The Queen and the Peasant III

D’ordinaire peu animé le soir, le square du quartier résidentiel de Knightsbridge était l’endroit propice pour entrer en contact avec des proches, idéalement en toute discrétion. Un pari risqué sans doute, le quartier étant proche de Westminster. Mais d’un autre côté, il ne figurait pas parmi les plus surveillés du Ministère, tant il ne s’y passait jamais rien. Les riches occupants de ce genre de quartier n’avaient pas grand chose à craindre, l’ambassadrice du MACUSA en faisait partie, du moins elle l’espérait. Plus tôt dans la journée, elle avait reçu un message d’un collaborateur américain, lui proposant de passer boire un verre de vin chez elle avant de partir pour voyage d’affaire en Russie. Jusque là, rien qui ne pouvait paraître suspect sinon une rencontre amicale entre deux professionnels. Mais Rain se doutait bien qu’il ne s’agissait pas d’une visite de complaisance et qu’il avait probablement des informations du MACUSA pour elle. En retour, elle lui avait simplement donné rendez-vous à une autre adresse de Knightsbridge, non loin de sa propre résidence, mais, précautionneuse comme elle l’était, l’ambassadrice préférait ne pas risquer d’être à découvert.
Alors, l’adresse qu’elle avait donné n’était d’autre que celle de la résidence en face du square du quartier, où elle s’était rendue aussitôt après avoir quitté le Ministère ce soir-là. Assise sur un banc, les mains dans les poches de sa veste et les jambes croisées, Rain n’avait pas pu s’empêcher de penser toute la journée à cette visite, ce qui ne l’avait pas vraiment aidée à avancer sur les nouveaux dossiers de fin de l’été. Il semblerait que la nouvelle préoccupation du Ministère concernant les créatures magiques et les attaques associées, prenne d’avantage d’ampleur. Comme elle l’avait promis à Jane, Godwin n’avait rien dit au sujet de la nuit du 18 août lors de laquelle elle avait été témoin d’une transformation lycanthropique dissimulée. La brune ne se faisait guère de soucis pour elle, mais elle espérait que cette histoire ne finisse pas par rattraper son amie. Si c’était le cas, ses ennuis ne viendraient pas de Rain, c’était certain. Elle ne pouvait pas reprocher à Jane de jouer avec le feu non plus…

Un craquement de branche sortit l’ambassadrice de ses pensées, aussitôt elle tourna la tête en direction du bruit, un léger pincement de lèvres, avant de soupirer discrètement de soulagement lorsqu’elle aperçut une silhouette familière. Il ne s’agissait donc pas d’un canular ou d’un piège, mais effectivement bien de son collaborateur du MACUSA qui venait de transplaner à Londres, avant de rejoindre la brune au square.
L’entrevue fut brève, suite à une accolade amicale pour se saluer et un échange de banalités, le dénommé Bakerfield était juste venu lui annoncer une bonne nouvelle. Mila Hershey n’était pas morte, elle avait simplement jugé préférable de se faire passer pour telle, et de disparaître le temps que tous les événements se tassent, mais elle allait probablement réapparaître prochainement. Une bonne nouvelle, donc, non seulement pour Rain mais aussi pour le MACUSA, peut-être que tout n’était pas perdu. Bakerfield fit simplement promettre à l’ambassadrice de ne pas essayer de prendre contact avec Mila avant qu’elle ne le fasse elle-même, avant de disparaître. Même à Knightsbridge, mieux valait rester brefs et discrets.

Finalement, la fin de soirée s’annonçait agréable. La brunette n’avait plus qu’à rentrer chez elle, se prendre un bon verre de vin et un nouveau livre pour ce week-end. Elle s’était donc levée du banc et marchait en direction de sa résidence. Mais à peine eut-elle quitté le square, qu’un nouveau craquement de branche se fit entendre. L’ambassadrice s’arrêta alors, sans se retourner immédiatement. Cette fois, elle n’en menait pas large et un voile d’inquiétude traversa son visage. Elle ne croisait jamais personne à Knightsbridge à cette heure-ci, Bakerfield était reparti, à moins qu’il n’ait oublié de lui dire une chose, mais elle doutait. Les diplomates savaient en général ce qu’ils faisaient et n’oubliaient rien. Un animal alors, peut-être ? Un loup-garou ou un espion du Ministère ? Bien sûr, les pires options traversaient l’esprit de Rain, elle qui était souvent sur le qui-vive malgré toutes les précautions qu’elle pouvait prendre.
Néanmoins, elle ne pouvait se laisser suivre jusqu’à chez elle, alors elle trouva le courage de se retourner en direction du bruit. La silhouette de Naveen Evans apparut alors, à quelques pas d’elle. Elle resta un instant muette, avant de soupirer de soulagement, de nouveau. Ce n’était donc que Naveen…Encore. La brune plongea son visage dans sa main, la pression largement redescendue.

« Ce n’est pas possible…Je rêve… »

Après avoir eu peur de finir en dîner pour loup-garou, ou pire, dénoncée par un sbire du Ministère, voilà que cet imbécile de secouriste lui collait encore aux basques. Son cœur avait fait un tel bond dans sa poitrine en découvrant la vérité plutôt que le pire qui puisse arriver, Rain était bien moins diplomate que la dernière fois, elle s’avança vers Naveen telle une furie qui tentait néanmoins de ne pas le foudroyer sur place.

« Encore vous ! Mais qu’est-ce que vous faites ici encore ! »

Menaçante, elle s’efforça de ne pas parler trop fort non plus pour ne pas ameuter tout le voisinage, mais elle pointait le secouriste du doigt, tout en continuant de lui aboyer dessus d’une manière que Naveen connaissait bien à force, sans lui laisser le temps de répondre,

« Vous me suiviez, c’est ça ? N’essayez pas de me faire croire que vous vivez ici ! »

L’ambassadrice savait pertinemment que les personnes comme Naveen n’avait pas les moyens de vivre à Knightsbridge, alors il n’y avait pas d’autres explications pour justifier sa présence ici. Rain pensa alors, que ce non-Maj avait pu non seulement voir Bakerfield transplaner, mais en plus entendre leur conversation. Mais que faisait-il ici, précisément ? L’ambassadrice râla, grogna, puis finalement elle s’adoucît un peu. Toujours aussi menaçante néanmoins, elle lui lança une dernière réflexion avant de laisser Naveen s’expliquer.

« Je vous laisse dix secondes pour m’expliquer la raison de votre présence ici, avant que je ne vous envoie mon garde du corps pour vous régler votre compte. »

Et il avait intérêt à avoir une excellente raison d’être ici. Rain n’avait pas l’intention d’appeler son garde du corps à cause du secouriste, mais la menace valait la peine d’être lancée.

La journée de travail s’était montrée assez ardue : il y avait un gros accident sur un axe routier et ils avaient perdu plusieurs personnes, certaines directement sur le bitume où ils n’avaient pas pu en réanimer deux, une troisième gravement blessée qui les avait quittés dans l’ambulance. Alors ce soir, il avait ce goût amer de ne pas avoir réussi sa tâche, pour ne pas dire d’avoir échoué. Pourtant, il le savait que la mort faisait parti de son travail quotidien, surtout dans ce genre d’accident, mais il avait quand même du mal à s’y habituer surtout quand il y en avait autant. Il n’était pas de très bonne humeur et avait besoin de prendre l’air malgré la fatigue de la journée.   Il espérait qu’après 30 min ou une heure de marche ça irait mieux, seulement, bientôt l’angoisse et la colère avaient continué de l’envahir et il s’était retrouvé à faire un petit footing pour se calmer, heureusement que ses vêtements de ville étaient adaptés au sport.

Enfin, il arriva à se calmer, à s’apaiser, il ralentit un peu le pas, observant le parc dans lequel il se trouvait à présent, reprenant doucement sa respiration. Il laissa bientôt son esprit vagabonder et ce dernier se focalisa soudainement sur la belle Sovahnn. Il poussa un bref soupir dépité ne comprenant pas bien le comportement de la jeune femme, qu’est-ce qu’il avait fait - ou pas fait ?- pour qu’elle semble plus distante que fin juillet ? Leurs sorties étaient toujours agréables, mais il avait l’impression que quelque chose avait changé en elle. Il ne voulait pas brusquer, et apprécier toujours leurs moments, alors il se disait qu’il s’était juste fourvoyé, qu’il avait imaginé des intentions, des envies qui en fait n’étaient pas là. Ils n’allaient pas bien ce jour-là, alors, ça ne devait pas compter. Voilà, ils devaient prendre leur temps, et peut-être qu’elle ne le prenait que pour un ami et il devrait s’en contenter. Il n’avait pas encore trouvé les mots pour lui parler de ça, pour essayer de comprendre, pour améliorer le tir si jamais il avait fait quelque chose de blessant… par ce qu’il se souvenait de comment est-ce que Jordane avait réagi quand il avait voulu bien faire et il craignait que malgré le caractère beaucoup plus doux et chaleureux de la jolie blonde, ça se finisse de la même façon. C’était con, stupide même, mais Jo lui manquait et il ne savait pas s’il devait tenter de lui réécrire ou pas. S’il devait attendre qu’elle fasse le premier pas. Il ne voulait pas que ça arrive avec Sovahnn, alors la patiente, avec elle semblait la meilleure solution, il comprendrait peut-être, ou ils finiraient par parler de ça. En attendant, il profitait quand même de chaque instant avec la jolie blonde, et elle semblait quand même toujours heureuse de le voir… alors bon !

Plongé dans ses songes, il avait à peine vu qu’il y avait quelqu’un devant lui et surtout qui c’était. Heureusement d’un côté sinon il l’aurait certainement évité, il n’était possiblement pas assez d’humeur à supporter le mauvais caractère de Godwin. Ce n’est que lorsqu’il s’était rapproché d’elle, qu’il trouva étrange que cette femme s’arrête de la sorte, mais il ne prêta guère attention, se disant qu’elle avait peut-être reçu un message ou autre.

« Ce n’est pas possible… Je rêve… »  Et voilà, maintenant qu’elle avait causé, la dame, il reconnut cette fois et se retint tout juste de soupirer. Malheur. Que cette journée était vraiment merdique ! Et le pire, c’est que telle furie, elle s’était avancée vers lui en ronchonnant - pour ne pas dire beugler-

« Encore vous ! Mais qu’est-ce que vous faites ici encore ! » Il n’eut même pas le temps de répondre, qu’elle le foudroyait non seulement du regard en le pointant du doigt et en continuant de l’apostropher « Vous me suiviez, c’est ça ? N’essayez pas de me faire croire que vous vivez ici ! »

Le retour du « moi je", genre il n’y avait qu’elle sur terre, s’il était là c’est forcément qu’il la suivait. Visiblement, l’été n’avait pas aidé à guérir de son égo surdimensionné. Il lui fit un sourire à la fois blasé et sarcastique. Parle toujours tu m’intéresses. Il aurait pu partir en lui faisant comprendre qu’elle l’emmerdait avec ses allégations à la con, mais il s’était arrêté et la regardait… sans toujours pouvoir en placer une.

« Je vous laisse dix secondes pour m’expliquer la raison de votre présence ici, avant que je ne vous envoie mon garde du corps pour vous régler votre compte. »
« Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq…» Sourire en coin, de petit con, regard perçant dans celui de l’ambassadrice. « … Vous savez que c’est un parc où les gens ont le droit de balader qu’il ne vous appartient pas et que je viens peut-être juste me balader, ou voir des amis ici ? Vous n’êtes toujours pas le centre du monde aux dernières nouvelles…. Et vous ne le serez jamais. Appelez-le donc, votre garde du corps, je suis certain qu’il sera ravi de voir que vous emmerdez les gens qui se promènent juste. C’bon j’ai été assez rapide dans mes explications ? »

Oui, contrairement à d’habitude, il était quand même moins aimable… mais néanmoins, il ne tarda pas à se reprendre un peu.

« Et au fait, Bonjour madame Godwin, vous semblez vous portez comme un charme, votre voix a toujours autant de portée.»

Une bonne nouvelle en entraînant une mauvaise, il avait fallu que l’ambassadrice tombe sur cet insupportable secouriste quelques minutes après son entrevue discrète avec son collègue du MACUSA. La pression était à présent retombée, et elle s’en était tout naturellement pris à ce Naveen, ce n’était pas la première fois qu’il venait traîner dans ses pattes. Était-ce réellement une coïncidence qu’elle se retrouve nez-à-nez avec cet homme, en particulier dans ce genre de quartier qui ne devait certainement pas être son lieu d’habitation ? Rain ne tarda pas à lui sauter sur le poil pour lui demander des explications. Sans lui laisser le temps de répondre, la brune lui aboya dessus en le menaçant d’appeler son garde du corps, bien consciente qu’il ne se déplacerait pas pour un simple moldu secouriste. Après tout, Naveen ne s’était pas montré dangereux pour la sécurité de l’ambassadrice jusqu’à présent, et pour être venu jusqu’à l’ambassade pour prendre des nouvelles, il n’était sûrement pas plein de mauvaises intentions.

Malgré tout, Rain avait quand même passé ses nerfs sur lui, à la suite de toutes ces émotions, cela lui avait fait du bien. Ce n’était pas suffisant pour le moment pour la calmer complètement, en particulier lorsque Naveen commença à compter les secondes, comme si il avait pris au pied de la lettre la menace de Godwin, mais d’une manière très moqueuse et sarcastique, un ton que l’ambassadrice n’appréciait guère sur le moment. Au final il était plus agaçant qu’autre chose, mais elle commençait à en avoir l’habitude à force de le croiser partout, tout le temps. Bien que ce running gag finirait par devenir pesant, il fallait bien admettre que Rain préférait qu’il ne s’agisse que de Naveen, et non pas de quelqu’un d’autre de plus mal attentionné.

Comme première réponse, il n’eut droit qu’à un soupire de la part de la brune, tout en secouant légèrement la tête. Le retour des leçons de morale de la part d’un gueux qui ne lui avaient naturellement pas manquées. Il avait certes le droit de se promener à Knightsbridge, mais la coïncidence était irritante, voilà tout. Quant au reste de ses propos, sans commentaires. Car pour une fois, Rain ne s’était pas énervée par égocentrisme, mais par peur d’avoir été suivie par un ennemi. Elle n’avait donc pas besoin d’appeler son garde du corps, et ce dernier ne se serait de toute manière pas déplacé.
Elle reconnaissait bien là Naveen, toujours à sortir de longues tirades pour ne jamais dire grand chose d’intéressant. Si encore une fois il espérait remettre l’ambassadrice à sa « juste place » comme il le disait si bien, il se fourrait le doigt dans l’œil. Ce ne fut qu’à la fin de sa tirade qu’il salua Godwin. Amusant. Finalement, elle passa de « sur les nerfs » à amusée. Les gens du petit peuple pouvaient parfois être plus distrayants qu’énervants, ou les deux à la fois, comme Naveen.

« Et vous, vous parlez toujours autant…Pour ne rien dire d’intéressant. »

Rain soupira de nouveau, elle aurait pu s’en tenir à le renvoyer promener, mais comme elle lui avait littéralement aboyé dessus quelques secondes plus tôt, elle devait bien s’attendre à ce genre de riposte de la part de cet irritant secouriste.
A son tour, l’ambassadrice joua de la réflexion de Naveen, et lui montra qu’elle n’avait en effet pas perdu sa voix, et encore moins son côté hautain.

« Avouez qu’il est rare à cette heure de croiser quelqu’un dans ce genre de quartier résidentiel. D’autant plus que, les gens comme vous, n’y ont certainement pas leur place. Rentrez chez vous. »

La brune regrettait aussitôt ce dernier ordre, elle se doutait que par pur esprit de contradiction, le secouriste se ferait un plaisir de rester. Alors, elle en profita pour lui poser une autre question, quitte à le regretter après si il cherchait à en savoir d’avantage, mais qu’importe, le sujet était trop important.

« Mais avant, depuis combien de temps est-ce que vous traîniez par ici ? »

Sous-entendu, avait-il vu quelque chose concernant l’ambassadrice et son contact ? Elle se doutait que non, sinon Naveen se serait empressé de lui en parler, ou bien cachait-il très bien son jeu…Elle ne tarderait pas à le savoir.

Le destin était vraiment un foutu troll. De tous les gens, il avait fallu que ça tombe sur madame l’Impératrice-je-me-fouts-du-reste-du-monde. Il n’était plus certain d’avoir la patience pour elle ou même d’être hyper agréable, et dans un certain sens, il y avait toujours ce petit jeu entre eux, n’est-ce pas ? celui où ils se chamaillaient sans arrêt, sans quasiment jamais arriver à tomber d’accord tous les trois. Alors oui, à peine avait-elle ouvert la bouche, qu’il n’avait pas pu s’empêcher de riposter un peu, de la même façon que d’habitude. Après tout, c’était leur manière de communiquer, alors pourquoi changer les bonnes habitudes, n’est-ce pas ? Bientôt, elle lui avait rendu la pareille et il lui fit un grand sourire, et évita de juste le clin d’œil !

«Bien sûr, pourquoi est-ce que je changerai ? Surtout lorsque je vois comment est-ce que vous réagissez. »

Non, ce n’était pas très fin, mais le jour où elle aurait appris le respect - c’est-à-dire jamais- peut-être qu’il serait lui aussi un plus au cool et mettrait un peu plus d’eau dans son vin. Elle lui avait même habitué à lui faire de plus belles répliques, il était presque déçu. RIP, la répartie de Rain à moins qu’elle ne préfère ma garder sous le pied pour lui envoyer du lourd dans quelques minutes. Avec elle tout était possible ! Et d’ailleurs, il ne tarda pas à retrouver sa Rain d’antant et son côté hautain qui ne lui avait pas du tout manqué, mais qui du coup avait aussi un côté assez rassurant. Elle ne devait pas aller trop mal si elle arrivait à lui sortir toujours des énormités comme ça. Non, il ne lui ferait pas le plaisir de tirer la gueule

«C’est vrai pardon, je salis votre trottoir, j’ai pas pensé à prendre un chiffon pour époussetez lorsque vous passez.»

Il se passa une main dans les cheveux et lui fit un petit sourire en coin. Non ce n’était pas malin, il le savait mais il n’avait pas non plus s’en empêcher… les « gens comme vous » lui sortait toujours par les yeux. Néanmoins il tenta de mettre un peu d’eau dans son vin. Jouer un peu trop le jeu du méchant sarcastique ça allait bien pour quelques phrases ci et là.

« C’est peut-être rare, mais je n’ai pas non plus des horaires conventionnels, ça m’arrive souvent d’aller me promener en ville, ici où là après le boulot, pour me détendre. J’te répète, tout n’a toujours pas un rapport avec vous… »

Probablement même que moins ils se voyaient, mieux il se portait, même s’il y avait toujours un petit côté qu’il aimait bien dans leurs conversations ; le fait de pouvoir se lâcher sans que ce soit mal vu, mal interprété. Mais bientôt la femme avait repris la parole pour lui poser une question qu’il trouvait assez étrange. Il haussa un sourcil perplexe en se demandant ce que ça pouvait bien lui faire dans tous les cas ? C’est vrai quoi. Et si elle disait ça c’est qu’elle craignait probablement qu’il ait vu ou entendu quelque chose ? Pourquoi poser cette question sinon ? Il était intrigué par ce fait, il hésita sur la façon dont il pouvait formuler la réponse et surtout est-ce qu’il lui disait la vérité ou pas ? Quelque chose lui disait que ça pourrait rendre les choses plus intéressantes. Il se contenta donc de lui faire un petit sourire en coin, le genre un peu mystérieux, celui qui peut agacer, par ce qu’elle devait déjà comprendre qu’il ne lui répondrait pas vraiment à la question.

« La grande Dame a donc quelque chose à cacher. Intéressant. Et puis, ça fait un moment que j’étais ici… mais à votre avis qu’est-ce que j’aurais pu voir ? Et comment est-ce que je pourrais aussi l’interpréter ?»

Suivant comment elle réagissait, il n’était pas certain de tenir très longtemps ce petit jeu, il ne voulait pas non plus la faire paniquer, mais pour lui, elle voyait plus un amant qu’autre chose, ou peut-être qu’elle achetait une substance interdite dont elle avait honte. Rien de bien grave. Il restait attentif à ses gestes, sa respiration, la façon dont elle semblait prendre la nouvelle, guettant surtout la moindre crise de panique pour lui dire que tout était ok et qu’il n’avait rien vu. S’amuser de la situation était une chose, mais il n’était pas du genre à pousser le bouchon trop loin non plus.

Une fois encore, Rain se demandait pourquoi est-ce qu’elle perdait son temps à répondre à l’insupportable secouriste que Naveen était, malheureusement il avait pris la fâcheuse habitude de répondre à l’ambassadrice de manière éhontée. Il allait même plus loin, s’amusant de ses reparties. De son côté, il lui était difficile d’admettre que la brune commençait également à s’amuser à lui répondre. Le jeune homme semblait à présent immunisé contre le sarcasme et le mépris de son interlocutrice, malgré elle, elle avait hélas traversé quelques épreuves éprouvantes en sa compagnie. C’était ainsi, difficile de revenir en arrière. Alors bien sûr, Rain n’avait pas l’intention d’appeler son garde du corps, qui ne se serait de toute manière pas déplacé pour un secouriste moldu, pas après qu’il l’ait aidée et transportée à l’hôpital il y a de cela quelques mois. Cela ne l’avait pas empêché de faire remarquer à l’ambassadrice de façon implicite que sa réaction était exagérée. Sans doute, mais elle avait malheureusement toutes les raisons d’être sous pression. Elle ne prit pas la peine de répondre à cette première remarque du secouriste, se contentant de soupirer et de secouer la tête. Il était décidément aussi amusant qu’agaçant, mais la brune doutait qu’il l’ait réellement entendue avec son collaborateur américain.

La remarque qui suivit fut bien plus amusante, elle arracha même un début de sourire au coin des lèvres de la sorcière tendue et acariâtre. Elle l’imaginait bien à genoux épousseter le sol avant son passage. Même si tout cela n’était guère sérieux.

« En voilà une bonne idée. Pour une fois, vous seriez utile. »

Et voilà qui le renverrait incontestablement à son rang de « gueux ». Toutefois, le mépris de Rain à l’égard de ces gens-là n’atteignait pas de tels sommets. Sa répartie n’était que sarcasme, dans l’unique but de détendre sa propre atmosphère après la frayeur que Naveen lui avait infligée. Une fois qu’elle aurait la certitude qu’il n’avait rien entendu ou vu, tout irait bien et elle pourrait rentrer chez elle. Ensuite, il lui parla de sa présence exceptionnelle à Knightsbridge, puis de ses horaires non conventionnelles. Très bien, mais l’ambassadrice n’en avait pas grand chose à faire de lui et de ses horaires. Elle peinait à croire qu’il s’était retrouvé ici par hasard, uniquement lors d’une petite promenade détente après son travail, sans vraiment faire attention où il allait. Donc certes, le monde ne tournait pas qu’autour de Rain et de son quartier résidentiel, mais elle trouvait toujours cela étrange. Elle lui avait même ordonné de rentrer chez lui, alors qu’il disposait d’autant de droit qu’elle pour fouler ces pavés. Apparemment venant d’elle, cela ne l’avait pas choqué outre mesure.

« Je peine simplement à croire que vous vous soyez retrouvé ici par hasard. »

Un tant soit peu calmée, la brunette ne voyait pas l’intérêt de continuer dans le mépris, puisqu’elle voulait avant tout des réponses, et elle sentait que le secouriste ne lui répondrait pas de manière claire tant qu’elle ne cesserait pas d’être sarcastique. Il voulait tellement jouer à son propre jeu que cela ne l’a mènerait nulle part. De plus, elle n’allait pas rester plantée là toute la nuit. La bribe de sourire aux lèvres de tout à l’heure s’effaça, et Rain lui ordonna de nouveau :

« Répondez, c’est tout. »

Elle était sérieuse, elle ne voulait pas prendre le risque que Naveen ait entendu quoique ce soit, ni que leur conversation soit entendue par une oreille traînante dans le quartier, donc elle espérait que l’insupportable secouriste ne lui pose pas trop de questions après ça. Hélas, c’était tout à fait son genre…Encore fallait-il qu’il lui réponde franchement, pour changer.

Il ne pouvait pas s’en empêcher. C’était vraiment plus fort que lui. Il fallait qu’il la cherche un peu, un petit jeu qui s’était instauré entre deux depuis des mois à présent à chaque fois qu’ils se voyaient - ou plutôt les rares fois où ils se sont vus-. Là encore, comme toujours elle n’était pas franchement agréable et lui continuait à lui répondre, essayant en même temps de la troller un peu, par ce que c’était quand même drôle avec la répartie qu’avait la dame. C’est vrai qu’elle était aussi méprisante et le temps ne semblait pas franchement arranger les choses, il n’avait pas pu s’empêcher de plaisanter sur ça, pour ne pas dire se foutre un peu de sa gueule, histoire qu’elle comprenne qu’elle abusait un peu…. Seulement sa réponse ne fut pas franchement celle escomptée. Il fronça les sourcils, puis eut un léger rire, plus amer qu’autre chose mais un rire. Il ne put s’empêcher de lui faire une petite révérence tout aussi moqueuse que le reste.

« Bien sûr, Madame l’Ambassadrice.» Il se releva et ne put s’empêcher de lui faire un sourire. Vous savez le grand sourire bien ironique, sarcastique de celui qui va dire une connerie. « En fait non, j’ai oublié, je suis pas votre larbin. Vous avez deux mains, votre route vous vous la balayée toute seule, et pas difficile de trouver le balais j’pense qu’il est bien coincé dans votre cul.» Haussement d’épaules. « Oh désolé, j’devrais le formuler de façon un peu moins populaire mais en fait j’ai la flemme. Mais plus sérieusement, on sait tous les deux que j’ai été utile plus d’une fois, vous pouvez essayer une autre réplique pour voir J’suis un peu déçu d’la teneur de celle-là. »

Néanmoins, il avait repris la parole, un peu plus sérieusement. Il lui répondit à ses questions les plus basiques, sauf celle à laquelle elle voulait certainement la réponse. Savoir ce qu’il avait vu ou entendu… et lui était intrigué sur ce qu’elle avait à cacher et aurait bien aimé en savoir plus, être certain qu’elle n’avait pas de problème. Son attitude n’était pas normale et vu son égo, elle n’irait pas demander de l’aide. Et l’autre soutenait que ce n’était pas par hasard s’il était ici. Certes, ça pouvait paraitre étrange et pourtant c’était bel et bien la vérité ! Il soupira doucement et chercha des mots qui auraient pu être rassurants.

« Une pure coïncidence… à moins que ce soit mon instinct qui ait senti que vous aviez des ennuis ? »

Qui sait ? Peut-être qu’il obtiendrait plus de réponse comme ça… Il ne lâcherait pas et lui avait fait comprendre en continuant à répondre à ses questions par d’autres questions ou des énigmes. Il savait que c’était insupportable, mais vu comme elle était, il ne se sentait pas top coupable.

« Répondez, c’est tout. »
« BIP. Mauvaise réponse, je ne suis toujours pas à vos ordres ou votre larbin. Vous pouvez encore réessayer, je suis certain que vous savez ce qui manque… Oui, il est possible que ma mémoire marche un peu mieux à ce moment-là…»

Aucune envie de s’écraser face à un tel ordre. En plus ça serait lui donner raison sur qui avait le « pouvoir » et elle avait déjà un assez grand égo, se croyait la meilleure, la plus forte au-dessus de lui des autres, sans qu’il en rajoute une couche.

De plus en plus affligeante cette conversation. Apparemment l’insupportable secouriste n’avait pas saisi l’ironie des paroles de l’ambassadrice, évidemment qu’elle n’avait pas l’intention de balayer sur son chemin, elle laissait cette tâche ingrate au personnel d’entretien des ambassades où elle travaillait. Mais si toutefois Naveen insistait pour lui lécher les bottes en nettoyant sur son passage, Rain ne l’en empêcherait pas. Mais ce n’était sûrement pas le genre du bonhomme. Il avait foncé tête baissée dans le sarcasme de la brune hautaine, ce qui ne faisait que renforcer son ressenti à l’égard de cet homme. Certes cela l’amusait de temps en temps de le chercher un peu, mais ce soir-là elle n’était plus vraiment d’humeur, malgré la bonne nouvelle annoncée par son collègue du MACUSA. Un petit rayon de soleil dans l’obscurité, dirait-on, qui empêchait l’ambassadrice de se sentir offusquée par les paroles insultantes de son interlocuteur. Il parlait, parlait, parlait…Toujours pour ne rien dire. Dans d’autres circonstances, peut-être que Rain aurait eu l’envie de lui rentrer dedans, mais elle se refusait d’entamer la moindre bribe d’une conversation gênante pour ne pas lui donner une occasion de renchérir sur un propos interminable. Il pouvait penser de Rain ce qu’il voulait, qu’elle était coincée ou autre, aucune importance pour elle, étant donné que Naveen n’avait de toute façon pas les attributs nécessaires pour lui plaire ne serait-ce qu’un peu, ainsi jamais il ne saurait si elle était véritablement coincée ou non. Voilà pourquoi les paroles du jeune homme ne suscitèrent qu’un rictus de la part de la brune hautaine.

« Et vous continuez, allez-y, foncez tête baissée face à un propos qui ne se voulait que simple ironie, cela ne fait que renforcer le fait que je vous trouve passablement stupide et affligeant. »

Et Godwin secoua légèrement la tête. Que cherchait-il exactement ? À avoir le dernier mot face à elle ? Voilà bien un combat qui était perdu d’avance. Surtout que l’ambassadrice voulait simplement savoir depuis combien de temps le secouriste se trouvait là et si il avait oui ou non surpris la conversation entre les deux collègues du MACUSA. Mais d’après ses réactions successives, Rain finissait par se dire que Naveen n’avait réellement rien entendu. Car elle n’avait aucun ennui justement. Alors elle esquissa un nouveau sourire. Merci pour cette réponse précise, le gueux. À présent, maintenant que Naveen s’était en quelque sorte trahi sur sa pensée, Rain n’avait plus à exiger explicitement qu’il lui dise si il avait entendu ou non. Alors, il pouvait toujours se brosser pour obtenir de la part de l’ambassadrice le fameux « mot magique » qu’il manquait à sa tournure de phrase. Un léger rire cette fois, s’échappa d’entre les lèvres de la brune hautaine. La croyait-il donc aussi faible pour se laisser infantiliser de la sorte ?

« Vous me rassurez, je n’ai pas besoin de vous le dire, j’ai déjà ma réponse… »

Pour une fois que Rain pouvait se vanter de ne pas s’être mise dans un coup fourré, comme la dernière fois avec Jane et son agaçante bienveillance envers les Lycans. Et comme elle prenait Naveen pour un être humain stupide, l’ambassadrice voulut tout de même lui préciser d’où lui venait sa réponse. Sourire sarcastique accroché au coin des lèvres, elle continua de se pavaner avec ses grands airs :

« Je n’ai aucun ennui. Si vous l’aviez pensé, c’est que de toute évidence vous n’avez rien vu, ni rien entendu. »

La brunette secoua de nouveau la tête. Ridicule secouriste…Sans doute n’avait-il pas envie de s’écraser face à Godwin, ce qui ne ferait que le renvoyer à sa condition inférieure à elle, alors qu’elle se fichait pas mal de ne pas avoir le dernier mot, elle le trouvait juste affligeant, peu importe qu’il lui ait déjà rendue service par le passé. Maintenant, Rain siffla entre ses dents, piquante.

« Allez donc soigner votre complexe d’infériorité, et ne cherchez pas à vouloir me rabaisser à tout prix. » Elle échappa un nouveau rire. « Vous n’en serez que plus ridicule. »

Contre toute attente, l’ambassadrice tourna les talons sans prononcer un mot de plus. Elle savait qu’elle ne se débarrasserait pas de Naveen aussi facilement, mais elle pouvait se tromper, peut-être qu’il lâcherait l’affaire et rentrerait simplement chez lui. Rain pouffait discrètement de rire en attendant.

Avec elle, parfois l’humour/l’ironie ou le sarcasme étaient difficiles à voir tant elle se sentait supérieure, alors il n’avait pas pu s’empêcher de se lancer dans sa nouvelle tirade quitte à mettre un peu les pieds dans le plat ! Elle était en plus tellement coincée que voilà… Est-ce qu’elle se rendait compte des énormités qu’elle débitait ? Certainement pas. Ou alors elle s’en fichait de se montrer vulgaire, de pouvoir blesser des gens. Oui, c’était certainement ça, d’ailleurs, elle ne s’en rendait pas compte… et il en était un peu fatigué. Suivant sur qui elle tombait cela pouvait mal se terminer pour elle - mais au final depuis le temps qu’il la mettait en garde, ça serait presque bien fait pour elle-, mais surtout pour son interlocuteur, si ce dernier était un peu fragile qui sait ce que cela pourrait provoquer chez lui ?! Elle lui faisait penser à ce genre de femme à la limite de harceleuse et haineuse tant elle continuait dans le même discours humiliant à chaque fois qu’ils se voyaient.

« Le souci c’est que souvent vous portez le même genre de propos qui ne sont pas ironiques, difficile de voir la différence dans de tels cas. Peut-être que c’est votre manière de faire qui est à remettre en question. Et ne vous inquiétez j’ai bien compris que j’étais toujours un minable stupide… comme les dernières fois.»

En attendant, l’être stupide, l’avait aidé plusieurs fois… alors qu’elle n’était pas agréable. Mais ça, il n’allait pas lui rappeler par ce qu’il ne le faisait pas pour avoir quelque chose en retour, même si un minimum de décence et de courtoisie aurait bien été sympathique. Pourquoi est-ce qu’il continuait à essayer de lui parler, de dialoguer avec elle, de lui faire comprendre certaines choses alors qu’elle restait en toute circonstance imbuvable ? Pourquoi est-ce qu’il s’inquiétait pour elle, alors qu’elle était du genre à vouloir l’écraser ?

Quant à ce qu’il avait vu ? Il n’avait toujours pas envie de lui répondre franchement, mais il avait quand même dit quelque chose qui pouvait le mettre sur la route… Et elle, elle continuait de se pavaner comme si elle était plus intelligente que lui, plus forte supérieure. Il s’empêcha de lever les yeux au ciel, agacé mais se contenta de l’écouter palabrer.

« Ou que je m’inquiète, par ce que j’ai remarqué un détail qui a échappé à Votre Seigneurie ?»

Sourire sarcastique. Bien sûr que non, il n’avait rien vu, il ne sèmerait probablement le doute dans l’esprit de la femme, mais tant pis, au moins il avait répondu du tac au tac. Et sa nouvelle phrase le fit longuement soupirer. Elle s’y croyait vraiment. Elle ne voyait pas le problème et c’était elle qui en était ridicule, avec son rire, ses petits pouffements de sale garce. Il n’avait pas eu le temps de répliquer que déjà elle avait tourné les talons et commençait à s’en aller. Au lieu de la suivre, il ne bougea pas, l’observa quelques instants avant de lui glisser, assez fort pour qu’elle entende

« Vous vous fourvoyez tellement que ça pourrait presque en être drôle, mais c’est plus triste et risible qu’autre chose Madame Godwin. C’est vous qui en avait un sacré de complexe d’infériorité pour avoir besoin de vous sentir supérieure de la sorte, de rabaisser les autres.» Silence de quelques instants « Je vous souhaite une bonne nuit, Madame, mais n’oubliez pas que ceux que vous cherchez et à qui vous parlez mal pourraient un jour vous suivre jusqu’à chez vous, ou jusqu’à ce parc. Qui sait de quoi est-ce qu’ils seraient capables ? D’autant plus qu’avec votre statut, des ennemis vous devez en avoir plus que de raison.»

Est-ce qu’il cherchait à lui faire peur ? Peut-être un peu, mais surtout à la mettre en garde même si elle finirait par lui rire au nez, encore une fois.

Le pauvre Naveen était tellement ridicule par moment qu’il n’avait même pas eu suffisamment de vivacité d’esprit pour saisir la teinte de sarcasme et d’ironie dans les paroles de l’ambassadrice, alors que celle-ci aurait eu tendance à penser que le secouriste était habitué depuis le temps. Bien, être passé encore et toujours pour un minable stupide, disait-il lui-même, lui avait peut-être donné envie d’arrêter de chercher des noises à Godwin une bonne fois pour toutes. Le croiser dans son propre quartier après une conversation discrète et privée avait été la goutte d’eau ayant fait déborder le vase, toutefois Rain s’était dit qu’elle pouvait transformer cette entrevue en moment sympathique, durant lequel elle ne cesserait de rabaisser Naveen, comme à son habitude. Là était finalement tout le problème, car n’ayant reçu aucune réponse claire du secouriste quant à ce qu’il avait réellement entendu, la brune hautaine avait fini par se lasser. Il n’imaginait pas ce que cela impliquait, et c’était bien normal puisqu’il était à mille lieux du monde dans lequel évoluait Rain depuis des années. Naveen n’y survivrait certainement pas, d’ailleurs. Mais l’ambassadrice n’allait pas se plier à ce qu’il voulait, lui, simplement par satisfaction d’avoir le dernier mot et d’avoir pu obtenir de Godwin qu’elle se plie. Elle préférait, de loin, lâcher l’affaire. De toute façon, elle n’avait rien à craindre de ce secouriste, elle l’avait toujours su.

Il avait beau fanfaronner et lui faire croire qu’un détail avait échappé à l’attention de la brune, celle-ci n’y croyait absolument pas, cette nouvelle réflexion l’amusa plus qu’autre chose. Elle n’avait plus non plus envie de perdre son temps à lui répondre, mis à part par un rictus au coin des lèvres, suivi d’un rire moqueur et affligé à la fois. Comme Naveen s’était rendu compte qu’il n’arriverait probablement pas à faire plier un genou à l’ambassadrice, cette dernière commençait à sentir de l’agacement chez lui également, ce qui finalement l’amusa encore d’avantage. Il l’accusa d’avoir un complexe d’infériorité tout comme elle l’avait fait avec lui quelques instants plus tôt. Il n’avait donc trouvé aucune autre répartie plus intéressante ? Risible. Maintenant, il l’a mettait en garde contre ses ennemis, en pensant sans doute qu’il allait l’impressionner. Il n’avait pas eu l’air d’apprécier les dernières réflexions de l’américaine, visiblement. Pourtant c’était bien lui qui l’a cherchait, encore et toujours. Alors pourquoi s’agacer de l’avoir trouvée ? Godwin continuait donc de pouffer de rire, nullement atteinte par les paroles de ce simple secouriste, comme si elle n’était déjà pas au courant d’avoir des ennemis. Elle finit par lever les yeux au ciel. Elle avait commencé à s’en aller, mais avait quand même pris la peine de se retourner vers Naveen pour écouter ce qu’il avait à lui dire, mais elle secoua la tête. À quoi bon. Rain aurait pu discuter longtemps avec le secouriste, lui expliquant qu’une personne de son rang avait d’ors et déjà pris beaucoup de précautions, que l’engrenage était rodé depuis longtemps et que l’immunité diplomatique du MACUSA la protégeait officiellement, mais elle jugea bon de laisser Naveen en dehors de tout ça. Il pouvait bien la prendre pour une perverse qui prenait plaisir à rabaisser les autres, cela ne faisait aucune importance.

Un dernier sourire sarcastique apparut alors sur ses lèvres.

« C’est ça, bonne nuit. »

Cette fois, Godwin tourna les talons pour de bon et disparut de la vision du secouriste au détour du coin de la rue.