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Mer 19 Oct 2022 - 15:56
~Mercredi 5 Octobre – Fin de matinée ~

Julian n’avait que partiellement conscience des corps qui se trouvaient non loin du sien, des conversations plus ou moins assumés, dont les variations de volume n’étaient que pour elle un vague remous dans son paysage sonore. Elle n’entendait presque que son propre cœur dans sa poitrine et ses pas qui résonnaient sur les pavés. Elle ne cessait de se demander ce qu’elle faisait là. Cela faisait un an qu’elle se tenait loin du monde magique avec une application presque clinique et cela ne lui avait jamais manqué. Elle qui avait grandi dans une famille de Sang-Purs et s’était affirmée comme telle et fière de l’être pendant des années s’était simplement glissée dans le moule. Sans difficulté particulière elle avait accepté les contraintes du monde moldu, elle avait dû apprendre à prendre son temps, à ne plus se déplacer aussi vite que voulu, à user plus de ses mains et de ses bras en général. Revenir à Londres était un moyen de renouer avec ses anciennes connaissances et de faire un pont avec un passé qu’elle ne pouvait pas effacer, quels que fussent ses efforts. Mais renouer avec la magie ? Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas formulé de sort qu’elle était persuadée d’avoir tout oublié. Cette idée ne créait cependant pas de panique particulière chez elle, plutôt une fatalité. Alors pourquoi s’être aventurée là, pourquoi avoir franchi le mur des deux mondes et arpenter les rues commerçantes du quartier sorcier ? Officiellement, elle voulait se rendre à Gringotts et vérifier l’état de ses comptes. Si le mot qu’elle avait reçu disait vrai, si la disparition inexpliquée de ses parents la mettait désormais en sécurité alors elle pouvait aller récupérer un peu d’argent pour se faciliter la vie. Elle n’était cependant pas certaine que ce soit une bonne idée et hésitait encore quant au fait de passer à l’action. Alors pourquoi était-elle là ?

Aussi incertaine qu’elle fût, Julian progressait dans les rues du Chemin de Traverse. L’ambiance n’était plus vraiment la même que celle de son enfance, elle avait beau être dans sa bulle et peu concentrée sur ce qui se passait autour d’elle, elle le ressentait dans ses tripes. Il y avait quelque chose de pesant qui régnait autour d’eux. Elle s’approcha alors d’un marchant de journaux et voulu en acheter un pour mieux comprendre. Elle avait fui l’actualité comme la peste, terrifiée par ce qu’elle pourrait lire dans ses pages mais la curiosité, maintenant qu’elle était de nouveau dans ce monde, vibrait en elle. La veille, elle avait retrouvé dans ses affaires quelques pièces magiques, pas assez pour faire une quelconque folie mais suffisamment pour acheter une Gazette. Elle paya donc, presque hésitante au moment de recompter sa monnaie puis fourra le journal sans ménagement dans sa poche. Elle ne voulait pas le lire comme ça au milieu de la rue, elle avait peur qu’on ne lise ses réactions sur son visage. Comptant ses pièces à même sa poche, Julian envisagea de se payer une Bièraubeure et de lire son journal avant de se fixer sur sa visite ou non aux Gobelins. Mais alors qu’elle avançait vers un pub quelconque, une sensation violente dans le ventre la poussa à ralentir le pas.

Elle avait beau ne pas avoir eu le temps de lire son journal, Julian savait très bien ce qui se passait devant elle. Malgré le filtre qu’elle avait tenté de mettre en place, l’information était parvenue jusqu’à elle. A quelques pas plusieurs hommes étaient en train d’arrêter les passants pour un contrôle d’identité. Elle sut alors que l’idée d’aller à Gringotts était une foutaise. Quand bien même elle était bien placée pour savoir que les Supérieurs pouvaient la pister s’ils le voulaient vraiment, quand bien même elle était consciente qu’elle ne leurrait personne avec sa couleur de cheveux et ses lunettes, non, elle n’était pas prête. Elle n’avait d’ailleurs aucun document d’identité sur elle. Elle n’avait pas le temps de réfléchir, son champ de vision se rétrécit soudainement jusqu’à ce que l’alarme s’allume en elle quand l’un d’eux croisa son regard. Alors, usant de tout le self-control qu’elle possédait encore, Julian se força à ne pas courir. Elle tourna lentement les talons pour partir dans la direction opposée, aussi calmement que possible. Si elle se mettait à courir, elle attirait l’attention sur elle et elle pouvait être sûre qu’ils viendraient la trouver. Non, elle devait juste donner l’impression qu’elle revenait sur ses pas suite à l’oubli d’un achat ou n’importe quoi d’autre. Elle arrivait à un coin de rue et allait pouvoir se perdre dans les méandres des ruelles étroites quand elle ne put se retenir de se retourner pour jeter un regard aux hommes qui procédaient aux contrôles, pour être sûre qu’ils ne l’avaient pas suivie.

Et c’est là qu’elle le vit.

Elle dût porter une main à sa bouche pour retenir le cri qui montait le long de sa gorge. Sa vue s’embrouilla et elle oublia alors toute retenue. Ce qui pulsait à cet instant à l’intérieur d’elle était bien trop fort, bien trop incontrôlable. Alors elle obéit à son instinct et se mit à courir. C’était idiot, elle n’était pas encore totalement hors de vue, tous ses efforts pouvaient être réduits à néant, elle s’exposait bêtement mais elle ne s’était pas préparée à ça. Pas à voir ce visage auquel elle avait si souvent pensé, parfois au cœur de ses cauchemars. Non, elle n’était pas prête alors elle devait courir. Parce que le revoir, aussi fort qu’elle avait pu le souhaiter, la terrorisait.

Alec.

Julian courait dans les rues du Chemin de Traverse mais chamboulée par ses émotions elle n’avait aucun repère, ne savait pas où elle était et sa course fut stoppée nette lorsqu’elle percuta de plein fouet un autre passant. Le choc manqua de la faire tomber. L’homme en face d’elle maugréa quelques reproches, lui intimant de faire plus attention mais s’en alla sans en demander plus, non sans oublier de la bousculer légèrement au passage. Le souffle, court, complètement perdue, Julian lança alors des regards paniqués autour d’elle. Si elle ne se calmait pas, elle n’irait nulle part….
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Julian A. Neil
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Julian A. Neil
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Julian A. Neil
Mar 1 Nov 2022 - 11:32
“Tout ce que je dis c’est que si tu faisais preuve d’un peu de bonne volonté…” Lâcha Kenner entre ses dents serrées.
“Tout ce que je réponds, c’est que ta gueule me luxe une couille sans faire vibrer l’autre.”

Assis sur une marche, le regard braqué sur le joint qu’il venait de rouler, Alec se désintéressait parfaitement de ce que foutait la bande de connard qu’il avait été “cordialement enjoint de suivre” par son père.  Il n’eut d’ailleurs bientôt plus aucune notion de ce qui s’y faisait, perdu dans ses pensées, concentré sur les allers et venues des passants de la rue. Ça faisait plusieurs mois maintenant que le jeune homme avait dû sortir de sa cachette pour s’assurer que ses proches ne tomberaient pas sous la folie d’une tarée meurtrière. Des mois qu’il avait été interrogé pendant des heures pour s’assurer qu’il ne mentait pas et ne savait rien de l’endroit où son cousin recherché par l’ensemble des Supérieurs pouvait se trouver. Des mois, surtout, que malgré l’état lamentable dans lequel il avait terminé ce cauchemar : il avait gagné. C’était toujours là, pensée sous-marine au travers de l’enfer qu’on lui faisait vivre. Un détail auquel il se raccrochait pour ne pas perdre pied.

Alec essayait de se faire oublier. Grande gueule et attitude d’adolescent en colère contre le monde, il avait rapidement retrouvé ses habitudes de gros con. Ainsi, il jouait sur plusieurs plans, naviguant entre la résistance passive, la désinvolture lacunaire, l’insolence affirmée et la soumission minable. Carraway lui faisait vivre l’enfer, l’embarquant chaque nuit ou presque dans ses chasses, mettant ses nerfs à rude épreuve et l’amenant à agir d’une manière qui le rendait profondément malade. Pour autant Alec suivait ses ordres et refusait ceux des autres. Il jouait l’exact jeu qu’on attendait de lui d’un côté tout en se refusant à accepter le reste. Ainsi, il était le sale con, le traître dangereux et le chien en laisse tout à la fois. Des réputations qu’il se traînait, Alec en tirait partie. Pour le reste… il encaissait. Au début, tous étaient sur son dos. Maintenant chacun se lassait, à commencer par son père. S’il avait été demandé à Leeroy Rivers de le tenir à l’oeil, celui-ci avait fait ce qu’on lui demandait. Alec avait dû emménager dans la dépendance du jardin avec celle qu’il avait épousé pour la protéger des Rivers. Il lui avait refilé un tuteur qui lui collait aux basques chaque jour et ce, tant que Carraway ne se chargeait pas de lui. Même elle avait fini par lâcher du lest par rapport aux premiers jours. Après tout, ils n’allaient pas se coltiner sa gueule toute la journée hein ? C’était là-dessus qu’il avait tablé. Bien sûr, Alec connaissait assez ses parents pour savoir sur quels fils tirer pour mettre à mal leur patience. Quand aux autres… eh bien, ça prendrait le temps qu’il faudrait, mais il finirait par se tirer de cette merde.

C’était du moins ce à quoi Alec ne cessait de se raccrocher. Tirant sur le joint, il offrait un silence habituel à celui dont la présence les lui brisaient menues. C’était ainsi depuis un moment. Soit il s’enfermait dans un mutisme complet, additionné d’un petit sourire de sale con… soit il se mettait à les emmerder autrement. Une chanson redondante, un monologue constant, des bruits agaçants, la capacité à ne rien faire comme il le fallait, des soupirs et râles constants. Bref, Alec faisait chier. Et à vrai dire, il aimait assez ça. Ainsi, de petites batailles en petites batailles, il gagnait du temps libre sans même que qui que ce soit ne relève ses menues victoires. Pourtant dans le fond, son moral flanchait salement par moment. Mais ça, Alec se refusait à véritablement le voir. Le mental, c’était bien tout ce qui lui restait.

De nouveau, le jeune homme tira sur le cône tout en se levant. Ses jambes s’engourdissaient et les graviers sous ses pieds formaient déjà mille symboles réalisés du bout de la chaussure. Ainsi il se mit à déambuler autour du petit groupe de Supérieurs - ou non, après tout il n’en savait rien - qui lui tenait lieu de chiens de garde pour la journée. Ceux-ci arrêtaient les passants, demandaient leurs papiers, posaient des questions, en isolaient certains. Plusieurs fois durant la journée, un pauvre type avait été embarqué. Alec en avait vu plusieurs autres filer en douce. Quelque fois, son regard avait croisé celui d’un homme ou d’une femme qui s’extirpait de là. Jamais il ne les avaient dénoncés. Jamais il n’était intervenu non plus si les molosses leurs tombaient dessus. Il était là, planté comme un piquet immonde. Pire encore, la nausée finissait par ne plus tout à fait l’atteindre, comme si à force, il s’y faisait. S’y faire. La pire des horreurs.

Azalea, le bourreau de ses journées, celle à qui il avait vendu son âme pour revenir dans la partie avait sous-entendu que le pire, ce serait le doute. Le sien d’abord, la manière dont il se percevrait. Puis celle dont les autres le verraient. Warren lui avait toujours dit qu’il était malléable, qu’il finirait par suivre ceux dont les opinions le débectaient pourtant. Alec, lui, avait affirmé qu’il n’appartiendrait pas à cette catégorie. Il n’était plus le sale con qui était arrivé à Poudlard cinq ans plus tôt. Mais à reprendre un rôle plus ambigu, qu’en était-il de la manière dont les autres le verraient ? Sans un mot, ils lui avaient pourtant juré qu’ils auraient confiance en lui.

Si cette question tournait à présent dans son esprit, c’était simplement que celui-ci s’était arrêté brusquement.

A tournicoter autour du petit groupe comme un enfant qui s’ennuie, Alec avait fini par participer à quelques conversations ci et là au cours de la dernière heure passée. Rien de bien grandiose mais au cours de celles-ci, ces quelques mots échangés :

“Tu comptes nous tourner autour longtemps comme ça ? Si tu donnais un coup de main, tu t’emmerderais moins Rivers.”
“Faux ! Je t’emmerderai moins, nuance ! Ce qui serait beaucoup moins agréable si tu veux mon avis…”
L’autre avait soufflé, l’enjoignant à “Gérer une personne, au moins !” Ce à quoi Alec avait bien sûr répondu : “Oulah, pour ça il faudrait qu’elle soit sacrément canon !” “Choper un numéro” semblait ainsi érigé comme la seule et unique raison l’amenant à aider d’une manière ou d’une autre le petit groupe qui lui avait été désigné pour la journée.

Sauf que canon, elle l’était. Sauf que ça n’était pas le sujet. Et si Alec n’avait pas arrêté net sa marche insolente autour du groupe, c’était simplement parce qu’il commençait à avoir de l’expérience dans ce qui était de cacher ses émotions. Car sous ses yeux clairs plantés sur son amie, naviguait une tempête brutale. Julian.
Une seconde, il n’en avait pas été certain, avait cru halluciner, s’était pensé dingue. Julian ? Ici ? Que foutrait-elle dans le coin ?! Non, c’était lui et sa captivité à la con. Son cerveau qui partait en vrille, imaginait celle qui avait rapidement atteint le statut de meilleure amie en quelques mois à Poudlard. Julian blonde, avec des lunettes ? Impossible. C’était ça, quelques vieilles chimères et rien de plus. Seulement les délires d’un cerveau malade, comme un assoiffé croit voir un oasis dans le désert.

Pourtant l’oasis eut dans les yeux des vagues d’émotions contraires. Le dos droit, les épaules lasses, le regard lointain, Alec eut pourtant une avalanche dans la poitrine.

Elle réagit plus vite que lui. Plus vite même que sa capacité à intégrer la situation, le cerveau coupé sous le choc de cette apparition. Brusquement, Julian fit demi-tour et prit la pire décision qui puisse arriver : détaler.
Tous dans la ruelle se figèrent dans le même temps, lui avec un temps dé retard. Déjà, les autres cons se retournaient vers elle. Et lui ? Techniquement, il aurait dû rester là comme un con à voir l’une de ses plus chères amies se faire choper avec les secrets qu’il savait les siens. Tout lui revint en mémoire d’un bloc. La rencontre dans le bureau, les rires, la baise, les soirées, les beuvries, les déambulations bourrés sous la lune, les fou-rires étalés sur les gradins du stade de Quidditch, la discussion avec Jeroen, la main sur son épaule et la promesse évidente de respecter leur couple. Et puis la fuite de Poudlard, cette main qui glisse hors de la sienne, la sensation affreuse de vide quand il était forcé de disparaître. Les retrouvailles. Les difficultés. Les dernières discussions. Un baiser d’adieu. Et puis un regard à son mariage. Le dernier avant un silence assourdissant qu’il savait nécessaire.

A sa droite, Kenner éructa : la femme qu’il interrogeait venait de déguerpir à son tour et un type non loin sortait déjà sa baguette.
“Rivers, tu la chopes ou je m’occupes de ta femme !”
“Elle t’sentirai même pas passer Kenner !” Lâchait-il sans sourciller mais, conscient que le type ne lâcherait pas Julian comme ça, Alec siffla un “ça vaaa” agacé avant de sortir sa baguette et de transplaner. S’ils le pensaient sur le coup, docile par crainte pour Mack, sans doute se désintéresseraient-ils de celle qui traçait à toute balle au travers de la foule. Dans un craquement sec, Alec disparu, prêt à l’intercepter. A vrai dire.. “Prêt à la laisser filer”. Pourtant un coup d’oeil au travers des passants lui appris qu’il était observé. Ainsi, des picotements d’angoisse grésillant jusqu’au bout des doigts, il accéléra et bientôt, fut sur elle. D’un bras passé sous ses côtes, Alec l’arrêta en pleine course, insensible aux passants qui râlaient ici et là.

Nouveau coup d’oeil. Kenner, de l’autre côté de l’allée, eut un petit sourire de serpent qui lui glaça le sang.

Retour sur Julian. Ses doigts s’étaient crispés sur sa hanche et lorsqu’elle leva les yeux pour croiser les siens, Alec n’eut plus le moindre doute. Légèrement penché sur elle, lèvres serrées, sourcils légèrement froncés, il dégluti. “Fais-moi confiance.” glissa-t-il entre ses dents. Se faisait-il lui-même confiance ? Pour l’heure, oui.
La forçant à se redresser malgré l’arrêt un peu rude et le flot d’émotions qu’il lisait en elle - passant de la panique pure à un brouillard d’émotions intenses qu’il aurait été bien en peine de savoir déchiffrer - Alec lui fit face. “Les mains tendues sur le côté, bla bla bla, tu connais l’idée.” fit-il, assez fort pour que d’éventuels témoins l’entendent. En vérité, son cœur cognait si fort dans sa poitrine qu’il n’aurait pas été capable d’entendre quoi que ce soit d’autre. Pire, son regard pourtant attiré vers elle comme par un aimant la quitta une seconde fois pour analyser la scène qui se déroulait au loin. Là-bas, Kenner et ses deux acolytes avaient maîtrisé leurs renégats. Non seulement il n’avait pas beaucoup de temps mais les autres le surveillaient du coin de l’œil. Non seulement aucun d’eux ne lui faisaient confiance mais tous devaient se demander pourquoi là maintenant, il avait consentit à leur obéir.

Retour sur Julian. Sans lui demander son avis et la baguette coincée entre deux de ses doigts, Alec fit glisser ses paumes sur ses hanches comme il l’avait vu faire mille fois. Un petit regard en coin, une esquisse de sourire qu’elle seule pouvait discerner et il fit mine de sortir quelque chose de sa poche comme s’il en sortait baguette ou papiers pour les examiner.
Pas tout à fait l’idée qu’il s’était fait d’un nouveau contact physique entre eux, il fallait l’avouer. C’était là bien la seule chose qui donnait à sourire puisque l’état de nervosité de la jeune femme en sa présence lui crevait le cœur.

Semble-t-il rassurés, les autres détournèrent le regard de lui pour gérer le pauvre type étalé au sol et la femme qu’ils avaient finalement immobilisée. Etait-ce bien elle ? La question lui fusa dans le crâne comme une flêche empoisonnée. Mais non, pourquoi la grimer ainsi s’il s’agissait d’un piège ? Il tenterait. Sans doute connement, mais il tenterait.

Penché sur elle, les mains masquées par le corps de la jeune femme, le visage penché vers elle comme s’il analysait quelque chose dans ses mains, Alec marmonna rapidement, sans vraiment la regarder :

“ Si t’es ok : Dans quelques secondes tu vas m’en coller une et te barrer. A trois boutiques derrière moi, dans un petit renfoncement, ya une herboristerie, le Veaudelune. Takuma la tient, c’est une bonne porte de sortie. Et puis si, avec un peu de bol, t’as envie de me revoir : il te dira où le faire sans risque. Le 12 octobre, 18h. Et officiellement la nana que je viens de choper s’appelle Malia Jennings.” Il avait largué tout ça d’un tout tellement saccadé, murmuré entre ses dents, qu’il n’était même pas tout à fait certain qu’elle en ait saisi la totalité. Tellement d’infos, tellement impersonnelles, tellement loin de ce qu’il aurait aimé lui dire ou des gestes qu’il tendait vers elle sans y céder.

A ce moment et seulement à celui-là, Alec redressa le regard vers elle, plantant le sien dans ces iris aux couleurs si particulières. Un mélange entre le vert et le gris, tendant même par moment vers l’ocre. Il n’avait jamais vraiment su et cette réflexion, faisant ressurgir bien des souvenirs lui arracha un petit sourire tendre rapidement balayé de son visage. Encore une fois et pour la quatrième fois de leur vie, il lui sembla que c’était là le dernier. Mais l’existence recèle bien des surprises. Peut être continueraient-ils d’exhumer un peu le passé ?
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Jeu 3 Nov 2022 - 19:08
Elle se souvenait de cette peur panique, de celle qui envahit peu à peu l’ensemble de votre corps et vous rend imperméable à toute réflexion construite, à tout moment de pause et d’observation constructive. Julian était prise dans un étau et elle n’entendait que les battements affolés de son cœur. Le pire étant qu’elle surréagissait pour la partie la moins inquiétante de l’histoire. Revoir Alec la confrontait à ses souvenirs et ses peurs les plus enfouis, tous ces traumatismes qu’elle avait tenté de balayer mais jamais, elle en était persuadée au fond de son être, jamais il ne serait une menace pour elle. Par contre, les hommes qui effectuaient les contrôles à ses côtés, eux, elle ne pouvait jurer de rien. Elle était même convaincue que le fait d’avoir pris la fuite sous leur nez ne pouvait que lui attirer des ennuis. Alors oui, Julian agissait n’importe comment et pour les mauvaises raisons mais elle était incapable de se raisonner. Les souvenirs l’assaillaient non pas sous forme d’images précises mais des sons, des odeurs… Les flashs sensoriels se multipliaient et la rue autour d’elle n’était plus qu’un labyrinthe sans cesse déformé. Mais le plus inquiétant était dans cette respiration qu’elle ne parvenait toujours pas à calmer. Plus elle s’affolait et plus la prise de décision devenait complexe. Le choc avec le passant lui avait fait raté une inspiration, une seule suffisante pour affoler encore davantage son cœur. Sa poitrine se soulevait de manière irrégulier, son regard était incapable d’analyser les quelques échappatoires qui s’offraient à elle. Elle était piégée et ne savait même pas vraiment qui ou quoi était à sa poursuite.

Un sursaut de bon sens et une morsure sévère à l’intérieur de sa joue lui permit de retenir le cri qui tenta de s’échapper de sa gorge alors qu’elle sentit un bras s’enrouler autour de son corps. Il ne lui fallut que quelques secondes après la surprise pour comprendre à qui appartenait cette main qui venait de se plaquer sur ses côtes et qui descendait désormais vers ses hanches. Se mordant de nouveau, Julian contint l’ensemble des réactions qui se bousculaient à l’intérieur d’elle-même. Lorsqu’ils se firent enfin face, elle fut incapable de masquer le trouble sur son visage mais ne s’empêcha pas de le détailler. Son visage, les signes de l’inquiétude sur ses traits, son regard un peu perdu…

« Fais-moi confiance. »

Les mots la frappèrent sans qu’elle ne puisse réellement comprendre pourquoi ces quelques syllabes avaient un tel impact sur elle. Mais elle ne dit rien, Julian resta parfaitement immobile se laissa guider par les gestes d’Alec. La situation lui échappait et elle avait bien conscience qu’elle était sans doute plus périlleuse et complexe que ce qu’elle pouvait saisir en cet instant, avec le peu d’informations à sa disposition. Mais qu’importe après tout, ça ne changeait pas grand-chose. Le regard de Julian était indéniablement fixé sur Alec. Elle ouvrit les bras lorsqu’il lui intima de le faire à voix suffisamment haute pour que les personnes autour les entendent. Il se jouait présentement deux scènes. Celle que le monde voyait et la leur. Julian n’était pas sûr d’avoir suffisamment de force pour tenir sur les deux plans alors elle demeurait aussi silencieuse et docile que possible. Après tout, cela passerait sans doute pour de la peur et ne rendrait l’ensemble que plus crédible. Mais tout ce qu’elle voyait, c’était Alec, les gestes qu’il faisait et… Son sourire. Cet espèce d’imbécile était en train de sourire ? Julian avait très bien compris que c’était en rapport à la baguette qu’il avait fait glisser le long de son corps. Aussi inapproprié que cela puisse être, elle dû se retenir de toute cette force pour en pas exploser de rire.

Parce qu’au fond, c’était peut-être ça le plus fou et le plus important. Peut-être que tout n’avait pas vraiment changé, peut-être que tout n’était pas perdu.

Alec était en tout cas très appliqué dans son rôle et sa petite comédie. Il semblait penser à chaque détail ce qui l’effrayait aussi partiellement. Comme s’il ne connaissait que trop bien cette situation et ce qui pouvait en découler. Lorsqu’elle entendit sa voix pour la seconde fois, elle dû se faire violence pour ne pas se concentrer simplement sur son timbre mais bien enregistrer les informations qu’il lui lançait à toute vitesse. Il y en avait beaucoup et une panique étrange lui faisait croire qu’elle ne retiendrait pas tout. Pourtant, elle ne pouvait pas oublier. Lorsqu’il eut terminé, leurs regards se croisèrent de nouveau. Ils eurent quelques secondes alors, quelques secondes pour essayer de comprendre ce que pensait l’autre. Alec lui tendait une main alors que c’était elle qui avait fui, elle qui leur avait tourné le dos incapable de supporter le rappel permanent de ses traumatismes. Et aujourd’hui, où en était-elle vraiment ?

Le coup fusa avec plus de force qu’elle n’aurait pensé. Julian venait de décocher un magnifique coup de point en plein visage à Alec. Si elle n’était pas une spécialiste de la boxe, elle n’était pas du genre à se laisser faire et mine de rien, son poing n’avait pas été léger. Ce n’était de toute façon pas le moment de faire des chichis et de risquer de rendre l’altercation trop peu crédible. Le coup devait être fort. Peut-être aussi était-ce un moyen pour elle de cracher cette rancœur injuste qu’elle avait nourrie sans jamais oser l’affronter ? Qu’importe. Julian ne chercha pas à analyser ou à comprendre, elle frappa puis se mit à courir aussi vite qu’elle le put, enregistrant les informations transmises. Trois boutiques, le renfoncement… Lorsqu’elle déboula dans l’herboristerie et se trouva nez à nez avec Takuma, elle eut l’impression d’avoir été transportée dans une autre dimension. Les ombres d’un passé pas si lointain et pourtant si soigneusement enfouie venaient de refaire surface. Elle se rendit alors compte comme tout n’avait pas tant changé en son absence. Ils avaient tous vécu intensément cette année mais il semblait que certains liens refusaient de se défaire.


****************

~Mercredi 12 octobre – 18h~

Cela faisait une semaine déjà que Julian resassait l’ensemble des informations fournies par Takuma. Juste après sa rencontre étrange avec Alec, elle lui avait balancé tout ce que leur ami commun lui avait dit. Il avait alors pris le temps de l’amener au lieu de rendez-vous, visiblement évident pour lui, qu’Alec avait évoqué. Julian avait étudié la maison en silence et n’avait rien dit quand Takuma avait précisé que désormais elle pourrait y transplaner. De toute façon, elle avait été trop chamboulée sur le moment pour mettre de l’ordre dans son esprit et envisager les détails pratiques. Elle s’était contentée d’acquiescer, sans doute un peu trop silencieuse et puis avait pris congé, sans doute peu avenante. Elle aurait aimé être capable sur le coup de remercier chaleureusement Takuma, de lui promettre un verre pour le remercier et d’avoir trouvé le bon mot pour le taquiner un peu. Mais rien de tout ça lui était venu et elle était rentrée chez elle où elle s’était effondrée et endormie.

Le jour J, elle avait passé de longues minutes à fixer sa baguette, ne pouvant retenir le tremblement nerveux de sa jambe. Il était 17h50 et elle avait déjà vomi deux fois. Un an sans magie, un an sans le voir et tout devait revenir en même temps. Julian se leva précipitamment de son canapé et se rua vers les toilettes pour vomir une troisième fois. Elle s’empara alors de sa brosse à dents, bien décidé à ce que ce soit la dernière fois. Elle avait pris sa décision et c’était pour ça qu’elle ne cessait de se vider. Elle irait voir Alec, elle en avait envie mais surtout, terriblement besoin. Elle savait maintenant que revenir était aussi pour elle un moyen de ne pas laisser tout cela inachevé. Mais cela la terrifiait et encore plus de devoir utiliser une magie qu’elle s’était refusée à approcher. Elle ferait cet effort parce qu’elle n’avait pas le choix mais n’était pas pour autant qu’elle y reviendrait définitivement.

Les dents brossés et un coup d’eau sur le visage, Julian replaça rapidement ses lunettes et ses cheveux blonds. Un jean, un veste à capuche sombre soigneusement fermée. Elle se surprit à faire attention à sa tenue, comme si cela avait de l’importance…. Elle retourna dans son canapé, se saisit de sa baguette et ferma les yeux. C’était étrange d’avoir de nouveau le morceau de bois entre ses doigts. Elle sentait la magie s’agiter en elle. Elle saurait faire, elle le savait maintenant. Tout irait bien. Alors elle respira profondément et elle transplana.

L’atterrissage ne fut pas très académique. Julian tomba lourdement sur le sol de la petite maison et prit quelques secondes avant de se relever. Malgré le manque de perfection, elle était en un seule morceau et c’était déjà pas mal. Elle rangea alors sa baguette dans sa poche, bien décidée à ne plus la sortir. Pour calmer l’angoisse qui montait de nouveau en elle, elle décida de se lancer dans une petite exploration des lieux. La pièce était large et moderne, rempli d’objets moldus. Visiblement, elle n’était pas la seule à avoir évolué. Le canapé attira son regard mais elle était incapable de rester assise. Elle se dirigea plutôt vers la vitre et l’extérieur qui s’ouvrait sous ses yeux. Un mince sourire se dessina sur son visage lorsqu’elle reconnut certaines plantes. Mais avant qu’elle ne puisse explorer plus en amont, un craquement caractéristique la fit sursauter.

« Malia Jennings, enchantée. »

Les mots étaient sortis tout seuls de sa bouche alors qu’elle se retournait. Une tentative maladroite d’humour ou simplement, un moyen stupide de briser le silence alors que son cœur s’affolait déjà.
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Jeu 10 Nov 2022 - 18:11
Ce regard qui le transperçait d’angoisse lui broyait le cœur. Et pourtant, au fil des secondes Alec avait vu apparaître autre chose. Un petit rien dans l’éclat des yeux d’opale, un changement de lumière, une légère tension des muscles, un contraste différent. Peut être la simple certitude de se connaître, de se cerner. Peut-être n’y voyait-il que ce qu’il voulait y trouver en réalité. Qu’importe dans le fond, ce sourire, Alec était certain de l’y avoir discerné. La complicité dans le silence, les échanges pourtant muets se changeant en connexion infime. Ça aurait sans doute été malvenu de dire qu’il aimait ça et pourtant ça n’était pas erroné. Autour d’eux, le monde cavalait trop vite, embringué dans une course folle dont la finalité ne plairait à personne. Et pourtant dans l’espace réduit de leurs deux corps, au cœur du silence de leurs regards mêlés, Alec le savait, une toute autre histoire se déroulait. Un truc qui se faisait sous leur nez, au centre névralgique de leur emprise : ils existaient. Ils défiaient les lois et les certitudes. D’un simple regard, d’une bête entente, ils étaient simplement plus forts que le système mis en place. Alors oui, peut être que ce serait malvenu d’aimer ça. Peut être qu’après les morts et les erreurs, leurs faux pas et les horreurs, ça n’avait aucune légitimité à exister. Et pourtant il aimait ça.

Etait-il le seul à voir le petit monde qui se tissait entre eux. Rien qu’un éclat de rire dans un visage pourtant de marbre. Une lumière différente, quelque chose d’imperceptible, de connu, qui les reliait. Un univers complet forgé de regards mêlés, d’un frémissement de lèvres ou d’un plissement de paupières. L’inquiétude lui mordait les sens, sans compter la peur qu’il pouvait éprouver pour lui-même chaque jour passé. Il aurait dû bien sûr ne penser qu’à ça, ne développer que la panique mordante qu’elle avait développé en le voyant, souffrir peut être d’une sensation de rejet associée. Peut-être était-il simplement trop épuisé moralement pour ça et que le simple fait de voir un visage familier et profondément aimé suffisait à balayer les insécurités qui auraient dû surgir. Qu’importe, la joie emportait le reste.

S’il n’était pas identifié comme un sale con par la majorité de la société qu’il cherchait à berner - sur ses intentions, son statut de con est acté, soyons honnêtes - il aurait dû puiser toute la concentration possible pour ne pas rire à ce qui vint ensuite. Mais lorsque le choc lui fit faire un pas en arrière, la main portée au visage et les traits tirés d’une grimace de douleur, le jeune homme lâcha un petit rire insolent. Un rire qui en vérité, était simplement profondément amusé de la violence avec laquelle Julian venait de l’aligner. Putain de belle droite. Sacrée putain de belle droite, même..!

Une main à plat sur le genou, l’autre ramenée par réflexe vers son visage, Alec se redressa lentement. Un regard en arrière, volontairement tourné vers une direction erronée. Un tour sur lui-même. Oh, la cible s’est échappée, comme c’est dommage ! Flûte alors…
Pas le moindre signe ni de panique ni d’affection, Alec souriait. C’était là l’avantage de sa situation : aucun besoin de se faire passer pour ce qu’il n’était pas. Et en aucun cas il n’était contrarié d’avoir laissé s’échapper une personne que ces connards puissent vouloir saisir. N’importe qui. Julian figurant bien évidemment sur le podium.

Ainsi lorsqu’il revint vers les gros bras auxquels les Rivers l’avaient confié, il ne chercha pas à cacher l’insolence évidente qui barrait ses traits. Se massant la mâchoire, il ne pressa pas le pas, un petit sourire sur les lèvres.

“Que… tu l’as laissée partir ?” Kenner venait de se retourner, essoufflé. L’homme qu’ils avaient dû gérer était au sol, masqué par les corps de deux autres types. Seule sa main tremblante dépassait et Alec fit de son mieux pour tenter d’oublier sa présence.
“ Ah meeeeeeerde, fallait faire autre chose que la choper ?! Mais t’as pas préciser aussi !!” Il y a des choses qui ne changent pas. “ Pourquoi ? Tu voulais jouer à la crapette avec elle ?” Et voilà que le sourire s’affirmait d’autant plus, souligné d’un haussement d’épaules lâche avant de sembler se désintéresser de la question. “ Ça va, j’ai fait ce que tu voulais, m’emmerde pas. ” Fidèle au rôle qu’il tenait depuis des mois. Un changement de comportement aurait été suspect.

Alec aurait presque pu voir la vague électrique de colère qui traversa le corps du sbire des Rivers. Comme à son habitude un petit sourire moqueur seul vint répondre à l’accès de violence que le type sentit pousser en lui.
“Et donc ?!”
“Et quoi ? Ses papiers sont bons. Tu veux sa taille de soutif en plus ?”

Cette fois, le coup survint, laissant le jeune homme crachant un rire vif.
“C.”
“De quoi ?!”
“Sa taille de poitrine.” Bordel ce qu’il aimait les emmerder comme ça. Sentir leur patience partir en fumer à chacune de ses sorties de route. Ce type était basé sur le même modèle que son père. Rien d’étonnant à ce qu’il s’amuse de la même manière à les pousser à bout jusqu’à leur faire oublier le but initial de leur manoeuvre. Des guerres d’égos, rien d’autre.
“Pourquoi elle est partie en courant Alec ?!” Pour bosser son cardio.. ; a ton AVIS. Connard.
L’autre lui avait craché sa question dans une grimace de violence contenue. Définitivement, sa patience pourtant vantée commençait à salement flancher au contact du jeune Rivers. Rien de plus jouissif pour ce dernier.
“Parce que c’est une meuf que j’ai baisé et qui était pas jouasse de croiser ma gueule ici. C’est tout. Le monde n’est pas un complot tu sais ?” Tout naturellement. Une pensée à Malia qui risquait deux trois emmerdes légères mais qui était parfaite pour ce rôle. Protégée par sa famille et une garce notoire dont les positions politique retirait toute culpabilité au jeune homme de se servir impunément d’elle.
“Oh avec toi j’ai des doutes…” Sans blague.. “Avales ça si t’es si honnête.” Moins fun.. L’autre le lâcha, lui fourrant d’un geste sec une petite fiole de veritaserum dans la main.
“T’auras une dose en moins pour que dalle tu le sais ça..” Ne pas se laisser démonter.
“Si tu crois que j’en ai quelque chose à foutre. Tu me feras pas croire que soudainement tu écoutes mes ordres sans broncher sans aucune raison. Tu connaissais cette fille.” Réflexion pertinente.
“Oui, j’t’ai dit qu’on avait baisé.” Calmement, le flegme sous la peau, digne héritier d’une famille dont les carrières florissantes ne s’étaient pas toujours déroulées de manière très honnêtes. “Hey, c’était la seule option pour pouvoir la toucher, je chope ce que je peux vu que tu me pourris mes soirée et Carraway mes nuits..” Etait-il nécessaire de préciser qu’il n’y avait là que le maintien d’un rôle de sale morveux joué depuis longtemps ? Alec avait repris le jeu là où il en était, se servant de celui qu’il était avant de grandir et de changer au contact de bien des proches rencontrés à Poudlard. Si l’homme qu’il haissait être pouvait lui sauver la peau ainsi qu’à celle de ceux qu’il aimait… disons que ça se tentait.
Tout autant que de répondre à une question dangereuse sous veritaserum.

Après s’être entraîné toute son enfance à protéger le cul de sa soeur et inversement. Et avoir développé des compétences d’occlumen depuis plus de deux ans.

Alec avala le liquide, s’entendant répondre un : “Tu es un porc Rivers.” parfaitement hypocrite.
Un petit sourire mauvais fut seul à répondre au mépris affiché. “Pose tes question et arrête de m’emmerder.”

Lorsque le moment vint ; les réponses furent simples, efficaces.. Et habiles.

“Qui était cette fille ?”
“Une nana avec qui j’ai couché et qui semblait pas jouasse de me croiser.” Vrai.
“Elle venait de Poudlard ?”
Là tout de suite ? “Comment veux-tu que je le saches ? ”

Encore vrai.

***

“Tu lui diras que je l’embrasse hein ?”
“Promis”

Cet échange tout bête résonnait à ses oreilles alors qu’il passait la porte de chez Fenella, sa cousine. Ce n’était pas la première fois qu’ils usaient de ce stratagème, ce ne serait pas la dernière. Pas plus qu’il cesserait de se servir de Kenner à sa manière pour grappiller quelques minutes ou quelques heures de tranquillité. Le processus était lent, assez pour le rendre dingue, mais assez surtout pour lui offrir une part nécessaire de sécurité. Alec avait beau sentir l’air glacial de l’automne lui fouetter le visage et la chaleur douce du feu dans la cheminée de Fenella, c’était celle de sa femme qu’il avait tatouée sous la chair. S’ils avaient fini par trouver un équilibre, le mariage n’en était pas moins forcé et ni l’un ni l’autre n’avaient changé. Alec ne cherchait pas à se caser mais admettait bien plus aisément à la fois ses sentiments que son mode de fonctionnement. La monogamie ne faisait simplement pas sens à ses yeux. Quant à Mack, elle acceptait ça mais seule Jayden entrait dans le cadre possible d’une vie commune. Sauf que Jayden avait fuit au loin pour s’assurer qu’elle ne servirait pas de levier pour faire parler Alec. Tous deux vivaient cette distance comme une rupture. Cependant si aujourd’hui l’ancien Serpentard était couvert par sa femme et sa cousine, la semaine suivante ils s’étaient organisés pour que l’inverse ait lieu. Dans quelques jours, Mack la reverrait.

Pour l’heure pourtant, c’était lui qui prenait son mal en patience. S’assurer de jouer le jeu, de n’éveiller aucun soupçon, y compris chez celle qui pourtant, habitait avec Maxence. Peu de chance ici d’être emmerdé mais Alec se méfiait. Tout son être pourtant tendait vers la maison qu’il avait retapé pendant des mois. Les meubles choisis ensembles ou séparément, apportés au fur et à mesure par les uns et les autres. Il en venait même à regretter la période où Takuma et Aileen y avaient vécu et ce, malgré toutes les tensions et la distance qu’il y avait entre eux trois. Dans le fond, ils avaient été beaucoup à avoir partagé cette planque et chacun avait apporté un petit quelque chose rendant à ces lieux un aspect de refuge qui lui manquait tant. C’était là qu’il avait vécu plusieurs mois avec Mack et Jayden, à s’ancrer jour après jour dans une vie de couple polyamoureux qui leur plaisait étrangement bien à tous. D’une certaine manière, Jay avait été garante d’un équilibre qui n’existait plus réellement à présent et ces périodes plus sereines lui manquaient profondément, jouant sans doute dans ce qu’il projetait de cette maison.

Mais ces lieux, c’étaient aussi ceux qui lui permettaient de débrancher de son quotidien avec les Rivers ou Carraway. Un moyen de retrouver des amis, sa soeur… et Julian.

Son myocarde s’était brutalement jeté contre ses côtes lorsqu’il sourire aux lèvres, Alec s’était esquivé pour enfin avoir l’occasion de transplaner directement dans son salon. Peut être ne serait-elle même pas là. Peut être sa fuite et l’expression dans son regard lorsqu’ils s’étaient croisés étaient les symptômes d’un refus de le voir. Peut être avait-il même rêvé cette rencontre et leur dernier face à face daterait de son propre mariage, sortant Mack de la situation inextricable dans laquelle les Rivers et les Blackburn l’avaient foutue. Peut être ce dernier baiser, dans un café londonien, resterait-il leur dernier contact véritable.

La peur, l’appréhension, l’impatience, tout était brouillé depuis longtemps lorsqu’il fit son apparition dans le salon de la maison de ville. Tout y était calme, étrangement propre - à croire que quelqu’un passait faire le ménage - la pièce de vie baignée de la lumière de l’après midi autant que de celle des petites loupiottes magiques qui brillaient dans le patio. Évidemment, Alec ne fit attention à rien de tout ça. Non loin de l’exact endroit où il avait découvert sa soeur après un an de silence total se trouvait Julian, dans la quasi même situation.

« Malia Jennings, enchantée. »

Ces mots étaient sortis avant même qu’elle se retourne.

“ Ah mais c’est ça ! Malia ! Je savais bien qu’on s’étaient déjà croisés quelque part…” En t-shirt, le plat des des doigts qui frappe son front avant de la désigner comme s’il venait véritablement de se souvenir de son identité, le jeune homme ne pouvait s’empêcher de sourire. Dans son regard, une tendresse évidente perçait.
“ C’est que tu as une sacrée droite, j’aurai peut être dû réfléchir un peu plus avant de proposer ce plan..” Un petit sourire en coin, l’éclat de la complicité dans les yeux et pas l’ombre d’un reproche dans la voix.
Dans ses veines l’angoisse se muait doucement en une bulle d’affect gonflant jusque dans sa cage thoracique. Bordel ce qu’elle avait pu lui manquer… “Sympa les ch’veux. Mais j’vais être obligé de dire que je te préférais au naturel sinon on va encore me dire que je suis attiré par des blondes comme ma frangine. Chose un peu dégueue.”

L’humour, toujours, pour nuancer la vague d’émotions évidente.
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Ven 11 Nov 2022 - 13:51
Il était réellement là, en face d’elle et Julian sentit un étrange vertige s’emparer d’elle. Elle avait du mal à accepter que tout cela était réel, qu’elle n’était pas en train de planer, de se promener dans un rêve ou un délire quelconque. Pourtant, il était bien réel et il n’avait absolument pas changé. Le même air désinvolte sur le visage, le même éclat dans le regard. Ce petit sourire en coin qui lui filait l’allure d’un je m’en foutiste de première et qui avait donné envie à bien des personnes de lui faire ravaler sa fierté. Il était toujours aussi beau même s’il était évident que la fatigue faisait désormais partie entière de sa vie. Une pensée étrange et inappropriée traversa alors l’esprit de Julian. Pour quelques secondes seulement elle se rappela ce plaisir qu’elle ressentait à Poudlard lorsqu’elle marchait dans les couloirs la tête haute. De se sentir belle, désirable, fière. Le duo ravageur qu’ils formaient avec Alec. Le plaisir intense de lire une certaine envie dans le regard de certain. Tout ça lui paraissait si loin et pourtant, venait l’effleurer alors que son ami se tenait là, devant-elle. En même temps, comment aurait-elle pu se plonger dans quelque chose de plus sérieux alors qu’Alec avait décidé de lancer les hostilité avec une légèreté déconcertante. Certes c’était elle qui avait ouvert les hostilités en utilisant le nom qu’il lui avait glissé lors de leur rencontre mais rien ne le forçait à enchaîner. Il le fit pourtant, joignant la gestuelle aux paroles en se frappant le front. Un sourire fébrile se dessina sur le visage de Julian, pas certaine encore d’être capable de rire franchement face à lui. Alec pour sa part ne semblait avoir aucune difficulté à retrouver cette simplicité qui avait toujours défini leur relation. Instinctivement, Julian fit un pas vers lui.

« C’est pas faute de t’avoir répétée pourtant que je n’étais pas une chochotte. »

Il lui en restait encore quelques traces, de cette verve qui avait toujours fait sa signature. Julian avait aimé les joutes verbales comme personne, c’était d’ailleurs au détour de l’une d’entre elles qu’elle avait tissé le lien le plus fort de toute son existence : celui qu’elle avait tissé avec Jeroen et auquel elle ne pouvait penser sans avoir la sensation qu’elle allait s’écrouler. Mais ce jeu, elle l’avait pratiqué avec d’autre, elle en avait fait une part importante de sa vie. Jouer avec les mots, trouver la bonne phrase, le bon ton…. Quand sa vie n’était pas plus compliqué que ça. Alec incarnait cette période mais pas seulement et c’était aussi pour cela que le revoir la chamboulait tant. Parce qu’il n’avait pas été qu’un simple camarade de jeu, parce qu’il était son meilleur ami qu’elle avait tant aimé et tant détesté aussi. Et lui… Lui ne semblait jamais changer, jamais varier, jamais voir la colère sombre qui l’avait habitée.

« Je te confirme c’est sale. Mais désolée, va falloir que tu t’y fasses, je vais pas redevenir rousse, pas tout de suite. »

Non, elle n’en avait pas encore la force. De même qu’elle continuait à s’évertuer à porter ces fichues lunettes qui ne lui servaient pourtant strictement à rien. Julian ouvrit la bouche, comme pour ajouter quelque chose, une vanne ou une explication sérieuse, elle-même n’en était pas certaine. Mais les mots ne vinrent pas et une vague la terrassa. Elle resta immobile face à Alec. Elle aurait aimé pouvoir, comme lui, continuer à plaisanter et retrouver en un claquement de doigt la complicité qui avait été la leur pendant si longtemps. Elle savait que ce moment viendrait, elle savait que le lien entre eux était toujours aussi fort, elle le ressentait au plus profond de ses entrailles. Mais avant de pouvoir se laisser porter par ça, avant de pouvoir accepter pleinement de l’avoir retrouvé, il fallait qu’elle crève cet abcès qui la brûlait de l’intérieur. Il fallait que ça sorte et l’espace d’un instant elle crut qu’elle allait hurler pour enfin passer au-dessus de tout ça. Mais non. Elle se contenta de faire un pas de plus. Il n’avait plus que quelques mètres entre eux. Son sourire avait disparu et elle devait contenir le tremblement qui partait de ses épaules.

« Si tu savais comme je t’ai détesté… Si tu savais comme j’ai eu envie de te hurler dessus et de te mettre des droites bien plus fortes que celle que je t’ai mise. »

Les mots étaient acides autant pour elle que pour lui, elle le savait. Mais elle avait besoin de lui dire, pas pour l’accabler même si c’était certainement ce à quoi cela devait ressembler. Non, bien au contraire, parce qu’elle voulait pouvoir le retrouver pleinement. Parce que maintenant qu’il était là, en face d’elle, elle se rendait compte que se séparer de lui comme de tous les autres ne l’avait pas sauvée de ses démons. Cela lui avait permis de respirer, de prendre le temps de ramasser les petits morceaux d’elle éparpillés mais ça ne lui suffisait plus. Elle avait besoin de plus et pour ça, pour ça il fallait qu’ils puissent se retrouver sans que jamais cette amertume ne puisse ressurgir.

« Le jour où on a dû fuir… »

Cette fois, sa voix tremblait franchement et Julian sentit des larmes monter à ses yeux. Mais elle ne s’arrêterait pas.

« T’as lâché ma main, Alec. Tu l’as lâchée et même si je sais que t’avais pas le choix je te jure, je t’ai détestée. J’étais toute seule. Tu m’avais laissée toute seule. »

Ce jour-là, Julian avait cru mourir et Alec avait été son seul rempart. Tout lui avait explosé au visage, elle n’avait été qu’une proie, elle s’était vue une fois de plus étendue sur le sol à se battre pour respirer. Et cette fois, elle n’avait pas eu la force de se relever. Alors quand sa main avait glissé de celle d’Alec, c’était comme si l’avait achevée lui-même. Elle savait maintenant que c’était faux, qu’il l’avait sauvée mais cette colère l’avait dévorée si longtemps.

« J’pouvais plus te regarder… Je pouvais plus rester là, j’étais trop en colère. »

Cette fois, les larmes coulaient sur son visage et Julian en essuya une d’un geste fébrile. Elle n’avait pas honte de pleurer, non, elle voulait que les larmes continuent à sortir et la débarrassent enfin de ce poids atroce qu’elle gardait depuis trop longtemps. Dans le regard qu’elle levait vers Alec à cet instant, elle ne demandait en réalité qu’une chose : qu’il lui pardonne sa fuite et qu’il la prenne dans ses bras.
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Julian A. Neil
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Sam 12 Nov 2022 - 17:34
Bien sûr, Alec jouait au con. Parce qu’il avait toujours agit ainsi avec sa bouche tordu d’une sale petite arrogance, parce qu’il en avait tant pris l’habitude qu’il se réfugiait derrière sa nonchalance dès qu’il en avait l’occasion. Un réflexe bien ancré, une manière de sortir la tête de l’eau quelques instants pour garder la maîtrise sur ce qui vous broie pourtant le myocarde. Parce qu’il avait beau faire son malin, la vérité perçait jusqu’à ses rétines. L’affection, la tendresse, les embardées d’un cœur qu’on ne cherche pas à retenir tant il vous laboure les cotes ; nombreux étaient les mots qu’il aurait voulu savoir prononcer. Nombreux ceux que faisaient éclore ses prunelles claires. Pourtant il se contentait de quelques vannes chargées d’un ton à la douceur craquelée. Celles qui vous serrent la gorge, échappent d’un trop plein d’émotions pourtant contenues. Il bouillait bien sûr d’un chaos de sentiments contraires, allant de la peur à l’amour, l’impatience et la tendresse, l’hésitation et le manque. Mais c’était ce petit sourire qui emportait le reste. Forgé sur son visage, coulé d’acier blindé, son petit air de con était parfois le seul rempart face à des vents bien plus violents.

« C’est pas faute de t’avoir répétée pourtant que je n’étais pas une chochotte. »

Alors il riait, étranglé d’émotions, mais il riait. Simplement parce qu’il distinguait bien des souvenirs derrière ces mots. Sans être nécessairement exprimés ainsi, il ne comptait plus le nombre de fois où elle avait pu le lui prouver. Sérieusement ou non, volontairement ou non. Pas le genre de choses qu’il remettrait en question. Et pourtant le genre de chamailleries qui appelaient bien des évocations dans sa mémoire.

“Faudra le répéter encore une fois..” Juste parce qu’il y avait un fond de normalité dans cette moquerie. Quelque chose de banal dans une situation qui ne l’était pas. De simple dans une relation pourtant profondément ébranlée. Il est plus aisé d’évoquer des bêtises, de se laisser ce petit temps-là, un peu suspendu entre deux mondes avant de laisser le réel transpercer la bulle.

« Je te confirme c’est sale. Mais désolée, va falloir que tu t’y fasses, je vais pas redevenir rousse, pas tout de suite. »

Juste une seconde.. Il semblait que c’était ce qu’ils demandaient tous deux. Une seconde de plus sans vraiment faire face à la réalité. Sans que les milles couleurs de leur relations ne se détachent pour en rappeler les contours. Une seconde encore de brouillard lumineux, d’aveuglement joyeux. Une seconde d’un sourire doux encore partagé.

Alec souffla d’un petit rire. Bien sûr qu’elle ne redeviendrait pas rousse. Bien sûr qu’il se doutait qu’elle espérait ainsi passer au travers des mailles du filet. Bien sûr qu’elle se protégeait d’une part des sales expériences qui se dissimulaient derrière ses mèches blondes. Bien sûr ; bien sûr.

Et s’il était sûr que ça ne suffirait pas, il était tout aussi certain que ce sourire s’effacerait. Pourtant celui d’Alec se stabilisa en une tendre et douloureuse expression. Les lèvres un peu tordues, il observa sans un mot la posture de la jeune femme changer, la tension en venir à secouer ses muscles, le séisme imprégner son regard. Mais il ne cessa pas tout à fait de sourire. Car malgré tout, elle fit un nouveau pas en avant.

Il savait ce qui venait. Mais c’était ce qui devait primer. Ce pas. Ce simple foutu pas.

« Si tu savais comme je t’ai détesté… Si tu savais comme j’ai eu envie de te hurler dessus et de te mettre des droites bien plus fortes que celle que je t’ai mise. »

Ces mots, Alec les connaissait. Il les attendait, les savait sous l’opale de ce regard qu’il aimait tant. Des mots qui sonnaient comme une fusillade mais sous lesquels il ne tremblait pourtant pas. Cette colère, Julian avait eu beau la taire durant leurs dernières rencontre, son ami n’avait pas besoin de l’entendre exprimer pour la connaître. La haine rongeait sa chaire depuis l’enfance. Cette colère, Alec la connaissait car elle vivait tout autant en lui. Elle le dévorait sans gêne, l’asphyxiait depuis toujours. Alors cette main perdue s’était changée en enfer; elle avait tant hanté ses nuits avant qu’il ne la sache en vie. Et même ensuite, même après leurs échanges, même après le baiser, même après son départ. Comment aurait-il pu seulement envisager de se pardonner d’avoir laissé sa meilleure amie dans le charnier ? Bien sûr que cette colère il la connaissait. Ils la partageaient.

Le jeune homme ne laissa pas le regard, ne détourna pas les yeux, ne pinça pas les lèvres. Il accueillit simplement ce trop plein comme une forme de libération. Des mots trop souvent tus les avaient mordus jusqu’à l’os.

« Le jour où on a dû fuir… »

Aucun besoin de resituer et pourtant Alec en était étrangement soulagé. Tout s’était fait trop vite, d’une manière trop plate. Julian avait gardé une forme de recul lorsqu’ils s’étaient alliés pour aider Mackensie. Seul un dernier baiser avait brisé cette distance formée entre les deux amis. Il y avait un abcès entre eux, une plaie affreuse qu’il était temps de cesser d’ignorer.
Les épaules de la jeune femme tremblaient, ses yeux rougis se chargeaient d’orage ; elle se craquelait. A chaque mot une fêlure de plus se révélait, la plaie suintait, la terre grondait. Broyé par chacune des larmes qui se refusaient encore à s’échapper, Alec ne chercha ni à l’interrompre ni à se dédouaner ou s’excuser.
Qu’elles suintent ces plaies. Qu’elles coulent ces larmes. Ils avaient tous été trop solides ; trop longtemps. Elle la première. Alors ; qu’ils s’échouent ces mots, qu’elle fende l’air cette colère. Tout ça était bien trop légitime pour être endigué d’une quelconque façon.

« T’as lâché ma main, Alec. Tu l’as lâchée et même si je sais que t’avais pas le choix je te jure, je t’ai détestée. J’étais toute seule. Tu m’avais laissée toute seule. »

Il avait cru crever. Ce jour-là, tout s’était effondré. La sensation glacée de l’absence sur son épiderme, Alec ne s’en était jamais défait. Qu’elle lui pardonne un jour ou non, lui en était incapable. Pas plus qu’il ne saurait excuser Logan de l’avoir mis dans cette situation. Chacun de ses mots pilaient ses nerfs et comme à retard, acceptant enfin de lâcher le marbre trop poli de son masque de quotidien, le jeune homme dégluti difficilement ; les yeux humides.  Pourtant ces mots lui étaient un exutoire. La colère, la peine, la trahison, l’horreur brute et sans concession d’une situation ignoble s’écrasaient sur eux comme les lourdes trombes d’une pluie diluvienne. Ils cessaient de faire “comme si”. De balayer ça comme s’ils savaient comment le gérer. Car ils ne savaient pas. Comme ils ne savaient pas gérer les secrets qui vous bousillent une identité, qu’ils se dépasser chaque fêlure du passé ou accepter les crimes que ce monde leur faisait péter à la gueule sans discontinuer. Les erreurs et les tors. L’immobilité, les morts.
Non, ils ne savaient pas gérer. Qui le saurait ? Qui pourrait ?

Pourtant il y avait ce pas.

« J’pouvais plus te regarder… Je pouvais plus rester là, j’étais trop en colère. »

Alors t’es partie.

S’il n’avait pas été là, aurait-elle agit ainsi ?
Il y avait ça d’amusant d’entendre ces mots se répéter. ’J’pouvais plus te regarder… Je pouvais plus rester là”

C ‘est bizarre non ? Comme on survit parfois. Comme on avance alors que rien ne nous y pousse. Comme on encaisse à l’instant où le pire nous broie sur place. Ils en étaient là, à bouffer l’un de ces “pires” qu’ils dépasseraient pourtant. Imparfaitement, douloureusement, salement même. Mais humainement. Il suffisait de quelques pas pour s’en persuader.

“Je sais..”

Ce qui aurait dû lui percer un gouffre en plein myocarde y comblait pourtant certaines crevasses tandis qu’il réduit l’espace jusqu’à la rejoindre. Un bras autour de ses épaules se glissa quitte à s’en manger une à lui en briser la mâchoire. La sienne se posait contre son front, à l’orée des cheveux albâtres, pour y déposer un baiser alors qu’il l’attirait contre lui. “Je sais.” Comme si répéter ces deux petits mots pouvait avoir la moindre valeur.

Mais oui, il savait. Non pas ce qu’elle avait traversé, non pas l’horreur et l’abandon. Mais il savait la peur, il savait le mal, il savait le désespoir. Il savait que tout monceau d’excuses qui soit ne changeraient pas ces quelques mots d’une violence immonde : il l’avait laissée. Seule. Des mots dont la signification lui avaient été tatoués sous la peau depuis bien des années. Des maux dont il ne pourrait exprimer la culpabilité de les lui avoir infligé. Il savait. Qu’il ne pouvait changer le passé, qu’il ne pouvait remonter le temps, qu’il s’était planté de la pire des façons. Qu’il ne trouverait jamais rien d’assez fort pour aider à un pardon qu’il n’était même pas apte à s’accorder. Il savait. Tout comme il savait pourquoi ce devait être dit.

Quelques larmes s’échouèrent dans la masse blonde de ses cheveux et ses doigts se crispèrent sur sa hanche, plissant le tissu. Parce qu’il avait cessé de prendre gare à ce genre de choses à un moment donné durant cette année écoulée. Sans trop savoir quand ni comment. “Crois-moi, je sais.” Lui aussi en avait hurlé, lui aussi avait nourri une rage si destructrice qu’il n’avait su qu’en faire.

Moi aussi j’me déteste.  

Mais le propos n’était pas celui-là. Il ne s’était jamais agi de haine ; à aucun moment dans cet échange. Pas plus que ces mots ne portaient la fonction de balle prêtes à mettre l’autre à terre.

Le long de sa hanche, ses phalanges glissèrent jusqu’à retrouver cette satanée main qu’il n’aurait jamais dû lâcher. Son visage roula jusqu’à accoler leurs deux fronts. “Colle-moi toutes les baignes dont t’as besoin.” Un sourire échoué dans un souffle, de ceux qui craquellent d’émotions. Pas la moindre trace de dérision dans ces mots, seulement une profonde affection, un sous-texte d’excuses et de tendresse qui se passaient de mots. Car tous les mots du monde ne suffiraient pas à exprimer la violence avec laquelle il aurait aimé changer le passé.

De nouveau, Alec échoua un baiser sur son front, décrivant de son pouce des cercles sur sa peau comme pour s’assurer de sa présence cette fois. “T’as pas idée d’à quel point je suis désolé pour tout ça.” Mais à ça aussi, elle pourrait répondre que si. Qu’elle savait.

Car s’il ne s’agissait pas de haine, il s’agissait d’amour et de rédemption. De se reconstruire ; ensembles.

Ses mots étaient rauque, mal amenés, mal choisis peut-être.
Mais contre lui, il la serra davantage.
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Jeu 17 Nov 2022 - 15:41
Souvent, Julian avait imaginé cette conversation. Pas tout de suite cependant, pas au début. Non, dans un premier temps elle avait enfoui, tenté d’oublier ce moment tragique, cette main qui glissait de la sienne, ce sourire si emblématique d’Alec. Puis il y avait eu les journaux, les mots qu’elle avait commencé à coucher sur le papier. Puis ceux qu’elle ne pouvait pas écrire. Parfois, le soir en allant se coucher, Julian se voyait, en face de son meilleur ami, parfois lui hurlant dessus, parfois calmement mais non sans hargne lui crachant ses quatre vérités. Jamais elle ne pleurait alors qu’en réalité, elle savait très bien que c’était ce qui se passait. Parce qu’elle avait eu beau être en colère elle n’avait jamais réellement haït Alec. Parce qu’elle savait au fond ce qu’il s’était passé ce jour-là et sa colère n’était qu’une façade. Sa vraie colère, sa vraie rage était tournée vers d’autres personnes, vers d’autres histoires. Leur amitié n’avait été qu’un dommage collatéral. D’autant que Julian le savait, si elle n’avait pas été aussi anéantie, si elle n’avait pas appris qui elle était vraiment, si les Supérieurs n’avaient pas déjà tenté de l’assassiner, elle aurait pu crier à Alec juste après leur fuite qu’il n’aurait pas dû lui lâcher la main. Elle aurait pu lui parler, lui dire comme elle avait eu peur et ils n’auraient pas perdu tout ce temps. Mais Julian en avait eu besoin, de ce temps. Il avait fallu qu’elle se reconstruire, qu’elle pose des fondations solide avant d’envisager de construire quoi que ce soit d’autres. Et puis, il y avait Jeroen. Julian savait que leur histoire était finie, que le monde dans lequel ils vivaient faisaient qu’ils ne se retrouveraient pas. Alors perdre Alec en plus, elle n’en était pas capable. En partant au Canada, elle s’était montrée qu’elle pouvait survivre seule, rencontrer de nouvelles personnes, devenir une autre femme. Mais revenir ici c’était différent, c’était une nouvelle étape. C’était accepter de se construire sans renier mais avec l’ensemble de ces blessures. Et pour ça, elle avait besoin de retrouver son meilleur ami.

Alors tandis que les mots coulaient enfin en même temps que ses larmes, alors qu’elle disait à Alec comme elle le détestait, elle n’espérait que la reconnexion, elle n’attendait que la suite, que l’apaisement qui viendrait après.

« Je sais. »

Julian n’arrivait pas à le regarder. Elle avait entendu ces mots mais sans vraiment savoir comment les comprendre, comment les entendre. Mais ce qu’elle retint surtout, ce fut le corps d’Alec qui se rapprochait du sien. Ce fut cette main sur ses épaules, ce baiser sur son front. Puis leurs corps se rapprochèrent et bientôt, Julian sentit le torse d’Alec contre son visage. Ses larmes se firent alors plus fortes et elle les laissa sortir comme jamais auparavant. Son corps tremblait et heureusement qu’Alec passa une main autour de sa hanche, la soutenant. Sans ça, peut-être aurait-elle perdu l’équilibre. Elle resta les bras ballants contre lui, incapable encore de s’accrocher à lui, de lui rendre son étreinte. Pour l’instant, il fallait qu’elle laisse sortir toute cette peur, toute cette colère qu’elle avait refusé d’exprimer pendant si longtemps.

Leurs mains se nouèrent alors et Julian serra celle de son ami pour la première fois rendant de cette affection qu’il lui donnait sans conditions. Leurs fronts se touchèrent alors et leurs regards se croisèrent. Alors elle fut capable de le regarder vraiment, de laisser ses yeux se perdre dans les siens, de voir les traces laissées par les larmes qu’il avait lui-même versées.

« Colle-moi toutes les baignes dont t’as besoin. »

Puis il y eut de nouveau, un baiser sur son front, son pouce sur sa joue… Tous ces gestes de tendresse, Julian les avait oubliés pendant un an. Si ses amis au Canada avait fini, après plusieurs mois, à s’asseoir plus proche d’elle lors des soirées films, à oser une légère étreinte de temps en temps, elle n’avait plus senti à ce point un corps chaud contre le sien, le réconfort profond qu’elle pouvait ressentir quand elle sentait, physiquement, profondément, qu’elle n’était pas seule. Elle n’eut pas la force de sourire tout de suite à la plaisanterie d’Alec, simplement de calmer doucement le flot de ses larmes. Elle ne voulait pas couper les vannes trop vite mais elle sentait que, peu à peu, elles pouvaient se calmer. Puis il y eut les remords d’Alec. Alors, Julian serra sa main plus fort dans la sienne.

« Je sais. Je te connais. Et bientôt je ferais tout mon possible pour que tu comprennes qu’on peut avancer et que si tu continues à te bouffer avec ça je serais obligée de sévir. »

Cette fois, un très mince sourire venait de se dessiner sur son visage. Elle leva alors sa main libre et vint la poser sur la joue de son ami.

« Mais désolée, les baignes c’est pas pour tout de suite…. Tu sais, j’ai un sacré esprit de contradiction et j’aime pas faire ce qu’on me demande quand on me le demande. »

La main qui était sur le visage d’Alec glissa alors dans la nuque de ce dernier et elle, vint nicher son visage dans son cou. Collant son corps contre le sien, frissonnant de cette chaleur retrouvée. Elle sentait qu’elle avait encore des larmes en elle, encore des mots à prononcer, des colères à exprimer pour enfin pouvoir les apaiser. Mais pas tout de suite, pas comme ça. En cet instant, Julian voulait juste profiter de la présence d’Alec, de ce qui était en train de se renouer entre eux. Elle savait qu’il y aurait encore des discussions sérieuses à venir et encore, elle n’était pas au courant du quart de ce qu’Alec avait fait pendant son absence…. Mais en cet instant, elle avait juste besoin de s’accrocher à quelqu’un d’autre qu’elle-même. Elle n’était plus seule. En revenant ici, elle avait brisé une solitude qu’elle s’était imposée, persuadée que son salut ne passerait que par ça. Sans doute s’était-elle trompée.

« Tu m’as manqué. »

Parce qu’elle était là aussi la vérité. Parce qu’elle avait pensé à lui, à Mack et à Jeroen encore et encore pendant son exil. Parce que le jour où elle avait appris la mort de Zachary, elle s’était rendue compte qu’elle ne pourrait supporter que l’un d’eux disparaisse sans jamais pouvoir les revoir… Julian déposa alors un baiser dans le cou d’Alec avant de se reculer légèrement, non sans veiller à bien garder, cette fois, sa main dans la sienne. De nouveau elle leva les yeux sur lui, de nouveau elle le regarda pleinement même si ses lunettes étaient désormais recouvertes d’un mélange de buée et de larmes.

« Et ça va, même sans moi pour briller à tes côtés, tu t’es pas trop enlaidi. »

Il n’y avait pas encore dans le ton de Julian toute la taquinerie dont elle était capable de faire preuve mais le début d’un éclat, le début de ce qui avait fait de son amitié avec Alec quelque chose de ravageur mais surtout de terriblement solaire.
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Julian A. Neil
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Julian A. Neil
Lun 21 Nov 2022 - 20:57
Période étrange lors de laquelle tous deux s’étaient revus, avaient parlé, tenté de faire quelque chose du malaise laissé entre eux. Puis elle était partie et d’autres crises avaient succédé à celle-là. En aucune manière Alec aurait pu oublier l’immonde sensation de ce vide sous on épiderme. Pas plus que l’étrange dynamique laissée entre eux, dernière trace de leur passé commun. C’était ainsi que ça devait se terminer et il ne lui avait plus resté qu’à dealer avec cette sensation détestable. Plus qu’à se raccrocher au passé, à l’espoir qu’elle aille bien, se reconstruise, avance. Au fil des mois et largué dans l’enfer de son quotidien, c’était à chaque fil d’amitié qu’Alec s’était raccroché. Aux fantômes de tous ceux qui avaient fait son quotidien. Julian en tête de liste. Il aurait sans doute été plus simple de fuir la colère, les reproches, le mal-être. Se contenter de garder cette image fantasmée qui avait pris corps dans son esprit. Mais Alec avait cessé de fuir et de se cacher derrière de fausses excuses. Nombreuses avaient été les nuits marquées de l’ombre de cette journée et toute la colère qu’il éprouvait à l’encontre de Logan n’y changerait rien : il avait accepté à un moment ou un autre de prendre ce risque. De ne pas tenter d’aller davantage à l’encontre de cette magie qui le poussait vers l’avant. Pour ça, Alec s’en voudrait toute sa vie. Toute la colère qu’elle pourrait jamais lui balancer à la gueule, toute la peine, toute la rage aussi tronquée mais sincère qu’elle puisse être ; rien ne serait jamais à la hauteur de la haine qu’il éprouvait pour lui-même. Une couche de plus sur une pile déjà gigantesque. Ainsi Alec ne fuyait pas. Ni son regard ni ses larmes. Bien au contraire, c’était à travers eux qu’une véritable possibilité de se retrouver s’ouvrait. “Admettre” comme premier pas vers la rédemption.

Elle aurait pu le repousser, le frapper, l’insulter ; tant faire pour l’éloigner d’elle. Pourtant les corps se retrouvaient. Comme la fièvre les amenant l’un à l’autre le premier jour, le chemin tracé par des années d’affection profonde s’empruntait sans y songer. Sous couvert d’humour, la vérité elle aussi prenait ses aises. La culpabilité, vieille compagne, n’avait de cesse de marcher à ses côtés. Mais à peine ployait-il sous son poids quand il sentait son amie se serrer dans ses bras, ses larmes s’apaiser, ses doigts trouver les siens. Grandir c’est aussi accepter que certaines choses ne peuvent être modifiées. Certaines ne peuvent même pas être pardonnées; pour autant il est possible d’avancer avec. Sans se perdre de vue. Ainsi ces simples gestes pourtant bien tenus lui labouraient le cœur. Une main qui se serre plus fort au creux de la sienne.

« Je sais. Je te connais.” Un sourire doux s’étira en coin sur ses lèvres. “Et bientôt je ferais tout mon possible pour que tu comprennes qu’on peut avancer et que si tu continues à te bouffer avec ça je serais obligée de sévir. » Cette fois le rire le saisi presque par surprise. A la fois étranglé et léger, il secoua sa cage thoracique de deux vibrations, emportant avec lui la jeune femme qu’il y avait lové. Un mince sourire lui répondit tandis que son amie levait de nouveau le regard vers lui jusqu’à poser sa main libre sur sa joue. Nouveaux coups de talons dans le myocarde. « Mais désolée, les baignes c’est pas pour tout de suite…. Tu sais, j’ai un sacré esprit de contradiction et j’aime pas faire ce qu’on me demande quand on me le demande. »
Un nouveau rire pour toute réponse. Bien court, lâché comme un souffle ; mais aucun commentaire. Car si en temps normal, Alec aurait sans doute profité de l’ouverture pour taquiner mille fois son amie ou pousser plus loin l’humour, cette fois comme plus tôt, cette manière de faire ne faisait que porter un message plus fort. Message qu’il entendait sans chercher à l’ensevelir sous sa propre pudeur. “Je sais.” Fut donc, une nouvelle fois sa seule réponse. Je sais. Je te connais. Comme une rengaine allant et venant entre eux. Une manière de ré-accorder des violons désaccordés, de se réaligner sur le même axe. De faire vivre ce qui n’avait jamais cessé d’exister entre eux : une affection sans bornes. Un truc qui ne souffrait d’aucune contradiction lorsque l’éclat bien fracturé de leurs prunelles se rencontrait durant quelques secondes avant que sa paume ne glisse le long de la nuque du garçon pour s’y échouer et qu’elle ne rompe le contact. Le visage niché dans son cou, Julian s’y réfugiait et en douceur, Alec eut la sensation de se refermer contre elle. Comme un écrin renfermant une chose précieuse à l’abri des regards. Quelques doigts perdus dans ses cheveux, les autres incapables de la lâcher, le jeune homme ferma les yeux un instant. Juste pour s’emplir de cette sensation retrouvée. Lorsqu’ils s’étaient connus, il n’y avait que dans le cadre du sexe qu’il révélait ces parts de lui. Apte à la fois à la brutalité à la tendresse, Alec ne dévoilait cette dernière que dans un cadre privé. A présent et des années plus tard, il en aurait chialé de la retrouver ainsi contre lui. S’il se l’était permis. Le chemin réalisé avait pris du temps et tous deux s’étaient pris bien des sales coups durant ce parcours. Certaines choses, pourtant, restaient immuables. L’écrin, le trésor, ce qu’on apprend à admettre et ce qu’on garde enfouis hors du monde pour se protéger l’un l’autre. Un baiser fut échoué au creux de son cou, larguant avec lui un frisson venu dégringoler le long de son bras et sinuant contre son torse.

« Tu m’as manqué. »
Pas autant qu’à moi.

Des mots qui ne sortirent pas. Pas par pudeur ou par refus. Simplement pour laisser vivre les siens. Pour en prendre la mesure, les laisser glisser dans l’air autant que dans leurs regards. Pour leur laisser l’espace.
L’enclume dans la gorge et les épaules plus légères. Julian s’était doucement détachée de lui jusqu’à retrouver son regard. A reculer légèrement, elle permit le retour d’une légère distance et l’air frais se glissa entre eux. Pour être honnête, Alec n’en voulait pas, de cette distance. S’il avait pu la garder contre lui jusqu’à ce que l’heure ne sonne et qu’il soit forcé de retourner dans l’enfer de son quotidien glacial, il n’aurait pas hésité. Mais ça ne lui appartenait simplement pas.

Son regard l’engloba un instant, le prenant par surprise alors qu’elle reprit, plus légèrement.

« Et ça va, même sans moi pour briller à tes côtés, tu t’es pas trop enlaidi. »

Elle le surpris, claquant de nouveau un petit rire sous ses côtes. Derrière ses verres embués, la jeune femme reprenait quelques couleurs du passé. Sous son regard clair, leurs moments écoulés se lisaient en filigranes. “J’essaye. Mais ça sera jamais aussi bien, ‘faut l’admettre. Quoi que la fonte aide un peu.” Parce qu’il se déchirait à la salle pour son physique et non pas exprimer un trop plein ingérable, bien évidemment. “J’ai envisagé le blond aussi, mais coup de bol, j’ai pas passé le cap, ça aurait fait ton sur ton…” Des conneries, parce que dans le fond Alec aurait seulement aimé ne voir chez sa meilleure amie aucune de ces fractures qu’il savait exister en elle. Qu’elle aille bien, voilà tout ce qui avait toujours compté. Avec ou sans lui, ici ou ailleurs, qu’importe. Alors pourquoi ici ? Pourquoi maintenant ? Y avait-il un lien avec Jeroen à propos de qui il n’osait pas poser de question. Jero avait et resterait l’un des piliers qui avaient constitué son entrée à Poudlard, ses rapports aux autres. Le premier avec qui il s’était lié d’amitié et dont l’affection l’avait empêché de jouer au con comme il aurait pu le faire avec Julian. Son départ l’avait broyé bien qu’il n’en ait jamais rien dit et à celui de la belle rousse, Alec avait toujours supposé qu’elle l’avait retrouvé. A tors peut être.

“Toi aussi tu m’as manqué.” Contre sa peau, son pouce glissait pour appuyer ses dires. “Et ça te va bizarrement très bien les lunettes.. Pouvoir tout mettre comme ça en restant belle gosse, c’est indécent hein..” En douceur, le jeune homme vint les retirer, quittant après une hésitation la paume de sa main pour essuyer les larmes sur les verres avant de glisser l’une des branches sur le tissu de son haut. De ses pouces, il effaça grossièrement les larmes coulées sur les joues de son amie avant d’enrouler de nouveau ses doigts autour des siens et de lui rendre son bien. Ça aurait pu sonner ironique bien sûr, de parler ainsi d’une femme aux yeux rougis, pourtant jamais Alec n’avait pu la considérer autrement que belle, entre autres choses. Une faiblesse qu’il admettait bien volontiers.  
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Mar 22 Nov 2022 - 22:13
C’était étrange de retrouver cette sensation, cette impression que la personne en face de vous vous connait réellement. Non pas qu’elle sache votre nom, votre date de naissance et votre couleur préférée, non ça, n’importe qui pouvait collecter ces informations sur une personne et prétendre la connaître. Mais là c’était différent. Julian était face à quelqu’un qui la connaissait vraiment. Alors oui ils avaient été séparés pendant une longue année et pas n’importe laquelle. Une année au cours de laquelle il avait dû se passer bien des choses. Julian avait conscience qu’en partant pour se protéger elle avait aussi laissé Alec et les autres face à des défis qu’elle n’osait même pas imaginer. Alors il était certain que vu l’état du monde, aucun d’eux ne pouvait être exactement le même que le jour où il s’était dit au revoir. Que le jour où elle avait décidé de dire au revoir. Mais qu’importe, tout cela au final n’était qu’accessoire car Julian savait qu’il la connaissait toujours et que c’était réciproque. Parce qu’ils avaient appris l’un sur l’autre au-delà de toutes les apparences, au-delà des images qu’ils avaient construites à travers le temps pour l’offrir au monde. Lui, comme elle, faisaient partie de ceux qui montrer une façade brillante et exultée pour avoir la paix, pour se sentir bien aussi parfois. Mais quand elle le regardait, elle ne voyait pas que l’homme incapable de résister aux avances d’une femme et parfois légèrement plus drivé par son entrejambe que par sa tête… Non, elle voyait aussi celui dont elle voulait garder la main dans la sienne, celui qui lui avait donné envie de rire, qui avait pu sécher ses larmes. Ils se connaissaient et se connaîtraient toujours. Elle n’était plus face à quelqu’un à qui elle pouvait vendre l’image d’elle qu’elle voulait montrer. Qu’elle le veuille ou non, face à Alec, elle était toujours un peu à nue. Etrangement, cela ne la dérangeait pas, au contraire, c’était réconfortant. Parce qu’elle avait rompu depuis un an tout contact avec les rares personnes qui la connaissaient vraiment. Parce qu’elle avait oublié cette sensation. Parce qu’elle n’avait même plus de famille. Parce que cette solitude qu’elle avait appelé de ses vœux lui paraissait brutalement douloureuse.

L’humour c’était pour desserrer un peu ses entrailles mais aussi parce qu’elle ressentait l’envie de retrouver cette partie d’elle-même. Celle qu’elle avait été lors de leur première rencontre, celle qu’elle avait pu être par la suite. Non, cette Julian n’était pas totalement morte même si elle avait parfois du mal à la ranimer. Cette part d’Alec en tout cas semblait encore bien présente et il arracha un sourire à la jeune femme. Elle ne put alors s’empêcher de l’imaginer dans une salle de sport, bodybuildé avec les cheveux blonds… Non, elle le préférait comme ça.

« Alors si tu finis en mode gonflette oui le blond est à bannir… Mais moi je trouve l’idée qu’on puisse être assortis pas si déplaisante que ça. Je suis sûre que ça rendrait très bien en photos. »

L’image lui traversa l’esprit et Julian était incapable de dire si cela la faisait rire ou si cela lui transperçait le cœur. Parce que retrouver Alec était intense, salvateur, délicieux et en même temps… C’était le rappel brutal de celui qu’elle ne reverrait pas. Elle et Jeroen c’était fini, elle n’avait plus de nouvelles de lui depuis si longtemps déjà et pourtant, il ne l’avait jamais quittée. Elle l’aimait encore et l’aimerait sans doute toujours mais l’idée de ne plus jamais pouvoir prendre de ses nouvelles, d’être coupée de lui la déchirait encore de l’intérieur. Pourtant, qu’est-ce qu’ils auraient été beaux tous les trois. Beaux et fiers. Ils auraient dû former un trio iconique. Mais non. Et ça, il fallait qu’elle l’accepte une nouvelle fois chaque fois qu’elle y pensait.

« Toi aussi tu m’as manqué. »

Une nouvelle larme solitaire glissa sur la joue de Julian. Ces mots, ils lui transperçaient le cœur mais il lui faisait aussi un bien fou. Elle l’avait privé de sa présence, ne pensant qu’à elle, sans être capable de songer au mal qu’elle ferait à ceux qu’elle laissait derrière elle. Elle avait encore d’ailleurs du mal à envisager les choses sous cet angle. Alors, égoïstement, entendre Alec dire ça c’était se dire qu’il ne l’avait pas effacée, qu’elle avait continué de compter, qu’elle n’était pas qu’une ombre, qu’un fantôme. Mais tout ça, elle n’était pas certaine de pouvoir encore l’admettre vraiment. Comment dire à voix haute qu’avoir fait de la peine la faisait se sentir pleinement vivante ? Alors elle se concentra sur sa peau contre la sienne puis sur le compliment teinté d’humour qu’il lâcha. Alors elle sourit tout en le laissant faire tandis qu’il lui retirait ses lunettes pour les essuyer. Elle observa ses gestes, la façon qu’il avait de lui rendre ce service rempli d’une tendresse si intime. Elle resserra ses doigts entre les siens alors qu’il avait remis ses lunettes sur son nez et qu’elle pouvait de nouveau le voir distinctement.

« Alors certes je voulais passer incognito mais j’allais tout de même pas sacrifier totalement ce beau visage… »

Julian leva alors haut le menton comme pour mieux mettre en avant le fameux visage dont elle venait de parler. La vérité cependant, c’était que depuis son exil elle n’avait plus du tout le même rapport à son corps. Ce n’était plus qu’une enveloppe physique, un outil pour se vider l’esprit, pour marcher dans les montagnes. Un outil qu’elle devait travestir pour ne pas trop s’exposer. Son corps n’était plus cette arme de séduction et de plaisir qu’elle avait tant maniée par le passé. Et c’était presque étrange pour elle ne serait-ce que d’effleurer cet ancien paradigme.

« Il va falloir que tu me racontes, comment va Mack, comment vous allez, ce que tu as fait toute cette année… »

Elle voulait savoir, elle voulait combler le vide qu’elle avait installé entre eux et en même temps, elle avait peur de ce qu’elle pouvait apprendre. Jusque-là elle n’avait pas pris le temps d’analyser la manière dont ils s’étaient croisés, pourquoi Alec avait procédé à son contrôle d’identité. Sans doute ferait-elle l’autruche encore un moment, incapable de se confronter à la réalité. Mais ce qu’elle voulait savoir était d’un autre ordre, elle voulait parler de lui, de sa vie profonde et non pas de ce que ce monde en ruines était en train de faire d’eux.
Et il y avait une autre question qu’elle brûlait de lui poser mais qui resterait silencieuse encore un moment. Elle avait envie de le questionner sur Jeroen mais elle ne voulait pas gâcher ce moment, pas gâcher leurs retrouvailles.

« Est-ce qu’on a le droit de s’asseoir dans ce beau canapé pour discuter ou est-ce que mon derrière n’est pas assez digne pour s’y poser ? »

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Julian A. Neil
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Ven 25 Nov 2022 - 1:30
Qu’ils en avaient parcouru du chemin. L’un comme l’autre s’étaient pris bien des sales coups durant ces dernières années et il était impossible pour eux de cacher qui ils étaient à ceux qui le savaient véritablement. Julian appartenait à cette catégorie et Alec avait depuis longtemps lâché la volonté de se cacher derrière des faux semblants. Elle connaissait aussi bien la carapace de sale con, les habitudes de branleur et ses tendances de dragueur. Mais elle savait aussi que cet ensemble le définissait tout autant que ce qu’elle lui connaissait de finalement plus… intime. Ce mec-là l’aurait fait tué au sein des sangs purs, à fortiori des Supérieurs. Ce mec-là aurait surtout gardé cette main dans la sienne jusqu’à se la tatouer jusqu’à l’os s’il avait pu. Ce mec se souvenait parfaitement des tourments de son amie, de l’éclat dans son regard lorsqu’elle lui avait fait part de ses doutes et était passée par lui pour demander à Logan de déterrer des souvenirs enfouis dans son esprit. Tous deux se connaissaient, et c’était bien ce qui amenait Alec à avoir une confiance en elle qu’il n’aurait pas accordé à n’importe qui. Une confiance qui allait bien plus loin qu’un simple “je lui confierai ma vie” - car oui, il le ferait - mais s’étendait jusqu’au fait, bien plus profond, qu’ils puissent renouer. Sa vie avait toujours été un enjeu bien malléable. En revanche s’il apprenait à s’accepter au travers du regard des autres, penser que l’autre pourrait un jour lui pardonner et resserrer de nouveau les mailles du lien qu’ils avaient tissé entre eux.. En disait beaucoup à la fois sur l’affection qui les liaient et sur le profond respect qu’il éprouvait pour elle.

« Alors si tu finis en mode gonflette oui le blond est à bannir… Mais moi je trouve l’idée qu’on puisse être assortis pas si déplaisante que ça. Je suis sûre que ça rendrait très bien en photos. »

Un souffle amusé lui déchira les entrailles. Il n’y aurait jamais assez de mots pour exprimer ce qui sillonnait ses nerfs de la retrouver.
“J’vais y penser alors..”

Les gestes étaient emprunts d’une tendresse évidente lorsqu’il vint essuyer les larmes de son amie. Ces quelques mots avaient fait refluer une larme de plus : tu m’as manqué. Aurait-il pu exprimer à quel point ils lui paraissaient faiblards à la lueur de cette journée ? Non, elle ne lui avait pas manqué. Son absence s’était faite corps chaque jour durant, plus violente et monstrueuse depuis qu’il avait dû se livrer à l’ennemi. Pour autant, ce manque, Alec ne l’avait pas vécu de la même manière qu’il avait pu peiner à encaisser la disparition soudaine de Jeroen, la mort de Yassen ou le départ de Jayden. Le fait que Julian ait choisi de partir, qu’elle lui ait accordé des adieux, un baiser, un dernier regard, tant de détails qui avaient apaisées les choses pour lui. Des petites briques pour servir un tout bien plus essentiel : elle était partie volontairement pour se préserver. Ainsi oui, il ne passait pas un jour sans qu’il ait une pensée pour elle, qu’il se dise qu’il aurait voulu lui montrer ça ou ça, échanger une vanne ou un regard. Mais si elle lui avait manqué, sa présence l’avait pourtant accompagné. La femme dont il essuyait les larmes n’en savait rien et pourtant elle l’avait porté. Il s’était accroché à elle comme il s’était accroché à Kezabel, Jayden, Mack ou Jordane lorsque les coups s’étaient mis à pleuvoir. Il avait focalisé son attention sur la paume de sa main lorsque les doloris s’étaient enchaînés, avait songé à son aura lorsqu’il avait été sur le point de basculer. A chaque fois qu’on lui était entré dans l’âme pour la piller, la retourner, la remuer jusqu’à en extirper toute la vérité, Alec était resté droit, avait mis en avant ses pires tourments pour protéger ce qu’il avait de plus cher. Et Julian faisait partie de ce trésor enfouis. Elle était derrière le monstre de son passé, cachée derrière l’horreur qu’il avait subi enfant et qu’il avait été forcé de revivre encore et encore jusqu’à en maîtriser le démon et s’en servir comme cerbère pour protéger ses amis. Comme d’autres, elle était à la fois le gardien et le trésor. Son souvenir veillait sur son âme à chaque fois qu’il lui semblait être incapable de mettre un nouveau pas en avant. A chaque fois qu’il doutait de lui et de ce qu’il était. Alors non, Julian n’avait pas été oubliée. Pas une seule foutue seconde. Et pas une seule foutue seconde il n’avait douté du lien qui les reliait.

Là où la colère et la violence lui avaient auparavant servis de remparts, il n’y avait aujourd’hui pas la moindre trace de rejet dans ses gestes. Bien au contraire, si l’humour permettait d’alléger ce qui frappait fort ses côtes, la douceur prenait le relais à cette rage qui lui était pourtant indéfectible quelques années auparavant. Celle qu’il ne savait évacuer que lors des soirées, du sexe, des moments qu’il avait l’impression de voler à sa propre existence. Julian avait été le premier pas. La première porte ouverte d’un gamin ayant toujours vécu en huis clos, abandonné par sa frangine, soumis à la violence du monde adulte. Sans elle, sans doute ne serait-il pas l’homme qu’il était devenu. Ça, Alec en avait une conscience acérée. Ce qu’il devait à toutes ces femmes qu’il avait croisé, et aimé, était immense et jamais il n’aurait les mots pour les remercier comme il l’aurait voulu. Alors à la place, c’était une plaisanterie qui portait quelques compliments bien pâles comparé à ce que Julian lui évoquait en réalité.

« Alors certes je voulais passer incognito mais j’allais tout de même pas sacrifier totalement ce beau visage… »
Un souffle amusé de plus. “J’crois que même avec toute la bonne volonté du monde, t’y arriverait pas.” Il entendait, bien sûr, le sous-texte. Le besoin de se grimer, de faire disparaître sa propre identité, de s’engloutir dans une vie qui n’est pas la notre pour tenter d’échapper à cette peur tellement gigantesque qu’elle menace de vous avaler à tout instant. Alec savait. Cette saloperie de peur le dévorait chaque jour. Et chaque jour, il grimait ce qu’il était. Cette sensation le bouffait. Durant un an, il l’avait supposée loin, à se reconstruire. Heureuse sans doute. Avec Jeroen certainement. Loin de tout ça. Loin de tout ce qui pouvait les écraser. Pourtant elle était là, et au travers de ces mots, Alec devinait ce sentiment désastreux. Il souriait, oui. Il blaguait, certes. Mais s’il avait pu lui donner un ticket pour un monde plus sain et apaiser ses pensées, l’ancien Serpentard l’aurait fait avec joie. Même si ça signifiait ne plus jamais la revoir.

Il sentait comme ses gestes se déliaient toujours mal. Tantôt trop, tantôt pas assez. Ce corps, Alec le connaissait. Il savait la manière dont elle se déplaçait, son rythme de marche, la façon dont elle pointait le menton vers les autres, celle dont elle insufflait sans cesse une énergie vive dans chacun de ses gestes et l’éclat de l’assurance dans ses prunelles. Il savait aussi comme tout ça appartenait autant à sa personnalité qu’à une manière de se mettre en sécurité, de se planter dans le décor, d’assurer ses arrières. Alors bien sûr, il notait, voyait, constatait à quel point derrière ce coup de menton ou ce sourire pâle se trouvait des plaies ouvertes qu’il aurait tant aimé savoir refermées. Pourquoi le souligner ? Pourquoi aurait-il eu l’indécence d’énoncer ce qu’ils savaient tous les deux ? Julian avait besoin de temps, et le concernant, ce temps lui était déjà dû. Bien sûr qu’il serait là, qu’il pourrait écouter, enlacer ou combattre selon ses besoins. Rire peut être. Qu’importe. Il est des évidences qu’on n’a pas besoin de nommer. Et si elle avait besoin d’espace pour reconstruire la confiance, alors il n’était pas nécessaire de la demander. Quant à la manière dont elle se percevait ? Peut être qu’un jour il pourrait lui faire entendre ce qu’il voyait d’elle. Même maintenant. Avec les cheveux en vrac et les yeux rouges. La peau irritée sur le haut des joues et le nez empourpré qui se retroussait dans certaines de ses expressions. Peut être y avait-il un fragment de mieux-être à choper dans le regard que le Rivers n’avait jamais cessé de poser sur elle.

« Il va falloir que tu me racontes, comment va Mack, comment vous allez, ce que tu as fait toute cette année… »

Cette fois c’était son tour. La question lui mordit les nerfs et Alec n’eut pour toute réponse qu’un sourire pincé. Que répondre à ça ? Il n’aurait su ni par où commencer, ni même comment répondre à une telle interrogation. Lorsque Kezabel l’avait posée ici même, il avait répondu que ça irait. Qu’ils iraient bien, qu’on finirait par les lâcher, qu’elle le connaissait et qu’il finirait bien par les rendre tous assez dingue pour qu’on leur rende un semblant de liberté. Et il n’avait pas tors. Plus le temps passait, plus il sentait ses geôliers à bout de nerfs. Il y arrivait. Comme il l’avait dit à sa sœur, à peine quelques centimètres plus loin : elles le connaissaient. Il avait la cuirasse solide. Il ne serait pas le premier à lâcher ; qu’importe l’armée qui se massait pour lui faire mettre le genou à terre. Et pourtant quelques semaines plus tôt, Alec s’était surpris à se laisser couler contre les crocs d’une vampire. Heureux de lâcher prise. Heureux d’être emporté par quelqu’un d’autre que ses bourreaux. Heureux de pouvoir enfin fermer les yeux et ne plus rien ressentir. Vaincu par l’alcool et la weed, perclus de fatigue et d’horreurs. Et c’était sans parler de Mack. Il ne disait rien mais elle perdait du poids chaque mois. Le menton haut, les nerfs solides et les yeux assurés, elle refusait la sédition. Et pourtant Alec la connaissait trop pour ne pas voir à quel point elle faiblissait sous le quotidien. Mais ils craqueraient. Les Rivers n’en pouvaient plus de ses frasques, il ne faudrait bientôt plus qu’un dernier coup pour leur faire lâcher l’affaire. Ceux qu’on lui décernaient pour le surveiller perdaient tout autant patience, lui laissant de plus en plus de temps libre. Il n’y avait que Carraway à tenir le choc. Malgré quelques jours d’étrange absence, elle s’acharnait à lui faire vivre l’enfer, mettant à bout de nerfs Mack tout autant que lui à débarquer sans cesse dans son quotidien pour l’emmener au fin fond d’une forêt à le traîner dans la boue lors de ses chasses monstrueuses ou dans la damnation d’une personne à punir ou d’un pauvre bougre à éliminer ou capturer. Est-ce qu’il aurait seulement eu la force de lui dire ça ?

« Est-ce qu’on a le droit de s’asseoir dans ce beau canapé pour discuter ou est-ce que mon derrière n’est pas assez digne pour s’y poser ? »
“Oh ce canapé serait immensément vexé si personne ne l’utilisait ! Rien que pour le fait qu’un Rivers en fuite ait dû l’acheter en zone moldue pour le ramener en plein quartier sorcier et ce sans se faire repérer ; rien que pour ça il mérite une pleine utilisation !” Un sourire franc soutint le petit coup de menton qu’il offrait au sofa taupe trônant au fond de la pièce. “T’imagines pas la galère.”

Trouver une maison à la frontière d’un quartier magique, au coeur même d’une zone dans laquelle personne ne le chercherait jamais et pourtant à la frontière du dit-quartier permettant de raccorder les lieux au réseau électrique et téléphonique… l’ensemble avait été ubuesque. Et sous les couches de bêtises qu’il balançait, en vérité Alec en était profondément fier de cette maison. Rachetée pour un rien, il l’avait retapée, sécurisée, remise à neuf. Ça lui avait pris des mois, usant de magie et découvrant tout un monde de maçonnerie qu’il n’imaginait pas. Occupant, surtout, ses pensées. Les lieux étaient emprunts d’une influence moldue évidente. De l’électroménager au style épuré, Alec s’était ici totalement coupé de l’atmosphère dans laquelle il avait grandit au sein du manoir Rivers. Ça n’était pas son monde, pas tout à fait. Il aurait même dû s’y sentir étranger. Et pourtant il n’y avait rien qui ait pu lui faire se sentir plus léger. Ici, il avait vécu avec les deux femmes qu’il avait aimé - oui, il l’admets enfin pour Jayden -, avait rassemblé ses amis, avait vécu libre et avait râlé tout son saoul contre ce foutu lave-vaisselle et les manières pro-féministes de ses occupant.e.s. Il n’y avait à ses yeux pas moyen d’être plus heureux qu’ainsi. Dans une zone libre où chacun de ceux en qui il avait le plus confiance allaient et venaient à leur guise. Il y avait caché un ami, un moldu qui avait passé deux mois la gueule bloquée sur la télé - ou sur Jordane.. Ou DANS Jordane, mais cela ne nous regarde pas - avant de disparaître soudainement, laissant un nouveau vide dans l’existence d’un Alec las de voir des proches s’envoler en fumée. Mais c’était aussi le lieu où il avait pu se refugier après sa chute, là où il avait rejoint Kezabel dans un moment de connivence évident. Là où il avait retrouvé sa sœur, disparue depuis un an et ramenée à ses côtés sans qu’il n’en comprenne la raison par un type qui le haïssait pourtant. Un type qui avait tout autant permis à Julian d’être là aujourd’hui.
Ouais. Il l’aimait cette maison. Cette table basse qu’il avait lustrée et qui n’était pourtant pas droite. Ce patio où il avait installé des loupiottes magiques flottant pour éclairer un petit coin de verdure pourtant laissé à l’abandon. Il fallait croire qu’Alec n’avait pas la main verte de sa sœur.

“C’est parfaitement sécurisé ici. Personne ne nous voit de l’extérieur, y’a des sorts de confusions, la porte externe ne mène nulle part et tout ceux en qui j’ai confiance vont et viennent autant qu’ils le veulent en transplanant dans le salon.” Un vibrato léger porta ces mots d’une nuance nostalgique qu’Alec aurait bien aimé évacuer mais qu’il était incapable de véritablement masquer. “T’en fais autant.” Qu’en son absence, ces lieux moisissent et se terrent dans le silence le rendait dingue. Ça aurait pu être un lieu à eux. Merde, c’était là qu’Enzo avait débarqué un jour, alors même qu’ils se foutaient habituellement sur la gueule mais sa seule présence rendait à ce salon un aspect.. Universel. Quelque chose de plus grand que ce qu’il avait voulu construire. Quelque chose qui l’incluait même dans un “tout” plus important. Une petite touche dans leur survie à tous. Un lieu où chacun pouvait être libre loin de la peur de tomber à leur tour sous les cliquetis des chaînes. “Hésite pas.” L’ombre dans ses prunelles passa pour se charger d’un nouveau sourire plus marqué. “Ce canapé a besoin qu’on l’aime. Aime-le Julian ; il ne demande que ça.. !” En passant du canapé à Julian, son regard accrocha un instant le patio. Le sourire, alors, devint brusquement et profondément sincère. L’éclat lui éclaira les prunelles grises jusqu’à creuser ses joues d’une affection sourde. Dans le petit carré de verdure, quelques plants de cannabis poussaient tranquillement. Sa sœur était re-passée ici. A sa manière, elle faisait vivre les lieux et lui indiquait qu’elle ne désertait pas sa vie. Sans doute aurait-il pu noter que le ménage avait été fait. De là à deviner que Jordane en était la cause.. Il ne fallait pas y compter.

De nouveau, le jeune homme captait l’attention de son amie. Plus grave, sans pour autant forcir le trait, il ajouta “Ça va pas être l’histoire la plus sympa que je t’ai racontée … et j’en ai déjà retracé des assez merdiques alors.. Tu veux un verre ? Alcool, thé, café… coca ? Oui parce que j’ai du coca madame ! J’ai une télé, un lave vaisselle et du coca. J’suis niqué pour mille générations et c’est un kiff, t’imagines pas.” Il avait toujours aimé ça : emmerder et humilier sa famille. Ça avait commencé par des petites choses pour s’achever sur des sujets bien plus graves. Mais leur manque de respect au travers de trucs aussi con que de faire marcher un sèche linge ? Il s’en délectait.  
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Alec Kaleb Rivers
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Sam 3 Déc 2022 - 18:44
Est-ce que tout pouvait redevenir comme ça, aussi simple que ça ? Est-ce qu’il était possible de mettre tout ce bordel en pause et de vraiment redémarrer comme elle l’avait souhaité en réalité en prenant la fuite. Julian aurait donné n’importe quoi pour que ce soit possible, pour retrouver une vie aussi simple douce et amusante que sa relation avec Alec. Un truc pétillant mais sincère, profond mais toujours amusant. Oh oui elle aurait aimé que la vie puisse se peindre de ces couleurs-là et d’aucune autre. Mais elle savait bien que ce n’était pas possible, que, quand bien même leur vie devenait soudainement simple et dénuées de toutes perturbations, rien n’effacerait ce qui avait déjà eu lieu. Rien n’effacerait les traumatismes qui brillaient dans leurs yeux, qui noircissaient même les souvenirs les plus tendres du temps d’avant. Leur rencontre, leur vie à Poudlard avait été si brillante et pourtant, Julian ne pouvait y repenser sans voir la suite défiler sous ses yeux. Alors il fallait accepter, se résigner. Simplement se dire qu’il y avait encore de belles choses à vivre même si pour cela il fallait aussi affronter des moments plus sombres. Julian commençait tout doucement à se faire à cette idée, à accepter qu’elle ne retrouverait jamais son innocence passée. Mais peut-être qu’au fond, tout ce qu’elle avait vécu l’aiderait à faire vibrer encore plus fort ses nouvelles joies. Peut-être que les cicatrices qui parcouraient son corps et son cœur étaient la clé qui permettait à son cœur de battre encore plus fort dans sa poitrine. Comme à cet instant, alors qu’elle sentait le corps d’Alec si près du sien, alors que leurs regards se croisaient de nouveau plus intensément que jamais. Il était peut-être temps de ne plus perdre une seule minute à attendre une rédemption totale qui ne pourrait jamais venir. Accepter la guérison lente, accepter les insomnies comme les petites victoires, ces rares sourires gagnés, ces rares moments de légèreté. Comme lorsqu’elle avait croisé Warren et qu’elle avait réussi, pour quelques minutes au moins, à s’amuser de nouveau, à oublier, à ne pas se comparer à celle qu’elle avait été. Tout ça, elle commençait à le comprendre dans le regard d’Alec et elle espérait sincèrement qu’elle en aurait la force.

Alors Julian avait envie de renouer le dialogue, d’écouter, de rattraper un peu du temps perdu même si cela devait faire mal. Parce que ça en passait forcément par là. Elle avait bien senti que l’année écoulée n’avait pas été simple pour Alec non plus ni pour Mack. Sans doute avait-il des choses à lui dire qui ne lui feraient pas plaisir, ce ne serait pas la première fois. Elle espérait être assez forte pour tout ça, elle le voulait vraiment. Alors autant mettre quelques chances de leur côté et s’installer confortablement. Et puis, en profiter aussi pour ramener un peu de légèreté. D’ailleurs, Alec était assez doué dans ce domaine, l’histoire du canapé qu’il lui narra, bien que résumée, fit son petit effet. Julian le regarda, amusée, arquant un sourcil.

« Tes aventures rocambolesques m’ont vraiment manqué. »

Oui vraiment, parce qu’il fallait bien avouer qu’Alec avec un don pour se mettre dans des situations improbables. Parfois ça pouvait devenir carrément emmerdant puisque cela ne lui attirait pas que de bonnes choses. Mais ça pouvait aussi donner lieu à de franches rigolades et ça, Julian appréciait particulièrement. L’écouter raconter des conneries, se fondre dans une bulle qui n’appartenait qu’à eux. Ou à Mack aussi parfois. Parce que la jeune femme avait toujours eu une place particulière dans le cœur de Julian, c’était elle d’ailleurs qui l’avait ramassée après la fuite de Poudlard, elle qui l’avait vue si absente, si détruite… Quand elle était là, la bulle était tout aussi douce, tout aussi rassurante. Julian afficha un sourire flottant en s’imaginant qu’elle serait la réaction de son amie en la voyant blonde comme elle. Elles seraient parfaitement assorties.

Alec la ramena à l’instant présent en lui expliquant que la maison était parfaitement sécurité. Elle hocha doucement la tête en l’écoutant, voyant où il voulait en venir. Elle eut la confirmation de son intention lorsqu’il lui répéta qu’elle pouvait venir ici comme elle le voulait. Il insista même sur ce point et Julian hocha la tête doucement. Un petit nœud se forma dans son estomac. Elle aurait aimé passer régulièrement ici, elle s’était même dit l’espace d’un instant que cela pourrait l’aider à régler son problème de logement au moins momentanément. Oui ça pourrait lui rendre un sacré service même. Mais pour ça, il fallait accepter d’utiliser la magie tous les jours pour transplaner et rien que d’y penser, Julian ressentait une certaine nausée. Elle aurait aimé l’avouer à Alec mais ne put s’empêcher de saisir la diversion qu’il lui offrait.

« Fais attention à ce que tu dis parce que me proposer comme ça d’aimer ce canapé ça pourrait passer pour une invitation d’un tout autre genre… »

Julian afficha un sourire malicieux et adressa alors un clin d’œil à Alec. Elle se dirigea ensuite vers le canapé et, dans un geste particulièrement théâtral, se laissa tomber dessus. Elle rebondit légèrement sur la surface de l’assise avant de s’appuyer allégrement sur le dossier. Plutôt confortable.

« Il a sans doute été compliqué de le ramener mais ça valait le coup, on est bien là-dessus ! »

Julian tapota alors la place à côté d’elle pour inviter Alec à venir s’asseoir avec elle. Mais avant ça son ami reprit des traits un peu plus sérieux. La jeune femme le fit, par mimétisme, même s’il ne put s’empêcher d’alléger ensuite l’atmosphère en lançant une petite blague. Julian n’avait aucun mal à imaginer que ce qui allait suivre ne serait pas aussi réjouissant qu’elle l’aurait souhaité. Mais elle refusait d’y couper, pas alors qu’elle avait réussi à venir ici, pas maintenant qu’elle se rappelait comme la présence d’Alec pouvait lui faire du bien, la réchauffer de l’intérieur.

« Comme toi ! Tu sais, je crois que je suis encore plus perdue que toi pour le monde sorcier. Les moldus n’ont plus aucun secret pour moi. Si si je te jure… Alors n’importe quelle boisson me conviendra, je te suis et s’il y a dedans des glaçons fait par un congélateur je serais même pas choquée. »

Julian sourit doucement. Chaque fois, elle se surprenait elle-même quand elle faisait le bilan du chemin parcouru en un an. En quittant Poudlard, si elle avait déjà commencé à prendre ses distances avec les Supérieurs, elle ne savait quasiment rien des moldus. Tout était étranger pour elle, un monde à redécouvrir. Désormais, désormais ce n’était pas qu’elle se fondait dans le décor, non, elle faisait vraiment partie de ce monde, ayant même presque renié ses origines. Trouverait-elle un jour le point d’équilibre ? Elle n’était pas encore prête pour ça.

« Pour être tout à fait honnête avec toi… Venir ici en transplanant ça a été ma première utilisation de la magie depuis un an. Et c’est vraiment parce que c’est toi que je l’ai fait. »

Et ce n’était pas mentir que de dire cela, bien au contraire. Sans doute que pour quelqu’un d’autre qu’Alec elle n’aurait pas trouvé la force de le faire. Certes les circonstances de leurs retrouvailles l’avaient aussi poussées à faire une entorse à sa propre discipline, elle n’aurait pas pu prendre le risque de ne pas le retrouver, de le manquer. Mais clairement, la perspective de se retrouver un peu en le retrouvant était tout ce qui avait réussi à lui donner l’énergie de retrouver sa baguette. Objet dont elle oubliait la présence tant elle n’avait plus l’habitude de l’avoir sur elle.

« Mais ce n’est pas bien important ou plutôt, on en parlera plus tard si tu veux mais pour l’instant, je t’écoute. »

Comme pour joindre le geste à la parole, Julian croisa ses jambes sur le canapé après avoir fait sauter ses chaussures d’un mouvement sec sur ses talons. Elle n’allait tout de même pas mettre ses chaussures sur le canapé ! Et oui elle faisait comme chez elle, certes elle était traumatisée et cabossée mais elle n’allait pas non plus se mettre à faire des chichis. Sinon, on l’aurait vraiment perdue….
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Julian A. Neil
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Julian A. Neil
Mar 6 Déc 2022 - 0:25
« Tes aventures rocambolesques m’ont vraiment manqué. »

Il rit, bien sûr. Pourtant ce qu’Alec entendit en sous texte n’avait vraiment rien d’amusant. Oh il en avait des aventures à conter. Il y avait des chasses, des larmes, du sang. Pourtant il riait. Car ces moments-là lui étaient trop précieux pour qu’il ne les gâche à broyer du noir. Julian était là et même s’il savait devoir être honnête avec elle pour ne pas la mettre en danger, il y avait dans ces moments un éclat dont il refusait de s’amputer. Ou de l’en priver, elle. C’était précieux, ces rires qu’ils partageaient, ces regards, ces contacts. Alec en avait toujours eu conscience et ne s’en privait pas. Pourtant à présent chacun d’eux comportaient une saveur différente. Un truc qui n’appartenait qu’à eux et dont il se saisissait pour s’en emplir totalement. Comme avec chacun de ses proches, d’une manière singulière à chaque fois. Par moment, il lui semblait n’avoir que ça pour le maintenir hors de l’eau. Alors si le ton devenait sérieux par instant, il revenait à une certaine légèreté dès qu’il le pouvait. Ne serait-ce que pour saisir l’instant.
Bien sûr qu’elle n’était plus la même. Bien sûr que lui non plus. Bien sûr qu’il y avait des fêlures et des failles béantes dans leur passé. Mais qu’importe. Du moins à ses yeux, ça n’avait finalement de valeur que leur aptitude à mettre en avant le reste.

« Fais attention à ce que tu dis parce que me proposer comme ça d’aimer ce canapé ça pourrait passer pour une invitation d’un tout autre genre… »
“ ’Me tente pas…” Un regard en coin, toujours le même sourire depuis le premier jour. Certaines choses ne changent pas et si sa promesse envers Jeroen tenait toujours tant que Julian et lui seraient ensembles, ça ne coûtait rien d’en plaisanter. Il prit même un éclat plus brillant encore à la voir lui adresser son clin d’œil fétiche avant de se laisser tomber sur l’assise. Une bulle d’affection gonfla sous sa poitrine, perçant le soulagement de la voir retrouver dans certaines attitudes une part de légèreté. Ça avait toujours été l’important : qu’importe qu’elle le haïsse, qu’importe qu’ils ne se voient plus, qu’elle ne lui adresse plus jamais la parole ; tant qu’elle était en sécurité. Tant qu’elle pouvait se reconstruire. Alors ce qui l’avait fracassé était de voir à quel point son regard pouvait s’être terni car il y décelait un mont de souffrances dont il ne pouvait la délivrer. Et pour lesquelles il était en partie responsable.
Sujet passé. On avance. Et il avait lui-même tant à dire et aucune envie de se noyer dans ces derniers mois. Alors il évoquait la maison. De celle-ci il érigeait une certaine fierté. Ces murs étaient les siens bien plus que n’importe quel logement avait pu l’être. Mille fois plus que le manoir Rivers dans le quel il avait grandit et qui était une nouvelle fois sa privé. Bien plus que l’appartement que Takuma leur avait dégoté et dans lequel ils avaient vécu un moment. Bien plus que Poudlard qui, pourtant, lui avait tant apporté. Alec avait tant de raisons d’être critique et pourtant, une nostalgie étrange le prenait à chaque fois qu’il pensait à ces lieux. Cette dernière était liée à ses habitants, Julian en tête de liste.
Et puisqu’il n’y avait pas d’elfes pour les servir, c’était lui qui proposait. Au fil des mots et de leurs réponses, il eut un petit sourire tendre à voir à quel point tous deux avaient pu s’éloigner d’un monde pour s’ancrer dans le second. Si Alec n’avait pas d’attrait spécifique envers l’univers moldu, c’était dans une volonté de pied de nez qu’il s’inscrivait pourtant dans ce décors. A présent, le quotidien dans un manoir de sangs purs lui pesait, chaque geste magique l’agaçait quant pourtant, ici, c’était le fonctionnement des appareils ménagers qui le poussait à râler toute la journée. D’ici, il ne lui restait plus qu’à observer cette période dans une mélancolie affectueuse.

« Comme toi ! Tu sais, je crois que je suis encore plus perdue que toi pour le monde sorcier. Les moldus n’ont plus aucun secret pour moi. Si si je te jure… Alors n’importe quelle boisson me conviendra, je te suis et s’il y a dedans des glaçons fait par un congélateur je serais même pas choquée. »
“Oh, madame me lance des défis !” Alors bien sûr, Alec avait contourné le rabat du bar pour entrer dans l’espace de la cuisine ouverte. “ Eeeet…” Un bac à glaçon en plastique fut emporté du congélateur pour être présenté avec fierté à la belle blonde. “Challenge accepted !” Et relevé.

Il faisait l’idiot comme ça, mais en réalité, dans le fond de ses pensées, une idée parasite : la probabilité que Jayden ait rempli ce bac était énorme et laissait dans sa poitrine une plaie béante qu’il cacha derrière l’air victorieux qui se peint sur ses traits. Deux bras écartés, un sourire de crétin fier de lui et en posant le bac, Alec disparu une seconde sous le rabat pour attraper une bouteille. Un alcool que Julian aimait et dont personne dans cette baraque ne s’était servi depuis des mois. L’un de ces “au cas où” qu’on fait sans y penser. Ces petites pensées qu’on a au quotidien pour ceux qui ne sont plus là. Et qu’on ouvre avec un sourire affecté.
Julian à sa droite, dans le canapé, reprit.

« Pour être tout à fait honnête avec toi… Venir ici en transplanant ça a été ma première utilisation de la magie depuis un an. Et c’est vraiment parce que c’est toi que je l’ai fait. »

Les deux verres avaient été versés tandis qu’elle parlait et Alec s’arrêta une seconde, le regard perdu dans les reflets irisés du liquide. Il y eut un souffle échoué, une enclume dans la gorge, un martellement dans le cœur. Joie et peine mêlée, sans véritablement savoir distinguer l’une de l’autre dans la compression de ses côtes. Il ne dit rien, posa simplement un regard doux sur la jeune femme. Ni jugement ni remerciements. Pas son genre pour le premier. Pas les mots pour le second.

« Mais ce n’est pas bien important ou plutôt, on en parlera plus tard si tu veux mais pour l’instant, je t’écoute. »

Il acquiesça avec un petit sourire qui gagna en éclat en la voyant dégager ses pompes pour s’asseoir dans son salon. Une onde de chaleur le prit à cette idée bien conne d’avoir une invitée de plus. De s’inscrire dans un truc aussi bête que de servir à boire à une amie, chez lui, avant de discuter.

“ça marche. J’oublie pas mais ça marche.” Ainsi il revint avec les deux verres et des conneries à avaler. “Profite. Un héritier Rivers qui fait le service, j’en connais quelques un qui s’étrangleraient.” A commencer par lui, six ans auparavant.
Chaque verre trouva son propriétaire et il prit place aux côtés de son amie. “ Bon et c’est là qu’on déprime si j’ai tout suivi.” Comme si leurs premiers échanges avaient été une partie de plaisir tient. Pas qu’il n’en dénigre l’impact, mais à la première conversation il s’était préparé. Celle-ci, beaucoup moins. A côté de celles de Julian, ses pompes atterrirent tandis qu’il se calait contre le canapé. Son amie s’était mise dans l’angle, alors son flan vint toucher le dossier, le bras calé par dessus et le regard posé sur le sien. Après une gorgée, le verre atterri sur sa cuisse. L’alcool et les filles pour carburant. On s’refait pas.

“Si je refais le fil.. L’histoire commence au mariage. Mon mariage, aussi déconnant que ça paraisse.” Il avait beau dire ça, elle y était, le connaissait, savait ce qu’il se passait dans ses pupilles lorsqu’il était avec Mackensie. Ce qu’il s’était passé ce jour là était un mariage de haine et d’amour et il ne s’en cachait pas. “T’es partie… nous aussi. On n’est pas restés bien longtemps, tant que la foule était là ça allait.. Mais j’crois que ni elle ni moi n’avions très envie d’être chopés pour retourner joyeusement dans la foule des sangs purs où les trois quarts des péquins sont des Supos’ d’mes couilles.” Supérieurs, suppositoires, même combat. Alec découvre le monde moldu et trouve des surnoms originaux et l’humour acerbe qui va avec. “ Avec du recul j’crois qu’on aurait dû.” Sans doute tout ça leur aurait évité bien des emmerdes.
Dans un soupir, Alec reprit une gorgée. “Il l’avait tellement cognée, cet enculé…” Le regard ailleurs, perdu quelque part dans son verre, se chargea d’ombres. L’iris d’eau se fit orage et Alec inspira profondément. “ Bon, tu me connais, je l’ai fracassé. J’crois que je l’aurai tué si Kezabel m’en avait pas empêché. Et puis que dalle, j’me suis rangé, on n’a pas pointé notre gueule là-bas, on s’est juste fait oublier pendant des mois. Ils avaient eu ce qu’ils voulaient, on n’a pas été emmerdés. Elle s’est remise comme elle a pu...” Cette fois, lorsqu’Alec releva le visage, ses iris étaient d’eau ; le regard plus léger, un léger sourire au coin des lèvres. Dans le fond, il ne développait pas plus que ça, car le sujet faisait mal et qu'il ne savait comment le traiter. “On a retrouvé Jay ! … Qui était juste rentrée chez elle, comme toute personne normalement constituée je suppose.” Les autres, ceux qui n’accumulent pas milles merdes, et dont la famille n’irait pas les fusiller à chaque écart. Ceux dont on n’a pas besoin d’avoir peur. “ Et on a habité un peu ensembles. Aileen, Takuma, Jay, Mack, moi. Joyeux bordel.” ça n’était pas un secret, lui et Aileen ne s’appréciaient pas. Pourquoi d’ailleurs ? Alec comme Julian ne se souviendraient plus du lien qui unissait Aileen Rowe et Logan Rivers. Ce dernier s’en était assuré quelques mois plus tôt. “Enfin. Mon père m’a retrouvé, c’est là que j’ai chopé cette maison et que je l’ai retapée. Quitte à être enfermé autant faire quelque chose de mes mains… et découvrir le merveilleux monde de youtube, ouais, j’ai fait ça. Enfin après avoir galéré trois jours à comprendre comment déverrouiller mon téléphone, j’ai fait ça.” Pas une mince affaire. Et vous ne l’avez pas vu avec un GPS. “On a emménagé. Et puis peu à peu tout le monde s’est barré. Ils ont fait leur vie… Et j’t’avoue que la colloc’ avec un mec qui m’en veut parce que j’ai failli me faire sa nana  - enfin son ex - heeeee…. C’était pas top. J’crois que ça a fait du bien à tout le monde d’élaguer un peu la foule.” Se faire sa nana. Alors, oui, Alec avait effectivement fait des avances quoi que légères à Dakota quand Takuma et elle étaient ensembles mais en vérité les tensions entre eux dataient de la fuite de Poudlard. Lorsqu’ils avaient atterrit en sécurité grâce au portoloin, Aileen n’avait pas manqué de déverser tout son mal-être sur un Alec clairement incapable de s’entendre dire ces merdes. Lui balancer qu’il n’aurait jamais dû l’aider et qu’elle voulait retourner là-bas était trop. Pas alors qu’il luttait pour ne pas s’effondrer d’y avoir laissé sa meilleure amie et la majeure partie de son âme. Le coup était parti, Takuma était intervenu et n’avait pas tardé à toucher terre à son tour. Pas vraiment le genre de choses qu’Alec voulait raconter actuellement. “Enfin bref.. Et donc Jay, Mack et moi on a habité ici. T’as vu j’ai fait des plinthes. Elles sont belles mes plinthes : admire mes plinthes.” Avec son sourire de con et les sous-entendus qui vont avec. “ J’déconne mais en vrai c’était top. Jordane passait aussi et c’était pas la seule. On a… j’en sais rien. J’crois que pendant quelques mois on a de nouveau vécu une vie un peu normale. Plus ou moins en couple. Trouple. Truc.” Une grimace sur ses traits le fit rire à cette évocation. “On a essayé de recoller les morceaux, de se remettre, tous.. Parce qu’en vrai on est tous un peu pétés. Et parce que balancer à la voisine d’enfance que je l’aime avant de l’épouser était pas forcément le truc avec lequel j’étais le plus à l’aise, ça a pris un peu de temps. J’ai installé le net. J’me suis perdu sur le câble. Ah et j’ai découvert la notion très moldue de polyamour : ‘jamais entendu un truc plus sensé que ça. Donc voilà, on a un peu galéré mais je crois qu’on a trouvé notre équilibre. Et puis.. Tu sais, le quotidien. Elles m’ont bolossé pour que j’fasse la vaisselle, j’ai eu des débats houleux avec le lave vaisselle pour qu’il m’aide, il était pas d’accord. Regardé Grey’s Anatomy, sauvé le cul d’un pote qu’une bande de types ont failli buter. La base. Jusque là tout va bien.” Il avait l’air d’en déconner mais en vérité, sa voix s’était chargée de vibrations lorsqu’il avait évoqué la vie avec Jayden et Mack. Un sourire en coin était venu, reparti, écrasé par un soupir douloureux. “J’sais pas si t’a su mais Logan s’est enfui. Ou quelqu’un l’a aidé à s’enfuir de Poudlard, j’en sais rien, j’m’en fous.” C’est faux. Il sait. Il sait mais ne le dira pas. “ Bref, ça a foutu un coup dans la ruche côté suppos d’Satan et ils ont commencé à se chauffer. Doryan est mort. Ils ont envoyé une tarée pour me choper, Carraway. Il paraîtrait que j’suis bien placé sur la liste des suspects pour savoir où est le grand assassin de Walters senior alors… ouais, ça a commencé à craindre.” Alec n’eut pas conscience du moment où il avait fini par baisser le regard mais celui-ci s’était arrêté sur le tissu du canapé, quelque part contre cette fichue main qu’il avait lâché ce putain de jour de Septembre. “ On a joué au chat et à la souris pendant un moment et… bah tu connais leurs méthodes aussi bien qu’moi alors…” Ses lèvres se pincèrent douloureusement en haussant les épaules d’un air las. “Elle m’a tendu plusieurs pièges, j’les ai évités. Mais parmi ceux-là elle a pris l’apparence de Kezabel alors…” Sa voix était devenue rauque, douloureuse. “Ils avaient déjà récupéré Warren, buté Doryan. C’était qu’une question de temps. Et à jouer la résistance stérile, j’ai surtout eu peur qu’ils chopent quelqu’un pour me forcer à sortir de ma planque.” Instinctivement ses muscles s’étaient tendus jusqu’à rouler dans son dos lorsqu’il retrouva le regard de Julian. La suite était simple. “J’suis pas comme ça. Logan oui, mais moi j’aurai jamais pu. Alors j’ai demandé à Warren d’organiser une rencontre avec la barge.” Ca semblait pire encore à raconter qu’à vivre. “Jayden est partie. On a convenu que je saurai jamais où. Qu’on se reverrait, que tout irait bien.. Sauf que plus les mois passent, plus j’me rend compte que c’était une rupture et ça me casse sacrément la gueule.” Ces mots, il n’avait osé les prononcer qu’avec Jordane. Mais en cet instant, face à sa meilleure amie, Alec n’avait pas envie ; ni de se protéger, ni de jouer l’arrogance. Il n’était qu’un type qui cherchait à faire ce qu’il fallait. Un type qui ne se cachait plus. Pas devant elle. Pas ici. “ On a signé un contrat elle et moi. Et dans les grandes lignes, j’suis à leur disposition, j’fais ce qu’elle me dit ; elle et personne d'autre. J’ai demandé à n’avoir rien à faire avec les Supérieurs mais… enfin disons qu’avec elle collée à mon cul et ses délires de sado c’était pas parfait comme plan. Et en échange de toute cette merde, eux, ils ne touchent pas à certaines personnes tant que ces personne ne font pas de move à la con comme d'appartenir à la Garde.” ça sonne comme le tonnerre dans sa poitrine. Ça brûle, ça tonne. Ça lui arrache la voix. Alors il racle sa gorge, dégluti, boit une gorgée et reprend. “Enfin voilà, t’as l’idée générale. Ils m’ont ramené là-bas. Un tour au ministère et la joie d’être interrogé par leur bande de psychopathes. Grand et chouette tête à tête avec la malade et puis l’un de leurs généraux. Un légilimen. Et puis non moins sympathique entretien avec Johan Walters. Le big boss des big boss rien que pour moi... Pas la meilleure soirée de ma vie j’avoue.” Torturé. Voilà le mot qu’il tait, celui qui roule sous sa peau, lui scie les nerfs et violente sa conscience. Mais celui-là, Alec n’irait pas le sortir comme ça. A quoi ça servirait ? Julian sait. Ils savent tous. Ils connaissent tous les méthodes, la pression, la douleur. Alors pourquoi dirait-il qu’il y a passé des heures, qu’ils ont forcé Warren à jouer au tortionnaire, que son meilleur pote lui a démonté la gueule et se l’est joué KGB ? Il le protège en vérité, comme il protège les uns et les autres. Parce que c’est bien ce qui s’est gravé sous sa peau à chaque fois qu’ils le laissaient se tordre de douleur : l’affection et la loyauté.

Ses paupières se fermèrent un instant, ravalant des traumas dont il ne voyait l’intérêt d’être évoqués. Puis en les rouvrant, il chercha le regard lacustre de sa meilleure amie. “J’ai rien dit. Pour info. Sur personne.” Chacun des secrets, chacun de leurs rires, chacun des indices qui pouvaient amener ces tarés sur la piste de ses proches ou d’illustres inconnus. Sur les traces de son cousin, Alec avait encaissé et protégé. Sauf que contrairement à Logan, il savait pourquoi il le faisait. Et ce “pourquoi” se trouvait sur ce canapé.

“Ecoute… J’te remercie. Tu vas te foutre de moi mais ça doit être dit. Merci. Toi, Mack, Kezabel, Jayden, Jordane, Caitlyn, Sova, Jill, Tallulah, Elwynn… Jero. Yassen…” Putain ce qu’il y en avait des disparus en vérité. Et un paquet de nom qu’il n’évoquait même pas. Par sécurité ou par pudeur. “Mais surtout les nanas à vrai dire.” Un petit rire lui tordit les tripes avant de reprendre. “J’s’rai pas qui je suis si vous aviez pas été là. J’l’aime pas ce mec que j’étais quand on s’est rencontrés tous les deux. Et pourtant lui et moi on fait ce qu’on peut en ce moment. Mais ya pas un seul jour sans que vous tous, vous me sauviez la vie. Et y’en a pas un seul qui passe sans que j’vous soit reconnaissant pour toutes les mandales que vous m’avez foutu pour que j’arrête d’être un sale con alors..” Cette fois, son regard brillait, soutenu par ce petit sourire en coin qui n’avait pourtant aujourd’hui plus rien de celui du sale petite branleur qu’il était souvent. Tendre, affectueux. Las aussi sans doute. “… tu sais.. Ces trucs qu’il faut dire quand on le peut, autant les dire. Je t’aime, et merci, vraiment, pour toutes ces années. J’te l’ai dit, tu peux m’en vouloir. Jamais je serais autre chose que profondément reconnaissant pour tout ça.” Putain qu’ils brillaient ses yeux lorsque ces mots s’échouèrent hors de ses lèvres. D’une voix rauque, rouillée.

Serrée.
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Alec Kaleb Rivers
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Dim 11 Déc 2022 - 17:24
Ce qui était déconcertant et à la fois terriblement rassurant c’était cette impression que tout coulait de nouveau entre eux, comme s’ils ne s’étaient jamais quittés, comme si les larmes versées quelques minutes auparavant n’étaient qu’un lointain souvenir. Ils retrouvaient cette malice, cette complicité qui avait fait leur duo pendant les années Poudlard et si cela était nécessairement associé à des souvenirs beaucoup plus douloureux, Julian avait juste envie de se laisser fondre dans ce nuage de douceur. Profiter un peu de cette sensation de déjà-vu qui se trouvait être particulièrement délicieuse. Elle venait de passer un an dans l’inconnu et si, au fil du temps, elle avait fini par se créer une routine, ce qui avait d’ailleurs été essentiel à son équilibre, ça n’avait rien à voir avec ça. Alors retrouver les petits blagues grivoises entre eux, cela faisait partie de cette douceur. Serait-elle réellement capable de refricoter avec Alec, de manière purement physique ? Elle n’était même pas sûre d’avoir la réponse à cette question quand bien même elle ne se posait pas. Elle et Jeroen c’était fini par la force des choses et pourtant, elle aurait eu l’impression de le tromper en dévoilant son corps à quelqu’un d’autre. Il n’y avait qu’avec lui que la notion de monogamie avait pris un sens aussi fort et désormais, elle avait du mal à s’en défaire… Mais peut-être que l’alcool aidant, ce serait différent ? Aucune idée mais en tout cas, un bon verre ne lui ferait pas de mal ! D’autant qu’Alec semblait décidé à lui faire plaisir, il ne s’était donc pas contenté de relever le défi de trouver des glaçons faits à la mode moldue mais il venait en plus de dégoter d’on ne sait où une bouteille de Martini blanc. Un martini glace, que demander de plus ! Ca ! Servi à même le canapé par un Rivers à la dignité et à l’égo de la taille du Canada. Julian afficha un sourire amusé alors que son ami venait lui apporter son verre et s’installer auprès d’elle.

« Ouuuh t’inquiètes pas, j’ai conscience de l’honneur qui m’est fait et je compte bien en profiter ! »

Une fois encore, Julian redressa le menton, elle envoya ses cheveux en arrière dans un geste appuyé, se donnant des airs de princesse. Mais la plaisanterie allait bien vite s’effacer. Déprimer ? Peut-être mais c’était nécessaire et puis, ce n’était pas comme s’ils en avaient pas vu d’autres… Julian attrapa son verre et se cala soigneusement dans le canapé, le regard rivé vers Alec. Elle laissa couler une gorgée et savoura le goût de l’alcool qu’elle n’avait pas bu depuis bien longtemps. Mais elle n’eut pas le temps de se concentrer sur le breuvage, toute son attention était déjà mobilisée sur Alec, prêt à se lancer dans son récit.
Il reprit l’histoire là où elle l’avait laissée, le mariage. Un sourire étrange flotta sur le visage de Julian alors qu’elle repensait à ce moment. A cet instant de sa vie, elle était détruite, incapable de mettre un pied devant l’autre mais le mariage d’Alec et Mack avait été une petite lueur, un truc qui l’avait fait rester encore un peu. Ce n’était pas l’histoire parfaite pleine de papillons et de jolis lumières mais il y avait quelque chose de beau entre eux. Et puis, repenser à Mack lui faisait du bien aussi, elle espérait avoir la force de retrouver son amie, de lui parler, de s’excuser aussi, de ne pas avoir été là… La main de Julian se resserra avec force sur son verre lorsqu’Alec évoqua les coups qu’elle avait reçus. Elle n’aurait sans doute pas réglé les choses comme Alec mais sur ce coup, elle le comprenait. Elle remercia Kezabel d’avoir été là et se contenta de hocher la tête. Alec ne voulait pas s’étendre là-dessus et ce n’était pas un souci, elle avait compris le plus important. Il évoqua ensuite ceux qu’ils avaient retrouvés et elle lâcha un petit rire alors qu’il évoqua leurs cohabitations improbables.

« Je suis surprise que cette colocation n’ait pas donné lieu à un meurtre. »

Un petit mot pour alléger les choses, une toute petite gorgée de Martini et le récit d’Alec reprenait. Il lui parla alors de cette maison, de comment il se l’était appropriée et avait décidé d’en faire quelque chose à lui. Elle pouvait comprendre, ce besoin de nidifier même si c’était amusant d’entendre quelqu’un comme lui ressentir ça. Ce n’était pas le genre d’Alec, lui l’électron libre mais c’était une bonne chose à ses yeux qu’il ait ressenti ce besoin. La suite la fit encore plus sourire et elle l’écouta non sans déceler ce qui s’animait dans ses yeux et dans sa voix. Avant elle aurait peut-être dû se contenter de ces petits indices qu’il laissait filtrer entre deux mots mais Alec se fit plus explicite cette fois et il nia pas qu’avec Mack et Jayden ils avaient noué une relation à trois. Julian afficha un sourire doux. C’était chouette d’entendre ça, d’entendre qu’ils avaient pu construire un truc qui leur correspondait.

« Cherche pas du soutien auprès de moi, elles ont eu bien raison de poser les bases dès le début. Quant au lave-vaisselle j’ai un diplôme d’Etat en la matière maintenant, si tu veux des tuyaux. »

Forcément, au bar, Julian avait du apprendre à se servir de cette machine et surtout, ne pas montrer son ignorance totale la première fois que son patron lui avait demandé de le lancer. La jeune femme avait pour cela développé certaines compétences en observation discrète. Tout un art. Mais elle n’était pas là pour s’étendre sur elle et elle reporta son attention sur Alec, bien conscience que son récit risquait à tout moment de prendre un virage bien moins amusant. Et ce virage ne se fit pas attendre. Il évoqua alors la fuite de Logan, non Julian n’en savait rien et si ce dernier n’était pas le plus sympathique, elle était contente de savoir que celui qui l’avait aidée à retrouver une partie de sa mémoire n’était plus entre les mains des Supérieurs. La suite pourtant n’avait rien de réjouissant et Julian utilisa toute son énergie à garder son calme et un visage neutre. Il évoqua la mort de Doryan, il n’avait jamais été son ami mais un mort en plus, ça sonne toujours entre les tempes. Il parla de Warren et Julian fronça légèrement les sourcils. Elle aurait sans doutes des questions à poser à Alec sur le jeune homme qu’elle avait croisé quelques temps plus tôt mais encore une fois, ce n’était pas le cœur du sujet. Ce qui l’intéressait c’était Alec qui lui disait qu’il avait cédé, qu’il avait accepté d’être un outil entre leurs mains par peur pour ses proches. Julian déglutit et se força à ne pas détourner le regard. Venait-elle de lui compliquer la tâche en réapparaissant ? La question lui brûlait les lèvres mais elle ne voulait pas ramener la conversation à elle parce que le corps entier d’Alec était en train de hurler comme cette situation le pesait derrière ses airs désinvoltes. Il évoqua le départ de Jayden aussi. Puis ce qu’ils avaient voulu savoir… Elle vit ses paupières se fermer et comme il lâcha qu’il n’avait rien dit. Julian tendit une main vers lui, qu’elle posa sur son genou.

« Même si t’avais dit un truc Alec, je t’en aurais jamais voulu. Je sais pas comment t’as fait. »

Est-ce qu’elle aurait eu la force mentale pour tenir face à la torture ? Elle n’en était pas certaine et c’était pour cela que la précision d’Alec n’avait aucun sens à ses yeux. Ils se débattaient comme ils le pouvaient face à la violence de ce monde, face à des hommes qui ne jouaient pas avec les mêmes armes qu’eux… Et puis, les mots d’Alec la cueillirent, après le récit, après les aveux de sa souffrance, il se mit à la remercier. Elle, les autres… Son estomac se tordit face à la liste de nom qu’il égraina, lui rappelant tous ceux qu’elles ne connaissaient plus, qui n’étaient plus dans son paysage mais bien vite, elle se concentra sur le reste. Sur cette déclaration qu’Alec était en train de lui faire. Non elle ne se serait jamais attendu à ça et les mots d’Alec la percutèrent. Un coup de poing dans les tripes aussi violent que tendre. Parce qu’il n’y avait aucun artifice. Je t’aime. Ces mots la firent tressauter. Depuis quand ne les avait-elle pas entendu ? Et prononcés ?

« Ah ouais, en fait Mack et Jay t’ont vraiment changé mon petit chamallow. »

C’était peut-être juste pour prendre le temps de respirer, de reprendre le contrôle sur ses propres émotions que Julian avait lâché cette plaisanterie un peu vaseuse. Elle se rapprocha alors un peu d’Alec et la main qu’elle avait posée sur son genou vint chercher la main de son ami.

« Tu sais, on aurait jamais pu te changer si t’en avais pas envie. Alors peut-être que t’avais un côté sale con quand on s’est connu mais y’avait pas que ça, depuis le début. Et si t’es devenu un mec capable de dire de si jolies choses, c’est aussi grâce à toi. »

Son pouce glissa alors doucement sur le dessus de la main d’Alec, son regard se perdit dans le sien. Ses yeux étaient humides mais elle retint ses larmes. Parce qu’elle n’avait pas encore envie de pleurer, surtout pas comme ça. C’était peut-être idiot mais elle aussi gardait des traces de la jeune femme fière et pleine d’égo qu’elle avait été.

« Merci de m’avoir dit tout ça. Tu sais, ça fait longtemps que personne ne m’avait dit qu’il m’aimait et c’est plutôt agréable. »

Ce qui pouvait sonner comme un ton désinvolte n’était rien d’autre qu’une sincérité pure. Julian se pencha alors en avant et déposa un baiser tendre sur la joue d’Alec. Elle se rassit ensuite en face de lui et fit glisser une gorgée de Martini, un peu plus longue que les précédentes.

« Et maintenant, comment tu vas ? De quoi t’as besoin ? »

Il y aurait mille choses à dire sur ce qu’Alec venait de lui raconter mais rien d’utile pour le moment. Ce qui importait pour Julian maintenant qu’elle était revenue, maintenant qu’elle était vraiment là c’était comment son ami allait et ce qu’elle pouvait faire pour qu’il continue à avancer la tête hors de l’eau.
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Julian A. Neil
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Julian A. Neil
Ven 16 Déc 2022 - 20:46
Chacun de ses rires enclenchait cette petite chose qu’il y avait toujours eu entre eux. La retrouver allégeait ses pensées et dégageait ses souffles. On a beau en chier, certaines personnes changent tout. Cette relation appartenait à la catégories de celles qui vous permettent de traverser n’importe quel désert. Étrangement, la gueule dans l’horreur, Alec avait réussi à gagner sans trop comprendre comment, certaines certitudes. Ce qu’il avait gagné à côtoyer ces personnes que les Rivers avaient majoritairement voulu garder loin de lui, personne ne pourrait jamais l’en défaire. Ces liens circulaient sous sa peau et traçaient des ponts que toute la violence du monde ne pourrait ébranler. Pas après tout ce qu’ils avaient tous traversé. Pas après avoir survécu à tout ça. Car ils avaient beau être tous profondément fracturés, esquintés par le passé, ils n’en étaient pas moins en vie. Ils avaient appris, grandit, mûrit dans des conditions abjectes et pourtant, voilà ce qu’il restait. Deux amis à rire dans un salon. Deux proches qui déterraient leurs cadavres sans peur ni du jugement, ni du rejet de l’autre. Combien dans cette société qui les avaient vus naître - ou presque - pouvaient se targuer d’une telle stabilité ? Ces mots qu’Alec n’aurait jamais imaginé prononcer pour quiconque quelques années auparavant - et certainement pas une amie - se retrouvaient dans chacun de ces échanges. Dans chaque vanne, chaque regard, chaque silence. Ils se retrouvaient dans les petites attentions et les grands respects, dans ces petites ambiguïtés qui s’étaient tissées au fil des années entre eux. Alec savait, bien sûr, que chacun de ses mots était un séisme de plus et pourtant, il ne se voyait pas taire toutes ces étapes de l’année passée. Quelques années auparavant, le Serpentard n’aurait rien dit, comme il n’avait rien dit lorsque Janie était tombée malade et qu’il avait œuvré dans son coin pour tenter de l’aider. Comme il s’était tut lorsque les Supérieurs s’étaient mis à l’emmerder pour qu’il rejoigne leurs rangs et leur obéisse au même titre que bien d’autres avant lui. À cette époque, Alec était persuadé depuis l’enfance qu’il n’y avait foncièrement que sur lui-même qu’il pouvait compter. Que de toute manière rien n’intéresserait les autres et qu’il se devait d’avancer sans impliquer qui que ce soit. Il en avait fallu bien des sourires et des coudes levés pour que chacun daigne sortir de sa zone de confort. Pourtant ils en étaient là. Honnêtes, calmes, à l’écoute. Ses interventions le faisaient sourire et sa compassion lui étreignait les côtes. Lorsqu’une main fut posée sur son genou et quelques mots prononcés, Alec ne su quoi répondre. « Même si t’avais dit un truc Alec, je t’en aurais jamais voulu. Je sais pas comment t’as fait. » Lui non plus n’en savait rien. Il faisait, jours après jours, heures après heures. Il s’accrochait à chacun de ces instants, chacune de ces certitudes, repoussait la boue que le monde sang pur lui crachait à la gueule à chaque instant pour se réfugier dans ces moments-là, ceux qui lui étreignaient le myocarde et griffaient sa gorge. Il s’en nourrissait bien plus que quiconque pourrait jamais le comprendre. Lui apparaissaient comme les seuls instants où il était vraiment lui-même.

Il y avait alors quelque chose d’assez étrange à s’estimer tout à fait “lui” quand il partait dans le genre de déclarations qu’on n’aurait jamais attendu de sa part. Rien de romantique là-dedans, il n’y avait même pas songé. Simplement de ces vérités qu’il préférait évoquer à présent plutôt que de les emporter dans sa tombe. De ces parts de lui qu’il voulait claires et non bafouées. Julian était partie une fois et ces remerciements lui étaient venus depuis, émergés des limbes lorsqu’à une soirée de sangs purs, il avait observé sans un mot tout ce beau-monde évolué. Ils lui filaient la nausée, tous. De ceux qui se taisaient à ceux qui parlaient trop fort, des petites manigances aux manipulations franches. A cet instant, il avait été emplis d’une admiration voraces envers les femmes de ce monde et la violence vécue au quotidien. Puis une reconnaissance dévorante pour ceux qui l’avaient amené à sortir la tête de l’eau, battre des paupières et voir les choses différemment. Alors oui, il chérissaient ces coups en traître balancés par Jayden ou Julian, leurs piques et leurs rires. Il remerciait en silence tous les conflits et les violences qui avaient pu s’égrainer au cours du temps. Ces gens qui lui avaient tenu tête et ceux qui s’étaient emportés. Sa vie s’était construite sur une lutte constante, mais sa soeur la première, Mack la seconde, puis enfin, sortie de nulle part, Julian, puis Jayden et Jordane, Jero et Tallulah. Bien des noms qu’il avait pu évoquer et qui avaient construit chez lui autre chose. Cet autre truc que ses parents lui avaient toujours refusé en le gardant sous clef pendant son enfance et ce, jusqu’à ce qu’il soit intenable. Alors oui, ces mots sortaient du cœur. Il n’en attendait rien, ne cherchait même pas à s’en préserver. C’était sa trace à lui, bien qu’infime, sur ce qu’il fallait extraire de bon de tout le merdier sur lequel ils avaient grandit. Pour d’autres, Poudlard avait été une prison. Pour lui, c’était l’extérieur qui l’était. À portée des Rivers, Alec retombait sous leur joug. Mais cette fois, il emportait les feux de la révolte avec lui.

« Ah ouais, en fait Mack et Jay t’ont vraiment changé mon petit chamallow. »
Un petit rire délia sa gorge. Si Julian avait besoin de respirer, lui aussi.
“ Pour ça aussi, profite. J’ai pas tant perdu ma gueule de con. J’fais juste des rechutes guimauves par moments.” La peur de mourir chaque jour jouant sans doute quelque peu. De quoi retrouver son souffle avant qu’elle ne pose la main abandonnée sur son genou jusque sur sa main. Ils avaient beau faire les cons comme à l’heure habitude, les prunelles étaient rougies, les souffles lourds. Alec devinait sans mal ses nerfs à vif et aurait tout fait pour l’en préserver s’il l’avait pu. Mais dans une telle situation, mieux valait qu’elle sache où se situer. Ne serait-ce que pour ne pas débarquer droit vers lui s’il était en monde moldu, accompagné de l’un de ses cerbères qu’elle pourrait prendre pour un ami. Quoi qu’au vu de son visage fermé et de ses regards électriques, il y avait fort à parier que naturellement, Julian ne s’y serait pas risquée. Malgré tout, Alec gardait tant l’intégralité de son existence pour lui une fois ces murs passés qu’il s’ouvrait de manière étrangement franche lorsqu’il se trouvait face à des proches. Enzo compris, aussi étonnant que ça puisse paraître.

Ce geste, si ténu soit-il, fit cavaler le long de sa colonne un frisson soudain. La douceur et l’affection ; plantés droits sous ses côtes. « Tu sais, on aurait jamais pu te changer si t’en avais pas envie. Alors peut-être que t’avais un côté sale con quand on s’est connu mais y’avait pas que ça, depuis le début. Et si t’es devenu un mec capable de dire de si jolies choses, c’est aussi grâce à toi. »

Un léger sourire lui répondit, touché, sans doute davantage par la tendresse qui s’exprimaient en sous-texte de ces mots qu’il lui était difficile d’entendre. L’éclat humide de ses prunelles olives lui percuta une nouvelle fois le myocarde. Faut que j’arrête de te donner envie de pleurer bordel.. L’ironie dans l’affection. En cet instant, une pensée le prit pourtant presque par surprise. L’envie de prendre ses lèvres, d’envoyer chier ses anciennes promesses. Un moyen d’expression comme un autre. Le seul, à l’époque, pour exprimer ses affects, retrouver un semblant de chaleur humaine, s’emplir ne serait-ce qu’un peu de cet “autre” avec qui il cherchait à lier d’avantage que quelques dragues badines. Dans son sourire, une tendresse pudique qu’il ne cachait plus. Fruit de bien des écarts effectifs dans une relation lancée à toute balle dans le bureau d’il ne savait plus quel prof, dont les meubles tremblaient sans doute encore de leurs ébats. La première, d’ailleurs, avec qui il avait construit autre chose qu’une baise passagère un peu crasse. Déchus de leurs statuts d’héritiers, ils s’étaient tous deux cassés la gueule. Mais comme tout ce qu’ils faisaient l’un avec l’autre, au moins l’avaient-ils fait avec classe et honneur. Et une bonne dose d’égo et d’ironie.
Sans y songer, des caresses abandonnées sur le dessus de sa main, il répondit en miroir de la pulpe du pouce. Des émotions masquées par le silence, restaient les gestes.

« Merci de m’avoir dit tout ça. Tu sais, ça fait longtemps que personne ne m’avait dit qu’il m’aimait et c’est plutôt agréable. »

Le jeune homme tiqua mais n’en dit rien. Un instant, d’entendre ces mots repris dans l’autre sens lui fit très étrange. Vieux réflexe d’angoissé de l’affection qui mettait les sentiments dans la case “à jeter” de sa conscience. Une belle ironie quand on observait son comportement deux secondes en évacuant les milles techniques mises en place pour évacuer son côté “chamallow” comme elle venait de le dire. Chamallow quoi. Bordel de merde, on n’est pas rendus. Mais à l’instant, loin de bloquer sur ses propres failles personnelles, c’était le fait qu’on ne l’ait pas dit à son amie “depuis longtemps” qui l’étreignit. Ainsi donc, elle et Jeroen, ce devait être terminé. Qu’ils se soient trouvés ou non, quelque chose s’écroula dans ses tripes. Tant de la peine pour elle qu’une détresse davantage égoïste de comprendre à mi-mot qu’il n’aurait pas plus de nouvelles à présent que ces dernières années. Jero avait été son meilleur pote et à chaque instant depuis, il craignait tant pour lui qu’il encaissait douloureusement son absence. Combien de verres avait-il enchaîné quelques mois plus tôt, après avoir enterré Yassen, l’impression brutale d’avoir perdu bien plus que des “potes” ? Une seconde, son pouce arrêta sa valse douce, légèrement crispé. Puis il laissa couler. S’il évoquait un peu plus tôt la rupture qu’il n’avait pas vu venir avec Jayden, celle qui se dessinait en silence entre Julian et Jero lui étreignait le cœur. Il connaissait trop bien ce qui liait ses deux amis et s’il n’osa pas poser la question, estimant qu’il n’était pas avisé de déblayer des plaies sans doute encore ouvertes, il espéra en silence si ce n’était son bonheur, du moins que la blessure se referme.
Comment allait-il, lui ? Que s’était-il passé durant cette année écoulée ?
Sur sa peau, son pouce pressa davantage sa peau. En douceur, un rien de présence d’un ami plus à l’écoute qu’il n’y semblait.

Elle aussi planquait bien des trop-pleins derrière sourires et désinvolture, les deux amis se connaissaient assez pour ne pas se laisser abuser par de telles postures.

D’un geste, elle se pencha vers lui, déposant un baiser contre sa peau. Pas un mot, seulement ce sourire en coin chargé d’une tendresse silencieuse. Tant à dire de cette douceur échangée, rien qu’ils n’assumeraient vraiment, sans doute. Elle se réinstalla face à lui et ainsi calés dans le canapé, il lui sembla déceler une part de normalité presqu’adolescente.

« Et maintenant, comment tu vas ? De quoi t’as besoin ? »
“D’un manuel pour le lave vaisselle.” Quand l’ironie reprend le dessus, c’est que les émotions sous-jacentes s’avèrent trop virulentes pour être évoquées sans ambages. Non, Alec n’allait pas bien, pas plus qu’il n’y avait grand chose à faire pour lui. Mais l’attention le touchait. C’était ça, les armes qu’on lui donnait pour lutter au quotidien. Ces quelques mots, ces quelques regards. Ce soutien presque muet mais si foutrement nécessaire. Dans un sourire franc, il leva simplement son verre. “ Un verre avec une amie, c’est tout ce qu’il me faut. Ou des ami.e.s, un de ces quatre.” Comme elle un peu plus tôt, ces mots semblaient bien désinvoltes, ironiques presque. Il n’en était rien. Voilà bien la vérité mise à nue : avide de retrouver ses proches, de passer du temps avec ceux qui comptent. “Tu me connais. Alcool et baise et j’suis heureux..” Toujours ce sourire, plus marqué cette fois. C’était faux, elle le savait aussi bien que lui. Malgré tout, il ne nierait pas qu’il s’agissait d’une nécessité de son quotidien. Sa manière à lui de décompenser, de planer, de s’enivrer de l’autre. Une façon, surtout, de retrouver un ton plus léger et moins sérieux dans cette conversation qui l’était bien trop. Après tout, il n’y avait rien à faire. “’Que vous restiez tous loin des merdes’, si tu veux une réponse plus honnête.” Très sincère. Sans doute aberrant quand on le percevait comme immensément arrogant et auto-centré, pas tant pour quelqu’un qui le connaissait véritablement. “Ils finiront par se lasser. J’peux être très chiant quand je veux.” La voix était affirmé, elle l’était toujours lorsqu’il le pouvait. Pourtant par moment, Alec se sentait se fracturer face à la violence qu’Azalea lui renvoyait à la gueule chaque semaine. Ici pourtant, face à Julian, le jeune Rivers n’avait que certitudes à offrir. Un espoir dont il avait besoin pour avancer. Dont les autres aussi, avaient besoin. Du moins avait-il l’espérance de le penser. “Je commence à trouver des ouvertures pour m’esquiver. Ça va se tasser au fil du temps. Mais je suis pas contre quelques soirées ici et là, si tu comptes rester dans le coin.” Il l’avait dit d’un ton dégagé, pourtant sa voix s’était montré un brin plus grave, plus vibrante en évoquant des possibles soirées. Julian lui manquait, et l’espoir de la retrouver davantage était un cadeau inespéré.

“Comment tu vas, toi ?” Pas plus précis, pour lui laisser de quoi naviguer et répondre sans s’imposer de sujets qui lui feraient du mal. Il n’était pas plus là pour forcer quoi que ce soit, et certainement pas ce qui pouvait la blesser davantage. A son tour, sa paume rejoint son genou. “A part la blondeur soudaine et le fait que j’te fasse faire des montagnes russes ; et pas comme j’aimerai.” Une ouverture, surtout, pour caser des conneries plutôt que d’aborder les sujets sérieux si elle ne le souhaitait pas. “ Oui parce que je connais AUSSI les montagnes russes. J'pense qu'on devrait se faire un quizz "culture moldue" un jour. Avec jeu à boire et prix à gagner à la clef... ” On ne se refait pas.
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Dim 18 Déc 2022 - 22:35
« D’un manuel pour le lave-vaisselle.

- Noté, tu peux compter sur moi, t’en trouveras un au pied du sapin cette année ! »

Julian avait souri et c’était raccroché à ce trait d’humour offert par Alec, histoire de respirer un peu. Une grande bouffée d’air pour rouvrir ses poumons qu’elle sentait soudain comprimés, ses yeux trop embués. Il y avait une forme de tension entre eux depuis le début de la conversation, une tension qui n’était pas réellement désagréable simplement cela faisait beaucoup. Toutes ces émotions, tous ces mots qu’elle ne savait presque plus accueillir. Julian avait été longtemps une fille du paraître et n’avait été que très peu du genre à dévoiler ses émotions, à part avec ses vrais amis et Jeroen. Des ces gens, Ricardo, Sean, Chiara, il ne restait désormais qu’Alec. Il était l’un des rares avec qui elle avait appris à ne pas se cacher et pourtant, aujourd’hui c’était encore quelque chose pour elle de laisser toutes ces émotions sortir. Parce qu’elle avait cadenassé ça si fort pendant un an. Parce qu’elle s’était tellement interdit de ressentir… Pourtant, si elle était honnête, elle avait bien fini par s’attacher à ses amis au Canada et n’avait pas été aussi hermétique qu’elle aimait le croire, surtout pour se protéger. Mais malgré tout, cette conversation avec Alec était différente. Lui, il avait une place particulière dans son cœur, un truc qu’elle avait même du mal à analyser en réalité. Leur amitié, elle avait commencé de manière étrange, comme un simple plan cul. Ca, elle avait été assez balaise à l’époque à Poudlard et elle devait bien avouer que la première fois qu’elle l’avait croisé, elle s’était surtout attardé sur son physique. Si aujourd’hui elle voyait encore son corps, elle n’imaginait plus les mêmes choses. A vrai dire, quand il lui avait dit ces choses si douces, elle n’avait eu qu’une envie : se glisser dans ses bras. Elle ne pensait plus à la chaleur animale de leurs ébats mais à la tendresse qu’il pouvait lui apporter. Elle avait cependant commencé par le traiter de chamallows parce qu’elle ne pouvait pas non plus le laisser s’en tirer comme ça… Même si au fond, elle serait bien contente de le voir avoir des rechutes de guimauves de temps en temps. Pas trop non plus, il ne fallait pas non plus tout repeindre en rose ça en deviendrait écœurant. Mais une fois de temps en temps ça ne pouvait pas leur faire de mal, à tous les deux, arrête de prétendre qu’ils n’étaient que des durs à cuire, bons pour l’alcool et la baise, comme le disait avec tant d’élégance ce cher Alec. Julian lui rendit son sourire.

« Fais gaffe, y’a des pénuries de tout en ce moment, faut savoir se montrer inventif et proposer un bon prix ! »

Elle déconnait bien sûr, aussi libérée qu’elle avait pu être du point de vue de sa vie sexuelle, elle n’avait jamais marchandé ses rapports. Bien sûr qu’il y avait déjà eu de la tension, des paris, un peu de jeu mais jamais rien de très sérieux. Pour autant, elle ne pouvait laisser passer une telle occasion de charier un peu Alec. Ou de détourner un peu le sujet. En réalité, était-elle encore réellement capable d’avoir une vie sexuelle aussi déliée, aussi simple que celle qu’elle avait avant ? Elle n’en savait rien et cela lui faisait peur. Elle avait déjà renoncé à tant de choses dans sa vie, se dire que ça aussi avait été détruit par tout ce merdier, ça la mettait en rogne autant que ça lui faisait du mal. Elle se concentra plutôt sur le ton de voix un chouille plus sérieux d’Alec. Il pouvait se rassurer un peu de ce point de vue-là, cela ne faisait clairement pas partie de ses plans de se mettre dans les emmerdes. Non, vraiment pas. Elle était aussi un peu soulagée de l’entendre dire que lui-même voyait petit à petit des ouvertures se dessiner. Elle savait bien qu’elle devait prendre avec une certaine réserve ce qu’il disait, qu’il pouvait aussi minimiser un peu mais elle avait aussi envie de s’accrocher à ça. A l’espoir qu’un jour ils pourraient tous avoir une vie normale, une vie simple sans être en permanence sous la menace de mecs complètement fous.

« Pour l’instant, j’ai pas l’intention de bouger. C’est chiant de déménager n’empêche. »

Surtout d’un continent à l’autre et même quand on n’a pas tant de bagages que ça. Julian glissa alors une nouvelle gorgée dans sa bouche. Oui en soit, elle avait l’intention de rester encore dans le coin, d’ailleurs, ses mots avaient parlé pour elle lorsqu’elle avait évoqué Noël. Au fond, elle comptait bien rester dans le paysage Londonien encore un moment et ne plus se soustraire à la compagnie de ses proches. Mais ce n’était pas si évident de le clamer à voix haute, de le reconnaître autant pour elle que face aux autres. Parce qu’elle ressentait encore ce besoin de se garder une petite réserve, juste au cas où… Elle n’était pas encore assez sereine pour faire confiance en l’avenir et faire des plans précis. Pourtant, pourtant elle ne désirait que ça, rester encore, faire des soirées improvisées avec son meilleur ami, boire des coups. Un bon programme ! Surtout si en plus ils conjuguaient à ça des jeux à boire ! Elle adorait les défis et non, elle n’avait pas ignoré la question d’Alec, pas tout à fait.

« Alors là, quand tu veux, je suis archi chaude. Prépare toi juste à une défaite, on sait tous les deux que j’ai toujours été la plus douée dans tous les domaines. »

Julian rit doucement, certaine que sa provocation n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd et qu’Alec saurait lui rendre d’une façon ou d’une autre. Et au fond, elle n’attendait que ça. Mais elle ne pouvait pas complètement ignorer sa question non plus. Elle avait du mal à parler d’elle mais elle devait ça à Alec. Pas parce qu’il s’était confié, non, parce qu’il était son ami et qu’elle lui devait un minimum d’honnêteté. Son regard se perdit alors sur la main qu’il avait posée sur son genou.

« Je suis revenue alors c’est que je vais mieux, je crois. »

Julian fit tourner l’alcool dans son verre, tandis que son regard restait figé sur la main d’Alec, pour ce qui allait suivre, elle était incapable de le regarder, incapable de voir son reflet dans ses yeux, incapable de soutenir ce qui allait se lire sur son visage.

« J’arrive pas à en parler alors je vais juste te le dire comme ça, histoire que ce soit clair mais… J’ai plus de nouvelles de Jeroen depuis mon départ. Pour sa sécurité, pour la mienne, c’est silence radio. C’est mieux, pour plein de raisons mais j’arrive pas à m’en remettre parce que je l’aimerais toujours. Et ça, plus le reste, ça fait que je suis pas très solide sur mes appuis. »

Julian sentit une étrange bile remonter le long de sa gorge. Elle pensa alors à ses parents, à leur mensonge, à l’étrange mot qu’elle avait reçu au Canada sur le fait que sa dette était épongée… Elle aurait aimé trouver la force de parler de tout ça à Alec d’autant qu’il était peut-être le seul qui pouvait la comprendre voir l’aider à y voir plus clair dans tout ça. Mais elle n’était pas prête, les mots restaient glués dans sa gorge. Après un léger silence, elle releva enfin les yeux vers lui, serrant les dents pour contrôler les tremblements de ses lèvres.

« J’étais fracassée. J’essaye de remettre les morceaux en place. J’suis pas aussi forte que Mack et toi mais je progresse. Et maintenant, je t’ai de nouveau alors ça va aller. »

Un sourire fragile se dessina sur ses lèvres. Puis il y eut une pause, un flottement, elle ne sut dire combien de temps, le temps que ses tremblements se calme, qu’elle finisse d’imprimer les traits d’Alec dans son esprit. Puis, sans prévenir, elle leva son verre et le termina d’un cul sec avant de la poser dans un geste théâtrale et bruyant sur la table devant eux.

« J’étais serveuse dans un bar au Canada. Du coup, j’ai toujours une descente aussi efficace, je te défis quand tu veux mon p’tit chamallow ! »
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Mer 28 Déc 2022 - 13:09
Si Alec l’avait pu, il aurait simplement profité de ce moment pour retrouver sa meilleure amie. Pour lui laisser toute place possible dans cette conversation. Pas parce qu’il n’aimait pas mettre ses propres failles en avant mais simplement parce qu’après son départ, cette dynamique aurait été naturelle. Bien sûr, il avait toujours été pudique face à ses fêlures. Pourtant comme il avait accueilli celles de Julian, elle avait été l’une des premières à déceler celles qu’il gardait sous clefs. Ce qui avait commencé par une histoire de cul avait pris une ampleur qu’il n’aurait pas imaginé. A l’époque, seule sa sœur absente du décor et sa voisine pour laquelle il se berçait de déni existaient véritablement dans sa vie. Bien sûr, certaines personnes avaient pu compter, mais jamais aucune n’était proche. Julian avait été celle qui avait transformé cette tendance. Le trajet s’était fait à plusieurs, apprenant à passer outre le masque qu’ils s’étaient mis eux-même sur la gueule à force de grandir dans un univers bien trop prompt à marteler ses fils et à vendre ses filles, ils avaient appris à révéler davantage de sincérité. Aujourd’hui, l’honnêteté et la responsabilité poussaient Alec à lui dire les choses sans les tronquer. Ne serait-ce que pour leur sécurité à tous deux. Mais dans le fond, il préférait balayer ce sujet le plus rapidement possible. Le vivre était une chose ; remuer la merde en était une autre. Ainsi, Julian facilitait les choses. Bien sûr qu’elle encaissait, bien sûr que ce n’était pas si simple et bien sûr qu’Alec s’en voulait de rajouter une couche sur une pile déjà bien assez haute et pourtant, encore une fois, ils s’accordaient bien dans leurs dissonances.

« Fais gaffe, y’a des pénuries de tout en ce moment, faut savoir se montrer inventif et proposer un bon prix ! »

Le rire fut clair, vif. “Ah merde je savais bien que ça allait me coûter cher de rejoindre la team ‘déshérités’…” Décision étrangement récente du patriarche. “J’peux plus payer là j’suis à poil ! … Enfin… ‘façon d’parler… quand à s’montrer inventif… j’vais me taire avant de sortir la vanne la plus beauf du monde.” Huitième degré minimum, l’un comme l’autre. Bien sûr, elle l’attirait. C’était ainsi que ça avait commencé et ce désir ne s’était pas effacé en cours de route. Le concernant, il ne concevait simplement pas l’amour de la même manière que la majorité des gens. L’envie étant séparée, l’affection s’exprimant par différents canaux dont celui du physique et ce sans entraver des sentiments possibles et compatibles les uns avec les autres, il était entré dans une phase totalement décomplexée de son rapport aux autres. Ainsi, oui, Julian lui plaisait pour des tas de raisons dont l’aspect physique et non il n’y avait rien de romantique d’enclenché entre eux. Chose qui n’était pas incompatible avec sa relation avec Mack. Dans le fond, rien n’avait changé, Alec s’était seulement mis à assumer l’affection dont il était capable et d’y poser des mots. Quant à envisager cette vanne comme une ouverture ? Il en était très loin.

Reprenant son sérieux, c’est le fait de la vouloir en sécurité qu’il exprimait. Et celui, plus personnel, de la revoir.
« Pour l’instant, j’ai pas l’intention de bouger. C’est chiant de déménager n’empêche. »
Un léger rire accueilli cette remarque quand pourtant, l’information s’encrait en lui plus profondément. Ainsi elle avait emménagé dans le coin et comptait y rester. C’était idiot mais à l’entendre prononcer ces mots, son coeur se serra brusquement et il ne fit pas de commentaires autres qu’un banal “Tu m’étonnes…” aux sonorités légères. Inquiétude pour elle et soulagement de la retrouver s’affrontaient dans un désordre interne qu’il ne cherchait pas à éclaircir. Ni le temps ni l’envie et certainement pas le désir de creuser dans cette voie. Ces mots amenaient en revanche naturellement la suite, à savoir son état à elle. Ainsi Alec laissait quelques ouvertures pour qu’elle puisse s’esquiver si elle le souhaitait. Chose qui vint en premier, dans une parade presque réflexe qu’ils affectionnaient autant l’un que l’autre. Et qui ne trompaient donc aucun d’entre eux.

« Alors là, quand tu veux, je suis archi chaude. Prépare toi juste à une défaite, on sait tous les deux que j’ai toujours été la plus douée dans tous les domaines. »
“C’est ça ouais, on va dire que j’te crois…” Le tout avec humour et sans analyse du propos. Il n’ajouta rien, simplement parce qu’elle le fit. La parole était la sienne et si elle souhaitait s’esquiver, Alec la laisserait faire. C’est que ce n’était pas le moment d’évoquer l’année passée, tout simplement. Certaines choses demandent un petit temps avant d’être libérées, il était bien placé pour le comprendre. Instinctivement, le jeune Rivers savait qu’il y avait des choses qui coinçaient chez sa meilleure amie. Lui donner l’occasion de les exprimer ne voulait pas dire l’y forcer.
« Je suis revenue alors c’est que je vais mieux, je crois. » Il acquiesça, sans trop savoir quoi faire de cette information. C’est qu’il en saisissait l’incertitude bien davantage que l’affirmation ; la douleur qui y perçait en sous-texte. Le grincement grippé du vacillement. Ces mots cachaient une forêt bien plus dense, Alec aurait pu le parier, mais ils n’en étaient pas moins sincères. Dans un sourire, il s’avouait soulagé qu’il y ait ce mieux, d’abord pour elle, puis plus égoïstement pour la joie de la retrouver. Lorsqu’elle reprit, son ancien camarade de maison n’avait rien dit et la laissa dérouler le fil de ses pensées.

« J’arrive pas à en parler alors je vais juste te le dire comme ça, histoire que ce soit clair mais…” Dans le silence de sa réaction, sa poitrine se serra tandis qu’il fronçait légèrement des sourcils, inquiet de ce qui allait venir. “ J’ai plus de nouvelles de Jeroen depuis mon départ.” L’hypothèse de base était erronée. La belle vie qu’il avait imaginé pour elle, l’agréable tableau qu’il s’était peint de l’imaginer retrouver son mec et démarrer une vie plus calme, plus sereine loin de tout ça ; tout foutait le camp. N’y avait alors que la voix rauque de sa meilleure amie exprimant à mi-mots une solitude qu’il ne pouvait qu’imaginer. De mieux en mieux, cependant. “Pour sa sécurité, pour la mienne, c’est silence radio.” Le parallèle ne se fit pas immédiatement à l’esprit du jeune homme, trop absorbé par l’histoire de la belle blonde. Pourtant il existait bien. C’était là très exactement le cheminement qu’il avait eu avec une autre rousse incendiaire. Julian faisant alors figure de miroir des mois ou années à venir. De quoi mettre en exergue la raison pour laquelle ce qui se changeait au fil du temps en rupture, faisait si mal que ça. Ce qui s’était tissé avec Jayden prenait fin et sans doute ne la reverrait-il pas. Une possibilité à laquelle il ne pouvait penser sans sentir le vide se faire sous ses pieds. “C’est mieux, pour plein de raisons mais j’arrive pas à m’en remettre parce que je l’aimerais toujours. Et ça, plus le reste, ça fait que je suis pas très solide sur mes appuis. » Ainsi sans doute Alec comprenait-il bien plus qu’il n’y semblait. Légèrement crispé, il posait sur sa meilleure amie une compassion pudique dans laquelle perçait une peine dont il ne dirait rien ; celle d’apprendre qu’il n’aurait sans doute plus jamais aucune nouvelles de celui qui avait été son meilleur ami pendant ces années à Poudlard. Le premier du moins à qui on aurait pu attribuer cette case pourtant si banale.
L’histoire qu’elle avait partagé avec Jero était aussi sobrement qu’il soit, comme elle devait être. Ce qui, même à ses yeux de l’époque, avait sonné comme une évidence. Ce qu’on ne remet pas en question, qui ne mérite pas d’être blessé. Deux êtres chers qui laissaient derrière eux une plaie ouverte. Voilà alors qu’il se sentait con, incapable de trouver les mots, atrocement conscient qu’aucun ne saurait apaiser quoi que ce soit. Pourtant pour cette femme face à lui, il aurait voulu trouver moyen de calmer les trémolos à peine devinés de sa voix, les tremblements ou le raclement douloureux de sa gorge. Lorsqu’elle releva le regard vers lui, Alec captait les crispations de son organisme, s’interrogeant de la violence qu’elle vivait de simplement exprimer ces quelques mots. Une forme de colère prit naissance dans le fond de ses tripes, contre un homme qu’il considérait pourtant et considérerait toujours comme l’un de ses plus proches amis. Une rancœur qui n’avait pas de sens puisque cette décision, Alec la connaissait aussi bien que le couple brisé. Peut être prenait-elle en partie naissance dans sa propre sensation d’abandon. Qu’importe, elle fut balayée en un instant. Simplement parce qu’elle n’avait ni sens ni intérêt, et qu’il n’avait pas à être concerné.
Comme pour le départ de Jayden, il n’y avait rien à faire. Rien à re-dire. Les explications, il les connaissait, les raisons étaient légitimes, la décision, semblait-il, commune. Mais la plaie était bien là. Comme l’absence. La fin, elle pourtant, tardait à se dessiner. C’était peut être là le pire pour Julian. Cette impression étrange d’avoir dans notre histoire de vie deux embranchements, de garder cette sensation bizarre que l’histoire se poursuit ailleurs, qu’elle existe et ne cesse de vibrer quelque part. Comme si le fil narratif s’était seulement coupé en deux.

On n’est juste pas sur la bonne ligne.
Du moins, cette sensation lui parlait.

« J’étais fracassée. J’essaye de remettre les morceaux en place. J’suis pas aussi forte que Mack et toi mais je progresse. Et maintenant, je t’ai de nouveau alors ça va aller. »

Un sourire fragile flotta un instant sur les lèvres de la jeune femme ; dessiné en réponse sur celles de son meilleur ami. Un soupir s’en échappa, à la fois discret, ironique et lourd. Il doutait d’être si fort qu’elle semblait le penser. Pourtant en cet instant, Alec aurait été simplement incapable de remettre ça en question. Toute son aptitude à tenir le choc était basé sur cette certitude : il tiendrait. Ils tiendraient. La remettre en question pourrait faire tanguer un truc en lui dont il ne pourrait gérer les conséquences. Ainsi il se tut, posant la main sur celle de Julian pour la serrer contre lui. L’attirer dans ses bras était son premier réflexe, pourtant il se retint. Julian avait exprimé refuser d’en parler et il comprenait ça comme un besoin de se protéger de trop en dire sur la question. Trop en ressentir. Ainsi si les mots pouvaient rendre la peine plus réelle, le chamboulement d’un geste d’affection pouvait l’être d’autant plus.

“J’suis désolé que ça se soit passé comme ça pour vous. Vraiment.” Sans doute le couillon qui râlait pour la forme à l’époque aurait-il été surpris de ces mots. A la fois conscient de ce qu’il se passait entre eux et saoulé de ne plus pouvoir partagé ce qu’il partageait avec Julian à l’époque. Encore bloqué qu’il était dans ce seul moyen de communion avec l’autre. Probablement plus jaloux qu’autre chose, en vérité. Non pas du couple car cette conception même continuait de lui échapper, même des années plus tard, mais simplement de ce lien affectif assumé, de l’attachement sous-jacent. Le genre de colères dont il s’était défait au fil du temps en s’assumant davantage. Restait donc la sincérité. Il aurait pu lui dire qu’il comprenait mais ça n’aurait pas été tout à fait vrai. Il aurait pu invectiver ou accuser, mais ça n’aurait pas été juste. Quand à poursuivre la discussion et lui donner la parole, ce n’était pas ce que souhaitait Julian, alors c’était de ça dont il se contentait. Leur couple ne méritait pas ça. Et cette situation rendait la rupture d’autant plus injuste qu’elle la blessait plus encore. Il y avait quelque chose de déloyal là-dedans, pour quelqu’un qui avait tant risqué et évolué à s’ouvrir à l’autre comme elle l’avait fait. “C’est quand tu veux.” Pour en parler, pour boire, pour gueuler à l’injustice ou trouver des défauts à leur ami, pour faire tout et n’importe quoi, si tant est que ça puisse l’aider à aller mieux. Voilà tout.

Mais parce qu’il savait qu’elle avait besoin de se ressaisir, de contrôler encore un peu tout ça sans s’autoriser à se laisser aller, Alec ne fut pas surpris de sa descente soudaine ni de l’impact du verre sur la table. Sa main s’était échappée, l’ambiance avait tourné ; Julian réclamait une trêve côté émotions.

« J’étais serveuse dans un bar au Canada. Du coup, j’ai toujours une descente aussi efficace, je te défis quand tu veux mon p’tit chamallow ! »
“Ok donc là on s’accorde à m’appeler ‘Chamallow’ pour le reste de mon existence ? Mais ok je note le défi !” Le ton avait radicalement changé entre eux, profondément léger, mordant et joyeux, ils rebattaient les cartes. Alec se levant d’un bloc, sourire aux lèvres, la pointant du doigt en s’éloignant vers la cuisine. “Bouge pas, mon roudoudou, j’vais chercher des munitions.” La joueuse se désolidarise de cette vanne à la fois très française et parfaitement située sous la ceinture. Déplacée ? Si seulement ça l’arrêtait tient ! En s’éloignant dans un rire, Alec s’attendait clairement à se manger un coussin en cours de route. Il revint pourtant effectivement avec “des munitions”. Traduire : différents alcools. “Madame demande un jeu à boire, madame A DONC un jeu à boire. J’me trouve vraiment beaucoup trop docile avec la gente féminine..” Ajouta-t-il avec un sourire mordant tout en débouchant une bouteille de pur feu. “Ok miss : défit accepté !” Tout en terminant son propre verre, Alec sortit son téléphone. “Alors puisqu’ils font ça, je te propose un quizz musical dans lequel tu vas me défoncer, je l’annonce direct. Le tout entrecoupé de questions cultures moldues ! Une chacun et les hypogriffes seront bien gardés. Voire de défis parce que sinon c'est moins drôle ! Attention attention ; vrai ou faux : les moldus pensent que les licornes sont un mythe ?”
De nouveau assis en tailleurs face à elle, Alec sentait d’avance qu’il était parti pour beaucoup boire.
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Sam 14 Jan 2023 - 8:20
Alec dans la team des déshérités, c’est vrai qu’elle ne l’avait pas vu venir celle-là et que ça avait quelque chose d’assez drôle au fond. Elle aussi était passée d’une jeunesse dorée (toute proportion gardée avec le milieu duquel venait son meilleur ami) à quelque chose de bien plus rudimentaire. A la jeune femme obligée de faire un boulot pas forcément passionnant pour pouvoir avoir un toit sur sa tête et quelque chose dans son assiette. Pas vraiment ce à quoi elle était destinée à la base pourtant, cet aspect de l’histoire lui était passé complètement au-dessus de la tête pendant un long moment. Comme si ça n’était qu’un infime détail, un truc qu’on ne remarque pas vraiment à moins de vouloir vraiment y faire attention. Alors qu’au fond, ça avait une forme d’importance. Peut-être qu’à un moment sa nouvelle condition lui claquerait à la gueule, peut-être qu’un matin elle se lèverait en se rappelant ce qu’elle aurait pu avoir et comme sa vie avait pris un virage même dans cet aspect purement matériel. Mais pour le moment, ça restait du domaine de l’anecdote, pire, en entendant la remarque d’Alec, elle ressentit une envie irrépressible de se foutre de sa gueule. Lui il était quand même né avec une cuillère en argent dans la bouche, ce serait drôle non de le taquiner un peu ? Mais la conversation reprit son court et Alec échappa à la vanne pour cette fois. Mais pas de panique, ce n’était que partie remise, Julian était certes affaiblie par les récents événements mais elle n’en avait pas perdue toute sa verve pour autant. Tout vient à point à qui sait attendre.

D’autant qu’en l’occurrence, après les aveux d’Alec, c’état au tour de Julian de laisser à son ami une ouverture sur ce qui avait été sa vie pendant l’année qui venait de s’écouler. Pas le plus simple pour elle tant elle avait appris à verrouiller voire à enfouir pour survivre. Mais avec lui c’était différent sans doute aussi parce qu’elle savait pertinemment qu’il saurait respecter ses silences. Alec ne fouillerait pas si elle lui disait clairement qu’elle n’était pas prête à délivrer plus que ce qu’elle allait dire. Alors elle lâcha les premiers mots, elle les laissa finalement venir. Sa souffrance, son traumatisme et surtout, Jeroen. S’ils avaient pu rester ensemble, s’ils avaient pu être là l’un pour l’autre tout aurait sans doute était différent. Peut-être que Julian se leurrait en pensant ainsi mais elle était persuadée que si elle avait pu rester aux côtés de celui qu’elle aimait aussi fort il lui aurait apporté une force inestimée. Mais à part se faire du mal, soulever cette hypothèse n’apportait rien de bon. Non vraiment rien. Alors elle la laissait voguer, avec le reste, avec les beaux souvenirs qu’elle avait de leur couple et qu’elle avait encore du mal à évoquer sans sentir quelque chose se déchirer en elle.

Et puis, il y eut la main d’Alec sur la sienne qu’elle accueillit en répondant à son étreinte. Il y eut quelques mots, discrets mais sincère. Elle aurait pu deviner la réaction de son ami mais n’en fut pas déçue, bien au contraire. Elle avait entrouvert la porte ce qui était déjà un bel effort et lui avait accepté de ne pas la défoncer, de se contenter de ce léger rayon de lumière. Julian aurait aimé lui sourire en guise de réponse mais elle était persuadée que son visage n’aurait alors été capable que de produire une immonde grimace. Elle se retint donc et prit juste quelques secondes pour respirer. Tout ça, c’était sa vie maintenant. Tout ce marasme qu’elle ressentait, étaient des émotions dont elle ne pourrait se défaire de si tôt. Il fallait vivre avec et envisager désormais de se reconstruire par-dessus tout ça. Mais avant….

« Bien sûr mon chamallow, ceci est désormais ton surnom officiel et compte sur moi pour le souffler à nos connaissances communes. »

Un sourire carnassier s’était dessiné sur le visage de Julian qui avait soudainement reprit des couleurs. Était-ce dû au verre d’alcool qu’elle venait de descendre d’une traite ? Au fait qu’elle était tout à fait ravie du nouveau surnom d’Alec ? Ou tout simplement à une envie soudaine de forcer un peu les choses et de faire de l’auto conviction ? Un mélange de tout ça sans doute mais le plus important c’était qu’Alec ne la décevait pas et acceptait clairement de passer de ses confidences au monde connerie. Et ça, ça lui plaisait beaucoup. En tout cas, c’était ce dont elle avait besoin en cet instant, même si pour cela elle devait elle aussi accepter un surnom ridicule. Julian rit doucement.

« Ok ok, j’accepte le surnom de revanche mais faudra lui accoler un adjectif parce que même dans la douceur je suis féroce moi, tu le sais bien. »

Julian adressa alors un clin d’œil à Alec qui s’était déjà levé et rendu dans la partie cuisine pour récupérer de quoi remplir leurs gosiers. Il revint alors une fois sa tâche accomplie et une certaine lueur de la connerie dans le regard qu’elle n’avait pas vue depuis longtemps. Elle roula des yeux au ciel et donna un coup de coude à Alec quand il évoqua sa trop grande gentillesse envers les femmes puis le laissa continuer. Elle gardait sa cartouche sur le sujet pour plus tard. Il fallait désormais qu’elle se concentre sur le petit jeu qui était en train de se mettre en place. Julian s’assit alors au bord du canapé, le dos bien droit et frotta ses mains entre elles comme pour les réchauffer et mieux se préparer. Elle remplit ensuite de nouveau son verre, bah oui, ne jamais faire un jeu à boire avec un verre vide, trop présomptueux !

« Facile ! Vrai, ils pensent que ce n’est bon que pour les histoires pour enfants ! Je ne sais d’ailleurs pas quoi penser de leur obsession à accoler les licornes aux arc-en-ciel mais soit, c’est un autre sujet. »

Comme pour mieux narguer Alec et certaine de sa bonne réponse, Julian fit alors remuer doucement l’alcool qui avait pris place dans son verre. Et oui mon chou, elle n’allait pas boire tout de suite.

« Ok à mon tour de te poser une question…. Vrai ou faux les moldus pensent qu’on vole sur des balais ? »

Julian plongea alors son regard dans celui d’Alec, contente de semer un peu le trouble avec sa question qui, au final, mettait en avait une des rares choses pour lesquelles les moldus ne se plantaient pas complètement concernant leur monde. Elle se souvenait d’ailleurs de son premier Halloween dans le monde moldu et de toutes ces représentations, exclusivement féminines d’ailleurs, de femmes sur des balais. Elle avait repensé alors aux matchs de Quidditch et n’avait pu s’empêcher de sombrer dans la mélancolie, mais ça, c’était une autre histoire.

« Et question bonus, où les moldus disent-ils que les gens ont des balais quand ils sont coincés ? »

Qu’on se le dise, cette phrase avait fait éclater de rire Julian la première fois qu’elle l’avait entendue ne pouvant s’empêcher d’imaginer un malheureux joueur de Quidditch se faire empaler par sa monture… Elle ne s’en était jamais remise. Comme quoi les moldus avaient un sacré potentiel comique !
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Julian A. Neil
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Ven 20 Jan 2023 - 20:36
« Bien sûr mon chamallow, ceci est désormais ton surnom officiel et compte sur moi pour le souffler à nos connaissances communes. »

Le rire se déliait, remplaçait la pesanteur des précédentes confidences. Ni la première fois qu’ils fonctionneraient ainsi et certainement pas la dernière. Il y avait là dans leur attitude une manière de se protéger et de protéger l’autre. Toujours là pour écouter, là pour soutenir et là pour tenir les armes s’il le fallait, ils connaissaient aussi trop bien le poids de la vulnérabilité. L’un comme l’autre en savaient trop l’un sur l’autre pour ignorer ce qui grésillait à l’intérieur. Pour fermer les yeux sur la difficulté qu’il y avait, parfois, à sourire. Ils s’étaient ouverts doucement, discrètement même. Ça avait pris des années pour que le sexe laisse place à ce qui apparaissait presque chez eux comme des confessions.
Il faut dire qu’ils avaient grandit dans un milieu qui n’acceptait ni écarts ni faiblesses. Se défaire donc de cette image qu’ils portaient tous deux lorsqu’ils s’étaient connus avait pris du temps. Ce jour-là pourtant, un masque était bien porté. Pour eux-même, pour la forme, pour ne pas s’effondrer. Celui d’une certaine assurance, d’une pudeur qui aujourd’hui les empêchait de larguer ce qui les auraient peut être tués s’ils se laissaient tout à fait engloutir. Pourtant ces masques ne servaient plus à se préserver de l’autre, seulement de soi-même. S’il posait les yeux sur elle, Alec voyait tout. La jeune fille joyeuse et arrogante qui arpentait hier les couloirs la tête haute et le front fier. L’amoureuse brisée qui se savait plus respirer maintenant que le plus larges de ses piliers s’était effondré. La fille, l’enfant pour qui toute la généalogie jusqu’à sa culture et ses dogmes avait été remis en question. La parjure, celle qui avait posé des limites, renversé les codes, appris à sortir du cadre. L’amie malmenée. La femme effondrée. Celle, surtout, qui se reconstruisait davantage qu’elle ne semblait le voir. La brave, l’audacieuse. Celle qui affrontait tant, simplement en se trouvant face à lui, dans ces rues, face à ces gens. Ceux de l’extérieur imagineraient-ils qui ils avaient face à eux ? Ce que cachait l’opale de ses yeux et la virulence de son sourire ? Qui saurait ce que dissimulaient ces verres factices et ces cheveux teints ?
Non, ce masque ne la protégerait pas de son regard, pas plus qu’elle manquerait de discerner celui qui se cachait derrière ses réflexions acerbes et son arrogance de façade. Elle savait. Et c’est bien pour ça qu’ils riaient. Ce qui compte passe parfois par une légèreté feinte.

“Alors là j’vais te tuer s’ils se mettent à m’appeler comme ça, qu’on soit d’accords !!” Qu’il râle tient ! Un jour prochain il se retrouverait à regarder la télé pour quelques raisons que ce soit, tomberait sur un épisode de Veronica Mars perdu sur les chaînes moldues et sourirait en silence en entendant le surnom affectueux de Marshmallow. Qu’il râle d’ailleurs, car elle ferait de lui ce qu’elle veut. Comme les autres sans doute, celles qui comptaient trop pour que son égo ne prenne le dessus. « Ok ok, j’accepte le surnom de revanche mais faudra lui accoler un adjectif parce que même dans la douceur je suis féroce moi, tu le sais bien. »
“Oh oui je sais oui…” Qu’il est tendancieux ce regard monsieur ! Un peu facile mais difficile de passer à côté de l’ironique réponse. Facile aussi, le coup de coude qu’il se prenait dans un rire joyeux à évoquer sa pseudo gentillesse envers les femmes. De ces réflexions il n’y avait qu’un millième degré évident, des habitudes renvoyant à la légèreté, rappelant entre eux des jeux de gosses et d’amitié que la connivence des années confère.

Esquissant un petit sourire tendre, il la vit ensuite s’asseoir sur les bords du canapé, en tailleur et le dos droit, à se frotter les mains prête à dégainer. Encore un peu et il aurait pu se croire dans la salle commune à Poudlard, à échanger la bouteille, se défier et planquer les preuves à l’arrivée de Logan qui, à l’époque, n’était autre que le directeur des Serpentards.

Voilà que déjà, elle se moquait de lui, toute fière de la réponse qu’elle semblait avoir comme une évidence presque banale. L’air surtout, de lui dire qu’elle n’était pas prête de boire !« Facile ! Vrai, ils pensent que ce n’est bon que pour les histoires pour enfants ! Je ne sais d’ailleurs pas quoi penser de leur obsession à accoler les licornes aux arc-en-ciel mais soit, c’est un autre sujet. »
L’image le fit rire, l’imitant bientôt en virant ses chaussures pour se poser en tailleur sur le canapé d’angle, presqu’en face d’elle. « Ok à mon tour de te poser une question…. Vrai ou faux les moldus pensent qu’on vole sur des balais ? »
Ah… alors…

Une grimace sur les lèvres, le crâne qui roule sur son cou avant de poser le regard sur le liquide ambré de son verre de bourbon. “Oh je sens que tu vas m’étaler… chose que j’aurai dû voir venir…” Pas tout à fait la première fois ! Quoi que côté descente, l’alcoolique en lui n’avait aucun problème à encaisser les shots. « Et question bonus, où les moldus disent-ils que les gens ont des balais quand ils sont coincés ? »
Cette fois, Alec explosa d’un rire sonore, usant lui-même depuis longtemps de cette expression. L’information lui était venu du temps passé sur un campus avant de rejoindre Poudlard lorsque les Rivers avaient enfin craqué face à son comportement. Une histoire qui semblait se répéter à l’heure actuelle. “Ah ça je sais ! Dans leur cul, ce qui est d’accord largement plus répandu parmi nos emmerdeurs de haut rangs que dans le monde moldu. Comme quoi… ya dû y avoir quelques dérives dans les stades de Quidditch !” Sans vraiment se rendre compte que l’image qui lui était venu était la même que celle qui avait fait rire sur amie quelques temps plus tôt.
En se re-positionnant, Alec fit tourner le liquide ambré sur les bordures transparentes du verre - un vieux relent d’aristocrate ou de saoulard en lui - et en fronçant des lèvres, songea à la question.
“J’dirais que non ; comment ils sauraient ça ?” Et puis, se rattrapant immédiatement, une image lui traversa l’esprit : Halloween dernier et les sorcières collées aux fenêtres. “Nan nan nan attends, je change ma réponse ! Si ! Y’avait une déco dans un bar d’un ami, avec des sorcières collées aux fenêtres en octobre ! Je demande un changement de réponse votre honneur !!”

Quand à sa propre question à venir : Alec lui demanderait de programmer l’adresse du St Jame’s Park dans son téléphone. Tout bêtement. Vu le temps que ça lui avait pris avant d’apprendre à s’en servir, l’idée lui était venue immédiatement.
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Mer 25 Jan 2023 - 14:58
Julian n’était pas peu fière d’avoir réussi à trouver la réponse à la question d’Alec sans hésiter une seule seconde, mieux, elle était très fière de sa propre question même si elle devait se contenir pour en pas rire tout du long comme une baleine. Alors certes, ce n’était pas l’humour le plus fin et elle avait su faire preuve de bien plus de subtilité mais un peu de facilité ça fait du bien parfois. Julian était peu à peu en train de se laisser envahir par l’ambiance qui s’installait entre elle et Alec. Une ambiance, une douceur qu’elle n’était pas certaine de retrouver un jour. L’alcool l’aidait sans doute un peu mais il n’y avait pas que ça. Il y avait aussi un besoin profond, viscéral, de reconnecter avec la part de jeune adulte innocence qui existait encore en elle. Les événements l’avaient poussé à grandir, à se transformer, à se bâtir sur des fondations plus ou moins solides, plus ou moins abouties. Mais, malgré tout ça, malgré toute la violence, malgré toute la souffrance, il existait toujours cette partie qui rêvait d’autre chose. Qui avait besoin de rire, de ressentir, de découvrir, de tester… Ils étaient tous sortis de l’adolescence trop brutalement, entrés dans un monde d’adultes pour lequel ils n’avaient jamais été préparés. Alors ces rares moments volés à ces fous, ces capsules qu’ils parvenaient à former étaient précieux. Julian s’y était refusé pendant un an, se contentant de longues randonnées solitaires, de quelques sourires mais cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas autant lâché prise. Même si une part d’elle lui hurlait que c’était complètement imprudent, avec Alec à ses côtés, elle voulait juste oublier.

D’ailleurs, Julian se laissa encore aller à un rire franc alors qu’Alec répondait correctement à sa question sur la fameuse expression moldue. Visiblement ils n’avaient pas perdu cette connexion dans le domaine de l’humour et ils n’avaient pas pu s’empêcher de penser exactement à la même chose.

« Je n’ai personnellement jamais rien vu dans les vestiaires mais si j’avais su, ça aurait pu être une bonne technique de déstabilisation pendant les matchs. »

Julian rit de sa propre connerie avant de se reprendre et de se concentrer sur Alec. Parce que certes il avait répondu correctement à la question bonus mais ce n’était pas la première qu’elle avait posée. La jeune femme entoura alors son verre de ses mains, le fixant avec un mince sourire. La première réponse tomba et Julian était prête à bondir pour dire à son meilleur ami qu’il se plantait complètement, prête aussi à jubiler pour avoir réussi à le piéger mais voilà que monsieur se corrigeait et réclamait de la clémence de sa part… Est-ce qu’elle était du genre à se montrer clémente ?

« OK. Parce que je suis une femme généreuse et d’une grande mansuétude, J’ACCEPTE pour cette fois ce changement de réponse mais ça ne passera pas deux fois, monsieur. Et je veux des remerciements aussi. »

Joignant le geste et la parole, Julian se pencha vers Alec pour et vint tapoter sa propre joue du bout des doigts pour qu’il vienne y déposer un baiser. Un simple petit bisou sur la joue pour la remercier d’être aussi aimable, franchement, ce n’était pas trop demander, non ? Enfin, il fallait se concentrer de nouveau puisqu’Alec arrivait avec une nouvelle question ou plutôt, un petit déjà : programmer une adresse dans un téléphone. Julian bondit alors sur le canapé, manquant presque de renverser son verre qu’elle posa par la suite en guise de précaution. Oui, elle était terriblement excitée parce qu’elle était certaine de s’en sortir. L’alcool devait commencer à la rendre joyeuse d’autant que si elle avait encore de la descente et qu’elle avait effectivement travaillé dans un bar, dans les faits elle ne faisait plus autant la fête qu’avant et son organisme était un peu moins performant quant à l’assimilation de l’alcool. Mais qu’importe, tant que ça ne faisait que la rendre enthousiaste !
Dégainant son téléphone, Julian ouvrit le répertoire et enregistra un contact sous le nom d’Alec. Elle y ajouta une adresse, celle-ci, puis ouvrit l’application GPS pour lui montrer que l’adresse était enregistrée et que, techniquement, son téléphone était capable de la mener au bon endroit, bon sans compter sur la magie qui faussait la donne mais bref. Julian tendit alors le téléphone à Alec pour lui prouver qu’elle avait réussi.

« Tu as le droit de me baiser les pieds pour me signifier ton admiration. »

Julian n’avait pas perdu sa capacité à en faire beaucoup quand elle l’avait décidé, elle tendit donc son pied, toujours vêtu d’une chaussette tout de même, vers la tête d’Alec. Un immense sourire trônait sur son visage. Pas à une acrobatie près, Julian, le pied toujours tendu vers son meilleur ami, attrapa son verre d’une main et bu une gorgée, même si elle n’avait pas perdu donc pas de raison de le faire mais soit. Elle parvint même à le reposer sur la petite table sans en foutre partout.

« Bon et maintenant… Qui est Luke Skywalker ? »

Se rasseyant dans une position à peu près normale, Julian s’était tournée vers Alec, un air amusé sur le visage. Pour cette question, elle remerciait ses colocataires au Canada qui avait trouvé essentiel de lui faire regarder certains films, s’étonnant simplement du fait qu’elle ne les ait jamais vus, pensant peut-être qu’elle avait grandi dans une grotte ou au sein d’une famille pas très rigolote. Quand on y réfléchissait, aucune de ses suppositions n’était complètement fausse….
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Julian A. Neil
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Julian A. Neil
Dim 29 Jan 2023 - 1:27
Aurait-il jamais pu imaginer ça ? Les rires se déliaient comme des années auparavant, renouvelant entre eux une forme de normalité qui avait pourtant foutu le camp à partir de l’instant où sa main avait quitté la sienne. Imprudent ? Oh oui bien sûr, d’autant qu’il devrait ensuite retourner à sa vie et ses habitudes. Alec se voyait déjà transplaner bourré chez Fenella et s’en manger une de la part de sa cousine. C’était con, bien sûr. Simplement parce que si quelqu’un débarquait chez elle et qu’il devait revenir en urgence, elle le préviendrait certes, mais s’il n’était plus d’équerre, le retour risquait de s’avérer plus dangereux que prévu. Mentir ensuite, l’esprit embrumé d’alcool, n’avait rien de bien intelligent. Et quoi ? Impossible à ses yeux de laisser passer cette possibilité. Impossible de ne pas se laisser couler dans cette douce atmosphère qui les avaient tant reliés au fil des années. Et putain ce que ça faisait comme bien de simplement rire de cette légèreté sans drame, sans lourdeurs, sans sérieux.
D’autres ne verraient de leur attitude que deux amis à se faire des paris à la con et rire de n’importe quoi. Le lâcher prise dont ils faisaient en vérité propre durant ces retrouvailles avait ça de beau qu’il était partagé. L’un comme l’autre retrouvaient dans ce moment un équilibre dont ils avaient sans doute besoin depuis bien longtemps. Une confiance, surtout, en ces instants qu’ils s’offraient l’un l’autre.

Le rire de Julian lui réchauffa les côtes dans une brusque bouffée d’affection. De ces yeux rieurs cachés derrière ses nouvelles lunettes, il retrouvait l’éclat et le timbre des rires d’autrefois. Quand ses cheveux flambaient aussi fort que son attitude. L’affection lui remonta comme une bouffée de weed dans les poumons et l’association lui fit avoir un petit regard de biais vers le patio dans lequel quelques plans de sa sœur semblaient se porter comme des charmes. Se rejoignant à son rire, le sourire qu’il affichait alors s’agrandit plus encore.

« Je n’ai personnellement jamais rien vu dans les vestiaires mais si j’avais su, ça aurait pu être une bonne technique de déstabilisation pendant les matchs. »

C’était con mais cette image le fit plus rire encore, imaginant bien la gueule des coups en douce qui s’y seraient fait. “Hey j’suis sûr qu’il y en a quelques uns qui l’auraient mérité ! ‘Le bordel que ça aurait été sur le terrain après j’te dis pas.. ! ” L’idée le faisait rire, oui, en bon sale gosse qu’il était. “Faut avouer que ça peut surprendre, côté déstabilisation on est bons..” Et puis, sortie de nulle part, l’image d’un crétin des Serpentards, planté sur un balai largement enfoncé dans le fondement, tournicotant dans les airs lui passa par l’esprit et déclencha un fou rire brutal.

Il lui fallu un moment avant de retrouver son calme, réenclenchant souvent le rire de Julian avant de replonger lui-même et inversement. Et puis, finalement, il inspira profondément tandis qu’ils passaient à la suite. Sa question donc, et la réponse qu’il y fit, se rattrapant au dernier moment sous le regard amusé de Julian qui s’amusait manifestement à le voir galérer.

« OK. Parce que je suis une femme généreuse et d’une grande mansuétude, J’ACCEPTE pour cette fois ce changement de réponse mais ça ne passera pas deux fois, monsieur. Et je veux des remerciements aussi. »
“Ah oui donc chiantasse niveau expert dès la première question quoi on en est là !” Rien de bien étonnant à vrai dire, et tout de plaisant. En lâchant un rire franc, Alec la vit se pencher vers lui pour lui désigner sa joue sur laquelle il abandonna un baiser de bonne grâce. “Tu l’emporteras pas au paradis celui-là ! … Quoi que ça veuille dire. Un moldu a dit ça la dernière fois..” Pas la moindre idée de la signification, mais la formulation l’avait amusée.

Puis alors qu’il lui proposait la suite, à savoir programmer une adresse dans son téléphone, le jeune homme lâcha un cri de surprise tandis que Julian sautait sur le canapé. Le verre relevé pour éviter de le renverser, le corps qui bascule à moitié à cause des coussins s’affaissant les uns les autres sous les pieds de Julian, et le rire clair dans sa gorge tandis qu’il la regardait d’en bas. Toujours en riant, il la vit poser son verre avant de dégainer son téléphone. “Bon plan…” Puis histoire de faire chier le monde, tenta de la déconcentrer en y donnant de petites tapes sur l’arrière du téléphone pour le faire tressauter dans ses mains.
Des gosses. Des foutus gosses qui se retrouvaient et réenclenchaient dans l’atmosphère joyeuse de l’après midi, les dynamiques qui leur avaient tant manqué. Et puis victorieuse, Julian lui tendit finalement son téléphone. Ce à quoi Alec répondit en l’attrapant dans un râle faussement agacé. “Elle m’éneeeeeeerve ! C’est pas possible ça, regardez moi sa gueule victorieuse !! ” Et c’est vrai qu’elle l’était, victorieuse ! De son sourire mordant à ses yeux pétillants.

« Tu as le droit de me baiser les pieds pour me signifier ton admiration. »
“Nia nia nia !” Non contente de le narguer comme elle le faisait, la sale gosse lui tendit effectivement son pied pour le lui foutre sous le nez et ce, sans manquer de se servir du verre dont elle préleva une gorgée ou deux. Comble de l’offense ! D’une main, Alec lui chopait le pied, manquant - volontairement - de lui faire perdre l’équilibre. “Mais casses-toi avec ton pied là ! J’ai pas souvenir d’avoir joué les fétichistes un jour !”

Étonnamment, la jeune femme réussi à se positionner de nouveau sur le canapé et ce, sans renverser, ce qu’il n’était pas certain d’avoir réussi lui-même dans la bataille. « Bon et maintenant… Qui est Luke Skywalker ? »
“Aucune idée, mais toi t’as toujours autant d’équilibre, la vache.. !” Et puis, il réalisa que la question était véridique. “Ah merde c’est une vraie question ?!” Ses yeux s’étaient élargis l’espace d’une seconde avant de froncer les sourcils en tentant d’intégrer le nom. “T’as dit qui déjà ?” Et tandis qu’elle répétait, l’ancien Serpentard ramena sa jambe sous son bras, calée à sa droite contre le dossier du canapé. “Mais merde, j’suis une branque en fait !” Et il bu sans plus de cérémonie, puis, sa gorgée dans la gorge, il eut un “Hm !” soudain. “Attends si !! C’est pas un film ? Un truc dans l’espace ?!” A faire des liens largement perdus dans sa mémoire, Alec jeta un coup d’œil à l’écran noir de la télévision, comme si celle-ci risquait de lui répondre. “C’est, c’eeeest… je sais pas.” Tout ça pour ça, oui.
“Et est-ce que tu sais qui est le docteur Glamour ?” Un haussement de sourcils, à la fois honteux et fier de lui.

Prochaine question après la sienne, il la défiait sur la PS4. Car oui, il y a ça avec le package télé et lave-vaisselle. Pas vraiment bon lui-même, mais qu’importe, c’était l’ambiance qui comptait ! Pas son égo ravagé par les connaissances de son amie d’un niveau clairement supérieur au sien.
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Alec Kaleb Rivers
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Mer 1 Fév 2023 - 16:48
Julian ? Chiante ? Alors là, franchement, ça parait fou, non ? La jeune femme avait juste envie d’exploser de rire alors qu’Alec se plaignait de son côté casse pied pourtant, ils savaient l’un comme l’autre que ça faisait partie des petits piments qui relevaient avec douceur leur relation. Ju’ avait conscience cependant qu’elle pouvait être réellement casse-pied et pas toujours d’une manière charmante. Non, il lui arrivait d’être envahie par ce besoin de contrôle et cette incapacité à comprendre ou accepter que l’autre n’ait pas les mêmes envies au même moment ou simplement la même façon de faire. Parfois, elle se voyait de l’extérieur être insupportable, être tyrannique sans avoir la capacité de s’arrêter, de se refreiner. Alors oui, chiante était clairement un adjectif qui lui correspondait mais dans le cas présent, ce n’était pas une manière de montrer du doigt un de ses défauts, c’était de la tendresse dissimulé et elle le sentit dans le baiser, même contraint, qu’Alec vint déposer sur sa joue. Elle se laissait envahir, en même temps que les vapeurs de l’alcool prenaient de la place en elle, par une envie de légèreté et d’amusement. Elle rit de bon cœur mais sans se laisser perturber quand Alec fit tout pour l’empêcher de réaliser son défi. Les coups sur son téléphone la poussèrent à montrer les dents, attention, elle était vraiment capable de mordre, mais ne l’empêchèrent pas de réussir. Bien évidemment, elle fut incapable d’avoir le triomphe modeste et le faux agacement d’Alec ne fit que l’encourager. Elle riait, elle riait franchement de sa propre connerie, des réactions de son meilleur ami. Le temps, le monde avait disparu et elle replongeait soudainement et pleinement dans une partie de sa vie qu’elle pensait disparue à jamais. Preuve en étant, la voilà qui agitait son pied sous le nez d’Alec. Forcément, il ne se laissa pas faire et Julian dut s’accrocher de toutes ses forces au canapé pour ne pas basculer.

« Oh putain, il veut que je me fracasse sur la table basse, il ne recule devant rien pour la victoire ! »

Riant toujours à moitié, Julian se redressa tout de même sur le canapé tandis qu’Alec lui signifiait qu’il n’avait jamais exprimé d’attrait particulier pour les pieds. Un immense sourire apparut alors sur le visage de la jeune femme. C’était trop tentant, elle ne pouvait pas passer à côté.

« Dommage, tu ne sais pas ce que tu rates… »

Est-ce que Julian avait déjà testé ce genre de pratiques ? L’histoire ne le dit pas mais cela n’avait pas besoin d’être vrai pour la pousser à raconter des conneries. Et en faire. Alors qu’Alec la félicitait pour son équilibre, elle mima une révérence, très fière de sa personne. Et aussi de sa question qui sembla plonger Alec dans la perplexité d’autant qu’il n’avait visiblement pas saisi dès le début qu’il s’agissait là réellement de sa question et non d’une réplique quelconque balancée au hasard. Pas question pour Julian de renoncer à sa question qui semblait particulièrement bien trouvée, elle répéta donc calmement, les bras croisés sur la poitrine, savourant déjà son triomphe qui s’annonçait. L’avantage c’était qu’Alec était arrivé à un stade où il acceptait seul, et bien vite, sa défaite. Il avala donc rapidement une gorgée sous le « Ah » sonore et jubilatoire de Julian. Il eut un semblant d’éclair de génie juste après mais visiblement il ne parvenait pas à aller au bout de son idée.

« Un truc dans l’espace, c’est exactement ce que j’ai dit quand mes colocs me l’ont résumé pour me convaincre de le regarder… T’aurais vu leur tête, on aurait dit que j’avais lancé un sort impardonnable. »

Julian sourit en se rappelant de ce souvenir. Il était joyeux, mélancolique un peu aussi mais globalement joyeux. Son regard se tourna alors sur son téléphone qu’elle avait balancé sur la table basse après le petit jeu d’Alec. Elle leur enverrait un message en rentrant chez elle. Juste pour leur dire qu’elle allait bien, qu’elle avait pensé à eux en croisant un vieil ami qui lui non plus n’avait jamais vu Star Wars. Et elle les imagina sans difficulté sourire en lisant son message et en débriefer entre eux en riant.

« Star Wars Alec, Star Wars, si tu veux une chance de t’intégrer chez les moldus, va vraiment falloir que tu revois tes classiques. »

Disait-elle alors qu’elle m’aime était loin d’avoir le panel complet. D’ailleurs, en parlant de ça, voilà qu’Alec la défiait dans le domaine des références. Le nom qu’Alec prononça fit sonner une clochette dans son cerveau, qui la poussa à se redresser, mais ensuite ce fut le trou noir complet.

« JE SAIS JE SAIS ATTENDS ! »

Oui, elle venait légèrement de hausser la voix, le gros problème de Julian ressurgissait : son incapacité notoire à s’arrêter. Ca faisait longtemps pourtant, qu’elle n’avait pas laissé autant de place à sa folie. Cela faisait désormais si longtemps qu’elle vivait dans sa petite bulle. Cette bulle n’était d’ailleurs pas que néfaste, elle lui avait appris la mesure, à laisser plus de place aux autres aussi, à observer parfois au lieu de toujours intervenir. Mais avec Alec c’était différent. Avec Alec, elle pouvait être vulnérable.

« Et merde ça revient pas… »

Julian attrapa donc son verre et le leva en direction d’Alec, trinquant à sa santé, avant de laisser couler une longue gorgée. Mais, alors qu’elle posait son verre sur la table, elle se figea pendant quelques secondes. Elle tourna alors le regard vers son meilleur ami, se retenant de ne pas crier trop fort.

« Mais bien sûr si je sais ! C’est dans une série médical, un de mes colocs était fan, il avait pas osé me le dire au début ! »

Incapable de tenir en place, Julian se tenait désormais à genoux sur le canapé, le regard rivé sur Alec.

« Je suis sure que ça aurait été toi le Dr Glamour à Poudlard. Ouep, ça t’irait bien comme surnom. »

Indéniablement, le côté conquête multiples et drague souriante allait bien à Alec. Ca lui collait même comme un gant.

« On pourrait regarder un épisode ensemble. Echoués sur ce canapé, à regarder une série comme des petits moldus parfaits, ce serait bien, non ? »

Joignant le geste à la parole, Julian décida de quitter sa position entre deux pour venir s’allonger et poser sa tête sur le torse d’Alec. Son bras l’entourait et elle ferma les yeux quelques instants. Elle pouvait entendre son cœur. Ce bruit l’avait longtemps terrifiée, le soir quand elle cherchait le sommeil, seule, dans sa nouvelle vie.

« Je crois que je vais rester comme ça un moment. Je bouge plus. »

Julian souriait doucement même si une vague de mélancolie s’emparait d’elle. Elle s’était crue incapable de venir jusque là et maintenant, l’idée que ce moment doive se termine à un moment ou un autre la terrifiait. Elle ne voulait plus bouger. Un léger frisson la parcourut qui la poussa à se blottir un peu plus contre Alec. Elle ne voulait que ça, n’aspirait qu’à ça.
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Sam 4 Fév 2023 - 10:13
On pense parfois avoir le temps. De profiter des bons moments, de connaître quelqu’un, de rire avec eux. On s’imagine les revoir, se retrouver, partager les rires et les larmes, les moments de complicité et le quotidien. Mais il est un risque de voir ce quotidien se briser, voler en éclat et disparaître dans la brume. Ne reste alors que les échos de ce qu’on a pris pour acquis.
Du jour au lendemain, il ne restait de Julian que les souvenirs maltraités d’un rire, de soirées étoilées et de brumes alcoolisées. Il s’était refait le film tant de fois. Des échecs, des erreurs bien sûr. Tant. Comme un disque rayé. Mais surtout des moments offerts. Il s’était revu haïssant le Quidditch, dans les gradins à faire le con aux entraînements ou aux matchs, à admirer en silence, la dextérité de sa meilleure amie dans les airs, à ne savoir trop qui encourager lorsque Poufsouffle et Serpentard s’affrontaient. Qui tacler, surtout, sa forme d’affection la plus récurrente. Alors par défaut, les deux joueuses s’en étaient pris. Il avait revu les soirées, la musique, l’alcool, les chatoiements du lac noir qui brillaient chez les Serpentards quand, une fois la salle commune vidée, il ne restait plus que les indécrottables, étalés sur les canapés, à rire comme des cons de sujets qui d’ordinaire ne les auraient sans doute pas fait marrés. Ces moments lui avaient tant manqué qu’ils prenaient ce jour-là toute leur importance. L’emmerder, râler, chahuter ; ce qui apparaissait comme des chamailleries de gosse lui remontait sous les côtes sous la forme d’une bulle de chaleur. Cet instant aurait dû durer à jamais mais il ne le ferait pas. Voilà sans doute pourquoi il était si précieux. Voilà pourquoi il riait si fort et protestait si joyeusement. Oh oui, Alec râlait, bien sûr, il la bousculait, la taquinait ; l’affection sous-jacente n’en était que plus forte.

« Dommage, tu ne sais pas ce que tu rates… »
“Eh bah écoute, ‘faudra m’apprendre.” Pas un pour rattraper l’autre, jamais. Pas une once de sérieux non plus dans les propos. Mais encore une fois, s’ils pouvaient se charrier alors ils le faisaient. Ainsi de conneries en conneries, c’était la normalité retrouvée, une complicité qu’ils ne pouvaient ni feindre ni contrefaire ; qui se passait des normes et de l’éducation, de temps ou d’avenir. Comme des cons, à réagir à des mois d’intervalles, à des miles de distance, de manière similaire sans jamais se consulter.

« Un truc dans l’espace, c’est exactement ce que j’ai dit quand mes colocs me l’ont résumé pour me convaincre de le regarder… T’aurais vu leur tête, on aurait dit que j’avais lancé un sort impardonnable. »
“AH ! C’est quand même pas notre faute s’ils font des films improbables eux aussi ! Et il est bon au moins ?! ”

Il n’y en a pas qu’un Alec. Il n’y en a pas qu’un…

« Star Wars Alec, Star Wars, si tu veux une chance de t’intégrer chez les moldus, va vraiment falloir que tu revois tes classiques. »
“Mais j’essaaaaaye !! Mais ils sortent mille trucs par an eux aussi, comment tu veux qu’je suive ?! T’as même pas l’temps de te faire séquestrer tranquille que soudainement ya des cartes sur téléphone, des micro-vidéos sur youtube et des p’tites nanas qui font toutes les mêmes danses personne ne sait pourquoi et des photos qui tournent en boucle. Les gars découvrent qu’une photo ça peut bouger, pardon de pas suivre leurs conneries là aussi !!” Riait-il de bon coeur, acceptant la défaite en vidant son verre tout en se resservant. “Moi j’en était au mec qui court pour échapper à un gros caillou dans des ruines aztèques - C’est pas exactement ça Alec - et aux jeux de types encapuchonnés qui sautent de toits en toits pour buter des gens. J’peux pas suivre hein !” Oui. Bah comment te dire que star wars était déjà sorti.
Et comment avait-il en 2011 découvert tout ça ? Via des nanas et de l’alcool, ÉVIDEMMENT, tout le monde s’en doute.

Bref, roue libre ; les discussions partaient dans tous les sens et voilà qu’il buvait quelques autres gorgées de son verre sans plus faire véritablement attention à la consigne initiale régissant leur jeu à boire. L’alcool s’insinuait et déliait les larges rires qui lui cognèrent dans la gorge tandis qu’à poser sa nouvelle question, il vit sa meilleure amie planter intégralement, le visage tordu d’une expression qu’il lui connaissait bien pour l’avoir vue en cours plus que de raison : elle connaissait la réponse… mais ne retrouvait pas.
Vive et frustrée, Julian se redressa sous les éclats amusés de son ami, tentant de retrouver l’information que l’alcool ne devait aider à mobiliser. « JE SAIS JE SAIS ATTENDS ! » Simplement plié de la voir tant galérer à retrouver, s’étendre comme elle le faisait, gueuler et prendre l’espace. Exister, tout connement, sans artifice ni mesure. Plus hillare encore de la voir se figer, renoncer, attraper son verre. « Et merde ça revient pas… »
“Ouiiiiiiiiii ! Victoiiiire ! J’t’ai dosée ! Ceci sera ma…” Non. Le verre vidé mais une latence dans la gestuelle, Julian s’était immobilisée et Alec la connaissait bien assez pour savoir qu’elle venait de retrouver la réponse. “Naaan ?!” Voilà pourtant que, loin d’être mauvais joueur, il riait d’autant plus qu’elle avait déjà accepté sa défaite et bu l’alcool des perdants. « Mais bien sûr si je sais !” Trop tard sans doute pour la réponse, mais certainement pas pour son égo. “C’est dans une série médical, un de mes colocs était fan, il avait pas osé me le dire au début ! » Encore une fois, elle gigotait dans tous les sens et encore une fois, elle faisait tanguer le canapé. “Bien jouééé !” Quant au fait qu’il connaisse ? Aucun commentaire sur le sujet. Quoi que Jordane lui en avait déjà fait un certain nombre.

« Je suis sure que ça aurait été toi le Dr Glamour à Poudlard. Ouep, ça t’irait bien comme surnom. »
Peignant un faux air étonné sur son visage, le jeune homme se redressa vers elle.
Oh ?! Ben pourquoi ?”
Incapable pourtant de retenir le sourire qui lui tordait les lèvres d’amusement. Alec ne niait ni le besoin affectif caché derrière ses nombreuses conquêtes, ni le rapport chaotique qu’il avait avec sa propre sexualité, et certainement pas la réputation qu’il s’était forgé au fil du temps. Un éclat d’auto-dérision dans le regard, il en riait donc. Pas le moment pour les remises en questions, certainement pas pour interroger les raisons de son comportement et encore moins pour faire dans le mélo-dramatique. Il se moquait de lui-même avec légèreté et sans complaisance.

« On pourrait regarder un épisode ensemble. Echoués sur ce canapé, à regarder une série comme des petits moldus parfaits, ce serait bien, non ? »
“Quand tu veux ! Cette télé a besoin de public pour vivre sereinement..” Et il en était à la saison cinq, autant continuer non ?

L’éclat moqueur dans son regard se figea, bientôt balayé par le geste qui suivi et qu’il n’avait pas anticipé. Glissée dans ses bras, Julian abandonna sa tête sur son torse, joignant la parole au geste et ce, sans qu’il n’ait prévu ce soudain élan affectif. Posant son verre, Alec laissa le moment passer, s’imprégnant d’un présent brusquement immensément plus tendre. « Je crois que je vais rester comme ça un moment. Je bouge plus. »

D’un bras, elle l’enlaçait, le second posé sur lui, et son corps se blottissant contre lui dégageait une chaleur dont il se sentait tant en manque par moments. En se laissant aller contre le dossier du canapé, le jeune homme ferma les yeux un instant tandis que d’une main, il passait sur son bras. La différence de température était notable. Sa main semblait brûler sur la peau de la jeune femme, l’attirant alors davantage contre lui comme pour s’imprégner de sa présence. Pas “comme”, en vérité. C’était là très exactement ce qui cognait sous ses côtes. Elle était là. Ils étaient là tous deux, bien vivants. Ensemble malgré tout ce qui avait pu et aurait dû les séparer. Et bordel ce qu’elle avait pu lui manquer. Ce que ce geste, sans doute bien bête, pouvait signifier de tendresse. Une jambe droite, le talon tordu au sol, la seconde pliée sous la première et ouverte sur les coussins du sofa, Alec pencha la tête jusqu’à la poser sur le front de son amie. “Bouge plus, ça me va…” De nouveau, il fermait les paupières. D’une caresse du pouce sur le bras nu de la jeune femme, il glissa sur sa hanche, position plus naturelle vu leur proximité. Julian lui avait manqué. Plus qu’il n’aurait su l’exprimer, plus qu’il n’aurait voulu le faire. Plus véritable encore, elle allait lui manquer. Car à un moment ou un autre, il faudrait songer à se séparer, retourner à leurs vies, planifier peut être, en douce, la prochaine rencontre. Mais de ça, Alec ne voulait y songer. Seul importait l’instant volé aux ténèbres, cette tendresse grandiose qui relit les êtres et tatoue leur chaleur jusque sous leur peau. Ainsi les paupières fermées, les lèvres effleurant ses cheveux, le dos de ses doigts allant sans y songer sur le tissu de son haut, il imprégnait. Le parfum, la chaleur, la texture du coton ou celle de sa peau, le poids de son corps et la constance de sa respiration. Tant de détails qui rendaient le moment palpable et qu’il cherchait à graver au cas où, peut être, il ne se reproduisait plus. L’alcool jouait peut être, mais tous deux savait ce qu’il y avait en amont de ces gestes tendres qui les liaient sans qu’ils ne les commentent. Jusqu’au creux de la hanche puis doucement de retour sur leurs valons, le dos de ses doigts allait et venait tandis que son souffle soulevait à rythme régulier quelques mèches fines de ses cheveux. Ainsi la vivacité brusque et alcoolisée du moment cédait place à la tendresse infinie mêlée de mélancolie qui les liait soudainement.

Lui non plus n’avait pas envie de bouger. Pas envie d’être autre part, de ne vivre autre chose que ça, maintenant et tout de suite.

Plus un mot. Juste être, là, tout de suite, l’un avec l’autre. Jusqu’à se saisir de chaque sensation pour en faire de ces essentiels qui vous marquent et qu’on garde, tatoués au creux des souvenirs, comme les seuls trésors d’une existence.
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Dim 5 Fév 2023 - 15:18
Ce n’était peut-être que ça au fond, qu’elle avait cherché pendant si longtemps et qui l’avait poussé à revenir, malgré ses peurs, malgré ses cauchemars. Sans doute avait-elle fini par réaliser qu’elle ne pouvait pas vivre sans ça. Alors non, ce n’était pas qu’une question de quelques gestes tendres. Au Canada, malgré tout, malgré ses silences, malgré son incapacité chronique à s’ouvrir, elle avait fini par tisser des liens forts. Avec ses colocataires, avec son patron au bar. Il s’était noué quelque chose qu’elle avait au début eu du mal à définir mais qui n’était rien d’autre au final qu’une amitié sincère. Grâce à eux, grâce à leur présence, elle avait pu relever la tête, commencer à se reconstruire. Elle avait réussi à se lever le matin, à retrouver le goût de vivre, la capacité à savourer un bon verre de bière, un repas en bonne compagnie, une conversation simple mais sincère. Grâce à eux, elle avait réappris à vivre, doucement, mais elle s’était rendue compte que ça ne suffisait pas, du moins que ça ne pouvait pas suffire pour le moment. Parce qu’il lui manquait la chaleur d’une étreinte avec ceux qui la comprenaient complètement, qui savaient qui elle était de A à Z. Parce qu’avec eux, elle avait dû, elle n'avait pas pu faire autrement que de garder ses secrets et que ces derniers étaient toujours présents entre eux, qu’elle le veuille ou non. Et parce que son départ avait été trop précipité, parce qu’elle n’avait pas pris le temps d’accorder à ceux qu’elle aimait ce qu’ils méritaient. Alors oui, ce qui lui avait manqué se tenait là, sur ce canapé, dans la chaleur du corps d’Alec contre le sien. Sentir qu’elle était comprise, qu’elle était acceptée comme elle était pleinement, avec ses failles et les multiples masques qu’elle avait pu revêtir.

Alec avait toujours eu une place particulière dans sa vie et qu’importe que leur amitié ait commencé de manière assez rocambolesque. Qu’importe aussi, qu’elle ait pu tant le haïr, tant lui en vouloir. Car c’était justement parce qu’elle l’aimait tant qu’elle avait été si en colère. Parce qu’alors que son monde s’effondrait, elle lui avait fait endosser la responsabilité de la perte de tous ses espoirs. Cette main qu’il avait lâché ce jour-là, elle avait représenté des mois d’errance. Sa colère contre Alec avait été le catalyseur qui lui permettait de rester en vie. Maintenant elle comprenait, que tout ça était plus grand, que tout ça ne devait plus être important. Parce qu’à cet instant, alors qu’il la serrait contre lui, qu’il glissait ses doigts sur sa peau, elle se rappelait qu’elle n’était pas seule. Qu’elle n’avait jamais été réellement seule et que peut-être, dans les mois à venir, elle allait pouvoir avancer.

« Quoi qu’il arrive, on se laisse plus tomber. »

Julian savait qu’Alec avait encore bien des choses à régler, que sa vie était encore complexe et surtout, que c’était elle qui l’avait laissé sur le bord de la route et pas l’inverse. Alors cette promesse, elle la lui faisait autant qu’elle lui demandait de lui faire. Elle avait besoin de lui, elle avait besoin de savoir qu’il serait là, qu’importe ce qui pouvait encore arriver. Qu’il n’y aurait plus d’opacité entre eux. Parce qu’elle avait besoin de ça. Fermant les yeux, elle se concentra sur le bruit de son cœur qui tambourinait contre sa poitrine. Elle se demanda si le sien était capable de s’accorder ou si, aussi fier qu’elle il refusait de suivre le rythme d’un autre organe. Ce rythme l’apaisait et la bercer. Elle ne voulait pas penser à la suite. Au moment de se séparer, aux cauchemars qui allaient revenir, à sa peur du monde magique qui n’allait pas s’envoler. Elle ne pensait qu’à lui, qu’à eux. Qu’à cette amitié qui pouvait la sauver.


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