Nouveau départ - Jane

Vendredi 2 décembre 2016, dans l’après-midi.

Cela lui faisait toujours bizarre de pouvoir revenir dans les locaux des QG de la Garde sans avoir l’impression de ne plus y avoir sa place. Les « erreurs », ne seraient jamais vraiment effacées, c’était quelque chose qui était déjà fait, de graver dans le marbre alors il allait devoir s’en accommoder. Mais pour l’instant il n’avait pas vraiment à se plaindre bien au contraire, il avait l’impression de revenir à la maison après une longue absence et cela avait quelque chose d’apaisant pour lui. Assis en tailleur dans la salle de détente, il écrivait rapidement un rapport de la dernière mission. Il avait passé dernièrement quelques jours en Roumanie pour prendre part aux conflits qui sévissaient là-bas et était revenu lorsqu’il avait dû rapatrier une de ses collègues et amies blessées en urgence jusqu’à un des hôpitaux de la Garde. C’était l’effervescence là-bas. La grosse merde… et pourtant, il avait envie d’y retourner. Le terrain, il l’avait toujours dit c’est ce qui lui donnait de rester vivant, et c’était tout ce dont il avait besoin en ce moment pour bien se remettre à pied. Néanmoins il n’oubliait pas son fils, qu’il avait aussi besoin d’un père – ni mort ni excessivement absent- et essayait de jongler du mieux entre les deux. Il espérait pouvoir retourner là-bas dans les prochains jours, voire les prochaines semaines suivant ce que les Généraux souhaitaient, où est-ce qu’ils avaient besoin d’eux. Tout le monde ne pouvait pas partir non plus. C’était clair net et précis. Il avait déjà soumis son envie de retourner là-bas, et comme la première fois c’était relativement bien passée, il espérait qu’on l’autoriserait à y rester plus d’une mini poignée de jours. Il ne pouvait blâmer personne, bien au contraire, c’était lui-même qui avait proposé à son Général de ne rester que quelques jours pour la première fois comme un test en grandeur nature de n’y aller que quelques jours pour être certain qu’il tiendrait le coup, qu’il ne péterait pas un nouveau câble sous la pression. Il se doutait que tout se passerait bien, qu’il pouvait gérer, mais il préférait se montrer prudent et surtout montrer sa bonne volonté auprès des Siens, montrer patte blanche, qu’il n’avait rien à cacher. Revenir au bout de quelques jours, voir le psy entre autres, permettrait à tout le monde de voir qu’il pouvait gérer, qu’il n’était plus un problème. La confiance ça se regagnait et il espérait qu’ainsi ça marcherait. Non, il ne pouvait blâmer personne et voulait juste faire les choses bien, il ne pouvait que comprendre que dans de telles missions, il fallait des personnes sur qui on pouvait compter à 2000 %.

Un bruit de quelqu’un qui entrait dans la pièce, lui fit relever le regard, stylo suspens sur le papier. Il cligna des yeux plusieurs fois en voyant qui se trouvait devant lui, ayant bien du mal à en croire des yeux. « Jane ?» depuis quand est-ce qu’elle faisait partie de la Garde ? Il eut une pensée pour la fille de cette dernière ne sachant que trop bien les sacrifices que cela pouvait demander. Fermant le stylo, il se leva rapidement pour aller la jeune femme avec un léger sourire sur les lèvres. « Qu’est-ce que tu fais-là ? Je ne savais pas que tu… en étais.» Qu’elle faisait partie de la Garde. Et il était sincèrement heureux de voir une tête connue, qu’il appréciait sincèrement et elle serait un élément excellent pour la Garde, il n’en doutait pas un instant. [b] « Tu vas bien ?»[b] Sous la surprise, il avait oublié un peu quelques règles de politesse et s’était repris dès qu’il s’en était rendu compte. Une chose était certaine, elle semblait aller bien, un peu mieux que lui en tout cas qui avait quelques légères blessures superficielles visibles dues aux combats en Roumanie, mais rien de bien grave. Cooper voyait plus ça comme quelques égratignures qu’autre chose.

La fatigue qui tire ses traits n’a plus rien à voir. Trois moi qu’elle a quitté le Ministère, enfin elle a le sentiment de retrouver sa vie, sa liberté. Un nouvel équilibre, un but, des choses à penser et organiser … Par Morgane elle respire à nouveau correctement.
Ce choix elle a mis un peu de temps à le faire mais quelques semaines plus tard elle ne le regrette absolument pas. Le destin, le hasard, les astres qui s’alignent, qu’importe, Jane a le sentiment d’être à la bonne place. La Garde l’a aidé dans toutes ses démarches, de sa nouvelle identité au logement dans lequel elle peut désormais accueillir sa fille en toute sécurité. Londres lui manque, bien sûr, et devoir regarder en permanence par-dessus son épaule ou s’inquiéter de savoir si les siens vont finir en dommage collatéral n’a rien de reposant mais elle affronte, prend le challenge à bras le corps. L’Anglaise a toujours fait partie de ceux qui ont besoin de trouver un sens dans leurs objectifs et leurs actions, ici elle a trouvé un cadre et des moyens qui lui permettent d’être bien plus efficace que lorsqu’elle agissait en solitaire ou presque.
A ce jour son équipe n’est pas complète mais elle étudie les possibilités, travaille surtout avec des personnes extérieures n’étant pas directement rattachées à la Garde. Benjamin bien évidemment, avec qui la confiance s’est installée au fil du temps et se fait de plus en plus solide. Niall, cet Irlandais dont elle a repris le poste pour le façonner à son image. Maxence, ancien médicomage dans l’armée et habitué à la gestion de crise. Leroy, bien sûr, et malgré les inquiétudes qu’elle ressentira toujours pour son « petit » frère elle est heureuse de collaborer avec lui.

Aujourd’hui même si elle est devenue la responsable d’une cellule officiellement nouvelle elle sait qu’un tel travail ne se fait pas seule et que la confiance est une condition sine qua none lorsqu’il s’agit d’aider des personnes dont la plus grande protection reste le secret. Presque dans une suite logique de ce qu’elle faisait avant, elle embrasse ce nouveau quotidien avec la volonté qui l’a toujours habité.

Les jambes croisées, vêtue d’un tailleur élégant, Jane est concentrée sur la lecture de la presse du jour. Alors qu’à ses côtés flotte dans les airs une plume occupée à retranscrire sur parchemin les notes qu’elle lui dicte au fur et à mesure.
On y parle des conflits qui font rage dans les Balkans et bien qu’elle n’y prend pas part il serait imprudent de ne pas se sentir concerné. Journaux officiels ou clandestins elle scrute tout attentivement et cherche les dernières bribes d’infos intéressantes pour ses propres taches. Jamais elle ne pose par écrit les identités des femmes et des hommes considérés comme créatures qu’elle aide, son esprit étant une forteresse les informations y sont à l’abris jusqu’à un certain point. Jusqu’à ce qu’elle tombe sur plus puissant qu’elle.

Ω

Le pas est déterminé, ses talons claquent sur le sol du couloir et le menton haut Jane semble savoir où elle va. Cela ne fait pas si longtemps qu’elle arpente les méandres du QG et la présence du tatouage invisible qu’elle porte désormais à l’intérieur du poignet gauche est encore un peu abstraite. Même si les regrets ne sont pas là le Ministère lui manque parfois et les années qu’elle y a passé ne disparaitront pas de son esprit. Ni même de son cœur. Parfois Oliveira traverse ses pensées, l’étincelle devient flamme l’espace d’une seconde jusqu’à ce qu’elle retrouve la maitrise de ses émotions « Jane ? » Etait-elle en train de penser à cette femme pour sursauter ainsi ? Elle ne sait plus tant la surprise vient entrouvrir ses lèvres et écarquiller ses yeux « Qu’est-ce que tu fais-là ? Je ne savais pas que tu… en étais. » Les traits de son visage se détendent immédiatement, un sourire vient étirer ses lèvres « Et réciproquement. » Mais le voir ici est-il si étonnant ? Ils ont toujours partagé les mêmes convictions et le voir quitter le Ministère bien avant elle n’a pas été une surprise alors non, ça n’est sans doute pas si surprenant.

Studieux, presque scolaire, si elle voit l’homme elle ne peut s’empêcher de lui trouver des airs enfantins alors qu’il se lève et la rejoint avec son stylo dans la main « Tu vas bien ? » Est-il au courant ? Depuis combien de temps ne se sont-ils pas vu ? « Mieux. » Sobre, non sans un sourire « Ces derniers mois ont été un peu chaotiques mais ça se stabilise enfin. » Le chaos, oui, ni plus ni moins. Jane a l’impression d’être passée au travers d’un ouragan pendant lequel elle a vu des parcelles d’elle-même changer presque radicalement. Ou s’éveiller, peut-être « Et toi ? » Fronçant les sourcils elle a le réflexe de porter sa main en direction du visage de son ancien collègue avant de se raviser par pudeur et surtout respect de son espace vital « D’où viennent ces marques ? » Une attention presque maternelle.

Merde. Il n’avait pas voulu lui faire peur, loin de là, même. Un peu inquiet quand même, il se disait qu’au final elle devait juste être en plein dans ses pensées et que c’est pour cela qu’elle avait sursauté. Combien de fois est-ce que ça arrivait ? Mais il ne pouvait pas s’empêcher que cela pouvait aussi relever d’une paranoïa/d’un traumatisme plus ou moins sous-jacent, et ça, il savait bien de quoi on causait ! Dorofei avait donc préféré continuer sur sa lancée comme s’il n’avait rien remarqué, c’était bien mieux ainsi, même si cela aurait pu être amusant de la taquiner sur cela. Heureusement le sourire qu’elle ne tarda pas à faire le rassura un peu. « Et réciproquement. » Il avait failli dire que c’était normal, que cela faisait un moment qu’on ne le voyait plus trop sans trop s’étendre là-dessus, même s’il se doutait que beaucoup de membres « anciens » savaient ce qui s’était passé, il préférait rester vague sur la question. Un instant, son esprit se focalisa sur Kezabel, par ce qu’elle était et serait toujours la seule à vraiment comprendre. Puis sur Margo avec qui ça s’était quand même un peu arrangé – avant son départ-. Il aurait dû s’en douter qu’un jour elle franchirait le pas, qu’elle les rejoindrait. C’était une très bonne chose pour la Garde, ça il en était certain… mais pour sa fille ? Il avait un plus gros doute. Certes, la problématique n’était pas tout à fait la même que pour Adam, mais c’était si prenant, si dangereux, d’autant plus que comme lui – peut-être en moins extrême- elle mettrait en la cause tout son énergie et beaucoup de temps. Mais ces réflexions, il les gardait pour lui, par ce que ça ne le regardait pas, par ce qu’elle savait très bien ce qu’elle faisait, par ce que c’était pour un Bien Commun. C’était pour le futur de beaucoup de personnes, surtout pour les prochaines générations, qu’ils puissent grandir loin d’un régime de plus en plus répressif… et  il priait, malgré tout pour qu’Adam soit Sorcier, qu’il ne souffre pas des mêmes problèmes que sa mère, qu’il puisse être plus inclus dans la société Sorcière et après, ça serait à son fils de voir s’il voulait vivre plus comme Moldu ou Sorcier. Cette peur viscéral pour son fils ne disparaissait jamais vraiment, et si pour lui, son statut de sang – Cracmol ou sorcier de sang-mêlé- ne changerait rien il savait que ce n’était pas le cas pour beaucoup de sorciers.

Bientôt, Dorofei avait repris la parole pour savoir comment est-ce qu’elle allait. Il avait été assez absent dans la vie de pas mal de monde depuis sa mise à pied et puis quand il avait pu revenir. «Mieux.  Ces derniers mois ont été un peu chaotiques mais ça se stabilise enfin. »  Il acquiesça doucement ne sachant pas bien le pourquoi du comment, jusqu’où il pouvait aller dans ses questions dans la déranger. Il se mordilla quelques instants la lèvre, réfléchissant à la manière de demander les choses. Neolina avait parfois un don pour ça et lui se sentait vraiment mauvais dans la communication. Même pas le temps de dire quoi que ce  soit que déjà elle avait repris « Et toi ? D’où viennent ces marques ? » Première question presque balayée dans son esprit par la seconde ? Quelles marques fut sa première pensée ? « J’me suis mis du stylo sur le visage ? »  Il imagina les vannes de Jordane ou Neolina si c’était le cas et qu’elles le voyaient comme ça. Il fronça les sourcils quelques instants, le mot marque ne semblait pas correspondre, peut-être qu’elle parlait de bleus, ou plus ou moins résorbés ? Peut-être que c’était d’autre chose, une seule chose semblait certaine… ce n’était pas de son œil. « Sinon, disons un entrainement peut-être un peu trop virulent… et comme beaucoup j’ai été en Roumanie. Un peu mouvementé, mais je m’en sors plutôt très bien comparé à d’autres.» Il se passa une main dans les cheveux avant de reprendre « Et moi aussi on peut dire que ça va « mieux ».» ce n’était toujours pas le top, mais il y avait beaucoup du mieux. De toute manière, avec ce qui le rongeait le plus profondément – la perte de Mémoire, Prune…- il ne pouvait rien y faire. Il lui fit à son tour un tendre sourire et finalement se décida à lui poser quand même une autre question, assez vague… mais elle comprendrait certainement où il voudrait en venir et pourrait choisir ce qu’elle passerait sous silence ou pas « Comment est-ce que tu as atterri ici ?» Autrement dit, « pourquoi maintenant, qu’est-ce qui s’est passé ? d’autant plus que tu parles de mois chaotiques. », mais ces questions resteraient silencieuses, en simple sous-entendu. Il ne voulait pas la brusquer, il ne voulait pas qu’elle se sente obligée de lui répondre ou la mettre mal à l’aise. Après tout, il ne savait pas ce qui s’était passé exactement et connaissant les Supérieurs cela pouvait être allé très loin. Prudence, donc, sur ses questions dans un premier du moins.

« J’me suis mis du stylo sur le visage ? » Sérieusement détaché au point de les avoir oublié et de se demander réellement de quoi elle parle ou bien tentative d’humour pour détourner les inquiétudes ? Elle ne saurait le dire, Dorofei est de ceux dont l’esprit n’est pas toujours simple à déchiffrer. La réflexion semble réelle pourtant mais elle ne s’y arrête pas, concentrée sur les marques en question sans se montrer trop intrusives. Il est là, en un seul morceau, pas de quoi paniquer « Sinon, disons un entrainement peut-être un peu trop virulent… et comme beaucoup j’ai été en Roumanie. Un peu mouvementé, mais je m’en sors plutôt très bien comparé à d’autres. » Si un frisson traverse son corps en glissant le long de sa colonne vertébrale du bas jusqu’en haut elle n’en montre rien. Une guerre n’est rien d’anodin, même lorsqu’elle se passe à des milliers de kilomètres. Elle n’y prend pas part directement mais la quasi nonchalance avec laquelle son jeune ami l’évoque lui fait froid dans le dos. Là encore ça ne dure pas, la maitrise de ses propres émotions étant une chose qu’elle contrôle à l’instinct. Le danger n’est pas immédiat sur place, c’est ce qu’elle se dit, tout comme elle sait qu’il faut choisir ses batailles. Cette guerre elle n’a pas prévu d’y prendre part directement, Jane ne s’est jamais considérée comme un soldat. Elle n’a pas de formation ni d’entrainement suffisant pour aller sur un champ de bataille et ce même si ses compétences sont à la hauteur de la puissance de sa Magie. Pas qu’elle soit Pacifiste, s’il faut se défendre elle n’hésitera pas, mais partir sur le front ça n’est pas elle tout simplement.
Alors oui, son combat c’est ici qu’elle le mène car la guerre s’étend qu’ils le veuillent ou non. Elle prend différente formes, des plus subtiles au plus brutales.  

Face à elle le jeune homme se passe une main dans les cheveux, elle continue d’observer chacun des traits de son visage, son attitude « Et moi aussi on peut dire que ça va « mieux ». » Vrai que la dernière fois il n’était pas au mieux de sa forme mais Jane réalise que des mois ont passé depuis cette entrevue. A-t-il retrouvé un équilibre grâce à la Garde ? Elle fait des liens, se dit que remplacer son travail d’Aurors par celui de membre de cette organisation a dû lui permettre de retrouver un sens, un rythme, quelque chose de précieux. Mais quelles en sont les conséquences ? Depuis combien de temps en fait-il partie ? « Comment est-ce que tu as atterri ici ? » Alors le grand jeu des questions semble démarrer.
A son tour Jane affiche un sourire et d’un signe de tête invite Dorofei à la suivre jusqu’à une petite table sertie de quelques chaises où ils pourront s’installer pour discuter. Les deux coudes posés sur la surface en bois, jambes croisées légèrement inclinées sur le côté, l’Anglaise pose son menton sur ses phalanges mêlées les unes aux autres « J’ai suivi le lapin blanc. » Elle a sur le coin des lèvres un sourire amusé, presque mutin, mais son ventre se serre lorsqu’elle repense à tout ce qu’il s’est passé dernièrement.

Un soupir silencieux lui échappe, elle prend quelques secondes pour mettre de l’ordre dans ses pensées puis se lance. Cette fois ses deux mains sont à plat sur la table, les paumes contre la surface d’un matériau sur lequel elle ne s’attarde pas « J’ai quitté le Ministère à mon tour. » Le sait-il ? Elle n’en a pas la moindre idée mais enchaine sans attendre « Plus les mois passaient plus c’était compliqué pour moi de continuer à jouer leur jeu si bien que j’ai fini par avoir plusieurs altercations avec l’une des hauts gradés. » Le simple fait d’évoquer Oliveira fait battre son cœur plus fort, la savoir continuer à jouer tranquillement les tyrans lui tord les tripes « Elle a menacé ma famille, ma fille, m’a mise sous surveillance et j’ai perdu mon calme la dernière fois qu’elle m’a demandé des comptes. » Elle n’en est pas fière, non, mais ne regrette en aucun cas la finalité. Si ce n’est la mort de Jeremiah et de cet autre membre de la Garde qu’elle n’a jamais identifié « Sans l’intervention d’un ami et de quelqu’un d’ici je serai sans doute en train de croupir dans les geôles du Ministère à l’heure qu’il est. Ou morte. » Elle fait mal cette culpabilité, elle l’empêche de prononcer les mots qui rendraient cette réalité si douloureuse quand bien même elle assume ce qu’il s’est passé.

« Je suis restée planquée quelques semaines, plusieurs mois en réalité, jusqu’à retrouver un équilibre qui m’a permis de prendre la décision de rejoindre vos rangs. Ainsi je peux continuer ce que j’avais amorcé au Ministère, à savoir protéger ceux ayant des particularités. »

Un résumé qui ne retranscris pas la frustration, l’attente, l’inquiétude et tout ce qu’elle a pu ressentir au fil des jours, puis des semaines, enfin des mois.

« Deux hommes ont donné leur vie pour que je puisse m'en sortir vivante, ne serait-ce que pour les honorer je n'ai pas le droit d'abandonner. »

Mais de ça, elle n'en a jamais eu l'ambition.

Un peu de bonne humeur, de dérision et de simplicité, voilà l’impression qu’il voulait donner. Il essayait de se remettre de sa surprise de voir Jane dans le coin, mais il était aussi heureux qu’elle soit présente, elle serait vraiment un atout en or pour la Garde, il en était certain. Coop’ avait néanmoins bientôt répondu un peu plus sérieusement à la question de son amie même s’il énonçait les batailles de Roumanie d’une façon un peu trop simple. Jane n’était pas stupide, elle devait savoir comment ça se passait en zone de guerre, pas besoin d’en faire des caisses sur le sang, les morts, le danger qui rode. Elle le savait, le court résumé fait suffisait de son point de vue à lui-même. Et lui, était heureux de pouvoir revenir sur le terrain, à cet endroit où il se sentait bien, dans son milieu. Moins de conventions sociales, plus de combats. Au final, ce n’était pas ça qui l’intéressait mais surtout savoir comment est-ce qu’elle était venue jusqu’ici, qu’est-ce qui la prédestinait à arriver jusqu’à ce lieu ... surtout qu’elle aussi avait sa fille. Pour commencer à parler de tout cela, elle lui avait fait un signe de la suivre jusqu’à une petite table et il s’installa confortablement, s’il n’était pas doué avec les discussions, qu’il n’aimait pas spécialement causer, avec Jane, comme avec ses plus proches amis, il y avait quelque chose qui restait quand même beaucoup plus simple et aisé. Probablement par ce que ses personnes le connaissaient depuis des années et qu’ils savaient comment est-ce qu’il était, bien souvent plus proche de l’ours mal léché mais qui n’était malgré tout pas bien méchant, juste un peu rustre.

« J’ai suivi le lapin blanc. »

Il eut un léger rire amusé et opina doucement. Mais encore ? Il ne reprit pas la parole, ne voulant pas la presser, et pourtant… il sentait bien que ça ne serait pas une histoire joyeuse qu’elle allait mettre sur la table, cela se voyait rien qu’à son visage.

« J’ai quitté le Ministère à mon tour. » Il fronça les sourcils, à la fois étonné mais pas tant que ça. Vu l’ambiance qu’il devait il y avoir là-bas, toutes les nouvelles problématiques… cela semblait au final quelque chose d’assez logique. « Plus les mois passaient plus c’était compliqué pour moi de continuer à jouer leur jeu si bien que j’ai fini par avoir plusieurs altercations avec l’une des hauts gradés. »

Il ne put s’empêcher de faire une petite grimace imaginant très bien la situation. Un an, à quelque chose près, qu’il n’était pas retourné là-bas, et même si son travail d’Auror lui manquait, il faut bien avouer que la montée de pouvoir des Supérieurs ne donnait plus très envie d’exercer ce métier, qui sait, aujourd’hui ce que devaient faire ce corps d’élite ?

« Elle a menacé ma famille, ma fille, m’a mise sous surveillance et j’ai perdu mon calme la dernière fois qu’elle m’a demandé des comptes. »


Et il ne pouvait que la comprendre, elle avait de la chance d’être encore en vie cette haut gradée, mais Jane était certainement plus pondérée que lui sur beaucoup de points. Heureusement pour elle. Personne ne pouvait l’en blâmer, de s’être énervée/ d’avoir perdu son calme vu les circonstances qu’elle semblait décrire. Il la croyait sans l’ombre d’un doute.

« Sans l’intervention d’un ami et de quelqu’un d’ici je serai sans doute en train de croupir dans les geôles du Ministère à l’heure qu’il est. Ou morte. »

Et la culpabilité, foutue amie pour l’éternité qui rodait toujours dans leur rang. Une nouvelle perte, pour la bonne cause. Mais ce sentiment rongeait quand même l’être petit à petit. Il ne pouvait que la comprendre, que compatir, il vivait avec depuis… au final bien trop longtemps. Avec Prune. Avec les deux enlèvements. Avec ce qu’il avait fait à Jordane. Avec les points qu’avaient relevé Margo. Oui, la culpabilité bouffait les gens, mais ce sentiment les faisaient aussi peut-être quelque part rendre vivant. La douleur pour mieux avancer. Par ce qu’au final tous ces maux n’avaient qu’une seule et unique origine. Eux. Les Supérieurs. Il aurait voulu lui dire quelques mots réconfortants, mais su que ce n’était pas encore le moment – et qu’il n’était pas magicien, ça ne seraient que des mots, le réconfort ne serait-ce que minime-.

« Je suis restée planquée quelques semaines, plusieurs mois en réalité, jusqu’à retrouver un équilibre qui m’a permis de prendre la décision de rejoindre vos rangs. Ainsi je peux continuer ce que j’avais amorcé au Ministère, à savoir protéger ceux ayant des particularités. »

Une cause des plus justes, mais quelque part c’était certainement une chimère difficile à obtenir, tout comme lui et son pseudo-combat pour les cracmols. S’il était engagé ici en premier lieu c’était bien pour eux. Pour sa femme. Probablement pour son gamin s’il avait pris de sa mère. Pour tous les gamins traumatisés de Poudlard qui avaient déjà souffert de cette différence. Bien sûr, il ne combattait pas que pour eux, mais pour un monde plus juste, mais c’était certainement cette cause, celle pour Adam qui comptait le plus à ses yeux. Parce qu’il était de parti pris.

« Deux hommes ont donné leur vie pour que je puisse m'en sortir vivante, ne serait-ce que pour les honorer je n'ai pas le droit d'abandonner. »
« Et, ça tombe bien, tu n’es pas du genre abandonner de toute manière.» Il eut un doux sourire et savait qu’il devait essayer de trouver les meilleurs mots à présents « Je suis navré de tout ce que tu as perdu… et ne peux que te comprendre… sur la plupart des points d’ailleurs.» la perte du boulot. La culpabilité. Ne pas devoir abandonner. Il se passa une main dans les cheveux avant de continuer « J’espère que le mode de fonctionnement de la Garde et conviendra et que tu pourras… hum … disons trouver ce que tu cherches et pouvoir les protéger. Mais c’est une très noble cause et si tu as besoin d’un coup de mains pour quelque chose j’le ferai avec plaisir. »

Il ne savait pas trop quoi dire d’autres d’ailleurs. Probablement par ce qu’il n’y avait rien à ajouter. Une tranche de vie de racontée, lui ne pouvait que répliquer de façon un peu plus soft. Il n’osait pas mettre trop les pieds dans le plat, néanmoins, il avait vite repris la parole

« Tu as réussi à retrouver du boulot ailleurs ? »

« Et, ça tombe bien, tu n’es pas du genre abandonner de toute manière. » Le sourire du jeune homme est aussi doux que ses mots. Y a-t-elle songé ? Perdue là-bas dans les fin fonds de l’Écosse avec pour vue chaque matin l’immense château où elle a passé 11 années par le passé. Poudlard a vu grandir des générations et des générations de jeunes sorciers, ça lui tord parfois le ventre de savoir ce qu’est devenu cette école. Amalia aura-t-elle la chance d’y accéder et d’y vivre toutes les expériences vécues par tant d’autres enfants, adolescents et jeunes adultes avant elle ? Même si la petite fille a encore le temps et qu’il est possible que la Magie ne se déclare pas chez elle, Jane espèce que les choses d’ici là auront changé. Le droit à l’éducation ne devrait pas être le privilège des bien nés, ça n’est pas ce qu’avaient envisagé les Fondateurs en bâtissant cet endroit. Une raison de plus pour se battre, sans nul doute, et l’Anglaise réalise que non, elle n’a jamais réellement envisagé d’abandonner durant ces derniers mois plus que difficile. Y compris lorsqu’elle plaçait le bien être de sa fille en priorité dans ses pensées « Je suis navré de tout ce que tu as perdu… et ne peux que te comprendre… sur la plupart des points d’ailleurs. » Bien sûr. Bien sûr qu’il peut comprendre car malheureusement pour lui il a ouvert la voie.

C’est comme si Jane le réalisait seulement maintenant et l’empathie qu’elle ressent pour son jeune ami éclate dans sa cage thoracique. Elle n’a pas tout perdu, loin de là, mais quitter son quotidien du jour au lendemain et avec tant de brutalité n’a rien de simple. Changer de vie, d’identité, se réapprendre et devenir quelqu’un d’autres aux yeux d’inconnus, repartir de zéro ou presque tout en entrainant sa famille dans son sillage. C’est sans doute ça le plus difficile, pour elle comme pour Dorofei elle pourrait le parier et maintenant elle prend la teneur de ce qu’il a dû affronter. Elle comprend les silences, les ombres dans le fond des yeux, sans avoir la prétention de présumer de ce qu’il a pu vivre. Elle connait quelques bribes de sa vie, oui, mais le jeune homme est de ceux que l’on nomme taiseux et elle a toujours respecté ça « J’espère que le mode de fonctionnement de la Garde et conviendra et que tu pourras… hum … disons trouver ce que tu cherches et pouvoir les protéger. Mais c’est une très noble cause et si tu as besoin d’un coup de mains pour quelque chose j’le ferai avec plaisir. » En aura-t-elle le réflexe ? Il faudra lui laisser le temps, y compris de s’affranchir de cette instinct protecteur qu’elle ressent envers lui tout en ayant conscience qu’il n’en a pas besoin. Le monde à l'envers, elle devrait se sentir rassurée de le savoir ici. Visage familier dans ce qui ressemble encore beaucoup à l'inconnu.
C’est ainsi, Jane ne se montre pas étouffante mais elle est presque maternelle dans ce qu’elle ressent pour cet homme marqué par la vie.

Lui, d’ailleurs, a-t-il trouvé ce qu’il cherchait en rejoignant les rangs de la Garde ?

« Tu as réussi à retrouver du boulot ailleurs ? »

Le virage n’est pas brusque, il est même accueilli avec une légère forme de soulagement que la sorcière ne capte pas vraiment. Même sa posture change, se fait plus ouverte, la lueur changeant dans le fond de ses yeux sombres. Un peu de légèreté, voilà ce qui se diffuse en elle et sans doute entre eux. Relâchant ses épaules Jane se recule jusqu’à ce que son dos rencontre le dossier de la chaise sur laquelle elle est assise, jambes et mains croisées « Oui, la Garde m’a aidé à m’organiser et trouver un nouveau logement. Je suis officiellement professeur de Yoga et de Méditation dans une petite communauté. » Elle ne dira pas où exactement, par mesure de sécurité et peut être aussi parce que le cap de l’acceptation n’est pas encore totalement atteint.
Le deuil de son ancienne « vie » est encore en cours, elle l’aimait son emploi au Ministère malgré la présence invasive de ceux devenus officiellement son ennemi aujourd’hui. Ses pensées s’évadent une seconde vers Oliveira puis reviennent, ça n’efface pas son sourire « Rien de très étonnant finalement. » Oui, ça lui va plutôt bien quand on sait qu’il s’agit d’une chose qui fait partie de son quotidien depuis un temps qu’elle ne saurait définir. Ça a l'air facile comme ça, fluide, en réalité c'est tout un process qui demande du temps. Elle ne se sent pas encore chez elle là bas à Holyhead mais elle peut ne serait ce que souffler un peu. Retrouver une intimité, ne plus dépendre des autres, c'est important pour elle.

« Et toi, dis-moi. A quoi ressemble ton quotidien ? » Ici, ailleurs, vis-à-vis de son fils ou simplement de lui-même « D’ailleurs depuis combien de temps fais-tu partie de la Garde ? » L’intérêt et la curiosité mêlées.

Une conversation des plus banales ? Presque, dans le monde dans lequel ils vivaient tous. Surtout pour des personnes comme Eux, qui se battaient pour rendre le monde un peu meilleur. Les aléas de la vie étaient encore vrais. Les pertes diverses et variées étaient encore plus fréquentes. Il gratta un peu la joue et continuait de parler, il était sincèrement désolé pour elle qu’elle ait dû faire tant de sacrifices. Est-ce que lui regrettait son poste au Ministère, quelque part oui, par ce qu’il avait toujours rêvé d’être Auror. Mais pas dans ces conditions. Pas à la botte d’infâmes connards. Oui, il regrettait son métier et ce qu’il était devenu. Il regrettait le terrain, mais au final c’était tout. L’extrémisme était devenu beaucoup trop fort là-bas et tout ce qui sortait de là, les nouvelles lois et idées, puaient et donnaient facilement la nausée.

Ce n’était plus vraiment le sujet, d’ailleurs. Ils devaient aller de l’avant autant qu’ils le pouvaient. Ils devaient pouvoir faire progresser la situation d’une façon ou d’une autre, et son amie était un excellent choix pour la Garde, il en était certain. Une question demeurait : est-ce que ça pourrait coller entre elle et la Garde – les principes de celles-ci- ? Probablement que oui, mais il voyait bien que certains choix n’étaient pas toujours appréciés, que la stratégie était parfois certainement un peu décriée. Mais au moins ici, ils étaient libres de partir si la mentalité ne leur convenait pas, et dire qu’il n’y avait jamais songé serait mentir. Seulement, il aimait cette Cause, et il savait aussi que se battre seul ne vaudrait rien. On ne pouvait pas vaincre seul, on brassait seulement du vent. Il avait aussi le profil du bon Soldat, celui qui savait obéir et respecter totalement sa hiérarchie. Il devait donc moins avoir de problèmes que d’autres personnes de suivre ce schéma hiérarchique. Il proposa d’ailleurs avec plaisir son aide à son amie.

Coop’ avait ensuite  changé de sujet, préférant revenir sur quelque chose d’un peu plus bateau et basique, comme le boulot. Et ce choix fut visiblement bon car il la vit se relâcher un petit peu… et il n’était pas au bout de ses surprises ! « Oui, la Garde m’a aidé à m’organiser et trouver un nouveau logement. Je suis officiellement professeur de Yoga et de Méditation dans une petite communauté. » Il avait froncé un peu les sourcil, il s’était attendu à beaucoup de choses mais pas à une telle déclaration. Il la regarda un peu perplexe, mais au moins elle avait quelque chose à faire, elle n’allait pas ressasser les choses et c’était vraiment un point très positif ! Malgré tout, il se demandait si ce n’était pas non plus trop rapide, est-ce qu’elle n’aurait pas eu besoin de plus de temps pour mieux digérer tout ça ? La réponse était simple au final, Jane était assez grande pour le savoir, pour faire ses propres choix avec ses ressentis. « Rien de très étonnant finalement. » Plutôt vrai… même s’il ne s’était pas vraiment attendu à un tel revirement de carrière. « Quand même, ça fait un sacré changement de cap, j’avoue que je ne m’y attendais pas trop, mais c’est cool pour toi ! ca t’ouvre de nouvelles perspectives.»

Et quelque part, la question tant redoutée ne tarda pas à arriver. Il se contenta d’hausser un peu les épaules, ne sachant pas bien comment répondre. « C’est assez variable à vrai dire. Je fais quelques petits boulots ci et là, parfois en Russie aussi avec ma famille. Et le reste du temps, j’essaye de profiter d’avoir plus de temps pour Adam.» Et surtout, maintenant qu’il était revenu à la Garde, il comptait bien y passer pas mal de temps. « Pendant que j’étais gardien à Poudlard en 2014-2015. Tu vois au final, ça fait si longtemps que ça.» Et si la décision était à reprendre malgré tout ce qu’il avait traversé, il dirait oui de nouveau. Par ce qu’il s’agissait d’un combat beaucoup plus important que sa propre petite personne. Il haussa les épaules « Et tu vois, je n’ai pas encore fui.» tenta-t-il de plaisanter assez maladroitement, il faut bien l’avouer

« Quand même, ça fait un sacré changement de cap, j’avoue que je ne m’y attendais pas trop, mais c’est cool pour toi ! ça t’ouvre de nouvelles perspectives. » Effectivement, elle l’a vu la surprise dans son regard comme son attitude. Est ce vraiment si étonnant ? Est ce un changement si radical ? Jane ne le perçoit pas de cette façon, elle a surtout l’impression d’avoir rééquilibré son quotidien et globalement sa vie en inversant les pôles. Son travail change mais elle le retrouve d’une autre manière, par un autre biais, en quelque sorte. De la même façon le reste a toujours fait partie d’elle également mais elle se contente de sourire, sans relever, ça n’a pas vraiment d’importance.

Avec fluidité elle redirige la discussion vers Dorofei, un simple jeu où les deux concernés se renvoient la balle de manière naturelle. Non pas pour marquer des points, simplement pour échanger, savoir où en est l’autre « C’est assez variable à vrai dire. Je fais quelques petits boulots ci et là, parfois en Russie aussi avec ma famille. Et le reste du temps, j’essaye de profiter d’avoir plus de temps pour Adam. » Elle hoche la tête, engrange les informations sans chercher à les analyser même si l’instinct tant de la femme que de la mère s’éveille. Des mois qu’ils ne se sont ni vu ni parler mais elle a ce sentiment que l’existence du jeune homme est toujours un peu floue. Comme si lui même ne savait pas quelle direction prendre ou comment se situer dans sa propre vie. Son rôle de père, sa vie d’homme, la trajectoire à suivre d’un côté ou de l’autre.
Une impression seulement peut être aussi elle ne dit rien, le laisse poursuivre et parsemer ça et là quelques soupçons de mystère « Pendant que j’étais gardien à Poudlard en 2014-2015. Tu vois au final, ça fait si longtemps que ça. » Son appartenance à la Garde. Environ deux ans, donc. La sorcière n’a pas encore vraiment pris le temps de creuser plus loin dans les archives de cette organisation qu’elle vient de rejoindre. Elle a interrogé Margo bien sûr, puis Sanae brièvement, Pholos quelque peu lorsqu’elle vivait à la ferme … Rien de plus si ce n’est face aux recruteurs dont elle n’a jamais vu le véritable visage en dehors de Niall – Qui n’en était plus un, à vrai dire, de ce qu’elle a compris « Et tu vois, je n’ai pas encore fui. » Le sourire se mue en un léger rire, son regard glisse sans s’arrêter sur les marques parsemant le visage du Russe.

Cette guerre à laquelle il prend part semble à la fois si loin et pourtant bien trop proche, un instant elle se demande si elle prendrait le risque de s’aventurer sur le front en sachant qu’elle pourrait rendre sa fille orpheline. La vérité est telle que Jane n’est simplement pas un soldat alors le combat sous cette forme là n’a rien d’instinctif pour elle. Les risques elle les prend ailleurs, sous une autre forme, le résultat étant le même pour Amalia.
Ce sont des pensées que l’Anglaise évite d’avoir sans pour autant les nier totalement, elle a conscience du danger et des possibilités amenant au drame. Elle aurait pu y rester le jour où avec pertes et fracas elle a fuit le Ministère, en rejoignant les rangs de la Garde elle sait que son chemin sera marqué d’autres risques à l’avenir. Kendrick est là, certes, mais un parent n’a pas nature à remplacer l’autre et c’est cette réflexion qui amène Wilson vers un sujet qu’elle hésite à aborder.

Prune.

Disparue depuis plusieurs années désormais c’est un terrain sur lequel elle évite de s’inviter mais en cet instant elle se demande si Dorofei a également rejoint la Garde pour l’aider à la retrouver. Épouse, mère, si Jane ne l’a pas vraiment connue elle devine le gouffre laissé par son absence. Elle hésite, en elle aucune volonté de faire du tort à son jeune ami mais elle fait le choix d’aborder le sujet malgré tout « Est ce que la Garde a les moyens de t’aider à retrouver Prune ? » En douceur, avec bienveillance, mais elle se doute de la brutalité de l’impact. A vrai dire elle ne sait pas où il en est, s’il a des pistes ou plus encore. Ou bien s’il a entreprit un travail de deuil.

Il faut bien avouer que parler de lui était toujours quelque chose d’assez compliqué. Il n’aimait pas ça, il ne l’avait jamais aimé, alors il préférait rester un maximum évasif. C’était le plus simple et il agissait avec quasiment tout le monde de la sorte de toute manière. Il est vrai, qu’il y avait toujours quelques exceptions, rares, mais des personnes avec qui cela semblait plus simple, plus inné peut-être. Et vu qu’elle ne répondait rien, il faut bien avouer que cela ne l’aidait pas du tout à rajouter des choses, déjà pas franchement bavard, le silence de son amie le mettait plus à l’aise qu’autre chose. Le silence était donc bientôt revenu dans la conversation. Quelque part, il se maudissait d’être si peu passionnant, de ne pas savoir faire de belles longues phrases ou juste avoir une conversation assez « normale ». Pourtant, ce n’était pas bien compliqué, le plus grand des abrutis y arrivait.

« Est ce que la Garde a les moyens de t’aider à retrouver Prune ? » Hein ? il cligna des yeux quelques instants comme s’il était pas certain d’avoir bien compris la question. Un autre moment il eut juste l’impression d’avoir un vide intersidéral autour de lui, et pourtant, au final, ça ne restait qu’une question banale. Comment est-ce qu’il pouvait répondre à cela ? Par ce qu’il savait exactement ce qu’il y avait à dire. Et il n’était pas certain qu’elle comprenne. Il y a des sujets que l’on préférait mieux ne jamais aborder, celui-là en faisait largement parti. Par ce qu’il l’aimait toujours à en crever à Prune, par ce qu’elle lui manquait… mais même si on la retrouvait, elle ne serait plus jamais elle-même. Si jamais elle était encore en vie – ce qu’il n’espérait pas pour elle-, comment pourrait-elle se remettre un jour des sévices subis ? Des maltraitances qu’il y avait eu avoir depuis tout ce temps, surtout lorsqu’ils avaient su qui lui était. Les questions, il en avait des tas, la plupart sans réponse. D’ailleurs, en réalité, est-ce qu’à part Johan quelqu’un était-il vraiment au courant de quelque chose ? Il ouvrit une première fois la bouche avant de la refermer. Il se sentait tellement comme un mari merdique, et pourtant, il n’abandonnait pas ses recherches. Silence, donc, tandis qu’il cherche la meilleure phrase à répondre, même s’il n’y en avait probablement. Le ton qui suivit était au final peut-être un peu trop doux comparé à ses dires « Je préfère m’en charger seul, pour de nombreuses raisons. Les risques encourus, qui au final, ne regardent que moi. Je ne veux mettre personne en danger.» Aucune envie que quelqu’un d’autre risque sa vie pour Prune, elle ne l’aurait jamais voulu d’ailleurs.  Il soupira doucement «Et je veux être certain de pouvoir, si jamais elle est toujours en vie, de faire les choix qui incomberaient à son état sans avoir de compte à rendre. » La tuer probablement. Pour ne plus qu’elle souffre, qu’elle vive avec le poids de ces années. Pour ne pas compromettre la Garde. Pour ne pas risquer la vie d’Adam si jamais elle était un peu trop perturbée – et qui ne le serait pas après tout cela ?-. Et si elle n’allait pas si mal que cela ? La voilà, la question à laquelle il n’avait pas de réponse, par ce qu’au final, est-ce qu’il serait capable d’avoir ce geste sans aucun retour possible ? Il n’en savait rien, rien du tout, mais il voulait pouvoir gérer ça seul, ou avec sa famille. Seul semblait mieux, tout ne serait que de son entière responsabilité, personne n’aurait à s’en vouloir à part lui. Et il préférait porter seul cette culpabilité. « Mais j’espère qu’elle est morte, aussi cruel que ça puisse te sembler… au moins je serai certain qu’elle ne souffre plus entre leurs mains.»

Est-ce que cette question est si improbable ? L’état d’étonnement de Dorofei la surprend, c’est vrai. Elle n’a pas idée de ce qui se joue en lui ni comment il prend réellement une telle demande de sa part mais les réactions non verbales du jeune homme lui sont nébuleuses.
Est-il passé à autre chose ? Se sent il agressé ? Lorsqu’il ouvre la bouche la première fois aucun son ni aucun mot n’en sort, Jane regrette l’espace d’un instant avoir abordé ce sujet sensible. Elle s’intéresse, s’inquiète d’une certaine façon mais elle le sait peu loquace et expansif, surtout lorsqu’il s’agit des choses qui le touchent le plus. Elle a bien vu comme il se comporte lorsqu’il s’agit de son fils, comme il se referme et empêche le monde d’approcher trop près. Elle n’est qu’une amie, plus ou moins proche, mais elle a toujours manifesté de la compassion et de la déférence à son égard. Laisse-t-il approcher qui que ce soit en dehors de sa famille de sang ?

C’est vrai en cet instant la sorcière n’est pas des plus à l’aise mais elle n’en exprime rien. Dorofei, lui, parvient à laisser filer quelques mots « Je préfère m’en charger seul, pour de nombreuses raisons. Les risques encourus, qui au final, ne regardent que moi. Je ne veux mettre personne en danger. » Et là encore les barricades s’érigent. Autour de lui, d’elle par extension, sans qu’il ne laisse quiconque simplement être là. Son choix, même si elle ne le comprend pas entièrement elle l’accepte. Il n’y a pas non plus de jugement en elle vis-à-vis de l’ancien Auror, Jane se contente de garder le silence et son regard accroché au sien tant qu’il ne l’esquive pas « Et je veux être certain de pouvoir, si jamais elle est toujours en vie, de faire les choix qui incomberaient à son état sans avoir de compte à rendre. » La violence des propos tranche avec le clame du ton qu’il emploie. Factuel, presque dénué d’émotions, elle comprend le sous texte exprimé avec une sorte de fatalité à la limite de la froideur.
Elle ne sait pas ce qu’il ressent, ce qu’il vit, n’a sans doute pas entièrement conscience de l’horreur de la situation alors elle se tait, reste en retrait. Ses ressentis à elle n’ont pas leur place ici, après tout « Mais j’espère qu’elle est morte, aussi cruel que ça puisse te sembler… au moins je serai certain qu’elle ne souffre plus entre leurs mains. » Les mots sont durs, elle n’est pas du genre à trembler facilement mais ils l’ébranlent. Oh bien sûr qu’elle comprend le cheminement pour en arriver à cette terrible conclusion, évidemment qu’elle ne doute pas de tout ce que ça lui coûte d’admettre en être arrivé à ce stade.

Oui, Prune mérite la paix.
Comment ne pas espérer un dénouement plus heureux ?

Aucune naïveté dans cette pensée, cet espoir, elle réalise seulement avoir face à elle un être qu’elle ne connait pas autant qu’elle le pensait. En elle il y a l’image qu’elle s’était faite de lui, sans doute, mais la gravité que la vie a posée sur ses traits et ses paroles semblent l’éloigner plus encore.

Dans un soupir silencieux Jane croise ses mains et entrelace ses propres doigts les uns avec les autres sans réellement savoir quoi dire ou faire. Ça ne lui arrive pas souvent, pour ainsi dire jamais, mais rien ne lui vient. Difficile de ne pas faire de comparaison, se les inventer pour le moins ou en tout cas se projeter dans une réalité qui n’est pas la sienne. L’amour qui persiste entre Kendrick et elle aujourd’hui n’est plus celui qui relie deux amants mais pourrait-elle avoir un tel discours s’il était à la place de Prune et elle à celle du sorcier face à elle ? On ne peut jamais savoir, elle ne s’aventurera pas dans cette direction.

Mais c’est vrai, elle ne comprend pas. Pourquoi ne pas user de cette force qu’il a rejointe et qui se bat exactement pour cette raison ? Ici chacun d’entre eux a signé en connaissance de cause alors qu’elle serait la différence entre aider un jeune Lycan, libérer des élèves de Poudlard ou partir à la recherche de Prune ? Il y a des enjeux qui la dépasse, elle en a néanmoins conscience.

« Rien ne me vient qui ne sonne pas comme un conseil, un doute ou une leçon de morale. » La franchise dans un sourire, même un rire bref qui soulève ses épaules un instant « Tout ce que j’aurai à te dire je pense que tu le sais déjà ou y a déjà songé par toi-même. » Et malgré tout ça, c’est cette décision qu’il a prise. Ne pas s’appuyer sur les autres, de la même exact façon qu’il a plusieurs fois rejeté – en douceur – la main qu’elle lui tendait concernant Adam.
Aujourd’hui elle n’a ni la force ni l’envie de se battre, de forcer les choses, quand bien même parfois accepter l’autre tel qu’il est et surtout ses décisions n’a rien de naturel tant ça va à l’encontre de son propre fonctionnement « Je lui souhaite d'avoir trouvé la paix. » D'une façon ou d'une autre « Et que tu la trouve un jour toi aussi. » Que peut elle lui souhaiter de mieux ?

Aimer à en crever, à en perdre la raison. Voilà probablement ce qui lui était arrivé. Il l’avait aimé, certainement, d’une façon totalement déraisonnable. Stupide garçon qu’il était. Et il ne savait qu’en faire aujourd’hui de ces ressentis, de ce manque cruel qui imprégnait chaque jour un peu plus sa chair. Pourtant, le temps avait passé, les années, mêmes. Mais la douleur semblait toujours la même, toujours aussi vive. Les questions, depuis l’année dernière lors de sa « discussion » avec Johann étaient également les mêmes. Il n’y avait pas de réponse précise, mais une chose était certaine, il ne pouvait pas se permettre la moindre faiblesse, il ne pouvait pas permettre d’entrer possiblement le loup dans la bergerie. Il ne pouvait pas risquer la vie de son fils. Il ne voulait pas voir ses yeux tristes en se rendant compte que maman avait trop changé, qu’elle était devenue bizarre, triste, dangereuse, instable. Qu’est-ce que tu en sais ? Rien, la réponse était là, il n’en savait rien… mais qu’il y avait-il à attendre après trois ans passés en leur main – s’il la retrouvait bientôt ?-.  Et cette idée là lui donnait encore et toujours la nausée. Faîtes qu’elle soit morte, par Merlin. Même prière sempiternelle chaque jour. Qu’elle ne souffre plus, c’était tout ce qu’il pouvait lui souhaiter, même si pour lui c’était toujours l’incertitude qui régnait dans son esprit. Il ne le disait pas. Il ne le dirait probablement jamais, même pas à sa famille à quel point il était toujours épris d’elle, à quel point il l’avait dans la peau, à quel point il ne voulait – et ne pouvait l’oublier-. Comme une douce chimère, une douce illusion… Les souvenirs étaient ce qui lui restait.

Il s’était blindé autant que possible depuis. Il n’était déjà pas facile à vivre tous les jours, mais depuis sa disparition c’était certainement encore pire – à part avec quelques personnes-. Trop dur ? Possible. Trop renfermé ? Tout juste.  Probablement même qu’il était un peu trop isolé, ayant bien du mal à faire vraiment confiance aux gens, ou même à laisser son fils à quelqu’un qui n’était pas sa famille, même s’il est vrai qu’avec quelques Moldus, il avait plus tendance à le laisser facilement. Comme s’il risquait moins là-bas. Stupide. Stupide.  Mais la vérité c’est surtout qu’il ne voulait pas que ses amis risquent quoi que ce soit par ce qu’ils gardaient le petit. Belle parano Cooper. il y avait bien d’autres choses aussi qui faisaient ça, sans qu’il n’y ait de réelles explications. C’était comme ça. Il naviguait dans le vague, dans l’incertitude de ce qu’il devait faire ou pas, de ce qui était bien ou pas. Il ne voulait pas gêner, pas devoir dépendre des autres – hors famille-. Il…
STOP. Son essaya de se canaliser, de juste répondre à la réponse posée par Jane, même si la réponse pourrait la choquer.  Il ne se voyait pas lui mentir et même si c’était peut-être quelque chose de dangereux d’aller dans cette vérité, il préféra choisir ce chemin-là, par ce qu’elle le méritait la femme. Par ce que même si ça ne se voyait pas forcément, il l’appréciait sincèrement. Si les mots étaient durs, si le cœur saignait à ces propos, il les assumait calmement, par ce qu’il était certain que c’était la solution la plus viable, la moins dangereuse pour un maximum du gens. Même s’il se damnerait certainement après avoir fait ce geste, même s’il ne se pardonnerait pas. Ce n’était que de lui dont il était question, mais de tellement plus. Et il n’arrivait pas à voir la chose autrement… pour l’instant, tant qu’il était loin de cet acte. Il était fort probable que la force lui manque ce jour-là.

Alors il l’avait dit cette puante et dégoutante vérité. Et maintenant, il regardait Jane en attente d’un quelconque jugement. Est-ce qu’il attendait quelque chose d’elle ? Une réaction précise, il n’en savait rien. Absolument rien. Il se sentait toujours vide, triste. Incommensurablement triste. Mais là non plus, il ne le montrerait pas, il préférait restait de marbre. C’est probablement une des choses qu’il faisait le mieux dans ce genre de situation. Il l’observait jouer avec ses doigts, penchant un peu la tête sur le côté. Il essayait de se dire que les paroles qui sortiraient de la bouche de son amie ne l’affecterait pas, mais au fond c’était certainement faux, la barrière érigeait entre lui et le « presque » reste du monde lui éviterait de trop le montrer. « Rien ne me vient qui ne sonne pas comme un conseil, un doute ou une leçon de morale. » Il lui fit un léger sourire, mais après tout, même si elle voulait lui faire une leçon de morale, elle le pouvait, il répondrait simplement avec ses propres arguments –s’il en avait-. « Tout ce que j’aurai à te dire je pense que tu le sais déjà ou y a déjà songé par toi-même. » Oui certainement, vu les centaines de milliers de fois qu’il avait songé à tout cela.  « Je lui souhaite d'avoir trouvé la paix. Et que tu la trouve un jour toi aussi. » Cette fois, il fronça un peu les sourcils. Plus pour la phrase le concernant qu’autre chose, il eut finalement un pale sourire. « Merci Jane.» Par ce qu’il ne savait pas quoi dire d’autres, il n'y avait certainement rien d’autres à répliquer. « Et, effectivement, je pense avoir fait le tour de la question et je ne prétends pas faire le meilleur choix si ça arrive, ou réellement y arriver. Mais je pense que ça serait le mieux pour beaucoup.» Pour la Garde, qui ne risquerait pas de se faire infiltrer d’une quelconque manière. Pour Adam qui ne verrait pas sa mère dépérir, ou si différente dans le meilleur des cas, s’il devait la retrouver pour qu’elle finisse enfermée à Ste Mangouste, s’il devait lui donner de l’espoir avant de le reprendre, ça serait si horrible pour l’enfant, d’autant plus qu’il la croyait morte.  Pour Prune qui verrait toute souffrance abrégée, la peur d’être reprise, la paranoïa, les cauchemars. Sa douce et sensible Prune. En es-tu vraiment sûr qu’elle irait si mal ? Mais pour lui, qu’est-ce qui serait le mieux ? S’il ne s’agissait que de lui ? Il n’en savait trop rien. Il soupira doucement et se passa une main dans les cheveux « Et tu aurais pu faire une leçon de morale, ça aurait été mérité, même si je t’aurais certainement argumenté certaines choses.» Quelque part, il était rassuré, et il aurait voulu lui demander ce qu’elle ferait dans son cas, en sachant tous les tenants et aboutissants ? Mais quelque part, elle n’avait pas été vraiment prisonnière et torturée par eux, son avis était quelque part biaisé, par ce qu’il manquerait ce vécu. Le vivre et le comprendre était deux choses si différentes. Par ce qu’elle était empathique Jane, elle ne pourrait qu’entendre et comprendre ce qu’il dirait. « Je ne veux pas qu’Adam souffre, s’il la revoit alors qu’il la croit morte et… qu’ils doivent être de nouveau séparés. Je ne peux pas lui faire vivre ça.» avait-il soufflé certainement plus à lui-même qu’à Jane d’ailleurs. Par ce que s’il continuait à se battre, c’était bien pour son fils, pour un avenir meilleur pour lui.

Il inspira un bon coup, et tenta de faire bonne figure, il lui fit un nouveau sourire. « Et du coup, j’crois pas te l’avoir demandé, tu as été « engagée » à quel poste ? »

Et là encore, cette réaction non verbale qu’elle ne sait pas comment interpréter. Fronce-t-il les sourcils parce qu’il ne comprend pas qu’on puisse lui vouloir du bien ? Difficile à dire, une fois de plus Jane réalise le gap entre eux sans que rien n’entache l’affection pour autant « Merci Jane. » La Sorcière répond à son sourire « Et, effectivement, je pense avoir fait le tour de la question et je ne prétends pas faire le meilleur choix si ça arrive, ou réellement y arriver. Mais je pense que ça serait le mieux pour beaucoup. » Est-ce qu’il se compte dans ce « beaucoup » ? Sans doute pas. Prune, Adam, la Garde, n’importe qui d’autre … mais lui ? S’est-il déjà demandé ce qui serait le mieux pour lui ?
Jane ne peut s’empêcher de voir les autres chemins susceptibles d’être pris sans jamais nier le fait qu’une fin sinistre serait peut-être un soulagement pour les uns ou les autres. Il est clair que Dorofei refuse de risquer la vie de qui que ce soit pour essayer de sauver sa femme et si une part d’elle le comprend le reste de son être y voit à redire. L’union ne fait-elle pas la force ? Lui-même n’irait-il pas aider un ami ou un frère d’arme dans le besoin ? Elle est persuadée que si, qu’il serait l’un des premiers à s’engager s’il arrivait quelque chose à Amalia. On ne devient pas Auror par hasard, pas plus qu’on ne rejoint la Garde. Les raisons sont multiples et sans doute pas toutes très saines en fonction des profils mais elle voit chez son jeune ami un véritable don de soi pour le bien commun.

« Et tu aurais pu faire une leçon de morale, ça aurait été mérité, même si je t’aurais certainement argumenté certaines choses. »

Elle n’a pas son vécu, son histoire et ses conséquences. Lui ne connait pas non plus tous ses secrets, ses embuches. A quoi bon opposer deux raisonnements dans ce cas précis ?

« Je ne veux pas qu’Adam souffre, s’il la revoit alors qu’il la croit morte et… qu’ils doivent être de nouveau séparés. Je ne peux pas lui faire vivre ça. » Son cœur de mère se fissure à l’intérieur de sa poitrine, un élan de compassion envers Prune vient la saisir et l’étreindre. Adam apprend à grandir sans elle, si jeune il a peut-être déjà oublié ce qu’elle représente pour lui. Elle, où qu’elle soit, qu’importe son état, a déjà dû pleurer des litres de larmes pour son enfant à qui elle a été arraché. Est-ce qu’elle s’imagine avec douleur son fils grandir sans elle ? Un rictus vient déformer ses traits une seconde, quelque chose d’infime, d’à peine visible tout comme ses doigts qui se serrent les uns autour des autres « Je comprends ça. » Parce qu’elle le sait au plus profond d’elle-même, elle choisirait 100 fois le bonheur de sa fille même au-delà de sa propre existence « Et du coup, j’crois pas te l’avoir demandé, tu as été « engagée » à quel poste ? » Et ce revirement, ce virage dans la discussion, il agit comme un second souffle.
Jane n’est pas du genre à fuir les difficultés, bien loin de là, mais en cet instant précis cette discussion qu’elle a elle-même engagée l’a prise au dépourvu. La fatigue peut être ou bien les marques qui ne sont pas encore prises et l’empêchent de réellement se sentir partie intégrante de la Garde. Elle ne peut pas les engager dans un combat dont elle ne maitrise pas tous les tenants et les aboutissants alors la Sorcière décide de revenir sur un chemin qu’elle maitrise.

A peu près.

« Protection des Témoins, plus particulièrement ce qui concerne les Lycans et autres particularités n’étant pas vraiment adulées du Ministère ou du grand public ces derniers temps. » Une suite plus ou moins logique, un engagement qui lui tient à cœur. Quant à son statut de Générale elle ne sait pas encore quoi en penser. Sont-ils réellement une armée ? Il semblerait « Disons que je vais pouvoir faire ici ce que je souhaitais réellement faire au Ministère, à savoir les aider. » Et de manière frontale cette fois, plus concrète, sans avoir à les traquer comme s’ils étaient l’ennemi du bien. Certains le sont, elle n’est pas naïve sur la question, mais la grande majorité ne demande qu’à vivre en paix. Et en sécurité.

« Je l’espère en tout cas, j’imagine que je serai rapidement fixée sur ce que je peux faire ou non. »

En terme de moyen, de temps, de pression et d’aide. A ce jour Jane n’a pas encore 100% idée de ce qui l’attend ici, au sein d’une organisation qu’elle connait encore peu. Des contacts elle en a, elle retrouve même des visages familiers, mais comme pour tous et pour chaque chose il lui faudra un temps d’adaptation pour trouver ses marques.

Jamais vraiment simple de parler de tout cela, d’autant plus lorsque c’était un sujet qui le touchait autant et où il savait que son avis pouvait être mal interprété, qu’il pouvait passer pour un bourreau sans cœur. Il restait néanmoins touché de voir qu’elle essayait de ne pas le juger, pour ne pas dire quelque part qu’elle semblait comprendre pas mal de choses. Elle n’était certainement pas d’accord avec sa façon de penser, mais se taisait quand même, alors oui, c’était la moindre des choses de la remercier. Et soudain, il avait ajouté quelque chose d’encore plus personnel, une peur pas si irrationnelle que ça au final. Même si Prune était en vie, qu’ils pouvaient la récupérer pas trop amochée et qu’on jugeait qu’elle n’était pas un danger pour les autres… que resterait-il de la mère qu’avait connu Adam, comment se comporterait-elle avec l’enfant ? Ne faudrait-il pas l’enfermer pour l’aider à aller mieux au niveau psy ? Ne partirait-elle pas d’elle-même, cette vie ne lui convenant plus ? Il avait peur son fils, et ne se voyait pas lui imposer ce genre de chose, la joie de la revoir… alors qu’elle ne serait plus la même, le fort risque qu’il y avait qu’elle doive laisser l’enfant, l’abandonner une nouvelle fois. Non, pour Adam, ce n’était pas une situation viable. Il en avait conscience que ça faisait beaucoup de si, beaucoup de suppositions ; que peut-être elle pourrait tout gérer mais après tout ce qu’elle avait vécu, pendant autant d’années, quelle était la probabilité pour que tout « aille bien » ? Et son fils était la chose la plus important qui soit à ses yeux, seul son bonheur comptait et il était certain que Prune serait d’accord avec lui. Que ce soit réfléchi, même dur était la meilleure des solutions. « Je comprends ça. » Quelque part cette phrase ne l’étonnait même pas, peut-être par ce qu’il se doutait que c’était le genre de décision qui ne paraissait pas anormale pour beaucoup.

Changement de sujet d’un coup, pour éviter le silence et parce qu’il ne savait pas quoi rajouter. Il n’était pas des plus à l’aise, en plus, de ne causer que de sa personne, de ses problèmes, ce n’était pas vraiment quelque chose qui lui ressemblait. Il lui avait donc demandé à quel poste elle avait été embauchée : là au moins, ils pourraient parler un peu plus librement tous les deux et ça serait une bonne chose ! « Protection des Témoins, plus particulièrement ce qui concerne les Lycans et autres particularités n’étant pas vraiment adulées du Ministère ou du grand public ces derniers temps. » il opina doucement, trouvant que cela lui allait bien, pour ne pas dire que ça lui allait comme un gant ! « Disons que je vais pouvoir faire ici ce que je souhaitais réellement faire au Ministère, à savoir les aider. Je l’espère en tout cas, j’imagine que je serai rapidement fixée sur ce que je peux faire ou non.» il acquiesça, l’observant quelques instants avant de se décider à reprendre la parole « Une chose est certaine, tu ne peux qu’apporter beaucoup à la Cause. Et je trouve que la partie Lycans est faite pour toi, j’espère … que tu pourras faire des miracles et en aider un maximum.» Pas besoin d’en faire des tonnes pour faire comprendre qu’il était bien entendu Il lui fit un petit sourire avant de continuer « Si tu as besoin de moi sur certains points n’hésite pas, ça me ferait plaisir d’aider sur ces sujets-là !» Silence de quelques instants, il la regarda avant d’ajouter plus en plaisanter qu’autre chose « Du moment que j’dois pas être diplomate et hyper sociable ; non, par ce qu’on sait tous les deux que je serai très mauvais.» ouais ce genre de choses c’était vraiment pas fait pour lui, mais il avait fort heureusement d’autres qualités. « J’espère que tu auras rapidement une idée de ce que tu peux faire ou pas, mais je pense que tu vas quand même avoir une assez large palette ! » Silence. « Tu veux qu’on aille fêter ça, après tout c’est comme une super promotion ?» Autrement dit qu’on aille prendre un verre.

« Une chose est certaine, tu ne peux qu’apporter beaucoup à la Cause. Et je trouve que la partie Lycans est faite pour toi, j’espère … que tu pourras faire des miracles et en aider un maximum. » Jane sourit, les quelques mots prononcés par Sanae il y a de ça quelques semaines lui reviennent en mémoire et viennent s’imbriquer à ceux de Dorofei. L’un la connaît depuis plusieurs années, l’autre quasiment uniquement par le biais d’un autre regard, pourtant ils semblent tous deux penser qu’elle peut réellement apporter quelque chose à cette Cause qui porte le nom, à ses yeux, d’humanité.

Il y a les mots de Benjamin, ceux de Niall, de Margo bien sûr, non pas qu’elle doute d’elle même mais entendre le témoignage de ces amis – ou de personnes dont elle est moins proches mais qui estime sa valeur – a quelque chose de réconfortant et d’encourageant. A ce stade la sorcière ne sait pas vraiment dans quoi elle se lance alors bien sûr que l’inquiétude s’invite parfois « Si tu as besoin de moi sur certains points n’hésite pas, ça me ferait plaisir d’aider sur ces sujets-là ! » De ça elle ne doute pas une seconde « Du moment que j’dois pas être diplomate et hyper sociable ; non, par ce qu’on sait tous les deux que je serai très mauvais. » L’Anglaise pince les lèvres et arbore un faux air étonné « Alors comme ça tu ne veux pas jouer les ambassadeurs ? Je ne te reconnais plus Dorofei. » L’ironie teintée d’humour la pousse à laisser échapper un rire bref et ses pensées s’évadent une seconde vers Rain. Des mois qu’elle n’a plus de nouvelles de son amie par la force des choses et elle est bien loin de se douter que leur chemin vont se croiser dès le lendemain dans ce même lieu.

« J’espère que tu auras rapidement une idée de ce que tu peux faire ou pas, mais je pense que tu vas quand même avoir une assez large palette ! » Elle en a les contours pour en avoir discuté avec son prédécesseur mais sur le long terme, qu’en sera-t-il ? Lorsqu’elle a brutalement quitté le Ministère elle a également ancré en elle une volonté de ne plus jamais être bridée alors retrouver une hiérarchie ne coule pas de source.
Pas d’anticipation inutile, elle n’en est qu’à ses premiers pas au sein de la Garde et pour l’heure observe, apprend. Leur fonctionnement, les profils qu’elle peut y croiser, ces visages familiers qu’elle ne s’étonne finalement pas tant que ça de croiser. C’est une nouvelle dynamique à embrasser, de nouvelles marques à trouver, le temps fera son œuvre elle n’en doute pas « Tu veux qu’on aille fêter ça, après tout c’est comme une super promotion ? » Un rire bref passe ses lèvres, secoue légèrement sa cage thoracique « Une promotion qui a des allures de sérieux engagement. » Mais une décision mûrement réfléchie. Oui elle s’engage et a accepté d’occuper un poste qui d’une certaine manière la propulse plus haut qu’elle ne l’a jamais été lors de sa carrière professionnelle. Générale. Elle a encore du mal avec ce mot et ce qu’il peut représenté tout comme elle sait que ce statut implique d’être responsable d’autres membres d’une équipe qu’elle devra elle même constituer.

Un soupir, elle ferme les paupières le temps d’une inspiration « Avec plaisir. » L’envie de prolonger ce moment avec lui, sous une autre forme. La sorcière se lève et range les quelques dossiers qu’elle étudiait, les scelle magiquement avant d’aller les ranger là où ils seront en sécurité.

Puis un regard doux vers son ami, un sourire tendre « Merci pour ton accueil. » Elle est heureuse de le retrouver ici.

▬ FINI POUR MOI ▬

Il était content de la voir et surtout d’entendre de telles paroles, de voir qu’elle allait pouvoir s’épanouir dans ce rôle qui lui allait si bien. Il était certain qu’elle était la personne faite pour ce job. Il lui proposa même son aide, si elle avait besoin d’aide pour une mission  ou même pour des choses plus ennuyeuses. C’était quelque chose d’important que les loup-garous – et autres personnes ayant des dons- soient protégés et s’il pouvait aider cette minorité il le ferait avec plaisir. On ne pouvait pas dire qu’il pouvait comprendre ce qu’ils avaient vécu, ce que c’était de vivre ces transformations : il ne le vivait pas, il ne serait pas bon juge, mais ils ne méritaient pas d’être traités comme tel. Il plaisanta même un peu sur son côté non-diplomate et abrupte. Elle le connaissait assez pour comprendre ce qu’il cherchait à faire : de l’auto-dérision, la faire sourire mais lui proposer une aide sincère. Pour lui, ce n’était pas que des mots, elle le trouverait vraiment s’il y avait besoin. « Alors comme ça tu ne veux pas jouer les ambassadeurs ? Je ne te reconnais plus Dorofei. » Il eut un léger rire « Non, j’étais tellement bon et adorable que j’ai fini par être totalement incompris, j’ai donc du abandonner. Tristesse infinie.» ajouta-t-il d’un ton pince sans rire. Bon, il ne fallait pas non plus lui demander de jouer ce jeu-là plus longtemps, il ne réussirait pas : mais vraiment ambassadeur c’était quelque chose qui ne le bottait pas du tout et qui ne lui correspondait nullement.

Il lui avait ensuite proposé d’aller boire un verre pour fêter ça. Une façon comme une autre de passer un peu de temps avec elle comme deux amis, une façon aussi de la féliciter et de l’encourager pour ce qu’elle allait accomplir. « Une promotion qui a des allures de sérieux engagement. » Il acquiesça « C’est bien comme ça, tu vas avoir pas mal de choses à faire, à développer, à construire et compagnie.» Et la cause qu’était la Garde était quelque chose qu’il avait toujours pris au sérieux, un engagement des plus utiles, qui servirait dans la futur à bien des générations qu’ils arrivaient à leurs fins. Elle avait ensuite accepté de venir boire le fameux verre avec lui et il lui dédia un nouveau sourire sincère. « Merci pour ton accueil. » C’était la moindre des choses, elle n’avait pas à le remercier, même si au final, tous deux savaient que s’il se montrait aussi « agréable et avenant » c’était juste par ce qu’elle était quelqu’un qu’il appréciait grandement, en qui il avait confiance. Un petit traitement de privilégiée en somme, mais elle le valait bien. Il lui avait signe de la suivre pour l’emmener dans un bar – Moldu- pour avoir la paix et un vaste choix de cocktails qu’il côtoyait de temps en temps. «Une prochaine fois je t’emmènerai en Russie pour se boire quelques coups. » avait-il dit à un moment donné le sourire aux lèvres. Ca changerait un peu de Londres, une autre atmosphère…