L'intelligence de ne rien voir | ft. Warren Tveit-Odair

(  @Shura A. Kolyovski )

La journée allait-elle enfin être calme ? Il ne fallait pas rêver, il n’allait pas pouvoir se mettre dans un coin du Ministère de la Justice pour piquer un petit roupillon salvateur, mais au moins s’il n’y avait pas de vraie intervention, il pourrait finir de mettre toute l’immense paperasse à jour ! S’il avait pu se cacher sous une cape d’invisibilité pour avoir la paix, il faut croire qu’il n’aurait pas hésité l’ombre d’un instant ! Mais ce n’était pas quelque chose de possible, alors il ne pouvait espérer qu’Ana ne lui tomberait pas dessus pour un truc stupide, une mission quelconque – un truc bien nul rien que pour l’emmerder-. Ceci dit, il préférait certainement qu’elle lui donne une mission qu’elle s’approche trop de lui pour faire quelque chose qui ressemblait à un genre de drague déplaisante. La plus grande partie de sa journée s’était donc passée plutôt normalement, tranquillement et il voyait enfin l’heure de sortie. Le moment où il pourrait retrouver son fils et le serrer dans ses bras, s’occuper de lui. Son rayon de soleil, celui qui l’aidait à tenir dans cette période si sombre.

Il finissait de boucler un rapport d’une courte et simple intervention sur laquelle il avait finalement participé dans la journée, s’appliquant à écrire d’une écriture la plus lisible possible plutôt que les pates de mouche qu’il était capable de produire et eut une pensée pour son cousin, Connor, qui était toujours à Poudlard et qui était si perfectionniste – pour ne pas que c’était un TOC- qui ne supportait pas la moindre rature ou tache sur ses parchemins. Il était capable de refaire une dizaine de fois le même devoir jusque tout soit parfait. Warren l’avait souvent observé faire vacillant entre le dépit et la fascinant de tant d’acharnement. Il jeta un œil à sa « copie » qui faisait relativement propre mais l’autre garçon lui dirait que son écriture par moment avait été un peu irrégulière. Et il soupira. Il devait vraiment lui écrire, les dernières nouvelles remontaient à une ou deux semaines, et il n’était pas certain que le garçon pourrait sortir pour les vacances de Noël.

Esprit vagabondant ci et là dans ses souvenirs, dans ce qu’il devait faire une fois la journée de boulot terminée. Il n’avait pas vu un de ses collègues arriver et poser sans aucune délicatesse – bien au contraire- un gros dossier sur un bureau. Un petit BOOM du dossier qui atterrit sur la table. Il sursauta légèrement et regarda l’homme, sans trop comprendre. Le nom dudit dossier lui était inconnu. Warren allait ouvrir la bouche pour dire qu’il y avait erreur mais l’autre le devança « C’est pour Kolyovski. Il comprendra ce que c’est, je dois aller en mission, débrouille-toi avec lui s’il a besoin d’aide.» Le sourire de l’homme ne lui disait rien de bon, mais il ne pouvait pas vraiment répliqué, c’était son supérieur hiérarchique, un autre Supérieur qui prenait visiblement un malin plaisir à lui donner un truc de merde. Comme d’habitude. Il soupira doucement et se leva pour obtempérer sans rien ajouter de plus, cela ne servirait à rien si ce n’est le mettre dans une mauvaise posture. Il s’était donc dirigé vers le bureau de l’avocat tout en grommelant tout bas dans sa barbe une tonne d’insanité.

Inspiration. Expiration. Retrouver un léger sourire histoire de ne pas faire trop mauvaise impression. Frapper à la porte – attendre comme un glandu-. Et forcément, l’autre con qui lui ouvrit la porte ne le reçut pas franchement bien. Quelle surprise ! Non, pas du tout surpris le Tveit. Mais il dut se mordre la langue pour ne pas répliquer la première chose qui lui venait à l’esprit. Face à un Général mieux valait bien se comporter.

«Bonjour. Oui, je suis désolé de vous importuner Monsieur, mais on vient de me donner ce dossier et on m’a demandé de vous l’apporter et que je devais rester à votre disposition pour vous aider si c’était nécessaire. » avait-il dit du ton le plus neutre qu’il le pouvait tout en lui tendant le fameux dossier. Quelque chose lui disait qu’on avait voulu les emmerder tous les deux à bien réfléchir, ou alors que Shura avait besoin de s’amuser et que c’était tombé sur Warren de servir de bouc émissaire. Les deux possibilités étaient crédibles. Attendre, observer l’homme et s’adapter au mieux voilà ce qui lui restait à faire.

Dommage qu’il ne puisse pas les maudire sur dix générations à tous ces cons sinon il s’en serait fait un malin plaisir… mais ça ne marchait pas comme ça. Pas vraiment. Il essayait de garder son calme et surtout un minimum de sourire par ce que ce n’était pas en faisant la gueule que les choses allaient avancer dans le bon sens, on pourrait lui reprocher, se dire quelque chose clochait, alors un léger sourire de circonstance était mieux. Et dans ce monde de con, il était donc non pas tombé sur un Monsieur mais sur un maître. il se força à plaquer sa langue contre son palais pour ne pas sortir une phrase irréfléchie qui pourrait lui porter préjudice et pourtant, il y en avait pas mal qui lui venaient à l’esprit.

Inspiration, expirations discrètes. Tveit acquiesça alors et laissa passer encore quelques instants de silence, surtout le temps de réfréner l’image du Maitre de Docteur Who, qui lui donnait juste envie de rire. Et puis Maître lui donnait l’impression d’être son esclave, sa chose et ça, ce n’était pas une chose qui lui plaisait. Peut-être qu’il aurait fait une réflexion s’il n’avait pas été un général, un haut gradé. Là, il devait juste dire oui et obéir. Et attention à ne pas se tromper et dire oui Monsieur, c’est qu’il mordrait l’avocat, son égo en prendrait peut-être un peu trop un coup ? Et puis, est-ce qu’il n'était pas passé du « tu » au « vous » en une phrase ? Il ne l’avait pas rêvé ce si tu comptes m’aider ? On dira que c’est un abus de langage, ou quelque chose dans ce genre-là, un oubli, pas ce qu’il était un jeunot et que le vous était donc moins important.

« Bien sûr maître Kolyovski»

Et il avait presque l’impression d’être un elfe de maison avec cette foutue phrase. Surtout, on garde son calme, on ne fait toujours pas de vague. Parler peu semblait donc une bonne option pour l’instant lui qui aimait tant parler devait faire attention face à un avocat. Ils faisaient, paraissait-il, parti des plus retors. Tveit se racla donc un peu la gorge tandis que Shura avait pris la parole lui posant une nouvelle question. Très simple en apparence, il faut bien l’avouer, mais dans la réalité il ne connaissait pas la réponse et se sentait franchement très con.

« Sincèrement Mo… Maître, on me l’a mis dans les mains sans m’informer de ce que ça contenait, et je ne me serai pas permis de l’ouvrir, il peut contenir des informations confidentielles et essentielles. »

Il aurait peut-être dû pour apprendre des choses intéressantes, mais c’était pour l’instant un jeu un peu trop dangereux, il ne savait si le dossier était scellé par un sort ou pas et préférait ne prendre aucun risque.

« Si je dois vous épauler… pourrais-je savoir  quelles informations ce dossier contient-il ? »

Et il continuait de prier silencieusement pour que l’homme se lasse rapidement et qu’il le renvoie chez lui… mais quelque chose lui disait que ça ne serait pas le cas.

Il devait se concentrer seulement sur la conversation, étouffer toutes les questions qu’il pouvait avoir pour reste. Faire le bon petit soldat obéissant qui écoutait ses supérieurs hiérarchiques, même s’il n’était pas son Général ce Maître en demeurait quand même un et s’il en était arrivé là c’est qu’il y avait bien des raisons. Bientôt, une réponse ne tarda pas à tomber « des renseignements sur de potentielles recrues ». Intéressant, fort intéressant même… même s’il ne pouvait pas faire grand-chose de cette information au final. Qu’est-ce qu’il y pouvait lui, dans le recrutement des gens ? Rien du tout, comme il n’avait pas grand monde à qui donner cette « nouveauté ». On se calme donc, et on ouvre juste ses esgourdes, le reste il le verrait plus tard, à un autre moment plus propice. Lorsque l’homme lui dit que ce dossier avait deux semaines son visage resta neutre, quelque part, il trouvait que c’était deux semaines de gagnées pour les potentielles recrues avant de tomber dans ce « piège » sans fin qu’étaient les Supérieurs. Là non plus, il ne dirait rien, se contentant d’observer, il avait quand même opiné un peu du chef pour montrer qu’il avait bien tout compris. La question c’est pourquoi est-ce que c’était aussi long ? Volontaire ou pas ? Vu que c’était lui qui s’y collait… la réponse était déjà toute trouvée.

« Le dossier se sera  certainement égaré quelque part, Maître…» finit-il par dire histoire de ne pas rester totalement coi « Les potentielles recrues, le savent-elles et veulent elles rentrer volontairement dans l’Organisation ?»

Est-ce qu’il y avait une insinuation là-dedans ? Possible. Personnellement, s’il avait sû qu’un de ses amis était dans le viseur des Supérieurs, il aurait suivant la personne concernée, tout fait pour éviter que le dossier se retrouve dans les mains de cet homme. Que son ami ne vive pas la même chose que lui. Alors, cela pouvait aussi être une piste… comme une totale fausse route. Tveit regrettait déjà d’ailleurs de ne pas avoir ouvert ce foutu dossier pour voir si justement un de ses camarades proches ne serait pas concerné. Patiente, tu vas peut-être avoir accès à l’information si tu ‘’bosses’’ un peu avec lui… enfin plutôt pour lui.

L’homme avait d’ailleurs bientôt repris la parole lui expliquant sa manière de procéder.  Fermant à un moment la mâchoire sur le « nous attirer plus d’ennuis qu’autre chose ». Est-ce que son propre recrutement était vraiment totalement passé par-là où ses parents avaient utilisé l’influence de sa famille pour faire passer outre quelques petites barrières. A raison d’ailleurs, vu que pour l’instant Warren se tenait à carreaux, les Supérieurs – surtout sa famille- savaient comment le canaliser, avaient bien compris qu’i voudrait s’éviter des ennuis ne serait-ce que pour l’avenir de son fils, mais aussi pour ne pas que l’on s’attaque à ses amis – ses « anciens » amis absolument pas sang-pur-. Néanmoins, cela restait intéressant, et l’homme semblait très organisé, s’il avait dû gérer quelque chose de ce genre-là certainement que Warren aurait procédé de la même manière. Il avait beaucoup de questions, dont plusieurs auraient pu lui porter u peu préjudice, il préféra donc se montrer un maximum raisonnable et nature possible.

«Et du coup, comment est-ce que vous pouvez voir, sur simple dossier ceux qui peuvent attirer plus d’ennuis qu’autre chose ? » Il se tut ensuite quelques instants avant de reprendre la parole « Comment puis-je vous être utile, dans ce cas-là, Maître, votre mécanique me semble plus que bien huilée…»

Avec un peu de chance, il pourrait s’en tirer comme ça, ça paraissait presque trop beau pour être vrai, mais après tout… il fallait bien un peu d’espoir dans la ville. Il n’y croyait quand même pas trop, l’autre risquait de lui rafiler encore des merdouilles à faire comme se déchargeaient certains de ses collègues supérieurs. Néanmoins, Warren n’avait pas bougé, il attendait bien sagement les ordres, d’un côté, il aurait bien voulu voir les dossiers, d’un autre, il se disait que c’était peut-être une très mauvaise idée et que ça risquait de l’entrainer dans une très mauvaise passe. Silence pour l’instant et il observait les réactions de l’homme pour pourrait lui donner une idée d’à quelle sauce est-ce qu’il allait être mangé.

Faire attention à chaque mot prononcé, il n’y avait pas de mystère. Il essayait de répondre au plus juste sans trop en faire, sans trop en dire pour qu’on ne puisse pas le pénaliser plus tard d’une manière ou d’une autre. Il restait focus sur le fait que l’homme était un Général et sa fonction de recruteur l’intéressait tout particulièrement, non pas pour prendre sa place, mais plus par curiosité, par ce qu’il avait envie de savoir qui l’homme aurait bien vu dans leurs rangs. Et il ne tarda pas  tiquer bientôt lorsque l’homme repris la parole, quelque chose en lui avait envie d’hurler, que par merlin, il avait envie d’être ) beaucoup d’endroits sauf ici. Sauf avec toutes ces personnes. Par ce qu’il était l’archétype même du type forcé à être ici. Pistonné en quelque sorte… non en totalité. Les Tveit avaient assez d’influence pour cela visiblement au grand détriment de Warren. Un rictus ne tarda pas à naître sur les lèvres du plus jeune et bientôt il ajouta

« Dois-je me sentir visé, mis à part pour le poste important ? Ou alors parlez-vous de personnes que vous trouvez simplement… disons incapables de se servir correctement de ses dix doigts ou sans aucun jugeotte ?»

Non, par ce qu’il y avait peut-être ça aussi qui dérangeait l’homme. Il n’en était pas certain, est-ce que c’était juste les passe-droits même si la personne au final correspondait bien au poste ? Les pistons, ça marchait partout de toute manière, et il faut bien avouer que cela ne le choquait pas vraiment vu qu’il avait connu ce genre de magouilles & tout toute sa vie. Alors, même s’il était visé, il ne le prendrait pas mal vu qu’il n’était qu’un foutu pion dans tout ce bordel et qu’il n’avait rien demandé. Ceci dit, il restait quand même un élément plutôt prometteur, il avait déjà accompli quelques missions – et réussi-. Il ne brillait pas comme certain, il avait fait des erreurs – comme beaucoup-, il devait encore se perfectionner et surtout qu’on lui fasse confiance… mais il restait encore assez jeune et « nouveau » dans la Cause. Il n’avait pas la même vision des choses, les reflexes ou réflexions que ses ainés. Alors il l’observe un peu en coin sans plus rien rajouter sur ce sujet-là.

Bientôt, l’homme avait repris la parole, il l’écouta attentivement essayant de retenir un maximum d’information qui pourrait –  qui sait ?- un jour lui servir. Il se mordilla la lèvre en pleine réflexion après ce que l’autre avait dit.

«C’est vrai, qu’il n’y a rien de mieux que les petites mains pour faire le « petit » boulot. » dit-il avec un sourire en coin. « Je comprends votre fonctionnement… mais les doutes avec tous… disons tous les faux semblants, les manipulations et compagnie, ça ne doit pas toujours être simple de bien tout déceler.»

Les fourberies des grandes familles en somme. Probablement qu’il  aurait mieux fait de se taire que de raconter toutes ces conneries mais ça avait été, comme bien souvent, plus fort que lui. Le changement brutal de sujet, lui fit froncer les sourcils, mais il opina doucement un peu perplexe.

« On peut faire ça oui, Maître… mais vous comptez le faire avec la force de vos bras et non pas avec un sort ?»

Vu les manches à présents retroussées de l’homme. Il avait l’impression de ne pas saisir quelque chose. Est-ce que c’était un genre de test, ou alors Shura aimait juste faire des choses par lui-même sans forcément s’aider de la magie à chaque fois ? Vaste question qui intriguait énormément le jeune homme.

Il eut un sourire en coin, peut-être un peu amusé, peut-être quelque part un peu agacé aussi. Pas forcément contre l’homme qui se retrouvait face à lui, mais plus envers la société et tout ce qu’elle représentait pour les « gamins » comme lui. Se braquer contre Shura ne servirait à rien, il n’y était pour rien bien au contraire, si sa famille avait été raisonnable il ne se retrouverait pas là aujourd’hui. Mais on ne change pas le passé, il devait faire avec. Alors oui, il n’était malheureusement pas le seul, et c’était ça au fond qui le gênait que l’on prenne leur vie pour en faire ce que les parents voulaient. Si certains pouvaient tenter de tenir tête à leurs familles, ce n’était pas non plus le cas de tout le monde.  Warren ne tarda pas à lui faire un petit sourire en coin avant de répondre

« Merci pour le compliment.» il laissa passer quelques instants avant de reprendre « En même temps, à la base je voulais être Auror, il vaut mieux que je sache un minimum me débrouiller.»

Et il était pour l’instant simplement dans la police. Ceci dit, les Aurors d’aujourd’hui n’avaient rien à voir avec ceux qu’il aurait aimé intégrer. Fier Serdaigle, il aimait que l’on reconnaisse ses qualités alors, il enregistra bien un tel compliment. Le reste de sa phrase resta dans le silence, Tveit ne se voyait pas de répliquer quoi que ce soit pour l’instant à ce sujet-là, et il n’avait pas envie que cela se transforme en quelconque débat, cela pourrait lui être beaucoup trop préjudiciable. Concentration sur ce qui disait l’homme et Warren avait même froncé un peu les sourcils

« Où était donc ma place, selon vous ? » demanda-t-il plus intrigué que réellement vexé, il est vrai qu’il aurait aussi pu faire un bon informateur avec sa gueule qui passait bien partout. Il préférait néanmoins être activiste, au moins le terrain … disons était un peu différent. Il s’était ensuite tu quelques instants avant de reprendre, sur le travail de Shura   « Quelque part, ça doit être passionnant… Mais… l’affect ne peut pas vous jouer des tours. Le fils d’un voisin que vous aimez ou que vous ne pouvez pas piffrer ? Comme faites vous pour être totalement neutre et faire la part des choses ?»

Ce n’était pas la question du siècle, loin de là même, mais il la trouvait quand même intéressante. Il aimait savoir comment les autres procéder pour arriver à séparer les sentiments de ses réactions, même s’il ne se débrouillait pas trop mal la plupart du temps, il avait encore beaucoup à apprendre… notamment lorsque ça concernait les gens dont il était très proche. Faire la part des choses lui semblait presque impossible et il avait toujours l’impression de ne pas être totalement impartial. En soi, ce n’était pas bien grave pour l’instant, mais il voulait absolument travailler cela : le jour où ça lui serait utile qu’il soit fin prêt. Toujours curieux, il avait continué de parler, de poser des questions.

« La pureté du sang ne fait pas tout.» finit-il par dire, il aurait pu développer largement, mais suivant ce qui contenait le dossier de Shura l’homme devait pertinemment connaître son point de vue. Il avait été très proches de nés-moldus, voire même de quelques Moldus.  Il était donc logique qu’il soit d’accord avec ce que racontait le plus âgé. Ils étaient tous des humains, avec leurs qualités et leurs défauts. Lorsque l’homme avait repris la parole, il fronça un peu les sourcils et pencha la tête sur le côté, cherchant comment prendre ses dires. Après quelques instants de réflexion, il avait bientôt soufflé « Dites-moi exactement quels meubles vous voulez déplacer et où les mettre, je jugerai si j’en suis capable ou pas Maître.» avait-il sorti finalement, ne voulant pas rebondir sur le fait qu’il ne voyait pas pourquoi est-ce qu’il casserait quelque chose. « Mais si vous préférez qu’on le fasse à la force des bras, cela me convient également.» Peut-être que c’était là un test, il ne devait pas l’oublier : lisser un peu son discours lui semblait donc de bonne augure.

Warren haussa un sourcil un peu perplexe face à la réaction de Shura lorsqu’il annonça que son « ancien métier rêvé » était Auror. Il ne s’était pas vraiment attendu à un tel dédain et, à vrai dire, il ne le comprenait pas bien. Pendant un instant, il hésita à lui poser la question mais jugea que pour l’instant ce n’était pas le moment, après tout, il avait peut-être quelque chose contre cette façon de voir en ce métier une élite. Un métier que peu pouvaient obtenir ne serait-ce que par leur cursus à Poudlard, par chance, il était toujours été un très bon élève, même s’il bavardait peut-être trop et qu’il était parfois un peu chahuteur. Ah oui, et sans oublier qu’il faisait ses devoirs à la dernière minute, mais la théorie l’ennuyait le plus souvent, les cours qui n’avaient rien à voir avec le terrain et la vie d’après Poudlard. Il ne faut pas croire, il aimait toujours apprendre de nouvelles choses, mais les cours n’étaient pas forcément le meilleur moyen d’apprentissage pour lui. La conversation avec l’homme avait donc continué tranquillement. La réponse que ne tarda pas à lui fournir Shura, le fit opiner doucement. « Plusieurs rencontres », comme si cela allait changer quelque chose, mais il faut bien avouer que ses paroles avaient tendance à lui faire honneur. Effectivement, il aimait le terrain et également utiliser ses méninges comme le disait si bien l’homme. Malgré tout, il n’était pas certain que le travail des informateurs pourraient vraiment lui convenir : il trouvait qu’il y avait quand même moins d’action que chez les activistes… mais peut-être se trompait-il.

« Intéressant…» souffla-t-il doucement, tandis que Shura avait vite enchainé avec les recruteurs. Cette fois-ci le jeune homme fronça un peu les sourcils. Il n’était pas certain de bien comprendre… ou plutôt il ne voyait pas comment est-ce qu’il pouvait faire un bon recruteur alors qu’il avait juste envie de se tirer d’ici, et qu’il avait du mal avec la plupart des sang-purs et qu’il était beaucoup trop ami avec les autres pour leur souhaiter d’être dans cette merde. Néanmoins, il était ambitieux Tveit, il se disait qu’il pouvait peut-être repousser quelques dossiers de camarades… aussi, ça aussi cela serait intéressant. Mais s’éloigner des activistes l’éloignerait de beaucoup de choses qu’il trouvait malgré « intéressants » et surtout, il pouvait être beaucoup plus utile pour ses camarades là-bas qu’en tant que recruteur ?  Plus compliqué, maintenant, Tveit devait lui répondre et il devait comme bien souvent ménager les égos et les susceptibilités mais aussi, il ne devait pas se fermer de portes. Et c’était là, la choses la plus compliquée. « C’est très gentil de penser à moi, Maître…» vraiment, il avait du mal à s’habituer à cette appellation. « …mais je n’ai pas forcément la meilleure… hum, disons réputation possible, on m’a encore à l’œil. Même si votre proposition est alléchante, pour l’instant je crois qu’il vaut mieux que je fasse profil bas.» il aurait certainement mieux pu s’en sortir, mais il ne devait pas non plus trop en faire et rester dans quelque chose qui semblait correct, que Shura savait ou pourrait vérifier sans aucun souci.

Il lui avait bientôt expliqué l’arrangement de meuble qu’il avait en tête. Warren écouta, se notant mentalement le plan, même s’il n’était pas bien certain que cela serait vraiment viable.  Un petit point le déranger sans pouvoir mettre le doigt dessus pour l’instant. Un coup premier coup de baguette et il commença un bouger les meubles, doucement mais avec dextérité, concentré pour ne rien faire tomber. Au bout de très longues minutes, il avait finalement fini, une main sur un menton il continuait néanmoins de réfléchir à ce qu’il pouvait changer.

« Si on tourne légèrement le bureau de 45°C, vous auriez certainement plus de place pour passer et accéder aux armoires.» Et comme on lui avait dit qu’il fallait qu’il fasse preuve d’initiative, sans attendre l’approbation de l’homme, il jeta de nouveau un sort au meuble pour le mettre comme il le pensait avant de regarder ce dernier , un léger sourire aux lèvres, sachant pertinemment que soit cette initiative passée soit il allait en prendre pour son grade.

Cette question était étrangement dérangeante et il ne savait pas vraiment comment s’en dépêtrer, cela lui faisait poser beaucoup trop de questions. Déjà, ce n’était pas quelque chose qui lui plairait forcément d’être un recruteur même s’il y avait peut-être plus de marge d’évolutions… et recruter pour une cause dont il n’avait envie de se battre et qu’il avait plus envie de fuir qu’autre chose, non vraiment c’était trop tordu même pour lui. Néanmoins, cela pourrait toujours lui faire une porte de sortie un jour ou l’autre, si c’était nécessaire… mais il ne devait pas se leurrer ça serait certainement encore ses parents, sa famille en général qui valideraient ou non ce choix. Petit pion qui devait être surveillé et qui avait beaucoup plus sa place parmi les activistes.  Il ne savait pas trop comment se dépêtrer dans la situation, alors il avait fait au mieux, au pire, il dirait que c’était une volonté de ses parents, ce qui était vrai, ce qui pouvait être vérifier. Tout comme il aimait beaucoup trop le terrain ou plutôt l’action et ne pas rester le cul devant son bureau : une mission tranquille lui convenait même certainement mieux qu’une avec pleine d’action, avec plein de sorts jetés ci et là. Mais quelque part, il se sentait quand même mal, pas rassuré d’avoir dit non : il fallait être lucide, aucune réponse n’aurait été parfaite et il préférait être franc que de dire « oui peut-être » sans avoir aucune réelle argumentation derrière.

Comme cette conversation semblait terminée, Tveit avait commencé à bouger les meubles à la demande du Général, concentré, il avait réussi à ne faire aucune grosse bourde ce qui était déjà pas mal. Maintenant, il ne restait plus qu’à savoir si cela plairait ou non à l’homme. Il l’observa donc pendant toute l’inspection des travaux finis avant d’avoir un léger sourire en coin, satisfait, lorsque Shura reprit la parole pour le complimenter.

« Merci Mon… Maître, pardon.»

Vraiment les habitudes ont la vie dure et tant qu’il n’était pas congédié, il ne se voyait pas vraiment partir… ce qui ne tarda pas à arriver, la dernière phrase faisant arrêter le mouvement de départ du garçon net. Il observa quelques instants un peu plus l’homme, ne sachant pas bien ce qu’il devait à présent répliquer alors il décida de le faire à l’instinct.

« J’y songerai, mais je pense vraiment être fait pour le terrain pur et dur et c’est probablement le poste d’activiste qui me convient pour l‘instant le mieux.»

Autrement dit ses capacités étaient mieux utilisées dans cette branche, ce qui était un argument des plus… basiques.

« Je vous souhaite une bonne fin de journée.»

Il le salua une dernière fois avant de partir, plutôt mitigé de cette rencontre, il ne savait pas trop quoi en penser et se demandait s’il n’avait pas été piégé d’une quelconque façon. Malgré tout, il avait tenté de garder le sourire d’un bout à l’autre de la conversation. Comment est-ce que cet homme l’avait perçu ? Importante question vu le grade et la responsabilité qu’il avait.