Few Words - Alec & Jordane

Vendredi 20 mars 2017

Enfin une soirée à lui, il avait prévenu Mily qu’il sortait rejoindre Alec ; plus tard dans la semaine, les rôles s’échangeraient et c’était elle qui pourrait rejoindre ses amies tandis qu’il garderait Nicholas. Ce mode de fonctionnement marchait plutôt pas mal et ils trouvaient tous les deux des avantages, ils pouvaient profiter de leur « soirée tranquille », une ou deux fois par mois suivant le travail de Warren et les emplois du temps de leurs amis respectifs.

Il avait convenu avec Alec d’aller en monde Moldu pour boire leur verre, ainsi moins de chance de croiser une tête qu’il voyait quotidiennement au ministère. Il supportait mal la plupart de ces têtes de cons et pourtant, il faisait toujours pour faire son possible pour qu’on soit satisfait de lui et qu’on lui confiance. Plus d’un an, qu’il jouait à ce petit jeu, et il avait l’impression que cela ne portait que peu ses fruits. Bien sûr, certains lui faisaient plus confiance au départ, bien sûr, il était beaucoup plus intégré et pourtant, il avait toujours l’impression d’être un Bleu, et chez les Supérieurs ce n’était guère mieux. Sa patience s’effritait parfois, tout comme il se sentait démoraliser, mais il continuait. Il devait réussir à se faire une vraie place dans ce monde-là s’il voulait passer à la vitesse supérieure… et depuis le départ, il avait bien conscience que cela ne se compterait pas en mois mais en années. Des années de perdues probablement, mais au final, il pouvait arriver à faire imploser quelques petites choses, ça serait toujours ça de pris. Pour l’avenir de Nicholas pour qui il voulait le meilleur et serait prêt à tout. Pour l’avenir de tous les gamins, qu’ils ne grandissent pas dans ce monde nauséabond s’ils n’étaient pas de sang-pur. Les lois continuaient d’arriver toujours aussi puantes à ses yeux et il devait les faire appliquer. Il se détestait par moment, il se vomissait, il détestait ce qu’il faisait… D’autres instants, beaucoup plus rares, il se sentait utile, autant par ce qu’il aidait des membres de la population que ses amis. Alors, si sa position pouvait l’aider à éviter des ennuis à ses amis, c’était tant mieux, c’était un des moteurs qui le faisait tenir – avec l‘avenir de Nick-.

Alors oui, ce soir, il voulait oublier tout ça. Toute cette merde puante et juste aimer sa soirée avec son meilleur ami. Aussi simple que cela. Il se sentirait peut-être aussi un peu moins épié parmi la populace Moldue, et il y avait peu de chance qu’il fasse une « mauvaise rencontre ». Il allait pouvoir respirer, être lui-même, ne plus faire attention à ses paroles, ne plus être dans le rôle qu’il jouait et qu’il avait parfois du mal à abandonner, comme si cette deuxième peau continuait de le coller un peu trop tout le temps. Il tenait pour l’instant, il ne flanchait pas trop du côté « obscur », mais à quel prix ? Lorsqu’il était éreinté ou las, il se demandait quelques instants, s’il ne devait pas lâcher prise, s’il ne savait pas juste laisser gagner les Supérieurs… mais très vite, il se reprenait. Non, ce n’était pas une solution. Ca ne le serait jamais. Il devait lutter jusqu’au bout.

Ils avaient parlé de tout et de rien. Ils avaient surtout pas mal bu. Parlé à quelques filles – pour ne pas dire dragués-. Bref, ils vivaient quelque part la vie qu’ils méritaient, loin des emmerdes. Juste deux amis qui prenaient un peu de bon temps. Et c’est tout ce dont il avait besoin. «Oh, avant que j’oublie, Dimanche on fête les un an de Nicky, en … disons en famille. Tu es convié avec Mack’. » Forcément, la marraine du petit, si elle était disponible devait venir. « J’te préviens, il y aura certainement des tronches que t’aimes pas… mais voilà, as you want. » Silence. « Beaucoup d’alcool et de bouffe, et les amies proches de Mily vont venir aussi. Canons, les nanas.» Petit sourire taquin aux lèvres… juste pouvoir comment est-ce qu’il allait réagir à ce genre d’argument. Il ne le prendrait pas mal si Alec ne souhaitait pas venir, mais il espérait quand même sur sa présence histoire d’égayer un peu cette journée festive qui risquait d’être bien chiante. Il entendait déjà tous les conseils et commentaires sur ci et ça et il était d’avance épuisé. Pas certain que ses nerfs tiennent le choc. Heureusement, avec Mily, ils avaient fêté dignement la veille au soir, les un an du bambin.

Il descend un verre de plus dans le pub londonien et, accoudé à l’une des petites tables de bois dans le fond du bar, considère un instant l’objet vide qui brille sous les lumières artificielles. Un peu plus loin, un groupe de femmes glousse et parle fort. L’une d’elles se retourne. Une approche infructueuse un peu plus tôt qui, pourtant, semble davantage porter ses fruits que le stop une heure plus tôt ne le lui laissait penser. Un sourire en coin, il soutient son regard et s’amuse de la voir rougir en levant les yeux au ciel avant d’en revenir à ses copines. L’une d’elle accrochait bien avec Warren, lui semblait-il. Comme quoi, ce dernier en fait soudainement moins des caisses quand il se sent moins observé. Quand ça ne compte pas, surtout. Face à Ella, il est capable de taper un scandale pour une discussion badine, assis l’un à côté de l’autre ; preuve, surtout, de ce qu’il est tenté de faire. Ici, c’est différent. Personne n’observe - du moins à priori - et il sait s’en foutre. Tout comme il sait qu’il ne craquera probablement pas. Ce qui était impensable avec Ella devient donc banal sous les lumières chaudes des appliques au mur et les rires alcoolisés des clients.
Ils parlent, donc. De tout et de rien. Des progrès du môme, du boulot, des soirées, des anecdotes du passé. Naturellement, tous deux évitent les sujets qui fâchent de sorte à simplement déconnecter pour une soirée. Les gardes fou d’Alec sont occupés ailleurs, son père lui lâche la grappe sous peine d’imploser, mister Harding ne le fait apparemment pas suivre et Azalea n’a toujours pas re-pointé sa truffe. Pas qu’il dorme davantage que le mois dernier mais l’alcool aide. Et surtout, une nouveauté qu’il n’a pour l’instant annoncé qu’à Mack : ils vont déménager. De quoi lui permettre de mieux respirer. Après un an, s’éloigner de sa tarée de mère et de son père violent, échapper aux perspectives des repas de famille et de la possibilité que son oncle s’y pointe un de ces quatre ; oui, l’idée lui permet de sortir un peu la tête de l’eau et de mieux respirer. Le bail est déjà renouvelé, dans le petit appartement trouvé par Takuma un an et demi plus tôt. Deux ? Alec perd le compte. Qu’importe d’ailleurs. Mack y sera plus sereine et pourra s’affranchir un peu des Rivers qui mettent sa santé à mal.

«Oh, avant que j’oublie, Dimanche on fête les un an de Nicky, en … disons en famille. Tu es convié avec Mack’. » Comme s’il savait la teneur des pensées qui passent par l’esprit de son pote. Alec redresse le regard vers lui en faisant tourner les quelques gouttes restantes au fond de son verre. « J’te préviens, il y aura certainement des tronches que t’aimes pas… mais voilà, as you want. » En grimaçant, il lui fait signe de s’en douter et lève le verre pour le renverser entre ses lèvres et choper les quelques gouttes de whisky restantes. Mack ne participe pas aux réunions, du moins les évite-t-elle au maximum, quitte à ce qu’il se dise qu’Alec la séquestre, d’ailleurs… Un détail qu’il ne lui a pas révélé. Elle fait au mieux, n’arrive déjà pas à s’alimenter convenablement à cause des Rivers, alors lui imposer les autres tarés ? Dont le type violent qui a failli la marier ? Certainement pas. « Beaucoup d’alcool et de bouffe, et les amies proches de Mily vont venir aussi. Canons, les nanas.»  
Un rire secoue son torse quand il repose le verre sur la table. Si c’est le même genre que ta femme, merci mais j’passe mon tour. Canons, oui, à n’en pas douter. Mais l’idée de les mettre dans son lit le rebute. ‘Plutôt bon signe. C’est qu’il ne se haït pas encore à ce point. Ca marche, on sera là. Pas d’Andrews dans les parages, on est d’accords ? Non pas qu’il vise la cousine d’Enzo, mais bien davantage son beau frère, Isaac, l’enflure qui a passé une bague de fiançailles au doigt de Mack et lui a peint quelques fleurs bleues sur la peau. La mettre elle, dans la même pièce que cette raclure serait une saloperie dont Warren n’est pas capable… mais Mily ? La question se pose. Quant à mettre Alec et lui au même endroit… meilleur moyen pour tacher le mur de sang et traumatiser quelques mômes.
Celui qui sera là, pour sûr, c’est Blackthorn. Le grand black aux épaules larges et aux paluches capables de fracasser des crânes. Le parrain. Facile d’accès, sympa et manifestement détesté de la communauté sang pur, Alec devrait avoir tous les arguments du monde pour l’apprécier. C’est le cas de Mack, d’ailleurs. Pourtant à voir le comportement de Warren avec lui, il s’en dégage quelque chose d’autre. Un truc qui l’inquiète dans ses tripes, comme s’il lui échappait quelque chose…
Naturellement, Alec hausse des épaules pour balayer la sensation. Je vais me ravitailler, j’te prends la petite soeur ?On vient mais c’est à charge de revanche ! Comme s’ils comptaient les points !
Dans tous les cas, verre à la main, Alec se fraye un chemin vers le comptoir où il attend de pouvoir attirer l’attention du barman déjà occupé.

Une conversation des plus banales pour cacher l’horreur de leur existence. Pour faire abstractions des missions, les morts, le sang. Peut-être aussi pour oublier aussi peut-être le fait qu’ils étaient potentiellement en sursis. Qui sait ? Qui pouvait bien savoir ce qui était prévu pour eux dans le futur, vers où on voulait les emmener – surtout lui, d’une certaine manière, Alec ne faisant pas parti réellement des Supérieurs-. Alors oui, parler des un an du gamin lui semblait quelque chose de mieux à évoquer et il n’oubliait pas que son meilleur ami n’aimait pas ce genre de sauteries vu les personnes que l’on retrouvait, alors il tenta de le convaincre avec d’autres arguments qui semblaient quand même beaucoup plus attrayants : les femmes, la boisson. Des arguments de choix, de chocs, qui étaient toujours validés par son ami. Si c’est le même genre que ta femme, merci mais j’passe mon tour il ricana un peu, mais plus jaune qu’autre chose. Hey, elle était belle Mily, certes c’était une casse couille, mais on ne demandait pas qu’il se marie avec le Rivers, il en avait déjà une de femme, juste qu’il admire.  Il claqua sa langue contre son palais pour éviter de lui dire qu’il était quand même un poil de mauvaise foi. Ca marche, on sera là. Pas d’Andrews dans les parages, on est d’accords ? Il acquiesça doucement « Non, il ne sera pas là, en tout cas pas que je sache. Je demanderai confirmation à Mily, mais on avait pas prévu de l’inviter…alors à part s’ils s’invitent… ils n'ont aucune raison d’être là.»  Et il ne voyait pas bien pourquoi est-ce qu’ils s’inviteraient, ce n’était qu’une « petite » fête en l’honneur d’un gamin. Ce n’était pas une de ces grandes soirées mondaines ou autres où ils pourraient mal le prendre d’être mis à l’écart et tenter de faire un scandale.

Je vais me ravitailler, j’te prends la petite soeur ? On vient mais c’est à charge de revanche ! Cette fois, Warren, eut un sourire radieux et lui souffla « La petite sœur, la grande et la cousine même !» Ouais, par ce qu’il fallait bien ça pour commencer un minimum de sentiment de bien-être. Léger sourire crétin avant qu’il ne rajoute « A charge de revanche ? Intéressant… Hâte de savoir ce que tu vas me demander poto.» Alec savait que s’il lui demandait un service, Warren le ferait si c’était dans ses possibilités, même si cela concernait parfois son travail. Les limites sont aussi faites pour être franchies et il était plutôt doué là-dedans, mais Tveit savait aussi qu’il ne fallait trop taquiner le destin. Il avait peu d’amis dont il était si proche et qui le comprenait aussi bien qu’Alec, en qui il pouvait avoir confiance, alors oui, il ferait n’importe quoi pour lui – ou presque- ce « à charge de revanche » ressemblait donc plus à une plaisanterie à ses yeux qu’à une réelle dette. « Hey Alec !, c’est plutôt moi qui devrait dire ça, tu vas aller à une fête ou tu pourras te rincer l’œil, faudra que tu me rendes la pareille !» Nouveau sourire de petit con. Noyer le poisson. Noyer l’angoisse, les cauchemars derrière un comportement depuis bien trop longtemps limite. Par ce qu’au final, même s’il n’en donnait jamais l’impression il respectait les femmes, elles méritaient un tout aussi haut rang que les hommes, elles pouvaient être leur égal. Tout dépend de qui on parlait, aussi bien femmes, qu’hommes. Une Carraway avait par exemple tellement plus que la plupart de ses collègues de boulot ; Il aurait certainement pu citer aussi Alcyone, voire même Mily. Il préféra ne même pas penser à Maggie tant elle avait pu lui foutre des sueurs froides. Alors oui, c’était une devanture, une armure comme autre, une protection. Une stratégie même parfois. Un jeu.

La vérité était toute autre de toute manière. Depuis qu’il était entré chez les Supérieurs, il s’était tenu sage vis-à-vis de Mily – et elle de même-. Alors oui, il draguait – tout comme elle devait le faire-, mais ça n’allait jamais vraiment plus loin. Un instant le goût des lèvres de Kezabel lui traversa l’esprit dans un long frisson. L’autre, le visage parfait d’Ella, les tentations qu’elle lui suscitaient titillant un peu ses sens.
Boire pour les oublier, elles aussi. Pour les sentiments qu’il pouvait avoir. Ivresse pour ne plus ressentir. Pour ne plus souffrir.
Inspiration. Alec était parti chercher les boissons. Expiration. Une silhouette approchait de lui.

Les hématomes se sont estompés. J’ai parfois cette impression étrange de laisser de côté des parts de ma propre existence. Comme s’il s’étendaient plusieurs de mes vies en parallèle, incapables de se croiser. La vie perso, où je me débats avec la notion d’amitié, de loyauté même. La Garde, pour laquelle la loyauté va bien davantage à la cause qu’aux gens qui la composent. Aldric ensuite, comme s’il ne m’était pas possible de me borner à un seul combat et que j’appelai sans cesse à davantage d’adrénaline. De quoi oublier ce qui tonne dans les autres vies. Les anciennes, aussi, qui parfois ressurgissent. J’ai en tête Léon et sa colère, me balançant droit vers les poings de ceux qui ont jugé m’anéantir. Putain que ça sonne romanesque dit comme ça. Ça l’était pas. C’était crade, violent, dur. C’était tout sauf un putain de roman. C’était aussi ce dont j’avais besoin pour me sentir plus solide vis à vis de la trahison de Naveen. Survivre à ça c’est survivre à bien des atteintes. Tout comme survivre aux Balkans, c’est sortir la tête de l’eau. J’ai jamais dit que ça avait du sens.
J’dis juste qu’à la fin, je suis debout. Et c’est déjà pas mal.

C’est l’cas. C’est déjà pas mal. Alors, parce que mon premier réflexe en sortant de toute cette merde aurait pu être de débarquer droit en France, chez Kezabel, et d’oublier tout autant mes putains de résolutions à la con et les raisons de notre rupture, à la place je suis dans un bar. Le genre de trucs qu’on fait pas quand on est sans abri et plongé dans la misère et la violence. Avec un peu d’empathie, j’en serais désolée. Là j’ai sous les côtes une joie sauvage. Déso Enzo, ça serait pas dry Marsh. Juste Marsh normal. Tout à la fois un peu normal et très bancal.
Et bancale, c’est le mot. J’ai sous les pieds la coque d’un bateau et le monde qui roule à coup de ressac. J’ai pas envie d’oublier. Pas envie de fuir. Juste de profiter d’être en vie, de croiser des gens rire, et de commenter un match de foot dont je me fous passablement. Mais qu’importe, je me fais emporter par l’ivresse du moment, déconne avec des gens que je n’ai jamais vu et ne reverrai jamais, dégage une main posée sur ma cuisse sans y prêter attention et m’engage dans une partie de fléchettes avec une nana style gothique qui doit faire tourner pas mal de têtes. La mienne dans le lot d’ailleurs. Pourtant elle gagne et je m’en désintéresse aussi vite que c’est venu quand j’aperçois dans la foule deux visages familiers. Plus que familiers même.
Alec et Warren. Warren. Ouais, je sais, de base c’est plutôt du premier dont je suis proche, mais… Alec le désigne de la main en lui gueulant un truc qui passe plus ou moins par dessus le brouhaha général sans que j’arrive pour autant à l’entendre. Et Warren répond, sourit, touche la table, son verre, sa cuisse. Il parle seul et rit. Des tas de détails passablement plus communs aux vivants qu’aux morts.

Vivant. J’l’ai abandonné en zone de guerre plutôt que le tuer. Il est resté des heures sans doute, assommé sous une cape d’invisibilité bon marché, auprès de trois cadavres d’enfoirés à qui j’ai… ôté la vie. Ça semble devenir plus facile quand les mois passent alors que ça devrait pas. Tout comme ni lui ni moi ne devrions être simplement en train de boire comme des soudards dans un bar. On devrait s’entre-tuer, c’est ça ? Un peu comme avec Léon il y a deux semaines. Parce qu’on fait des choix dans la vie, que t’as choisi ta meuf et ton fils et que j’ai choisi de luter contre ceux qui payent tes factures ? Pourtant Alec te paye ta tournée et moi.. J’avance tout droit. Pas vers la porte de sortie comme toute personne raisonnable. Hey, j’ai trop bu et la raison et moi on n’est pas potes !

Ça aurait sans doute été une très bonne idée - de prendre le large - mais c’est pas celle que je choisi. Au contraire, je traverse la foule, l’entends baragouiner un truc à propos de se rincer l’œil et je le rejoins. Je tangue sur certains de mes pas. Et puis je l’ai, lui, dans un coin de ma caboche. Son regard qui s’attarde, qui se plisse. Ses gestes lents pour se défendre, sans jamais véritablement sérieusement attaquer. Cette mascarade qu’on a joué l’espace de quelques minutes avant que je n’y mette fin et le laisse en pleine zone d’affrontements, dissimulé mais inerte…
Une seconde, je crois que je vais simplement lui sauter dans les bras, comme une ado de douze ans trop heureuse de retrouver un vieil ami. Puis je dois me rappeler qui je suis. Ou bien c’est le souvenir de Kezabel qui évoque leur relation et la brûlure de la colère… je m’arrête à sa portée.

- Comme s’il t’avait jamais permis de te rincer l’oeil… J’crois que je parle de moi. Et puisque je ne veux pas garder ce regard-là, celui de la nana soulagée de le voir en vie, je contourne la table et chope ses lèvres en posant la main à plat sur son torse. Un rappel d’une soirée à Poudlard dans une vie qui me semble si lointaine qu’elle pourrait bien ne pas m’appartenir. L’affront ultime, teinté d’une pointe de jalousie et d’une part réflexe : embrasser le mec sur lequel mon ex craquait sans autre utilité que de cacher mon propre soulagement. De pas avoir buté un ami. De pas avoir buté un homme qui compte pour Kezabel, pour Alec, pour d’autres aussi sans doute. De pas être cette personne-là. Ou peut être que la charge de revanche est pas encore assez chargée pour toi ? Un sourire, franc, droit, chargé de l’assurance offerte par l’alcool. Et je m’éloigne d’un pas ou deux avant de choper son verre et d’en prendre une gorgée.
J’ai le cœur serré, la gorge nouée et tout à la fois l’impression d’être allégée et de moins bien respirer. L’ambivalence à l’état pur.
Est-ce qu’il sait ? Est-ce qu’il a compris ? La question me barre les neurones quand je repose son verre sur la surface de zinc et le lui rend.

Et elle était là devant lui. Amochée, un peu. Un instant il se posa la question si elle était dans l’entrepôt ou pas, s’il ne l’avait pas blessé sans le vouloir. Un instant, avant de se rappeler que ce n’était pas si récent, que ces marques là étaient beaucoup plus récente. Une seconde d’inquiétude qui passe dans son regard. Qu’est-ce qui s’était passé ? Contre qui ou quoi est-ce qu’elle avait lutté ? Alors il lui sourit tout naturellement rassuré de la voir vivante et qu’elle ne semblait pas mal que cela. Ne pas poser de question sur Kezabel, savoir comment est-ce qu’elle allait, alors que cela lui brûlait les lèvres, lui tordait les tripes. mais elle ne lui sourirait pas s’il était arrivé malheur à Hasting, n’est-ce pas ? Elle aurait plutôt du genre à lui sauter dessus pour l’étrangler probablement. Il déglutit, songea l’instant d’après aux Balkans. Comme s’il t’avait jamais permis de te rincer l’oeil… il allait ricaner un peu mais elle contourna la lèvre et chopa ses lèvres. Un instant son cœur s’arrêta de battre sous la surprise, sous l’envie aussi certainement. Prolongement du baiser. Souvenir d’une nuit qui semblait à présent si loin, d’une autre vie. Vie qui lui manquait cruellement. Pouvoir voir et parler à ses amis, ses vrais amis. Ne pas jouer tous ses petits jeux absurdes et cruels des supérieurs. Devoir « faire partie » de ce camp de merde. Le peu d’insouciance qui leur restait de cette période Poudlard était morte depuis un moment, depuis qu’ils devaient chacun faire parti de leurs groupes respectifs. Mais ce baiser, plus qu’agréable avait surtout quelque chose de salvateur. C’était comme un « tu m’as manqué », ou « tu es en vie ». Pas de trace de haine ou de quelque chose qui s’en approcher. Ou peut être que la charge de revanche est pas encore assez chargée pour toi ? Sourire franc de la part de la jeune femme tandis que lui après un rire amusé la serra dans ses bras tendrement « Merci» qu’il lui souffla à l’oreille. Et après ce mot, il y avait ce doute. Il y en avait toujours eu un, certainement, mais peu d’explications sur ce qui s’était passé là-bas. Une personne ayant sa silhouette, ayant hésité à le blesser/tuer. Non, ce n’était que les anciens amis qui pouvaient faire ça, à ses yeux. Voilà de quoi il s’était convaincu, mais maintenant, face à elle, ses certitudes s’envolaient presque. Et si ce n’était pas elle ? Si elle ne savait rien ? Elle ne comprendrait certainement pas ce merci. Il aurait presque cherché Alec des yeux, comme si Rivers pouvait l’aider d’une quelconque façon sur ce dilemme « d’elle/pas elle ». Au final, cela importait peu, mieux valait même que le doute demeure dans son esprit, c’était beaucoup plus sécure pour Brooks. Il ne voulait pas la mettre un danger d’une quelconque façon et à ce qu’il savait, elle n’était pas connue des Supérieurs comme membres officiel de la Garde et ça resterait comme ça. Tant pis pour la reconnaissance de ses soi-disants pairs. Tant pis, si cela mettait plus longtemps qu’on lui fasse confiance. Il avait déjà trop perdu, hors de question de perdre les personnes qu’il pouvait encore mettre un peu à l’abri, même si elles étaient du camp adverse. Jordane restait Jordane à ses yeux, une amie… une camarade mais il l’appréciait assez pour se taire. A vrai dire, même s’il n’avait pas apprécié la personne, il n’était pas certain qu’il aurait parlé pour autant. La Garde était bien trop importante dans ses actions ; même s’il en voulait aux Gérants, ce n’était pas la peine de s’en prendre à ses membres. Ils n’étaient que des pions, des exécutants, un peu comme lui. Chacun se battait à sa manière.  Il aurait bien voulu répondre sur le rinçage d’œil ou le reste, mais il craignait de commettre un impair, il aurait bien répondu que ce baiser valait beaucoup de revanche par exemple mais non... il ne voulait pas gâcher ce merci et pourtant le naturel était revenu dans un triple galop faisant presque un salto dans son crâne «Tu peux charger et recharger ce que tu veux Jordane…  j’vais m’arrêter là sinon j’vais finir par causer de décharger et ça pourrait malencontreusement devenir très ambigu. Quel dommage ça serait, n’est-ce pas ? D'ailleurs, on est d'accord ce baiser, ça fait pas augmenter ma note salée envers Rivers ?» en espérant que sa charge de revanche parlait bien de ce qu’il avait dit à Alec juste avant qu’elle n’arrive…. Et non pas qu’il lui devait la vie, même si cette partie là ne semblait pas du tout convenir à la conversation, la culpabilité devait faire parler son esprit. Le faire douter.  Il se racla la gorge et reprit, l’air de rien. Ne voulant pas montrer un quelconque trouble « Bon, tu racontes quoi de beau depuis .... toutes ces années ?» Comme si de rien n'était. Aucun autre indice de s’il se doutait quelque chose, juste ce sourire chaleureux qu’il lui faisait « Et je crois que ton entrée va être dans mon top 10 des retrouvailles. Ce petit baiser, un vrai délice.  »  petit clin d’œil « T’as presque l’air d’être passée sous une voiture, et ça te va pas super bien au teint. Par contre t’as l’ouïe affutée.» Plaisanterie à moitié là. Un peu d’inquiétude. Un peu pour revenir sur cette histoire de se rincer l’œil. Juste de la détente, de l’amusement. Rien sur leur situation. Silence complet. Tabou absolu.

Il ricane, attarde son regard, et j’arrive pas à ne pas l’imaginer en train de se poser des questions. Quand il n’y a chez moi que les marques de mes conneries personnelles, on peut légitimement se poser la question d’autres activités… surtout quand on s’appelle Warren et qu’on se balade dans les rangs du camp ennemi jusque sur les pires champs de batailles. Je l’embrasse pour le faire taire, je l’embrasse pour lui faire détourner le regard, je l’embrasse pour l’emmerder aussi, par soulagement, par amitié, par effronterie. Je l’embrasse parce que ça me fout la gerbe d’imaginer qu’il a pu tuer mes frères d’armes et ajouter des noms sur le Mur de l’Eternel. J’l’embrasse aussi et plus bêtement, parce que j’suis torchée, que je sais ni quoi dire ni quoi ressentir et que sa simple présence fait ressurgir plus fort le manque de Kezabel sur ma peau. Et cette pensée dégouline de marshmallows fondus c’est infernal. Il y a peut être une forme de jalousie là-dedans. Un truc à base de “quoi que tu fasses en France, regarde ce que je peux faire, moi”. Et c’est d’la merde. Déjà parce que j’ai pas baisé depuis deux mois donc côté bravade on r’passera. Et ensuite parce que ça sert à rien.
Et parce que, tandis que je devrais ressentir de la colère, j’y peux rien, c’est le soulagement qui vient. Warren reste leur ami, à tous, avant même d’être le mien. Avec la soirée passée avec Janie et celles plus anciennes, à la lueur des torches de Poudlard. Dans un monde qui semble si lointain qu’il en devient moins malfaisant. Il faut dire qu’à ce moment-là, personne ne m’avait demandé d’assassiner un ami. Et personne ne m’en aurait voulu de ne pas le faire.
Et lorsque cet ami, à l’époque, agrippait mes hanches pour m’attirer plus près de lui, je n’y sentais que du désir. Alcoolisé, confus, brusque et emporté. Mais du désir. Aujourd’hui je le sens s’accrocher à mes lèvres différemment. Il n’y aura eu qu’une fois entre nous et ça restera comme ça. Alors peut être que je déconne… mais il y a une forme de désespoir dans ces lèvres qui me rattrapent à l’instant où je m’écarte et cette inspiration qu’il prend contre ma peau.
Je fais mine de l’ignorer. De ne mettre que des bravades dans ma voix et un sourire dans mes yeux. Mais quand il se penche pour m’enlacer, comme n’importe quel pote retrouvant un ami au bar, il glisse un « Merci»   à mon oreille. Simple mot qui dégringole le long de mes nerfs dans un frisson obtus. Brusque, là aussi. Non pas lui mais l’émotion butée qui me parcours. Rien à remercier, et tout à la fois. Alors une seconde, je suis de nouveau dans les cendres et la pluie. A entendre les os d’un homme craquer et une gorge se vider dans un huit humide. J’y ai le regard fixe et contemple le corps inerte d’un garçon que j’ai un jour appelé ami. Celui qui, à présent, me remercie.
J’ai les doigts qui se crispent sur la toile de son haut et le souffle qui se suspens. Rien de plus que je n’aurai d’habitude. Les remerciements, c’est comme les excuses chez moi. Pas si courant, dans un sens comme dans l’autre.

Se redresser, le sourire au clair et l’air dégagé n’est pas si simple qu’il y paraît. Pas quand les tripes se retournent d’une émotion mal gérée et que l’alcool me fait vaciller.

«Tu peux charger et recharger ce que tu veux Jordane…  j’vais m’arrêter là sinon j’vais finir par causer de décharger et ça pourrait malencontreusement devenir très ambigu. Quel dommage ça serait, n’est-ce pas ? D'ailleurs, on est d'accord ce baiser, ça fait pas augmenter ma note salée envers Rivers ?»
- Oh alors ça c’est entre vous les gars. Flemme de tenir les comptes ! C’est tout sauf vrai. Je crois que je donnerai beaucoup pour n’avoir rien d’autre à tenir que les frustrations de l’un et les revanches narquoises de l’autre.
« Bon, tu racontes quoi de beau depuis .... toutes ces années ?» Tu crois qu’on nous écoute, donc.
Ces années.. Comme si on n’avait pas bu jusqu’à pas d’heure une nuit où t’étais habillé en chemise de vahiné, à dropper des dragues cheloues envers un mec que t’appelle “frère” et qui n’est clairement pas à l’aise avec ça. Ni avec grand chose d’ailleurs. Comme si sa sœur était chasse-gardée tient !
« Et je crois que ton entrée va être dans mon top 10 des retrouvailles. Ce petit baiser, un vrai délice.  » Il enchaîne sur un clin d’œil et je ne peux m’empêcher de grimacer une pensée pour toutes les femmes du monde. « T’as presque l’air d’être passée sous une voiture, et ça te va pas super bien au teint. Par contre t’as l’ouïe affutée.»   Wow, ok, la capacité à passer de la drague reloue au possible à la réflexion sur ma gueule de Dalmatien made in Léon. Pas mal.
- Tu sais Tveit, t’es beau gosse, t’as un sourire à faire tomber des églises et une mimique étonnamment sexy quoi qu’un peu cringe quand tu jouis ça m’éclate un peu de l’imaginer penser à cette réflexion avec Mily, J AVOUE ! Je plaide coupable. … mais vraiment, tu devrais pas l’ouvrir. J’te jure.. T’es là, t’es craquant et PAF tu parles..! Un claquement passe mes lèvres. Et ça pète tout… Mais c’est un rire qui me rattrape. Ni tout à fait sérieuse ni engoncée dans une plaisanterie hors propos, je m’amuse surtout à l’emmerder. Lui, sa gueule de BG et son incapacité chronique à éviter de dire des merdes sexistes qui font débander n’importe qui.
- Rien de grave. Un emmerdeur du passé et une mauvaise soirée. Osef. Oui, parce que derrière tes sorties de route, t’as surtout l’air de t’inquiéter mine de rien et ça ça m’emmerde. T’as semé le reste et gardé ton boulet en chef avec toi pour ce soir ? En pivotant d’un mouvement mal calibré vers le bar, je me débarrasse de ma veste que je balance sur le tabouret haut près de moi, sur lequel personne n’est assis, et tente de repérer Alec.

Comment paraitre « normal » après tout ce qui s’était passé ? Sur quel pied danser ? Il n’en savait rien, il doutait même des limites de la conversation qu’il pouvait avoir. Quels termes utiliser ou non ? On n’était jamais assez prudent.  Il le savait bien au fond il en faisait trop, beaucoup trop, mais il ne voulait pas se sentir coupable de la mort d’une amie ou de ses proches. Il avait certainement déjà beaucoup trop de sang sur les mains, même s’il essayait de faire en sorte qu’elles restent le plis « clean possible ». Il n’avait rien d’un meurtrier dans l’âme, cela le débectait même et il n’était pas du tout genre à vouloir à tout prix dégommer son ennemi… mais parfois il n’avait pas d’autres choix que d’être tranchant dans ses sorts. Plus dur. Pas un simple stupefix pour bloquer l’ennemi. Face à Jordane, il y avait ce soulagement immense de voir qu’elle allait bien, mêlé à cette sensation de mal être, de n’être qu’une petite merdre pour ce qu’il faisait. Pour Nicholas. Pour que tes amis vivent. lui souffla doucement sa conscience, mais dans la réalité c’était quand même beaucoup plus compliqué – et nuancé-. Oui face à elle, il ressentait vraiment un mal-être, peut-être aussi par ce qu’il pensait à Hasting, qu’il s’inquiétait pour l’ex Poufsouffle mais que certains mots ne pouvaient décemment pas franchir sa bouche. En savoir le moins sur elle, sur ce qu’elle devenait, pour ne pas que le sort de la fausse Kezabel devienne réel. Pour ne pas avoir à ramasser ses tripes encore chaudes et à les mettre dans un seau. Il sentit la nausée le prendre, et essaya de ne se concentrer que sur Jordane. Pas sur le reste. Beaucoup trop dangereux.

Alors oui, il lui avait glissé un merci qu’elle seule pouvait comprendre. Un mot simple, efficace, en toute sincérité. Un mot qu’il pourrait camoufler avec à peu près n’importe quel mensonge s’il y avait besoin. Eux seuls sauraient réellement. Du moins il l’espérait. Et il avait bientôt parlé, il avait tenté, pour commencer des vannes -lourdes- comme il savait si bien les faire - Oh alors ça c’est entre vous les gars. Flemme de tenir les comptes ! il eut un léger rire amusé et lui fit un clin d’œil amusé, avant d’hausser les épaules et d’ajouter sur un air faussement désolé « Quel dommage.» il aurait bien aimé voir comment aurait pu tourner la discussion s’ils s’étaient engagés tous les trois dans ce genre de conversation. Bon, puisqu’on oublie de plan là… il avait de suite embrayé avec ce qu’elle devenait. Certes le « toutes ces années » était peut-être un peu abusé, alors que quelques mots auraient pu suffire mais… il avait préféré aller dans l’extrême. Tout en continuant à parler et à raconter de la merde, à faire de l’humour qu’à moitié drôle, même s’il se doutait qu’elle ne le prendrait pas mal… mais au final l’inquiétude avait refait surface -ainsi que sa curiosité- et il n’avait pas pu s’empêcher de poser une question sur son état. Comme souvent, il pouvait passer du coq à l’âne sans aucun souci, surtout dans ce genre de circonstances où il n’était pas à l’aise, où il ne savait pas comment se comporter et où il était inquiet pour sa camarade. Il essayait donc, plus ou moins consciemment plusieurs choses, plusieurs dires pour voir ce qui convenait le mieux. Et la réponse ne tarda pas à fuser… Tu sais Tveit, t’es beau gosse, t’as un sourire à faire tomber des églises et une mimique étonnamment sexy quoi qu’un peu cringe quand tu jouis Il fronça les sourcils, ayant quand même un sourire un peu amusé même si la fin était… inattendue. Ouais. Tout comme Jordane le « souhaitait », il eut une brève pensée pour Mily mais non , il ne pouvait décemment pas poser ce genre de questions à sa femme… T’es là, t’es craquant et PAF tu parles..! Et ça pète tout… Loin d’être vexé, il eut un bref rire. Elle n’était pas la première à lui dire, elle ne semblait pas tout à fait sérieuse même s’il y avait un fond de vérité. Et sa réponse de petit con ne tarda pas à se faire voir. Il lui dédia son sourire le plus charmant tout en prenant bien soin de ne pas reprendre la parole même si sa langue lui brûlait presque tellement il avait envie de répliquer.  Pas de souci, Jordane continuait à répondre   « Rien de grave. Un emmerdeur du passé et une mauvaise soirée. T’as semé le reste et gardé ton boulet en chef avec toi pour ce soir ? » elle bougea, enleva sa veste et sembla chercher quelque chose ou certainement plutôt quelqu’un. « Alec est parti cherché à boire si c’est ta question, et j’suis bien seul avec lui. Fort heureusement.» Autrement dit, ils étaient seuls et avaient le champs un peu plus libre qu’à d’autres endroits, même si Tveit se méfiait toujours de ce « calme  relatif », si quelqu’un voulait l’emmerder, le suivre jusqu’ici était une bonne idée, il ferait plus facilement des « sorties de route » que dans le monde sorcier. «Une sacrée mauvaise soirée visiblement… » commenta-t-il sans pouvoir s’en empêcher, avant de se dire que ce n’était pas forcément le meilleur moyen de communiquer avec elle ça. La taquiner, la chercher, faire en sorte qu’elle puisse le piquer, le vanner semblait une bien meilleure solution pour qu’ils passent une bonne soirée. «Et merci pour tous ces compliments, ils me vont tout droit au cœur. Et en même temps tu sais quoi, l’but ce n’était pas d’faire bander les gens.» Enorme sourire de crétin. Bien sûr, elle n’avait pas répondu sur ce qui s’était passé sur sa vie depuis « tout ce temps ». Sujet tabou donc. Il allait ouvrir la gueule pour lui demander où elle bossait mais la referma sans qu’aucun son ne sortit. «Dis, un jour… ça te dit qu’on se trouve un petit endroit bien douillet et chaud sur les tatamis pour que je vois si j’me ferai laminer la gueule, ou si je sais encore me battre potablement. » Il se débrouillait pas trop mal en combat en corps à corps, mais forcément, il se débrouillait mieux avec la baguette. Il était néanmoins à peu près certain que Jordane se débrouillerait mieux que lui, malgré tout, plus pour la forme et la taquiner qu’autre chose, il ajouta d’un ton qui se voulait pensif voire un peu dubitatif «Quoique, vu ton état, j’aurais peut-être une chance de te mettre à terre. » Yeux plus rieurs qu’autre, si ce « combat » en toute amitié arrivait, il allait morfler, mais quelque part il en avait envie. Non seulement par ce que c’était pour se sentir vivant, mais aussi par ce que ça pourrait lui faire du bien à Jo, de lui en coller deux pour ce qu’il était « devenu ». Quelque part, une forme de repentance. Envie qu’elle sache qu’il n’avait pas tant changé que ça… mais si elle lui causait comme ça, elle devait bien comprendre que des fois lescirconstances emmenaient à des endroits que l’on aurait préféré éviter.

« Alec est parti cherché à boire si c’est ta question, et j’suis bien seul avec lui. Fort heureusement.»

C’est la question. Déjà et surtout parce que s’il ont leurs petits potes qui leur collent au cul, je fais là l’un des pires moves qui soient. De quoi donner raison à Margo, Enzo et bien d’autres concernant l’alcool. Ça parait pas comme ça, mais c’est ma première soirée depuis des mois. Depuis Keza.
Alors surtout, cette question cache ce truc à la con d’une amie qui n’a qu’une envie, c’est d’oublier certaines merdes et seulement passer une soirée avec des potes rencontrés par hasard. J’ai envie d’être la Jo de Poudlard, dont personne ne connaissait rien. Celle qui enchaînait les soirées, n’avait aucune raison de se prendre la tête pour quoi que ce soit puisque son passé était enfermé en dehors des murs et qu’à l’intérieur… à l’intérieur il y avait les Supérieurs.
Le temps fait des miracles.

La distance aussi, sans doute.

«Une sacrée mauvaise soirée visiblement… » Reste donc ce qui affleure au présent. Les coups, les épreuves de la dernière année. Les déceptions, les manques, les échecs. Je lui adresse le plus grand des sourires et le plus mordant des regards.
Difficile, oui, mais pas si mauvaise finalement. Ou peut être n’est-ce que le simple point de vue des trois derniers whisky et de la pinte entamée et abandonnée je ne sais plus où. «Et merci pour tous ces compliments, ils me vont tout droit au cœur. Et en même temps tu sais quoi, l’but ce n’était pas d’faire bander les gens.»  
- Bah c’est un tors ça, vois-tu ! J’écrase un rire, balaye les quelques souvenirs plus cyniques qui me remontent dans la caboche et pose la main à plat sur le zinc de la table en me sentant moins stable que je le croyais.
On évite les chutes Calamity Jane, t’as assez morflé comme ça et quelques côtes qui n’apprécieront pas le voyage.
«Dis, un jour… ça te dit qu’on se trouve un petit endroit bien douillet et chaud sur les tatamis pour que je vois si j’me ferai laminer la gueule, ou si je sais encore me battre potablement. »
Vas-y c’est le bon moment là. J’suis au top. D’une efficacité hors pair !
«Quoique, vu ton état, j’aurais peut-être une chance de te mettre à terre. »  
- Tu parles de la gueule de bois qui m’attend ou de ma gueule de dalmatien ? Nan parce que même beurrée j’te mets à terre !

Beurrée. Bourrée vs oeil au beurre noir ; tu l’as ? Nan attend. On dit bord noir. Ah putain j’ai foiré la vanne.

Comment t’as su ; d’ailleurs ? J’ai pas souvenir de t’avoir déjà étalé. Je m’entraînais à Poudlard, mais solo. Sauf que ce gars là, le champion de boxe. Un nom asiatique. Enfin avant qu’il se fasse tuer.

- Un shot ça te dit pas ?!

Aucun rapport avec la soupe.

- Mais oui c’tu veux. La vérité, je le sais, c’est que je ne me donnerai pas au quart de mes capacités. Rien que pour ton entourage. Alors ouais, j’me la ramène, me pavane mais au final, j’me mangerai quelques mandales et ferai le fameux “comme si” qui nous tient tous à cœur. En attendant, je lève le bras et retient une grimace pour rester dans le rôle. Le mood. On dégage la morosité, aujourd’hui on fête la vie. La vie et ces victoires au goût de bile. La foule se masse et bouge tant au rythme des rires, de la musique, d’un match quelque part au dessus du bar et des allers et retours des gens qui tiennent des verres au dessus des gestes trop brusques. C’est au travers de tout ça qu’Alec croise mon regard. Au bar, il attend. Si la surprise passe sur ses traits, il n’en montre rien et se contente de me faire signe de ne rien comprendre quand je lui fait des moulinés avec le bras.
Puis il capte et lève à son tour les paumes, l’air impuissant.
Je fais la traduction : ‘J’ai pas six bras !’. Et je hausse des épaules : tant pis.
Retour à Warren.

- Vous avez la soirée ?

Il lui confirma à demi-mots qu’il n’y avait personne d’autres qu’Alec et lui, il avait quand même jeté un coup d’œil aux alentours comme pour vérifier ses dires, mais oui, d’après ce qu’il voyait, personne ne semblait les avoir suivis ce qui était d’ores et déjà une très bonne chose. Warren comme à son habitude avait continué de parler – beaucoup- en tentant de plaisanter et de faire des blagues plus ou moins graveleuses ; même s’il avait déjà bien vu il n’était pas encore totalement saoul. Juste assez pour débiter des conneries plus rapidement et facilement que d’habitude, avec moins de filtre quelque part… même si Jordane ne devait pas bien voir la différence. Bah c’est un tors ça, vois-tu ! Il ricana à son tour avant de lui faire un petit clin d’œil. « Promis, j’essayerai d’être un peu moins bavard.» Pour mieux faire bander les gens tout à fait. Cette conversation n’avait plus vraiment de sens dans l’esprit de Warren, ou plutôt si, elle en avait un mais il n’était pas certain qu’il était réellement clair. Un instant, il fit mine de réfléchir avant  de finalement enchainer sur tout autre chose. Vraiment Tveit, faudrait que tu apprennes à te la fermer. Par ce qu’il la chercha un peu, gentiment, sur un tatamis où ils pourraient se battre. Où il pourrait « se faire laminer » comme il l’avait si bien dit. Défi, dans les pupilles, il attendait avec impatience sa réplique qui ne tarda pas à arriver toujours aussi cinglante.

- Tu parles de la gueule de bois qui m’attend ou de ma gueule de dalmatien ? Nan parce que même beurrée j’te mets à terre !
« Les deux mis l’un dans l’autre… sans aucun sous-entendu.» Pardon, mais elle était trop facile celle-là quand même. « Peut-être que bourrée et avec ta gueule actuelle j’y arriverai, ceci dit, j’suis pas des plus frais non plus.» Bref aucune chance Warren, il ne faut pas rêver.

Un ange passe... ou pas. Un clignement d’œil, surtout. A peine le temps de réfléchir à une autre réplique que déjà :

- Un shot ça te dit pas ?! Hein ? Quoi ? Le rapport ? Et pourtant, il avait eu un nouveau sourire et même un léger rire. « Je ne refuse quasi jamais un verre. J’le paye ? » Bon quand Alec serait revenu et qu’ils auraient pu choisir ce qu’ils prenaient. Il ne savait rien de sa situation, mais elle savait que sa famille – et donc lui- était blindée. Elle devait aussi savoir son métier et donc qu’il pouvait largement payer un shot. Mais oui c’tu veux. pas le shot visiblement,  mais le combat. Enfin l’entrainement serait certainement un mot plus juste. Pourquoi avoir proposé cela ? Il n’en savait trop rien, ça lui paraissait une bonne idée au moment où il l’avait dit, maintenant aussi ceci dit, par ce que c’était un moyen comme un autre de rester en contact avec elle sans que l’on suspecte forcément quelque chose si jamais cela venait à se savoir, mais il ferait tout pour que ce ne soit pas le cas. C’était toujours mieux qu’un « verre entre amis », plus suspect à ses yeux. « Ouais ; ptet que je serais moins chaud une fois sobre, mais là j’suis super chaud.» Un sous-entendu là-dessous ? Possible. Mais il devait être sage. Y rêver, y penser ne faisait pas de mal, et elle était toujours aussi belle. Elle avait tant pour elle ; sa beauté autant que son caractère de merde. La force qu’elle dégageait et qui avait parfois tendance à l’hypnotiser.

En voyant Jordane faire de grands gestes, il tourna son regard vers l’endroit où était Alec. Rivers faisait bien comprendre qu’il ne pouvait pas faire grand-chose d’autres. Tant pis. Ils recommanderaient et partageraient les boissons qui arriveraient. Vous avez la soirée ?  Il acquiesça « Ouep. Toute la soirée et sûrement même une partie de la nuit… le tout c’est que je ne revienne pas trop ivre mort à la maison. Mily serait capable d’me tuer dans son sommeil. Mais t’inquiètes, j’ai une bonne descente.» L’habitude malheureuse de boire pour oublier certains sentiments, pour moins souffrir, pour la vie un peu plus rose qu’elle n’était. Une addiction donc il avait plus ou moins conscience. Pas bien grave selon lui, ce n’était pas non plus comme si c’était tous les jours. « Et toi, t’as ta soirée ou tu dois rejoindre quelqu’un ?» Peut-être que c’était un genre de pré-soirée pour elle, mais il espérait qu'ils pourraient profiter un peu plus de sa présence. Cela lui manquait. Cette normalité de soirées entre potes.

Seuls. Warren et Alec, seuls, sans surveillance excessive ? L’opportunité est presque trop belle et le hasard… difficile à croire. J’aurais sans doute davantage de réticences si je n’étais saoul, endolorie et épuisée par chacun des derniers évènements. Survoltée aussi, d’une manière aussi contrastée que prévisible. J’ai envie de vivre, si connement que ça. J’ai envie de retrouver la légèreté des contacts faciles, d’évacuer les pensées parasites, de ne faire que simplement croiser des amis dans un bar.
Car ça fait des mois qu’on ne s’est pas vus, Warren et moi. Pour Alec, c’est différent. Je passe chez lui toutes les semaines, et d’une certaine manière, ça maintient un lien dont il n’a peut être même pas conscience. Le ménage. Les plantes. Des conneries qui ne me ressemblent tellement pas qu’elles pourraient émaner d’une toute autre personne. C’est pourtant chez lui, dans cette maison où personne ne va, que je me suis réfugiée loin de tout pour encaisser la rupture avec Keza. Là-bas qu’Enzo m’a trouvée, comme si les lieux s’étaient parés du sobriquet de QG sans que qui que ce soit ne l’ait jamais vraiment vu venir. Comme si, surtout, on était une bande. Une bande disloquée, qui ne se croise qu’à rebours, dans les pires moments et les occasions les plus improbables, mais une bande malgré tout. Du moins de mon point de vue, Alec n’est jamais vraiment loin. Il devrait. Mais il l’est pas.
Warren, c’est différent. Pourtant je suis certaine qu’Enzo et lui se voient. Mais il a fait des choix qui n’ont pas été ceux d’Alec.
Il a fait des choix, vis à vis de Kezabel, que je peine à comprendre.
Et puis il y a sa femme, son fils, tant d’aimants vers le côté obscure qui font qu’il n’est pas simple de dealer avec ça.

Pourtant je sais.
Je sais qu’en 1V1 ; t’as pas tiré.

« Promis, j’essayerai d’être un peu moins bavard.»
- Et LA tu vois, tu m’ferais bander !

Comment peut-on avoir un discours interne si sérieux et d’aussi grosses conneries en bouche ? Nan, pas ta bite Warren elle n’est pas si grosse.
Ta bêtise en tient une couche en revanche. Oui, il me reste des marques de l’affrontement avec Léon, merci de le faire remarquer. Les soins ne suffisent pas et j’ai largué le font-de-teint parce que hey, merde. Je sais parfaitement ce qui t’es passé par la tête. L’inquiétude d’en faire partie, de m’avoir fait face sans le savoir, d’avoir l’un de tes collègues qui aurait pu me buter. Et ça tu vois, ça craint. Parce que c’est que tu m’envisages comme faisant partie de la Garde, et qu’il faudrait que je règle le problème. Mais ce genre d’attaches, c’est ce qui te permet de rester dans notre camp. C’est ce qu’Alec refuse de couper par peur de devenir un mec qu’il n’est pas.
Et toi, tu serais qui, si tu venais à oublier ces craintes-là ?
Pas un type que j’apprécierai, je pense.

Et sans doute pas le crétin qui envisage de me défier à la régulière. Une manière de s’assurer de la personne qu’il a affronté ? J’y pense pas vraiment.
A Poudlard, je m’entraînais le matin au bord du lac. Chez Alec, lui et moi nous nous sommes souvent frittés. Qu’il le sache n’a rien d’étonnant. Ça m’emmerde mais c’est pas étonnant.

« Les deux mis l’un dans l’autre… sans aucun sous-entendu.»  
- Pas ton genre.
« Peut-être que bourrée et avec ta gueule actuelle j’y arriverai, ceci dit, j’suis pas des plus frais non plus.»
- Tu tiens peut être un truc : les duels-saouls. Ça pourrait presque être un nom d’échoppe ça. Sur le chemin de traverse ou à Pré-au-lard, bien sûr. Je retiens la fin de ma phrase à la limite exacte de la connerie. Trop d’alcool ? Non, ça va. L’ivresse ne vient pas tout à fait de là.

Un clin d’œil, sa technique ultime de drague, et je lui propose un shot. A vrai dire, j’ai d’autres choses dans la tête que j’envisage de proposer. Un peu tout ce qui permettrait de s’éloigner de cette histoire de duels qui risque d’être rapidement craignos pour mon matricule.
Il accepte le shot, moi le combat, et si je suis certaine du premier, j’ai comme un doute sur le second.

« Ouais ; ptet que je serais moins chaud une fois sobre, mais là j’suis super chaud.»   En cherchant Alec du regard, je capte son regard à lui, lourd de sous-entendus qu’il n’est pas prêt à assumer. Un sourire vorace passe, le défi dans le fond des prunelles. T’as envie : ça crève les yeux. Mais j’te ferais pas l’aumône d’esquiver l’idée.
Penses-y tient. T’écouteras peut être moins ta femme.
Bande ; tu penseras moins.

En attendant, je détourne mon attention de lui sans plus d’ouverture que cet air joueur qui me caractérise si aisément. Je cherche Alec du regard, envisage déjà la suite de la soirée.
Oui, j’avais une touche de l’autre côté du bar. Oui, je l’ai déjà oubliée.
Les potes avant les putes, c’est pas ça ? Laissez-moi essayer.

« Ouep. Toute la soirée et sûrement même une partie de la nuit… le tout c’est que je ne revienne pas trop ivre mort à la maison. Mily serait capable d’me tuer dans son sommeil. Mais t’inquiètes, j’ai une bonne descente.»  
- Oh ça j’ai souvenir oui.. !
« Et toi, t’as ta soirée ou tu dois rejoindre quelqu’un ?»
- ça reste encore à voir..

J’ai un sourire quand Alec se retourne vers nous, que ses prunelles s’arrondissent de surprise et qu’à son tour, la joie des retrouvailles passe sur ses traits.
Clairement : pas envie d’être autre chose que ça ce soir.

- Mais je caresse l’idée d’être à vous pour ce soir.. Interprétable ? Si peu. Ok, j’admets, l’idée de squatter ses pensées à des moments peu opportuns avec l’autre connasse m’amuse passablement.
‘Jamais dit être à la pointe de la maturité.

- Voilàà, ça c’est un mec bien ! C’est ainsi que j’accueille Alec qui rapporte trois shooters coincés entre ses doigts droits, et deux bières en bouteille sous le bras. Warren le débarrasse des shots et qu’en rattrapant l’une des bières qui lui échappe, Alec m’enlace de son bras libre. Un élan d’affection que je repousse dans un rire moqueur… tout en gardant sous les côtes l’impression que mon cœur s’étrangle.
Je chope du même geste l’un des shots, le vide d’une gorgée et leur adresse à tous deux un grand sourire carnassier.

- Bon, bah si vous avez la soirée… Qu’est-ce qu’on fout encore là ?! Nouveau sourire, plus appuyé et quand Warren vide son verre, je pique celui d’Alec que je descend en ignorant une exclamation d’indignation. Sérieux : Londres ?! Alors que vous avez du temps ?! Les gars vous craignez !

Et puisqu’ils aiment les clins d’œil, je leur en adresse un avant de les enjoindre à me suivre d’un coup de tête.
Si Alec sort du bar la bouteille aux lèvres, je dégaine mon téléphone pour envoyer un texto.

- Hey ! T’as pas dit être du côté de La Paz (Californie Sud / Mexique, je sais jamais) là ? Si oui, on arrive. J’ai deux peignes cul avec moi. -

Vérifications d’usages, sorts, check out. Vous connaissez le refrain. Puis je les embarque d’un portoloin à l’autre. Une capote derrière le National Galery. Direction Wesley Will, dans les îles Vierges Britanniques et une capsule de bière. Puis La Havane et enfin, La Paz.

- D’où tu… ? L’air hébété du premier ne vaut pas celui du second, flic et ignare des réseaux clandestins qu’on connaît quand on traîne là où il le faut.  
Je n’ai qu’un sourire pour réponse et fait signe à Warren de me filer sa bière pour y piquer quelques gorgées. C’est la brune aux lèvres que j’aperçois Enzo.
Et que les deux cons, ahuris, s’arrêtent d’un même geste derrière moi. L’air godiche.

Tandis que j’adresse à l’ancien Griffondor un geste de la main, et le regard de sale gosse fière d’elle qui va avec.

Ils auraient beau plaisanter. Il y avait toujours cette part en lui qui s’inquiétait, qui se posait des questions. Est-ce que pour le bien-être de Jordane, il ne devrait pas partir. Pour être certain qu’elle ne soit puisse pas être prise à partie d’une manière ou d’une autre. On respire, mec. Ils étaient vraiment que tous les deux. Ca ne faisait que retrouvailles d’anciens amis. Rien de plus.

Rien à voir avec Cassie & Matthew.
Rien à voir avec Kezabel.
Rien à voir avec tous ceux dont il avait vraiment été proche pendant Poudlard et qu’il avait préféré rejeter comme des merdes pour qu’ils ne cherchent pas à l’aider, le contacter. La haine c’est parfois plus facile, et il le croyait toujours sincèrement. Il croyait toujours avoir agi pour le mieux pour ses amis, pour leur survie ; sans se rendre compte que c’était sûrement plus une connerie qu’autre chose. Avec un peu de chance, ils avaient tourné la page tandis que lui s’ennuyait toujours d’eux.

Ici, ce n’était pas un « vrai » danger, ils n’étaient pas connus pour être amis avec Jordane. Ça devrait passer si jamais ils étaient surveillés. Il devait vraiment se détendre, sinon il allait finir par avoir quelques soucis de santé rapidement. Mais concentration sur la conversation Warren. Pas ton genre. Sourire en coin et il mima une auréole sur sa tête, même s’il aurait mieux fait de se faire les cornes démoniaques ça aurait quand même été un poil plus crédible. Il avait quand même enchainé avec une nouvelle connerie. - Tu tiens peut être un truc : les duels-saouls. Ça pourrait presque être un nom d’échoppe ça. Il eut un bref rire mais acquiesça, effectivement ça pourrait être un concept plutôt sympa et drôle. « J’aime, super idée Brooks. Et des gens parierais sur qui gagnerait … Parfait. Comme tout le monde serait plus ou moins saoul, ça ferait certainement un carton.» Bon par contre faudrait qu’il y ait de bons médicomages derrière quoi. Son esprit partit l’espace de quelques instants sur cette idée qui e faisait quand même mourir de rire, avant qu’il ne se reprenne et refasse focus sur sa camarade. Bref, un shot et un combat acceptés plus tard il confirma à Jordane qu’ils avaient bien toute la soirée devant eux.. quant à Jordane. ça reste encore à voir.. Ni oui ni  non.  Mais il n’eut pas le temps de se poser trop la question qu’Alec était enfin revenu vers eux les bras et mains chargés de boissons. - Mais je caresse l’idée d’être à vous pour ce soir.. Elle caresse ? Il avait haussé un sourcil à ce moment-là. Quel choix de mot…. Plein de tentation. Il essaya de ne pas trop s’imaginer des choses. Même si l’envie était là, il n’y aurait qu’un mot  valable « non ». Il devait tout repousser. Mily. Juste Mily…. Voilàà, ça c’est un mec bien ! Focus Warren, on arrête avec ses désirs. Il débarrassa rapidement Alec des shooters tandis que Jordane et Alec se saluaient. Tout comme Jordane quelques instants plus tard, il but le shot d’un seul trait – après tout c’était fait pour ça aussi ….-. Il en avait bien besoin. Continuer d’oublier, refouler ce qui se passait dans sa vie pour juste passer une bonne soirée entre camarades.

- Bon, bah si vous avez la soirée… Qu’est-ce qu’on fout encore là ?! il jeta un regard intrigué à Alec comme si son meilleur ami allait pouvoir dire quelque chose, faisant à peine attention à une Brooks qui lui piquait sa boisson. Sérieux : Londres ?! Alors que vous avez du temps ?! Les gars vous craignez ! Petite moue, mais ceci dit, il savait qu’elle n’avait pas tort, ils auraient quand même pu faire tellement mieux… Il regarda Alec et lui souffla absolument pas discrètement – et c’était fait exprès- « Elle sous-entend qu’on est plus drôles et qu’on ne sait plus faire la fête comme il se doit là non ?» Il lui un clin d’œil amusé à Jordane. Il est vrai que partir ne lui venait pas à l’esprit, il y avait déjà fort à faire ici… mais, c’était tentant. « J’le conçois on se ramollit un peu.» finit-il par concevoir à Jordane. Malgré tout il l’avait suivi, tout en buvant un nouveau coup – ils allaient pas être super frais pour l’endroit où ils allaient-.

Un porteloin. Deux. Trois.
Trois petits chats. Ah non pardon, c’est encore autre chose ça.
Et enfin, ils étaient arrivés et si Alec était surpris, lui ouvrit grand la bouche, capable certainement de gober un œuf. Il lui refila sa bière à Jo, avant de tourner une fois sur lui-même pour osberver le lieu et apercevoir Enzo. Il cligna des yeux, fronça les sourcils, puis les yeux et souffla tout bas cette fois à Alec « T’vois Enzo toi aussi ? Ou j’suis en train d’halluciner complet ?» Dans une espèc d’instinct, n’étant plus sûr s’ils étaient en si bons termes que ça, il se met légèrement devant Alec, comme s’il allait pouvoir arrêter son meilleur ami s’il commençait à…. A quoi d’ailleurs face à Enzo ? A être lourd ? A l’insulter ?  A vouloir se battre ? A …. Warren, mon grand tu bugs là. Tout semblait aller bien de toute façon.

Nouveau clignements d’yeux. Il avait fini par réaliser qu’il devait quand même saluer son pote. Enfin, le sourire était arrivé sur son visage. « Hey Ryans ! T’sais qu’elle est incroyable ? L’est quelle heure ici ?» Okay, il n’y avait pas d’heures pour faire la fête… Il ne savait même pas à quelle heure il avait quitté Londres   « Tu vas comment ?» il lui tendit généreusement sa bière déjà bien entamé « Y’a que Jo et moi qui avons bu dedans t’peux y aller si tu veux.» C’est généreux n’est-ce pas de proposer deux ou trois gorgées à son pote… Il avait quand même réussi à contenir un « elle vient de loin », se rendant compte que même bourré ça passait quand même moyen comme « blague ». «Qu’est-ce que tu fouts là, vieux ? T’viens faire la fête avec nous  ? » Et il serait plutôt content si c’était le cas Ca faisait longtemps qu’il n’avait pas eu une vraie fête avec des vrais amis… enfin à part celles qu’il faisait avec Alec, mais là ils étaient plus et ses yeux pétillaient clairement de bonheur. « T’es une reine de  l’impro Brooks.»

Lundi 20 Mars 2017 – La Paz, Mexique
Dans l’après midi, heure locale

« Et quand est-ce que tu me laisses te marquer ? » Il a son regard vicelard, celui qui va rapidement disparaitre quand j’irai trop loin pour lui dans la démarche parce qu’à ce jeu-là il le sait je gagnerai toujours. Ses limites sont bien plus fines que les miennes, voilà ce qui se passe quand en bon hétéro vous cherchez un mec qui ne se met ni barrière ni étiquette – et encore, j’suis clairement un p’tit joueur comparé à William. Faut le voir à l’œuvre, il est capable de foutre notre Texan Argentin si mal à l’aise qu’il prend la fuite comme une vierge effarouchée.
En attendant mon sourire s’étire de façon sournoise, main dans les poches de mon jean et sweat balancé sur l’épaule droite. 25°, plein soleil, ça me change de la grisaille de Londres ce matin. C’était déjà la fin de journée là-bas, y a de quoi s’y perdre.
Le salon de tatouage qu’il a monté avec Maxime n’est pas ouvert le lundi, quand il m’a dit qu’il devait se réapprovisionner en matos j’ai proposé de l’accompagner. Pas de cours cet après-midi, pas de retard dans mes rendus ni dans mon taf malgré mon exil de plusieurs semaines, j’y ai vu une opportunité de passer du temps avec mon pote. Juste tous les deux, à refaire le monde comme deux frangins qui alternent dans leur rôle d’ainé comme on ne l’a pas fait depuis un moment. Je crois qu’aujourd’hui on a le même âge et il n’est pas très élevé « Vieux ça fait des années que tu repousses mes avances, faut savoir c’que tu veux. » Rien de sérieux dans tout ça, j’aime ce type comme un frère et réciproquement. On fait les cons depuis le début, le jour où on a décidé de devenir potes plutôt que de se foutre sur la gueule même si ça partait plutôt dans cette direction-là. Cet enfoiré avait trouvé ça drôle de me piquer toutes me sapes alors que j’étais sous la douche, son arrogance de l’époque a bien failli avoir raison de mes nerfs. Un an et demi plus tard j’étais témoin à son mariage et j’imagine pas ma vie sans qu’il en fasse partie.

Putain c’que t’es sentimental.

Lunette de soleil sur le visage je ferme les yeux en marchant, juste le temps de me shooter à la vitamine D sans risquer de me prendre les pieds dans un trottoir sous peine d’en entendre parler pendant 5 ans tous les dimanches « J’sais pas, quand j’aurai l’illumination. Si ça doit venir. » On parle tatouages, c’est vrai depuis qu’il s’est lancé on se dit toujours que je finirai par passer sous ses aiguilles mais ça ne s’est jusqu’ici pas présenté malgré le temps qui passe « Tu les a tous fait pendant tes voyages, ton road trip en solo t’a rien inspiré ? » Le regard happé par une bande de gosses qui cavalent en rentrant de l’école je décroche une seconde. Leurs cartables ont l’air beaucoup trop lourds, un élan d’une espèce de nostalgie vient flirter avec ma conscience avant de disparaitre comme il est venu « Pas pour ça en tout cas. » Étrangement. Peut-être que j’ai simplement fait le tour et ça n’a jamais été un objectif de me noircir la peau le plus possible. Mateo, Takuma et Nour s’en chargent très bien « Tu veux me tatouer un séquoia sur le cul ? » Stoïque, un sourcil arqué et le menton tourné vers lui juste de quoi capter son regard, j’ai l’air sérieux. Et lui aussi.
C’est jamais une bonne nouvelle parce que la connerie qui risque de sortir de sa bouche est sans doute plus grosse que le Texas et le Victoria réunis « J’ai bien une autre idée mais ça implique une intimité qu’on est pas prêt à partager toi et moi. » Là j’en suis à me mordre l’intérieur de la joue pour ne pas exploser de rire, lèvres pincées et le regard braqué droit devant nous. Parce que oui, j’ai l’image bien en tête et la curiosité un peu trop aiguisée sur ce que ça pourrait réellement donner « Comme ça tu pourras le regarder grandir quand … » Stop « Ouais j’ai compris l’idée. » Vraiment « Arrête-toi là tu vas faire un malaise. » Et peut être bien que moi aussi parce qu’autant imaginer ça dans un cadre privé tout seul ou avec mon mec ne me pose aucun problème, autant visualiser la logistique qui implique Mateo … Si. Et on ne va pas s’étendre sur la douleur fantôme qui me fait serrer les cuisses à la simple idée qu’une aiguille puisse s’approcher de cet endroit de mon anatomie. Y a vraiment des gens qui font ça ? Douleur qui s’évapore quand il me balance une claque dans le dos comme si on était potes d’armée avant d’entourer mes épaules de son bras « Pas grave, j’vais attendre que tu t’décides à vouloir écrire le nom de ton mec dans un cœur quelque part. » Et on sait tous très bien que ça n’arrivera jamais parce que c’est putain de cringe. Et surtout complètement con. Si jamais on se sépare je serai obligé de me retrouver un mec qui a le même prénom, c’est chiant.

¥

Hey ! T’as pas dit être du côté de La Paz (Californie Sud / Mexique, je sais jamais) là ? Si oui, on arrive. J’ai deux peignes cul avec moi.

Premier réflexe, froncer les sourcils. Puis sourire. Je sortais d’un magasin de shape où j’ai refait mon stock de wax – la cire, pas mon chien – quand j’ai senti mon téléphone vibrer dans ma poche arrière. J’aurai pu m’attendre à une connerie de Mateo qui est rentré à Los Angeles depuis une demi-heure, chose que je m’apprêtais à faire moi aussi.
On. De qui est ce qu’elle parle ? Y a plusieurs visages qui me traversent l’esprit y compris le frangin de Max mais quand je les vois débarquer une vingtaine de minutes plus tard au lieu de rendez-vous qu’on s’est fixé ça devient limpide. Presque autant que le sang de Warren visiblement déjà bien imbibé d’alcool. Je ne m’attendais à rien mais ça me fait plaisir de les voir bien que le tableau sorte de l’ordinaire. Pour eux peut être pas, moi j’ai pas tellement l’habitude de les voir ensemble. C’est l’histoire des trois p’tits sangs pur et de la grande méchante … Jo. J’ai pas mieux, ça va venir « Hey Ryans ! T’sais qu’elle est incroyable ? L’est quelle heure ici ? » Vas-y, gueule mon nom encore plus fort. Oui je l’admets je me crispe un peu même si le sourire ne s’estompe pas pour autant. Le Mexique est devenu une sorte de safeplace, à tort ou à raison j’en sais rien mais j’ai pas envie que ça change et quelque chose me dit que c’est un sentiment qu’on partage Alec et moi. L’instinct du type en cavale, celui qui regarde par-dessus son épaule pour être sûr de ne pas être suivi, il connait aussi. Warren sans doute un peu moins même si ça vie est un immense bordel. Jo ? Je dirai que c’est un art de vivre la concernant « Tu vas comment ? » Demande-t-il en me tendant une bière déjà bien entamée et que je n’attrape pas « Y’a que Jo et moi qui avons bu dedans t’peux y aller si tu veux. » Pas que j’ai peur de partager mes miasmes mais là tu me prends par surprise, c’est l’heure du goûter ici pas de la murge « Qu’est-ce que tu fous là, vieux ? T’viens faire la fête avec nous ? T’es une reine de l’impro Brooks. » Regard vers Jo « Il espère te pécho en te faisant autant de lèche ? » Je me moque, elle le sait, lui j’suis pas certain qu’il le capte vu son état – Ceci n’était pas un jugement.
Je les salue tous les trois de la même façon, une sorte de check du poing avant de remonter mes lunettes de soleil dans mes cheveux et de plisser vaguement les yeux. Move relativement débile si on réfléchit bien mais j’suis comme ça moi, un garçon bien élevé qui regarde les gens dans les yeux parce que c’est plus poli. Et ce regard il se pose de nouveau sur Warren « Vas y molo, pense à ses chevilles. » Et à ton amour propre. Ça par contre s’en est un, de jugement, et c’est mal. Vilain Enzo « J’aurai dû me douter que tu parlais de ces deux-là quand t’as évoqué deux peignes cul. » Et effectivement, Sova n’a pas exagéré les faits. Difficile de ne pas voir les marques qui parsèment sa peau même plus d’une semaine après. A moins que ce soit des nouvelles ?

Si je recule d’un pas en arrière c’est pour les mater tous les trois « J’veux pas vous froisser mais va falloir faire une opération bronzage en urgence là les gars, vous êtes tous les trois blancs comme des culs. » C’est gratos, ça me fait plaisir.

« T’vois Enzo toi aussi ? Ou j’suis en train d’halluciner complet ?» Torched numéro 1 commence à comprendre l’issue de mes conneries. Pourquoi ici ? Pourquoi pas. Je perçois Alec qui esquisse un sourire et plonge ses mains dans ses poches en se foutant de Warren d’un regard. J’ignore pas ce dernier qui se place en décalé, comme de sorte à s’interposer en cas de problème. Donc tous deux ne partagent pas les dernières nouvelles. Pas que Rivers ne me raconte chacune de ses escapades, mais j’ai pas loupé la baisse de tension entre eux, les regards apaisés, le début de la complicité.
Un regard suffit pour comprendre qu’elle s’est affirmée. Petit update des familles. Ça pourrait être un moov de con, je l’admets… mais j’le sentais bien.
« Hey Ryans ! T’sais qu’elle est incroyable ? L’est quelle heure ici ? »   Correction : c’était peut être un moov de con. Sans réfléchir, je balance un coup de deux doigts à l’arrière du crâne de Tveit. Un truc qui peut passer pour de l’agacement face au compliment. C’est pas le cas. Et à sa gauche, Alec lève les yeux au ciel. 100%, carton plein, bravo tête de teub.
Un coup d’oeil en arrière de la part de l’ancien Serpentard, aucun du mien mais je boirais bien une gorgée de plus. Qu’importe : personne autour de nous. Juste des gens qui s’en foutent et vivent leur vie. De quoi donner cette envie illusoire de se caler ici, d’y foutre un parasol et de planter ses talons dans le sable pour ne plus en décoller. Élan de faiblesse : plutôt que de râler, je ris.
« Tu vas comment ? »   Et il enchaîne avec sa bière. « Y’a que Jo et moi qui avons bu dedans t’peux y aller si tu veux. » Fort bourré. J’me moque, mais si je marche de nouveau passablement droit, c’est uniquement grâce au temps passé entre chaque portoloin et à l’aide moins alcoolisée de la brune qu’il tient entre ses doigts. « Qu’est-ce que tu fous là, vieux ? T’viens faire la fête avec nous ? T’es une reine de l’impro Brooks. »
Pour être honnête, Warren semble plus joyeux en face d’Enzo. Un moyen éventuel d’oublier qu’on a failli se tuer l’un l’autre quelques semaines plus tôt. Une façon aussi de le détourner des hématomes verdâtres qui barrent encore ma peau. Un truc qu’Enzo ne loupe pas bien sûr, mais il ne semble pas étonné. Sova ? Sova.
« Il espère te pécho en te faisant autant de lèche ? »  
- Ecoute, il lèche ce qu’il peut ce pauvre garçon… Faut lui apprendre à faire mieux, il a pas la technique encore.. Et Alec d’écraser un rire non loin tandis qu’un salut nous lie. Enzo passe des uns aux autres. Moi d’abord, Warren ensuite, Alec pour finir. Dans l’ordre des interactions et de la logique des échanges et des regards amusés.
« Vas y molo, pense à ses chevilles. » Un regard vers Warren, provoquant. Un autre vers Alec, non moins.
« J’aurai dû me douter que tu parlais de ces deux-là quand t’as évoqué deux peignes cul. »
- M’semblait assez clair comme message.. A la mention du “peigne cul”, tous les regards se tournent vers moi et j’éclate d’un rire joyeux. C’est un fait, je respire mieux. Chacun des coups est porté avec une fierté mordante et éclaire mes lèvres d’un sourire quand Enzo recule pour nous considérer et que je devine que la prochaine connerie ne concernera pas du tout cette évidence qui crève les yeux. Ni même mes côtes en cours de re-soudure. Re-soudage. Re-soudation.
« J’veux pas vous froisser mais va falloir faire une opération bronzage en urgence là les gars, vous êtes tous les trois blancs comme des culs. »  
- ’Tain j’valide ça j’ai un teint à me refaire.
- Tu m’étonnes…" Première réflexion de sa part sur le sujet. " Celui d’en face il est entier ?" En posant son épaule sur la mienne un instant pour se pencher en une posture de confidence.
- Il en reste trois dents ..! Connerie balancée en chopant la bière de Warren pour la tendre vers le soleil mexicain, en boire quelques gorgées. Comme s’il pouvait y avoir dans le coin de mes sourires toute la force d’un défi. J’ai dégagé l’ombre de cette soirée pour n’en garder que l’essentiel : moi debout. Le reste on s’en fout. Pareil pour les Balkans. Pareil pour Warren. Pareil pour le reste. Rien à foutre de ses états d’âme, ‘faut vivre, l’ami ! Et me voilà à éclater d’un rire joyeux suivi par Alec.
Rien que ça. Pas plus. On a ici trop l’habitude de se faire refaire le portrait pour en faire une histoire. Et c’est une victoire. Pas une putain de défaite, donc je la savoure et j’enchaîne.
- Toi en revanche on est toujours pas mal hein. T’as l’cul aussi bronzé que les bras ou c’est unilatéral ? Pas le moindre sérieux là-dedans. J’me détend. Petit à petit, j’me détend.
- Faut dire que les putes c’est rarement sur un transat.. " Le regard entre les gars, je le chope et les interroge du regard avant de rire de cette complicité improbable. Et tandis que je vire mes pompes en rendant sa bouteille à Warren, c’est ce dernier qu’Alec se décide à viser. " T’avais pas dit lui apprendre à surfer, à lui ? " Pouce pointé vers l’ex Serdaigle, regard droit vers le Griffondor. Sourire de p’tit con aux lèvres. Et moi je sautille pour dégager ma godasse de mon pied - ou inversement - en me rattrapant tout à la fois sur l’un et l’autre.
- Tu vois ça c’est ta faute, mes ch’villes me tiennent pu’.” Ou l’alcool, ou j’en joue. En tout cas me revoilà sur mes deux pieds, à profiter de la chaleur du sable entre mes doigts de pieds. Chaleur… chaleur forte. “Ah, non, erreur. Retraite les gars, retraite.” D’une paume, je chope le bras d’Enzo, balance une pompe à Warren “Tiens moi ça toi..” Truc marmonné qui ne ressemble pas tant à un ordre qu’à une vanne et je remets mes chaussures l’une après l’autre au risque que le bitume ne garde trace de ma peau dans l’heure à venir.
Je redresse le regard, considère les leurs.
- Hey j’ai jamais dit être moins pintée que vous hein ..! J’ai surtout envie et besoin de faire des conneries et de ne rien prendre au sérieux, à commencer par moi-même.

Il essayait de pas trop montrer sa surprise, même si ce n’était certainement pas très réussi. Jordane avait eu une bonne idée de les emmener là, tout serait plus simple, mais en même temps, quelque part il serait bien resté un peu plus en tête à tête avec elle.
« Il espère te pécho en te faisant autant de lèche ? »  
- Ecoute, il lèche ce qu’il peut ce pauvre garçon… Faut lui apprendre à faire mieux, il a pas la technique encore..

Même si c’était Jordane qui avait parlé, il donna un coup de coude plutôt léger dans les cotes d’Alec qui pouffait même si au final, il était lui-même plus amusé qu’autre chose. Venant de son ami, il aurait certainement beaucoup plus ri, mais avec ce qui s’était passé avec Jordane dans les Balkans – et seulement ça-, il avait peut-être un peu plus de mal à se détendre. Mais il n’était ni choqué, ni vexé et quelque part, il se contenta néanmoins seulement de lui faire une petite grimace comme pour lui laisser un genre de victoire. Un remerciement invisible.

« Vas y molo, pense à ses chevilles. »
« J’ai peut-être un kink sur les chevilles qui sait ?» répliqua-t-il du tac au tac d’un air qui se voulait sérieux mais ce n’était pas des plus réussis.
« J’aurai dû me douter que tu parlais de ces deux-là quand t’as évoqué deux peignes cul. »
- M’semblait assez clair comme message.. A la mention du “peigne cul”
De nouveau il se pencha vers Alec pour lui souffler « J’crois qu’on a de la chance, elle aurait pu faire bien pire.» Largement pire. Bon, peigne-cul. Pourquoi pas. Il était même capable de prendre son téléphone pour renommer le nom d’Alec comme ça. Beaucoup plus drôle de tout commenter à Rivers à voix basse, comme deux gamins qui faisaient des messes basses et ricanaient de leur côté. Il dédia, malgré tout un grand sourire à Jordane, puis à Enzo.
« J’veux pas vous froisser mais va falloir faire une opération bronzage en urgence là les gars, vous êtes tous les trois blancs comme des culs. »  

Pas faux. En même temps, ils allaient peut-être cramer s’ils se mettaient trop au soleil, surtout celui qu’il y avait chez Enzo.  Il laissa Jordane prendre de nouveau sa bouteille

« A votre avis lequel cramerait le plus vite et serait le plus écrevisse, Enzo, c'toi le spécialiste ?»avait-il dit juste après l’échange entre Jordane et Alec. C’était peut-être con de sortir quelque chose comme ça, pour peu qu’un jour ils se retrouvent pour savoir qui aurait le plus gros coup de soleil, il n’y en avait plus qu’un pas.
- Toi en revanche on est toujours pas mal hein. T’as l’cul aussi bronzé que les bras ou c’est unilatéral ?  Il pouffa un peu, allez Ryans crache le morceau.  Alec sortit certainement une connerie, mais il préférait regarder Jordane virer ses pompes en lui rendant sa bouteille.
" T’avais pas dit lui apprendre à surfer, à lui ? "
«Tu veux me tuer ? J’vais couler à pic !!» s’exclama-t-il presque offusqué. « Mais un jour où j’serai sobre, promis ça arrive, j’veux bien ouais. Je serais toujours un très mauvais élève.» silence avant qu’il ne rajoute. Non, j’crois que la bonne formulation c’est plutôt je serai un bon élève mais dissipé. il y a certaine choses qu’il ne pourrait pas changer, il aimait apprendre de nouvelles choses, avoir de nouveaux défis et se prendrait vraiment au jeu.  Il observa quelques instants Jordane qui galérait à enlever ses chaussures. Il se retint de faire une remarque sur ses chevilles, pour l’instant du moins, mais le sourire de petit con qu’il y avait sur ses lèvres voulait tout dire.
- Tu vois ça c’est ta faute, mes ch’villes me tiennent pu’.” Ah bah, comment quoi ils étaient sur la même longueur d’onde. Il ricana doucement. « Ou l’alcool.» Vu comme elle semblait tanguer… ceci dit, en y réfléchissant peut-être un peu peut-être que c’était juste qui ne tenait pas trop droit. “Ah, non, erreur. Retraite les gars, retraite.” Retraite quoi retraite ? Pas le temps de vraiment comprendre ce qu’elle racontait, pourquoi il y avait retraite – le sable chaud, bordel, tveit ! c’pas compliqué-. Mais par contre il se prit une godasse dans la gueule qu’il réussit après qu’elle eut heurté son front, à la chopper en pleine descente. , «T’sais Brooks que c’pas comme ça qu’on gagne des points, hein. J’suis pas une cible ! » Et enfin, son esprit embrumé par l’alcool sembla comprendre que le retraite était pour la chaleur du sable vu qu’elle remettait des chaussures, dont il fut donc délesté. (OOOHHHHH !!! fit son esprit). Hey j’ai jamais dit être moins pintée que vous hein ..! Il leva les bras en l’air comme en soigne de reddition. « Hey, j’ai rien dit moi !» Il se tourna vers Enzo « Comment tu le vis d’être la seule personne sobre. Parait qu’on comprend que l’alcool rend con, c’vrai ou pas ?» A ton avis gros débile ? Rien que la question était censée répondre à ça. Oui, oui les trois agneaux, vous n’êtes à votre avantage là. Il se baissa ensuite un peu pour toucher doucement avec les doigts le sol… brûlant – sans blague-. « HHUUUMMMM et si on allait se mettre de la crème solaire ? J’ai chaud sur le bout du nez et c’pas dû à l’alcool..»  Il se tourna ensuite vers Alec « Ca va poto, t’es bien silencieux, ça te ressemble pas.» Bon ceci dit, il y avait un différence : lorsqu’ils se trouvaient tous les deux, ils pouvaient certainement aussi avoir une forme d’humour et de sarcasmes qu’ils taisaient plus facilement en public, même avec des amis. Malgré tout, il y avait peut-être une trace d’inquiétude  dans son ton.