[LIBRE] Un conflit futile

 

 
J’ouvre les yeux, grimaçante, la tête lourde, le cœur battant. Ma vision est trouble, mon ventre est douloureux. Chacune de mes respirations est une épreuve. Je roule sur le côté du lit, finissant par poser les pieds au sol. Je prends sur moi avant de réussir à me lever, filant aux toilettes, un t-shirt oversize sur le dos avant de rendre le surplus d’alcool de la soirée de la veille. Les minutes passent et je ne trouve pas la force de sortir du cabinet tout de suite. Je ne peux cependant pas y rester éternellement, alors je finis par me lever et m’enfermer dans la salle de bain prendre une douche, histoire de me remettre un peu les idées au frais.

Après de longues minutes sous l'eau brulante puis glaciale, je finis par sortir de la salle de bain avant de retourner dans ma chambre pour m'habiller.

“Tout va bien ?”

Oh merde, je l’avais oublié celui-là, oublié que je n’étais pas rentrée seule hier, ou plutôt ce matin et qu’il était resté passer la nuit ici.  

Je le cherche dans la pénombre, les volets fermés et rideaux tirés ne laissent que faiblement la lumière passer.

“Yep. Je vais chercher du café et j’ai entrainement après, je n’ai pas trop le temps de traîner”

Ce qui est faux, mais je veux juste qu’il parte, me laissant tranquille. L’envie mêlée à l’alcool est une chose, décuver en compagnie de quelqu’un est une tout autre chose, un moment que je n’ai pas du tout envie de partager actuellement, avec qui que ce soit. Je cherche de quoi m'habiller rapidement, sans un regard ni forcement plus d'échange que ça, totalement vaseuse et dans une bulle de coton provoquée par mes excès de la veille.

Le message est reçu, mon amant de la nuit se rhabille, prend ses affaires et part, me laissant un simple baiser sur le front. Son contact ne me déplaît pas mais ne me mets pas à l’aise pour autant. La porte se ferme, mais je n’ai pas le temps de me pencher sur mes émotions, mon téléphone sonne et je soupire, le sortant de ma poche, voyant que l’indicatif n’est pas celui de Londres mais des Etats-Unis. Je décroche, échangeant brièvement avec ma tante. Le ton ne monte pas forcément mais je n’ai pas la tête à parler de sujets qui me déplaisent, à savoir que de toute façon, tout sujet se rapprochant de près ou de loin de la famille sont rangés dans cette catégorie.

Je finis par raccrocher, après de longues minutes en ligne, en ligne. Adieu mon instant décuvage, direction le Chemin de Traverse pour faire quelques achats avant de partir illico voir ma tante, de l’autre côté de l’Atlantique.

Je passe voir Takuma au Veaudelune pour acheter quelques plantes requises, je file dans une autre boutique récupérer quelques fioles de potions commandées puis un passage dans les allées de Fleury & Bott pour mettre la main sur un ouvrage précis. J’erre dans les allées, cherchant la requête de ma tante, toujours un peu ailleurs quand j’entends des voix s’élever crescendo dans la boutique. Un début d’altercation entre deux personnes dont j’ignore l’identité et qui de toute façon ne m’intéresse pas le moins du monde.

J’ai autre chose à faire dans mon état que de me préoccuper de deux personnes qui ne sont pas assez matures pour régler des problèmes sans avoir le besoin de hurler. Je continue de chercher ce qu’il me faut quand soudainement un livre de sorcellerie passe sous mon nez. Je retiens le soupir qui menace de sortir, des éclairs pleins les yeux et la colère qui commence à monter. Je n’ai pas envie d’ajouter mon grain de sel au conflit mais pour autant je n’ai pas plus envie que cela non plus de me prendre des balles perdues ou en l’occurrence, des ouvrages qui n’ont rien demandé à personne.