Through next rounds - Doro

18 Mars 2017

Les mains plongées dans mes poches, je fixe le couloir. La porte arrondie, dont la lucarne est bouchée par la brume sombre d’un sortilège, est fermée depuis quelques minutes maintenant et trône, dans mon dos, moqueuse. Sur mon bras, c’est une brûlure qui mord ma chair. Pas que la douleur soit un problème, mais le marquage en est un, tout comme l’est la discussion qui s’engage à présent dans la cabine fermée entre Arthur et Sanae. Faire le point sur mon arrivée, donner des instructions, connaître mon état psychologique ; tout un cahier des charges bien protocolaire qui ne fait sens que pour ceux qui veulent cocher des cases. Aucun corps, aucune forme, aucune structure ne collera jamais ni à ce que je suis, ni à ce que nous avons construit tous deux.
Quant à ces discussions… Ils balisent le sillage, tentent de se rassurer. Trop ont déjà eu lieu avant mon arrivée et trop auront lieu ensuite.
Des mois que ça se prépare, qu’ils tâtent le terrain, qu’ils s’assurent de ma stabilité. Des mois et plusieurs entretiens avec Arthur pour sonder mon esprit. Et enfin, la conclusion, des semaines plus tôt :
- Nous perdons notre temps. Vous ne collaborerez jamais.
Pas une réponse de ma part, bien sûr. Seul le regard d’acier planté dans celui du legilimen. Si ma voix a fini par affirmer sa portée, ça n’a été qu’une fois la main posée sur la poignée de la porte de sortie.
- Une question néanmoins. Quel est le rôle de Sanae si vous ne faites pas confiance en son jugement ? Risqué… ce dédain pour vos membres…

Arthur pourrait bien insister à percer mon esprit autant qu’il ou elle le voudrait, il n’en résulterait qu’une chose : à la fin, c’est moi qui attraperait son âme. Aucun tic, sous le masque, à l’usage du vouvoiement soudain. Il faudrait être idiot pour penser que c’est du respect. Si j’en ai, c’est pour Sanae en premier lieu, et non pour ceux qui ont remplacé les jumeaux que je considérai bien davantage. Pas des amis, ce terme m’est assez limité. Mais des alliés. Quant à eux… eux, oui. L’âme qui est venue jours après jours effleurer la mienne en espérant toujours que je lui ouvrirai une voie… n’est pas celle qui m’a reçu la première fois.
Il existe plusieurs Arthur. Pas une supposition ; une certitude. Ils ont fini par comprendre mon jeu. Et par attendre ; voir si je dénonçai le pot-au-rose. De nombreuses conversations ont suivi - bien davantage cartes sur tables - autant avec Sana qu’avec moi. Jusqu’à l’accord actuel.
J’accepte d’être marqué comme du bétail ; ils acceptent de me faire confiance. J’enseigne, je ne vais pas sur le terrain. Du reste, je ne me mêle pas de leurs affaires. De leur aveu : Trop instable. Du mien : ‘Pas mes emmerdes. Aucune des deux piques n’a été bien réceptionnée. Un partout, souaffle au centre.

Un instant encore, je reste près de la porte fermée, comme si je pouvais y entendre les propos tenus avec Sanae. Des précautions absurdes… Mais puisqu’il n’y a rien à y faire, je me décide à arpenter les couloirs du navire dont les petits clapotis de la Tamise impriment dans mes pas un faux-air de ressac. Une bonne idée, ce bateau. Les Emrys avaient de bonnes idées…
Un instant, je revois ma première visite ici. Il y a quelque chose d’insultant à avoir besoin d’être amené ici par Sanae comme si elle était un magicobus alors même que j’étais peut être dans les lieux avant l’arrivée de cet Arthur…
Peut être pas. Après tout qu’est-ce que j’en sais ? Le souvenir s’estompe. Les lettres envoyées aux jumeaux, la visite, une fois directeur et plus ou moins libre de mes mouvements. Les échanges avec Kazuo, le vampire. L’air tiré d’Ismaelle quand je suis rentré. L’engueulade avec Aileen qui a suivi. Et la découverte de la salle commune des Serpentards, viciée par la fête organisée par Alec. L’irritation. Ses réponses de petit con imbu de lui-même et trop sûr de ses passes-droits.

- Oh merde..

Mes pas m’ont amené de couloirs en couloirs, preuve que le bateau a été ensorcelé comme je l’avais fait du placard de l’infirmerie à une certaine époque, prémices du lien qui m’a rattaché à Maxence. À droite, le même type d’ouverture qu’il y a partout, arrondie sur le haut, comme n’importe quelle porte du rafiot. L’espace est grand, rempli d’un tatami sur le devant et d’un promontoire de duel en arrière.
Jordane, au centre du tatami vert, me fixe… et se prend en pleine pommette un coup qu’elle n’a pas vu venir, perturbée par l’apparition d’un fantôme du passé. Se doute-t-elle qu’il s’agit en vérité de notre quatrième rencontre en un an ? Bien sûr que non. Dans tous les cas, son corps s’étale de tout son long et à peine a-t-elle comme réflexe de balancer un impact dans le genou de son adversaire pour gagner allonge et secondes précieuse à la future réplique.

- Je doute qu’il t’ait entraînée à être si facilement distraite. C’est à elle que je m’adresse, mais pas elle que ça concerne. Mon regard trouve Dorofei, assis sur une machine de musculation, à gauche du tatami. Le mentor qui surveille sa recrue. L’ami qui observe ses progrès. Mais aussi le colocataire qui n’ose plus l’affronter, de peur de déraper à nouveau ? L’interrogation est légitime. Dans tous les cas, alors que Jordane est arrêtée dans sa tentative de se relever, je fais signe à Dorofei de me suivre. Comme n’importe qui, il a sans doute entendu quelques rumeurs de ma présence ici, mais on ne s’est pas vus et il n’était pas au courant de mon retour officiel aujourd’hui. Jordane frappe son adversaire au plexus, évite son poing qu’elle bloque en basculant de tout son poids sur le coude du type qui choisi de lui tomber dessus plutôt que de risquer la fracture.
Initiant mon départ, je m’arrête pour la regarder se débattre dans une posture similaire à celle dans laquelle je l’ai trouvée avec Dorofei, plusieurs mois auparavant. Un regard vers lui, je me demande quelle est son opinion face à cette scène. Cette fois, Jordane prend le parti de glisser un bras entre son propre cou et celui du type. Elle frappe, tente de se dégager, vise l’oreille, manque sa cible. L’instant suivant, elle se retrouve étalée ventre au sol, le type au dessus d’elle. Foutue.

- ’Toujours pas ça Brooks… La panique en elle, je la sens affleurer. Mais qu’importe le coude planté dans son omoplate, Jordane refuse la défaite. Le type pourrait lui fracasser le crâne sur le bitume pourtant. En combat réel : elle serait morte. Tout comme elle serait morte si je n’étais pas arrivé lors de son affrontement avec Dorofei sur qui je ramène mon regard.

«Oh merde … » Dorofei, installé sur une machine de musculation déporta son attention du combat que menait Jordane et un autre membre de la Garde vers l’endroit où se dirigeait le regard de sa protégée. Il arqua un sourcil étonné lorsqu’il vit Logan. Qu’est-ce qu’il venait faire ici ? Un bref instant, il se demanda s’il n’y avait pas eu un nouveau drame avant de se rassurer tout seul comme un grand, le regard de son ami était plutôt…. Disons sans la norme. Sans aucune alarme quelque soit. Tu es peut-être un peu loin pour en être vraiment Coop’. et l’attitude de Rivers ne laisserait de toute manière aucun indice. Il arrivait parfois à décrypter deux ou trois choses dans son regard, mais ce n’était pas non plus son point fort. L’aura que dégageait l’ex directeur restait néanmoins assez calme, il n’y ressentait pas de tension. Et s’il était là, sans personne à ses trousses, sans personne sur le surveiller ou autres, s’il pouvait se balader dans le QG, c’était certainement qu’il y avait une bonne raison. Ils ne le laisseraient pas se balader ici sans aucune raison valable et, peut-être que les bruits de couloirs qu’il avait entendus étaient vrais. Et cela le réjouissait. Pour lui, c’était une bonne nouvelle, quelque part une sorte de « rêve », de pouvoir se battre aux côtés de son ami… mais avant de mettre la charrue avant les bœufs et de s’enthousiasmer pour rien, il préférait entendre ce que Logan avait à dire. Si ces rumeurs étaient vraies ou pas, s’il y avait des conditions ou non. Il avait arrêté son entrainement et reporté son attention sur son amie qui était à présent au sol. Un instant, il se rappela du moment où il avait surpris Jordane essayait d’échapper à Logan et son corps se tendit un bref instant. Comme s’il craignait qu’il l’attaque la jolie blonde… mais l’homme eut une toute autre réaction qui le détendit autant qu’elle le fit grincer  « Je doute qu’il t’ait entraînée à être si facilement distraite » Effectivement, mais il ne lui donnerait jamais raison sur ce point-là, il ne ferait jamais ce tort à Jordane, par ce qu’il était certain que si ça avait été un réel combat, son attention n’aurait pas été autant détournée. Ici, ce n’était qu’un entrainement, même lui aurait peut-être pu faillir.

De nouveau son regard se porta sur l’homme qui lui fit signe de le suivre. Dorofei acquiesça avant de se lever et d’aller jusqu’à ce dernier, lançant au passage un regard d’encouragement à Jordane ; Pour lui faire comprendre qu’il croyait en elle, et que cette ‘’erreur’’ n’était pas si grave que ça – en entrainement du moins-… et surtout par ce qu’il s’agissait d’une apparition de Logan. Il n’aurait pas forcément compris de la même manière, si elle avait agi de cette manière avec quelqu’un d’autres. Mais, il y avait tout ce passif avec l’homme, il y avait cette aura qu’il dégageait, sans compter certaines rumeurs, et Jordane savait pertinemment de quoi Rivers était capable. Bref, elle avait beaucoup de raison d’être perplexe devant une telle apparition, mais ça, si elle le souhaitait, ils pourraient en toucher quelques mots plus tard. Arrivé au niveau de Logan il observa lui aussi la nouvelle scène que leur offrait Brooks et l’autre membre de la Garde, vu la position qu’elle avait il hésita à s’interposer entre les deux, mais finalement se tut pour ne pas porter du tord à sa petite sœur de cœur. Que Logan se foute de sa gueule, s’il la protégeait trop, il en avait bien rien à faire…. Mais il s’agissait aussi de l’honneur, de la dépendance de Jordane alors il devait laisser couler. Il vérifiait quand même par à-coups de regards qu’elle ne partait pas en crise de panique, mais elle semblait tenir même s’il pouvait sentir presque jusqu’ici qu’elle paniquait quand même – logique, inéluctable et il était le principal coupable-. Elle continuait de se battre malgré tout et rien que pour cela, elle pouvait être fière.
«  ’Toujours pas ça Brooks… » Il lança un regard à son ami, un léger sourire sur les lèvres « Ca, c’est par ce que ton aura et ton charisme fait perdre le contrôle à beaucoup de monde.» Oui, c’était une petite pique gentille. Il savait pertinemment que Logan avait quelque chose d’impressionnant pour beaucoup de monde ; tout comme beaucoup n’osaient pas lui tenir tête. Dorofei savait pertinemment comment était perçu son ami, et il n’était pas d’accord avec tous ces gens. Il n’avait jamais vu les choses de la même manière, même lorsqu’ils étaient à Poudlard. Il l’avait parfois confronté, engueulé, soutenu. Il osait lui dire les choses ou s’interposer. S’il était le monstre cruel ou le psychopathe que beaucoup s’imaginait être, ça ferait longtemps que Coop mangerait les pissenlits par la racine. Il avait confiance en son ami, même s’il savait tout aussi bien qu’il devait se méfier par moment. « Qu’est-ce que tu fous ici ? Tu nous rejoins ?» Silence, nouveau sourire rieur, et il savait qu’il allait se manger un retour de bâton pas possible, depuis plus d’un an maintenant ils s’amusaient avec leurs piques sur leurs handicaps respectifs et il ne put s’empêcher d’ajouter « Une chose est sûre, j’suis persuadé que tu n’as pas perdu la main et que tu vas apporter un doigté exceptionnel aux entrainements et aux missions.» Et, c’était un compliment. Il se racla un peu la gorge, avant de tourner un instant la tête vers Jo, puis de nouveau sur son ami avant de continuer «Tu es dur avec elle, elle fait des progrès chaque jour et elle sait qu’elle a encore beaucoup à apprendre. Elle est face à un très bon combattant à mains nues. Avec baguette, je pense qu’elle aurait le dessus.»

Un éclat de surprise passe dans son regard. Dorofei n’a jamais été homme à écouter les racontars. Il se pose, fait confiance aux faits, n’attend pas qu’on lui conte la réalité. Sinon sans doute ne se serait-il jamais approché de moi. Aurions-nous alors été deux inconnus, croisés de loin quelques fois au cours de notre scolarité, plutôt que deux amis, deux frères d’armes, à voir couler leur sang une nouvelle fois côte à côté ? Je ne me serais pas engagé chez les aurors sans lui, c’est certain. C’était une erreur d’ailleurs. Tout comme je ne serais pas ici aujourd’hui sans la présence de Sanae. Reste à savoir si l’erreur se répétera ou non.
Pour l’heure il se lève et Jordane chute en arrière. Elle se débat, frappe du pied, tente d’enrailler la machine. Mais comme bien des mois plus tôt, elle se retrouve écrasée, incapable de réagir. Pourtant comme alors, elle agit. Le corps qui bascule, les bras qui cherchent prise. Je la connais, elle ne lâche pas. C’est une pimbêche arrogante et impulsive, passablement idiote à ses heures, mais elle a le cuir dur et une véritable tête de bûche. Lorsque Dorofei traverse la salle d’entraînement, elle se retrouve tordue sur le côté, à vouloir cogner gorge et oreilles, visant les tempes pour forcer son adversaire à reculer. Mais chaque fois, il la bloque. Je vois bien pourtant, les muscles saillir de sous son débardeur. Pas de doute, elle a pris davantage qu’à l’époque de Poudlard. Malgré tout, son adversaire est plus puissant et sa posture, trop déséquilibrée. Chaque fois, elle se fait écraser et n’atteint pas sa cible.
Décevant.

« Ca, c’est par ce que ton aura et ton charisme fait perdre le contrôle à beaucoup de monde.»
Un petit rire cynique passe ma gorge sans quitter la jeune femme du regard. S’il avait fallu parier pour la présence de certains ici, ce n’est pas elle que j’aurais choisi. Caitlyn, Enzo sans doute, surtout au vu de ce qu’il se passe actuellement. Zachary peut être. Un nom passe dans ma mémoire. Julian. C’est fugace, repoussé. Je la revois se débattre avec la révélation des secrets qu’elle m’avait demandé. Et Alec, toute fureur adolescence, m’accuser du regard pour un mec qu’elle est seule à devoir gérer. Oui. Je l’aurais bien vue ici elle aussi. Mais nombre de ceux qui me viennent à l’esprit seraient sans doute déjà morts.
Et elle… je l’imaginais partie. Loin. Ou effectivement ici, mais placardée sur le mur de l’éternel.
Je devrais y aller, poser les yeux, lire les noms. Découvrir les morts. Mais les morts ne m’intéressent pas. Ceux qui m’intéressent ont survécu. De peu. Mais ils sont en vie.
« Qu’est-ce que tu fous ici ? Tu nous rejoins ?»
- Va savoir… Mes yeux s’étrécissent à ces mots. Il paraîtrait que j’ai fait ce choix.
Une chose est sûre, j’suis persuadé que tu n’as pas perdu la main et que tu vas apporter un doigté exceptionnel aux entraînements et aux missions.

Ouais. Ceux qui m’intéressent sont en vie ; et m’agacent ! J’accuse l’ironie en pinçant des lèvres avant de relever le regard vers Cooper.
- Subtile… Pas d’agacement véritable. Ils sont deux à pouvoir s’aventurer sur ce terrain et l’ex auror en fait parti. T’as toujours eu l’oeil pour la subtilité. Oeil pour oeil…
- Tu es dur avec elle, elle fait des progrès chaque jour et elle sait qu’elle a encore beaucoup à apprendre. Elle est face à un très bon combattant à mains nues. Avec baguette, je pense qu’elle aurait le dessus.
C’est vrai. Et elle n’appréciera ni la défense, ni le ton employé. Mais il ne peut pas s’en empêcher. Dorofei, le défenseur des causes perdues. Le pourfendeur des braves.
Je hausse des épaules.
- Je sais ce qu’elle vaut et elle peut mieux faire. Assez fort pour qu’elle entende. D’ailleurs elle serait sans doute bien meilleure si elle ne faisait pas l’enfant en refusant de poursuivre ses entraînements avec Sanae… Ou plus exactement le pseudonyme donné à Sanae, depuis la demande d’anonymat au sein de la Garde.
La vérité, c’est que cette dernière refuserait peut être. Sans doute même. Je comprends. Que Jordane ne soit pas capable d’entendre les messages de prévention et se comporte comme une adolescente hystérique agace. Quels seraient tes conseils ? Je la désigne d’un geste du visage, la grande courge qui grogne sous l’impact violent que son adversaire lui assène au menton. Trop tard pour elle. Il plante une paume dans son épaule, achève de la retourner, bloque un coude dans son omoplate. Ainsi, elle est à la merci. Ventre à terre, un homme sur elle, un bras immobilité, la douleur dans la mâchoire et le dos. Foutue.
Je sais comme il devine la peur qu’elle éprouve. Je sais celle que j’ai lu chez elle ce jour-là. Et la brutalité avec laquelle il l’aurait tuée sans intervention extérieure.
Et malgré ça, si ça arrivait de nouveau, elle prouve ne pas avoir progressé. Voilà ce qui se passe à être trop complaisants.

Un sourire très légèrement goguenard lorsqu’il remarqua la présence de Logan et la surprise que cela lui procura. Il savait pertinemment ce qu’il devait se dire son ami, et il avait plutôt raison. Les faits étaient toujours plus intéressants, voir les choses de ses propres yeux. Mais quelque part « cette rumeur » là l’intéressait, par ce qu’il y avait beaucoup à gagner et qu’il avait presque envie de parier intérieurement au retour de son ami – presque étant le mot clef-. En d’autres circonstances, il aurait pu essayer déceler des signes avant-coureurs pour voir si ce n’était que des racontars ou s’il y avait une réelle chance. Il y voyait presque là une enquête, et puis, au final ce n’était pas le genre de bruits qui pouvait courir « par hasard ». Pas avec Logan. Pas avec ce qu’il représentait à son sens. Il aurait bien voulu observer plus longuement son camarade mais son regard ne pouvait s’empêcher de tourner régulièrement vers Brooks, prêt à intervenir si ça allait trop loin. Si elle risquait de craquer. Il ne voulait pas qu’elle risque de montrer ce genre de « faiblesse », plus pour elle, pour l’égo de son amie mais aussi par ce qu’il craignait que cela puisse jouer contre elle dans certaines missions. Il ne voulait pas qu’elle se prenne des réflexions. Elle méritait de brillait, qu’on la voit à sa juste valeur et pas juste comme une gamine. Par ce que des qualités, elle en avait des tas, beaucoup plus que certains membres de la Garde plus âgés qui n’étaient pas capable de combattre au corps à corps comme elle, ni de faire certains sorts. Cette pensée l’irrita mais il essaya de ne pas penser à la faiblesse de certains de ses camarades, cela ne servait à rien et c’était en plus injuste. Tout le monde n’avait pas eu son entrainement, être dédaigneux ne servait rien.

Bientôt, il avait fait une vanne à Logan qui laissa échapper un léger rire. Ouais, il était toujours aussi drôle (non, pas du tout). Difficile de dire à quoi pouvait vraiment penser Logan, alors… avait préféré rentrer dans le vif du sujet sans tourner plus longtemps autour du pot. Va savoir… Mes yeux s’étrécissent à ces mots. Il paraîtrait que j’ai fait ce choix. Un sourire sincèrement heureux à cette nouvelle, mais il ne laissa pas trop réjouir par cette bonne nouvelle et préféra largement envoyer une nouvelle pique à son ami.  Et Rivers ne se laissa pas débiner, et répliqua, comme à son habitude Subtile… T’as toujours eu l’oeil pour la subtilité. … il poussa un bref soupir qui se voulait désespérer, mais Logan entendrait bien qu’il allait sortir une nouvelle « vanne » « J’ai donc perdu encore 50% de ma subtilité, moi qui pensais m’être améliorer depuis Poudlard. Oops.» Déso’ pas déso. Nouveau léger rire cynique. Il n’avait jamais été connu pour sa subtilité, en perdre donc la moitié était assez comique.

Néanmoins, l’ex-auror ne tarda pas à se tendre un peu lorsque Logan lui fit l’outrage de critiquer un peu trop injuste Jordane à ses yeux. Et il ne put s’empêcher de la défendre avec des arguments ‘’véridiques’’, pas juste des ‘’trucs’’ pour la faire plaindre, qu’on ait pitié d’elle. On restait là encore factuel. Comme pour la rumeur, il n’y avait que les faits qui comptaient… et certainement un peu de partialité. Haussement des épaules de l’ancien Directeur. Je sais ce qu’elle vaut et elle peut mieux faire. D’ailleurs elle serait sans doute bien meilleure si elle ne faisait pas l’enfant en refusant de poursuivre ses entraînements avec Sanae… Quels seraient tes conseils ?. Malheureusement Logan avait aussi certainement raison et trouver de nouveaux arguments étaient compliqués. Le but n’était pas non plus de la materner, mais lorsqu’elle se trouva en position de faiblesse de nouveau il se tendit, en oubliant de répondre à Logan tant il appréhendait la réaction de Brooks. Au bout d’une dizaine de secondes, il arriva enfin à reporter un minimum son attention sur Rivers. Jordane ne risquait rien, le combat restait quand même maitrisé. «De se battre pour elle, pour ses progrès en premier et non pas parfois, pour me faire plaisir, ou pour prouver aux autres qu’ils ont tort. » Raclement de gorge. « A ton avis, on se ressemble quel point elle et moi ?» A quel point est-ce qu’il pouvait la pousser loin ? Est-ce qu’il ne devrait simplement lui lâcher la grappe et la laisser faire certaines erreurs ? Il essaya de chasser de son esprit ce qui s’était passé au Balkan et qui avait toujours tendance à le mettre en colère malgré les semaines qui avaient passé. « Il faut qu’elle se passe plus confiance, par ce qu’elle a d’énormes capacités, elle ne doit pas abandonner, mais elle doit aussi ne pas trop foncer la tête baissée et ne pas se laisser distraire par ce qui peut l’entourer lorsqu’elle est en mission.» Comme ce qui venait de se passer ici ; mais ici ce n’était pas une mission. «Et toi, qu’est-ce que tu lui préconiserais ? » Colère brûlante dans ses veines qu’il essayait de faire passer avec un peu de blabla. Incompréhension sur cette décision hiérarchique de ne pas agir toujours présente ; et s’il avait simplement suivi Jo’, ce jour-là, où seraient-ils aujourd’hui ? Question sans réponse, sans importance peut-être dans un certain vu qu’ils avaient fait le « bon » choix. Celui de la raison. Celui de ne pas tout perdre – la vie, leur complicité, leur combat…-.

« J’ai donc perdu encore 50% de ma subtilité, moi qui pensais m’être améliorer depuis Poudlard. Oops.»

Un petit rire passe sur les lèvres de l’ancien directeur de Poudlard, pas tout à fait certain que la subtilité soit la plus grande force de son ami. Dorofei n’a jamais eu aucun filtre. Il parle droit, sans far ni gants et c’est bien plus simple ainsi. En vérité ça n’a rien d’étonnant que lui et Jordane s’entendent. Elle a toujours été de cet acabit. Sans filtre ou du moins aucun qui n’apparaisse à qui ne regarderait pas avec assez d’attention. La brusquerie fait partie de son monde. Sans ça, elle est perdue. Vulnérable. Alors que ce qui agresse tout un chacun lui est rassurant. Ainsi vit-elle avec celui qui l’a tabassée, sans sembler y percevoir le moindre problème.
Tout comme elle a un jour vécu avec Logan, s’est écharpée avec lui, battue… baisé. La colère ne l’a pas quittée, non pas au souvenir de leurs échanges, mais par égo. Juste parce qu’il ne se souvenait pas d’elle. Une fois la majeure partie de la colère passée, elle s’est pourtant entraînée avec lui. A pris sur elle, s’est relevée chaque fois, ne s’est jamais plainte. Contrairement à Alec, étonnamment. Comme si une moldue comme elle avait davantage de self-control qu’un fils de grande famille élevé à coup de précepteur et d’attendus.
Le cuir dur, c’est certain.
La tête, surtout. Aussi solide et hermétique qu’une bûche.

. «De se battre pour elle, pour ses progrès en premier et non pas parfois, pour me faire plaisir, ou pour prouver aux autres qu’ils ont tort. » Est-ce ça ? Pour ça qu’elle se bat, pour ça qu’elle se relève, et qu’elle continue ? Faire plaisir à Dorofei ou aux autres autour d’elle. A Logan, lorsqu’il l’entraînait, dans ce qui semble être une autre vie. Avant Sanae. Avant la détention dans les geôles du château et les tortures constantes. Quand elle était une élève et lui l’enseignant. Le directeur. Et non pas juste le fantôme du passé venu l’observer se débattre avec son adversaire. « A ton avis, on se ressemble quel point elle et moi ?»   Un petit sourire passe sur les lèvres de l’ancien directeur. D’école et de maison.
- A qui veux-tu fais plaisir, Cooper ?

Il ne se retourne pas vers lui et garde le regard fixe sur Jordane. Pourtant c’est bien à Dorofei qu’il songe. Lui dont il écoute les crispations du corps et les changements de posture. Étonnant, non, cette question postée à la suite de ce conseil bien général quant aux actes de Jordane. Bien moins ciblé, du moins, que ce que Logan envisageait. Quoi qu’il évoque, ça ne se passe pas sur ce tatami.

« Il faut qu’elle se passe plus confiance, par ce qu’elle a d’énormes capacités, elle ne doit pas abandonner, mais elle doit aussi ne pas trop foncer la tête baissée et ne pas se laisser distraire par ce qui peut l’entourer lorsqu’elle est en mission.» Donc elle se laisse distraire. Attendu. «Et toi, qu’est-ce que tu lui préconiserais ? »  
- A elle, de ne pas se laisser entraîner dans cette posture.
- Utile merci ! Crache-t-elle, depuis le torse de son adversaire dont elle ne sait se défaire. Mais Logan l’ignore. A toi, d’arrêter de fuir.

Il se retourne un instant pour fixer son ami dans les yeux. Il esquive la question. Jordane se trouvait dans l’exacte position dans laquelle Logan l’a trouvée lorsque Dorofei lui a fracassé le crâne sur les roches d’une falaise irlandaise. Elle panique, à raison, car elle se sait capable de mourir une fois dans cette posture. De plus, la jeune femme a sur le cou différentes marques de fond-de teint. Pas la première fois, donc. Encore moins récemment. Elle se noie, chaque fois, quand cette posture revient. Cette fois, Jordane termine sur le dos, l’adversaire au dessus d’elle. Bloquée. Il lui écrase la cage thoracique et il faut encore de trop longues minutes pour qu’elle ne finisse par s’avouer vaincue. Quelques frappes à plat sur le sol le signale et le soldat la libère en se levant. D’une main levée, il engage la conversation, bienveillant, pour la rassurer. Et Jordane, fidèle à elle-même, l’ignore et se redresse d’elle-même, la respiration sifflante.

Est-ce une bonne idée, ce chemin dans lequel il s’engage ?
Sans rajouter quelconque mot, l’ancien directeur jette un nouveau regard vers Dorofei, l’interrogeant en silence. Finira-t-il par s’engager dans la situation actuelle ? Une jeune femme incapable de se sortir d’une situation récurrente dans laquelle il a lui-même failli l’assassiner ?

A quelques mètres, sur le tatami, le soldat propose de s’arrêter.
Et sans se consulter, Logan et Jordane répondent d’une même voix de reprendre la passe. L’une, le souffle court, la voix rauque et les épaules soulevées à rythme irrégulier. Le second d’un ton aussi posé qu’autoritaire.

Et de nouveau, elle se met en garde.

- Tu ne la protégeras pas en la couvant. Souffle Logan, la voix hors de portée des duelliste.

Dorofei avait qu’il avait un potentiel comique à peu équivalent à … rien du tout. Mais néanmoins, il aimait quand même bien de temps en temps sortir deux ou trois phrases qui prêtaient à sourire, du moins quand on avait un peu le même genre d’humour que lui. Autrement dit, pour les gens qui étaient généralement aussi rustre et brutal, sans gant que lui. La diplomatie n’était pas son fort, même si parfois il s’y essayait avec un succès plus ou moins certain (moins que plus, d’ailleurs). Ce petit rire amusé suffisait donc largement à Dorofei.

Et la suite, la question suivante, il ne la comprit pas, ou du moins pas comme il le fallait. Il l’avait pris de manière générale, son cerveau semblant voulant éviter de trop penser à ce qui se dérouler devant ses yeux, à cette manière dont il luttait pour ne pas aider Jordane. Décrocher son regard de son amie alors que tout en lui hurlait de lui porter secours. Il essayait de ne pas penser à ce jour-là. Il faisait toujours tout pour ne plus y songer, de peur de replonger, de perde de nouveau le contrôle de lui-même. Alors il essayait de trouver une réponse à ce qu’il avait compris, même si ladite réponse ne lui convenait de toute pas vraiment. Un peu perdu, sur ce qu’il pouvait dire ou pas, sur ce qu’il pouvait bien penser. Sourire sur la gueule de Rivers qui lui fit froncer un peu les sourcils. « A qui veux-tu fais plaisir, Cooper ? » Il cligna des yeux pas bien certain de réellement comprendre la question. Ou plutôt pourquoi Logan lui posait cette question. L’ex Auror n’était de tout manière pas bien concentré, luttant toujours pour ne pas bondir sur le mec avec qui s’entrainait Jordane pour libérer sa coloc. « Pourquoi voudrais-je faire plaisir à quelqu’un ?» Une question par une autre, pas de réelle réponse vu qu’il n’avait aucune idée de ce qu’il devait bien dire. Alors il contre-carrait comme il le pouvait avant de reprendre sur… disons quelques vagues défauts qu’il pouvait il y avoir chez Jordane. Rien de nouveau. Rien de méchant. Rien qu’elle ne sache pas. Des choses qu’il n’aurait peut-être pas dites à quelqu’un d’autres que Logan, mais il avait une confiance absolue en son ami. Il ne pourrait que la faire progresser s’ils s’entrainaient ensemble. A cette idée, quelque chose crissa en lui comme une réminiscence. Il l’avait sauvé, certes, mais Logan n’était-il pas capable de la briser aussi ?  Ou plutôt, lorsqu’il avait sauvé la vie de Jordane, l’avait-il fait plus pour Brooks ou pour lui – son ami- ? La loyauté – l’amitié- de Logan se gagnait plus que durement et, il ne lui connaissait que… de rares amis. Comptés sur les doigts d’une main – atrophiée-. Il sentait bien que son camarade essayait de lui dire quelque chose, mais il n’en saisissait pas le sens. Déni pur dont il ne se rendait pas compte ; d’ailleurs bientôt, la réponse à tout cela ne tarda pas à se faire entendre. A elle, de ne pas se laisser entraîner dans cette posture. Non, à vrai dire ces quelques mots résonnaient presque en lui comme une cloche bruyante, distrayante, douloureuse. Il entendit Jordane cracher une quelconque réponse, mais il n’osait à peine la regarder. Le ventre retourné. Ne voulant pas laisser affluer ses souvenirs. Ne voulant pas risquer de la voir mal. Après Adam, v’la ton nouveau point faible Coop’. Jordane. La façon dont il tenait à elle. Il déglutit, essayant d’ordonner un peu ses pensées tandis que Logan avait repris. A toi, d’arrêter de fuir . Simple, efficace, digne d’un uppercut. Un instant il bugga, l’instant d’après il comprit enfin là où il voulait en venir. Il n’y a pas grand-chose qu’il fuyait. Mais ce moment-là oui. Par honte. Par culpabilité. Par ce qu’il ne savait pas comment réagir. Par ce qu’il avait vraiment eu peur de perdre Jordane lorsqu’il s’était rendu compte de la situation. Par ce qu’il craignait de retomber dans ce genre de travers, même s’il allait réellement mieux. Est-ce que tu n’avais pas envie de l’étriper ce type ? De le faire souffrir pour la mettre dans cette position ? La réponse, il la connaissait. Oui. Par ce qu’on ne touchait pas à ses amis – ses vrais amis, ou sa famille. Il eut certainement ce bref moment où il lança un regard un peu hagard à Logan avant de se reprendre « J’avais juste mal compris ta question…» Vrai, mais… mais il ne tarda pas à continuer « Je ne sais pas comment réagir, ou lui dire quoi faire. Je ne veux pas… qu’elle revive ça.» Lui aussi d’ailleurs, il ne voulait pas revivre ça mais c’était forcément pire pour la « victime ».  «Pas pour le moment du moins, c’est encore frais. » pas du tout Doro. Pas du tout. Tout comme il ne dirait pas qu’il valait mieux pas qu’il intervienne – déjà pour l’égo de Jordane- mais surtout  par ce qu’il avait cette peur stupide de faire du mal à l’autre combattant. Stupide, par ce qu’il se contrôlait tout à fait. Mais ses muscules crispés, les tensions que cela créait malgré tout, il ne voulait pas passer à côté, il voulait s’écouter. Ne pas commettre la même erreur… d’autant plus qu’elle ne risquait rien et que tout était sous contrôle. Ce n’était qu’un entrainement et c’est ainsi qu’elle pourrait savoir comment réagir, comment se prémunir de tout cela. Quelque part, c’était presque un mal nécessaire pour Jordane. Ou pas.

Il jeta à nouveau un regard à Jordane, elle semblait aller « bien », dans le contrôle. Il ne laissait pas une peur incommensurable dans ses yeux. Tu vois ce n’est qu’un entrainement. Tu ne la protégeras pas en la couvant. Il grogna un truc, il savait que Logan avait raison. Mais cela l’agaçait quand même. « Ne crois pas que la couve tout le temps. Je fais jute attention à certaines situations, d’autant plus qu’elle a encore à apprendre… Mais je sais que j’ai tort, ce n’est pas l’aider en ne lui apprenant pas à se défendre à… ce genre d’attaque. Je ne suis pas sûr d’être le mieux placé pour lui donner un cours, cependant.» Silence, tandis qu’il faisait tapoter ses doigts contre ses cuisses. Toujours le déni qui parlait peut-être, toujours un peu esquiver. « Elle s’entraine vraiment durement Logan, je suis certainement un moins bon professeur que toi, mais elle fait de nets progrès.» il avait presque l’impression de faire l’anguille de répondre légèrement tout en dérivant vite sur un autre sujet, tout ça pour ne pas trop parler d’un certain moment. Il soupira. « Il faudrait que je fasse quoi, selon toi ?» Pour aider Jordane, bien entendu à progresser. Essayer de ne plus être dans le déni, de ne plus fuir, maintenant qu'il était mis devant le fait accompli. Essayer n'était pas réussir.

« Pourquoi voudrais-je faire plaisir à quelqu’un ?»

C’est toi qui dit ressembler à Jordane, mon ami. Toi qui lui conseille de se battre pour elle et non pour te faire plaisir ou pour prouver quoi que ce soit à qui que ce soit…

L’histoire, c’est surtout qu’il n’est pas concentré, et certainement pas sur ce que je pourrais bien dire. Son esprit part sans cesse vers la jeune femme comme un papillon vers une flamme. Ou plus exactement comme un chiot hyperactif vers sa balle. Incapable de fixer son attention. Bien sûr, je le vois pris par le passé. C’est bien là ce qui m’interroge : sa capacité à tenir. La fragilité de cet esprit qu’il me serait aisé, pourtant, de pénétrer.
A peine lui ais-je dit d’arrêter de fuir - pas tout à fait sa caractéristique principale pourtant - qu’il bloque et se crispe. Je sens son regard chercher le mien, inlassablement planté sur une Jordane qui se débat comme elle peut. Je capte, malgré tout, son trouve qui devient vite hésitation avant d’être chassé par son âme de guerrier. « J’avais juste mal compris ta question…»   Est-ce à ce point éloigné de ton esprit que tu ne peux le voir quand c’est devant toi ? « Je ne sais pas comment réagir, ou lui dire quoi faire. Je ne veux pas… qu’elle revive ça.»  Il parle bas. Évite de la laisser entendre ces mots. Et elle, elle se retrouve de nouveau écrasée, incapable d’agir et contrainte de s’avouer vaincue. Mais elle ne le fait pas.  «Pas pour le moment du moins, c’est encore frais. »   Lui non plus. Un refus de faire face, pour chacun des deux.
De voit-il pas qu’elle a le corps couvert d’enchantements grossiers ? Qu’elle y a étalé du fond de teint ? Qu’elle cache dans le creux de ses prunelles de sauvageonne affirmée une terreur absurde ? Non. Il ne voit pas. Elle a trop l’habitude de cacher ses émotions. Mais je vois son esprit qui pulse chaque fois qu’elle croise mon regard. J’y vois les teintes du trop plein. De la panique, de la rage. Elle se consume de l’intérieur. Mord, gronde. J’ai toujours aimé cette part d’elle. Un instant, je me souviens de sa colère, des corps qui se trouvent. J’avais oublié, encore. Combien de fois, d’ailleurs ? Et combien de fois a-t-elle enragé d’être ainsi oubliée ?

Et lui ignore qui il a accueilli chez lui. Il n’imagine pas ce que j’ai pu croiser dans ses pensées. Le rat qui borde son fils le soir.
Elle a de la ressource. Elle est impulsive, colérique, bornée, irréfléchie et fermée. Mais elle a de la ressource.

- Tu ne la protégeras pas en la couvant. Combien de fois a-t-elle déjà “vécu ça”, depuis qu’il pense ainsi ? Poussé par la question, je cherche son regard mais Jordane me le refuse. Elle se relève et sa posture peine à retrouver son assurance. Ses poings sont trop hauts, sa poitrine aussi. Elle retient tout ce qu’elle peut. Dorofei grogne. Et en face de nous, le combat s’engage. Elle évite, pare - mal - l’autre prend l’avantage.
- « Ne crois pas que la couve tout le temps. Je fais juste attention à certaines situations, d’autant plus qu’elle a encore à apprendre… Mais je sais que j’ai tort, ce n’est pas l’aider en ne lui apprenant pas à se défendre à… ce genre d’attaque. Je ne suis pas sûr d’être le mieux placé pour lui donner un cours, cependant.»  Qui a parlé d’un cours ? Tu te dérobes Cooper. Et jouer du piano sur ta cuisse n’y fera rien. « Elle s’entraîne vraiment durement Logan, je suis certainement un moins bon professeur que toi, mais elle fait de nets progrès.»  Comme si j’étais le meilleur en corps à corps. Loin de là. Chose qui m’a toujours profondément énervé d’ailleurs. Sanae pourrait me briser en dix si elle le souhaitait, qu’on s’accorde là-dessus. Une évidence qui n’a pas à être admise à voix haute d’ailleurs. Pourtant c’est le cas. Et ce n’est pas avec mes pauvres pinces de crabes incapable d’avoir de nouveau l’air de poings que j’y changerai quoi que ce soit. Mais Dorofei ?
- C’est toi l’auror.. glisse-je tandis quand Dorofei soupir. Un rappel mordant, je le sais. Mais une réalité.
- « Il faudrait que je fasse quoi, selon toi ?»
- Je me répète : quels seraient tes conseils ? Eviter la situation est une chose. Réagir avant… j’appuie sur le mot, parle plus fort. …en se servant du poids de l’adversaire. Ta jambe en travers Jordane, sors de son axe…yeux plissés, je la vois tenter. Trop tard. Ils finissent au sol de nouveau. Hm.. Un raclement de gorge mécontent qui semble lui arracher un grondement sourd, à la fausse brune qui se démène. Réagir avant est un point, donc. Mais une fois bloquée dans cette situation, quelles sont ses options ? Elle frappe la gorge du type, manque de distance dans son geste qui perd en puissance. Dans l’espace de surprise qu’il lui laisse, Jordane tente de frapper les oreilles mais il la bloque de ses avants-bras et la contraint à étaler ses bras au sol, de chaque côté de son visage. Ainsi, il est proche, comme deux amants prêts à faire l’amour. Et de nouveau, de la gorge de Jordane s’échappe un grondement rageur. A sa merci, de nouveau. Et si l’homme s’écarte un peu, je devine que c’est parce qu’il lit la peur sur le visage de la jeune femme qui se reprend pourtant très vite. Malgré tout, j’ai dans l’idée que ça doit taper fort sous sa poitrine. Les gestes. Les parades, Dorofei. Ressaisis-toi.

Se concentrer sur ce que disait Logan aurait pu être fort intéressant, mais, il fallait croire qu’il n’y arrivait pas. Il essayait, mais il avait du mal à tout suivre, à faire le point, la synchronisation entre ses propres paroles et les questions de son ami qui en découlait. Vérifier que Jordane allait bien. Qu’elle ne pétait pas un boulon. Est-ce que ça ne serait pas la goutte d’eau qui ferait déborder le vase après tout ce qui s’était passé – dernière mission aux Balkans comprise-. Il n’avait pas envie de parler de ça, et encore moins d’y penser. Honte, culpabilité, peur de recommencer qui se trimballaient toujours au final en lui. S’il était beaucoup plus stable qu’avant, il fallait croire que lorsqu’on pointait certains détails précis, certains traumatisent étaient là, avec le déni qui allait avec pour continuer à avancer. Etrangement, il vivait presque mieux la perte de son œil et tout ce qui s’était passé avant, tout ce que ça avait pu changer dans sa vie que ce court épisode de perte de contrôle. Un naufragé. Voilà ce que tu es. Il avait trouvé un refuge, mais parfois les vagues semblaient plus fortes risquant de l’emporter. Comme ici, où il savait pertinemment que Jordane ne risquait rien. Peut-être pour cela qu’il réagissait ainsi. En combat réel, les choses se seraient passées sûrement différemment En es-tu sûr ? ici, il ne se voyait pas intervenir, aucun n’utilisait non plus leur baguette, le terrain restait des tatamis sans forcément toutes les « choses » que l’on pouvait trouver au sol. Choses qui pouvaient être en faveur de Jordane, ou alors synonyme de sa perte.

Il s’était finalement repris comme il le pouvait. C’était Logan, il y a certaines choses qu’il voulait lui dire et mots qui n’auraient même pas franchi la barrière de ses lèvres face à un autre membre de la garde.  Alors oui, il n’avait pas compris la question, avant d’avouer – maintenant qu’il avait tout saisi- son problème. Luttant toujours contre son envie de projeter l’autre Gardien bien loin. Alors oui, il voulait la protéger un peu, ou du moins dans cette situation précise même si c’était con. Et en même temps… il ne pouvait pas lui faire de réelle démonstration, pas après ce qui s’était passé. Encore une fois  il avait vanté les mérites de sa protégée. C’était plus fort que lui, mais il voulait que Logan voit que Jordane avait progressé et qu’il l’avoue à la jeune femme. Pas besoin de mille compliments un mots ou deux suffiraient certainement ; de toute manière il était assez avare de ce genre de procédé tandis qu’il savait si bien pointer les défauts et toucher là où ça faisait mal. Même sans utiliser son Don. Et lorsqu’il l’utilisait, c’était certainement plus « tous aux abris » qu’autre chose. Qui sait ce qu’il pourrait ressortir de son adversaire pour faire mal ?

C’est toi l’auror…
”Mais pas le prof.”

Il n’était pas le plus doué en explications surtout pour les choses techniques. Il voyait, il savait comment réagir. Il saurait certainement s’en défaire. Mais l’expliquer. Donner une sorte de procédure à suivre, c’était quelque chose qui lui semblait bien souvent plus compliqué. Même s’il le faisait parfois, et il se débrouillait mieux pour ça avec les sorts qu’avec le corps à corps. Pas le même vocabulaire peut-être. Ou sinon, par ce qu’il était plus à l’aise avec la magie qu’avec les combats en corps à corps. Il avait bien entendu le rappel de son ancien métier, mais il avait préféré ne pas le relever. Saveur amère et lasse dans la bouche, par ce que le terrain lui manquait ; mais jamais il ne regrettait les choix faits. Il se doutait que Rivers voulait l’agacer, le piquer et qu’il se concentre un peu plus que ce qu’ils disaient. A moins que ce soit un test pour voir s’il ne pétait pas un nouveau câble. Comment en être certain avec la froideur impassible qu’était Logan ? ici, en tout cas les deux solutions lui semblaient plausibles.

Et d’ailleurs son ami avait bientôt repris la parole, comme s’il voulait l’aiguiller sur la réponse à fournir qu’ils connaissaient au final tous les deux. Parler, mec. Aider ton amie tu sais le faire. Il voyait ce qu’elle pouvait faire Réagir avant est un point, donc. Mais une fois bloquée dans cette situation, quelles sont ses options ? d’autant plus que Jordane essayait plein de choses, comme frapper la gorge de l’homme ou ses oreilles, il bloque ses avant-bras. L’instant d’après le Gardien  lui avait laissé un peu de mou et il ne fallait pas être devin pour comprendre pourquoi. Les gestes. Les parades, Dorofei. il inspira avant de glisser à la jeune femme. « Quand tu as tes bras de libres utilise tes mains pour chopper tout ce qui peut dépasser. N’hésite pas à aller vers les points sensibles des hommes lorsqu’ils sont tes ennemis…  ou sinon, un autre exemple au niveau la peau au niveau des hanches. Ca peut te donner du lest et t’aider à t’extirper de la situation.  inspiration « Ancre plus tes pieds au sol, frappe le au visage si tu peux, juste pour le repousser le déstabiliser, tu peux tenter de toucher les yeux au moins pour qu’il ait un mouvement de recul. Choppe ses habits ou juste son bras Et avec tes pieds ancrés au sol, soulève tes hanches et essaye de le faire basculer. Le mieux c’est de tu arrives à le faire basculer d’un côté donc que tu te soulèves plus d’un côté ou de l’autre. Après tu sauras quoi faire.» Une fois qu’elle sera débarrassé de lui dessus, elle pourrait gérer. Silence, à elle de jouer, en espérant que les termes utilisés étaient clairs. Sinon, il prendrait sa place pour lui montrer. Et il jeta un regard avec Logan pour voir si son ami avait autre chose à rajouter.  « Tu reviens à quel poste exactement ? » de la fuite ? Non, juste marre de ce sujet, et il trouvait le cas de Logan beaucoup plus intéressant.

- C’est toi l’auror…
”Mais pas le prof.”

Deux gosses. Deux putains de gosses qui se chamaillent sur des tons condescendants et geignards d’adultes à l’égo débordant. Deux putains de gosses pendant qu’une fois de plus, un corps se referme sur moi. J’y arrive pas. J’y arrive pas, je manque de souffle, j’ai la tête qui tourne et des douleurs qui se réveillent sans que j’arrive à me dégager. J’évite leurs regards, me contente de toute la rage du monde envers mon adversaire. Todd. Pas que ce soit son nom, mais ses faux airs de Johnny Depp en barbier meurtrier m’ont fait l’appeler ainsi. Et puisqu’on n’est plus censés utiliser de véritables prénoms ou de pseudos constants, lui et ses cheveux bouclés, sa mèche blanche et son air buté resteront simplement “Todd”. C’est un nom à la con ça, Todd. Pas de ceux qui vous butent. Réflexion cynique, vu l’origine de l’inspiration. Mais réel et fiction n’ont rien de commun. Ainsi je préfère me convaincre que Todd pâlirait devant une lame et que Léon n’a jamais porté de sniper à son épaule. Ni soigné de plante verte.
Marckles, ça c’est un nom qui sonne différemment. Ça pourrait être le cri balancé en manquant une marche. Ou un juron ravalé en ouvrant grand la bouche avec une patate trop chaude sur la langue au cours d’une soirée raclette. Un nom crétin. Qui boucle pourtant quand mes gestes se font imprécis. La gorge, les tympans. Mais j’y crois pas. Je sais déjà comment ça va se terminer.
J’oublie Logan, j’oublie Dorofei, j’oublie même Todd quand il attrape mes avant bras et les plaque au sol de chaque côté de mon visage. J’vois flou, blanc, je sens déjà des mains sur ma gorge quand il se rapproche. J’imagine des tas de traits au dessus de moi. Ils se mêlent pour rendre à sa gueule quelque chose qui n’a plus rien de véritablement humain. Alors je sens ses doigts se desserrer.
Todd redevient Todd. Il se redresse et ses yeux bruns me heurtent par leur présence. Les traits pincés, des excuses que je devine non loin sur ses lèvres. Et la voix de Dorofei qui me parvient avec un temps de retard.

- . « Quand tu as tes bras de libres utilise tes mains pour chopper tout ce qui peut dépasser. N’hésite pas à aller vers les points sensibles des hommes lorsqu’ils sont tes ennemis… J’aurais pas deviné, merci Cooper, vraiment, un truc pareil, heureusement que t’es là pour m’en infirmer… .. ou sinon, un autre exemple au niveau la peau au niveau des hanches. Ca peut te donner du lest et t’aider à t’extirper de la situation…. Les mots se superposent aux situations. Déjà tenté. Déjà tenté. Déjà tenté. « Ancre plus tes pieds au sol, frappe le au visage si tu peux, juste pour le repousser le déstabiliser, tu peux tenter de toucher les yeux au moins pour qu’il ait un mouvement de recul. Soit, exactement ce que j’ai tenté sur toi. Choppe ses habits ou juste son bras Et avec tes pieds ancrés au sol, soulève tes hanches et essaye de le faire basculer. Le mieux c’est de tu arrives à le faire basculer d’un côté donc que tu te soulèves plus d’un côté ou de l’autre. Après tu sauras quoi faire.»  Et c’est comme ça que j’ai fini la gueule dans le sable… dans le tatami. La gueule dans le tatami il y a quelques foutues minutes. J’crois d’ailleurs que c’est pire. Sentir l’autre se servir de son poids pour faire pivoter mon bassin, me retrouver sur le ventre. Aucun moyen de levier, aucune puissance. Et la conscience tranchante de ce qui vient après.

Profitant de l’impression de relâche sur ma peau, je décale mes bras à l’opposé, les arrache à sa poigne en le faisant basculer vers l’avant où il rencontre mon front. L’instant suivant, mon poing a rencontré sa gorge, puis son entre jambe et mon bassin tente de le soulever.
Incapable. La douleur foudroie mes côtes et me coupe le souffle. Pourtant le type se recule en hoquetant jusqu’à tomber sur le cul. Une main en l’air.
Todd. Pas “le type”. Juste Todd.

- Tu me donnes des techniques qui ont foiré sur toi trouduc’ … Ma voix siffle quand je me redresse, bouffée par la nausée et la douleur. J’oscille. Vacille. Mes jambes tremblent.
Trop tôt.
Évidemment que c’est trop tôt. Je fais bonne mesure et planque les évènements de la semaine passée. Je suis couverte de sorts, de maquillage, et blindée de potions. Dorofei m’a pas vue depuis une semaine, mais la Garde et son manque de communication fait écran de fumée.
Qui me penserait retranchée dans une des planques d’Aldric plutôt comme un putain d’animal blessé ?
L’acier Rivers chope mon regard fuyant. Une demi-seconde pour sentir le frisson de l’évidence. S’en échapper ne suffit pas et j’ai beau me retrancher vers Dorofei, je sens la pesanteur de ses yeux accompagner mes mouvements.
Puis là, à percuter les prunelles azuréennes de l’ex auror, je capte brutalement qu’on n’y a jamais véritablement fait face. Ni lui ni moi. Ça a été enterré loin de notre relation. Loin de l’insulte qui a claqué sans autre animosité qu’une colère généralisée. Loin, tout court.
Et je lève les yeux au ciel avant de balancer un doigt à l’attention de Logan que je refuse de regarder.

- On se la refait dans deux semaines Todd. Un jour c’est toi que j’entendrais supplier. J’vous laisse, les Inglorious Bastards, on m’attends ailleurs. Et sans chercher ni à m’excuser auprès de l’un, ni à admettre un regard à l’autre, je m’extirpe de la pièce en ignorant Todd dans l’équation.
Besoin d’une pause, surtout. Besoin de pouvoir lâcher ma fierté à la con et de m’écrouler dans un coin en chougnant sur la certitude d’avoir rouvert les fissures des côtes stabilisées par Maxence et en cours de guérison.

Et comme s’il pouvait lire mes pensées d’ici, j’entends la voix de rocaille de Logan reprendre envers Dorofei.

- Formateur. Tu seras attendue en forme à mes cours ; Siem..

Le type a pas foutu un pied ici depuis la convalescence de Sanae et les merdes balancées à Kezabel mais revient se pavaner comme s’il savait déjà tout sur tout et tout le monde.
Et bien sûr c’est le cas.
Pire encore, j’acquiesce en grommelant sans me retourner.

Peut-être pour ça qu’il s’entendait bien avec Logan, ils se cherchaient quand même souvent mais au final il se comprenaient – la plupart du temps-. Ils étaient à la fois différents sur plein de points, mais similaires sur d’autres même s’ils étaient beaucoup moins nombreux. Si Logan avait fini sa formation d’Auror, probablement qu’ils auraient pu former un duo plus que performant et surtout très complet. Il le savait, il en avait conscience que Logan dans tous les cas le battait à plate couture sur beaucoup de points. Voilà. C’était aussi simple que cela, comme des amis, presque comme des frères, Rivers faisait partie de rares personnes à qui il faisait réellement confiance. Mais là n’était pas la question, il devait aider Jordane – et pas comme il en avait envie : en expulsant l’autre membre de la Garde à l’autre bout de la pièce -, mais plus en l’aidant grâce à des paroles. Alors il essayait d’expliquer ce qu’il aurait fallu faire tout en sachant pertinemment qu’elle le savait même si parfois elle agissait plus à l’instinct qu’autre chose son instinct était généralement bon. Il n’y avait pas toujours de solutions miracles. La théorie et la pratique étaient au final des choses bien différentes, ne serait-ce que si le type « au-dessus », connaissait aussi ses techniques et savaient que la personne sous lui les connaissaient aussi. Il ferait plus attention, agirait en prévention avec plus ou moins de réussite. Il y avait certainement aussi la question de masse, la position exacte de l’un ou de l’autre qui pouvaient rendre plus difficiles certains gestes. La psychologie aussi, ou du moins dans quel état était les deux ; Ici, Jordane malgré tout était certainement paniquée et encore traumatisée de ce qui s’était passé avant. A cause de toi mon loulou Et il continuait de lutter contre l’envie de l’aider, essayant de ne pas trop regarder la raclée qu’elle se prenait.- Tu me donnes des techniques qui ont foiré sur toi trouduc’ …  Oui. Il le savait, enfin plus ou moins. Disons que ce moment-là n’était pas le plus clair dans sa tête. Il se rappelait plus de la rage ressentie, incontrôlable qu’autre chose, même s’il se voyait très bien la frapper. Grimace de sa part. Par ce qu’il s’en voulait toujours. Par ce qu’en plus ça avait créer des stigmates qui pourraient partir avec difficulté. Un désolé, ne suffisait pas. « Par ce que tu as sûrement fais les bons gestes cette fois-là.» dit-il doucement comme si cela pouvait l’apaiser, regard de nouveau tourner vers elle. « Mais dans certaines situations cela ne suffit pas.» Pas quand tu as un type entrainé sur toi qui ne se contrôle plus. Et aujourd’hui… aujourd’hui, elle aurait certainement pu y arriver. Elle avait essayé, mais y avait-elle vraiment cru en sachant sa défaite de la « dernière fois », en revoyant certainement la scène vécue. Le désolé restait coincé dans sa gorge et s’il serait sorti s’il n’y avait pas eu « Todd ». Il n’avait pas envie de rentrer dans cette discussion avec lui dans le tas. Logan était au courant. Logan était quelqu’un de confiance. Beaucoup plus de mots auraient pu franchir la barrière de ses lèvres dans ce cas-là. Inquiétude pour Jordane pour qu’il faisait taire. Il lui fit signe qu'ils pourraient en parler plus tard si elle le souhaitait.

Logan ne la lâchait pas du regard et pour connaître le poids de ce dernier – et de son jugement-, il n’aurait pas aimé être à sa place. Un instant, elle le regarda à lui dans les yeux avant de faire un doigt d’honneur à  Rivers toujours sans le regarder. Il étouffa un léger rire amusé. Elle le cherchait clairement mais quelque part n’osait pas réellement l’affronter comme s’il était un grand méchant Loup. Il ne pouvait pas l’en blâmer. Logan avait une aura flippante.   On se la refait dans deux semaines Todd. J’vous laisse, les Inglorious Bastards, on m’attends ailleurs. Ah ouais. Nouveau surnom déclenché et il en était plus amusé que choqué, tout comme lorsqu’elle avait appelé « ducon » tout à l’heure c’était quelque chose d’amplement mérité.

- Formateur. Tu seras attendue en forme à mes cours ; Siem.. Ah ouais Formateur. Pas besoin de demander à quel poste il allait former les gens, même au final, il y avait plusieurs possibilités. Aider les « plus faibles » à s’améliorer en sortilèges divers et variés pourraient être aussi quelque chose de bien en plus des combats et il ne connaissait pas vraiment la méthode qu’appliquerait Logan. « Suis-je convié à ces formations ?» Simple question, aucune ironie là-dedans au contraire il y avait surtout de la curiosité. Si beaucoup iraient à reculons, lui irait avec plaisir même s’il risquait de morfler. Mais on pouvait toujours s’améliorer. « Tu vas diriger cela comment ? Par groupe de niveaux ? » Pour donner les meilleurs conseils adaptés à tous. « Tu as été un excellent professeur, tu feras certainement un formateur tout aussi bon, sauf qu’ici il n’y a plus d’élèves.» Et ils étaient surtout plus âgés. Toutes ces méthodes ne pourraient pas forcément passer.  Petite moue un peu déçue quand même « Tu ne viendras pas  du tout sur le terrain ? »

Elle se relève, s’en va, se cache derrière son insolence bravache. Elle dissimule les tremblements de son être et les fêlures que son corps porte sans qu’elle ne laisse l’évidence passer les barrières de l’esprit. Jordane se tient droite. Pourtant je note la courbure de ses épaules, la légère claudication, la pliure sur le côté gauche. Sans la légilimencie, elle aurait pu m’avoir. Mais j’ai sur elle des informations que Dorofei n’a pas. Des données que je n’imaginai pas avant la première intrusion, des années auparavant.
Elle incarne parfaitement l’impulsivité irréfléchie de ces gosses. Elle fonce sans réfléchir. Cherche et trouve pour ensuite faire son air de chien battu comme si elle n’attirait pas elle-même les ennuis. Je doute que Dorofei se rende compte de son aptitude à allumer les mèches des battons de dynamites qu’elle sème. Mais à force, c’est lui qui sautera. Avec Adam.
En a-t-il seulement conscience ? Ou Fuit-il comme il fuit le reste de cette conversation qu’ils n’auront jamais ? Elle l’insulte, il sourit. Elle refuse de rebondir sur le moindre de ses conseils. Pas l’un pour rattraper l’autre.

Et puisqu’il ne cherche pas à la retenir, je laisse disparaître la jeune femme et son pseudo ridicule, ses airs de Morgane qui ne trompent personne, et me retourne vers lui.

« Suis-je convié à ces formations ?» La fuite, affirmée, revendiquée, consommée. « Tu vas diriger cela comment ? Par groupe de niveaux ? » Certainement pas ici, ça, c’est certain. « Tu as été un excellent professeur, tu feras certainement un formateur tout aussi bon, sauf qu’ici il n’y a plus d’élèves.» Excellent professeur, c’est incertain. Tout autant que mon rôle de directeur. « Tu ne viendras pas  du tout sur le terrain ? » Je l’observe un moment, lui et son œil de verre, si semblable au vrai qu’il en deviendrait presque aisé d’oublier la blessure derrière ses prunelles de glace. Comment oublier, pourtant ? La scène, la douleur intenable, les regards et les palabres de Walters.

- Non, je n’irai pas sur le terrain. La glace a changé de tanière. Elle passe de ses yeux à ma voix. Factuelle. Tranchante. Je n’irai pas. Car sans Johan Walters dans l’équation, rien de tout ça ne me regarde véritablement. Et que si j’avais la bêtise de m’engager sur le terrain, je glisserais petit à petit vers un massacre caractérisé. Je le sais. Le carnage gronde dans mes veines. Il appelle au meurtre.

- Suis-moi, j’ai quelque chose à te montrer. Et sans attendre son approbation, je me détourne de la zone d’entraînement dans laquelle il n’y a plus grand chose pour éveiller mon intérêt et me dirige de couloirs en couloirs, vers l’avant du bateau et une zone permettant le transplannage.

Une fois sur place, je pose ma paume sur son bras et transplane sans sortir ma baguette.

Les corps projetés à des centaines de miles de là, nous réapparaissons auprès d’une falaise, quelque part en Irlande. Là où l’iode se dispute avec le brouhaha des bourrasques. Que les vagues lèchent les rochers et creusent dans la roche des crevasses.

Sous nos pieds, les pentes abruptes de la falaise. Devant, des landes. Et un peu plus loin, une dépression dans les terres. Un grand cratère industrialisé recouvert depuis longtemps par la végétation. Les quelques structures de béton sont tombées en désuétude, et ce que je sais être des mines n’a d’ici plus grand chose de reconnaissable. Aucune ressemblances avec celles de nos gobelins. Pas de portes aux structures ouvragées ou de rails permettant la navigation rapide. Juste des structures de béton hostiles, envahies par la végétation sèche et penchées de la côte.
Au loin, des barrières bloquent l’accès à la côte. Risque d’éboulement. Creuser les mines a déséquilibré la structure du sol. Depuis, rien n’est fait, leurs administrations moldues ont simplement laissé le terrain aux bons soins des éléments.

- On est perchés sur des miles de galeries. C’est ici que j’envisage les cours.

‘J’envisage’, une manière de dire les choses plus que tronquée mais Dorofei n’a rien à savoir sur Sanae et notre quotidien donc j’ampute cette donnée de l’annonce.

Intéressant d’apprendre ces histoires de formation, et maintenant que Jordane était partie, il pouvait tout à fait se concentrer sur Logan. Mais non, il continuerait de fuir certaines conversations, ça serait certainement mieux comme ça de toute manière. Coop’ voulait donc en soit un peu plus sur ces formations, ce qu’allait en réalité son ami dans le groupe – et surtout qu’il reviendrait ou pas- sur le terrain. Logan l’observait et il ne moufta pas, habitué à ce genre d’attitude, il attendait sagement que son camarade reprenne la parole.

- Non, je n’irai pas sur le terrain.   Dommage, il arriva quand même à avoir un visage assez impassible, même si a déception restait bien présente. Il s’en doutait quelque part, c’était certainement un mal pour un bien. Et il savait qu’il ne pouvait pas répliquer ou essayer de le convaincre. Rivers avait pris sa décision et il devait simplement la respecter. Peut-être que si le ton u le regard avait moins été de glace, il se serait dit que ça valait le coup d’essayer quelque chose. Peut-être. Il n’en était même pas certain. L’ex-Auror se contenta donc d’acquiescer doucement comme seule réponse montrant ainsi qu’il avait bien noté l‘information.

- Suis-moi, j’ai quelque chose à te montrer. Celle-là par contre il ne s’y était pas attendu, il fronça les sourcils l’espace d’un instant. Curiosité éveillée, même s’il se doutait que cette réaction était dû à ses questions.  Où est-ce que Logan l’emmenait ? … déjà pas à l’intérieur du QG vu qu’ils allaient vers une zone où transplaner. Une fois dans la dite zone, il sentit la paume de sa main sur son bras avant de transplaner…. Pour se retrouver auprès d’une falaise. Dorofei prit le temps de regarder autour d’eux le paysage – la tranquillité-, ainsi que le terrain et sa structure. Intéressant. Très intéressant même.  Il eut un petit sifflement   Whoaw. Joli. » So regard s’attarda sur certains détails, notamment les structures en bétons.  Pas le temps de se poser beaucoup plus de questions que déjà, comme s’il avait lu dans son esprit, Logan avait ajouté On est perchés sur des miles de galeries. C’est ici que j’envisage les cours. De nouveau il observa les lieux. « Intéressant, au moins ici vous serez tranquille et vous avez de la place. Utiliser le terrain pourra aussi être sympathique suivant ce que tu comptes faire.» Par ce que la salle d’entrainement sur tatamis c’est bien, mais le terrain avec les dénivelés, les choses/personnes qui pouvaient être cacher, savoir utiliser tout ça à son avantage c’était toujours intéressant de l’aborder, mais il n’était pas bien sûr que ce soit l’axe d’apprentissage de son camarade. Il hésita quelques instants avant de reprendre « Si tu as besoin de moi pour des démos, tu me diras.» Pour ne pas risquer de blesser les « élèves » avant qu’ils reproduisent les gestes à faire. Par ce que Logan et la modération lorsqu’il s’agissait de montrer, de dépasser ses limites…. C’était quelque chose. Si Jordane tiendrait le choc, quoiqu’il fasse, il n’était pas franchement certain que ce soit le cas de tout le monde. Ils n’avaient pas l’habitude d’avoir ce genre de profil et connaissant Logan, il ne serait pas doux. « Comment est-ce que tu as trouvé cet endroit ?» Par ce que c’était vraiment paumé et loin de tout, il doutait que même les Supérieurs viennent voir par ici… il lui jeta un regard avant d'observer de nouveau les lieux. Pour la protection, il ne poserait certainement pas la question, on parlait de Logan - en plus de la Garde- bien sûr qu'il avait dû tout faire.

Whoaw. Joli. »  

Semblable, surtout, aux paysages dans lesquels Jordane a trouvé bon de se faire éclater la gueule par un auror surentraîné face auquel elle ne peut évidemment pas luter. Isolé, calme, les lieux n’ont pas été choisis au hasard, ni pour elle ni pour moi. Je lui reconnais ça.
Mes mains passent dans mes poches et je contemple un instant la brise du large aplatir les herbes sèches et courtes dans une vague végétale. Avec le vent, les paroles de Dorofei sont emportées droit vers les structures vétustes et condamnées.
« Intéressant, au moins ici vous serez tranquille et vous avez de la place. Utiliser le terrain pourra aussi être sympathique suivant ce que tu comptes faire.»  
En silence, je hoche du chef face à ces plaines arides où personne ne met jamais les pieds. Un peu plus loin, une tentative de raccorder les mines à un réseau de rails a été avorté. Là encore, une possibilité de terrain utile à exploiter.

- Les galeries offrent de nombreuses possibilités… Arthur valide. L’endroit me semble intéressant oui.

A Poudlard en devenant directeur, j’ai découvert un mode de métamorphose qui m’était étranger. L’école est remplie de secrets que j’ai passé mon enfance à découvrir mais il existait dans l’ancien bureau de Woods puis d’Anthony un nombre d’ouvrages édifiants. De quoi apprendre comment certaines pièces les plus récentes ont été remaniées. Quant aux travaux des fondateurs… Malheureusement ils me restent bien obscures. Si j’avais eu plus de temps peut être. Encore faudrait-ils qu’ils aient laissé en accès libre leurs talents. Cela dit, converser avec la mémoire passée des anciens directeurs me sera utile à présent, c’est certain.
Logan, chef de chantier. On ne l’avait pas vu venir celle-là.

« Si tu as besoin de moi pour des démos, tu me diras.»
- C’est évidemment prévu. D’un regard en coin, je chope celui de son œil valide. Lui même a besoin d’entraînements, de challenges. Je ne remets pas en question certains de ceux qui formaient les recrues de la Garde. J’ai moi-même engagé Margo, ce n’est pas pour renier à présent ses aptitudes. A vrai dire je regrette même son départ pour la France. Nous avons besoin de femmes comme elle. Et qu’importe les difficultés associées à sa relation avec Sanae… ou Dorofei, elle est bonne dans son domaine. Et l’est étonnement pour enseigner.
Pour autant, varier les terrains, éloigner les élèves des lieux qu’ils connaissent, jouer avec la topographie des lieux et la possibilité de les changer à ma guise… Oui, j’y vois nombre de possibilités.

« Comment est-ce que tu as trouvé cet endroit ?»
Un simple haussement d’épaules.
- Je prospecte depuis un moment.

A quelques mètres, les joncs sifflent dans l’air iodé.

- Il y a d’autres endroits plus adaptés, plus proches de portoloins et de Londres. C’est la raison pour laquelle je les écarte. Se défaire un peu du Siège sera un atout je pense. Et vu la mise à prix de ma tête, je vais éviter de traîner plus que nécessaire dans vos murs. Ici les risques seront moindres… je voulais ton avis sur les lieux. Arthur l’a donné. Malgré tout, je me fie en l’opinion de l’ancien auror davantage qu’à des inconnus.
- Un peu de… comment ils appellent ça ? De Spai-léo ?

La surface n’est pas ici ce qui m’intéresse.

- Les galeries offrent de nombreuses possibilités… Arthur valide. L’endroit me semble intéressant oui.

Ils l’étaient de son point de vue aussi. Rien qu’avec les structures, les « cachettes », les dénivelés il  y avait beaucoup à travailler… en plus  de ce que l’on pouvait travailler sur un terrain « plus à découvert » Avec la magie, certainement que Logan pourrait encore faire plus. Mais qui dit entrainement dit aussi possible démonstrations à faire, et certains avaient besoin que pouvoir voir les techniques pour les reproduire aux mieux…  au moins même s’il ne se contenait pas, Rivers ne risquait pas de blesser une jeune recrue qui pourrait mal le prendre, ou se faire faire très mal. Ceci dit, aussi bien pour son ami que pour lui, une mauvaise chute, une mauvaise réception étaient tout aussi possible mais… ils étaient moins fragiles que certains. Jordane et Sanae dans les personnes restantes, faisaient certainement parties des plus dures. Celles qui avait le plus côtoyé Logan en quelque sorte.

- C’est évidemment prévu. il avait bien capté le regard de son ami et le soutint quelques instants, comprenant le sous-entendu sous-jacent qu’il y avait derrière. Il savait qu’il avait besoin d’entrainements un peu plus corsés que ceux que l’on pouvait faire à la Garde.  La plupart n’avaient pas eu l’entrainement qu’il avait eu lors de sa formation d’Auror, alors il y avait parfois un décalage et il avait certainement également perdu un peu pendant ses « temps d’arrêt », la perte de son œil n’avait pas non plus aidé même si aujourd’hui il s’y était habitué. Mais ce n’était plus les mêmes challenges d’avant, pour ça aussi qu’il était ravi de le voir dans un tel poste. Sans dénigrer personne, par ce que ces jeunes – et moins jeunes- étaient plus doués que la plupart des gens de leur âge, mais avec Logan, il y avait un certain feeling, un lâcher prise qu’il ne pouvait pas avoir avec tout le monde. Ne voyant pas quoi répondre et plutôt que de sortir une autre banalité il avait préféré « clore » ce sujet et se contenter d’acquiescer, le léger sourire qu’il avait sur la face répondrait de toute manière pour lui – son fort contentement-.

- Je prospecte depuis un moment. Il acquiesça, il s’en doutait, pour trouver une telle perle il avait dû chercher une bon moment. Dorofei se dirigea vers la roche, qu’il toucha du doigt comme pour juger de la texture de s’ils pouvaient en tirer quelque chose ou pas. Il y a d’autres endroits plus adaptés, plus proches de portoloins et de Londres. C’est la raison pour laquelle je les écarte. Se défaire un peu du Siège sera un atout je pense. Et vu la mise à prix de ma tête, je vais éviter de traîner plus que nécessaire dans vos murs. Ici les risques seront moindres… je voulais ton avis sur les lieux. Il acquiesça de nouveau, c’était effectivement une excellente idée. Un peu de… comment ils appellent ça ? De Spai-léo ?
« Ouais un truc du genre. Faudra que je retrouve le bon nom, j’avoue que ce n’est pas un de mon vocabulaire du quotidien.» Il désigna le fond de la grotte. « Tu as tout visité dans les alentours ?» Réelle question aucun piège. « Je pense que ça me plait beaucoup. La structure semblait solide, même sans sort… Même si je pense qu’il faudra quand même la renforcer un peu sait-on jamais : entre les sorts et… ce qui peut valdinguer. Le relief différent est intéressant, ils pourront apprendre à utiliser les failles du terrain contre un éventuel ennemi et le sol n’étant pas plat, à faire aussi attention où ils mettent les pieds pour ne pas risquer de chuter ou de s’entraver. Et avec les... heu caves ?  enfin les différents trous, sorties et entrées, tu vas avoir de quoi faire» Il laissa quelques instants de silence « C’est original, loin de tout, tu as fais vraiment un super choix. Plus compliqué pour y accéder même pour nous, mais d'une certaine c'est pas plus mal  de les dépayser, d'être loin du siège. Peut-être faire quand même attention lors des entrainements, le risque de blessures graves pourront être augmentées aussi.» Se cogner la tête contre un tatami c’est une chose, se cogner la tête contre de la roche, dont certains bouts étaient plus aiguisés que d’autres, avec des aspérités pouvaient aussi emmener à des fins dramatiques. Il eut un léger sourire taquin avant de rajouter « Tu comptes les enfermer dans une des cavités naturelles si jamais ils ne t’écoutent pas bien en guise de punition ?» Des bavardages, il risquait d’il y en avoir, ainsi que des gens dissipés, pour ne pas dire que certains n’auraient pas envie de venir… ou que d’autres auraient peur de Logan, tout simplement.  Il se racla la gorge et tenta d’ailleurs quelque chose «T’sais que ta tête de con, moi j’l’adore, mais elle peut faire peur à d’autres ? Déjà qu’on me trouve un peu ours patibulaire pour certains… » oui, il finissait tout à fait ses dires de la sorte sans craindre de le blesser, Logan savait l’impression qu’il donnait ce n’était pas nouveau. Coop’ préférait cela à de grands sourires tout le temps, mais ce n’était pas le cas de tout le monde et… il ne voulait pas qu’il y ait des plaintes contre Rivers.  Alors il préférait lui rappeler ces faits-là, qu’il ne soit pas étonné non plus que même des adultes puissent avoir une frousse bleue de lui -et qu’il n’en abuse pas-, comme les premières années de Poudlard -et plus âgés, mais après ils étaient plus adaptés, moins impressionnables- avaient dû avoir lorsqu’il était Professeur.

Sans véritablement attendre de geste de la part de Dorofei, Logan l’attrape et transplane. Ainsi les voilà quitter les plaines et l’air iodé de la mer. Ascenseur verticale, descente au travers des entrailles de la Terre. Direction quelques mètres plus loin, en sous-sol.
Les deux corps se reforment dans une spirale brusque et les laissent dans les tunnels de mines abandonnées. Devant eux, les couloirs s’étendent, soutenus par une charpente de bois qui dessine un enchaînement de “U” inversés à perte de vue. Au sol, les anciens rails serpentent dans les galeries. Par endroits, d’anciens wagons demeurent. Dorofei allume l’extrémité de sa baguette pour découvrir les lieux et Logan l’entraîne dans le cloaque sombre. Ils circulent sous la terre, parcourent les souterrains jusqu’à ce qu’ils débouchent sur d’autres décors. Différents. Alors, l’ancien directeur lui explique en quelques mots que les galeries moldues dues aux mines construites dans les années 1900 débouchent sur leurs homologues naturels. Des centaines de réseaux karstiques à flan de falaise, juste au dessus de la mer irlandaise déchaînée. Plus bas, même, certaines caves ont été creusées par l’eau des siècles auparavant. Ça aussi, Logan l’évoque tandis que Dorofei hoche du chef en s’approchant de la paroi de roche sur laquelle il pose la paume.
Non loin d’eux, la lumière bleutée du lumos éclaire un escalier naturel. Ainsi, en s’approchant, ils révèlent plusieurs grottes en contrebas. Comme dans le tunnel qui les accueille, la roche semble creusée d’encoches mais en bas, stalactites et stalagmites enrichissent le paysages.

 « Tu as tout visité dans les alentours ?»
- En grande partie.
« Je pense que ça me plait beaucoup. La structure semblait solide, même sans sort… Même si je pense qu’il faudra quand même la renforcer un peu sait-on jamais : entre les sorts et… ce qui peut valdinguer. Effectivement, œuvre que les différents sorciers qui ont posé le pied ici ont déjà sérieusement entamé. Le relief différent est intéressant, ils pourront apprendre à utiliser les failles du terrain contre un éventuel ennemi et le sol n’étant pas plat, à faire aussi attention où ils mettent les pieds pour ne pas risquer de chuter ou de s’entraver. Et avec les... heu caves ?  enfin les différents trous, sorties et entrées, tu vas avoir de quoi faire»
Logan hoche du chef, ajoute qu’on trouve différentes sorties en grottes à fleur de falaise. De quoi se croire sortis d’affaires pour finalement faire face aux roches acérées en bas, au fracas des vagues et au vide pour seul allié. Acculés si tant est qu’on n’ait pas de baguette. « C’est original, loin de tout, tu as fais vraiment un super choix. Plus compliqué pour y accéder même pour nous, mais d'une certaine c'est pas plus mal  de les dépayser, d'être loin du siège. Peut-être faire quand même attention lors des entraînements, le risque de blessures graves pourront être augmentées aussi.» Il acquiesce ; partage cette opinion. Pour autant, connaissant certains formateurs de la Garde, les entraînements ne se sont certainement pas contentés des tatamis rassurants du QG.
« Tu comptes les enfermer dans une des cavités naturelles si jamais ils ne t’écoutent pas bien en guise de punition ?»
Un petit rire passe entre les deux hommes.
- Raison première pour laquelle j’ai cherché ce coin… La complicité piquante de son coup d’œil s’accompagne d’un sourire en coin. Mais les élèves en question n’ont plus rien des gosses de Poudlard et Logan s’attend à ce qu’ils se comportent en soldats et non en mômes surprotégés. D’autant qu’il n’a pas pour projet d’être seul à donner des cours ici mais bien d’y implanter un véritable pôle de formation. Pour ça, il faudra construire les lieux, user de sortilèges de métamorphose. Bâtir l’avenir.
Un comble qu’il soit porteur d’un tel message, lui qui ne voyait il y a peu… pas plus loin qu’au passé.
«T’sais que ta tête de con, moi j’l’adore, mais elle peut faire peur à d’autres ? Déjà qu’on me trouve un peu ours patibulaire pour certains… »  
- Il serait stupide de se contenter d’un seul formateur vu le potentiel des lieux. Dommage que Beaumont ne soit plus dans le pays, je lui aurait envoyé mes chiffes molles… De nouveau, un sourire.
Son avis n’a pourtant rien d’aussi tranché. Agacé par la présence de Margo, agacé par son absence. Par son couple. Par sa rupture. Par les vides qu’elle a laissé pour sa colocataire et les possibilités de travail commun qu’ils n’auraient jamais réussi à tenir sans s’étriper. Rien de bien logique, mais seul s’en dégage la constance de l’agacement.
- Ne reste plus qu’à réellement … bâtir quelque chose.

D’un de ses doigts tranchés, Logan laisse une caresse sur la pierre comme il pourrait vouloir la rayer de son ongle.

- Ça prendra un peu de temps. Un instant de silence le rattrape tandis qu’il  pose sa main à plat sur l’une des aspérités et observe les parois noyées de ténèbres. Quelque part, des chauves souris s’envolent et leur battements d’ailes se répercutent dans le silence des grottes. Ailleurs, quelques gouttes tombent à rythme régulier. “Si tu veux participer, tu es le bienvenu.” Il inspire. Souffle. Saisi cette fois tout à fait son retour dans le monde des vivants. “Je te ramène ?”

- Possiblement fini pour moi, selon ce que tu réponds ! -

Est-ce qu’il pensait Logan capable d’enfermer ses élèves jeunes adultes ou adulte pus âgé dans un de ces trous s’il était agacé ? Oui, totalement. Est-ce qu’il le ferait alors qu’ils n’étaient plus à Poudlard et qu’il voulait leur sortir les doigts du cul ? Il en était un peu moins certain, même si personnellement certains auraient bien besoin d’être un peu plus traités à la dure. Les gamins Poudlard avaient ce que c’était mais d’autres qui y avaient réchappés de peu auraient peut-être besoin de certains cours, mais il n’avait pas non plus envie d’entrer dans ce débat. Il savait que chacun des membres avaient des forces et des points faibles, seulement pour certains les points faibles étaient plus visibles qu’autre chose selon lui. S’ils avaient été pris c’est qu’à l’époque, ce n’était pas le cas, qu’ils avaient bien des forces. Malgré tout, Logan appréciait sa petite boutade comme il se le devait. Raison première pour laquelle j’ai cherché ce coin Léger sourire, c’était plus ou moins la réponse que l’Ex-Auror attendait.

Cooper avait bientôt ajouté une nouvelle petite pique qui ne tarda pas à trouver réponse. Il serait stupide de se contenter d’un seul formateur vu le potentiel des lieux. Dommage que Beaumont ne soit plus dans le pays, je lui aurait envoyé mes chiffes molles… Il avait bien envie de lui dire que s’il voulait les secouer, mais pas en combat, il pouvait aussi les mettre face à Godwin et à ses … arrogances. Ca mettait beaucoup de nerfs à rude épreuve ça ! Margo aurait été une bonne instructrice, personne ne pouvait le nier, mais maintenant qu’elle n’était plus là, plus à portée de mains c’était quelque chose difficile à faire. D’ailleurs, il aurait bien voulu voir les discussions houleuses entre les deux concernant les formations, les méthodes et autres. Ca aurait pu être fort intéressant ! Ne reste plus qu’à réellement … bâtir quelque chose. Il acquiesça et effectivement, il y avait pas mal de boulot là-dessus, ne serait-ce que pour tout sécuriser aux sorts qui pourraient être jetés. «Te connaissant tu dois déjà avoir des idées assez précises sur ce que tu souhaiterais. »

Lorsque bientôt, Logan avait ajouté que cela prendrait du temps, il avait de nouveau opiné doucement. Effectivement. S’ils voulaient faire ça dans les règles de sécurité. “Si tu veux participer, tu es le bienvenu.” Nouveau hochement de tête « Tu me feras savoir de quoi tu as besoin exactement. J’ai un emploi du temps plutôt libre malgré tout du moment que c’est en journée.» Et si c’était en soirée, il pourrait toujours se débrouiller. « Faudrait juste que je le sache si possible deux-trois jours à l’avance que je ne prenne pas un petit boulot à ce moment-là.» Il allait bosser en Russie la journée pour des petits boulot ; au moins là-bas il avait moins de risque de se faire choper. Ne voulant faire faux bond à personne, il préférait demander à Logan d’essayer d’anticiper une miette les choses. “Je te ramène ?” Dorofei fit un nouveau oui de la tête. « A moins que ça t’amuse de voir combien de temps j’mets pour revenir au bercail.» Une petite lueur plus amusée qu’autre chose au final. Bien sûr qu’il préférait être ramené, mais en soit, cela pouvait aussi être intéressant de voir comment est-ce qu’ils pouvaient revenir quand on était pas Monsieur Rivers, le temps que ça prenait. Au choix de Rivers donc, et son ami savait très bien qu’il pouvait le planter et l’attendre en prenant un café à la garde en lui sortant un ‘tu as été long’ qu’il ne le prendrait pas mal. Pas venant de Logan en tout cas.