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À découvert (Mai 2017)

 :: Autour du monde :: Grande Bretagne :: — Ecosse
Mer 16 Oct 2024 - 16:09
25 mai 2017 - 17h

The Fox & Hound - dont la devanture délabrée ne payait pas de mine - était niché un peu à l’écart de Merchant City, le quartier central de Glasgow. Après plusieurs journées éparses à déambuler dans la vieille ville, Léon avait fini par jeter son dévolu sur ce pub. Il dégageait quelque chose de subtilement mystérieux, avec son enseigne représentant un renard et un chien de chasse s’observant à la dérobée. Et puis, le va-et-vient des clients qu’il avait observé à plusieurs jours d’intervalle avait fini de le convaincre de pousser la porte en bois massif et de tenter sa chance. A l’intérieur, une odeur de tabac froid et de cuir usé l'accueillit aussitôt. La lumière était tamisée si bien que les visages comme les conversations donnaient l’impression d’être étouffés, au milieu des murs jaunis sur lesquels on ne comptait plus les vieilles photos racontant l’époque glorieuse de la contrebande. En traversant la salle pour rejoindre le comptoir, le plus jeune des Wargrave ne pu s’empêcher de noter les coins d’ombre, les alcôves où des discussions feutrées semblaient se tenir à voix basse, et ce coin du bar où un homme jouait aux dés avec un calme un peu trop calculé. C’était typiquement le genre d’endroit où l’on venait pour négocier autant que pour boire, où les secrets s'échangeaient entre deux verres de whisky et où les questions encombrantes n’étaient pas les bienvenus.

Exactement ce qu’il cherchait, en sommes.

« Eh bien, gamin, t’as l’air aussi perdu qu’un poussin dans un champ de mines, le salua celle que Léon identifia sans hésitation comme la patronne du bar.

La cinquantaine bien tassée, il se dégageait d’elle quelque chose de magnétique, entre ses cheveux poivre-et-sels assemblés en un chignon flou et ses tatouages de motard qui descendaient le long de ses bras comme des bracelets venus d’une autre époque. Son regard était perçant, quoi que doux. Néanmoins Léon eut immédiatement l’impression qu’elle le passait au scanner sans ménagement. Elle le prenait à coup sûr pour un chaton égaré, avec son visage un brin angélique et son corps sec et encore un poil trop maigre. Un étudiant paumé qu’il fallait réorienter.

- T'es sûr que t'as pas raté ton arrêt ? se moqua-t-elle d’une voix rendue rauque par des années de nuit blanche et de Whisky.
- Je cherche du boulot, répondit Léon en soutenant son regard avec une assurance calculée. Serveur, barman, plongeur si vous voulez, énuméra-t-il en ignorant royalement les rires dans la salle. J’ai pas encore décidé si j’allais être doué ou non, mais je suis sûr que ça se négocie.

Il avait besoin d’argent et d’occupation, pas forcément dans cet ordre précis. Et pour être tout à fait sincère, il vivait mal le fait de dépendre intégralement de Maxence. Sans parler du fait que Sova lui donnait le vertige à enchaîner les insomnies et les journées à travailler.

- Tiens donc, un philosophe, rigola la gérante en posant ses avants-bras sur le comptoir. Entre ses mains, une cigarette se consumait lentement. Il se peut effectivement que je cherche quelqu’un pour récurer les chiottes, rajouta-t-elle après l’avoir observé avec un peu plus d’intérêt. Sérieusement, tu as déjà servi quelque-part ?
- Jamais, avoua Léon, honnête et pas le moins du monde décontenancé par le fait de n’avoir aucune expérience. Persuadé, surtout, que le culot valait mieux que n’importe quelle ligne sur un curriculum vitae. Mais j’apprend vite et j’ai une excellente mémoire. Et puis si je renverse quelque chose, vous pouvez être certaine que je le ferais avec style.

Elle éclata d’un rire franc et grinçant. Léon lui décrocha un sourire satisfait.

- Un point pour la répartie, petit. Mais ça ne suffit pas pour bosser chez moi. Ce bar, tu sais, ce n’est pas seulement un endroit où on se saoule la gueule, lui souffla-t-elle sur le ton de la confidence. Tu vois où je veux en venir ?
- Un endroit où les affaires sont plus discrètes que légales et où l’on apprécie que l’on sache tenir sa langue aussi bien que son plateau, fit-il du tac au tac. J’ai bon ?
- T’as pas l’air con, c’est déjà ça, fit-elle en portant de nouveau la cigarette à ses lèvres, tirant dessus comme si sa vie en dépendait. Mais t’as aussi l’air d’être un petit con. Alors j’espère pour toi que tu as autre chose à offrir que ta belle gueule et ton joli petit cul.
- Si ce sont les seuls critères, je suis déjà surqualifié, déclara-t-il, provocateur depuis le berceau.

Il poussa le vice et écarta les bras de part et d’autre de lui, comme pour la laisser évaluer la marchandise. Elle leva les yeux au ciel, mais cette fois, son agacement n’était pas que sarcastique. Quelque chose dans sa manière de le regarder lui fit immédiatement penser qu'il lui rappelait quelqu'un. Un fils perdu, peut-être. Et puisqu’il avait toute son attention, il enfonça le clou.

-  Je sais suturer, aussi. Arrêter des hémorragies et remettre des os en place, c’est aussi dans mes cordes.
- C’est un bar, mon biquet. Qu’est-ce que je pourrai en avoir à foutre que tu te la joues Docteur Mamour ? rétorqua-t-elle, un chouïa trop vite pour que Léon soit convaincu d’avoir fait mouche.

Il se décida à doubler la mise.

- J’disais ça comme ça, éluda-t-il en roulant des épaules vers le haut. Un vrai ange, prêt à être peint dans la chapelle Sixtine. C’est pas mes oignons, de toute façon. Moi, tant qu’on me paie… je ne pose pas de questions.

Elle garda le silence quelques secondes, un sourire mi-satisfait mi-mélancolique sur les lèvres. L’instant d’après, elle tirait un tablier de sous le comptoir et le lui balancer vers le visage.

- Sers-moi donc un Negroni, que je vois si tu peux me servir à quelque-chose.

30 mai - 22h45

- Alors, Thomas, quel coktail conseillerais-tu pour quelqu’un qui cherche l’aventure ? demanda une blonde aux lèvres acidulées qui jouait ostensiblement avec sa paille depuis qu’elle s’était assise à la table.

Léon haussa un sourcils pensif, alors que son amie - une rousse certifiée origine purement irlandaise, lui décrochait un sourire aussi flamboyant que ne l’était sa chevelure. Elle tira un peu plus sur son décolleté en se penchant vers l’avant, lascive. Léon pouvait presque sentir le regard moqueur de Roxie, la gérante, lui caresser la nuque. Mais comme elle lui avait fait remarquer, le joli petit cul entrait dans le packaging. Tout comme de laisser les jolies femmes entrer dans le bar, même si elles n’avaient rien à voir avec les transactions locales.  Question d’exotisme, puis de couverture. Et il fallait bien que l’argent entre dans les caisses. Il laissa donc planer un silence théâtrale, avant de répondre, sans manquer rougir ce qu’il fallait que la peau découverte.

- Je propose un ‘French 75´. Fort, piquant et un peu explosif, déclara-t-il a l’intention de la jolie Blonde. Mais il faut se méfier de son côté traître. Il a une fâcheuse tendance à faire regretter les décisions  de fin de soirée.
- Et pour moi ? fit la rousse, bien décidée à ne pas se faire distancer.
- Un Kiss of Death, repondit-il du tac au tac. Plus corsé et droit au but. Un peu comme toi, plaisanta-t-il alors qu’elle rougissait jusqu’à la pointe des oreilles.

Demi-tour, direction le bar pour donner la commande à une Roxie dont la seule manière de le regarder suffit à lui faire comprendre qu’elle était satisfaite du petit numéro. Il leva les yeux au ciel pour la forme, avant de balayer le bar du regard pour vérifier les nouvelles tables occupées, et celles qui nécessitaient qu’il booste la consommation. Son regard fini par tomber sur une silhouette légèrement en retrait, qui lui fit plisser les yeux et le ramena des mois en arrière en une fraction de seconde.

- J’allais t’en parler, fit Roxie en déposant les cocktails des filles sur son plateau. C’pas parce que j’ai accepté de reccueillir un poussin - geste du menton entendu dans sa direction - et les poulettes qui allaient avec - autre geste vers la table et le jeu très peu subtile que la blonde continuait avec sa paille - que je me suis soudain trouver une vocation pour l’intégralité de la basse court. On dirait un canari tombé du nid. Si c’est un ami à toi, dévergonde-le un minimum pour qu’il soit rentable.
- C’est peut-être mon mec ? contre carra Leon, sérieux comme un pape, en se penchant par dessus le comptoir pour saisir une bouteille et un verre.  

Elle se figea, désarçonnée par la possibilité. Avant de partir d’un rire-franc et de le congédier d’un geste vague de la main. Depuis les quelques jours qu’il travaillait la, elle s’était mise en tête d’en apprendre plus sur lui et n’avait récolté qu’une suite de suppositions absurdes, tant et si bien que Leon se prenait un plaisir à lui tendre des perches à chaque occasion. Après avoir continuer à flirter avec les deux étudiantes, il se décida à filer vers Loan et, sachant que Roxie suivrait l’échange du regard, poussa le vice en surgissant dans le dos du jeune homme. Et parce qu’il n’aimait pas les dettes non soldées et que Monsieur-Puissance-Superieure lui offrait providentiellement le droit d’y remédier :

- Tiens, cadeau de la maison, fit Léon en déposant un verre de Whisky sur la table en bois vernis. Considère qu’on est quitte, pour les frittes et les nuggets de la dernière fois. Et puis, captant le regard appuyé de patronne, il fit glisser le verre dans la direction de Loan d’une pichenette parfaitement dosée. On ne commande pas de bière dans un endroit comme celui-ci, à moins de vouloir attirer l’attention. Alors bois ça, avant que quelqu’un ici ne pense que tu as besoin d’une baby-sitter, rajouta-t-il d’un ton piquant et mordant.
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Léon Wargrave
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Léon Wargrave
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Léon Wargrave
Dim 20 Oct 2024 - 19:36
Mardi 30 mai 2017

Ils devaient rentrer le lendemain matin de façon à pouvoir être en cours le jeudi matin frais comme des gardons. Avec sa bande de d’amis, ils étaient venus quelques jours en Ecosse pour changer d’air et réviser loin du tumulte de Londres. Les trublions -gentils- qu’ils étaient, avaient donc débarqué dans la maison de vacances de l’un d’eux. Le week-end allongé avait été aussi riche en conneries qu’en révisions et s’ils s’étaient gardés le mardi de « repos » afin de mieux visiter le coin et de faire un peu de randonnée… Vraiment un peu, disons qu’ils n’étaient pas le groupe le plus sportif et aussi étonnant que cela puisse paraitre, c’était au final lui qui avait la meilleure condition physique – merci la lycanthropie, mais pas que ! -. Il avait presque eu l’impression de faire une promenade de santé, tandis que ses amis étaient devenus plus des êtres suants toute leur eau. Ils s’étaient à un moment donné perdus dans un grand espace de verdure : impossible de retrouver la voiture avec laquelle ils étaient venus et leurs portables ne captaient pas bien en plus. Une galère sans nom mais qu’ils prenaient tous avec philosophie, c’était plutôt comique, et ils étaient si peu doués pour retrouver leur chemin qu’ils en rigolaient. Ils avaient fini par s’en dépêtrer et avaient pu retourner au bercail pour manger un bout.

Et le voilà à bientôt 23H, tout seul devant un bar à l’allure un peu étrange. Il n’était pas certain que ce soit l’endroit le mieux famé du coin – bien au contraire-, mais il était aussi curieux. Ce n’est pas forcément le genre de lieu qu’il aurait testé à Londres… On a qu’une vie ! Ses amis lui avaient dit qu’ils le rejoindraient peut-être un peu plus tard mais pour l’instant ils avaient voulu essayer d’aller en boite un peu plus loin, chose que Loan avait refusé. Beaucoup trop de bruit pour lui, il ne se sentait pas de supporter la foule, la musique à fond… Et à vrai dire un peu de calme – tout relatif vu où il allait- ne ferait pas de mal à ses oreilles. Il n’était d’ailleurs ni blessé ni frustré que personne n’ait choisi de l’accompagné et il comprenait tout à fait ses camarades, il n’aurait de toute manière pas accepté que quelqu’un se « sacrifie » en quelque sorte pour un choix qu’il avait fait. Il aimait aussi cette solitude, pouvoir rencontrer de nouvelles personnes, ce qui ne se faisait pas lorsqu’il était en groupe.

Il était finalement entré en formulant un petit bonsoir. Une pure politesse dont tout le monde semblait se foutre. Il se cala dans un coin libre et observa un peu le lieu, se concentrant surtout sur l’ambiance et absolument pas sur les personnes déjà présentes, il se demandait s’il allait devoir commander directement au bar ou pas. Généralement c’était le cas, mais ce n’était pas forcément quelque chose d’automatique. Il observait donc ce qui était proposé comme boisson, réfléchissant à ce qui lui ferait le plus plaisir. Une bière, certainement serait pas mal pour commencer, histoire de ne pas être trop torché si jamais ses potes venaient le rejoindre. Il s’était donc levé pour aller commander auprès d’une femme ladite bière et une fois cette dernière en main, il retourna s’asseoir sagement à sa table, un peu pensif.

Son oreille ne tarda pas à intercepter une conversation des gens qui tenaient le bar. Il était normalement un peu trop loin pour pouvoir entendre et n’osa pas tourner la tête vers eux. Oui, il savait qu’il avait une tête de pioupiou, de jeunot et qu’il faisait beaucoup plus jeune que son âge, d’ailleurs, il avait déjà pris dans sa main sa carte d’identité pour lui prouver qu’il était bien majeur. Il eut un vague froncement de sourcil amusé lorsque le …. Serveur ( ?), le barman ( ?) dit qu’il étai peut-être son copain. Tiens, c’était pas mal ça ! Il eut de nouveau envie de tourner la tête un peu plus vers eux mais s’en empêcha et plongea son nez dans son téléphone pour vérifier qu’il n’avait pas de nouveau message… et se remit à son jeu de sudoku, toujours sur téléphone.
Des pas avaient bientôt résonné, et il leva la tête par instinct mais aussi, par ce qu’il lui semblait qu’il y avait une odeur qu’il reconnaissait ainsi que celle d’un Loup : Enzo. Cette fois, il était vraiment perturbé, et se demandait qui pouvait bien être ce type qu’il n’eut le loisir de voir réellement que quelques secondes avant que l’autre garçon reprenne la parole  et lui donna assez d’indices pour qu’il comprenne à qui il avait à faire -mais qu’est-ce qu’Enzo venait foutre ici ?-. Alors il resta là, dans un premier temps, assez bouche bée par la transformation, mais c’était vraiment cool pour … Jeremy ? Thomas ? Il lui semblait qu’il s’était présenté comme Jeremy mais là, il avait entendu un Thomas. Il était un peu confus mais après tout l’autre garçon avait pu lui mentir sur son identité. Il ouvrit la bouche, la referma avant de dire un truc stupide. Il inspira un bon coup et se lança, lui dédiant un sourire chaleureux.

« Merci beaucoup …. Jeremy, c’est ça ? » il avait failli rajouter qu’il n’avait pas ça pour avoir un retour, mais il se dit que finalement ce n’était peut-être pas le moment de dire quelque chose comme ça. C’était le geste du garçon qui comptait, le reste au final…. « T’es certain que tu ne vas pas t’attirer d’ennuis ?» Léger sourire aux lèvres, clairement, il ne voulait pas que Jeremy/Thomas se fasse engueuler pour une histoire de verre gratuit. C’était sincère, sans aucune arrière-pensée ou autres. « Et c’est quoi exactement ce que tu me sers-là ?» demanda-t-il alors que l'odeur lui indiquait ce que c'était, avant de prendre un sourire taquin « En parlant de baby-sitter, tu es certain que tu ne veux pas vérifier ma carte d’identité ? » L’autodérision c’était bien. Le ton était bien sûr pour plaisanter et il ne le prendrait pas mal si jamais son interlocuteur lui demandait finalement, soit par acquis de conscience soit juste pour le chercher et le taquiner un peu. « Bon alors, la baby-sitter, tu finis à quelle heure ?» il planta son regard dans celui de Léon et rajouta « J’espère que c’est bientôt, ça serait quand même dommage de faire trop attendre ton mec… que tu dois dévergonder, si j’ai bien entendu.» Regard brillant de taquiner, il lui tardait de voir la réaction du garçon à ce sujet-là, et ça l’amusait franchement beaucoup. «Ouais, il parait que j’entends un peu plus que la moyenne, et niveau discrétion y’a eu mieux.  Ou alors peut-être que je sais lire sur les lèvres ...» Nouveau sourire toujours très amusé, taquin, il espérait que ça serait l’occasion de repartir du bon pied avec lui. Il essaya d’oublier la faible odeur d’Enzo qu’il percevait sur lui. Est-ce qui ce type était un sorcier ? En tout cas, il ne l’avait jamais vu à Poudlard lorsqu’il y avait été. Peut-être quelqu’un de Salem ? ou un moldu qui avait juste croisé Ryans, il n’était pas certain de bien savoir à quel point son odorat était efficace.

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Loan Hoover
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Loan Hoover
Mar 22 Oct 2024 - 16:18
- Merci beaucoup …. Jeremy, c’est ça ? rétorqua-t-il.

Quelques mots seulement pour le renvoyer dans la rue et à peine une fraction de seconde de plus pour qu’il n’ait envie de lui écraser le nez sur la table d'avoir prononcé son ancienne identité. L’espace d’une seconde, Léon visualisa le craquement satisfaisant que ferait le cartilage, mais Roxie lui avait demandé d’être vendeur, et à moins de commencer une promotion sur les fractures ouvertes, il décida de s’abstenir. A la place, il lui décrocha un sourire vingt-quatre carats à afficher en vitrine, avant de tapoter le badge épinglé à son tee-shirt. Thomas, donc, au cas où il se soit perdu entre deux syllabes.

- T’es certain que tu ne vas pas t’attirer d’ennuis ? lui demanda Loan en avisant le verre comme s’il s’était agi du produit le plus cher du pub. Et c’est quoi exactement ce que tu me sers-là ?
- Et bien à la couleur ambrée caractéristique et à l’odeur encore plus évidente, je dirai… fit traîner Léon en s’offrant une pause théâtrale comme un acteur sur le point de révéler un secret crucial, ... Whisky  ? suggéra-t-il en plissant les yeux avec une moue espiègle, comme s’il venait de résoudre une énigme particulièrement complexe. Puis, comme s'il faisait une faveur, il lui menti avec aplomb : Hors de prix, cela dit.

Derrière Loan, la cliente continuait à lui lancer des œillades de moins en moins dissimulées et de plus en plus suggestives. Comme si à mesure que les heures défilaient, elle se débarrassait de sa subtilité à défaut de ses fringues. Léon ne s’en plaignait pas. Après tout, bosser au Fox & Hound offrait son lot de gratifications. Entre deux verres servis, il n’était plus l’ombre écorchée du petit frère de Maxence, fuyant son passé. Non, ici, il était un jeune homme de vingt-et-un ans, avec le droit d’être charmé, dragué, et même désiré. Et quelque part, ça faisait du bien. Alors, il passa une main derrière sa nuque, faussement gêné par les avances de la jeune femme.

- En parlant de baby-sitter, tu es certain que tu ne veux pas vérifier ma carte d’identité ?   relança alors Loan, le ramenant brutalement dans la conversation.
- Pourquoi ton âge m'intéresserait, au juste ? répondit-il du tac au tac, surpris. Le problème ici, c’est pas vraiment d’ entrer,ajouta-t-il en s’adossant à la table, laissant planer le mystère comme un magicien avant le grand tour. C’est plutôt d’en sortir.

C’était à moitié-vrai. Quelques soirées à travailler dans le pub lui avait suffit pour en deviner les grosses lignes. Il s’agissait d’une affaire en iceberg où l’on soignait la pointe pour en dissimuler les soubassements, tout en s’assurant de ne pas trop faire de vagues pour rester indétectables. En d’autres termes, les frères O’Connors qui s’occupaient de gérer les entrées, ne filtraient pas vraiment la clientèle. Tout était question de dosage - et pas uniquement pour ce qui était de mettre assez de glaçons pour être rentables : seule une très petite partie des occupants du pub trempait dans les divers trafics locaux. Pour le reste, Roxie tenait à ce que la salle soit suffisamment remplie de banalités pour que les regards curieux ne soient pas trop attirés par ce qui se tramait dans les alcôves ou dans la petite salle qui jouxtait les cuisines. Alors, certains soirs comme celui-ci, le pub se trouvait assiégé par quelques étudiants désireux de fuir les adresses trop bondées de Glasgow. Cette couverture, servie sur un plateau de sourires juvéniles, était la bienvenue. Pour le reste, Léon n’était pas dupe, mais tant qu’il restait sous le radar, il s’en fichait.

- Bon alors, la baby-sitter, tu finis à quelle heure ? renchérit Loan alors que Léon s’apprêtait à tourner les talons avec le sentiment des dettes remboursées en bandoulière. J’espère que c’est bientôt, ça serait quand même dommage de faire trop attendre ton mec…que tu dois dévergonder, si j’ai bien entendu, le parodia-t-il, pour la plus grande surprise d’un Léon qui dû faire un effort pour conserver une façade d’urbanité.

Il venait de frôler l’embolie, en silence. Entendu ? Impossible. Roxie avait murmuré ça à des mètres de là, dans un brouhaha général digne d’un bar en pleine effervescence. Loan avait soit des capacités auditives qui rivalisaient avec celles de Superman, soit il y avait autre chose.

- Ah ouais, t’as entendu ça, toi ? répéta Léon pour meubler, le temps de jauger la situation.
- Ouais, il paraît que j’entends un peu plus que la moyenne, explicita Loan alors que Léon fronçait les sourcils.

Curieusement définition de la moyenne, même pour de prétendues oreilles bioniques. Dans un établissement comme celui-ci, Léon estimait à la louche le niveau sonore à quatre-vingt cinq décibels. En prenant en compte les presque dix-mètres séparant Loan de la caisse derrière laquelle Roxie se trouvait, Loan avait à peu près autant de chance de réussir à entendre la conversation que Donald Trump n'en avait de se faire inviter à boire le thé chez des immigrés Mexicain.

Et encore, ils avaient le sens de l’humour de l’autre côté de Rio Grande.

Ce qui n’était pas le cas de Léon, qu’un surplus de coïncidence saupoudrée d’incohérence suffisait à rendre méfiant avec autant de certitude qu’une balle de M16 rendait à coup sûr nerveux. Une année à se faire traquer dans les rues de Londres, cela ne s’oubliait pas comme ça.

- …et niveau discrétion y’a eu mieux … surenchérit Loan, comme pour enfoncer un peu plus le clou.

Plus discret qu’une conversation à peine murmurée avec Roxie ?  Léon pencha la tête sur le côté, dubitatif, alors que Loan persistait avec ce qu’il fallait de provocation pour que Léon ne songe à réévaluer le geste commercial avorté un peu plus tôt. Et de solder un ou deux doigts  brisés également, histoire de se montrer commerçant jusqu’au bout.

- … Ou alors peut-être que je sais lire sur les lèvres …
- Ou alors,  peut-être que tu mens, proposa Léon sur le même ton. Peut-être que t’es une sorte d’hybride surnaturel doté de sens hyper développés ? fit-il d’un ton hypothétique sans le lâcher du regard. C’est soit magique, - insista-t-il lourdement sur l'accusation, le cœur à mille à l’heure d’imaginer avoir été retrouvé par ces enfoirés de sorciers - soit clairement intéressé, théorisa méticuleusement Léon, que la nervosité rendait toujours calme et calculateur.   Parce que pour lire sur mes lèvres, encore faut-il les regarder à quoi… neuf mètres, je dirais, à vue de nez ? évalua-t-il en entamant un aller-retour visuel entre Loan et le comptoir, avant de retrouver son regard et d’y rester.

Et de se pencher lentement vers lui, poussant le vice jusqu’à ce que ses lèvres ne frôlent son oreille.

- Alors, Loan, dis-moi murmura-t-il dans un mélange parfaitement calculé de provocation et d’assurance, je te plais ?

Parce que si c’est pas le cas, c’est que j’ai une bonne raison de te casser la gueule.

( :numberone: )
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Léon Wargrave
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Léon Wargrave
Jeu 24 Oct 2024 - 19:02
Thomas. Visiblement si on pouvait en croire le badge qu’il portait et qu’il faut bien avouer, Loan n’avait pas vu avant. Des fois, on pouvait choisir comment s’appeler ou c’était imposé par les patrons. Cette simple info lui fit se poser plein de questions, mais au final cela n’avait aucune importance. S’il voulait que ce soit Thomas, ça serait Thomas. Peut-être que c’était son vrai prénom d’ailleurs… ou pas. Légèrement mal à l’aise, il se passa une main dans les cheveux avant de souffler un petit

« D’solé Thomas, j’avais pas fait attention à ton badge»

En même temps comment est-ce qu’il pouvait deviner qu’il ne devait pas l’appeler Jeremy alors qu’il ne le connaissait que sous cette identité ? Il aurait mieux fait de le nommer comme il avait entendu la gérante le dire… mais quelque part, c’était sa manière de lui montrer qu’il se rappelait de son prénom. Il avait déjà vu des gens faire la gueule par ce qu’il avait zappé comment ils se nommaient alors qu’ils s’étaient vus rapidement une fois des mois auparavant… alors là, il avait tout simplement était plutôt content de s’en souvenir de ne pas commettre de boulette. Raté. C’était visiblement un don chez lui lorsqu’il se trouvait face à ce garçon. Loan avait néanmoins continué à parler pour continuer la discussion et surtout pour s’assurer que ce verre n’allait pas attirer d’ennuis à son interlocuteur.

Et bien à la couleur ambrée caractéristique et à l’odeur encore plus évidente, je dirai … Whisky  ? Loan pencha légèrement la tête sur le côté tandis que l’autre rajoutait  Hors de prix, cela dit. Est-ce que cette idée le gênait un peu ? Possible. Mais il se demandait surtout s’il n’était pas en train de lui mentir. Mais ça, il ne le saurait sûrement jamais. Peut-être au goût, mais il n’était pas assez expert pour bien identifier la chose. Il le remercia donc une nouvelle fois, en prit une première gorgée avant de le tendre à l’autre garçon « T’en veux ?» léger sourire sur les lèvres. « C’est toujours mieux de boire à deux.» dixit le mec qui était venu seul ici et pourtant, il était sincère. C’était toujours plus agréable d’être dans ce genre de lieu à plusieurs que seul. Et il avait bientôt continué en tentant de plaisanter sur son âge et le fait qu’il avait vraiment une gueule de gamin. Pourquoi ton âge m'intéresserait, au juste ? Le problème ici, c’est pas vraiment d’ entrer, C’est plutôt d’en sortir. Il eut un doux rire « Par ce qu’on me la demande souvent, visiblement j’fais pas trop majeur. C’est presque devenu un running gag.» il se tut quelques instants et, coude sur la table, main placée sous son menton «Difficile d’en sortir ? Intéressant. Est-ce un défi que tu me lances  ou est-ce que tu comptes me séquestrer ? » toujours sourire aux lèvre, pour l’instant, il s’amusait quand même beaucoup et appréciait sincèrement la tournure des choses.

Et puis en voulant trop plaisanter, il ne s’étai pas vraiment rendu compte de ce qu’il disait ; ou plutôt il ne s’était pas rendu compte que la conversation avait vraiment été dite à voix basse. Pour lui, ils ne s’étaient pas non plus cachés, mais il n’y avait qu’avec une bonne ouïe qu’il aurait pu entendre quelque chose. Sinon il n’aurait jamais dit cela et n’en aurait absolument pas rajouté avec une nouvelle connerie qu’il trouvait juste drôle. Il sentit bien que le silence qui s’en était suivit n’était pas des plus normal, mais il ne réalisait pas encore sa bévue. Très court silence, mais il avait l’impression que quelque chose s’était un peu transformé dans l’atmosphère. Peut-être l’odeur qui émanait de Léon, mais il ne comprenait pas trop ce que cela signifiait avec certitude.

- Ou alors,  peut-être que tu mens. Peut-être que t’es une sorte d’hybride surnaturel doté de sens hyper développés ? C’est soit magique. Merde. Merde. Merde. Bon, rien de si grave vu qu’il y avait l’odeur d’Enzo sur lui, mais il ne savait pas ce que ça signifiait non plus. Et si quelqu’un avait blessé l’autre lycan ? Sui c’était un Supérieur  ou quelqu’un de Ministère.? Peu de chance vu les deux rencontres plus que fortuites… mais quand même. Il garda malgré tout un léger sourire avant de secouer la tête. - soit clairement intéressé, .   Parce que pour lire sur mes lèvres, encore faut-il les regarder à quoi… neuf mètres, je dirais, à vue de nez ? On appelle ça chier dans la colle, mais il se rendait à présent compte que oui, un humain normal n’aurait certainement rien pu entendre. Il sentait son cœur battre rapidement, mais heureusement, il avait quelques idées sur quoi répondre. Il n’eut cependant pas l’occasion d’ouvrir la bouche que Thomas s’était rapproché de lui  Alors, Loan, dis-moi. je te plais ? Okay ? Celle-là, il ne s’y était pas attendu mais il planta à son tour son regard dans celui de Léon et déclara « Pourquoi est-ce que tu ne me plairais pas ? T’es franchement charmant et j’aime ton répondant.» Certains en faisaient trop ou pas assez, mais il est vrai que le garçon face à lui, le provoquait, le taquinait sur des bases qu’il appréciait. « Mais j’suis pas certain que la réciproque soit vraie, qu’en dis-tu ?» Toujours un sourire léger, plus amusé qu’autre chose. Il n’allait pas mal le prendre si la réponse était non. Le souci c’est que maintenant il allait devoir répondre au reste et il espérait ne pas s’embourber encore plus. Il préférait garder « l’atout » Enzo dans sa manche pour l’instant, ne voulant pas risquer de mettre l’autre lycan en porte à faux. « Quel hybride penses-tu que je suis du coup ? On s’est vus deux fois de suite plus le soir,  donc ça serait possible que ce soit un vampire, mais promis je ne brille pas au soleil. Un lycan, pourquoi pas aussi, ça pourrait se valoir, mais sont généralement tous de grands baraqués non ? J’suis quand même un modèle réduit. Un fae… Intéressante supposition aussi. Un simple mutant, ça serait intéressant. Je kifferai ça, mais j’crois que quelque part je serai déçu d’mon pouvoir.  » Silence. Plantant toujours son regard dans celui de l’autre garçon, avant d’ajouter d’un ton qui se voulait pince sans rire, mais son regard toujours amusé en disait long. « Bien vu pour lire sur les lèvres. Je t’aurais bien dit que j’avais une super vision aussi… mais j’aurais vu ton badge, du coup c’pas super cohérent.» il soupira et haussa un peu les épaules avant de continuer « Sérieusement, j’entends juste plus que la normale et c’est super chiant. Mes potes sont en boite de nuit mais ça aurait été trop bruyant pour moi-là. J’le sentais pas.» Silence de quelques secondes « Et je crois que tu n’as pas répondu à ma question tu finis à quelle heure ? J’peux t’inviter à boire un verre si c’est dans pas trop longtemps ? » Il espérait que son improvisation n’était pas trop mauvaise. Il était mal à l’aise  de cette situation pour ne pas dire qu’il en avait peur, mais d’avoir senti l’odeur de Ryans était quand même un peu un baume apaisant.
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Mar 29 Oct 2024 - 17:02
- Pourquoi est-ce que tu ne me plairais pas ? T’es franchement charmant et j’aime ton répondant, rétorqua Loan du tac au tac, finalement plus joueur que Léon ne l’aurait cru.

Ou meilleure menteur que ne le laissait suggérer son apparente innocence. Léon, lui, garda son visage de marbre, un sourire en coin figé, masquant tout signe de l’inquiétude qui commençait à percer sous sa cuirasse. Loan pouvait bien jouer les ingénus, ça ne changeait rien à la désagréable impression qu’il avait là, sous ses yeux, un danger recouvert d’une couche de vernis. Et à choisir, Léon préférait encore un piège franc qu’un de ces sourires enjôleurs. Il récupéra pourtant le verre tendu comme une invitation. Bien déterminé à ne rien lâcher de ses suspicions jusqu'à avoir percé ce mystère à jour. Charmant, vraiment ?

-  Mais j’suis pas certain que la réciproque soit vraie, qu’en dis-tu ? reprit Loan avec un sourire taquin pendant que Léon avalait une gorgée du liquide, déglutissant l’amertume du Whisky en même temps que celle de ses questions sans réponses.
- Si je n’étais pas convaincu que tu me caches quelque chose, qui sait ? fit-il en resserrant ses doigts autour du verre offert par Loan, qu’il gardait entre ses mains, dans une attitude presque possessive. Une façon, surtout, de conserver le contrôle, alors qu’une sensation déplaisante le glaçait peu à peu. Mais, pour l’instant, mettons que tu restes en liste d’attente, décida-t-il en faisant onduler l’alcool d’un geste lent du poignet.

Il laissa ses mots flotter entre eux avec un sourire faussement déçu, comme une promesse en suspens, l’ombre d’un doute incrustée dans son regard. Une façon détournée de camoufler sa réelle inquiétude, taillée à coup de suppositions et de certitudes dont il n’arrivait pas à se défaire. Léon avait appris à faire confiance en cet instinct. En ça, et en la physique. Doublée d'une solide connaissance sur le corps humain et ses apptitudes. Autrement dit : Loan n'aurait jamais dû entendre sa conversation avec Roxie. Et de cette évidence toute catégorique, Léon n'en démordrait pas. Comme si Monsieur-Puissance-Supérieure, dans sa grande mansuétude, avait décidé de rééquilibrer un peu ses chances de survie.

-  Quel hybride penses-tu que je suis du coup ? poursuivit Loan, heureux comme un poisson dans l’eau de le voir pateauger,  alors que Léon finissait par s’asseoir tout à fait sur la table d'un mouvement faussement nonchalant, les jambes dans le vide.

Et le cœur au bord de l’infarctus. Il croisa pourtant calmement les bras, tout à sa réflexion intérieure. Lui jeter en face une allusion directe au monde magique aurait été trop facile, et l’idée même d’entrer dans ce jeu-là lui faisait grincer des dents. Depuis que ses parents avaient été réduits en cendres, il n’avait plus de place pour l’approximation et encore moins pour les devinettes, aussi séduisantes soient-elles.

Alors, qui était-il ? Un idiot trop facile à draguer, ou bien un petit con qui détenait toutes les cartes et se payait sa tronche ? Pour le moment, il y avait plus de questions que de réponses - ce qui, en toute logique, lui fournissait bien plus de raisons de lui en coller une que d’accepter un tête à tête.

-  On s’est vus deux fois de suite plus le soir,  donc ça serait possible que ce soit un vampire, mais promis je ne brille pas au soleil, enchaîna-t-il sous le regard fixe et calculateur de Léon. Un lycan, pourquoi pas aussi, ça pourrait se valoir, mais sont généralement tous de grands baraqués non ? J’suis quand même un modèle réduit.
- Ce qui ne t'empêche pas de fanfaronner, fit remarquer Léon, l'air de rien.

Ce type semblait beaucoup s’amuser. Trop, en fait. Et si, pour tout dire, l’idée de voir Loan scintiller sous les rayons du soleil comme un bibelot de mauvais goût avait arraché un sourire à Léon, la plaisanterie ne toucha qu’à moitié cible pour autant. Avec cette petite mise en scène, Loan se pensait apparemment au centre de l’attention, comme s’il dirigeait la conversation d'une main de maître. Mais si ce garçon se croyait capable de faire danser Léon au bout d’une corde, il se mettait le doigt dans l'œil jusqu’au coude.

- Un fae… Intéressante supposition aussi. Un simple mutant, ça serait intéressant. Je kifferai ça, mais j’crois que quelque part je serai déçu d’mon pouvoir,   enchaîna-t-il avec une impertinence flagrante.  

Un gène mutant programmé pour être le prince des casse-couille, en voilà une belle idée, songea Léon en lui fournissant pourtant un sourire amusé pendant qu’il posait le verre à côté de sa cuisse.

- Bien vu pour lire sur les lèvres. Je t’aurais bien dit que j’avais une super vision aussi… mais j’aurais vu ton badge, du coup c’pas super cohérent.
- Oh, s’il n’y avait que ça d’incohérent… articula enfin Léon alors que son sourire s’agrandissait de quelques millimètres, dans une expression qui s’étirait vers la pure ironie.

Mais dans sa tête, il repassait chaque détail : Loan, le bon samaritain un peu trop souvent là où il ne devrait pas, dans des situations où un hasard semblait improbable. Ca ne prenait pas.

- Sérieusement, j’entends juste plus que la normale et c’est super chiant. Mes potes sont en boite de nuit mais ça aurait été trop bruyant pour moi-là. J’le sentais pas.

Un flash d’Enzo, piégé sous les lumières kaléidoscopiques de la rave-party du Clair de Lune, traversa l’esprit de Léon, ajoutant un poids supplémentaire à cette curieuse impression de déjà-vu. Suffisamment pour le tendre imperceptiblement, mais pas assez pour dissiper ses doutes. Sa mère aurait été désespérée de voir comme il manquait de bon sens face au danger… et pourtant, la rue lui avait appris qu’il valait mieux ne pas tourner le dos à ses agresseurs. Les potentiels comme ceux qui le menaçaient clairement.

Pas question d’ignorer Loan, donc. Jamais deux sans trois, après tout, et s’il le suivait, alors il était temps de mettre fin à ce petit jeu du chat et de la souris.
Surtout s'il ne tenait pas le jeu du chat lui-même.

- Et je crois que tu n’as pas répondu à ma question, tu finis à quelle heure ? J’peux t’inviter à boire un verre si c’est dans pas trop longtemps ?   renchérit Loan.

Fae de la drague de quartier, ouai. Tu parles d’un être mystique.

- C’est le moment où je te dis que je ne mélange pas travail et plaisir, non ? répondit-il pourtant avec un sourire en demi-teinte qui camouflait ses réelles intentions. Mais permet moi de vérifier quelque chose avant de refuser… fit Léon en se penchant dans sa direction, ses yeux le mettant au défi de bouger.

Il franchit la distance d’un geste calculé, son visage à quelques centimètres de celui de Loan, jusqu’à ce que leurs souffles ne se mêlent presque. Puis avec un détachement tranquille, il frôla la peau de Loan du bout des lèvres, juste là, à la commissure de sa bouche. A la limite où le frisson commençait.

- Dommage… soupira-t-il, du miel dans la voix, avant de se reculer de quelques centimètres pour regarder Loan, dans le carcan de cette étrange proximité. T’es pas plus glacé qu’une chambre froide qui aurait rendu l’âme. On va rayer le vampire de la liste, décréta-t-il d’un air faussement déçu.

Et avant que Loan ne puisse reculer, Léon lui attrapa le poignet d’un geste souple et précis, fermant ses doigts autour de l’articulation d’une manière trop ferme pour n’être qu’une simple caresse. La menace était feutrée mais présente, étouffée sous une couverture de bienveillance factice. Sous la sienne, la peau de Loan irradiait d’une douce chaleur que Léon envisageait à présent comme une moitié de réponse. Un autre loup-garou, donc ? Mais, plus important : ami, comme Enzo, ou ennemi, cette fois-ci ?

— Reste la question de ton endurance, souffla-t-il d’une voix prédatrice, son visage toujours trop près du sien. Parce que si je ne peux pas t’interroger par les voies habituelles, il me reste les méthodes créatives. Par exemple, que dirais-tu si je te cassais un bras ? susurra-t-il d’une voix doucereuse. C’est radical, mais si tu guéris dans les prochaines heures, on saura où on en est, toi et moi.

Il laissa passer une seconde, ses doigts s’attardant sur le creux du poignet de Loan, appuyant juste assez pour lui faire comprendre qu’il n’était pas là pour plaisanter. De l’extérieur, ils avaient l’air en train de flirter, leurs visages à quelques centimètres l’un de l’autre. Mais la voix de Léon ne laissait aucun doute quant à la menace évidente. Roxie, dans le coin du bar, jetait sur eux un regard éloquent, comme à même de lire entre les lignes du scénario que Léon filait pourtant à la perfection. L’habitude, sans doute, de gérer les conflits avant qu’ils n’éclatent. Ou la perspicacité un peu trop maternelle que l’on posait sur un gamin qui lui en rapellait trop un autre. De quoi, sans doute, donner un peu plus de courage à Léon.

— Ou quelques doigts, tiens, envisagea-t-il en glissant d’une main ferme vers son auriculaire, qu’il attrapa de telle sorte à ce qu’un simple mouvement ne suffise à briser le cartilage. Après tout, ça reste discret et tout aussi efficace.

( :rouleau: )
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Ven 1 Nov 2024 - 10:22
Oui, il y avait une odeur étrange que dégageait Thomas mais il n’aurait su définit le pourquoi du comment, ce que cela signifiait exactement. L’odeur du bas n’aidait pas franchement et comme l’autre semblait vouloir jouer un peu, il ne s’inquiéta pas plus que cela sur certaines questions.  

- Si je n’étais pas convaincu que tu me caches quelque chose, qui sait ?

Bon, il allait devoir faire quelque chose sur cette question mais quoi ? Il ne savait pas trop sa marche de manœuvre non plus. Il se sentait surtout con de s’être fait prendre aussi facilement par ce qu’il n’était pas capable de se prendre compte que c’était normalement impossible. Rattraper sa bourde, pourtant à la base pas méchante semblait compliqué. Parler d’Enzo lui semblait quand même toujours un peu prématuré et risqué pour son ami,  surtout qu’il ne savait pas du tout à qui il avait à faire.

Mais, pour l’instant, mettons que tu restes en liste d’attente.

Peut-être que la situation n'était pas si désespérée que cela au final, il n’y voyait pas là une réelle drague mais plutôt un espoir qu’en disant ce qu’il voulait entendre les choses pourraient potentiellement s’arranger. Il essayait de raisonner avec ce qu’il avait vu de Jeremy… Thomas à présent la première fois. Et ça ne collait pas franchement au méchant de l’histoire, bien loin de là même. Néanmoins, pour l’instant, il y avait trop de choses inconnues pour savoir quelle attitude adopter pour l’instant. Il avait bien remarqué le sourire faussement déçu mais préféra ne pas plaisanter là-dessus, ce n’était sûrement pas le moment. Il allait falloir doser un minimum pour ne pas pousser le bouchon trop loin : pas tant que ce « petit souci » ne serait pas réglé. Il ne voulait pas perdre trop la face, alors il ne se départit pas de son sourire même si dans un coin de sa tête résonnait un petit : Qui posait ce genre de questions en premier lieu, comme ça qui plus est ? C’était étrange. Alors, il tenta ce qui lui venait à l’esprit, pour détendre l’atmosphère, quelque chose qu’il trouvait plutôt drôle et qui tentait de montrer par A+B qu’il n’était rien de cela. Est-ce que cela prendrait ? Pas certain, mais le naturel était revenu au galop et il était souvent un peu trop expansif.

- Ce qui ne t'empêche pas de fanfaronner avait glissé à un moment Thomas.

Ce qui le perturba légèrement ne comprenant pas bien pourquoi il parlait de fanfaronner vu que ce n’était pas du tout ce qu’il voulait apporter mais il continua sur sa lancée, lui aussi, comme si de rien n’était. Il ne voulait pas paraitre inquiet par ce que ça serait le plus grand des aveux qu’il pourrait faire à un potentiel ennemi. Il avait enfin fini son grand monologue

Oh, s’il n’y avait que ça d’incohérent…

Mal barré ! Il y avait comme une alarme qui s’allumait dans sa tête même si le danger n’était pas perceptible. Le sourire de l’autre garçon étant plus ironique qu’autre chose lui disait que les choses n’étaient pas près de tourner rond. Franchement, c’était quoi ce karma ? Quelle était la chance qu’aussi loin de Londres il entre PILE dans le bar où y avait ce type qui sentait vaguement l’odeur d’Enzo. Est-ce que ça voulait dire quelque chose ?  Loan essaya de reprendre les choses un peu en mains, en essayant de lui faire comprendre que ce n’était pas un don quelconque que c’était juste un truc chiant au quotidien. Peut-être que cela marcherait mieux. Et espérant que cela suffirait, il tenta de changer totalement de sujet, essayant de retourner au sujet initial avant qu’il ne fasse tout déraper lamentablement. La prochaine fois, il apprendrait vraiment à fermer sa gueule.

- C’est le moment où je te dis que je ne mélange pas travail et plaisir, non ? Loan eut un petit sourire amusé qu’il perdit assez rapidement. Mais permet moi de vérifier quelque chose avant de refuser.

Ce n’était pas le refus qui l’inquiétait, il s’en fichait bien mais la vérification dont il parlait, surtout que Thomas s’approchait près. Très près de son visage. Trop près à son goût même pour lui frôler au final juste la peau à la commissure de ses lèvres. Il en avait profité pour tenter de capter quelque chose de cette odeur qu’il captait maintenant beaucoup plus… mais ce n’était pas probant. Il avait l’impression de sentir de l’inquiétude, mais est-ce que ce n’était pas lui-même qui dégageait ce fumé ?  Malgré tout, il n’avait pas bougé d’un iota, ou plutôt il n’avait pas osé bouger. Et Thomas de continuer

- Dommage… T’es pas plus glacé qu’une chambre froide qui aurait rendu l’âme. On va rayer le vampire de la liste.

Thomas s’était enfin reculé. Le ton faussement déçu ne lui plaisait guère non plus. Il allait ouvrir la bouche pour répliquer quelque chose mais l’autre lui attraper le poignet rapidement appuyant sur un endroit qui pourrait vite être douloureux s’il bougeait un peu trop. Loan s’était figé. Un peu stupéfait, en se demandant à quoi est-ce qu’il jouait… même si au fond il craignait de comprendre l’idée – clairement s’il voulait tester ses capacités, le tenir comme ça ne pouvait pas dire dix mille choses- . Il espérait se tromper mais n’eut pas longtemps beaucoup de doutes

Reste la question de ton endurance. Parce que si je ne peux pas t’interroger par les voies habituelles, il me reste les méthodes créatives. Par exemple, que dirais-tu si je te cassais un bras ? C’est radical, mais si tu guéris dans les prochaines heures, on saura où on en est, toi et moi.

Il déglutit difficilement, même dans les faits ça ne serait qu’un mauvais moment à passer, il ne tenait pas non plus à le subir. D’un autre côté, il n’avait pas non plus beaucoup de solutions de se sortir de là. Avec sa rapidité et sa force, il pourrait certainement s’en sortir à bon compte mais il ne voulait pas prendre le risque de blesser Léon malgré tout. Au-delà, de la voix qui faisait froid dans le dos, il avait l’impression que le garçon avait surtout peur de quelque chose. Mais quoi ? Des lycans ? Pourquoi aurait-il l’odeur d’Enzo de la sorte, sur ses vêtements ? Il n’y avait pas d’odeur de sang. Est-ce qu’il le retenait peut-être prisonnier quelque part ? Est-ce ce type était un ami d’Enzo et avait peur de quelque chose ou quelqu’un qui traquait les être surnaturels comme on peut le voir dans ces films ? Il cligna des yeux, sans rien répondre, réfléchissant à sa manière d’agir, à la logique. Enzo n’était pas un bleu, il était doué en magie, il ne se serait certainement pas laisser prendre au dépourvu comme ça, lui, il ne semblait même pas qu’il ait pensé à prendre sa baguette.

Ou quelques doigts, tiens, Après tout, ça reste discret et tout aussi efficace.

Le geste vers son doigt le tendit encore plus, mais il ne bougea pas pour autant. Il aurait bien voulu lui faire comprendre qu’il était vraiment stupide d’agir comme ça, par ce que certains auraient juste voulu se venger. Il pouvait le suivre à l’odeur. Faire un massacre. Ne serait-ce que là, s’il avait voulu lui faire mal il aurait pu. Et il n’était pas certain que Thomas en ait conscience. Il sentait son propre cœur battre la chamade dans sa poitrine. Il inspira un petit peu et essaya de se contenir au maximum. Si l’autre avait peur pour sa vie, pour Enzo, des créatures, il devait peut-être y aller mollo, c’était une réaction viscérale de protection qu’il avait là. Il aurait certainement pu réagir pareil à la place de Léon

« Pourquoi est-ce que tu sens l’odeur d’Enzo ?» répliqua-t-il très doucement, mais certainement qu’il y avait de l’inquiétude aussi, et il murmura doucement «Est-ce que tu veux bien lâcher ma main… Mon doigt s’il te plait ? Tu peux même envoyer un message à Enzo et lui demander  s’il me connait.  C’est un ami.» Il le regarda droit dans les yeux. Léon avait sa réponse, dite à demi-mot, sans prononcer le mot « fatidique ». Et il enchaina sur un ton toujours doux  et faible de façon à ce que seul Léon puisse l’entendre « Tu sais, tu aurais aussi pu me donner rendez-vous un soir de pleine lune ? »

Non pas de drague là-dedans de son point de vue, mais c’était aussi une manière créative, il essayait de faire retomber un peu la pression. Ce n’était pas non plus une accusation, ou quelque chose de négatif. Il y avait quelque part  dans son ton une certaine amertume non pas envers Léon, mais de ce que lui était devenu, qu’il ne disposait pas de ces soirées là pour lui.  Il aurait certainement eu beaucoup d’autres choses à lui dire mais préféra rester dans le silence.


( :chased: )
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Ven 15 Nov 2024 - 14:00
— Pourquoi est-ce que tu sens l’odeur d’Enzo ?  demanda Loan.

Le prénom heurta Léon de plein fouet, comme une balle de M16 percutant une cible en plein cœur. Et derrière cette question, un torrent de réalisations s’abattit sur lui, dévastateur. Si ce type pouvait sentir l’odeur d’Enzo sur ses vêtements, cela signifiait qu’il avait l’incroyable capacité de suivre, de traquer et, potentiellement, de déchaîner un carnage. Peu importaient les sortilèges de protection qui enrobaient leur colocation ; face à un traqueur olfactif, tout se désintégrait en une farce dérisoire. Léon sentit un froid glacial envahir son corps, mais il n’afficha rien de plus qu’une indifférence blasée. La force de l’habitude, celle de jouer celui que rien n’atteignait.

C’était devenu une putain de partie d’échecs, où chaque coup se devait d’être calculé avec la précision d’un stratège romain, chaque pièce avançant dans l’ombre de l’échec et mat. Pour Léon, le pire était qu’il ne se sentait pas comme un joueur aguerri. Il était le roi assiégé, pris dans une position qu'il n’avait pas pour habitude d'occuper. Sauf que cette fois, la partie ne concernait pas uniquement sa survie. C’était différent. Les pièces sur l’échiquier n’étaient pas de vulgaires objets ; c’étaient des gens. Ceux qu’il devait préserver, ile le comprenait à présent. Une petite tornade blonde et sa fille, le loup en peluche qu’elle serrait chaque soir. Et même cet idiot de Tim, dont il avait appris à tolérer l’existence. Fais chier, songea-t-il, la mâchoire serrée.

— Est-ce que tu veux bien lâcher ma main… Mon doigt, s’il te plaît ? demanda Loan, d’une voix maîtrisée.

Léon serra plus fort. Le message était limpide : pas question, connard. Mais à l’intérieur, c’était l’anarchie. Ses pensées se bousculaient comme un feu d’artifice de calculs désespérés. Loan proposa, d’un ton lisse :

 — Tu peux même envoyer un message à Enzo et lui demander s’il me connaît. C’est un ami.

Un ami. Cette notion le fit presque rire, mais de manière sinistre. Un rappel de ce qu'il lui avait lâché dans le Mcdonald's quelques mois auparavant. Un foutage de gueule en bonne et dûe forme, encore une fois ? Loan utilisait une voix douce, de celles qu’on réserve aux animaux sauvages pour ne pas les effaroucher. Mais Léon sentait la panique bourdonner sous sa propre peau, grondant, prête à éclater. Il voyait déjà les séquences défiler comme un générique de fin : un pion avancé trop tôt, la reine en danger, le roi bientôt capturé. Mais appeler Enzo ? Impossible. Non seulement il n’avait pas son numéro, mais il n’aurait jamais osé risquer de compromettre un homme traqué. Enzo, le meilleur ami de Sovahnn, qu'il avait déjà mis en danger une fois lors de la rave-party. Recommencer par un simple coup de fil aurait été de la pure folie. Cette fois, Sovahnn l'égorgerait et si elle loupait son coup, Jordane finirait le travail.

— Un ami ? Léon répéta le mot avec un grondement menaçant, comme un bruit de tonnerre lointain. On m’a déjà fait le coup des amis qui débarquent pour jouer un double jeu. Tu vas devoir bosser sur ta stratégie de communication, Loan. Il articula le mot ami avec une lenteur délibérée, chaque syllabe comme un glaive qu’il plantait. Tu crois que c’est censé me rassurer, que tu puisses le flairer comme un putain de chien de chasse ? ajouta-t-il, la voix trempée de méfiance. Que tu puisses le traquer ?

Le danger flottait entre eux, tangible comme la brume. Derrière Loan, Léon capta le regard perçant de Roxie, la patronne du bar. Une fraction de seconde s'écoula, puis elle hocha imperceptiblement la tête. Elle comprenait sans qu’il ait besoin de parler. L’instinct de celle qui dirigeait son empire avec la prudence d’un Don Corleone. Un signe discret, et les deux frères de la sécurité, des types carrés comme des catcheurs de la WWE, commencèrent à converger. Léon savait qu’il ne sacrifierait personne. Pas cette fois. Pas question non plus d’être un roi sans défense, seul sur l’échiquier. Il avait toujours préféré l'attaque.

— Alors t'es quoi, un pote d'école ? dit-il soudain, en relâchant sa prise sans prévenir. Dans ce cas tu connais l'expression, les amis de mes amis... laissa-t-il planer sur le ton de l'évidence.

Et avant que l’autre ne puisse réagir, Léon sortit un téléphone sécurisé, celui de Jordane. 0,9 secondes suffirent pour capturer le visage de Loan, le flash éclatant brièvement. Ses doigts tapèrent un message à la vitesse de l'éclair : Urgent : ami ou ennemi ? Il l’envoya sans attendre. C’était un pari risqué, mais la jeune femme lui paraissait être un meilleur calcul que d’offrir Enzo en pâture - l’art de la négociation, cela n’avait jamais été de céder la cerise voulue en premier - ou de risquer de contacter Sovahnn. Et puis, elle saurait disparaître si Loan jouait dans l’équipe adverse. Se penchant de nouveau, Léon planta son regard dans celui de Loan, y cherchant une fissure, un point faible :

— Y'a plus qu'à espérer que tu sois dans l'album de fin d’année, ou que t’aies fait grande impression au  bal de de promo, déclara-t-il, un sourire glacé aux lèvres.

Entre ses doigts, Léon fit tourner le téléphone, sans lâcher Loan des yeux. A quelques mètres d’eux, les frères O’Connor se dressaient comme des tours, avec leurs mains aussi grandes que des pelleteuses. Une minute, tout au plus, passa, avant que le téléphone ne vibre. La réponse de Jordane s’afficha, sommaire et droite au but. Aucune idée. Sa gueule me parle. Il était à l'école je crois. Jamais parlé.

 — Loupé, livra-t-il son verdict d'un ton dramatique. Visiblement t’as pas été élue Reine du bal, soupira Léon, ses doigts volant sur le clavier.

Il a l’air à la recherche du doudou de Miss-Pampers. Un message codé, façon John Wick qu’elle comprendrait forcément. Et en attendant qu’elle lui fournisse de quoi baisser sa garde ou lancer les hostilités, il releva ses yeux vers Loan :

— Alors Loan, une idée de pourquoi on ne se souvient pas de ta jolie petite gueule ?  

( :chut: )
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Léon Wargrave
Dim 17 Nov 2024 - 9:53
Est-ce que c’était une odeur de peur qu’il sentait alors que visage de Léon ne semblait pas être heurté le moins du monde par ce qu’il venait de dire ? De la peur oui, pas de la haine ou quelque chose qu’il pourrait avoir contre les lycans. Un bon point ? Probablement. Même s’il n’en était pas franchement sûr. Il ne savait pas trop comment est-ce qu’il devait réagir face à ce nouveau silence. Est-ce que Thomas réfléchissait ? Est-ce qu’il n’essayait pas de vouloir sauver potentiellement le cul d’Enzo d’une manière ou d’une autre ? Ou est-ce que c’était autre chose ? Mais pour l’instant, il avait envie de récupérer ses doigts intacts sans que quelqu’un d’autres ne puisse se douter qu’il pouvait se regénérer, il n’avait pas non plus envie se souffrir et de risquer de blesser son interlocuteur même si ce dernier ne semblait qu’à moitié se rendre compte qu’il pourrait face à quelqu’un de plus virulent se mettre en mauvaise posture. Réponse muette : il serra le doigt plus fort, arrachant à Hoover une légère grimace. Okay. Il fallait le jouer autrement du coup… il essayait lui aussi de ne pas trop paniquer, même si ce n’était pas simple. Il inspira un bon coup et retourna sur le sujet Enzo en disant simplement à l’autre garçon qu’il pouvait lui envoyer un message en lui demandant s’il le connaissait. Bref, une preuve en quelque sorte qu’il était ok. Ce qui faudrait logiquement pour que Thomas se calme et comprenne qu’il n’était pas un ennemi ou quelque chose de ce genre-là. Mais bordel, quel ennemi est-ce qu’il pouvait avoir ce type ? Il y a forcément quelque chose qu’il ne captait pas et qui jouait contre lui… le souci c’est qu’il n’avait aucune idée de ce que ça pouvait être et il allait devoir continuer à l’aveuglette.

— Un ami ? Instinct protecteur ce grondement un peu menaçant ? Ou autre chose ? Il sentait la menace, clairement dans cette voix mais là encore, pas de haine. Peut-être était-ce un peu le même genre de ton qu’il avait utilisé dans sa première question « pourquoi ce type sentait l’odeur d’Enzo ? » Il espérait vraiment que Ryans allait bien et qu’il n’était pas dans les mains de mauvais types. Il avait du mal à croire que Thomas pouvait être ce genre de type, il semblait malgré tout quelqu’un de plutôt du « bon côté de la barrière ». Pas franchement certain que son instinct soit totalement fonctionnement non plus. On m’a déjà fait le coup des amis qui débarquent pour jouer un double jeu. Tu vas devoir bosser sur ta stratégie de communication, Loan. Il leva un sourcil vraiment surpris et perplexe. Ok. Il se sentait encore un peu plus perdu dans toute cette merde vu que Thomas semblait vraiment dans la merde si quelqu’un qui avait déjà fait un double jeu Tu crois que c’est censé me rassurer, que tu puisses le flairer comme un putain de chien de chasse Que tu puisses le traquer ? Il avait essayé de garder un visage neutre, mais il ne put s’empêcher d’avoir malgré toutes les menaces une mine un peu rassurée. Il ne semblait pas vouloir de mal à Ryans, ce qu’il venait de dire était certain. Il devait trouver comment est-ce qu’il pouvait gagner sa confiance, enfin non sa confiance il ne l’aurait certainement pas de suite, mais disons au moins essayer de lui prouver sa bonne fois. D’autant plus que même sans jeter un coup d’œil à l’arrière il avait bien senti que le danger venait aussi d’autre part. Sérieusement, vu son gabarit… ils allaient sortir le grand jeu ? Ca aurait presque pu être drôle si sa vie n’était pas menacée. Combien de temps et avec combien de balles dans le corps on peut crever ? Surtout si les dites balles n’étaient pas en argent. Il inspira un bon coup tandis que Léon avait repris sans qu’il n’ait pu en placer une. Alors t'es quoi, un pote d'école ? dit-il soudain, en relâchant sa prise sans prévenir. Dans ce cas tu connais l'expression, les amis de mes amis. Nouveau haussement de sourcils et s’il avait toujours beaucoup de répliques en tête il essayait de se contenir pour ne pas merder alors que la situation allait peut-être pouvoir s’arranger et que… arrêt de la pensée au moment où sa main fut libérée mais que le flash du téléphone l’aveugla à moitié. Il cligna des yeux plusieurs fois pour tenter de retrouver une vue un peu meilleure. Y'a plus qu'à espérer que tu sois dans l'album de fin d’année, ou que t’aies fait grande impression au  bal de de promo Oh bordel. Plus qu’à prier qu’il ait envoyé ladite photo à quelqu’un qu’il avait côtoyé… et surtout que ce soit quelqu’un qui était à Poudlard avant 2014, sinon il était cuit.  Il n’avait pas répondu préférant attendre le « résultat » histoire de ne gâcher aucune piste, aucun argument qu’il pourrait utiliser par la suite.   Loupé. Visiblement t’as pas été élue Reine du bal. Hey merde. Loan soupira à son tour avant de souffler « Qui ça étonnera ? » Forcément, il y avait assez de personnes dans cette foutue école pour ne pas se rappeler de tout le monde, c’était quand même logique… et pourtant, Alors Loan, une idée de pourquoi on ne se souvient pas de ta jolie petite gueule ?   Il le regarda à son tour dans les yeux et demanda « Tu te souviens, toi, de tous les noms et toutes les têtes des personnes que tu côtoyais au collège ou lycée ? Par ce que moi non.» Argument des plus logiques mais qui ne l’arrangeait pas, néanmoins il préférait être sincère. Il haussa un peu les épaules. « J’en suis parti en 2014 ; ptet que cette personne n’était pas encore arrivée ou qu’on ne côtoyait pas les mêmes personnes.» il soupira doucement, sincèrement embêté. « Thomas… je comprends que … comment dire… que ça semble mal barré pour moi, mais je suis allée dans cette foutue école.» Il se tut quelques instants, gorge nouée par ce qui s’était passé là-bas, par ce non attachement à ce lieu. « Je ne veux aucun mal à Enzo, il fait partie des personnes qui m’ont aidées. Et je ne te veux aucun mal non plus même si ce ne sont que des mots et que j’ai aucune preuve, rien pour te le prouver malheureusement.» Néanmoins il le regardait dans les yeux, espérant qu’il le croirait, par ce qu’il était sincère. Il baissa la voix fouilla un instant dans son sac pour en sortir un stylo, il avait senti les deux gorilles se rapprocher à ce geste avant de s’arrêter en voyant qu’il ne sortait pas une arme. «Tu connais mon prénom… Il écrivit son identité sur une serviette qu’il lui tendit. … et maintenant tu sais même où j’habite, alors que je ne connais rien de toi. Tu sais en plus un secret qu’à peine plus de 5 personnes doivent connaître. Tu as un net avantage sur moi.» c’était stupide, complètement stupide ce qu’il venait de faire, mais si ce type était un ami d’Enzo, alors il pouvait lui faire confiance et si ce n’était pas le cas, il aurait de toute manière fini par trouver son identité complète. Et il le pensait sincèrement que Thomas avait un avantage sur lui, de quoi bien attirer la merde jusqu’à lui si l’autre type en avait envie ; ce n’était nullement un effet de style, ou autre chose dans ce sens-là. Juste une vérité. « Mais vraiment, si tu contactais Enzo, je suis certain de la réponse qui serait apportée.»

( :buble: )
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Loan Hoover
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Loan Hoover
Mar 19 Nov 2024 - 15:33
— Tu te souviens, toi, de tous les noms et toutes les têtes des personnes que tu côtoyais au collège ou au lycée ? Parce que moi non, lança Loan, presque sans défense.

— Moi, si, répliqua Léon, sa nonchalance dégoulinant de chaque mot. Absolument tous les noms, toutes les têtes, précisa-t-il, l’air de dire que c’était à la fois un don et une malédiction. Je me souviens de tout.

Pas de vantardise, juste un fait. Une mémoire infaillible, incapable d’échapper aux détails les plus douloureux, comme un vieux film qu’on ne peut jamais arrêter. Chaque visage, chaque souvenir inscrit à l’encre indélébile, y compris ceux qu’il aurait préféré rayer pour de bon. Il était condamné à ressasser, même lorsqu’il essayait de s’échapper de cette vie d’avant, hanté par un trop-plein qui le collait à la peau. Il vivait avec, comme on traîne des boulets rouillés, chaque détail refaisant surface au moindre moment d’inattention. Dormir était sans surprise devenu un vrai calvaire.

— J’en suis parti en 2014, poursuivit Loan, recomposant son parcours scolaire comme s’il épluchait un vieux dossier. Peut-être que cette personne n’était pas encore arrivée ou qu’on ne côtoyait pas les mêmes gens.

— Ou alors… tu me prends pour un idiot ? rebondit Léon, un éclat sarcastique dans les yeux. Non, parce qu’il paraît qu’Enzo, tu le connaissais quand même, non ? Le ton se durcit, comme si chaque syllabe était calibrée pour augmenter la pression. Dis-moi, t’es naïvement honnête ou subtilement débile ? Sérieux, ça m’intrigue, lâcha-t-il, à mi-chemin entre le mépris et une curiosité presque perverse.

Léon n’avait pas besoin de connaître toutes les subtilités des relations à Poudlard pour poser les bonnes questions. Son but était de s’assurer que Loan ne lui échappe pas, le garder sous sa coupe, le temps de réévaluer la situation. Il se pencha légèrement, analysant Loan comme on décode un puzzle. Peut-être qu’un indice se dessinerait, écrit en lettres capitales.

— Thomas… marmonna Loan, visiblement troublé, tandis que les deux mastodontes O’Connor se rapprochaient, leurs ombres engloutissant presque le garçon.

— Mmh ? fit Léon, comme un chat qui bâille devant une souris paniquée.

L’ennui feint, mais les griffes prêtes à bondir.

— Je comprends que… comment dire…

— Allez, fais un effort, coupa Léon, un sourire acide aux lèvres. Épate-moi, dit-il, les bras croisés comme s’il s’attendait à une révélation hilarante.

— … que ça semble mal barré pour moi…

— Pas que tu le remarques, enfin, ironisa Léon, le regard perçant.

— Mais je suis allée dans cette foutue école.

— Cool, t’as payé ta scolarité, bravo, lâcha Léon avec un claquement de langue. Mais la vraie question, c’est : t’étais du côté des gentils ou du fan-club des néo-nazis magiques ? Genre version Ku Klux Klan, mais en capes de sorciers, tu vois ?

Ses mots crépitaient d’ironie tranchante, enfonçant la menace avec la précision d’un scalpel. Jordane avait parlé de Loan croisé dans les couloirs de l’école, mais l’absence de détails solides rendait le tout suspect. Après tout, les corridors de Poudlard avaient trop souvent été hantés par des adeptes de la pureté de sang. Et Léon ne savait que trop bien de quels manières les moldus comme lui étaient considérés au pays des chapeaux pointus.

— Je ne veux aucun mal à Enzo, il fait partie des personnes qui m’ont aidées, se défendit Loan, sa voix s’adoucissant en désespoir de cause. Et je ne te veux aucun mal non plus même si ce ne sont que des mots et que j’ai aucune preuve, rien pour te le prouver malheureusement, s'embourba-t-il, la nervosité suintant de sa peau.

L’atmosphère devint poisseuse. Les frères O’Connor, des montagnes de muscles prêts à l’action, ne le lâchaient pas d’une semelle. Loan interrompit sa recherche dans son sac, exhibant un simple stylo. Léon leva les yeux au ciel, exaspéré. Sérieusement, qui était encore assez innocent pour jouer ce genre de scène ?

— Tu connais mon prénom… murmura Loan, lui tendant sa serviette après avoir griffonné dessus, avec une désarmante sincérité.

Léon le fixa, abasourdi.

— … et maintenant tu sais même où j’habite, alors que je ne connais rien de toi. Tu sais en plus un secret qu’à peine plus de cinq personnes doivent connaître. Tu as un net avantage sur moi.

Un cerveau ? songea Léon, tandis que Victor posait une main de démolisseur sur l’épaule de Loan, et que Roxie avait glissée sa main en dessous du comptoir, prête à se saisir du fusil à air comprimé qui s'y trouvait. Puis, le téléphone de Léon vibra dans sa poche. Un timing parfait, comme toujours.

— Attendez… c’est un pote, en fait, improvisa-t-il après avoir rapidement parcouru le message de Jordane des yeux. Il va pas nous sortir un AK-47, plaisanta-t-il avec une désinvolture glaciale, désignant Loan d’un geste négligent. Regardez-le, même trouver la gâchette serait au-dessus de ses capacités…déjà qu’il galère avec un stylo, ajouta-t-il, déclenchant un rire bref des O’Connor, qui relâchèrent enfin leur emprise.

Léon descendit de la table une fois qu'ils se furent éloigné, envoya un sourire forcé à Roxie et prit place en face de Loan. Il allait devoir s’expliquer envers la patronne, ce qui l’ennuyait par anticipation. Pas autant, cela dit, que de constater l'absence évidente de bon sens de son vis à vis.

— Mais vraiment, si tu contactais Enzo, je suis certain de la réponse qui serait apportée.

— Moi aussi, enchaîna Léon, saisissant la bougie pour enflammer la serviette. Il la posa dans le cendrier, observant les flammes dévorer le tissu, avant de poursuivre sur le ton de l'exaspération. Il me dirait que t’es le plus abruti de ses potes, accusa-t-il, les sourcils levés comme s’il assistait à un spectacle navrant. Comment t’as pu survivre, toi ? s'étonna-il, dépité.

Il vida le verre de Loan d’une traite, avant de le brandir comme un juge prêt à rendre sa sentence. Gryffondor, bien sûr, les éternels héros sans instincts de survie. Maxence devait en être leur mascotte, tiens.

— T’es naïf, Loan. Tellement que c’en est flippant, et non, c’est pas un compliment, constata-t-il en éteignant les flammes d’un geste sec en retournant le verre dessus. Mais t’as de la chance, parce que moi, je ne suis ni un psychopathe rafleur ni un chasseur de primes, murmura-t-il avant de se caler au fond de sa chaise.

Et de l’observer, comme s’il était une créature fascinante de stupidité que l’on aurait posée devant ses yeux avant la future extinction de l’espèce.

— Sérieux, dans quel monde tu vis pour balancer des infos pareilles à un inconnu ? Si t’as des envies suicidaires, siffla-t-il avec humeur, avant de passer une main derrière sa nuque, préviens, je connais des moyens bien plus efficaces.

( :peace: )
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Léon Wargrave
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