temps, difficile de se la jouer à la cool quand il y a des horreurs drapées de noirs qui te coursent pour te bouffer ton âme. D’autant plus que nous avons enchainés sur les examens donc, difficile de trouver un moment pour souffler.
C’est d’ailleurs l’une des principales raisons qui nous a poussé à poser des pièges partout dans le château, histoire d’égailler tout ce petit monde.

- Tu viens ? J'ai envie de me dégourdir un peu les pattes.

J’acquiesce, descends du muret et le suis en glissant ma main dans la sienne, l’autre dans ma poche. Toujours avec ce flegme qui me caractérise tant. Mais ça ne m’empêche pas d’avoir des conversations hypers intéressantes, oh ! Pour preuve, le bassine certainement avec le dernier truc que j’ai lu en neurologie, une étude qui m’a complètement fasciné sur la reconstitution cellulaire et les souvenirs et parfois j’me dis qu’il doit tout simplement en avoir ras le cul d’entendre des thèses et des explications sur ce genre de sujet… Il prend le relai avec une espèce d’oiseau qu’il a croisé dernièrement et ça me fascine. Comme à peu près tout ce que je ne connais pas, tout ce qui m’est inconnu. Je suis un véritable glouton de savoir et tout ce que l’on peut me donner je le prends et enregistre avec une facilité qui m’enchante. Ça me ferait clairement chier d’être une putain de passoir et d’oublier tout ce que l’on peut m’apprendre. D’autant plus que j’ai un mec qui est une véritable mine d’or en faune et en flore.
Les vacances viennent rejoindre la conversation alors que l’on vient se poser sur un ponton que je n’ai pas l’habitude de fréquenter mais qui me parait suffisamment éloigné du monde pour que l’y soit complètement tranquille.

- Laisse place à l’imposante brioche !

J’écarte ses bras pour m’y loger, qu’il le veuille ou non, inversant les rôles de tout à l’heure.

- Si ça t'dit, on ira faire un tour au Wilsons Promontary National Park quand tu viendras à la maison, y a des paysages à couper le souffle là-bas. On pourra y rester quelques jours juste tous les deux si tu te sens de me supporter.

Je marque une pause, sourire aux lèvres. Si ça me dit ? J’ai pas à réfléchir quinze ans pour savoir que c’est oui, les yeux fermés et que la perspective de passer quelques jours seul avec lui, coupé du monde, m’enchante bien plus que je ne le laisse paraitre.

- Est-ce que tu es entrain de me proposer des vacances en tête à tête ?

Je le taquine, il le sait. Tout comme il devine certainement que j’accepte sans l’ombre d’un doute. Nous aurons chacun de notre côté énormément à faire, de famille à voir mais il est hors de question que je ne m’accorde pas quelques jours avec lui, seul. Je suis pas un type associable, loin de là, mais j’ai besoin aussi de vivre des moments avec Enzo hors de ce château, hors de cette ambiance parfois lourde pour connaitre autre chose avec lui. Et je pense que ce sentiment est partagé.

- Coupés du monde, de la civilisation, à se faire bouffer par les moustiques et autres créatures dangereuses australiennes type serpents ultra venimeux, insectes géants, etc  ... Tu verras, ça sera génial ! On en sortira peut-être pas vivants ou en entier mais ça sera génial.
- … Tu sais que tu ferais un excellent agent de voyage toi ? Je le pousse gentiment, lâchant un rire léger. De toute façon, j’suis pas comestible, brioche avariée. A t’écouter j’ai l’impression qu’on va dans la jungle de Jumanji. Mais ça m’va si tu passes le premier et que tu sers d’appât !

J’affiche un large sourire, continuant sur la lancer, clairement enjoué à l’idée de vivre tout ça.
Oui oui, même les insectes et les serpents venimeux. Ou presque.

- Il fera sans doute pas super chaud, parce que c'est le plein hiver en ce moment là-bas, mais ça m'dérange pas de te servir de radiateur. Et puis au moins on sera tranquilles.
- Comme si t’avais le choix de me servir ou non de radiateur !

Je commence à prendre goût à cette discussion, j’ai presque envie de lui demander de me fournir un peu plus de détail de ce qu’il nous attend car si je suis un fervent des journées farnienté, je ne serais absolument pas contre qu’il me balade à droite à gauche pour me montrer des espèces que je ne connais pas, qu’il m’explique en détails ce que c’est, ce que je vois. Bref, j’ai un feu d’artifice dans la poitrine, excité comme un gamin de 10 ans qui irait au parc d’attraction.

- Faut que je t'emmène voir les baleines aussi mais en attendant ...
- Hm ? …. NON ! NON REPOSE MOI TOUT DES SUI….

Le plongeon improvisé me déstabilise, perdant quelques secondes la notion d’orientation alors que je cherche la surface, serrant les dents face à l’eau glacée. Ouais bah j’suis pas très changement de température EXCUSEZ-MOI !
Je remonte à la surface, prenant une goulée d’air en me passant une main dans les cheveux pour me débarrasser de mes mèches qui me gêne la vu pour mieux le fusiller du regard.
Regardez-le à faire son branleur bordel !

- Tu fais chier Enzo Ryans !

Je gueule sans l’ombre d’un reproche, faussement en colère alors que j’ai un sourire qui se pointe déjà au coin des lèvres.
Ce petit con réussit clairement à me faire retomber en enfance même si j’ai déjà la connerie facile. Et malgré le froid du lac, je patauge tranquillement en le regardant se tourner… pour me montrer son cul blanc comme un cachet d’aspirine.

- La seule que tu vas voir pour l'instant c'est la baleine blanche.
- Et nous applaudissons bien fort le petit Enzo, 5 ans, pour son incroyable tour de magie.

J’éclate de rire comme un con, n’envisageant pas une seconde d’être sérieux ou même de lui en vouloir de quoi que ce soit. Je crois même que je devrais le remercier pour mettre autant de piment dans notre quotidien. A nous deux, ça n’est clairement pas ce qu’il manque mais il est toujours bon que l’un d’entre nous prenne la relève et allège notre quotidien. D’autant que tout cela se passe avec un naturel qui me rend serein, apaisé. Epanouie.

- Woohoo !

Je me prends un tsunami en pleine gueule face à la bombe humaine qu’il représente et je n’ai pas le temps de râler – pour la forme – qu’il est déjà sous l’eau… Pour me tirer vers le bas. Je prends tout juste une inspiration pour le rejoindre, comptant bien prendre ma vengeance. Tiens, prends toi ça dans la face tête de lard !
Oui tête de lard, tout à fait.
On se chamaille comme des gosses, je tente de le couler, autant dire que c’est un peu compliqué avec son gabarit. Il a l’avantage du physique sur moi et s’il le voulait, il pourrait clairement avoir le dessus sur moi mais je note l’effort de me donner un gramme de chance face à sa stature. On se laisse porter par cette légèreté, ce côté enfantin qui s’éveille chez nous. On se prend pour des super-héros, incarnant chacune une personnalité, faisant des combats dans l’eau qui n’ont ni queue ni tête, mais on s’en branle comme de l’ère des Trolls. Tout ce qui compte, c’est nous. Nous et ce moment hors du temps que l’on partage, sans se soucier de quoi que ce soit, se soucier de savoir si quelqu’un nous voit ou nous juge, profitant juste de l’instant présent.
Mon visage entre ses mains, ses lèvres sur les miennes, font partie de ces choses qui m’allège considérablement le cœur. Me font me sentir bien.

- Je t’aime.

Mon sourire se fige, mon cœur me tombe au fond de l’estomac.
Le temps s’arrête, les battements de mon myocarde avec et je ne le quitte pas une seconde des yeux, trop surprit parce qu’il vient de me lâcher, comme une bombe. Puisque c’est l’effet que ça me fait. Une bombe en pleine poitrine où mon corps réagit instantanément, entre le chaud et le froid. Mon souffle s’écourte sans que je ne réussisse à réagir, à articuler le moindre mot, trop sonné.

- Je t’aime.

Enzo les articule de nouveau, cette fois plus sûr de lui, plus convaincue. Avec une évidence qui me désarçonne et me perturbe. Je ne le lâche toujours pas des yeux, incapable de respirer correctement.
Ce sont des mots que je n’ai pas pour habitude d’entendre. Que je n’ai PLUS l’habitude d’entendre. Macy me les murmure parfois mais avec elle, c’est différent. Nous sommes comme frère et sœur, indissociables. Et même si parfois avec Maxime, il est difficile de les lui formuler, là encore, les choses sont différentes.
Là, cette formulation prend un sens plus… grand. Conséquent. Quelque chose d’à la fois percutant et d’apaisant. Des mots sur des sentiments que je n’étais pas prêt à assumer ou à accepter, pas aussi vite.
Et plus je regarde Enzo, plus l’évidence se cristallise. S’impose.
Je reprends enfin conscience de mon corps et mon geste n’est absolument pas calculé. Le besoin fuse comme une balle de fusil, d’une spontanéité qui m’est propre. Je tends le bras, attrape le col de sa chemise et l’attire à moi pour sceller mes lèvres aux siennes, une main sur sa joue que j’agrippe presque, y mettant la passion qu’il vient de déclarer au creux de ma poitrine. Je n’hésite pas l’ombre d’une seconde d’être intime, lui offrant un baiser passionné, intense, presque sulfureux mais aussi gorgée de choses que je n’arrive pas à exprimer dans la seconde.
Il me faut un certain moment pour atterrir, pour me resituer et me retrouver. Celui-là même où je sens un feu se déclarer en moi, gorgé par l’évidence qui soulage, qui vous porte. Je fini par interrompre mon geste, souffle court, mes doigts sur sa mâchoire, mon autre main dans ses cheveux.

- Je t’aime.

L’éclosion des mots entre mes lèvres, murmurer à son adresse pour que lui seul les entende. Sans réserve mais avec une pointe de fébrilité. Parce que le seul a qui était destiné ces « je t’aime » est mort aujourd’hui et que depuis, je n’ai plus réussi à ni le formuler, ni même à en avoir l’envie. Pourtant Enzo a tout chamboulé, reconstruit ce qui avait été détruit peut-être sans s’en rendre compte. Il m’a donné l’envie de retrouver ce sentiment précieux, enfoui au fond de mes propres décombres.
C’est une évidence aujourd’hui, même si jusqu’ici, je n’avais jamais cherché à poser des mots sur mes sentiments pour lui, les formuler me font du bien autant qu’ils m’intimident quelque part. Puisque c’est tout simplement la vérité et que ces mots me viennent du fond des tripes.

J’esquisse un sourire et l’embrasse de nouveau, cette fois plus calmement et plus amoureusement.

- Il y a une chose que je ne peux pas t’enlever, c’est ton originalité. Je regarde autour de moi et lui offre un large sourire. Me faire une déclaration en plein milieu d’un lac avec des bestioles pas claires… Y a que toi pour faire ça.

Je le taquine, l’embrassant de nouveau jusqu’à m’y perdre, un sourire incessant sur le visage.
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Jeu 17 Aoû 2017 - 14:12
J'ai fait une connerie. Je sais pas, je sais plus. L'espace d'une seconde c'est clairement la panique qui s'empare de moi et s'insuffle dans mes veines mais je sais ce que je ressens, je l'ai compris, exprimé et je l'assume. Ça ne veut pas dire que je suis serein pour autant, pas quand le temps semble s'être arrêté comme ça, pas quand il ne me quitte pas des yeux mais n'a aucune réaction si ce n'est … Je sais pas, l'étonnement, la stupeur, j'en sais rien. Ces mots-là, de cette façon-là, je ne les ai prononcé jusqu'ici que pour une personne et je ne m'attendais pas à ce qu'ils ressortent aussi vite, qu'ils me quittent aussi vite, mais les faits sont là : Je suis tombé amoureux de lui. Lentement, tranquillement, naturellement et sûrement. De la manière la plus pure, la plus sereine, la plus équilibré et la plus simple qui soit.
Maintenant j'ai besoin d'une réaction de sa part, peu importe laquelle même si elle doit me faire mal. Je sais qu'il a des sentiments pour moi, qu'il tient à moi, mais ça ne veut pas dire pour autant qu'il en est au même stade ni même qu'il le sera un jour, ça ne veut pas dire pour autant qu'il est prêt si c'est le cas. Ça m'a pris moi-même au dépourvu, c'est sorti tout seul, alors je n'imagine même pas ce que ça peut provoquer chez lui en cette seconde qui me semble durer une éternité. C'est peut-être trop tôt, trop soudain, trop … Trop.
Je viens de me mettre à poil devant lui, émotionnellement parlant, et c'est vraiment pas confortable comme situation même si je ne regrette rien. Je mentirai si je disais que je n'attends rien de sa part mais c'est pourtant en partie la vérité. Je n'ai pas prononcé ces mots dans l'espoir qu'il en fasse autant, je l'ai fait parce que d'une part je n'ai rien contrôlé mais d'autre part simplement parce que c'est ce que je ressens et que j'étais visiblement prêt à le formuler. J'te l'avais dit … N'hésite pas à me freiner si jamais je vais trop vite … Dit celui qui flippait encore il y a une semaine pour les mêmes raisons. Y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis après tout … Mais ça n’est pas aller trop vite quand on ressent réellement les choses et qu’on se sent prêt à les accepter, même quand ça surprend.
J'y peux rien, ces trucs-là ne se contrôlent pas et me connaissant ça ne m'étonne pas plus que ça même si cette fois c'est totalement différent. Ça ne m'empêche pas de me sentir incroyablement fébrile, vulnérable, comme s'il avait mon cœur sur sa paume, parce que je viens de l’y déposer, et qu'il le regardait sans trop savoir quoi en faire avec la possibilité de le broyer à tout moment ou de le laisser là, battre en dehors de ma poitrine. Et j'entends le sien, je le sens, je perçois ses vibrations parce que je me concentre sur ses battements. Il bat vite, de plus en plus fort, accélère après s'être brutalement ralenti. Ou peut-être que j'ai halluciné tout ça.

Qu'est ce qui se passe dans ta tête, dis-moi ?

Et puis l'immobilité se brise, soudainement, sans préavis. Pas de mots mais des gestes, une explosion de sensations, d'émotions, qui passent de lui à moi sans discontinuer comme du sang dans une veine. Il attrape le col de ma chemise, m'attire violemment contre lui et quand sa main se pose sur ma joue, ses lèvres capturent les miennes, les font prisonnières. Mon corps réagit au quart de tour, mes yeux se ferment, j'entrouvre ma bouche désormais scellée à la sienne alors que le baiser qui vient de naitre fait éclore en moi une passion brulante et dévorante à son égard. Une passion … pleine d’amour.
Mon désir pour lui se mêle aux sentiments que j'éprouve, j'ai l'impression que quelque chose est différent maintenant, plus intense peut-être. J'avais besoin d'une réaction de sa part et je l'ai eu … Un de mes bras enroulent sa taille, je bats des jambes en continue sous peine de couler vers le fond du lac mais pour rien au monde je ne veux le lâcher, pour rien au monde je ne veux qu'il me lâche, que ça s'arrête. Mon cerveau est totalement déconnecté de tout, absolument tout. On en a échangé des baisers, des dizaines, des centaines et peut-être même plus, aussi insatiables l'un que l'autre, complètement accro, mais il ne m'a jamais embrassé comme ça. Aussi … aussi … Avec autant d'émotions diverses mais toutes palpables. Et ça me fait trembler des pieds à la tête. Je le sais, ça n'a rien à voir avec la température du lac. Quant à ce baiser, je ne sais pas vraiment ce qu’il exprime pour lui mais quand il l’interrompt, ses doigts sur ma mâchoire et son autre main dans mes cheveux, une des miennes sur sa nuque et l’autre sur sa hanche, je retiens mon souffle. Instinctivement. L’appréhension de nouveau dans le décor parce que … Qu’est ce qui va se passer maintenant ?

« Je t’aime. »

Voilà ce qu’il se passe. Juste un murmure de sa part et mes yeux se ferment, maintenant je peux couler jusqu’au fond du lac … Je ne peux pas le nier, dans ce que je ressens il y a bien une part de soulagement. Même si je me doutais qu’il n’allait pas massacrer mon myocarde, je gardais dans le fond des tripes la peur d’avoir fait un pas de trop, un pas qui aurait pu l’éloigner de moi. C’est pas facile de se mettre à découvert comme ça, d’admettre ce qu’on ressent, quand bien même la communication a toujours été simple et fluide entre nous deux – on s’entend. Je le sens fébrile, je me doute que ces mots ont pour lui quelque chose de particulier par rapport à ce qu’il a pu vivre auparavant, que c’est peut-être un peu difficile, mais je sais qu’il est sincère. Je le sens. Jamais il ne les aurait prononcés si ça n’était pas le cas. J’en ai le souffle court, le cœur qui bat comme un cinglé et si je garde la bouche entrouverte c’est bien un sourire qui commence à naitre sur mon visage alors que mon front vient se poser contre le sien.
Pour moi aussi ces mots ont quelque chose de particulier, même si ça n’est pas pour les mêmes raisons. C’est un peu étrange de les dire à quelqu’un d’autre, de le faire aussi rapidement aussi, mais je sais ce que je ressens ou ne ressens … plus. Ou bien différemment. Je ne triche pas. Je ne m’y attendais pas mais c’est comme ça et pas une seconde je ne me sens coupable. Les faits sont là : Kyle sera toujours une personne chère à mon cœur, je n’oublierai jamais tout ce qu’on a partagé et vécu mais aujourd’hui c’est William que j’aime. C’est avec lui que j’ai envie de partager ce qu’on partage avec la personne qui compte de cette manière-là.
La première fois qu'on m'a dit « je t'aime » je n'étais pas prêt à l'entendre, à le recevoir, pas prêt à le dire non plus. La première fois que j'ai dit « je t'aime » j'avais les yeux noyés dans les larmes et le ventre noué par la colère. Lendemain de pleine lune, l'épuisement, la mort d'un homme sur la conscience et ces cicatrices trop significatives sur les poignets de celui pour qui mon cœur battait à l'époque, maladroitement, peut-être trop rapidement ... Et trop intensément. Du drame, partout autour, un sentiment d'urgence collé à la peau et l’instabilité émotionnelle qui me caractérisait à l’époque … Aujourd'hui je suis loin de tout ça, très loin, tout aussi loin que je suis proche de cet homme qui se tient contre moi et à qui je souris bêtement. Oui, bêtement, parce que je me sens léger, heureux, aimé et amoureux. Parce que je me sens bien, tout simplement. Parce que j’ai grandi et que je vis, ressens, exprime les choses différemment aujourd’hui. Parce qu’il est à des années lumières de tout ça. Et parce que ces mots, ses mots, je suis prêt à les entendre tout comme j'étais prêt à les prononcer.

Parce que je réalise qu’il est possible d’aimer de plusieurs manières.
Parce que je ne pensais pas être capable d'aimer quelqu'un d'autre.

J’ouvre les yeux à nouveau, un soupir m’échappe alors qu’il m’offre un sourire, puis un nouveau baiser. Plus calme. J’y réponds de la même manière, avec l’impression d’avoir un putain d’essaim de papillons dans le ventre … Des papillons … T’es foutu mon pauv’vieux …

« Il y a une chose que je ne peux pas t’enlever, c’est ton originalité. »

J’arque un sourcil, intrigué, ne comprenant pas où il veut en venir. Lui regarde autour de nous et je vois son sourire s’élargir.

« Me faire une déclaration en plein milieu d’un lac avec des bestioles pas claires… Y a que toi pour faire ça. »

Un rire m’échappe, je baisse les yeux une seconde avant de retrouver son regard. Ce rire, il est mêlé d’amusement et d’une certaine forme de timidité je crois. Une déclaration ...

« C'est mon côté mégalo ça, au moins j'suis certain que tu t'en souviendras toute ta vie. »

Tout ça n'a pas le moindre sens mais faut pas me demander d'avoir le cerveau en état de fonctionnement pour le moment. J'ai perdu mes connexions, tout ce que je ressens c'est mon myocarde qui palpite et les émotions qui circulent à toute vitesse dans mes veines, à m'en coller le vertige. Je me sens à la fois un peu dépassé et euphorique, un sourire estampillé sur la face et un nouveau rire – presque nerveux – qui m’échappe.

« J'te savais rancunier et revanchard mais c'est bon, j'ai compris la leçon et j'propose qu'on s'arrête là avec ce genre de suspens. »

Je sais bien que ça n’a rien à voir, que tout ça n’a duré que quelques secondes finalement et qu’il n’a pas cherché à se venger de la frayeur que je lui ai faite à la bibliothèque il y a quelques semaines mais je crois que c’est ma façon à moi d’extérioriser un peu la pression qui retombe. Avec un peu de plaisanterie, peut-être pour rendre tout ça un peu moins solennel.
En attendant on a l’air de deux cons, à se sourire comme des imbéciles en se maintenant tant bien que mal à la surface. Des imbéciles, oui, mais des imbéciles heureux. Mes vêtements me collent à la peau, l’eau est froide mais j’en ai rien à foutre de tout ça. Je sais qu’il n’en a rien à foutre non plus même si j’ai l’impression qu’il commence à trembler. Je veux bien croire que je lui fais de l’effet mais là je ne suis pas certain d’y être pour quoi que ce soit … Entre deux baisers échangés, je fini par le prendre dans mes bras et niche quelques seconde mon visage contre son cou.

« T’as pas fini d’en baver avec moi, Jackson. Faut qu’tu l’saches. »

Murmure prononcé au creux de son oreille, un sourire sur les lèvres encore et toujours, alors que mon visage effleure finalement le sien. Je ne suis pas toujours un cadeau mais ça tu le sais déjà. Je te balancerai encore cent fois dans l’eau, t’empêcherai de dormir, je viendrai réclamer des câlins, me lèverai aux aurores pour aller courir, ou surfer, et reviendrai en pétant la forme alors que tu dors encore, ne tiendrais pas en place, te provoquerai, serais parfois insupportablement chiant d’une manière ou d’une autre, me comporterais comme un gamin, serais jaloux, possessif, impulsif, trop bavard, parfois ailleurs, silencieux, presque sauvage … Mais maintenant c’est trop tard parce que tu l’as dit : Tu m’aimes. En ayant déjà conscience de tout ça. Pas d’bol …

Je vais pas te mentir sur le marché je suis pas forcément ce qu’il y a de meilleur
Parce que je suis bancal menteur pas fiable jamais à l’heure
Mais si tu veux je peux me faire boxeur, voleur, chauffeur, docteur, serviteur, dresseur de lions
Je vais pas te la faire a l'envers, tu pourras forcément trouver mieux
Parce que je suis maladroit, nerveux, égoïste et coléreux
Mais si tu veux je peux être souriant et même heureux, poli, généreux
Écrire des morceaux moins teigneux
Ou même des chansons pour les amoureux

Fauve ▬ Rub A Dub

Mais tu sais aussi que je serais là les jours où ça n’ira pas, et ceux où ça ira aussi bien sûr, à l’écoute, présence silencieuse si c’est ce que tu veux, ce dont tu as besoin, que je te prendrai dans mes bras, te ferais sourire, rire, oublier ce qui te rend triste ou en colère – même si c’est moi, même si c’est rien – respecterai tes silences s’il doit y en avoir, te soutiendrai, te conseillerai si je le peux, prendrais soin de toi, te protégerais, taperais du point sur la table – et peut-être pas toujours uniquement sur la table si quelqu'un s'en prend à toi – s'il le faut parce que je suis comme ça quand je tiens à quelqu'un … Et puis tu ne t’ennuieras pas une seconde. On ne s'ennuie pas avec un gamin de 5 ans, après tout, hum ?

Je sais que tout ça sera réciproque.
Ça l’est déjà.
Il n’empêche que tu trembles vraiment beaucoup, petit humain.
Mon humain.

« Je sais que ta grosse tête et toi êtes fiers d’être chez les Serdaigles mais j’crois qu’il vaut mieux qu’on sorte de là avant que t’en chope littéralement la couleur. »

Ma main passe en douceur sur son visage, l’espace d’un instant j’affiche un air sérieux en le regardant. Mon sourire est toujours bien présent, je crois qu’il est simplement plus sage l’espace d’un instant. Parce que je m’inquiète réellement de son sort, oui, mais ne tarde pas à tourner ça à l’humour à nouveau. D’autant que …

« Oui, je sais ! Si c’est le cas ça sera de ma faute. Aller sors, homme ! »

Alliant le geste à la parole je le pousse vers le bord. On recommence à se chamailler comme des gosses, aussi bien dans l’eau que sur la terre ferme, incapables de ne pas rire, se provoquer, se toucher et s’embrasser toutes les trois secondes. Je suis amoureux et j'ai envie de le crier sur tous les toits … Il m'aime et ça aussi j'ai envie de le crier sur tous les toits ... mais j’ai surtout envie de le garder seul pour moi, qu'on oublie que le reste du monde existe l’espace de quelques heures. Et plus si affinités.

▬ FIN ▬
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Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
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