Peut-on accuser le karma ? - Rain

Vendredi 5 janvier 2017, dans la soirée

Il s’étira longuement avant de se lever de son canapé, il prit son sac, ses clefs et décida d’aller faire un tour. Ses collègues avaient proposé de se retrouver à un bar et après s’être dit qu’il passerait une meilleure soirée seul à se reposer, Naveen avait finalement changé d’avis. Il n’était pas fait pour rester sans bouger tout fatigué qu’il était. Sortir un peu lui ferait du bien, d’autant plus qu’il s’entendait très bien avec la plupart de ses collègues et qu’ils allaient pouvoir en profiter pour tous décompresser. Il descendit les escaliers quatre à quatre pour sortir dans la rue, préférant y aller à pied : le bar n’était pas si loin que ça et prendre le volant lorsqu’on avait trop bu n’était pas l’idée du siècle. Il emmenait assez de blessés plus ou moins grave en état d’ivresse à l’hôpital ; il pourrait en profiter comme il le souhaitait sans trop se soucier du retour – dans le pire des cas, il y avait toujours les taxis-.
Sortir l’empêcherait en plus de continuer ses recherches sur l’incendie de Noël, il prenait peut-être un peu trop ce rôle « d’espion » à cœur, d’ailleurs… par ce dès qu’il entendait la moindre chose qui semblait suspecte, il virait presque en mode parano et voulait vérifier absolument qu’il ne s’agissait pas des Inquisiteurs – ou peu importe comment est-ce qu’ils s ‘appelaient aujourd’hui- et qui devaient toujours être quelque part dans l’ombre. Il espérait vraiment un jour pouvoir servir la Garde comme il se doit.

Les rues restaient assez encombrées si bien qu’il choisit un petit raccourci par une ruelle sombre pour avoir mieux l’impression de respirer, il pressa un peu le pas : même s’il n’avait jamais eu de souci dans ce coin-là de Londres, il n’avait pas non plus envie de tenter le diable. Derrière lui, un bruit soudain qui le fit se retourner un petit peu. Un rat visiblement venait de sortir d’une poubelle avec fracas. Il continua donc sa route et au moment de retourner sur une avenue plus passante, il se prit quelqu’un en pleine face – ou le contraire-.

« Oh, non c’pas possible c’est une blague ?» souffla-t-il entre ses dents tandis qu’il voyait la personne qu’il avait bousculé – enfin disons plutôt la personne avec laquelle il y avait eu collision-… « Je vais finir par me demander si ce n’est pas vous qui me suivez juste pour pouvoir m’engueuler.» ne put-il s’empêcher de sortir à l’ambassadrice, malgré tout un léger sourire aux lèvres. « Comment est-ce que vous allez depuis la dernière fois ? Comme je sais que vous n’êtes pas en sucre je ne vais pas suggérer que cette légère bousculade ait pu vous faire mal.» Lui, chercher les emmerdes ? Pas du tout ! De quoi est-ce que vous parlez ? Il aimait juste la voir ronchonner et pouvoir répliquer quelque chose après, c’était presque plus fort que lui, même si à chaque fois il finissait toujours à un moment donné à se faire malmener. Avec elle, c’était un genre de « jeu » et il n’était pas des plus tendres non plus. « Vos garde du corps sont passés où, vous les avez semés ?» ajouta-t-il bientôt en ne voyant aucun gorille qui pourrait la protéger.

Soulagement, agacement, profonde cogitation, ces termes avaient guidé les instincts de l’ambassadrice ces dernières semaines, alors qu’elle était restée focalisée sur la recherche de son amie pendant trois mois qui lui avaient semblé être une éternité. Fatiguée de ce quotidien des personnes de son entourage disparaissaient puis réapparaissaient des mois plus tard, ou pas, d’ailleurs, Rain avait tout d’abord pensé à prendre un peu de temps pour elle en cette fin d’année. Un an auparavant, elle avait fait l’objet d’une tentative d’agression, cette fois l’ambiance avait été toute autre, même si rien en ce moment n’était comparable au soulagement de savoir Wilson saine et sauve. À présent, elle aussi était membre intégrante de la Garde, même si ce n’était pas le point qui surprenait le plus l’ambassadrice étant donné la nature de son amie, mais le fait qu’elle soit directement responsable, qui plus est d’une faction dont Rain ignorait l’existence jusqu’à présent, lui restait toujours en travers de la gorge. Bien sûr, Jane n’y était pour rien, seulement l’américaine avait eu une nouvelle fois la preuve que l’Organisation n’était pas prête de lui faire confiance. Un enchaînement d’événements qui l’avait fait cogiter tout le mois restant, comme toujours à chaque désagrément, la cervelle de Rain tournait toujours à plein régime, compartimentant chaque information pour en décortiquer les moindres détails et cogiter sur les différentes tournures possibles et inimaginables que l’événement en question aurait pu prendre. Par conséquent, la brune hautaine s’épuisait pour rien. Elle n’avait pas non plus pu profiter pleinement de la pause hivernale, même les retrouvailles avec Maeve n’avaient pas été aussi plaisantes et stimulantes que les fois précédentes, tant les préoccupations de l’ambassadrice empiétaient cruellement même jusque dans sa vie privée. Mais elle n’y pouvait rien, elle était ainsi faite, au grand déplaisir de certains.
À présent de retour dans le froid et l’humidité ambiante de la métropole londonienne, Rain n’avait pas perdu ses mauvaises habitudes. Emmitouflée dans un épais manteau chic, un café « take away » à la main, puisqu’elle n’avait bien sûr suivi aucune recommandation du corps médical, elle avait simplement fait un petit détour avant de rentrer à Knightsbridge. Le Ministère ne lui avait pas manquée outre mesure, il semblerait qu’un léger remaniement ait eu lieu en son absence, mais l’ambassadrice n’en savait pas d’avantage pour le moment. En arrivant au croisement d’une ruelle, elle ne put empêcher une collision avec une autre personne, ce qui la sortît aussitôt de son esprit fumant. Le choc léger lui avait fait renverser une partie de son café, son nouveau manteau d’une grande marque de luxe aspergé de liquide brûlant. Godwin recula d’un pas, la bouche grande ouverte, malheureusement elle reconnut aussitôt le son de la voix d’un personnage dont la présence commençait à devenir outrageusement agaçante. Non seulement il était en tort de lui être rentré dedans, mais en plus il se permettait de la chercher, comme si ce petit jeu l’amusait alors qu’il était toujours perdant. Étrangement, Rain fît preuve de sang-froid et ne lui aboya pas dessus aussitôt, même si cela aurait été son premier réflexe. Non, elle referma la bouche, prît une grande inspiration et lui adressa un regard noir lourd de sens, tout en l’écoutant déblatérer ses âneries.

Naveen Evans. L’insupportable secouriste qui l’avait soignée plusieurs mois auparavant et qui, depuis, ne cessait de croiser sa route. Pourquoi, de tous les gueux qui parcouraient les rues un vendredi soir, fallait-il systématiquement que l’ambassadrice tombe sur lui ? Alors, tout à fait calmement, ce qui ne lui ressemblait pas, du moins pas avec Naveen, Rain lui répondit.

« De tous ces misérables qui passent dans la rue, pourquoi faut-il que ce soit vous ? »

Toujours lui. Ce n’était pas elle qui le cherchait ou qui faisait exprès de croiser sa route juste pour l’engueuler, pour reprendre ses termes. Par contre, elle ne perdît pas l’habitude d’ignorer une partie de ses réflexions, lui n’avait guère perdu la sienne d’en faire trop.

« La prochaine fois, peu importe où vous allez, n’y allez pas. Vous rendrez service aux personnes importantes qui ont autre chose à faire, que de se mêler au tout-venant. »

Aucun sourire, ni aucune autre expression sur le visage de la brune hautaine, aussi aimable qu’une porte froide d’Azkaban. En fin de compte, elle allait finir par croire que Naveen l’appréciait un minimum pour continuer de la provoquer à chaque fois qu’il la croisait. Les gardes du corps dont il parlait, ne se déplaceraient certainement pas pour si peu.

« Les gardes ne se déplacent pas pour un gueux. Vous n’êtes pas un danger, vous êtes juste insignifiant. »

Finalement, un léger sourire apparut au coin des lèvres de l’ambassadrice, elle aussi devait bien reconnaître que le secouriste était une distraction, un type énervant sur qui elle pouvait cracher son venin et son mépris sans aucun danger.

« Ne jouez plus à ce petit jeu avec moi, Naveen. Vous savez que vous ne gagnerez jamais. »

Et pour cause, Rain était sur-entraînée à toujours savoir quoi répondre aux plus « grands » sans jamais se laisser démonter ni impressionner, alors ce n’était pas un misérable secouriste moldu qui allait réussir à la faire sortir de ses gonds. Mais quand même, elle finit par prendre une nouvelle inspiration. La froideur sur son visage s’était légèrement réchauffée.

« Et vous me devez un nouveau café. Et un manteau. » Elle toisa alors Naveen de haut, un léger rire s’échappant d’entre ses lèvres. « Le café sera certainement plus abordable, pour vous. »

Il devait garder son calme et se montrer quand même courtois, s’il était emmerdé par la situation – même s’il la trouvait quelque part assez amusante-, il se doutait qu’il en était de même pour l’ambassadrice sauf qu’elle n’était pas le genre de personne à trouver beaucoup de choses drôles. Et comme souvent lorsqu’il se trouvait face à elle, il avait envie de la titiller un petit peu par ce qu’elle sur-réagissait toujours de façon exceptionnelle. Et elle commença déjà à un niveau assez haut, un fin sourire naquit sur les lèvres du secouriste.

« Par ce que l’on est fait pour se rencontrer visiblement. Telle est notre destinée…»

Est-ce qu’il en faisait trop ? Oui. Est-ce qu’il le faisait exprès ? Tout à fait, par ce qu’il savait qu’elle allait grogner encore plus et que ça le faisait toujours rire du moment que ça restait « bon enfant »… une façon de parler vu les termes utilisés par la femme. Allez qui aime bien châtie bien, non ? C’est ce qu’il se disait à chaque fois ! Et d’ailleurs cette charmante personne pleine de chaleur et de bienveillance avait continué avec son discours. Humhum. Naveen opina du chef tout en prenant une moue de circonstances, comme s’il l’écoutait attentivement tout en validant ce qu’elle disait…. Alors que pas du tout.

« Oui, c’est sûr, si je dois aller au boulot, j’vais risquer de laisser mourir quelqu’un, une gamine par exemple, par ce que sa Seigneurie va peut-être sortir. Tout à fait logique.» Toujours en coin, plus narquois à présent avant qu’il ne rajoute « Après vous savez, vous pouvez d’ores et déjà me contourner ou m’ignorer si vous ne voulez pas perdre du temps, mais encore mieux… pour ne pas se mêler au tout venant, vaut mieux éviter les rues, où ils pullulent comme des rats.»

Est-ce qu’il venait de se traiter de rats ? Possible. Un petit détail, mais juste pour rester dans le même niveau de celui de cette grande Dame. Elle les voyait comme des nuisibles, des moins de rien… alors la métaphore avec le rat n’était pas si inappropriée.  Et d’ailleurs sa phrase suivante montrait bien qu’il n’était pas si loin que ça. Il n’était pas un danger. Hum, façon de voir les choses ! Elle avait plutôt raison dans les faits…

« Beaucoup de serial-killers apparaissent comme des gens normaux, vous savez. A votre place, je ne mettrais pas toutes les ‘’gueux’’ dans le même panier, certains pourraient peut-être vous surprendre.» Il haussa ensuite un peu les épaules et poussa un soupir exagéré « C’pas grave j’suis bon perdant… Et puis tout est une façon de voir les choses, pourquoi faut-il un perdant alors que l’on ne fait que discuter ?» Ah oui, peut-être par ce qu’ils cherchaient l’un et l’autre à avoir le dernier mot… mais si peu…

Pour la suite, on ne peut pas dire qu’il broncha beaucoup mais eut quand même un nouveau léger sourire en coin. « Vous savez que si je dois vous payez un café, ça peut faire croire que vous voulez passer encore plus de temps avec moi. Comme vous l’avez dit, vous… vous avez les moyens. Vous en offrir un autre signifierait que vous avez ce temps et presque cette envie d’avoir ce nouveau café.» Silence pendant quelques instants « Alors, un nouveau café ou pas Madame Godwin ?» Est-ce qu’il lui payerait sans souci un nouveau café ? Tout à fait, mais il avait quand même un petit doute sur le fait qu’elle accepte mais la date pouvait être plein de surprises.

L’Ambassadrice avait beau ruminer et maugréer dans sa tête, elle était bien forcée d’admettre que les rencontres avec Naveen n’étaient pas juste des coïncidences à force. La première fois lorsqu’elle avait été blessée, passait encore, parmi tous les secouristes de Londres, il avait fallut que ce soit lui de service ce jour-là. Quelques jours plus tard, il était venu prendre de ses nouvelles à l’ambassade moldue, une charmante attention, bien que déplacée aux yeux de Rain, mais rien d’extravagant. La dernière fois à Knightsbridge, elle avait commencé à se poser des questions sur la nature de cet homme, surprise de le croiser un soir en plein quartier résidentiel et loin d’être fréquenté par des gens comme lui. Simple coïncidence, à ce moment-là. Mais là, cela dépassait l’entendement. Et si Naveen avait raison, qu’ils étaient liés par une étrange destinée depuis ce jour où il l’avait raccompagnée chez elle, après la manifestation à l’ambassade américaine.

Godwin préféra ne pas rentrer dans ce jeu-là, même si elle y réfléchissait malgré elle, en cet instant. Et cela ne l’avait pas empêchée de lui cracher son mépris en pleine face, tout en rajoutant des couches pour vraiment lui faire comprendre à quel point il n’était rien pour elle, mais rien n’y faisait. Comme à son habitude, Naveen continuait de lui répondre, et lui, en revanche, se plaisait à utiliser les armes de l’ambassadrice contre elle-même. La brune hautaine serrait légèrement les dents derrière ses lèvres pincées d’agacement, la façon qu’avait l’insupportable gueux de se moquer inlassablement des manières bourgeoises de la Dame, elle ne le supportait pas, mais il avait un truc inexpliqué qui l’amusait. Et pour cette obscure raison, Rain restait. Elle ne bougeait pas, elle ne se préoccupait qu’à peine de son manteau tâché, elle aurait pu simplement l’ignorer et continuer son chemin, comme il lui avait rétorquée. Elle s’était même retenue de pouffer de rire lorsque le secouriste l’avait qualifiée de Seigneurie. Mais en tout cas, il parlait toujours autant pour ne rien dire. Une chance que l’ambassadrice n’était pas d’aussi mauvaise humeur que d’habitude. Elle se contentait d’écouter d’une oreille, non sans trop d’attention, et secouait la tête en soupirant, blasée par son attitude.

« Si j’avais pu vous éviter, je l’aurait fait. » Elle fit mine de réfléchir. « En fait, si j’avais pu ne jamais vous rencontrer, je m’en serais bien mieux portée. »

Le pire dans tout ça était que la brune ne se promenait que très rarement dans ce coin-là de Londres. Mais elle n’en parla surtout pas à Naveen, il était capable de croire à sa fichue théorie sur la destinée.

« Mais les autres rats ne me dérangent pas, tant qu’ils ne me parlent pas. Il n’y a que vous qui trouvez amusant de polluer mon espace vital. »

Rain ne mâchait pas ses mots, une part d’elle les pensait même haut et fort, précisément cette facette de sa personnalité qui en énervait plus d’un, voire même, créait un sentiment de haine. Cela n’avait pas l’air d’être le cas du secouriste, qui préférait rentrer dans son jeu pour tenter de la faire craquer. En effet, il avait l’air plus tête brûlée qu’un Centaure. Une nouvelle fois, la brune n’écouta qu’à moitié les débilités de Naveen, il parlait tellement pour ne rien dire que même lors d’un simple échange futile, elle était obligée de compartimenter les informations qu’il lui balançait. Était-il un tueur en série ? Improbable. Si il avait voulu la tuer, il l’aurait fait depuis longtemps. Et il ne se pavanerait pas en pleine journée si il préparait un crime. Du moins, c’était la pensée de l’ambassadrice, qui malgré tout n’avait bien aucune connaissance en criminologie. Alors, elle préféra se taire. À la place, elle soupira encore une fois et se tint le front avec la paume de sa main, dépitée.

« Vous êtes vraiment… »

Rain n’avait même pas les mots. Et Naveen ne perdit pas l’occasion de lui rappeler que c’était elle qui avait exigé un nouveau café, que cela impliquait de passer plus de temps avec lui. Un simple ricanement de la part de la brunette, il avait la fâcheuse tendance à l’interprétation exacerbée. Mais il fallait reconnaître qu’elle n’avait pas grand chose d’autre à faire, mis à part rentrer chez elle et se poser dans son canapé, avec un bon livre et son chat grincheux sur les genoux.

« Vous pouvez juste m’en prendre un à emporter, et en rester là. » Elle haussa les épaules, absolument détachée de la situation. « Mais j’ai quelques minutes à tuer avant de rentrer chez moi, alors… »

Elle allait sûrement regretter la proposition qu’elle s’apprêtait à faire.

« Vous n’avez qu’à me surprendre, comme vous dites. Ainsi, nous pourrons confirmer, même si je n’en doute absolument pas, que vous et moi ne sommes pas compatibles. »

L’ambassadrice se débarrassa du gobelet à présent à moitié vide, et à l’aide de la petite serviette en papier fournie avec, essuya le liquide qui avait coulé sur son manteau. Mais avant que Naveen ne cherche à répliquer et à la chercher une nouvelle fois, elle le coupa net, les sourcils froncés.

« Je tiens à préciser que ce n’est pas un rencard. »

Jamais, au grand jamais.

Elle semblait vraiment avoir du mal à comprendre qu’il se foutait par moment de sa gueule gentiment et qu’elle prenait tout d’une manière qui faisait si…. Chieuse à temps plein, râleuse hautaine que c’était plus fort que lui. Quelque part, il se disait aussi que ce n’était que des insultes pas bien méchantes comme si elle était juste agacée plus qu’autre chose… Or dire à quelqu’un quelque chose comme « t’es inférieur à moi dégage », disons que ça ne lui donnait pas du tout envie de dégager pendant un certain nombre d’insultes. Ce qui était assez comique, c’est qu’elle ne se renouvelait pas trop en insultes mais les situations de rencontres changeaient quand même à chaque fois ; ce qui remaniait donc la donne. Malgré tout, il y avait un quelque chose entre eux qui se passait, un feeling un peu étrange qui faisait qu’ils recommençaient encore et encore le même schéma. Et aujourd’hui, elle semblait de moins mauvais poil qu’à leur dernière rencontre même si elle restait vive, la garce. Forcément, elle avait bientôt parlé l’Ambassadrice pour sortir de nouvelles piques.

« Vous avez l’air d’oublier dans quel beau merdier vous étiez la première fois.» dit-il en haussant un peu les épaules « Etes-vous certaines qu’aujourd’hui vous seriez dans cet état là ?»

Il ne voulait pas qu’elle le remercie ou autres. Juste… répondre à ce qu’elle disait littéralement.  Il y avait cette fois qu’il venait de citer, mais aussi la fois où il était venu la chercher à l’hosto en pleine nuit pour la ramener chez elle. C’était quand même lui le con qu’elle avait appelé. Un peu simple de dire juste cela et il voulait remettre un peu les pendules à l’heure ! il avait ensuite bientôt eu un léger rire plus amusé qu’autre chose avant de répliquer

« Et vous êtes tout à fait le genre de personne à dire ‘’les autres ne me dérangent pas’’ alors que vous êtes la première à les dénigrer pour qu’ils vous foutent la paix et qu’ils ne touchent Madame l’Ambassadrice si importante avec leurs petites mains ouvrières.»

Et la suite… la suite était venue comme ça, il faut bien l’avouer. Elle le trouvait mignon, gentil, « innocent », pas capable de faire du mal, mais elle avait l’air d’oublier dans les faits divers que beaucoup de gens biens pouvaient être en vérité de véritables ordures. Il avait dû y aller assez fort vu que son seul début de réponse demeura sans fin. Il était donc quoi ? Il y avait vraiment une foule de possibilités. Il acquiesça doucement la tête lorsqu’elle lui répondit ensuite pour le café. Il est vrai que cette possibilité, il ne l’avait pas vraiment vu et qu’elle était juste. Un point pour la Dame, s’il vous plait !! Pour une fois qu’elle disait quelque chose de sensé et surtout sans insulte il fallait presque en profiter. Il se passa une main sur la nuque et réfléchit quelques instants. En vrai, comment est-ce qu’il pouvait la surprendre ? Il n’en avait aucune idée, mais tant pis, de toute manière par pure mauvaise foi, elle dirait toujours qu’elle avait raison. Ce genre de bêtes là ça n’aimait pas avoir tort, le pauvre petit égo fragile souffrait trop de donner raison à quelqu’un d’inférieur. Naveen se racla donc la gorge et lui fit signe de la suivre avant s’arrêter et d’exploser de rire avec sa petite précision.  « Je tiens à préciser que ce n’est pas un rencard. » C’est vrai qu’il aurait pu lui faire mais non ! Alors c’était drôle cette précision. « Dieu Merci que ce n’est pas un rencard, on ne se supporterait pas plus de cinq minutes !» comme s’il pouvait être intéressé par elle. « Avez-vous quelqu’un dans votre vie Madame Godwin ?» avait-il ajouté plutôt curieux. Est-ce qu’elle savait être aimable cette Dame à un moment donné ? est-ce que ce n’était pas qu’une façade avec les gens de l’extérieur ??  Il l’avait emmené à un café non loin de là et une fois bien au chaud et installés, il l’observa du coin de l’œil.

Rain savait qu’en s’obstinant à côtoyer le secouriste, même furtivement de temps en temps, elle s’exposait à entendre parler de leur première rencontre. L’ambassadrice se souvenait surtout de son court séjour à l’hôpital, tout ce qu’il s’était passé avant cela était flou pour elle. Était-ce parce qu’inconsciemment, elle ne voulait pas se souvenir de cette humiliation et sa cervelle avait d’elle-même tiré un trait sur cet événement, ou bien était-ce le traumatisme qu’elle préférait oublier, Rain était bien incapable d’expliquer. Elle se souvenait seulement des manifestants devant l’ambassade des États-Unis, ainsi que les altercations avec ces derniers, qui avaient été houleux. Elle était probablement, en partie, responsable de ce qu’il lui était arrivée, mais elle ne m’admettrait pas. Et Naveen, n’était pas encore sur place à ce moment-là, heureusement.
Il l’avait soignée, certes, mais sa réflexion eut l’effet de lui tirer un rire, sarcastique. L’ambassadrice haussa les épaules, faisant mine de jeter un œil sur ses ongles, comme si elle cherchait un défaut à sa manucure fraîchement renouvelée, tandis qu’elle méprisait le secouriste de son petit air suffisant, qui flottait sur la pâleur d’hiver de son visage.

« Je ne l’oublie pas. » Difficile d’oublier, même si l’esprit de la brune avait omis pas mal de détails, l’important résidait dans les grandes lignes, ayant toujours été synthétique dans ses réflexions. « Mais je ne vous témoignerais aucune reconnaissance, vous étiez payé pour ça. »

Elle releva les yeux vers lui, qu’attendait-il exactement avec ce genre de réflexions ? Qu’elle le congratule et lui voue un culte, simplement parce qu’il était en service le jour où Rain avait eu besoin d’être soignée. Si Naveen avait été en repos ce jour-là, jamais ils ne se seraient connus, et tout aurait pu être bien mieux ainsi. Mais maintenant qu’il était là, et qu’ils s’étaient déjà croisés plusieurs fois, l’américaine devait le supporter. Car elle le voulait bien, et se plaisait à le rabaisser aussi souvent qu’elle le pouvait, à chaque ouverture possible.

« Si quelqu’un d’autre que vous aurait été de service ce jour-là, j’aurais été dans le même état. » Elle esquissa un sourire. « Alors, inutile de vous croire indispensable. Des secouristes comme vous, il y en a plein. »

Mais est-ce qu’ils étaient tous aussi stupides et sans aucune vie sociale pour la reconduire personnellement chez elle ? Non, bien sûr, il n’y avait que Naveen pour cela.
Maintenant qu’ils s’étaient mis d’accord sur le café, façon de parler du moins, l’ambassadrice avait préféré être claire sur la nature de ce bref échange. Elle retint un rire à l’expression employée par le secouriste maladroit, cela lui faisait penser qu’en sa présence, elle ne devait surtout pas jurer par Merlin. Normalement, cela ne devrait pas arriver. Même si, le temps d’un café, le pugilat verbal était capable d’aller loin entre eux. Sauf que cette fois, Rain était un peu plus disposée que la dernière fois à lui accorder son temps. Un peu de légèreté, ne lui ferait pas de mal, le retour de New York n’était pas des plus simples à gérer, malgré le poids en moins qui lui pesait sur le cœur, après avoir retrouvé Jane.

« Et bien nous allons voir ça. » Dit-elle en réponse à Naveen, qui pensait qu’ils ne se supporteraient pas plus de cinq minutes, déjà ils allaient voir si ils pouvaient le temps de ce café.

L’américaine devait bien s’attendre à la question qui allait suivre, elle leva les yeux au ciel et ne répondit pas tout de suite, elle entra simplement dans le coffee shop, avant de reporter son regard sur le jeune homme.

« Mon café d’abord. Noir et sans sucre. »

Puis, elle tourna les talons et alla s’installer à une petite table ronde non loin de la baie vitrée. L’ambiance était simple, cosy, la décoration sobre et peu détaillée, mais qu’importait. Rain laissa Naveen attendre seul au comptoir, puis lorsqu’il revint avec le café de la Dame et sa propre boisson, elle lui accorda une bribe de sourire, sincère cette fois, en guise de remerciement. Lorsqu’il s’installa face à elle, l’ambassadrice croisa élégamment ses jambes sous la table, et souffla sur le café brûlant.

« Non, je n’ai personne. Rien de sérieux, tout du moins. »

Elle était revenue dessus, se doutant bien que le secouriste, connaissant ses insupportables manières, aurait probablement insisté. Et Rain se fichait bien de lui en parler. Hors du cadre professionnel, elle n’avait pas à s’inquiéter de savoir de ce que Naveen pensait d’elle. Aussitôt, elle rajouta :

« Je suppose que cela ne doit pas vous surprendre. »

Maeve n’était pas ce que la brune qualifiait de quelqu’un dans sa vie. Elle n’avait pas le temps de lui accorder beaucoup de temps à cause de son travail. Et cela ne faisait aucun doute que l’amante à la chevelure de feu avait une autre vie passionnelle à côté, c’était là la base de leur relation. Aucun sentiment et aucune attache, à l’une comme à l’autre, cela leur allait très bien. De toute façon, Rain était persuadée que Maeve, comme toutes les autres, ne la supporterait pas au quotidien. Triste réalité, étant donné que l’ambassadrice était trop égocentrique pour y mettre du sien et faire des concessions.
Toutefois, elle était loin de se douter que Maeve et Naveen avaient œuvré pour la même organisation anti-sorciers…

Avec beaucoup d’autres personnes, pour ne pas dire la quasi-tout-le-monde, il ne se serait pas permis de dire de telles choses, mais après tout la suffisance de l’ambassadrice était trop forte et il avait de quoi répondre. Pourquoi est-ce qu’il s’en serait empêché alors qu’elle méprisait les gens qui n’étaient pas de son statut social ? L’empathie allait bien un temps mais elle avait quand même largement ses limites et elles étaient depuis longtemps outrepassées. Il fallait bien avouer que quelque part c’était quand même assez libérateur d’avoir moins de « frontière », de pouvoir dire plus ce qu’il le souhaitait sans filtre – ou beaucoup moins-. Au quotidien, ce n’était pas franchement quelque chose à quoi il s’adonnait et la plupart du temps ça lui allait, mais avec des personnes comme Rain, ou simplement des connards lorsqu’il bossait, c’était déjà beaucoup plus compliqué de ne pas se défouler. La réponse de la jeune femme lui fit hausser les épaules et il eut un petit rire plus amusé qu’autre chose, ce qui démontrait que quelque part il ne lui tenait pas vraiment rigueur de ce propos.

« Personne ne m’a payé quand je suis allé vous chercher à l’hôpital après mon service. Et je n’attends aucune reconnaissance, comme vous le dites, je ne fais que mon métier. J’attends juste un peu plus d’impartialité sur la réalité de la situation, mais j’le comprends maintenant, c’est vain.»

Pour la suite, il est vrai qu’elle avait raison, s’il y avait eu un autre secouriste, elle aurait aussi été ramenée à l’hôpital… quoique, vu comme elle avait refusé les soins au départ, il n’était pas certain que tous auraient autant insisté que lui. Mais ça, il préféra pour l’instant le garder pour lui, pour le moment, pas la peine d’enfoncer trop le clou non plus. Si elle voulait croire cela grand bien lui en fasse. Il s’était d’un petit « hmhm » afin de ne pas trop relancer le débat.

Et maintenant qu’ils s’étaient mis d’accord sur le café, Naveen avait décidé de l’emmener dans un coin qu’il connaissait bien et qui devrait la satisfaire – même si avec elle tout était toujours possible-. D’ailleurs, elle se comporta comme d’habitude et il se retint tout juste de lever les yeux au ciel. Soupirant un peu, il alla quand même commander le café de la femme ainsi que le sien avant d’aller rejoindre l’ambassadrice qui s’était d’ores et déjà installée Et chose miraculeuse, il eut l’impression qu’elle lui dédia un vrai sourire, mais ses yeux lui avaient peut-être joué un tour…
Presque plus étonnant encore, elle lui avait même répondu à sa question. Il fronça les sourcils, vu comme elle était quand même aigrie et casse-couille, toujours branchée boulot, oui, ce qu’elle avait répondu ne l’étonnait pas trop…mais en même temps, il savait que pour certains ce n’était qu’une façade, elle aurait pu être adorable avec l’être aimé … ou alors quelqu’un apprécier son caractère de cochon. A vrai dire, ça mettait un peu de répartie dans la vie morne des gens, il pouvait le comprendre. Il haussa un peu les épaules.

« J’aurais bien dit, vous êtes beaucoup trop branchée boulot, mais ça serait l’hôpital qui se foutrait de la charité.» il hésita quelques instants, mais puisqu’ils parlaient franchement « J’me demandais juste comment vous vous comportiez avec… la personne avec laquelle vous seriez en couple, c’tout. Je n’arrive pas à définir si vous êtes une chieuse à temps plein ou pas. » Nouveau silence avant qu’il ne rajoute « Et puis, se lancer des piques toute la soirée, c’est aussi un mode de vie qui plait à certains, j’suis personne pour juger. Vous trouverez, j’en suis certain vous avez quand même des qualités indéniables… enfin si être en couple vous convient.» Certains préféraient rester seul pour X ou Y raison. « Alors ce café, comment est-ce que vous le trouvez ? »

Même une ambassadrice à la mémoire infaillible avait parfois besoin d’une piqûre de rappel. Uniquement concernant les sujets qui ne l’intéressaient pas, en effet, même si elle n’oublierait jamais sans doute ce fameux soir où Naveen était venu la récupérer aux urgences de cet hôpital moldu, en revanche elle ne se souvenait pas que l’autre l’avait fait sur son temps libre. Sans aucune raison valable, si ce n’était parce qu’il était beaucoup trop gentil. Rain, aussi égocentrique qu’acariâtre parfois, n’avait pu comprendre un tel comportement, et c’était toujours le cas. Elle en tout cas, n’aurait pas fait ça pour autrui, mis à part une personne qui comptait vraiment à ses yeux et à qui elle se dévouerait personnellement. Bien sûr, à faire toujours partie intégrante de la Garde, Godwin pouvait se considérer comme une protectrice des plus faibles et des opprimés, mais là n’était pas sa motivation principale. Des préoccupations qui étaient très loin de Naveen, simple citoyen secouriste moldu.
Afin de clore ce semblant de conversation, la brune haussa simplement les épaules avant d’aller s’installer en attendant la venue des cafés.

« Exactement. »

Qu’espérait-il venant d’elle ? Qu’elle lui voue un culte pour le remercier de l’avoir ramenée à sa résidence de riches ? Ce n’était pas le genre de la maison. Elle-même n’attendait aucun compliment ou reconnaissance de personne dans ce qu’elle décidait de faire, ou non, pour la communauté. Alors, en échange, elle ne souhaitait pas plus, pas même de la part de ses plus proches amies.
L’ambassadrice maîtrisait l’art de tout garder en elle, bien dissimulé sous sa carapace taillée depuis tant d’années, elle avait toujours souhaité parler d’elle le moins possible, aussi parce qu’elle ne donnait pas envie d’apprendre à la connaître. Mais ce soir-là, Naveen semblait vouloir pousser les limites de la conversation convenable, malgré les piques, toujours plus méprisantes les unes que les autres, que Godwin pouvait lui cracher à la figure. Apparemment, c’était toujours mieux plutôt que de se regarder dans le blanc des yeux sans rien dire, pendant le café. Étrangement, même si elle avait été un peu déstabilisée au début, Rain n’était pas si gênée que cela de répondre aux questions du secouriste. Elle ne risquait rien, et puis ils n’avaient aucune connaissance en commun. Même si, elle peinait toujours à comprendre pourquoi s’acharnait-il réellement à vouloir de sa compagnie.

Aussi étonnant qu’improbable, l’ambassadrice hautaine était désormais en train de parler avec un homme inconnu, d’histoires de couple. Au fond d’elle, elle aurait pu se dire qu’elle avait vraiment touché le fond. Mais en fait, un léger rire s’échappa d’entre ses lèvres. Cette légèreté dans ce genre de conversation, était loin des tissus de paroles hypocrites et des débats infinis auxquels elle était confrontée dans le cadre de ses obligations diplomatiques.
Dans d’autres circonstances, la brunette se serait probablement offusquée par un tel langage à son égard, mais aujourd’hui ce n’était pas le cas. Elle s’en amusait, même. Parce que, aussi insupportable que pouvait l’être Naveen, il n’était pas loin de la vérité. Malheureusement pour lui, elle n’avait rien de croustillant à se mettre sous la dent. Ses histoires de couple avaient toujours été éphémères et même pas sincères. Voilà pourquoi, cela faisait bien longtemps que Rain avait renoncé à toute attache amoureuse. Et pourtant, elle en aurait sans doute eu bien besoin.

« À vrai dire, je n’en sais rien. »

Maintenant, elle haussa les épaules. La seule « relation » qu’elle avait eu dans sa vie, n’avait duré que quelques mois, elle était partie du jour au lendemain sans explications, elle avait fait souffrir un homme inutilement mais ce n’était pas ce qu’il l’avait le plus ennuyée. Elle regrettait profondément cette relation, même si cela remontait à des années maintenant, mais jamais elle ne voudrait remettre ça. Tout ça, pour être sûre qu’elle n’était pas attirée par les hommes. Alors qu’elle l’avait déjà su, mais par soucis de convention sociétaire, elle s’était sentie obligée « d’essayer ». Mais ça, Naveen n’était vraiment pas obligé de le savoir !

« La vie de couple n’est pas faite pour moi, je n’ai jamais eu de relation sérieuse avec un être « aimé », et je n’en veux pas. »

Vraiment pas. Rain n’imaginait pas faire de la place à quelqu’un dans sa vie, elle ne s’imaginait même plus tomber amoureuse. Devoir faire des concessions, rendre des comptes et dissimuler ses activités pour la Garde, et être toujours en déplacement professionnel, tout ça ne laissait guère le temps pour une vie de couple, c’était certain.

« Mais vous savez, ce n’est pas nécessairement une finalité. » L’ambassadrice souffla sur son café chaud que le secouriste venait d’apporter, prit la tasse entre ses doigts fins et en goûta une gorgée. Elle esquissa une légère grimace, il était plutôt assez serré pour un soir. Aucune importance, puisqu’elle n’était de toute façon pas couchée.

« Et je serais très certainement une « chieuse », comme vous le dites. » Elle ricana discrètement à cette pensée, mais elle n’était quand même pas assez proche de Naveen pour s’esclaffer comme le ferait deux bons amis de longue date. « Je me demande bien à quelles qualités vous pensiez. »

Car, Rain ne lui en avait pas montré beaucoup jusqu’à présent. Voire, aucune. Mis à part un mur de condescendance, le jeune homme n’avait pas vu grand chose, et c’était voulu. Portant à nouveau la boisson chaud à ses lèvres, elle continua :

« Personne n’est de toute façon assez bien pour moi. »

Comme toujours, elle n’avait pas pu retenir une énième réflexion made in Godwin. « Et vous, si vous avez du temps à perdre avec quelqu’un comme moi, je suppose que vous n’avez personne dans votre vie non plus. »

Il était vraiment étonné et dans le bon sens du terme de voir qu’elle jouait le jeu de répondre à ses questions sur le couple et compagnie. Ils ne s’étaient pas aventurés jusque-là encore, dans ce genre de discussion qui restait quand même assez privée. Alors oui, il fallait bien avouer qu’il était agréablement surpris qu’elle semble lui répondre sans mentir. Peut-être qu’il y avait anguille sous roche mais au final il s’en fichait, il pourrait peut-être bientôt un peu mieux la cerner savoir si cette nature aussi « agréable » était toujours présente ou si elle le réservait qu’aux personnes qu’elle ne connaissait pas bien et qu’elle considérait comme inférieures. Ce qu’il répondait par moment n’était pas des plus délicat, mais il se le permettait par ce qu’il se doutait qu’elle ne se vexerait pas pour si peu. Au contraire, au final cela restait quand même leur façon de communiquer s’agacer, de s’insulter plus ou moins gentiment. S’il restait généralement quand même plus soft, il se lâchait beaucoup plus avec elle qu’avec n’importe qui d’autres ! Vu la réponse qu’elle ne tarda pas à lui fournir, il se dit qu’elle devait plutôt être chieuse à plein temps qu’autre chose et qu’elle devait avoir ses moments d’accalmie…


Il n’avait pourtant pas tardé à froncer un peu les sourcils lorsqu’elle lui fit comprendre qu’elle n’avait jamais eu de vraie relation de couple, malgré tout, il restait étonné et trouvait ça dommage. Certes, elle n’en voulait p as, mais peut-être que c’était par ce qu’elle ne savait pas ce que c’était, peut-être que c’était une manière de se rassurer… ou alors, elle n’en voulait juste réellement pas. Difficile à dire comme ça, et de toute manière cela ne le regardait pas. Et sa phrase suivante,  montrait au final bien sa philosophie de vie qu’il comprenait tout à fait même s’il n’était pas tout à fait d’accord. Effectivement, ce n’était pas une finalité, mais malgré son travail prenant il n’était pas fait pour être seul… même si par moment – avant Sovahnn-, il avait tenté de se convaincre du contraire par ce que c’était plus simple à gérer. « Bien sûr que je le sais. Certains on en juste besoin et d’autres pas du tout, c’est comme pour tout, chacun est différents et à ses propres besoins.» il haussa un peu les épaules avant de faire un léger sourire et de rajouter, plus doucement « du moment que l’on s’écoute et que l’on ne se convainc pas que ce que l’on a c’est ce dont on a besoin alors que la réalité est ailleurs.» A son tour, il but quelques gorgées de son café. Avant de pousser un bref soupir tandis que Rain avait bientôt repris la parole. Nouveau haussement d’épaules puis sourire lorsqu’elle demanda qu’elles étaient ses qualités. « Vous êtes travailleuse, perfectionniste, intelligente et cultivée, par exemple. Et même si l’empathie et tout ce qui entoure les gens n’est pas votre fort, loin de là, je suis certain que vous êtes quand même observatrice. Vous savez ce que vous voulez et vous êtes ambitieuse, disciplinée et droite dans vos bottes je vais arrêter là, votre égo est déjà suffisamment grand comme ça..» Ouais, il ne fallait quand même pas abuser ! Il espérait cependant ne pas trop se tromper histoire de ne pas avoir l’air totalement stupide et à côté de la plaque. Il avait d’ailleurs préféré ne pas rebondir sur le fait que personne n’était assez bien pour elle.

«Vous vous trompez sur mon compte.» autrement dit oui, oui il avait quelqu’un. Pas forcément vraiment en couple, peut-être que si, en tout cas ça y ressemblait fortement. « Mais effectivement je n’ai pas beaucoup de temps pour la sphère privée.» D’autant plus qu’une fois le travail terminé, il faisait souvent d’autres choses : aller voir ses amis ou sa famille, aider des assos’, du sport ou autres. Bref, il avait bien du mal à rester chez lui à ne rien faire.

La tasse portée à ses lèvres, l’ambassadrice écoutait Naveen réagir sans pour autant dégager d’émotion particulière, ce n’était déjà pas dans ses habitudes d’avoir ce genre de conversation avec une personne comme l’insupportable secouriste, qui, étonnamment, ne l’était plus autant depuis qu’ils avaient franchi le pas de la porte de ce coffee shop. Peut-être qu’il ne s’était pas attendu à ce que Rain propose de passer ce petit temps ensemble. Elle aimait à penser que le jeune homme avait plus d’intérêt pour elle qu’elle ne le pensait. Mais il n’avait rien de particulier, finalement, si ce n’était qu’elle ne comprenait toujours pas qu’il puisse vouloir lui parler et apprendre à la connaître après tout ce qu’elle avait pu dire. Après tout, c’était exactement ce qu’avaient fait Jane et Moyra, à Poudlard. Si elles n’avaient pas cherché à creuser d’avantage, l’ancienne Serpentard n’aurait probablement pas d’amies aujourd’hui.
Naveen n’avait quand même rien à voir, l’américaine ne comptait pas s’en faire un ami, loin de là. Mais peut-être que si un jour elle était amenée à le recroiser, elle se montrerait moins virulente, tout dépendrait de son comportement à lui. En attendant, elle n’avait pas spécialement réagit, continuant de siroter son café chaud. Chacun avait en effet ses propres besoins. Ceux de Rain, n’incluaient pas une vie de couple, qui serait de toute façon beaucoup trop compliquée avec son travail et ses agissements pour la Garde de Myrdinn. Bien sûr, elle n’était pas fermée à faire entrer des amantes telles que Maeve dans sa vie intime, du moment que ça n’allait pas plus loin. Mais ça, Naveen n’avait guère besoin de le savoir.

Lorsqu’il commença à énumérer les qualités qu’il trouvait à l’ambassadrice, elle réprima un sourire, amusée qu’il en trouve autant étant donné le peu qu’il connaissait d’elle. De plus, le secouriste avait raison sur tous les points qu’il releva, Rain ne savait pas comment elle devait le prendre, si il était aussi simple de la connaître, ou si le jeune homme était étonnamment doué. D’autant plus que la remarque sur l’égo surdimensionné de la brune la fît même légèrement rire.

« Pas mal. Je n’ai donc plus aucun secret pour vous. »

Facile de le deviner pour les premières qualités énumérées, Naveen avait sûrement dû se rappeler de tous les diplômes que l’ambassadrice avait lorsqu’il l’avait emmenée à l’hôpital dans l’ambulance. L’ambition était indéniable, sinon elle n’en serait pas là, surtout en tant que femme non mariée et sang-mêlée. Une qualité qui lui avait été reconnue dès son plus jeune âge, lors de sa répartition à Serpentard. La droiture, elle l’avait acquise en diplomatie. En revanche, Rain n’avait jamais fait preuve d’une grande discipline.
Mais elle n’allait pas lui en vouloir de s’être trompé sur ce point. Elle, n’en aurait pas fait autant pour lui. Preuve en était, qu’elle pensait que Naveen était tout autant seul qu’elle, pour avoir du temps à perdre ici, mais il insinua le contraire. Godwin haussa les épaules, l’information n’était en réalité pas vraiment importante pour elle. D’autant plus que le secouriste n’en dit pas plus. Peut-être était-ce compliqué, mais cela ne la regardait pas. Surtout qu’il ne chercha pas à en dire d’avantage, Rain n’était pas du genre à rentrer dans ce genre de conversation.

« D’accord. Grand bien vous fasse. »

L’ambassadrice venait de terminer ses dernières gorgées de café, tout en écoutant Naveen parler. Elle avait tellement l’habitude d’en boire à longueur de journée, qu’en général, ces boissons chaudes ne faisaient pas long feu entre ses mains.

« Bien, vous avez rempli votre part du contrat. » dit-elle en mentionnant le café que le secouriste devait lui rembourser. « Et j’ai des dossiers à clôturer avant lundi. »

Même si elle préférait tout rendre en temps et en heure, il lui arrivait de prendre du retard lorsque les affaires s’éternisaient. Certaines ne nécessitaient pas qu’elle reste au Ministère, et tant mieux. Chez elle, elle était plus tranquille. Elle se leva et lui adressa un léger sourire, quand même, pour sa peine.

« Bonne fin de semaine. »

Bien sûr Rain laissa la tasse vide sur la table avant de détourner les talons et quitter le bar, elle laissa cette tâche aux serveurs payés pour ça. Mais Naveen était si serviable qu’il était capable de la ramasser lui-même…

Trouver des points positifs à une harpie comme elle ? Aucun problème. Par ce que malgré son sale caractère, il avait pu déceler ci et là des choses qui restaient quand même plutôt positives. Il réussit même, à sa plus grande surprise, à la faire rire un petit peu. Connaissant le personnage c’était presque comme trouver un Graal. Lorsqu’elle reprit la parole, il eut un nouveau en coin et amusé, avant d’hausser un peu les épaules.

« Un peu d’observation et quelques conversations peuvent suffire à déduire cela, je ne pourrais guère en dire plus ou aller plus en profondeur, c’est comme un examen superficiel»

Il essayait de faire au mieux, de jauger au mieux ses interlocuteurs par ce que cela pouvait s’avérer toujours utiles lors des interventions. Une habitude qu’il gardait aussi dans la vie de tous les jours. Comme il l’avait dit ce n’était que quelques qualificatifs, pas grand-chose non plus mais elle semblait plutôt contente et dans le bon sens du terme. Il n’avait pas cherché à la faire mousser ou à faire exploser son égo.

Ils avaient bientôt changé de sujet pour « parler » de leur vie amoureuse si on peut dire ça comme ça et l’un comme l’autre furent assez bref sur cela. L’ambassadrice était toujours aussi froide qu’une porte de prison mais cela ne l’étonnait même pas. S’intéresser – ou faire semblant de le faire- à la vie des autres n’était pas dans les prérogatives de la femme. D’ailleurs, bientôt Rain avait terminé sa boisson et ne voulut pas s’éterniser avec lui -qui sait, il pourrait lui transmettre un peu de sa gueuse-ttitude.

« J’essaye toujours de tenir mes parts du contrat… je ne vais donc pas vous importuner plus longtemps et je vous dis à la prochaine fois.»

Vu qu’elle avait des dossiers à clôturer essayer de la faire rester ne servait à rien : de toute manière il n’avait plus grand-chose à lui dire. C’était quand même beaucoup moins drôle lorsqu’elle ne l’envoyait pas péter. Quant à son « à la prochaine fois », il était certain que le Destin ne tarderait pas à le faire se recroiser comme c’était le cas ces derniers mois. Il la laissa partir, soupirant doucement en voyant qu’elle avait laissé sa tasse vide sur la table, et comme l’ambassadrice l’avait prévu, il la ramassa pour la ramener jusqu’au bar. Et à son tour, il retourna vaquer à ses occupations. En se demandant ce que la prochaine rencontre avec la femme lui réserverait comme surprise.