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Lun 19 Avr 2021 - 14:40
Mardi 24 Mai






Ministère de la Magie






    Département de la coopération magique internationale, à la fin de la pause déjeuner. Après avoir vérifié que la voie était libre, une certaine Sophia Davies, diplomate pour les affaires européennes, s’éclipse du bureau de l’ambassadrice américaine, partagée entre l’ivresse et l’inquiétude d’être prise sur le fait. Jeune femme blonde approchant la quarantaine, silhouette élancée, elle se retourne une dernière fois vers son interlocutrice, comme pour s’assurer d’une chose.

    « Je compte sur votre discrétion... »

    « Réciproquement. » répond le ton tranchant de Rain Godwin.

    Elle ne regrette en aucun cas ce qu’il vient de se passer, en toute discrétion et spontanéité. Ce qui est fait est fait, mais elle, elle n’a pas de mari à qui rendre des comptes. Sophia, si. Elle avait plutôt intérêt à tenir sa langue, bien que dans le cas contraire, Rain pourrait tout nier en bloc.
    Cette aventure n’allait en rien altérer cette journée de travail normale au bureau de la diplomatie. Au contraire, elle ne pouvait qu’être plus belle. La spontanéité de Sophia avait agréablement surpris l’ambassadrice Godwin, qui jusqu’à présent n’aurait jamais soupçonné cela en elle. Probablement encore l’une de ces femmes au sang-pur dont le mari aux faux airs aristocrates ne s’en occupe pas à sa juste valeur.

    Plutôt ironique d’avoir vécu ce genre d’aventure précisément aujourd’hui. A peine Rain ait eu le temps d’arranger un peu mieux son bureau suite au passage de la tempête Sophia, que la secrétaire personnelle de l’ambassadrice lui envoya un message à l’interphone magique. Il s’agissait d’une réunion d’urgence au département des relations au monde moldu, à laquelle les diplomates américains étaient conviés pour gérer cette crise en coopération avec les responsables des relations avec le monde moldu. Une affaire qui aurait pu être intéressante si elle n’avait pas concerné les Non-Maj. Depuis la révélation d’un groupuscule extrémiste responsable de l’attentat qui avait emporté les Chefs de Myrdinn, Rain était très réticente envers toutes les missions concernant le monde moldu. Elle n’était guère du genre à les mettre tous dans le même panier, mais les relations devenaient de plus en plus tendues, et donc plus difficiles à gérer. Godwin, qui d’ordinaire ne se laissait pas envahir par une émotion vengeresse, pourrait possiblement basculer si les relations ne s’amélioraient pas.

    Elle prit ainsi une longue inspiration et afficha son plus beau sourire. Enfin, façon de parler, elle attrapa de quoi prendre des notes et rejoignit alors ses collègues diplomates au département des relations au monde moldu. Sur place, Rain salua cordialement et brièvement les membres du département. Elle n’était pas très loquace d’ordinaire, faisant toujours preuve du plus grand sérieux lorsqu’il s’agissait de son travail.
    Tout le monde entra en salle de réunion et chacun prit place où bon lui semblait. L’ambassadrice s’installa devant au premier rang, comme à son habitude. Aussitôt assise, elle plongea le nez dans sa paperasse. En attendant l’arrivée du ministre chargé de leur dévoiler l’affaire, Rain n’avait pas l’intention de se tourner les pouces et de parler de la pluie et du beau temps avec les collègues. Devoir être agréable et hypocrite avec eux au quotidien était déjà suffisamment prenant. Toutefois, ils n’étaient certainement pas tous pareils et la brunette se laissait, à ceux qui faisaient preuve de courtoisie, le bénéfice du doute.

    C’était le cas par exemple envers ce cher Blackthorn, qui venait de prendre place à côté d’elle. L’un des responsables du département des relations au monde moldu, de quelques années plus jeune mais avec qui l’ambassadrice entretenait des relations cordiales depuis un moment déjà. Elle n’avait pourtant éprouvé aucune honte et aucun regret à avoir accueilli la femme de Blackthorn dans son intimité, pour un moment de douceur que visiblement elle n’avait guère eu l’habitude de vivre avec son mari. Dommage qu’elle s’en soit allée, elle était d’une très agréable compagnie. En un sens, elle lui rappelait Sophia Davies.
    Toujours est-il que depuis ce léger dérapage, Rain avait tenu à dorer sa réputation aux yeux de Blackthorn. Au moins, il pouvait également comprendre ce qu’elle subissait parfois. Il n’était guère apprécié par tout le monde non plus. Et jusqu’ici, leur relation restait cordiale. Si bien que la brune releva les yeux vers Jessen lorsqu’il s’installa près d’elle, lui adressant un sourire. Elle s’était de toute manière attendue à le croiser à cette réunion.

    « Bonjour Monsieur Blackthorn. J’imagine que vous n’avez guère plus d’informations que moi sur cette affaire. »

    Pourquoi pas après tout ? L’affaire touchait principalement son département. Cela méritait bien une petite question réthorique.
    Les jambes croisées sur sa chaise, Rain commençait à s’impatienter que cette réunion ne démarre pas, faute de ministre arrivé. En signe d’agacement, elle tapa légèrement du pied en soupirant.

    « Pour qui se prend-il d’oser nous faire attendre... »

    Comme si tout le monde n’avait que ça à faire. Dans le cas de L’ambassadrice, elle avait encore plusieurs dossiers à clôturer et d’autres à traiter. Blackthorn paraissait plus calme. Mais elle s’attarda sur un détail qui la faisait tiquer un tant soit peu. Elle haussa un sourcil et interpella son collègue.

    « Permettez-moi de vous dire que vous avez un...Enfin, là. »

    Peu importe que ce soit une poussière ou autre chose, Rain fit simplement un rapide geste au niveau de sa tête, se permettant d’épousseter le crâne de Jessen.

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Rain M. Godwin
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Rain M. Godwin
Mer 21 Avr 2021 - 23:45
Depuis combien de temps n’avaient-ils pas été confrontés à une situation de ce type ? Téléphone à l’oreille, patronus envoyés, Jessen quittait les lieux d’une toute autre intervention, estimant qu’il ne pourrait jamais être respecté et écouté s’il n’était pas sur le terrain. Ayant grimpé les échelons, le sous-directeur connaissait bien des postes qui étaient à présent ses subordonnés, mais même dans le monde de la magie, les conditions de travail évoluent, et les souvenirs s’estompent. Si bien des hauts cadres ne l’appréciaient pas plus que son ministre ou son directeur, il était pourtant écouté, entendu par beaucoup. D’autant plus lorsqu’ils appartenaient au bas de l’échelle. « Attend j’te reprends après la réunion, on m’appelle en urgence. » Lâchant la zone, Jessen disparaissait pour apparaitre dans son bureau où, déjà, une lettre l’attendait, débitant son message d’une voix vibrante. Une certaine forme d’agression, rapidement endiguée, qu’il attribuait sans aucun problème à l’angoisse palpitant dans la voix de son chef. Son téléphone n’affichait plus qu’un écran grésillant lorsqu’il le rangeait dans sa poche.

« Quand tu détestes tes propres propositions de lois.. »
« Vous m’avez parlé monsieur Blackhorn ? »
« Pas du tout Abigail, je râle tout seul. J’aurais besoin de contacter Griffin après la réunion, vous pouvez m’organiser ça ? Merci. »
« Evidemment, vous êtes au courant. »
« Tu en doutais ? »
« Je me demande juste parfois à quoi je sers quand vous faites ça. »
« A contacter Griffin. »
« C’est ça.. »
« Quoi ? Tu veux le couplet du ‘je serais perdu sans vous’ ? Je serais perdu, dévasté, absolument paumé »
« Non mais… »
« Déphasé ? »
« Vous.. »
« Détruit ? »
« Non mais arrêtez ! »
« Véritablement ruinez. »
« Oh merde, là, voilà ! »

C’était  avec un rire amusé qu’il balançait sa veste sur son bureau, faisant un signe à la chienne qui s’était assise en l’attendant et qui lui embrayait le pas dès qu’il sortait des lieux, avalant les couloirs qui l’amenait dans les niveaux supérieurs jusqu’à la grande salle de réunion où il était attendu. Ici, les murs étaient hauts et les visages graves. Et surtout, il manquait ses chefs. Le directeur autant que le ministre. D’un geste, il indiquait à Bliss de rester assise au bout de la rangée et celle-ci était déjà allongée en dehors du passage lorsqu’il prenait place aux côtés de Rain Godwin qui, déjà, l’interpellait.

« Bonjour Monsieur Blackthorn. J’imagine que vous n’avez guère plus d’informations que moi sur cette affaire. »

C’était avec un petit souffle amusé qu’il répondait, son regard rieur se posant sur Rain.

« Ça, ce serait bien mal me connaître. »

Partout, Blackthorn était partout et ce depuis des années maintenant. C’était bien là ce qui lui avait permis de grimper brusquement en grade dès son arrivée au sein de ce ministère à la sortie de Poudlard. Relégué au rang le plus bas des employés, Jessen s’était montré efficace, particulièrement bon, ayant toujours un coup d’avance, un œil partout. C’était ainsi qu’il était monté, ainsi qu’il avait dépassé le grade de son père et ce, bien avant d’appartenir aux Supérieurs. Pas de piston pour lui, loin de là. Mais s’il y avait bien un département oublié des sangs purs, c’était bien celui-là. Ainsi, il restait à présent, et de loin, le plus gangréné par les pro-moldus, du ministère. Ce n’était pas pour rien qu’il l’avait choisi depuis ses jeunes années. Les sangs purs faisaient une erreur en en sous-estimant l’impact, comme bien souvent lorsqu’il s’agissait des moldus. Jessen était donc à l’endroit exact où il estimait pouvoir faire changer au mieux les choses.

« Pour qui se prend-il d’oser nous faire attendre... »
« Pour le roi du tuning moldu ? »

Le ministre, droit et solide pourtant, était bien englué dans les proportions que prenait soudainement son rôle. Ce n’était pas un mauvais professionnel, loin de là, totalement dévoué à sa mission, il s’acharnait à faire du mieux qu’il pouvait mais à présent, son métier semblait changer de plus en plus avec les récents évènements et aussi investi soit-il, l’homme ne suivait pas, c’était aussi bête que ça. Et le directeur du département ? Cet homme était un mou. Et cet homme venait d’ailleurs d’arriver, rougeaud de sa course autant que de la pression qui embrouillait son esprit, Jessen le devinait d’ici. Se penchant après une hésitation vers le directeur de la justice magique, le directeur du département moldu relevait un instant le regard vers la foule qui l’observait, sans songer à soigner son entrée ou à saluer qui que ce soit. Par messes basses, il échangeait alors avec le directeur de la justice magique, semblant se recroqueviller à mesure que celui-ci parlait. Bientôt rejoint par le ministre de la coopération magique internationale. Il restait deux ministres qui n’appartenaient ni aux supérieurs ni à leurs partisans : celui-ci… et l’éternel absent.

Détachant un instant son regard de l’attroupement, Jessen n’avait pas tardé à froncer les sourcils, découvrant une Rain très absorbée par le haut de son crâne vers lequel il ne pouvait s’empêcher de jeter un regard inutile.

« Euh… »
« Permettez-moi de vous dire que vous avez un...Enfin, là. »

Et déjà, elle tendait la main pour l’épousseter, un tel comportement tranchant tellement avec son sérieux habituel, sans compter l’ambiance tendue des lieux que Jessen ne pouvait s’empêcher de lâcher un petit rire amusé, lorsqu’elle baissait de nouveau le bras.

« Godwin, officiellement et mondialement connue comme étant celle qui m’aura lustré le crâne en pleine réunion. Ca change des titres ronflants du ministère ! »

A son tour, plus par réflexe qu’autre chose, il passait sa paume sur le haut de son crâne. « Cela dit, la réunion n’ayant pas commencé, ça perd un peu de son audace, je propose de recommencer lorsque notre cher ministre daignera faire acte de présence. Enfin le mien, les autres étant à priori plus ponctuels… »

Critique, il tournait le regard vers l’attroupement des ministres et directeur, croisait le regard d’un général des Supérieurs sans sembler avoir la moindre connivence avec cet homme, attentif à garder son rôle intact. Puis, c’était le regard du ministre de la coopération qu’il croisait, puis celui de la Justice, un général Supérieur et enfin, son directeur. Tous avaient accroché son regard un instant, semblant lui demander d’un coup d’œil où se situait le ministre de son département.

Haussant les épaules en silence, paumes se tournant vers le ciel, Jessen signifiait qu’il n’en savait pas plus. Après un regard vers la porte d’entrée, il revenait à Rain.

« Il y a eu une fusillade dans l’Utah. Le ministre n’en a encore informé personne ? »

Jessen se rendait compte qu’il était sans doute le seul à avoir été contacté avant ses propres supérieurs… par les personnes directement concernées, une preuve non seulement de la qualité de son travail mais aussi des relations entretenues jusqu’à l’international.
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Jessen Tadeus Blackthorn
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Jessen Tadeus Blackthorn
Sam 1 Mai 2021 - 22:12
Mardi 24 Mai






Ministère de la Magie






    Un message reçu furtivement peu de temps avant que la réunion ne commence, l’ambassadrice du MACUSA jette un rapide regard à son téléphone mais ne prend guère le temps de répondre. Cette charmante Sophia n’a pas l’air d’avoir bien saisi les règles du jeu, alors Godwin se ferait un plaisir de les lui rappeler en refusant catégoriquement de répondre. Envoyer ça pendant le service était le meilleur moyen de se faire prendre. Rain tenait à sa réputation au Ministère comme à la prunelle de ses yeux et n’y tenait absolument pas. Jusqu’à maintenant elle avait su garder les plus sombres secrets à l’insu de ses collègues Supérieurs. Ce n’était pas cette Sophia qui allait venir tout gâcher, aussi sexy soit-elle.

    L’ambassadrice avait donc pris soin de supprimer ce message avant d’entrer en salle de réunion et d’être rejoint par Blackthorn. Un sourire aux lèvres, elle avait commencé par le saluer avant de lui demander implicitement si par hasard il n’avait pas eu vent du motif de cette réunion. Ce à quoi bien évidemment il ne répondit pas tout de suite, se plaisant visiblement à faire languir la brunette, qui se contenta de lâcher un léger rire. Dissimulant ainsi son agacement. Mais elle ne détestait pas Tadeus pour autant, il lui inspirait même de la sympathie aussi étonnant que cela puisse paraître. Tandis que Godwin manifestait son impatience à l’égard du ministre tant attendu pour débuter la réunion, Blackthorn le qualifia de roi de tuning, un terme qui était inconnu au vocabulaire de l’ambassadrice distinguée. Elle qui pourtant fréquentait les non-maj relativement souvent, ignorait la signification de ce mot. Elle se contenta pour le moment d’acquiescer, mais la poussière sur le crâne de son collègue avait d’avantage attirée son attention.
    Alors oui, c’était bizarre d’avoir ainsi épousseté le crâne de Tadeus, mais c’était aussi malaisant d’être assise à côté de quelqu’un qui avait de la poussière sur la tête. Loin de le mettre mal à l’aise ou de le choquer, Blackthorn réagit plutôt avec humour. Ce qui amusa à son tour la brunette, lorsqu’elle reçut le titre gratifiant de lustreuse de crânes en pleine réunion. Au moins, cela lui changeait de la mégère hautaine et méprisante qui se pensait au-dessus de tout le monde. Elle esquissa un sourire faussement fier.

    « Dois-je prendre cela pour un titre honorifique ? Ce ne serait pas le premier...ni le dernier, j’espère. »

    Un peu d’humour n’a jamais fait de mal, comme quoi il était possible d’arracher un sourire détendu à Rain Godwin au travail. Effectivement, il ne manquait plus que le ministre des relations au monde moldu, le supérieur de Blackthorn, qui se faisait attendre. Ce dernier proposa à Rain de recommencer son lustrage de crâne en présence du ministre, ce jeune Tadeus avait un petit air taquin, un jeu auquel l’ambassadrice ne souhaitait pas particulièrement participer. Elle retrouva ainsi son air sérieux et secoua légèrement la tête.

    « Je préférais que cela reste entre nous. »

    Et puis ce n’était pas non plus quelque chose d’extraordinaire. Après avoir tenté de faire un brin d’humour avec la brune, Blackthorn finit enfin par lâcher l’information du pourquoi de la réunion. Une fusillade dans l’Utah, donc. Le ministre n’en avait en effet averti personne au bureau de la diplomatie.
    Rain soupira sans retenue, fortement agacée. Elle se voyait déjà aller faire des pieds et des mains auprès du sénateur d’État moldu pour tenter une nouvelle fois de les convaincre d’abandonner leurs armes. Sans succès, ces non-Maj campagnards y étaient farouchement toujours aussi opposés.

    « Encore... » Bien sûr, ce n’est malheureusement pas quelque chose d’exceptionnel aux États-Unis. « Ces non-Maj américains sont vraiment... »

    Stupides. Ignares. Incultes. Méprisables. Bref, tant de noms d’oiseaux que Rain aurait voulu utiliser pour les qualifier. Mais elle n’était pas là pour déverser son exaspération et tenait à garder un minimum de retenue.

    « Bon, et bien, des sorciers ont-ils été impliqués ? »

    Très certainement, sinon ils ne seraient pas là. L’ambassadrice attendait d’en savoir plus, afin de savoir dans quelle mesure leurs condisciples y étaient impliqués. En attendant l’arrivée du ministre, il restait tout de même une interrogation de tout à l’heure qui la taraudait. Elle se pencha alors un peu plus près de Blackthorn, ne souhaitant pas être entendue.

    « Au fait, qu’est-ce que c’est le « tuning » ? »

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Rain M. Godwin
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Rain M. Godwin
Jeu 6 Mai 2021 - 0:55
Jessen les observaient du coin de l’œil, s’agiter, échanger. Tout en discutant avec Rain, il cherchait à capter les inflexions de voix, les froncements de sourcils, les tensions des muscles et les vibrations des doigts, des paumes. Les signes de nervosité comme de certitudes, de colère, de rancœur. Il observait de loin les Supérieurs agir, se positionner, ne semblant pas plus intéressé par eux que par les autres, il y avait quelque chose d’amusant à savoir que certains étaient sous ses ordres au sein de la Cause, mais qu’il se devait d’être leur employé ici, sur ce terrain. Et pourtant, même ailleurs, il restait bien des tensions, des volontés de l’écraser, lui, le fils de traitres. Un statut de dangers incessant, de batailles de chaque instant qui l’amusait beaucoup.

« Dois-je prendre cela pour un titre honorifique ? Ce ne serait pas le premier...ni le dernier, j’espère. »
« Oh si je peux faire plaisir, considérons que c’est le cas. Ça mérite au moins une certaine reconnaissance pour l’audace ! »

Peut-être était-ce justement car sa vie était faite de batailles qu’il savait lesquelles demandaient de l’énergie et lesquelles n’en étaient pas. Pour des histoires d’égo, il voyait si souvent bien des Hommes se pourfendre en coups vains, s’agitant dans le vide comme des enfants surexcités de voir leur petite personne ébranlée. Les hommes étaient les pires à ce jeu-là, à se débattre comme des pucelles outrées lorsqu’on touchait à leur sacro-sainte virilité.

« Je préférais que cela reste entre nous. »
« Ah ! Audacieuse, mais en privé, c’est noté ! »

Pas de sous-entendus douteux (ou à peine), seulement de l’amusement sans que celui-ci ne se transforme en réelle moquerie. Il ne la cherchait pas, notait réellement de l’audace dans sa façon d’être, appréciait cette façon tranchée d’être, de ne pas faire dans la dentelle, d’agir plutôt que de tourner autour du pot et de poser un cadre à tout moment, restant maîtresse d’elle-même et des autres quelque soit la situation. En parlant de maîtrise, Jessen lui apportait des éléments de réponse concernant la situation actuelle, l’éclairant sur les derniers évènements puisque personne n’avait jugé bon de le faire. Lui-même n’était sans doute pas censé être au courant mais comme toujours, il contournait la hiérarchie, s’étant fait une place de confiance auprès de ses collaborateurs. Alors c’était lui qu’on contactait bien souvent en premier lieu, c’était aussi simple que ça. Lui qui était présent sur place et toujours à l’heure, également… Un détail qu’il notait avec l’agacement de celui qui fait bien son travail et voit un supérieur bien moins dégourdi s’empêtrer dans ses lacunes.

« Encore... » « Eh oui… » « Ces non-Maj américains sont vraiment... »
Rien qu’un sourire sur ses lèvres, Jessen ne terminait pas sa phrase à sa place, se contentant d’un regard perçant dans ses prunelles. Un rien de connivence, de validation muette. Un rien de cette compréhension sourde de l’agacement qu’il partageait.
« Bon, et bien, des sorciers ont-ils été impliqués ? »
« Evidemment oui. Trois morts et un blessé de chez nous. Aucun moldu. » Il l’informait de la nouvelle sur un ton marqué sans être affecté, identifiant les faits avant toute chose. « Et vous incarnez le lien avec le MACUSA, je trouve déplacé que vous n’en soyez pas la première informée. Vous devriez être là, en bas avec eux. »

Et je devrais l’être aussi si je fais mon job ainsi que celui du ministre, d’ailleurs. Le sous-texte n’était pas le bon. Trop repliée sur elle-même, la société sang pure anglaise avait tendance à se centrer sur ses propres intérêts et s’ils ne tarderaient pas à faire intervenir Godwin, l’intégrant bien évidemment à la discussion, il l’espérait, le message ne lui plaisait pas. Ni même toutes les discussions de ses contemporains.

« Au fait, qu’est-ce que c’est le « tuning » ? »

Retour à la réalité. Un instant, il l’avait fixée sans comprendre avant de faire le lien avec ce qu’il avait pu dire plus tôt.

« Oh ! C’est la personnalisation de véhicules, de voitures. Pour leur apparence ou leurs performances, d’une manière très générale. Le ministre étant un grand fan des moyens de locomotions moldus, je sais qu’il a sa petite collection un peu améliorée. D’où le tuning. »

Eh oui, sa connaissance du monde moldu en agaçait profondément beaucoup, le rejetant d’office au rang de traitre. Pour d’autres, ces connaissances rassuraient, il semblait un îlot tranquille face aux idées extrémistes arrêtées et revendiquées de certains hauts fonctionnaires. Ainsi, on parlait plus facilement avec lui. Ceux-là l’écoutait également davantage. Sa position était donc trouble, nuancée, volontairement composite. Souvent, ses interlocuteurs trouvaient dans ses dires ce qu’ils voulaient entendre. Après tout, les gens croient ce qu’ils désirent entendre ou ce qu’ils redoutent être la vérité. C’était sur ces faits que Jessen s’appuyait.

« Sérieusement, il abuse. » Un regard vers son chef qui ne levait pas les yeux, pointant un document, y faisant référence dans une discussion manifestement animé.

« Bliss ! »

D’un sifflement discret entre ses dents, la chienne immobile à l’entrée de la pièce se redressait sans se lever, plantant son regard dans celui de son maître, captant les mouvements de ses lèvres qui se mouvaient en silence. Et déjà, la chienne sautait sur ses jambes, disparaissant par la porte ouverte.

« Peut-être a-t-il besoin d’aide… »

Oui, il pourrait être blessé. Ou avoir besoin d’un sérieux coup de pied au cul.
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Jessen Tadeus Blackthorn
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Mer 12 Mai 2021 - 23:42
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Ministère de la Magie







    Les derniers retardataires prenaient place dans la salle, tandis que Rain discutait avec son collègue concerné par la raison de cette réunion, encore un peu surpris du geste si peu commun de l’ambassadrice, aussi avait-elle préféré en rire. Avec distinction bien sûr, il n’y avait pas là de quoi s’esclaffer et d’en parler pendant toute une journée. Jessen ne lui reconnaissait que son audace, qui n’en était pas vraiment, Rain répliqua simplement avec un léger rire. Elle avait signifié à son collègue son souhait de garder ça entre eux, ce à quoi il eut une réflexion on ne peut plus tendancieuse. Godwin, qui jusqu’ici était restée ouverte à la plaisanterie, ne souriait plus du tout. Elle ignora superbement cette remarque, songeant que Blackthorn était simplement comme tous les autres hommes au sang-pur hauts placés : du type armoire à glace, bourru, persuadé que leurs allusions machistes plaisaient alors que c’était l’exact opposé.

    Rain n’en tiendrait pas rigueur concernant Jessen, elle ne désirait pas se le mettre à dos, se contenter de ne pas répondre en disait long, sans avoir besoin de rentrer dans la provocation. Cela ne l’empêcha d’ailleurs pas d’interroger Blackthorn sur les raisons de leur présence ici. Une fusillade, donc. Étonnant venant des États-Unis et leur attachement incompréhensible aux armes à feu. Un attentat commis par des Non-maj, très certainement, contre des sorciers. L’ambassadrice s’était bien gardée de dévoiler à Jessen son point de vue, bien que pour une fois elle n’était pas obligée de mentir sur ses opinions. Ce serait un comble qu’on la prenne pour une Supérieure extrémiste, à présent. Bien que la réunion n’avait pas encore commencé, Rain prit la disposition de prendre ces quelques notes. Jessen ne comprenait pas pourquoi l’ambassadrice n’avait pas été tenue au courant de cette histoire avant lui, ni même ce qu’elle là au lieu d’être en présence des ministres. Elle releva alors les yeux vers son collègue, à qui elle répondit en le prenant légèrement de haut.

    « Tant que le Ministre n’aura pas jugé pertinent de me confier la mission diplomatique concernant cette affaire, je n’ai aucune raison d’interférer ou d’être tenue au courant immédiatement. »

    Droite, fière sur sa chaise, Godwin ne put empêcher son petit air hautain de venir s’installer machinalement lorsqu’elle parlait de son travail. Blackthorn pourra remarquer qu’elle était bien dans son rôle de subordonnée au Gouvernement et qu’elle était donc bien obéissante. En apparence, du moins. Tout ça pour dire que, même si c’était agaçant de ne pas être au courant tout de suite, Rain ne trouvait pas cela anormal, hélas.

    Vint ensuite la plus que passionnante conversation au sujet du « tuning ». Avide de curiosité, l’ambassadrice avait souhaité se renseigner sur un sujet dont elle n’avait jamais entendu parler, mais contrairement aux tatouages, ce nouveau domaine ne l’intéressa guère. Ce n’était pas étonnant que Jessen s’y connaisse. Rain quant à elle n’avait jamais eu un quelconque intérêt pour ce moyen de locomotion moldu, même si elle savait qu’aux États-Unis c’était toute une institution pour les Non-Maj. Cela ne l’entonna guère non plus venant du Ministre. Comme si ces hommes avaient besoin de prouver quelque chose en ayant la plus grosse et la plus chère voiture possible...Blackthorn aussi d’ailleurs avait la carrure pour s’intéresser à ce genre de hobby.
    Elle haussa un sourcil, peu convaincue de l’intérêt du tuning.

    « Ah...Ça a l’air passionnant... »

    Elle n’en pensait pas un mot. Condescendante ? Certainement.

    En attendant, leurs autres collègues commençaient vraiment à s’impatienter de l’absence de leur ministre, tout comme Jessen d’ailleurs. Celui-ci ne tarda pas à prendre les choses en main, il appela sa chienne qui se tenait à l’entrée de la pièce. Rain n’appréciait pas spécialement les chiens, ces créatures bien trop fidèles pour être intelligentes, et se contenta de la regarder aux côtés de son Maître. L’animal ne tarda pas à disparaître, sûrement envoyée pour aller voir ce que fabriquait le Ministre. L’ambassadrice acquiesça à la démarche de son collègue, et eut alors une idée. Un brin de sourire malicieux au coin des lèvres, elle lança à l’adresse de Jessen :

    « En attendant, puisque vous connaissez les raisons de notre présence ici, pourquoi ne pas commencer la réunion vous-même ? »

    Et elle avait prononcé ces mots suffisamment fort pour être entendue par les collègues autour d’eux, dont certains commençaient d’ores et déjà à se retourner vers Blackthorn et Rain.

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Rain M. Godwin
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Ven 28 Mai 2021 - 21:53
Il y avait quelque chose d’amusant à voir la façon dont il pouvait être perçu par les uns et les autres. Le général, l’homme bien avant lui voyait bien le repli immédiat que sa collègue effectuait à ses quelques mots. Une allusion ? Un double sens ? Pas réellement bien que l’ironie méritait d’être notée, il n’y avait strictement rien là-dessous. Ni sous-entendu, ni insinuation et certainement aucune volonté de s’engager sur une voie glissante avec qui que ce soit. Enfin, si, mais clairement pas Rain. Elle, en revanche, il cherchait à l’éloigner de son esprit, à l’empêcher de s’infiltrer, si additive et fascinante qu’elle l’empêchait parfois de penser. Or le boulot, la Cause, l’avenir de leur monde devait rester la priorité. Alors il bloquait, conscient que la moindre faille laisserait rentrer la déferlante Carraway.
Amusant ce qu’on pouvait projeter sur lui. Les idées qu’il inspirait, les propos qu’on lui prêtait. Personne ici ne le connaissait, ne savait le cerner et bien souvent, ce qui ressurgissait l’amusait profondément. Ici, du sexisme sans doute. Une certaine hypocrisie, d’ailleurs, de la part de celle qui se prêtait à des ébats avec une collègue quelques instants plus tôt mais ça, il n’en savait évidemment rien. Pas plus qu’il ne cherchait à se faire apprécier, d’ailleurs.

« Tant que le Ministre n’aura pas jugé pertinent de me confier la mission diplomatique concernant cette affaire, je n’ai aucune raison d’interférer ou d’être tenue au courant immédiatement. »

Ouh, la belle réponse passive agressive avec un brin d’arrogance pour souligner le tout. De quoi agacer qui prendrait les choses à cœur et n’assumerait pas ses opinions. Jessen, lui, se contentait de sourire à la pique masquée. La volonté de ne rien outrepasser, de rester parfaitement à sa place et de n’en montrer aucune frustration alors même qu’il l’avait vue tiquer sur le fait de ne pas être au courant des tenants de cette réunion l’amusait, oui, mais il ne commenterait pas plus que ça. Pour ce qui était de lui confier la mission… étant la seule représentante américaine ici présente, c’était pourtant elle qui faisait le lien entre les deux pays et qui personnifiait sa nation, il apparaissait donc une incohérence au fait qu’elle ne soit pas déjà incluse dans les conversations hâtives des hommes qui discutaient en bas par messes basses. Ou bien était-ce parce qu’elle était une femme, justement, qu’ils ne songeaient pas à l’inclure immédiatement ? La question avait le mérite de se poser au vu de l’afflux de testostérone des personnes réunies en bas. Obéissante donc, véritable petit soldat.

« Bien madame. »

Pas de jugement dans sa voix, ni dans son regard, juste une légère touche d’amusement qu’il ne cherchait pas à contenir. Cette façon de monter sur ses grands chevaux à l’évocation de son travail, si commune aux grades qui étaient les leurs, il la connaissait bien. Elle pouvait être agaçante quand elle concernait les incapables, mais il savait comme Godwin n’était pas de ceux-là. Si elle était fière de son poste, ça n’était pas sans mérite.

Il n’avait pas tardé à répondre à l’une de ses questions, expliquant l’un des hobbies du ministre, très moldu, à savoir : le tunning. Le genre de choses dont l’intérêt lui échappait totalement mais qu’il se devait de connaître au vu de son poste. Il y avait des activités moldues bien plus intéressantes, c’était certain. Mais ça… non, vraiment, il ne voyait pas.

« Ah...Ça a l’air passionnant... »
« Hm… » Pas sûr. « Rarement vu un truc aussi chiant. »

Le vocabulaire tranchait clairement avec le lieu et le personnage, Jessen en jouant pour ajouter une certaine dose d’humour dans sa réponse. On aurait attendu de l’hypocrisie de sa part, de la modération, comme ce que faisait Rain. Il prenait pourtant le contre-pied de ce qui était prévisible. Être « là où on ne l’attendait pas » était devenu une pratique courante pour le général qui ne se rendait même pas toujours compte de l’écart qu’il y avait régulièrement entre son comportement et les attendus de ses contemporains.

Envoyer sa chienne en repérage faisait sans doute partie de ces moments. Pourtant, ceux qui travaillaient avec lui en étaient habitués et ne réagissaient plus, esquissant seulement un sourire en sentant l’agacement latent de celui qui était pour beaucoup leur supérieur. Mais le sourire de Rain n’était pas entendu. Elle se moquait bien de ce que la chienne faisait, mais surtout de sa présence… pourtant il y avait de la malice dans ce petit rictus qui brillait jusque dans ses yeux sombres. Un léger froncement de sourcils, curieux, se dessinait sur le visage du sous-directeur alors même que l’ambassadrice reprenait la parole.

« En attendant, puisque vous connaissez les raisons de notre présence ici, pourquoi ne pas commencer la réunion vous-même ? »

Ouh la vilaine !

Un sourire amusé flottait un instant sur ses lèvres avant de répondre. « Tant que le Ministre n’aura pas jugé pertinent de me permettre d’intervenir, je n’ai aucune raison d’interférer. » L’amusement, pas la moquerie. Un simple fait miroir, un parallèle qu’il posait simplement, sans jugement, avant de répondre à sa manière, plus posée, moins pompeuse, sans doute. « Je ne m’imposerait pas, ce serait idiot et présomptueux de ma part. Pas sans un accord évident du moins. Leur position est assez délicate pour que j’en rajoute. » Pas de rébellion puérile pour lui. Il n’en avait pas besoin, n’outrepasserait pas son rôle... il prendrait leur place bien assez tôt sans ça. Sans violence ni indécence, Jessen savait trop bien se placer pour agir de la même façon avec n’importe qui.
Parfaitement conscient de l’attention qui s’était portée sur eux, le sorcier ne se laissait pas démonter, ne s’engageait pas sur la pente glissante, quitte à ce qu’il y ait de la couardise de décelée dans son attitude. Pourtant la réalité était si éloignée de ça.
La réalité… c’était qu’il n’avait pas besoin de s’affirmer avec autant de finesse qu’un boulet de canon dans la devanture d’un salon de porcelaine. Moins bourru que son physique le laissait penser, Jessen ne jouait à ce jeu qu’à d’infimes occasions, se montrant alors infiniment plus dominateur qu’on l’attendrait alors. Non, il ne jouerait pas au jeu de la force et de la fourberie.

On le lui demanderait.

Bliss revenait soudainement, trottant devant le ministre devant qui elle s’effaçait dès sont entrée dans la pièce. Ministre qui la grattait distraitement en serrant un dossier dans ses mains sans doute moites. Le regard était affirmé, pourtant, mais on devinait la fatigue dans ses traits tendus, l’appréhension qu’il ne cachait qu’à grand peine. Déjà assise dans un coin de la pièce, hors du passage, la chienne s’effaçait, vérifiant d’un regard que son comportement était adapté aux attentes de son maître, trop rodée pour mal agir. Et le maitre, lui, avait fait comme les autres fonctionnaires des lieux : l’attention happée par le retardataire, il l’observait échanger quelques mots avec les autres dirigeants. Peut-être était-il le seul à le capter, mais il voyait les épaules de son supérieur s’affaisser légèrement quand un autre ministre s’adressait à lui. Un général Supérieur, imposant, froid, dangereux. Instinctivement, son chef le savait. Et il y avait là quelque chose d’affreusement amusant quand, quelques minutes plus tard, la salle devenue muette, attendant sa première prise de parole, il accrochait un instant le regard de Jessen.

Détresse. Voilà le seul mot qui s’érigeait dans ces prunelles. Ce type était mort de trouille de se faire bouffer par les anti-moldus autour de lui. Ceux qui voudraient se servir de l’évènement pour monter le monde magique contre eux… et il s’adressait précisément à celui qui œuvrait dans ce sens. Celui si proche de lui qu’il n’en avait pas la moindre idée. Celui qui s’amusait de voir cet homme engagé dans le chemin précis qu’il avait tracé pour lui.

Alors la réunion commençait, l’homme se perdait dans des préambules à n’en plus finir, enrobait le sujet de coton sans jamais arriver aux faits… Alors le ton montait avec le ministre qui lui faisait si peur, bien autant que dans les tribunes où les autres fonctionnaires marmonnaient, de plus en plus fort, faisant monter encore d’un cran la tension évidente du ministre du département de lien au monde moldu. Un regard vers le directeur qui fixait ses pieds, puis la table, puis ses papiers. Et un regard vers lui, perçant la foule, droit vers Blackthorn.

Tu vois. Pas besoin de s’imposer. Ils finissent toujours par demander.

Jessen n’avait pourtant pas même fait un regard vers Rain pour sous-entendre un « je vous l’avais dit ». Non, il s’était contenté d’un : « Panique pas mon chat j’arrive. » à voix basse au même instant où son collègue Supérieur, bien plus affirmé dans ses positions, invectivait le ministre. Et ce fut un regard froid, dur qu’il posait sur Jessen alors que celui-ci se levait, plaçant calmement la veste moldue qui était remontée lors du mouvement. Un geste simple, furtif qui n’avait pas vocation à être théatral. Pourtant, autour de lui, certains s’étaient tus. Et déjà, il descendait les marches, rejoignant les autres au centre de la pièce. D’un grade clairement inférieur, lorsqu’il prit la parole, tous l’écoutèrent pourtant.

Loin de faire l’unanimité, certains s’étaient permis quelques claquements de langue agacés, des yeux levés au ciel. Des signes de rejet évident. Et pourtant, ils écoutaient…. Bien plus que lorsque le ministre le faisait. Peu à peu, bataille après bataille, il réussirait à placer les pions là où il le souhaitait, avec finesse, sans braquer les plus faibles. Et sans même qu’ils ne s’en rendent compte, les lois seraient passées et le monde sorcier retrouverait sa liberté.

Sans attendre d’être parfaitement au centre des lieux, Jessen prenait la parole, d’une voix claire, forte, sans hésitation, il dressait les contours de la situation… et les bases d’une réponse pertinente.

« Griffin, le directeur du département US m’a contacté, on a en effet trois morts, appartenant à la même famille, et un blessé. Comme il a été dit, le suspect est arrêté et est d’origine Anglaise, ce qui nous amène ici. J’ai déjà dépêché une brigade d’oubliators sur place pour prêter main forte à nos collègues. Nous sommes confrontés ici à un double problème, à savoir la protection de la population magique et moldue. Le secret du monde magique est fortement ébranlé et nous ne pouvons laisser se développer ce type de comportement sinon nous allons à la catastrophe, en ça je rejoins totalement mon collègue. Néanmoins la situation est délicate, il faut absolument comprendre ses motivations et l’origine de son comportement. Cet homme est originaire de notre patrie, il n’est pas possible de laisser passer de tels agissements car ils témoignent de ce que pourrait devenir notre avenir. Nos deux pays doivent collaborer pour remonter à la source et identifier l’ampleur des dégâts, ce n’est peut-être pas un individu isolé. Nous devons savoir si des mesures immédiates doivent être prises pour protéger la population, notamment dans notre pays. Je suis peut-être alarmiste mais les Amériques ont déjà été marquées par les crises de Salem, il est hors de question que, cette fois, la menace vienne de chez nous. Je propose que le département des accidents et catastrophes magiques permettant la protection et le lien au monde moldus se joigne à la justice magique afin de s’assurer que rien ne nous échappe concernant cet individu. »

Les discussions s’étaient enchaînées ensuite, certains de ses collègues Supérieurs proposant des options parfois trop avant-gardiste, ne cédant pas à la tentation d’échanger certains regards entendus avec lui lorsque l’opinion générale s’associait au minima aux dires de Jessen. La balance pencherait, petit à petit, et le besoin de sécurité global en serait la pierre angulaire.
Conscient que personne n’avait encore réellement cherché à connaître l’opinion des principaux intéressés, à savoir les Etats-Unis, Jessen ne pu s’empêcher de glisser au cours d’une discussion : « Il est en effet essentiel d’affirmer nos liens forts avec nos confrères. Madame Godwin je compte sur vous pour transmettre nos positions au sein du MACUSA. »

Mais alors qu’à son tour, Godwin s’engageait dans la discussion, une autre problématique était à l’œuvre. Une problématique qui leur avait pété à la gueule en plein dans la prise de parole de l’ambassadrice : une beuglante. Balancée là en plein milieu de la réunion et qui s’était mise à hurler d’une voix anormale, modifiée, passant par-dessus tous les autres sons et figeant l’intégralité de l’assistance, y compris lui. Surtout lui.

C’était des échanges de messages. Des putains d’échanges de messages entre une certaine Rain…. Et une certaine Maddison. Maddie. SA Maddie. Des messages qui ne laissaient aucun doute à l’interprétation. Aucune mention de lui, de leur couple, et pourtant les mots, l’excitation qu’ils traduisaient, le percutait comme un carreau d’arbalète en plein thorax.

Des échanges de messages qui se terminaient par un sobre : « Allors, Godwin, elle était bonne la femme du sous-derch’ ? »

Et le sous-directeur, il posait justement sur l’assistance un regard glacial, comme une vague qui vibrait dans l’air sans un son. Derrière lui, l’enveloppe avait prit feu dans un râle étrangement semblable à celui d’un humain à l’agoni, hurlant une seconde le crépitement de sa fin.

Ces mots n’étaient que des sons, un assemblage de longueur d’ondes vibrant dans l’air et venant faire onduler les atomes puis les membranes de ses oreilles, se répercutant dans les nerfs qui apportaient des influx nerveux au cerveau. Il n’y avait là que ça. Des inflexions dans l’air, des vagues légères, indiscernables, futiles même. Rien qui ait le moindre poids, la moindre substance. Et pourtant ces quelques mots devenaient des coups de poings, des lames à trancher ses nerfs, à crisser contre ses cotes dans sa poitrine.

Un instant, Jessen s’était contenter de poser son regard sur Rain, ses yeux perçant captant chaque mouvement, chaque regard, chaque tensions de ses muscles comme s’il pouvait les décrypter et savoir ce qui passait sous sa boite crânienne alors. Et ce moment s’était suspendu, amenant un silence de cathédrale dans la pièce habituellement emplie de cris, de débats houleux, d’argumentaires enflammés. Rien que le silence et en lui, s’inscrivaient des images, absurdes sans doute, instiguées par son imagination, lors desquelles il les imaginait ensembles, comme une enclume lui tombant dans le sternum. Lourd, le souffle l’était bien autant que le regard, que les pensées et un instant encore, tout le monde resta suspendu, comme si le temps se mettait sur pause, personne n’osant être celui qui romprait le silence. Non, pas même le ministre, à ses côtés, un autre général Supérieur qui ne l’appréciait guerre et aurait pu si violemment se servir du moment pour le desservir. Mais même lui n’osait pas s’avancer, trop conscient du danger que serait ce pas en avant. Alors si une voix fut encline à briser le silence, ce fut la sienne. Un ton plus rauque, froide et professionnelle.

« Il est essentiel de commencer par isoler les informations dont nous disposons. Je pense qu’il ne faut pas prendre cette action comme un geste isolé mais comme le symptôme de quelque chose de plus général et dangereux. »

Un instant encore, ils se taisaient tous, n’osaient pas prendre la parole, et le général et sous directeur reprenait une certaine normalité dans ses gestes et ses dires, comme si rien ne s’était passé. Comme s’il ne restait pas dans l’air l’odeur de brûlé caractéristique de l’enveloppe qui avait explosé brusquement.

« Je… pense que nous pouvons ajourner la réunion si besoin monsieur Blackst... »
« Pourquoi ? La vie sexuelle de ma femme, il y a bien six ans est à ce point essentielle pour passer avant des questions de sécurité territoriales ? Ne soyez pas idiot. Il y a quand même mieux à faire à l’heure actuelle que de s’arrêter sur des banalités pareilles. On enchaîne. »

Pas de temps à perdre là-dessus, et certainement pas pour une colère sourde et froide, inutile et déplacée. Maîtrisé, d’apparence calme, Blackstorn avait poursuivi, posant un regard neutre sur Godwin si besoin, n’esquivant pas plus son regard qu’il ne la fixait inutilement.
La réunion s’était alors poursuivie dans un silence pesant, chacun se trouvant moins communicatif qu’en temps normal malgré la neutralité parfaite du principal concerné. Neutre, calme, professionnel et mature, il s’adressait à celle qui se trouvait sur le banc des accusés sans faire de différences, ne soulignait aucune agressivité passive ou active, restait factuel, détaché malgré la situation. Oui, Jessen faisait la part des choses, du moins autant que faire se peut.

Ce n’était qu’à son terme, une fois tous les derniers détails réglés, qu’il avait rejoint Godwin.

« Toi, moi, dans mon bureau. »

Pas de préambule, juste le besoin de démêler tout ça rapidement. D’avoir le fin mot de l’histoire. De savoir, tout simplement. La trahison au sein d’un mariage, celle dont il était pourtant le seul coupable. Mais c’était là, insidieux, douloureux, absurdes émotions, inepte blessure. Comme quoi, rien n’est jamais vraiment simple. Et pourtant, un autre visage s’imposait, un sourire moqueur qui déclenchait tellement plus.
Le trajet s’était fait dans le silence jusqu’à ce qu’il ne referme la porte de son bureau derrière eux, ne se rendant compte qu’à cet instant que sa chienne avait suivi, se glissant dans l’entrebâillement avant qu’il ne les enferme tous les trois ensembles.
Le regard calme, posé sur Rain, se faisait intense sans être agressif, étrangement. Alors, quand l’animal s’allongeait près de son fauteuil vide, Jessen reprit la parole.

« Tu m’expliques ? »

Le ton était neutre, posé, étrangement semblable à un ton de connivence. Affecté, il l’était pourtant.

« Ouais, si elle m’a trompé avec toi, je pense qu’on peut passer au ‘tu’. »

Car non, ce n’était pas une marque de mépris ou d’invective. Juste quelque chose qui lui semblait plus naturel plutôt que de s’enfermer dans quelque chose de pompeux alors qu’on parlait d’elle et Maddie, à poil, en train de gueuler leur plaisir contre les murs sourds.  
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Jessen Tadeus Blackthorn
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Jessen Tadeus Blackthorn
Mer 2 Juin 2021 - 13:35
Mardi 24 Mai






Ministère de la Magie







    Hélas, Blackthorn ne croyait pas si bien dire lorsqu’il avait fait mine d’être surpris, de constater que l’ambassadrice, malgré son statut, n’était pas encore officiellement au courant de l’affaire. C’était souvent comme ça que cela se passait, avec les pontes des affaires étrangères. Milieu majoritairement masculin et traditionnellement machiste, surtout en Angleterre. Voire même dans beaucoup de Ministères européens. Au MACUSA, les relations étaient bien différentes. Mais Rain doutait que son genre était totalement le responsable de sa mise à l’écart, sans doute était-ce surtout à cause de son caractère et sa langue de vipère, qui, bien pendue, en avait fait taire et rabaisser plus d’un. Après tout, elle ne s’était pas imposée dans ce milieu pour rien, tout comme elle n’était pas devenue Ambassadrice du jour au lendemain. Et cela grâce à ses compétences et son intelligence, sans aucune coucherie. Voilà bien une autre raison de sa mise à l’écart, Godwin avait repoussé si souvent et violemment les avances de certains, que ceux-ci en venaient à se demander si elle était bien humaine. Ces bruits de couloir l’avaient beaucoup amusée lorsqu’elle les avait entendus. Mais non Messieurs, tout simplement gay. Étrange que cela ne leur soit pas venu à l’esprit...Malheureusement, cela n’allait pas tarder à se savoir.

    Quoiqu’il en soit, Rain avait préféré sauver un tant soit peu les apparences et couper court à la conversation. Ils en vinrent à parler de « tuning », et alors que l’ambassadrice pensait, d’après la description, que Blackthorn en était adepte, il n’en était rien au final. Ou alors essayait-il de sauver les apparences également. Peu importe. Maintenant que Rain savait de quoi il s’agissait, elle s’en fichait éperdument et ne souhaitait pas perdre de temps en conversation stérile. Elle haussa simplement les épaules et ne répondit pas.
    Malicieuse, elle avait demandé à son collègue du département des relations moldues de commencer la réunion plus tôt, puisqu’il en savait plus qu’elle sur l’affaire. Réplique à laquelle Jessen répondit avec la même tournure phrase qu’elle, quelques instants plus tôt, ce qui eut le don de lui arracher un sourire crispé. Mais un peu amusé tout de même. Aussi, l’ambassadrice acquiesça également en guise de réponse. Blackthorn n’était donc pas aussi présomptueux qu’il en avait l’air. Ceci dit, lors de ce genre de réunion, Rain ne l’était pas non plus. Redoublant toujours d’une prudence extrême dans son travail, elle souhaitait rester la plus discrète et professionnelle que possible. Après, hors réunions, c’était autre chose.

    Enfin, le ministre venait de faire son entrée, guidé à travers la salle par la chienne de Blackthorn, qui revint se coucher tranquillement une fois sa mission accomplie. Ce dernier n’avait pas l’air dans son assiette. Rain avait passé suffisamment de temps à épier les moindres et faits et gestes de son entourage, que certains signes ne trompaient pas. Inutile d’être analyste comportemental pour comprendre que le Ministre craignait une fois de plus de se retrouver face à des généraux suprémacistes. En effet, expliquer les tenants et les aboutissants de cette affaire de sorciers assassinés dans un contexte moldu, face à des anti-moldus, il y avait de quoi appréhender, en particulier compte tenu de la situation actuelle. L’ambassadrice ne pouvait qu’approuver l’attitude du Ministre. En tant que membre de Myrdinn, elle s’exposait depuis des années aux mêmes appréhensions. Même si, avec le temps et l’expérience, ces peurs avaient fini par prendre part à la routine de tous les jours.
    Godwin était donc loin de s’amuser de la posture du Ministre, qui venait de commencer la réunion, passant par plus de Quatre Chemins pour finalement cracher le morceau sur les sorciers assassinés dans l’Utah. Jessen, aux côtés de l’ambassadrice, n’avait comme elle rien dû manqué des messes basses autour d’eux qui se faisaient de plus en plus distinctes. Rarement Rain n’avait senti une telle tension grimper en si peu de temps dans une salle de réunion, la haine anti moldu n’était donc pas seulement supposée, mais bien présente et ancrée. Hélas, la diplomate pouvait comprendre en partie cette haine, non pas qu’elle la partageait loin de là, mais qu’elle exaspération d’apprendre des moldus responsables d’un lâche attentat. Surtout après avoir passé des années à se battre pour eux. Malgré tout, Rain n’abandonnait pas ses principes et continuait d’épier les conversations, tout en restant discrète jusqu’à ce que son tour de prendre la parole ne vienne.

    Pour le moment, c’est Blackthorn qui est appelé à l’aide pour prendre la relève du Ministre. Il en imposait d’avantage, car aussitôt qu’il prit la parole, les messes basses cessèrent. Rain lui reconnaissait bien là sa prestance. Elle prit note du moindre détail évoqué, préparant pendant ce temps son intervention dans sa tête. Difficile de rebondir tout en adoptant une attitude neutre. Pour le moment, c’est ce que le gouvernement américain préconisait, tant Non-maj que sorcier.
    L’intervention de Rain serait courte et concise, toutefois elle était nécessaire. Tandis que les discussions allaient bon train, l’ambassadrice se leva à son tour, face à l’assemblée.

    « Le département de la coopération magique internationale est actuellement en contact avec le Premier Ministre moldu, nous devrions avoir plus d’informations sur les positions du gouvernement sur cette affaire. Je pars pour le MACUSA dans la soirée avec les autres diplomates américains, une conférence de presse se tiendra d’ici la fin de semaine, le temps de l’enquête et des négociations entre nos deux pays. »

    Elle marqua une pause, guettant discrètement certaines réactions, jusqu’ici rien de particulier à signaler.

    « En attendant, nous comptons sur la coopération des départements de justice magique, relations au monde moldu et, je rejoins sur la proposition de notre collègue, celui des accidents et catastrophes magiques. Il est encore trop tôt pour tirer la moindre conclusion, aussi nous appelons à la garantie de la sécurité de nos concitoyens. Sorciers, et moldus inclus. »

    Cette dernière partie de phrase ne plairait pas à tout le monde dans l’assemblée, les messes basses reprenaient de plus belle, Rain imaginait bien les conversations, toutefois elle n’avait pas eu le choix que de rappeler les positions neutres du gouvernement qu’elle représentait.
    Et lorsque l’ambassadrice se rassît pour la suite de la réunion, une bombe explosa au centre de l’assemblée, une beuglante magique venait d’être lancée, sortie de nulle part. Les voix, bien que modifiées, étaient facilement reconnaissables. Rain se figea littéralement sur sa chaise, les yeux écarquillés et la bouche ouverte tant la surprise était de taille. Ses ébats avec Maddison, l’ex femme de Blackthorn, et pourtant vieux de six ans, éclataient aujourd’hui au grand jour, à son plus grand désarroi. La brune chercha par réflexe le regard de Blackthorn, évidemment lui aussi devait être sous le choc, mais étrangement, il n’en laissait rien paraître et continua son discours tout en ignorant superbement les rires et remarques acerbes et moqueuses venant de l’assemblée. L’ambassadrice n’avait pas autant de courage et jugea préférable de baisser la tête. Difficile de passer inaperçue après avoir pris la parole, elle essaya de se concentrer sur les paroles de Blackthorn, mais autour d’elle, des confrères ne se privaient pas pour exprimer leur ressenti sur la question. L’amusement et le dégoût étaient les principales émotions décelées dans les réactions.
    Le Ministre, tout aussi gêné que Blackthorn et Godwin, proposa d’ajourner la réunion, ce que Jessen refusa, prétextant que ce scandale vieux de six ans ne devait pas passer en priorité à côté d’une affaire territoriale. Ainsi, le cours de la réunion reprit, au bout d’un moment les messes basses avaient fini par se calmer. Qu’allait-II se passer maintenant, l’avenir le dira. En attendant, Rain devrait pour commencer affronter Jessen en face à face. Celui-ci, sitôt la réunion terminée, ne tarda pas à sommer la présence de sa collègue dans son bureau. D’une manière froide, mais contrôlée. Pouvait-elle lui en vouloir ? Non. Voilà pourquoi elle ne broncha pas le moins du monde et suivit silencieusement Blackthorn jusqu’à son bureau. En fin de compte, elle préférait être là plutôt que de rester dans la fosse aux serpents.

    À peine entrés dans le bureau, la chienne inclus, le sous directeur des relations moldues entra directement dans le vif du sujet et demanda des explications. Étrangement, Godwin ne décela dans ses yeux aucune colère ou déception. Il était sûrement affecté, mais n’en montrait rien. Rain n’avait aucune raison de lui cacher quoique ce soit, d’autant plus que depuis tout ce temps, il y avait bien prescription. Elle lui répondit alors, tout aussi calmement que lui :

    « Je n’étais pas revenue à Londres depuis plusieurs années, j’étais encore juste diplomate. J’ai rencontré Maddison dans un night club gay, elle disait être ici par simple curiosité... »

    La brunette avala sa salive. Elle n’avait jamais raconté ce genre de chose à qui que ce soit mis à part sa plus proche amie. Elle était toujours restée très discrète sur sa vie privée et ses fréquentations, mais aujourd’hui elle était obligée de rendre des comptes à un simple collègue. Peut-être que sa franchise allait jouer en sa faveur, que Jessen se montrerait compréhensif et sans rancune. Rain enchaîna, donc.

    « Elle me plaisait, alors...Voilà. » Inutile de rentrer dans les détails non plus. « Je savais qu’elle était mariée, mais elle était parfaitement consentante. Et...Elle n’a eu aucun regret, alors je me suis dis que son mariage battait de l’aile. »

    Fin de l’histoire. Au passage, l’ambassadrice tenta de se dédouaner le plus possible. De toute façon, Maddison n’étant hélas plus là, elle ne pourrait pas témoigner du contraire.

    « Navrée, mais je ne suis pas celle qu’il faut blâmer. »

    Et pour cause. Si Maddison avait ressenti ce besoin, c’est qu’il y avait une raison. Ou bien elle avait voulu faire ça par plaisir, par vengeance...Qui sait. Rain n’avait pas cherché à savoir. Mais elle avait été le plus honnête possible avec Jessen, à présent.
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Rain M. Godwin
Sam 5 Juin 2021 - 1:04
Ça l’avait pris par surprise, comme un coup de tonnerre dont on n’a pas senti approcher l’orage. Un coup de feu dans la nuit. Le général était à des années lumières d’imaginer une telle atteinte à sa vie privée, concernant un sujet si vieux qu’il lui semblait même appartenir à une vie antérieure. Madison et lui, c’était du passé, une étape parmi d’autres. Douloureuse, moins bien gérée qu’il l’aurait pensé. Mais passée. Ainsi, l’attaque semblait gratuite, basse et immature. Bien inutile, à vrai dire. Pour autant, il y avait en lui des émotions qui ressurgissaient, remuées par la lame dans la plaie. Alors oui, il attendait des explications. Il y avait un besoin simple et humain d’avoir le fin mot de l’histoire, d’y faire face sans en détourner le regard. Calmement il l’interrogeait. Et calmement, elle répondait.

« Je n’étais pas revenue à Londres depuis plusieurs années, j’étais encore juste diplomate. J’ai rencontré Maddison dans un night club gay, elle disait être ici par simple curiosité... »

C’était donc vrai. La lame s’enfonçait un peu plus, entaillait sa conscience qu’elle faisait grincer sans véritablement remuer de jalousie ou de colère. C’était autre chose qui s’agitait sous la surface et il n’arrivait pas réellement à poser le doigt dessus, trop concentré sur l’ambassadrice qu’il ne quittait pas de son regard perçant. Les images, il les dessinait devant ses yeux sans mal, s’arrêtant sur chaque mot, chaque concept.

Curiosité ? Un souvenir revenait, lointain, fugace, comme une impression sourde qu’il n’arrivait pas à attraper avant qu’elle ne le quitte de nouveau, ne lui échappe. Les images ne se formaient pas, pas plus que les dialogues. Trop ancien, trop éloigné de ce qu’il vivait actuellement, concentré sur celle qui, un jour, avait été intime avec sa femme. Celle qui avait été sa femme. Un concept absurde, en réalité, au vu de ce qu’il avait fait de ce mariage, ce qu’il en avait prévu. Et pourtant, derrière le mensonge, il restait dans cette relation quelque chose de bien réel.

« Elle me plaisait, alors...Voilà. » Voilà, oui. Rien à dire de plus, ça suffisait bien, pour lui comme pour elle. Voilà, parce qu’il n’y avait pas de drame dans cette histoire. Un constat con : ça arrive. C’est comme ça. Et puis un autre, plus virulent : pourquoi ?
Pas « pourquoi tu as fait ça ? ». Juste « pourquoi je n’ai pas du ? ». Comme un mensonge derrière des émotions, derrière un lien qu’il remettait en question. Derrière celui qu’il avait été, à l’époque, bien plus que derrière sa trahison à elle. « Je savais qu’elle était mariée, mais elle était parfaitement consentante. Et...Elle n’a eu aucun regret, alors je me suis dis que son mariage battait de l’aile. »

Consentante. Oui, alors oui, c’est mieux oui…. Il y a intérêt en fait.

Pinçant l’arrête de son nez, Jessen la laissait continuer, ne s’arrêtant pas réellement sur la pique concernant son mariage, notant seulement le reste : elle n’avait aucun regret. Quelles questions te posais-tu ? Pourquoi ne jamais les avoir exprimés ? Pourquoi faire ça dans ton coin, comme quelque chose dont tu ais pu avoir honte, cacher. J’étais vraiment ce type ? Celui qui t’a poussée ainsi ? C’était ton histoire, ça je peux l’entendre. Mais j’y appartenais.

« Navrée, mais je ne suis pas celle qu’il faut blâmer. »

Qui ? Elle ? Moi ? C’est ton message ?

Posant son regard sur l’ambassadrice, Jessen notait l’agression passive sans sentir monter ni honte, ni colère en lui. Il observait simplement ce qu’il ne pensait pas déceler chez cette femme au statut froid, rigide, trop solide pour laisser qui que ce soit la faire plier : il notait du mal-être. Non pas foncièrement d’avoir agit ainsi, il n’irait pas spéculer ainsi sur elle, d’autant qu’elle agissait aux antipodes. Mais une façon de se dédouaner, de renvoyer la faute sur autrui, de placer une barrière entre lui et elle. Un moyen de détourner l’attention, de s’assurer qu’elle ne serait pas placée au banc des accusés, de s’en prémunir de base, sans doute déjà prête à sortir les crocs.

« Ce n’est pas un inquisitoire, Rain, tu peux te détendre. » Un ton calme, loin d’être accusateur. Las, seulement.

Un soupir lui écorchait la gorge en se pliant légèrement vers l’avant avant de se redresser en passant une main à l’arrière de sa nuque.

« Pourquoi t’en as pas parlé, Maddie, sérieusement… »

Une question dans le vide à  laquelle aucun fantôme ne pourrait jamais répondre. Une question qui n’en était pas réellement une, d’ailleurs, simplement l’expression d’une frustration, d’un sentiment affecté, douloureux, d’une trahison tellement peu légitime au vu de ce qu’il avait fait, lui. Allait-elle le quitter ? Il n’y songeait même pas. S’était-il retrouvé, totalement hors de sa connaissance, face à un sublime mobile de meurtre ? Apparemment. Mais pour l’instant, il n’y avait rien de tout ça qui le marquait, seulement une souffrance sourde de la part de celle qu’il avait aimé et qu’il n’avait pas vu. Car elle avait été mal, il en était persuadé. Elle n’avait pas eu confiance en sa réaction, n’avait pas osé. Et elle avait surtout nourri une culpabilité ensuite qui n’avait aucune raison d’être.

T’as pensé quoi, quand c’est arrivé, hein ? Que tu aurais finalement dû me quitter ? T’aurais eu raison.

« T’as rencontré quelqu’un qui t’a plu, t’as couché avec elle, ya rien de dramatique, t’as évidemment aucun compte à me rendre. Tu m’as jamais déclaré de vœux il me semble. »

Le petit rire de gorge qui avait suivi la dernière phrase avait quelque chose de légèrement éraillé, triste. Simplement qu’elle n’ait pas parlé de ses doutes, qu’il ait réussi à passer à côté de ça, soudainement conscient de ce qu’elle avait pu lui apprendre, quelle normalité il avait fini par intégrer concernant les relations humaines. Lui avait-elle appris faiblesse ou force ? Plus calme que la majorité des sangs purs qu’il avait pu voir réagir autour de sa famille, Jessen prenait du recul, trop sûr de lui pour douter de ce qui pouvait en ébranler plus d’un, il ne réagissait pas à la menace de sa virilité, ne répondait pas par la force sous la décharge d’un égo meurtris. Tout ça appartenait au passé, et s’il gardait un profond respect pour cette femme qu’il n’aurait jamais dû aimer, l’homme avait évolué, changé, mûri. Il avait d’autres préoccupations, d’autres inquiétudes, d’autres douleurs venus l’écorcher depuis. Ebranlé, oui, par ses propres manques, comprenant avec le recul à quel point il avait pu être maladroit dans cette relation. Conscient qu’il refusait à présent de faire les mêmes erreurs encore une fois. Elle l’avait amené vers une autre normalité que la sienne et Maddie avait décelé des souffrances chez lui qu’il n’était pas prêt à voir révéler. Mais lui ? La relation avait-elle été à ce point à sens unique ? Il n’aurait pas dû s’en soucier, conscient qu’il en faisait trop pour une moldue. Mais voilà, c’était là, ça cavalait dans sa poitrine. Oui, il s’en voulait. Bien sûr qu’il s’en voulait. Du meurtre comme du reste. Mais il s’agissait d’une étape nécessaire à la suite. Et lui, devait rester inflexible.

La pulpe de ses doigts passait là où, une semaine plus tôt encore subsistait des marques de griffures et il saisissait brusquement le paradoxe. A l’époque, il était resté aveugle à ce que vivait Madison quand, aujourd’hui, ce qu’Azalea cachait lui sautait simplement au visage, lui enserrant la gorge à chaque regard, comme une évidence. Trop semblables, peut-être. Tellement plus riches, surtout. Et puis, il la chassait de sa conscience, incapable de gérer à la fois les implications politiques actuelles, les risques encourus, les remises en question personnelles et les remous bruyants qu'elle déclenchait sans cesse sous le masque de celui qui semblait toujours apte à garder le contrôle.

Sa paume repassait en avant, achevant sa course sur le sommet de son crâne avant de la poser simplement sur son bureau, conscient de ces gestes de confort qu’il pouvait effectuer sans même y songer. Qu’il acceptait, surtout, de réaliser, laissant échapper ce qu’il voulait d’émotions, se contre-foutant parfaitement des jugements qui pouvaient devenir inhérents à ces actes. Trop souvent, sa carrure amenait à penser à un homme bourru, qui ne cèderait aucune faiblesse. Tellement plus nuance, Jessen ne craignait pas de passer pour faible ou d’entacher son image virile et forte, trop conscient de quelles faiblesses ces attitudes rétrogrades révélaient.

«  Merci d’avoir été honnête. Et désolé que ton intimité ait été déballée en public ainsi.  »

Et la mienne. Car une part de lui n’avait qu’une envie : étriper l’abruti qui venait entacher la mémoire d’une morte. Rain ? Elle était largement assez forte pour défendre son honneur seule.

« On va s’amuser au bureau, avec ces rumeurs, tient… ça m’manquait. »

La dernière en date : ses extras avec l’un de ses subordonnés. Et il restait assez persuadé que Klara avait particulièrement aidé à propager ces dires.

Posant un regard plus neutre sur elle, Jessen captait le regard de l’ambassadrice, y plongeant l’orbe de ses prunelles sombres. « Une idée de qui a pu balancer l’info ? »

Car le responsable risquait de ne pas apprécier le voyage. Rien dans sa posture, son regard, ne tendaient à montrer les violences dont il était capable. Pourtant de tels actes ne passeraient pas sans une réaction immédiate. Outre l’offense personnelle, il mettait à mal son statut, tentait de l’enfoncer, de le décrédibiliser sur un sujet ridicule. Or il devenait essentiel à l’avancement de la Cause et ça n’était pas le moment de perdre du terrain s’ils voulaient rendre leur liberté aux sorciers.  

Et puis, soudainement, comme dans un sursaut, il réalisait ce qu'il manquait : « Vous vous êtes revues ? »
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Jessen Tadeus Blackthorn
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Mer 9 Juin 2021 - 23:15

Mardi 24 Mai






Ministère de la Magie




    En cherchant à se dédouaner, Rain désirait simplement à limiter la foudre. Elle pouvait comprendre la colère et la déception, mais trouvait cela important de rappeler que l’adultère n’est guère la faute de la célibataire endurcie qui ne cherchait qu’à passer du bon temps. Les minutes lui parurent extrêmement longues, bien que l’ambassadrice tentait au mieux de sauver les apparences et de ne pas trop laisser paraître sa gêne face à cette situation. Les explications étaient données, elle s’était attendue à un coup de tonnerre tonitruant dans le bureau du sous directeur. Mais il n’en fut rien, à la grande surprise de la brune.

    Elle n’avait pourtant pas perdu une miette de l’attitude et de la réaction de Jessen, qui ne traduisait aucune colère. Au contraire même, son collègue resta étrangement calme face à la dureté de la révélation un peu plus tôt. Rain n’avait finalement peut-être pas besoin d’être sur la défensive, après tout. Une réaction aussi saine et mature plut immédiatement à l’ambassadrice qui ne s’y attendait pas, connaissant certaines brutes épaisses de leurs départements respectifs. Elle ne se pavanait pas pour autant, elle savait rester à sa place tout en ne laissant rien paraître, en écoutant son collègue. Effectivement, elle inspira légèrement pour se détendre, elle qui jusqu’ici était restée très crispée. Mais difficile de se détendre complètement en repensant aux regards et réflexions des autres lors de leur précédente réunion.

    Jessen se mit alors à parler tout seul, s’adressant à son ex femme qui n’était plus qu’un esprit errant parmi tant d’autres. L’ambassadrice n’avait pas à réagir aux divagations, elle baissa simplement les yeux en écoutant le sous directeur évoquer la scène, qu’il devait probablement imaginer d’une troublante manière. Ainsi, la brève histoire que Rain avait eue avec Maddison, lui sautait à la gorge. Même si c’était il y a six ans, la brunette se souvenait de chacune de ses aventures. Maddison était l’une de ces histoires éphémères, mais suffisamment longue pour que Rain ait pu capter les raisons de cet adultère. Les femmes, même si elles ne cherchaient que du charnel, ne pouvaient s’empêcher de parler. Raconter leur vie, leurs problèmes. Maddison n’avait pas été une exception, elle avait en effet parlé à son amante de ses doutes et de ses blessures, quant à ce mariage dont elle avait l’impression qu’il n’était qu’une belle illusion. Il est vrai que l’ambassadrice ne lui avait alors pas cachée sa vision du mariage, mais sans plus. Elle n’était pas psychologue, n’avait aucune expérience du mariage ni même d’une relation de couple, alors était très mal placée pour conseiller Maddison. La seule chose qu’elle avait pu faire était de lui faire oublier ses problèmes le temps de quelques nuits, dans les bras tendres d’une femme, afin de découvrir une nouvelle expérience.

    Qui s’était tristement et soudainement arrêtée pour elle, d’ailleurs. Mais c’était un autre sujet.

    Lorsque Jessen termina sa discussion avec le fantôme de son ex femme, il redescendit sur terre et s’adressa de nouveau à Rain, qui releva les yeux vers lui, non sans surprise dans son regard. Il était désolé pour elle. Il était bien rare d’entendre de telles choses, en particulier compte tenu de la situation. Mais il avait raison, les prochains jours n’allaient probablement pas être de tout repos. L’ambassadrice allait devoir redoubler de sang-froid pour ignorer les regards lourds de sens et les réflexions. Il en était de même pour Jessen d’ailleurs, avoir été victime d’adultère n’était guère plus glorieux. Ils se retrouvaient donc tous les deux dans de beaux draps. Le sous directeur en était plus que conscient, il ironisa même la situation. En effet, lui aussi faisait l’objet de rumeurs et n’était pas très apprécié au Ministère. Rain et lui avaient toujours eu ce point commun, en plus d’avoir couché avec la même femme. Elle esquissa finalement un sourire, bien plus détendue que tout à l’heure.

    « Nous nous en remettrons. Il suffit de les ignorer, ils finiront bien par se lasser. »

    L’ambassadrice ne lui apprenait rien, mais elle n’avait pas l’intention de laisser cette histoire perturber son travail et ses relations au Ministère, il en était certainement de même pour Jessen. Celui-ci lui demanda alors si elle n’avait pas une idée de qui cela pouvait venir. Belle ironie. Elle laissa échapper un rire sarcastique et amusé en même temps, bien que cela n’avait rien de franchement amusant.

    « Là comme ça, c’est difficile à dire. Il y a probablement beaucoup de personnes ici qui veulent me voir tomber. » Elle marqua une pause, haussant les épaules. « Comme toi, j’imagine. »

    Mais Jessen revint précipitamment au sujet précédent alors que Rain pensait pouvoir tirer un trait dessus. Maintenant il voulait savoir si elles s’étaient revues, plus d’une fois. L’ambassadrice ne pouvait lui mentir alors qu’elle avait fait du si bon chemin avec lui.

    « Quelques fois... »

    Inutile d’en dire plus. Autant restée vague et ne pas trop déblatérer sur les séances de psychologie improvisées, qui n’intéressaient pas la brune plus que ça. Ce qu’il s’était passé dans leur couple ne regardait qu’eux. Pourtant, l’ambassadrice était curieuse d’en apprendre plus. Mais pas pour le moment, elle attendrait que la pilule soit mieux digérée pour Jessen. Pour l’heure, elle faisait mine de s’en désintéresser et y reviendrait peut-être plus tard. Cette fois, ce fut au tour de Rain de passer du coq à l’âne.

    « Je serais tout de même curieuse de retrouver celui ou celle qui a fait exploser cette beuglante... »

    Pourquoi pas après tout. Elle n’était habituellement pas dans un esprit de vengeance, mais elle eut l’idée de profiter du potentiel allié que représentait Jessen sur cette affaire. Retrouver la personne et lui rendre la monnaie de sa pièce était assez alléchant en fin de compte. Elle avait jusqu’ici abandonné l’idée de retrouver celui ou celle qui l’avait agressée l’année dernière, et la petite frappe qui lui avait jeté un maléfice, lui faisant pousser des oreilles de panda et des cheveux multicolores. Mais cette fois, elle n’était pas seule.

    Elle esquissa alors un sourire espiègle.

    « ...Histoire de trouver une manière intelligente et subtile de lui rendre la monnaie de son galion. »

    Pas de violence, jamais. Mais réunir suffisamment d’informations à son sujet pour la faire chanter, ou l’humilier comme elle avait humilié publiquement Rain et Jessen, ça oui. Encore fallait-il que ce dernier la suive dans cette idée.

    « Qu’en dis-tu ? »

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Ven 18 Juin 2021 - 21:04
Chaque mot tranchait un peu plus violemment dans sa conscience à vif, le ramenant des années en arrière, à douter de chaque instant, à remettre en question chaque échange, chaque émotion qu’il croyait percevoir. Etait-il le genre d’homme qu’il dénigrait pourtant ? Tout en lui était opposition, et ce, depuis toujours. Il était tout et son contraire, un mélange d’antonymies et de collisions qui s’accordaient étrangement dans une mélodie qu’il maîtrisait. Sauf qu’aujourd’hui, il ne maîtrisait rien. D’ailleurs, ça faisait un moment qu’il ne donnait qu’une impression bien fallacieuse de contrôle. La réalité était tout autre et venait jusqu’à remettre en question ce qu’il pensait acquis. Et brisé. Beau et pur. Mensonger, pourtant, manifestement. Pas elle, mais lui seulement, ces considérations venant chambouler toutes ses opinions assurées. Il avait pensé s’être inscrit dans quelque chose qui aurait dû être sain. Mais voilà, le problème était et avait toujours été lui. Elle n’avait jamais été qu’une étape dans sa vie, quelqu’un qu’il avait profondément aimé, qui lui avait fait perdre pied mais qui n’était qu’un outil, qu’une façon de passer à l’étape suivante. Quelqu’un qui l’avait pourtant pris à la gorge et l’avait noyé, l’emportant dans un océan de facilités dont il n’avait pas été simple de s’extirper. Car pour avancer, la Cause nécessitait des sacrifices, il en était conscient, tout autant qu’il savait que le principal problème des sorciers était justement leur trop grande gentillesse. Ils laissaient faire, n’étaient pas capables de prendre les décisions qui s’imposaient et de trancher dans le vif. Car cela nécessitait de s’amputer d’un certain confort, de se blesser au passage, de perdre certains proches. Ça nécessitait des décisions impossibles qu’il s’était juré d’être apte à prendre. Alors il les avait pris, parfaitement conscient de l’ordure qu’il était de la trahir ainsi. Et pourtant, manifestement, Jessen n’avait fait que la trahir. A ne pas l’entendre. A ne pas comprendre. A ne pas voir ce qui était bancal entre eux, il s’était laissé bercer de douces illusions. Comme si elle contenait à elle-seule tout le savoir d’une relation humaine saine, équilibrée, honnête. Comme si elle ne faisait que représenter un idéal qui ne l’avait jusqu’alors qu’à peine effleuré. Ayant grandit dans l’instabilité, le danger, la violence, cette femme avait représenté tout ce dont il avait été privé, l’englobant dans des sensations inconnues, le couvant d’une impression étrange. Celle d’exister, de trouver un intérêt à l’air qui gonflait alors ses poumons. D’être vu, ne serait-ce qu’un peu, aperçu, entendu. Celle d’exister, même s’il savait qu’il n’y avait là qu’un grossier simulacre. Une vaste blague que son cœur n’entendait pourtant pas. Ce qui avait été une nouvelle façon de respirer, une porte vers un nouveau monde, plus humain, qu’il ne comprenait pas jusque là devenait seulement océan de culpabilité.

« Nous nous en remettrons. Il suffit de les ignorer, ils finiront bien par se lasser. »

Un sourire, un peu las. « Si tu savais comme je me fous de ces imbéciles… S’ils attendaient d’avoir matière pour parler, ça se saurait. » Qu’ils parlent sur lui, il s’en moquait parfaitement, s’était construit sur les dires de vantards et les piètres tentatives pour le mettre au sol. Jamais ils n’avaient réussi à l’atteindre et Merlin sait comme les enfants peuvent être cruels. Les adultes n’auraient pas plus de succès dans cette entreprise. « C’était une belle personne. Elle ne mérite pas ça. »

Des paroles douloureusement sincères dont la portée allait plus loin que de simples quolibets. Qu’ils parlent sur lui, la situation atteignait directement ce qui en aurait fait péter un câble à plus d’un : sa virilité. Calme, pourtant, il se contre-foutait de ces dires. Aucun besoin de se rassurer, de chercher à compenser quoi que ce soit, il ne se sentait simplement pas concerné. Là où il avait merdé, s’il s’agissait bien de sphère privée, ça n’était qu’en terme d’écoute et de présence, deux concepts qu’il avait cru avoir. Mais manifestement, le Jessen d’hier n’en avait pas été digne. L’était-il plus aujourd’hui ? Noyé dans les ombres de ses propres quêtes. Et un visage les perçait de nouveau, comme les retours des vagues poussées par la marrée, refusant de tout à fait se défaire d’un esprit qui en repoussait pourtant obstinément les assauts.

Retour dans le réel : qui avait pu agir ainsi ? Rester pragmatique, s’intéresser à ce qui importait, ce qui pouvait être changé, ce sur quoi il pouvait encore avoir un semblant d’impact.

« Là comme ça, c’est difficile à dire. Il y a probablement beaucoup de personnes ici qui veulent me voir tomber. …. Comme toi, j’imagine. »

Un petit rire réellement amusé passait ses lèvres, naissant dans sa gorge. « Je ne vois vraiment pas pourquoi tu dis ça. »

Côté extrémistes, les trois quarts ne lui faisaient pas confiance, qu’ils soient Supérieurs ou non. Côté progressistes, la même proportion l’aurait cloué au buché s’ils l’avaient pu. Et dans tout ça, il y avait ceux avec qui il travaillait réellement. Ceux qui lui faisaient confiance et se tournaient étrangement bien plus aisément vers lui que vers les réels pro-moldus, une réalité bien ironique. Et puis, derrière l’amusement, une question qui lui avait claqué dans la gueule aussi vite qu’elle était sortie de ses lèvres.

Et dans le fond de son crâne, sa conscience ne pouvait que murmurer froidement : qu’est-ce que ça change, sérieusement ? Tu te fais du mal sans raison, là.

Oui. C’était tout à fait juste. Et pourtant, il devait savoir. D’ailleurs, si ces mots étaient sortis, il n’avait même pas cherché à les rattraper, s’était contenté de poser le même regard calme sur Rain. Non, il ne la jugeait pas, ne lui en voulait pas, ne s’énerverait pas. Il n’y avait là qu’une recherche d’informations car des deux seuls à blâmer, il n’en restait qu’un. Et il ne savait pas réellement que faire de cette information lâchée dans un ton feutré, moins affirmé qu’auparavant.

« Quelques fois... »

Nouveau coup en plein plexus, la gorge qui se noue et le souffle qui se coupe l’espace d’une seconde. Un instant alors, Jessen détournait les yeux d’elle, les posait sur sa chienne, comme dans la recherche de celle qui l’avait adoptée il y avait des années et qui n’était plus là pour justifier de ses actes. Pour l’accuser d’avoir été sourd et aveugle. Pourtant aveugle, il ne l’était pas. Il notait par exemple que Rain n’avait plus ce ton tranché, un peu trop sec et fort, brandit pour revendiquer ses actes, pour le mettre au défit de les lui reprocher car elle avait compris et entendu qu’il ne le ferait pas. Mordant sa lèvre inférieure, il ne commentait pas, la laissait reprendre après un temps de silence.

« Je serais tout de même curieuse de retrouver celui ou celle qui a fait exploser cette beuglante... »

Serait-ce du respect ? Une ouverture, tout du moins, pour ne pas répandre plus encore le sel dans la plaie ouverte. Qu’importe, il lui en était reconnaissant. Alors il posait de nouveau le regard sur elle, esquissait un sourire face à l’air espiègle qui se peignait doucement sur ses traits pour les égailler totalement.

« ...Histoire de trouver une manière intelligente et subtile de lui rendre la monnaie de son galion. »

Alors le sourire se changeait en petit rire, pourtant conscient que ce qu’il désirait faire n’avait rien d’intelligent ni de subtile. Conscient aussi qu’il ne se laisserait pas aller à de si basses réactions.

Pas maintenant.
Un jour pourtant, brusquement, quand plus rien ne l’y rattachait.

Mais pour l’heure, il n’y avait pas de violence dans ses traits, pas la moindre ombre à l’image qu’il renvoyait.

Et pourtant une partie de son esprit tendait vers une autre femme, moins subtile que pouvait l’être Rain.

« Qu’en dis-tu ? »

Les paumes à plat sur son bureau, il lui adressait un sourire amusé, s’arrachant à ses propres sombres gamberges.

« J’en dis que je marche ! Tout le monde a des secrets plus ou moins reluisants. Ce genre de trucs, ça se trouve… »

Et il était plutôt bon à ce jeu-là d’ailleurs, l’homme qui partageait à présent ce même air un peu espiègle. Conscient que ce qui se nouait était étonnant, improbable, amusant donc. Et potentiellement profitable, un détail qu’il n’oubliait pas bien qu’il soit loin de sa conscience en cet instant.

« La beuglante est arrivée par les voies classiques du ministère. Il y a donc forcément un registre ou un témoin quelque part… »
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Jessen Tadeus Blackthorn
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Ven 2 Juil 2021 - 23:22
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Ministère de la Magie







    Rain avait discrètement pris une grande inspiration, maintenant que tout malaise était dissipé. Elle aurait pu tenter de se rattraper, de rassurer Jessen en lui assurant qu’il n’avait s’agit que d’un moment d’égarement, mais que Maddison l’aimait sincèrement. Mais l’ambassadrice préféra ne rien dire, ils n’étaient pas amis, elle n’avait pas à vouloir se racheter de quoique ce soit. Elle ignorait tout de leur histoire, elle ne connaissait Jessen qu’à travers leurs postes respectifs au Ministère. Rain n’avait aucun compte à lui rendre, elle se contentait juste de rester à sa place maintenant que le mal était fait, datant depuis des années. Elle ne souhaitait pas risquer de s’enfoncer d’avantage compte tenu de sa situation, elle voulut donc plutôt à parler d’autre chose, notamment en cherchant à dissiper d’avantage le malaise. Après tout, leurs collègues finiraient bien par se lasser de déblatérer sur eux. Il avait fallu des mois pour que l’ambassadrice du MACUSA cesse de se faire rabaisser, elle devrait donc encore attendre des mois avant que cette rumeur sur cette relation intime féminine se dissipe également.

    Blackthorn, calme en toute circonstance, s’en fichait totalement. Rain esquissa un léger sourire. Il était un peu comme elle alors, il préférait ignorer plutôt que riposter. Elle ne pouvait qu’être en accord avec cet état d’esprit. Effectivement, si il n’y avait pas eu cette beuglante impromptue, ils auraient sans doute trouvé autre chose. La brune était suffisamment forte d’esprit pour ignorer d’avantage de commentaires sexistes lors de ses prochains passages dans les couloirs du Ministère.
    Elle e répondit pas à la divagation de Jessen sur son ex-femme. Elle ne méritait pas ça, en effet. Et eux non plus, s’être vus exposés ainsi leur vie privée, était affreusement gênant. Après avoir redouté cette entrevue avec son collègue, l’ambassadrice était finalement moins gênée face à lui que si elle était restée dans cette salle de réunion plus longtemps. Avoir pris la parole comme si de rien n’était, avait déjà été difficile.

    À présent, savoir qui avait fait le coup ne serait pas une mince affaire. Les hautes sphères du Ministère auxquelles Rain et Jessen appartenaient, étaient pleines de vautours hypocrites prêts à tout pour faire tomber les uns ou les autres. En particulier lorsqu’ils avaient de l’influence, et qu’ils ne rentraient pas dans le moule. La brunette esquissa un nouveau sourire en acquiesça une nouvelle fois, en effet, difficile de savoir précisément qui leur en voulait à tous les deux. Ou alors il ne s’agissait pas d’un règlement de compte directement dirigé vers eux, mais juste une occasion de semer le trouble. Cette coïncidence serait tout de même assez étonnante.
    Au milieu de tout ça, l’ambassadrice glissa d’une manière plus détachée, qu’elle et Maddison ne s’étaient pas vues qu’une seule fois. Blackthorn ne répondit pas, mais il n’était pas difficile de savoir ce qu’il en pensait. Rain leva discrètement les yeux vers lui, se pinçant la lèvre inférieure. Mieux valait arrêter là le massacre émotionnel. Elle lui avait pour cela proposer de s’allier pour retrouver le ou les coupables. Ce à quoi Jessen répondit positivement, ce qui eut le don d’élargir le sourire sur les lèvres de l’ambassadrice. Enfin, ils avaient fini par passer à autre chose. Elle était persuadée que c’était possible. Elle était non violente, elle voulait se venger de manière subtile. Mais Blackthorn fera bien ce qu’il voudra.

    Mais Rain n’était pas non plus une enfant de cœur, et n’aurait probablement aucune pitié. Jessen avait raison, tout le monde cachait des choses plus ou moins reluisantes. Eux les premiers, d’ailleurs. Mais ils avaient été déjà suffisamment exposés.
    Encore fallait-il mettre la main sur ces petites frappes. Jusqu’à présent, Rain n’avait jamais cherché à retrouver ceux qui lui causaient du tort. Mais cette fois, elle n’était pas la seule à avoir été piégée. Elle prit quelques minutes pour réfléchir.

    « Tu n’aurais sans doute aucun mal à trouver un éventuel témoin. Ton poste te permet d’en interroger plus d’un... » Oui, c’était assez évident. En tant que sous-directeur, Jessen avait déjà pas mal d’employés à interroger...Rain quant à elle, n’aurait pas autant de chance à son département.

    « Ce n’est pas mon cas. Par contre je peux facilement accéder à la salle des archives. Le nombre de registres stocké là-bas est conséquent, mais j’ai un contact qui pourrait, peut-être, m’aider. »

    Et cela lui prendrait sûrement des jours, voire des semaines en parallèle de son travail au bureau des diplomates. Sauf si Jessen tombait sur une piste plus tôt après ses interrogatoires. Et maintenant, que dire, que faire. Le regard de l’ambassadrice se perd dans le bureau de Blackthorn, épiant chaque recoin. Et puis finalement, Rain mît de côté sa défensive. Elle voulut remercier son collègue sous-directeur pour ne pas s’être énervé.

    « Sans rancune, alors. »

    Et encore merci pour ta maturité sur cette histoire. Combien d’êtres trompés auraient-ils réagit aussi sainement ? Le temps avait fait son œuvre, aussi. Rain ignore comment elle-même aurait réagit face à ça. En attendant, elle renchérit sur leur sujet de vengeance.

    « Bon. Peut-être que cette affaire sera tirée au clair plus vite que prévu, on ne sait jamais. Je vais devoir partir plusieurs jours au MACUSA. Je compte donc sur toi. »

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Rain M. Godwin
Mer 7 Juil 2021 - 22:46
Il y avait dans sa façon de réagir une maîtrise de lui évidente. Essentielle, même. D’ordinaire, Jessen misait sur la distance pour s’imposer ce calme à toute épreuve. Pourtant pour l’heure, aucune distance ne permettait  d’apaiser les tensions internes qui lui tordaient les trippes. Blessé, il l’était. Pas dans son amour propre, il en savait trop sur cette relation pour l’être fondamentalement. Mais sur l’affection qu’il lui portait, sur la remise en question d’un passé commun qui semblait jusque là avoir été la seule ellipse de bonheur qu’il ait pu connaître. Pourtant tout était feint dans la forme, Jessen le savait parfaitement, sombre instigateur de la situation. La forme, oui. Le fond en revanche était tout ce qu’il y avait de plus sincère. Alors non, aucune distance ici pour le protéger de ses émotions, bien au contraire, elles claquaient dans sa poitrine avec une virulence sourde. Mais si colère il y avait, elle ne se tournait pas vers Rain, et encore moins vers Maddie. Sans doute avait-il trop d’affection pour son ancienne femme pour penser ainsi. Elle lui avait bien trop appris à écouter les gens, à entendre leurs souffrances, leurs peines et leurs joies pour se pencher immédiatement sur l’issue et non la voie. Alors oui, l’humiliation ou qu’importe le nom qu’on puisse y porter, il s’en foutait. Il ne pensait qu’à elle, qu’à eu, qu’à ce qui n’avait été que mensonge, ce qui lui manquait chaque jour un peu trop intensément. Qu’à ce qui avait eu lieu, ce qu’il assumait et ce qu’il regrettait. Il aurait pu penser à cette vie qui aurait pu être la sienne s’il n’avait pas choisi de sacrifier la sienne à l’autel d’une Cause qu’il avait fait sienne bien avant qu’elle ne porte un nom. Mais ça ne venait pas. Ses pensées restaient collées  à ce qui avait eu lieu, ce qui s’oubliait et ce qui se perdait au fil des jours. En cet instant, il aurait aimé qu’elle soit là, près de lui, pour porter des mots sur ses blessures, pour l’aider à avancer d’un regard. Pour voir, peut-être, qu’il essayait réellement d’être une bonne personne jour après jour malgré l’immondice de ses actes. Seulement parce qu’il savait que ça n’était ni avec des courbettes, ni avec de la bienveillance qu’on ferait changer les choses. Alors non, tout n’était pas cohérent. D’ailleurs quel être humain arrive à se montrer stable,  logique, homogène même ? Oui, il faisait preuve de faiblesses par moment, il prenait des raccourcis de pensée, s’enfermait par moment dans la facilité, lui qui faisait pourtant tout pour faire face avec le plus de clairvoyance possible. Il assumait ça, penser que les moldus n’étaient pas fondamentalement inférieurs. Ils l’étaient, parce qu’ils étaient faibles et impuissants, dans ce sens bien réducteur, oui, ils l’étaient. Mais ils étaient surtout une menace évidente, fourbe bien souvent, qui se servait de leur bonté pour les dominer. La suprématie du camp du bien. La violence par la bienveillance. Ce meurtre aurait dû lui passer au dessus, il aurait dû l’oublier, comme on abat un animal afin de le servir au diner.

Pourtant force était de constater que ça n’était pas le cas.
Force était de constater qu’il s’en faisait plus de ses souffrances passées que de sa dignité présente.
Et ça n’avait pas la moindre foutue importance.

Jessen se forçait. Reprendre le contrôle, s’interroger sur les problématiques actuelles, nouer des liens. Faire face au présent sans se perdre dans le passé. Il encaissait, taisait ses plaies, estimant qu’elle n’avait pas plus à jouer le rôle de confidente que de défouloir. Alors oui, il posait les questions, se prenait les réponses en pleine gueule… et serrait les mâchoires. Il fallait l’admettre, il lui était reconnaissant de passer à autre chose. Est-ce que ça valait vraiment le coup de se torturer plus avant ? Sans doute pas. Peut-être, un jour, poserait-il d’autres questions. Une fois qu’il aurait pris du recul sur tout ce bordel.

Il y avait pourtant quelque chose d’amusant malgré tout. Ce sourire qui s’agrandissait sur les lèvres de l’ambassadrice trouvait son reflet dans le sien, l’un comme l’autre trouvant un soutien étonnant, un début de complicité, chez quelqu’un qu’ils n’avaient jamais connu autrement que comme un collègue. Alliance improbable, amusante, étonnante. Alors oui, la manière de réfléchir de Rain lui plaisait. Comme sa manière de faire. Comme le fait qu’ils étaient restés tous deux de marbre lors de la réunion, avaient remplis leur part du contrat, ne semblant pas tant se laisser affecter par les mauvaises blagues de leurs collègues. Pourtant le moment avait été douloureux, lourd et difficile, pour l’un comme pour l’autre. Alors au lieu de la rejeter, de s’en prendre à elle pour quelque chose… qui ne le concernait pas tant que ça finalement – ou ne la concernait pas tant que ça, ‘dépend comment on voit les choses – il préférait s’en faire une alliée.

« Tu n’aurais sans doute aucun mal à trouver un éventuel témoin. Ton poste te permet d’en interroger plus d’un... » Il acquiesçait, la laissant continuer. « Ce n’est pas mon cas. Par contre je peux facilement accéder à la salle des archives. Le nombre de registres stocké là-bas est conséquent, mais j’ai un contact qui pourrait, peut-être, m’aider. »
« Parfait ! Je me charge des interrogatoires. Dans mon département, j’ai plus d’employés dévoués que ce qu’on peut imaginer. C’est dans les autres que ça déconne. L’avantage, c’est que les miens ont des yeux partout. »

Et elle n’imaginait pas à quel point son influence pouvait s’avérer bien plus tentaculaire qu’il y semblait.  Bien sûr qu’il trouverait qui avait fait ça. Général et sous-directeur, Jessen était haït par beaucoup, mais respecté par ceux qu’il avait côtoyé, auprès de qui il avait prouvé sa valeur. Outre le fait qu’on lui résistait rarement longtemps lors d’interrogatoires.

SANS violences on a dit Jey, sinon tu seras repéré.
Certes. Mais c’est tentant.

Affreusement tentant même. Car s’il semblait calme, quelque chose tonnait pourtant en lui, sombre, orageux. Douloureux et las, à vrai dire. Quelque chose qu’il dirigeait contre lui avant toute chose, mais qui n’accepterait pas d’humilier ainsi Maddison.

« Sans rancune, alors. »

Presque surpris, Jessen posait un regard en coin sur elle un instant, traçant un petit sourire amusé sur ses lèvres, amusé par la formulation. Vérification ou remerciement tu ? Un peu des deux, probablement.

« Il faut que je cogite encore un rien sur le sujet, je t’avoue. » Pas sur le fait qu’il puisse fondamentalement lui en vouloir, mais sur l’ensemble de ces aveux. Parce que non, ça ne passait pas comme une lettre par la poste. Mais rien n’était dirigé contre elle à priori, pas d’inquiétude à avoir. Aussi, il rajoutait : « Mais ouais, sans rancune. » Le petit sourire en coin comportait un lot de sympathie qui l’étonnait lui-même. De sincérité aussi.

« Bon. Peut-être que cette affaire sera tirée au clair plus vite que prévu, on ne sait jamais. Je vais devoir partir plusieurs jours au MACUSA. Je compte donc sur toi. »

Un petit sourire amusé quant à ce besoin de contrôle qu’il observait sans se sentir concerné.

« Plus vite ça avancera, plus on aura de chance de lui tomber dessus. Ou de leur tomber dessus. Ni toi ni moi n’étant très aimés, rien n’indique qu’il est seul. Bon courage pour gérer la seconde affaire au MACUSA. D’ailleurs, Rain ? » Pourquoi resterait-il sur leur seule problématique actuelle ? Aucune raison. « On reste en contact ? Pour l’affaire, la seconde je veux dire, côté boulot. Pour le reste je te tiens au courant, évidemment. Mais je sens que je ne serais pas de trop dans les hautes instances pour gérer la situation. Donc n’hésite pas. »

Surtout au vu de la panique de ses supérieurs.

« A bientôt Rain. »« Et tâche d’éviter mes femmes à l’avenir si possible. Je t'accorde d'avoir du goût côté conquête, mais quand même.. »

Pas qu'il ait en tête de se remarier, cela dit. Mais la question n'était pas là.

Autodérision, quand tu nous tiens. Trop tôt pour en rire ? Apparemment non, d’après la malice de son regard, une connivence qui n’avait rien d’agressive.
Pourtant, cet éclat s’éteindrait dès sa sortie, se chargeant d’une frustration et d’une tristesse évidente que seule sa chienne pourrait observer en silence.

- Fini pour moi je pense, dépend de ta réponse -
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Jessen Tadeus Blackthorn
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Jessen Tadeus Blackthorn
Lun 12 Juil 2021 - 23:37
Mardi 24 Mai






Ministère de la Magie







    Une alliance se formait lentement dans le bureau du sous directeur. Tandis que les présents à la réunion s’attendaient à ce que les murs tremblent, ce fut tout le contraire. Si des personnes auraient souhaité que le sous directeur et l’ambassadrice se déchirent à cause de cette histoire, c’était raté. Car Jessen et Rain s’étaient vengés de la meilleure des façons, en agissant comme si de rien n’était, et en ayant pris cette affaire avec calme et maturité. Cela ne voulait pas dire que Blackthorn avait complètement passé l’éponge, se disait la brune, peut-être agissait-il ainsi pour ne pas perdre la face malgré tout.
    Comme elle-même le faisait systématiquement, du reste. Refouler absolument toutes les émotions qui pouvaient bien s’entremêler, pour ne rien laisser paraître. Il fallait des épaules solides pour supporter le poids qu’infligeaient les postes respectifs des deux collègues, ainsi Rain imaginait aisément Jessen souffrir en silence, ressassant son passé avec son ex-femme. L’ambassadrice, elle, n’avait pas à refouler quoique ce soit si ce n’est la légère boule qui s’était nichée au creux de son ventre lorsque le sous directeur l’avait conviée en tête à tête dans son bureau. Pourtant, elle n’était nullement impressionnée d’habitude. Au contraire, elle affrontait ses collègues ou supérieure toujours la tête haute, prête à montrer les crocs si nécessaire. Mais là, il s’agissait de son intimité bafouée. Rain était déjà persuadée qu’elle devrait supporter les messes basses insultantes qui la fustigeront pendant plusieurs jours, voire semaines. Mais, tout comme Blackthorn, elle n’y prêtera pas attention. Et elle s’en remettrait, tout comme elle s’était toujours remise de tout. Seule, et laissant faire le temps.

    La seule chose qui lui importait pour le moment, était de préparer son départ pour le MACUSA. L’ambassadrice attendait chaque départ là-bas avec une grande impatience. Car elle ne se sentait jamais aussi bien et chez elle qu’à New York. Malheureusement, elle n’y passerait que peu de temps cette fois. Et à son retour, elle ne manquerait pas d’aller fouiner du côté des archives dès qu’elle aura du temps.
    Jessen disait alors se charger des interrogatoires. Rain acquiesça. Elle était d’accord pour dire que certains autres départements étaient peuplés d’employés plus que douteux, celui de la justice magique par exemple, le premier qui vint à l’esprit de la brune. En effet, les départements des catastrophes magiques de de la coopération internationale étaient légèrement plus épargnés.

    « Excellent. »

    Rain aurait aimé dire qu’elle aussi avait les yeux partout, hélas au Ministère elle n’avait guère beaucoup d’alliés.

    Le sous directeur avait à présent accepté l’absence de rancune concernant l’affaire, non sans humour, que l’ambassadrice releva sans vraiment y prêter attention. Elle se contenta d’un léger sourire, et songea à mettre fin à l’entrevue pour retourner à son bureau préparer son départ. Jessen était fermement décidé à retrouver les coupables, alors la brunette était ravie qu’il soit aussi investi. Elle acquiesça de nouveau, effectivement, rien n’indiquait qu’un individu ait pu agir seul. Aucune piste n’était à exclure étant donné que l’enquête n’avait même pas commencé. Dans sa lancée, Blackthorn lui souhaita amicalement bonne chance au MACUSA.

    « Merci. Ça ne devrait pas être très long. » Car Rain est la meilleure dans son domaine, c’est bien connu. Cette affaire allait être réglée en deux temps trois mouvements. « Hm ? »

    Rester en contact, en dehors de l’alliance qu’ils avaient implicitement conclue. Pourquoi pas, un allié au Ministère ne serait jamais de trop. Elle ne mît pas longtemps à lui répondre, accompagnant même sa réponse d’un sourire. Presque sincère.

    « Bien sûr. Aucun problème, Jessen. »

    Elle n’était pas du genre habituellement à utiliser le prénom. Mais puisque Blackthorn faisait de même, et qu’il était même motivé pour garder contact, Rain pouvait mettre de côté les marques trop respectueuses. Toutefois, elle restait sur ses gardes. Elle n’avait pas l’habitude qu’un sous-directeur au sang-pur soit si enjoué à l’idée de se rapprocher. Surtout après une révélation comme précédemment. L’ambassadrice appréciait l’initiative et rentrerait dans le jeu, mais elle se méfierait. Elle espérait quand même que les intentions de Jessen soient sincères.
    Avant de partir, il ne manqua d’ailleurs pas de lui lancer une dernière remarque sur son ex-femme. Rain avait pourtant déjà tourné les talons, mais elle ne put s’empêcher de se retourner et de répliquer. Sur un ton humoristique et provocateur.

    « Si ce sont elles qui viennent encore vers moi, tu devrais plutôt te préoccuper de leurs goûts, à elles... »

    Son sourire s’élargit, et elle quitte le bureau du sous directeur pour rejoindre le sien, après un bref :

    « À bientôt, Jessen. »
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Rain M. Godwin
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