Dance of the Vampires /!\ TW

Elle prenait de plus en plus de confiance, la vampirette. Elle était parvenue à s’en tirer, malgré la colère et la déception qu’elle avait fait grimper en son congénère quelques heures plus tôt, elle avait dû comprendre à ce moment-là qu’elle n’avait pas grand chose à craindre de Pawel, qu’il ne souhaitait pas la blesser. Ce qui était vrai, dans un sens, non seulement cela faisait parti de l’un de ses nombreux principes vieillots, mais de plus, il avait l’intention d’en faire une alliée de taille. Même si, présentement, tout laissait penser qu’Hailey menait la danse, qu’elle avait un compte à régler avec ces hommes, et qu’elle utilisait la force et l’impulsivité de son compagnon vampire, pour l’aider. Ou plutôt, faire la quasi totalité de la sale besogne. Finalement, ce type à qui le polonais avait brisé la nuque, avait raison, il se comportait réellement comme le chien de garde de la blondinette. Il avait surtout envie de meurtre et de sang, c’était le but de cette soirée, après tout. Il avait eu d’autres projets en tête que celui-là, mais sans doute n’était-ce que partie remise. Déglinguer des mafieux était tout aussi stimulant, dans le but de récupérer l’argent qu’ils cachaient.
Dans l’histoire, le vampire au sang-pur avait même pu récupérer un pistolet moldu, après avoir vérifié de manière pragmatique, que leur peau régénératrice ne craignait pas les balles de plomb. Une expérience qui n’avait pas manqué d’amuser Hailey, qui n’avait pas pu s’empêcher de la ramener avec sa culture littéraire sur les vampires. Une remarque bien trop sarcastique et prétentieuse aux yeux de Pawel, qui préféra ignorer. Lui avait reçu l’enseignement de Sarah Bartowski. Pour le reste, l’expérimentation lui convenait bien. D’ailleurs, la vampirette apprendrait bientôt par elle-même que l’on n’apprenait pas tout par les livres…

Pris dans l’adrénaline de la situation, le polonais voulait s’amuser avec ses deux gars, sans vraiment chercher à les achever trop vite. Les tenant en joue, l’une de leurs remarques le fît tout de même tiquer, tout portait à croire dans leur réaction qu’il n’y avait pas d’argent dans ce repère miteux. Le vampire avait haussé un sourcil, se pourrait-il que sa congénère se soit jouée de lui ? Encore une fois. Il tourna la tête vers elle, pour voir comment elle s’en sortait avec le troisième type qui s’était jeté sur elle. Bien sûr, Pawel ne s’en faisait pas, les capacités vampiriques d’Hailey lui permettaient largement de se défendre. Il ne fut en effet pas déçu, le bébé à canines s’en sortait plutôt bien. Après avoir jeté son assaillant au tapis, elle le releva rapidement avant de planter ses crocs dans sa gorge telle une furie, il ne lui fallut que quelques secondes pour l’achever, le corps de l’homme tomba lourdement sur le bitume, sans vie. Le polonais n’en avait pas perdu une miette, un large sourire satisfait se dessina sur ses lèvres, les effluves de sang qui émanaient de la carotide fendue, venaient titiller les sens du grand brun, lui procurant une bouffée d’adrénaline et de désir incontrôlable. Bien qu’il s’était nourri peu de temps avant, la soif était de retour, agrémentée par une blondinette qui se rendait foutrement désirable, à se comporter ainsi, comme la dangereuse prédatrice qu’elle était.
Enfin. Pawel avait retrouvé la jeune femme qu’il avait connu au zoo, lorsqu’il l’avait mise au défi de dévorer le gardien. Maintenant, il n’avait même plus besoin de lui dire quoique ce soit, elle savait bien tuer par elle-même. La garce ne s’arrêta pas là, soudainement elle se précipita et bondit sur une silhouette à plusieurs mètres d’eux, tapie dans l’ombre de la ruelle, qui semblait les espionner. Un nouveau cadavre qu’elle vida de son sang, avant de détruire ce qui ressemblait le plus à un téléphone portable, à l’aide de sa talonnette. Pawel ne comprenait pas vrai ce qu’il venait de se passer, bien trop focalisé sur l’odeur ferreuse de sang, emparée de son être. Les yeux gorgés de liquide rougeâtre, les veines saillantes vagabondant sous ses arcades, il fit à peine attention à la remarque de l’un des mafieux.

« Qu’est-ce que j’en ai à foutre… » répondit-il aussitôt, avant d’appuyer sur la détente du flingue, à deux reprises, tirant deux balles bien placées qui tua sur le coup, l’un après l’autre, les deux mafieux qu’il avait jeté au sol.

Il prit soin de cacher l’arme dans une poche intérieure de son long manteau, et, usant de sa vitesse surnaturelle, rejoint Hailey en une fraction de seconde aux côtés de l’homme qu’elle avait vidé de son sang.

« Qu’est-ce que t’as foutu ? J’ai rien compris, c’est qui, lui ? »

Pas le temps d’écouter une quelconque réponse de la part de sa congénère, le polonais releva soudainement la tête, son ouïe surdéveloppée en alerte. Il cru entendre une sirène de police, au loin, probablement alertée par les détonations successives du pistolet. Après tout, les deux vampires se trouvaient dans un quartier plus mal fréquenté.

« T’entends ça ? Viens, on prend le fric et on se tire. »

Avec le soleil qui n’allait pas tarder à se lever, ils n’avaient guère d’intérêt à se retrouver à devoir rendre des comptes avec la police moldue, même si ils ne la craignaient pas. L’idée était de ne pas être vus. Pawel agrippa alors la blondinette par le bras et l’entraîna rapidement à l’intérieur du repère miteux, ils descendirent à la hâte un long escalier qui les avait menés à une espèce de cave aussi sordide qu’étrangement bien entretenue. Un autre homme se tenait au milieu de la pièce, lui aussi pourvu d’un flingue, mais avant qu’il n’ait même eu le temps de tirer, le vampire avait déjà filé dans son dos, il le surpassait d’une bonne tête, et lui avait cassé le poignet pour lui faire lâcher son arme.

« Donne-nous l’argent ! Ou j’te saigne comme un porc ! »

L’autre poussa un cri de douleur et tenta de se débattre, gueulant dans les oreilles du polonais :

« Mais on en a pas, espèce de con ! Y’a que des tableaux, ici ! »

« Des…Quoi ? »

Ce fut seul à ce moment-là que le grand brun se rendit compte qu’autour d’eux étaient exposées une multitude d’œuvres d’art, toutes plus moches les unes que les autres. Agacé de ne pas voir d’argent, le polonais lâcha un grognement sourd avant de planter ses canines dans la gorge du type, lui pourfendant la carotide afin de lui sucer jusqu’à la dernière goutte de sang, d’une rapidité hors du commun. Lorsque Pawel releva la tête, soulagé d’avoir pu satisfaire cette nouvelle soif grandissante, il souleva le corps sans vie de terre, et le jeta puissamment contre le mur, où étaient affichés les tableaux. Le choc en avait détruit quelques-uns. Le vampire se tourna alors vers Hailey, l’air menaçant, le sang du mafieux dégoulinant encore de ses lèvres, sans qu’il n’ait cherché à l’essuyer.

« C’est quoi encore, ce bordel ? Tu t’es encore foutu de ma gueule, pétasse ? »

Bien loin des préoccupations d’Hailey au sujet de l’homme qu’elle avait saigné à l’extérieur, l’esprit de Pawel ne pouvait être focalisé ailleurs que sur ce qu’il pensait les attendre à l’intérieur. Il n’avait peut-être pas compris ce qu’il venait de se passer dehors, mais tout ce dont il était persuadé, c’était que cette planque était blindée de fric, d’après sa jeune congénère. Mais cette idiote avait omis de lui dire qu’il ne s’agissait pas d’argent à proprement parler, mais d’œuvres d’art. Pourquoi donc prenait-elle un malin plaisir à jouer avec ses nerfs ainsi ? Ce n’était pas la première fois depuis le début de cette soirée. Le vampire plus âgé pensait pourtant avoir été clair quelques heures plus tôt, Hailey lui avait déjà fait perdre le contrôle à se jouer de lui, ce qui l’avait conduit à un meurtre rapide et gore. Elle n’avait pas eu assez peur de lui, visiblement, elle en redemandait, elle jouait avec le feu cette garce.
Les pensées du polonais s’embrouillaient, et le fait d’avoir vidé ce mafieux de son sang aurait pu lui suffire pour calmer ses ardeurs, mais il avait fallu que la blondinette en rajoute une couche, lorsque son camarade de nuit jeta le cadavre sur ses précieuses œuvres d’art fausses. Il n’avait effectivement pas réfléchi, pour lui, ces toiles peintes n’avaient absolument aucune valeur, et contrairement à elle, il n’avait pas pensé à les récupérer pour les vendre, il en voulait à la vampirette de ne pas l’avoir prévenu avant. Encore une fois, il s’était senti dupé, et ce genre de comportement l’irritait.

Les poings serrés et les sourcils froncés, Pawel se retenait une fois de plus de ne pas lui briser la nuque et l’abandonner là, après avoir mis le feu à cette planque de fortune. La petite blonde avait le don de faire grimper la colère de son congénère aussi rapidement qu’elle savait la faire redescendre. Apparemment, les grognements rauques qui émanaient des entrailles mortes du grand brun, ne l’empêchaient pas de lui cracher son mépris à la gueule. Un idiot, voilà ce qu’il était à rester planté là, à se faire insulter. Il avait été éduqué à respecter les femmes, mais qu’en était-il avec celles qui ne le respectaient pas ? Pourquoi ne pas tout simplement mettre Hailey sur ce pied d’égalité et lui faire regretter ses paroles venimeuses ? Voilà qu’à présent, elle se mettait à lui reprocher toutes les erreurs commises durant cette soirée. C’en était trop pour le vampire, qui refusait de se laisser rabaisser ainsi, et plus longtemps, par une nouvelle-née.
Il fulminait tellement, qu’il aurait pu l’étrangler en cet instant. Lui faire payer. Mais quelque chose en lui l’en empêchait. Il ne voulait pas la blesser ou la tuer tellement, juste lui faire peur, lui montrer qu’il n’était pas qu’un chien de garde qu’elle pouvait manipuler à sa guise. Seulement voilà, le polonais s’apprêtait à faire un pas vers elle, et Hailey s’était éloignée en rageant sur les peintres, a priori connus, que Pawel avait piétiné. Celui-ci se mordit fort la lèvre au point de se faire saigner lui-même, tout en l’observant avec son couteau découper certaines toiles. Dans quel but ? Les revendre ? Tout cela était bien risible. En effet, il aurait mieux fait de rester sur cette piste de danse. La fille qu’il avait mordu là-bas, était plus docile. Mais à présent, la blondinette était redescendue elle aussi, et caressait le torse de son congénère de la pointe de son couteau. Après l’avoir traité d’imbécile, soudainement il avait de l’intérêt à ses yeux. Ou alors, elle le faisait tourner en bourrique, une fois de plus. Ce petit jeu ne marcherait plus.

Sa colère refoulée un instant, un sourire sarcastique passa sur les lèvres du vampire.

« C’est clair que j’aurais sûrement passé une meilleure nuit avec l’autre fille, qu’avec toi. »

Il aurait pu l’attirer dans un endroit glauque, se la faire, puis la vider de son sang et l’abandonner à son triste sort. Mais cette idiote de femelle en avait décidément autrement. Un compliment insinué au sujet de sa plastique n’était pas suffisant. Une lueur sadique éclairait les pupilles bleues du polonais, qui attrapa soudainement le couteau de sa congénère, et de son autre main, il l’empoigna fermement par le col de sa petite veste. L’arme blanche vola à travers la pièce, tandis qu’il souleva la vampirette du sol et l’entraîna contre le mur le plus proche, derrière elle. Ses crocs saillants sortis et menaçants, les sourcils froncés et en proie à une colère froide, Pawel cracha ses menaces tout proche du visage d’Hailey, au point qu’elle pouvait sentir l’haleine ferreuse du sang qu’il venait d’ingurgiter.

« J’ai été trop gentil avec toi. Tu ne sais vraiment pas à qui tu as à faire. Tu mériterais juste que j’te brise la nuque et que je t’abandonne ici, après y avoir foutu le feu. »

Il marqua une légère pause, tandis qu’il la maintenait toujours fermement entre le mur et lui, ne lui laissant aucune marge de manœuvre. Et il était nettement plus fort qu’elle. Mais elle avait de la chance, elle aussi disposait d’un potentiel certain, qu’il serait fort dommage de gâcher. Un nouveau sourire apparut sur les lèvres du vampire, qui s’était adouci après que l’idée qui lui trottait en tête depuis un moment, était revenue.
Il lui relâcha alors le col, mais aussitôt l’attrapa vivement par les cheveux, aussi rapidement qu’elle n’avait pu l’anticiper. D’un doigt, Pawel caressa les lèvres féminines du bout du doigt. Puis, avec violence, il la fît mettre à genoux.

« Mais tu as de la chance, je dois reconnaître que tu disposes d’un certain potentiel, aussi. »
Maintenant, il s’amusait de la position dans laquelle il avait forcé Hailey à se mettre. Plus qu’une réelle menace, en fait c’était plus un jeu, pour lui.

« Tu vas remplir ton rôle de femelle, et assouvir mes désirs. » Ses yeux pétillaient, il eut brièvement une pensée pour Sarah, qui lui démonterait probablement la gueule pour avoir prononcé ces mots. « Suce-moi et j’te pardonne. »

Pawel ricana alors, provocateur.

« T’as plus beaucoup de temps, alors assure. »

Il avait relâché l’emprise sur les cheveux de la blondinette. En effet, les sirènes que leur ouïe vampirique pouvaient distinguer au loin, annonçaient l’arrivée prochaine de moldus qu’il valait mieux éviter de croiser.

Le respect des femmes était et resterait l’un des principes que Pawel avait bien acquis lors de son éducation, mais une petite incartade avec un bébé vampire un peu trop arrogante et moqueuse à son goût, ne faisait pas de mal. Une mise au point s’imposait, car jusqu’à maintenant Hailey ne semblait nullement impressionnée malgré les capacités qu’il avait montrées, pensant probablement innocemment qu’il ne lui ferait pas de mal, à elle. Une assurance qui lui avait valu de se faire mettre à genoux, le polonais se délectant de ces petites joues roses soumises à lui, froissées par cette position humiliante, et cherchant à se défaire de la poigne puissante du grand brun. Celui-ci n’avait réellement pas l’intention de lui faire du mal, il voulait seulement lui faire comprendre qu’il avait fait preuve d’assez de patience, qu’il ne pouvait pas la laisser se payer sa tête et le rabaisser, impunément. Amusé par la posture qu’il avait fait prendre à sa congénère, un brin excité lui-même par ce rôle de dominant qu’il aimait se donner, le vampire ricanait sournoisement de son œuvre. Il ne s’attendait pas à ce que la blondinette s’exécute, toutefois si jamais elle le faisait, bien sûr il ne s’en plaindrait pas non plus, même si le moment allait être certainement gâché et interrompu par les sirènes de police, qui leur intimaient de déguerpir assez vite. Chaque minute les rapprochait du risque d’être vus dans ce repère délabré et puant d’humidité sur les murs.  
Hailey parvint à se défaire de l’emprise de son compagnon de nuit, qui prenait un malin plaisir à la dévisager d’un air narquois, imaginant avec amusement et un brin de sadisme, ses jolies lèvres pulpeuses autour de son membre. Mais la vampirette le tira vite de ses fantasmes en se relevant et lui cracher presqu’à la gueule qu’elle n’était pas l’une de ses putes. A ces mots, Pawel ricana de nouveau, bien sûr qu’elle ne risquait pas d’en être une, elle avait plutôt l’air coincée. Surtout pour sortir avec cette nouille de garçon chiffe-molle qu’il avait mordu et menacé le mois dernier. Finalement, lui lécher les bottes comme elle l’avait pensé au départ, aurait été davantage dans ses cordes.

La suite le fît beaucoup moins rire, une ombre passa sur son visage lorsque la blonde prononça ces quelques mots qui faisaient tiquer beaucoup d’hommes, à coup sûr, venant heurter leur masculinité toxique. Le polonais fronça donc les sourcils, ne pouvant s’empêcher d’émettre un léger grognement. Il savait pourtant qu’il n’avait pas à rougir de la taille de son service trois pièces, mais c’était plus fort que lui, il fallait qu’il se vexe.

« Petite… » siffla-t-il entre ses dents.

Les poings légèrement serrés, finalement il parvint à faire preuve de maîtrise, après tout il l’avait cherché, vu la manière dont il l’avait traitée. D’ailleurs, comment pouvait-elle le savoir ? Définitivement, c’en était risible de s’emporter pour ça. Pour une fois, Pawel ne s’énerva pas pour si peu, après un court instant, il avait retrouvé son sourire prétentieux.

« Tu dirais pas ça, si… Bref. T’es beaucoup trop coincée, de toute façon. »

Il haussa les épaules et prit un court moment pour regarder autour de lui les dégâts causés. Les tableaux fracassés, le corps d’un mafieux au sol dont le sang se répandait sur les dalles humides, sans compter les autres cadavres qui gisaient non loin de l’entrée du repaire. Après avoir fait le tour de la pièce du regard, le vampire se tourna de nouveau vers Hailey.

« J’te laisse te démerder à nettoyer tout ça. Après tout, c’était ton idée. »

Au moins, l’héritier Szlarski avait récupéré un flingue dans l’histoire, il n’était pas complètement perdant. Il devait reconnaître qu’il ne s’était pas ennuyé cette nuit-là, cette fille avait un certain sens de l’entertainment vampirique. Qui ne suffisait sûrement pas à effacer son attitude de petite pétasse arrogante, dommage.

« T’as qu’à foutre le feu et on en parle plus. Allez, tchao Gwendoline. »

A la vitesse d’un flou noir et bleu, Pawel disparut du repère, abandonnant là sa congénère. Dehors, il jeta un dernier regard carnassier aux corps qui se vidaient de leur sang, fier de ses agissements. Les premières lueurs du soleil apparaissaient lentement derrière les épais nuages d’hiver du ciel londonien. Ainsi, le vampire transplana non loin de son appartement à Barking, il espérait quand même qu’Hailey, aussi énervante était-elle, avait pu rentrer à temps.