L'heure de l'ennui

Samedi 6 mai 2017,

« T’as vu Nicky ?» demanda-t-il en tournant la tête vers sa femme dans la pièce voisine. Réelle question, l’enfant était à côté du canapé une minute avant essayant de marcher en s’aidant du canapé et le temps qu’il aille dans la salle de bain pour finir de se préparer et qu’il revienne, le gamin avait disparu. Il n’était pas trop inquiet, il n’avait pas pu quitter la maison mais malgré tout il y avait toujours cette pointe d’inquiétude. Quelle bêtise est-ce qu’il allait encore inventer ? Est-ce qu’il n’allait pas tenter une nouvelle cascade et se faire mal ? Mily n’avait pas eu le temps que le gamin réapparu presque comme par magie à ses pieds et s’agrippa à lui chouinant un papa. « C’bon j’ai le colis !» avait-il continué en prenant son fils dans ses bras avant d’aller jusque dans la chambre où Mily finissait de se préparer. « T’es prête, je ne voudrai pas que l’on soit en retard.» silence tandis que son regard se portait sur la tenue choisie par sa femme. Magnifique. Mily était magnifique dans cette robe haute couture. Il arriva à ne pas laisser échapper un « whow » pour simplement commenter. « Tu es splendide !» Il avait essayé de prendre une voix « banale » et non émoustillée mais ce n’était pas forcément des plus réussi vu le sourire taquin qu’elle lui renvoya. « Je prends le vin et on y va. N’oublie pas les affaires pour Nicholas.» Ils avaient choisi une bouteille de luxe, pour faire bonne impression… à vrai dire pour suivre les règles de bienséances qu’il pouvait bien il y avoir dans ce genre de diner.

Ils étaient arrivés avec quelques minutes de retard, ce qui était parfait. Pas à l’avance, pas trop en retard non plus pour se faire non plus attendre. Quelque part, il lui tardait de diner avec son cousin Trent, Alcyone et leurs enfants, ça faisait un moment qu’ils n’avaient pas fait un diner aussi ‘’intimiste ‘’ et ils allaient peut-être pouvoir parler de… en fait, il ne savait pas trop quoi. Il verrait bien les sujets qui seraient abordés, il fallait juste prier pour qu’on ne parle pas de la Garde. C’était toujours un peu sensible pour lui-même s’il ne l’avouerait pas, rien que d’y penser, il pouvait sentir la colère bouillir de nouveau en lui. Légère inspiration et il se concentra sur le gamin qu’il tenait toujours dans ses bras. Nicholas était accroché à son cou et ne semblait plus vouloir le lâcher. Il espérait que face aux deux autres enfants, il irait jouer avec eux malgré la différence d’âge. Ça allait le faire ! Il frappa à la porte et quelques instants après l’elfe de maison ouvrit la porte pour les laisser entrer. Warren laissa passer Mily en premier, remercia d’un signe de tête de la créature, avant d’aller faire une brève accolade à son cousin. « Merci pour l’invitation !» Il arriva enfin à poser Nicky au sol, même si le gamin semblait vouloir rester cramponner à son pantalon ; il passa tendrement une main sur les cheveux des deux gamins. « Salut les Terreurs comment est-ce que vous allez ?» Il tourna la tête vers Mily qui causait déjà avec Trent, il s’avança de quelques pas dans la maison avant d’apercevoir Alcyone. Un léger sourire naquit sur le coin de son visage, il la salua d’un bref coup de tête avant de s’avancer vers elle à son tour. Non, il ne ferait aucune allusion sur le fait que les gamins n’étaient pas le portait craché du père. « J’peux poser le colis où ?» lui avait-il demandé tout en prenant tendrement l’enfant dans les bras. Et comme il était d’humeur taquine et qu’il savait que l’instinct maternel et elle faisait dix, il la titilla gentiment en sortant un petit « Nicky, tu fais un bisou à tata Alcy ?»

Samedi soir. Londres explose sûrement de vie malgré les ombres qui rôdent au-dessus de la capitale Anglaise depuis de nombreux mois maintenant. Alcyone a le regard perdu dans le vide, ses yeux clairs observant les allées et venues en contrebas dans la rue. D’autres sorciers, bien sûr, aucun Moldu ne met jamais les pieds ici et la simple idée qu’ils puissent le faire lui tire une grimace.
Elle a sur les lèvres un rouge carmin, ses yeux sont cerclés d’un trait noir rehaussant leur couleur vert d’eau. Cheveux retenus en un chignon impeccable, sa main gauche effleure le rideau tout juste écarté sur le côté tandis qu’elle repose son épaule contre le mur. L’esprit ailleurs. Comme souvent ces derniers temps.
Rien ne la réjouit dans la présence de Warren, Mily et leur fils ce soir. Elle a toujours ressenti une sorte d’affection pour ce grand échalas beaucoup trop bavard, sa chère et tendre épouse en revanche … En dehors de Julian la rafleuse n’a jamais vraiment été très douée pour s’attirer la sympathie des autres femmes. Avec Oliveira les choses sont différentes, elles ne sont pas amies mais associées – qu’importe ce que peut bien en penser l’ainée, Alcyone n’est pas et ne sera jamais à sa botte ni sous ses ordres.

Les odeurs de nourriture trahissant la richesse des mets flottent partout dans la grande maison, les Elfes se sont assurément surpassés une fois de plus sans espérer entendre le moindre remerciement de sa part. Lorsque le heurtoir en fer forgé cogne contre le bois de la porte d’entrée la sorcière expulse un long et profond soupir, plus le temps passe moins elle a envie de faire semblant. Elle le sait, Trent, Enoch et Eunice sont déjà probablement déjà aligné tous les trois dans le hall comme une petite famille parfaite dont rien ne dépasse. Bien coiffés, bien habillés, bien éduqués. Vêtue d’une veste et d’un pantalon tailleur sur mesure Alcyone a fait le choix d’exposer sa féminité différemment ce soir. Alors qu’elle descend les escaliers de marbres main posée sur la rambarde même sa démarche semble différente. Au-dessus de son sein gauche brille une broche en or massif sertie de rubis éclatant, elle a la forme d’un épervier aux serres exposées. Son patronus.

« Merci pour l’invitation !
- Nous sommes ravis de vous avoir à diner. » Entend-elle Trent accueillir son cousin tandis que ses talons claquent avec élégance contre les dernières marches. Elle a sur le visage un mince sourire, le port de tête altier. Pas un regard pour l’enfant accroché à la jambe de son père, pas un non plus pour ses propres enfants « Salut les Terreurs comment est-ce que vous allez ? » Trent est occupé à saluer Mily, sa finesse mise en valeur par une robe haute couture qui en ferait pâlir plus d’un. Alcyone se retient tout juste de lever les yeux au ciel, préférant ancrer son regard dans celui du cousin de son mari « J’peux poser le colis où ? » Est-ce qu’il attend réellement une réponse de sa part ? « Nicky, tu fais un bisou à tata Alcy ? » Rien n’est dissimulé, ni la grimace de dégoût, ni le vague mouvement de recul tandis que Warren s’amuse clairement de la situation. Pour seule réponse elle se contente d’attraper la bouteille de vin que l’ancien Serdaigle tient coincée entre ses doigts libres puis de déposer un baiser sur sa joue « Laisse le à la nourrice. » Celle qui élève ses propres enfants depuis leur naissance et qui se tient immobile dans un recoin, son regard en permanence posé sur les deux bambins. Elle se dit qu’il trouve en cette femme l’amour maternel qu’elle n’est pas en mesure de leur offrir, pour le reste Trent est un très bon père.

Lorsque ce dernier les rejoint, son bras passé par-dessous celui de la femme de son cousin, la rafleuse se décide enfin à la saluer « Mily. » Aucune explosion de chaleur, elle la regarde de haut en bas avant de lui offrir un sourire détaché par convention « Très joli robe. » Une vérité, un compliment même s’il n’en a pas l’air. Alcyone a toujours aimé les belles choses, la plupart du temps celles qui coûtent le plus cher et qu’on voit le plus. La sobriété qu’elle expose tant dans son style que son attitude ne reflète en rien l’enfant gâtée et capricieuse qu’elle a longtemps été. Tout ça lui semble si futile depuis qu’elle a goûté au véritable pouvoir, à la puissance pure. Celle qui met à genoux, celle qui fait naitre la peur et les suppliques. Ce soir, elle préfèrerait se trouver dans l’humidité poisseuse des cachots ou en pleine traque sous la lune plutôt qu’attablée dans ce simulacre de soirée en famille.

D’un geste de la main elle les invite pourtant à passer au salon où les attend un apéritif servi dans des verres en cristal. Au mur sont accrochés quelques portraits puis des têtes de gibier empaillé dont le regard scrute le vide pour l’éternité. Son sourire s’élargit lorsqu’elle se surprend à imaginer la tête d’un énorme loup exposé juste au-dessus de la cheminée « Comment vas-tu cher cousin ? » Une question adressée à Warren alors qu’ils marchent côte à côte, l’enfant toujours accroché à son père comme un coquillage à son rocher.

Il avait souri chaleureusement à son cousin lorsqu’il utilisa quelques mots d’usage. Difficile de dire si Trent était réellement ravi de les avoir à diner ou pas, probablement que oui, sinon ils ne se seraient pas retrouvés ici. Rien de les obligeaient à se voir mais certains liens familiaux étaient quand même importants. Il eut une brève pensée pour Connor qui vivait sa vie et ses études tranquillement à Poudlard, aux dernières nouvelles il allait bien.. quant à l’autre larron de Melvin, il se fichait plutôt de savoir son état de santé, il l’avait vu à plusieurs sauteries… pardon … à plusieurs soirées sang-purs et il était toujours aussi con à bouffer du foin. Rien que d’y penser, il sentait presque sa désespération pour ne pas dire le mépris qu’il avait pour cet être. Après avoir salué toute la petite famille, sauf Alcy, il s’était dirigé vers cette dernière et s’amusait grandement du fait qu’elle n’aimait pas les gosses pour tenter que Nick fasse un bisou à sa « tata » pas du tout gâteau. C’était mal barré… mais rien que la grimace de dégoût et me mouvement de recul valait son pesant d’or. Au final, le reste ce n’était que du bonus. La femme lui avait finalement pris la bouteille des mains avant de déposer un baiser sur sa joue, faisant sourire Warren. « Laisse le à la nourrice. » Il acquiesça doucement, cette option lui convenait, si les gamins de son cousins étaient toujours en vie, Nicky devrait survivre quelques heures. « Parfait ! Merci.» Et pourtant le gamin était toujours dans ses bras et ne semblait pas prêt à le lâcher – et vice-versa-.


Mily et Trent étaient bientôt arrivé, l’homme le bras passé par-dessous celui de sa femme, ce qui avait tendance à le tendre légèrement. Jalousie ? Possible.  Il ne saurait l’expliquer, il se sentait surtout pour une femme qu’il n’était pas censé aimer. Le mot principal était certainement « censé », par ce qu’au final, il pouvait bien se mentir à lui-même, des sentiments étaient bien présents. Pas comme il avait pu aimer Kezabel, c’était quelque chose de différent mais de bien présent. Malgré tout, il ne fit aucun commentaire et se contenta de faire un sourire. L’hôte les avait bientôt invité à passer au salon où un apéritif les attendait. De l’alcool, par Merlin merci ! Connaissant Alcyone ça serait en plus de qualité, elle avait bon goût et il allait se régaler ! Il ne pourrait certainement pas se bourrer la gueule mais ça serait toujours mieux que rien. « Comment vas-tu cher cousin ? » il lui fit un sourire poli et prit encore quelques courtes secondes pour répondre au mieux à sa question. « Et bien écoute, plutôt bien ; pas mal pris par le travail… mais c’est pour la bonne cause, n’est-ce pas ?» Un travail chiant, avec une Ana qu’il ne pouvait plus blairer comme la plupart de ses collègues. Dommage qu’il ne puisse pas faire une petite purge là-dedans… mais en soit, il ne mentait pas. Dans le travail, il y avait certes son boulot au Ministère mais aussi celui pour la Cause. « Je suppose que toi aussi tu as des journées chargées ?» demanda-t-il plutôt que de lui retourner simplement la question. La nourrice étant non loin de lui à s’occuper des autres gamins il s’approcha d’elle pour lui donner Nicholas qui ne semblait pas du tout satisfait de cette initiative mais se laisse faire tendant quand même ses petits bras vers son lui pour qu’il le reprenne. « On est pas loin Nicky. Tu vas t’amuser avec tes cousins !» ou pas. Il remercia la nourrice d’un geste de la tête. N’osant pas regarder le bambin qui devait avoir les larmes aux yeux pour le faire craquer. Il essayait de rester stoïque et de ne pas faire trop papa poule – trop tard- « Pardon Alcy’, du coup, j’te disais que tu devais être toi aussi bien occupée, je me trompe ?» il n’y avait pas vraiment d’arrière-pensée pour l‘instant. C’était juste une conversation comme une autre.

« Et bien écoute, plutôt bien ; pas mal pris par le travail… mais c’est pour la bonne cause, n’est-ce pas ? » Pourrait il seulement être plus hypocrite ? En dehors d'Ana – qu'elle ne cotoie que dans un cadre bien spécifique – Alcyone ne connait pas personnellement les collègues de Warren mais les murs ont des oreilles. Et puis lui tout simplement n'est pas un étranger. Est il enlisé si loin dans ses mensonges qu'il parvient à s'en convaincre ? A le regarder dévorer sa femme du regard et non rater l'éclat de jalousie qu'elle a cru y décéler, elle s'interroge. Warren n'est pas fait pour ce monde et ne l'a jamais été, lorsqu'elle plonge dans le fond de son regard elle ne peut pas s'empêcher de voir la mascarade qu'est devenue sa vie. Il aurait dû claquer la porte tant qu'il le pouvait, disparaître, pourquoi pas rejoindre la Garde. C'est bien parce qu'elle l'apprécie qu'elle songe à lui de cette façon, un autre aurait déjà été écrasé entre ses mains depuis bien longtemps. Elle n'aurait pas hésité à le toucher s'ils s'étaient croisés sur un champ de bataille mais une cage n'en est pas moins une même si elle est spacieuse.

La jeune femme ne répond que par un vague sourire qui ne cherche pas à faire semblant, ne prêtant aucune attention aux enfants ni à Trent et Mily non loin de là « Je suppose que toi aussi tu as des journées chargées ? » Une tentative pour la faire parler ? Elle n'en sait rien. Bien sûr qu'elle ne chaume pas, entre la traque des Lycans et celle de la Garde les nuits blanches ont été nombreuses ces derniers mois. Elle ne s'en plaint pas bien au contraire, c'est comme ça qu'elle vibre.
Et déjà l'attention du jeune Papa est déviée par son rejeton, une fois de plus la sorcière ne cache pas ses yeux qu'elle lève jusqu'au plafond « On est pas loin Nicky. Tu vas t’amuser avec tes cousins ! » Qu'il fasse.

Se rendent-ils seulement compte de la médiocrité dans laquelle la parentalité les plonges ? Inutile de préciser à quel point il est insupportable d'essayer d'avoir une conversation avec des parents mordus de leurs gamins. Ils n'ont que ça à la bouche, comme si leur résidu de sperme avait trouver un puissant sortilège de guérison qui changerait la médicomagie alors qu'il a simplement réussi à faire passer un cercle dans un autre. Comment peut on se satisfaire de ça ? Elle ne comprendra jamais. Mains dans les poches de son pantalon de tailleur dans perdre la moindre élégance elle croise les chevilles et pose une épaule contre la grande cheminée. Si aucune flambée ne s'y trouve actuellement l'âtre sent encore le feu de bois et la cendre, une odeur qui vient flirter avec ses sens et qu'elle trouve particulièrement agréable. Il y a dans ses songes éveillés comme un souvenir d'enfance qu'elle ne parvient pas à réellement distinguer, elle pourrait presque entendre le craquement du cèdre lorsque les flammes le lèchent avec agilité.

Un soupir, elle papillonne des yeux, Warren revient à la charge « Pardon Alcy’, du coup, j’te disais que tu devais être toi aussi bien occupée, je me trompe ? » Pourquoi ce soudain intérêt pour son emploi du temps ? Suspicieuse elle ne peut pas s'empêcher de ressentir le vice monter en elle, comme une envie de le pousser dans ses retranchements en lui éclatant au visage la réalité de ses missions. Le sang, les cris, la torture qu'ils leur inflige pour les faire craquer jusqu'à les transformer en pantin à leur solde … Il y a un éclat dans son regard clair qui n'était pas là quelques secondes aupparavant « Il y a effectivement fort à faire. » Elle reste vague, un sourire flotte sur ses lèvres maquillées « A croire que la Police Magique ne remplie pas entièrement ses missions. » Ses prunelles ancrées droit dans les siennes elle le provoque, une démarche malsaine qu'il connait par cœur. Alcyone joue, cherche la faille, l'oscillation mentale qu'elle peut saisir entre ses doigts agiles pour la façonner. Il n'y a pas de réelle intention de lui faire du mal, seulement un besoin de rendre les choses plus intéressantes à ses yeux. Loin de ce simulacre de bienséance et de prétendue normalité.

Se concentrer. Essayer de faire une quelconque conversation et s’il pouvait apprendre quelques petites choses ça serait toujours un peu. Lorsqu’il lui posa de nouveau la question après avoir été interrompu par Nicholas, il remarqua un éclat dans les yeux d’Alcyone, quelque chose qu’il n’appréciait pas vraiment, mais il resta de marbre comme s’il n’avait rien vu. Qu’est-ce qu’elle faisait au QG, quelles étaient ses missions ? Et même s’il le savait qu’est-ce qu’il en ferait ? Rien pour le moment, cela le rendrait certainement plus malade qu’autre chose, soif de haine, soif de vengeance… Il le savait que ça ferait certainement mal et pourtant, il avait presque un besoin viscéral de savoir. « Il y a effectivement fort à faire. » Vas-y dis en plus…. Il l’espérait mais ce vœu ne fut malheureusement pas exaucé.  Alcyone se contentait se sourire, et il avait presque l’impression qu’elle se foutait de lui ou alors qu’elle adorait vraiment ce qu’elle faisait. La connaissant cela n’inaugurait rien de bons. Boule au ventre, il continua quand même de la regarder comme si de rien n’était, comme s’il ne se sentait pas mal à l’aise. « A croire que la Police Magique ne remplie pas entièrement ses missions. » c’était sûr et certain à présent, elle le cherchait mais pour toute réponse, il eut un léger rire amusé. Pas trop quand même, encore une fois essayer de trouver un juste milieu. Il claqua sa langue contre son palais pour éviter de dire une vacherie contre Ana, ce qui serait fortement contre-productif pour lui. Il devait répondre plus sur le ton de la plaisanterie, par ce qu’au final, il ne prenait pas ça pour lui personnellement : il ne faisait que suivre les ordres. Des ordres, des missions qu’il trouvait bien souvent inutiles, stupides, qui ne faisaient que remplir leur service de travail. « C’est une possibilité en effet.» Il haussa les épaules, un air un peu contrit sur le visage « Mais, pour notre défense, on a quand même beaucoup de travail avec toutes ces nouvelles lois, directives, vérifications et compagnie et on est guère plus nombreux.» Il avait énoncé cela comme un fait, une vérité. Il n’avait pas utilisé le ton de rébellion, mais il avait eu un très léger agacement volontaire dans la voix. Agacé contre ce boulot supplémentaire et le manque d’effectif… Alors que dans la vérité c’était ces foutues lois de merde qu’il lui donnait des envies de meurtres, celles allant contre les Lycans, celles contre les nés-moldus et cracmols qui n’avaient rien demandé.  Peut-être qu’effectivement, malgré tout certaines règlementations étaient essentielles mais tout était poussé à une extrême qu’il trouvait risible. « Enfin bon, c’est comme ça ! » Changer de sujet pour ne pas sembler trop insister, c’était une pente beaucoup trop glissante au final. « Vous comptez partir quelque part pour vos prochaines vacances ?» Parler vacances, voyages, cela lui semblait un bon point d’accroche, il verrait plus tard s'il pouvait revenir sur l'autre sujet sans que cela paraisse suspect. Il jeta un regard sur Mily qui était toujours en discussion avec Trent, et refoula une nouvelle fois une pointe de jalousie. Après tout, lui aussi causait avec quelqu’un du sexe opposé. Tu es foutrement ridicule Tveit. « On se demande, où est-ce qu’on pourrait aller cet été pour changer un peu d’air. Tu aurais des suggestions ? » L’argent n’était pas un souci, pas besoin de le préciser, tout comme avec les porteloins, tout était à leur portée. Son regard croisa celui de sa femme et il lui dédia un chaleureux sourire avant de tourner quelques instants le regard vers Nicky qui semblait à présent occupé par la nourrice.

Pourquoi ce claquement de langue ? Son regard perçant ne le quitte pas, elle le scrute, l’analyse, comme si elle tentait de forcer l’accès jusqu’à son âme. Pas vraiment une volonté propre, pas celle de lui nuire en tout cas, elle cherche simplement à tromper l’ennui que lui provoque cette soirée. Alcyone a pourtant toujours plus ou moins aimé les mondanités mais depuis quelques temps tout ça l’emmerde plus qu’autre chose. Elle n’y gagne rien, si ce n’est une envie de se défenestrer pour ne plus voir ni entendre ces abrutis engoncer dans des vêtements exposant leur fortune « C’est une possibilité en effet. » De ? A oui. La Police Magique. Par Morgane qu’est ce qu’il peut bien foutre dans ce service ? Elle l’aurait imaginé n’importe où ailleurs « Mais, pour notre défense, on a quand même beaucoup de travail avec toutes ces nouvelles lois, directives, vérifications et compagnie et on est guère plus nombreux. » Blablabla.

Le quotidien, voilà encore une chose qui l’emmerde profondément elle qui n’a jamais travaillé de sa vie. Pourquoi s’imposerait-elle ça ? Pour s’épanouir ? Grotesque. Ce qui ne lui échappe pas en revanche c’est le réel agacement qu’elle perçoit dans la voix du grand brun. Voilà ce qui l’intéresse, ces émotions qu’il n’exprime qu’à demi mot sans jamais les laisser exploser alors qu’elle jurerait les voir serpenter sous sa peau comme du poison. Le vrai Warren, pas ce pantin mené par le bout du nez par sa femme et son gosse, par une société qui le manipule et le broie jusqu’à ce qu’il en oublie qui il est  au plus profond de lui même « Enfin bon, c’est comme ça ! » Certes « Vous comptez partir quelque part pour vos prochaines vacances ? » Naïvement, elle pensait qu’il était impossible de retrouver un sujet plus ennuyeux encore mais regardez le, si plein de surprise. Les poings de la sorcière se serrent et ses mâchoires se crispent, son regard dérive sur Trent et Mily sans réellement les voir. Ce n’est qu’une façon de détourner les yeux de l’ancien Serdaigle une seconde « On se demande, où est-ce qu’on pourrait aller cet été pour changer un peu d’air. Tu aurais des suggestions ?
- Aucune. Je n’aime pas voyager. » La réponse est brute, sans chercher à broder ni tergiverser, simple reflet de ce qu’elle pense sincèrement. Alcyone ne fait pas partie de ceux qui ont un jour eu envie de découvrir le monde. Son aventure à elle se trouve ici, sur les pavés et dans les catacombes de la Capitale Anglaise, tout au plus dans le reste du Royaume-Unis. Elle ne comprend pas ce besoin d’aller voir ailleurs ni même le concept de vacances, les siennes durent depuis sa sortie de Poudlard une fois ses diplômes en poche « Londres t’ennuie mon cher cousin ? » Il est celui de Trent mais qu’importe, elle l’a toujours considéré comme un membre de sa famille. Curieusement, quand on connaît le peu de considération qu’elle a pour ses propres enfants et ceux qui l’ont élevé « Il s'y passe pourtant des choses fascinantes. » La Rafleuse lui offre un sourire et passant son bras au creux du sien l’entraîne vers le bar en chêne massif où trônent une collection de Pur Feu hors de prix venant du monde entier.

De manière volontaire et calculée elle tourne le dos au reste de l’assemblée – aussi petite soit elle – et entreprend de servir un verre à Warren. Lorsque le liquide se déverse dans le cristal épais un léger sourire vient étirer les lèvres de la petite blonde « J’ai aperçu l’un de tes amis le mois dernier dans les sous terrains de Soho. » Ce n’est pas tout à fait la vérité puisqu’elle ne connaît pas le visage du Lycan. Son identité figure parmi les registres pour plusieurs raisons mais si Alcyone a entendu parler de lui récemment c’est surtout par l’intermédiaire d’Adonis. Si ce dernier n’a pas vraiment d’intérêt pour le cadet de la fratrie elle a bien compris qu’il aimerait retrouver l’aîné « Ce petit bâtard et son compagnon de goguette ont blessé deux de mes hommes avant de s’échapper avec un témoin. » Le ton n’est pas menaçant, elle expose ce fait comme elle parlerait de la météo dans le simple but d’éveiller quelque chose chez le grand brun. Un sentiment brut, une réaction impulsive, de quoi voir les émotions brûler dans ses rétines. Sans qu’elle ne comprenne vraiment pourquoi elle ne supporte pas ce masque qu’il porte chaque jour jusqu’à en devenir une sorte de pâle copie faite sur mesure. S’en rend-il seulement compte ?

Elle ne cherche pas d’autre faille ni un moyen de retrouver celui que la parfaite Miss Davis a dans le collimateur depuis quelques mois. Tout ce qui l’intéresse se trouve à ses côtés, un verre rempli de liquide ambré entre les doigts.

Il y avait quelque chose de gênant dans le fait qu’elle semblait vouloir percer son âme. Il tenta de ne pas trop retrousser le nez ou de faire le moindre commentaire et il essaya de juste rester dans la conversation ce qui n’était pas toujours simple… surtout que la Poice Magique, il avait plus envie de la dénigrer allégrement qu’autre chose, ça aurait pu être drôle avec elle, mais il craignait trop les répercussions. Il se contenterait de le faire avec Alec, au moins lui, il pouvait lui faire confiance, il n’y avait pas cette question d’ ‘’allégeance à un camps’’. Il avait réussi à enchainer avec une nouvelle question qui aurait pu être intéressante mais vu la nouvelle posture d’Alcyone, visiblement ce n’était pas du tout le cas. Il ne comprenait pas bien pourquoi est-ce qu’en parlant de vacances des mâchoires pouvaient se serrer autant. Et la réponse ne se fit pas attendre Aucune. Je n’aime pas voyager. Il sentait la vérité dans cette phrase, mais il ne pouvait pas s’empêcher de se demander s’il n’y avait pas quelque chose de plus profond. Est-ce qu’elle n’aimerait pas partir avec d’autres personnes ? Des gens qu’elle appréciait sincèrement ? Difficile à dire, il haussa néanmoins un sourcil et ne put s’empêcher de la taquiner gentiment. « C’est vrai ? Tu n’accepterais pas une virée d’un week-end au bout du monde si je te le proposais ?» Et, loin de tout, elle savait qu’il n’était pas aussi sérieux qu’il pouvait le montrer au Ministère. Peut-être que cela pourrait donner une autre réponse, ou alors elle resterait tout simplement sur le non. « Londres t’ennuie mon cher cousin ? Il s'y passe pourtant des choses fascinantes. » Il eut un léger rire suivi d’un sourire un tant soit peu charmeur, après tout, il était face à une très belle femme… « Non, mais changer d’air de temps en temps ne peut pas faire de mal non plus…» avait-il glissé très rapidement, presque dans un murmure. Il n’avait pas trop aimé le « choses fascinantes ». La connaissant, ce n’était pas vraiment quelque chose qui sentait bon mais il préféra passer outre dans un premier temps et essayer de garder le plus de choses positives… d’autant plus qu’elle l’avait pris par le bras pour aller lui servir un verre ! Et ça, ça prouvait bien qu’elle savait lui parler et l’appâter avec de l’alcool. Il essayait de garder malgré tout son calme, et se demandait ce qu’elle allait bien pouvoir lui dire. Elle n’allait pas finir sur cette énigme des choses fascinantes… mais si le silence durait, il était possible qu’il finisse par lui poser lui-même la question !

« J’ai aperçu l’un de tes amis le mois dernier dans les sous terrains de Soho. » Vite, qu’elle remplisse ce verre par ce qu’il se disait que vraiment cette conversation allait mal tourner. Il essayait de savoir de qui elle parlait mais pour l’instant, il n’y avait pas assez d’indice, si ce n’est que c’était un homme. Il fronça les sourcils il se tendit alors qu’il n’était même pas sûr qu’elle ne le menait pas en bateau. Elle pouvait tout inviter… ou dire vrai. Il sentait son cœur battre la chamade dans sa poitrine, et essayait de se calmer pour ne pas commettre une erreur. Batard, ça ne concernait certainement pas Alec – quoique-. Et si le ton d’Alcyone n’était pas menaçant, il pouvait sentir que les choses pouvaient potentiellement mal tourner pour son ami – qui qu’il soit- vu ce qui s’était passé. On ne touchait pas à ses amis. Et il ne connaissait pas la fin de l’histoire. Dans ses yeux, certainement beaucoup plus d’inquiétude qu’autre chose pour l’instant. Qu’est-ce qu’il pouvait dire ? Et que ferait Alcyone des informations qu’elle soutirerait de ses dires ? «Merci pour le verre Alcy’. » dit-il en levant doucement ce dernier, luttant presque pour ne pas le boire cul sec. « Quel ami ?» finit-il par demander avec méfiance. « Je ne sais pas de quoi tu parles, et ce qui s’est passé ce jour-là … Peux-tu m’en dire plus ?» Curiosité piquée à vif, pendant qu’il essayait de définir qui cela pouvait être et ce qui avait bien pu se passer. Il restait, malgré lui beaucoup plus tendu qu’auparavant et il espérait qu’il arriverait à se contenir suivant ce qui était dit. Vois le bon côté des choses, ça n’a pas l’air d’être Alec et vu que c’est « un » ami, Kezabel n’est pas touchée non plus. Il n’en restait pas moins, qu’il avait bon nombre d’autres amis et il ne souhaitait pas que l’un d’eux tombe dans les mains de sa cousine, il savait trop de quoi elle était capable.