Visite diplomatique [Warren]

Jeu 28 Sep 2023 - 23:52

Il s'en était passé des choses, depuis que Klemheist avait fait la connaissance de ce qu'il aurait appelé un nouvel ami, sa définition du mot étant sujette à des impératifs de loyauté de sang et de faction bien précis, en plus d'un certain code de conduite chevaleresque quelque peu tordu par des générations de tyrannie domestique. Le jeune Warren avait toute l'insolence bravache et le sang-froid impassible dignes d'un futur chevalier de la cause. Il fleurirait en son temps. Pour l'heure, il lui arrivait surtout d'avoir l'air d'un petit con, à qui Klemheist avait failli régler son compte sur un coup de sang, en prenant mal une provocation de trop. Cela ne l'avait pas empêché de nourrir une sincère sympathie pour le jeune homme par la suite.

Et maintenant que sa propre vie rentrait dans l'ordre, d'une certaine façon chaotique qu'il ne contrôlait pas, mais qu'il appréciait, Klemheist avait eu envie de cultiver cette sympathie.

Il était descendu sur la berge au bord de la Tamise, à une heure avancée de la nuit, au chant de quelques avinés un peu plus loin en contrebas. Il avait repéré depuis quelques temps un nid de créatures magiques discrètes qu'il convenait de soustraire à la vue des poivrots nocturnes, ainsi qu'à l'appétit des poissons et des canards. Et puis, il avait sa petite idée sur leur usage. Il en avait conservé trois, remettant le reste au service qui se chargerait de les réinstaller plus loin sur la côte, sur les terres d'un sorcier pêcheur qui les mènerait au large le moment venu.

Quant à ses trois petits chouchous, Klemheist les avait nommés affectueusement Gollum, Jozin et Istvan. Il ne lui en fallait que deux, mais il fallait toujours prévoir le plan de secours en cas d'échec. Certains animaux étaient simplement rétifs au dressage, tout comme certains êtres humains ; le processus de sélection tenait toujours un peu du jeu de hasard.

Au final, tous trois s'étaient révélés de bons éléments. Mais il n'avait que deux filles à qui en faire cadeau. Un cadeau qui devait rester équitable, pour ne pas faire de jalouse. Cependant, il connaissait quelqu'un d'autre qui avait un enfant et apprécierait peut-être de lui offrir ce genre de bestiole. Et c'est ainsi qu'il se présenta un beau matin devant chez Warren avec ses trois créatures dans une boîte, afin de lui laisser le choix. Bel et bien au domicile de Warren cette fois, et non pas de ses illustres parents. Ce serait ça de moins de pression qui pèserait sur eux, sans doute...

L'intérêt de travailler au bureau des réclamations, c'était qu'on avait l'adresse de tout le monde et une bonne quantité de potins divers et variés. L'inconvénient... c'était tout le reste. Il devenait fou peu à peu mais pour le moment, il tenait le coup, et l'insonorisation de la salle aussi. Il lui arrivait de répondre aux beuglantes en hurlant de tous ses poumons, ça lui faisait du bien. Ce genre de petites stratégies se mettaient en place avec le temps et lui construisaient une sorte de nouvel équilibre bancal. Il avait aussi réussi à mettre une maigre économie de côté et à se racheter un costume digne de ce nom, quoique de seconde main ; c'est ce qu'il portait en ce moment, comme un témoignage muet qu'il cherchait réellement à remettre sa vie sur les rails.

La boîte était un aquarium, et l'on voyait s'en échapper de minuscules tentacules aux couleurs vives, qui recherchaient visiblement le contact. Il les couvrit de sa main en attendant que la porte s'ouvre, craignant qu'un passant ne les aperçoive.

Sam 7 Oct 2023 - 14:33

Vendredi 17 février 2017,

Les jours passaient et se ressemblaient parfois plus ou moins. A vrai dire tout dépendait des missions qu’il avait avec les Supérieurs ou même en temps que simple policier. Aujourd’hui il était donc en congés, installa sur son canapé, Nicholas sur les genoux et lui montrait un livre tandis que Mily prenait un peu de temps pour elle. Elle lui avait dit qu’elle sortait toute la journée avec ses amies. Quelque part, il avait senti une certaine réticence à laisser Nicholas, non pas par ce qu’elle n’avait pas confiance en Warren mais par ce que l’enfant était proche de faire ses premiers pas vraiment tout seul – sans s’aider d’un quelconque meuble- et qu’elle n’avait pas envie de rater ça. Après une longue discussion, il avait réussi à la convaincre de prendre un peu temps pour elle, et que cet évènement n’arriverait certainement pas pendant ses quelques heures d’absence. Il l’espérait vraiment d’ailleurs, par ce que si Monsieur Bébé se mettait à marcher pile à ce moment-là, Mily allait criser à coup sûr et il n’avait pas spécialement envie de gérer cela.

Alors qu’il allait faire changer d’activité à l’enfant, il entendit quelqu’un frapper à la porte. Il fronça les sourcils, préféra laisser le bébé sur son tapis de jeu plutôt que de le prendre dans les bras et se tint prêt à sortir sa baguette si c’était nécessaire. On ne savait jamais qui pouvait bien se tenir derrière ces montants en bois, et avec son appartenance aux Supérieurs on ne pouvait pas dire qu’il devait faire l’unanimité et c’était sans compter son métier… même si ses plus proches voisins dans ce quartier sorcier étaient aussi des sangs-purs. On était jamais assez prudent. Il ouvrit la porte ayant prononcé un sort de protection et donné un ordre à l’elfe de maison si jamais les choses dégénéraient : mettre l’enfant à l’abris en attendant le retour de Mily.
Lorsqu’il reconnut la silhouette de Sergius il se détendit un petit peu mais fronça bien vite les sourcils en voyant qu’il tenait quelque chose dans les bras. Qu’il ait son adresse ne le choquait à vrai dire pas plus que cela, mais ce qui l’intriguait c’était quand même de savoir ce qu’il venait foutre là ? Pensait-il trouver Mily ? Ou est-ce qu’il venait pour lui ? Pourquoi viendrait-il pour sa femme, d’ailleurs, c’était une pensée un peu ridicule non… mais en même temps, elle savait taper dans les yeux la Dame.

« Monsieur Klemheist ? Que me vaut le plaisir de votre visite ? » Il n’était pas bien certain qu’il soit judicieux de le laisser entrer mais le laisser dehors pouvait être aussi mal perçu. Sergius était certainement plus un allié vu qu’il l’avait aidé, si bien qu’il finit par se pousser de l’embrassure de la porte pour laisser l’homme rentrer. « Qu’est-ce que vous avez dans les bras ?» ajouta-t-il plus curieux qu’autre chose pour l’instant, mais il restait néanmoins assez vigilant. Il vérifia d’un bref coup d’œil où était Nicholas qui jouait toujours tout seul.

Dim 15 Oct 2023 - 18:27

Bon ! Au moins on ne lui claquait pas la porte au nez comme à un olibrius malvenu.

Klemheist entra dans la demeure et regarda autour de lui avec un petit sourire. L'atmosphère n'était pas la même que celle de l'autre fois, heureusement. Quelque chose d'un peu... tendu et sur le qui-vive, ou du moins prudent, mais ça c'était normal : c'était dû à sa présence. Il dévoila le petit aquarium et les trois créatures qui s'y tortillaient, exhibant leurs couleurs changeantes.

"C'est un présent pour votre fils. J'en ai capturé trois et je n'ai que deux filles," expliqua-t-il tout naturellement. Il s'éclairait dès qu'il évoquait son métier. "L'architeutis est l'animal idéal pour un enfant en bas âge, le dressage se fait tout seul... et c'est vraiment esthétique, n'est-ce pas ? Ils émettent même une légère luminescence pendant la nuit."

Il sentait un regard perplexe peser sur son offrande. Ce monsieur pensait-il que sa pêche aurait été plus à même de décorer une paëlla ou autre gourmandise incongrue ? On aurait dit le regard que Klemheist lui-même avait jeté sur un faisan doré qu'un vendeur peu scrupuleux avait essayé de lui présenter comme un jeune phénix. (Il avait tout de même adopté la poule sultane de la cage voisine. Il avait décidément le chic pour les créatures aquatiques. Tout cela remontait à bien longtemps.)

A ce propos, il eut envie soudain d'étendre la confiance déjà manifestée lors de leur première conversation, en bifurquant sur un sujet qui n'avait rien à voir avec l'aquarium ; sauf si par aquarium, on entendait le crâne clos et borné de Klemheist lui-même, et les monstres qui se cachaient dans ses profondeurs.

"Vous êtes le seul à qui j'en avais parlé, un peu accidentellement, sans trop savoir pourquoi, mais enfin je l'ai fait, donc... j'ai le plaisir de vous apprendre que mon ami - celui que j'ai cru mort - est bien en vie, ici à Londres. En fait, nous nous sommes à peu près installés ensemble." Dire qu'il aurait pu manquer tout cela, en se jetant stupidement dans un duel avec ce jeune homme. Il se mordilla la lèvre d'un air coupable, en observant le petit calmar qui escaladait sa main précautionneusement.

"Je regrette vraiment l'attitude autodestructrice dont j'ai fait preuve lors de notre première rencontre, c'était impardonnable. Disons que ce cadeau est une manière de m'excuser encore une fois."

Sam 21 Oct 2023 - 18:45

Ce type était un mystère pour Warren et il se demandait bien ce qu’il venait faire-là. Il n’avait pas spécialement envie de voir sa tronche, leur dernière rencontre était bien trop étrange, néanmoins il restait quand même poli et n’avait pas envie de se fâcher avec l’homme…. Ce dernier pourrait peut-être toujours lui servir ou lui donner des informations plus ou moins involontairement dans le futur. Avoir un maximum de camarades avec qui il s’entendait bien était donc quelque chose d’assez primordial à ses yeux. Et à vrai dire le plus étrange restait certainement quand même qu’il semblait lui avoir apporté quelque chose. Son interlocuteur ne tarda pas à dévoiler les petites créatures d’ailleurs en haussant un sourcil perplexe. Il l’écouta ensuite présenter les bestioles, il était un peu perplexe mais après tout pourquoi pas. Et effectivement, c’était plutôt mignon. Néanmoins, sa parano avait un peu repris le dessus même s’il tentait de le cacher, et il vérifierait que la petite créature marine ne risquerait pas de faire du mal à Nicky. A vrai dire, autre chose, l’ennuyait.

« Elle ne serait pas plus heureuse en milieu marin parmi les siens ?» La réponse au fond, il la connaissait certainement, avoir une bête en cage… non merci. Son fléreur passait plus de temps à se balader dans le coin en liberté totale et lorsqu’il avait son chien, l’animal vadrouillait dans le jardin parental. Pas de réelle cage, une liberté certaine de ses allers et venues mais-là ? « Mais merci pour l’attention, c’est très gentil.» dit-il en faisant un aimable sourire à son camarade. « Il est très beau en tout cas. C’est un mâle ou une femelle …. » Pourquoi cette question ? Pour lui trouver un petit nom pardi !

Warren avait du mal à bien se placer dans tout cela. On ne refusait pas un cadeau, surtout pas de quelqu’un comme Sergius. Il n’était pas encore très apprécié ici si l’on en croit à leur dernière rencontre mais les choses pouvaient aussi tourner de diverses manières. Ce typa avait quelque chose d’intéressant et d’intriguant… Et d’ailleurs le plus âgé ne tarda pas à reprendre la parole de nouveau Tveit avait froncé un peu les sourcils, avant de faire un léger sourire

« Okay… super pour vous.» dit-il sans savoir quoi ajouter d’autres. Il s’en pétait un peu qu’il ait retrouvé son ami/amant ou peu importe. « Néanmoins, vous devriez faire attention à ce genre de paroles, certaines… hum.. pratiques ? Non c’pas le bon mot. Mais disons plutôt que la tolérance n’est pas toujours le fort de la société sang-pure.»

Bon, il espérait en tout cas que par ami et installés ensemble, il sous entendait bien « petit ami » et pas simple coloc sinon il allait encore s’attirer des ennuis. Après tout, deux hommes pouvaient vivre ensemble sans forcément être en couple non ? Autant à la vingtaine en étant qu’étudiant, cette situation lui semblait plus que logique, mais il avait quoi, la quarantaine alors dans sa tronche c’était quand même peu probable – mais il pouvait bien se tromper-. Warren lui fit un nouveau léger sourire, il n’allait pas s’appesantir sur les conseils, Sergius devait d’ores et déjà savoir tout ça. « Ne vous inquiétez pas, je n’irai pas le crier sur tous les toits, le principal c’est que vous soyez heureux…» Il laissa passer quelques instants avant de rajouter d’un ton un peu taquin « Vous n’étiez pas obligé, ce n’est pas comme si vous m’aviez vraiment attaquer… mais ouais, c’était peu impardonnable… comme le sortilège non ?» Qu’il aurait pu se manger. Aucune rancune, il préférait en rire pour détendre l’atmosphère.

message admin:

Mar 14 Nov 2023 - 18:42

"C'est cela. C'était impardonnable et vous m'avez tout de même pardonné. Comme vous venez de le dire, ce n'est pas la tendance de notre milieu. D'où ma dette envers vous."

Pendant un bref instant, Klemheist avait repris ce sérieux presque sinistre qui formait son masque habituel. Il ne plaisantait pas avec les dettes d'honneur, même s'il manquait parfois de force d'âme pour les honorer une fois placé au pied du mur. Il revint rapidement à son sujet de prédilection, comme pour fuir ces déclarations solennelles et chargées d'inquiétants pressentiments.

"Ne vous inquiétez pas pour les architeutis, ce sont des créatures solitaires dès qu'ils peuvent se nourrir seuls, et très curieux de leurs voisins humains. Ils s'adaptent étonnamment bien à l'eau douce, vous avez dû entendre parler du spécimen de Poudlard et des dimensions qu'il a atteintes."

Il arborait un grand sourire dès qu'il parlait de ces rares moments d'émerveillements dans sa longue existence ; en l'occurrence, l'un de ceux qui avaient déclenché sa passion pour les créatures magiques, et le début de ce qui serait sa vocation. Si l'école ne lui avait pas apporté le réseau de connaissances qu'espérait l'ambition de sa famille, ou d'autres avantages scholastiques, il avait tout de même trouvé là-bas sa voie et sa vie.

"Ils ne brillent pas forcément par leur intelligence, en comparaison d'autres espèces moins puissantes, mais l'essentiel est qu'ils sont affectueux et joueurs : on peut leur apprendre de petits tours simples. A cet âge, quelques miettes de poisson dispersées dans son aquarium chaque jour lui suffiront amplement."

Plus tard, ce serait différent, et c'est là que disposer d'un océan pouvait s'avérer utile. Ou au moins un lac doté de propriétés magiques qui préserveraient son écosystème, comme celui qu'il avait évoqué. Mais il n'allait pas se lancer dans un cours magistral. Il était encore dans le vestibule d'un logement étranger.

"Hm... je vous ennuie avec toute cette théorie. Puis-je présenter les animaux à votre fils afin qu'il fasse son choix ?"

Langue étrangère ou autre forme de naïveté sociale, il n'avait pas remarqué que les remerciements de son interlocuteur abritaient une ébauche de refus. Il gardait surtout un oeil sur le mouvement de son offrande, et il sourit en s'apercevant que l'une des bestioles essayait de grimper au long de sa main. Ce spécimen-là était déjà assez aventureux pour se lancer à la conquête du vaste monde, hors de son berceau aquatique. C'était ce qu'il trouvait mignon chez ces animaux (un mot qu'il n'aurait pas employé pour autre chose que pour une créature fort éloignée de sa propre espèce) : leur esprit résolument positif.

HJ:

Ven 17 Nov 2023 - 20:35

Est-ce qu’il l’avait réellement pardonné ? Ce n’était pas forcément la version qu’il aurait donné, il faut bien l’avouer. Disons qu’il y trouvait son avantage que l’autre se sente un peu fautif et endetté, il aurait pu trouver une utilité à Sergius grâce à cela. Ceci dit… si l’homme lui faisait confiance, il y aurait toujours moyen, si le besoin s’en faisait ressentir, de lui trouver une place. Mais avant il faudrait bien entendu qu’il le sonde un peu plus, qu’il en sache plus sur sa position par rapport au Gouvernement, à leurs lois et compagnie. Warren avait donc sorti son petit sourire en coin et avait acquiescé doucement. Histoire de ne pas commettre d’impair, il avait préféré ne pas répondre à cela et s’était contenté d’écouter la suite qui serait certainement meilleure pour continuer un dialogue.

« Oui, effectivement …»

La question aurait dû être ‘est-ce que vous voulez bien d’un animal chez vous’ ? Ou encore, est-ce que vous avez la place ? Mais visiblement la question ne semblait pas effleurer un instant l’homme et il n’avait pas non plus envie de le vexer ; Il devait donc la jouer d’une autre manière, il ne savait pas encore comment. Adopter la bestiole semblait être pour l’instant une bonne optique surtout que l’autre savait bien la vendre et il verrait bien avec Mily ce qu’elle en pensait réellement. Il se passa une main dans ses cheveux en bataille et essaya de ne pas faire de petite moue qui laisserait comprendre que cela ne l’emballerait, heureusement il avait l’habitude de jouer à ce jeu-là et arrivait la plupart du temps à cacher ce genre de désapprobation. Il n’avait même pas eu le temps de répondre que déjà, l’homme avait posé une nouvelle question qui tendit instantanément Warren. C’était presque plus fort que lui, comme si Sergius ou les créatures étaient un potentiel danger pour le bébé.. Il faut bien avouer qu’il hésita même un bref instant avant d’acquiescer doucement de toute manière, l’autre ne semblait pas comprendre qu’il n’était pas chaud…

« Tu viens Nicky ?» dit-il en le prenant dans ses bras, déposant un tendre baiser sur le front de l’enfant. « Regarde l’un d’eux va peut-être être ton nouveau meilleur ami.»

Pas du tout. A même pas un an, qu’est-ce qu’il comprenait de la situation ? il n’en avait aucune idée. Le gamin, d’ailleurs observait les animaux d’un air méfiant-intrigué. Et oui Nicky, ça ne ressemblait pas à un chat ou un chien, il n’en avait jamais vu d’ailleurs de ces bestioles et c’était tout nouveau pour lui, avant que le petit désigne une des créatures, celle qui était la plus téméraire de prime abord. Super…. Tel père, tel fils visiblement.

« Bon bah je crois qu’il a fait son choix…» tenta-t-il même s’il pensait plutôt qu’il trouvait ça drôle de le voir « hors » de l’eau contrairement à ses camarades. « Cela vous convient-il ?» Il n’avait qu’une envie éloigner un peu son fils de l’homme et de ses créatures, qu’il retourne jouer comme il le faisait avant son interruption. Il n’avait pas assez confiance en Sergius pour être vraiment détendu par la situation.

Spoiler:

Sam 3 Fév 2024 - 23:05

Le visage de Sergius s'éclaira immédiatement. Présenter le résultat de son travail à la clientèle était toujours un moment de validation. Du moins, sauf quand les clients étaient difficiles et avaient des idées horribles sur le traitement de l'animal. Mais ce ne serait pas le cas ici. Les petits calmars caoutchouteux et sociables étaient des camarades de jeux parfaits pour de petits enfants, à son avis, sauf si ils essayaient de les manger - les enfants, pas les calamars - et encore, il n'était pas sûr de ce qui serait arrivé exactement dans ce cas. Les animaux fantastiques avaient parfois des stratégies de survie inattendues.

"C'est Istvan. Istvan," répéta-t-il d'une voix douce, attentif à ne pas effrayer le petit bout d'homme qui prêtait à peine attention à lui, comme si un gamin de cet âge avait pu répéter un tel nom. Certainement, le gamin aurait tôt fait de babiller un assemblant de syllabes qui ne correspondrait à rien de particulier, et qui serait le nom du petit céphalopode à dater de ce jour. Il n'y avait pas à lutter. Il l'avait appelé Istvan par plaisanterie, et ne s'offenserait aucunement de la dénaturation de son choix.

"C'est un joli nom, Nicky. La Victoire, c'est ça ? Mes filles s'appellent Roza et Naza. Radieuse et chérie - chérie au sens "gâtée", et Roza veut dire littéralement enfant-soleil. J'ai peut-être un peu trop réfléchi," avoua-t-il avec un sourire entendu. Ils savaient tous deux à quel point le sang, la transmission, la continuation de la dynastie étaient des événements importants dans leurs vies. Et il ne pouvait s'empêcher de se demander si sa vie aurait été différente, dans le cas où il aurait eu un fils. Ses parents l'auraient-ils considéré autrement ?

Enfin. La transaction était accomplie, et tout s'était bien passé. Il nourrit les deux calmars restants avec un peu de poudre pour les distraire, car il ne savait pas s'ils n'étaient pas un peu déçus. Mais clairement, Istvan était le plus intéressé par cette interaction. Parfois, les animaux semblaient choisir leur sorcier, comme les baguettes. Il prit un peu de distance, sans quoi on aurait pu croire qu'il comptait laisser l'animal et emporter l'enfant en échange.

Lun 12 Fév 2024 - 21:12

« Itsvan ? D’accord.» souffla-t-il. Il faudrait bien qu’il retienne le nom de la bestiole, et plus les secondes passaient, plus il se demandait comment est-ce que Mily réagirait en voyant « ça » chez elle. Hum… Chaque chose en son temps, il avait encore un peu de temps pour réfléchir à comment aborder la chose, lui vendre. « Du coup, ça vit comment, une cage avec de l’eau, combien de temps peut-il rester hors de l’eau et niveau nourriture, qu’est-ce qui est le plus adapté ?» Probablement qu’il ferait quelques recherches supplémentaires mais pour l’instant, il allait falloir aller au plus pressé. Par contre, ce nom, ne serait pas simple à prononcer par l’enfant avant un bon moment, mais ce n’était certainement pas bien grave – à vrai dire, il n’en savait rien, les chiens et les enfants qui ne savaient pas encore parler avaient quand même une grande complicité. Tu envisages vraiment que ton fils soit complice avec cette créature ? pas vraiment, mais il allait quand même bien la traiter, c’était un cadeau, et si des relations positives devaient se développer avec Sergius, il avait besoin de prendre soin de ce cadeau. Sinon, probablement qu’il aurait refusé. Pour l’instant, il ne voyait pas vraiment l’utilité de ‘’ça’’, mais peut-être changerait-il d’avis ?

Warren eut un léger sourire à la réponse de l’homme sur le prénom de son fils et les explications des prénoms de ses filles « Nicholas, plus que Nicky, mais oui, c’est probablement ça, c’est surtout que l’on aimait beaucoup ce prénom avec sa mère.» Par ce qu’un prénom ne voulait rien dire à ses yeux, la signification restait quelque chose de secondaire, mais il pouvait comprendre que cela était important pour certains parents ; lui considérait plus qu’il préférait un joli nom, avec une belle consonnance qui ne ferait pas « ridicule »/trop ancien, plutôt que de trop regarder la consonnance/ Allez au coup de cœur en somme. Warren surveillait toujours son fils du coin de l’œil tout en essayant d’apporter un maximum d’attention à l’homme qui venait de lui faire un cadeau. Il ne savait pas trop quoi ajouter « Je ne vais pas vous prendre plus de temps, Monsieur, je vous remercie pour votre présent.» A vrai dire, avoir quelqu’un en qui il n’était pas certain d’avoir confiance chez lui, près de son fils le stressait, même s’il ne le montrait pas. Il essayait donc de le congédier gentiment, espérant que l’homme comprendrait qu’il avait d’autres choses à faire vu qu’il était venu à l’improviste. Avec quelqu’un de confiance, il l’aurait bien entendu invité à rester boire un verre. « On se croisera peut-être au Ministère…» Il lui fit un sourire chaleureux « Il est possible que je vous pose d’autres questions à propos de … hum… Itsvan.»

Mer 21 Fév 2024 - 23:21

"Je vous ferai passer un manuel pour les débutants, avec des illustrations. Pour le petit," ajouta-t-il de peur que le sorcier londonien n'interprète cette phrase comme une moquerie. "D'ici-là, il suffit de lui laisser un accès à un bocal d'eau, de la taille d'un bocal de cornichons, vous voyez. Comme pour une araignée domestique. Et le nourrir au moins une fois par semaine avec cette poudre de poisson séché. Les Moldus en vendent pour leurs aquariums."

Qui n'avait jamais été enfermé au cachot dans son enfance, et apprivoisé des araignées ? Enfin, il supposait que c'était assez fréquent. Son entourage avait toujours traité la chose comme si ça l'était. Pour le moment, l'heure n'était pas aux confidences, mais à prendre congé. Avec un peu de chance, cette conversation se poursuivrait dans l'avenir autour d'une passion commune, quoique, pour Warren et sa famille, très récente.

"A votre service," déclara Sergius en inclinant la tête. Les mots, comme les noms, devaient être pesés avec soin lorsqu'on connaissait leur pouvoir. Il n'employait pas de telles formules à la légère. Enfin, il imaginait difficilement que ce jeune homme fasse appel à lui un jour. Quels appuis ou autres soutiens aurait-il jamais pu lui apporter ? Se tenir éloigné de sa famille, et leur éviter la contagion douteuse de sa disgrâce, était déjà un présent en soi, et qui était à sa portée. Il se retira en s'assurant que les petits animaux passent inaperçus lors de son retour à la rue.

De retour dans le bureau bien insonorisé où s'écrivait sa piètre carrière, il reprit son attente habituelle, celle de la pause, puis de la fin de journée. Il était plus curieux de la pause qu'à son habitude cependant, au-delà du fait qu'elle allait lui permettre de reposer ses oreilles. Ses cache-oreilles de botanique étaient aussi ancestraux que le restant de ses possessions. D'ailleurs, il était censé contrôler que la voix des beuglantes correspondait à leurs signatures. Mais cette fois, la pause lui apporterait peut-être davantage que le repos des tympans et un grignotage à la cantine.

En attendant des nouvelles de l'animal ou de son possesseur, il avait retrouvé ses fiches et autres documents pour l'élevage des architeutis. Peu de choses étaient connues sur ce sujet, parce qu'ils étaient encombrants, et alors que l'animal atteignait son plein potentiel, il était généralement conseillé de le relâcher, ce qui frustrait les collectionneurs.

Sergius estimait que c'était une expérience gratifiante pour un enfant, cependant. Il se réjouissait déjà d'emmener ses filles en mer pour relâcher leurs petits protégés. Et de temps en temps, il les ramènerait au même point pour voir si les créatures avaient bien grandi et se souvenaient d'elles. Ce serait quelque chose d'important pour la famille, et l'occasion d'expérimenter les rythmes sacrés de la nature. La petite voisine qui s'habillait toujours en vert disait que, si Sergius avait été un Moldu, il aurait été une wiccane hippie ; il ne savait pas ce que ça voulait dire, mais elle lui avait assuré que c'était gentil. Mouais. Avec les ados, il n'était sûr de rien.