Drinks on me - Augustus VS Theodore

Ce soir, Augustus n’avait pas le cœur à la fête. Après le travail, il avait bifurqué de son itinéraire habituel pour se perdre dans les rues de la ville. Il ne savait pas trop pourquoi, l’idée de retrouver le confort de son canapé et la chaleur d’un repas ne l’inspirait pas vraiment. Aujourd’hui, il était lasse. Lasse de se grand manoir vide ou l’attendait toujours le même visage fripé en quête de directive. Lasse de son travail et de la répétition avec laquelle il frappait des murs. Rare était les fois ou la torture et la manipulation ne l’inspirait guère, mais ce soir il se sentait aliéné de tout ça.

Un doute, à l’arrière de son crâne qui le dévore et le fait souffrir. Un rare moment de lucidité pour un homme qui n’en avait pas beaucoup. Qu’est-ce qui le rendait si différent de l’homme qui marchait devant lui, pourquoi n’arrivait-il pas à fonctionner comme eux?

Pourquoi avait-il besoin de violence et de douleur pour aimer, pourquoi ne se sentait-il uniquement satisfait quand on tremblait devant lui. Pourquoi aimait-il les femmes que son désir choisissait ? Pourquoi les détestait-il encore plus ardemment?

Il avait simplement besoin de se remonter, l’odeur des corps et le bruit des cris l’avait lessiver. Trois jours à tenter d’extraire les informations d’une cible qui ne donnait rien. Auguste connaissait bien ce regard. Il y a ceux qui craquent, ceux qui abdiquent. Celle-ci n’allait rien faire de tout ça. La victime était absente de toute crainte, alors que lui-même tremblait à l’idée de la mort. Emporterait-il ses secrets dans la tombe, ou parlerait-il le jour où sa vie serait sur la balance ? Personne à protégé ou à balancer, dans le monde d’Auguste ne comptait que lui. Le prince. Le Roi.

- C’est ici, monsieur, grommela son homme de main en indiquant la porte d’une petite taverne qui n’avait rien d’engageantes pour le grand général qu’il était.
- T’en est certain? S’étonna Auguste en détaillant la porte qui s’ouvrait puis se refermait pour laisser entrer un duo de jeune gens.
- Affirmatif.

Il s’attendait à autre chose de la part d’un jeune abrité par les Carter. Certes, le chemin de traverse ne comportait pas beaucoup d’endroits qui en valaient le coup, mais il se serait attendu à ce que ses connexions familiales le branche dans un endroit plus... Moins... En-tout-cas. Si c’était ici que le jeune Bladgen travaillait, c’était ici qu’Auguste viendrait boire ces malheurs ce soir. Il offrit son chapeau haut-de-forme à son compagnon en le remerciant, comme toujours, il attendrait pas loin, à l’affût d’un grabuge à l’intérieur ou d’un ennemi en approche. Il n’y avait pas grand monde de fidèle de nos jours, mais Auguste pouvait toujours compter sur son bras droit... Enfin, jusqu’à ce qu’il en trouve un meilleur.

Il poussa la porte et une odeur chaude et humide d’alcool et de viande rôtis lui caressa le nez, une douceur rapidement emportée par la sueur de la classe sociale qui venait se réunir après une journée de travail. Augustus ferma les yeux sous la puanteur qui s’attaquait à tous ses sens, son écurie avait connu des jours meilleurs. Il déglutit tout en trouvant la force d’entrée réellement dans la taverne, d’un simple coup d’œil il aperçut le jeune homme derrière son bar. Même dans une assistance bondée, la perfection de sa mâchoire et la surbrillance de sa chevelure boisée le démarquait des autres. Le général miroitait le sourire qu’il voyait s’étirer sur le visage du jeune homme en train de servir un client. Il semblait si différent, loin de la pression des sang-purs et des jugements de la société. Il semblait être dans son élément, juste assez gentil tout en étant très professionnel. Il avait sûrement une bonne éthique de travail, ça plaisait à l’homme qui s’approchait d’une table avec appréhension.

Qui était venu s’asseoir sur ce banc avant lui? S’était-il même lavé le cul durant la dernière semaine ? Il travaillait sûrement dans un endroit sale et crasseux, un entrepôt ou une manufacture. Qu’est-ce qu’il pouvait détester les pauvres avec toute leur... Pauvreté. Beurk.

Il plongea la main dans son veston qui coûtait beaucoup trop cher pour boire dans un endroit pareil, même sans le chapeau, il devait faire tache dans le décor. Il en extirpa une serviette qu’il utilisa pour essuyer le banc qu’il comptait occuper. Dans son dos, un idiot au nez rouge qui trébuche, pousse Auguste dans une direction inattendu, le général en perds son mouchoir, faible prix pour avoir une main libre avec laquelle s’accrocher à la banquette. La colère et l’effet de surprise le secouaient toujours, il dévisagea l’homme qui l’ignorait en sentant son cœur trembler d’amertume. S’ils avaient été n’importe où sauf ici, il aurait repeint les murs de son sang. Auguste pencha la tête tout en relevant un soulier dont la semelle était détrempée par une substance liquide inconnu. Encore une fois, ses paupières se fermèrent difficilement tandis qu’il respirait profondément par le nez.

- Par tous les maléfices, faites que ce ne soit pas ce que j’pense...
Non, ce n’était pas de l’urine, mais bien de l’alcool mélanger à un peu d’eau. Un fait que le général ignorait et qui allait le hanter jusqu’à ce qu’il brûle la dite chaussure. Il prit place, visiblement dans cet endroit, il n’y avait qu’une seule chose qui en valait le coup. Une seule raison pour laquelle il s’était glissé à ventre de serpent jusqu’au chemin de traverse. Un seul homme pour qui il affichait son visage parmi le peuple, celui-là même qu’il ne pouvait s’empêcher de regarder, de jalouser.

Jeu 11 Juil - 18:51

« C’est demain la pleine lune pas ce soir, ne t’inquiètes pas !» souffla Theodore à son aînée Ella qui ne semblait pas très heureuse de savoir qu’il bossait si proche de la pleine lune. Il savait qu’elle ne pourrait pas contrer cet argument et pourtant elle le regardait un doigt tendu vers lui, comme un avertissement muet… mais un avertissement sans aucun argument. Il pouvait presque la voir chercher quelque chose dire pour avoir le dernier mot, pour ne pas admettre qu’il avait certainement raison. Un rire joyeux naquit dans sa gorge et il déposa un baiser sur la joue d’Ella. « Vraiment y’a rien à craindre, et j’suis pas seul j’te rappelle.»
Okay, ça c’était vraiment un argument qui ne tenait pas forcément debout, mais c’était pour dire qu’à plusieurs ils pourraient plus facilement le neutraliser si jamais quelque chose arrivait. Il en était à peu près certain, lui, qu’il ne se passerait rien. « C’moi qui doit être inquiet, pas l’inverse. C’toi le flic, moi là, j’suis juste barman. Au pire, il y aura des gens bourrés.» ce qui signifiait donc « fais gaffe à toi, tu cours un bien plus grand danger que moi ». Il ne la laissa pas répondre quoi que ce soit qu’il fila rapidement hors de la maison, saluant au passage Wesley – un autre de ses frangins- qui rentrait. Regard rapide vers la maison d’Amelia mais sa meilleure amie ne devait pas encore être là.

Comme chaque soir, même si lui n’était pas présent tous les jours-, les gens affluaient après e travail pour voir un coup ou deux. Beaucoup prenaient de la bierreaubeurre, d’autres voulaient de nouveaux cocktails, ou du whisky pur feu. Il blaguait ça et là avec quelques habitués comme s’il était dans son élément alors que ce n’était pas chose aisée pour lui. Mais ainsi, il entendait certaines choses qui un jour pourraient servir aux Supérieurs. Les gens qui râlent pour tout et rien. Les gens qui commèrent. Le plus souvent beaucoup de blabla pour rien, mais de temps en temps (ou plutôt rarement), il avait capté des choses intéressantes, il en avait référé à son frangin ou à son général suivant ce qu’il entendait. Et puis, il faut bien avouer que l’alcool aidait les langues à se délier, et aidait aussi à ce que des bastons arrivent plus facilement faisaient parfois émerger des querelles intéressantes. Et quelque part, tout cela lui plaisait. L’ambiance où il avait à moins se tenir, où il pouvait paraitre plus détendu, où un écart de langage n’était pas forcément mal vu.

Après avoir servi une énième bierreaubeurre son regard s’attarda un peu dans la salle… jusqu’à ce que son cœur rate un battement. Merde Blackblood. Qu’est-ce qu’il venait faire ici par Merlin ? Il ne voyait pas l’homme venir dans des endroits comme celui-ci où c’était vraiment la populasse… se mêler à de telles personnes qui ne faisaient pas parti de la Haute Société, qui n’avaient pas ses manières avait quelque chose d’étrange aux yeux de Theodore. Le plus gênant c’était certainement la façon dont il avait l’impression qu’il l’observait. Il déglutit avec difficulté et désigna à un de ses collègues l’homme. « Je vais voir ce qu’il veut. Il m’observe depuis tout à l’heure, il est flippant. J’crois qu’il est pas dans son élément» un prétexte comme un autre pour ne pas que ça paraisse trop étrange qu’il aille vers l’homme. Il avait déjà agi ainsi à de nombreuses reprises avec des inconnus qui semblaient un peu perdus, lors des heures de pointes pour les aiguiller. Son attitude paraissait donc… normale. Il se planta devant l’homme avec un sourire de façade de circonstances. Heureusement que le Supérieur ne pouvait pas entende ses battements de cœur frénétiques de stress. « Monsieur, puis-je vous servir quelque chose ? Si vous le souhaitez j’peu vous faire un cocktail qui… vous plaira, je pense.» léger sourire en coin, il essayait de garder de la contenance, tout en continuant à faire son métier… mais il espérait que l’homme se dévoilerait assez rapidement pour comprendre la raison de sa présence.

Auguste n’était pas le genre taverne, il avait toujours préféré les bars ou les salons. Les endroits où il y avait un code vestimentaire pour entrer et où l’on servait les alcools les plus chers. Pourquoi payer une bouteille trois fois le prix? Pour épater la galerie, montrer qu’on a plus d’argent que le type d’à côté et pour attirer les plus belles abeilles. Il n’y avait pas de ça ici, tout le monde buvait la même chose, parlait à tout le monde et ça provoquait un vrai vacarme. Y’avait-il même de la musique? Aucune idée, ses oreilles bourdonnaient au son des voix grossières et du tintement de verres. S’il avait été plus habituer, il serait passé au bar pour commander un verre comme tous semblait le faire. Quand il réalisa son faux pas, rien ne l’horrifiait plus que devoir traverser la salle pour aller rejoindre la station. Les épaules se frottaient et se bousculaient, on envoyait même des gouttes de liquide dans l’air et sur les vêtements alors qu’on s’agitait gaiement. Non, très peu pour lui.

Il décida donc d’observer sa cible, il voyait dans ces mouvements une certaine grâce qui n’était pas donnée à tout le monde. Il semblait aussi vif et bien ancré sur ses pieds. Il n’avait pas renversé un verre, avait secouru un client de sa maladresse et avait même trouvé le temps d’essuyer son comptoir. Blackblood était hypnotisé, il se demandait d’où pouvait bien venir un garçon à l’allure si...

Il ne savait pas, pas encore. Le décrire dans un mot simple aurait été une injustice. Theodore croisa le regard d’Auguste et celui-ci souri légèrement. Il détestait jouer les princes à attendre qu’on le serve dans ces circonstances, mais devoir bouger son pied sous la table pour qu’on évite de l’écraser avait suffit. Il avait bien jeter un œil sur la table de jeu où on pariait quelques pièces, mais dévaliser de pauvres travailleurs de leurs quelques cailloux n’étaient pas l’impression qu’il voulait donner à l’orphelin.

Est-ce vraiment ce qu’il voulait, travailler ici comme un sans nom sans talents ? Certes, il ne deviendrait jamais ministre, mais tout ça lui semblait être du gâchis. À quoi bon être adopté si on fini derrière le même bar à nettoyer les mêmes saloperies? Si c’était pour l’amour du gosse, ne voudrait-il pas lui offrir mieux que ça? Les Carters n’étaient pas en reste, le gamin aurait pu devenir médicomage, fabricant de baguettes ou arbitre de Quidditch. Après un temps qui lui semblait interminable, le jeune homme se décida enfin à venir accueillir le général. Oui, ça faisait tache de lui imposer, mais il refusait tout contact en dehors du banc ou il était malheureusement assis. Il lui offrit son plus beau sourire quand il arriva à sa hauteur, secouant légèrement la tête d’amusement.

- Je t’en prie, appelle moi Augustus
- Augustus?!! Vous ne seriez pas le p’tit neveu... La femme avait des cheveux hérissés et sur sa peau, on pouvait compter le nombre d’hivers qu’elle avait encaisser. Son haleine sentait la bierreaubeurre
- Je peux vous assurer, madame, que nous n’avons aucune connaissance en commun! S’exclama Blackblood sur un ton beaucoup plus sec et froid qu’il ne l’aurait voulu.
- Bah ça va, hein! Si on peut même plus discuter...

Auguste prit une grande inspiration tandis que la femme s’éloignait, geste qu’il regretta dès que l’odeur nauséabonde de l’endroit rempli ses poumons.

- Tu crois savoir ce qui me plait? Intéressant, approuva-t-il devant autant d’audace. Il avait l’habitude qu’on lui demande, personne ne prenait plus aucune initiative de nos jours. Je veux bien me laisser tenter

Ven 19 Juil - 16:53

On inspire. On expire. Tout va bien se passer. Qu’est-ce qui pouvait aller mal ? Ils étaient dans un lieu public… il ne faisait que son métier et l’homme n’allait pas risquer de griller sa couverture. Tout se passerait donc bien… mais l’homme lui faisait quand même un peu peur. Il avait cette aura inquiétante autour de lui qui avait tendance à le mettre mal à l’aise. Blagden était donc allé voir l’homme et avait tenté de faire bonne impression… Ce qui avait dû réussir vu la première phrase que l’homme lui sorti.

- Je t’en prie, appelle moi Augustus

Quoa ? Comment ça ? Pardon ? Il avait forcément mal entendu ! Ce n’était pas possible autrement. La confusion s’était répandue dans tout son être en même temps que le malaise par ce qu’il ne savait pas trop comment interpréter cela. Est-ce qu’il y avait une signification ? heureusement l’intervention de la bonne femme lui laissa quelques instants pour arriver à se reprendre et à se rappeler qu’il fallait respirer pour vivre. Pendant quelques dizaines de secondes, il avait en effet retenu sa respiration comme si cela pouvait me faire disparaitre aux yeux d’Augustus. La bonne femme, après s’être fait envoyée sur les roses par le plus âgée était partie et donc l’attention était donc revenue entièrement sur lui. Il réussit à ne pas déglutir laborieusement et se contenta d’un petit hochement de tête et de répliquer

« Comme vous le souhaitez Mo… Augutus.»

Par Merlin ! Que c’était dur de dire ça. Ca lui faisait bizarre, mais il n’avait absolument pas envie de le contrarier, alors il lui obéirait bien sagement, même s’il trouvait ça super étrange. Il espérait juste que ce n’était pas quelque chose qui risquait de se retourner contre lui plus tard. Bientôt l’autre allait lui demander de le tutoyer et de boire un coup avec lui et il n’était pas sûr que son cœur le supporte.

- Tu crois savoir ce qui me plait? Intéressant . Je veux bien me laisser tenter.

Mais qu’est-ce qui lui avait pris de dire cette connerie ? Même s’il fallait le reconnaître, il était plutôt doué là-dedans, il n’avait pas envie de se tromper face à ce type, il y avait beaucoup trop d’enjeu qui pouvaient en découler. Il s’insulta intérieurement de cette proposition mais vu qu’Augutus semblait intéressé il n’allait pas se rétracter. S’il se débrouillait bien, peut-être que cela pourrait faire des points pour lui.

« Je reviens dans quelques minutes, vous n’avez aucune allergie ?»

Ca aurait été vraiment dommage qu’il finisse à Ste Mangouste… Il nota scrupuleusement sa réponse dans sa tête avant de retourner vers le bar. Il sentait presque déjà la sueur qui coulait le long de son dos. Il inspira un bon coup avant de faire une boisson qui était corsée, un bon goût d’alcool ; un peu épicé; Quelque chose lui disait qu’il aimait ces boissons fortes. Malgré tout, il laissa également une légère notre fruitée qui était révélée juste après. Elle était loin d’être prédominante, mais elle donnerait un mélange intéressant que beaucoup de personnes aimaient généralement. Il avait juste mis des les alcools de meilleures qualités, certain que Blackblood était un fin connaisseur. Une fois la boisson terminée , il inspira un bon coup, pria sa bonne étoile et alla lui apporte.

« Bonne dégustation !» Lui avait-il, s’obligeant à garder la tête haute, à avoir un petit sourire sur la face. Sourire qu’il risquait de perdre s’il n’aimait pas la boisson.

L’inconfort du jeune homme transpirait dans l’air de la taverne, Blackblood avait l’habitude. On n'effaçait pas une telle réputation d’un simple sourire; et ce gamin n’était pas stupide. Il savait quel genre d’homme se trouvait devant lui, il connaissait en tout cas l’identité civile d’Augustus, et elle n’avait rien à envier à son ego de général. Le gamin semblait avoir un certain entrain pour son travail, curieux; ce n’était pas de la grande science que de savoir mélanger des boissons. L’endroit ne ressemblait pas non plus à un bar à cocktails, il semblait servir plus de bière flottantes dans de gros jugs mal facturer.

« Je reviens dans quelques minutes, vous n’avez aucune allergie ?»

Quelle étrange question. Si Auguste connaissait mieux, il aurait pris cela pour une menace vaguement dissimulé. Est-ce que le grand homme qu’il était avait un talon d’Achilles? Comme le monde se réjouirait si le vilain dragon pouvait être terrassé par une simple cacahuète. Puis l’éventualité le frappa en plein visage. Est-ce que le serpent était déjà venu souffler à son oreille? Travaillait-il pour quelqu’un d’autre que son ordre? Ramassait-il des informations sur ses alliés? Son beau visage doux, ses manières de chat effarouché et son talent à se trouver là où on ne l’attend pas.

- Aucune, répondit simplement l’homme en souriant.

Les gens normaux auraient trouvé quelque chose d’intéressant à regarder ou auraient tenter de se fondre au reste des patrons qui peuplaient l’établissement. Blackblood n’avait lui aucun mal à rester aussi immobile qu’un chien d’attaque qui guette sa proie. Il n’avait aucun intérêt dans les bouteilles que le jeune homme choisissait, préférant tourner son attention sur la grâce de ses mouvements et le focus de son esprit. Il semblait réellement apprécier son temps derrière le bar à mélanger son verre comme une potion inconnue. Tout à fait décevant, le général retrouva malgré tout son sourire quand il vint lui servir sa concoction. Ça avait une couleur... Intéressante. Plus clair et vibrante que ce qu’il buvait habituellement. Il le prit entre ses doigts, le remontant jusqu’à son nez pour en capturer l’épicé dans ses effluves. Auguste leva les yeux vers Theodore pour le dévisager tranquillement avant de porter le verre à ses lèvres. La question des allergies le travaillait toujours, mais peu de chance pour que le gamin des Carters se change en assassin futé porter par la coïncidence de sa présence dans l’établissement. Ou peut-être avait-il reçu de l’aide? Allez, Auguste! Arrête de faire ta poule.

Il prit une gorgée, la laissant rouler dans sa bouche tout en posant le verre sur la table. C’était fruité, mais l’épice balançait bien le sucré et arrondissait la fermentation de l’alcool. Il hocha positivement la tête d'un signe affirmatif.

- Je dois te l'accorder, tu as un talent certain. C’est délicieux!

Il n’avait pas l’habitude des compliments, mais le gamin l’avait bien mérité et Auguste n’était pas venu ici pour se faire détester, bien au contraire. Il devait cependant rester aussi balancé que la boisson qu’il buvait, Il fouilla dans la poche de son veston, en extirpant quelques pièces d’or qu’il déposa sur la table avant de les pousser vers le jeune homme.

- C’est un passe-temps agréable, souffla-t-il en reprenant son verre pour en inspecter le liquide en le faisant tourbillonner, mais pourquoi en faire carrière?

Tant de métier à explorer, d’escalier à gravir et il le retrouvait derrière un bar graisseux. C’était ça ou une échoppe à confiserie, juste à y penser, il en avait mal aux dents. Pourquoi lui? Ses frères et soeurs faisaient leur place dans le monde chacun à leur façons, et Blackblood n’en avait entendu que du bon. Des petites étoiles dorées, des gagnants... Puis il y avait lui. Theodore.

- Tu aurais pu aisément faire de grandes études ou appliquer pour des centaines de stages en ville. Oui, avec l’affluence de ses parents, il aurait pu choisir la voie qui lui plaît, dépenser une fortune en éducation ou sucré un poste dans une grande entreprise. Mais il était là, son petit regard brillant à servir des soûlon qui sentait le charbon.

Dim 11 Aoû - 21:15

Aucune allergie, dommage quelque part, l’information aurait pu être intéressante à retenir même s’il ne comptait pas en faire grand-chose. Dans le futur, suivant ce qui se passait, c’était toujours des « choses » qui pouvaient être intéressantes à savoir. Un savoir utile et c’est ce qu’il voulait. Être utile, à sa façon, donner un peu de sa pierre à l’édifice. En attendant, aujourd’hui l’homme n’avait rien à craindre de lui, c’était même certainement tout le contraire : Theodore n’était pas des plus à l’aise face à l’homme imposant, face à son pouvoir et à l’aura presque malaisante qu’il pouvait ressentir. Alors, bien sûr, pour l’instant et jusqu’ici même, Augustus s’était bien comporté avec lui, il avait été agréable… mais il n’en restait pas moins que Blagden était un peu perturbé, ayant l’impression que l’homme avait des idées derrière la tête. Mais lesquelles ? Est-ce qu’il avait un dessein tracer pour lui ? Est-ce qu’il était en train de tester son allégeance à la cause ou autre chose dans le même style ? Difficile à dire.

Trop de questions dans sa tête, le plus jeune était reparti faire cocktail sans réel autre mot, toujours inquiet par sa propre proposition et ce qui pourrait se passer si l’homme n’aimait pas ce qu’il allait lui proposer. C’était un peu un quitte ou double ; le pire dans tout cela c’est qu’il ne savait ce que cela pouvait lui apporter dans un cas comme dans l’autre. Il se doutait juste que si un Général l’appréciait un minimum – même si c’était pour se servir de lui- ; cela pouvait être un bon point pour lui. Il y en avait certainement de plus recommandables que d’autres mais sur cela, il n’avait pas vraiment d’idées sur la question il faut bien l’avouer. Il faisait les missions qu’on lui demandait et… c’était tout. Il fidèle à sa branche d’informateur : c’était certainement ce qui lui allait le mieux. Ecouter, retenir ; fouilller. Faire ami-ami avec les gens, arriver à leur faire dire des choses sous une discussion. La dernière partie n’était pas toujours pas la plus simple, mais si ça matchait bien avec la personne et qu’elle était un peu bavarde – ou en demande d’écoute-, ce passait généralement assez bien.

Revenu vers l’homme haut gradé, il lui avait tendu son cocktail et rapidement le couperet était tombé : et c’était positif. Les quelques secondes d’attente lui avaient presque paru des heures, mais le léger sourire, la mimique qu’Augustus avait eu juste avant de rendre son verdict semblait positif, les paroles vinrent confirmer cela.

- Je dois te l'accorder, tu as un talent certain. C’est délicieux! Il avait eu un fier sourire. Il n’avait pas pu s’en empêcher. Blackblood semblait le genre de type assez avare dans cette pratique alors c’était énorme. Il récupéra les pièces sur la table et les mettrait bientôt dans la caisse. Il n’avait pas osé reprendre la parole mais l’homme avait de toute manière bientôt enchainé C’est un passe-temps agréable, mais pourquoi en faire carrière? Theodore fronça les sourcils, il ne s’était pas attendu à une telle question et n’en comprenait pas bien le sens. Pourquoi pas ce choix de carrière ? Surtout que son travail principal restait quand même chez Bertie Crochue, mais là encore ce n'était certainement pas assez bien pour le plus âgé. Tu aurais pu aisément faire de grandes études ou appliquer pour des centaines de stages en ville. Pas faux. La réponse, dans un autre lieu, il aurait pu lui fournir : il fallait qu’ils soient dans toutes les couches de la société que les non-sangs-purs de la famille se fondent parmi tous les métiers sans l’aide de leurs parents. Mais forcément, cela, dans un lieu public ça serait briser sa couverture… alors, il allait devoir tourner un peu plus autour du pot. Et la vérité c’est qu’il aimait bien bosser ici, ce n’était pas prise de tête, il n’avait jamais eu l’ambition de faire de grandes études, il se trouvait trop moyen entre autres. « J’aime bien ce que je fais Monsieur. Etre ici, pouvoir échanger avec les personnes, leur faire découvrir de nouveaux goûts, et ce genre de choses.» Il espérait qu’il comprendrait les sous-entendus, le Supérieur était intelligent, cela ne devrait poser aucun souci « Je me doute que pour vous, c’est un sous-métier, ou quelque chose de ce genre là, mais c’est ce qui me convient. C’est un choix totalement éclairé.» par habitude, il avait redonné du « monsieur » sans même sans rendre compte.

L’ambition avait toujours fait partie d’Augustus. Depuis qu’il était tout petit, il avait toujours voulu ce qu’on les autres. Malheureusement pour l’univers, ses parents avaient assez d’argent et de remords pour céder à tous ces caprices. Remords puisque lorsqu’on élève un enfant comme Blackblood, les parents sont souvent pointés du doigt. Peut-être qu’avec un peu plus d’amour, de compassion et de compréhension quelqu’un aurait pu élever ce petit garçon pour en faire quelqu’un de bien. Rien n’était plus loin de la vérité, puisque dès le premier jour, ses parents l’avaient aimé. Beaucoup d’autres auraient abandonné, l’aurait donner pour qu’on l’emporte ; mais ses parents avaient tenu bon. Même quand on parlait des tuteurs qui disparaissaient, des animaux qu’on retrouvait dans les bois et finalement d’eux. Le couple maudit, qui avait été heureux jusqu’à ce qu’il mette au monde un psychopathe.

Auguste analysait Theodore comme s’il était un papillon sous la loupe, notant chaque battement de paupières, chaque ride que ses expressions dessinaient sur son visage. Il y avait de l’inconfort, mais Auguste n’avait pas l’impression qu’il mentait. Comme il l’avait prédit, le petit aimait se fondre dans l’environnement, le traverser pacifiquement et se laisser porter par le courant. C’était sans doute l’âge, le général aussi n’avait pas su quoi faire de son avenir quand il avait compris qu’il ne serait jamais un grand sénateur. Son futur l’avait découvert par lui-même, peut-être qu’un jour cette même vague viendrait pour ce petit.

- Sous-métier, c’est un peu fort, mais j’avoue être un grand fan d’hygiène, Dit Auguste en souriant avant de prendre une nouvelle gorgée de sa boisson. Rien à dire, il avait réellement un talent, ce qui donnait une autre idée à Blackblood. La position de Theodore n’était pas mauvaise, c’était la carrière parfaite pour quelqu’un qui voulait délier des langues.

- Je donne souvent des réceptions privées dans le cadre de mon travail, et j’ai toujours juré d’offrir le meilleur qui soit à mes invités, en effet les soirées de Blackblood n’avait rien à voir avec une réception de quartier. On y rencontrait des gens intéressants, et certains haut placés. L’endroit idéal pour faire quelques connections, si c’était vraiment ce qu’il voulait faire, il ne pouvait pas se contenter de servir à des clodos du coin.

- Je serais fier d’avoir découvert une nouvelle sensation, admit-il en souriant. Ça te donnera l’occasion de faire un peu d’argent. Tu dois commencer à penser à ton avenir si tu veux un jour mettre ton nom sur la porte de l’établissement.

Mar 20 Aoû - 20:40

Theodore haussa un sourcil un peu perplexe lorsque Blackblood commença à parler d’hygiène. Il regarda un peu autour de lui et voyait surtout un lieu vivant. Cela ne pouvait pas avoir la propreté d’un bureau ou d’une salle de réception où très souvent tout semblait aseptisé, mais cela est-ce qu’il pouvait se permettre de le dire ? Il n’en était pas vraiment certain. Après quelques secondes d’hésitation, il finit par répliquer doucement, avec un léger sourire sur les lèvres comme s’il craignait de le vexer ou de dire une connerie.

«On nettoie et on récure tout chaque jour, vous savez Monsieur ? Ce n’est pas vraiment sale non plus, mais je comprends ce que vous voulez signifier.»

Il n’était pas vexé, mais quand même, il n’aimait pas spécialement qu’on critique les lieux de cette manière ! Ils n’étaient pas non plus dans une porcherie, or, à le voir depuis tout à l’heure, il avait l’impression que l’homme était dégouté de tout. C’était à croire qu’il ne sortait jamais… ce qui quelque part était possible que l’homme n’aille que dans les endroits très huppés et donc avec une population beaucoup plus riche, guindée… Malgré tout, il avait réussi à garder un visage un peu plus neutre ; comme s’il n’avait fait qu’évoquer des faits.

Bientôt l’homme avait repris la parole, parlant cette fois de faire des réceptions privées. Blagden ne comprenait pas bien où il voulait en venir au début, plus par ce qu’il ne se trouvait rien extraordinaire que par ce que les propos d’Augustus n’étaient pas clairs. « Le gamin » ouvrit la bouche une première fois avant de la refermer, d’autant plus que le plus âgée avait continué à causer. Merde, qu’est-ce qu’il pouvait bien répondre ? Il aurait dû être bouffi d’orgueil, mais il se demandait surtout quel était le guet-apens, ou encore ce qu’on attendait vraiment de lui. Les propositions sans réelle arrière-pensée n’existaient pas vraiment dans ce monde, et un type tordu comme son interlocuteur avait forcément une idée dernière la tête. Il ne restait qu’à savoir quoi ? Quelque part, il était curieux de voir s’il pourrait satisfaire ce genre d’hommes, d’un autre côté, ça perdait tout le charme de son travail, de pouvoir se fonder parmi la foule, écouter des choses…. Ici ça serait de la politique, des racontars, des choses beaucoup plus chiantes. Maintenant il devait répliquer quelque chose sans se mettre dans la merde. Il savait pertinemment – ou du moins il pensait le savoir- la réponse attendue.

« Vous me proposer vraiment un genre de poste, Monsieur ?» demanda-t-il étonné, essayant d’avoir un ton chaleureux « C’est vraiment un honneur.» Ce qui était plutôt vrai ; il ne devait pas proposer cela à tout le monde. Il préféra ne pas lui dire qu’il n’était pas intéressé par coller son nom quelque part. « Mais, je ne sais pas si je serai à la hauteur de ce genre de …. Cérémonie ou soirée, Monsieur. » Oui, il avait complètement oublié qu’il devait surtout le nommer Augustus. « Qu’est-ce que … Comment est-ce que je pourrais vous remercier ?» il s’agissait bien là d’un échange de bon procédé n’est-ce pas ?