Est-ce la vie qui est devenue plus sombre ou moi qui me suis éloigné de la lumière ? | Timothy

Est-ce la vie qui est devenue plus sombre ou moi qui me suis éloigné de la lumière ?

Université de Londres, Bloomsbury, Londres
Lundi 9 janvier 2017

Dans la vie, il y a de bonnes journées, mais aussi des mauvaises. Voir très mauvaise. Aujourd’hui, semblait appartenir à la dernière catégorie. Bon, il est vrai que depuis mon retour à Londres, j’avais un peu perdu le plaisir de profiter complétement des bons moments. Il faut dire que j’étais effrayé en permanence, pas du monde, mais de mon interaction avec ce dernier. Je me méfiais de tout parce que j’avais peur que ça réveil en moi ce que je ne contrôlais pas, ce qui s'était réveillé depuis un peu plus d’un mois et dont les remèdes de ma mère avaient perdu l’efficacité. Souffler, respirer, garder son calme, ne pas s’énerver étaient ma nouvelle conduite, pour éviter tout problème. Malgré tout ça, il semblerait que la vie avait décidé de mettre mes résolutions à l’épreuve. Ça avait commencé de bon matin, alors que je descendais les marches de mon immeuble et que les livres s’étaient mis à les dévaler plus rapidement que moi. Je comprenais assez vite la raison de cette image, puisque l’épaule sur laquelle était reposé mon sac s'était allégé la seconde précédente. Après enquête, il semblerait que la lanière avait décidé qu’elle avait assez travaillé. L’objet étant devenu inutilisable, je me dépêchais de récupérer mes affaires avant de remonter à l’appartement pour retourner ma chambre en quête d’une solution provisoire en vitesse. Quelques minutes, plus tard, je courais de nouveau dans les escaliers avec un sac de sport en guise de sac de cour. Moins pratique, mais ça ferait l’affaire.

Sans grand étonnement, j’arrivais en courant à la salle de mon premier cours et me prenais une remarque de l’intervenant. Il n’avait pas encore commencé son cours -je n’étais pas si en retard que ça-, mais j’avais dû rouvrir la porte close pour m’installer. Si le premier événement de la journée m’avait agacé, je prenais la remarque comme une pique, mais je ne tentais pas de me justifier, de peur de monter dans l’énervement. À la place de ceci, j’allais m’installer au fond pour soufflé tout en m’installant. La journée aurait pu reprendre un cours normal après tout ceci qui n’était finalement qu’une succession logique du premier problème, mais non. Avant la pause de midi, il avait fallu que je me prenne les pieds dans mon sac -j’avais oublié qu’il était plus large que d’ordinaire- ce qui m’avait valu une presque chute devant tous mes camarades. Une presque chute, parce que j’avais réussi à retrouver l’appui de mes deux pieds sans le moindre risque, mais il était tout de même clair pour tous les autres que j’avais manqué de me ramasser. Les rires m’avaient agacé une nouvelle fois, ça aussi, c'était nouveau, je m’agaçais vite, bien plus vite qu’avant. Avant, j’aurais ri avec eux, peut-être même fait une révérence, mais maintenant, je ne jouais plus, je ne voulais pas me faire remarquer, je voulais juste faire partie du décor. « Je t’avais gardé une place. » Je me tournais vers Georgia qui m’avait rejoint à la sortie du cours. Des personnes que je fréquentais régulièrement avant l’incident, elle était l’une des rares qui continuait à me fréquenter régulièrement depuis mon retour, malgré mon caractère moins jovial. « Merci, mais comme j’étais à la bourre, me suis contenté de la première place que j’ai trouvé. » « Première fois que je te vois arrivé en retard. » Je laissais passer cette remarque, elle n’était pas dite avec méchanceté, je le savais parce que je connaissais Georgia, elle était douce et jugeait rarement, mais faisait souvent part de ce qu'elle constatait. « Problème de sac ? » Rajoutait-elle en regardant le sac en toile trop large pour sa fonction du jour. « La lanière à lâcher dans les escaliers, un miracle que le PC ait survécu, les livres ont dû absorber le choc avant de dévaler les escaliers. » Ce qui était le seul point positif de la matinée, non parce que remplacer un sac, c’était juste relou, remplacer un ordinateur, c’était bien plus cher. Mon amie acquiesçait d’un signe de la tête avant d’enchaîner sur autre chose pendant qu’on partait au cours suivant.  

Lorsque était arrivé l’heure du déjeuner, j’avais déjà dû sourire en serrant les dents suite à plusieurs remarques sur ma presque chute du matin. Bordel, ils ne pouvaient pas me laisser tranquille. Georgia ne faisait aucune remarque, mais je sentais bien son regard sur moi, ça faisait une semaine que c’était ainsi depuis que nous étions de retour sur le campus. Elle n’y pouvait rien, elle voyait bien que quelque chose était différentes. Je ne pouvais pas lui dire, mais je ne pouvais pas lui cacher non plus. Je ne tentais plus de la traîner dans la foule, j’étais même la première à proposer les lieux les plus déserts pour manger, étudier ou même glander. Oui, je savais que j’avais changé radicalement, même à moi, ça me faisait mal, mais c’était la seule solution que j’avais, je n’en voyais pas d’autres et rien que ce fait faisait que j’étais toujours sur les nerfs. Installées au fond de la cafétéria avec Georgia, nous étions sur le point de partir lorsque je constatais que je n’avais plus mon écharpe. Rien de dramatique, nous en concluons même rapidement que j’avais dû la laisser dans la dernière sale. Agacé une nouvelle fois par moi-même, je proposais à mon interlocutrice de la rejoindre au prochain cour -qui était bien entendu à l’opposé du campus- après avoir récupéré l’objet.

Et voilà qu’encore une fois, je courais dans les chemins et couloirs du campus. J’évitais les autres étudiants de justesse tout en tenant fermement le sac sur mon épaule. Une impression de déjà-vu, mais cette fois, si mon cœur et ma respiration s’accéléraient, ce n’était pas dû à la peur, mais juste à l’effort. Pourtant, l’épisode ne pouvait s’empêcher de revenir à mon esprit et de couler de nouveau dans mes veines. Absorbé, je ne réussissais pas à éviter un étudiant qui venait de la gauche à un croisement. « Pardon. » « Putain, fait attention ! » « Désolé. » « La prochaine fois regarde où tu vas ! » L’amabilité de ce type faisait monter en moi l’agacement, j’arrivais en limite, je sentais l’énervement grandir de plus en plus. Ce n’était décidément pas une bonne journée. Arrivé dans un couloir vide, je trouvai la porte de ma salle, toquait, sans réponse. J’appuyais alors sur la clenche, mais rien ne se produisait. Et là, devant l’ouverture close, alors que je constatais que je ne pouvais pas récupérer mon bien, une pique de colère m’envahit. « Merde ! » Ce n’était rien, c’était juste un objet, j’en avais bien conscience, je pourrais le récupérer d’une autre manière, mais actuellement, le fait que je ne pouvais l’atteindre, c’était le sommet de la mauvaise journée. Seule dans ce couloir, toutes les émotions de la matinée se rassemblaient et l’énervement transpirait dans mes veines. Le juron avait été le point de relâche, mais il n’était pas le seul. La porte s’ouvrait en éclat dans le même temps. L’ouverture n’était plus close comme si un bélier l’avait forcé. Sauf qu’il n’y avait personne en procession d’un tel objet, juste moi et mon état d’esprit colérique. L’énervement me quittait immédiatement pour laisser place à un ensemble d’autre sentiment… La panique, la peur, la tristesse, l’angoisse et autre. Soudainement, je ne cherchai plus à récupérer le morceau de tissu, non au lieu de ça, je ressentais l’envie de me laisser tomber, mais je ne pouvais pas. Regardant autour de moi, je constatais que le couloir n’était plus désert…

Nouveau coup d’effrois. Une sueur froide se manifestait dans mon dos alors que je n’arrivais pas à voir de qui il s’agissait parce que mes yeux étaient imbibés de larme de colère, me faisant voir flou. J’étais dans la merde. Ce constat aurait pu m’agacer une nouvelle fois, mais je n’en avais plus la force, j’étais résolu, j’avais explosé une fois de plus. D’une main, j'essuyais mes yeux, prête à déguerpir -ça aussi, c'était devenu une habitude-, lorsque je cernais enfin le visage. « Tim ? » Tout s'était passé rapidement, seul quelques secondes étaient passées. Si la personne en face de moi avait été un inconnu, partir en courant n’aurait pas été une mauvaise idée, il aurait juste pu identifier une blonde, je n'étais pas la seule du campus -surtout lorsqu’on savait le nombre de brunes qui changeait pour des cheveux de blé-. Sauf qu’il s’agissait de Tim et qu’il savait qui j’étais. À cet instant, je me sentais donc juste vaincu, bloqué. Fuir ne servirait pas. Il savait qui j’étais. Mais qu’est-ce que j’allais bien pouvoir lui dire ? Comment lui expliquer ? Je restais immobile, mais la peur s’emparait de moi. Pas celle d’être bousculé, non, celle d’être jugé par un ami.

Ft. Timothy Turner

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Université de Londres, Bloomsbury, Londres
Lundi 9 janvier 2017

L’étonnement sur le visage de Timothy n’était pas dur à lire, même si cela avait été juste le temps d’un instant. En même temps, quelle autre expression aurait-il pu afficher ? Moi-même, je reportais mon regard sur la porte éventré qui se tenait face à moi. Comment l’expliquer ? Que se passait-il dans son esprit ? Nous étions seuls et j’avais été la première devant cette porte, les liens qui se faisaient dans l’esprit de Tim paraissait donc évidant. Je devais être impliqué à la dégradation de ce matériel. Et en même temps, en voyant cette porte défoncée devant moi, je ne voyais pas comment quelqu’un comme moi pouvait faire pareil dégât aux yeux de quelqu’un d’autre. Je n’avais ni la masse, ni la force de faire pareil dégât et ceux, même si on me rajoutait de la vitesse. Déjà, il n’y avait pas assez de distance pour prendre une réelle vitesse et puis même, j'aurais juste fini vautré dans la porte. Je reportais mes yeux sur Timothy alors que ce dernier me souhaitait une bonne année. Le premier sentiment qui m’atteignait fut l’étonnement. Il venait bien de me souhaiter une bonne année ? Il y avait une porte défoncée dans un couloir et semblait faire comme s’il n’y avait rien de suspect. « Merci, bonne année à toi aussi. Et la santé surtout. » Un mince sourire passait sur mes lèvres. Je n’avais pas eu besoin de réfléchir pour sortir les paroles, en cette période de l’année, elle était un réflexe, même si j’oubliais quotidiennement qu’il était traditionnel de souhaiter une bonne année. Je n’avais jamais le réflexe d’être la première, mais la réponse était toujours la même. Le ton, par contre, manquait un peu de joie en cet instant. D’ordinaire, le sourire aurait aussi été plus grand. Oui, mais là, même si ça donnait un peu de normalité à ce moment, ça en restait tout aussi étrange. Il n’empêchait pas que je voulais véritablement que Tim passe une bonne année avec la santé qui allait avec.

Les mots suivant de l’étudiant en journalisme était une question. Je manquais répondre "sans problème, et toi, ça va ?", mais les mots restèrent bloqués. Parce que non, ça n’allait pas, mais ça, je ne pouvais pas lui dire non plus. Au lieu de ça, je portais une nouvelle fois le regard vers la porte, cherchant mes paroles sur cette dernière. La détresse avait dit se lire en moi, puisque Tim venait prendre ma main pour m’emmener avec lui. Je ne protestais pas, même si l’espace d’un instant, je repensais à l’écharpe qui était toujours dans la salle, elle me semblait bien moins importante. Et puis même, la chaleur du contact avec l’étudiant me rassurait, me réchauffait et m’apaisait même un peu. Je rassemblais mes esprits, je me repassais ce qui s'était produit, les mots me paraissaient plus accessibles, plus à ma portée. Si j’ignorais où nous nous rendions, je comprenais vite que finalement ce n’était pas forcément ça l’important. Tim s’arrêtait quelques pas plus loin, nous avions juste mis de la distance avec la porte, pour ne pas être pris devant cette dernière. Ça, je ne le comprenais pas de suite, il avait fallu qu’il m’interroge sur ce qui s'était passé en faisant clairement allusion au plausible incident pour que l’idée me frappe. Étrangement, Timothy semblait prendre en compte que ça pouvait être moi qui étais à l’origine de la force de l’acte. L’apaisement qu’avait apporté son contact avait été suffisant pour calmer mon énervement et ma peur, mais sa question réveillait une nouvelle fois le dernier sentiment. Je savais tellement peu de chose sur cette partie de moi, sur le monde auquel elle appartenait que je ne savais absolument pas qui d’autres pouvaient être atteints par ce dernier. L’ignorance, c’était horrible. J’avais l’impression d’avancer à tâtons et surtout d’être seule. Pas de livre, pas de professeur pour me guider. Juste avancer en espérant ne pas tomber soudainement dans le vide. Je restais mutique, jusqu’à ce qu’il demande si j’avais vu quelqu’un défoncer la porte. Tien, c’était une idée, dire oui, inventé un profil, quel était les chances qu’il corresponde à quelqu’un ? Personne n’en souffrirait… Je n’arrivais pas vraiment à m’en persuader. La panique commençait à remplacer la peur. Que devais-je faire ? Que devais-je dire ? « Je voulais juste récupérer mon écharpe. » Énoncer un fait. Oui, ce n'était pas trop mal. Ma voix semblait désespérée, lassée et mon corps était fatigué. Parce que finalement, ce n’était pas si compliqué de base, je devais juste récupérer mon écharpe puis rejoindre mon cours suivant. Pourquoi ça avait dégénéré ? Parce que la porte avait été fermée. Ce n’était pas un problème compliqué, il m’aurait suffi de trouver quelqu’un pour l’ouvrir, je savais à qui m’adresser. Oui, mais c’était la goutte qui avait fait déborder le vase. Ça avait été le truc en trop. Le cumul de toute la mauvaise journée qui s'était concentrée le temps d’une seconde et qui m’avait fait perdre mon calme un court moment. Je fermais les yeux, remerciant le fait que finalement, en face de moi, ça n’avait été qu’une porte. Imaginez, ça aurait été Timothy. L’idée me faisait froid dans le dos. Je m’effrayais seule de moi-même.

Ft. Timothy Turner

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Lundi 9 janvier 2017

J’aurais pu aussi out aussi bien moi-même tombé sur la porte déjà éventré, oui c’était une possibilité. Oui, mais voilà, pourquoi je serais resté planqué devant comme une con… Le choc ? Une porte éventrée… Non, la preuve, Timothy avait déjà mieux réagi que moi. Oui, mais ça pouvait tout de même marcher. J’avais trouvé la porte ainsi alors que je venais juste récupérer mon écharpe. Ouai, s’il posait davantage de question, je pourrais m’en sortir comme ça… Ou pas, il avait certainement entendu le boucan que ça avait fait et il ne fallait pas trop de jugeote pour constater qu'à part moi, il n'y avait personne dans les alentours. Pas un étudiant ne courait dans les couloirs dans un sens ou dans un autre, il y avait juste eu moi. J’avais l’impression d’être accolé contre un mur et aucune porte ne semblait visible pour m’échapper. Heureusement, Tim ne relevait pas, il se contentait d’énumérer des faits. Dépatouiller tout ça… Non, pas dépatouiller tout ça, je n’avais pas envie de devoir expliquer ce qui s'était passé, je n'avais rien de bien probant à dire et je ne voyais pas quoi inventer. J’avais défoncé une porte sans l’aide de rien. Et même si j’aurais eu quelque chose, comment expliquer que ça m’était paru comme la seule solution. Je sentais la panique monter en moins, ce n’était pas bon, ce n’était pas ce que je voulais, la panique n’était pas loin de la peur et je ne voulais pas faire de mal à Tim. Respirer, il fallait que je respire. Où alors me concentrer sur quelque chose. Les paroles de mon interlocuteur. Il avait dit quoi après ? Qu’ils n’allaient pas récupérer l’écharpe maintenant, pour ne pas attirer l’attention. C’était une bonne idée ça, oui, j’allais m’accrocher à ça. Surtout qu’en plus, je n'étais même pas sûr que l’écharpe était encore là. Elle avait pu être trouvée par quelqu’un qui l’avait ramené au objet trouvé… Pourquoi je n’y avais pas pensé avant… Bon, les chances étaient minces, il n'y avait pas vraiment une heure qui s'était écoulée depuis mon cours. Oui, ça semblait incongru de penser à chose pareille à cet instant, mais pourtant, ça m’aidait. Réfléchir au temps qui était passé et aux différentes possibilités de destin de cette fichue écharpe m’aider très clairement à ne pas paniquer. Oui, je me raccrochais à un détail.

L’échappatoire ne tenait pas longtemps. Il faut dire que Tim et sa nouvelle question arrivèrent sous mes pensées telle une balle sur des boites de converses lors d’une kermesse. Et autant vous dire qu’elle n’était pas passée par-dessus, non, elle avait éteint l’endroit idéal. La pile s’écroulait, tout comme le semblant de calme que j’avais retrouvé. « Quoi ? » La panique teintait ma voix, mais aussi mes yeux, mon visage et mon corps. Mes mains tremblaient légèrement, je les enfonçais au fond des poches de mon manteau. « Je… » J’avais bien entendu ? Je n'en étais pas sûr, mais en même temps, je n’aurais pas pu imaginer telle question… Comment aurais-je pu ? C’était si inattendu… Ça sortait de nulle part, ça sortait de Tim. Tim, le garçon qui n’avait rien à voir avec ce qui s'était passé dernièrement. Tim, c’était juste Tim, un garçon sympa que j’appréciai… Et pourtant, il avait bien dit ses mots, non ? Je n'en savais plus rien. J’avais besoin de souffler et je ne savais pas quoi dire. J’avais déjà entendu ce terme, en même temps, qui ne le connaissait pas. Tout le monde connaissait la sorcière typique d’Halloween et puis même s’en cela, il y avait toutes ses séries et ses films fantastiques. Buffy avec Willow et Tara, Charmed avec les sœurs Halliwell et ça ce n’était qu’un parti d’entre eux. La différence entre ses séries et la sorcière d’Halloween, c’était que dans le premier cas, les sorciers semblaient juste des êtres avec des pouvoirs, alors que dans le second, c'étaient surtout des femmes avec une verrue et des intentions assez noires. Mais qu’entendait Tim par rapport à ce terme ? Oui, j’avais déjà entendu ce mot pour décrire mes nouvelles capacités, mais lui-même le connaissait-il ainsi ? Peut-être… Il aurait pu aussi utiliser le mot magicien, il était populaire ce mot-là aussi. Je ne savais pas quoi lui répondre, je ne savais rien en fait. Il fallait que je respire. Heureusement, une fois de plus, Tim ne paraissait pas s’arrêter là, mais n’approfondissait pas non plus le sujet pour autant. On, il me demandait juste si j’avais besoin d’aide.

Je relevais mes yeux vers mon ami. Ses mots avaient été tous simples, mais pleins d’apaisement. « Merci. » Même s’il ne pouvait rien faire, l’intention était là et elle était contente de l’entendre. Bien sûr que j’avais besoin d’aide, mais c’était tellement compliqué. Comment pouvais-je demander ? À qui pouvais-je le faire ? Sans risquer de passer pour une folle. Il était certainement anormal que je défonce des portes parce que j’étais juste excédé, mais je ne savais pas comment. « J’ai besoin de sortir. » Réalisai-je soudainement. La compréhension de Tim m’avait évité m’attaque de panique, mais j’avais toujours l’impression d’être une bombe sur le point de sauter et le fait de rester là n’arrangeait pas les choses. À tout moment, l’on pouvait venir nous trouver pour savoir si l’on savait quelque chose et la panique s’emparerait alors complètement de moi. Sans un mot de plus, je prenais la direction de la sortie du bâtiment. Il fallait que je sorte, il fallait que je m’éloigne vraiment de cette porte. Et puis, dehors, je pourrais mieux respirer. Pas grave s’il faisait froid. C’était peut-être même mieux, je ne sentirais que mieux l’air s’infiltrer dans mes poumons.

Ft. Timothy Turner

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Lundi 9 janvier 2017

Il ne posait pas de question, il ne demandait pas pourquoi, il ne faisait pas de remarque. Il aurait pu, il aurait peut-être même dû. Pourquoi j’avais utilisé le mot besoin ? J’aurais simplement pu dire que je voulais sortir, mais ça n’aurait pas dû la même chose. Car oui, j’avais besoin de sortir, j’avais besoin de m’éloigner, je ne voulais pas reprovoquer un problème et dehors, c'était l’endroit le plus safe. À mes yeux en tout cas. Moins de monde, pas de mur, et plus, facile à fuir. Oui, mais tout cas, je ne l’avais pas dit à voix haute. Non, j’avais uniquement déclaré le final, ce que je voulais, ce qui me semblait être la bonne solution, et Tim se contentait de ça. Il me prenait par la main et m’entraînait dans les couloirs et moi, je me contentais de suivre. Je ne faisais aucune résistance, il aurait pu me conduire n’importe où. Je ne faisais pas attention au chemin qu’on prenait. Je lui faisais confiance. Pourquoi ? Je ne savais pas vraiment, mais a cet instant, je ne doutais pas que je me trompais en le suivant.

Nos pas étaient rapides et si nous n’étions pas exactement à la hauteur, nos mains qui se joignaient faisait en sorte que nous n'étions pas loin l’un de l’autre. Alors que je suivais Timothy, mon esprit se concentrait sur la chaleur de sa main. Ça n’avait rien de romantique, c’était juste la preuve que tout ceci était bien réel. La main de Tim ne me guidait pas seulement dans les couloirs puis dehors, elle me permettait de me rendre compte que tout ça était bien réel et que mon ami ne s'était pas enfui. Je me demandai ce qu’il pensait, mais je me demandais aussi ce que j’aurais fait dans pareil cas. Aurais-je été comme lui ? Aurais-je fui ? Aurais-je crié au loup ? Réagirai-je de manière semblable aujourd’hui que deux mois en arrière ? J’étais presque sûr de la réponse à la dernière question. Non, car il y a deux mois, je n’avais pas envoyé des gens valser sans le vouloir. Par contre, j’étais incapable de répondre à toutes les autres questions… J’aurais envie de dire oui, mais je n’en savais rien.

On arrêtait d’avancer, Tim me lâchait la main et il me fallut un temps pour savoir où l’on se trouvait. Je regardais autour de moi. Je reconnaissais l’un des coins de l’université. En plein air et peu fréquenté. J’avais eu raison de lui faire confiance. Je me concentrais un instant sur le silence avant que Timothy ne pose une nouvelle question. Je me tournais alors vers lui et le regardais, m’interrogeant une nouvelle fois sur ce qu’il pouvait bien pouvoir penser actuellement. Me demandant aussi s’il avait une quelconque connaissance de ce genre de situation. « Non… » J’avais pensé un instant à lui mentir. J’aurais pu, mais pour qui ? Pour ma sécurité ? Il m’avait déjà pris la main pour m’emmener loin alors que rien ne jouait en ma faveur. Oh, certes, je n’avais tué personne, mais la situation n’en restait pas moins étrange et il ne m’avait pas pour autant abandonné à mon propre désarroi. Mentir, pour son intérêt ? Je ne sais pas si ça aurait été réellement le cas. Il avait vu ce qu’il avait vu, et même si j’étais restée figeais, j’avais plus ou moins avoué que j’en étais la raison. Ce qui signifiait que d’une certaine façon, je savais que j’en étais l’origine. « Je… » Une nouvelle fois, j’hésitais. Je trouvais un muret pour m’asseoir. La pierre froide me mordait la peau, mais ça passerait. « Ça commençait il y a un peu plus d’un mois. » Où recommençait plutôt, si on prenait en compte l’événement qui s'était produit alors que j’avais un peu près dix ans, mais c’était du détail et surtout, ça n’avait pas vraiment d’influence sur le moment présent. Quant à mes paroles, j’avais pris le devant sur la prochaine question, celle qui me paraissait logique en tout cas. « J’ai vu un truc étrange, puis un type étrange est apparu et me plaquer au mur… » Je ne savais pas pourquoi je lui racontais ça. Je ne savais même pas si ça l’intéressait, mais tout était lié et puis, j’avais l’impression de lui devoir des explications. « J'avais peur, j’étais terrifié, j’avais mal au crâne, je voulais juste me débarrasser de lui… » Je fermais les yeux un instant, le souvenir me saisissant à la gorge une nouvelle fois. « Il a volé… projetait en arrière, sans que je sache vraiment comment. Je suis partie en courant. » Sans un regard en arrière et sans savoir où j’allais. J’avais fui. Rouvrant les yeux, je regardais Timothy, une partie de moi s’attendait à le voir partir au courant et honnêtement, j’aurais compris. Mais une autre partie de moi espérait qu’il ne le fasse pas, tout aussi effrayante que j’étais.

Ft. Timothy Turner

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Lundi 9 janvier 2017

Je m’attendais vraiment à ce qu’il parte en courant, bon peut-être pas en courant, mais qu’il trouve une excuse pour s’éloigner de moi. Ça n’aurait été que réaction normale. Ce que je racontais n’avait rien d’ordinaire, ni de quotidien et encore moi de cohérent. Je venais de lui expliquer que j’avais envoyé voler un homme. Bon, je n’avais pas vraiment dit ça ainsi, mais le lien, entre mes phrases, était évident à mes yeux. J’avais souhaité me débarrasser de lui et c’était arrivé. C’était lié, je le savais intiment, mais après, il pouvait être vrai que mes paroles étaient peut-être interprétables autrement. Dans tous les cas, Timothy semblait davantage s’arrêter sur l’agression que sur le vol de l’agresseur. En-tout-cas, c’était ce que je ressentais alors qu’il récupérait une nouvelle fois ma main pour s’excuser de ce qui m’était arrivé. Ce n’était pas sa faute, pourquoi s’excusait-il ? Et en même temps, il me faisait réaliser qu’il n’y avait pas eu qu’un traumatisme ce soir-là, mais bien deux. Alors, j’avais tout à fait conscience que l’homme m’avait agressée, il ne s'était franchement pas montré amical, mais je m’étais toujours concentré sur la seconde partie du problème. C’était comme si mon esprit avait trouvé plus acceptable le fait de se faire agresser dans les rues le soir que le fait d’envoyer valser un homme sans le moindre contact. Oui, c’est ça, il était moins étrange de se faire projeter contre un mur dans les rues de Londres la nuit que de défier la gravité sans mécanisme nécessaire. Je ne savais pas trop ce que ça voulait dire de moi, de ma manière de voir le monde ou même du monde en lui-même, mais c’était effrayant. Oui, il était effrayant d’accepter si facilement la violence… Des vertiges me prenaient alors que cette idée se formait dans ma tête. Heureusement que j’étais assise. Un bourdonnement commençait à raisonner dans mes oreilles. De telles manières que lorsque Timothy reprenait la parole, j’avais l’impression de l’entendre de plus loin, or sa main était toujours dans la mienne. Je ne comprenais pas sa question. De quoi me parlait-il ? Pourquoi je me serais fait agresser une dizaine d’années au part avant ? C’était étrange comme question. Je fronçais des sourcils, interrogative, puis comprenais enfin qu’il ne parlait pas du type cette fois, mais du vol qu’il avait fait. J’étais encore plus étonnée de sa question, mais je n’eus pas vraiment le temps d’y réfléchir plus. En effet, mon interlocuteur reprenait la parole pour me dire que j’avais bien fait de prendre la fuite avant d’enchaîner sur une nouvelle question quelque peu étrange... « Pourquoi cette question ? » Je ne savais pas si je posais cette question pour la première ou la seconde interrogation, mais j'eus l’impression d’être soudainement un peu brut, il n’avait pas l’air de me vouloir du mal, il voulait peut-être juste éclairer les choses. C’était compréhensible, j’avais et je voulais faire de même. « Je ne suis pas sûr d’avoir compris ta question… » Pourquoi me parlait-il de dix ans au part avant ? Pourquoi me parlait-il de changement au quotidien ? Toutes trouvèrent échos dans mon esprit, mais pourquoi ? Oui, j’avais déjà repoussé des gamins qui embêtaient mon frère à l’âge de dix ans… Oui, j’avais un peu chamboulé mon quotidien une fois que j’avais compris que les vagues d’énergie se manifestaient de nouveau au gré d’un excès de colère ou contrariété -la maison familiale en avait un peu souffert-. Mais comment Tim avait-il réussi à taper juste avec ses questions ? « Tim ? » Qu’il ne soit pas parti en courant alors que je racontais n’importe quoi était preuve qu’il était un ami sur qui on pouvait compter. En même temps, vu ce qu’il s'était passé quelques minutes avant dans les couloirs, c’était un point que j’avais commencé à tenir pour acquis, mais ça n’expliquait pas tout. « Pourquoi tu es encore là ? » Étrange comme question, mais c’était un peu près ça. « Je veux dire… » Parce que oui, j’avais bien conscience de n’être pas très clair une fois de plus. « J’ai parfaitement conscience que tout ceci est étrange, moi-même, je doute d’être saine d’esprit par moment. Alors… Pourquoi au lieu d’appeler les urgences psychiatriques quelques mètres plus loin -ce qui serait une réaction compréhensible- tu restes là ? » Face à moi, ma main dans la tienne, tu ne m’inspirais pas forcément un type sûr de lui, sûr de ce qu’il faisait, mais quand même là. « Et tes questions… Elles… » Je lassais la phrase en l’air, pas pour garder le mystère, mais parce que je ne savais pas comment lui expliquer que ses interrogations tombaient juste. Oui, c’était ça, elles tombaient juste, je pouvais y répondre d’une certaine manière, mais comment c’était possible ?

Ft. Timothy Turner

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Lundi 9 janvier 2017

Je regardais Tim, il me fascinait d’une certaine manière. Il essayait de m’aider à comprendre ce qui m’arrivait, comme ça, alors que rien n’était logique. Il était gentil, il voulait m’aider. Alors, soudainement, je me demandai si je devais lui dire que je savais plus ou moins ce qui m’arrivait, en tout cas dans les grandes lignes. Oh, il me manquait beaucoup de détail, mais oui, je savais pourquoi -en grande partie- la porte avait implosé. Je savais que j’en étais à l’origine ainsi que la magie qui me parcourait. Ce que j’ignorais, ce qui faisait que je donnais l’impression d’être complétement perdu, c’était que je ne savais pas encore comment réagir à ses excès d’énergie -c’est ainsi que je les nommais-, surtout alors qu’il y avait un éventuel témoin. Oui, je savais ce qui m’arrivait, mais je ne savais encore rien du monde dans lequel j’avais fait mon entrée. Comment fonctionnait-il ? Je n'en avais jamais entendu parler au part avant, ainsi, j'en avais déduit qu’il devait y avoir une question de secret, d’ignorance de la part du plus grand monde. Bref, j’avais plein de questions, en effet, mais elle ne portait pas forcément dans le sens que Timothy imaginait.

Alors, à défaut d’expliquer à Tim que j’avais grossièrement conscience de ce qui m’arrivait, je lui demandais pourquoi, lui, il n’était pas en train d’appeler les urgences psychiatriques. Je venais tout de même de lui faire un récit ou un homme avait été propulsé sans élément physique. Ce qui demeurait impossible a moins de savoir ce qu’était la magie. À ce propos, la réponse de Timothy me prenait autant par surprise que me procurait une certaine légèreté. La surprise de l’entendre parler de magie -même s’il s’emmêlait les pinceaux, mais c’est Tim-, de la vraie, celle dont j'étais capable lorsque mes émotions dépassaient mon contrôle. Et en même temps, apprendre qu’il connaissait ce monde me… rassurais ? Oui, ça devait être ça. Malgré mon étrangeté, peut-être que je ne perdrais pas cet ami, encore mieux, pour la première fois depuis que tout avait commencé, je pourrais, éventuellement, en parler à quelqu’un que je connaissais et qui semblait connaître ce monde si inconnu pour moi. C’était une nouvelle perspective qui s’offrait à moi. « J’ai juste démonté une porte… » Pas fait de trou dans un mur, ça aurait été plus chiant encore. Oui, ce n’était qu’un détail, mais que voulez-vous, un esprit rationnel se raccrochait à ce genre de détail. « À Limerick… » Quelle question étrange, en quoi était-il important de savoir où mes parents avaient étudié ? « Ma mère en tout cas, mon père une ville dans les alentours. » Mon père, pas mon géniteur, une différence qui avait son enjeu dans la question de Tim, mais ça, je l’ignorais. De toute manière, il avait parlé de mes parents et ces derniers, c'étaient ceux qui m’avaient élevé.

Une fois les réponses données à ses questions -bien que je ne trouvais toujours pas le lien avec ce qu’il venait de se passer-, je tâchais de retrouver le fil de mes pensées. « Tu es un sorcier ? » Il avait si bien parlé de magie, même évoquée l’histoire de la révélation -point que j’avais effectivement appris dernièrement en faisant des recherches- et semblait savoir de quoi il parlait. « Je sais que c’est moi, je sais que c’est de la magie, une femme me l'a expliqué le soir-là. » Elle avait même expliqué quelques trucs, mais certains souvenirs de cette soirée m’échappaient encore. « Ça m’était arrivé, il y a une dizaine d’années, des plus vieux qui embêtaient mon frère. Tu as vu juste. » Et c’était bien pour ça que ses questions étaient pertinentes jusqu’à présent. Sauf peut-être la dernière. « Ma mère a alors contribué à me droguer. » Bon, ce n'étaient pas les mots qu’elle avait utilisés, elle voulait me protéger, mais c’était ainsi que je le recentrais. « Et nous a dit de ne jamais en parler. J’ai fini par croire que c’était un mauvais rêve… Jusqu’à décembre. » Trop longtemps que je n’avais pas ingurgité la potion à mon ainsi et des émotions trop fortes. « Depuis, ça ne fonctionne plus. » J’avais essayé, j’en avais pris volontairement, de peur de faire du mal aux autres, mais c’était comme si à présent la magie qui me composait, avait pris trop d’ampleur pour être réduit au silence. « Pourquoi tu as demandé ou mes parents étudiaient ? » Oui, la question débarquait d’un peu nulle part, mais ça me triturait l’esprit, je ne comprenais pas le lien avec tout ça.

Ft. Timothy Turner

Est-ce la vie qui est devenue plus sombre ou moi qui me suis éloigné de la lumière ?

Université de Londres, Bloomsbury, Londres
Lundi 9 janvier 2017

Si je connaissais l’usage du mot sorcier pour définir ce que j’étais capable de faire, je n’en savais pas vraiment la véritable définition. Bon, j’avais bien cherché dans le dictionnaire, mais ça ne m’avait pas aidé pour comprendre ce que l’on entendait véritable par ce terme dans le monde que je frôlais du bout des doigts depuis quelque temps. Alors, autant dire que la réponse de Timothy a ma question ne m’aidait vraiment pas. Oui, même si je ne savais pas exactement définir ce que j’entendais derrière le mot sorcier, j’aurais préféré qu’il me réponde oui ou non, parce que là, il me rajoutait une possibilité. Apparemment, on pouvait ne pas être vraiment un sorcier. Ça voulait dire qu’on l’était un peu, mais pas trop ? Étais-je donc pas réellement une sorcière ? Voilà que de nouvelle question se bousculaient dans mon esprit. Heureusement, il avait aussi dit qu’il s’y connaissait un peu, donc, peut-être pourrait-il m’aider, au moins un tout petit peu. Parce que mine de rien, depuis le début de ce bordel, il était la première personne que je connaissais d’avant qui semblait savoir quelques trucs. Et étrangement -ou pas-, j’avais plus confiance en lui qu’en une inconnue. « Parce qu’on peut ne pas être vraiment un sorcier ? » Je parlais presque à voix basse et l’hésitation s’entendait très clairement dans ma voix. Le sujet m’intéressait autant qu’il me mettait mal à l’aise. J’étais curieuse de découvrir ce monde et en même temps, honteuse d’avouer que je n'en connaissais rien -ou presque-. J’avais toujours été bonne élève, j’avais toujours tout compris facilement… Sauf là. Ce jour-là, j’avais fait un plongeon dans l’inconnue et depuis, je pataugeais. Je ne comprenais pas grand-chose, je ne trouvais pas de bouquin avec des réponses à mes questions. Oh, j’avais bien fait quelques recherches, mais à part des sites de Wicca, d’illusion et des révélations pas toujours crédibles, je n’avais pas trouvé grand-chose. En même temps, si les bibliothèques avaient des livres sur ce sujet facile d’accès, je serais certainement tombé dessus avant et je n’aurais pas été la seule. À la limite, la seule personne à ma connaissance qui avait accès à pareille information était ma mère, mais je ne me sentais pas d’aborder ce sujet avec elle, surtout qu’il était la source du fossé qui s'était creusé entre nous.

En parlant de ma mère, j’avais plus ou moins expliqué par la suite que j’avais conscience d’être l’élément énergique de ce gros bordel, comme me l’avait révélé l’inconnue. J’avais aussi parlé du fait que ce genre d’épisode m’était déjà arrivé et que j’avais découvert que ma mère avait fait en sorte de m’administrer de quoi tenir ma magie sous silence. Bref, j’avais plus ou moins déballé tout ce que je savais. Oui, ce n’étaient pas forcément des plus prudents, mais Tim semblait en savoir plus que moi et c’était bien la première fois que pareille chose arrivée et j’avais envie de comprendre un peu mieux ce qui m’arrivait. De ce fait, lui raconter tout ce que je savais me paraissait logique ou en tout cas, utile. Après, il était vrai que j’avais été plutôt concise et les questions de mon interlocuteur après mes dires confirmaient ce point. « Je… Comment dire… Je ne sais pas grand-chose et en dehors de cette femme… Bah… Tu es le premier à utiliser ces termes… Et… Ça m’a surpris. » C’était bien ça ce qui s'était passé. Lorsque Tim avait demandé si j’étais une sorcière, lorsqu’il avait démontré qu’il pouvait savoir réellement ce qui s'était passé, je m’étais retrouvé désarmé et je ne savais pas comment réagir. « Pour la femme, c’est une… bah femme. » Perspicace. « Qui m’a abordé dans le métro. En fait, pour que tu comprennes, donc, il y a eu le type dans la rue. J’ai couru, beaucoup, sans vraiment savoir où j’allais, puis j’ai trouvé une entrée pour le métro. J’y suis descendu, parce que je voulais rentrer chez moi. Bon, j’étais encore pas mal sur les nerfs et euh… J’ai envoyé voler un autre type, parce qu’il m’avait attrapé le bras après que je lui aie demandé de me foutre la paix. » Je baissais légèrement ma tête tout en grattant nerveusement les petites peaux qui se trouvaient au abord de mes ongles. « Je n’ai pas voulu lui faire de mal et je sais qu’il ne voulait certainement pas faire de même, mais avec ce qui s'était passé avant, c’était comme si mon esprit avait un raccourci. Il n’a rien eu… Je crois… En-tout-cas, ces potes ont amorti sa chute. » Je m’étendais un peu, j’en avais conscience, mais je n’étais pas à l’aise avec tout ce qui s'était passé ce soir-là et surtout, je ne supportais pas la possibilité que j’aurais pu réellement blesser quelqu’un ce jour-là. Alors, j’avais besoin de me justifier, même si ce n’était pas le sujet. « Bref, une femme est venue me parler après, dans la rame de métro et elle a parlé de magie et d’autre truc, mais j’avoue, je n'ai pas tout écouté. » Il faut dire que mon esprit avait fait quelques connexions qui m’avaient pris aux tripes.

Puis venait l’interrogation avec ma mère. En même temps, là aussi, j’avais vachement résumé le truc. « L’épisode de mes dix ans, j’en ai parlé à ma mère, elle m’avait alors dit de ne plus jamais l’évoquer et il ne s’est plus jamais rien passé de similaire. Du coup, j’ai fini par croire que je l’avais rêvé, en tout cas, c’était ainsi que je m’en souvenais. Avant… » Décembre, avant que je ne découvre le reste. « Mais la femme du métro, comme toi, a évoqué le fait que j’aurais dû avoir ce genre de "souci" avant. Du coup, je me suis rappelé de ça et comme n’importe -bah j’imagine- je suis rentré à la maison pour questionner ma mère. » Je revoyais alors les yeux de ma mère s’écarquillaient, la peur était présente dans son regard. Je l’avais reconnu tout de suite, mais je ne savais pas encore de quoi. Était-ce moi ou la situation qui l’avait affolé ? Les deux peut-être… « Je te passe les détails et te résume ce que j’ai compris. Elle a fait en sorte de m’administrer pendant toutes ces années une potion pour… Éteindre la magie ? » Je n’étais pas sûre de mes termes, mais j’espérais qu’il comprendrait ce que je voulais dire. Et en même temps, même si j’étais contente de pouvoir en parler pour de vrai à quelqu’un qui semblait comprendre, j’avais peur qu'à chaque instant, il parte en courant. Je le craignais, mais en même temps, je le comprendrais. Ces dernières minutes, j’avais tout de même expliqué que j’avais envoyé un pauvre garçon, mais aussi que ma mère avait essayé de faire mourir une partie de moi. Il y avait de quoi prendre peur.

Enfin, Tim m’expliquait pourquoi il m’avait interrogé sur les études de mes parents. Des écoles magiques... Voilà quelque chose que je n’aurais jamais pensé exister… La génétique… Je me rendais alors compte qu’il faisait fausse route avec le mystère que j’avais laissé planer sur l’école de mon père, puisqu’il n’était pas mon géniteur. « Je vois… Non, bah, si je sais où il a étudié, c’est juste que c’est une ville irlandaise qui ne te parlera pas, donc pour ça que je n’ai pas dit son nom. Désolé. Mais dans tous les cas, ça ne marcherait pas. Il est mon père, parce qu’il m’a élevé, mais génétiquement parlant, nous ne sommes pas liés. » Génétiquement parlant, moi et mon frère étions liées à cet ancien flic de Londres, Niall. Jusqu’ici, je n’avais pas pensé à lui concernant cette histoire, mais peut-être que c’était un point à creuser… Mais comment ?

Ft. Timothy Turner

Est-ce la vie qui est devenue plus sombre ou moi qui me suis éloigné de la lumière ?

Université de Londres, Bloomsbury, Londres
Lundi 9 janvier 2017

J’ignorais tout de la claque que j’avais infligée à Timothy, j’avais juste cherché à comprendre ce qu’il mettait derrière cette classification. Je ne savais pas grand-chose de ce monde, il était nouveau, il était inconnu et je faisais des gaffes sans le savoir et je ne m’en rendais pas compte, après coup. Non, j’étais trop concentré sur ce qu’il me disait. Il parlait de ses parents, du fait qu’il n’avait pas vraiment hérité de leur magie. Je savais déjà que c’était héréditaire, mais là, il déclarait plus ou moins que si les parents étaient sorciers, les enfants le devenaient presque à chaque fois. « Si j’ai bien compris, logiquement, les enfants sont comme les parents, mais parfois, il y a des exceptions. Je veux dire, les gens dans ta situation, sont un peu les exceptions qui confirment la règle. » Si j’avais conscience du mal que je pouvais causer à mon ami en parlant ainsi, je m’en voudrais beaucoup. Oui, mais j’ignorais qu’il n'était pas très bien vu de ne pas être les autres dans son monde à lui, comme dans mon monde à moi -en tout cas celui ou j’avais grandi-.

Et puis, tout en restant sur le même sujet, on en avait abordé un autre thème, j’en étais venu à raconter une partie de ma soirée, une partie de mes rencontres. J’en étais aussi venu à reconnaître qu’il était le premier que je connaissais d’avant qui semblait lié à ce monde que je touchais du but des doigts. Alors, j’avais un peu perdu pied, ne sachant pas comment réagir. Ne sachant pas s’il parlait de réalité où me bluffer, car finalement, il aurait pu simplement partir sur ce registre pour rire de moi. Quoique je me souvenais qu’il s’agissait de Tim et qu’il n’était pas le genre de type à piéger les autres pour se moquer. Oui, certes, je ne le connaissais pas par cœur, mais je pensais le connaître assez pour pouvoir affirmer ceci. En attendant sur le coup, j’avais juste eu du mal à réaliser qu’une personne de mon passé pouvait être de ce monde, connaître les mots que moi, je découvrais. Preuve que je ne connaissais finalement pas si bien que ça Timothy, mais je continuais à être certaine qu’il n’était pas du genre à me rouler dans la farine. Tien… Mais alors, une pensée me traversait l’esprit. Y avait-il d’autre personne autour de moi qui appartenais à ce monde ? Comment pouvais-je le savoir ? « J’avoue. » J’eus presque un rire lorsque mon interlocuteur soulignait le fait qu’il ne fallait pas avoir peur d’être pris pour un dingue.

L’instant d’après, je pensais que le jeune que j’avais repoussé n’avait pas été le seul à avoir été surpris sur le coup, mais je gardais l’observation pour moi. Surtout que finalement, des deux, j’étais peut-être à la place la plus agréable. Entendait par là que ce n’était pas moi qui avais été projeté en arrière. Non parce que pour la suite, j’avais autant ruminé -voir même peut-être plus- la situation que lui. Mais ça, c’était une autre réflexion, à présent, nous parlions de la femme mystérieuse. Celle que j’avais croisée, car si j’en étais venu à parler de ce type dans le métro, c’était pour expliquer comment j’avais pu entendre une inconnue me parler de ce genre de chose. Elle m’avait simplement surprise à faire de la magie contre ma volonté. « Jane, c’est son prénom ou en tout cas, celui qu’elle m’a donné. » Après que j'eus fait quelques autres dégâts… Plus matériel. « Et elle a aussi parlé d’émotion forte. » Et du lien avec les manifestations de magie. Bon, je n’avais pas réellement entendu cette partie de la phrase, juste quelques mots, mais mon esprit préoccupé par autre chose n’avais pas réellement entendu ce qu’elle avait voulu dire sur le moment. Mais en même temps, sur les minutes qui avait précédé, j’avais compris logiquement le lien entre émotion et magie, il faut dire que j’avais à chaque fois surréagi à une émotion forte. Et ça, c'était reproduit après. C’était bien pour cela que dernièrement, j’évitais toute situation trop émotive. Même si ça ne suffisait pas, preuve en était ce jour où j’avais simplement accumulé plusieurs émotions. J’avais encore du travail à faire sur moi-même. Si seulement, la potion fonctionnait encore, ce serait bien plus simple.

En parlant de potion, j’évoquais cette partie aussi à Tim. Celui-ci s’étonnait alors, déclarant qu’il ne savait même pas qu’il était possible de faire une chose pareille. Je pouvais le comprendre, je l’ignorais aussi avant. Bon, après, j’ignorais aussi plus de chose que lui semblait connaître, donc c’était presque moins étonnant pour moi que pour lui. Mais du coup, comment ma mère avait-elle pu se procurer une telle chose ? Un jour, il faudrait que je lui demande, mais pas maintenant, je risquais trop de m’énerver, et même si je lui en voulais énormément, je ne voulais pas lui faire de mal. « Non… Mais j’ai tenté d’en reprendre, sans le même résultat. » Oui, c’était peut-être hypocrite de ma part, d’avoir bu cette même potion que je reprochais à ma mère de m’avoir donné en douce pendant tant d’années. Mais à défaut de contrôler tout ce bordel, je voulais taire le souci le temps de trouver comment le gérer. Échec mission. Retour à la case départ, on se calme les nerfs. « Oui, je sais qui il est. » Nous parlions à présent de mon géniteur, car la magie était héréditaire et que du coup, je possédais ses gènes. « Mais je dois obligatoirement avoir un parent capable de magie ? » Je ne sais pas trop ce qui me poussait à poser cette question. Pour une fois, ce n'était pas pour en savoir plus sur ce monde, non là, c’était plus un instinct de conservation. Je ne savais pas comment amener le sujet auprès d’un homme avec qui je n’échangeais que des banalités sur le temps depuis le départ. Surtout que j’avais un peu l’impression que je me ridiculiserais. Et je n’avais pas envie de ça non plus. Notre relation était déjà étrange, je ne voulais pas en rajouter. « Non, il n’a rien. » En même temps, ce n’était pas si étonnant si c’était une question de gêne, car certes, nous étions jumeaux, mais pas complètement. Nous ne partagions pas la même génétique, nos ADN n’étaient pas les mêmes, c’était bien pour ça qu’il était homme et moi femme. « Je suis l’exception de ma famille. » Tout comme lui.

Ft. Timothy Turner

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Université de Londres, Bloomsbury, Londres
Lundi 9 janvier 2017

Des vagues… ce mot si simple correspondait tellement bien. Ce que j'avais ressenti lors de ses événements, je pourrais le décrire avec l'aide de ce terme. Une vague d'énergie. Tourbillon, décharge et d'autres mots pourraient certainement correspondre aussi, mais c'était toujours le mot vague qui m'était venu en premier. Et puis chaque vague avait elle-même créé des vagues, du bordel, des dégâts et pas seulement d'un point de vue physique. Oui, le mot cague correspondait tellement bien, même si finalement, ça ne donnait qu'une vague idée du problème. Oui, je me reconnaissais dans les paroles de Timothy et ça faisait du bien. Même si je prenais conscience qu'il avait lui-même bien des secrets, je ne pouvais lui en vouloir. Je comprenais, car même si je ne savais pas grand-chose du monde dans lequel j'avais mis les pieds sans le vouloir, j'arrivais à saisir qu'il n'était connu que de ceux qui en faisaient partie d'une certaine manière. Bah… c'était que j'avais cru saisir. Et j'étais contente qu'il partage un bout de ses connaissances avec moi, même si ce n'était pas grand-chose, il était agréable de pouvoir en parler avec quelqu'un.

Alors que quelques minutes, plus tard, l'on parlait de potion, Tim avouait ne pas y connaître grand-chose. Il soulevait alors quelques questions qui devaient être logiques, mais qui ne m’éveillaient absolument rien. Je restais donc muette, mais attentive a ce qu'il racontait. Ce fut alors le moment où il faisait la liaison entre le fait que l'un de mes parents pouvait, éventuellement, être magique et l’acquisition de la fameuse potion que j'avais bue à mon insu pendant des années. Si je comprenais sa réflexion, je ne pouvais toujours pas lui apporter plus d'information. Je devais avouer que je n'avais pas eu le réflexe de poser la question à ma mère. Il faut dire que j'avais plus choqué par l'action que par le sens pratique du genre comment elle s'était fournie. Question qui serait certainement bonne que je lui pose un jour, afin de comprendre un peu plus comment elle avait pu percevoir tout ça. « Je n'en sais rien, je n'ai pas posé la question, mais concernant mon géniteur, ça ne peut pas être lui. » Non, impossible qu'il soit le fournisseur de cette potion. « Il a appris qu'on existait que en août dernier. » Continuais-je pour répondre à une éventuelle interrogation qu'aurait pu avoir Timothy sur mes certitudes. Car oui, j'estimais que comme il ignorait que j'existais, il ne pouvait pas avoir fourni la potion, surtout que je savais que ma mère n'avait pas eu de contacte avec lui pendant toutes ces années -a l’exception de la fois où elle l'avait croisé à Londres-. Et même si dernièrement, il y avait de quoi remettre ses paroles en doute, je doutais que ce fût le cas sur ce sujet. Ça n'aurait aucun sens.

« Par cette question, tu entends quelque chose d'autre que ne plus avoir peur de risquer de blesser quelqu'un juste parce que je ne contrôle rien ? » J'avais répondu du tac au tac et d'une manière sèche, mais finalement, ça représentait bien tout ce que je voulais. Que ce soit par un retour en arrière ou autre, je n'en avais rien à faire. La méthode m'importait peu, mais je ne souhaitais plus vivre avec cette peur de péter une durit n'importe où. J'en étais venu à un point ou j'évitais toute situation qui pouvait jouer avec mes nerfs. J'avais des tonnes de questions pour ma mère, mais j'avais tellement peur de la colère qui risquait de découler que je n'osais pas aborder le sujet. Et en même temps, je savais que le temps que je n'avais pas de réponse, je ne pourrais pas gérer cette même colère. C'était le serpent qui se mordait la queue. J'avais un peu l'impression de tourner en rond. Bon, j'avais bien pensé à l'appeler après mettre rendu au milieu de nul par, mais je n'avais pas forcément les moyens de le faire. Et il n'y avait pas que ça. J'évitais les fêtes, car même si j'adorais ses dernières entre l'alcool et le reste, bah, je n'étais pas assuré de pouvoir garder le contrôle tout le temps. Oui, je n'avais jamais été quelqu'un d'explosif, mais en même temps, j'avais toujours réussi à éviter les problèmes jusqu’à présent. Sauf ces derniers mois. Et sens croire à la poisse, j'avais tout de même l'impression que ce n’était pas le moment de jouer avec le destin. « Désolé. » J'avais bien conscience que j'avais répondu sur un ton sec. « J'aurai dû utiliser d'autres mots et un autre ton, mais j'en viens à avoir peur de tout parce que j'ai peur de ce que je pourrais faire au autre. » Je passais rapidement mon regard sur Tim avant de regarder au loin. « Regarde la porte. Tout ça parce que depuis ce matin, j'ai accumulé quelques galères. Heureusement, ce n'était qu'une porte. » Je m'interrompais quelques secondes. « Je crois que c'est ça que je voudrais, ne plus avoir peur de vivre comme avant. Je voudrais arrêter de réfléchir et mesuré les risques de perdre le contrôle avant d'aller quelque part. Je voudrais pouvoir me décider sur un coup de tête parce que ça me fait plaisir. » Improviser, m'amuser, bref tout ce que j'avais laissé de côté. « Depuis cet épisode, j'évite toute situation à problème et pour ça, il n'y a pas trente-six mille solutions. Je viens en cours, puis je rentre étudié à l'appart'. J'évite même mes colocs. Bon, je sors parfois acheter de quoi vivre, mais le reste, je préfère éviter… » Et si ceci correspondait à un idéal pour certains. Ce n'était pas mon cas.

Ft. Timothy Turner

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Université de Londres, Bloomsbury, Londres
Lundi 9 janvier 2017

Tim était étonnant. C’était moi qui avais été froide et sèche et c’était lui qui se présentait comme "pas forcément adroit". Oui, ces mots n’avaient peut-être pas été idéaux, -je n'en étais même pas certaine, car je ne m’en souvenais pas vraiment, mais l’intention derrière était certainement loyale et c’était ce qui importait le plus. Le problème dans l’équation, c’était le fait que j’étais un peu sur les nerfs depuis quelque temps. Il fallait bien le reconnaître. J’en avais conscience. Et face à ça, Timothy n’avait pas forcément le caractère qu’il fallait. Ce n’était pas un défaut en soi, mais il se dénigrait un peu trop facilement. Ces mots, ces intentions n’étaient pas le problème, c’était bien moi, mais je n’eus pas le temps de répliquer. Ces quelques pensées m’avaient occupé pendant tout le silence que l’étudiant en journaliste m’avait accordé. En effet, il ne tardait pas à reprendre la parole pour m’informer qu’il pouvait, peut-être, essayer de chercher des solutions à mon problème. Les paroles étaient légères, il n’était pas sûr de réussir à obtenir quelque chose, mais il proposait tout de même. Je réalisais alors que je n’avais, peut-être, pas mesuré toute l’ampleur de ce que pouvait signifiait le fait qu’il connaissait la magie. Jusqu’à présent, il avait en effet fait des réflexions qui montraient qu’il avait des connaissances sur certains points, mais je réalisais qu’il avait aussi, peut-être, des accès à certaines choses qui m’étaient impossibles à atteindre, parce que j’ignorais ou les trouver. « Tu peux vraiment faire ça ? Je veux dire essayer ? » Rien que ça, ça me paraissait énorme à moi qui étais dans le flou total. J’étais presque curieuse de découvrir ses lieux de réponse. Presque, parce que j’avais bien trop peur qu’il n’amène encore plus d’interrogation que de réponse et puis, rien ne disait que j’y étais la bienvenue. « À des amis ? » Donc ce n’était pas un lieu, mais il connaissait des gens de ce monde. Autre que ses parents. J’aurais dû m’en douter, c’était même logique dans un certain sens, mais j’étais encore un peu brouillé. « Si ça peut m’aider, fais-le. » De toute manière, ce n’était pas comme si j’avais un grand nombre de choix qui s’offrait à moi. Et puis, j’avais eu confiance en Timothy jusqu’ici, je ne pouvais donc pas douter de ses amis. De toute manière, que pourrait-il bien m’arriver ?

Les mots suivant que former les cordes vocales de l’étudiant en journalisme n’avait que pour but de me rassurer, de me faire voir autre chose que du négatif. Ça se voyait comme le nez en plein milieu de la figure, mais ce n’était pas pour autant qu’ils n’étaient pas bons à entendre. « Merci. » Je souriais faiblement à son attention. « Finalement, tu n’es pas si maladroit que ça. » Car oui, ces paroles me faisaient du bien dans un sens, elle me donnait l’impression d’avoir un minimum de contrôle, car ce qu’il disait pouvait être vrai. J’aurais pu envoyer voler cet étudiant au ton agaçant, je l’avais déjà fait. C’était un peu ce qui s'était passé dans le métro, ils avaient juste été désagréable, pas plus que d’autre par le passé, mais j’étais à fleur de peau. Il aurait pu arriver la même chose à cet étudiant aujourd’hui, mais c’était une porte qui avait subi mon éclat de colère. « Je ne crois pas trop au destin, mais les coïncidences, oui. » Mes mots quittèrent ma bouche en même temps que j’y réfléchissais. « Et je me dis que le fait que tu sois passé dans ce couloir à ce moment-là, ça en est une. » Car si l’on devait faire un calcul des chances que j’avais de pulvérisé une porte devant un type qui en comprendrait les raisons à cet instant, je suis sûre que le pourcentage serait assez faible. « Égoïstement, je suis plutôt contente de cette coïncidence. » Parce que pour la première fois, j’avais pu parler de tout ça à quelqu’un qui savait que c’était possible. Quelqu’un qui avait même des réponses -et qui n’était pas une inconnue qui était juste là sur le moment, même si là aussi, ça avait été une sacrée coïncidence-. « Bon, par contre, j’ai conscience que pour toi, c’est peut-être pas le même ressenti. » Avec un sourire en coin, je réalisais que je pouvais paraître comme un problème plus qu’une joie.

Ft. Timothy Turner

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Université de Londres, Bloomsbury, Londres
Lundi 9 janvier 2017

Essayer, il allait essayer, non, même mieux, il allait leur parler, mais il n'était pas sûr pour autant qu'ils auraient une solution. Je l'entendais, ils ne pourraient peut-être pas m'aider, ils ne pourraient peut-être rien pour moi. Mon esprit avait bien imprimé ce fait, il en avait totalement conscience et je savais, j'avais compris que rien n'était gagné. Pourtant, malgré ça, un sentiment de légèreté et d'espoir s'allumait quelque part en moi. Je faisais en sorte de ne pas l’attiser, je savais d'ors et déjà que j'allais passer les prochains jours à faire en sorte de réfréner cette lumière, car la déception pourrait être, aussi douloureuse, voir, même, plus. Pourtant, je savais déjà que je ne pourrais pas l'éteindre complètement, en tout cas pas avant que Tim ne revienne en me disant que ses amis ne peuvent finalement rien pour moi. Oui, je serais déçu, je le savais déjà. Non, je ne leur en voudrais pas, car ils auront essayé, mais je ne pourrais pas taire le pincement que j'aurais alors à l'âme. Tout ça, je le savais dès à présent, j'avais même l'impression que c'était la fin la plus probable pour moi, mais je ne pouvais pas empêcher cette lumière de vivre, ne serait-ce qu'un peu. Parce que j'en avais besoin, j'avais besoin de croire que quelqu'un avait peut-être le moyen de me venir en aide pour accepter de demander cette dernière. Oui, il me fallait accepter de me retrouver certainement encore une fois seule à la fin pour avoir une chance de trouver quelqu'un qui me guiderait ne serait-ce qu'un peu. « D'accord, mais ne te presse pas pour ça. Il n'y a pas urgence. » Plus maintenant en tout cas, même si ce n'était la grande forme, les choses étaient plutôt stables -sauf pour la porte-. Et puis sa présence et cette discussion était déjà d'une grande aide pour moi. J'aimerais le verbaliser, je n'aurais pas de soucis à le faire, mais je commençais à me faire une image assez nette de Timothy pour savoir que je risquerais de plus le mettre mal-à-l'aise qu'autre chose. Il me faudra trouver un autre moyen de le remercier. Un jour.

Plus tard, j'eus tout de même l'occasion de le remercier un peu, pour ces mots apaisants, mais aussi sa présence. Sans trop d'étonnement, l'étudiant en journaliste déclaré qu'il était trop tôt, comme gêné. « Je te remercierai encore plus si ça marche. » Bien plus, car je lui devrai beaucoup, mais je lui étais déjà reconnaissante de vouloir essayer, tout le monde ne le ferait pas et c'est bien pour cette raison qu'il faut savoir reconnaître les efforts des autres. Remercier quelqu'un qui a essayé n'est pas souligné un échec, non, c'est souligné le fait qu'il a tenté quelque chose. Qu'il vous a regardé suffisamment pour se soucier de vous. Qu'il ait fait l'effort de ne pas fermer les yeux et tracé sa route comme s'il n'avait rien vu. Car Tim, plus qu'un autre, aurait pu le faire. C'était tellement invraisemblable ce qui s'était passé avec cette porte qu'il aurait très bien plus notée les signes, mais faire comme s'il ne comprenait pas ou accepter l'excuse bidon que j'aurais pu trouver pour expliquer la situation. Il aurait pu le faire sans problème, je n'en aurai rien su, comment aurais-je pu deviner qu'il connaissait ce monde qui m'avait heurté de plein fouet, il y a un peu plus d'un mois. J'avais passé vingt ans à vivre sans me douter de rien et j'aurais pu continuer tout le reste de ma vie si l'inconnu ne m'avait pas tiré à lui. Alors, il n'aurait rien eu d'étonnant à ce qu'un étudiant n'en sache rien, ça aurait même été des plus probables.

C'était une nouvelle fois la voix de Tim qui sortit de mes pensées. Il disait qu'il devait y aller. En-tout-cas, c'était le résumé de ses paroles. Je réalisais alors que le temps avait filé à toute allure. Un coup d’œil a l'horloge de mon téléphone m'informait que mon cours avait déjà commencé. Georgia devait s’interroger de mon absence. Il faudrait que je lui écrive. Ce fut le moment que choisis Timothy pour me proposer de rentrer moi aussi chez moi, afin de prendre le temps d’assimiler tout ce qui venait de se faire. Je sentais bien que dans ses paroles, il souhaitait ne pas paraître trop pessimiste, mais je comprenais la précaution qu'il sous-entendait. Il avait raison, je ne pourrais pas empêcher mon cerveau de revenir sur cette conversation et surtout dans les prochaines heures. Je ne pouvais pas prévoir les conclusions que j'en tirerais ni même les émotions qui en découleraient, mais il était certain qu'une salle de cours remplie de personne -ignorantes de la bombe à retardement que je pouvais être- soit le bon endroit où me trouver. De plus, il suffisait qu'ils soient encore d'humeur à me lancer un pic au mauvais moment pour que… Non, ne pas y penser. Suivre le conseil de Timothy. « Tu as raison, je vais rentrer. » Puis me réfugier dans la musique pour réfléchir. « Prends soin de toi et encore merci. » D'instinct, j'aurais voulu le serrer dans mes bras, mais je me retenais. Comme souvent ces derniers temps. Je me contentais d'un signe de la main, avant de partir dans la direction de la station de métro la plus proche. Tout en marchant, j'écrivais à l'attention de Georgia. Début de migraine, je rentre.

Ft. Timothy Turner