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Je traverserais les nuages comme le fait la lumière ▬ Sovahnn

 :: Autour du monde :: Grande Bretagne :: — Ecosse :: Logement de Sovahnn Lockwood et Tim Turner
Jeu 15 Fév 2024 - 19:29

Dimanche 12 Mars 2017
Cap du Prince de Galles, Alaska – Dans la nuit

J’ai attendu que minuit arrive puis passe, la caresse de la Lune contre mon échine. Si je n’ai pas fait attention au calendrier ces derniers temps je savais ces jours-là approchant dangereusement. 8 Mars, la véritable date "anniversaire". Puis 12 Mars. Dans une douzaine d’heures le disque argenté reviendra prendre ses quartiers dans le ciel et comme il y a 5 ans il sera entier. Plein. Pareil a un œil qui vous surveille de là-haut. J’aurai pu ressentir le besoin de rentrer en Australie pour passer ce cap, être « près d’eux » et en présence de mon frère mais je suis resté ici.
Dans la journée j’ai acheté une bougie dans une épicerie du dernier village que j’ai traversé et face au Détroit de Béring. En face la Russie n’est qu’un fantôme, un mirage, j’ai dans le cœur la sensation d’être au bout du monde face à l’immensité obscure et fracassante qui se tient face à moi. Seule source de lumière la petite flamme qui vacille au rythme du vent et les reflets de ma chaine en argent que je tiens entre mes doigts juste à côté. Derek n’aurait pas voulu partager ce moment, pas même en parler, je respecte son silence et me plonge dans le mien. Je pense à eux. A la marque sur ma peau désormais noyée dans les lignes d’encre. Les yeux rivés sur l’astre nocturne qui disparait parfois derrière les nuages je ne me sens pas triste. Ils me manquent, ils ne cesseront jamais de me manquer, mais leur absence a fait son chemin dans ma vie malgré les nouvelles plaies qui ravive la douleur parfois. Je ne veux pas penser au Vampire, il n’a pas sa place ici et surtout pas ce soir.

Non, ce soir, cette nuit, c’est entre eux et moi. Les souvenirs affluent dans mes pensées, déposent un sourire tendre sur mes lèvres scellées. Si la vie m’accorde le droit de la traverser de part en part j’aurai passé plus de temps sans eux que l’inverse mais ce qu’ils m’ont donné n’a pas d’égal. Assis sur un tronc d’arbre abandonné par la mer je sors de ma poche une photo de mes parents, les regarde se mouvoir en noir et blanc le bonheur irradiant de leur regard. Un regard vers Wax, une question qui me traverse l’esprit « Tu crois que je devrais réessayer ? » Est-ce qu’il comprend ? Sans doute pas mais j’aime me dire que c’est le cas, que d’une façon ou d’une autre il existe une connexion entre nous qui lui permet de lire mes pensées. La tête penchée sur le côté, puis sur l’autre, il me rend mon regard et bat lentement l’air de sa queue. Signe ou pas, j’y vais, je me lance non sans une légère marque d’hésitation.

Spero Patronum.
Comme un test, une assurance peut être.

L’appréhension est là, le brun de mes iris braqué sur la faible lueur qui semble peiner à s’échapper de l’extrémité de ma baguette. Une seconde, puis deux, trois … Une attente interminable brisée par l’éclat d’argent plus franc qui jaillit soudainement. Wax se lève, aboie, s’écarte puis se rapproche en dansant d’une patte sur l’autre. Est-ce que j’ai dans les yeux un éclat de joie ? L’humidité y est présente je n’en doute pas quand se tient fièrement devant moi un loup sans réel contour ni véritable consistance.

Il est là, et il n’a pas changé.

Comme le signal que j’attendais.
Maintenant je peux rentrer.
A la maison.

Dimanche 12 Mars 2017
Ventura, Californie – Tôt le matin

Les premières lueurs du jour percent à peine quand je foule l’herbe du jardin, l’esprit encore un peu embrouillé par le Portoloin que je n’avais pas pris depuis des semaines. J’entends l’Océan en contre bas, le devine à l’horizon derrière la maison, tout est calme. Endormi. Au-dessus de moi résonne un hululement familier, j’imagine Okar et son vol silencieux entre les cimes des arbres. L’émotion est brute, elle percute mon âme et fait battre mon cœur comme un tambour. Je mentirais si je disais être entièrement serein, un mois c’est à la fois très court et incroyablement long. Les choses peuvent avoir changé de manière irréversibles, les raisons de mon départ ne se sont pas évanouies. De causes en conséquences directes ou indirectes, certaines discussions seront inévitables et leur issue est pour l’instant un mystère.
Malgré ça ce que je ressens en appuyant sur la poignée de la porte d’entrée et en faisant mes premiers pas à l’intérieur me confirme ce dont je n’ai pas vraiment douté : C’était le moment. De rentrer, de retrouver mes repères, ceux que j’aime. Par instinct j’insonorise le rez de chaussé, la joie des chiens explose dans tout le salon. Est-ce qu’Einstein a trouvé le temps long sans son frère ? Il m’a manqué à moi aussi, tout comme Lune que je garde dans mes bras de longues minutes jusqu’à ce qu’elle se lasse. La Princesse n’a pas changé, pourquoi l’aurait-elle fait ?
Un sourire mince sur les lèvres, je porte mon regard sur tout ce qu’il peut trouver. Un plaid balancé en travers du dossier du canapé, un reste de braise qui crépite encore dans la cheminée, un sweat posé sur une chaise ou un jouet appartenant aux chiens. Viennent les odeurs, toutes aussi familières. Celle du feu de bois, du café, du parfum de son gel douche ... J’arpente le salon, laisse mes doigts glisser sur la table, remettre un livre droit parce qu’il fait pencher le reste de la pile, pose une main à plat sur l’îlot central de la cuisine. Chaque endroit fait remonter un souvenir, qu'importe si c'est un fou rire, une dispute, une étreinte, une galère ou un coup de génie. Tout ça résonne de la même exacte façon, avec le même exact message.

C'est là qu'est ta place.

S'il faut traverser des obstacles pour la retrouver aujourd'hui je m'en sens capable, prêt à affronter les choses comme elles doivent l'être.

Mon sac posé contre le mur dans l'entrée j'y ai laissé mes chaussures, mon manteau, chaque couche inutile. Quand je montre les marches mes pieds sont nus, la majorité de mes vêtements laissés dans le bac à linge sale de la salle de bain. En silence je regarde les photos qui ornent les murs, gagne un peu de temps sans doute même si ma main ne tremble pas quand je pousse la porte et entre dans la chambre. Notre chambre. A son souffle tranquille je sais qu'il dort, sur son visage danse la pénombre. C'est vrai, je fais ce truc pour lequel on se fout régulièrement l'un de l'autre : Je le regarde. Je prends tout ce qu'il y a à prendre, de ses fossettes à la naissance de sa nuque, sa joue un peu froissée par les draps, le creux entre ses omoplates.
Mes pas sont silencieux, à peine un froissement lorsque je fais glisser jusqu'au sol ce qui me reste de vêtements. L'envie de le toucher électrise le bout de mes doigts je l'admets, la Lune n'y étant certainement pas pour rien. Je ne sais pas ce qui le réveille en premier, le poids de mon corps sur le matelas ou l'instinct peut être. Pas de sursaut, pas vraiment, comme s'il avait compris que c'était moi. Est-ce qu’il s’en doutait ? Est-ce qu’il l’a espéré ? Le froissement des draps m’apprend le mouvement de son corps, son visage tourné vers moi, son souffle un peu perdu. Le corps parle, il l’a toujours fait, j’entends son cœur cogner plus fort dans sa poitrine « La Norvège ? » Sa voix est rauque, endormie elle aussi. La tête posée contre l’oreiller de mon côté du lit je lute pour ne pas caresser sa joue du bout des doigts, sous les draps nos peaux se frôlent inconsciemment. Impossible de nier la décharge d’adrénaline que je garde sous contrôle « Dans quelques heures. » D’ici là, si tu veux bien de moi, j’aimerai rester contre toi.
Le soupir silencieux qui trahit mon soulagement a lieu quand son corps rejoint le mien jusqu’à sentir son visage se lover dans le creux de mon cou. Je passe une main dans ses cheveux, embrasse son front, regarde le plafond sans le voir en le serrant contre moi sans forcer malgré l'envie de le ressentir sur chaque parcelle de ma peau.

Je sais, j’suis pas un cadeau. Malgré ça tu m’as dit un jour que tu pouvais pas rêver mieux comme personne à tes côtés. Je sais que je peux encore être celui là, qu'il est toujours là.

Dimanche 12 Mars 2017
Jørpeland, Norvège – Dans la nuit

J’ai laissé sur le frigo un mot, quelques mots pour lui dire ce que le silence a gardé pour lui en cette fin de nuit. Et puis une proposition, celle de me rejoindre à Monterey quand il le voudra, s’il le veut, pour ramener Ohana avec moi jusqu’à Ventura. Quelques jours en mer pour se dire les choses, qu’elles soient douces ou qu’elles fassent mal, isolés du reste et des autres. Un truc qui nous a plutôt réussi jusqu’ici, je lui laisse les clés en main.
Rien d’évident à quitter la maison déjà, à laisser Wax, Einstein et Lune derrière moi. Quitter sa peau ? Un tiraillement qui me cisaille encore les côtes après avoir passé plusieurs heures en le tenant dans mes bras. Sans bouger, sans rien dire, sans rien faire.

Mais la Lune n’attend pas et il est là ce besoin de revenir aux essentiels. Quitter une maison pour une autre en quelque sorte. Rejoindre d’autres repères. J’abandonne la Californie et sa douceur pour le froid du Nord, là où je trouve la chaleur d’une famille que je suis heureux de retrouver. Marcia a eu un an il y a un peu plus d’un mois, j’étais là sans être là. L’esprit noyé, enfermé dans une spirale qui me maintenait loin des autres j’ai voulu rattraper ça. Prendre tout ce que je peux prendre. Trouver dans leurs regards, leurs mots, leurs rires et leurs étreintes une illustration de plus de tout ce qu’il y a de plus beau dans mon existence. Comme un chemin tracé, balisé de lumières familières qui remettent dans ma vie un peu plus de clarté. Égoïstement ou non je n’ai pas cherché à savoir où en était les autres dont je partage la particularité, ce qu’ils faisaient cette nuit, pas vraiment non plus s’ils allaient bien. Pas même Caitlyn, je sais que tôt ou tard nos chemins se croiseront car elle fait partie elle aussi de ceux dont la présence me rend humain avant toute chose.

Quand je disparais dans l’obscurité argenté c’est pourtant sous les traits d’une silhouette dans laquelle je me fonds. Le prédateur est tranquille ce soir, il n’a pas envie de chasser, pas envie de voir la mort et encore moins la donner. Je cours, aspire ce sentiment de liberté qui me fait parcourir les kilomètres sans me retourner. Lui aussi je le retrouve, cet autre moi, cette ombre qui sera toujours là où que je sois.

Lundi 13 Mars 2017
Écosse, Tôt le matin

Nouvelle lueur, nouveau décor. Quelques heures de sommeil grapillés ici ou là mais alors que le soleil perce difficilement la couche nuageuse à peine au dessus de l’horizon c’est l’herbe humide de l’Écosse que je frôle de chacun de mes pas. L’âme tranquille, le corps épuisé, le cœur plein d’amour et de reconnaissance. Aucune forme de naïveté là encore mais l’obscurité n’a pas sa place partout, c’est tout. Avant de partir je n’arrivai plus à voir au travers, aujourd’hui les étincelles de vie explosent comme les fusées d’un feu d’artifice. Est ce qu’elle n’est pas là, la meilleure manière de me reconstruire ? Recoller mes propres morceaux seul d’abord, puis auprès d’eux en douceur. J’dis pas, retrouver le quotidien n’a rien de simple mais mon état d’esprit est si différent. Pas de déni, juste la détermination de reprendre le contrôle de mon existence en plaçant ce qui brille au centre pour ne plus laisser cette place à la noirceur. Un mois sur les routes, le reste du chemin sera long, je connais la musique comme le fond de ma poche.
Ici c’est la même chose, les odeurs me percutent de plein fouet et font naître un sourire sur mes lèvres. Clandestin, ombre silencieuse, je passe les pièces à pas de loup le corps encore fourbu des transformations. Qu’elles sont douces les minutes passées à regarder Liya dormir comme si le monde ne comportait aucune obscurité.
Tim, Takuma, Sovahnn, le chat, j’identifie chaque fragrance, chaque souffle régulier trahissant le sommeil, assis dans le canapé je lance un feu et observe le plafond sans rien dire. Il est toujours là ce sourire, preuve des plaies réparées, de la confiance retrouvée. Je ne m’attends pas au pire, à la rechute, pas envie. Tout ce que je veux c’est capter les battements de cœur de ma meilleure amie quand elle comprendra. J’ai pas besoin de me retourner pour savoir qu’elle a les yeux à peine ouvert et les cheveux en vrac, un T-shirt beaucoup trop grand comme vêtement pour dormir, ses jambes nues et ses pieds qui le sont tout autant alors qu’ils frôlent le sol froid « Faut passer à quelle heure pour avoir un service acceptable ici ? » Les yeux rivés sur les flammes droit devant moi je triture une lanière en jonc séché et tressé que j’ai fabriqué pendant mon périple. Une habitude prise à Poudlard, nombreux sont ceux autour de moi en ayant eu un autour du poignet au fil du temps. Sur le coin de mes lèvres il s’étire ce sourire, dans ma poitrine ça cogne fort.
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Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Dim 25 Fév 2024 - 16:37

8 février 2017 - Maison en Ecosse - 6h12

Mes paupières battent dans le noir. Elles palpitent et leur sensation m’éveille davantage que tout le reste. Je pourrais les ouvrir simplement. Émerger doucement, distinguer les couleurs de la chambre pâlir petit à petit et les tintements réguliers de l’horloge dans le salon. Cadeau des Dissemba qui refont leur salon et étaient ravis que les anciens meubles “restent dans la famille”. Un truc tout bête qui m’a foutu les larmes aux yeux alors même que Liya et son grand père faisaient les cents pas autour de la table de la cuisine.
Mais pour l’heure, j’émerge pas. J’ai jamais vraiment plongé d’ailleurs. Bercée par les caresses dans la fourrure de flocon, je fixe le plafond en entortillant mes doigts dans les longs poils du maincoon. Il est étalé ; ses pattes patounent dans le vide du côté de mon cou et son corps me réchauffe jusqu’au milieu des cuisses. Tout l’apaisement du lion miniature qui a décidé de délaisser la chambre de Tim pour m’offrir une nuit de ronron-thérapie. Ça favorise la détente et le sommeil.

Mais.
Mais mais mais.
J’y arrive pas. Ni à dormir ni à quoi que ce soit d’autre.

J’fais que penser à lui. À ça. A eux.
Et ça me flingue.


09 février 2017 - Maison en Ecosse - 6h12

Les bourrasques giflent ma peau autant que le balai qui fait des embardées. Je joue avec le vent, la pluie, la tempête qui sévit au dehors. Tim serait fou de me savoir dans la nuit noire à défier les éléments mais l’adrénaline coule un bonheur sauvage dans mes veines et pour la première fois depuis quatre jours, j’ai l’impression de respirer. Alors mon corps bascule son poids vers l’avant et j’engage la descente à pic et file le long de la falaise droit vers la mer déchaînée. Loin du village, loin de tout. Loin de mes pensées. Loin du mal-être d’Enzo, du silence qu’on a tous vis à vis de Will et de notre propre conscience, de l’omerta “Naveen” et du foutoir dans ma tête. Le vent hurle. Et je hurle avec lui.

Putain ce que c’est nécessaire.

Et les vagues répondent.

10 février 2017 - Maison en Ecosse - 6h12

Le dos contre le mur, les jambes en tailleurs sur le matelas, j’ignore le souffle régulier de ma fille endormie contre moi. Réveillée à cinq heure, à faire la bringue comme sa mère aimerait le faire, elle dort maintenant à poings fermés. Fermés sur le tissu de mon t-shirt trop grand, d’ailleurs. Toujours le même. Celui d’Enzo. Celui qui pourrait être le premier, filé à Poudlard il y a des années. C’est pas le cas. J’suis partie en catastrophe de l’école en décembre de l’année passée, je l’ai laissé là-bas. Mais c’est tout comme.
Je fais ni vraiment gaffe à ça, ni tout à fait attention au reste. Les branches qui tapent sur la fenêtre, les bruits de pas traînants de Takuma à l’étage ou le grincement du lit quand il s’y laisse tomber. Tous les deux sont réveillés, c’est sûr. Le souci à vivre avec un bébé en bas-âge et sa mère en vrac.
Nan. Moi je fixe les trois petits points qui apparaissent sur la conversation de Will, s’éteignent, reprennent.
Puis s’arrêtent.

Un instant, je reste encore comme ça. Mais ça ne reprend pas. Alors j’éteins l’écran et repose le téléphone à côté de moi.
Et là encore, je manque d’air.

Et dans mon crâne, une musique en boucle que je marmonne quand ma fille bouge un peu trop.
Something’s getting in the way,
Something’s just about to break..


11 février 2017 - Maison en Ecosse - 6h12

Pleine lune.
J’ouvre le téléphone. Aucun message. Will est connecté. Takuma aussi.
Je le repose.

Et toujours cette musique dans la tête.

13 février 2017 - Maison en Ecosse - 6h12

C’est le départ.
C’tait attendu. Évident.
Tim a encore fait un gâteau, qui traîne, à moitié mangé, sur la table de la cuisine. Lui est allé se coucher. Moi je suis plantée. Liya dort, bien sûr. Pourtant quelques heures plus tôt, elle était bien réveillée, comme si elle le savait. Ses yeux bleus grands ouverts façon spots de voiture pour accueillir son parrain pour passer ce qui était une soirée pour lui, une nuit pour nous.
Les sourires, l’air calme, la compréhension. C’est Takuma qui l’a raccompagné à l’extérieur. Takuma avec qui il a passé encore quelques minutes supplémentaires.
Et Takuma qui revient finalement, seul, sur le pas de ma porte.

J’ai pas bougé. J’ai pas cessé d’avoir cet air calme et dégagé, d’écouter, d’entendre, de comprendre. Pourtant quand l’ex Serdaigle passe le pas de la porte, j’y arrive juste pas. J’me décompose d’un coup sans comprendre ni d’où ça vient ni pourquoi. Je sais jusque que mes traits se fendent brusquement et que ma poitrine se soulève dans un sanglot qui inonde mon regard.
L’instant suivant, la porte d’entrée est encore ouvert et laisse passer l’air froid de la matinée. Mais les bras de Takuma se sont refermés sur moi et je me presse en tremblant contre lui sans réussir à retenir les larmes qui remontent d’un coup.

- J’suis désolée..
- ça va le faire..

Il cherche pas à me rassurer, à me dire qu’Enzo en a besoin, que c’est une bonne chose, qu’il fonctionne comme ça, qu’on ne peut rien faire de plus là tout de suite. Tout ça, on le sait tous les deux.
Ce qu’il me dit, c’est que j’ai le droit de craquer. Ce qu’il me dit, c’est qu’Enzo n’est pas plus en danger loin qu’il ne l’est dans le quotidien. Qu’il l’est même sans doute moins. Et qu’à la fin.. Ça ira mieux.
Mais pour l’heure j’ai les jambes qui flageolent, l’impression d’avoir amené sur nos cous le dernier des coups de tonnerres et des larmes que j’arrive pas à endiguer.
Alors j’me contente de hocher de la tête, et de m’enfouir contre lui.

A un moment j’me calmerai. A un moment, le manque de sommeil se dissipera. A un moment ça ne sera qu’une crise de plus sur un listing trop long.

En attendant la brise extérieur m’arrache un tremblement et Takuma serre plus fort.

14 février 2017 - Maison en Ecosse - 6h12

- Mgaaaaaaaaaaan

Le cri m’atteint au même moment que le petit corps de Liya me tombe dessus dans un grognement écrasé.

- Désolé.. Mais la demande était claire .. Deux lèvres baveuses sur la joue, un jouet en plastique imprimé sur les côtes et un petit genou calé dans le bas-ventre j’intègre à peine l’explication de Tim et me relève comme je peux, dans un réflexe rendu lent par l’heure et le bourdonnement de fatigue qui pulse sous la surface de mon crâne.
Cheveux en vrac, t-shirt tiré par une Liya qui tente de me grimper dessus et me fait éternuer avec ses boucles anti-gravité, je m’aide du mur et de Tim pour me mettre assise. Mal calibrée. Trois bâillements à la suite. Et Tim qui rougit, signe que Liya risque de réussir à me dessaper avant qu’il soit sept heures.

Finalement je grogne en chopant ma fille sous le bras et me laisse retomber en arrière, en travers du lit. Elle me saute sur les côtes et je grogne plus fort.
Mais ça s’achève par un rire.

16 février 2017 - Maison en Ecosse - 6h12

Allongée de côté dans le lit, le téléphone coincé par le second oreiller, la lourde couette qui m’a ensevelie. Le regard rivé sur l’écran, je suis le parcours d’Enzo. Monterey. Pas loin. Pas tout à fait réveillée, pas tout à fait endormie. Le point bouge. J’écrase un baillement et enfouis mon visage dans l’oreiller pour replonger.

17 février 2017 - Maison en Ecosse - 6h12

And if you like to tell me maybe
Just go ahead now
And if you wanted to buy me flowers
Just go ahead now
And if you like to talk for hours
Just go ahead now


- ’e’qu’tu fous… ?

Takuma, jogging, torse nu, cheveux en bataille et pieds nus. Lui aussi il baille à s’en décrocher la mâchoire quand j’enlève d’un geste vif les écouteurs plantés dans mes oreilles, le son à fond et Two Princes qui insuffle l’énergie en cette heure matinale.

Et là je réalise qu’il n’est même pas sept heures, que Tim a des cours et Takuma, un taff. Et que sortir de quoi refaire le placo dans l’une des chambres encore en travaux de l’étage, ce n’est peut être pas le plan le plus sympa qui soit.

- Euh, j’ai…

Tim se pointe à son tour. Jogging, t-shirt, chaussons. ‘Pas l’air plus réveillé.

- Il se passe quoi ?
- Bricolage de gestion de crise.
- Hm… Il plante une seconde, hausse des épaules et fait demi-tour. J’vais faire du café

Et j’esquisse un sourire.

19 février 2017 - Maison en Ecosse - 6h12

Le petit point a avancé. J’ouvre une nouvelle page. Google map. Vision satellite. J’imagine les lieux. Les odeurs. Les pensées.
Et je relève le regard vers mes quatre murs.
J’inspire.
Je souffle.
J’ouvre le journal d’appels, fixe une suite de numéro sans destinataire connu.

L’instant suivant, l’appareil a volé au travers de la pièce et frappé le mur.
Celui d’après, j’ai Takuma qui débarque dans la chambre et j’entends Tim quelque part, bouger. Et Liya.
- ça va ?!
- … Tu sais faire un réparo ?

21 février 2017 - Argentine - 3h12 (6h12 à Londres)

Sous mes jambes, l’eau, un peu froide, clapote en douceur. La planche coupe la circulation au niveau de mes cuisses, le maillot me rentre dans la chair. Il fait nuit. J’inspire. Relâche. Ferme les paupières.
Ni téléphone. Ni rien. Même pas d’amis. Même pas ma fille.
Ya que moi, le lac qui scintille. Et la lune au loin.

J’inspire. Relâche. Rouvre les paupières pour lui faire face. Et sans un mot, je me laisse couler dans l’eau calme. A la surface, la planche claque et les ondes rident la surface.
L’eau est noire quand je coule.

J’écoute. Le vide. Le froid. Les battements furieux de mon cœur.
Et le calme qui ride mon brouhaha interne.

23 février 2017 - Argentine - 3h12 (6h12 à Londres)

La tête de Liya repose au creux de mon coude. Sa respiration soulève à rythme régulier son petit corps emmitouflé dans mes bras. Pas qu’il fasse vraiment froid pourtant ; j’en ai pas l’impression. Mais elle est ainsi, petit ballotin en boule dont les fesses sont calées au centre de mes jambes croisées, le corps contre le mien, mon bras le long de son dos. Mais je ne la regarde pas. C’est pas si courant, ça, que je ne fixe pas ma fille endormie avec l’air débile de toutes mères amoureuses de leur môme qui ne peuvent s’empêcher de se dire qu’une fois le bouton “off” activé, ils sont crognons tout de même.
Nan, moi j’ai le regard en l’air. J’écoute le tissu de la tente qui bat avec le vent. Je regarde le vol erratique d’une myriade de chauves-souris dont les allers-retours me fascinent.

Et là, à m’imaginer les rejoindre, je déconnecte enfin.

24 février 2017 - Club de Quiddich Ecosse - 6h12

J’pourrais dire que ça pique, comme transition.
C’est pas le cas.

- Attends j’ai oublié les… Gants. Je bloque une seconde, le regard braqué sur le banc. Vide. Par réflexe je passe mes mains partout. Les lunettes de vol enroulées autour de mon avant-bras, la veste, le futal avec protections, la sur-couche des coudes… mais pas les gants.
Je fronce les sourcils et me retourne pour voir Riley, de l’autre côté du terrain. Si loin que je pourrais ne pas voir son grand sourire. D’ailleurs c’est le cas; j’le vois pas. Je le sais. C’est différent. Avec sa posture affirmée, son balai en main et ses cheveux sombres attachés qui claquent dans le vent. Et une forme brun-cuir à la main.

- Oh putain tu vas voir ! ça non plus, elle ne l’entends pas. Mais pour elle aussi, il suffit de ma posture pour comprendre la réplique.

J’ai à peine le temps de choper au vol pour balai, de l’enfourner d’un saut et de débouler en dehors de la petite bicoque qui sert au club de vestiaires : elle a elle aussi déjà décollé.

Et le vrombissement familier accompagne nos balais quand ils se croisent en filant à tout allure au travers du terrain.

25 février 2017 - Maison en Ecosse - 6h12

Un truc tombe. Je me redresse d’un coup sur le matelas, les paupières à moitié fermée. Silence dans la maison. Silence dans les chambres. Silence à l’extérieur.
Au sol, sur le parquet, un rectangle noir gît. Le téléphone.
Je grogne, mobilise mes jambes écartées, les enroule de couette et m’y roule comme un chat. L’instant suivant, j’ai replongé.

03 mars 2017 - Maison en Ecosse - 6h12

- ça va ?
- Quoi ? Il sursaute. Je l’ai trouvé comme ça, le regard fixe, posé à la table de la cuisine, face à un café. Froid, j’en ai la certitude quand j’y pose la paume. Ouais ouais ça va. Pourtant je le connais assez pour savoir que quand il tapote ses doigts comme il le fait sur sa cuisse, c’est soit que ça va très bien, soit que ça ne va pas.
- T’es sûr de ça ?
On est abîmés. Tous. On fait tous avec, on a tous nos échappatoires. Mais on est tous abîmés. Certains jours, ça se voit plus que d’autres. Alors je hausse des épaules, prend son café et le fait chauffer au micro-onde. J’allume le four, sort une part de tarte - un truc aux pommes qu’a fait Tim - et l’y fourre à la suite. Puis je lui rend sa tasse, me fait chauffer de l’eau, et reprend, comme si de rien n’était. Liya est chez ses grands parents aujourd’hui. J’peux t’accompagner à la boutique ?
- Quoi ?
- T’as pas dit que vous aviez une livraison aujourd’hui ? Je glande rien et quelques bras de plus ça sera toujours ça de pris pour ranger, non ? Et ça fait des plombes que j’ai pas vu Cait.
Un sourire lui passe sur les lèvres avec un temps de retard.
- On peut ouais.
Je souris en retour et me pose face à lui en plongeant un sachet de thé dans l’eau brûlante de mon mug.
- Va falloir que t’apprennes à arrêter de faire bouillir l’eau pour le thé.. Anglaise en carton..
Cette fois, c’est un rire franc que je lâche avant de faire glisser mon téléphone sur la table. Il l’attrape au vol, comme on jouerait aux palets.
- Quelle est la proportion de chances qu’il en ramène un tu crois ? Sur l’écran, un chaton.

Le rire met un temps à s’enclencher chez Takuma, mais il arrive. Et ça suffit à enclencher la suite. Parler animaux, envisager la présence d’autres boules de poils ici, puis discuter de rien avant de le voir sortir son propre téléphone et découvrir un message en absence. Là, il se marre véritablement et la conversation dévie sur Dakota, le Tibet, puis Caitlyn.

Et là encore, la vie reprend.

07 mars 2017 - Maison en Ecosse - 6h12

Ses mains glissent, son souffle effleure ma peau et le crépitement du désir roule dans mes muscles depuis ma poitrine jusqu’au bas ventre. Il irradie, m’incendie, et son regard d’automne devient le centre de l’univers.

- Sova ?

Trois petits coups secs sur la porte, et Naveen se redresse. Un battement de paupières et il s’efface, lui comme son appartement, pour laisser place aux murs de ma chambre.

- Sova ? Tim.

Je piques un far, chope mon oreiller, le balance sur la porte à l’instant où elle s’ouvre timidement.

Qu’on s’entende : Ça n’est jamais arrivé.

08 mars 2017 - Californie - 22h12 (6h12 Ecosse)

- Tu crois que je peux reprendre un chien ?
J’écrase un rire en tirant sur le cône avant de le rendre à Will.
- J’crois que t’habites chez moi là surtout..
- Pourquoi j’te demande à ton avis ? C’est pas lui que j’veux piquer hein !

Comme Will, je ris quand Einstein tire sur le jouet et que Takuma se retrouve emporté par le mouvement. Il titube et je porte la bouteille à mes lèvres. C’était pas prévu comme nuit. Pas vraiment une soirée d’ailleurs, juste un prétexte pour se retrouver un peu de visu. Petit comité. Trop petit à mon goût. Trop d’absents au compteur. Malgré tout, j’crois qu’on en a tous un peu besoin.
Sans doute parce qu’on fait probablement tous semblant de ne pas prêter attention au calendrier. Et que la confiance n’empêche ni l’inquiétude, ni la culpabilité, si absurde soit-elle.
J’sais pas trop qui soutient qui, ou qui s’assure de ne pas laisser seul qui. Qu’importe.
On fera peut être la même le mois prochain.

10 mars 2017 - Maison en Ecosse - 6h12

Kiki la petite sorcière tourne en fond, le volume au plus bas pour ne pas réveiller les garçons. Davantage pour moi que pour Liya qui, assise le dos calé contre son loup en peluche, tape des formes géométriques sur le toit d’une petite maison percée des mêmes formes. Le rond dans le rond, le carré dans le carré et ainsi de suite. Flocon observe la scène depuis le haut d’une armoire et j’imagine un instant d’autres animaux dans le coin. Je pense à ma petite chouette, laissée à Poudlard et esquisse un sourire quand des petits tapotements au carreau me sortent de mes pensées. La pie ou l’écureuil. Un truc mis en place l’année dernière. L’une y dépose des petits cailloux, l’autre vient y chercher des graines qu’on dépose tous à rythme plus ou moins régulier sur le rebord de la fenêtre.

Liya s’agace de ne savoir faire entrer le carré dans le rond. Bien la fille de sa mère. Ou de son père d’ailleurs, réflexion dont l’ironie piquante ne fait que rencontrer le vide plutôt qu’un mec à agacer tendrement. Alors je m’avance de coups en cul en coups de cul au sol jusqu’à accompagner son jeu. Mais ma fille a autant d’attention que moi et veut déjà se relever pour aller jusqu’au coffre à jouet que Kezabel et Enzo lui ont fait. Je recule, donc, pour lui permettre de passer - seule personne au monde à estimer mes jambes trop longues - et elle se bataille pour se mettre debout, se retenir à moi et tenter d’avancer vers l’objet.
Trois secondes plus tard, elle tique, tape du pied, esquisse une moue boudeuse et se retourne dans une croassement qui ressemble vaguement à ceux que fait Einstein quand il rêve.

Demi tour instable de la petite fille qui fixe alors, trois mètres plus loin, la peluche loup laissée sur le sol.

J’éclate d’un rire franc à la voir planter son air sévère sur le faux animal, comme s’il était censé la suivre vers le coffre… et n’arrive pas à l’arrêter quand elle fait demi-tour, tente de choper la peluche et de marcher avec tout en tenant ma main et ce, sans se prendre les pieds dans le tapis.

Un instant, je l’imagine avec la version modèle géant de la même peluche, à brinquebaler dans tous les sens.

Mon téléphone est loin. Il flotte dans l’air une odeur de thé tiède. Les garçons ne se réveillent pas au premier bruit. Et dans la télé, Kiki survole une ville d’Italie, un petit chat noir perché au bout de son balai.

13 mars 2017 - Maison en Ecosse - 6h12

J’émerge. Pas tout à fait calibrée. Pas tout à fait certaine de savoir distinguer le haut du bas ou le bas du haut. Il y a un truc qui me sort du sommeil, mais j’arriverai pas à distinguer quoi. L’instinct nommé “maman”, trop habituée à entendre les prémices des pleurs de sa fille ? Vu la gueule de la dernière sieste il y a quelques jours, avec Takuma qui va choper Liya pour me la refiler dans le lit et s’effondrer avec nous pour se rendormir aussi sec et ce, sans que j’ai vraiment capté le moindre pleur à aucun moment… j’ai un doute.
Nan, j’ai.. Je sais pas. J’ai beau écouter les craquements de la maison, j’entends pas ma fille. J’ai la tête qui bourdonne de sommeil et l’oreiller incrusté dans la joue. J’aurais pu y rester bien sûr. Enfouir ma tronche, écouter le bourdonnement et replonger.

Mais j’me lève. Les pas mal assurés, le trajet pas tout à fait droit, les paupières encore à moitié collées et les gestes au radar. Je contourne les jouets au sol, alors même que je me les prends tous les matins, atteint la porte, l’ouvre sans penser à mon téléphone abandonné quelque pars dans les draps.
Là encore, ya un truc qui “cloche”. Pas dans le sens négatif pourtant. La maison est calme, seuls les craquements du feu dans le poêle percent le silence. Et avant même de le voir, j’ai un petit sourire. Je sais pas pourquoi, comment, s’il y a son parfum dans le salon ou que j’ai entendu le rythme de ses pas sur le parquet.
J’sais pas. Ça n’a pas vocation à être expliqué.

Ce qui est clair : c’est sa forme dans le canapé, à ma droite. J’en vois que les larges épaules, les contours de ses cheveux que l’âtre éclaire d’éclats cuivrés. L’aura. C’est pas très concret comme notion, mais c’est bien ça. Dans la texture de l’air, la chaleur du salon, la douceur du silence. « Faut passer à quelle heure pour avoir un service acceptable ici ? » Et j’ai pas plus besoin qu’il ne se retourne pour voir que ça va mieux.
Alors si les paupières battent, ce n’est pas pour se décoller du sommeil mais bien pour chasser l’humidité qui s’y forme. Aucune tristesse, aucune peur, juste la joie électrique de le retrouver. Celle qui bat fort sous les cottes et réveille un corps encore un peu branlant comme si les connexions n’étaient pas encore assurées.
Mon souffle amusé passe et un instant, je me vois lui sauter dessus par dessus le dossier du canapé. Pourtant c’est en douceur que je rejoins l’arrière du canapé, et un peu moins doucement que j’enroule mes bras autour de lui, pose ma tête dans son cou. Les genoux contre le dossier du canapé, ses cheveux contre ma nuque, mon nez contre une clavicule et mes mains pas vraiment à plat, quelque par sur son torse sans y prêter gare.

- C’est la faute de Liya ça elle a dû oublier de réveiller les domestiques…Infernal… J’écrase un rire dans son cou, pas tout à fait certaine qu’il ait compris tant je crois que je marmonne les lèvres contre sa peau surchauffée.
Et j’le serre plus fort un instant. Puis plus fort encore, finalement. Et quand je redresse la bouille, c’est pour lui adresser un grand sourire et une voix un peu moins endormie. T’as ramené le p’tit dej pour compenser cette infamie rassures-moi ?” Et sans crier gare, je me détache de lui, contourne le canapé pour lui faire face, et lui tombe dans les bras.
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Sovahnn Dawn Lockwood
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Sovahnn Dawn Lockwood
Mar 12 Mar 2024 - 16:14
Le monde s’arrête et elle avec, ses pieds nus sur le sol froid et le cœur qui bat vite dans la poitrine. Je vois tout, j’entends tout, je ressens tout. Pas besoin des yeux pour ça quand votre être tout entier rend les choses plus claires qu’un regard dans sa direction.

Ça faisait un paquet de temps qu’on n’avait pas été séparés si longtemps, pas vrai ?

L’émotion est palpable dans toute la pièce, elle émane d’elle, de moi, de l’intégralité de notre lien qui explose contre les murs de la maison. On aurait pu se rater ce jour-là mais toi comme moi on le sait, ça n’aurait été que partie remise. Il y a des gens que tu es destiné à avoir dans ta vie, qui sont des constantes, quelque chose d’immuable. Injuste ou non si je devais prononcer un seul prénom ce serait le sien. Nous deux c’est un truc qui ne se qualifie pas vraiment, qui oscille entre l’amitié, l’amour et la fraternité et qui surtout englobe tout ça. On se le dit souvent qu’ils en ont fait du chemin les oisillons, qu’elles sont nombreuses à avoir craqué les branches sur lesquelles ils s’étaient posés, mais voilà : Ils volent. On vole. Et c’est ce qui nous sauve depuis le premier jour que ce soit en sautant par la fenêtre d’un immense château sans certitude de redresser avant le crash ou en courant jusqu’à s’en faire mal aux poumons. Elle se sauve dans les airs là où je flirte avec les profondeurs, nos courants ne sont pas les mêmes mais se ressemblent.

Chacun son élément, gravé sur la peau.
Et l’immobilité comme le silence se brisent.

Ça part d’un souffle amusé de son côté, d’un sourire silencieux du mien, de nos deux cœurs qui cognent de façon assourdissante. Ses pas légers frôlent le sol entre deux crépitements dans l’âtre, mes yeux se ferment dès l’instant où je sens son poids contre le dossier du canapé et ses bras s’enrouler autour de moi.
Il est là le langage que je connais le mieux, celui qui passe par la peau, par le contact, par l’humidité qui s’invite sous mes paupières comme sous les siennes. J’en sens les perles sur mon épiderme, là, dans le creux de mon cou où elle a niché son visage.
Un rire secoue le haut de mon corps juste avant que je ne penche le visage pour le poser contre son crâne. Ses cheveux me chatouillent, je pose une main contre l’un de ses bras et me shoote de sa présence comme de son odeur. Tant pis si j’ai encore la peau à vif, pour rien au monde je ne voudrai la voir ni la sentir s’éloigner « C’est la faute de Liya ça elle a dû oublier de réveiller les domestiques…Infernal… » Deuxième déflagration. J’ai beau avoir passé de longues minutes à la regarder dormir le simple fait d’entendre son prénom fait exploser l’amour dans ma cage thoracique. Elle a tellement changé en un mois, je me dis que dans pas si longtemps que ça on se relayera probablement pour lui courir après en pestant qu’elle est la digne fille de sa mère. Incapable de tenir en place.
Et puis une pensée pour Zach, j’ai du mal à croire que dans un mois ça fera déjà un an qu’il n’est plus là.

Dans la façon qu’elle a de me serrer avec force j’entends tous les mots qu’elle ne dit pas, tous les messages qu’elle me transmet en silence. A notre façon on communique et quand je vois son sourire je sais que j’ai eu raison de partir. Un mois plus tôt je n’aurai pas été capable de ressentir les choses comme je les ressens maintenant, pas plus de les accueillir à leur juste valeur « T’as ramené le p’tit dej pour compenser cette infamie rassures-moi ? » Pas le temps de réagir et c’est tout ce que j’attendais, qu’elle franchisse ce fichu dossier pour que je puisse moi aussi la serrer dans mes bras.
Les yeux fermés je m’abandonne à tout ce que ce contact provoque dans mon système, comme une décharge de bonheur dans les veines alors que mes repères se remettent en place les uns après les autres. Près d’elle, contre elle, je n’ai pas peur. Je n’ai plus peur. De rien. Je sais que tout ira bien. Je l’ai toujours su.

« Tu m’as manqué Miss-Belle-Au-Bois-Qui-Dort. » Rien qu’un murmure contre ses cheveux, mes sens s’imprègnent de tout ce qu’il y a ici. De l’odeur du feu de bois à son rythme cardiaque, les craquements de la maison, le vent à l’extérieur, le fracas des vagues au pied des falaises un peu plus loin.
J’ai l’impression que ça fait une éternité que je ne l’ai pas appelé comme ça et je crois que ça n’est pas anodin, comme une envie de retrouver l’insouciance qu’on avant à une époque qui me semble parfois tellement lointaine. Oui, j’veux retrouver les sales gosses qu’on était à ce moment là « Et non, j’suis venu les mains dans les poches. » J’écrase un rire sans la lâcher, me faisant la réflexion que je n’ai ramené de souvenirs à personne si ce n’est ce que j’ai envoyé à Takuma pour son anniversaire. C’était pas le plan, je partais pour moi, j’en avais besoin « Mais j’peux cuisiner. » Un mois ou presque que j’ai pas foutu les pieds dans une cuisine, j’aurai presque envie de retrouver cette normalité là aussi à vrai dire.
A ma gauche un flash blanc attire mon attention, Flocon vient de sauter sur l’accoudoir et me fixe de ses grands yeux de hibou. Un chat-hibou, avec une tête de lion qui aurait passé trop de temps sous la neige. Chaque fois que je la vois je me dis que Lune est sa version rétrécie au lavage, elles ont le même air aimable.

Naturellement on se détache l’un de l’autre mais on ne se lâche pas, mon cœur se calme et le sien aussi « Qu’est c’que j’ai raté ? » Perdu que j'étais dans mes états sauvages, là où je me suis retrouvé.
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Enzo S. Ryans
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Mar 19 Mar 2024 - 22:44
Qu’est-ce qu’on leur dirait, tu crois, aux oisillons d’hier ? Avec quel force on leur dirait de tenir le cap ? A quel point on saurait leur expliquer qu’ils apprendront à faire avec les courants, à se laisser couler dans les forces trop massives pour eux ? Saurait-on leur conter comme ils apprendront à traverser les tempêtes, à lâcher prise et à se laisser porter pour préserver leurs réserves pour les plus grandes bourrasques ? Pourraient-ils simplement se prendre à imaginer ce qu’ils seront, quelques années plus tard ?
Je sais bien que non pourtant. Je sais que je ne pensais pas à l’avenir, comme je n’y pense pas à présent. Qui seront nous, dans cinq ans ? La question ne fait pas réellement sens pour moi. Ce qu’elle évoque, en revanche, c’est cette exacte atmosphère. La chaleur douce, un peu humide, qui se dégage quand mon souffle effleure sa nuque et reste bloqué dans la cage que ma tignasse forme entre nos deux corps enlacés. Le rythme vif et profond des battements de cœur qu’on retrouve jusque dans les souffles. Il y a des choses qui se répondent. Qui s’entendent. Qui s’accordent. Des pulsations de vie qui n’en finissent pas de vibrer à l’unisson.
J’y esquisse un sourire quand il laisse son crâne s’abaisser sur le mien. J’y savoure la chaleur qui se dégage de lui et que mon être capte avec autant d’apaisement que si je m’asseyais devant le poêle après un entraînement de Quidditch. En plein hiver, des cristaux dans les cheveux et au coin des lèvres. Assise en tailleurs sur l’épais tapis. Cette sensation là est similaire, comme l’est celle de capter la légère senteur épicée qui provient de lui. Un peu comme dans les sous-bois, en plein été. Comme son rire qui soulève mon bras de ses soubresauts joyeux. Comme le retour au calme, soutenu par les craquements du feu qu’il a sans doute relancé je ne sais quand. En arrivant, sans doute.
On pourrait estimer que rien n’a d’importance. Au contraire pourtant, tout l’est. De ma peau nue, encore brûlante de sommeil, à la fraîcheur qui passe sur mes cuisses au t-shirt trop grand. Des mèches mal alignées de ses cheveux aux miens. Ça passe par la pièce que seules les flammes éclairent, en dessinant sur le sol les ombres mouvantes des jouets abandonnés de Liya. L’odeur de fumée et de pins. Le grattement des branches sur la fenêtre près de la porte d’entrée. Et la pression douce d’une large paume sur mon bras, minuscule dans sa poigne.
Que les années passent. Ça fera toujours partie du décor.

Et puis je passe par dessus le dossier qui s’écrase sous mon poids. Le saut peut bien être un peu branlant, je n’a pas loin à aller puisque pied et genou atterrissant dans les coussins, c’est dans ses bras que je termine. Le cul calé quelque part contre sa hanche, je sens ses bras se refermer sur moi et la masse de son corps me rappelle un instant comme je suis petite à ses côtés. Si Liya disparaît dans ses étreintes, je pourrais presque en faire autant. Je disparais, d’une certaine manière et dans tous les cas, dans la sensation profonde d’un truc qui se réaligne.

« Tu m’as manqué Miss-Belle-Au-Bois-Qui-Dort. »   Et l’humidité folâtre passe sous mes paupières, soutenue d’un coup au cœur. De ceux qui font du bien, qui vous élèvent plutôt que de vous clouer au sol. Je m’y presse plus encore, dans l’enceinte de ces bras trop grands pour moi. J’y écrase un rire qui n’a pas d’autre raison d’être que de prendre de la hauteur sur les emmerdes des dernières semaines.
Viens, toi et moi on saute de la fenêtre direction les bois. Viens on laisse les galères comme des connes sur le pallier. Viens on cherche pas plus loin et on va tutoyer les étoiles et les sous-bois. Ce que t’as déjà fait hier.
« Et non, j’suis venu les mains dans les poches. »  
- Évidemment que t’es venu les mains dans les poches, sale gosse.. ! Comme s’il avait eu le temps de passer où que ce soit pour être ici, maintenant. Je parierai qu’il a possiblement encore la peau à vif et des douleurs partout, mais ça ne m’empêche pas de rester en place, les bras coulés entre son dos et le dossier tout en calant un instant l’arrête de mon nez tout contre lui. Ça ne m’empêche pas non plus d’entendre un sourire sans le voir pour autant.
« Mais j’peux cuisiner. »  
Pour ça il te faudra combattre le koala que je suis en passe de devenir mais bien sûr que tu peux. J’esquisse un rire et me redresse d’un rien pour voir Flocon se percher sur l’accoudoir qui me fait face. Et dire que Tim craignait qu’il ne se fasse jamais à la transition. Elle vit sa meilleure vie et juge d’autant plus de monde ici.

En douceur, comme si le pelage blanc de la princesse du jugement à poils longs signalait le point de départ, je me redresse d’un rien et extrait mes jambes de sous les coussins.
« Qu’est c’que j’ai raté ? »
- La troisième guerre mondiale, des crêpes flambées… pas tout à fait volontairement, l’obstination caractérisée de ta filleule à faire entrer un carré dans un rond - bien son père - de grandes interrogations animalesques enclenchées par ton texte et la beuh de ton mec et … une raclée contre Riley. D’elle sur moi. Puis de moi sur elle. Puis d’un peu des deux en même temps, échouées dans la boue, véritable image de fantasme chabraque. Référence très lointaine à un certain baiser dans les couloirs, truc balancé sans queue ni tête surtout, et qui a failli se finir avec deux trois os pétés. Une bonne journée, donc. J’ai fait un tour en Argentine aussi et entamé les travaux de la chambre numéro 2 là-haut.. Qui n’est pas si loin d’avoir un sol. Le dos contre son torse, je croise mes jambes nues dont les mollets rejoignent la table basse lorsque je me laisse glisser d’un rien contre lui. Là encore, certaines pièces du puzzle retrouvent leur place. Pas qu’elles l’aient véritablement quitté cependant.
Ah, et information de première importance : Liya a trouvé comment ouvrir le placard des casseroles. Donc Takuma l’a ensorcelé pour qu’il ne s’ouvre que pour les adultes... Idée de génie pour un génie reconnu, n’est-il pas ? … Donc depuis il ne s’ouvre plus du tout.

Un sourire étire mes lèvres et s’il s’efface, ce n’est que pour étouffer un bâillement. Ça fait beaucoup de paroles et on pourrait me croire partie en litanie survoltée, pourtant l’ambiance n’y est pas. L’accumulation se voulait surtout humoristique, rattrapée par une forme de fatigue évidente. Physique, pas morale. Juste du calme, en vérité. L’ambiance n’est pas de celles où on parle trop et trop fort et chacun de ces mots ont été dits en douceur et sans trop hausser la voix. La légèreté pour boussole.

- Toi, tu me racontes ? Ou ça reste dans ta bulle ? Ce qui est ok aussi.
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Sovahnn Dawn Lockwood
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Ven 29 Mar 2024 - 12:30
« La troisième guerre mondiale, des crêpes flambées… pas tout à fait volontairement, l’obstination caractérisée de ta filleule à faire entrer un carré dans un rond - bien son père - de grandes interrogations animalesques enclenchées par ton texte et la beuh de ton mec et … une raclée contre Riley. D’elle sur moi. Puis de moi sur elle. Puis d’un peu des deux en même temps, échouées dans la boue, véritable image de fantasme chabraque. » A chaque anecdote mon cœur cogne, pas un truc désagréable loin de là c’est même tout l’inverse. Parce que j’imagine, je projette, je les vois. Leur vie, ce qu’elle a été pendant mon absence. Leurs rires, leurs échanges, les partages. Rien à voir avec un délire égocentrique là encore c’est tout l’inverse, juste une sorte de joie de les savoir ensemble parce que c’est ce qu’on a de plus précieux. J’sais pas si ça durera toute la vie comme ça, si pour certains les chemins dévieront pendant un temps ou indéfiniment, mais pour le moment c’est ce qu’on est. C’est ce qu’ils sont, qu’importe les miles et les océans, les chaînes de montagnes, les continents « J’ai fait un tour en Argentine aussi et entamé les travaux de la chambre numéro 2 là-haut.. Qui n’est pas si loin d’avoir un sol. » Par réflexe je lève les yeux, comme s’ils pouvaient voir au travers du plafond, contre mon corps le sien glisse imperceptiblement. Juste de quoi se caler un peu mieux, sans aucune volonté de s’éloigner que ce soit elle ou moi.

Je me sens paisible, serein, il y a en moi une paix qui me faisait cruellement défaut il y a de ça quelques semaines. Mêmes mes respirations sont plus simples, moins contraintes, et dans ma tête ça tourne moins vite. Je ne sais pas de quoi demain sera fait mais ça ne m’inquiète plus autant, comme si j’avais atteint une sorte de fatalité qui n’en porte pas vraiment le nom. Les choses seront ce qu’elles seront, j’en connais les constantes et les possibles failles. Je ferai avec, non sans me battre s’il le faut « Ah, et information de première importance : Liya a trouvé comment ouvrir le placard des casseroles. Donc Takuma l’a ensorcelé pour qu’il ne s’ouvre que pour les adultes... » Laisse moi deviner, il ne s’ouvre plus ? « Donc depuis il ne s’ouvre plus du tout. » D’un rire je secoue son corps et le mien, son visage étiré par un bâillement que je devine sur le côté. Là encore je cherche des yeux le placard en question, réfléchissant déjà mentalement à comment rectifier le tir. Pas le genre de Takuma de foirer un sort pourtant, on a l’esprit ailleurs garçon ? Ça me fait sourire en imaginant que ça puisse avoir un rapport avec Caitlyn, je préfère m’attendre a du positif.

« Toi, tu me racontes ? » Je cligne des yeux comme quelqu’un qu’on surprend dans ses pensées, hausse les sourcils, ouvre la bouche et la referme. Ma main cherche la sienne, de quoi jouer avec ses doigts sans même m’en rendre compte. La fatigue plane au dessus de ma tête mais c’est tout ce qui me rend un peu lent à réagir. Ça et le temps de trouver le chemin qui me ramène dans mes souvenirs qui pour certains commencent à dater finalement. Le temps passe différemment quand on décide de ne plus lui accorder d’importance mais ce qui me revient en premier ce sont les mots d’une Écossaise qui s’est octroyée le droit de prendre le large elle aussi « J’ai compris pourquoi Riley m’a dit le jour où j’suis parti que c’était le plus beau cadeau que j’puisse me faire. » Il y a un sourire qui flotte sur mes lèvres, les yeux rivés sur les flammes qui dansent dans l’âtre devant nous. Sur l’accoudoir Flocon a fini par se poser, plus aucune patte ne dépasse sous son pelage immaculé.
Lune me manque, pourtant je sais que je vais devoir attendre encore quelques jours pour la revoir et que je ne le tiens qu’à moi « Y a eu des moments où je n’ai croisé absolument personne pendant des jours, si j’avais pas eu Wax avec moi j’aurai pu oublier le son de ma propre voix je crois. » A qui ça n’est jamais arrivé de parler dans le vide après une journée passé seul, juste pour voir si elle est toujours là ? Je n’ai pas eu à le faire mais être seul m’a fait un bien fou, j’en avais besoin pour me réaligner, pour comprendre où j’en étais et ce que je voulais. Aujourd’hui les choses sont quasiment limpides, elles le sont pour moi en tout cas « C’était beau, j’suis passé dans des endroits que tu t’imagines voir seulement en fond d’écran de ton ordinateur ou ton téléphone. » Je commence à connaître le monde, j’en ai vu des tas de morceaux et celui ci ne m’était pas entièrement étranger mais y passer une Pleine Lune de temps en temps et l’arpenter pendant des jours et des jours ça n’a rien à voir. Je me suis imprégné de tout ce qui m’entourait au fur et à mesure du chemin, chaque semaine un paysage différent ou presque. La végétation, le climat, la faune, tout change et l’avoir fait à cette période avait quelque chose … Presque un clin d’œil au renouveau. L’hiver s’en va, la neige fond, le vert reprend ses quartiers et les fleurs commencent à pousser. Ça sentait le pollen, la sève, l’eau des rivières et des torrents se fracassait contre la roche et moi je me sentais spectateur privilégié de tout ça. Silencieux la plus part du temps, malgré la présence de Wax et ma propre aura j’ai pu voir des tas d’animaux sans les déranger, de quoi vous donner envie de tout plaquer et de vivre comme un ermite à la Into The Wild ou L’Appel de la Forêt. La mort en moins, évidemment « Et puis ça fait du bien de marcher, de vivre au rythme des éléments, du soleil, de ne regarder ni l’heure ni la date. » Je crois qu’au fil de mes mots je me téléporte là bas à nouveau, le salon a cessé d’exister et si Sovahnn n’était pas contre moi, si je ne sentais pas son pouls résonner en écho avec le mien, si sa fragrance n’était pas en train de danser avec mon odorat, je pourrais perdre aussi la conscience de sa présence « Ou de croiser des gens qui ne savent pas qui tu es, ce que tu vis, d’où tu viens ni ce que t’as fait. » Ce qui pourrait résonner de lourdeur ne le fait pas, pas pour moi en tout cas. De ça aussi j’avais besoin, cesser d’être cette version de moi dont je ne savais plus quoi foutre, me dessaper complètement pour remettre un truc qui me va un peu mieux, dans lequel je me sens plus à l’aise. Comme une mue, si on veut. Oui c’est ça, changer de peau mais le faire d’une enveloppe humaine à une autre cette fois.
Je me sentais pris au piège de ma propre existence, de mes choix, de la pression que je ressentais qu’elle vienne de moi ou d’ailleurs. Pas que se foutre à poil en pleine nature règle tous les problèmes mais vous devriez essayer, on se sent plus léger. Tout ça est métaphorique évidemment mais faut bien accepter la nudité en extérieur pour aller se laver dans une rivière ou sous une cascade. Pas comme si je n'avais pas l'habitude de faire tomber les sapes dans les sous bois une fois par mois de toute façon ... Bref, pendant quelques j’ai laissé Enzo pour être Sam, juste Sam, le temps de prendre du recul et me réconcilier avec moi-même « Pas qu’ils s’en fichent et parfois c’est pas simple de répondre aux questions mais ... » Pause. Le haussement d’épaules est léger « … Enfin, tu sais. » Peut être même mieux que personne étant donné ce qu’elle a vécu récemment avec un type à qui elle devait cacher une partie d’elle-même. On a beau s’habituer au quotidien l’exercice n’a rien de facile, c’est comme porter un déguisement partiel en permanence et devoir adapter, modifier, chaque souvenir qu’on décide d’exprimer. Au fur et à mesure ça devient un réflexe mais la frustration est réelle, fatigante à la longue. Ce truc là disparaît quand on se retrouve et c’est peut être aussi pour ça qu’on a du mal à vraiment s’intégrer ailleurs « Ça m’a fait bizarre d’entendre mon prénom hier soir. » Personne ne l'avait prononcé depuis le jour de mon départ et lui, il l'a crié à qui voulait bien l'entendre dans tout le Fjord. Je le revois dévaler les escaliers en bois devant la porte d’entrée du chalet, traverser les quelques dizaines de mètres qui nous séparaient pour me sauter dessus et me faire reculer de trois pas « Adrian. » Ce p’tit frère que je n’attendais pas et qui est entré dans ma vie sans prévenir comme beaucoup de ceux que je considère comme ma famille aujourd’hui. C’était une évidence pour moi de débarquer là bas et pas seulement pour une question de logistique lunaire, comme ça l’est d’être ici ce matin. Mes constantes, mes repères, ce sont eux. J’aurai pu décider de passer la Pleine Lune en Australie pour être là le jour de l’anniversaire de mon frère mais j’ai fait un autre choix. Celui du cœur au-delà de celui du sang « Il a 15 ans et va finir par me dépasser mais il continue de se jeter dans mes bras comme s’il en avait 5 de moins. » Le rire qui fait vibrer ma cage thoracique en silence alors qu’un souffle passe dans mes narines est blindé de toute la tendresse que je ressens pour ce gosse. Seulement 5 ans d’écart mais il a encore l’innocence que j’ai perdu à son âge, j’espère bien qu’il la gardera encore un paquet de temps.

Et que toi comme moi on réussira à la retrouver ne serait-ce qu’un peu.
Mais tu vois, j’vais bien. J’vais mieux. J’crois que j’suis simplement sur le bon chemin.

« Comment tu vas toi ? » Je la serre un peu plus contre moi, embrasse ses cheveux sans vraiment y prêter attention « J’suis désolé de t’avoir lâché à ce moment là. » Il n’y a jamais de bon moment mais celui ci était particulièrement foireux. Et parce que mon cerveau fait tilt je me détache et cherche son regard « Eh attends c'est quoi cette histoire de 3ème guerre mondiale ? T'as fait un octogone avec Jo ça y est ? » Est ce que je me moque ? Un peu.

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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Lun 15 Avr 2024 - 7:25
Ses paupières se ferment un instant. Sur l’épaule, le ventre d’Enzo glisse d’un rien à chaque respiration. Sur son dos, ses cuisses se contractent à peine, juste un petit rien par moment, réaction physiologique pour se re-positionner et faire passer le sang. Sur la peau nue de ses bras, les t-shirts se froissent quand les corps se calent naturellement l’un contre l’autre. Dans l’air, la saveur fumée du feu de bois, celle du tapis, juste devant, que Tim a aspiré la veille. Et puis une légère odeur de lessive, celle du repas de la veille, l’iode qui sature l’atmosphère extérieur. La majeure partie d’entre elles, Sovahnn ne les sent plus véritablement depuis longtemps. Elle les devine, les imagine, les appelle à sa conscience comme une part de ce quotidien dans lequel elle s’implante avec une force nécessaire pour ne pas perdre pied.
On oublie parfois comme la vue peut prendre le pas sur les autres sens. Pourtant un rien peut implanter notre conscience dans un décor ou un autre. Le parfum d’un parent, celui du renfermé, l’odeur d’une brioche ou celui des pierres froides d’un grand château. Pour Sovahnn, tout son équilibre tient là. Ici. Combien de nuits a-t-elle passé à dormir contre lui ? Combien de fois a-t-elle passé l’un de ses grands t-shirts avant d’aller se coucher, étouffant un bâillement en marchant jambes et pieds nus dans le dortoir des Poufsouffles ? Et dans celui des Griffondors ? Traversant le château en pleine nuit pour passer la salle commune et les braises du feu délaissée devant les coussins et les fauteuils, pour rejoindre son ami ? La salle commune des Serdaigles, peut être alors ? En tailleurs au sol, à balancer un coussin à Takuma et son éternel canapé devenu au fil des années “le sien”, sans que personne ne cherche vraiment à remettre ce fait en question, lui qui n’avait pas de lit attitré. Un QG aux milles visages, mais toujours des protagonistes différents.
Un foyer au milles couleurs, qui ne se contente pas de quelques murs mais change d’aspect selon les pays. Du fin fond de l’Ecosse aux plages de Californie et d’Australie en passant par Londres ou les Highlands. L’important se trouve là, dans le soulèvement tranquille de son abdomen et la sensation tranquille qui s’insinue dans chacun de ses muscles.
En douceur, les paupières de la jeune femme se rouvrent et elle inspire pour gonfler ses poumons.

Elle déroule les anecdotes, laisse couler la réalité du quotidien, reprend le facile pour mettre de côté les véritables coups durs. Ainsi Naveen, le manque et la colère laissent place à l’Argentine, les potes et la soirée avec Will. Les moments de tremblements, où tout semble vide l’espace de quelques instants, se trouvent comblés par les crêpes flambées et la tornade écossaise Jenkins. Quant à Léon, à l’état fracassé de Jordane et au mal-être de Maxence, ils s’effacent pour laisser la simple constatation d’un placard coincé entre les mains d’un petit génie qui ne peut pas être bon partout. A moins qu’il n’ait effectivement l’esprit ailleurs.
Les soubresauts d’un rire communiquent à ses côtes l’écho de l’amusement et sans que l’herboriste endormi à l’étage n’en ai conscience, les deux amis dessinent en silence ses râleries et son air décontenancé face à un placard refusant obstinément de s’ouvrir de nouveau.
- En même temps… est-ce qu’on a vraiment besoin d’essoreuse à salade et de moules à gâteaux.. ?
Elle en évoque les détails, force le trait, bref, crayonne dans le calme de la nuit, le portrait d’un quotidien qui importe. Si certains font des albums, de ces petits riens, Sovahnn pourrait en emplir des pensines si elle savait seulement comment faire. Un concentré de moments de vie, de ceux qui s’échappent si facilement mais qu’elle voudrait garder intacts pour pouvoir s’y replonger à tous moments.

Puis c’est le road trip qu’elle évoque. Ces moments tout d’abord parfaitement solitaires, qu’il leur a ensuite ouvert, pas après pas, en retrouvant le chemin vers lui-même. A chaque photo, chaque message, Sovahnn l’imaginait reprendre contact, non pas tant avec eux qu’avec ce qu’il est, lui. Ce qu’il a besoin d’être. Et puis eux, par effet de logique, comme des vases communicants. Comme si l’un allait avec l’autre, un alignement naturel qui n’attend que de retrouver sa place.

Il bat des paupières, presque surpris et si Sovahnn devine la fatigue, elle songe surtout à ce même état qui emplis son corps encore ensommeillé. Un entre-deux tranquille, qui leur appartient. L’habitude de ces discutions entre jour et nuit, quand les autres dorment encore et que le château reste en sommeil. Elle pourrait revoir le drapé des lits, l’ombre du coffre à leurs pieds ou la lumière bleuté des carreaux de la salle commune. Une vie parmi les leurs. Celles qu’ils enchaînent autant qu’ils les traversent. Parfois en trébuchant, parfois en boulets de canon, parfois sans le souffle, mais rarement en s’arrêtant à chaque pas. Et pourtant ces instants-là demeurent. Force tranquille de leur quotidien.

En silence, elle esquisse un sourire.

« J’ai compris pourquoi Riley m’a dit le jour où j’suis parti que c’était le plus beau cadeau que j’puisse me faire. »

Sourire qui s’appuie d’un souffle amusé. D’accord, sans avoir besoin de le verbaliser, elle songe surtout au départ de cette dernière lorsqu’elle perdait pied. En posant une cheville sur son genoux, Sovahnn observe dans le triangle formé par ses cuisses Flocon les observer de ses grands yeux en amande. En plaquant l’oreille sur son pelage blanc, elle parierait l’entendre ronronner. Mais d’ici, seul Enzo a une chance d’entendre ce son dont l’animal est si pudique.

« Y a eu des moments où je n’ai croisé absolument personne pendant des jours, si j’avais pas eu Wax avec moi j’aurai pu oublier le son de ma propre voix je crois. »  

En écrasant un sourire, l’ex Poufsouffle redresse un regard vers son meilleur ami, consciente qu’elle n’en serait pas capable. Non pas de ne parler avec personne - quoi qu’un mois sans contacts lui serait douloureux - mais de ne pas parler. Souvent seule chez elle depuis la naissance de sa fille, Sovahnn s’est comprise incapable de rester plus d’une demi-heure dans le silence total. Elle commente, parle, chantonne, interroge et pense à voix haute. Incapable de faire autrement. Une habitude qui s’exporte bien souvent hors de sa sphère de solitude de jeune maman. Un jour, Enzo est même arrivé à la coloc et l’a écoutée déblatérer pendant près d’une heure avant de signaler sa présence et ce, sans louper de la charrier ensuite sur les absurdités balancées sans s’en rendre compte.

« C’était beau, j’suis passé dans des endroits que tu t’imagines voir seulement en fond d’écran de ton ordinateur ou ton téléphone. »

Ça pourrait être une critique du numérique. Connaissant Enzo, c’en est une, sans véritable jugement pour leurs usagers. C’est juste une constatation, le survol d’un monde déconnecté du réel qu’il ne comprend pas tout à fait. Sang pur ou pas, le sujet n’est pas là. Il n’est pas un enfant des pixels. Ses veines battent au rythme de la Terre et si le monde s’est trop souvent ouvert sous ses pieds, c’est en le foulant qu’il se réaligne. Alors Sovahnn l’imagine comme elle le fait depuis un mois. Wax à ses côtés, les quelques échanges entre l’homme et l’animal, les moments d’arrêts, les rencontres, les ruisseaux enjambé, le mordant de la lanière du sac, les jappements du chien et les muscles fourbus d’avoir marché toute la journée. Puis ces paysages, qui n’ont été pour elle que ces fameuses images en 2D dénuées de profondeur, d’odeurs et de bruits. En détournant le regard de sa mâchoire vers le plafond, elle imagine ce qu’il y a vu. Des matinées aux soirées, des bourgeons sur les arbres aux bruissements du vent en passant par les chants des oiseaux.
L’image mentale est sans doute bien éloignée de la réalité. Implantée dans des réalités londoniennes ou écossaises dont elle peine à se détacher.

« Et puis ça fait du bien de marcher, de vivre au rythme des éléments, du soleil, de ne regarder ni l’heure ni la date. »
- J’imagine ouais.. L’équilibre, qui a besoin de se refaire. Le recul aussi. Loin de tout et des drames. Loin d’eux sans vraiment l’être. Proche de lui-même, surtout.
Un instant, lui vient l’image d’Aaron et la réflexion qu’elle a alors fait, au détour d’une de leurs conversations. L’envie de bouger, découvrir le monde, s’emplir d’autres horizons. D’une manière assez absurde, pour elle qui n’avait jamais quitté son quartier lors de l’enfance, puis son corps durant les cinq années qui ont suivi, Poudlard, tout clôturé qu’aient été ces quatre années, a soufflé sur sa vie un vent de découverte. Tout un monde, ses règles, ses secrets et ses folies, qu’il fallait affronter. Un monde d’animaux, de culture, de guerres et de végétaux. Un monde où tout fourmille. Un jour, Sovahnn le sait, elle passera cette porte et voudra renouer avec ces sensations de nouveautés.
Pour l’heure, c’est sa fille qui lui donne le goût de la découverte. Mais un jour, il lui faudra se plonger dans de nouveaux horizons. Accepter de n’être aussi mobile que les autres sorciers. Ou simplement apprendre. Trouver d’autres moyens.
Ou juste marcher.
Courir, la connaissant.

Voler.

« Ou de croiser des gens qui ne savent pas qui tu es, ce que tu vis, d’où tu viens ni ce que t’as fait. »  

Main dans la sienne, absorbée par la sensation des doigts qui jouent distraitement avec les siens, elle redresse le regard un instant. D’en bas, Sovahnn s’arrête sur la barbe qui a poussé, la ligne de la mâchoire qu’elle a vu si crispée ces derniers temps et qui a retrouvé une forme de détente. Ses narines, qui ne frémissent plus. Ses traits, qui se sont défaits du marbre. Et puis les lèvres, non plus pressées l’une sur l’autre, mais plus légères dans leur aptitude à trouver des mots qui pourraient sonner lourd. Mais qui ne le sont pas.
Entre deux doigts, il fait rouler l’une de ses phalanges et la chaleur de sa peau tatoue la pulpe de sa paume.

« Pas qu’ils s’en fichent et parfois c’est pas simple de répondre aux questions mais ... »   Il s’arrête, hausse des épaules et bien de leurs discussions à propos de Naveen reviennent en filigrane. « … Enfin, tu sais. » Oui. Ça n’a rien de facile de se faire passer pour ce qu’on n’est pas. De combler les trous d’une existence qui n’est pas tout à fait la nôtre.
Et pourtant… Pourtant, ça fait aussi du bien de lâcher certaines parts de soi. Sans vraiment les renier, simplement les mettre de côté un moment.
Avant son réveil, Sovahnn était marbrée des exigences de son enfance. A Poudlard, loin de tout, comme coincée dans une réalité qui ne semblait pas toujours vrai à ses débuts, elle s’est elle-même prise au jeu.
Parfois, s’abandonner un peu, c’est se découvrir, aussi absurde que ça paraissait.

En laissant reposer sa joue contre le torse de son meilleur ami, Sovahnn acquiesce et laisse glisser un pouce sur le dos de la main qui lui chatouille la peau par instants.

- Je sais. Rien qu’un murmure perdu dans les plis de son t-shirt et l’air échauffé entre leurs deux corps en surchauffe. Non pas qu’elle en ressente le moindre malaise. Lui est toujours brûlant, c’est une constante. Mais elle sort du réveil, encore bouillante de la nuit qu’importent ses jambes nues. Un peu comme durant l’enfance, quand il fallait lui répéter six fois de s’habiller pour ne pas tomber malade.

« Ça m’a fait bizarre d’entendre mon prénom hier soir. » Un souffle amusé et les paris sont lancés. Qui a-t-il vu en premier ? Qui est l’impudent qui a lancé ainsi son prénom à la volée dans les étendues glacées ? « Adrian. »   Et l’amusement révèle ses dents dans un large sourire. Elle se représente la scène, les lieux, le retour à la normalité. A ces piliers qu’il trouve parmi les gens, exactement comme elle le fait de son côté. « Il a 15 ans et va finir par me dépasser mais il continue de se jeter dans mes bras comme s’il en avait 5 de moins. »
Cette fois, elle rit franchement, emplie d’une bouffée d’affection pour tous ces fragments de famille qui forment un tout bien plus solide qu’il n’y semble. Là encore, le foyer au mille visages n’a de cesse de répondre présent.
- Qu’est-ce que vous avez tous à pousser comme des lianes là aussi ?! Petit bout de femme, pas plus d’un mètre cinquante-cinq, ils lui semblent tous immenses vus d’en bas. Alors Enzo ? L’idée que qui que ce soit puisse le dépasser lui semble profondément absurde.
Les esquisses douces rires se mêlent puis s’apaisent et le sérieux trace son chemin sans alourdir l’air.

« Comment tu vas toi ? »   A l’étreinte qui l’enserre, la jeune femme se presse contre lui. D’une joue contre son torse, d’un nez qui l’effleure, d’épaules qui se rapprochent comme pour disparaître contre lui et s’emplir de la chaleur d’un baiser dans ses cheveux. « J’suis désolé de t’avoir lâché à ce moment là. » Le “tu m’as pas lâchée” affleure ses lèvres sans en sortir, coupée par les messages du corps qui se détache soudainement comme s’il tiltait autre chose. Par réflexe, elle redresse le regard et croise le sien.
« Eh attends c'est quoi cette histoire de 3ème guerre mondiale ? T'as fait un octogone avec Jo ça y est ? »  
Et rit, de nouveau.
- Tu parles, ça fait un mois que j’ai pas de nouvelles. Chose qui n’étonne personne…” Elle ne l’imaginait pas ainsi, quand ils étaient encore à Poudlard. Comme si sortir de l’école avait changé quelque chose. Plusieurs mois sans la voir, avant qu’elle ne re-débarque sans une explication, participe aux soirées, s’implique. Et puis la suite on la connaît. Un canyon creusé par un deuil, une gifle et le silence. “Le pire, c’est que je suis persuadée de l’avoir vue en Argentine..”
Sauf que là, dans le discours, Enzo sait qu’il y a quelque chose qui cloche. Ou du moins, Sovahnn peut le deviner aisément. 48h plus tôt, Jordane était là et son parfum flotte sans doute encore dans la maison écossaise. Un détail qu’Enzo n’a pas pu louper. Pas plus que le grand dadais qui dort dans son lit. A moins de faire une boucle d’or particulièrement peu attentive.
- Et c’est là que tu te dis qu’il y a un truc qui merde dans ma version.” Sans grand étonnement, Sovahnn trouve dans sa gestuelle les indices de sa conscience des choses. Que ce soit une contraction légère ou un bref regard vers la porte de sa chambre. Un sourire passe sur les lèvres de la jeune femme. Le respect de l’intimité. Ce mec est une tombe habituée à percevoir des choses qu’il ne devrait pas et à en garder les secrets sans un mot ni un geste. “Gestion de crise après gestion de crise. J’ai pas recontacté Naveen, mais elle m’a offert une super excuse pour pas y penser..” Elle pourrait voir les sourcils d’Enzo se froncer d’un rien, en prévision de ce qui suit. Alors pour aborder le sujet, Sovahnn se redresse un poil en lâchant un “Pas de drame.” en prévision de l’inquiétude de son ami. Le réflexe des gens qui pensent au cercueil plutôt qu’à la soirée trop arrosée lorsque le téléphone sonne la nuit. Quoi qu’avec leurs décalages horaires, toutes les options sont possibles.
- Jordane a retrouvé Léon, le frère de Max. Où ? Personne ne sait. Comment ? Non plus. Et ce qui s’est passé entre eux va constituer le mystère de la saison 4 de nos vies trop agitées..” Un sourire en coin passe avant de s’échapper. “En tout cas ça a dû être musclé vu leur gueule à l’arrivée… Mais il est entier ; arrivé avant-hier.” Sans y prêter gare, Sovahnn a glissé ses doigts entre ceux d’Enzo pour les serrer en douceur. “Je sais pas s’il se remet, et clairement il va falloir du temps entre les deux frangins, mais au moins il est en sécurité.” Step by step, un classique de leur existence. Tout est débité avec une force tranquille et la confiance en l’avenir dont Sovahnn ne se défait pas, encore moins lorsque le sol tremble et que les murs fissurent. “Ça ira” ; affirment ses prunelles claires. C’est une bonne nouvelle. “Il dort dans ta chambre. ‘Pas le mec le plus causant au monde mais ça finira par se débloquer.” Un petit sourire sobre passe. Eux aussi savent ce que c’est que de naviguer dans des eaux agitées. Ils savent ce que c’est que d’avoir besoin de temps, de ne pas faire confiance, d’être en colère ou de perdre pied. Alors Léon est au bon endroit pour se retaper et Maxence le sait. Tout le souci a été de le déloger, lui, des lieux.
- Mais du coup bizarrement Naveen est passé au second plan, et on n’a pas évoqué  l’année passée à se faire la gueule… Ou le fait qu’elle le connaisse. Ou la tarte que j’ui ai filé. Pas mon meilleur move. “Hey ça s’trouve elle est devenue meilleure pote avec ton mec dans notre dos et ils se la sont joué Mr. Robot - si si tu connais j’te jure, ça fait trois fois que je la vois tourner en fond chez toi - et on le sait pas !” Elle en doute. Mais l’idée l’amuse.
Ce qu’elle voit, surtout, dans les moqueries sous-jacentes, c’est que Jordane s’ouvre. Elle fait des pas, parfois mal foutus et agressifs, mais bien dirigés vers eux. Et ça, ça vient d’Enzo, Sovahnn le sait sans qu’on ait besoin de le lui expliquer. Il suffit de les voir ensembles, de noter les regards quand il s’agissait de Kezabel, la complicité muette ou simplement sa manière de se raccrocher à lui en soirée lorsqu’elle avait l’impression - pas tout à fait illégitime - que le monde était contre elle.
- Elles ont parlé avec Riley.

Step by step, donc.

- P’t’être lui filer Wax pour un mois de road trip, ça peut aider… Un sourire en coin et quelques conneries pour clôturer la nouvelles annonce, positive bien que délicate, venue ébranler un quotidien pas si bien rôdé qu’il y semble.
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Sovahnn Dawn Lockwood
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Lun 22 Avr 2024 - 19:11
« Tu parles, ça fait un mois que j’ai pas de nouvelles. Chose qui n’étonne personne… » Si je charrie jamais je ne mettrais les pieds dans leur histoire. Pas ma place, j’ai même pas à avoir la moindre opinion sur la question. Entre elles c’est tendu depuis la mort de Zach, raison de plus pour pas s’en mêler. Jo est un courant d’air, de ceux qui te filent entre les doigts dès que la moindre trace de vulnérabilité commence à s’imprégner dans ses veines. Sova c’est tout l’inverse, elle est aussi solaire que Jo préfère les ombres. Est ce qu’un jour elles arriveront à passer au dessus de ça ? J’en sais rien. Je l’ai cru le mois dernier quand il a fallu faire front commun face à Naveen mais visiblement je m’étais planté « Le pire, c’est que je suis persuadée de l’avoir vue en Argentine.. » Pas improbable, quand tu croises un type que tu connais par hasard sur une plage du Mexique tout devient possible à tes yeux. Vrai que le monde n’est pas si grand quand tu peux l’arpenter d’un claquement de doigts ou presque. Simple hasard ? Là c’est autre chose et je ne m’engouffrerai pas dans cette voie là.
Ce qui m’interpelle le plus c’est ce qui ne colle pas dans le schéma. Est ce que Jo aurait pu passer ici sans que Sova ne le sache ? Pour voir Takuma, possiblement, mais je doute que ce dernier ne l’ai pas formulé. Entre ces murs il n’existe pas de secret, ça n’a rien d’une règle c’est simplement de cette façon que tout le monde a choisi de fonctionner. Un truc instinctif, le résultat de la confiance qu’on se porte tous et c’est pour ça que j’envisage pas une seconde que la petite blonde que je tiens toujours contre moi puisse être en train de me mentir.

L’odeur de Jo est là, elle flotte dans l’espace comme un mirage et elle n’est pas la seule. J’vais pas mentir, c’est étrange de sentir la fragrance de quelqu’un d’autre imprégner les lieux. Celle d’un inconnu.
J’aurai pu me dire qu’un des trois résidents a ramené un pote, un plan cul ou plus que ça mais ça n’est ni dans la chambre de Sova ni dans elle de Takuma qu’il squatte, pas plus dans celle de Tim. Fort heureusement pas dans celle de Liya, le tableau serait différent si c’était le cas – mon cul ne serait pas posé sur ce canapé.

C’est dans « ma » piaule qu’il est, la seule inoccupée.

« Et c’est là que tu te dis qu’il y a un truc qui merde dans ma version. » La tête légèrement penchée sur le côté pour acquiescer je tourne vaguement le regard en arrière sans réussir à vraiment distinguer la porte fermée juste derrière nous « Gestion de crise après gestion de crise. J’ai pas recontacté Naveen, mais elle m’a offert une super excuse pour pas y penser.. » Enchaînement de réactions, elle désamorce les miennes tout de suite « Pas de drame. » C’est déjà ça, même si ça ne me dit pas qui est ce type qui pour le moment est à mes perceptions une sorte d’anomalie dans le décor « Jordane a retrouvé Léon, le frère de Max. Où ? Personne ne sait. Comment ? Non plus. Et ce qui s’est passé entre eux va constituer le mystère de la saison 4 de nos vies trop agitées.. » Les infos arrivent comme portées par le flux d’un torrent. Ça n’a rien de violent, je ne m’étais simplement pas préparé à ça. Sans réellement le vouloir mais d’une façon très égocentrique je crois que je m’étais attendu à ce que rien n’ait bougé. Retrouver les mêmes gens, au même endroit, de la même façon.
Alors je prends le temps d’intégrer sans me faire un avis sur la question là encore, sans extrapoler jusqu’à ce que peuvent vivre et ressentir les concernés. Une pensée pour Liam au passage, à ces moments qu’il a passé a essayer de traquer un type en ligne sans jamais retrouver la moindre trace récente. Aujourd’hui ce type dort juste à côté « En tout cas ça a dû être musclé vu leur gueule à l’arrivée… Mais il est entier ; arrivé avant-hier. » Et elle ? Sans offense mais ce gars je ne le connais pas et l’affect qui pourrait me lier à lui ne passe que par Maxence. Qu’il arrive ici la gueule fracassée j’en serai désolé pour lui mais savoir que Jo était dans le même état ça me concerne un peu plus.
Je m’inquiète pas à outrance, je commence à comprendre qu’elle a encaissé un paquet de sales trucs dans sa vie et que ce ne sont pas des marques sur sa peau qui vont l’arrêter.
Ça n’a rien de personnel, pas plus que ça n’est de l’indifférence, mais je n’ai pas quitté le chaos de ma propre existence pour me replonger dans celui des autres. A moindre mesure, on s’entend, j’vais pas me mettre à ignorer ce qui se passe dans la vie des gens à qui je tiens mais toute cette histoire est pour le moment abstraite pour moi. Je marchais encore sur des chemins de terre humide parsemée d’aiguilles de pin pendant que tout ça s’est déroulé, la tête dans le silence, tout juste bercé par le chant des oiseaux ou les battements de cœur de mon chien. J’y étais encore il y a 48h, j’y étais encore cette nuit même si ailleurs. Raccrocher n’a rien d’instantané, surtout pas quand c’est si … impalpable « Je sais pas s’il se remet, et clairement il va falloir du temps entre les deux frangins, mais au moins il est en sécurité. » Tant mieux « Ça ira. » Et Max, ça ira ? Je sais qu’il est passé chez Ismaelle, on a simplement pas évoqué le pourquoi. Pas de raison qu’il y en ai un de particulier à vrai dire, pas plus que moi passant ici « Il dort dans ta chambre. ‘Pas le mec le plus causant au monde mais ça finira par se débloquer. » C’est tout le mal que je lui souhaite, s’il y a bien un truc qu’il peut trouver ici c’est la tranquillité et la normalité – Si la normalité prend la forme d’un mec aux cheveux bleus qui condamne les placards, une pile électrique qui passerait sa vie à faire des vrilles sur son balai et un peu de Magie dans l’air. Désolé Tim, j’ai rien trouvé chez toi qui ne soit pas « normal » mais tu comptes tout autant.

J’sais pas d’où il vient, ce qu’il a pu vivre, pas même vraiment à quoi il ressemble à vrai dire mais si c’est d’un endroit pour se reposer et atterrir dont il a besoin je crois qu’il est au bon endroit. Pardon si ça sonne condescendant, j’sais pas vraiment quoi faire de tout ça là tout de suite « Mais du coup bizarrement Naveen est passé au second plan, et on n’a pas évoqué  l’année passée à se faire la gueule… Ou le fait qu’elle le connaisse. Ou la tarte que j’ui ai filé. » J’peux la sentir grimacer sans même voir son visage, là encore j’ai rien à dire sur la question – Move de lâche, comme tous les mecs tu connais « Hey ça s’trouve elle est devenue meilleure pote avec ton mec dans notre dos et ils se la sont joué Mr. Robot - si si tu connais j’te jure, ça fait trois fois que je la vois tourner en fond chez toi - et on le sait pas ! » On en parle du fait que ce fameux Mr. Robot est le portrait craché de son ex ? Non, on n’en parle pas c’est mieux pour tout le monde et ça serait malsain. Pas le moment de toute façon « Ouais, elle a probablement vécu chez moi pendant un mois. » C’est sûr ils s’aiment tellement. Eh, ils se tolèrent et je trouve que c’est déjà pas mal non ? La vérité c’est que là dedans aussi j’ai du mal à m’y replonger.
Je sais pas vraiment à quoi va ressembler mon quotidien dans les jours à venir et même si on a passé quelques heures l’un contre l’autre il va falloir qu’on se regarde dans les yeux. Qu’on se parle, surtout, pour essayer de comprendre où on en est. Où on a envie d’aller plus particulièrement « Elles ont parlé avec Riley. » Mon regard se perd de nouveau sur le feu droit devant moi « Je sais. » Les nouvelles vont vite quand le mari de la concerné est comme un frère pour moi. Mais toi, c’est un truc que tu voudrais ? Lui parler, crever l’abcès, essayer de réparer les morceaux de vous deux qui ont volé en éclat il y a de ça bientôt un an. De mémoire vous avez déjà essayé, c’était sans doute pas le bon moment « P’t’être lui filer Wax pour un mois de road trip, ça peut aider… » Un rire bref mais trahissant la fatigue secoue vaguement le haut de mon corps, je crois que si on reste comme ça je vais finir par m’endormir. Réflexion de connard si on tient compte de la discussion en cours, allez pas croire que je m’en tamponne je fais juste au mieux « Peut être. Mais j’ai pas trop envie de me séparer de lui pendant un mois. » De ton mec, tes potes et ta famille par contre si.

Ils savent tous très bien que ça n’était pas une question d’envie.

J’vais pas mentir, tout ça flotte dans ma tête sans que je ne réussisse à vraiment en capter la teneur ni à réellement m’y accrocher. C’est peut être pour ça que je laisse planer le silence en regardant les flammes danser, seulement ancré par la présence de Sovahnn contre moi. Sans doute aussi pour ça que le premier truc qui me vient est celui là « Heureusement que j’suis pas allé me pieuter, ça lui aurait fait tout drôle. » Réflexion autant pragmatique qu’elle me tire un sourire amusé. Je ne minimise pas le sérieux de tout ce qui se passe ni ce que vivent les uns et les autres mais c’est toujours comme ça quand je m’isole : J’ai du mal à revenir, ça me prend un peu de temps. Un lendemain de Pleine Lune en plus, vraiment, je fais au mieux « Et Max il gère comment ? » A ma gauche, sur l’accoudoir du canapé, Flocon fait toujours semblant de dormir.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Ven 26 Avr 2024 - 17:16
Évoquer Jordane n’a rien d’anodin. Qu’elle n’ait pas remis les pieds dans l’appartement n’est pas plus étonnant. C’est qu’elle s’est rendue compte n’avoir rien appris sur elle en quatre ans mis à part une vague mention à avoir pas mal voyagé. Les face-à-face en période de crise n’étant une réussite pour l’une ou l’autre, l’accord tacite selon lequel choisir un moment de face à face plus adapté n’a rien d’étonnant. Pas plus qu’elle ait disparu après avoir balancé une information aussi dure et improbable qu’un “un jour j’ai fini à la rue” dont Sovahnn n’a, sur le coup, pas su quoi faire. Pas le moment, avant toute chose. Comment aborder une telle déclaration dans un moment où tout le monde semblait sur le point d’exploser ? A commencer par elle-même. Non, mieux valait laisser ça de côté.
Qu’elle ait pu tenter de les rejoindre en Argentine fait sens. Un pas en avant, trois en arrière. Laisser du temps.
D’autant que cette fois, Sovahnn le sait, c’est elle qui l’a reçue violemment et Jordane qui a fait plusieurs pas en avant. Qu’elle recule n’a rien d’étonnant.

Qu’elle se pointe, blessée jusqu’aux os, en plein milieu de la nuit, avec le frère disparu depuis un an de l’infirmier de l’école et ami de chacun… mais pas d’elle : oui, ça en revanche, ça sort de l’ordinaire. Comme ça, sans en avoir parlé à qui que ce soit, alors même que Will n’a trouvé aucune trace de lui où que ce soit malgré ses recherches. A se demander si ça, justement, ne constitue pas à sa manière, un nouveau pas de réconciliation.
Sovahnn n’oublie simplement pas le discours balancé avec son ton de verre pilé.
‘Nan. Il a jamais cherché à savoir quoi que ce soit. Il était là c’est tout. Ponctuellement. Et ça fait quelques mois qu’on ne se voit plus parce qu’on s’est engueulés parce qu’il m’a dit que j’étais quelqu’un de loyal qui serait là si un jour un ami avait besoin d’aide et j’ai affirmé qu’il se plantait. On s’est pas revus.’
L’aptitude à couper les ponts. A ne pas être là. A se fermer au moment où d’autres ont besoin d’elle. Face à ce discours, Sovahnn a surtout retenu que cette fois, Jordane s’est pointée. Qu’elle s’est servie d’Enzo comme point d’ancrage, plusieurs fois, mais qu’elle a fait face à la colère froide qui régnait dans la pièce et qui a bien manqué se retourné contre elle. De manière injuste ? Peut-être. Dans tous les cas, elle a confié une part de son histoire, lâché comme une pierre dans une marre.
Et Sovahnn sait qu’elle a forcé un truc qui n’aurait pas dû sortir ainsi. Une nouvelle fois, Jordane joue sa vie sur un échiquier de secrets et la Poufsouffle n’a jamais vraiment compris ça. C’est pourtant un état de fait qu’elle accepte bien mieux de la part d’Enzo et de la sphère lycane. L’effet pourrait être le même pourtant. D’autant plus après les évènements du mois dernier. Peut être est-ce la confiance. Une base établie depuis longtemps et cristallisée cette nuit-là, à Poudlard, quand elle a finalement accepté de rentrer au château quand Enzo se battait dans les bois. Une acceptation mutique qui a mis du temps à se mettre en place et se consolider. Une confiance aussi.
Un contexte bien opposé au sentiment d’isolement et de mutisme total dont la Garde a fait preuve en lui arrachant le père de son enfant.

Sovahnn laisse couler les réflexions qui lui traversent l’esprit tout en faisant le tour des dernières nouvelles. Elle s’appuie pourtant davantage contre le torse de son meilleur ami, puise la chaleur de son organisme brûlant, réchauffe son besoin de sentir l’autre tout près. La vérité, c’est que voir Jordane dans cet état a ravivé l’inquiétude de ce qu’il peut se passer dans sa vie. Et la voir de loin avait cet avantage de ne pas y faire face. C’est pour ça que Sovahnn ne l’évoque pas tant lorsqu’elle fait le bilan. Pour ça qu’elle n’insiste pas sur Maxence. Pour ça qu’elle se centre sur un jeune homme qu’elle ne connaît pas et qui dort à présent dans un lit qui n’est pas le sien. Et pour ça qu’elle ne dit pas que des deux, il est celui qui s’en sort bien. Qu’à en juger par ses contusions, elle a flirté avec le pire.
Le refus existe à présent de se complaire dans l’horreur. C’est ainsi. Injuste ou non. Un moyen de se protéger comme on le peu. De passer au travers des tempêtes. De développer le “ils sont vivants” plutôt que le reste, bien moins joyeux. De s’arrêter sur les chemins jonchés d’épines de pin plutôt que d’évoquer le sang sous les ongles de chacun. Ça peut passer pour de l’indifférence. Ce serait idiot de penser ainsi.

Le calme et la confiance percent sous ses lèvres tandis qu’elle démantèle les inquiétudes sans y songer. “Pas de drame”. En réalité, si, mais par dans l’échelle personnelle mise en place sur le sujet au fil des ans et des tumultes à traverser. Il y a surtout dans l’histoire une forme de distance qu’elle met en place naturellement tout autant qu’Enzo le fait sans qu’elle ait besoin de l’entendre le verbaliser. Tout passe en silence et s’il aurait été plus agréable de ne pas avoir à parler de ces nouveaux remous dans leurs vies agitées, Sovahnn le fait pour le mettre à jour. Sinon elle se serait contentée d’histoires de paddle et de placards obstinés.
Ce qui pourrait être dit avec pesanteur n’en a rien. Pas qu’elle cherche à l’en préserver à peine de retour - quoi qu’un peu - mais elle-même a besoin de cette forme de normalité qu’elle impose avec diligence. Leur vie a toujours été ainsi. Et apprendre à circuler entre les éclairs est devenu une seconde nature pour la joueuse de Quidditch.

C’est ainsi qu’elle rit quand il évoque la possibilité que Jordane ait vécu avec Will pendant un mois plutôt que de s’arrêter sur leurs emmerdes respectives et la manière franchement sale dont ça aurait pu engendrer une nouvelle implosion. Injuste et inattendue. Un truc qu’elle perçoit différemment depuis l’information droppée durant l’affaire Naveen. Supposer un passif douloureux est une chose, y faire face en est une autre. Comprendre qu’on a pu, d’une certaine manière, être bien plus cruelle que prévu.
Un sourire passe quand il évoque savoir que Jordane et Riley ont parlé. Son tour viendra. En temps et en heures, quand Jordane laissera une ouverture ou quand elle finira par la prendre entre quatre yeux. En attendant, la neutralité des annonces est rejointe par quelques mots plus doux, sans grandes conséquences.

« Peut être. Mais j’ai pas trop envie de me séparer de lui pendant un mois. »

Là encore, un sourire passe. Aucun lien avec eux, pas même une pensée aussi cynique qu’Enzo a pu en avoir. Factuelle, premier degré peut être, Sovahnn en reste au chien, à sa relation à son humain, rien de plus.

« Heureusement que j’suis pas allé me pieuter, ça lui aurait fait tout drôle. »

L’amusement glisse sur chacun d’entre eux. L’image s’impose et l’improbabilité d’une rencontre se dessine un instant. Un autre, elle songe à lui et Will. Certaines choses semblent appartenir à d’autres temps. Plus Poudlard recule plus il lui semble parfois avoir rêvé. Cette sensation serait sans doute devenue réalité si elle avait coupé tous les ponts en retrouvant sa famille.
Et si elle n’avait pas emporté quelques éclats d’avenir, nichés dans son ventre, malgré le fracas des affrontements.
Slalomer au coeur de la foudre : tout un art.

« Et Max il gère comment ? »  
- Pas dingue.

On pourrait les croire détachés. Indifférents là encore. Pas de panique, d’éclats d’émotions. Là encore, ils se font confiance les uns aux autres. Si l’alarme n’est pas déclenchée, nul intérêt de courir comme des fourmis affolées. Chacun sait que l’autre a des ressources. La distance est une forme de préservation, non pas que de soi mais aussi des autres. A vivre pendant quatre ans écrasés par la foule, on apprend aussi que l’étouffement et la co-dépendance sont aussi dangereux que la solitude.
Une pensée qui la fait sourire quand elle fait rouler son bassin entre les coussins et rapproche un instant les épaules pour choper la sensation de disparaître un instant dans ses bras. Puis elle inspire, fait rouler sa tête pour détendre son cou et se repositionne sans quitter ses bras.

- Je l’ai senti à bout de nerfs pour être honnête. Il a appelé Ismaelle dans le jardin, je sais qu’il y est allé. Ça va prendre du temps tout ça. La colère, les ressentiments, l’isolement et la plongée en enfer. Des sentiments qu’ils connaissent tous. Là encore, c’est loin d’être un manque d’empathie, bien au contraire, mais elle aime cet entre-deux où ce qui ne va pas est là, évoqué, mais n’écrase pas comme il pourrait le faire à d’autres moments. Je suis contente qu’il ait appelé. Je pense pas que rester ensemble aurait aidé quoi que ce soit. Et faire ça pour lui fait simplement sens. Une évidence qu’elle n’est pas seule à ressentir, la sorcière le sait.
Du temps, de l’espace. Maxence a-t-il seulement pleuré leurs parents ? A-t-il seulement explosé un jour ou le grand frère qu’il est a-t-il toujours pris sur lui plutôt que de laisser quoi que ce soit dépasser ?
Sovahnn aurait aimé lui parler, trouver les mots. Peut être ceux qu’elle a prononcé ont-ils aidé, peut-être pas. Pas le genre à s’épancher face aux gamins qu’ils sont, sans doute. Mais elle s’interroge avoir jamais véritablement soupesé la difficulté que ça peut être, pour lui, de naviguer en eaux troubles.
- C’est tout frais encore. Mieux vaut prendre un peu de… recul. Un petit souffle amusé passe quand les parallèles se font. Prendre le large et le temps de respirer. Se réaligner. Truc qu’elle aurait sans doute dû faire elle-même avant de sauter à la gorge de Jordane un an plus tôt, cela dit. Ou de Naveen. Ou de Naveen ? Trop tôt encore. Incapable de faire le tri dans le brouhaha de ses sentiments contraires. Ça t’a fait du bien ? Petit sourire. Ton tête à tête avec ton amour poilesque.
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Sovahnn Dawn Lockwood
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