Moonlight - OS

11 avril 2017

Les muscles brûlent quand ils le projettent d’un mur à l’autre. L’avant de son pied bute sur une corniche, le propulse plus haut, là où Oliver attrape le chambranle d’un balcon pour d’y soulever et atteindre la zone entre deux toits, sur laquelle il est certain d’avoir de bons appuis. Là enfin, sa course se calme. En douceur, de sorte à laisser aux battements fous de son cœur le soin de se calmer, le journaliste passe d’échelles de chantier en terrasses planes pour rejoindre les tuiles des toits d’une zone résidentielle. Entre les frontons de fenêtres et les cheminées de briques, Oliver s’installe et observe la ville et ses lumières.
La probabilité qu’il puisse voir quoi que ce soit ici, à cette distance, est parfaitement absurde bien sûr. Mais sait-on jamais..
C’est qu’il n’a jamais été bon pour rester immobile si longtemps. Ainsi qu’importent les sorciers qui lui tournent autour, les menaces qu’il a subi et les certitudes d’un inspecteur : rester tranquille ne lui est plus possible.

Durant toute la semaine, le journaliste a enchaîné les contacts, rassemblé de nouvelles données et croisé les infos pré-existantes. Il a planché sur la piste de disparitions l’amenant systématiquement dans un enchaînement d’impasses. Et au sentiment de frustration qui les accompagne.
En équilibre sur son morceau de toit, Oliver cale ses talons, sort une paire d’écouteurs et n’en insère qu’un. C’est la voix éraillée d’un jeune qui lui promet de porter son attention durant une bonne partie de la nuit. Ce dernier force trop sur ses cordes vocales pour rendre sa prosodie naturelle, sans doute dans l’idée de rendre un certain dramatisme à son travail. De la même manière, il abuse sur les effets sonores et les transitions abusives. Pour autant, le contenu n’en demeure pas intéressant et bien travaillé. Ses recherches, Oliver en croise toujours les sources et parfois, se laisser simplement porter ne fait pas de mal.

Perché sur son toit, il travaille un moment, écoutant d’une oreille le podcast comme s’il était incapable de se concentrer sur une chose à la fois. C’est le cas d’ailleurs, son attention vole sans cesse de son travail à la ville, au coup de téléphone qu’il reçoit, à ses textos, à la story qu’il se décide de faire sur un coup de tête, aux photos qu’il emprunte à la nuit, au podcast et à la valse de quelques chauves souris au loin. A plusieurs reprises, il se prend à observer la lune pleine et le ciel d’un air suspicieux avant de checker la météo pour la sixième fois de la soirée. Une manière d’occuper ses doigts, de mettre à jour les dernières informations reçues. Même pas une véritable volonté de connaître la météo. Après tout, s’il pleut, il redescendra, voilà tout.

Mais il ne plut pas. Pas plus que de toute la nuit, le journaliste ne vit le moindre loup-garou. Pas une ombre, pas un cri. Seulement le calme des ruelles londonienne une nuit d’avril. L’arrivée des insectes sous la lumière des lampadaires. Les jeunes de sortie. La promenade le long des quais, un peu plus loin.

Rien de surnaturel.

Et pour être honnête, un podcast passablement décevant.