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Entre le passé et l'avenir [Sergius et Newrose]

 :: Autour du monde :: Grande Bretagne :: — Ecosse
Sam 2 Déc 2023 - 23:40
Le 02 Janvier 2016,  17h42,

Demeure Klemheist,

Click juste ici.


Le ciel striait ses parures roses et orangées pour lécher la forêt plus loin dans le paysage. Depuis quelques heures, un vent assez impressionnant s’est levé, soulevant le feuillage des pins amassés derrière la vallée. L’endroit en est saisissant, et si on y tend correctement l’oreille, on y entend les douceurs murmurées par les oiseaux encore téméraires pour ne pas avoir migré vers le sud. L’herbe est humide, trop fraîche pour s’y asseoir si on souhaite repartir au sec. Depuis quelques heures, Newrose s’est assis dans le calme du sous-bois, observant au loin le manoir de la famille Klemheist y dresser une drôle de silhouette. Pour l’américain, ce genre d’endroit est sans doute le meilleur moyen pour qu’on le perde, parfois pour des jours sans avoir de nouvelles de lui. En levant la tête, il a accompagné une partie de son après-midi avec des petites fées, s’amusant à attirer son attention. Qu'y a-t-il plus loin ? Si on s’enfonce dans les bois ? Maintenant que la nuit tombe, l’envie le prend d’autant plus. Avec l’expérience, le sorcier a appris à se déplacer en pleine forêt même par les pires météos. Une question d’habitude, c’est son lieu de travail et tellement plus que cela.

Les mains sont engourdies par le froid, placées sur le carnet de dessin ouvert sur ses jambes. De loin, le manoir lui semble froid, moins angoissant. En Roumanie, il aimait la maison de Sergius, il adorait y passer un temps infini, parfois plus dehors que dedans, mais toujours avec le plaisir de revoir les visages familiers de ses employeurs. Il savait qu’il le reverrait Lui, Sergius, avec  toute la douceur et l’affection qu’il avait déjà à l’époque pour lui. Depuis, les choses ont changé, revoir cet endroit lui filerait des crises de panique, à coup sûr. Le visage des gens, si familiers, sont désormais associé à la trahison. Il se sent détruit, plus qu’il ne l’admet en la présence de son homme. Que  les heures passées à supplier pour arrêter d‘avoir mal ont amené quelque chose en lui, une ombre. Il se sent revanchard, probablement, blessé dans tout l’amour qu’il avait pour sa famille d’adoption. Désormais, il se sent rejeté, à distance et en danger face à une famille à qui il a tout donné.

Ce manoir-ci n’a pas ce passif. Il est ce qu’il est. Après l’avoir observé quelques secondes en arrivant, Nour s’est demandé s’il pourrait y passer ne serait-ce qu’une nuit. Chaque fois qu’il foule les pas de cet endroit, il repense curieusement  à la femme de Sergius. Il repense à sa chute dans les escaliers. Au soulagement qu’il a ressenti en apprenant la nouvelle. A la culpabilité aussi, de se réjouir de la mort d’une personne au profit de son bonheur. Et quel est-il ce bonheur ?

Assit ici, les choses lui paraissent moins pointues, moins révoltantes. Comme s’il avait besoin de cet isolement, de ce lien avec  la nature pour prendre du recul. Depuis quelques temps, il a arrêté la course de son crayon sur le papier, laissant le dessin inachevé. C’est que le froid a prit part à l’exercice et qu’il le verra toujours ainsi, un acte inachevé de leur vie, à tous les deux.

S’ils sont venus ici c’est pour passer les fêtes loin de l’agitation Londonienne. L’américain en a l’habitude, le roumain probablement moins. L’occasion de revoir les filles de Sergius. C’est un moment difficile, curieux, car même avec tout l’effort du monde, l’esprit de famille ne règne pas. Comment le pourrait-il ? L’homme que Nour aime plus que tout n’a pas vraiment élevé ses filles, ou très peu. L’amour paternel n’est pas quelque chose qui s’achète. Et au milieu de tout cela, le sorcier dragonologue se sent de trop. Perdu dans un monde qui n’est pas le sien.

L’équilibre est à peu près retrouvé. Ici, tout est plus simple. Il sent la brise du vent sur son visage rougit par le temps passé en extérieur. Il devrait rentrer, retrouvé ce foyer. La vérité c’est qu’il ne sait pas comment se positionner face à Sergius. Il ne sait pas comment lui dire qu’il l’aime, pas au milieu de ces moments en famille, avec ses filles. Lui en veulent-elles ? Pour avoir été un élément qui a brisé le mariage de leur père ? Pour être toujours celui qui bouleverse la vie de leur père ? Pour être responsable de la mort de leur mère ? Au milieu de toutes ces questions, Nour se perd dans son envie d’écouter Sergius. Lui offrir ce qu’ils rêvent l’un comme l’autre depuis tant d’années. Lui demander de l’épouser. Mettre des mots sur des gestes, d’une tendresse inouïe après tout ce temps. Il s’en sent incapable.

Le visage un peu fermé, ce dernier s’illumine aussi simplement que cela en voyant la silhouette du sorcier venir vers lui. Nour est assit, dos à un arbre, sur une couverture. L’équilibre précaire de son carnet ne semble pas le déranger, posé sur une jambe tendue devant lui. Sa baguette est à côté, reposant sur la couverture.

“Je sais, je devrais rentrer. Il fait si bon pourtant ! “ Une boutade, lancée au nouvel arrivant avec douceur. Pour camoufler son malaise, ses questions, ses incertitudes. Sa contemplation  d’un lieu dans lequel il dort depuis quelques jours déjà, se sentant encore plus prisonnier qu’avant. Le passé est parfois vivace, comme une plante grimpante et vous asservit sans que vous vous en rendiez compte.

“Il faudrait qu’on discute. J’ai du mal à le faire à l’intérieur. Ici c’est…comme avant.”

Avant, en Roumanie. Le mal du pays le gagne un peu, alors qu’il a grandit à l’autre bout, en Amérique. Par moment, il aimerait bien y retourner. Faire voir le pays à Sergius et lui faire découvrir la douceur de son pays d’origine. Il ne peut pas, s’ils y retournent, en Amérique, comme en Roumanie, ils ont dans chaque lieu une famille prête à leur faire vivre un enfer. De ça, il en est au moins sûr.

“C’est vraiment un bel endroit ici. Je comprend le choix, j’aurais fais le même.”


@Sergius Klemheist
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Newrose Walsh
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Dim 24 Déc 2023 - 0:25
Les arbres ne poussaient pas dans les hauteurs du domaine. C'était une frontière entre les highlands désolés, lande de mousse et de buissons accrochée aux roches grises sous un ciel plus gris encore, offerte à la morsure du vent... et les bois sombres où régnaient les cerfs rouges et où, de loin en loin, les Moldus assuraient avoir aperçu une panthère noire dont, bien sûr, aucune photographie décente n'était jamais présentée. Le tout était parcouru de petits cours d'eau argentés, plus ou moins fournis selon la saison, plus ou moins disparus dans les volutes de la brume ambiante. On y courait avec prudente, et l'on s'y foulait aisément la cheville, comme la benjamine l'avait vite découvert.

Elle avait été soignée rapidement, mais elle boudait un peu les espaces sauvages désormais, et reportait son amour de la nature sur les petits animaux offerts par leur père, des bébés architeutis incapables de se débrouiller seuls dans les eaux plus vastes, et qu'elle choyait dans la grande fontaine de la cour intérieure. L'aînée, si elle pouvait échapper à l'exercice physique, se déplaçait partout en balai, dans l'enceinte du château en tout cas ; il y avait maintenant trois générations qu'un Moldu n'y avait plus été admis. Elle ne risquait pas de se blesser. Elle portait des blousons couverts de pin's qui déplaisaient fort à son père, et lui répliquait à voix haute, qu'elle avait forte et puissante, s'il se risquait à le faire remarquer.

L'ambiance sur place était étrange. Non pas dérangeante, mais quelque peu confuse. Sergius ne s'y était jamais senti comme un maître de maison. Roza, qui venait de fêter ses 17 ans, avait passé toute sa scolarité ici et à Poudlard ; elle avait assisté le grand-oncle qui tenait la place dans ses dernières années, et ce dernier l'avait clairement considérée comme son héritière légitime, ne serait-ce que parce qu'ils partageaient le même caractère bruyant et acharné. Face à elle, Sergius se sentait tout petit. Il y avait aussi le fait que physiquement, elle ressemblait bien davantage à sa mère qu'à son grand-oncle, ce qui était une bonne chose tout bien considéré, mais une chose de plus en plus difficile à vivre au quotidien. Et il était à peu près certain qu'elle comprenait ce qui s'était passé entre ses parents. Ce qu'elle en pensait, qui peut le dire ? Sergius n'avait pas osé la questionner sur le sujet.

Naza était moins envahissante et préférait lire ses livres, mais elle les montrait volontiers et quêtait l'attention et l'approbation des adultes. Elle arrivait sur ses 13 ans et envisageait encore toutes sortes de carrières possibles, avec cet esprit rêveur des gamins qui ne prennent aucunement en compte leurs capacités scolaires et les attentes de leurs futurs employeurs. Elle était clairement curieuse de l'invité qu'elle connaissait à peine, mais elle voyait sa soeur maintenir envers lui une distance prudente, et elle l'imitait ; c'était le seul modèle qu'elle avait eu dans sa vie de façon constante, et elle lui voyait une loyauté absolue.

Le portrait du vieil oncle, suspendu au-dessus de la cheminée à leur arrivée, racontait sans se gêner des anecdotes de la jeunesse de Sergius, ce qui le mettait mal à l'aise, et il l'avait accroché au grenier face au portrait de la vieille tante, où ils se chamaillaient à longueur de soirée. En se rendant là-haut, il s'était trouvé face à des affaires remisées là sous une couche de poussière ancestrale. Il n'était pas sûr d'avoir envie d'y toucher, ni même de s'attarder plus que nécessaire. Mais quelque chose avait attiré sa curiosité : une gravure qui évoquait un dragon, sur la surface d'un coffre de chêne lourdement clouté. Il avait simplement envie d'offrir ce superbe coffre ancien à Nour, et comptait nettoyer l'objet pour lui en faire la surprise en le laissant dans sa chambre.

Pour des raisons évidentes, il avait installé Nour dans une chambre voisine de la sienne, officiellement ; officieusement, les deux chambres communiquaient. Le personnel n'avait encore fait aucun commentaire. Tout le monde s'observait, hésitait, gardait ses pensées pour soi, et campait sur ses positions. Sergius ressentait comme un besoin général, de la part de tous les habitants, de le voir prendre le commandement des opérations et jouer son rôle naturel de leader ; mais il aurait eu l'impression de mentir à tout le monde en acceptant cette couronne.

En rejoignant Nour, il le remarqua armé de son carnet et sourit en se faisant une petite place auprès de lui, au sec sur la couverture et le siège tortueux des racines.

"J'ai trouvé quelque chose au grenier," dit-il en lui tendant une plume. "Elle était dans un coffre avec toutes sortes de vieilleries... Je me suis dit que ça te plairait. Pour la calligraphie. On dit qu'il y a toujours des trésors dans ces vieux châteaux écossais, ça et des passages secrets... tant mieux pour nous."

En observant bien la plume, il était évident que son centre de métal pouvait se dévisser, sans doute pour révéler un petit réceptacle à encre ou ce genre de chose ; Klemheist n'était pas spécialiste. Drapé dans son pourpoint rouge sombre à col de fourrure, il se blottit contre Nour, sans oser l'entourer de son bras : ici, il ne savait pas ce qu'il pouvait se permettre. Tant que le présent pouvait faire plaisir à son compagnon, lui rendre cet endroit un peu plus accueillant, tracer un lien entre lui et ces racines noires, alors c'était l'essentiel. Cela dit, l'heure tournait et le soir tomberait vite ; en cette saison, il fallait se méfier de ce désert humide où la lumière se diffusait dans la brume et se perdait entre chien et loup, entre soleil froid et lune trop grande.

"Et je crois qu'on devrait avoir une conversation avec Roza. On en aurait tous besoin, non ?"
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Sergius Klemheist
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Sergius Klemheist
Mer 3 Jan 2024 - 21:24
Perdu dans ses pensées, le silhouette de l’homme qui partage sa vie depuis tant d’années dresse un sourire doux sur le visage. Il aurait aimer lui dire : tu es enfin là. La vérité c’est qu’il a l’impression de ne pas vraiment pu le retrouver depuis des mois, malgré leur retrouvailles à Londres. Il se souvient encore pensivement du dragon de feu qui s’élevait dans le ciel. Des frissons d’avoir croisé son regard, de l’eau glaciale qui a calmé ses ardeurs. De la nuit qui a suivie, créant autant de craintes que de doutes.

Depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vu, c’était en Roumanie, arrivant sous les ordres de la famille Klemheist dans une petite ville au nord. Ils n’ont presque pas pu se regarder, accueillis par des sorts, puis enfermés dans une cellule des semaines. L’errance, se perdre soi-même dans les cris de supplique pour que la douleur s’arrête. Sans comprendre réellement ce que voulaient ces hommes, avec des questions qui ne menaient à rien. A l’époque, l’américain a cru que les questions n’avaient que pour but de savoir pourquoi son père s’est donné la mort, des années en arrière. Persuadé que les hommes qui l'interrogeaient étaient ceux du gouvernement, affilié à son père. Après tout, plus le temps passe, plus la théorie d’une mort par suicide s’étiole, et Nour n’a jamais vraiment voulu y croire. Pas pour un homme qui passait autant de temps dans des dossiers trop secret. Pas cet homme-là, qui rentrait le sourire aux lèvres le soir. Ce n’était pas un homme malade, pas un homme qui avait perdu de vu l’amour de la vie.

Les heures passées à supplier ont eut raison de la santé mentale du sorcier. Sa fuite a été un miracle et l’arrivée à Londres, se faisant croire mort un renouveau. Une bouffée d’air frais dans les bras de plusieurs hommes, surtout dans ceux de Leo. Pour oublier, pour pleurer la nuit, se réveiller en frissons, la sueur à la peau. D’imaginer encore être là-bas, enfermé à demander grâce. La blessure la plus dure à soigner a été celle-ci, se reconstruire, dans la crainte. Et plus le temps passe, moins les choses sont simples. Oui il a peur, de ces hommes qui l’ont fait prisonnier, de la famille Klemheist, probablement commanditaire. Des trafiquants qu’il traque depuis tant d’années et qui chercheront des représailles. Du ministère à qui il a donné ses recherches pour ce qu’ils pourraient en faire, ou non. Plus que tout il est effrayé de s’engager avec Sergius, après tant d’années à ne même pas oser espérer. Pour toutes ces raisons, parce que le monde dans lequel chacun d’eux évolue est opposé, farouche, brutal. Il est effrayé de s’engager pour le perdre définitivement.

Observant cet homme s’asseoir à ses côtés, il délaisse le carnet dans ses mains. Les angoisses s’évaporant, camouflées à la rigueur. Il n’a pas envie de l’inquiéter avec cela tout de suite, pas alors qu’il renoue des liens inexistants avec sa famille. Lui se sent trop petit, illégitime face à tout cela.

“Tu as profité pour faire le ménage ?
- un sourire espiègle sur les lèvres, utilisant comme à son habitude l’humour malgré la gravité de ses pensées - elle est très belle, merci.”

Effleurant l’objet des mains, il retourne la plume, appréciant la longue plume en bois. Quelque chose de magique dans ces petits objets, celle-ci semble inutilisée et c’est un vrai plus, car Nour se garder de raconter à Sergius le dicton qui dit qu’une plume ne se prêt pas. Elle s’adapte à l’écriture de son usager…Comme une baguette est liée à son sorcier en quelque sorte.

Sentant son homme se blottir contre lui, le coeur de l’américain s’active un peu plus. Ce simple geste lui fait un bien fou et il soupire, semblant respirer pour la première fois depuis des jours. Simplement parce qu’ici, loin du manoir, au milieu de la nature pour témoin, tout est plus simple. Sentir son odeur venir l’étreindre par les bourrasques, sa chaleur. D’un geste tendre, discret, il effleure la main de Sergius.

“Une conversation oui…mais pour dire quoi ? Je…je ne sais pas vraiment quoi leur dire, ni comment me tenir. J’ai l’impression d’être l’autre. D’avoir tout ruiné entre elle et toi. D’un côté, elle aurait raison de m’en vouloir, de ne pas m’accepter. -
un léger temps d’arrêt. La plume dans la main, Nour la dépose délicatement à côté du carnet dont les bords en sons usés par l’usage. - tu m’as demandé si je voulais t’épouser et je ne t’ai pas répondu. Je n’ai pas de réponse Sergius, c’est nouveau pour toi et moi. Avant, c’était en forêt, en cachette. Dehors, il y à plus de risques que dans cette forêt…et Roza est l’une d’entre elle. Je ne sais pas si je veux te laisser prendre le risque de perdre le peu que vous êtes en train de construire pour moi.”
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Newrose Walsh
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Newrose Walsh
Jeu 4 Jan 2024 - 21:23

"Eh bien, déjà je pourrais lui dire pourquoi je lui ai donné ce prénom."

Nour ne s'en doutait pas. C'était lisible sur sa figure et son illustre compagnon réalisa soudain qu'il ne lui en avait jamais parlé. Il se mordilla la lèvre, soudain tétanisé. Il n'osait plus. Avec sa fille, tout aurait été si facile : elle aurait été curieuse, bien sûr, elle était encore une enfant, même si elle cherchait à le nier par tous les moyens. Elle n'avait jamais eu ce genre d'échanges avec ses parents, les confidences et la complicité n'étaient pas de mise. Et elle avait peut-être eu ces conversations avec ses amies de l'école. Les sorciers pouvaient être si inventifs parfois avec les prénoms qu'il composaient pour leurs enfants... Une vieille croyance liée à des protections mystiques, ou simplement un esprit de poésie.

"Je suppose qu'elle va ensuite me demander depuis combien de temps je te connais. Et je t'ai connu avant de connaître sa mère, et ça, je pense qu'elle pourra le comprendre. Elle a dû craindre parfois que je ne la destine à un mariage arrangé, qui serait sans doute malheureux, étant donné son caractère. Elle saura ce que j'ai vécu. Tu ne crois pas que c'est important ?"

Pour lui, ainsi que pour elle. Quel enfant ne se sentirait pas délivré, en apprenant une parcelle de vérité au milieu des mystères lugubres légués par ses parents ? Un peu de terre ferme où reposer le pied au milieu des sables mouvants.

"Elle aurait tort de t'en vouloir. Tu n'as commis aucun crime."

Il frissonna : dans son cas, c'était différent, peu importaient les circonstances, un corps s'était couché à terre et lui était resté debout, cela faisait de lui un criminel. Mais il réfléchirait à cela plus tard. C'était son crime. Nour n'avait rien à voir là-dedans. La question pour le moment, c'était leur relation, et à quel point ils voulaient la rendre publique. Quoique mariage et public n'étaient pas forcément des concepts associés, mais apparemment, Nour les reliait ; il respecta ce point de vue, et reprit sur un ton plus léger :

"Tu préfères que tout reste secret ? Je veux bien, mais les gens ne sont pas stupides. Nier pour le principe alors que tout le monde a deviné, ça ne me paraît pas un avenir très viable non plus."

Il était à moitié sérieux. A vrai dire, ça lui paraissait ridicule, dans un tel pays. Tout était si différent des terres escarpées où ils s'étaient rencontrés. Le terrain était tout aussi inhospitalier, rocheux et couvert de forêts profondes, habitées de mythes et de mystère ; mais la brume des mers froides qui arrivait avec les nuées jetait sur cette région l'étrange voile opalescent d'une consolation incessante. Une marée qui allait et venait au long des pentes montagneuses pour emporter le mal-être, et ramener du large quelques trésors inattendus. Il ferma les yeux, et laissa l'atmosphère des lieux l'envelopper.
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Sergius Klemheist
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Jeu 4 Jan 2024 - 22:01
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Ven 5 Jan 2024 - 20:25
Les bourrasques de vent apaisent à peine les rougeurs à ses joues. S’imprégnant du paysage, Newrose aimerait rester là. Que la nuit étire lentement ses dessins sur le ciel et que l’obscurité enterre leurs secrets. Ce serait un aveu, chuchoté entre ses lèvres, dans un semblant de baiser. Le genre qui se mue en autre chose, à mesure que le désir embrase les corps. Ce ne serait pas si grave, pas ici. Le seul témoin en serait le ciel, la noirceur d’une nuit écossaise et les effleurements amoureux. Une nuit rien qu’à eux.

"Eh bien, déjà je pourrais lui dire pourquoi je lui ai donné ce prénom."

Le regard azur du sorcier se perd dans celui de son homme. L’hésitation sur les lèvres de Sergius, en voilà les premiers prémices, cet aveu qui n’aurait pas dû en être un. Réfléchissant une petite poignée de seconde, Nour interroge Sergius du regard, dans l’incompréhension.

“Qu’est-ce que …tu veux dire ?”

Ils n’ont que cela après tout, les années secrètes pour souvenirs. Le rire qu’il a eue, en observant cet homme dont il est tombé amoureux, se transformer en lapin. Il se souvient avoir ris, s’en être fait mal aux côtes, mais pas de moqueries - ou peut-être un peu- juste du plaisir d’être l’un et l’autre. Son mariage a terni les choses, a rendu les excursions plus silencieuses. Qu’y avait-il à en dire ? Que le monde dans lequel  ils évoluent n’a jamais permis plus que cela la perdition de deux êtres dans les confins d’une forêt.
La naissance des filles a piqué une jalousie vive, maladive, qu’il n’a même jamais formulée. Ce n’était pas juste de dire ce qu’il ressentait. Les regards possessifs qu’il lui lançait parfois quand il le voyait, en sachant pertinemment qu’il tenait dans ses bras l’enfant de sa femme. Puis un autre, quelques années plus tard. Nour s’est alors éteint, enseveli dans le travail pour digérer la nouvelle. Retrouver cet équilibre, comme en cet instant. Offrir délicatement ce sourire, encourageant, doux, à l’écoute. Loin de son autorité naturelle, quand ils sont en train de travailler.
S’il avait sû, à l’époque qu’il se trouverait ici, des années plus tard.Des questions sur les lèvres, des envies pleins le coeur, et deux belles filles à adopter. Une famille qui l’a reniée, une autre qu’il a abandonnée depuis si longtemps. Une nouvelle patrie, abandonnant la dernière qui l’a accueillie, désormais en guerre.

"Je suppose qu'elle va ensuite me demander depuis combien de temps je te connais. Et je t'ai connu avant de connaître sa mère, et ça, je pense qu'elle pourra le comprendre. Elle a dû craindre parfois que je ne la destine à un mariage arrangé, qui serait sans doute malheureux, étant donné son caractère. Elle saura ce que j'ai vécu. Tu ne crois pas que c'est important ?"

Une hésitation, celle de l’américain désormais. Sa main suspend lentement le geste qu’il avait esquissé pour effleurer la main du roumain, réfléchissant à la bonne réponse. “J’en sais rien…”
Observant la plume face à eux, il la récupère dans sa main, continuant son propos, comme si c’était plus simple d’avoir un objet dans la main. “Tu pourras lui dire qu’on s’est connu avant mais…elle reste sa mère. C’est une trahison, de toi, et de moi. M’accepter, c’est aussi se dire que jamais tu ne l’as aimé elle. Et finalement…qu’elle n’était pas désirée. Tu sais, c’est difficile de ne pas être le centre du monde pour ses parents.”

C’est une sensation vivace, qui s’accroche à vous. Voir vos parents ne pas vous aimer, pas à la hauteur que vous l'imaginez. C’est se sentir orphelin alors qu’on ne l’est pas vraiment. Finalement, Roza l’est déjà, et sa mère est morte par la main de l’homme qui se trouve face au dragonologue. Un meurtrier. Ou bien, s’est-il simplement libéré ? Comment on exprime à un enfant qu’on a peut élevé, le fait qu’on se trouvait dans une relation abusive ? “Ce que je veux te dire, c’est qu’elle a perdu sa mère. Elle peut comprendre les choses, mais, il faut y aller en douceur.” Remettre en question son existence, c’est toujours difficile. Est-on légitime ? Aux yeux de notre famille ? L’amour d’un parent est primordial, c’est le manque de cela qui rend tout plus compliqué. En manquer, c’est un jeu pipé dès le départ, et cela, Sergius devrait le savoir mieux que quiconque. Lui cet enfant qui se faisait punir pour être différent.

“Regarde moi. - le ton est plus autoritaire qu’avant, une main glissée sous le menton du sorcier. Nour l'observe lentement, troublé parce qu’il vient de dire. Les aveux n’ont jamais été dit, jamais, son ancien apprenti est venu en disant : je l’ai poussée, elle est morte de mes mains et parfois, la nuit, j’ai l’impression de voir son fantôme. Parfois, ce qu’on tait cris plus fort qu’on l'imagine, dans nos rancœurs, dans nos efforts pour ne rien paraître. Dans nos regrets et nos remords… - je porte ce crime avec toi.”

Il n’aurait pas pu le dire autrement, et maintenant, plus que jamais, parce que l’instant s’y prête, il se penche à ses lèvres pour lui offrir un baiser. Un vrai, loin de ceux à peine esquissés dans la boutique chez ce tatoueur, un peu rieur. Loin des premiers, hésitants. Son odeur s’accroche à la sienne, la douceur de sa peau l’émeut un peu. Une poignée de seconde seulement, les rougeurs intensifiées, sa main tombe aussitôt. “Quoiqu’il soit arrivé, ou qu’il arrive un jour. Je suis…je suis là. Je sais que tu en as douté, quand je suis parti. Je veux que tu en sois sur.”

Sans doute parce que les choses s'apprêtent à devenir un peu plus difficiles. Qu’ils ont besoin d’avoir du soutien là où ils en ont. Sur le moment, il hésite à lui parler de ses recherches, de tout ce que ça implique. Il se retient à la dernière minute, écoutant ce qu’il répond, pas vraiment surprit. Dans un monde différent, il aurait aimé l’aimer comme n’importe quel autre homme. Comme Leo, qu’il a rencontré ici à Londres et qu’il a embrassé en pleine rue. Quand le souvenir de Sergius était trop dur à supporter, car il était certain de ne pas le revoir. L’aimer un petit peu, sur les bords de la Tamise, ou en Roumanie. Revenir au Mont Pietra et changer les choses. Cela aurait été une balade amoureuse, dans une autre ville. Les tortures et les enfermements auraient été loin.

“Sergius…- il se tourne à nouveau vers lui, mal à l’aise - je préfèrerais t’aimer sans me cacher. Depuis des années, tu le sais. J’aurais préféré…que tu ne l’épouses pas. Que tes filles ne viennent pas au monde…même si ça fait de moi une personne égoïste.”

Lentement, il se frotte le visage, sentant leur tatouage commun s’animer. Comme si c’était une force rassurante entre eux une autre forme de connexion, s’il en fallait une. “Ce que tu nous demandes c’est de prendre des risques. C’est t’assurer que toi et moi, on soit séparé, et pas parce que j’aurais fait semblant de me faire passer pour mort cette fois-ci. Ta famille l’apprendra, la moitié du Ministère aussi et je ne suis pas prêt à te perdre. Toi si ?”

Pour être sûr d’appuyer ses termes, il se saisit de la main de Sergius, la sienne tremblant légèrement. De peur, d’autre chose. De cette chape de plomb qui se lève entre eux et qui va les bousculer, inévitablement. “Je ne t’ai pas tout dit. J’ai terminé mes recherches. Je pensais t’en parler après mais…bref disons que les trafiquants que je vais attaquer ne sont pas doux, tu le sais. J’ai remis les infos au Ministère, à l’heure qui l’est, la moitié de tes collègues Supérieurs sont au courant. Il y à deux options : soit le trafiquant est un pote à tes collègues et …je pense que tu comprends la suite. Soit l’information sert vraiment, et les trafiquants ne seront pas contents. Ils ont mon identité, en partie, j’ai intégré leur rang. La tienne ne sera pas difficile à retrouver.”

Un long soupir, un regard perdu inquiet. “On est au milieu d’une guerre, et ni toi ni moi de la voulons. C’est ça la vérité. Je préfère t’aimer en secret et ne plus te perdre, qu’imaginer une seule seconde que tu sois enfermé dans une cellule comme la dernière fois.”
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Lun 29 Jan 2024 - 18:41
Sergius écoute, patient comme il ne l'est jamais avec personne. Pourtant, il n'est d'accord avec rien de ce qu'il entend. Il lui semble parfois que son compagnon fait des efforts conscients pour considérer la situation sous le jour le plus noir possible. Peut-être qu'il souhaite le quitter, finalement... Mais cette fois, sur un véritable adieu, apaisé et aimant, toutes leurs vérités dites. Dans l'écrin de ce paysage mélancolique, cela aurait quelque chose de poétique, c'est certain. Il en est tout de même choqué et son expression change malgré lui, ses poings se serrent.
Nour est là, mais il considère qu'être là est un problème. C'est tellement difficile à entendre...

"Moi, je te demande de prendre des risques ? Excuse-moi mais, tu as vu le métier que tu fais ? Tu prends des risques tout seul. Même quand il ne s'agit que d'aller pourchasser des manticores ou des dragons dans la montagne, même s'il ne s'agissait que de gravir une montagne en solo, le risque est le sang dans nos veines."

Imperceptiblement, il s'est reculé et a repris une distance acceptable. En les observant, on ne verrait plus d'eux que deux hommes qui bavardent. Sans plus, sans histoire dans leur passé, sans perspectives dans leur avenir. Deux promeneurs qui se sont croisés et ont échangé quelques mots. Qui sait, sur cette terre, ce sera peut-être un crime demain.

"Et je n'apprécie pas du tout ce que tu dis au sujet des enfants. Si tu ne veux pas que je doute, ce n'est pas ainsi qu'il faut me parler, mon ami."

Dans un sursaut d'indignation, le sorcier se lève et montre le manoir dont les toits aigus déchirent les brumes, avant de ranger ses mains dans ses poches, presque rageusement. Son regard erre au long des herbes folles, tandis que son poing serre un carton dans sa poche, la carte de visite d'un artisan du village. Les traditions d'Ecosse ont leur charme, mais ce ne sera pas facile à présent d'en parler. Peut-être qu'il offrira simplement une broche précieuse à Nour quand ils quitteront ces lieux, sans lui dire quelle en est la signification.

"Moi, j'ai toujours eu envie de fonder une famille. Ce mot n'a jamais eu de sens avant que je te rencontre, et il n'en a pas eu davantage depuis que je t'ai perdu. Mais quand nous sommes ensemble, je m'en sens capable. C'est pour ça que je fais l'effort de revoir mes filles cet hiver. Si je ne t'avais pas retrouvé, je n'aurais même pas eu envie de le faire !"

Sergius se tait brusquement, réalisant tout à coup qu'il vient de crier. Peut-être n'a-t-il simplement pas la force de tenir cette conversation douloureuse. Il a grandi au milieu de démons qu'il a dû affronter pour déterminer s'il était ou non l'un d'entre eux, et il croyait avoir trouvé quelqu'un qui comprenait, et tout à coup, c'est vrai, il doute. Nour préférerait peut-être qu'ils s'aiment à distance, qu'ils ne "prennent pas de risque" à part tous ceux qu'ils prendront, bien sûr, mais pas ceux-là, pas ceux qui pourraient les rendre heureux. Ce serait une torture. Cela signifierait que Nour le préfère en spectre, en mort-vivant, haineux envers lui-même et les autres, un pantin de comédie sans coeur sous sa cuirasse. Seul, menteur dans tout ce qu'il vit, dans tous les projets qu'il fait, ou plutôt qu'il ne fait pas... Et surtout, terrifié d'apprendre à chaque seconde que son amour est mort tragiquement, loin de lui, et de revivre ce déchirement déjà connu, mais définitivement cette fois. Cette solution allongerait-elle réellement leur espérance de vie ? Pour sa part, il était certain que le chagrin le tuerait rapidement.

"J'ai remis ma vie entre tes mains, tu choisis ce que tu en fais. Je n'aurai aucun regret dans tous les cas, parce que me soumettre à ta décision a été le moment le plus libre de mon existence."

Contre toute attente, ce fut un sourire qui apparut sur son visage, alors qu'il revenait face à son compagnon et lui tendait la main. Il était temps de rentrer à la maison. Ils avaient le temps de décider. Cet instant présent était toute leur vie de couple, toutes leurs noces et toute leur éternité distillée en un moment paisible, et si Nour décidait qu'il n'en aurait pas davantage, aujourd'hui le grand Klemheist était assez grand pour l'accepter.
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Sam 3 Fév 2024 - 17:51
Imperceptible la situation change sans que l’américain s’en rende réellement compte. Un vent se lève et la tempête n’a rien à voir avec le paysage qui les entoure. Elle englobe la réaction de son homme serrant les poings, démunis face à ce qu’il semble se dire. La guerre qui se profile n’est pas voulue, ni par le roumain, ni par l’autre sorcier et pourtant elle se fait insidieuse, bien présente et prête à tout frapper. Elle a commencé dès leur naissance dans le statut qu'imposent les sangs-purs dans cette société. Les dés ont été biaisés dès le départ, leur octroyant privilèges et obligations avant même qu’ils ne soient en âge de comprendre tout cela.
Seulement, les privilèges ont été minces du coté de Sergius. Lentement, Newrose se souvient de l'événement qu’il lui a raconté, de lui petit, essayant les robes de sa mère. Tous les petits garçons se prennent à ce jeu, s’amusant des attributs des femmes, pour imiter, essayer. Sa mère a su en faire une punition sévère, le destituant des jeux de l’enfance. Il n’a jamais été privilégié, pas chanceux, pas comme lui a pu l’être. Il n’a pas grandit dans le foyer aimant que lui a connu. A bien des égards, même entre eux, le monde a été différent, brutal pour le roumain.

Sans esquisser un geste, il voit l’homme qu’il a vu grandir, qu’il a pris sous son ail dans le fond des forêts et instruit, s’énerver. Ce n’est même pas sa réaction qui le surprend plutôt qu’ils soient si diamétralement opposés dans leur idée de leur relation.

"Moi, je te demande de prendre des risques ? Excuse-moi mais, tu as vu le métier que tu fais ? Tu prends des risques tout seul. Même quand il ne s'agit que d'aller pourchasser des manticores ou des dragons dans la montagne, même s'il ne s'agissait que de gravir une montagne en solo, le risque est le sang dans nos veines."


En un sens, il doit au moins lui reconnaitre qu’il a raison. Le risque est dans leurs veines, dans les choix de vie qu’ils font, encore et encore. Levant les yeux sur Sergius, son regard de glace se pose sur lui, penchant lentement la tête sur le côté, écoutant sa colère et son indignation.

"Et je n'apprécie pas du tout ce que tu dis au sujet des enfants. Si tu ne veux pas que je doute, ce n'est pas ainsi qu'il faut me parler, mon ami."


Un léger silence, alors que le regard se perd sur la silhouette désormais debout de Sergius. Lentement, pour amorcer une forme d’équité, je me relève pour lui faire face. Soudain, c’est le poids de tout qui pèse sur les épaules du sorcier : de ces incertitudes qui pèsent sur eux, interminables. De la famille de Newroz brisée mais puissante, de celle de Sergius, malveillante, des filles de cet homme qu’il aime de tout son coeur, qui ne sont pas prêtes à accepter Nour comme leur beau père. Peut être que c’est lui qui n’est pas prêt à s’investir, effrayé.

Le ton monte d’un cran, et lui aussi monte d’un cran, agacé et sans doute plus autoritaire que Sergius en bien des sens.
“Tu crois que je n’ai pas conscience de tout ça ? Notre métier est dangereux, on risque de se blesser, de brûler, c’est sur. Tu sais très bien qu’il y à d’autres dangers ! Je ne peux pas retourner dans une cellule… - soudain, une faille s’offre, très rapidement aux yeux de son homme. Newroze, d’habitude si assuré a les mains qui tremblent, d’une peur qui le dévore. - je ne peux pas imaginer que tu y retournes aussi.”

La fin de la phrase est dite légèrement hystérique, plutôt en proie à des démons personnelles. Au travers d’un seul regard, tout ce qu’il ne dit pas à voix haute, l’humiliation, de devoir ramper pour manger et la sensation des coups qu’il garde encore en lui. Traumatisé, encore enfermé physiquement là-bas, terrorisé sans avoir l’impression d’être parti. Libre ? Le sont-ils vraiment ? Il a l’impression d’être en sursis et qu’à tout moment, il se fera emprisonné et torturé pour ce qu’il est.

"Moi, j'ai toujours eu envie de fonder une famille. Ce mot n'a jamais eu de sens avant que je te rencontre, et il n'en a pas eu davantage depuis que je t'ai perdu. Mais quand nous sommes ensemble, je m'en sens capable. C'est pour ça que je fais l'effort de revoir mes filles cet hiver. Si je ne t'avais pas retrouvé, je n'aurais même pas eu envie de le faire !"

Un soupire fébrile les mains tremblantes s’accrochent à l’arrière de son propre crâne tandis que Nour écoute, l’envie irrépressible de mettre fin à la conversation. Quelque chose le démange, une sensation visqueuse que c’est le tout début. Il aimerait écarté son homme du danger mais se sent le seul responsable, se blâmant.
Malgré tout, la déclaration qu’il entend le surprend, créant une pluie de frissons sur son corps.

“Et tu penses sincèrement que nous aimer aux yeux de tous ne vas pas mettre ce début de famille en danger ? Qu'ils vont se contenter de nous enfermer nous ? Ils sont capables de lancer un endoloris rien que pour le plaisir, Sergius.
- soudain le ton est ferme, le même qu’il a employé pendant des années pour l’éduquer dans une forêt face à un dragon - quand je suis avec toi, je me sens capable d’affronter n’importe quel danger. Avoir une famille, être ensemble, ça…”

Rapidement, il se saisit de la main de Sergius pour le lui montrer, comme une preuve de plus tandis que sur sa propre peau, des frissons apparaissent.
“C’est tout ce que j’ai toujours voulu avoir. La liberté a un prix, tu es prêt à l’accepter. Tu me demandes juste si je veux l’accepter ou non.”

Quel est ce prix ? Perdre sa santé mentale dans des crises de panique qui lui arrive encore et encore ? Il se sent incapable de lui dire, comme de lui dire qu’il a rencontré un homme un moldu et qu’il se sent bien avec lui aussi. Pas parce qu’il a peur non, parce qu’il a toujours essayé d’être cet homme solide, un rocher pour qui Sergius peut s'agripper.

Retenant la main de Sergius et l’empêchant de rejoindr le manoir, juste un instant, il lui offre un doux baiser, murmurant contre ses lèvres :
“Ma vie aussi est à toi, tu le sais, depuis tout ce temps, non ? Ce que tu me demandes c’est du suicide. J’irais partout où tu iras, même quand nos chemins s’éloignent. Rejoignons ta famille.”

La décision n’a pas besoin d’être figée, il espère avoir au moins pu le rassurer sur ce qu’il ressent. Comment ne pas être aussi clair, lui qui a les yeux uniquement sur lui depuis si longtemps. S’abaissant, il récupère la couverture, sa nouvelle plume et son livre dans un équilibre précaire, prenant le chemin de retour pour le manoir.

“Ne me cris plus jamais dessus. “ Il le dit dans un léger sourire mais le ton est autoritaire. Il n’apprécie pas vraiment leur dispute, pas quand ils se retrouvent à peine l’un et l’autre. “Tu m’en veux ? D’hésiter pour quelque chose qu’on a toujours voulu ? Je l’ai à peine espérer tu sais, toi et moi. Au début, je me suis juste que c’était mon imagination.”

Un aveu qu’il balance, les pieds tentant dans ce périlleux bazar de ne pas se tordre. Les contrées écossaises sont loin d’être des prairies plates et lisses. De l’autre côté, ce manoir les attend avec deux filles probablement au loin témoins de leur retour.
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Lun 5 Fév 2024 - 19:53
Pendant un instant, un bref et éternel instant suspendu dans la brume glacée comme une goutte de rosée, Sergius crut que l'homme en face de lui allait sceller leurs destins pour de bon. Il y était prêt : prendre sa main et l'accompagner dans une dernière mission, celle de conquérir la fin paisible et unie qu'ils méritaient, en marchant ensemble vers les profondeurs du lac.
Il n'y avait pas de pire torture dans le monde des humains ou des sorciers qui vaille le danger qu'ils bravaient face à chaque monstre : celui d'être dévorés vivants. Entourés de toutes parts par ces dangers qui finiraient par les saisir, et sans doute séparément, peut-être le meilleur choix était-il de sortir de cette existence dignement, selon leurs propres termes.

Au lieu de cela, Nour mit fin à son accès dramatique en quelques mots qui firent aussitôt appel à sa fibre disciplinaire. Instinctivement, Sergius se figea et prit presque une attitude militaire. Il ne pouvait pas se révolter contre celui qui lui avait tout appris. Par réflexe, il reprit la conversation comme s'ils avaient simplement parlé de choses et d'autres, en reprenant le chemin du manoir.

"L'Ecosse est un territoire riche en bestiaire fantastique, dans ses territoires les plus reculés. Ce sont des montagnes. Différentes des nôtres... mais les nôtres, mon pauvre ami, ne sont plus à nous."

Il s'arrêta face à une vaste flaque qui leur barrait la route. Elle n'était pas aussi large à son arrivée. Il allait falloir marcher dans la vase. Il fit une petite grimace. Il portait de hautes bottes montantes, mais ce n'était pas le cas de son invité. Sans hésitation, il le saisit à bras le corps et le souleva pour le transporter sur quelques pas. Utiliser la magie ? Pourquoi faire ? C'était bon pour les moments de solitudes. En reposant Nour sur ses pieds, il prit un air innocent.

"Je commence à faire du bon travail par moi-même, mais on apprend toute la vie, dans ce domaine. Et surtout, mes filles n'ont aucune formation dans le domaine animalier. Il leur faut un instructeur digne de notre maison."

Il se donnait l'air de réfléchir, mais y avait-il seulement une place pour la réflexion ? Il ne connaissait qu'un seul professeur de dressage, il en avait rencontré d'autres mais il n'y en avait qu'un au monde à ses yeux, et cela leur donnait un prétexte honorable pour continuer à cohabiter, du moins une partie de leur temps. Il se risqua à croiser le regard de Nour. Il n'avait pas osé le faire depuis son petit éclat, redoutant d'y trouver un peu de reproche.

"Je compte bien continuer à t'employer. En cela, je ne fais que suivre la tradition de mes parents, n'est-ce pas ? Ils t'ont adjoint à notre maison, et pour moi, tu y appartiendras toujours. Je suis conservateur."

Prudemment, Sergius se permit un sourire. Il n'était pas entièrement sûr de son humeur encore. Il avait toujours été instable, au point d'avoir tué ou failli tuer des êtres proches ou moins proches qui semblaient le menacer et qui le terrorisaient. Il n'aurait jamais levé la main sur son ancien instructeur, mais il était conscient d'avoir crié et ne souhaitait pas que ce dernier ait à nouveau à le voir dans cet état. Ce n'était agréable pour aucun d'eux. Et c'était un écho pénible de ces scènes de torture qu'ils avaient vécues chacun de son côté, et qu'ils imaginaient dans leurs cauchemars.

Pour échapper à cette pensée, il prit une grande inspiration et tendit à son compagnon le carton publicitaire du bijoutier, qui figurait un bijou local.

"...Et ceux qui appartiennent à ma maison seront priés de reprendre une autre tradition familiale, celle de mon oncle qui vivait ici. Les moldus appellent cela witch brooch. Pour nous, ce sera simplement une broche."

Les mentions sur le carton et l'expression rêveuse sur le visage de Sergius ajoutaient clairement : ou bien plus, si nous le souhaitons. Ses besoins étaient à la fois modestes et baroques, comme souvent.
Le hurlement d'un loup lança ses échos dans le lointain de la vallée, et il pressa le pas.
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Sergius Klemheist
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Sam 10 Fév 2024 - 20:29
Peut être que les démons qui traversent le regard de Nour ont atteint ceux de Sergius. Au moins un temps, pour qu’il se rende compte de la douleur qui est tapie, bien au fond. L’instabilité émotionnelle est nouvelle, inhabituelle pour ce sorcier qui a été habitué aux milieux stables, forts, empreints de cet héritage sorcier d’une race “pure”. Son monde a toujours gravité autour de cette réalité, puis du décès d’un père, l’absence d’une famille. Les sensations qui gravitent désormais sous sa peau sont nouvelles, elles prennent une place qu’il ne pensait pas pouvoir leur offrir. La place, se fait pourtant, poussant les murs et prenant tout l’espace qu’il reste.
Perdu, il se sent oscillé entre les crises d’angoisses qui le prennent parfois, sans qu’il soit capable de les expliquer ni de les avouer à son compagnon. Chacun porte sa propre croix, celle-ci se fait lourde, ferme et sans relâche. Oscillé entre les obligations qui finiront par le rattraper, pour son travail, pour sa famille qui finira par le retrouver, si elle s’en donne la peine. Face à tout cela, fonder une famille, fonder ce socle constant qu’il connaît depuis tant d’années avec l’homme face à lui. Et à présent, même cette relation est menacée.

Quoiqu’il ait pu voir, le roumain semble en comprendre la teneur car la conversation s’interrompt. Les rancœurs, les non-dits, les inquiétudes mutuelles se tarissant aussi vite qu’elles sont venues. Newroz observe le visage de cet homme qu’il connaît depuis tant d’années, un sourire de remerciement sur le visage. N’est-ce-pas là tout ce qu’il y à savoir ? Le regard qui s’entrechoque, les frissons permissifs qui viennent à lui, lui rappelant que depuis des années, Sergius est celui qui partage toute son intimité. C’est suffisant, pour avoir envie de se battre et si le danger s’accroche à eux, par leur métier et par le reste, il aura en effet au moins le mérite de dire qu’il s’est battu jusqu’au bout.

"L'Ecosse est un territoire riche en bestiaire fantastique, dans ses territoires les plus reculés. Ce sont des montagnes. Différentes des nôtres... mais les nôtres, mon pauvre ami, ne sont plus à nous."

Peut être. Accepter cette défaite a été plus dure qu’il n’a jamais oser l’avouer. Il n’a jamais pensé à ce qu’aurait pu penser Sergius sur ça. Après tout, la Roumanie est la patrie d’adoption de l’américain, qui a grandi à Détroit et bien loin des immenses plaines boisées. Pour le Roumain, c’est son propre pays qu’il a dû abandonner, au détriment de ses habitudes. Pas une seconde, il s’est demandé ce que son amour aurait pu ressentir de cette perte.

“Je suis déjà venu plusieurs fois pour des missions oui, c’est riche, différent. On trouvera…une stabilité toi et moi, je le sais, même si ça veut dire s’isoler dans des montagnes. On l’a toujours fait…”

Un pauvre sourire, offert à bras le cœur. Newroz est de ces personnalités rayonnantes, même quand les moments sont difficiles, lorsque le ciel menace de vous tomber dessus. Et il brille de cette beauté aux côtés d’un homme qui le surprend encore chaque jour. Avançant vers le manoir, l’américain regarde les nuages dissiper le miroitement du soleil, créant des zébrure presque rose. Le ciel est splendide même si un orage se prépare, au loin. Il peut le voir, dans la façon dont le ciel se tient prêt à éclater. Ce sont toujours les moments qu’il préfère, quand le ciel se déchaîne et que les éclairs parent le ciel au-dessus d’eux. Curieusement, il a envie de rester ici, se faire prendre la pluie.

Ce serait sûrement trop dangereux. Arrivés devant une énorme flaque, il sourit lorsque son homme le porte pour lui éviter de tremper ses chaussures. Son souffle se perd contre lui, lui volant un baiser sur le cou, amusé. Un merci est lancé, tout en continuant à arpenter le trajet les menant vers…leur vie de famille.

“Tu es meilleur que moi ! - c’est dit avec une légère contestation dans la voix, le pensant réellement - tu as une approche plus douce, plus que moi, tu es meilleur que moi pour ça je le vois. Je l’ai toujours vu…je peux les former mais, ce n’est que de la poudre aux yeux tu le sais, le ministère l’apprendra tôt ou tard.”

Un léger haussement des épaules, balayés par un sourire. Sur une petite butte, il manque de tomber mais se redresse vivement, trop habitué aux chemins sinueux et vallonnés pour perdre plus qu’un peu d’équilibre. Il n’est pourtant pas défaitiste, il sait juste que les artifices qu’ils mettront sous leurs yeux pour leur faire croire à leur … “amitié”, ne fonctionneront qu’un temps. Et après quoi ?



Le manoir devant eux se dresse de plus en plus grand. Un petit portillon mène à un jardin, sans doute autrefois un potager. Nour y jette un œil, presque pensif. Il se demande ce qu’était la vie ici, avant, dans un monde où tout était plus doux. Le rire des enfants jouant et l’odeur des draps qui flottent dans l’air si frais écossais. Cette vie-là, il aurait pu l’apprécier. Il repense à sa famille à Détroit, l’odeur de la ville. Il ne pourrait pas en être si éloigné en cet instant.

Soudain touché par la fin de cette conversation, son visage se tourne ému. “Moi aussi j’aime appartenir à ta famille, à toi surtout.” Un clin d'œil, pour alléger ses émotions un peu plus lourdes. Amoureux, il offre son sourire aussi simplement que cela, l’envie indéniable de l’embrasser. A la place, il essaie de faire coïncider l’image de la broche mentionnée, se penchant pour récupérer un morceau de bruyère qui pousse à l’orée du potager, touchant du bout des doigts son objet, comme un enfant aurait recueilli un trésor.

“Une broche. Pour toi et moi ?”

Un cadeau de mariage. Il le sait, les entrelacements des pensées de Sergius n’ont plus de secret pour lui, par sur ce genre de présents. Ils ne s’en sont pas fait beaucoup depuis le temps.

Un simple hochement de tête, simple, acquiesçant à l’idée. “Pourquoi pas, on est déjà lié toi et moi, je t’ai dans la peau tu te souviens ? - montrant son tatouage il sourit amusé dirigeant son attention vers la porte du manoire attenante - tes filles nous attendent.”
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Mer 21 Fév 2024 - 22:00
Sur le passage des deux maîtres de maison, tandis que l'ombre du crépuscule et du manoir s'entremêlent pour les engloutir, les herses se lèvent, les verrous s'actionnent et les portes de chêne s'ouvrent en grinçant, cloutées de métaux scintillants sur lesquels la rouille des brumes locales n'a pas prise. Les lieux ont reconnu leurs occupants de marque. La pierre et les plantes grimpantes ont toujours été plus habiles que sa propre famille à souhaiter la bienvenue à Sergius Klemheist.

"C'est pour nous deux et pour les enfants. Quiconque appartient à ma maison. Ne t'en fais pas, il n'y aura que nous, je ne compte pas démarrer une collection... Je n'ai jamais été un grand seigneur, et je serais un peu fauché pour le devenir maintenant."

Il ne compte pas les elfes de maison, ils l'ont toujours intimidé. Les rencontres sont limitées aux cas d'extrême nécessité. Son oncle avait nommé un gestionnaire parmi eux, il est toujours en place et fait de l'excellent travail sans avoir besoin d'être supervisé. Et bien sûr, il ne pourrait pas leur offrir des broches, pour des raisons évidentes.

Son regard se lève en direction des toitures acérées, prêtes à dévorer les étoiles dès qu'elles daigneront ouvrir leurs petits yeux. Pourquoi a-t-il fallu que son âme soit attachée à ce corps qui fait peur aux gens, à cet héritage et à cette vie ? Heureusement, il n'a jamais raconté avec précision les légendes locales à son compagnon. Ce dernier ne peut imaginer à quel point ces rumeurs sont pesantes, pour celui qui sait que tout est vrai, et que la faute court dans son sang. La magie, ses brillants et ses ténèbres, sont tellement plus anciens que ces ridicules guerres d'aujourd'hui... et comme il serait ridicule d'y succomber. Mais bien sûr, il n'a pas été placé sur Terre pour y vivre dans la dignité.

"D'ailleurs, les seigneurs d'ici n'ont jamais régné avec justice, à ce que je sache." Un petit rire gêné balaie ce pan du passé, au fond du grenier avec les autres vieilleries. Un frisson crispe brièvement ses épaules. Quelques points de la carte sont hantés par des ancêtres qu'il n'a aucune envie de rencontrer ou d'assumer. Ils n'iront pas chercher des créatures magiques dans les grottes du loch, par exemple... "Ce n'est pas une histoire très intéressante, mais c'est la mienne."

Une silhouette menue apparaît aux fenêtres, à contre-jour devant la lueur rougeoyante d'un feu. Tout va bien : ce n'est pas le spectre d'autrefois qui vient les hanter, c'est l'avenir. Sergius agite la main, simulacre des saluts que les paladins d'autrefois adressaient à leurs princesses. Il n'en aura jamais d'autres que ces deux-là, son cher instructeur peut être sûr de ça !

"Comment pourrais-je être meilleur que toi en quoi que ce soit ? Tout ce que j'ai appris de bien, c'est de toi que je l'ai appris. A part me changer en lapin."

Avec un petit rire, il s'abrite sous une arcade. Au lieu de monter l'escalier, il profite de ces derniers instants en tête-à-tête avec son bien-aimé. Là-haut, des regards pesants les attendent. Sergius redeviendra "Daddy" et Nour "Monsieur". Le danger omniprésent qui les empoisonne d'autant plus qu'ils sont heureux redeviendra une priorité, un bruit de fond qui les gênera dans leurs interactions, un filet où s'empêtreront leurs moindres déplacements. En ce moment même, après son accès de violence, Sergius se sent faible, ses jambes cherchant à se dérober sous lui. Il n'a jamais appris à s'excuser. Ce sentiment qui l'envahit n'est pas une chose qu'il peut comprendre. Il sait juste que ces mains entre les siennes sont la seule ancre qui empêche son esprit de disparaître dans la tempête, le seul phare capable de le guider.

"Ces landes sont parfaites pour se transformer. Et sous cette forme-là, j'ai presque autant de charme que toi. On devrait descendre en ville comme ça, on ferait des ravages."

Ville est un grand mot. La localité la plus proche ne mérite certainement pas une désignation si prestigieuse. Il le laissera en juger, si toutefois ils survivent à ce dîner...
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Sergius Klemheist
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Dim 17 Mar 2024 - 18:08
Une broche pour s’unir, un tatouage pour s’allier. L’alliance entre eux est plus ancienne encore. Dans tout ces souffles éprouvés de l’effort qu’ils ont dissipés dans les landes roumaines. Là où la fraicheur matinale tranchait brutalement avec le feu, brûlant et saisissant d’animaux incontrôlable. On ne contrôle pas un dragon, on apprend seulement à ce qu’il nous tolère. Ces immensités du ciel, d’une autre époque, plus riche où ils n’étaient pas chasser pour qui ils sont. De la même manière, on n'apprivoise pas Sergius Klemheist, on apprend à vivre avec ses angoisses, ses opinions, ses accès de colère.

Le morceau de bruyère dans les mains, il sent celles de son homme s’unir aux miennes, l’obligeant à lâcher le petit morceau de verdure. De là où ils se trouvent, le seul regard extérieur des steppes écossaises est leur témoin. L’arcade abrite les vestiges d’une discussion qui a prit place entre eux plus tôt, leurs peurs, les angoisses, la menace de la mort planant sur leur couple. Les aveux, plus acides, entre deus âmes qui s’aiment mais ne parviennent pas à obtenir un consensus sur leur idées. Nour aimerait lui dire que ce combat n’est pas le leur, pourtant, il se sent obligé d’y prendre part. Qu’arriverait-il s’il venait à le perdre ? Est-ce que le prix de nos idées peut mériter la mort de nos proches ? En un sans, plus le temps passe, plus il a l’impression que c’est le choix qu’à fait son père. Lutter contre ses opinions, au détriment de sa propre vie.

Un sourire étrange nait sur le visage de Nour, dissipant ses pensées pour revenir à ce qu’est en train de dire son ancien apprenti.
“Tu exagères clairement ce que je t’ai appris. C’est vrai, le côté lapin, tu te débrouilles plutôt bien sans moi…”

Le sourire est léger, il caresse d’une main le dos de la main qui est liée à la sienne, son regard ricochant du soleil couchant vers le visage de Sergius.

“C’est très beau ici, j’aurais aimé grandir dans un endroit comme celui-ci. - reculé, éloigné. En un sens, ce n’est pas tout à fait vrai, grandir dans une telle famille, ce n’est envieux pour personne - allons-y. Je dois me doucher avant le dîner et ranger ton cadeau.”

Libérant ses mains, il tend la main pour ouvrir la lourde porte en bois massif. L’intérieur est plus sombre, méritant un temps d’adaptation dans lequel le sorcier plisse les yeux plusieurs secondes. Au loin, la silhouette d’une elfe de maison s'affairent près des cuisines. Un escalier dans l e fond de la pièce, plus discret que les autres donnent accès aux étages supérieurs. Ils se trouvent dans la partie communes des cuisines. A droite, un cellier et plus loin un accès à une cave. Rien de très tape à l’oeil, ce qui plait assez à Nour pour privilégier toujours cette entrée aux autres. Pas de lourds tableaux sur les murs, uniquement des feuilles et épices servant probablement à cuisiner.

Ses pas s’éloignent de son homme, se dirigeant vers l’escalier :

“Tu viens ? J’ai pleins de choses à te raconter mais ça attendra qu’on ne soit qu’à deux. Concentrons nous sur ce repas.”

Sans trop l’attendre, il marque l’ascension jusqu’aux étages des appartements. Evidemment, l’un et l’autre ne partage pas de chambre mais, comme beaucoup de monde à l’époque, les portes dérobées ou les pas discrets dans le couloir suffisent à s’unir pour la nuit discrètement.

Après une toilette rapide, il porte une simple chemise blanche sur un pantalon ample, regagnant le salon principal pour cette soirée. La boule légèrement au ventre, l’inquiétude dans le regard. En entrant dans la pièce il est seul, ce qu’il avait espéré.

Il prend le temps d’admirer un tableau, patientant pour que sa nouvelle famille le rejoigne.
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Dim 17 Mar 2024 - 22:20
"Je savais que les reflets d'argent de la bruyère te séduiraient aussi bien que l'émeraude des grands bois. Ce sont nos trésors. Nous sommes d'étranges pirates, de ceux qui voguent parmi les nuages et collectent l'écho des éclairs. Nous sommes nécessaires à ce monde et nous existerons toujours."

Avec une tendresse presque féroce, Sergius dévore des yeux la silhouette qui disparaît dans ses appartements. Il continue à parler seul, en écoutant la rumeur des mouvements de son compagnon, lui-même perdu dans la contemplation de la croisée voisine, les fibres de son coeur toujours rattachées aux fluctuations de ce paysage sauvage au-dehors. Toutes les routes menaient ici, au plus solennel des pactes, au plus définitif des serments.

"Nous aurions pu ne jamais nous trouver. Nous avons déjà échappé au pire."

Loin sur la lande, au-delà du domaine magique, du côté du village voisin, un promeneur sans crainte du temps maussade et des légendes locales s'adonne à un air de cornemuse. Sans doute en préparation de la prochaine fête villageoise, le joueur lance aux quatre vents la plaintive Complainte de Starbuck, qui se répercute faiblissante jusqu'aux tours du manoir.
Oh home sweet home so long denied, with the one I love near by my side...
Ces accents déchirés aux dents des rochers ne disent rien de précis au sorcier imperméable à la culture ambiante ; il n'en perçoit que l'âme mélancolique. Un cri lancé vers le ciel par un naïf qui croit à tort y trouver son salut.
Obey and you'll be saved.

"Ils pourraient me condamner à t'oublier... et c'est bien trop doux pour eux, ils ne réalisent pas que c'est le pire qu'ils pourraient me faire. Leur vision de la douleur est si primitive, si simple. Dire que je les ai admirés pour ça."

Son murmure s'éteint avec le froissement du tissu et les dernières notes dans la nuit, avalées par les étoiles. Ses illusions y ont aussi brûlé leurs ailes. Il se sent étrangement, tristement lucide. Et pourtant, aucun regret. Dans la lucidité il y a la liberté. Dans la liberté, il y a Nour.

"Je ne les admire plus. Je les plains. Il me restera toujours un peu d'amour pour mes maîtres."

Enfin il se détourne de la meurtrière et va lui aussi rendre un aspect présentable à sa tenue. Il lui suffit de quelques sorts rapides pour s'apprêter. Voici qu'il ressemble à ces portraits accrochés aux murs. Aussi fier, du moins en apparence. Arrivé dans la salle du dîner, il agite toujours sa baguette machinalement, ravive le feu, rajuste l'arrangement de la vaisselle. Un elfe s'éclipse à petits pas silencieux. Enfin, ses filles apparaissent, côte à côte elles aussi, deux petites alliées contre le vaste monde ; plus si petites, l'une d'elles a franchement l'air d'une jeune dame et ses joues pleines ne suffisent plus à vous dissuader de la prendre au sérieux, sous le feu sombre de son regard.
Il est temps de se couler dans le rôle du père, exigeant mais attentionné. Personne n'a montré d'exemple convenable à Sergius et il s'invente comme il peut, sans garde-fous entre lui et l'erreur. Il songe parfois, pour se rasséréner, que tous les parents du monde sont dans la même situation.

"Allons, mesdemoiselles, avez-vous appris votre leçon aujourd'hui ? J'aimerais que chacune me récite sa page d'Histoire. Roza, commencez."

En se mettant à table, la jeune fille entonne une récitation en vers. Son accent écossais prononcé le surprend à chaque fois. Elle le force volontairement, dans des buts qui lui échappent, à lui et peut-être aussi à elle ; mais ça ne lui va pas si mal et il ne sait pas comment communiquer à ce sujet, alors il fait mine de n'avoir rien remarqué.

"Vous travaillez bien. Je suis fier de vous. Naza ?"

La plus jeune commet quelques erreurs évidentes. L'Histoire de la famille au temps des guerres de religions moldues ne la passionne clairement pas. Ou elle est mal à l'aise de se dire qu'ils ont nourri leurs monstres de compagnie avec la chair des massacrés de Glencoe, surtout qu'elle possède elle-même maintenant son premier architeutis. (Elle l'a, d'ailleurs, renommé Cthulhu, sans doute un prénom de la région.) Mais là où elle invente clairement, elle a au moins le mérite de créer d e nouvelles rimes pour faire passer sa supercherie inaperçue, et garde un aplomb impressionnant. Sa grande soeur semble inquiète de la réaction des adultes. Incertain, Sergius se redresse dans sa chaise alors que de généreuses portions de gibier apparaissent dans leurs assiettes.

"Nour, qu'en penses-tu ? Mademoiselle a-t-elle mérité son dessert ?"
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Sergius Klemheist
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Mer 10 Avr 2024 - 18:10
Qu’importe les secrets énoncés avec amour par son partenaire, ils n’atteignent pas Newrose déjà à distance de ces aveux. Il a placé secrètement le cadeau qu’il a reçu un peu plus tôt, sur une petite méridienne vernie, l’observant un temps. Le temps a passé, indéniablement et les hésitations qu’ils ont toujours connues sont différentes désormais. Il se souvient, avec précision, combien il était discret en sa présence avant. Une ombre, se camouflant de toute contact, surtout lorsqu’ils se trouvaient tous deux avec la famille Klemheist. Les interdits ont nourri cette attitude rétive, distante, peu affirmée. Le sentiment d’illégitimité naît en lui s'évaporant pourtant à la seconde où ils se retrouvaient dans les forêts roumaines. Tout était là, non ? Leurs pas, plus sûrs, affirmés, loin des carcans sociaux.

Pourtant, de ces années à se cacher, étouffer un amour qu’il a toujours porté sont nés des pratiques difficiles pour lui aujourd’hui. Son nouvel amant en serait témoin. Oliver, ce jeune photographe moldu a sans doute été surpris de le voir oscillé, d’une hésitation presque maladive vers un baiser fougueux dans une rue, tout cela en l’espace d’une soirée. Nour a surtout évité tout contact en public, ce qui reste une vilaine habitude qu’il n’arrive pas tout à fait à éloigner. Par crainte sans doute ? Les brimades de leurs familles respectives ne sont plus là, ils ne devraient plus être si prudents.

Assiégé à ses pensées, Nour admire vaguement le tableau qui s’offre sous ses yeux. Il repense à cette nuit, loin de l’appartement qu’il partage avec son homme. C’était il y à plusieurs mois en arrière, il venait de retrouver Sergius. Au regard du photographe sur lui, aux réponses vagues qui lui a offert à l’époque. Se détournant de sa contemplation, l’arrivée du roumain vers lui efface les dernières traces de ce secret. Semblable à toujours, sa tenue offre un sourire amusé à Nour, qui, incapable de s’en empêcher lance :

“Très élégant.”
Une manière bien à lui de se moque gentiment, lui, homme habitué à tituber dans la boue et les feuilles mortes. Ce jeu social lui a toujours été difficile, même plus jeune, il s’aventurait en dehors de son école le plus possible. La pluie rinçait ses vêtements et il lui semblait que c’était le moment de la journée qu’il préférait le plus. Qu’il pouvait enfin respirer.

Ce soir, sa respiration est plus courte. Il a l’impression de devoir se justifier à nouveau, lui et son amour pour cet homme. Une seconde, il vole une intimité discrète à son partenaire, lui offrant un baiser sur la joue pour rejoindre les deux jeunes femmes.

En les observant, on peut voir un peu de Sergius en elle. Il remarque une forme de détermination, bien que, cela pourrait venir également de leur défunte mère. La leçon est récitée plus ou moins  bien et sans se cacher, l’américain sourit, amusé par la forme de rigidité qu’impose Sergius. En fait, les rôles semblent s’inverser, car s’ils y repensent, c’est plutôt Nour qui questionnait sans cesse l’apprenti, avec cette même autorité naturelle.

“Je pense qu’elle a mérité son dessert. Demain j’irais en forêt avec elle.”


L’annonce a le mérite de faire lever  les yeux de la jeune fille sur Nour, surprise. Elle sait qu’il est dragonologue et pour un enfant, c’est probablement quelque chose de merveilleux. Il reconnait en elle surtout une jeune femme qui s’ennuie face à la multitude de livres qu’elle doit étudier à longueur de journée. Il était pareil, observant l’extérieur avec toujours plus d’intérêt que les longues formulations écrites. Le terrain, les sensations du vent sur lui.

En quelque sorte, il aimerait offrir aux filles de Sergius le même cadeau qu’il lui a toujours offerte : la simplicité d’aimer le monde.

“Est-ce que ça te plairait ?”  


Des deux jeunes femmes, la plus jeune est encore la plus perméable à ce type d’aventures. L’ainée déjà bien entraînée à respecter la posture qu’il lui a toujours été demandée de la part d’une famille de sang-pur. Il ne peut pas l’a blâmer pour cela. S’extraire de ce schéma est difficile, il faut de l’abnégation. Il n’est même pas sûr lui même d’y parvenir, du haut de ses 36 ans.

Le sourire de la plus jeune donne son consentement et Nour, communicatif, lui offre un clin d'œil. Sans trop s’éterniser, les elfes de maison apportent les plats par magie. Elle dit :

“Est-ce que nous pourrons voir des feux follets en fin de journée ? Maman m’en a déjà parlé une fois, elle disait qu’il était rare de pouvoir les trouver si on ne connaissait pas les lieux…je pense qu’il faut juste s’aventurer assez loin de la civilisation, ils sont discrets.”

Sur la table, beaucoup de plats et des odeurs alléchantes qui ouvre l’appétit. Le coup d’oeil que lance le sorcier à son partenaire est amusé. Il cherche probablement inconsciemment son approbation à cette proposition, cherchant à s’intégrer dans cette nouvelle famille.

“C’est possible. Ton père doit pouvoir te les montrer. Roza, tu veux les accompagner un soir ?”


PS : Chaton, tu peux me faire des avatars stp ? ♥
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Ven 12 Avr 2024 - 8:40
"Même les Moldus peuvent trouver des feux follets. Vous avez dû voir ça en cours, d'ailleurs. Les explications qu'ils leur donnent, selon les cultures et les époques. C'est important de comprendre comment leur esprit traduit notre réalité pour éviter de bouleverser la leur. Une part importante de votre devoir de sorcières sera de jouer leur jeu afin de préserver le secret de notre existence."

"J'aimerais mieux aller avec vous," coupe Roza. Elle fixe Nour du regard. Elle ne va pas le dire à voix haute, mais clairement, elle trouve son père ennuyeux et donneur de leçons. L'expédition pourrait être distrayante, mais au lieu de cela, il faut qu'il en fasse une tirade moralisatrice ! Sergius comprend fort bien le reproche mais celui-ci n'est pas formulé, aussi, il ne peut pas s'en défendre. Ha, voilà bien une technique qu'elles tiennent de Madame Mère.

Désemparé, il se tourne vers son assiette pour s'adonner à quelque chose qu'au moins, il maîtrise.

"Nous avons le temps d'apprendre tous à nous connaître. Ces vacances serviront à cela. Vous aurez beaucoup à raconter en regagnant vos classes."

"Ou pas,"
murmure Roza, l'air détaché.

"C'est-à-dire ?"

"Ou à ne pas raconter."
Les deux soeurs ont leur personnalité, et leurs propres réflexions et complots, quand elles se retrouvent seules ; seules face au reste du monde, c'est ainsi qu'elles ont vécu depuis bien des années. Face au regard de la petite, Sergius se sent étranger. Elle était si jeune à la mort de sa mère, se rappelle-t-elle vraiment de ce que celle-ci racontait ? Ou est-ce une manière de lui dire...

"Les vieilles familles ont toutes beaucoup de secrets," tranche-t-il sans élaborer. "C'est l'une de nos richesses. Peut-être la plus précieuse."

"Nan, la plus précieuse c'est d'avoir un château."
A son grand soulagement, il voit Naza exprimer un point de vue d'enfant. Il se permet un sourire amusé et réfléchit cette fois, pour ne rien dire qui l'ennuie ou la froisse. Ces efforts sont beaucoup aidés par la présence de Nour ; au moins, il se sent soutenu par quelqu'un... il n'a pas l'impression de se débattre dans les marécages qui cherchent à l'engloutir de toutes parts. Non, il a l'impression d'entamer une exaltante aventure, avec ses écueils certes, mais aussi ses triomphes.

"Les hauts murs, tu veux dire ? Pour accrocher tous les portraits ?" Il n'est pas peu fier d'avoir remarqué qu'elle était une grande collectionneuse de photos... même s'il ne comprend pas toujours très bien de quelles célébrités il s'agit, ou en quoi elles sont célèbres.

"Mais non ! Plein de chambres ! Quand tu vis sous les combles, c'est pas évident pour inviter les amis ! Enfin... Nour l'a fait," minaude-t-elle en jouant avec sa nourriture, "mais il avait un sortilège pour augmenter l'espace. J'espère pour lui."

Elle fait directement allusion à leur cohabitation londonienne. Sergius manque s'étouffer dans son verre. Elle semble en savoir beaucoup trop, et si elle est au courant de tout, qui d'autre ? Roza paraît inquiète pour sa soeur et s'interpose rapidement pour détourner la conversation, affichant un embarras clairement issu de sa branche paternelle :

"Vous ferez attention, en forêt. La foudre est tombée deux fois sur le grand chêne dans la clairière. Il est fendu jusqu'à la racine. Un bois intéressant pour en faire des baguettes, s'il n'est pas maudit bien sûr, qu'en dites-vous ?"
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Sergius Klemheist
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Dim 21 Avr 2024 - 19:49
La tirade de Sergius fait sourire Nour plus que de raison. Il camoufle à peine son sourire, qui redouble d’intensité quand Roza, l'aînée, demande à l’accompagner lui plutôt que son père. Hilare, il fixe Sergius, son homme, avec un amusement évident qu’il n’arrive pas à brimer. Ce côté de sa personnalité était parfois un peu surprenant, dans leur première rencontre. Cette vilaine tendance à vouloir contrôler ce qui se déroule, méticuleusement. Disons que peut etre que ce caractère très rigide n’est pas sa réelle personnalité, elle semble surtout être induite d’années aux prises d’une famille abusive, contraignante et trop disciplinée. Il en est l’instigateur également en un sens, ayant été embauché pour se faire son précepteur des enseignements des créatures magiques. Lui aussi, en un sens, à forger ce côté discipliné et fin qu’il observe ce soir.

Le rôle de père est nouveau. Comment serait-il, lui ? Un père aimant ? Présent ? Il repense à son propre père, s’étant ôté la vie - du moins c’est ce qui a été annoncé - et à son absence même avant. Il se souvient s’être demandé si la figure paternelle devait nécessairement être ce carcan d’autorité qu’il a toujours vu. Peut être que c’est simplement les codes d’un monde sang-pur ancien et vétuste. L’américain n’a jamais envisagé d’être père, pourtant, plus le temps avance, plus l’envie de fondée une lignée différente le tente. Faire mieux, ou du moins, autrement. Prouver peut être à soi, et aux autres, qu’on peut être sang-pur et ne pas opprimer tout un peuple sous prétexte qu’il est différent. Dire qu’il pourrait être emprisonné pour penser cela…

"Les vieilles familles ont toutes beaucoup de secrets,"C'est l'une de nos richesses. Peut-être la plus précieuse."

En réalité, bien que Sergius ici n’a pas tord, Nour pense surtout qu’il n’est pas d’accord. Ce qu’il estime précieux, c’est de s’aimer, la résilience. Il a grandit sur un modèle ou quoiqu’il puisse en dire, son père aimait sa mère avec dévotion et réciproquement. Le mariage par amour, la bonté, il croit encore que ce sont les richesses précieuses d’une éducation. Pour ce qui est des secrets, ils sont tous les deux là où ça les a mené. Est-ce vraiment une bonne chose ?

Son sourire désormais disparu, il murmure juste :

“Et si on oubliait les classes pour une petite semaine ? On ira en extéieur, qu’en dis-tu ?”

L’approbation est demandée, même si le ton est presque un peu autoritaire, mais d’une manière naturelle, sans qu’il s’en rende compte réellement. Il trouve que les classes, étudier, ce n’est jamais réellement la bonne façon d’approcher un sujet. Pas que disons le. Il se dit qu’ils pourraient tous profiter de ces moments autrement qu’en récitant des leçons. C’est une bonne façon de mettre tout le monde mal à l’aise, à commencer par les filles.

A la place, il aimerait que Sergius se montre sous son vrai jour. Cet homme qui explore la forêt, certes en silence mais avec passion. C’est cet homme là, ce père, qu’il devrait être. Qui est-il pour juger, finalement ? Sans imposer, il propose une alternative.

"Nan, la plus précieuse c'est d'avoir un château."

L’interruption le fait sourire et tandis qu’il mâche un morceau de nourriture il tend son verre à la plus jeune des filles, un clin d’oeil qui la fait glousser, sans doute amusée par l’initiative.

‘Mais non ! Plein de chambres ! Quand tu vis sous les combles, c'est pas évident pour inviter les amis ! Enfin... Nour l'a fait”

L’intervention fait au moins rougir Srgius ce qui suscite un nouveau sourire, plutôt amusé à Nour. Sous la table, sa main glisse et effleure son genou, sans se pressé, plutôt pour inciter ce léger malaise et en jouer.

“Hum, l’appartement est assez grand. Et tu as raison, les sortilèges peuvent aider. Où aimerais-tu vivre toi, en grandissant ? Petit, je rêvais de vivre dans une forêt.”

Il l’a fait. En quelque sorte. Il se garde d’ajouter qu’il s’est même enfuit dans ces même forêts avec leur père. Le degrés d’intimité est trop grand, même si c’est la réalité. Depuis, Londres lui parait être une autre forme de jungle, différente. Plus dangereuse encore, car plus peuplée.
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Newrose Walsh
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Lun 22 Avr 2024 - 7:31

L'attention que lui portait l'instructeur en dragonologie laissait la petite soeur quelque peu incertaine, mais flattée. Elle n'osa pas d'abord réagir directement à ses propositions, mais en voyant son père les accepter avec naturel et même avec attention, elle se décoinça tout à coup et commença à répondre, volubile comme quelqu'un qui est resté enfermé trop longtemps dans le silence. Son aînée la regardait faire avec cet air catastrophé, mais contenu, qui signifiait une réflexion intense pour parer à toute engueulade.

"Je voudrais vivre avec ma soeur... Elle, elle veut fabriquer des baguettes, ou des appareils photo, elle change tout le temps d'idée. Au début elle disait des boules de cristal. La honte ! C'est une arnaque, ces trucs-là ! ...Alors sûrement qu'elle fera un apprentissage à Londres. On pourrait habiter tous ensemble !"

"Père n'a sûrement pas prévu cela,"
siffla Roza, froide et presque menaçante. La petite rentra instinctivement la tête dans les épaules mais lui décocha un grand sourire faussement innocent, en insistant de plus belle :
"Ben comme ça, il pourra prévoir. Oh ! Et je veux qu'on ramène l'elfette qui fait les chambres ici. Kobalte. Elle est trop mignonne ! On est super copines !"

Son opiniâtreté impulsive aurait pu faire sourire Sergius, comme tout ce qu'il était soulagé de ne pas lui avoir transmis... s'il n'avait pas craint de la vexer ou de se trouver face à une situation plus inextricable encore. Pas une seconde, il n'avait réellement planifié d'installer une véritable complicité entre lui et ses filles. Il ne savait pas du tout comment il s'en sortirait si c'était le cas accidentellement. Et une elfe de maison en plus ? Elle ne se rendait pas compte qu'établir une maisonnée était tout sauf un jeu...

"Elle veut sûrement rester avec sa famille, Naza. Et c'est compliqué pour ces petits êtres, quand tu leur demandes quelque chose, ils ne peuvent pas refuser ni même en avoir envie. Réfléchis à ça avant de faire des projets pour eux."

Naza cessa de manger, les joues pleines, et croisa les bras comme un petit hamster agacé le temps d'avaler sa bouchée. "Ch'est trop compliqué. Ch'est à toi de déchider ! Tu es le maître ichi non ?"

Sergius sourit. Repoussant ses couverts, il se leva de table, et contourna les sièges pour venir poser sa main sur l'épaule de sa fille. (Non pas que Elle rentra de nouveau la tête dans ses épaules par réflexe, hamster redevenu tortue. Sergius voyait bien qu'elle craignait de sa part une explosion de violence, mais elle ne paniquait pas, elle avait dû se préparer à ce moment et avoir des idées de stratégie en réponse. Il aurait vraiment voulu avoir le pouvoir de désamorcer cela. Il ne trouvait rien d'autre qu'une conversation douce mais ferme, imitant inconsciemment celle de son compagnon.

"Je ne suis pas le maître de Nour. Ou alors, il est tout autant mon maître, et ça ne veut plus rien dire. Je n'ai rien prévu pour l'avenir mais si nous habitons ensemble, j'apprécierais que personne ne cherche à être le maître des autres. Nous rencontrerons assez de cela hors de la famille, vous ne croyez pas ?"

Roza semblait comprendre de quel genre d'avenir il parlait, et elle se raidit légèrement, droite dans son siège, ses grands yeux fixés droit sur le spécialiste des dragons comme si elle était l'un de ces nobles animaux, brusquement pris au piège et se demandant comment cet être insignifiant, ce vulgaire aventurier, avait réussi à lui mettre la main dessus. Elle ne dit rien, mais ses lèvres se pincèrent.

"Mais ici, il faut un maître," protesta Naza en se tordant la tête pour regarder son père. "Les elfes en ont besoin. Le château en a besoin ! Et même les Moldus de la région, qu'est-ce qu'ils deviendraient sans nous ?"

Elle se sentait responsable. D'eux tous, elle était la seule encore suffisamment innocente pour incarner ce rôle de princesse, qui officiellement lui revenait de droit. Elle était la voix de la tradition dans toute sa superficialité, sans rien de ce qui se cachait de hideux et de faux sous le voile. Et les deux autres membres restants de sa famille avaient le coeur lourd, l'impression de lui avoir menti, et qu'elle les détesterait quand elle comprendrait. Elle devait le sentir, car elle regarda à son tour dans la direction de Nour comme pour espérer son assentiment.
Elle avait encore l'âge de jouer un parent contre l'autre et c'est exactement ce qu'elle faisait.

"Pour les balades, c'est la meilleure région. Londres, je suis sûre que c'est nul ! Alors moitié là-bas, moitié ici ?"
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Sergius Klemheist
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Sergius Klemheist
Lun 22 Avr 2024 - 18:55

"Père n'a sûrement pas prévu cela,"

L’a-t-il seulement envisagé ? Nour dont l’attention était portée sur les filles se détache pour observer discrètement Sergius, envieux d’avoir la réponse. Une famille, dans laquelle ses deux filles et eux deux puissent un jour vivre ensemble. Le discours enfantin n’est pas si irréalisable aux premiers abords. Il témoigne juste d’une volonté sous-jacente sans doute, de la plus jeune, de partager un peu la vie de son père. En un sens, grandir avec ses parents n’est pas toujours bénéfique, mais le besoin d’amour est inconditionnel à l’homme. Depuis la mort de leur mère, les deux filles doivent être solitaires. D’une manière qui ne devrait pas l’être. De cela, l’américain en partage également l’empathie, orphelin de son père, il a vécu la tragédie avec difficulté pendant son adolescence. Il n’ose pas imaginer le manque que cela doit créé chez deux enfants. Surtout si leur père n’est pas présent.

Sur un registre moins empathique, la présence des filles à Londres complexifierait grandement leur situation, déjà tendue. Le regard de la société sorcière est difficile, plus encore, Nour n’est pas certain qu’offrir un foyer à ses deux filles serait une situation pérenne. Qu’arrivera-t-il s’ils sont découverts ? Si les hommes qui veulent leur mort, et celle de Nour, viennent ?

"Je ne suis pas le maître de Nour. Ou alors, il est tout autant mon maître, et ça ne veut plus rien dire. Je n'ai rien prévu pour l'avenir mais si nous habitons ensemble, j'apprécierais que personne ne cherche à être le maître des autres. Nous rencontrerons assez de cela hors de la famille, vous ne croyez pas ?"


La voix de Sergius perce les réflexions peu enclines de Newrose qui perd son regard un instant sur son assiette. Leur relation ainsi mise à nue le rend fébrile, même s’il s’agit d’enfants. Le dragonologue se sent fébrile de cette nouvelle promiscuité familiale qu’il n’a pas beaucoup connue. Jouant avec le bout de viande dans son assiette, il effleure de l’autre main cette nappe brodée et douce sous les mains.

La négociation enfantine de Naza le fait sourire. Cela pourrait vexer l’enfant qui semble l’observer en attendant visiblement qu’il tranche. Elle a sûrement compris que des deux, c’est probablement lui qui est plus souple sur les règles que son père. Elle ignore qu’en réalité, ce n’est pas tout à fait le cas. Lui n’est présent que pour soutenir l’homme qu’il aime et le reste du temps, il est autoritaire, pointilleux et directif. Au moins dans certains domaines.

“Roza, peut être que tu apprendras que être son propre maître, c’est déjà beaucoup.”

Inutile de dire à l’enfant que la liberté est un prix, que son père paie chaque jour en étant avec lui et inversement. La liberté de penser aussi et que, tristement, il retrouve dans les schémas de paroles de l’enfant les mêmes intonations qu’il a connu enfant. Il a longtemps pensé ainsi lui aussi. Pourtant, plus il fréquente les moldus, plus il se sent nouveau dans ce monde, redécouvrant des choses, y compris sur lui-même qu’il n’imaginait pas.

“Je pense que nous ne sommes pas obligés de décider ce soir, si oui ou non vous viendrez vivre avec nous à Londres. Ce serait triste de perdre cet endroit aussi, je suis d’accord, c’est une belle région pour les balades.”

Une belle manière d’esquiver le sujet, il n’a pas envie de perdre son énergie à expliquer sous couvert de métaphores que cette idée est dangereuse. Les deux enfants ne pourraient pas comprendre les raisons et il aimerait les protéger de cela. L’idée pourtant, de fonder une famille avec les deux filles et Sergius est plaisante.

“Londres est une belle ville pleine d’histoire. Si tu te balades aux bons endroits, tu peux sentir…l’odeur des marrons chauds. Ils sont chauffés par des formats miniatures des dragons qu’on observe tous les jours, votre père et moi. Si tu continues, tu peux parcourir les échoppes de livres au milieu des statues du monde moldu. C’est une ville qui brille la nuit, quand vous vous baladez. Imaginez, les bords de la Tamise…et un joueur de feu. Il joue avec les flammes, on dirait un sorcier mais je vous assure que ça n’en est pas un.”

Un sourire dans la voix, repensant à ce souvenir. Le hasard, qui pousse deux êtres à se croiser au détour d’un incident, alors qu’ils s’étaient perdus. Il garde ce secret, il est le leur, juste la poésie de l’instant.

“Le feu danse et de superbe reflets sur l’eau. Et…si ous marche un peu plus loin, il y à une…stucture, vous n’en avez jamais vu je sais. C’est une roue énorme, comme on utilise pour les chariots et les gens y montent, dans des petites nacelles comme les diligences que nous utilisons encore. Vous avez l’impression de voler, comme un oiseau.”

Amusé, il lance un autre clin d’oeil à la plus jeune. “C’est une belle ville, il faut juste apprendre, tout comme ici, à visiter et découvrir.”
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Mar 23 Avr 2024 - 8:49
La description de Londres rencontre d'abord une expression circonspecte de la part de Naza, qui hésite à le croire sur parole. Est-ce que ce ne serait pas l'un de ces messieurs pince-sans-rire qui inventent des histoires invraisemblables, en conservant une expression absolument sérieuse ? Elle ne va pas se laisser avoir si facilement. Mais le spectacle décrit a tôt fait de la conquérir, et elle abandonne sa méfiance : elle veut que ce soit vrai. Ses yeux s'animent d'étoiles.

"Je veux apprendre ça ! A jouer avec les flammes ! Tu crois que les Moldus m'accepteraient comme élève ? Ou ils protègent leurs secrets eux aussi ?"

"Arrête," coupa Roza en se levant de table à son tour. Elle avait du mal à supporter cet échange, et surtout ces non-dits. Elle était nerveuse. Un danger planait. Elle pouvait le sentir, plutôt que le comprendre. Ces adultes d'apparence forte et solide ne pouvaient pas les protéger, elle avait plutôt l'impression qu'ils étaient le danger. Et elle savait exactement ce qui était déjà arrivé à leur mère. Elles étaient peut-être les prochaines. Pour sa part, elle aurait pu se résigner, mais elle protégerait sa soeur coûte que coûte. "Père, je dois vous parler."

"Cela ne peut-il pas attendre que nous ayons fini de manger ?"

"Vous vous êtes levé avant moi,"
objecta froidement la jeune femme. Elle ressemblait tant à sa mère en ce moment que Sergius en eut le souffle coupé. Son regard perdu courut à la recherche de celui de Nour, puis il se raidit et se redressa, drapé dans sa dignité de seigneur du manoir.

"Fort bien. Toutes mes excuses, nous en avons pour un instant." Il fit signe à la jeune dame de franchir la lourde porte de chêne qui donnait sur un bureau attenant, laissant la table à demi vide et une ambiance pesante, sous le regard de quelques vieux portraits. La petite soeur baissait les yeux, redevenue timide soudain, pas tout à fait prête à ce tête-à-tête. Elle ne savait pas ce qu'elle avait fait de mal. A l'école, sa soeur était moins bizarre. Peut-être qu'elle avait un amoureux et qu'elle devait en parler à leur père, de crainte qu'il lui propose un promis ?

Dans un froissement de soie, elle quitte sa chaise à son tour et se rapproche de Nour pour chuchoter à son oreille :

"Je ne sais pas pourquoi elle ne t'aime pas. Moi, je t'aime bien."

Son regard est sérieux, son visage dépourvu de sourire, presque boudeur. Pourquoi faut-il toujours que les grands gâchent tout ? Elle hésite à peine, puis s'appuie contre l'adulte en fermant les yeux, passant un bras autour de son cou. Elle le trouve sympathique, c'est vrai, très calme, très reposant. Et beau. Il est très beau mais elle n'osera jamais le lui dire. Ou bien...

"Je pourrais avoir ta photo ? Pour la mettre sur mon mur ? J'essaie d'avoir tout le monde."

C'est sa petite collection, tous les visages qui comptent pour elle, comme si elle essayait de dissimuler la pierre froide du manoir derrière un papier-peint d'images affectives. Et il y a déjà une forme de nostalgie dans sa voix, la conscience que ce qu'elle espère ne se réalisera sans doute jamais. Ils n'habiteront pas ensemble. Sa soeur ne l'autorisera pas. Ce présent qu'ils vivent appartient déjà à un passé inaccessible. Bientôt, ce ne sera plus qu'un souvenir. Elle a appris à vivre ainsi, à renoncer, à ronger son frein en silence.

La porte se rouvre. Aucun cri de rage ne l'a traversée. Sergius est un peu pâle, mais semble en quelque sorte soulagé. Quant au visage de Roza, il ne laisse rien transparaître. "Bien, nous pouvons passer au dessert, je crois," suggère-t-elle en revenant à sa place comme si de rien n'était. Le château a besoin d'un maître et elle est toute prête à endosser ce rôle. "Ce soir, nous irons en promenade sur la lande."
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Sergius Klemheist
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Sergius Klemheist
Mar 23 Avr 2024 - 13:01
Jouer avec les flammes est un jeu dangereux. Evidemment, le dragonologue n'encourage personne à s’amuser avec le feu, à force, on finit inévitablement par s’y brûler. Les brûlures, partiellement camouflées par ses tatouages, sur ses avants bras, en sont la parfaite illustration. Des blessures de guerres, d’années à travailler une des créatures les plus difficiles au monde avec abnégation, toujours. Pourtant, de tous les feux qu’il a rencontrés, ce n’est pas celui des dragons qui l’effraie le plus.

Il se contente de sourire à la demoiselle. Enfant, il pouvait avoir ce revirement d’humeur, passant de bouder à l’entrain le plus total. Souvent, il est dicté par le gain direct que l’enfant aura : une friandise, son propre plaisir. Il observe la demoiselle, attendrit par sa façon d’agir, encore innocente face au monde qui les entoure. Roza quant à elle est la parfaite illustration de l’éducation. Une jeune demoiselle, forte, indépendante, il ne faut pas l’en blâmer, elle n’a pas eu le choix. Quand il l’observe, il repense à la mère des filles, qu’il a rencontré quelques fois. Le choix est parfaitement calculé, il se souvient avoir maudit les parents de Sergius pour cela. La jalousie était plus grande qu’autre chose, se demandant si Sergius l’aimerait encore.

Inquiet, la boule au ventre, il laisse son compagnon s'éloigner avec son aîné. Le dernier coup d'œil qu’il lui envoie n’appartient qu’à eux et il lui faut une poignée de secondes pour se concentrer sur ce que la plus jeune lui dit.

Désormais près de lui, il laisse l’enfant l'enlacer, avec toute la simplicité qu'ont ces petits être à exprimer sincèrement ce qu’ils ressentent. Aussi simplement que cela, une étreinte après quelques minutes passées ensemble, parce que vous lui inspirer la confiance, la stabilité, la joie. Leur facilité à dialoguer par le corps est impressionnante, là où bien souvent les adultes enterrent ce qu’ils veulent.

“C’est difficile pour ta soeur, car votre maman lui manque. Elle a l’impression… que tout va changer et ça lui fait peur.”

Il chuchote la réalité proche de l’oreille de la petite, comme un secret entre eux. Il y à des choses que même une enfant peuvent comprendre, la peur de la nouveauté en fait partie.

“Ma photo ? - un sourire espiègle répare les quelques froncements causés par ce soudain départ et se détachant un peu de la petite demoiselle, il ébouriffe ses cheveux amusé - tu ne serais pas la première. C’est d’accord mais en échange, tu devras venir avec moi dans les landes. Je t’apprendrais à chasser les lutins de Cornouailles.”

Inévitablement, il repense à Oliver qui a pris son portrait, quelques mois plus tôt, à la sauvette. Lui n’avait pas demandé la permission. Ce souvenir lui offre un dernier sourire alors que le retour des deux membres de la famille interrompt ce début de discussion.

Quoiqu’il ce soit dit, Nour ne mentionne rien et acquiesce doucement. C’est leur intimité et s’il a besoin de savoir, il sait que plus tard, quand il rejoindra discrètement la chambre de Sergius, il aura des éléments d’informations.

Avec un timing parfait, le dressage des assiettes disparaît et le contenu est transformé. L’enchantement a été lancé par un elfe de maison non loin et les desserts semblent tous très appétissants. Sans s’en empêcher, Nour lance un regard inquiet à son partenaire, qui ne montre pas vraiment ses émotions en cet instant.

“Il fait déjà très sombre pour une balade sur la lande, même avec un enchantement. On pourrait y aller de jour, ce serait moins dangereux.”

La suggestion est dite doucement, comme une proposition. Il n’a pas envie d’aller dans les landes de nuit, il y connaît les trésors mais aussi les curieuses rencontres qu’on puisse y faire. “Il nous reste du temps avant de regagner Londres, pas besoin d’être trop pressés.”

Se servant une part d’un gateau, il a un peu l’estomac dans les talons, imaginant le pire. Est-ce que Roza a mentionné la mort de sa mère ? Blâme-t-elle Newrose pour cela ? Pour la fin de leur mariage ? Des souvenirs rejaillissent sous ses paupières, de la naissance de l’ainé. Il se souvient l’avoir portée dans ses bras et s’être demandé ce que ressentait Sergius. Être père, ce n’est pas rien, même si on est marié à quelqu’un qu’on exècre. Non ?
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Newrose Walsh
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