[TOPIC COMMUN] Event du 18 aout 2016 - Mauvais endroit, mauvais moment

L’une des particularités du quartier de Brixton était d’’accueillir un grand parc où les promenades y étaient fort agréables. Helen aimait beaucoup ce parc et en cette journée particulière qui s’achèverait pour laisser la place à une nuit de pleine lune, la mère d’Emma avait besoin de se changer les idées. Helen avait d’ailleurs tenté de faire venir sa fille avec elle sans parvenir à la convaincre. C’est donc seule qu’Helen arpenta les allées, respira l’air délicieusement estival et s’offrit aux rayons du soleil. Elle avait fermé sa boutique pour la journée, bien incapable de se concentrer sur les malheurs des autres.

Sur le chemin du retour, qu’elle parcourut à pieds, sans magie ni transport en commun, Helen passa devant cette pharmacie. Le bruit et l’agitation attirèrent son attention comme un aimant et la femme ne put s’empêcher de s’arrêter devant la vitrine pour voir de quoi il retourne. C’était là son intention du moins, car bientôt un groupe de personnes voulant entrer la poussa pour passer et Helen se retrouva à l’intérieur de l’établissement.

Perdue, elle ne comprenait plus rien à ce qui lui arrivait, quel était ce remue-ménage. Puis elle aperçut le nifleur.

« Oh ! » s’exclama-t-elle avec ravissement « Qu’il est mignon ! »

Elle s’approcha alors de l’animal en claquant de la langue pour essayer de l’amadouer.

Qu’importe ce qui pouvait bien se passer dans sa vie ou dans celle des autres : Jordane flottait. L’acide fusait dans ses veines, grésillait sous sa peau, noyait ses nerfs d’une douce sensation chamallow. Elle glissait, elle aussi, sur l’asphalte comme si ses pieds n’avaient plus aucune prise. Encore un peu et elle se déciderait à faire du surf sur les bandes des passages piétons. Elle vint d’ailleurs tourner autour d’un de ces petits cercles de métal qui jouxtaient les fameuses bandes blanches. Le pied au centre, un pivot d’une pression et voilà qu’il lui semblait s’envoler. Si lointaine, la Brooks ? Pas tant pourtant, mais son esprit refusait de prendre part au présent. Besoin d’une pause, envie d’une pause, nécessité de s’amuser simplement aussi peut-être. Qu’importe, à l’instant elle n’était plus tout à fait elle et ça lui allait bien. Un grand sourire face au soleil vif qui donnait contre les devantures des magasins, la jeune femme se laissa porter jusqu’à cette pharmacie dont la croix verte resta un moment accrochée à ses rétines.

Il lui fallu un moment avant de capter le remue-ménage qui avait lieu à l’intérieur de la boutique, un moment pour noter la panique de certains ou l’agressivité d’autres. Un moment pour repérer le niffleur qu’elle vit sauter d’un étalage à l’autre, passant d’un bond entre chaque meuble sans doute paniqué par les cris et les gestes erratiques des humains sous lui.
Le cône coincé entre ses deux doigts, plantée là, la jeune femme observa une seconde la scène parfaitement interdite. Pis encore, ses yeux virent se poser sur cette femme qui, emportée par les autres, se laissait balloter d’un coin à l’autre d’un air hagard.

« Toujours aussi cheloue celle-là. »

Et plantée de l’autre côté de la vitre, elle la vit se pencher en avant quand le niffleur eut sauté au bas de son perchoir, comme pour l’amadouer.

Perchée, bien plus que l’animal. Sans doute bien plus que la belle rousse qui finit par hausser des épaules, tirer sur son joint et souffler la fumée blanche contre la surface translucide de la devanture. L’instant suivant, elle balançait le mégot qui vint rebondit au sol et se coincer dans l’ourlet de pantalon d’un ou d’une passante.

Qu’importe. Qu’ils se démerdent. S’il lui fallait se faire repérer par le gouvernement, ce ne serait pas aujourd’hui.
Elle était déjà partie.

Le monde s'agitait autour d’Helen. Beaucoup de monde, beaucoup de bruit et du désordre partout. De nouvelles personnes entraient dans la pharmacie faisant tinter le carillon du petit commerce, et tous s'intéressaient à la jeune femme et aux hommes qui l'entouraient. Tout le monde sauf Hélène. L'apothicaire se préoccupait bien plus de cette créature qu'elle n'avait pas coutume de voir. L'adorable boule de poils dépareillait dans le décor et Helen était persuadée que la pauvre créature, ne trouvant pas sa place naturelle, vivait fort mal la situation. Il fallait la sortir de là.

Helen s'évertuait à attirer le petit animal à elle mais celui-ci ne paraissait pas convaincu, ni par ses petits claquements de langue, ni par sa main bien vide. Il l'observait avec prudence tandis qu'il continuait à farfouiller, il se méfiait sûrement de cette inconnue qui pourrait l'empêcher de s'amuser. Helen était triste que le petit être ne comprennent pas qu'elle ne lui voulait aucun mal, au contraire, mais elle comprenait malgré tout. Quand soudain l'attention de l'animal fut attirée ailleurs. Les yeux ronds et brillants oublièrent tout à coup de surveiller Helen et fixèrent quelque chose derrière elle avec une étincelle de convoitise. Curieuse, Helen se retourna pour voir ce qui avait réveillé l'intérêt de l'animal au point de le détourner de sa petite affaire.

Un pendentif. Un simple bijou, quoique fort charmant, était responsable de cet attrait. Helen en fut étonnée et son regard remonta jusqu'à celui de la jeune femme dans la main de laquelle se trouvait le collier. Elle chercha dans ses yeux une explication à la situation.

« Est-ce une pierre magique ?»

Helen ne voyait aucune autre explication logique à ce qui se passait. Les animaux n'avaient habituellement que faire de tels objets qui ne représentaient aucun intérêt à leurs yeux

Un nouveau coup d'œil à l'animal confirma à Helen que le collier exerçait sur lui une grande attirance malgré son importance toute matérielle. Voilà qui attisait la curiosité d’Helen.

L'apothicaire se releva. Elle comprenait qu'elle ne représentait aucun intérêt pour le petit être qui ne se préoccupait plus d'elle. Il se dirigeait déjà vers ce collier si attirant avec une vitesse dont Helen ne l'aurait pas cru capable et ne tarda pas à grimper sur la jeune femme afin de s'approcher au plus près du bijou.

« Vous avez réussi là où j'ai échoué. » salua Helen.

Elle souriait sans la moindre animosité. Loin d'être vexée elle était au contraire soulagée. L'animal allez pouvoir regagner un endroit plus sécurisant pour lui, loin de cette foule humaine dont Helen ne comprenait pas l'excitation qu'elle sentait. Tous ces regards, cette fébrilité... Que se passait-il donc ?

C'est en avançant de quelques pas que Helen pu apercevoir la scène qui jusque-là était dissimulée à ses yeux par les rayonnages. Ses lèvres s'arrondirent en un O muet et elle se figea.

Mon Dieu ! Dans quoi venait-elle de mettre les pieds ?

Un endroit étrange, une situation qui l’était plus encore. Helen était quelques peu déboussolée par cette foule, son activité et l'énergie hostile qui en émanait. Au milieu de tout cela, il y avait elle, qui, perdue, ne comprenait pas, et puis cette femme qui était parvenu à amadouer le petit animal.

Le regard d’ Helen passa de l'attroupement autour de la femme à celle qui, seule, avait attiré le petit animal avec son médaillon magique. L'apothicaire ne savait que faire. Fallait-il porter secours à cette femme en mauvaise posture ? Chahutée par les hommes elle semblait dépassée par la situation. Pourquoi personne, parmi cette foule de spectateurs, n'intervenait pour venir l'aider ? Et elle-même pouvait-elle faire quelque chose ? Helen le désirait ardemment mais elle se sentait bien faible face à toute cette hostilité. Aider l'animal était plus dans ses compétences mais une autre personne avait rencontré plus de succès qu'elle dans l'affaire.

La jeune femme en question voyait elle aussi le problème. Helen vit son regard inquiet dans la direction de l’échauffourée et constata que, comme elle, elle ignorait ce qui était bon de faire.

Helen se rapprocha de la jeune femme qui tenait l'animal, sentant en elle une alliée. L'apothicaire caresse à l'animal qui jouait avec le collier, tirait dessus avec énergie, il était d'ailleurs si intéressé par le médaillon qui ne s'occupait pas des doigts d’ Helen dans son pelage.

« Il vient d’un cirque que vous croyez ? »

Helen n'était pas certaine qu'un tel animal soit intéressant pour un cirque. Quel genre de tours pouvait-il donc réaliser pour captiver le public ? Son apparence n'avait quant à elle rien de spectaculaire . Qui paierait pour voir ça ?

« Il me semble en avoir déjà vu un quelque part... dans un livre ? »

Si c'était bien le cas c'était il y avait de cela longtemps. Helen n'y connaissait guère grand-chose en animalerie mais il n'était pas impossible qu'elle ait étudié cette créature à Poudlard à une époque.

« Nous devrions le sortir d'ici, le pauvre va s'affoler avec cette foule ! »

Helen jeta un regard inquiet à la femme et ses chahuteurs, puis à la foule dont les mains étaient prises par des téléphones.

« Pourquoi personne ne l’aide ? La pauvre ! »

Un ornithorynque ? Ce nom était décidément bien curieux. Helen sourit, amusée par ce mot étrange qu’elle n’entendait pas tous les jours. Quant à savoir si l’animal était bien de l’une de ces créatures Helen était tout à fait incapable de le dire. Elle faisait pour cela entièrement confiance à la jeune femme qui avait su amadouer la petite créature, d’autant plus qu’elle avait tout à fait raison au sujet de l’absence de peur de l’animal.

« Vous devez avoir raison. »

Elle paraissait en savoir plus long qu’elle alors Helen ne s’inquiéta pas de la voir disparaître avec le petit être. L’apothicaire était au contraire rassurée. Quand bien même il venait bien d’un cirque il ne devait pas être à son aise dans un tel endroit, entouré de la foule. La tension ambiante risquait de lui faire du mal.

Mais la disparition de l’animal ne changeait rien à la situation de la jeune femme que l’on bousculait. A ce sujet Helen ne savait que faire. Elle ne comprenait pas bien la situation. Ce fut alors qu’une jeune femme à l’accent prononcé tenta d’obtenir de l’aide de la foule d’observateurs. Bien qu’Helen ne puisse comprendre chaque mot elle comprenait l’essence de cette intervention et approuvait les paroles de la jeune femme. Elle avait raison, on ne pouvait rester sans rien faire. Alors Helen s’approcha du groupe qui malmenait la pauvre femme.

« Allons ! Pourquoi cette violence ? Je suis sûre que vous n’avez pas besoin de la malmener ainsi. »

La voix d’Helen était douce quoi que ponctuée par l’incertitude. Elle n’était pas certaine de faire ce qu’il fallait. Mais si personne ne voulait aider cette femme il fallait qu’elle le fasse malgré sa propre faiblesse.