We are not doomed ▬ Loan

Lundi 20 Mars 2017
Ventura, Californie ▬ Le matin

Je vais survivre. Tant que je sais comment on aime je sais que je vais survivre. J'ai toute la vie pour exister ▬ Ben Mazué

« T’as changé le mot de passe ? » Celui de la tablette ultra sécurisée que j’ai entre les doigts et qui m’annonce fièrement que ma tentative de connexion a échoué. Sourcils froncés je le cherche du regard et le trouve en train de ranger des trucs dans le frigo dont la porte ouverte me cache la moitié de son corps. Ne reste que ses jambes qui dépassent et l’un de ses bras, sa main gauche accrochée à la poignée « C’est pour limiter ton temps d’écran. » Pieds nus posés sur l’un des barreaux de la chaise je lève les yeux au ciel, un sourire vient étirer mes lèvres alors que je caresse Lune nonchalamment de la main droite. Non, elle n’a toujours pas le droit de squatter le plan de travail mais oui, bien sûr qu’elle s’en tape et qu’elle continue de le faire. Certaines choses ne changent pas, j’y trouve un réconfort indéniable et ça se ressent sur mes humeurs, ma façon d’être, mon attitude. Pas encore 100% serein quant à l’avenir je me laisse happer par le quotidien qui lentement mais sûrement se remet en place « Ok. J’mets la télé, tes ordis et ta console sur Ebay dans la journée. » Les vannes balancées dans la cuisine comme un match de ping pong y contribuent largement. Ça ne fait que quelques jours que j’ai repris possession des lieux et c’est vrai, je marche parfois sur la pointe des pieds, mais mes repères avec lui je les ai retrouvés au fur et à mesure sur Ohana « C’est quoi ? La date de naissance de ta mère ou de ta sœur ? » La porte du frigo se referme, Einstein pigne à ses pieds en espérant sans doute choper un truc à manger comme s’il ne venait pas d’avaler une gamelle entière de croquettes hors de prix « Pire idée. » Coude gauche posé sur l’ilot, menton sur le revers de la main, je regarde le mur en face de moi sans vraiment le voir « Le signe astro de Maxime ? » Grumpy Cat probablement. Comment ça c’est pas un signe astro ? Le mur laisse place à ses yeux, le haut de son corps appuyé sur l’ilot face à moi « La couleur de ton caleçon la première fois qu’on s’est tripotés. » Je garde la face, m’efforce de ne pas sourire et encore moins rire, faisant taire au passage la décharge d’adrénaline qui s’élance dans mes veines à l’évocation de ce souvenir. Evidemment que c’est pas sérieux mais je lâcherai pas le morceau. Je tape rouge, bleu, vert, qu’importe le nombre de fois où je déclenche un message d’erreur « Au bout de combien de tentatives ça se bloque ? » Jaune. Rose. La tablette disparait de mes mains et je me sens comme un gosse à qui on vient d’arracher un jouet l’espace d’un instant. La vitesse avec laquelle il tape sur l’écran est toujours impressionnante et en trois secondes je me retrouve avec l’objet de nouveau sous les yeux, le mot de passe en visuel : un mélange de minuscules, majuscule, chiffre, caractères spéciaux. Un truc de geek en somme, un truc que je ne retiendrais jamais surtout « Merci. » Sourire de p’tit con innocent laisse place à la concentration, si j’ai cherché à me connecter c’est pour reprendre contact avec une autre partie de ce que j’ai laissé derrière moi en taillant la route.

Mon autre monde, celui que je ne suis pas prêt à abandonner même si j’aimerai réussir à le gérer différemment. De façons plus équilibrée en tout cas et sans me foutre en danger plus que je ne le suis déjà. Au fil du temps j’ai appris à naviguer sans trop de mal sur les serveurs sécurisés qu’il a mis en place et si les premiers clics sont un peu hésitant ou foireux après avoir passé un mois sans me connecter à ce réseau je m’y retrouve sans trop de mal. Ce réseau-là est partagé avec l’équipe de la Garde qui gère ceux ayant une particularité. Les Lycans et les Vampires en priorité mais personne n’est laissé sur la touche. Ce matin j’ai ressenti l’envie de m’y replonger, de voir un peu ce qui a bougé tout en sachant ce que ça pourrait provoquer chez moi. Consciemment ou pas je me dis que c’est pour ça que je le fais quand il est là « J’peux ? » Mes yeux quittent l’écran et trouvent les siens, d’un signe de tête et d’un sourire j’acquiesce. Sans m’en rendre compte je l’ai trop souvent laissé de côté et j’en ai plus envie. Par reflexe je m’écarte un peu, lui fais une place à côté de moi et fait défiler quelques liens sans m’y arrêter. Je vais droit au but, ce qui m’intéresse c’est de savoir si suite à la mort de deux Lycans supposés ennemis les Morsures ont continué « Des nouveaux ? » De l’index droit je fais défiler les profils, Will s’est arrangé pour protéger ce réseau de façon à ce qu’il s’autodétruise immédiatement si quelqu’un essaie de le forcer, non sans envoyer une sauvegarde sur un réseau de secours. Ne me demandez pas comment ça fonctionne, je peux vous réciter par cœur une bonne partie des centaines d’espèces de requins qui parcourent le globe et tout le monde y trouve son compte « Pas depuis un mois apparemment mais avant ça j’avais perdu le fil. » Pas de gêne quand je m’exprime, il était en première ligne de tout ça. Malgré son absence à un certain moment il était en première ligne, impuissant comme tous ceux qui ont essayé de m’empêcher de sombrer. Je continue de faire défiler les noms et les photos jusqu’à ce que l’une d’elle m’interpelle, un visage familier sur lequel je m’arrête « Il te dit rien lui ? » Oui, j’ai conscience qu’en le laissant regarder tout ça je trahis la confidentialité de ceux dont le secret doit en rester un mais sans lui tout ça n’existerait pas. Il en fait partie, de manière essentielle « J’crois pas. » D’un autre côté, j’suis pas certain qu’ils se soient croisés « Remarque j’sais plus s’il était encore là quand t’as débarqué. Il était chez les Gryff. » Loan Hoover. Sans offense envers lui il m’était totalement sorti de l’esprit et j’imagine que c’est réciproque. On ne s’est pas connu longtemps, même si on a partagé la même Maison on n’a pas le même âge il me semble « Déjà mordu ? » Je secoue la tête de gauche à droite et de droite à gauche « Non. » Et à en croire les données qui défilent sous nos yeux c’est plutôt récent « L’autre taré ? » Là non plus je ne renie rien, ne cache rien. Mes muscles se crispent et mes nerfs se tendent, un frisson me descend le long de la colonne vertébrale. Ses réactions sont vives mais rapides, quelques secondes à peine pendant lesquelles mon visage se ferme. A l’intérieur de moi le Loup jubile, je me détache de ses ressentis pour recoller aux miens « Y a de fortes chances. » Lui ou l’une de ses victimes. Je sais qu’il en reste au moins un dans la nature et ce serait mentir de nier le désir primaire de le traquer à son tour mais sur ça aussi je travaille. Et surtout il y en a d’autres sur le coup.
La douceur revient dans mes veines lorsque je sens sa main se poser l’air de rien contre ma nuque, un geste qu’il ne calcule pas je le vois bien. Le fait que ce soit instinctif rend l’impact sur moi plus fort encore « Vous vous entendiez bien ? » Tête penché sur le côté je pince les lèvres, réfléchi sans vraiment le faire « J’ai pas le souvenir qu’on se soit beaucoup parlé mais j’dirai que oui. » Sa paume glisse jusqu’à quitter ma peau, son corps s’éloigne du mien et son flegme prend ses quartiers tant dans l’attitude que l’expression « Encore un qu’était amoureux d’toi. » Je me redresse, piqué au vif mais incapable de ne pas sourire, l’index pointé vers lui « M’oblige pas à ressortir la liste de tes plans cul, on en a jusqu’à demain soir. » Il est là, ce naturel au départ hésitant mais qui reprend de plus en plus ses marques au fil des jours. Celui-là même qui me permet de me détendre, d’arrêter d’être sur mes gardes, qui me réapprend à avoir confiance. Non pas en lui mais en l’avenir. En moi, surtout « Va le voir ? » Un sourcil arqué je le regarde et repose un pied à terre, le corps tourné sur le côté « Ça t’embête pas ? » Il attrape Lune, l’embrasse sur le sommet du crâne et la redépose par terre où Einstein se précipite vers elle. Je ne les vois pas mais devine l’échange peu cordial qui précède la fuite de ma chatte par la baie vitrée grande ouverte. Wax s’en fout, Wax vit sa vie dans le jardin comme souvent « Tant que tu te lances pas tout seul après un cinglé rien ne m’embête. » Touché. Mais terriblement juste et je sais qu’à aucun moment ça n’est un taquet qu’il m’envoie dans la gueule. Juste un fait, sa façon de ressentir les choses, je comprends. Ça pique bien sûr, ça me ramène à mes erreurs et ma culpabilité mais tout ça s’étiole quand il dépose un baiser sur ma joue en passant. Le temps passe, dans 5 minutes il décollera pour la fac et j’en ferai autant quasiment en même temps. Ce cadre-là aussi revient dans mon quotidien et j’ai hâte de retrouver le labo même si je n’ai jamais arrêté de travaillé pour eux même à distance.

Debout, la tablette éteinte, je m’étire de tout mon long et l’interpelle alors qu’il enfile ses pompes « Eh. » Le pas trainant, toujours en short de nuit, j’avance jusqu’à lui et pose une main sur ma nuque, une autre sur ma hanche. Je dors beaucoup depuis que je suis rentré, bien souvent je mets du temps à vraiment émerger le matin même si je compte bien reprendre le surf et les footings rapidement « J’pensais à ça, j’crois que j’aimerai bien avoir un bureau moi aussi en fait. » Une façon de me projeter mais aussi un moyen de gérer différemment, plus posément, que ce soit ce qui me relie à la Garde et aux Lycans en général ou bien les cours et le boulot. Je le regarde réfléchir, enfiler sa veste et sa sacoche « On peut descendre une partie de la bibliothèque dans le salon pour te faire de la place là-haut. » Une suggestion que j’accueille en visualisant les mouvements à opérer, à savoir décharger ce qui nous sert de « pièce » pour chiller là-haut. Je m’y vois bien c’est vrai et le salon peut largement supporter quelques étagères de livres en plus.

Je penche la tête, lui redresse la sienne, un baiser bref et une étreinte rapide pour se souhaiter une bonne journée. Quand il a disparu je jette un coup d’œil à ma montre pour jauger le temps qu’il me reste et le décalage horaire.

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Lundi 20 Mars 2017
Banlieue Londonienne ▬ Fin d'après midi

J’en ferai sans doute autant à sa place, je l’espère en tout cas. La prudence de Jane à mon égard ne me froisse pas, elle me rassure. J’ai été trop loin, bien au-delà de ce que je pouvais encaisser ou en tout cas pas sans dommages qui ont été évident. Je ne sais pas grand-chose d’elle mais elle a cet aura maternel qui me rappelle Isma, celui qui la pousse à s’inquiéter de mon sort autant que de celui des personnes que je pourrais impacter.
Pour autant elle a compris ma démarche, l’a approuvé en m’expliquant même que ça l’arrangeait que j’aille au rendez vous à sa place. Rien à voir avec celui que je m’apprête à aller retrouver en banlieue Londonienne, un simple problème d’emploi du temps. Alors que je me prépare j’ai du mal à ne pas penser à Gaby, difficile aussi de ne pas avoir eu un raté du cœur en voyant ce nom familier qui aurait pu être une autre victime de mon passé. Mais non, ça n’est pas le cas et égoïstement j’en suis soulagé.

Je prends une douche, enfile un jean, un sweat, mes van’s et une veste avant de transplaner jusqu’au Portoloin le plus proche et surtout le mieux sécurisé pour ceux qui veulent éviter un tête à tête avec le Gouvernement. Tout est branché, le traceur sur mon téléphone comme la pierre magique planquée dans le bracelet de cuir autour de mon poignet droit, mes arrières assurées. Loin des quartiers magiques j’arrive dans un petit bled assez éloigné de la Capitale mais accessible en train de banlieue, c’est dans un parc juste à côté de la Garde qu’on a rendez vous sans que lui ne le sache. Ça n’est pas moi qu’il attend et si je n’appréhende pas vraiment sa réaction je comprendrais qu’il soit heurté, ça n’est jamais simple de voir son secret dévoilé. J’me débine pas, franchi les grandes grilles en fer forgé du square mains dans les poches et l’allure tranquille. Son odeur flotte déjà dans l’air, signe de son passage peu de temps avant moi. Je n’ai qu’à la suivre, sans réel souvenir de sa fragrance d’humain mais impossible d’ignorer celle musquée du loup. Les probabilités qu’il s’agisse d’un autre sont assez faible.
Il doit être aux alentours de 17h30 et malgré la nuit approchant des parents ou des nourrices surveillent les quelques enfants occupés à dévaler le toboggan de l’air de jeu comme si leur vie en dépendait. L’espace d’une seconde je nous vois, Sovahnn et moi, en train de faire les cons dans ce truc comme si on était l’un d’eux. Une brise printanière agite tranquillement les arbres qui bordent les allées, un labrador vient me renifler les genoux avant de se faire rappeler par son maître.

Wax resté à la maison j’ai le sentiment qu’il me manque quelque chose, presque un prolongement de moi même, mais rien ne transparaît quand je m’avance vers Loan assis sur un banc peint en vert foncé comme il en existe dans tous les parcs ou presque « Salut. » Un sourire, je fais taire les réactions du loup en moi. Si moi je suis neutre lui ne peut pas s’empêcher de gonfler l’échine, de vouloir s’imposer. Ma main droite sortie de ma poche je la tends vers lui qui ne doit pas comprendre ce qu’il se passe « Enzo. Je sais pas si tu te souviens de moi, on était dans la même école il y a quelques années. » Tous les deux chez les Rouges, j’ai pas tellement d’idée quant à ce qu’il peut penser de moi. Certains n’ont pas vu mon plus beau visage, d’autres m’ont certainement complètement oublié « Jane s'excuse elle a eu un empêchement, j’espère que ça ne te dérange pas que je sois venu à sa place. » D’avoir forcé ton secret, d’une certaine façon. Il sait, c’est ce que je me dis, mais est ce qu’il capte ? Que lui et moi on est semblable désormais. Etrangement l'idée ne me vient pas qu'il puisse se méfier de moi.

Lundi 20 mars, fin d’après-midi.

« Sérieusement , c’quoi ce maquillage que tu m’as collé , il part pas avec le démaquillant ?!» Certes, il était un peu dans l’exagération, mais cette merde semblait à coller à sa peau comme si elle était un peu collée, pour ne pas dire engluée. Il jeta un regard noir à son amie qui n’en finissait pas de rire en voyant qu’il n’arrivait pas à se dépatouiller avec le maquillage. Elle en avait presque les larmes aux yeux, si bien qu’il savait pertinemment qu’elle lui avait joué un tour. « Allez s’te plait, j’ai un rendez-vous important dans deux heures, j’aimerai y arriver sans le pif rouge du clown.» Et les joues toutes aussi rouges que le nez. Le reste qui maquillage était à peu près parti comme il fallait.  Et l’autre de pouffer, toujours amusée comme si elle attendait qu’il trouve la solution tout seul. En d’autres moment, il aurait certainement pris le temps de jouer le jeu, mais là, il avait peur de rater son train et d’être en retard avec son rendez-vous avec Jane. Il voulait aussi un peu de temps pour se poser. Pour arriver à faire la transition entre les deux. Il n’était toujours pas à l’aise avec cette « nouvelle » nature, et ne savait pas trop à quoi s’attendre, de quoi est-ce qu’ils pourraient parler – ou pas-. Il eut une pensée pour Gaby, elle était peut-être la solution à certains de ses soucis, elle avait déjà répondu à quelqu’uns de ses questionnements mais avoir le point de vu de Jane pouvait peut-être aussi être bien… d’autant plus qu’il n’était toujours pas franchement décidé. Etre dans une meute ou pas ?  Il craignait qu’une fois le pas franchit, il ne puisse plus vraiment revenir en arrière. Alors oui, il était stressé, même s’il restait de bonne humeur, il aimerait bien pouvoir partir. « C’est la dernière fois que je suis un cobaye pour que tu t’entraines avec ton make-up, si ça ne part pas.» Une fausse menace, même s’il avait le ton un poil ronchon, elle savait tout aussi bien que lui, qu’il ne lui dirait pas non la prochaine fois. « tiens gros malin, c’est ça le vrai démaquillant lui dit-elle en lui balançant le flacon qu’il rattrapa sans souci. Il préféra ne même pas savoir ce qu’il avait mis sur sa peau, il avait bien senti l’odeur forte, peut-être quelque chose pour nettoyer la peau démaquillée ? Il n’y connaissait rien. Au pire tu aurais peut-être pu utiliser un sort… petit voix dans son esprit qui lui rappelait qu’il était sorcier… et un pas très bon, par ce que là, il ne voyait absolument pas ce qu’il aurait pu utiliser. Incompétence.


Il avait réussi à avoir sont train de justesse, l’emmenant dans un petit bled loin du centre de Londres. Loan prit son portable pour vérifier l’itinéraire jusqu’au parc où il était censé avoir rendez-vous avec Jane. Il l’avait appris par cœur au cas où la batterie du cellulaire décide de lui jouer des tours… avec la technologie il préférait parfois se méfier. Il était donc arrivé un avec un peu d’avance et avait fait un tour de parc en marche très rapide comme si cela allait pouvoir l’aider à sortir un peu son stress et il s’installa sur le banc ; il vérifia d’un coup sa montre et respira encore un bon coup. Tout allait bien se passer. Jane était quelqu’un de bien, de sympa, mais… il craignait plutôt les réponses qu’il allait peut-être devoir fournir. Ou pas d’ailleurs. Il se sentait juste perdu dans tout cela. Tout va bien se passer essayait-il de se rassurer. Et bientôt une grande silhouette apparue dans son champ de vision, loin d’être celle de Jane. Il fronça les sourcils, plus étonné qu’autre chose en voyant Enzo. Qu’est-ce qu’il foutait ici ?  il cligna des yeux un peu surpris avant de faire un sourire à son ancien camarade gryffis « B’jour Enzo !» répliqua-t-il en lui serrant la main, même si quelque part il avait certainement plus envie de se ratatiner sur son banc qu’autre chose. « Bien sûr que j’me souviens de toi ! T’es pas le type le plus invisible.» un léger sourire taquin aux lèvres, ce n’était pas méchant, bien au contraire, il avait apprécié son caractère même s’ils n’étaient pas de bons amis, et il en gardait de bons souvenirs.  Quant à la dernière partie et bien… il fallait bien avouer qu’il ne savait pas trop quoi en penser. Jane n’était pas lycane, ça restait à ses yeux un terrain plus « neutre » qu’Enzo. Dans les faits, si cela le dérangeait, il n’en était pas certain. C’était peut-être le destin qui le poussait vers là pour lui faire comprendre quelque chose. Il hésita néanmoins sur la réponse à fournir et se contenta en premier lieu d’un petit haussement d’épaules pour montrer que ce n’était pas dramatique en soi. Finalement après une bonne grosse dizaine de secondes de silence, il finit par répliquer «Non, pas spécialement, j’suis… surtout un peu surpris, je ne m’attendais pas à te voir, mais pas de souci. » il se gratta un peu nerveusement la joue « Jane va bien quand même ? » Silence, court Et toi ? » Par ce qu’au final, c’était peut-être ça le plus important, il n’allait pas mourir par ce qu’Enzo était au courant… Par contre, pour la femme, elle avait très bien pu se faire capturer et ça puerait franchement pour elle. Il planta quelques instants ses pupilles inquiètes dans celle de Ryans sans trop savoir quoi dire de plus. Tout va bien se passer, il saura peut-être même mieux t’expliquer que quiconque comment ça se passe. C’est lui qui aura les meilleurs conseils. Et d’un coup, il se rappela, qu’à un moment Enzo avait été « proche » des Supérieurs, si on peut dire ça comme ça. Puis il pensa à Kyle.
Supérieurs. Kyle. Supérieurs. Kyle.
Tic tac. De quel bord était Enzo aujourd’hui ? Est-ce que ce n’était pas un piège qu’il était en train de lui tendre ?
Il inspira un nouveau coup, légèrement, et décida de se fier à son instinct, à ce qu’il savait de lui. Il aurait bien voulu pouvoir sentir certainement choses provenant de l’autre garçon, mais il en était incapable. Il devait lui faire confiance. Ryans n’était pas un mauvais type.

La surprise mais rien de plus, pas en apparence en tout cas. Sur son visage je vois même apparaître un sourire, quelque chose de mince mais de bien présent, aucune colère ne laisse sa marque dans son regard ou son attitude. Ce que j’ai fait était égoïste, vrai que j’aurai au moins pu m’arranger pour le prévenir mais quelque chose m’a retenu de le faire. La « peur » qu’il esquive le rendez vous, peut être, même si ça n’aurait pas eu de réelle incidence. La curiosité n’est pas la seule à m’avoir poussé à venir jusqu’ici pour le rencontrer, je crois que c’est aussi une façon pour moi de remettre un pied en douceur dans ce monde à qui je ne sais pas exactement quelle place accorder aujourd’hui. Trop. Pas assez. Je n’ai pas encore trouvé de juste milieu mais j’y travaille « B’jour Enzo ! » Sa voix ne tremble pas non plus mais entre la différence de gabarit et les deux loups qui ne semblent pas avoir grand-chose en commun à première vue je perçois sans mal tout ce qu’il n’exprime pas d’une façon ou d’une autre. Rien de grave, rien d’inhabituel non plus.

On se serre la main, je devine son sourire s’élargir un peu sur les côtés « Bien sûr que j’me souviens de toi ! T’es pas le type le plus invisible. » De mon côté c’est un rire que je laisse passer, un souffle amusé par différentes hypothèses. Je ne sais pas s’il fait référence à ma taille ou au fait que je n’étais effectivement pas le mec le plus discret du bahut – quand je l’avais décidé. On n’était pas 50 à faire du skate dans les couloirs, un peu plus à faire chier les adultes ou à grimper sur les tables une bouteille à la main les soirs de fêtes improvisées. On a vécu des horreurs là bas mais on a aussi expérimenté tout ce qui rend une scolarité et une jeunesse belles et pleines de vies.
Ça me manque. Plus encore qu’avant que je parte sur les routes pour retrouver celui que je n’étais plus certain de savoir où chercher. Les rires gras et les blagues toutes pétées de Mateo, l’humour plus fin de Caem, les conneries de Riley et Kezabel, les course poursuites perdues d’avances avec Sovahnn et tellement d’autres trucs encore. C’est pas de la nostalgie que je ressens mais de l’envie, un regard tourné vers l’avant, une volonté de ramener tout ça à la vie pour qu’on se rappelle qu’au delà de gérer une vie d’adulte parfois bien merdique chacun dans notre coin ou ensemble on est encore des sales gosses capables de faire la fête toute la nuit en se foutant de tout. Certains ne sont plus là, raison de plus.

Il suffit d’une brise pour que le focus reviennent et se braque en douceur sur Loan, tout ça n’a duré qu’une seconde à peine « Non, pas spécialement, j’suis… surtout un peu surpris, je ne m’attendais pas à te voir, mais pas de souci. » C’était vraiment naze comme move, faut l’admettre. J’sais pas pour qui je me suis pris mais j’ai clairement pas tenu compte de ce que lui pourrait ressentir. Ça se passe bien et tant mieux, je crois qu’il est sincère mais les signaux de malaise sont pourtant là. Y a qu’à le voir se gratter la joue plus ou moins l’air de rien « Jane va bien quand même ? » Je ne la connais pas suffisamment pour savoir si c’est le cas ou non alors si ça te va on va s’en tenir aux formalités de communication « Et toi ? » Là, ça, je maîtrise un peu plus « Elle va bien oui, je crois que c’était un empêchement d’ordre perso. » J’ai pas cherché plus loin, c’est pas comme si on était proches elle et moi. On s’est croisés assez peu de fois, je sais que c’est une amie de Benjamin et qu’elle bosse pour la Garde, qu’elle connaît Max aussi, mais ça s’arrête là. Entre nous ça reste « professionnel » et c’est très bien comme ça « Moi aussi ça va. » Un sourire et je m’assoie sur le banc, les mains dans les poches de ma veste et les sens qui scannent les alentours l’air de rien. Je me sens indéniablement plus léger d’avoir l’approbation de Will pour être là, je sais que ça ne devrait sans doute pas être le cas mais au-delà de le préserver lui j’ai besoin de me recentrer.
L’épicentre de mon existence il est là, dans mon quotidien de l’autre côté du globe ou en Norvège, en Ecosse, auprès de mes proches puis dans mon taf que j’aime profondément. J'dis pas que je vais plaquer tout le reste mais je sais que ça doit prendre moins de place. J'ai envie que ça prenne moins de place. Ou bien que ça en prenne différemment.

Ce qui attire mon attention ce sont les battements de son cœur que j’entends accélérer. J’ai pas la prétention de savoir pourquoi, si ça a un rapport avec l’absence de Jane ou bien ma présence, peut être les deux. Ce que je sais c’est que je ne compte pas laisser la situation s’enliser dans un truc où il le vivrait mal et moi avec « Pour être 100 % honnête je lui ai demandé si je pouvais venir avec elle, ou à sa place. » Le haussement d’épaules qui suit n’exprime pas de détachement vis à vis de cette info, c’est surtout un réflexe physiologique « Quand j’ai vu que c’était toi j’ai eu envie de voir comment t’allais. » Une façon de lui dire sans lui dire que Jane et moi on fait parti du même réseau, si ça peut le rassurer. J’imagine qu’il s’en est douté mais après tout il ne sait pas plus où j’en suis dans la vie que l’inverse alors me voir débarquer comme une fleur n’a rien de normal. Pas incohérent, peut être, mais pas attendu en tout cas « C’était hyper égoïste comme intention j'ai pas réfléchi très loin. » Et le rire bref que je lâche n’est bien évidemment pas de l’amusement mais plutôt de l’autodérision « Désolé si ça te met mal à l’aise et si tu préfères que je m’en aille je comprendrais. » Sincèrement « Mais si t’as envie de parler un peu on peut. » Dans ma tête il sait ce que je suis mais j’suis plus certain du timing. Si c’est pas le cas il doit doublement se demander ce que je fous là.

Inattendue. Voilà comme il voyait l’arrivée d’Enzo, pourtant il n’eut presque aucun doute que son camarade sorcier venait pour lui. La coïncidence aurait été trop forte sinon. Il a ptet senti ta douce odeur et s’est demandé à qui était cette fragrance ? Effectivement, c’était également une possibilité mais qui lui semblait quand même moindre. Le suspens ne dura dans tous les cas pas longtemps, Ryans avait bien veillé à ce qu’il comprenne qu’il était là à la place de Jane. Pas bien grave en soi, il pensait qu’il pouvait lui faire confiance, en tout cas il le sentait presque., et puis si la femme l’avait en plus envoyé c’est qu’il n’y avait aucun danger. Il pouvait se détendre et répondre à l’autre sorcier plus amusé qu’autre chose que oui, bien sûr qu’il se rappelait de lui. S’il y avait des personnes qui passaient inaperçues, qui n’avaient jamais causé de problèmes, qui ne faisaient pas le pitre ou autre, on ne pouvait pas bien dire que cela correspondait vraiment bien à Enzo et c’était sans compter sa grande taille… Si Loan avait un gabarit plutôt petit et tout fin, c’était tout le contraire de Ryans si bien qu’aujourd’hui côte à côte, il avait l’impression d’être une brindille fragile que l’autre pourrait casser d’un seul petit coup.

Ils avaient rapidement enchainé sur le fait que non, ça ne le gênait pas plus que cela que ce soit lui plutôt que Jane qui soit là, ce qui était vrai, même si pour l’instant, il faut bien l’avouer il ne pouvait s’empêcher d’être peut-être un peu plus méfiant qu’il ne l’aurait été avec Jane… notamment pour certaines choses qui s’étaient passées à Poudlard, malgré tout, il craignait toujours de tomber dans un traquenard des Supérieurs. Et c’était sans compter l’angoisse qu’il avait de devoir faire un choix sur sa « future vie » de Loup. Meute, pas de meute. Il n’y connaissait rien, il ne savait pas trop comment poser les questions, et si Enzo serait vraiment impartial sur les réponses fournies : si être en meute lui convenait mieux il serait certainement plus enthousiaste. Et puis, pourrait-il, il y a avoir un retour un arrière ? On se calme. On répond juste à la question, il essaya d’être donc juste dans la vérité ; mais une question subsistait : l’état de Jane. « Elle va bien oui, je crois que c’était un empêchement d’ordre perso. »  Il poussa un bref soupir soulagé de savoir que ce n’était certainement pas grave, c’était déjà pas mal. Et il se sentait un peu plus rassuré. « Moi aussi ça va. » cette fois Loan eut un sourire un peu plus chaleureux tandis qu’Enzo s’asseyait à côté de lui sur le banc. « Tant mieux, j’suis content de l’apprendre.» Malgré tout, plus les secondes passaient plus il y avait une dualité au fond de lui, angoisse qu’il soit toujours lié aux Supérieurs d’une quelconque façon, superposée à l’image du couple qu’il formait avec Kyle. C’était con, par ce qu’il en était certain Enzo était quelqu’un de bien, de bon, qui ne voulait mal de mal à son prochain. mais parfois on peut faire des choses affreuses pour sauver les siens. La voix d’Enzo  qui retentit bien de nouveau, permit au moins de l’ancrer de nouveau un peu plus dans le monde réel et de le calmer, d’apaiser ses tensions. « Pour être 100 % honnête je lui ai demandé si je pouvais venir avec elle, ou à sa place. » Il fronça un peu les sourcils, étonné, mais écouta la suite en retenant presque son souffle tandis qu’Enzo haussa les épaules comme s’il annonçait juste un fait. « Quand j’ai vu que c’était toi j’ai eu envie de voir comment t’allais. » Quand il avait vu que c’était lui ? Comment ? Il sentit presque automatiquement une angoisse le bouffer de nouveau, mais cette fois, rien à voir avec Enzo, leur passé, mais l’idée que son identité pouvait circuler d’une manière ou d’une autre avec le fait qu’il soit lycan. Il essaya de se raisonner, le sous-entendu au final, avec quelques instants de réflexion semblait clair. Ils aidaient tous les deux les lycans et partageaient leur savoir, ou quelque chose comme ça. « C’était hyper égoïste comme intention j'ai pas réfléchi très loin. » Oui et non, il pouvait comprendre le point de vue d’Enzo ; lui aussi s’il avait vu la trogne ou le nom de quelqu’un qu’il connaissait, il aurait voulu vérifier que tout était Ok pour lui. Par ce qu’au final, d’après ce qu’il comprenait Ryans était juste là pour ça. « Désolé si ça te met mal à l’aise et si tu préfères que je m’en aille je comprendrais. Mais si t’as envie de parler un peu on peut. » il rire d’Enzo le fit légèrement sourire et il secoua la tête comme pour balancer un peu certains de ses dires à la poubelle. « Non, non ne t’inquiètes pas, y’a pas de souci… c’est…» il s’arrêta comme s’il cherchait à dire les mots les plus justes, sans trop rien nommer et surtout sans faire de peine à Enzo. Ce n’était pas le plus, aucunement, mais il savait pertinemment que l’autre avait dû entendre ses battements de cœur effrénés -voire avait senti des choses ?-. « C’est juste que c’est encore un peu … nouveau tout ça pour moi, et ça faisait un moment. Enfin tu vois depuis que j’suis parti de l’école que je n’avais plus trop côtoyé… hum, tout cet univers on va dire.» il laissa passer quelques instants avant de reprendre « Un peu de flippe, je pense comme tout le monde, d’me faire chopper par Eux. Donc c’est pas contre toi, juste de l’angoisse à certains termes.» Il lui dédia un sourire un peu plus chaleureux, essayant de ne pas penser non plus à Gaby qui était aussi nerveuse que lui ce qui pourrait presque le faire sourire « Je sais que je peux te faire confiance.» Autrement dit, le passé on oublie, on vit pour le futur et le présent. C’est comme ça qu’on avance pour lui, de ne pas trop ressasser. « Et ouais, j’crois que je veux bien, mais… sincèrement j’vais pas te mentir, je ne sais pas ce que je veux,  ce dont j’aurais vraiment besoin, je ne me rends pas compte des implications que cela peut avoir. A long terme, ou même à court terme.» il débitait, pour ne pas se débiner et faire marcher arrière.  Ce n’était pas vraiment du stress, mais il avait conscience que chacun des mot avait un sens fort et pouvait changer son futur, la perception des choses, alors il ne voulait pas se rater «Alors la première question, serait si on fait partie d’un « groupe », on peut en partir facilement ou on est liés d’une certaine manière à tout jamais ? » Autrement dit, si jamais une meute ne lui convenait est-ce que c’était possible de continuer seul de son côté, ou est-ce que ça serait trop dur ? il était plutôt sociable, il se disait que la meute lui conviendrait certainement bien. Mais entre la théorie et la pratique, il y avait parfois tout en monde. C’était donc la question la plus primordiale à ses yeux, le reste découlerait de la réponse d’Enzo. « Oh ! Et merci, d’être venu et de prendre du temps pour répondre à tout ce bordel.» il eut un léger rire amusé, d'autodérision et rajouta pour détendre l'atmosphère et par ce qu'il se sentait un peu stupide de ne pas savoir ce genre de choses « J'ai l'impression d'être un tout petit enfant qui demande à ses parents ou son frère "hey comment on fait les bébés"»

« Non, non ne t’inquiètes pas, y’a pas de souci… c’est… » Un sourcil arqué je reste tranquille, attentif, concerné par ce qui émane de mon ancien camarade et désormais semblable. Un truc que j’ai eu tendance à fuir ces derniers mois parce que je n’ai pas su doser encore une fois mais aujourd’hui j’ai enfin le sentiment d’y voir plus clair. Aider ça n’est pas se sacrifier, tout donner, c’est offrir à l’autre une part de ce qu’on peut laisser sans perdre son propre équilibre. Peut-être que Loan n’a pas besoin de ça et dans le fond je n’avais aucune arrière-pensée en débarquant, juste une réelle envie de prendre des nouvelles, savoir ce qu’il devient, lui tendre une main si jamais il en a besoin. Se poser sur un banc et discuter, juste ça « C’est juste que c’est encore un peu … nouveau tout ça pour moi, et ça faisait un moment. Enfin tu vois depuis que j’suis parti de l’école que je n’avais plus trop côtoyé… hum, tout cet univers on va dire. » Encore un qui a tiré un trait avec le monde magique, c’est ce que j’en déduis.

Poudlard a laissé des marques sur tous ceux qui y sont passés, Non-Magiciens comme Sorciers. Ça n’est pas l’école dans laquelle j’ai commencé ma scolarité, je n’en ai foulé les pavés que trois ans à peine, malheureusement les pires. J’y ai découvert la crasse dont est capable l’être humain et ce de la plus violente des manières, chacun à notre façon on est restés balafrés de ce qu’on a vu et vécu entre ces murs de pierres alors non, y a plus rien d’étonnant pour moi à voir des Sorciers tourner le dos à ce qui aurait dû être un univers évident. Leur place. La plupart ont trouvé un sentiment de sécurité en s’éloignant du Chemin de Traverse, de mon côté je ne me suis simplement pas vraiment posé la question et j’ai suivi le courant là où il trouvait logique de m’emmener « Un peu de flippe, je pense comme tout le monde, d’me faire chopper par Eux. Donc c’est pas contre toi, juste de l’angoisse à certains termes. » Si je pince les lèvres et plisse le nez dans un rictus éloquent je ne rajoute rien. J’ai compris le sous texte, sa peur je la partage et si Sovahnn était là elle nous dirait à lui comme à moi que ça nous permet de rester vigilants. On risque notre peau en étant simplement nous-même, en soi ça n’a rien d’un scoop et je doute que le monde devienne celui des Bisounours d’ici trois semaines alors on va continuer sur notre lancer, faire attention, se protéger les uns et les autres et se reposer sur des trucs plus grands que nous.
Ça aussi je l’ai compris, à retardement mais je l’ai compris, même si c’est pas simple parce qu’on a tous pris l’habitude de gérer par et pour nous même on peut aujourd’hui lâcher du lest. Je pense à la Garde bien sûr même si on ne les a pas attendu pour monter un truc qui tient la route « Je sais que je peux te faire confiance. » Ça serait idiot de nier le crépitement que ça provoque dans ma cage thoracique, un truc qui diffuse une sorte de chaleur éphémère. On a tous besoin de reconnaissance, j’fais pas exception à la règle et en ayant navigué dans le noir pendant des semaines je prends tout ce qu’il y a à prendre de lumineux. Ça me touche, c’est aussi simple que ça « Et ouais, j’crois que je veux bien, mais… sincèrement j’vais pas te mentir, je ne sais pas ce que je veux,  ce dont j’aurais vraiment besoin, je ne me rends pas compte des implications que cela peut avoir. A long terme, ou même à court terme. » Putain, ça me parait tellement loin. Une autre vie, un autre moi. Mais de ça on s’en fout parce qu’il s’agit de lui, de son histoire, de sa vie qui se bouscule d’un truc salement imprévu mais pas ingérable.
Je l’ai fait, d’autres l’ont fait avant et après, y en aura encore d’autres jusqu’à ce que l’espèce humaine disparaisse de la planète. J’ai une pensée pour Gaby, un truc fugace dont je ne sais pas vraiment quoi faire alors je la laisse passer et me recentre sur Loan « Alors la première question, serait si on fait partie d’un « groupe », on peut en partir facilement ou on est liés d’une certaine manière à tout jamais ? » Je souris, c’est con mais sa réflexion m’amuse dans le sens où j’y vois – peut être à tort – une volonté de conserver sa liberté. Cette fois c’est à Caitlyn que je pense évidemment, si devait y avoir une formatrice pour ça ce serait elle « Oh ! Et merci, d’être venu et de prendre du temps pour répondre à tout ce bordel. » C’est ce que j’ai fait ? D’une certaine façon oui mais j’crois que je ne vois pas les choses comme ça. Je ne sur analyse pas la situation en fait, je fais et c’est tout. Je suis là, lui aussi, on voit ce qui se passe « J'ai l'impression d'être un tout petit enfant qui demande à ses parents ou son frère "hey comment on fait les bébés". » Si lui lâche un rire j’ai l’impression que le mien est plus franc encore, à la fois surpris et amusé de la réflexion. C’est vrai que vu comme ça … Sans aller jusque-là, on n’est pas loin des premiers pas finalement « J’peux t’expliquer ça aussi si tu veux hein. » Les graines, la cigogne, tout ça … Quoi ? C’est pas ça ? Au temps pour moi.

Les couleurs du ciel changent, de plus en plus pastelles entre les nuages, je roule des épaules par automatisme et étend mes jambes devant moi avant de croiser les chevilles. Les mains toujours au chaud dans mes poches, le buste en avant, un peu tassé sur moi-même sans que ça soit un problème « T’es obligé de rien, ta vie n’a pas à changer si t’en as pas envie. » Un regard, un sourire, ce qu’il vit est un chamboulement difficile à ignorer et évidemment que ça a un impact sur lui, sur son quotidien, mais fondamentalement je ne pense vraiment pas que sa vie doit changer. Pas alors qu’il a à portée de main tout ce qu’on peut lui offrir « Tu prends ta Potion tous les mois, tu te mets en sécurité et les autres avec à chaque date clé, fin de l’histoire. » C’est si simple que ça ? Pourquoi ça ne le serait pas. On est tous différents, Lycans ou pas notre tempérament est unique alors de schéma il n’y en a pas de classique. Chacun fait ce qu’il veut et s’il n’a pas envie de côtoyer d’autres personnes atteintes de cette particularité c’est son droit. Si c’est sporadique alors ça l’est tout autant. Pas comme s’il avait signé un contrat avec un clan « Si t’as besoin d’une dose ou d’un endroit où changer, t’as pas à gérer ça seul si tu le souhaite. » Et rien que ça, déjà, ça peut faire une telle différence « Mais ce qu’on a voulu faire … Jane, moi, d’autres … C’est simplement s’assurer que si jamais quelqu’un a besoin d’aide, quelle qu’elle soit, il la trouvera. » Une planque, une nouvelle identité, une présence, des réponses à des questions … La liste n’est pas exhaustive, on n’a pas tous les mêmes besoins ni les mêmes réflexes « Et y a pas de date de péremption. » De nouveau un sourire, tranquille, une réellement volonté de le rassurer sans trop en faire.

Au-dessus de nous une murmuration d’étourneaux passe comme dans un rêve et perce le ciel de ses ondulations plus ou moins silencieuses, je les regarde un instant puis cherche à nouveau son regard « Ça fait combien de temps ? Si c’est pas indiscret. » Ça l’est mais c’est peut-être pas tabou pour lui.

Et maintenant, mon grand, il fallait parler. Dire des choses pas forcément faciles pour lui et d’autres qui étaient beaucoup plus simples. D’ailleurs, il avait commencé avec ça, les choses les plus simples, lui faire comprendre que tout cela était nouveau et qu’il n’était plus trop « en rapport » avec la magie. Il y avait peut-être un peu de malaise en disant cela, comme si c’était presque une insulte qu’il proférait ou quelque chose de honteux… alors qu’il n’en était rien et qu’il le savait. De toute manière, même sans les Supérieurs, il n’était pas sûr qu’il serait dans le monde de la magie, ce n’était pas forcément quelque chose qui lui correspondait. Il aurait fini son cycle et après serait certainement revenu vers ses passions, ce pour quoi il était fait. La différence aurait été qu’il serait peut-être allé plus régulièrement dans le monde magique, sans vraiment mettre une barrière… Et il avait embrayé avec surtout cette peur de se faire choper par le Gouvernement. Hors de question de retomber dans leurs griffes, de se faire recenser car qui sait de quoi est-ce qu’ils seraient réellement capables sur un né-moldu comme lui. Des mensonges, ça s’inventait vite, tout comme des preuves … pour qu’il y ait un coupable, ou un exemple.

Lorsqu’il lui avait dit qu’il pouvait lui faire confiance, il leva un bref instant un regard interrogateur vers l’autre sorcier en sentant quelque chose de différent qui émanait de lui sans qu’il ne puisse l’identifier. Furtive, la sensation de toute manière. Il avait fini par le plus compliqué, faire le « point » sur tous ses doutes, ou plutôt ses incertitudes, et il y en avait des tas. Des questions pragmatiques, que l’on pouvait facilement comprendre mais malgré tout, il essayait de faire peser cela moins lourd en continuant de plaisanter. Un peu. D’y mettre une petite touche. Et au moins il avait réussi à faire Enzo, ce qui était déjà certainement un bon point pour une bonne discussion sans malaise, sans non dit. « J’peux t’expliquer ça aussi si tu veux hein. » rah le bougre, il enchainait à sa connerie en plus… alors… et bien oui, il était quand même dans l’obligation morale de suivre cette tendance. « Vas-y je t‘écoute, je crois que tu ne pourras jamais faire pire que l’explication que m’avait fait mon frère.» Il ricana un bref instant, avant de lui sourire, l’encourageant presque à continuer.

Mais  le sujet était vite retourné vers quelque chose de plus sérieux, il le voyait même avant qu’Enzo réponde qu’à son changement de position.  « T’es obligé de rien, ta vie n’a pas à changer si t’en as pas envie. » Il fronça les sourcils, presque étonné par la réponse, donc au final, cela ne pouvait peut-être avoir une incidence vraiment d’une nuit dans le mois, c’était pas grand-chose. Et, il le comprenait aussi comme un « tu peux le faire dans ton coin sans souci », mais la suite des explications pourraient lui confirmer ou au contraire lui infirmer cela. « Tu prends ta Potion tous les mois, tu te mets en sécurité et les autres avec à chaque date clé, fin de l’histoire. » Il acquiesça doucement, c’est ce qu’il faisait un maximum, même avant la potion… Il avait néanmoins toujours eut une peur bleue que les sortilèges de protection qu’il mettait en place juste avant ne soient pas suffisant. Il avait toujours tout fait pour ne pas mettre son ainé en danger ou quiconque d’autres.  « Si t’as besoin d’une dose ou d’un endroit où changer, t’as pas à gérer ça seul si tu le souhaite.  Mais ce qu’on a voulu faire … Jane, moi, d’autres … C’est simplement s’assurer que si jamais quelqu’un a besoin d’aide, quelle qu’elle soit, il la trouvera.» il fallait bien avouer que ça avait quand même l’air un peu plaisant et puis s’il y avait Enzo dans la balance, cela pouvait pencher plus d’un côté que de l’autre. Cela demandait quand même peut-être encore un peu de réflexion. « Et y a pas de date de péremption. » Il opina du chef comme pour dire « ok ». Concentré sur toutes ces informations qu’il essayait d’intégrer, il n’entendit même pas les étourneaux. Regard certainement un peu perdu dans le vide, cherchant ce qu’il pourrait bien répondre, sur ce qu’il pouvait avoir envie. Est-ce qu’après ces simples mots, savoir qu’il avait un choix, qu’il pouvait toujours « revenir » en arrière s’il n’aimait pas ce côté meute c’était possible, cela changeait quelque chose dans son opinion ou le temps serait son meilleur allié pour prendre décision. Il se rendit compte, au bout de quelques instants qu’Enzo le fixait et il lui dédia un léger sourire, plus timide qu’avant, surtout un peu moins assuré par ce que trop de choses tournaient dans sa tête. « Ça fait combien de temps ? Si c’est pas indiscret. » cette fois, pas besoin de réfléchir à la réponse. Légère grimace mais il n’était pas plus décontenancé que cela par la question. Pas un réel souci pour lui de répondre à cette question. « J’me suis fait mordre en septembre. J’ai pu sécurisé …» il vérifia rapidement à droite et à gauche qu’il n’y ait personne et continua «… ma cave, de la façon dont tu te doutes. Et mon frère faisait en sorte de pousser un truc très lourd derrière la porte pour plus de sécurité. » Il haussa les épaules en soupirant doucement « Du coup visiblement, j’avais plutôt quelques bases, même si ladite potion c’est vraiment galère à trouver.» Il leva les yeux au ciel, agacé de ces décrets ministériels. Il fit un doux sourire à Enzo avant de reprendre, presque plus joyeusement « Du coup j’avoue que je ne sais pas trop comment… comment ça peut être à plusieurs et si ça me conviendrait.» Silence, avant d’avoir un léger rire. Très léger. « Si quelqu’un entend cette phrase, il va se dire que j’ai de drôles pratiques quand même.» pas de jugement, chacun faisait bien ce qu’il voulait de sa vie, seul ou à plusieurs. Pas la question. Même pas un détournement de sujet, juste une manière montrer qu’il gérait, qu’il pouvait en plaisanter. « J’pense que je vais quand même y réfléchir un peu, mais je crois que ça me plairait bien d’essayer.» La meute, n’est-ce pas. « Vous êtes beaucoup, enfin si tu fais partie d’une… d’un groupe. Et il y a des gens que je peux connaître ?» De Poudlard, donc. « Tous sont comme nous ?» Des sorciers, ou est-ce qu’il y avait aussi des moldus. « Comme tu peux le voir, je ferai un piètre interrogateur… mais un bon gamin curieux.» toujours pour rendre tout cela moins…. Disons quelque part moins angoissant, par ce qu’il avait toujours du mal avec ce genre d’aveux de questions, ou même craignait un peu la réponse. Pas facile d’assumer tout cela, et il y avait encore une part de déni par moment. « Comment t’as fait, toi, au début ?» Pas les mêmes règles,  il y avait aussi eu Poudlard dans le lot. Il eut une brève pensée pour Gaby, mais ce n’était pas pour cela qu’il posait la question, ce n’était pas ses affaires.  Et il avait déjà donné son point de vue à sa camarade. Il voulait juste savoir comment il avait accepté cela au départ.

« J’me suis fait mordre en septembre. J’ai pu sécurisé … » Si lui a le réflexe de regarder autour de nous moi ce sont les traits de son visage et son langage corporel que j’étudie. Et parce qu’on ne peut pas se permettre de prendre le moindre risque je cherche ma baguette du bout des doigts dans le fond de ma poche et nous entoure d’un sortilège assourdissant « … ma cave, de la façon dont tu te doutes. Et mon frère faisait en sorte de pousser un truc très lourd derrière la porte pour plus de sécurité. » Donc son frère est au courant.
Je me méfie par instinct, par réflexe aussi, comme si chaque personne informée d’un tel secret était une menace de plus. Je me souviens parfaitement de ma réaction quand Caitlyn m’a dit que sa voisine avait deviné, sa désinvolture sur le sujet m’a foutu en colère. Injuste ou pas j’ai juste envie de les voir rester en vie mais ça n’est pas à moi de juger du degré de confiance qu’ils peuvent avoir envers leurs proches. Loan a eu la chance de ne pas traverser ça tout seul, d’avoir quelqu’un pour l’aider les nuits de Pleine Lune, c’est tout aussi important que de se méfier j’en ai conscience « Du coup visiblement, j’avais plutôt quelques bases, même si ladite potion c’est vraiment galère à trouver. » Tête penchée sur un côté et lèvres pincées de l’autre j’approuve en silence, dans ma tête les rouages s’activent et les questions se baladent. Est-ce que je peux lui parler du Veaudelune ? Il dit avoir plus ou moins tiré un trait sur cette partie de sa vie, le monde magique, alors ça n’est sans doute pas l’idéal de toute façon. Et de ce que j’ai compris Jane lui en a fourni récemment. Il a les contacts, c’est le plus important, surtout il a eu le réflexe « Du coup j’avoue que je ne sais pas trop comment… comment ça peut être à plusieurs et si ça me conviendrait. » Et le sourire en coin se pointe avant même qu’il ne lâche un rire « Si quelqu’un entend cette phrase, il va se dire que j’ai de drôles pratiques quand même. » Cette fois c’est moi qui me marre, à deux doigts de lui répondre un truc que je pourrais sortir en présence de mes potes mais que je retiens. Pas le sujet.

Un ange passe, ça ne dure pas plus de quelques secondes pendant lesquels je repose mon dos contre le dossier du banc et adopte une posture détendue. Je le suis, attentif mais pas bouffé par l’inquiétude, pas sur mes gardes comme un fugitif que je suis pourtant plus ou moins. Beaucoup de verrous se sont débloqués dernièrement, c’est parti de cette discussion avec Max dans la grange chez lui et Fenella et ça s’est poursuivi pendant tout mon périple. Seul la plupart du temps j’ai largement eu le temps pour l’introspection « J’pense que je vais quand même y réfléchir un peu, mais je crois que ça me plairait bien d’essayer. » Un sourcil arqué je raccroche la conversation avec un temps de latence, pas grand-chose, juste de quoi comprendre de quoi il parle « Vous êtes beaucoup, enfin si tu fais partie d’une… d’un groupe. Et il y a des gens que je peux connaître ? » La façon dont il déballe ses questions me fait sourire, pas moqueur juste amusé. Je n’ai pas l’impression qu’il a peur et la différence est flagrante avec beaucoup de « jeunes » Loups que j’ai pu côtoyer. Il part avec de l’avance et j’pourrais pas en être plus heureux pour lui « Tous sont comme nous ? » Je liste, avec l’impression d’avoir devant moi un gosse avec une grosse tête qui voudrait tout savoir « Comme tu peux le voir, je ferai un piètre interrogateur… mais un bon gamin curieux. » Qu’est-ce que je disais ? Un rire bref m’échappe, je sens mon dos vibrer contre le dossier sur lequel je suis appuyé « Comment t’as fait, toi, au début ? » Combien de fois j’ai entendu cette question ? Légitime, pas de malaise, mais je crois que je n’y réponds jamais vraiment de la même façon. La perception des choses change avec le temps qui passent, les nouvelles expériences, le recul qu’on gagne tout comme les claques qu’on se prend dans la gueule. Je crois qu’on oublie sans doute aussi un peu, les détails au moins.

Alors, comment j’ai fait moi au début ? Au début je me suis enfermé dans la cave, comme toi, ensuite c’est mon oncle qui m’a enfermé au milieu de nulle part en me traitant comme une erreur de la nature. Et puis Poudlard.

« Plus ou moins comme toi. » Dans les faits c’est vrai, l’histoire du frangin en moins « Mais ça m’a rapidement gonflé d’être enfermé. » Comme un clébard enragé à qui on ne donne aucune chance, qu’on enferme plutôt que de l’aider à embrasser ce qu’il est devenu. Je ne blâme pas mes grands-parents ils ont fait comme ils ont pu mais avec le recul si Derek m’avait moins haï il aurait pu être cette personne. Il l’a été, au bout de plus d’un an et parce que les circonstances jouaient en sa faveur. J’ai pas de rancœur vis-à-vis de ça, le passé n’est plus un truc qui me fait me ronger les ongles et m’empêche de dormir la nuit. Pas le concernant en tout cas. J’ai survécu, je me suis endurcit, c’est tout ce que je choisis de retenir de mes premières années de Lycanthropie. Cette Morsure m’a apporté ce qu’il y a eu de pire dans mon existence mais elle m’a toujours sauvé la vie, un putain de paradoxe sur lequel je me suis construit parce que de toute façon quel autre choix j’avais ? Celui du déni ou de la mort, aucun des deux ne m’a jamais tenté. Pas pour ça en tout cas « Malheureusement au début c’est nécessaire, sauf si on arrive à trouver un environnement sans risque pour qui que ce soit et éventuellement un entourage capable de nous maitriser ou nous protéger si ça dérape. » Ce que j’ai aujourd’hui et depuis un moment, ce que je suis aussi. Maitriser ou protéger je sais faire, je l’ai déjà fait, je recommencerai sûrement « J’ai été mordu en mars 2012, en septembre de la même année j’entrais à Poudlard. » Et là encore pas de ressenti particulier, je crois que mon visage comme ma posture n’exprime rien de plus qu’un détachement qui n’est pas factice « C’était pas l’idéal comme environnement sans risque. » Sans déconner. Avec le recul je me demande vraiment comment j’ai fait pour survivre. A ces enculés de Sup bien sûr mais aussi à toutes ces créatures qui se baladaient dans la Forêt Interdite où je passais mes nuits de Pleine Lune – entre autre. Les fameuses neuf vies du chat noir sans doute « J’ai mis un peu de temps à accepter, à assimiler le Tue-Loup aussi, mais une fois que j’suis passé au travers de ces changements … J’me vois pas faire sans aujourd’hui, ça fait partie de moi. » C’est une partie de mon identité, un truc à partir duquel je me suis construit et qui se mêle à mon ADN de façon inextricable. Parfois on est deux, parfois cette dualité s’exprime autrement, c’est un truc qu’on ne peut pas vraiment expliquer avec des mots. Un truc que seuls ceux qui le vivent et le ressentent peuvent réellement comprendre.

Changement de position, je remonte un genou sur l’assise et me tourne légèrement vers lui en passant mon bras droit par-dessus le dossier pour être plus à l’aise « J’peux pas te dire s’il y a des gens que tu pourrais connaitre, ça n’est pas à moi de dévoiler la nature de qui que ce soit. En revanche je peux te dire que non, tous ne sont pas comme nous. Certains Non-Magiciens survivent à la Morsure. » Jody est la première que j’ai rencontré je crois mais depuis le nombre a drastiquement augmenté grâce à ce fils de pute qui doit croupir six pieds sous terre je ne sais où. Celui qui est sans doute responsable de la Morsure de Loan d’ailleurs « J’fais pas « officiellement » partie d’un groupe, ou d’une meute si tu préfères. J’ai des amis proches, des personnes avec qui ça m’arrive de partager une Pleine Lune mais ça n’est pas systématique. » Surtout ces derniers temps et j’ignore quand ça se reproduira à nouveau. J’ai eu besoin de prendre du recul, ça m’a fait du bien de me retrouver seul avec moi-même et de me détacher des responsabilités.
Est-ce qu’il attend que je lui propose d’en passer une ensemble ? Je voudrai être sûr de moi avant de prendre cette décision, certain que c’est vraiment ce dont j’ai envie et pas un truc que je m’impose. Rien de personnel « D’ailleurs l’une d’elle, avec l’aide de Jane, est en train de façonner un endroit où ceux du coin pourront changer en toute sécurité et profiter un peu de la liberté qu’une Pleine Lune peut offrir. » Une info qui pourrait l’intéresser, à moyen ou long terme. Il en fera ce qu’il voudra mais c’est là, posé, à dispo.

Et ces quelques mots-là qui tombent avec sincérité, pas de trace d’amertume ni dans les rétines ni dans le fond du cœur « C’est bien que ton frère soit là pour t’aider. »

Même s’il y avait des sujets beaucoup plus simples à aborder pour Loan, il arrivait à en parler sans trop de souci du moment qu’il se trouvait face à une personne de confiance, et Enzo faisait parti de ces personnes-là. Ce n’était pas le genre de discours qu’il tiendrait face à ses amis Moldus par exemple. Factuellement, il savait quoi faire, comment réagir et il avait eu de la chance. Il avait dit que son frère était au courant comme si c’était une évidence, lui ne voyait pas le mal qu’un non Maj sache ce genre de choses : après tout, Marius savait où il avait été envoyé, il lui avait déjà parlé des lycans et il ne se voyait de toute manière pas cacher ce gendre d’informations à son confident et son colocataire. Son frère était tout cela réuni à ses yeux. Loan était toujours loin de se douter de ce qui se tramait dans son dos à cause de Marius. Il avait donc continué de parler sans réel trouble si ce n’était qu’il ne savait toujours pas ce qu’il devait faire, ce qui serait le mieux pour lui. Voir le verre à moitié plein, il préférait en plaisanter plutôt que de se plaindre. Il avait même réussi à amuser un peu Enzo et c’était déjà pas mal à ses yeux, surtout vu le sujet évoqué.

Hoover avait quand même vite repris son sérieux, il avait continué d’essayer d’expliquer le mieux à Enzo sa façon de voir les choses avant de se remettre à poser de multiples questions comme un gamin curieux – ce qu’il était clairement-. Il voulait en savoir le maximum – le nombre, qui ?- avant de se lancer dans la grande aventure de meute. Et la question finale, était certainement le plus important. Comment on fait au début, est-ce qu’il y a des tips en particulier ? Est-ce qu’il y avait des choses qui risquaient de lui arriver et qu’il devait savoir ? Rien de tout cela par ce que chaque transformation était différente ? Il avait de la chance en tout cas, Ryans ne semblait pas agacé par ses très nombreuses questions. Peut-être qu’il y a certaines parties que son ami préférerait garder secrètes et qu’il ne voulait pas évoquer. Dans un sens, peut-être qu’il était en train de remuer le couteau dans la plaie. Un instant, il eut envie de lui dire de ne répondre qu’à ce qu’il souhaitait, que s’il y avait des tabous ce n’était pas bien grave… mais il se dit qu’Enzo était assez grand pour le faire par lui-même. Ils ne se connaissaient pas énormément, ils en savaient néanmoins assez pour se douter l’un et l’autre que si l’un disait qu’il ne préférait pas parler de telle ou de telle chose, l’autre le respecterait sans insister.

Il avait presque l’impression d’être pendu à ses lèvres et la réponse ne tarda pas à tomber «  Plus ou moins comme toi. Mais ça m’a rapidement gonflé d’être enfermé. » Loan avait légèrement froncé les sourcils avant d’acquiescer. Il pouvait comprendre, ce n’était pas quelque chose d’agréable mais dans un monde Moldu c’était plus compliqué d’envisager autre chose, surtout qu’il ne côtoyait plus trop le monde sorcier. Ceci dit, il se trompait peut-être dans sa logique Loan, il savait que son interlocuteur était sang-pur et il avait fait ses propres déductions avec cela, mais il y avait toujours des cas particuliers. « Malheureusement au début c’est nécessaire, sauf si on arrive à trouver un environnement sans risque pour qui que ce soit et éventuellement un entourage capable de nous maitriser ou nous protéger si ça dérape. » Ce qu’il n’avait pas jusqu’ici.  Rester enfermer était un mal pour un bien, au moins, il était à peu près sûr de ne faire du mal à personne. Pour l’instant en tout cas cela n’avait pas dérapé et il avait bon espoir que cela n’arrive pas. Savoir que s’il sortait quelqu’un pourrait l’aider si jamais ça dérapait était encourageant.  Il préférait largement se faire blesser que de risquer de tuer quelqu’un ou de le rendre comme lui… comme eux. « J’ai été mordu en mars 2012, en septembre de la même année j’entrais à Poudlard. » Il opina. Sui ne se souviendrait pas de cette année 2012…. Le pauvre, quelques mois après sa morsure, il avait dû avoir les Supérieurs sous le dos. « C’était pas l’idéal comme environnement sans risque. » Non sans blague, il murmura un petit « J’vois pas du tout de quoi tu veux parler.» Ce qui voulait en réalité dire qu’il compatissait. Il n’était même pas certain qu’Enzo l’ai entendu et son but n’était absolument pas de le couper lorsqu’il lui parlait. Il préférait donc juste se taire, même si quelque part il aurait bien voulu communiquer sur cela. Peut-être pour lui, peut-être aussi en partie pour comprendre ce qui avait pu se passer avec Gaby, même si dans son esprit c’était quand même assez clair. Avec les Supérieurs, il n’y avait pas vraiment de place au doute.  « J’ai mis un peu de temps à accepter, à assimiler le Tue-Loup aussi, mais une fois que j’suis passé au travers de ces changements … J’me vois pas faire sans aujourd’hui, ça fait partie de moi. » cela ne faisait certainement pas assez longtemps qu’il changeait, mais s’il pouvait faire retour en arrière, il le ferait sans aucune hésitation. Pour l’instant, certainement par ce qu’il ne voyait que des mauvais côtés, il n’y avait pas vraiment davantage.

Il le regarda changer de position, toujours sans un mot. « J’peux pas te dire s’il y a des gens que tu pourrais connaitre, ça n’est pas à moi de dévoiler la nature de qui que ce soit. En revanche je peux te dire que non, tous ne sont pas comme nous. Certains Non-Magiciens survivent à la Morsure. » Il fronça un peu les sourcils mais acquiesça un peu, il n’avait pas voulu forcément des noms mais juste savoir s’il y avait des gens de Poudlard. C’était trop vague pour qu’il puisse en faire de quelconques déductions selon lui, mais il ne fit aucun commentaire. C’était un argument qu’il pouvait comprendre totalement. Ce qui le ravi le plus, dans cette réponse, c’était de savoir qu’il y avait aussi des non-mags, c’était quelque chose qui serait plus simple pour lui, peut-être. « J’fais pas « officiellement » partie d’un groupe, ou d’une meute si tu préfères. J’ai des amis proches, des personnes avec qui ça m’arrive de partager une Pleine Lune mais ça n’est pas systématique. » Il acquiesça. Une autre bonne nouvelle pour lui : aucune obligation sur la durée, on pouvait choisir. Si Enzo le pouvait, certainement qu’il le pouvait aussi. « D’ailleurs l’une d’elle, avec l’aide de Jane, est en train de façonner un endroit où ceux du coin pourront changer en toute sécurité et profiter un peu de la liberté qu’une Pleine Lune peut offrir. » il avait plongé son regard intéressé quelques instants dans celui d’Enzo. Une sacrée bonne idée, mais si l’endroit se faisait repérer d’une manière ou d’une autre ils seraient tous fait comme des rats Pareil pour le reste non ? Où que tu te transformes, ça sera dangereux. mais pas forcément de la même manière. Changer de lieu à chaque fois pouvait aider. Ici, cela semblait être « un » endroit. Un seul lieu.  « C’est bien que ton frère soit là pour t’aider. » Il haussa un peu les épaules en tordant légèrement le nez. « C’est mon coloc, j’me voyais pas m’enfermer dans la cave en lui disant de coller un truc contre la porte… sans tout lui expliquer, mais, la magie c’pas du tout son truc. Même s’il a été content pour moi lorsque j’ai pu entrer à Poudlard.» Bon surtout, ça ne lui parlait pas du tout, probablement que Marius était un peu trop terre à terre. Il haussa un peu les épaules avant de continuer « Donc ouais, en vrai il m’aide pas tellement, c’pas dans ses cordes enfin tu vois dans tout ce qui est « matériel ». Il est là, c’est déjà pas mal.» De nouveau quelques instants de silence pour en revenir au cœur du sujet « J’ai bien tout noté ! C’est plutôt cool si on peut venir un peu…. enfin quand on en a « envie » et pour le lieu, ouais, j’crois que je vais prendre l’adresse, mais ce n’est pas plus risqué de… disons de rester dans un endroit fixe, même s’il est bien protégé ?  Que de changer d’endroit régulièrement ? Tu-sais-qui doit avoir pas mal de… pouvoir, ou des manières de vérifier qu’il n’y ait pas ce genre de … protocoles mis en place, non ?» Parano coucou. « J’avoue j’y connais rien, mais je voudrais pas mettre mon frère en danger. Il n’aura aucun moyen de se défendre.» pas de baguette. Rien. Et il fallait avouer que lui avait une peur bleue de se faire capturer par ces salauds, alors oui, la question était conne, par ce que si c’était proposé c’est que ça avait été réfléchi et que c’était safe. Il pouvait presque sentir les relents de sa propre peur, de ce stress. Il inspira un bon coup, histoire de se calmer. « Et j’suis vraiment désolé de…. Enfin que tu sois arrivé à ce moment-là à Poudlard. L’école était beaucoup plus cool et safe avant 2012. Pas forcément tout à fait adapté pour moi, mais j’en garde quand même beaucoup de bons souvenirs.» Ce n’était pas nécessaire, Enzo n’avait jamais attendu à ce qu’il dise quelque chose comme cela, mais c’était quand même important pour lui. « Ouais bon, j’sais, je fais pas trop avancer toute la machine avec mon indécision. On peut peut-être s’échanger nos numéros, comme ça.. j’te ferai savoir la suite ? Là, j’avoue j’y suis à chaud, ça me botte pas mal tout ce que tu m’as dis, surtout le fait qu’il n’y ait pas que des gens comme nous, j’me sentirai ptet plus à l’aise… sans vouloir offenser qui que ce soit.» Il l’avait déjà dit, il n’allait plus trop dans le monde magique, sa vie était chez les Moldus et il s’y sentait beaucoup plus à l’aise là-bas. Aucune histoire de haine, de discrimination ou autres. Il retroussa un peu le nez avant de rajouter «Si j’viens, j’te ferai une jolie inscription. J’peux même signer en faisant un petit cœur à la place du ‘o’ d’mon nom. » Bien qu’il se doutait que ça ne fonctionnait pas comme ça, mais il s’imaginait presque des inscriptions aux clubs comme on pouvait en avoir à la fac ou au lycée. Des noms sur une liste. Histoire d’en rajouter un peu plus, il avait mimé ledit cœur avec ses mains. C’était stupide, et en réalité… « J’espère que t’as la ref… sinon ça devait vraiment être bizarre.» Enfin le truc des inscriptions sur une liste pour les activités, avec beaucoup d’étudiants qui faisaient des choses fantaisistes.

« C’est mon coloc, j’me voyais pas m’enfermer dans la cave en lui disant de coller un truc contre la porte… sans tout lui expliquer, mais, la magie c’pas du tout son truc. Même s’il a été content pour moi lorsque j’ai pu entrer à Poudlard. » Un simple meuble ne suffirait pas à maintenir un Lycan sous clé, sans parler du bruit qui pourrait alerter le voisinage. Tout ce que j’espère c’est que malgré ses réticences vis à vis de la Magie il prend les précautions nécessaires. Insonoriser, sceller, toutes ces choses qui me semblent évidentes tant elles font partie de mon quotidien depuis des années. Qu’est ce qui pourrait être pire qu’un Lycan qui ne se contrôle pas lancé dans les rues de Londres ? Un psychopathe qui le fait sciemment mais a priori la relève n’a pas été prise. Pour le moment « Donc ouais, en vrai il m’aide pas tellement, c’pas dans ses cordes enfin tu vois dans tout ce qui est « matériel ». Il est là, c’est déjà pas mal. » C’est déjà énorme et ça me rassure d’entendre ça. Pour lui mais pas seulement, encore une fois on est tous liés qu’on le veuille ou non. Si l’un de nous tombe, tous les autres sont en danger alors aucune précaution ne doit être négligée.
Les mots sont là, ils flottent dans mon esprit mais ne franchissent pas la barrière de mes lèvres sans raison précise « J’ai bien tout noté ! C’est plutôt cool si on peut venir un peu…. enfin quand on en a « envie » et pour le lieu, ouais, j’crois que je vais prendre l’adresse, mais ce n’est pas plus risqué de… disons de rester dans un endroit fixe, même s’il est bien protégé ?  Que de changer d’endroit régulièrement ? Tu-sais-qui doit avoir pas mal de… pouvoir, ou des manières de vérifier qu’il n’y ait pas ce genre de … protocoles mis en place, non ? » J’ai pas encore entièrement atterri, sans doute pas suffisamment pour être de nouveau totalement impliqué et en mesure d’analyser la situation dans sa largeur. Cet endroit je n’en ai aperçu les contours que ce weekend et de façon plutôt rapide sans vraiment laisser de place à mon cerveau pour tout intégrer. Est-ce que ce détachement vient aussi du fait que je ne me sens pas entièrement concerné ? Sans doute. Ça n’est pas mon projet et je sais au fond de moi ne pas avoir envie de m’y impliquer plus que ça. J’ai fait ma part ici, de cette façon-là en tout cas.

Toutes les questions de Loan sont légitimes, logiques même, mais je fais confiance à Caitlyn comme à Jane. Conscientes des risques elles sont sûrement pour projet de border et blinder tout le périmètre de sortilèges impénétrable « J’avoue j’y connais rien, mais je voudrais pas mettre mon frère en danger. Il n’aura aucun moyen de se défendre. » Sourcils froncés je pianote le dossier du banc du bout des doigts sans y prêter attention, me demandant l’espace d’une seconde ce que son frère vient faire dans l’histoire. Parce qu’il est au courant ? Oui, c’est vrai, il peut devenir une cible ou un dommage collatéral mais je crois que je rejette l’idée pour la simple et bonne raison que ce serait envisager l’intégralité de mes proches de la même façon. Appelez ça du déni si vous voulez, je préfère qualifier ça de préservation « Et j’suis vraiment désolé de…. Enfin que tu sois arrivé à ce moment-là à Poudlard. L’école était beaucoup plus cool et safe avant 2012. Pas forcément tout à fait adapté pour moi, mais j’en garde quand même beaucoup de bons souvenirs. » Je lâche un sourire, l’esprit parti se balader dans les quelques années que j’ai passé là-bas moi aussi « C’est ce qu’on m’a dit oui, et puis j’y ai passé de supers moments malgré tout. » Des tas.
Malgré l’horreur il y a eu les rires, les conneries, les nuits blanches passées à faire la fête ou à discuter sur les toits, les cuites phénoménales et les gueules de bois, les pranks … J’ai découvert des tas de trucs entre les murs de ce château, sur les autres mais aussi sur moi. J’ai grandi, appris, je suis tombé amoureux et j’ai rencontré des amis qui pour certains sont devenus une famille.

J’en ai le cœur qui bat comme un tambour dans la cage thoracique, un truc qui me rend heureux et qui envoie une vague de chaleur se diffuser partout dans mon corps. C’est aussi grisant que c’est doux et Loan me raccroche au présent d’un rire bref et quelques mots « Ouais bon, j’sais, je fais pas trop avancer toute la machine avec mon indécision. On peut peut-être s’échanger nos numéros, comme ça.. j’te ferai savoir la suite ? Là, j’avoue j’y suis à chaud, ça me botte pas mal tout ce que tu m’as dis, surtout le fait qu’il n’y ait pas que des gens comme nous, j’me sentirai ptet plus à l’aise… sans vouloir offenser qui que ce soit. » En toute franchise même si je lui fais un signe de tête l’air de dire que tout va bien la possibilité existe. Je fais partie des sorciers qui ont subi la peur de l’autre, la haine parfois, la colère pour le moins juste parce que la Magie coule dans mes veines. Parce que des enfoirés d’élitistes ont saccagé une génération entière on se mange les conséquences et ça n’est jamais agréable de lire ces choses-là dans le regard de l’autre. Je comprends, évidemment, mais c’est rageant. Curieux, aussi, de savoir qu’il est sorcier lui aussi mais qu’il semble entièrement ou presque rejeter cette partie de lui « Si j’viens, j’te ferai une jolie inscription. J’peux même signer en faisant un petit cœur à la place du ‘o’ d’mon nom. » Je le regarde faire un cœur avec les mains et éclate de rire, un peu plus affalé contre le dossier que je ne l’étais jusqu’ici et la main gauche posée sur ma cheville droite « J’espère que t’as la ref… sinon ça devait vraiment être bizarre. » Aucune solidarité « Désolé, je l’ai pas. » Ce qui est vrai « Mais c’est très mignon j’suis à deux doigts de te prendre en photo pour en faire mon fond d’écran. » Le sourire que j’affiche est clairement moqueur – gentiment – et sans transition je tends une main vers lui, paume vers le ciel « File-moi ton téléphone. » L’espace d’une seconde je me dis que les gens qui passent se disent peut-être qu’on est en plein rencard et ça me fait sourire d’autant plus, amusé de la situation alors que j’attrape son téléphone et télécharge rapidement une application de messagerie ultra protégée. Un truc trafiqué par mon mec, ce p’tit géni ascendant cyber délinquant « C’est plus safe de passer par là. » Tu m’en diras tant. Cette fois c’est pour Naveen et ses p’tits copains que j’ai une pensée mais on n’est pas là pour pourrir l’ambiance « Petit conseil d’ami, évite d’évoquer clairement certains trucs par sms. Malheureusement les Sup ne sont pas les seuls à faire chier. » On n’est pas non plus là pour faire comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes y compris côté non magique parce que ça n’est pas le cas. Même si ça reste flou, même si on ne sait pas si une organisation s’est remontée après la chute des inquisiteurs, on sait qu’ils sont là. Regroupés ou isolés, ils sont toujours là « Pour la planque dont je t’ai parlé le mieux c’est que tu passes directement par Jane. » Le sérieux revient un peu, tant dans l’attitude que dans le pragmatisme du discours « J’vis pas ici, y a peu de chance que je l’utilise. » Pause « Sauf si t’as besoin d’un visage familier la première fois. » Ce que je comprendrais mais l’idée étant d’apprendre à penser à moi un peu plus je préfère poser les bases et dires les choses franchement « Mais la prochaine j’vais pas pouvoir par contre. » C’est dit en douceur et avec un sourire mais je préfère me laisser de la marge et ne rien prévoir pour la prochaine Lune. Je n’ai aucune idée de l’état d’esprit dans lequel je serai et malgré toute la sympathie que j’ai pour lui je ne veux pas me forcer. Rien de personnel, j’ai juste besoin et envie de m’écouter « T’as raison, c’est dangereux de rester au même endroit et de s’y regrouper mais malheureusement tout le monde ne peut pas se déplacer par transplanage ou Portoloin. Les lieux seront ultra protégés, le risque 0 n’existe pas mais tout sera fait au max pour les limiter. » Le simple fait d’exister est un risque, au bout d’un moment t’essaie de relativiser je crois. Est-ce que Tatiana accepterait de venir poser quelques runes pour protéger l’endroit ? Je me dis que dans la Garde ils doivent bien avoir des sorciers suffisamment puissants – en plus de Jane – pour être capables de transformer ce lieu en château fort imprenable et impénétrable.

Encore une fois, il avait parlé beaucoup pour expliquer les choses telles qu’elles étaient, ou du moins essayer de l’informer un peu plus sur son frère, comment est-ce qu’il gérait tout ça, avant de poser une question sur le lieu « secret » dont parlait Enzo et qui l’intriguait énormément. Il se posait beaucoup trop de questions sur la sécurité et surtout sur comment est-ce que les Supérieurs ne pouvaient pas trouver ce genre de planque avec toute la main d’œuvre et les sorciers expérimentés dans leurs rangs, sans compter qu’avec le Ministère, ils devaient aussi avoir des moyens assez faramineux pour démanteler cela. Dans la théorie/vision de Loan en tout cas, mais il est vrai qu’il ne s’y connaissait pas non plus énormément… Question qui demeura pour l’instant sans réponse et ils avaient continué à papoter jusqu’à arriver à ce qui s’était passé pour Enzo. Vraiment, il avait tout cumulé sur une année entre la transformation, et son arrivée à Poudlard avec les autres barges… même si malgré tout, il gardait quand même de bons souvenirs de cette école et il espérait que c’était aussi le cas pour son camarade même s’il se doutait de la réponse. « C’est ce qu’on m’a dit oui, et puis j’y ai passé de supers moments malgré tout. » Loan lui fit un léger sourire et acquiesça plutôt heureux d’entendre que c’était quand même aussi positif chez Ryans. Tant mieux, il se serait senti mal s’il n’avait réussi à lui faire remonter que des mauvais souvenirs, même s’il est vrai que pour les deux parler de cette période en impliquait forcément. Comme bien souvent, Loan essayait de mettre un coup de pied dans celles-ci pour les recaler au fond de son esprit, bien tapies. Bien cachées.

Et il avait continué sur sa lancée, pour « l’inscription » à faire parti de quelque chose même s’il restait toujours un peu -beaucoup- indécis. Comme il l’avait déjà beaucoup fait, il tenta de tourner tout de façon gentille, pour plaisanter, que ça reste léger… et pour ça, il avait pas mal d’autodérision… ; avant de se rendre compte que sa « référence »  et  malheureusement il n’obtint pas du tout la réponse attendue  « Désolé, je l’ai pas. » Ah. ! Ah … Bah voilà, il devait passer pour un couillon, mais ce n’était absolument pas grave, il le vivait même plutôt bien et se disait qu’Enzo devait quand même saisir l’idée principale de la chose. « Mais c’est très mignon j’suis à deux doigts de te prendre en photo pour en faire mon fond d’écran. » Loan ricana, il avait bien comprit que l’autre était un peu moqueur mais c’était amplement mérité. On ne pouvait pas dire qu’il ne l’avait pas du tout cherché.  « File-moi ton téléphone. » il lui tendit l’appareil une fois qu’il l’eut déverrouillé. Il fronça un peu les sourcils lorsqu’il le vit installer une application mais ne posa aucune question, se doutant de toute manière de la réponse. « C’est plus safe de passer par là. Petit conseil d’ami, évite d’évoquer clairement certains trucs par sms. Malheureusement les Sup ne sont pas les seuls à faire chier» il fronça de nouveau les sourcils en se demandant pendant un instant de quoi il parlait avant d’opter pour la révélation de la magie – par exemple-. Par ce qu’en vrai, niveau sms c’était quand même les Moldus à même d’arriver à choper des trucs, la plupart des Supérieurs ne devaient pas être très doué avec cette technologie… probablement même que la génération juste avant eux ne savaient pas bien s’en servir pour appeler ou envoyer un sms. En théorie. « Et j’peux faire des blagues vraiment nulles du genre « moi ça va au poil et toi » ? Ouais, j’sais, ça frise le ridicule mais heureusement le ridicule ne tue pas et j’me porte comme un charme.» Sourire léger, quelqu prt légèrement honteux, mais en réalité il avait bien compris les dires de son camarade, et il ne comptait pas dire les choses par SMS pas sans un code, et le truc qu’Enzo avait installé ferait encore mieux l’affaire. « J’suis un peu plus libre sur ton appli’, ou j’dois communiquer par code ? » préféra-t-il quand même se renseigner.

« Pour la planque dont je t’ai parlé le mieux c’est que tu passes directement par Jane. » il acquiesça retrouvant automatiquement son sérieux et toute son attention. « J’vis pas ici, y a peu de chance que je l’utilise. Sauf si t’as besoin d’un visage familier la première fois. Mais la prochaine j’vais pas pouvoir par contre Oui, il voulait bien… mais non, il n’obligerait jamais Enzo à faire ça, il n’allait quand même pas le déranger juste pour ça, il avait sa vie loin d’ici et autre chose à foutre qu’à le daronner. « T’as raison, c’est dangereux de rester au même endroit et de s’y regrouper mais malheureusement tout le monde ne peut pas se déplacer par transplanage ou Portoloin. Les lieux seront ultra protégés, le risque 0 n’existe pas mais tout sera fait au max pour les limiter. » Okay, c’était quand même… disons assez rassurant. Il poserait certainement un peu plus de questions à Jane… plus tard. Pour l’instant, il voulait avaler toutes ces informations, savoir ce que cela lui ferait. Il se passa une main dans les cheveux pour essayer de répondre à cela. « Merci beaucoup pour ce infos, et le logiciel.» il comprendrait sûrement comme un grand comment l’utiliser. « Pour la planque, je contacterai Jane plus tard dans ce cas, le temps de bien tout intégrer et de pas avoir l’air d’un nigaud qui ne sait toujours pas ce qu’il veut. Vous avez certainement un peu mieux à faire que de gérer mes indécisions.» il haussa les épaules mais lui fit un nouveau doux sourire « Et j’suis un grand garçon, plutôt sociable, j’pense que personne ne va me manger là-bas, alors je vais pas te donner une chaussette pour te libérer, j’pense que t’as déjà assez de merdes à gérer sans avoir en plus à daronner le boulet que j’suis ... mais t’inquiètes, j’vais gérer. J’suis un boulet qui coule pas trop.» Petit clin d’œil. Il savait qu’il posait depuis le début des questions cons, d’où le terme boulet qu’il utilisait sans forcément de trop grosse note péjorative. Juste un peu d’autodérision. « Tu vis où du coup ? » Oui… c’était un virage à 180°, mais après tout, il lui avait dit qu’il ne vivait pas ici, ce qui forcément avait attisé la curiosité de Loan.

« J’suis un peu plus libre sur ton appli’, ou j’dois communiquer par code ? » La technologie, cette invention du diable dont je me serai bien passé. C’est faux, j’peux pas nier la praticité de ce truc quand il s’agit de communiquer rapidement mais après en avoir vu les failles je reste méfiant. La confiance que je place dans les capacités du p’tit génie que je croise tous les matins les cheveux en vrac n’empêche pas ça « C’est plus sécure mais si tu peux évite quand même d’être trop précis. » Haussement d’épaules. Avec le temps on s’invente des codes, des métaphores, des trucs qui deviennent limpides au fil du temps si bien que ça entre dans notre façon de s’exprimer.
Je garde un goût amer coincé dans la gorge à l’idée que ces fils de pute aient été foutre leur nez dans le téléphone de William. Au-delà du danger que ça représentent pour les uns et les autres c’est nos intimités qui ont été violées. Je me doute qu’ils se contrefoutent des surnoms qu’on peut se donner où de la façon dont on s’allume régulièrement par messages, de ce qu’on a pu bouffer la veille ou de la marque de croquettes qu’on file à nos animaux, mais suffit parfois d’un plus taré que les autres. Rien que d’y penser ça me file la gerbe et tend mes nerfs mais je chasse ça de mes pensées et me concentre sur Loan et la raison de ma présence ici « Merci beaucoup pour ce infos, et le logiciel. » J’fais pas grand-chose de plus que d’être le messager ou le livreur. Pas la peine de jouer les faux modestes pour autant, je sais ce que ma présence et surtout ce que je représente peut lui apporter.

Une représentation.

De ce à quoi peut ressembler sa vie, de sa solitude qu’il n’a pas à subir, de la normalité que peut garder son existence s’il arrive à adopter les changements qui s’opèrent nécessairement en lui depuis la Morsure « Pour la planque, je contacterai Jane plus tard dans ce cas, le temps de bien tout intégrer et de pas avoir l’air d’un nigaud qui ne sait toujours pas ce qu’il veut. Vous avez certainement un peu mieux à faire que de gérer mes indécisions. » Est-ce que ça n’est pas normal d’être incertain dans un cas comme celui-là ? Aucune zone de confort, de l’inconnu, un filet de sécurité solide mais qui peut être déchiré à tout moment malgré tout … Ouais, ça demande réflexion « T’en fais pas pour ça. » C’est balayé d’un vague geste de la main gauche avant de la glisser à nouveau dans la poche de ma veste « Et j’suis un grand garçon, plutôt sociable, j’pense que personne ne va me manger là-bas, alors je vais pas te donner une chaussette pour te libérer, j’pense que t’as déjà assez de merdes à gérer sans avoir en plus à daronner le boulet que j’suis ... mais t’inquiètes, j’vais gérer. J’suis un boulet qui coule pas trop. » Je l’admets le coup de la chaussette il m’a fallu quelques secondes avant de faire le rapprochement. Considérant que j’fais la bouffe et le ménage chez moi depuis l’âge de 17 ans est ce que je ferai un bon Elfe de Maison ? J’aurai voulu voir la gueule de mon frère si j’avais osé le comparer à un Elfe alors qu’on se partageait les tâches ménagères quand on habitait encore ensemble.

En revanche, est ce que c’est le moment où je lui balance dans le plus grand des calmes que la possibilité de se faire manger n’est pas à exclure ? En d’autres termes évidemment mais j’peux pas le blâmer de pas se rendre compte de ce que ça peut représenter d’être à proximité d’autres loups. On a tous nos humeurs, un contrôle un peu fragile parfois pour certains, des incompatibilités possibles sans qu’on ne comprenne trop pourquoi. C’est un truc dont il faudra qu’il prenne conscience mais là tout de suite j’ai pas le cœur à la casser dans son enthousiasme alors j’dis rien, range la mise en garde pour une prochaine fois s’il doit y en avoir une autre. Il a mon contact, on a tout le temps d’en discuter plus tard « Tu vis où du coup ? » Léger virage dans la discussion mais ça se fait naturellement, comme deux anciens camarades d’école qui se retrouvent et font le point sur la vie de l’un et de l’autre. Je pourrais tout lâcher sans me prendre la tête, lui dire que je me dore la pilule sur le sol Californien depuis 8 mois, mais y a ce truc qui ne me quitte pas. La méfiance. Pas envers lui mais envers ce qu’il pourrait transmettre comme info sans le savoir où sans le vouloir. Les stigmates d’une existence à se planquer assorti d’une volonté farouche de protéger ce qui fait mon quotidien aujourd’hui sont difficiles à mettre de côté alors je louvoie, laisse passer quelques indices pour répondre sans le faire « Sous le soleil et les palmiers. » Ça pourrait être n’importe où, de Miami à Marrakech en passant par Bali. La maison est blindée de sortilèges, elle est même protégée par des runes de Magie Rouge grâce à Tatiana, mais j’veux pas prendre le moindre risque. C’est pas seulement une question de préserver l’endroit précis où je vis mais aussi tout ce qu’il y a à côté. Les copains, le taf, la fac, les habitudes que j’ai créées … Ma vie tout simplement. C’est là-bas qu’elle est désormais et l’idée de devoir tout recommencer ailleurs parce qu’on aurait été obligé de fuir ... Nope, pas envie « J’suis né dans le Commonwealth mais le délire grisaille et eau chaude … » Il le sait ça, non ? Que j’viens d’Australie à la base. C’était pas un secret, même un truc que je revendique et qui transparait dans mon accent même s’il s’est sans doute atténué avec le temps et les gens aux sonorités différentes qui m’entourent « Meh. » Une belle grimace pour la 12 « Pas mon truc. » Je me moque, je l’ai toujours fait, j’vais pas arrêter de le faire maintenant et le premier qui m’envoie dans la gueule qu’une partie de mon sang est Anglais ira claquer la bise à la première étendue de flotte que je croise. Question de principe ! Si c’est un abreuvoir pour vaches ou chevaux c’est pas de chance « J’ai besoin d’être bronzé toute l’année sinon j’suis malheureux. » Ben voyons. P’tit con. Gosse de riches qui peut se permettre ce luxe comme celui de visiter des tas de pays tous plus beaux les uns que les autres « T’as toujours vécu à Londres toi ? » Je présume de rien, j’me souviens pas si on a déjà abordé le sujet à Poudlard.

« C’est plus sécure mais si tu peux évite quand même d’être trop précis. » Essayer de bien comprendre les codes pour ne pas commettre de fautes qui pourrait compromettre la sécurité de bien des gens c’était déjà primordial à ses yeux. Enzo, Jane et tous ceux qui s’occupaient de ça étaient déjà bien gentils de l’aider alors il était hors de question d’être un boulet. « Ok, ça marche, ça ne devrait pas être trop compliqué… vu que j’en parle déjà pas. Mais faut pas que je me lâche quoi.» par ce que là, ça serait des sorciers au courant, des personnes qui pouvaient l’aider vraiment, alors il se connaissait, il était capable de faire moins attention. Avec ce que venait de lui dire Enzo, il serait plus aux aguets de ce qu’il pourrait poster sur l’appli. Des messages qu’il enverrait, il ne se faisait pas trop de souci, il arriverait toujours à trouver les choses à dire de façon imagée et drôle. Et il l’avait de nouveau remercié pour tout ça !

Juste après, il préféra avertir Enzo qu’il préférait encore réfléchir, histoire de ne pas faire perdre son temps à tout le monde. Il se doutait que les uns et autres avaient autre chose à faire qu’à le rassurer et lui tenir la main. Il était grand, « adulte », il pouvait quand même se décider tout seul… mais pas de suite. Tout poser dans sa tête, les pours, les contres avec tout ce qu’il avait appris lui semblait pas mal, même si effectivement pour un essai, il se disait que ça serait bien d’y aller, de rencontrer d’autres loups comme lui. Une nouvelle pensée pour Gaby, mais là encore, il préféra ne pas poser la question qu’il avait sur la langue et préféra baratiner encore un peu en plaisanter…. Dont une qui rata quand même pas mal vu la tronche qu’il avait tiré Enzo. Oops. Effectivement, le coup de la chaussette n’était pas forcément hyper glorieux mais il trouvait ça drôle… plus qu’autre chose. Mais il ne s’excusa pas, il ne semblait pas trop heurté, alors c’est que ça devait aller…. Et puis lui aussi faisait le ménage dans sa dépendance ainsi que la bouffe.

La discussion semblait plus ou moins terminée sur ce sujet-là, mais la curiosité de Loan était toujours bien là. S’il ne vivait pas à Londres (ou aux environs), ou est-ce qu’il avait élu domicile ? Alors certes c’était possiblement un mensonge pour se protéger – au cas où- et il pourrait tout à fait le comprendre, mais il le croyait. Peut-être à cause de son intonation ? Ou d’autre chose ? Difficile à dire. « Sous le soleil et les palmiers. » Très large comme information mais cela signifiait surtout qu’il n’était pas en Angleterre voire même en Europe – même si peut-être que le sud de la France, l’Espagne voire même un bout de l’Italie aurai pu correspondre. Il y avait dans ses dires quelque chose d’autres, comme s’il avait pris le large de ce continent. Mais là, c’était peut-être juste son imagination et son envie de plage ensoleillée qui parlait. « J’suis né dans le Commonwealth mais le délire grisaille et eau chaude … » il acquiesça doucement tandis que son camarade enchainait « Meh.  Pas mon truc. » Magnifique grimace Enzo soit dit en passant. Loan haussa les épaules, quand on a l’habitude, on ne fait pas trop attention, il se disait que lui cramerait certainement un peu comme un vampire au soleil s’il s’exposait trop dans un pays plus ensoleillé.  « J’ai besoin d’être bronzé toute l’année sinon j’suis malheureux. » Humhum, chacun son truc après tout, mais être aussi blanc qu’un cul ne le dérangeait pas vraiment à Loan. Voyager une fois de temps en temps c’était cool malgré tout, mais il se sentait quand même mieux chez lui ; avec ses amis. « T’as toujours vécu à Londres toi ? » il laissa passer quelques instants de silence avant d’acquiescer doucement « Ouais m’sieur ! Affirmatif. Pour ça que j’ai un teint porcelaine qui peut vite virer à la tomate desséchée si je prends trop le soleil» avait-il réplique d’un ton presque trop sérieux alors qu’il plaisantait. « Non en vrai, j’peux bronzer vaguement, mais j’aurais ta dégaine de surfer bronzé.  D’ailleurs à mon avis, j’essaye de surfer, la vague elle me met KO du premier coup.» déjà par ce qu’il ne serait pas doué probablement, mais aussi par ce dans ce qu’il voyait dans des vidéos les surfers étaient grands, musclés et bronzés. Tout son contraire… et mieux valait en rire ! « Mais je comprends, on a tous des besoins différents, j’suppose que si j’avais vécu la plupart d’ma vie au soleil, Londres serait déprimant au possible… mais c’est ma ville, ma référence. Alors c’cool pour moi.» il se racla un peu la gorge « T’as  pas mal voyagé je suppose…. Toujours au soleil ? Tu me conseillerais un truc sympa ? » pour les vacances d’été peut-être… ça pouvait toujours servir… et au moins on évitait de trop s’appesantir sur le côté loup-garou et ça lui faisait un bien fou de pouvoir souffler.

« Ouais m’sieur ! Affirmatif. Pour ça que j’ai un teint porcelaine qui peut vite virer à la tomate desséchée si je prends trop le soleil. » Je perçois sa plaisanterie sous son apparence sérieuse, en devine la véracité malgré tout. C’est comme ça, question de génétique on y peut rien donc j’imagine que ses parents sont tout aussi pâles qu’il l’est. Ma mère avait le teint un peu halée malgré ses racines anglaises, mon père plus encore, je crois qu’entre Derek et moi je suis celui qui prends le plus de couleurs. Peut être que ça tient du fait que je passe plus de temps dehors que lui, aussi, mais on part avec une base qui fait régulièrement râler ceux qui viennent d’ici. Est ce que j’en joue ? Évidemment « Non en vrai, j’peux bronzer vaguement, mais j’aurais ta dégaine de surfer bronzé. D’ailleurs à mon avis, j’essaye de surfer, la vague elle me met KO du premier coup. » On y passe tous, c’est un peu le principe quand tu décides de faire le malin avec les éléments. Si tu savais combien de wipeout je me prends encore … Suffisamment pour me faire garder les pieds sur terre quoi que ça puisse avoir de paradoxal comme réflexion.
Ça doit paraître salement cliché de dire un truc pareil mais c’est pourtant la vérité, si tu prends trop la confiance tu te mets en danger. Entre toi et les éléments ce sont eux qui gagnent et ça ne changera jamais, l’Océan te bouffera bien avant que tu puisses te venter d’avoir réussi à le dompter alors bosse surtout ton apnée. Est ce que ça fait de moi un type raisonnable qui ne prend jamais de risque ? Bien sûr que non. J’aime ça, l’adrénaline, la sensation qui vient t’étreindre le cœur et qui n’a pas d’autre pareil. Ça fait partie de ma vie depuis toujours et j’étais pourtant un gamin tranquille, c’est pas un truc que je suis prêt à abandonner « Mais je comprends, on a tous des besoins différents, j’suppose que si j’avais vécu la plupart d’ma vie au soleil, Londres serait déprimant au possible… mais c’est ma ville, ma référence. Alors c’cool pour moi. » Je comprends aussi, si j’étais pas en danger de mort quand je me balade dans cette ville je l’apprécierai sans doute un peu plus.
Y a des tas de trucs à faire, à voir, de l’architecture à l’Histoire en passant par les musées et les concerts. J’ai grandi dans une petite ville portuaire de 5 000 habitants dont j’ai découvert les contours relativement tard alors les Capitales c’est un peu trop pour moi. Au quotidien en tout cas, voilà pourquoi dans les concessions qu’on a fait Will et moi avant de s’installer il a accepté de s’éloigner de Los Angeles « T’as  pas mal voyagé je suppose…. Toujours au soleil ? Tu me conseillerais un truc sympa ? » Et c’est le grand retour du guide touristique, ou du connard pété d’oseille qui se prend pas la tête à se demander comment il va payer ses vacances. Le pire dans tout ça c’est qu’en dehors de l’Italie l’été dernier où on s’est tapé le luxe de se prendre une piaule dans un hôtel 5 étoiles je suis toujours parti plus ou moins à l’arrache ou avec des bons plans.
A force de bouger j’ai rencontré des gens, avec le taf je commence à avoir un petit réseau, c’est comme ça que ça fonctionne. Peu importe, à part moi même personne ne me demande de me justifier et surtout pas Loan qui ne doit d’ailleurs pas savoir d’où je viens à la base. En fait j’en sais rien, ça n’était pas un secret et ça ne l’est toujours pas, je crois que c’était un peu de notoriété publique d’ailleurs que Derek et moi étions Sang Pur.

Mais c’est pas le propos là tout de suite alors je recentre mes pensées et focus de nouveau sur la question de mon ancien camarade de maison « Ça dépend de ce que tu aimes faire. » Et la vérité c’est que je n’en ai pas vraiment idée. Le surf n’a pas l’air d’être son truc, ok, et j’crois pas l’avoir vu faire du Quidditch mais pour le reste … Plutôt rat de bibliothèque ? Jamais compris pourquoi on parlait de rat d’ailleurs « J’suis plutôt branché extérieur, j’ai pas mal bougé sous le soleil c’est vrai mais j’aime aussi beaucoup la Norvège et le Canada. » Pas exactement les tropiques « Pour faire des randonnées c’est génial, les paysages sont magnifiques. » Mexique, Brésil, Costa Rica, Bali, Hawaï … C’est vrai, je me suis fait plaisir et je continuerai de le faire. Partir avec les potes, mon mec ou simplement ma planche sous le bras. Petit je n’en avais pas grand-chose à faire du monde, pourquoi est ce qu’il m’aurait intéressé alors que j’avais tout ce dont je rêvais à portée de main ? Mes parents, notre maison, l’Océan comme terrain de jeu.
Même mon île je ne la connaissais pas beaucoup alors je me suis rattrapé depuis en atteste les deux premiers tatouages qui sont venus noircir d’encre ma peau. Les trois autres sont arrivés a peu près de la même façon à vrai dire « Toi si tu devais me conseiller un truc à voir à Londres, ça serait quoi ? » Je sais que je suis un cliché ambulant mais je suis curieux, j’aime bien découvrir des choses.

Pourquoi lui poser ce genre de questions sur les voyages, alors qu’il n’était même pas sûr que ça lui plairait vraiment ? Pour faire la discussion, mais aussi par pure curiosité de connaître des bons plans, des idées de destinations qui pourraient être sympas. L’idée devait peut-être juste germer dans son esprit et qui sait ? Peut-être qu’il prendrait le goût au voyage. Il se disait qu’il aurait pu lui préciser que l’argent n’était pas forcément un souci – s’il partait avec son frangin- : les darons seraient sûrement ravis qu’ils aillent se « cultiver » ailleurs. Malgré tout, Loan n’avait pas donné cette information, par ce qu’il voulait aussi se laisser la possibilité de trouver un voyage avec sa bande d’amis, qui eux, n’avaient pas forcément beaucoup d’argent.  « Ça dépend de ce que tu aimes faire. » Il savait que ce n’était pas une question piège mais pourtant, il ne savait absolument pas quoi répondre, par ce qu’il n’avait aucune idée de ce qu’il aimerait faire en voyage. Découvrir les choses, sûrement ? Il faudrait vraiment tenter pour se faire une idée, mais il aimait bien être en extérieur, alors est-ce que c’était une piste ? Rien n’est moins sûr. L’extérieur à Londres était certainement très différent de l’extérieur du voyage et de ce que l’on pouvait faire. « J’suis plutôt branché extérieur, j’ai pas mal bougé sous le soleil c’est vrai mais j’aime aussi beaucoup la Norvège et le Canada. »Effectivement, autre ambiance que sous le soleil, la Norvège et le Canada, mais les paysages devaient vraiment être magnifiques, différents de ce que l’on pouvait voir…. Au soleil aussi ceci les paysages devaient être différents, mais il se l’imaginait beaucoup plus facilement. « Pour faire des randonnées c’est génial, les paysages sont magnifiques. » Il acquiesça et nota surtout les deux derniers pays. Bon, il allait peut-être falloir revoir sa condition physique, même si en réalité, il marchait déjà beaucoup et avait tendance à pas mal se dépenser vu qu’il avait du mal à tenir en place. Il n’était pas un grand sportif pour autant. « Toi si tu devais me conseiller un truc à voir à Londres, ça serait quoi ? » il allait ouvrir la bouche pour répondre spontanément mais se retint au dernier moment… pas certain que le West-end, le coin des théâtres/musicals soit intéressant pour Enzo – tout comme pouvait l’être Broadway à New-York-. Il réfléchit donc à un autre coin « Peut-être Shoreditch, il y a pas mal de street art à voir… et le coin autour est pas mal, il y a des musées, des centres commerciaux avec des galeries éphémères. Tu connais peut-être déjà… d’ailleurs ce coin-là. Après il y a tous les trucs connus de Londres donc j’vais pas te les citer.» il se tut quelques instants avant de reprendre « A vrai dire, ma première réponse aurait certainement le West-end… on va dire un genre de Broadway, mais… faut aimer.» Pour lui, c’était vraiment une passion, alors bon, forcément que c’était ce qu’il avait envie de voir en premier, d’en parler, mais il savait que ce n’était pas franchement le cas pour beaucoup de personnes. Il espérait qu’un jour, il pourrait se produire dans l’une de ses nombreuses salles/théâtres. Il laissa passer quelques instants,  avant de reprendre la parole, mais sur ce que disait Enzo un peu plus tôt « Pour tes randos,  faut être sportif à quel point ?» ceci dit, vu sa nouvelle nature, il y a des questions qui se posaient certainement moins… mais pour son frère, ça serait de toute manière d’actualité. « J’ai un peu peur qu’on s’écroule au milieu d’une piste enneigée, tu sais avec cette impression de jambes coupées et qu’on doive attendre des secours.» Bien sûr qu’il exagérait et toujours sur le ton de la rigolade, pour un peu, il l’aurait presque mimé « Plus sérieusement,  c’est une vraie question, mon frère, avec qui je partirai certainement… est pas super sportif non plus. Donc les randos, on peut en faire sans souci, mais ça dépend d’la difficulté et de la durée, je suppose.» il se gratta un peu la joue. « mais ouais de jolis paysages plein de neige, j’crois que ça me plairait rien. J’suis peut-être plus extérieur, balade dans la nature. J’crois.» pas tout à fait certain quand même, c’était juste le plus probable. Les animaux aussi, il s’y intéressait pas mal.

« Peut-être Shoreditch, il y a pas mal de street art à voir… et le coin autour est pas mal, il y a des musées, des centres commerciaux avec des galeries éphémères. Tu connais peut-être déjà… d’ailleurs ce coin-là. Après il y a tous les trucs connus de Londres donc j’vais pas te les citer. » Si le Street Art me parle, le reste un peu moins. C’est vrai que je n’ai pas le réflexe d’aller au Musée ni voir des expos sauf si ça concerne un sujet bien particulier – Les Océans, la plupart du temps. Heureusement pour ma culture j’ai un mec dont la curiosité n’est jamais saturée et qui me fait sortir de ma routine. Je suis un type curieux, tout ne m’intéresse pas et je ne vais pas faire semblant mais tant qu’on ne m’oblige pas à regarder des toiles et des sculptures pendant 5h à priori tout se passe bien « A vrai dire, ma première réponse aurait certainement le West-end… on va dire un genre de Broadway, mais… faut aimer. » Faut connaitre, surtout.

Même si le monde sans Magie prend désormais plus de place dans mon quotidien que celui dans lequel je suis né il y a encore des choses qui m'échappent. Broadway, West-end, ça en fait partie.

Dans des moments comme ça je me sens un peu con, un peu trop proche du cliché que je peux représenter aux yeux de certains. Une grosse brute qui fait plus appel à ses muscles qu’à son cerveau … Mais je suis comme ça et je ne vais pas m’inventer un personnage pour faire bien. J’aime quand ça bouge, j’aime le terrain, je peux passer des heures le nez dans un bouquin si le sujet me passionne mais l’art me parle très peu. De ça je ne tiens pas de ma mère mais clairement de mon paternel, une pensée qui me fait sourire silencieusement alors que, admettons-le, je ne retiens pas ce que Loan vient de me dire. C’est pourtant moi qui ai posé la question, je sais, la vérité c’est que la probabilité pour que je me mette à faire du tourisme dans Londres est relativement limitée pour ne pas dire nulle « Pour tes randos, faut être sportif à quel point ? » Virage à 90°, plus ou moins, un sourcil arqué par la surprise je me redresse sans trop y faire attention.
A quel point ? Aucune idée. J’en ai chié certains jours, quand les dénivelés auraient découragé sans doute un paquet de monde. Je ne connais rien de ses aptitudes ni même de ses habitudes, rien ne me dit que ça ne serait pas une promenade de santé pour lui. Qui plus est il a bien dû sentir la différence depuis qu’il a été mordu, comme son organisme se fatigue moins facilement et semble plus résistant, plus robuste « J’ai un peu peur qu’on s’écroule au milieu d’une piste enneigée, tu sais avec cette impression de jambes coupées et qu’on doive attendre des secours. » Toi t’as regardé trop de films, c’est ce que je me dis en lâchant un rire amusé « Oui alors l’idée c’est pas non plus de se lancer dans l’ascension du Mont Everest. » On parle de rando, de balade, d’un truc qui n’implique qu’une paire de jambes et du grand air donc à priori rien d’inaccessible pour la majorité des gens « Plus sérieusement, c’est une vraie question, mon frère, avec qui je partirai certainement… est pas super sportif non plus. Donc les randos, on peut en faire sans souci, mais ça dépend d’la difficulté et de la durée, je suppose. » Depuis combien de temps je n’ai pas trainé Derek avec moi ? Cette conversation me donne des idées « Mais ouais de jolis paysages plein de neige, j’crois que ça me plairait bien. J’suis peut-être plus extérieur, balade dans la nature. J’crois. » Une pensée pour Julian cette fois, sur ce hasard qui nous a mis sur le chemin l’un de l’autre il y a de ça quelques temps après des mois voir plus sans se croiser ni avoir de nouvelles. Elle non plus ne veut rien voir à faire avec le monde magique mais elle est justement la preuve qu’on peut se perdre en pleine nature sans avoir à Transplaner à l’autre bout du pays. Loan a pris le train pour venir ici, pour sortir de Londres, un truc qu’il peut recommencer facilement.

« Y a des tas de rando accessibles à tous, comme ça y en a pas une qui me vient à l’esprit plus qu’une autre mais sur internet y a des sites spécialisés qui les recensent. » Par niveau, par durée, par région … Tu trouveras forcément ce que tu cherches. Peut-être pas de la neige à cette période à moins de changer de pays.
Le temps passe, la conversation défile puis prend fin de façon naturel au bout d’un moment, un coup d’œil sur ma montre me rappelle que je dois prendre la tangente si je veux arriver à l’heure en cours alors qu’ici le soleil se couche « J’suis désolé j’vais devoir y aller mais hésite pas à m’appeler ou m’envoyer un message quand tu veux. » Je ne répondrai peut-être pas immédiatement à cause du décalage horaire mais s’il a besoin je serai là.

▬ FINI POUR MOI ▬

Il n’était certainement pas un bon guide, il n’avait pas vraiment d’idées de ce qui pouvait plaire à Londres pour quelqu’un qui connaissait la ville – mais pas trop-. Il ne s’était jamais vraiment trop posé la question, alors il faisait avec les moyens du bord : pas grand-chose. Au moins, il essayait de faire un genre de conversation, peut-être que le tourisme Londonien n’était pas leur sujet de prédilection, c’est certainement pour cela, mais aussi par ce qu’il était curieux et qu’il avait envie d’en savoir un peu plus qu’il demanda à quel point est-ce qu’il fallait être sportif. Pas que pour lui – du moins , plus maintenant- mais surtout pour la personne qui l’accompagnera, on ne pouvait pas dire que dans ses amis proches ou son frère, le sport occupait une part importante sans dire pour autant qu’ils étaient non plus sédentaires, mais de son point de vue, il y avait quand même tout un monde entre ce qu’ils faisaient quotidiennement et une vraie rando’. D’où sa question qui sembla laisser quelques instants Ryans perplexe… Histoire de … détendre une atmosphère déjà détendue et de rendre le tout plus imagé, il n’hésita pas à exagérer un peu sur sa phrase suivante. Mission réussie, vu que l’autre garçon avait lâché un rire.  « Oui alors l’idée c’est pas non plus de se lancer dans l’ascension du Mont Everest. » Loan haussa un peu les épaules avant de faire un petit geste montrant un court espace entre son pouce et son index   « Bon, il se peut que j’ai un poil exagéré, mais vraiment un petit chouille.» Si peu…. Il avait néanmoins bientôt repris la parole pour expliquer qu’en réalité c’était surtout pour son frère qu’il posait la question. Dans quelques mois ça serait ses vacances d’été et Marius pourrait peut-être poser des congés… Bon l’été pour la neige en Norvège ou autre, c’était pas forcément le bon moment, mais ça pourrait être sympa…. En faisant bien attention aux dates de pleine lune. « Y a des tas de rando accessibles à tous, comme ça y en a pas une qui me vient à l’esprit plus qu’une autre mais sur internet y a des sites spécialisés qui les recensent. » Ah bah oui ! Pourquoi est-ce qu’il n’y avait pas pensé, c’était quand même logique pourtant. Il se sentit l’espace d’un instant un peu con, mais ça lui passa vite par ce qu’au final ce n’était pas bien grave ! « C’est vrai qu’on trouve tout sur internet, je pense que j’aurais fini par y penser mais merci de l’info ! Je vais me renseigner !»  peut-être pendant son trajet de retour d’ailleurs, il était capable d’emmerder Marius avec toutes les idées qu’il trouverait – et plaignait son frère s’il n’était pas devant son tel à ce moment-là -. Et ils pourraient en parler le soir-même.« J’suis désolé j’vais devoir y aller mais hésite pas à m’appeler ou m’envoyer un message quand tu veux. » Loan lui fit un doux sourire, un peu gêné « Merci Enzo ! J’pourrais te dire la pareille…» mais il était clair que pour l’instant ça tournerait sûrement que dans un sens. Enzo n’aurait pas de question ou autres à lui poser… … mais j’suis lucide, c’moi le gamin avec plein de questions. Néanmoins, n’hésite pas quand même si t’as besoin de quelque chose, ou juste envie de parler. Quelques instants de silence avant qu’il ne reprenne «Bref’, bon retour chez toi, c’était cool de parler avec toi ! » Il le salua une dernière fois, et laissa Ryans partir en premier, avant de se mettre lui-même en route vers chez lui.