Vivre d'éphémère, c'est vivre entièrement. | Timothy

Samedi 5 Novembre 2016
Big Ben, Westminster, Londres

C’était alors que le calme était revenu et que mes affaires commençaient à trouver leur place dans mon nouveau lieu de vie que mon esprit s’allégeait. Une éclaircie qui me permit de me rendre compte que dans tout ce remue-ménage, j’avais oublié un peu toutes les personnes qui gravitaient autour de moi au quotidien. Il n'y a pas à dire, lorsque votre esprit est occupé, vous ne voyiez pas les jours, puis les semaines s’écouler. Donc, une fois le point de chute certain, j’avais pris le temps de rattraper celui que j’avais laissé échapper. Timothy avait été l’un des premiers noms à ressortir. Peut-être parce qu’une sorte de promesse au sujet d’un film avait été échangée lors de notre dernière rencontre. Ou alors parce qu’il avait été là, la dernière fois que j’avais cru devenir dingue. Je n’en savais trop rien. Dans tous les cas, j’avais rédigé un message avant de lui envoyer. Dans ce dernier, je m’étais un peu excusé de l’avoir oublié le temps de quelques semaines, lui expliquant rapidement qu’octobre avait été plus chargé que prévu. Un instant, j’avais pensé à tout lui expliquer, mais la flemme de tout rédigé m’avait vite prise et j’avais simplement fait un résumé. De plus, il m’était passé par l’esprit, que le pauvre Tim, -tout aussi gentil qu’il pouvait être- n’en avait peut-être rien à foutre de mes dernières galères.

C’était après un échange de quelques messages que nous avions décidé de nous retrouver pour la célébration de la nuit de Guy Fawkes. Si une histoire de complot raté se trouvait à l’origine de cette fête, aujourd’hui, c’était surtout l’occasion pour chacun de se réchauffer autour d’un bûcher en attendant que le ciel soit criblé de lumière artificielle le temps de quelques minutes. Dit ainsi, ça ne donnait pas tellement envie, mais pourtant, j’étais comme une enfant lors des feux d’artifice. J’attendais, impatiente, de voir si celui que je préférais aller s’afficher sous mes yeux. Et en attendant son arrivée, je regardais les autres couleurs étinceler avant de s’estomper et de retourner au sol dans une traînée de fumée. Justement, ces traînées étaient un peu tout ce qui restait dans les airs une fois le spectacle terminé. Et encore, elles ne restaient pas longtemps, mais pendant quelques minutes, elles étaient le témoignage de ce qui s'était déroulé sous les yeux de l’assemblée. À bien y penser, les spectacles pyrotechniques pouvaient nous souffler quelques pensées philosophiques sur la vie et la trace que nous laissons dans ce monde.

C’était la voix qui sortait des haut-parleurs de ma ligne de métro qui me secourut d’une réflexion trop philosophique. Nous étions à Embankment, il était temps pour moi de changer de rame. En vérité, j’aurais pu faire le chemin à pied, il n’y avait pas temps de distance que ça entre le célèbre clocher où nous avions rendez-vous et la station où je me trouvais, mais nous risquions de pas mal déambuler par la suite, alors autant utilisé les transports collectifs lorsqu’on le pouvait. Après quelques pas dans les sous-sols de Londres, j’entrais dans une nouvelle vague, le temps d’une station. Oui, je n’étais vraiment pas loin. Arrivé à Westminster, je remontais à la surface pour me retrouver pile en face de BigBen. C’était une vue de sortie de métro qui m’impressionnait toujours. Cette immense et historique cloché qui vous accroche les yeux dès la sortie du métro. On ne pouvait pas le louper. Quant à apercevoir Tim à son pied, il me fallut quelques secondes en plus. Une fois trouvé, je lui faisais signe de la main avant de le rejoindre par le biais de passage piéton. Il vaut mieux être prudent avec la circulation londonienne. « Salut Tim. Comment va ? » Je lui offrais un sourire. « Rassure-moi, le point de rendez-vous n’était pas trop galéré pour toi ? J’ai souvenir que tu habites au sud de la tamise, mais j’en suis même pas sûre. » Il me semble pourtant qu’un jour, on avait évoqué le sujet, mais tout ce que j’avais retenu, c’est qu’il était à l’opposé de moi par rapport au fleuve.

Nous sommes comme des feux d'artifice
Vu qu'on est là pour pas longtemps
Faisons en sorte, tant qu'on existe
De briller dans les yeux des gens
De leur offrir de la lumière
Comme un météore en passant
Car, même si tout est éphémère
On s'en souvient pendant longtemps
Calogero, Les Feux d'artifice

Samedi 5 novembre 2016,

Il avait été surpris de recevoir un sms d’Eireen. Agréablement surpris, il faut bien l’avouer même s’il n’était pas certain de comprendre pourquoi est-ce qu’elle s’était adressée à lui. Il y avait beaucoup d’autres « gens » qui devaient  être plus intéressants et plus bavard que lui, alors POURQUOI c’était à lui qu’elle avait proposé cette sortie ? Il avait l’impression d’avoir raté quelque chose, même s’il est vrai que le courant semblait bien passer entre eux, pour une fois il semblait à peu près sur la même longueur que quelqu’un sans trop se forcer.. à moins que la dernière discussion soit une chance totale, qui sait ? Alors bien sûr, il avait accepté de la revoir et de profiter de la Guy Fawkes Night ensemble… il n’était pas certain de bien supporter le monde, la foule, voire même l’ambiance mais il n’avait pas osé lui dire non. Pour une fois, il pouvait essayer de faire un effort et il verrait bien comment cela se passerait … Après tout, avec la FAC, il gérait sans trop de crises d’angoisses le monde qu’il y avait. Il voyait ça comme un autre test, voir si un jour il pourrait vivre une vie un peu plus normale ou s’il continuerait d’être toujours angoissé par la foule et tout ce que ça impliquait. S’il se doutait que ses interactions sociales avec les autres ne seraient jamais normales, il espérait néanmoins s’enlever une petite épine du pied s’il voyait que la foule devenait moins oppressante pour lui et qu’il aurait donc moins tendance à être angoissé… L’espoir fait vivre, ceci dit.

Pour arriver à l’heure au rendez-vous, il s’y était pris très à l’avance, il se doutait que les transports seraient blindés et il avait donc préféré y aller à pied. Il avait calculé l’itinéraire le plus court et se disait que ça le ferait… d’autant plus qu’il avait dormi chez sa mère exprès pour être plus proche et ne pas trop s’embêter avec cette question des transports en commun - et compagnie-. Il y allait toujours régulièrement pour passer du temps avec elle, même si sa colocation avec Sovahnn se passait à la perfection et qu’il était ravi… il n’empêchait pas que quelque part, sa mère lui manquait pas mal. C’était certainement un peu con, il n’était plus un gamin mais avec tout ce qui s’était passé ces derniers mois, pour ne pas dire années, il avait un peu de mal à couper le cordon.

Bientôt il aperçut le point de rendez-vous, mais surtout la jeune femme blonde. Il lui fit également un petit signe avant de prendre le passage piéton de la rejoindre rapidement ne voulant pas la faire attendre. Il jeta un coup d’œil discret à sa montre et fut rassuré, il n’était pas en retard ! Tim ne tarda pas à lui dédier juste après un léger doux sourire. « Salut ! Ca va plutôt bien et toi ? J’espère que tu ne m’attends pas depuis trop longtemps….» il se passa une main, quand même un peu gêné à cette idée. « Là j’étais chez ma mère donc à Bloomsbury, je suis venu à pied c’était plus pratique que les transports qui devaient être blindés ! Sinon, effectivement j’suis en coloc plus au Sud de Londres !» Il haussa un peu les épaules « Je ne sais plus si tu me l’as dis, ta coloc, tu la fais ou du coup ? T’es pas trop loin de la FAC ? » Non par ce que bon c’était un point important pour lui, de ne pas trop s’ennuyer avec les trajets, et il se disait qu’elle devait avoir beaucoup plus de boulot à la maison que lui… mais ça c’était peut-être une idée à la con qu’il se faisait.

« Je vais bien et je viens d’arriver, t’inquiète pas. Et dans tous les cas, ça n’aurait pas été dramatique, t’inquiète. » Attendre sur un lieu de rendez-vous, c’était même commun, il était finalement assez rare que tout le monde arrive en même temps. Mais je commençais à connaître Tim pour avoir remarqué que ce dernier était toujours mal à l’aise avec les conventions sociales, il me semblait même qu’il l’avait dit un jour. Ou alors, je l’avais déduit tandis qu'il m’expliquait ne pas être à l’aise avec les foules ou le monde. Car oui, j’avais retenu ce point. Ça ne m’empêchait pas de m’étonner lorsque j’appris qu’il était venu à pied depuis Bloomsbury. Bon, ce n’était pas le point le plus éloigné de Londres par rapport à Big Ben, mais tout de même, ça faisait bien vingt voir trente minutes de marche dans les différents quartiers de Londres. « Tu aurais dû me dire, on se serait rejoint à l’université, ça aurait été plus simple. » Et puis, on savait tous les deux ou elle se trouvait puisqu’on y passait une bonne partie de nos journées en semaines. En-tout-cas, il me confirmait qu’il vivait bien au sud de Londres, ce qui me rassurait dans un certain sens, déjà sur l’état de ma mémoire, ensuite sur le fait que je ne m’étais pas trop trompé sur Big Ben en point de rencontre. Même si, finalement, il était arrivé du nord, comme moi. Ouai, il y avait eu un petit défaut de communication. « La prochaine fois, je demanderai ton point de départ. Histoire qu’on soit plus raccord. » Oui, j’avais conscience que je risquais encore une fois de l’avoir perdu. Car encore une fois, il n’était pas dans ma tête pour suivre ma logique, mais c’était plus fort que moi, il fallait que j’informe les gens des conclusions que je faisais. Il me faudrait peut-être penser à travailler ce point. Ou pas… Parce que finalement, ceux que ça intéressait m’interrogeaient, les autres laisser passer ma réflexion avant de passer à autre chose. « Je ne crois pas l’avoir écrit. Je suis sur le quartier de Camden. Pas trop loin, j’ai juste rajouté quelques stations de métro en plus de la marche pour aller en cours. Rien de très gênant, mais j’ai quand même dû avancer mon réveil de quelques minutes pour les cours les plus matinaux. » Ce point était même encore en rodage… La première fois, j’étais arrivé avec beaucoup d’avance, trop peur d’arriver en retard. Du coup, j’avais découvert que je pouvais allonger mon sommeil sur le matin, mais je le faisais petit à petit. Il faut dire qu'à l’heure de pointe à Londres, il valait mieux avoir quelques minutes d’avance que de retard… Parce qu’une rame de métro pouvait vous passer sous le nez, car trop pleine, et il était plus facile -moralement- d’attendre la suivante lorsque vous saviez que vous aviez encore le temps d’arriver.

« Bon, je t’annonce le programme auquel j’ai pensé, tu me dis si ça te convient. » Tout en parlant, j’attrapais le bras de Timothy pour laisser Big Ben dans notre dos et nous approcher du bord de la Tamise. « Bon, on ne le voit pas d’ici, mais vers l’ouest, au sud de la Tamise, il y a Battersea Park. C’est l’un des meilleurs feux d’artifice de la soirée. Bon, de ce que j’ai lu, il y a foule tous les ans, le parc est noir de monde. Mais ! » Parce que oui, il y avait un, mais je n’avais pas prévu de noyer Tim dans la foule, je me souvenais plutôt bien de la conversation que l’on avait eu quelques mois plus tôt. « J’ai pensé que l’on pourrait plutôt rester coté nord du fleuve. Les écoliers de Chelsea ont fait leur propre marionnette à mettre au feu. Donc, il y a un bûcher, bien plus petit, donc avec beaucoup moins de monde. On pourra grignoter en se réchauffant près du bûcher avant de trouver une place au bord de la Tamise pour voir le feu qui se tirera de l’autre côté. Bon, on ne sera pas les seules à avoir eu cette idée, mais à mon avis, il y aura bien moins de monde qu’au niveau du parc. » Et puis si la foule commençait à devenir trop dense pour la tranquillité de Tim, il nous serait bien plus facile de nous échapper du rassemblement. « En plus, avec les reflets dans la Tamise, je suis sûr qu’on aura un meilleur spectacle que ceux d’en face. » J’affichais un sourire pour finir l’exposition de mon plan. « Tu en penses quoi ? Ça te convient ? Non, parce qu’autrement, il y a d’autres feux à l’est, mais aussi au sud ou au nord. Bref, partout. On a le choix. »

Pour une fois qu’il n’était pas arrivé trop à l’avance pour ne pas dire juste à l’heure, voilà qu’Eireen elle l’était en avance. Merde. Même si c’était con, il se sentait quand même un peu mal. Même ce qu’elle lui répondit eut un peu de mal à le « rassurer », il émit une petite grimace avant d’opiner doucement. « Oui, oui bien sûr, mais je n’aime pas faire attendre malgré tout. Mais c’est cool si tu es arrivée il n’y a pas longtemps.» Il lui sourit avant d’hausser un peu les épaules. Et sa nouvelle proposition lui fit hausser les épaules, c’était très bien d’être venu ici plutôt que d’aller à l’université ! Il se fichait bien si ça faisait de la route en plus à vrai dire. « T’inquiètes ! C’était très bien ici aussi ! Et puis marcher plus ne peut pas faire de mal dans tous les cas !» Nouveau léger haussement d’épaules avant qu’il ne soupire et réplique « Non, mais non, ça va très bien comme ça. On ne va pas se prendre la tête pour ça surtout qu’on est dans une ville super bien fournie en transport en commun !» ce qu’il notait en réalité surtout c’était ce « la prochaine fois » qui voulait dire beaucoup pour lui, mais il préféra ne pas en rajouter une couche ; Paraissait-il que cela ne se faisait pas trop, et il n’était pas assez subtil pour arriver à faire de l’humour sur cette simple phrase. Il avait donc préféré lui poser quelques questions sur son nouveau lieu d’habitation… au moins cela lui semblait un sujet d’actualité, qui l’intéressait et qui risquait de la faire parler un peu. Ca pouvait toujours lui laisser quelques ouvertures de discussions… à voir ce qu’elle allait lui répondre. «Ouais, je vois. Bah écoute c’est cool, tu ne perds quand même pas trop tes repères… Je sais que c’est compliqué quand c’est le cas, je suis en coloc dans le sud de Londres, ça me change pas mal la vie avec les cours ! Mais bon, ça vaut quand même le coup. » Bon la vérité c’est que ce n’était pas totalement vrai le « sud de Londres », c’était quelque chose qui était officiel, son vrai lieu d’habitation il ne pouvait le communiquer ! Pour plusieurs raison : la magie tout d’abord, mais aussi pour se préserver lui mais aussi Sova. Sait-on jamais si un des Inqui avait un jour envi de revenir à la charge, ça serait plus compliqué de l’emmerder sur son lieu de vie… bien sûr, il y avait toujours l’Université et compagnie… mais…. Mais il essayait de ne pas trop y penser. Il se disait qu’ils avaient dû abandonner son cas si peu intéressant. Tant mieux. Mais pour l’instant, il devait surtout se concentrer sur ce qui était dit dans leur conversation. Focus.

Heureusement pour lui Eireen était quelqu’un d’assez bavard et donc elle prenait les sujets en main. Il se gratta un peu la joue et lui sourit avant d’acquiescer doucement. « Ouais vas-y je t’écoute !» Elle lui avait pris le bras et ils avaient commencé à avancer. « Ah ouais, tu t’es vachement renseignée sur le sujet quand même !» Il lui dédia un grand sourire avant de rajouter «  Ouais, ce que tu me proposes ça me va bien ! Surtout si tu m’affirmes qu’il y a moins de monde… et puis des feux d’artifices on peut les voir de pas mal d’endroit !» Il se tut quelques instants avant de reprendre la parole « Ecoute, tu sais, j’vais te faire confiance et te suivre ! Et puis… on peut toujours… improviser ?» la vérité c’est qu’il détestait ce mot, ce que cela impliquait. Ce n’était pas un mood fait pour lui, beaucoup trop stressant et compagnie. Il aimait ses petites habitudes et déjà faire ce genre de sortie lui coûtait beaucoup d’énergie. S’il avait accepté c’est par ce qu’il appréciait vraiment Eireen et qu’il voulait essayer de paraitre le plus… normal pour lui. Peut-être qu’à force d’effort, il serait moins étrange ? Du moins, il l’espérait. Pouvoir s’intégrer un peu mieux aux autres semblait quand même quelque chose d’essentiel même si aujourd’hui c’était  hors de sa portée. « Dans le pire des cas, on  bougera si ça nous plait pas ! On va pas se prendre la tête maintenant ? On attend, tu veux qu’on aille manger un bout ou tu préfères juste grignoter sur place ? Enfin tu vois… là… faire un genre de goûter et puis grignoter ce soir !» Pourquoi lui causer de bouffe ? Il n’en savait rien, mais il avait l’impression que c’était quelque chose que les amis faisaient beaucoup… alors, c’est ce qui devait faire le plus naturel ? Et puis… qu’est-ce qu’il pouvait ajouter d’autres ?

Pourquoi me parlait-il du fait qu’il n’aimait pas faire attendre les gens alors que je venais de lui dire que j’étais à peine arrivé ? Ce qui était vrai, je l’avais aperçu dès ma sortie du métro. Donc, je n’avais attendu personne, même pas un instant. Je pourrais insister, mais quelque chose me disait que ce n’était pas forcément utile, ni la chaise à faire. Parfois, laisser couler, c’était le mieux à faire. Insister, c’était risqué d’appuyer sur quelque chose qui n’avait pas tant d’importance que ça. Et puis ça pouvait même faire tout l’inverse que ce que l’on souhaitait faire. Et là, ce que je désirais, c’était qu’il ne s’attarde pas sur le fait que j’aurais pu hypothétiquement devoir l’attendre -ce que je n’avais pas eu à faire-. C’était bien compliqué tout cela. Par contre, j’avais été gêné d’apprendre qu’il s'était déplacé jusqu’ici seul et pied, alors que finalement, son point de départ était bien plus proche du mien ce que j’avais pu penser. « Non, mais il y a moyen qu’on marche encore pas mal. » C’était le risque avec ses fêtes en extérieur, on passait notre temps debout à aller d’un point à un autre tout en papotant et mangeant. Oui, la bouffe avait beaucoup d’importance dans ce genre d’événement. « Mais on ne se prend pas la tête… » Je regardais Tim avec étonnement, personne ne levait la voix, on papotait juste. « Je note juste un truc pour la prochaine fois. » Quant au fait que Londres était hyper bien fourni en transport en commun, je le savais, je venais de les prendre. Contrairement à lui… Mais une fois encore, j’estimais qu’il était plus sage de ne pas insister sur ce point, préférant répondre à sa question sur le quartier dans lequel j’habitais à présent. « En effet, comparé à toi, je n’ai pas grand temps en métro pour rejoindre la fac. » Déjà parce que pour vivre au sud de Londres, il fallait aller au-delà de la Tamise, donc ça prenait un peu plus de temps que moi qui vivait dans le quartier d’à côté. « J’ai une ligne directe. Si je ne me trompe pas de branche. » Ouais, j’avais la seule ligne de métro qui se divisait en deux branches. C’était perturbant la première fois, mais une fois ce point intégré, ça n’apportait aucune difficulté supplémentaire. « Mais si tu te plais, c’est l’essentiel. Moi, je découvre encore mes colocataires. » Et pour le moment ça se passait plutôt bien. « L’un deux, a emménagé en même temps que moi. Donc ça va, ça fait deux qui prennent leur repaire, contre un qui les a déjà. Je trouve que je suis assez chanceuse. » Surtout pour un déménagement improvisé en un mois. He oui, j’estimais qu’il était plus facile de débarquer avec une autre inconnue que de débarquer quelque part où tout le monde avait déjà ses repaires et habitude. Je n’étais pas la seule qui devait trouver sa place dans le mécanisme et comme moins d’habitude était ancré, c’était plus facilement adaptable. Et quand on avait une salle de bain en commun, il était assez important d’accorder le rythme de chacun.

Ensuite, je me lançais dans un monologue qui ne laissait pas trop la place à Timothy de s’exprimer, j’en avais bien conscience. L’idée n’était pas de la faire taire -au contraire-, mais bien de lui donner un maximum d’informations pour qu’il puisse choisir. « He, tu as vu ça ! » Je lui souriais. « Bon, en fait, juste pour l’événement de Battersea Park. Si tu as des questions sur un autre, je t’avoue que je devrais tricher. » Et sortir mon téléphone. Vive la technologie, vive l’internet transportable. Ce dernier, permettait de ne pas avoir trop à potasser, mais de tout de même finir par retomber sur ses pieds. « Vrai, ça te plaît ? Cool. » J’étais contente que mon plan de soirée lui plaise. J’avais quand même un peu réfléchit au truc en amont et j’avoue, j’aurais été un peu dégoûté qu’il trouve ça nul. Bon, maintenant, il restait à espérer que ce n’était un pas trop mauvais plan. « Oui, il y aura moins de monde dans cette partie de la ville. Et puis au pire, on peut toujours partir. Rien n’est figé. » L’on pouvait s’adapter au besoin. Il y avait toujours de quoi faire à Londres et si certain quartier était mis en lumière, certain soir, ça voulait dire que d’autre était plus calme. « Oui, on peut toujours improviser. Je me débrouille bien en improvisation. » Je me voulais sûr de moi dans mes paroles, parce que si Tim n’avait pas grimacé en prononçant le mot improvisé, il n’en avait pas été loin. Alors, si ça pouvait le rassurer. Ce fut donc le moment où il parlait de se prendre la tête. Une nouvelle fois. Je commençais à me demander si on entendait la même chose derrière cette expression. Lui devait avoir une connotation plus "trop réfléchir" tandis que moi, j'y voyais davantage une question de se "prendre le chou avec quelqu’un". Oui, ça devait être ça. Non, parce que là, je ne voyais pas en quoi on s’énerverait pour savoir si on mangeait ou non. La nuit commençait à tomber sur la ville (bah, oui, en novembre à Londres…) alors que l’on parlait de goûter. « Je propose que l’on voie sur place ce qui nous tente. » Et qui rentrait dans nos moyens, nous étions tout de même deux étudiants. À ne pas oublier. « À mon avis, il y aura de quoi faire, goûter, manger, grignoter. C’est le fonds de commerce de la soirée. » Nourrir les âmes errantes venue brûler des marionnettes. « Bon, let’s go ! » Je lui reprenais le bras dans mon élan avant de me stopper net. « Euh… Tu préfères à pieds ou en métro ? »

Marcher lui allait parfaitement !  Il avait l’habitude de faire de longues distances à pied, alors ce n’était pas quelque chose de très gênant pour lui. Il lui fit un léger sourire et opina doucement « Ce n’est pas un souci, et puis si l’un de nous est fatigué on peut toujours s’arrêter sur un banc ou autre, on est pas vraiment pression, n’est-ce pas ? » Au pire, ils pouvaient aussi prendre les transports en commun mais cette idée avait plus tendance à lui faire froid dans le dos qu’autre chose. Au fond de lui il savait qu’il aurait mieux fait de se taire sur les transports en commun, beaucoup ne comprenaient pas cette phobie de la foule ou des transports. Et voilà qu’il allait encore passer pour quelqu’un d’un peu particulier. Il grimaça un peu mais avant tenté de retrouver un semblant de conversation. « C’est cool pour toi, le principal c’est que ça te facilite la tache.» Néanmoins, il préférait largement avoir son « long » trajet plutôt de vivre ailleurs… pour l’instant du moins. Peut-être que si le rythme s’intensifiait, ça serait beaucoup plus compliqué, mais là encore, il avait toujours la possibilité de squatter chez Lewis et cela ne gênait généralement jamais son meilleur- bien au contraire-. Tim écouta attentivement ce qu’elle lui racontait « Et vous vous êtes trouvés comment ? Enfin, tu les as rencontré un peu avant pour voir si ça pourrait coller entre vous ou pas du tout ? J’avoue… que je ne sais pas trop comment ça se passe, j’vois des annonces sur les réseaux sociaux mais ça s’arrête là. L’après m’est quand même relativement inconnu.» En soi, c’était loin d’être une information capitale voire même intéressante, néanmoins, c’était toujours intéressant de savoir ce genre de choses et il n’avait pas vraiment d’autres idées de questions. Eireen semblait quelqu’un de bavard, qui avait une approche facile avec les autres, alors il faisait son maximum pour entrer dans le « cadre » de son interlocutrice au prix d’un assez gros effort. Mais ça en valait le coup, certainement qu’elle en valait le coup.  Il espérait donc qu’il n’allait pas l’effrayer ou la blaser avec ces questions un tant soi peu débiles/inutiles.

Bientôt la jeune femme avait repris la parole lui donnant une tonne d’informations sur ce qu’ils allaient pouvoir faire ou voir. Et whoaw. Il ne savait pas trop où donner de la tête avec tout ça et essaya donc de répondre au mieux. Il se connaissait néanmoins, moins il y aurait de foule mieux ça serait et  vu ses propositions le choix était quand même assez vite fait au final.   « Non, non pas d’autres questions pour l’instant… mais ça pourra venir. Et puis je peux aussi chercher par moi-même l’information tu sais.» avait-il répondu le plus sérieusement du monde sans y voir la moindre taquinerie. Il ne voulait pas la déranger avec ses questions dont la réponse devait s trouver quelque part sur la toile. « Ouais, ça va être cool ! On va sûrement bien s’amuser !» Ou peut-être pas, il n’en savait trop rien  et il craignait toujours la foule – même si elle serait moins compacte qu’ailleurs-. Seulement ça, il ne voulait pas lui dire, il voulait vraiment tenter de faire un effort. Et puis, comme elle le disait,  ils pouvaient aussi toujours partir. Il eut un léger sourire en coin, certainement un peu coincé, par ce que lui n’était pas franchement du tout doué pour l’improvisation… alors il faudrait certainement qu’elle gère pas mal de choses. Parfois, il arrivait néanmoins à avoir un esprit pratique qui pouvait servir à eux deux, ils devraient bien pouvoir se débrouiller ! « Parfait alors, je crois qu’on est totalement paré !»

Et concernant la nourriture qu’ils allaient bien pouvoir ingurgiter, elle semblait préférer qu’ils voient sur place ce qu’il y aurait. Une bonne technique, mais s’il y avait beaucoup de stand et beaucoup de personnes, ils n’étaient certainement pas sortis de l’auberge ! Il en avait déjà assez fait avec la foule alors il n’osa pas souligner ce qu’il voyait comme une vérité, après tout, ils verraient bien et pourraient toujours aviser à ce moment ! « Ca roule ! » Ils allaient commencer à partir lorsqu’elle lui posa la question fatidique. Il ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit, par ce que lui aurait assuré qu’à pied c’était bien mieux… mais il n’était pas le seul. Il n’était pas certain qu’elle apprécie de marcher. Il l’observa donc un instant en cherchant la meilleure façon d’amener les choses pour que tout le monde y trouve son parti. Il se mordilla la lèvre avant de finalement essayer la phrase la plus conciliante qui lui venait en tête. « Bah écoute, personnellement, je préfère à pied. Mais, si tu sens que c’est trop loin on peut peut-être faire moitié-moitié ? C’est vraiment comme tu le sens.» il était loin d’être zen à l’idée d’entrer dans une foule compacte du métro mais il savait également qu’il ne pouvait pas imposer ses désiratats et ses problèmes tout le temps. Ca ne marchait pas comme ça

Bien sûr que l’on pourrait se poser, prendre des poses. Nous n’étions même pas obligés d’avancer rapidement, nous étions là pour profiter de l’ambiance. Au tout de moins de la fête. J’opinais alors d’un signe de la tête pour approuver ses paroles avant que la conversation ne progresse vers un autre sujet. Mon déménagement récent pris à ce moment-là place dans l’échange verbale. Ma nouvelle colocation semblait intéresser mon interlocuteur. « Une annonce, comme tu l’as dit. » Je lui souriais. « Oh, rien d’exceptionnel. Le mec s'est retrouvé à perdre ces deux colocataires. » Je ne savais pas vraiment pour quelle raison. Peut-être était-il difficile à vivre. Ou alors, ils avaient pris d’autres chemins. J’avais rapidement posé la question, mais il ne s'était pas étendu et j’avais laissé passer. En même temps, ce n'était pas ce qui importait le plus sur le moment. Ni à présent d’ailleurs. « Il a mis une annonce, j’y ai répondu. » Ouai, ça, il devait s’en douter, c’était logique, je détaillais peut-être un peu trop. « Bref, on s'est rencontré, le contacte et plutôt bien passé, le loyer convenait, l’appartement était bien. On n'a pas fait de test de personnalité, si c’était ça ta question. Mais l’échange n'était pas trop mal, j'imagine, puisqu’il m’a recontacté pour sire que c’était ok si je voulais emménager. » Et vu que la période n’était pas le meilleur moment pour trouver un nouveau logement en un temps aussi court. Autant dire que le choix avait été vite fait. « J’imagine que ça, c'est passé un peu près pareille pour Julian -l’autre nouvelle-. » Je haussais les épaules, je n’avais pas posé la question. « Après, te dire s’il a dû choisir entre plein d’autre personne ou si nous étions les seules à avoir répondu, je ne saurais dire. » Encore une fois, je n’avais pas demandé. Trop contente de trouver quelque chose. « Quant à l’après, bah, nous avons déposé nos affaires et à présent, nous devons trouver le rythme de croisière entre nous trois. Pour le moment, c’est plutôt bien parti, on ne se gêne pas trop. Et puis, surtout, on va apprendre à se connaître, parce que pour le moment, on est un peu tous des inconnus les uns pour les autres. » Mais ça, ça ne m’effrayait pas. Nous aurons le temps de discuter, d’échanger, de débattre. J’avais déjà trouvé l’occasion de papoter un peu avec Julian et ce n’était que le début. Mes cartons étaient officiellement rangés que depuis quelques jours.

Après le discours sur les préambules de la colocation, nous parlions de ce qui nous amenait au pied de BigBen, la Guy Fawkes Night. « C’est vrai, mais comme je suis l’investigatrice de ce mouvement. Je suis la préposée aux recherches. Je ne vais pas te les imposer. » Je lui souriais. Je ne doutais pas qu’il sache faire des recherches, il était étudiant à l’université. Trouver des informations, c’était son boulot journalier, comme chacun d’entre nous. Mais pour le coup, j’avais un petit peu d’avance puisque j’avais déjà travaillé un peu sur la soirée en amont. Ce débat ne menait finalement, a rien, puisque nous choisissions de suivre la première idée. Afin de tenter d’éviter un peu la foule. « À pied, c’est vendu. » Étant toujours attaché au bras de Tim, je l’entraînai à l’opposé de la Tamise pour commencer à suivre la route qui nous conduirait à l’endroit voulu. « Je propose que l’on contourne l’abbaye, ce sera plus court que suivre la Tamise. » De toute manière, on la retrouverait au bout. Alors que nous commencions à avoir un rythme de marche, je me tournais vers mon acolyte du jour. « Tu sais Tim, si je te demande ce que tu préfères, ce n’est pas pour imposer ce que moi, je veux faire. Autrement, je ne demanderai pas. Donc, pas besoin de te torturer l’esprit. » Je lui souriais. « Et puis honnêtement, tu n’as pas à douter que je ne serais pas le dire le jour où ça ne me convient pas. » Bavard comme j’étais, ça ne m’arrêterait pas. « Par contre, je te préviens. J’impose ma présence à tes côtés si tu rentres à pied ce soir. Pas le choix ! Question sécure. La nuit, on ne marche pas seul. » Surtout par les temps qui courent. « À deux, on est plus fort ! » J’espère qu’il comprenait que ce n’était pas négociable. Bon, quelque chose me disait que j’avais été plutôt claire. « En plus, on vient du même coin. Je prendrais le métro pour faire le reste de la distance. » Et là, je réalisais que de toute manière, même s’il prenait le métro, finalement, nous serions sur la même rame, au moins pendant un temps. Ah le pauvre, il allait revoir me supporter jusqu’à la fin. « Te voilà officiellement avec moi dans les pattes jusqu’à ton retour à la maison. » Je lui souriais. « Tu penses que tu vas survivre ? Promis, je vais tâcher de me calmer à un moment. » Où du moins essayer.

La nouvelle colocation d’Eireen semblait être un bon sujet, intéressant où il pouvait trouver quelques petites questions sans trop de creuser la tête, quelque chose qui lui paraissait « normal » de poser sans passer pour un alien. Le plus compliqué à présent c’était certainement de trouver les bons mots. «A les perdre, tu sais pour quelles raisons ? » non, par ce que bon c’était ptet par ce que le gars était chiant,  ou alors super bordelique ou plein d’autres choses. Un pervers par exemple. Il fallait qu’il se calme avec la parano, cela ne servait vraiment à rien. Après tout, les jeunes gens ça part, ça vient, ça change de logement surtout qu’ils se mettaient en couple, emménageaient ensemble mais forcément, il voyait de suite le pire même s’il avait pour une fois réussi à faire quelque chose de plus « zen ». De poser une simple question plutôt que de jeter son stress dans la conversation quelque part c’était un grand pas un avant pour lui. « En tout cas c’est super, j’espère que ça te plaira ! Tu vas peut-être te faire plein de nouveaux amis.» les amis des colocs qui venaient à la maison par exemple, en tout cas chez Sovahnn, il voyait pas mal de monde, même si c’était le plus souvent les mêmes têtes. Ce qui l’arrangeait, il avait fini par sympathiser avec la plupart, alors il savait de quoi est-ce qu’il parlait… enfin un minimum quoi. Il n’était pas forcément le mec le plus sociable alors pour Eireen les choses seraient certainement de toute manière beaucoup plus simple. La jeune femme avait bientôt expliqué un peu plus en détails comment est-ce que cela s’était passé, il opina doucement. Il ne doutait pas qu’elle ait le contact facile, qui ne l’appréciait pas à Eireen ? C’était quelque chose qui lui semblait presque impossible et pourtant ils ne se connaissaient pas tant que ça. « Le principal c’est que ça se passe bien, j’espère que ça continuera !» Les brouilles arrivaient certainement avec le temps, du moins il semblait que c’est ce qu’il avait lu, et ce qu’il avait entendu avec plusieurs autres personnes de la fac. « Eux aussi sont à l’Université, ou ils bossent ? »

Ils avaient parlé ensuite de leur fin de journée, ce qu’ils allaient faire, comment est-ce qu’ils pouvaient s’organiser. A la nouvelle réplique d’Eireen, il haussa un peu les épaules d’un air un peu dubitatif. « Tu ne m’imposes rien tu sais ? Si vraiment quelque chose ne me plait pas, je peux te le faire savoir, on est deux, c’est normal de chercher un terrain d’entente.» Ca lui paraissait même logique… même si en vérité, il n’était pas certain de savoir dire un non clair et précis. Il devait encore travailler là-dessus. Avec Eireen, il se sentait peut-être assez en confiance pour lui faire comprendre que ça n’allait pas. Il verrait bien lorsque ça arriverait de toute manière pour l’instant il voulait juste profiter un peu. Déjà il avait gagné le trajet à pieds et c’était pas mal. Ils avaient donc marché tout en continuant de discuter. « T’as aussi regardé le chemin ? C’est bon pour moi, j’te suis.» la suite lui fit retrousser un peu le nez. Il comprenait bien ce qu’elle disait là, mais il n’était pas forcément spécialement d’accord sur tout. « J’me torture pas l’esprit ne t’inquiètes pas, c’est juste …  que …. Comment dire ça…  je ne sais pas trop ce que je préfère, je m’en fiche un peu, du coup, tu peux choisir ce que tu préfères.» pas sûr que ce soit plus vraiment plus clair. Il lui fit ensuite un petit sourire en coin. « Ben, tu vas rentrer aussi toi aussi toute seule après… même si tu prends le métro. Tu peux peut-être rester dormir chez ma mère si tu veux, ça sera peut-être un peu plus simple, on a tout ce qu’il faut, faut juste que je la prévienne. Comme ça pas de risque pour aucun des deux.» Non par ce que des deux c’était quand même Eireen qui risquerait le plus la nuit seule de son point de vue. Il n’était pas forcément très grand, mais il restait quand même un mec et assez larges d’épaules. Il fallait juste espérer qu’il ait bien compris ce qu’elle avait voulu dire. Il ne tarda pas à avoir un petit rire avant de faire mine de réfléchir. « Ouais, j’crois que ça devrait le faire, au pire, j’essayerai de me cacher dans la foule…» Si, si promis, c’était de l’humour « Et toi, ça va aller ? J’suis pas la personne la plus bavarde.»

« Non. » Oui, c’était court comme réponse, surtout pour moi, mais qui avait-il d’autres à rajouter ? J’avais le talent de la conversation, mais seulement lorsqu’il y avait quelque chose à dire. Là, ça demandait juste une réponse positive ou négative. Bon, dans la première solution, j’aurais peut-être pu rajouter les informations que j’avais… Mais en l’occurrence, je déclarais justement ne pas avoir de renseignement à ce sujet. « J’ai posé la question, il a juste évoqué qu’ils avaient pris d’autres chemins. Il n'avait pas l’air chaud pour approfondir le sujet. » Du coup, je n’avais pas posé plus de question à l’homme qui était alors face à moi. « Depuis, je croise les doigts pour qu’il ne soit pas un psychopathe. » Mine faussement sérieuse, je ne tardais pas à rire de ma propre blague. « Je rigole, il a l’air tout à fait normal. » Et puis Londres était une ville qui bougeait tellement qu’il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’un jour des gens partent pour d’autres pâturages. Mon frère en avait été le parfait exemple, il avait profité de la fin d’un contrat de travail pour prendre la route et retourner en Irlande. Les mois, les semaines où même les heures n’avaient pas leur importance lorsque l’on prenait une décision. Si rien ne nous retenait, il était rapide de partir. Cillian n’avait eu que moi, mais comme je n’avais pas été un obstacle, les valises avaient été rapidement bouclées. « Bien-sûr que ça continuera de bien se passer, si tout le monde ce respect, ça marchera. » Et je ne parlais pas juste du fait de dire bonjour lorsqu’on se croisait, non, je parlais aussi du fait de savoir accepter le caractère de l’autre. Ne pas forcer les portes, laisser les personnes à leur solitude si elle en avait besoin. Ce n’était pas parce que l’on vivait tout dans les mêmes murs que l’on devait tout partager et passé du temps ensemble. Nous n'étions pas dans Friends, mais bien dans la réalité, là où tous les caractères n’étaient pas forcément compatibles, mais ce n’était pas pour autant que l’on ne pouvait pas cohabiter. « Ils travaillent, je suis la seule petite étudiante. » Et ceux même si nos âges étaient plutôt proches. Mais là aussi, il n’y avait rien d’étonnant, chacun son parcours. Une fois de plus, le duo que je formais avec Cillian en avait été la preuve.

« J’aime ce que tu dis. Trouver un terrain d’entente, c’est cool, ça veut tellement dire. » Je souriais à cette idée philosophique. Ce n’était pas mon truc la philosophie, mais dire que l’on voulait trouver un terrain d’entente, c’était avouer que l’on s’inquiétait pour l’autre, non ? Pour qu’il se sente bien, sans pour autant altérer nos propres sentiments. C’était beau, j’aimais bien. « Pas vraiment… » Juste checker rapidement le nom des rues aux alentours des événements. « Pour faire simple, Westminster, son palais, sa cathédrale et tout le reste… J’ai souvent traîné dans ce quartier. Du coup, à force, je m’oriente plutôt bien. » Pas de ma faute si les bâtiments les plus connus n’étaient pas les seuls à être intéressant. Tout le quartier avait une architecture intéressante. Et bien sûr, les structures les plus connus avait bien des versants qui n’attendaient qu’à être épluché par des étudiants tel que moi. « Quant au quartier suivant, tout se passe dans les axes principaux. » Donc ça ne devrait pas être trop compliqué à trouver. Dans tous les cas, ils nous restaient nos téléphones et leur fonction GPS, merci la technologie. « Si tu ne sais pas ce que tu préfères, dit ce qui te rend le plus à l’aise. Et comme tu l’as dit, on trouve un terrain d’entente. » Et de préférence, un qui ne met personne dans un état de stress profond. Oui, je sais, je conduis dans la foule, mais pas trop grosse. En-tout-cas, j’espère. Au pire, l’option du demi-tour est toujours possible. « Oh non, je voudrais pas gêner et puis, la distance entre la station et l’appart n’est pas longue. De plus, je peux rester au tel tout le long. Même de grande chance que ça se passe comme ça, je n’ai pas encore appelé mon frère. » Par contre, je lui avais dit que je sortais en ville, donc sûr, il ne dormirait pas à mon retour et pourrait me suivre pendant tout mon trajet. Un sourire passait de nouveau sur mes lèvres alors que Tim parlait de se cacher dans la foule. « Oh, tu sais, il parait que je suis suffisamment bavarde pour deux, donc, au pire, je ferais les questions/réponses. » Je souriais une nouvelle fois. « Et puis, comme tu seras à côté de moi, on ne me prendra pas trop pour une folle. Tu réduis mes chances de finir interné. Je t’en remercie chaleureusement, la camisole, ça ne me va pas. » Il était à mon tour de rire.

Il essayait d’en savoir un peu sur cette coloc’ sans trop comprendre bien pourquoi, quelque part ça devait l’intéresser, mais aussi c’était un sujet qui lui semblait assez simple, il était détaché de ce genre de chose et puis… voilà quoi. Il devait bien il y avoir un autre argument mais il avait bien du mal à le sortir. Il fallait bien avouer qu’il n’était pas très doué à cela, le Timothy. «Oh, d’accord. » fit-il un peu étonné que la personne « chez qui » elle habitait à présent n’ait pas voulu donner plus de détails sur le pourquoi les autres étaient partis. Il y avait quelque chose qui l’inquiétait un peu là-dedans mais après tout, il voulait peut-être juste garder un peu de sa sphère privée. « Oh.. non non non, ça ne veut pas dire, forcément, que ce soit un psychopathe.» tenta-t-il de la rassurer un peu trop maladroitement. Il ne voulait pas qu’elle devienne parano comme il pouvait l’être alors qu’il agissait peut-être juste normalement… avant de comprendre qu’elle avait fait une fausse blague et il se sentit encore plus con d’avoir couru alors que ça devait probablement être une évidence pour les autres. Les joues du garçon s’empourprèrent très légèrement et ne sut pas quoi répondre pendant quelques instants, finalement, il réussit à décrocher d’on ne sait où un léger rire qui se voulait rire amusé. « Whow, tu joues bien la comédie, j’tai totalement cru.» sauver les meubles. Voilà ce qu’il essayait de faire comme s’il craignait qu’elle comprenne que l’humour et le second degré et lui ce n’était pas franchement ça. Il s’était certainement un peu amélioré ces derniers mois, mais il y avait encore à l’évidence pas mal de travail ! Il n’y avait plus qu’à espérer qu’elle le croit et qu’elle ne voit pas trop le trouble qui s’était immiscé pendant quelques instants en lui. Il inspira un bon coup avant d’arriver à ajouter. « C’est cool, si tout est cool.» whoaw. Du grand art cette phrase ! Difficile de faire pire certainement, et il avait présentement envie de se cogner la tronche contre un mur de honte, pour se faire taire et arrêter ce carnage. Pourquoi, pour une fois qu’une fille sympa sympathisé avec lui, est-ce qu’il se comportait comme ça ? Ce n’était pas possible. Turner eut bien du mal à se concentrer de nouveau sur ce que racontait sa comparse mais arriva néanmoins à rattacher un peu les wagons. Concentration. Il pouvait le faire, paraitre le plus normal possible. « Oui, c’est sûr que le respect quand on vit à plusieurs, c’est la base de tout ! Vous avez direct instauré des règles ou vous faites genre… comme vous le sentez dans une certaine limite de… enfin tu vois.» Tim, vraiment tais-toi. «… sont plus âgés que toi ? » Et voilà, qu’il était passé du coq à l’âne sans raison. « Pardon, ça fait vraiment beaucoup de questions… pas franchement utiles.»

Ils avaient continué un peu à discuter, parfois, il se contentait d’opiner, parfois, il l’écoutait notamment lorsqu’elle parla de Westminster et compagnie. Se taire, plutôt que de retomber dans les questions gênantes. Il attendait de pouvoir prendre la parole avec un sujet, une question digne de ce nom. Ca pouvait encore le faire, elle ne semblait pas agacé par lui, alors il pouvait encore rattraper le coup et éviter le fait qu’elle le blacklist suite à cette soirée. « Tu ne me gênes pas, c’est quand même la moindre des choses, je trouve… mais si tu préfères être au tel, je… tu devrais être en sécurité aussi.» Probablement. A vrai dire, il n’en savait trop rien… est-ce que ce n’était pas trop peu de sécurité prise ? Mais elle était assez grande pour décider elle-même. « Ouais, c’pas mal ça que tu fasses les questions réponses, ça me semble une chose tout à fait saine… et  moins risquée.» Il essayait de plaisanter, il espérait que ça se sentait, que son interlocutrice verrait ce qu’il essayait de faire – laborieusement-. Et puis suite à sa dernière phrase, il eut un léger sourire amusé   « Ow ? t comment est-ce que je dois le prendre ? Ecoute, non ne réponds pas, des fois les mystères c’est bien. Ca serait mon mystère du soir, la chose dont je n’aurais pas la réponse mais à laquelle je vais considérer juste que c’est positif.» C’était de l’humour, un peu étrange certes, mais il pensait vraiment bien faire. Au moins, pour une fois, il s’exprimait, il échangeait avec quelqu’un qu’il ne connaissait pas tant que ça, tandis qu’ils continuaient à avancer vers la « petite fête ». Quelque part, il lui tardait d’arriver, déjà par ce que la faim commençait à se faire sentir, mais aussi, par ce qu’il se sentirait mieux une fois qu’il verrait le « terrain » de la soirée et qu’il pourrait un peu l’analyser.

« Merci. » Sourire aux lèvres, je tâchais de faire une belle révérence comme un acteur à la fin d’une pièce de théâtre. « Il faut dire que je m’exerce depuis quelques années sur mon frère entre autres personne. » Oui, mon frère était mon public préféré, j’adorais le faire bondir sur ses pieds à cause de fausse conclusion. Il était protecteur, c’était parfois fatigant, mais il me plaisait d’en jouer de temps à autre, le temps de quelques secondes et ce dernier mettait toujours les deux pieds dans le plat. Quoiqu'avec les années, j’avais noté un peu plus de méfiance à mes paroles dans ce genre de discours. Peut-être pour cette raison que j’avais dû améliorer mon jeu d’actrice. Maintenant, rien ne prouvait que j’étais réellement bonne, mon frère avait l’affect qui jouait, quant à Tim, il n’avait pas l’expérience de Cillian pour discerner mon amusement pour le second degré. Il semblerait qu’il me faudrait encore quelque expérience pour déterminer si j’étais véritablement bonne actrice. En attendant, la conversation continuait de se dérouler et Timothy se lançait dans de nouvelles questions. Il était curieux, il se rendait compte qu’il était curieux, il s’en excusait. Je haussais des épaules, ça ne me dérangeait pas. Et puis même, c’était utile, il poserait certainement des questions auxquelles je n’avais pas pensé. La curiosité était loin d’être un vilain défaut si l’on savait être prudent. « Je ne trouve pas tes questions inutiles. » Au contraire, surtout que j’étais en train de me rendre compte que je ne savais pas vraiment l’âge de mes nouveaux colocataires, je ne mettais pas vraiment arrêté sur ce détail. « Et pour répondre à ta question. Je n’en sais rien. Peut-être, mais pas de beaucoup alors… » Ils semblaient tous deux avoirs un âge plus ou moins similaire au mien. Bon, sûrement une ou deux années en plus. Julian paraissait avoir vécu un peu plus que quelqu’un qui sortait tout juste du lycée. Quoique ça faisait aussi quelques années que j’avais quitté les bancs du secondaire. « Ça m’a pas semblé important. » Pas dans l’immédiat en tout cas, un jour, au détour d’une conversation, je demanderais probablement leur âge. Parce que dans la discussion, l’âge des protagonistes prendrait soudainement son importance. Par contre, je ne pourrais citer aujourd’hui une conversation de ce type, mais je savais qu’elle existait, car j’avais déjà dû répondre à ce genre de question. "Mais au fait, tu as quel âge ?" placer en plein milieu d’une conversation, comme si la réponse a cette question était l’information qu’il manquait pour comprendre tout le reste.

Alors que nous nous dirigions vers notre soirée, l’on parlait déjà du retour de celle-ci. Une histoire d’organisation, mais aussi de sécurité. Oui, la question aurait peut-être posé bien plus tôt, ça aurait été un peu plus intelligent, mais que voulez-vous, l’on ne pense pas toujours à tout. En-tout-cas, nous étions d’accord sur le fait qu’il nous faudrait faire la plus grosse partie de la route ensemble, surtout que nos destinations étaient des quartiers plutôt proches l’un de l’autre -et non séparé par la Tamise comme je le pensais dans un premier temps-. Je déclinais l’offre de Tim de dormir chez sa mère pour plus de sécurité. Je ne voulais pas m’imposer -oui, ça m’arrivait- et surtout, je ne trouvais pas à distance qui me resterait à faire si dangereuse. « T’inquiètes, je le serai. Et en plus, je sais où frapper. » Une idée de mes parents de nous inscrire à des cours de défense adolescents. Leurs espoirs étaient plus basés sur le fait que l’on pourrait apprendre des choses utiles que réellement aimer en faire. Étonnamment, ça avait été un bon défouloir, j’avais prolongé le temps de mon lycée avant de stopper définitivement. « Moins risqué ? » Je lançais un regard interrogatif à mon camarade de route. « Tu trouves tes questions ou tes réponses risquées ? » Et qu’entendait-il derrière ce mot risqué ? C’était étrange comme concept. « Je t’accorde qu’avec un mot mal placé, l’on peut blesser, mais de là à parler de risque. » Quoiqu'oui, peut-être… Il est vrai que je ne le connaissais que très peu Tim. « Tu veux qu’on mette un mot alerte en place ? » Un mot complétement déluré que l’on utiliserait pour dire que là, la conversation, on ne l’aimait pas et que l’on voulait changer de sujet ? C’était facile à faire et ça éviterait peut-être les conversations risquées… Un rire sorti de ma gorge alors que j’entendais Tim demandait comment il devait prendre le fait qu’il m’évitait la camisole avant de me demander de ne pas me répondre. Ainsi, ça resterait son mystère de la soirée, qu’il considérerait comme positif. « Ok, je ne dirais rien. » Un sourire coins, je me retenais de lui dire que pour une personne extérieure, je paraîtrais moins folle de parler à lui que de parler à un lampadaire. L’image m’amusait donc seule, mais j’aurais eu plaisir à partager.

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Quelques pas plus tard, quelques conversations plus tard, quelques minutes écoulées et nous voilà arrivés dans le quartier ciblé. Sur le chemin, nous avions croisé quelques visages. À l’approche du nouveau quartier, quelques autres groupes nous avaient rejoint dans la marche un peu plus devant ou derrière nous. Oui, le monde, c'était étoffé, mais ça restait tout de même éparpillé. Une fois dans le quartier animé, un bûcher de palette nous accueillez au centre de la place. Le feu n’avait pas encore était mis, mais la marionnette censée représenter le traître était déjà placé au-dessus. Des hommes s’affairaient alors autour du tas de bois pour trouver la meilleure approche. Des barrières de sécurité tenaient les trop curieux éloigné, une mesure plutôt intelligente lorsqu’on voyait ici et là des enfants courir. « Ils n’ont pas encore allumé le feu. » L’air n’était donc pas encore réchauffé, mais au vu de la taille du bûcher, quelque chose me disait que l’on pourrait facilement se réchauffer à distance. Si un peu de monde avait commencé à s’agglutiner autour des barrières de sécurité pour voir le feu partir, j’entraînais Tim sur les abords de la place. La circulation était facile, personne ne se bousculait, il n’y avait pas besoin de jouer des coudes pour se frayer un chemin. C’était même tout le contraire, ça ressemblait plus à un petit rassemblement de quartier qu'à une grosse fête pleine de monde. Des tables avaient été installées pour permettre aux gens de manger. Là, par contre, toute les place était prise. Il n’y avait pas vraiment d’espace de libre et dès qu’un groupe se levait, la place était occupée derrière. C’était peut-être l’endroit où il y avait le plus de monde. On l’éviterait, manger debout, c'était bien. Justement, nous faisions face aux différents stands de nourriture qui avait été installée pour l’occasion. « Qu’est-ce qui te tente ? » C’était là que des points temporaires, mais aux extrémités de la place, nous pouvions apercevoir l’agitation des Pubs du coin qui démontrait qu’eux aussi été prêt à accueillir du monde.

Il eut un léger rire lorsqu’elle fit une révérence et secoua un peu la tête, amusé. C’était fou, comme avec elle, beaucoup de choses semblaient beaucoup plus simples. Le pourquoi du comment il n’en savait trop rien. Il n’allait pas s’en plaindre loin de là, même ! Le tout était de maintenant répondre quelque chose qui resterait dans la vague de la bonne humeur et c’était déjà peut-être un peu plus compliqué pour lui. Son humour ne faisait pas forcément rire les gens – pour peu qu’il en est un-, et il ne voulait pas casser ce petit moment. Il essayait, depuis des années de se coller un maximum à l’humour des autres. « Visiblement, il a su bien y survivre, c’est que tu ne dois pas être plutôt bonne, sinon, il aurait certainement eu envie de te tuer !» Voilà, ça devait ressembler à ce que disaient les gens de leurs âges, même s’il n’en était pas sûr et c’était au final sorti avec assez de facilité sans qu’il ne recherche trop. Ceci dit, si elle était si bonne comédienne peut-être qu’elle faisait tout simplement semblant de ne pas trop s’ennuyer. Il retroussa le nez pendant quelques instants avant de chasser cette idée de son esprit. Non, elle n’était certainement pas comme ça. Il ne la sentait pas assez fourbe, elle était juste gentille et généreuse, quelqu’un de plutôt drôle. Il avait finalement réussi à laisser quelques questions de côté pour en poser d’autres qui lui semblaient quand même beaucoup plus intéressantes, pour une fois, il était assez curieux et osait – ou plutôt tentait- de s’investir un maximum dans la conversation. C’était compliqué pour lui malgré et lui demandait beaucoup d’énergie d’essayait de ne pas trop dériver, mais… il faut bien l’avouer, il était quand même plutôt content du résultat et vu qu’elle ne se vexait pas, ou ne prenait pas la mouche elle lui rendait les choses encore plus faciles. Malgré tout, le naturel revenait vite au galop. Est-ce qu’il n'en faisait pas trop ? Et puis ces questions de colocations était au final intéressant à ses yeux, dans un cadre qu’il connaissait à peu près, même si en faire avec des inconnus ne lui serait jamais venu à l’idée. Sovahnn était la coloc parfaite, même si quelque part peut-être que ça l’aurait fait sans trop de problèmes avec Lewis ; il avait quand même fini par choisir son amie d’enfance qui était quand même beaucoup plus agréable, avec des tendances… et bien moins tendancieuses. Lorsqu’elle lui répondait à ses nouvelles questions, il opina doucement et lui fit un léger sourire. « C’est bien, ça reste quand même plus facile d’avoir certains points communs.» En théorie, oui, c’était plus simple d’avoir les mêmes affinités, les mêmes références lorsqu’on était du même âge ; mais il savait quand ce n’était pas le cas pour tout le monde. Eireen semblait vraiment heureuse et satisfaite, c’est qu’elle devait être en sécurité et qu’elle allait pouvoir s’épanouir comme il le fallait. Et lorsqu’elle lui dit que cela ne lui avait pas paru important, il opina de nouveau, c’est vrai que ça ne l’était pas du tout, un âge n’était qu’un chiffre sans grande importance. Néanmoins, c’était une question simple qui lui semblait dans la norme et c’est bien pour cela qu’à la base il l’avait posée.

Ils n’avaient même pas commencé vraiment leur soirée que déjà ils parlaient du retour, et il n’était pas très enclin à la laisser rentrer seule trouvant ça un peu plus dangereux pour elle que pour lui même s’il pouvait se tromper et qu’un détraqué pouvait bien débarquer et s’en prendre à n’importe qui. Statistiquement, les femmes étaient des meilleures cibles, et il ne tenait pas à ce qu’elle en subisse les conséquences. Et sa réponse, bien qu’elle ne l’ait pas convaincu, n’admettait pas vraiment de contre-argument et il ne voulait pas s’imposer plus que cela. « D’accord, comme tu le sens.» avait-il fini par battre en retraite rapidement, avant qu’ils ne s’embarquent dans un nouveau sujet, où cette fois, il tira un peu une moue incertaine.  Il ne savait pas bien quoi répondre à cette nouvelle question et choisi donc une facilité certaine en haussant les épaules comme pour dire « laisse tomber c’est sans importance ». Une fuite assez lâche mais qui allait éviter certains désagréments, il en était certain ! On se calme Turner, tout va bien ! Il avait donc tenté de détendre un peu l’atmosphère d’une autre façon, même s’il n’était toujours pas bien certain de son coup… et, heureusement, il avait vu juste vu le rire qu’elle eut. Il retint tout juste un soupir de soulagement. Hey, c’est qu’il s’améliorait un peu ! « Tu es vraiment trop bonne avec moi.» avait-il ajouté un léger sourire sur les lèvres.
Ils étaient enfin arrivés au lieu voulu, le feu n’était toujours pas allumé, il y avait un peu de monde mais encore quelque chose de gérable pour lui. Mais pour combien de temps ? « Ouais, je pense que ça ne devrait pas trop tarder», avait-il glissé après avoir jeté un coup d’œil sur sa montre en réponse à ses dires. Il l’avait ensuite suivi un peu plus loin afin qu’ils ne se soient pas coincés avec des gens qui s’agglutinaient contre les barrières. L’idée d’être si collés aux autres avait un caractère effrayant pour lui-même s’il ne ferait aucun commentaire là-dessus. Cette initiative qui ne venait donc pas de lui avait donc quelque d’autant plus satisfaisant. Maintenant, le plus compliqué serait certainement de trouver une place pour manger – et surtout de quoi est-ce qu’ils voulaient se repaitre-. « J’sais pas trop. J’aurais bien des sushis… mais ça risque de ne pas être super pratique. Un kebab ça pourrait peut-être pas être mal ? Assis ou debout c’est fait pour…» Il désigna d’un coup de tête un stand un peu plus loin « J’crois-là avoir vu des falafels ou des trucs comme ça, ça pourrait sûrement aussi le faire !» Il se tut quelques instants « Tout dépend ce qui te tente le plus ! J’avoue que je crois que tout me va ! Même si une nourriture chaude nous ferait du bien ! » Vu le froid ambiant pouvoir se réchauffer un peu serait une bonne idée – et pourtant c’est lui qui avait proposé les sushis, mais c’était une faiblesse énorme chez lui, il aimait beaucoup trop ça-.

Après que Tim ait proposé plusieurs solutions alors que je lui avais demandé ce qui le tentait la plus, je comprenais que le choix pourrait prendre du temps si l’un de nous ne se décidait pas rapidement. J’écoutais ainsi d’une oreille distraite son argumentation tout regardant ce qui se trouvait à notre disposition autour de nous. Pas à dire, plus il y avait de choix, plus compliqué ça devenait. Tous semblaient tentants sous un aspect. Finalement, n’était-il pas plus simple de choisir lorsque les choix étaient limités ? Certainement, mais là aussi, il pouvait y avoir un piège. Le manque de choix en nourriture n’avait pas le même impact que le manque de choix dans la vie. Le second diminuait de beaucoup la liberté de chacun. « Je choisis Kebab. » Déclarais-je sans vraiment prévenir. L’argumentation de Timothy se valait, mais c’était aussi un peu du hasard, un peu le résultat d’un "se sera toi au bout de trois" mental, car en vérité, la nourriture importait peu. C’était histoire de se remplir le ventre alors qu’on se fondait dans les traditions anglaises. Une fois placé dans la bonne file d’attente -qui cinq personnes devant nous, raisonnable- je me tournais une nouvelle fois vers Tim. « Je viens de me rendre compte d’un truc. » Et aussi étonnant que ça pouvait le paraître, oui, je venais seulement de m’en rendre compte. « Tu m’as posé plein de questions sur ma nouvelle coloc, mais je ne sais rien de la tienne. » Pas tout à fait vrai, ils vivaient au sud de Londres, bon, c’était une localisation grossière, mais c’était déjà ça. « Vous êtes combien ? Vous vous connaissiez avant ? » Soudainement, la monter de ma curiosité me revenait en puissance dans la figure, tout comme le caractère bien plus réservé de mon interlocuteur. « Bah, si tu permets les questions, hein. » Je lui apportais un sourire, rien ne l’obligeait à répondre, mais j’avouais que maintenant, j'étais curieuse de découvrir dans quelle vie il évoluait. Il avait dit quelques minutes plus tôt que vivre au sud lui avait pas mal compliqué les choses pour les cours, mais en parallèle, que ça valait le coup. Si je pouvais déduire de ses paroles que la vie en colocation semblait lui plaire, je devais aussi reconnaître que c’était bien la seule chose dont je savais.

Au fur et à mesure que les gens passaient leur commande devant nous, la foule restante se rassemblait autour des grilles qui entouraient le tas de palettes. Le déroulement de l’agitation nous laissait toujours en retrait de l’afflux de monde, ce qui nous évitait toute bousculade par le plus grand des hasards. Finalement, nous étions peut-être arrivés à tant pour être le moins incorporé dans les différentes marré humain. Si je m’interrogeais quelques secondes sur ce mouvement, la réponse, nous vient assez rapidement et facilement. Il était l’heure d’allumer le feu et le monde voulait être au premier rang. Les enfants devant les parents, certains sur les épaules ou dans les bras des derniers, tous attendaient que le feu monte jusqu’à la marionnette. Le temps était alors venu de prendre à notre tour notre commande et en attendant qu’on nous la prépare, je tournais ma tête vers le feu qui commençait à dépasser la foule pour briller dans nos yeux. « J’avoue, c’est ma première Guy Fawkes Night, en Irlande, on fait des bûchers, mais sans marionnette au-dessus et surtout plus au printemps… Bref, on se les gèle moins. » Ah, il est sûr qu’au feu de la St Jean, on avait moi de couche de vêtement sur le dos, mais bon, chaque pays avait ses traditions et ceux même si nous étions proches les uns des autres. « De ce que j’ai lu et qu’on m’ait raconté. Les marionnettes pour les bûchers sont faites par les écoles locales, histoire que les enfants participent à l’événement. » Ça avait un côté un peu morbide lorsqu’on y pensait, la marionnette représentant tout de même un être humain, mais bon, parfois, les traditions, il ne fallait pas chercher non plus. « Au moins, ça réchauffe la soirée. » Et ceux, même si le bûcher n’était pas aussi grand que ce que j’avais pu voir dans le passé. Il faut dire que nous étions au centre d’un quartier résidentiel, c’était bien différent du grand tas de palettes qui animait parfois la St Jean et qui se trouver dans un champ.

Non, vraiment choisir pour plusieurs personnes était vraiment un casse-tête, surtout qu’il n’était pas certain de ce qu’il voulait réellement à cet instant T. Heureusement pour lui -pour eux- Eireen, elle semblait beaucoup facilement savoir faire la part des choses et c’est ainsi qu’elle avait choisi le kebab. Il opina doucement du chef, un faible sourire sur les lèvres tandis qu’ils s’installaient dans la bonne file d’attente : et ça ne serait pas long avant qu’ils puissent commander, il n’y avait qu’une petite poignée de personnes avant eux. L’instant suivant, sa nouvelle camarade avait repris la parole, il la regarda un peu en biais, n’osant pas trop la regarder directement dans les yeux. Il essayait en même temps d’analyser toutes les paroles, fronçant un peu les sourcils lorsqu’elle parla de la colocation. Pendant un instant, il s’inquiéta un peu, se passant une main dans les cheveux, presque nerveusement. Il ne devait pas merder dans la réponse, mais en même temps pour l’instant, il n’y avait aucune raison de faire une bourde. La magie et compagnie était très loin de tout ça. Se calmer. Juste répondre à la question de la façon la plus basique et normale qui soit… après tout, c’était le genre de conversation que tous gens de leurs âges devaient avoir. La base. Il se racla alors la gorge « Avec une seule personne.» A vrai dire, deux si on comptait Liya, mais… c’était un tout petit bébé et, par prudence, pour l’instant il préférait ne pas parler d’elle. Stupide. Il était stupide d’être parano à ce point-là, mais il n’arrivait pas à faire autrement. Mettre en danger Sovahnn et Liya était quelque chose d’impensable à ses yeux. « Et c’est une amie d’enfance, on était voisins quand on était…. Plus jeunes, même si vu notre âge le « plus jeune » c’est un peu bizarre. Bref, il y a quelques années…  Et voilà, aujourd’hui on est en colocs ! On se connait bien donc c’est plutôt cool. » Il avait passé, éludé tous les passages compliqués, tout comme le fait qu’il y avait souvent du monde qui squattait à l’appart. Ne pas donner trop détails, dire néanmoins la vérité -ou la chose la plus proche de la vérité- pour ne pas se planter plus tard si jamais on lui reposait une question assez similaire.

Turner essayait de se concentrer au maximum sur Eireen afin de ne pas trop penser à tout ce qui pouvait se passer autour d’eux. Même s’il n’y avait encore pas trop de mondes, il avait quand même l’impression que plus les minutes passaient, plus tout cela ressemblait à une marée humaine et ce n’était certainement que le début. Les places au premier rang ne seraient pas pour eux et tant mieux, il préférait se mettre un peu plus loin mais pouvoir respirer. Les deux camarades purent bientôt commander et il n’hésita pas à se faire plaisir… Il se dandina quelques instants avant de glisser timidement « J’peux payer pour nous deux ? Pour te remercier de…. De tes recherches…» Ouais, il pouvait certainement dire ça comme ça ; et si elle ne voulait pas et bien, il n’insisterait pas. Et pendant ce temps-là le feu commençait à prendre. Parfait, ils allaient avoir leur nourriture pile au bon moment, le timing semblait presque parfait.  Elle lui expliqua que c’était la première fois qu’elle assistait à ça et il ne tarda pas à répliquer « J’avoue que même en habitant ici… ce n’est pas une fête à laquelle j’ai jamais trop participé… Beaucoup trop de monde.» Bon, il y avait d’autres explications mais celle-ci lui semblait quand même la plus plausible. Dans sa plus grande enfance, il avait déjà dû venir un peu… mais en réalité ce n’était pas le genre de sortie qui le bottait le plus… même si aujourd’hui, avec Eireen, il se sentait quand même pas trop mal. « C’est vrai qu’au printemps, ça me semble quand même une meilleure idée… » Quelques instants de silence « On a fait pas mal de travaux divers et variés, mais j’me rappelle pas avoir participé à ce genre de choses, ou alors j’lai occulté.» Par ce que ça ne l’intéressait pas, par ce que ça ne l’avait pas marqué. Il eut un léger rire lorsqu’elle parla que cela réchauffait la soirée, effectivement vu comme cela, c’était certainement les propos les plus appropriés, même si de là où ils étaient-ils n’étaient au final pas si réchauffé que cela. Tournant la tête sur le côté « Tu as froid ?» L’instant d’après, ils avaient récupéré la nourriture et pouvaient enfin déguster leur  « met ». «ca aussi, ça va nous réchauffer un peu ! Et avec la digestion, je crois qu’on sera pas trop mal. » tenta-t-il de plaisanter, même si au final il n’était pas certain que ce soit si marrant que cela. Il verrait bien.

Les minutes paraissaient toujours plus longues lorsqu’on attendait. Que ce soit dans une salle d’attente chez le médecin ou dans la file qui conduisait à la nourriture que l’on avait choisie. Quoique dans la première situation, les minutes s’étiraient encore plus qu'à cet instant. Car certes, nous attendions, mais au moins l’on pouvait la progression au cours des minutes. Chez le médecin, c’est juste long, sauf quand c’est à son tour, là, on a l’impression d’être resté à peine deux minutes en compagnie du professionnel… Oui, ce n’était pas le sujet du jour, donc revenons à nos moutons, ou plutôt à nos kebabs. En attendant que la file s’appauvrisse, je questionnais mon ami à propos de sa colocation, puisque j’avais réalisé que je ne savais rien de cette dernière. Tim semblait hésiter un instant avant de répondre, je ne tiltais pas plus que ça, il était timide, pour moi, c’était lié. Qu’il s’emmêle légèrement les pinceaux en parlant me faisait légèrement sourire, je n’étais pas la seule finalement. Je décidais de lui venir en aide. « Je comprends, t’inquiète. Et puis, théoriquement, on est plus vieux qu’hier, mais plus jeune que demain. » Je lui souriais tout en réalisant que je ne l’aidais peut-être pas temps que cela finalement. Donc… Une seule colocataire et cette dernière étaient une amie d’enfance, ça devait être cool, je lui glissais une allusion à Ce propos. Personnellement, mes amis d’enfance étaient en Irlande et bien que j’en avais croisé quelques-uns lors des dernières vacances d’été, c’était finalement plus par hasard que parce qu’on avait gardé contact. Les réseaux sociaux nous liaient toujours, mais si je voulais être réaliste, il me fallait avouer que je m’étais éloigné de la plupart. L’université élargit les horizons, mais pour faire ceci, elle doit éparpiller les âmes.

Plus tard, Timothy reprenait la parole pour demander s’il pouvait payer pour nous deux, afin de me remercier des recherches que j’avais faites pour la soirée. « Pas besoin de me remercier pour ça. » En gros, c'était non. Non pas que j’en avais contre une quelconque galanterie, mais parce que je savais qu’il était étudiant tout comme moi. Et que dans ce contexte, j’aurais vraiment l’impression de lui devoir quelque chose par la suite. Or, je trouvais avoir déjà bien abusé de sa générosité en l’embarquant non loin d’une grande foule. Tim ne contestait pas, j’en déduisais qu’il n’y aurait pas plus de débat et que chacun réglerait sa part avant de faire glisser la conversation sur le thème de la soirée. C’était ma première Guy Fawkes Night, car si j’avais grandi tout près de la Grande-Bretagne, j’étais finalement une descendante de la révolution irlandaise, puisque j’avais grandi en République Irlandaise. Les conflits n’étaient plus, mais du coup, nous ne célébrions pas la Guy Fawkes Night -par contre, les Anglais célébrés autant que nous la Saint-Patrick, mais pas aussi bien, il nous faut l’avouer-. « Et cette année, il a fallu que je t’y traîne. Désolé. » lui disais-je alors qu’il m’expliquait qu’il n’avait jamais participé à une telle célébration avant cette année à cause de la foule. Il enchaîna ensuite sur le fait qu’il n’avait pas souvenir d’avoir fait des travaux manuels en lien avec l’événement plus jeunes. « Peut-être que toutes les écoles ne le font pas. J’avoue, j’ai surtout lu ce qu’en a dit Internet, je n'ai pas osé poser trop de questions. Pas en vie de passé pour l’Irlandaise chelou. » J’accompagnais mes paroles avec une légère grimace avant de récupérer ma nourriture pendant que Timothy me demandait si j’avais froid. « Non, ça va. T’inquiètes. » Un nouveau sourire et nous nous éloignons de stand pour nous placer un peu plus en arrière, loin de la foule, mais puisque nous étions un peu plus en hauteur sur la place, nous avions vu sur la montée des flammes sur la structure.

Dans notre coin, nous n’étions pas seuls, mais, contrairement aux abords du feu, nous avions suffisamment de place pour bouger, nous pouvions même danser si on l’aurait voulu. Bref, vous l’aurez compris, nous n’étions pas seuls au monde, mais nous étions bien loin de la foule. De toute manière, nous ne restâmes pas longtemps. Une fois le repas ingéré, nous descendions la place pour nous lancer dans les rues qui conduisaient à la Tamise. Une fois encore, alors que nous avalions les pas, nous discutions d’une chose, puis d’une autre. Nous avions fini par trouver un muret pour poser nos fesses loin du monde, mais avec la vue sur le parc qui se trouvait de l’autre côté. D’autres individus s’ajoutèrent à l’approche du tirage, mais pas grand monde finalement. Si les conversations se faisaient encore entendre, tous s’interrompraient lors des premières fusées. Le ciel s’éclairait alors de lumière pendant quelques minutes qui, à présent, passaient une vitesse impressionnante. Pas à dire, le temps a sa relativité. En-tout-cas, à la fin de l’animation, nous prenions le chemin du retour en tâchant d’expliquer à l’autre quel était notre fusée préférée. Exercice pas si simple que ça.