AccueilAccueil  FAQFAQ  RechercherRechercher  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le deal à ne pas rater :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot 6 Boosters Mascarade ...
Voir le deal

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Lun 31 Oct 2022 - 12:12


Mercredi 13 Octobre 2016

Enchaîner une journée avec une autre, une plombe que j’avais pas fait ça. Transplanages, Portoloins, décalage horaire, j’avance dans le temps d’une vingtaine d’heures en me demandant comment je faisais avant. Quand tout ça c’était mon quotidien ou presque.
Mains dans les poches de mon bermuda je ressors du manoir d’Olivia et descends les marches du perron avec sur le visage un sourire fatigué mais serein. La tension est retombée, Asher est rentré en Alabama, j’ai pu avoir Eleanor au téléphone histoire qu’on discute de ce qu’il s’est passé et mes angoisses concernant Will se sont envolées au fil des heures. C’est pas un manque de confiance en lui, en eux, mais bel et bien en moi alors me retrouver ici, loin de tout ça, me fait du bien. Deux heures passées avec ma grand-mère et mon frère, à présent c’est la direction de la maison des parents que je prends. Avant ça, un passage au cimetière. Un truc que j’ai pas fait depuis un moment aussi et sans aller jusqu’à m’en vouloir je sens bien que ça me fait quelque chose d’y refoutre les pieds. Un besoin de leur raconter tout ce qui se passe dans ma vie sans attendre la moindre réponse d’une pierre tombale évidemment. Des questions, toujours, parce qu’ils diraient quoi s’ils étaient là ? J’peux juste l’imaginer, me faire une projection sans doute pas tout à fait exacte en faisant appel aux souvenirs que j’ai d’eux alors que je les percevais avec mes yeux d’enfant. D’adolescent. J’suis pas triste mais c’est bien la mélancolie qui vient me frapper quand je me fige face à la maison où j’ai grandi, vécu jusqu’à il n’y a pas si longtemps que ça. Je regarde les herbes sèches danser dans le vent et les plantes rampantes sinuer, s’accrocher, à la pierre ou au bois. J’écoute les oiseaux marins qui passent haut dans le ciel, le roulis de l’océan juste derrière moi. Je sens les embruns, la forêt de pins, l’odeur de Derek qui pose sa main sur mon épaule.

Putain que je l’aime cet endroit.

« J’ai transformé ta chambre en salle des trophées pour mes nombreuses victoires. »

Et si je roule des yeux c’est parce que je ne le crois pas une seconde, un sourire étire mes lèvres. Dans le fond il pourrait, j’vis plus là après tout mais je sais que cet endroit restera à ses yeux comme aux miens notre maison. Que toute les décisions le concernant seront prises à deux.

« Avec ta gueule en 4 par 3 sur le mur c’est ça ? »

Il me sort son sourire colgate, celui qui insinue que 4 par 3 c’est pas encore assez d’espace pour sa royale gueule. Ça en insupporterait certains parce que le premier degré est jamais bien loin quand il s’agit de son égo et de l’estime qu’il a de lui-même mais moi ça me fait rire. J’ai passé le cap où ça me donnait envie de lui foutre mon poing dans la gueule pour le faire redescendre, celui aussi où il me faisait trembler des genoux quand j’étais gamin.

« Tu dors là ce soir ? » Depuis combien de temps j’ai pas fait ça ? Je crois que je me suis laissé embarquer par le temps qui passe sans rien voir venir « Non là j’peux pas, j’bosse tout à l’heure. » D’un geste du poignet je regarde ma montre sans vraiment la voir. J’ai encore quelques heures devant moi « Mais je viendrai passer un weekend ici bientôt. » La famille, les potes, juste les lieux. J’en ai envie. Surfer du matin au soir, refaire le monde autour d’un feu de plage, déjeuner chez notre Grand-mère le dimanche midi et avec un peu de chance Eleanor sera là. Oui, j’ai envie de ça. Une sorte de retour aux sources qui m’appelle et me rend serein. C’est le chaos là dehors, si je trouve la paix dans ma nouvelle vie j’ai pas envie d’oublier celle-ci pour autant.

Et bordel que ça fait du bien de retrouver ce putain d’accent Australien.

Une fois à l’intérieur je me shoote des odeurs, de l’ambiance, du bois qui grince par endroit. Je passe dans la chambre des parents sans ressentir de poids sur le cœur, chope un verre que je rempli d’eau pour le descendre aussi sec avant de le rincer et le ranger dans la foulée. Mon regard passe sur chacune des photos accrochées au mur ou posées sur des meubles, ici rien n’a changé ou presque et même si ça ne fait pas une éternité que je suis parti, même si je suis repassé quelques fois, je ressens un truc particulier.
Ça craque sous mon pied, la 4ème marche, elle a toujours fait ça. Ça me tire un sourire alors que j’appuie dessus volontairement pour la faire grincer encore une fois sans écouter ce que grogne le frangin derrière moi. Direction l’étage, ma chambre dont je pousse la porte avec le regard de celui qui semble découvrir les lieux.

Des souvenirs dans cette pièce j’en ai des milliers, des bons comme des moins cool. Une partie de ma vie et de ma construction s’est jouée ici et c’est à ça que je pense en observant chaque recoin. J’ai embarqué certains trucs avec moi mais le reste n’a pas bougé depuis que je suis parti. Il flotte dans l’air une légère odeur de renfermé, j’ouvre les fenêtres et me pose quelques secondes sur le balcon pas trop surpris que Derek n’y passe pas pour aérer. Une fois de temps en temps peut être. Je laisse mes doigts glisser toute la longueur de mon bureau en repassant, m’affale sur mon lit et fixe le plafond une minute, peut être deux, les mains croisées derrière la tête. Sur mes lèvres flotte un sourire tranquille, dans ma tête résonne la voix de mes parents ou en tout cas le vague souvenir que je peux en avoir. Avec le temps on oublie, le cerveau n’imprime sans doute pas les timbres exacts j’en sais trop rien. Au début ça me faisait mal, avec le temps j’ai accepté cette fatalité. Je me dis aussi que même si j’ai vécu quelques années d’enfer cet endroit m’a sauvé la vie, a fait de moi celui que je suis. Sans ces bases-là, sans la préservation que les parents nous ont offert dans cette bulle, je n’aurai pas eu toutes les armes que j’ai pour tenir. Pour m’en sortir de cette façon, en tout cas. Ce qui fait battre mon cœur c’est la reconnaissance, l’amour inconditionnel pour eux comme pour ces 15 premières années de mon existence que je chérirai toujours.

Ils m’ont offert les fondations solides qui m’ont permis de tenir, ont passé le relais à ceux et celles que le hasard ou le destin a envoyé croiser mon chemin.

« Oh putain ! »

Ça, c’est la réaction de Mia quand elle m’a vu débarquer sur le spot où on avait l’habitude d’aller tous les trois avec Joff. J’ai étudié les coef avant de débarquer, l’heure aussi, dans ma tête j’ai tout calculé pour être à peu près certains de les surprendre sur place. Le haut de ma combi attachée par les bras autour de ma taille et un sweat sur le dos je me pointe comme une fleur avec ma planche sous le bras, le leash déjà accroché à la cheville. Les cheveux en vrac à cause du vent malgré la capuche, un sourire que je peine à retenir sur les lèvres. Impact dans trois … deux … un … Mon surf tombe lourdement sur le sable, je réceptionne la petite – pas si petit, en réalité – brune qui me saute dans les bras – littéralement. Ça me fait reculer de plusieurs pas tant elle y a mis de l’élan et les pieds dans le sable j’ai moins de prise pour garder l’équilibre mais je m’en fous, je la serre tout aussi fort en cherchant le regard de mon ami d’enfance qui nous regarde en souriant « J’ai failli passer prendre le thé chez ta grand-mère pour lui dire que t’es un pote en carton. » Je sais qu’elle plaisante mais je ne l’ai pas volé, je pensais repasser bien plus souvent et j’étais sincère « Ouais je sais, j’suis nul. » Pas vraiment. J’en sais rien. Ce truc avec les Lycans me pèse, plus que je ne le pense ou ne le montre, alors les moments de répits nécessaire je les ai cherchés entre les murs de cette maison où je prends mes marques depuis quelques mois maintenant. Auprès de l’homme que j’aime et ce foyer qu’on s’est construit à notre image. Puis le boulot, une trajectoire que je retrouve … Oui, le temps est passé incroyablement vite.

Yeux clos j’inspire son odeur, ses cheveux ondulés me chatouillent le nez, ma prise se raffermi avant de se défaire en douceur et que son corps glisse contre le mien jusqu’à ce que ses pieds retrouvent le sable. A peine une tête de moins que moi nos regards se captent et s’accrochent, ses paumes sur mes épaules elle secoue la tête. Amusée. Est-ce que j’ai changé ?
Mia se détache de moi et c’est Joff que je prends dans mes bras l’espace d’un instant. Une étreinte rapide, un truc un peu fraternel, malgré les années sans se voir il est sans doute la seule personne aujourd’hui dans ma vie que je connais depuis toujours. Si on fait abstraction de ma famille de sang, bien sûr « Content de t’voir. » Sa main se pose sur ma joue une seconde « Moi aussi. » Ami d’enfance, voilà comment on dit. Sans lui mes années à Arnhem n’auraient pas été une partie de plaisir « J’suis sûr que tu surfes comme un Californien maintenant. » Mon attention se détourne pour se poser à nouveau Mia, provocatrice, un sourire narquois sur le visage elle me toise « Me cherche pas Mia. » La vérité c’est que j’avais besoin de ça, ou envie j’en sais rien. Cette étincelle d’un truc que j’ai laissé devenir le passé sans avoir le temps de le réaliser. Ici, sur cette partie du globe qui sera toujours chez moi. Mes racines. Des souvenirs en pagaille, des premières fois, mes premières vagues « Bah vas-y, on va voir ça. » Un sourcil arqué je suis loin de me laisser impressionner. J’ai troqué un bout d’océan pour un autre, c’était pas pour rester les pieds vissés sur la terre ferme à longueur de journée. Un coup d’œil vers l’eau et mon cœur cogne plus fort encore, à croire que les éléments ont décidé de m’accueillir dans les meilleures conditions quand je vois la quasi perfection des sessions.

L’automatisme des gestes, l’évidence des silences qui passe par un regard, un sourire, c’est comme si je n’étais jamais parti. Paysage familier, odeurs qui le sont tout autant, sensations ancrés tant dans mon corps que mon esprit, les souvenirs explosent et deviennent instant présent. De rires en chutes, d’encouragements en moqueries, je me sens si purement dans mon élément quand ma planche décolle des vagues pour vriller dans les airs. Des heures hors du temps, hors du monde, à vivre comme si plus rien d’autre n’avait d’importance jusqu’à ce que la fatigue s’invite et fasse trembler l’épiderme sous le néoprène.

Cet exact instant est l’une de mes définitions du bonheur.

L'étoile filante ne s'installe pas, elle s'envole et disparait. On l'attend on l'espère pour un plaisir furtif, il faut saisir l'instant pas la seconde d'après. Les bonheurs les plus intenses sont souvent fugitifs.
Grand Corps Malade, Ben Mazué & Gaël Faye

Un dernier ride et je laisse ma planche glisser jusqu’à la plage, le souffle un peu court, le cœur qui ralenti tranquillement. Les doigts plissés par ce temps passé dans l’eau, le sel collé partout dans les cheveux, un bouquet d’algues pris en plein profil sans que je ne le vois venir et la course poursuite s’improvise en laissant des empreintes de pieds nus sur le sable humide. Ça résonne d’éclats de rire, je pourrais presque me sentir compartimenté en réalisant ces vies que j’ai un peu partout sur la planète qui n’en forme finalement qu’une seule. Un peu ici, un peu là-bas, un peu ailleurs. Le corps s’écroule de tout son long sur le sable chaud et le regard se perd sur les nuages, réflexe d’enfant je leur invente des formes plus ou moins visibles en dehors de mon imagination. Un alligator ou un chercheur d’or, une baleine ou un dragon. A Los Angeles le soleil se couche, ici c’est déjà le lendemain après-midi « J’reviens ! » Mia se relève comme une flèche et rejoint un autre petit groupe un peu plus loin. Elle a toujours été l’animal le plus sociale entre nous trois et quand je la regarde s’éloigner j’ai une pensée amusée pour Sovahnn. Depuis combien de temps je ne l’ai pas entrainé ici d’ailleurs ? Bien trop longtemps aussi « J’suis un peu c’qui se passe à Londres. » Mon regard retrouve celui de mon ami et compatriote, plus grave, le sourire s’affaisse sur le coin de mes lèvres. Je crois que je ne m’attendais pas à ce qu’on aborde le sujet et si Mia n’est pas au courant Joff le sait depuis que j’ai pu rentrer à la maison après des années passées au Royaume Unis après la mort des parents « Ça va ? » L’air qui entre dans mes poumons à ce moment-là semble le faire avec une lenteur extrême, les yeux rivés sur le sable. Je me redresse et ramène mes genoux vers mon torse, les entoure de mes bras jusqu’à attraper mon poignet gauche avec le droit pour trouver un équilibre dans ma posture. Ai-je seulement une réponse claire à cette question ? Je crois que ces derniers temps je prends les faits les uns après les autres en me détachant sans vraiment le réaliser. Les morts et les morsures continuent de pleuvoir, les nouveaux mordus sont paumés, arrachés à leur vie, ne survivent même pas pour la majorité. Ceux qui jusqu’ici vivaient relativement tranquillement sont obligés de se planquer, vivre dans l’angoisse permanente d’un sort qui les fait trembler. Et moi dans tout ça ? C’est vrai que je me sens détaché, presque comme si ce danger ne me concernait pas, toujours à m’inquiéter plus pour les autres que moi visiblement. Dans trois jours je vais devoir être présent pour Asher et tout ce que l’humain hurle en moi en dépit du loup c’est un besoin farouche de liberté. Un truc pas totalement assumé « C’est chaud. » Je sais pas. C’est tout ce que je trouve à dire dans un demi sourire et remercie presque Mia de revenir à ce moment-là parce que les choses s’enchainent en prenant une autre direction.

Je la regarde se laisser retomber sur le sable, les deux genoux en avant, son regard cherchant celui de notre pote avec un sourire qu’elle peine à retenir. Moi je me sens comme le mec à qui il manque un morceau de l’histoire, comme à un match de tennis mon regard passe de l’un à l’autre et recommence « Quoi ? » C’est quoi l’embrouille ? « On a un truc à te proposer. » Un sourcil arqué dans une expression de surprise je la dévisage, passe de nouveau à Joff « Jimmy a décidé de vendre son shop, il déménage sur la côte Ouest. » Le Surf Shak « Sérieux ? » Ils opinent tous les deux du menton « Merde. » Je crois que j’avais presque oublié cette partie de mon parcours et ça me revient d’une traite. Les heures à bosser là-bas y a quelques mois, à shapper, vendre ou donner des cours aux gamins, j’avais pas été aussi épanouie depuis un paquet de temps. Et je me rends compte que j’ai largué ça aussi « J’le rachète. » Cette fois ce sont les deux sourcils qui s’arquent, les yeux écarquillés un instant mais un sourire qui vient étirer le coin de mes lèvres à mesure que l’info grimpe jusqu’à mon cerveau et que je l’imprime vraiment « Mia va y bosser avec moi et on reprend les autres employés mais est-ce que ça te tente d’en être d’une manière ou d’une autre. » Ça me prend au cœur comme si une dose d’adrénaline y était injectée, un truc mêlé de reconnaissance et d’envie. Puis la raison, les questions. Est-ce que c’est pas faire un pas en arrière ? Est-ce que j’aurai le temps ? L’énergie ? Est-ce que c’est vraiment une bonne idée ? Dans quoi je m’engage, aussi, surtout. Ma vie elle est à l’autre bout de l’océan désormais, c’est là-bas que je construis, là-bas que j’ai choisi de donner mon temps. Est-ce que ça veut dire que garder un pied ici n’est pas une bonne chose pour autant ? C’est déjà le cas quoi qu’il arrive, par ma famille, mes souvenirs, un bout de moi-même qui appartiendra toujours à cet endroit. Surtout, je peux me le permettre grâce à la Magie alors … « Carrément. » Alors j'ai pas envie d'hésiter.
Et la réaction de Mia ne se fait pas attendre « Yes ! » Elle se jette sur moi pour me serrer dans ses bras et mon dos retombe sur le sable sous le poids de son attaque, tout ça sous les rires de Joff qui ne bouge pas « Rêve pas Ryans, on va pas t’laisser devenir un étranger. » J’le prends pas comme un reproche mais comme ce que c’est : Un moyen de m’aider à faire la part des choses, à comprendre que je peux être là-bas sans ne plus être ici. Ou ailleurs. Norvège, Écosse, des personnes plus que des lieux. Mia me libère et j’en profite pour enfiler mon sweat, déjà dans mon esprit l’envie d’en savoir plus « T’auras qu’à être notre riche actionnaire des Amériques. » Un rire bref m’échappe et l’évidence se dessine. Il ne s’agira pas que de ça, on le sait tous les trois. J’aurai besoin de plus, de concret, alors à moi de trouver le juste milieu pour apporter ce que je peux sans que ça soit un handicap pour eux ni une charge pour moi mais là tout de suite autre chose se profile « Hey on s’fait un burger chez Joe’s ? » Pas chez Denis, pas cette fois, mais encore une fois j’ai cette sensation de reconnecter avec quelque chose que j’ai laissé s’échapper. M’échapper. Alors une fois tous rincés et changés c’est la direction de Melbourne qu’on prendra parce que malgré le temps qui passe, l’heure qui tourne, je n’ai pas envie de quitter ça tout de suite.

Quelques heures plus tard la nuit s’invite et les étoiles brillent au-dessus de l’océan, perché en haut des dunes je regarde la lune et son éclat d’argent. Elle bat déjà dans mes veines, lance son appel, mes yeux se ferment et j’inspire.

J'me souviens de ce rendez-vous pris, la promesse d'une pause, d'un répit. Du repos pour mon esprit, comme une bulle au milieu du bruit. Au milieu de la furie.
[…]
Et là, au milieu du monde, pour que la vie réponde, on a pris le temps.

Grand Corps Malade, Ben Mazué & Gaël Faye

[/color]
Revenir en haut Aller en bas
Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
https://impero.superforum.fr/t6883-enzo-tant-que-je-ne-suis-pas-
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997
Hiboux postés. : 22457
Date d'inscription : 13/09/2009
Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr
Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Page 1 sur 1
Sauter vers: