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Ven 5 Mai 2023 - 11:30


Lundi 5 Décembre 2016
Au alentours de 23h30

Concentrée, les traits tirés à la fois par la fatigue et les questions, Jane tente de faire le vide dans son esprit. Occlumens depuis des années c’est devenu une gymnastique réglée comme du papier à musique. Un par un les blocs se referment, emprisonnant ses pensées pour les rendre hermétiques à qui voudrait s’y aventurer.
Une sorte d’autohypnose, mélange de méditation et d’autre chose qu’elle a appris auprès d’une femme qu’elle admire tant qu’elle a décidé d’utiliser son prénom comme Alias. Grace.

Grace Clark.
La nouvelle elle.

Une femme qu’elle apprend à découvrir et accepter chaque jour un peu plus sans pour autant avoir totalement embrassé cette nouvelle identité. Si on l’appelle dans la rue se retourne-t-elle ? Doucement, cela devient une habitude. Un automatisme.

Isolée dans le silence la sorcière à la peau dorée par ses origines scrute son visage dans le miroir auquel elle fait face. Quelques marques du temps que l’on ne peut nier, de nouvelles rides liées au stress et à la fatigue accumulés ces derniers mois. La vie, simplement, ainsi elle ne leur fait pas la guerre à ces traces du temps et des épreuves. Une frise, une carte, ils marquent son évolution quelle qu’elle soit et à cette pensée un sourire incurve le coin de ses lèvres.
Cheveux noués en une longue natte qui lui descend jusqu’à la moitié du dos, Jane a enfilé des vêtements souples dans lesquels elle pourra se déplacer avec aisance. Contre son cœur c’est sa fille qu’elle porte, une façon de parler bien sûr mais Amalia devient armure. Une promesse de devoir rentrer à la maison quoi qu’il arrive. Ce n’est pas une guerrière qui se tient debout face à elle-même, simplement une femme déterminée et engagée dans une Cause en laquelle elle croit profondément.

Aider son prochain, aider ceux qui en ont le plus besoin alors même que leur propre Gouvernement les a abandonnés. Ils étaient censés les protéger, c’est bel et bien tout l’inverse puisqu’ils les traquent, les enferment, les malmènent. Si Jane n’avait pas ses émotions sous contrôle en cet instant elle pourrait sentir la flammèche de colère faire bouger le bout de ses doigts alors que son regard ne cille pas. Aucun survivant. Trois survivants. Tant de morts inutiles, injustes, une intolérance qui brûle l’âme des concernés.
Benjamin ne sera pas là ce soir, pas plus que ses alliés ni Leroy. Elle le sait, ils auraient été plusieurs à vouloir faire plus mais la raison prend le pas sur le reste. Trop à perdre, l’aide précieuse qu’ils apportent à ceux qui passent au travers des mailles est trop importante.

« Tiens, mets ça. »

Jane ne sursaute pas lorsqu’un autre visage apparait dans le miroir, pas plus lorsque sa voix perce le silence. Sur ses épaules Lana dépose une sorte de gilet que la sorcière enfile en fronçant les sourcils d’expression. Le vêtement semble lourd au toucher, il ne l’est pas du tout à porter malgré la facture solide évidente « Qu’est-ce que c’est ? » Elle ne regarde pas l’autre femme directement, lui parle à travers le reflet du miroir quand leurs deux regards s’accrochent « Du Kevlar ensorcelé. » Jane arque un sourcil « L’équivalent d’un gilet pare-balles. » L’ancienne Auror est pragmatique, presque froide, l’Anglaise sait qu’il ne s’agit pas de mépris envers les autres mais simplement de sa façon à elle de se concentrer avant de partir en mission. Les deux mains posées sur le gilet, Jane encaisse le choc provoqué par les mots et ce qu’ils représentent puis hoche la tête en un merci silencieux. Lana est celle qui assurera sa sécurité là-bas, son regard dans la nuit, son assurance vie. Elles ne seront pas seules et Jane se sait en mesure de se défendre mais elle n’a pas l’entrainement ni l’expérience de celle qui a tout l’air d’être un soldat dans l’âme. Elles ne se connaissent pas depuis longtemps mais le feeling est là, la confiance surtout.

Lana s’éclipse comme elle est venue, Jane retourne à son face à face silencieux avec elle-même. Un coup d’œil à sa montre, il est temps d’y aller.


Si André dit vrai ils sont trois à extraire et récupérer ce soir. Trois mordus depuis le mois dernier ou celui-ci, des survivants prisonniers des geôles d’un Ministère que Jane regrette encore parfois. Pas pour ce qu’il représente aujourd’hui mais bel et bien pour ce qu’il a été, et ce qu’il devrait être.
Postés au abord des bâtiments qu’on leur a indiqué, à couvert et masqués par l’obscurité comme par la Magie, la petite équipe composée de quatre personnes attend patiemment le dernier maillon de leur chaine. Lana, elle-même puis deux Shadows dont le visage est entièrement couvert.
Recommandé par Niall comme par Benjamin, Jane n’a jamais émis le moindre doute vis-à-vis de celui qu’elle s’apprête à rencontrer pour la première fois. Médicomage de formation, habitué aux combats et capable de prendre en charge des êtres particuliers, il est sur le papier le candidat idéal.

Le froid est humide ce soir, presque mordant, la brume qui s’évade entre les lèvres pourrait trahir la présence de ces êtres impatients.  
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Jane I. Wilson
Maman Jane
Jane I. Wilson
Jane I. Wilson
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Jane I. Wilson
Dim 14 Mai 2023 - 0:01

Dimanche 4 décembre - 19h

“Bon allez j’vais y aller, j’ai à faire.” Repousse la chaise, détend le dos, ferme un instant les paupières.
“Ça va aller demain ?” La voix de Niall s’élève, posée, comme toujours. Alors lorsque le regard du toubib tombe sur celui du flic, ce dernier l’observe de trois quart. Un sourire passe sur les lèvres de l’ancien soldat, répond d’un assentiment du menton. Un silence doux, assuré. Pas le moindre doute chez le médicomage. Le temps n’y est plus, la parole est engagée. Oui, ça ira.
“Si ça va pas, t’auras qu’à t’en prendre à ceux qui m’ont recommandé.” Un clin d’œil rejoint le sourire étiré en coin alors que l’homme se lève en esquissant un rire léger. Respect et amitié sont nés dans des cadres différents pour Ben et lui, mais toujours professionnels. Les risques qui y sont liés sont acceptés depuis longtemps, tout autant que l’humour parfois mal cadré qui s’y associe. Plus simple ainsi, comme dans tout milieu soumis à certaines pressions. Alors le rire l’accompagne lorsqu’il lâche une tape amicale sur l’épaule de son ami et collègue avant de désigner la bière qu’il mettra dans l’évier. “Merci pour le verre.”

Dimanche 4 décembre - 21h30

“Tu passes me voir avant d’y aller demain ?” Les ongles longs passent contre son torse quand un souffle s’égare sur sa nuque. Sa main les rejoignent, se pressent sur les phalanges brûlantes.
“ça va aller Néo….” Un sourire lancé en arrière, rassurant et posé.
“Je sais, c’est pour te déconcentrer un peu, il faut bien te forcer à déconnecter parfois…”

Toi aussi c’est l’humour qui te fait tenir face à l’angoisse d’une nouvelle perte, n’est-ce pas ?

Dimanche 4 décembre - 22h30

“Vas-y, annonce moi la couleur, j'viens faire des heures sups !” Les pas claquent sur le carrelage, le vrombissement de l’hôpital de la Garde lui répond, rassurant tandis que Sanae, un peu plus loin et arrêtée entre deux chambres de patients, se retourne vers lui. Elle tique, s’étonne, doit s’interroger sur la date. Puis les sourcils froncés laissent place au sourire en coin et à l’air moqueur qu’elle porte avec la blouse comme d’autres porteraient la mine sérieuse des adultes…
“Qu'est-ce que tu fous là, toi? Tu sais que quand t'es pas appelé, tu peux rester à baver sur Neo plutôt que d'enfiler une blouse qui te fait un teint de cadavre?”
…Tout comme lui porte son rire, plutôt que les angoisses de la mission à venir.
“NAN ?! Ça m'va pas ?! Mais j'ai fait cette carrière QUE pour mon potentiel sex-appeal avec la blouse blanche moi ! Mon monde s'effondre..." Ses traits se froncent dans une mimique amusée alors que d’un geste, Maxence passe attraper la dite blouse, l’enfile et embraye le pas à sa collègue. "Dis moi qu'on a des trucs marrants. Ou au moins sur ta journée, faut bien que j'en profite un peu avant la semaine prochaine !” Histoires de famille qu’elle a dit. Ce qui veut tout et rien dire, mais au vu des derniers évènements, peut être lourd à porter.

Elle s’arrête ; lui aussi, avec un temps de retard; se retourne interrogateur. Mais l’air n’a rien de grave et passe sur lui de haut en bas, déjà affublée d’une grimace. "Change de carrière, mon grand."
Le rire éclate, bien sûr, frappe les murs et attire le regard d’un homme aux bras chargés, un peu plus loin.
Le mouvement repart, le boulot avec lui. "Hm. On a trois brûlures, une épaule démise, des oreillongoules pour la petite de la salle de soins 3, et ...une fracture de la hanche. Rien de grandiose.” “Hm..chiant.” Les traits se ferment, déçu. Pas ouf… “MAIS....” Et se rouvrent en lui jetant un coup d’oeil. Doigt levé, quelque chose de brillant dans le fond des prunelles : Elle tient un truc. “ .... toi qui est intelligent, tu me demanderas "Sana, comment Monsieur Wilkins s'est-il cassé la hanche?"...” Imitation de qualité. “…Et je te répondrais : “quand un couple est forcé de rester six semaines cachés dans une planque secrète, ce n'est pas étonnant de les voir essayer de ...passer le temps...dans des positions....spéciales."..” Un large sourire pour appuyer ses propos quand les traits du toubib s’éclairent joyeusement. “Aaaah, moins chiant !” Avant de se fendre d’un rire franc et vif. “..ça faut faire un truc pour que je l'oublie pas, pitié !"
Le couloir défile. Quelques coups d’oeil sur les notes qu’elle tient, histoire de graver les infos dans sa mémoire. “ 'Pas grave : tant pis pour mon sex-appeal, faire ce job pour les ragots ça me va aussi”
Et de lui répondre avec le même rire "Je fais ce job QUE pour les ragots." Les notes passent d’une main à l’autre, les pas ralentissent, la chambre approche. “Et pour l'occasionnel rush d'adrénaline évidemment.”
“Évidemment !”

Lundi 5 décembre - 00h50

Les deux jambes posées sur la table de la salle de repos, un coup d’oeil sur la potion wiggenweld qui boue tranquillement et à laquelle il faudra ajouter les épines de poisson-diable lorsqu’elle virera au rouge.

“Ça va aller avec tes histoires familiales ?”

Sanae, un peu plus loin, avale une gorgée de café et pose sur la table sa tasse avant d’attraper dans l’armoire du sang de salamandre dont il aura besoin un peu plus tard avec la potion. "Hm? Oh oui, juste des trucs chiants à faire."
Évasive, donc. Un instant, Maxence l’observe sans trop savoir si elle esquive le sujet ou si “véritablement, ça va”. Un instant de trop, car en revenant sur la potion, celle-ci a viré au rouge et dans un sursaut, le toubib y balance les épines en se redressant d’un bloc.
Bons pour attendre quinze minutes que l’orange dont elle se charge passe au jaune. Une longue cuillère en bois touille seule l’ensemble et lorsque Maxence relève le regard, il croise celui de Sanae dont le rire silencieux devient plus mordant.
“Fous toi de moi ! ‘Tu te marreras moins quand j’aurais foiré ton job et qu’un tournesol poussera sous l’aisselle de Maidana !” Un patient.

Dans un souffle amusé, Maxence jette un dernier regard sur la potion et se redresse, étire son dos, lâche un petit rire déjà entre-coupé de la surprise qui le chope lorsque son amie lui balance la fiole de sang. Le flacon manque de tomber, bien sûr, et bien sûr s’en suit un échange de regard à base de fausses accusations muettes, de défi et de “tu l’emporteras pas dans la tombe celle-là”. Ainsi si la fiole termine sa course près du chaudron, Maxence abandonne son poste pour passer près de Sanae, boire quelques gorgées de son café, la faire râler, et enchaîner malgré tout sur un “T’hésites pas si besoin.” plus sérieux.

Mais puisqu’aucune réponse en ce sens n’arrive, Maxence s’esquive. Non avec douceur et respect dû à un moment douloureux, mais avec une vivacité joyeuse.

“Bon ! Go !J’te laisse ta potion, je vais demander à Wilkins c’que c’était comme position.” Et Sanae de se retourner, le visage figé d’une expression surprise. Dans l’entrebâillement de la porte, les deux mains sur le chambranle et le sourire aux lèvres, Max la fixe un instant puis lève les sourcils ; et disparaît.

Lundi 5 décembre - 1h40

“Il y a des restes dans le frigo..”
“Nella ? Encore debout.”
“Zidanta et ses soins…” Un petit sourire fatigué se trace sur le visage de sa colocataire. Calme ; serein même.
“ ça se calme ?” La petite sombrale, dont la patte a mal répondu aux dernières interventions.
“Doucement, oui… Les nuits restent compliquées mais je commence à en voir le bout.”

En glissant sa main dans son dos, Maxence passe près d’elle, contourne la table, récupère sa tasse pour la remplir de café fumant. La conversation durera le temps de se remplir le ventre, de proposer de passer voir Zidanta le lendemain vers quinze heures pendant qu’elle est au travail, d’abandonner l’idée de rester aider cette nuit.
D’ordinaire, Maxence le ferait mais derrière ses bêtises de la nuit, l’envie d’alléger les prochaines heures existe bien. Ces dernières le séparent de la mission à laquelle il s’est décidé de s’associer. Elles filent, ne cesse de lui échapper. Lui rappellent, surtout, qu’il remets le pied à l’étrier, que tout ça c’est vieux, qu’il n’a jamais aimé les champs de bataille. Et pourtant, cette décision vient de lui. Elle lui a sauté à la gorge à écouter les déclarations du gouvernement, entendre le sous-texte, discuter avec les uns et les autres. Devenir consultant pour la Garde s’est fait par évidence.

C’est ce même sentiment qui l’accompagne lorsqu’il abandonne un baiser sur la joue de Fenella et rejoint sa chambre. Le même qui lui fait considérer la journée à venir, le besoin de sommeil, celui de socialiser.
Le t-shirt atterrit sur une chaise. Téléphone hors de la poche, un coup d’œil dessus en défaisant ceinture et boutons. Trois messages en attente.

Réponse à Néo.
Proposition de sortie par Naveen - Acceptée dans la minute. Oui, ils iraient prendre un verre dans deux jours. Il serait là. Bien sûr.
Pour le dernier, un sourire naît sur ses lèvres. Isma. Messages échangés durant la journée, une pause, puis la conversation qui reprend en pleine nuit. Petit Adrian surexcité refuse le sommeil.
C’est ainsi qu’ils parlent, les deux amis de longue date. Un message envoyé tout en se changeant, un second en sortant de la douche, un autre en se couchant. Puis ça continue encore et lorsque la matinée largement entamée, Maxence ouvre les yeux, ses doigts tapent dans le téléphone abandonné sur le matelas. Sur l’écran, Isma qui se moque. Et trois heures plus tard, un message aux lettres aléatoires.

Un sourire. De toute évidence, la nuit a été rude.

Lundi 5 décembre - 23h30

Certaines choses se sont réglées en amont, d’autres devront se gérer sur place. Alors la nuit l’avale. Les gestes reviennent comme s’ils dataient d’hier. L’angoisse était là, toute la journée durant. Pourtant lorsqu’il passe dans les ombres et rejoint la petite équipe, Maxence sent à chaque pas sa petite vie s’évacuer. Comme lorsqu’il entre au bloc, qu’une urgence s’engage, qu’une crise tonne, la voix des proches disparaît. L’odeur du box de la sombrale encore dans ses narines quelques heures plus tôt n’est plus. Les amis, les rires, les conversations. Jusqu’à la chaleur de Néolina avant de rejoindre la ruelle. Tout se disloque sous le poids de la concentration.
Comme prévu, Maxence a contourné le bâtiment, vérifié le poste d’observation sous sa responsabilité, rejoint les autres.
RAS. Un signe de la tête valide l’information tandis qu’il entre dans le petit espace sécurisé par la Garde.
Ici, aucune tête véritablement connue. Les sons ne filtrent pas, pourtant l’un des type masqué murmure un “salut doc” concentré en lui tendant la main. Sans y songer, en mouvement réflexe, Maxence attrape la paume et lui rend son salut. L’un de ceux qu’il a oublié, sans doute. Une habitude singulière entrée dans ses mœurs. Le type lui fait confiance, ancien patient sans doute.
Signe du menton aux trois autres, Lana et Jane pour terminer.
Les traits tirés par la concentration, Maxence retrouve un statut de suiveur. Le froid humide entre dans ses poumons, englue sa peau.
Paradoxalement, il éveille son corps, affûte son esprit. Quoi qu’il se passe ce soir, ça lui va. L’impression d’être au bon endroit. De faire ce qu’il faut. De mener la bonne bataille. Ça, ça lui était nécessaire.

Alors il pose le regard sur celle qui les amènera à bon port. L’histoire de Jane, Maxence la connaît, la respecte, l’admire même. Il sait ce que c’est de renoncer à ses projets et sa carrière pour ses valeurs. Sait ce que c’est de porter le poids d’ordres qui ne sont pas les siens. De faire des choix. D’en assumer les conséquences. Et de se battre pour un truc auquel on croit.
Elle a fuit le ministère, failli y passer. Et pourtant ce soir, elle y retourne. Alors oui, il y a du respect dans son regard. Parce qu’elle possède un sacré CV, celle qui fait le lien entre le contact - André - et la Garde. Ce dernier doit leur avoir ouvert la voie par l’arrière de ces bâtiments. Peu conventionnel, oublié de beaucoup, le passage a servi des siècles plus tôt et a été condamné depuis.

On y est. Songe-t-il. C’est maintenant qu’on entre dans l’un des bâtiments les plus sécurisés de Londres.
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Maxence Lukas Wargrave
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Ven 19 Mai 2023 - 19:33
1 - Nos amis ont ils un comité d'accueil ? Résultat : Oui.

2 - Si oui, y a t'il des blessés ? Résultat : Oui.

3 - Si oui, y a t'il au moins un mort ? Résultat : Non.
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Jane I. Wilson
Ven 19 Mai 2023 - 19:33
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Mar 23 Mai 2023 - 14:40
Comment est ce qu’on se prépare à entrer dans l’arène ? Comment est ce qu’on façonne son esprit pour ne pas qu’il cède à la panique ? De la concentration, beaucoup, sans doute une part de déni quelque part. On se convainc, aussi, sûrement.
Face à la nuit Jane observe les contours des bâtiments qui les entourent. Sur les murs de pierres dansent ombres et lumières dans un balais presque envoûtant tandis que l’odeur du souffre après une première pluie vient chatouiller ses narines. Elle a toujours aimé cette fragrance si particulière, celle qui éveille des souvenirs d’enfants, qui retrace le chemin de la vie sans que l’on en est réellement conscience. Les pigeons dorment sur les toits ou sous les voûtent, la nuit ce sont les chats et les rats qui prennent le pouvoir, il est possible pour les plus chanceux d’apercevoir une fouine ou un renard. Discret par instinct de survie, devenus dépendant de l’activité humaine au sein des villes qui n’ont de cesse que de s’étendre sur leurs territoires.
Ces pensées là ne traversent pas vraiment l’esprit de la sorcière alors que les doigts enroulées autour de sa baguette et les yeux clos elle entre dans un état de quasi transe. Un repli sur soi, une façon de se déconnecter du monde pour mieux se connecter à soi. Elle entend mais n’écoute plus si ce n’est les battements de son propre cœur, son souffle est lent et régulier.

Les êtres autour d’elle, elle les ressent. Chacun à sa manière, chacun avec ce qu’il dégage, et lorsque les pas du nouveau venu brise à peine le silence un sourire étire ses lèvres. Elle n’ouvre pas immédiatement les yeux, devine les mouvements autour d’elle. Des têtes qui se tournent, une arme qu’on rehausse, un signe de tête ou une poignée de main.
Lorsque son regard aux teintes de terre brune se pose dans celui de Maxence elle inspire ce qu’il dégage sans l’en déposséder.

« Merci d’être là. »

De simples mots, inutiles qui plus est elle s’en doute mais elle les pense. Elle n’aurait pas pu s’engager dans une telle mission sans être accompagnée de personne en qui elle a confiance et c’est le cas de chacun d’entre eux.
Niall n’a pas quitté la Garde pour revenir, Margo est sur une autre mission, Rain ne peut être impliquée dans une telle organisation. Dorofei ? Entre ses allers retours sur le front elle n’a pas vraiment envisagé de l’intégré. Benjamin est informé comme chacun des autres Loups faisant partie de l’organisation de leur réseau, prêts à intervenir s’il le faut. Le lieu de soin est préparés aussi, tout est réglé comme du papier à musique mais si elle n’est pas une habituée de ce genre de mission Lana s’est chargée de la briefer sur les aléas possibles.

Un nombre de gardes sous estimés, une trahison en interne, leur contact qui se fait repérer avant d’avoir pu évacuer les prisonniers ou bien les prisonniers eux mêmes qui deviennent incontrôlables … Tout peut arriver et dans ces circonstances Jane s’efforce de ne pas penser à Amalia. Aucune pensée parasite, uniquement de la concentration et un esprit focalisé sur une seule chose : Récupérer les Lycans et disparaître avec eux pour les mettre à l’abri tout ça sans se faire repérer.
Bien sûr que la peur est là, elle parvient tout juste à la maîtriser pour ne pas se laisser envahir mais comment ne pas la ressentir à l’idée de retrouver l’enceinte de cet endroit qu’elle a fuit quelques mois plus tôt ? Une pensée pour Jeremiah, une autre pour cet homme qu’elle n’a pas connu et qui a donné sa vie pour elle. Une dernière pour Oliveira … Jane en a conscience, une part d’elle espère secrètement refaire face à cette femme.

« On y va. »

Un ordre, une directive, qu’importe. La sorcière a beau avoir reçu le grade de Générale elle a suffisamment de recul sur la situation pour savoir qui est le mieux placé pour diriger l’opération. L’un des Shadows amorce la marche, guidé par l’heure affichée sur sa montre. D’ici cinq minutes si tout se passe comme prévu un pan du mur le plus bas de l’un des bâtiments, faisant face à la Tamise, s’ouvrira sous l’effet de la Magie.

Sur le pavé leur pas sont feutrés, silhouettes furtives et encapuchonnées, visages masqués pour la plus part. L’Anglaise sent son cœur galoper de plus en plus vite dans sa poitrine, mélange d’angoisse et d’impatience. Tout ce qu’elle veut c’est en finir, savoir ces innocents entre de bonnes maison, retrouver sa fille. Elle a la puissance de l’expérience, des acquis, mais à les regarder évoluer à la file indienne elle est sans doute celle qui dénote le plus. Le terrain elle ne le connaît pas, pas de cette façon là, c’est bel et bien l’humilité qui guide chacun de ses gestes et chacun de ses pas.

Tout ça disparaît dès l’instant où ils s’immobilisent devant l’immense mur de pierres hauts de plusieurs étages, à l’abri de la moindre source de lumière. Les consignes d’André sont on ne peut plus claires ainsi Jane appose sa paume contre la sixième pierre en partant du bas, au centre, ne sursaute qu’à peine lorsque la Magie vibre contre les lignes de sa main. Concentrée, déterminée, bientôt le visage de celui à qui elle a choisi de faire confiance ce soir apparaît face à elle. Le soulagement est là, presque à en coupe le souffle, les mouvements sont vifs. Un, deux, trois … Ce sont trois êtres qui passent au travers le mur et sur leur trois visages les marques de la terreur mêlées à celle de trop nombreuses semaines de captivité.

Et puis tout éclate.
Un cri, une lueur, des sortilège qui fuse et l’odeur du souffre n’est plus si agréable.

Au sol l’un des prisonniers tout juste évadé, l’un des Shadows également, puis Lana qui leur hurle à elle et Maxence de disparaître avec les rescapés. Le visage d’André elle ne l’aura aperçu qu’une seconde, peut être deux, tout est allé si vite. Encore une victime collatérale ou bien un piège de sa part ? Jane se ressaisie et lance un sort directement à l’intérieur du bâtiment alors que la faille semble se résorber, elle ne réfléchit plus et laisse faire l’instinct. Le geste est vif, un peu brusque sans doute, lorsqu’elle attrape le bras de deux des Lycans toujours debout. Un regard vers Maxence, il sait quoi faire, ils savent où se rendre, elle lui laisse le troisième prisonnier et lance un dernier regard à Lana en pleine maîtrise de son art : Le combat rapproché.

Les consignes sont claires, une fois les prisonniers récupérés ils doivent disparaître mais laisser quiconque derrière soi n’a rien de facile. Le chaos, l’adrénaline, c’est un autre univers qu’elle découvre et elle peut le sentir dans ses veines … Une certaine forme d’exaltation. Une expression de puissance qu’elle n’a jamais vraiment effleuré jusqu’ici alors que l’un de ses sorts frappent un homme en plein thorax. Il n’est pas létal, cette frontière là elle n’est pas encore prête à la franchir.
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Jane I. Wilson
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Dim 11 Juin 2023 - 15:42
Le sort que j'ai en tête, il touche qui ?

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Maxence Lukas Wargrave
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Dim 11 Juin 2023 - 17:13

Dimanche 4 décembre - 19h

On entre, on récupère les détenus, et on ressort. Simple, efficace, sans bavure.

Ça, c’est la théorie. Combien de fois a-t-il entendu ces ordres-là ? Quand on le remercie d’être là, Maxence acquiesce en silence. Il est utile à l’hôpital clandestin, bien sûr, tout autant qu’il l’est sur le terrain lorsqu’on lui demande d’être dans les environs en cas de besoin. Mais ça, c’est une première. Ça appelle les souvenirs de l’armée, enclenche quelque chose dans ses cellules, comme des cadenas qui s’activent les uns après les autres avant même que ces mots soient prononcés. “On y va.” Le visage souriant, les manières de gamin, le calme apaisant, tout est balayé sous le masque de la concentration. Ni mal à l’aise, ni vraiment à l’aise, Maxence sait ce qui vient. Combien de fois a-t-il dit qu’il ne la prendrait plus, cette place de soldat ? Malgré tout, ce qui se profile avec les lycans éveille chez lui des inquiétudes que cette terre ne devrait plus porter. Pourtant elles sont là et si ce sujet le touche particulièrement, il lui devient impossible de rester en arrière. D’autant moins alors que la section protection des lycans est encore jeune au sein de la Garde et qu’elle manque encore de membres. C’est un fait, tout se fait trop vite, sans qu’ils n’aient eu le temps de véritablement se connaître ou d’apprendre à fonctionner ensemble. Ce n’est pas parfait, mais c’est tout ce qu’ils ont. Ils feront avec, voilà tout. Parce qu’ils n’ont pas le choix et que c’est ainsi que ça doit se passer.

Il acquiesce, suit la marche. Sous les côtes, son cœur roule, le regard part au vol et analyse chaque bâtiment, les toits, les ombres, les recoins. Dans le bouillonnement de ses veines, les souvenirs affluent, non par images ou silhouettes distinctes, mais par la mémoire des gestes, des sensations, d’un affrontement possible à venir. Ça sillonne ses cellules et forme quelque chose de solide sous la chair. Dernier de la file, Maxence est de ceux qui ferment le groupe. En cas d’attaque, il est comme ceux de l’avant : parmi les plus exposés. Une place qu’il n’a pas eue si souvent lorsqu’il gagnait ses gallons. A présent ses échecs sont de côté tout comme l’est une carrière sacrifiée sur l’autel de la vertu. C’est étrange comme tout est toujours là. La gestuelle, les codes, les jeux de regards et les vérifications d’usage. Tout se met en place chez lui avant même qu’il n’y pense. D’ailleurs de pensées il n’y en a plus. Pas même pour Néo ou qui que ce soit d’autre. Il avance au rythme de la troupe, comme il l’a fait quelques années plus tôt.
Pas qu’il aime ça.
Mais là, armé et prêt à défendre ceux qui ne le peuvent pas, Maxence se sent utile, et c’est déjà pas mal. Alors, histoire de contredire le cadre professionnel de ses pensées, c’est l’image d’Ismaelle qui s’invite l’espace de quelques instants. Juste quelques battements de cœur, le souvenir d’un verre échangé et des souvenirs partagés d’une carrière commune.

Lorsqu’ils atteignent le mur, le silence mental est de nouveau là. Un regard vers Jane. Leurs visages sont masqués, comme à chaque sortie de la Garde - semble-il - mais il a intégré les places et postures au sein de la file. Organisée comme le sont celles de l’armée. Lana sait ce qu’elle fait. Jane aussi. Le geste est assuré, reproduit ce qu’elle a sans doute appris à la lettre de la part de leur contact. Dans tous les cas, ça ne loupe pas : le mur s’ouvre.
Il faut quelqu’un de l’autre côté et c’est bien le visage d’un homme aux yeux clairs et à la barbe épaisse qui apparaît dans l’espace. Comme d’autres, Maxence s’est chargé d’assurer un sort de dissimulation autour de la zone, ainsi ne voit-il pas ce qu’il se passe derrière lui. Des silhouettes passent. Des gosses, des adultes. Il ne reste plus qu’à les emporter, les mettre à couvert, les mettre à l’abri.

On entre, on récupère les détenus, et on ressort.

A peine cette pensée passe-t-elle que l’instant bascule. Un cri, un flash, une explosion. Ça coupe le souffle et ravive les réflexes. Tendu jusqu’à la moelle, l’ancien soldat sursaute, dévie un sort par un pur coup de chance et recule. Par réflexe, le voilà à dénombrer les blessés et les morts. Peut-être deux pour l’instant. Bougent-ils ? Dans tous les cas, il fait barrage. Planté entre les évadés et la bouche ouverte dans le mur il agit d’instinct. Le reste passe à la trappe. Les visages, l’humanité de ces gens, ça reste là dans un coin, mais celle des siens l’emporte. Il est le toubib, mais aujourd’hui, il est surtout une barrière entre la mort et eux. Alors les sorts fusent, s’enchaînent. Lorsque derrière lui, l’un des lycans vacille sur ses jambes, se redresse et engage un mouvement pour foncer vers l’ouverture, il l’en empêche sans s’arrêter sur l’image du jeune renvoyé en arrière. Non. Personne n’y retourne. Les ordres, c’est de les récupérer puis de disparaître. Alors oui, son esprit s’arrête sur Lana qui, de l’autre côté du mur, se déchaîne. Bien sûr qu’il y songe, comme n’importe qui. Comme Jane avec qui il échange un regard. Mais ici chacun s’est engagé pour le respect des règles. Chacun a fait un choix, participé aux réunions. Tout a été convenu de manière collégiale. Accepté, donc - même s’ils n’étaient pas présents à chaque échange - les termes du contrat.
Jane en abat un, lui un autre et à sa droite, un autre type tombe après avoir évité un coup fatal à Lena qui, de l’autre côté des briques, se démène comme une forcenée.
L’échange est muet mais clair : on dégage.

Jane a chopé deux des libérés, lui se retourne pour en faire de même. A son côté, quelqu’un cris “j’vous couvre !” Et de nouveau, la bascule. Ses doigts se sont enroulés autour d’un bras mais autre chose trouve une prise.
Autour de son cou, la langue électrique d’un sortilège l’entoure comme un coup de fouet. Pas une seconde pour réagir. Un sort est esquissé mais n’aboutit pas : déjà, Maxence vole en arrière. Le bras lui échappe, d’un côté ou de l’autre de l’ouverture dans le mur, ça il n’en sait rien. D’ailleurs il ne sait rien : l’ombre d’un couloir remplace la nuit londonienne. Un instant, il lui semble que sa tête manque de se détacher de son corps mais le sort l’englobe ailleurs, sur le torse peut-être. La douleur le chope comme un coup de jus et tend chaque muscle avant que l’impact sur le sol de pierre n’achève de lui couper le souffle.
Seul l’Edurus sur son épiderme l’empêche d’être parfaitement assommé, protégé par la préparation qu’ils ont tous mis en place avant de débarquer sur place.
Un éclair vert s’échappe de sa baguette à la seconde où son esprit vacillant repère l’agresseur qui tombe au sol. Pas son genre, loin de là. Mais les réflexes du soldat sont là et sans option, il n’hésite pas.
Au sol et sans lâcher sa baguette, il se redresse difficilement. Lana est non loin, balance un type dans une dextérité folle. Deux autres Supérieurs sont là. Et surtout, droit devant, le portail ouvert dans le mur se referme. Plus que quelques secondes avant qu’il ne soit clos. Et pas de trace d’André. Au travers de lui, c’est un regard qu’il échange avec Jane.
Le choix est le sien. Elle sait quoi faire, ce qui a été décidé, ce qui est son rôle : partir avec les prisonniers.
Mais cette fois, il est de l’autre côté du mur. Loin.

Sa baguette, tente de transplaner. Bloqué.

Le temps d’un battement de cils, pas plus.
Et l’ouverture se referme : avec ou sans Jane à leurs côtés.
Enfermés chez l’ennemi.
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Maxence Lukas Wargrave
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Maxence Lukas Wargrave
Mar 11 Juil 2023 - 15:29
Est ce que les trois lycans survivent ?

Réussite : Oui.

Échec : Non.
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Jane I. Wilson
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Jane I. Wilson
Mar 11 Juil 2023 - 15:29
Le membre 'Jane I. Wilson' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


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[Event Lycan] Break free ▬ Maxence 181012032518468666
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Mar 11 Juil 2023 - 15:44
Qu’a-t-elle fait pour se retrouver ainsi en pleine lute, en pleine guerre ? Elle, le soldat silencieux, tapi dans l’ombre, qui n’a jamais laissé le masque se fendre. Jusqu’à l’implosion, jusqu’à l’éveil du volcan qui a brûlé ses veines pour laisser sortir la guerrière qu’elle n’a jamais réellement soupçonnée avant de perdre son calme face à Oliveira.

L’antilope est devenue Lionne, l’indice était sans doute flagrant pourtant.

Ici le chaos s’invite, les hurlements se mêlent et s’entremêlent, les sortilèges fusent et claque contre les murs, contre les corps, dans l’obscurité de la nuit anglaise. A sa droite un être immobile, face contre le pavé, derrière elle deux prisonniers enfin libre, le troisième n’est qu’à une portée de main quand il se fait frapper à son tour d’un sort qu’elle n’a pas le temps d’identifier. On leur hurle des ordres, la rage et la douleur raisonnent avant le silence, elle n’a qu’à peine le temps de voir Maxence se faire happer dans la brèche magiquement créé. Une seconde, peut être deux, sans doute pas plus de trois et pourtant tout lui semble se passer au ralenti. Elle devine le filin autour de sa gorge, du haut de son torse, celui qui comme le ferait un fouet l’attrape et l’attire. Elle le voit au sol, terrifiée par le sort qui attend l’homme qu’elle connait pourtant à peine, puis Lana qui se jette à son tour dans l’ouverture qui déjà se referme. L’odeur du sang, du feu, de la mort … Les spectres planent déjà autour d’eux et elle ne serait pas étonnée de voir débarquer quelques Détraqueurs bien rapidement.

Les ordres et consignes étaient claire. Récupérer les prisonniers, les extraire, disparaitre. Ils sont là, à l’abri derrière elle alors qu’elle lâche un nouveau sortilège informulé pour les protéger tout en faisant un pas en arrière.

Ils sont le cœur de la mission, la raison pour laquelle ils ont tous choisi de prendre ce risque.
Ça martèle dans son crane alors que l’ouverture fait disparaitre deux âmes familières en se refermant.

Elle ne peut s’y résoudre et la violence vient la saisir, guider ses gestes comme les mots alors qu’elle braque sa baguette en direction de la pierre qui semble s’être totalement ressolidarisée « Bombarda Maxima ! » C’est presque violent, là, en elle. L’adrénaline et la satisfaction, la prise de risque, y compris celle de blesser deux de ses … De ses quoi, d’ailleurs ? Ils ne sont pas des amis, elle n’en est pas au stade du frère ou de la sœur d’arme, tout ça la prend au dépourvu mais la pierre explose et la magie crépite dans l’air.
Mélange de poussière et de fumée, elle ne distingue qu’à peine les silhouettes derrière l’écran opaque un instant, plus diffus le suivant « Fulgari ! » Le premier homme qu’elle aperçoit est touché en plein thorax là encore et n’a pas le temps de réagir alors qu’il semblait tousser pour reprendre son souffle. Il est à terre, ligoté, sa baguette dans les mains de Lana et c’est le regard d’André que Jane croise à nouveau « Dégagez ! Je m’en occupe. » La baguette de l’homme rencontre la tempe de l’un des Supérieurs, elle ne sait pas quel sortilège il prononce mais le gardien des lieux s’effondre. A ses côtés c’est l’une des Gardiennes qui ne réagit plus, son corps qui tombe lourdement à côté de celui d’un des prisonniers.

Tout ce qu’elle peut distinguer de concret c’est Lana attraper Maxence par-dessus les épaules et le redresser, le pousser brutalement vers l’extérieur. Un genou à terre elle pose sa main sur l’un des corps au sol et plonge son regard dans le sien « On dégage. » Aucune pitié, aucune peur, elle ne lit rien de tout ça dans l’attitude ni les iris de la femme aux cheveux blonds camouflés par un écrin de tissus.

Se sent elle Capitaine du bateau ? Elle ne parvient pas à quitter les lieux tant qu’ils n’ont pas tous disparu mais n’est-ce pas là son rôle. Générale. Celui qu’elle a tant de mal à intégrer. Quelque chose de dur s’invite sur les traits de son visage et dans le fond de son regard, elle les regarde disparaitre un à un avant d’embarquer les deux lycans restés derrière elle dans l’enchainement de Transplanage qui les mène en lieu sûr.

Lana, deux Shadows dont elle ne connait pas l’identité, Maxence, trois prisonniers, puis elle. Ils sont là, tous les huit. Seulement sept d’entre eux respirent encore. L’un deux nécessitent des soins d’urgence, sous son corps le planché prend des teintes vermeilles foncé à mesure que le sang quitte ses veines.
Deux rescapés pleurent, Lana reste stoïque, l’un des Shadows concentre toute son attention sur sa partenaire entre la vie et la mort. C’est le regard de Maxence que cherche Jane, sa main posée sur l’épaule d’un des loups survivants. L’être sans vie est l’un des leurs, une sensation de déjà-vu la frappe sans qu’elle ne cille. Droite, les cheveux et le visage libérés de leur camouflage, de la poussière ou peut être des cendres parsèment le noir de ses vêtements.

Dans sa poitrine son cœur bat sourdement.
Ainsi c'est à ça que ressemble le chaos.
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Jane I. Wilson
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Jane I. Wilson
Mer 12 Juil 2023 - 12:59

Dimanche 4 décembre - 19h

Le chaos le happe avant qu’il n’ait le temps de réagir. Les réflexes sont là pourtant, il n’est pas le dernier des bleus, mais il n’est qu’un homme et s’il est debout en quelques secondes, son agresseur au sol, le mur se referme devant eux et empêche tout espoir de fuite. Une seconde, Maxence a espéré qu’elle les rejoignent, qu’ils soient plusieurs à affronter ça. Qu’il ne soit pas seul s’il en venait à terminer sa vie dans les geôles d’Azkaban. Pas très correcte comme pensée. Simplement humaine. On en viendrait parfois à oublier l’âge qu’on a, nos peurs, nos faiblesses, nos limites.
Déjà, il est prêt à réagir, à repousser ces pensées-là de ses neurones, à avancer. Il y a des civiles, il y a une soeur d’arme. Pas le temps de lambiner quand d’autres Supérieurs arrivent. Trois. S’engage un affrontement qui coupe pourtant court. En une fraction de seconde, tout bascule de nouveau et Maxence sans rien y comprendre, se retrouve de nouveau projeté en avant. Son corps se fracasse, il lâche un cri, couvert par le souffle de l’explosion, percute le sol, l’épaule projetée sur un mur, des gravas dans la gueule et de la poussière dans les poumons. Ça bourdonne dans son crâne, vrombit à ses oreilles. Et puis, finalement, l’instant suivant, tout n’est plus qu’un sifflement aigu et le brouhaha se refuse à lui.
Paupières closes, il lui semble être happé dans un gouffre. Le corps et l’esprit tournoient, chutent, sont avalés par la terre ouverte. Puis il revient à lui, sent deux mains le prendre par les épaules et se redresse sans en avoir véritablement cherché le mouvement. Le corps répond, l’esprit s’y connecte de nouveau. Ça tremble dans ses muscles. Le sol lui échappe quand il repart, comme sur le pont d’un bateau en pleine houle. Malgré tout, Maxence sort de là, s’assure de sa baguette dans sa main, retrouve l’usage de ses sens.
Il tousse, expulse le plâtre qui nappe ses poumons, se sens projeté dans un tourbillon de “trop”. Trop de bruit, trop de peur, trop d’action. Mais il suit, déjà apte à ses mouvements.

Apte à transplaner, surtout, l’un des lycans sous la main, après s’être assuré que tout le monde est dehors. Tous ceux qui le peuvent, du moins.
Un regard se pose sur Jane. Sur sa nuque ; la générale agit, rassemble.

Et il lui doit la vie.

Un battement de cœur et son corps se matérialise ailleurs, loin du tumulte, dans un entrepôt désaffecté en bordure de la ville : leur point de chute, décidé en réunion bien avant ce jour. Maxence s’ébroue. Ça tabasse dans son crâne mais les protections et les sorts dont il s’est pourvu comme les autres lui permettent d’enchaîner sans se sentir trop mal.
Checker les uns et les autres, se précipiter à l’arrivée du blessé au corps tordu de douleurs. On lui parle, Maxence acquiesce, se centre pourtant sur les soins d’urgence qu’il prodigue déjà quand Jane arrive.
Les deux rescapés pleurent à sa droite. Libres, mais amputés d’un de leurs amis. C’est sur l’épaule de l’un d’eux que Jane pose une main quand leurs regards se croisent dans un constat mutique. Amer. Douloureux.
Mais Maxence enchaîne. Les gestes sont tellement ancrés chez lui qu’il pourrait les faire les yeux fermés. Ainsi, l’efficacité se ressent dans son corps plâtré de poussière, une coulée rouge sur le front, une autre sur le bras. Ça pulse dans ses côtes et sa mâchoire et c’est à peine s’il prête attention à la douleur de ceux qui ont perdu un proche. Agir. Éviter de perdre quelqu’un d’autre.

“Je l’amène en sécurité, je reviens pour les autres.” Fait-il en s’assurant d’un regard que Jane valide sa prise de décision.
Pas de grosse intervention pour lui. Pas quelques minutes après un sale coup, pas alors qu’il y a d’autres possibilités. Pas au vu de l’état de la patiente. Maxence connaît ses limites et sait que s’il est capable de la sauver, ignorer son propre état alors qu’ils ont un hôpital à portée serait parfaitement stupide. Pour les lycans, c’est différent. Pas de blessures aussi violentes, le besoin d’encaisser la mort de leur proche, le risque associé au fait d’amener des inconnus à l’hôpital - qu’en savent-ils ? Ils pourraient être des espions. Leurs quelques plaies n’en valent pour l’instant pas le coup - tout indique qu’il vaut mieux leur laisser quelques minutes pour encaisser les derniers évènements.

Après avoir stabilisé le Gardien, Maxence transplanne accompagné d’un second ‘soldat’, atteint l’hôpital, confie l’homme à ses collègues. Fut un temps, il n’aurait pas eu connaissance de la localisation de l’hosto. Mais l’attaque de Sanae a rebattu les cartes et pour l’heure, l’idée initiale l’écartant des données propres à la Garde est suspendue. Il n’a ni le QG, ni la majeure partie des visages ou des noms, mais certaines choses lui sont laissées. Plus pratiques en cas d’urgence. C’en est une.
Là-bas, il croise le regard de Sanae, esquisse un sourire, devine son inquiétude et son soulagement. Pas le temps ni pour leurs échanges habituels, ni pour se laisser emporter pour quelques soins. En revanche, dans le fond, il y a une forme d’assurance, chez lui, à la savoir dans le coin pour gérer le patient qu’il apporte.

Lorsqu’il revient dans l’entrepôt, Wargrave tient un tissu sur son crâne pour en retenir le sang. Ici, tout le monde reprend son souffle.
Autour du corps du lycan, les deux autres sont assis, pressés l’un contre l’autre comme deux oisillons en milieu hostile. Tous font peine à voir ici, lui compris.
Les trois prisonniers au centre de la pièce. Le Shadows blessé qu’il a évacué, sa collègue qui l’a accompagné. Ne reste que Jane et Lana, assises dans un coin de l’entrepôt, baguettes à portée, à contempler le chaos.
Quand Maxence les rejoint, il attarde son regard un instant sur les deux évadés survivants. Rien de bien grave à priori, si ce n’est le deuil et les traumatismes. Ces deux derniers se parlent, les doigts entremêlés, de larges sillons humides venus tracer des rayures sur leurs joues noircies.
Ils ont besoin de temps, un temps à eux pour retrouver un peu de contrôle dans ce chaos. Se retrouver, encaisser la mort, comprendre leur propre survie.

“Merci.” Souffle-t-il sobrement en rejoignant les deux combattantes.
Ce n’étaient pas les ordres, ils en avaient convenus. Malgré tout, il est ici, et c’est bien grâce à elle.
“Il s’en sortira.” Le Shaddows aux graves blessures. C’est à lui qu’il pense en se laissant tomber à leur côtés, le dos contre le mur, le souffle encore court. “Notre contact, je l’ai bien vu nous débarrasser de l’un d’eux ?” L’image a été si fugace dans le chaos de ses sens qu’il y a de quoi douter.
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Maxence Lukas Wargrave
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Maxence Lukas Wargrave
Dim 16 Juil 2023 - 18:21
« Je l’amène en sécurité, je reviens pour les autres. » Elle voit le sang froid, le pragmatisme, les gestes et réflexes bien rodés. Elle voit le soldat habitué aux gestions de crises, aux urgences, tout ce qu’elle découvre ou presque. Jane sent naître en elle un puissant syndrome de l’imposteur, quelque chose qui passera au fil des secondes, des minutes et des heures sans doute mais habituée à agir dans l’ombre elle n’a jamais été si violemment bousculé.
Un hochement de tête à l’égard de Wargrave et elle entend son cœur battre sourdement dans ses tempes alors qu’elle se calque sans y prendre garde sur l’attitude des deux professionnel. Blessés tous les deux même si ça n’est rien comparé à l’être qui sur le sol lute pour sa vie. En un crac sonore Maxence l’embarque, la détresse des lycans explosent contre les murs de la planque.

La Sorcière se laisse embarquer par ses émotions et la terre semble tourner bien plus rapidement sous ses pieds mais elle se reprend, cherche au fond d’elle ce qui est nécessaire pour relever le menton et cesser de trembler. Sa décision. C’était sa décision d’intervenir, de faire confiance à André, d’extraire les prisonniers à leur Enfer. Sa décision qui a coûté la vie de l’un d’entre eux.

Elle ne sait même pas comment il s’appelle.

Dagwood ne quitte pas ses pensées, cet homme qui n’a traversé son existence que de courtes heures.  Elle l’a pourtant accompagné jusqu’à son dernier souffle comme s’il était l’un des siens, a veillé sur lui des heures interminables, l’a regardé souffrir sans rien pouvoir faire plus que le rassurer par les mots ou les gestes. Elle l’a vu passer de l’homme au loup, revenir dans son corps d’homme, ne pas retrouver son esprit. Les émotions qu’elle a ressenti ont été nombreuses mais en cet instant précis elle se sent triste. Profondément triste.

« Je suis désolée. »

Ça paraît bien maigre face à la tragédie qui se joue sous son regard démuni. Vont-ils lui en vouloir ? Elle l’acceptera.

Son esprit vogue de visage en visage, celui de Leroy puis de Benjamin, elle craint de lire la déception dans leur regard quand ils apprendront qu’encore une fois l’un des leurs a perdu la vie. Non, il ne l’a pas perdu, on la lui a arraché brutalement et injustement. S’il était resté là bas l’issue aurait probablement été la même, voir pire. Sa discussion d’il y a quelques jours avec Dorofei concernant Prune effleure sa conscience, après un soupir silencieux elle retrouve encore un peu plus d’aplomb.

Jane ne sait pas vraiment depuis combien de temps elle est assise dans le fond de la pièce lorsque Maxence revient. Sa baguette dans une main, les sens pourtant aux aguets, la présence réconfortante mais silencieuse et concentrée de Lana a ses côtés. Elle peut sentir la tension émaner de l’ancienne militaire mais son visage n’exprime rien. Elle n’a pas peur, elle est exactement là où elle doit être.
Au centre de la pièce les deux survivants sont blottis l’un contre l’autre et pleure leur mort, personne ici ne peut s’imaginer les liens qu’ils ont créé depuis qu’ils ont été capturés sans prévenir et sans comprendre ce qui leur arrivait. Un éclat de colère traverse la sorcière, quelque chose qui s’estompe lorsque le regard du Médicomage attrape le sien « Merci. » Est ce qu’il voit l’éclair de surprise traverser ses yeux sombres ? Les pas de l’homme sont aussi feutrés que son souffle alors qu’il les rejoint toutes les deux et Jane devine l’impatience de Lana concernant le sort de son frère d’arme « Il s’en sortira. » Les paupières de l’Anglaise se ferment avec lenteur, le soulagement se diffuse partout dans son organisme jusqu’à ce que son dos s’appuie contre le mur derrière elle. Aurait elle supporté le poids de deux morts ? Oui, non sans douleur mais elle y serait parvenue avec du temps. La combativité revient petit à petit en elle, fébrile mais bien présente.

« Notre contact, je l’ai bien vu nous débarrasser de l’un d’eux ? » André. Un homme qu’elle a côtoyé des années durant sans réellement lui prêter attention. Les enjeux étaient élevés, lui faire confiance était une réelle prise de risque. Un risque qu’elle a considéré non pas seule mais avec tous ceux qui devaient être au courant. Les a-t-il trahi ? Elle ne le croit pas mais l’empreinte de la certitude ne s’imprime pas en elle. Ce risque là elle n’est pas prête à le prendre. Pas encore. Quant a son sort … « Je ne sais pas ce que je lui souhaite. » Quelles sont les chances pour qu’il en réchappe ? La mort paraît bien douce à côté du sort que ces ordures réserveraient à un traître avéré. Ce qu’elle lui souhaite en réalité c’est d’être passé au travers, d’avoir pu s’enfuir tout en réussissant a effacer les traces de sa présence.

Un soupir, de nouveau le silence, lorsque Lana se lève sans prononcer le moindre mot et qu’elles échangent un regard Jane comprend ce qui se trame. Ils sont en sécurité ici, certes, mais la prudence est ancré dans le capital génétique de la soldat alors celle ci quitte la pièce pour entamer un tour de garde.
Ils ne sont plus que cinq à l’intérieur. Quatre vivants et un mort.

Triste pensée mais c’est un sourire qui étire légèrement le coin des lèvres de la sorcière. Dans un geste lent et doux elle porte sa baguette jusqu’au crane de Maxence et d’un sortilège informulé referme la plaie qu’il cachait sous un linge imbibé de sang « Neolina va me tuer si ce beau visage est abîmé par ma faute. » Elle n’a pas fait le lien tout de suite, c’est venu tout à l’heure dans le silence alors qu’il était absent. Peu de doute, les liens sont faciles à faire lorsqu’on y prend garde, c’est presque de la tendresse qui passe dans le regard de l’Anglaise.

Une tendresse qui s’évapore elle aussi alors qu’elle repose son regard sur les trois corps au milieu de la pièce. Fourbue, elle se passe les mains sur le visage, penche le buste en arrière, entoure son cou de ses paumes puis les glisse jusqu’au bord de ses clavicules « Je n’avais jamais ... » Les mots ne trouvent pas le chemin. Tout ça, cette violence, l’action brutale qui a un côté galvanisant malgré tout, c’était un terrain quasiment inconnu pour elle. Elle se dit qu’il comprend, qu’elle n’a pas besoin de terminer sa phrase pour qu’il le comprenne si tant est qu’il ne le sache pas déjà. Il le sait. Elle n’a pas enjolivé sa situation, tous savaient qu’ils partaient au front avec une Générale novice.
Ses bras retombent lourdement et se posent sur ses genoux sans qu’elle ne quitte sa baguette, son regard cherche celui de Maxence « Est ce qu’on s’habitue ? » A la vie qui pulse dans les veines tout comme à la mort qui s’invite dans le tableau.
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Jane I. Wilson
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Jane I. Wilson
Ven 21 Juil 2023 - 20:07

Dimanche 4 décembre - 19h

Aucun regard pour se lever vers les soldats. La peine rattrape les Hommes et ceux de la Garde se retrouvent seuls face à leurs pensées. Les décisions pèsent ; le poids du passé tout autant. Chacun ici se doit de vivre avec ses choix autant que ceux des autres, les visages de ceux qu’ils n’ont pas su sauver, la conscience des anonymes qui n’ont même pas profité de cette volonté. Les morts. D’un camp comme de l’autre. Et puis ceux-là. Ces gens qui s’en sortent mais sur lesquels nul sourire n’apparaît. Il n’y a que le poids. Celui qui tire les larmes, les traits, l’énergie. La sensation est générale et les drainent, tous autant qu’ils sont.

Au point de voir l’étonnement se tracer dans les prunelles de leur cheffe, lorsque le soldat la rejoint et la remercie. Sans cette décision, sans doute y serait-il toujours. Les marques sur le corps de Logan, son regard fou, les mois de tortures, Maxence les voit encore, tout comme il retrace en silence les stigmates laissées sur d’autres. Enzo, Alec, trop. Trop de jeunes. Alors en s’asseyant près des deux Gardienne, il ne peut s’empêcher d’y songer quand on regard tombe sur le plus jeune du groupe.

Pourtant d’autres choses passent en ligne de compte et forcent son attention. L’état de leur collègue, le risque d’être trahis de nouveau, la loyauté de leur contact.

« Je ne sais pas ce que je lui souhaite. »

De passer entre les mailles du filet, sans doute. Qu’ils gardent au sein du Ministère un atout majeur. Qu’ils puissent le contacter à l’avenir et garder une vision d’ensemble sur les actions derrière ces hauts murs.

“Même s’il s’en sort sans être grillé, les soupçons seront là. Il devra se faire discret un moment… donc impossible de compter sur lui à court terme.” Le regard en avant, c’est le pragmatisme du soldat qui fait surface.
Et le silence qui reprend ses droits. Ni lui, ni Lana, ni Jane ne reprennent et seuls reniflements et froissements de tissus répondent au vide. Un bras abandonné en haut de sa cuisse, le torchon contre le crâne, Maxence refait la scène, le placement de chacun, les décisions. Peut être certaines choses auraient-elles pu être gérées autrement, c’est un fait. Par habitude pourtant, il laisse ces possibilités glisser. Elles n’existent que pour enrichir le futur, pas pour juger le passé. Dans ces moments, tout va très vite, rien ne semble vraiment réel tant l’adrénaline et le cortisol reprennent leurs droits. Pas que ça rende leurs choix intouchables. Seulement se torturer ne fait jamais avancer quoi que ce soit. Lui même sait chaque moment où il a décidé de renoncer. De prendre à droite et non à gauche. De regarder quelqu’un mourir sans broncher.
Son rôle s’écorche parfois à la réalité. C’est ainsi.

Lana se lève et sans un mot, rejoint la périphérie du hangar. Une décision qu’il n’était pas si loin de prendre. Patrouiller, vérifier les alentours, rester en alerte. Une nécessité. La femme n’échange aucun regard avec lui, mais il ne loupe pas ce qui passe entre elle et leur boss. Une confiance qu’on trouve chez les frères d’armes. Aucun besoin de mots pour ces choses-là. Seule une dynamique qu’il apprécie sans y paraître. La souligner serait inutile. La jalouser, ridicule. Elle le rassure, simplement. De ce qu’il a entendu, la Garde a tendance à faire des petits groupes, insister sur le statut d’anonyme de ses membres en craignant plus que tout qu’un seul maillon capturé fasse tomber toute l’organisation. Pourtant Max sait que les gens ensembles - vraiment ensembles - ceux qui ont vécu, ont bouffé la boue et chié dans la merde - ou l’inverse - eux, sont souvent capables d’anticiper les actions de l’autre, de s’y préparer, de réagir en conséquence. C’est un choix. Bon ou mauvais, il lui serait bien mal-aisé de le juger de la sorte. On lui trouve avantage et inconvénients.
Parmi les inconvénients : des étrangers ne se protégeront jamais comme des amis le feraient.
Avantages : des étrangers ne se protégeront jamais comme des amis le feraient…

À ces pensées, il perçoit le mouvement de Jane à sa gauche. A peine le temps de se retourner et d’un geste doux, elle repousse le tissu et du bout de la baguette, répare les chairs maculées de sang.
« Neolina va me tuer si ce beau visage est abîmé par ma faute. » Un petit rire agite sa cage thoracique et fait briller la douceur d’un sourire sur son visage recouvert de poussière et de sang. Néo l’a sous-entendu ; qu’elles sont amies. Bien sûr, la jeune femme est déjà prévenue qu’il est sain et sauf.
Une forme de tendresse passe, non tant pour cette femme qu’il ne connaît pas - bien que chaque instant lui donne plus de raisons de la respecter - mais pour le moment, ce que ce geste représente ; l’humanité dans laquelle il se cueille. La reconnaissance le prend et passe dans son regard. Là aussi, ce n’est pas tant pour l’attention mais pour ce qu’il provoque. Une bulle chaude dans sa poitrine, un amour soudain pour ce que l’humain est capable d’être, pour ces liens qu’on trace avec des inconnus, ces tentatives qu’on s’acharne à réaliser pour apporter un peu de “mieux” dans un monde ravagé, ces pointes de douceur qu’on est apte à ramener quand rien, pourtant, nous y pousse. L’humain. Son meilleur, qu’elle apporte par cette simple petite touche de couleur dans leur toile aux nuances cendrée.
Pas un mot n’atteint ses lèvres mais son sourire parle pour lui.

L’ensemble ne dure que quelques secondes bien sûr. Mais ces dernières sont précieuses.
Ainsi en laissant retomber son torchon tâché de sang, Maxence voit ce élan passer chez elle, rattrapé par la réalité comme les galets sont rattrapés par la marée. Elle s’étend en arrière et étire son dos quand lui, l’arrondit vers l’avant. Mains passées dans son cou pour elle, ramenées vers ses genoux pour lui. Leur souffle passe leurs narines, identique. Sans aller jusqu’à un soupir, il dénote à lui seul le poids des pensées qui reviennent et alourdissent l’instant.
« Je n’avais jamais ... » Nul besoin de la fin, ni même de la regarder pour connaître la teneur de ces mots. Ils errent dans le silence. Reculent face au réel. Prononcer les choses n’est parfois pas si simple. Pas si utile, surtout.
Quant à savoir que celle qui les dirige menait son premier rodéo ? Oui. On commence tous quelque part et une organisation clandestine n’a pas les moyens d’un gouvernement. C’est normal, ça fait partie du jeu. Lui-même a eu ses premières fois. Ses premières erreurs. Ses premiers morts. Et l’impression qu’on n’est pas légitimes, qu’un autre ne serait pas tombé dans ces tors.
Vrai. Mais aussi très faux. Très naïf.
Parfois il faut penser à long terme, c’est tout.

A son tour, Jane retombe en avant, les bras sur les genoux. « Est ce qu’on s’habitue ? » Et c’est lui qui se redresse en douceur.
“D’une certaine manière, oui. Mais jamais complètement.” Réponse de normand. L’Amérique est un pays d’immigration. La Normandie en force.
Son regard se perd un instant, sur le petit attroupement devant lui, puis sur le tissu tâché de sang dans sa main, sur les baguettes sorties - tant la sienne que celle de Jane - tout ça, ça fait partie du paysage pour lui. “On engrange des réflexes, des habitudes. Une certaine forme d’acceptation face à… des trucs qui le sont pas.” Acceptables. Et bien sûr, son regard remonte jusqu’au corps au centre de la pièce. “ça… se met à faire partie du paysage. Ou plus exactement on croit que c’est le cas. D’expérience, je peux te dire qu’une pause et on se prend tout en pleine face. Pas les habitudes. Les gestes, les actes, le recul, tout ça ça reste ancré.” Devant, la respiration de quelqu’un siffle et vibre. “Les morts c’est autre chose. Mais oui, je crois que d’une certaine façon, on s’habitue. On trouve… un recours, une manière de percevoir le réel différemment pour être capable d’agir malgré tout. Du moins, on se donne cette impression. Ça nous rassure de se dire qu’il n’y a pas de faille, mais il y en a.” Il inspire en douceur. Pas de faille, justement. L’humanité, oui, mais aucune craquelure face à un énième visage ajouté à une trop longue liste. L’expérience parle. “ Quant au chaos… C’est différent.” Poudlard a toujours été différent pour ça. La violence y était organisée. Froide. Profondément éloignée d’un champ de bataille. “Et puis, il y en a qui gèrent mieux que d’autres.” Son regard la rejoint, passe sur sa nuque, les traînées de poussière qui tracent des rigoles sur sa peau. “Tu t’en sors bien.” Le sourire est discret, presque invisible. Elle n’est ni une patiente, ni une élève, ni une enfant. Mais une femme face au chaos ; qu’il admire pour ce qu’il perçoit d’elle. “Ma première sortie était bien pire.” Cette fois, c’est un sourire plus marqué qui allège le sérieux de ses propos.
Le fond reste vrai. Elle gère. Dans le sens premier du terme, non pas sous la forme de l’expression un peu bâtarde utilisée à tors et à travers : elle gère.
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Maxence Lukas Wargrave
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Maxence Lukas Wargrave
Mar 8 Aoû 2023 - 19:26
« D’une certaine manière, oui. Mais jamais complètement. » Jane n’a pas ces clés là, ce monde elle y a mis un pied plus que brutalement sans trop savoir ce qu’elle ressent aussi lorsque Maxence se redresse elle n’a plus d’yeux que pour lui dans la pièce. Comme un besoin d’entendre le discours averti d’un pair, quelqu’un qui pourra par ses mots et son expérience la rassurer. La guider. La sorcière n’a jamais été rongée par la fierté et l’égo alors admettre ici qu’elle est perdue n’éveille aucune honte chez elle « On engrange des réflexes, des habitudes. Une certaine forme d’acceptation face à… des trucs qui le sont pas. » Comme la mort, la souffrance, l’odeur de la poudre et du sang. Les fracas d’une explosion, l’instinct qui se met en branle, les réflexes qu’on ne se soupçonnait pas. Les suppliques, peut être aussi, le déchirement d’une vie que l’on prend et qui vient graver sa trace dans votre être. A ces yeux il est difficilement pensable de ne pas être affectée mais elle n’est pas naïve pour autant, elle sait que tous ne ressentent pas le moindre scrupule. Pas même un fourmillement de regret. Non, tout ça n’a rien d’acceptable lorsque l’on est un humain décent « Ça… se met à faire partie du paysage. Ou plus exactement on croit que c’est le cas. D’expérience, je peux te dire qu’une pause et on se prend tout en pleine face. Pas les habitudes. Les gestes, les actes, le recul, tout ça ça reste ancré. » En silence et sans se montrer oppressante – elle l’espère en tout cas – la nouvelle Générale observe l’homme qui se tient à ses côtés et livre un bout de ce qu’il est. Un sentiment qu’elle a pu ressentir face à Benjamin, lui aussi ancien soldat, mais ils ne se sont jamais retrouvés dans cette configuration jusqu’ici. Oui, ils ont géré la douleur ensemble mais pas comme Maxence et elle se trouvent en cet exact moment. Est ce que c’est de ça dont Margo parlait lorsqu’elle évoquait ses frères et ses sœurs d’armes ? Des êtres qui se battent ensemble, qui souffrent ensemble, qui apprennent ensemble ou les uns des autres « Les morts c’est autre chose. Mais oui, je crois que d’une certaine façon, on s’habitue. On trouve… un recours, une manière de percevoir le réel différemment pour être capable d’agir malgré tout. Du moins, on se donne cette impression. Ça nous rassure de se dire qu’il n’y a pas de faille, mais il y en a. » Un biais du cerveau pour accepter l’inacceptable, sans doute, et alors que ses iris ne quittent pas le profil du jeune homme naît d’elle cette réflexion : Comment imaginer un type comme lui prendre une vie ?

Les vêtements déchirés ou tachés, elle ne voit pourtant que l’humanité qui émane de lui avec une sorte de violence silencieuse et immobile. Une impression peut être puisqu’elle le connaît si peu mais par son propre regard et celui d’autres elle a dessiné les contours de la personne qu’il est avec une sorte de justesse qu’elle s’autorise. Ça n’est pas vraiment de l’empathie qu’elle ressent ni même de l’admiration, sans doute plus une sorte de respect teinté de considération.

« Quant au chaos… C’est différent. Et puis, il y en a qui gèrent mieux que d’autres. » Sans doute. Elle, elle n’en sait rien.

Même si elle n’a pas hésité à s’engager en connaissant les risques et ce depuis de nombreuses années maintenant, même si elle n’a pas tremblé lorsqu’elle s’est portée au secours d’un lycan à quelques rues seulement du Ministère, même si elle n’a pas non plus envisagé d’esquiver la raison pour laquelle ils se trouvent là ensemble, elle ne peut pas prédire du contre-coup ni même de s’il risque d’arriver ou non.
En cet instant ça n’est pas de la sérénité qu’elle ressent mais malgré tout une sorte de calme qu’elle ne sait pas vraiment comment interpréter. L’adrénaline qui disparaît du système, sans doute, voilà pourquoi elle se sent un peu sonnée « Tu t’en sors bien. » Ces mots là viennent la chercher dans ses pensées où elle s’était égarée une seconde, lorsqu’elle retrouve le regard de Maxence elle devine un sourire sur le coin de ses lèvres. Elle n’a pas besoin qu’on l’approuve mais nier la reconnaissance serait idiot. Elle le sait, elle se connaît, que ça vienne de lui a bien plus de valeur que si ça venait de personnes plus hauts gradées car à ses yeux la Garde est une institution de plus. Pas qu’elle ne respecte pas les leaders, elle a simplement plus de déférence et d’attention pour ceux qui vont au front et qui plus est sans faire de bruit. Les soldats silencieux qui encouragent les autres et pansent leur plaie lorsqu’on ne les regarde plus « Ma première sortie était bien pire. » Le rire qui lui échappe vient la surprendre, le geste est rapide lorsqu’elle vient plaquer ses doigts contre ses lèvres comme une enfant prise en faute. Face à eux la peine irradie toujours des deux corps dont le cœur pulse encore, elle n’a pas envie de leur manquer de respect.

« Merci. »

Rien qu’un murmure lâché dans l’air après quelques secondes alors qu’elle replace une mèche de ses longs cheveux noirs derrière son oreille gauche. S’en suit un long et profond soupir silencieux sans que son regard ne quitte le troisième corps immobile sur le sol. Elle ne tremble pas à l’idée de prendre ses responsabilités, si quelqu’un doit prévenir la famille de cet innocent ce sera elle et nul autre. Un deuil de plus, un déchirement de plus, c’est un éclair de rage qui vient vriller ses veines le temps d’un battement de cœur « J’imagine que le syndrome de l’imposteur s’estompe avec le temps. » Celui que l’on ressent en se demandant s’ils ne se sont pas trompés en lui proposant un rôle d’une telle ampleur alors que seulement quelques semaines plus tôt elle était encore assise derrière son bureau au sein du Ministère. Aujourd’hui la voilà sur le terrain, plus un poids morts qu’un réel atout si elle s’écoute, forcé de constater malgré tout qu’elle a su réagir.

A son tour elle adresse un sourire au Médicomage, tout autant discret mais l’amusement peu se lire dans le fond de ses prunelles « Il y a une légère différence entre détruire ou falsifier des dossiers et faire exploser un pan de mur du Ministère. » De l’autodérision, en quelque sorte. Jane est simplement en train de découvrir l’un des réflexes qui permet de ne pas prendre les choses trop à cœur ou en tout cas d’en détourner les effets.

« C’était une vocation ? » Le buste légèrement penché en avant et les coudes posés sur les cuisses elle cherche de nouveau son regard « Rejoindre l’armée pour y exercer ton métier je veux dire. » Mains croisées entre ses genoux elle roule des épaules pour les dénouer, son corps commence à peser lourd « Et Poudlard ? » Elle n’a pas le souvenir qu’on lui ait expliqué comment ni pourquoi il a eu la malchance d’atterrir là-bas. Une déveine pour lui mais assurément pas pour ceux auprès de qui il a pu être présent tout ce temps.
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Jane I. Wilson
Lun 14 Aoû 2023 - 12:06

Dimanche 4 décembre - 22h

Ça n’a rien de facile, de prendre des engagements tels que ceux de la Garde. Rien d’aisé, à passer le cap du terrain. A y demeurer. A y retourner. On se prend des chocs dans la gueule, on y fait des choix, on ramène nos morts et on panse nos plaies.
Et on y retourne.
Je ne dirais pas que je suis le mieux placé pour parler de ça. D’autres ont plus d’expérience du terrain ; je n’ai, dans le fond, que quelques années derrière moi. Bien davantage dans des blocs que sur le front. Et pourtant je suis là, à faire le point sur des sensations qu’en vérité, je relaye au second plan la majeure partie du temps. Ça fait partie du paysage. Parfois on en vient à oublier. C’est le pire. On déconne sur des sujets qui ne le devraient pas, on prend un recul qui se mue en une forme de cruauté. La dynamique est étrange, mais elle est commune à tous ceux qui côtoient l’horreur et la mort. On se blinde, c’est aussi simple que ça. On fait ce qu’on doit faire.
Elle en fait de même. Ce n’est pas son monde. Dans d’autres circonstances, jamais elle n’aurait eu à porter la responsabilité de ses choix et malgré tout, elle est là. Sans flancher, elle passe d’un rôle de bureaucrate à celui de chef de patrouille. Elle doute, bien sûr, qui ne le ferait pas à sa place ? Mais la décision est solide.

Et le rire lui échappe.
Un regard en coin et je rattrape celui qui pointe dans ma gorge à la voir plaquer quelques doigts sur ses lèvres. Les traits crispés, je baisse les yeux et calme le soubresaut d’amusement qui passe dans mes épaules. Il y a un humour véritable qui se heurte à la situation. Encore une fois, ça confine à la cruauté, je le sais. Pas qu’on se moque de ce que les autres traversent, mais parfois il est essentiel de s’en détacher pour avoir la force de continuer. Le respect, malgré tout impose la discrétion. Ainsi l’élan de légèreté passe et je me redresse avec dans le regard cette perception contradictoire qui est la mienne. Les difficultés s’entassent et marquent nos êtres. Il n’est ni aisé de rester stoïque face aux drames, ni agréable de comprendre que tout ça devient une forme d’habitude.

« Merci. »

Je hoche, le regard porté sur le corps au centre de la pièce, une crispation sur les traits. Dans le silence, les visages de ceux que j’ai perdu passent et me côtoient. La famille, en priorité bien sûr. Les amis. Les patients. Les mômes.
“Vous n’êtes pas payé pour aimer vos patients”, m’a-t-on répété en formation. “Vous ne pouvez pas vous impliquer”.

Mais j’ai pas été payé.

« J’imagine que le syndrome de l’imposteur s’estompe avec le temps. »

Sans doute.

Un sourire passe sur mon visage. Je n’ai rien de plus à lui proposer. Un sourire. Oui, ça s’estompera, puis ça reviendra. On en est tous là. On fait. Il y aurait sans doute d’autres personnes de plus qualifiées pour remplir ces missions qu’on se donne ou qui nous tombent dessus. Mais ces personnes ne sont pas là et le temps de les attendre ne nous est pas accordé. Alors on fait. Parce que d’autres comptent sur nous. Parce que prendre une autre voie n’est pas envisageable. On fait. Et à force de faire, on devient cette personne qu’il nous manquait.
Fake it untill you make it, comme on dit.

« Il y a une légère différence entre détruire ou falsifier des dossiers et faire exploser un pan de mur du Ministère. » L’autodérision étire ses lèvres et l’amusement passe dans ses prunelles autant que dans le souffle que je lâche en toute réserve.
“Subtile différence…”

Passer de l’un à l’autre n’a rien de simple, c’est un fait. Il n’empêche… elle a fait exploser les sous-sols du Ministère. Tout le monde ne peut pas se vanter de pouvoir mettre ça dans son CV.

« C’était une vocation ? » Je me redresse et pivote légèrement vers elle. « Rejoindre l’armée pour y exercer ton métier je veux dire. » L’histoire d’un échec médiocre surtout. « Et Poudlard ? »
Un sourire pincé passe. Grande histoire.

“L’histoire risque de ne pas être tout à fait à mon crédit..” Pas sur la première partie du moins. Elle roule des épaules, je garde le silence un instant. Je vois dans le fracas du silence celui des affrontements, des incertitudes, des face à face avec mes supérieurs. Je me revois assembler des preuves, refuser de retourner au combat, les engueulades avec les autres gars, les accusations. Je revois mes parents à qui je n’ai rien dit. La solitude, l’incompréhension. Les doutes. De ceux qui vous bousillent une vie et vous apprennent que depuis le début, vous n’étiez pas du bon côté du canon. J’me souviens pourtant des bons moments, d’avoir voulu en parler à Benjamin à ce moment-là. Un allié m’aurait été utile. Un chef que je respectais, dont je chérissais les conseils.
Un soupir passe, je remonte, revoit mes parents, l’impossibilité de leur avouer la démission. La fuite, même, chaque fois qu’ils insistaient sur mon métier.
Ils n’ont jamais su.
J’me voyais mal leur expliquer, même après la libération de l’école. Leur dire que j’y retournerai. Que je lâcherai pas ces mômes.

“J’ai toujours pensé qu’il y a des causes qui comptent. Des trucs qu’il faut défendre, qui dépassent nos petites personnes. Mon père biologique était militaire.. J’ne m’en souviens pas bien, mais je sais que c’était important pour lui. Ma mère était dans le médical. En rééducation. Je suppose que j’ai fait un mixe des deux.”

Tout ça semble bien loin. Parfois, il me semble avoir pris vingt ou trente ans ces dernières années.

“Pendant mes études, j’ai discuté avec l’un des pontes. Médecin militaire. Ce qu’il m’a raconté m’a touché. C’est parti de là.” L’internat, les études, l’émulation. Tout ça me manque, je m’en cache pas.

“J’ai fini à Poudlard parce que j’ai remis en question certaines choses. Que j’me suis mis à douter d’être du bon côté. En d’autres situations, j’aurais été un déserteur.” Pas le terme qui me plait le plus, admettons-le. “J’ai atterri à Poudlard pour un job alimentaire, le temps de me retourner. J’ai échappé au conseil militaire mais fait sauter la plainte que j’avais fait courir sur certains de mes chefs. J’avais besoin de recul. D’essayer de comprendre si c’était moi.. que j’avais mal raisonné et complètement déconné ou si, vraiment, le gouvernement et moi ne jouions pas dans le même camp.” cette version est raccourcie, elle mélange une part de la chronologie et simplifie le trait. Mais je ne vais pas revenir sur chaque étape qui m’ont amené à arriver là où je suis. Bien sûr, je ne songeais pas à l’époque que le gouvernement en lui-même était corrompu. J’envisageais quelques têtes, un jeu de malchance, une volonté d’un des sergent, qu’en sais-je ? D’ailleurs je doute que le Ministère était aussi gangrené qu’il l’est actuellement. C’était les signes précurseurs, le mal qui coule en cascade sur ceux qu’on trouve en bout de chaîne. Sans le vouloir, ils deviennent des maillons, servent des valeurs qui ne sont pas les leurs.

Pas à mon crédit, donc.

“J’ai eu le job, et ma réponse du même coup.”
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Maxence Lukas Wargrave
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Maxence Lukas Wargrave
Jeu 17 Aoû 2023 - 16:00
« L’histoire risque de ne pas être tout à fait à mon crédit.. » Elle ne sait pas ce qu’il se passe derrière la barrière de ses sombres iris et n’a pas la prétention d’essayer de deviner. Ce qu’elle sait de lui elle l’a appris par d’autres pour la très grande majorité. Neolina, Benjamin, Niall, chacun un regard bien personnel sur la personne qu’il est. Bien sûr ça lui permet de se faire une idée mais aujourd’hui elle se permet de creuser plus loin et surtout de l’interroger directement.
Elle perçoit une sorte de sarcasme, de la dérision peut être, une sorte de malaise qu’elle choisit de ne pas interpréter car il s’agit du reflet du regard qu’il porte sur lui-même « J’ai toujours pensé qu’il y a des causes qui comptent. Des trucs qu’il faut défendre, qui dépassent nos petites personnes. Mon père biologique était militaire.. J’ne m’en souviens pas bien, mais je sais que c’était important pour lui. Ma mère était dans le médical. En rééducation. Je suppose que j’ai fait un mixe des deux. » Un discours qui lui parle, qu’elle rejoint et auquel elle adhère en tout cas pour la première partie. Une Cause qui compte ? L’exacte raison de sa présence ici et au sein de la Garde qu’elle a pourtant hésité à rejoindre. Son combat était pour Leroy au tout départ, il s’est étendu au fil des ans alors qu’elle développait une volonté naturelle d’aider ceux qui en ont le plus besoin. L’injustice à combattre comme fer de lance, le Gouvernement comme ennemi commun.
Un père militaire, une mère dans le médical, la précision sur le premier qu’elle note sans vraiment savoir que faire de cette information. Pas que ça n’a pas d’importance, ça en a certainement pour lui s’il l’évoque ainsi. Ce qu’elle enregistre surtout c’est ce mélange, ce qu’il a pris consciemment ou non de ces deux parents « Pendant mes études, j’ai discuté avec l’un des pontes. Médecin militaire. Ce qu’il m’a raconté m’a touché. C’est parti de là. » Difficile pour elle de ne pas penser à Benjamin, il est le seul militaire – ancien militaire – qu’elle côtoie et dont elle connait l’histoire. Sans doute pas dans les détails mais ils ont appris à se dévoiler l’un à l’autre au fil du temps. Cet homme elle s’y est attachée, a ressenti sans doute plus que de l’amitié pour lui et ne niera jamais le désir qui s’est éveillé parfois entre eux mais rien ne s’est passé. Rien ne se passera. Comme si l’un et l’autre faisait passer la mission et ceux qu’ils protègent avant tout. Elle n’en ressent pas de regret, chéri ce qu’ils partagent en l’état car elle voit en lui un homme sur qui elle peut compter. Un sentiment précieux « J’ai fini à Poudlard parce que j’ai remis en question certaines choses. Que j’me suis mis à douter d’être du bon côté. En d’autres situations, j’aurais été un déserteur. » Le menton posé sur les phalanges de sa main droite elle hoche la tête, attentive, un air sérieux sur les traits.

Ce qu’il exprime lui est familier car c’est ce qu’elle a ressenti au fil des ans vis-à-vis du Ministère. Elle a rejoint une institution en laquelle elle croyait profondément mais lorsque le vent a commencé à tourner ça ne lui a pas échappé. Elle s’est accrochée, s’est dit que la meilleure façon de les contrer était de rester au cœur même de leur Maison Mère, jusqu’à ne plus en être capable. Aujourd’hui ses armes sont différentes, sa façon de combattre tout autant. Plus violente et plus frontale, de la même exacte façon dont elle a repoussé Oliveira au sein même de son bureau.
En elle reste ancré le souvenir des deux hommes ayant sacrifiés leur vie pour sauver la sienne, ils sont une des raisons de sa présence ici ce soir et plus généralement au sein de la Garde de Myrddin « J’ai atterri à Poudlard pour un job alimentaire, le temps de me retourner. J’ai échappé au conseil militaire mais fait sauter la plainte que j’avais fait courir sur certains de mes chefs. J’avais besoin de recul. D’essayer de comprendre si c’était moi.. que j’avais mal raisonné et complètement déconné ou si, vraiment, le gouvernement et moi ne jouions pas dans le même camp. » Un job alimentaire … S’il avait su dans quel enfer il était entré « J’ai eu le job, et ma réponse du même coup. » Le rire qui échappe à Jane cette fois trahis une sorte d’amertume, du cynisme peut être « Je pourrais sans doute en dire autant. » Elle a fait quelques boulots différents avant d’entrer au Ministère, des jobs à la fois alimentaires et intéressée qui lui permettent aujourd’hui d’avoir élargi son panel de connaissance et capacité d’action.
Ça n’est pas ça qu’elle souligne mais belle et bien les années passées à se lever chaque matin pour voir les choses dégénérer « J’ai travaillé 15 ans pour le Ministère, je m’y suis accrochée en espérant le voir redevenir ce qu’il était. J’y ai cru. » Pas de tristesse dans la voix, elle a passé le cap. C’est surtout une résignation teintée de lassitude qui entoure ses paroles à présent, comme si elle avait fait le deuil de cette partie de sa vie et de son attachement au lieu comme à l’institution. Elle n’a pas abandonné les valeurs qu’elle défend, bien au contraire, sa présence ici cette nuit en est la preuve flagrante « Tu as eu un sacré sens du timing pour ce qui est de ton job alimentaire. » Son regard posé dans le sien c’est une étincelle amusée qui l’éclaire. Elle se moque avec une certaine forme de tendresse, ne dénigrant en aucun cas la gravité de la situation. Elle n’y était pas, il existe une vraie distance entre elle et ces évènements parce qu’elle ne les a pas vécus mais lorsqu’elle a croisé le regard de Gaby alors qu’on lui confiait la jeune fille elle a compris. A retardement peut être, jamais en elle ne s’est manifesté le besoin de faire sortir d’autres enfants de cet Enfer car à l’époque très peu d’informations fuitaient. A quoi bon se flageller, elle est là aujourd’hui, elle l’a été à sa façon au fil du temps.

« Ce n’est pas un crime d’avoir confiance, ça n’est pas non plus être naïf que d’avoir la foi. »

Des mots qui sortent dans un souffle alors que son regard se perd sur les trois êtres au centre de la pièce. Ils ne les sauveront pas tous, ils le savent, mais s’ils peuvent en aider au moins ne serait-ce que quelques-uns …
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Jane I. Wilson
Mar 29 Aoû 2023 - 20:47

Dimanche 4 décembre - 22h

Refaire le tracé du passé a quelque chose d’étrange après tous ces évènements. Maintenant que le drame de sa famille s’est abattu sur lui, Maxence a le sentiment de marcher en dehors des clous, quelque part à côté de sa propre timeline. Comme un voyageur qui observerait l’existence des autres au travers d’une vitre de plexiglas. Tout lui semble lointain d’une certaine manière. Hors de portée. Ainsi ses mots refont le parcours d’un homme qu’il est censé être mais qui lui semble distant. La vérité c’est que tout s’est arrêté pour lui à la mort de sa famille et que s’il fait en sorte de garder la tête hors de l’eau et d’avancer, il y a une part d’absurdité quant à ce qu’il a vécu avant et après l’évènement. Comme si rien n’était tout à fait réel. Une impression qui l’a suivi un moment après avoir quitté l’armée. Classique, il le sait. Poudlard fait sans doute le même effet. On a l’impression d’être hors du temps. La difficulté de ce qu’on a traversé ne fait sens qu’une fois le recul pris.
Un pincement au cœur, Maxence contemple ce résumé scabreux de sa vie. Il y simplifie bien des choses, compresse des évènements ou les fusionnent mais l’ensemble, pourtant, est porteur d’une sincérité évidente. Dure sans doute. Pleine d’un dépit douloureux. Ce n’est pas aisé de contempler ses propres choix lorsque ceux-ci nous ont amené à faire partie du camp ennemi. Pas simple de se demander si un choix différent aurait amené moins de drames. Ou de penser qu’on a cru, simplement cru, la mauvaise personne. Maxence vit avec ces gens qu’il a contemplé droit dans les yeux. Avec ces décisions qui l’ont amené à sauver quelqu’un et pas un autre. Avec ces certitudes qui lui ont appris que ces attaques, là, l’ont été contre les mauvaises personnes. Le passif avec Kezabel lui a appris à voir ses contemporains différemment ou du moins à prendre conscience qu’un jour, il a pu être de ceux qui se trouvaient du mauvais côté de l’arme.
Avec cette connaissance-là, il n’est pas difficile de comprendre comment le monde fait pour tourner si mal. Comment une poignée de tarés font pour diriger des foules et provoquer la chute des valeurs qui ont pourtant été des piliers pour ce pays. Des idéaux pour lesquels il a avancé dans les charniers du front et pour lesquels il s’est battu.

Un soupir passe puis la sentence tombe entre ses lèvres : le job, la réponse. Toute l’ironie sale d’une situation absurde qui arrache un rire à Jane et se répercute en silence dans sa propre gorge. C’est moche, mais il n’a jamais vraiment cessé d’en rire.

« Je pourrais sans doute en dire autant. » Un petit sourire passe sur les lèvres du sorcier qui redresse le visage pour l’observer un instant. Il y a une forme de complicité là-dedans. La connivence cynique des coupables pour qui trahir s’est apparenté à guérir.
« J’ai travaillé 15 ans pour le Ministère, je m’y suis accrochée en espérant le voir redevenir ce qu’il était. J’y ai cru. » Ce timbre, Maxence le connaît. Il y avait le même dans sa gorge lorsqu’il parlait de l’armée avec Ismaelle. Ce “J’y ai cru” résonne particulièrement chez lui. Il parle au jeune homme qui, en s’engageant, a voulu apporter quelque chose. Faire de sa vie une fin en soit. Être utile. De nouveau, le sourire qui passe sur ses lèvres est celui qui comprends. Comprendre véritablement ce que ça implique. « Tu as eu un sacré sens du timing pour ce qui est de ton job alimentaire. »   De nouveau, un rire léger passe sans un bruit par déférence pour ceux qui vivent un deuil à quelques mètres.
“N’est-ce pas !” Qu’il s’agisse d’elle ou de lui, la dérision est nécessaire et semble s’être imposé bien des années avant cette conversation. “J’ai toujours eu un certain sens du timing.” Une pensée pour le gamin d’hier toujours apte à esquiver les adultes inquisiteurs lorsqu’il faisait une bêtise. Le karma vous rattrape, semble-t-il. Pas spécialement de culpabilité ou plus exactement pas de flagellation extrême. Simplement un sale goût laissé par son propre passé. S’il y a sensation d’être coupable, c’est face à ceux pour qui il n’a pas été là, en face à face. Des gens concrets, pas une sensation diffuse. Malgré tout, l’expérience du medicomage permet de rationaliser, de prendre du recul. Pourtant, les mots qui suivent le touchent véritablement.
« Ce n’est pas un crime d’avoir confiance, ça n’est pas non plus être naïf que d’avoir la foi. »
La douceur d’un sourire passe sur ses lèvres et envahit l’ambre de ses prunelles. Pendant un long moment, Maxence ne répond pas et laisse son regard courir sur la pièce. Tout ici suinte le drame et pourtant, il y a en lui quelque chose de plus apaisé qui n’est pas étranger à ces mots. Il acquiesce lentement. En soupèse la signification. Par moment, il se fait l’impression de n’être qu’un enfant à qui il faut rappeler des concepts simples quand, pourtant, il a été celui qui servait de figure d’adulte durant des années. La sensation est récente, inhérente à sa présence au sein de la Garde, face à ceux qui portent la marque dont sa peau est dénuée. Alors il se rappelle que la trentaine n’est pas si loin et qu’on a tous, par moment, l’impression d’être un gamin. Il suffit de faire face à l’ingérable, au nouveau, aux expériences douloureuses. Rien qui lui soit étranger. Ça ne vous laisse pas intact. Mais parfois, il est important de se faire dire certaines choses.

“Je crois que j’avais besoin qu’on me le rappelle. Merci.”

Devant, l’un des survivants relève le regard et le pose un instant sur eux. Ses doigts se serrent un peu plus sur le tissu qu’il a gardé en main. Il ne baisse pas les yeux bien sûr, pince seulement des lèvres, non par pitié mais pour rappeler qu’ils sont là, qu’ils ne lâchent pas, qu’ils entendent et voient ce que le monde fait de l’humanité et qu’il reste des gens pour répondre présent quand il s’agit de limiter la casse. L’homme dégluti, baisse les yeux et serre la main de celui qui reste immobile, à sa droite. Plus jeune. Trop jeune, sans doute. Les larmes s’échappent de ce dernier lorsque le premier l’attire un moment dans ses bras pour le calmer. La détention, ça vous rapproche, lui comme les anciens de Poudlard en savent quelque chose. Mais le mort était peut être quelqu’un d’autre pour lui. Plus proche qu’un simple inconnu. Va savoir…

Il faudra les forcer à bouger. Bientôt. Mais après une hésitation, le toubib se décide à leur laisser quelques minutes supplémentaires.

“C’était comment ? De bosser au Ministère ces dernières années ?” La question s’évade dans un souffle.


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Maxence Lukas Wargrave
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Maxence Lukas Wargrave
Ven 1 Sep 2023 - 15:47
Ces mots-là elle n’y a pas réfléchi et si son regard tout comme son attention étaient posés sur Maxence elle y verrait l’écho, celui qui résonne en silence mais se diffuse partout en lui. Elle n’a sans doute pas non plus conscience de l’apaisement qu’elle a aidé, par sa présence et ses paroles, à provoquer chez le Médicomage. Elle ne le connait pas assez pour voir la légère différence dans l’inclinaison de ses épaules ni son souffle qui semble lui aussi plus calme. Leurs yeux continuent d’effleurer le drame qui se joue face à eux mais leur cœur se fait plus serein car ce qu’il lui offre est tout aussi sérieux.
D’ici quelques jours peut-être ne se souviendront ils même pas des détails de cette discussion mais les effets resteront, bien ancrés dans les chairs, sous la peau, dans chaque molécule et cellule nerveuse. Frères d’armes. Si Jane n’y pense pas c’est bel et bien ce que ressentent ceux qui se battent ensemble pour une même cause et ce qu’ils ont partagé aujourd’hui créé un lien entre eux c’est indéniable. Une unité, un sentiment d’appartenance, quelque chose d’un peu spécial puisqu’ils semblent l’un comme l’autre chercher leur place dans cette grande machine qu’est la Garde. Plus tard la Sorcière se demandera sûrement pourquoi est-ce qu’il n’y plonge pas entièrement alors que chacune de ses pensées et actions sont d’une évidence brute. Pour lui le combat a commencé il y a bien longtemps « Je crois que j’avais besoin qu’on me le rappelle. Merci. » Avec lenteur la nouvelle Générale tourne le visage vers lui et la douceur de son sourire n’est interrompu que par le regard qu’elle sent peser sur eux.

A quelques mètres de là l’un des prisonniers, l’un des survivants, capte leur attention et bien des choses passent en silence. Jane lui offre toute la douceur et l’humanité qu’elle peut exprimer par ses yeux, son corps reste immobile alors que son cœur se fissure lorsque les larmes reviennent sur leurs joues. Le spectacle reflète à la fois ce qu’il y a de pire et de plus beaux, la douleur d’une perte mais la force d’un lien. Est-ce qu’ils se connaissaient avant d’être enlevé ? Elle n’en sait rien mais en les voyant si soudés elle n’a aucun mal à comprendre la force de ce qui les unie désormais.

Ils sont de ceux qui ont souffert ensemble.

Ça lui étrangle un peu la gorge toutes ces émotions, les siennes comme celles des autres, mais la voix de Maxence vient la récupérer alors que la fatigue amplifie ce qu’elle ressent « C’était comment ? De bosser au Ministère ces dernières années ? » Jane se redresse et arque les sourcils, son regard glisse sur le plafond dans vraiment le voir alors que son dos vient retrouver la paroi derrière eux. D’abord un soupir, comme si elle cherchait ses mots en se replongeant dans ce qui semble presque être une autre vie. Tout ça lui semble si lointain à présent mais les souvenirs et les sensations n’ont besoin que de quelques secondes pour revenir « Un véritable test de patience et un bon entrainement pour envisager l’acteur studio. » Pas de rire cette fois, seulement un sourire dont le sarcasme est évident. Combien de fois a-t-elle serré les dents pour se contenir ? La colère, la lassitude, la résilience, elle est passée par de nombreuses phases et émotions tout au long de ses années mais s’est accrochée. En partie pour Leroy, certes, mais c’est devenu plus large au fil du temps « C’était dur de les voir gagner en puissance sans qu’aucun barrage ne soit suffisamment solide pour les en empêcher. » Ces mots-là ne sont pas un reproche envers qui que ce soit car tous ceux qui ont essayé sont des héros à ces yeux mais les faits parlent d’eux même : Jusqu’ici certaines batailles ont été gagnées mais l’ennemi semble chaque fois reprendre du terrain. Qu’est-ce qu’il faudrait pour les faire plier ? Après avoir navigué parmi eux pendant si longtemps elle n’a pas plus trouvé la solution que n’importe qui d’autre « Avec le recul je ne sais pas comment j’ai fait pour tenir aussi longtemps mais l’adage est assez vrai, être proche de son ennemi a ses avantages. » Et c’est sans doute ce qui lui a permis de tenir autant de temps car de si près elle a pu faire une vraie différence pour certains. Combien de dossiers falsifiés ou détruits à son actif ? Elle n’a pas compté et ça n’est peut-être pas énorme mais ils représentent sans doute tous une épargnée.

C’est en évoquant ces choses-là que la sorcière réalise à quel point elle a finalement déjà tourné la page. Sa vie n’est plus la même, elle n’est plus la même, ce qui brûle au fond de son cœur ressemble à de la fierté alors que Lana entre dans l’entrepôt à nouveau. Droite, fidèle à elle-même, Jane sait qu’elle n’est pas une personne froide mais elle impressionne « On a le feu vert. » Sans trop y réfléchir la sorcière cherche le regard de Maxence avant de hocher la tête et se lever, la direction qu’elle prend est celle des rescapés auprès desquels elle s’accroupit sans faire le moindre geste brusque. En douceur sa main vient se poser sur le bras du plus vaillant des deux survivants, celui qui semble jouer un rôle si ce n’est de protecteur au moins de présence solide « Si vous êtes d’accord on va vous emmener dans un lieu sûr où vous pourrez prendre une douche, manger quelque chose et vous reposer. » Bien sûr que les questions viendront mais elle y met un point d’honneur, l’impatience devra rester au placard le temps qu’ils reprennent leurs esprits et reposent leur corps. Si elle doit effectivement diriger une section entière alors ce sera selon ses termes, elle a été claire « On va prendre soin de lui aussi. » Son regard passe de l’un à l’autre avant de se poser sur le défunt qui sera traité avec le même respect que les vivants.

Un principe, une évidence.

▬ FINI POUR MOI ▬
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Jane I. Wilson
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Jeu 14 Sep 2023 - 18:16

Dimanche 4 décembre - 22h

Les drames s’enchaînent et passent dans leurs vies sans prévenir. Quelques trêves, quelques reports d’audience, mais les faits sont là et les crimes devront être payés un jour ou un autre. C’est l’idée qui lui vient lorsque le regard de ces gens croisent le sien un instant. Un jour viendra l’heure de payer. Un jour, celle de se pencher sur ses actes et d’en assumer les conséquences. Mais en attendant, c’est à ceux qu’il incombe de faire tampon. De sauver ce qu’il reste et d’aider à recoller les fissures.

Là aussi, il y a des causes qui comptent. Ce qui l’a toujours étonné, c’est de voir comme celles qui mettent l’individu au centre sont souvent celles qui l’oublient le plus vite.

« Un véritable test de patience et un bon entraînement pour envisager l’acteur studio. » Il y a un souffle qui passe ses narines. Ironique, cynique même, il comprend ce qu’il y a derrière ces mots. Devoir prendre sur soi, faire face, voir le pire sans pouvoir réagir immédiatement car on sait qu’il s’agirait là de la pire des décisions. Le mieux est l’ennemi du bien, dit-on. Ses années à Poudlard en ont été la plus franche des démonstrations. Le sourire s’effrite, donc, et l’homme observe en silence le petit groupe tenter de garder contenance. Travailler au Ministère ne semble d’ici pas si éloigné de sa propre expérience au Château. « C’était dur de les voir gagner en puissance sans qu’aucun barrage ne soit suffisamment solide pour les en empêcher. »  L’impression reste là n’est-ce pas ? Celle de voir les batailles se perdre et le bout du tunnel inexorablement reculer. Rien n’est simple dans l’histoire, encore moins leur position à tous. On en viendrait presque à se reprocher les essais, pourtant courageux. Presque, car ce n’est pas leur position, ni pour l’un, ni pour l’autre. Le tout est de continuer à tenter.

L’échec n’apparaîtra qu’à ce moment-là. En attendant, chaque tentative est encore une victoire. La voix de ceux qui ne se taisent pas. De ceux qui n’acceptent pas.
Et quand il voit le drame qui se déroule devant son regard, il semble évident que cette voix compte.

« Avec le recul je ne sais pas comment j’ai fait pour tenir aussi longtemps mais l’adage est assez vrai, être proche de son ennemi a ses avantages. »

Un sourire passe. De ces sourires sans joie qui masquent quelque chose de plus lourd. Un truc râpeux qui ne peut que trop bien entendre la portée de ces mots. De ces jours passés auprès de l’ennemi. Être proche est un avantage, c’est certain. C’est aussi le meilleur moyen d’en perdre la raison. Ce qu’elle a fait est admirable, mais il comprend la décision d’arrêter et de se battre autrement. De ne plus pouvoir, aussi simplement que ça. De manquer d’air.

“Oh je visualise bien oui..”

Là encore, bien des parallèles à noter entre leurs histoires. Une idée qui ne l’avait pas effleuré avant de l’entendre prononcer ces dernières phrases. Un sourire, c’est tout ce qui achève de les lier tandis que le signal de départ leur est transmis. Jane reprend son rôle de meneuse et Maxence suit dans un hochement de tête sobre. Il proposera à chacun de les examiner, de leur apporter des soins s’ils le souhaitent. Des réponses, aussi, quand le moment sera venu, avec l’accord de la générale. Le point de vue d’un médecin sur les plaies, les morsures, l’impact sur le corps, sur ce que la lycanthropie implique. Son champ d’expertise, ni plus ni moins, le reste étant confié aux autres.

Leur job, donc. De ceux qui comptent.





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