Two mudbloods in a bar

Ce pub étrangement toujours aussi fréquenté, bien qu’un peu moins en semaine, restait incontestablement le lieu de détente préféré de la presque directrice du département de la justice magique, ainsi que de bon nombre d’employés du Ministère en général. Où aller d’autre afin d’être sûr de n’être entourée que de sorciers. Ana se considérait comme l’une des personnalités les plus respectées du lieu, fausse Reine au sang-pur qui ne ratait aucune entrée, toujours accompagnée d’un ou deux sbires afin d’appuyer son statut et sa réputation. Une fois entrée dans le pub, au bras d’un homme qui souvent travaillait pour elle, arborant un sourire espiègle et en se passant une main dans les cheveux, la brésilienne allait toujours s’installer au comptoir et commandait comme toujours pour commencer, un cocktail à base de whisky pur-feu. Ce soir-là ressemblait presque à tous ces autres soirs, à un détail près.

« Bonsoir Madame. Comment se fait-il que vous soyez venue seule, ce soir ? Un problème, peut-être ? »

Le voilà le détail. Ana, cette fois, était seule. Ce qui n’arrivait que très rarement. Mais était-ce réellement un problème ? Peut-être allait-elle faire la connaissance de quelqu’un d’autre, qui sait. En attendant, même non accompagnée, la presque directrice ne perdait rien de sa prestance habituelle. Elle répondit donc au serveur d’une manière autoritaire :

« Épargnez-moi votre psychologie de comptoir, et servez-moi comme d’habitude. »

Froide et tranchante, n’importe qui reconnaîtrait la Reine du bal. Ana n’avait guère besoin de Wensley ou de Blossom pour asseoir son autorité sur qui que ce soit. Ces deux imbéciles, probablement ses deux plus fidèles acolytes, l’avaient récemment cruellement déçue. Blossom d’avantage, en allant la dénoncer à Blackthorn. Maintenant elle était certaine de ne plus leur accorder sa confiance, du moins pas tant qu’ils ne se seraient pas rachetés à ses yeux.

À présent, Johan avait disparu. Une nouvelle qui aurait pu réjouir la brésilienne, mais en réalité ce n’était pas complètement le cas, car sa soudaine disparition ne faisait pas partie du plan initial d’évincement, pas comme elle l’aurait imaginé en tout cas. Alors oui, la destitution de Walters était incontestablement une bonne chose pour la Cause. Mais prétendre ne pas se demander ce qu’il était advenu de lui était un mensonge. Les partisans de Johan d’ailleurs s’étaient empressés de lancer diverses missions pour tenter de le retrouver, ce que la brune ne désapprouvait pas totalement, mais elle devait rester focalisée sur l’élection à venir du prochain dirigeant Supérieur, et elle voyait là l’unique chance de parvenir au poste qu’elle avait toujours convoité. Alors elle l’avait fait, l’alliance avec son principal concurrent au titre de Chef, celui-là même qui avait trahi Blackthorn en faisant intentionnellement échoué les missions qu’il avait lancé. Tout n’était plus qu’une question de temps...

Le serveur du chaudron venait de servir le cocktail d’Ana, comme d’habitude elle règlerait au moment de partir. Elle sirotait sa boisson, un brin perdue dans ses pensées, au point qu’elle n’avait même pas remarqué qu’un jeune homme était venu s’installer à côté d’elle. Le serveur en fût le premier surpris, visiblement ce jeune homme en question ne devait pas savoir qui est-ce que la sulfureuse brune était vraiment, mais il jugea que tout cela n’était pas ses affaires et retourna à ses occupations après avoir servi le jeune. Ana eut l’impression qu’il s’était adressé à elle, mais elle ne l’avait pas vraiment écouté. Soudainement, elle sortit de ses pensées :

« Pardon ? Vous avez parlé ? »

Elle se tourna alors vers le jeune homme. Beau brun à première vue, sans aucun doute plus jeune qu’elle. Mais l’âge d’un homme lui importait peu à vrai dire. Il avait l’air un peu lunaire. Amusant. De toute façon, la brésilienne n’avait pas grand chose d’autre à faire.

« Navrée, je ne vous avais pas remarqué. »

Les bras croisés sur le comptoir, elle tourna la tête vers lui. Une moue affichée sur les lèvres, elle le toisa de bas en haut. Il n’était pas désagréable à regarder, ce bougre. Même si il n’était pas vêtu pour sortir. Ceci dit, elle non plus, elle portait un simple chemisier blanc légèrement déboutonné et une jupe noire. D’une voix suave, elle ajouta :

« Ce qui est d’ailleurs, assez étonnant... »

Un brin séductrice, toujours. Ainsi était Ana. À voir à présent si ce jeune homme était suffisamment digne de passer la soirée avec elle...

Y aller ou pas ? Telle était la question. Il n'était pas certain que ce soit la meilleure idée qu'il pouvait avoir et pourtant, il avait bel et bien d'aller faire un tour au chemin de Traverse histoire de pouvoir boire une ou deux bierreaubeurre voire un whisky pur feu ; changer un peu des boissons moldues le tentait ce soir-là... et puis ce n'était pas comme s'il était recherché. Il fallait juste qu'il fasse attention, qu'il ne fasse pas de vague : il avait payé sa dette à la société et son seul tort aujourd'hui ça serait donc qu'il était pas né avec le bon sang. Pas grand chose en théorie, beaucoup dans le monde d'aujourd'hui et suivant sur qui il allait tomber ; il n'aurait quand même pas beaucoup de chance s'il croisait Aloysius ou bien Azalea... Il avait la poisse, c'est vrai, mais peut-être pas à ce point-là du moins il l'espérait. Avant de partir, il avait envoyé un message à Neolina pour prévenir qu'il sortait tout en lui expliquant où il allait -sait-on jamais, cela pouvait servir d'une manière ou d'une autre-.

Gary était ensuite dans un pub qu'il connaissait quand même bien, même s'il évitait d'y aller trop souvent, même s'il préférait en temps normal les pubs, bars, endroits moldus pour sa propre sécurité, par ce qu'il se sentait plus à l'aise là-bas. Il n'avait pas envie d'abandonner totalement sa vie sorcière pour autant, alors de temps en temps ce n'était pas quelque chose qui allait pouvoir lui voir faire du mal. Il essaya de se promettre à lui même d'être sage, de ne pas trop chercher les ennuis, d'être sympa et compagnie... et surtout de ne pas faire le petit con. Se sociabiliser, trouver quelqu'un avec qui papoter et puis voilà. Ca suffirait amplement. Sortir un peu de son quotidien habituel.
Il était arrivé depuis quelques minutes, qu'il repéra une place auprès d'une belle brune. Etrange que personne ne soit installé à côté d'elle d'ailleurs, elle n'avait pas l'air d'être du genre à passer inaperçue. Probablement qu'il aurait dû faire comme les autres... mais non, il s'était dirigé vers cette place pour s'y installer. Et son esprit lui soufflait qu'il faisait-là une énorme connerie.. et le regard que lui sembla le barman était assez compréhensible et devait équivaloir à un « fuis pauvre fou ». Loin de l'écouter, il avait pris la parole, la saluant en lui demandant si elle attendait quelqu'un pour savoir s'il pouvait rester ici ou pas.... mais pendant quelques instants le silence fut de mise, avant que soudain, elle ne se mette à parler en se tournant vers lui tandis qu'il lui servait son plus beau sourire charmeur.

 « Je vous demandais si je pouvais rester ici, ou si vous attendiez quelqu'un.» répéta-t-il
« Navrée, je ne vous avais pas remarqué. »

Et cette remarque, loin de le déranger, le fit sourire encore plus, franchement amusé. Il n'avait pas franchement l'habitude qu'on ne le remarque pas, on ne pouvait pas dire qu'entre sa grande taille, sa tronche et sa façon d'être, il était dans la norme. Tandis qu'elle le toisait, il ne broncha pas et continua de la regarder. Si elle voulait le désarçonner ou le gêner, il fallait agir autrement, et maintenant il lui semblait comprendre pourquoi personne ne s'était installé ici : elle avait l'air spéciale, le genre très hautaine et cela se voyait à sa façon de le regarder. Et elle avait bientôt ajouté d'une voix suave qui étonna le jeune homme

« Ce qui est d’ailleurs, assez étonnant... »

Un petit sourire taquin était né aux commissures des lèvres du garçon.

 « Parait-il que je ne passe pas inaperçu.» Il pencha la tête sur le côté avant de continuer ... ce qui est également étonnant, c'est pourquoi une si charmante femme n'avait-elle personne assise à côté d'elle sur ce siège ? On avait dit de pas jouer au petit con, Gary ! Et ça ne l'avait pas empêché de continuer.  « Du coup, pourquoi est-ce si étonnant que ça de ne pas m'avoir remarqué.»

Outre le fait qu'il mesure dans les 1m90 ?

Pas comme ça, pas aussi facilement. Quelque chose n’allait pas, Johan ne pouvait purement et simplement pas disparaître ainsi. Ce n’était pas ce qui était prévu, même si Ana n’avait pas de preuve concrète, elle avait imaginé l’une de ces brutes style Blackblood prendre Walters entre quatre yeux pour le forcer à laisser sa place si il ne se décidait pas à agir pour faire avancer leur Cause. Mais être enlevé par ces vermines de la Garde, c’était insupportable. Même si cette disparition l’arrangeait. D’où les pensées contradictoires qui livraient bataille dans l’esprit de la brune.

Ana n’avait pas l’intention de rencontrer et de parler avec quelqu’un en venant ici ce soir, mais elle préférait régler les questions qui lui trottaient dans la tête, autour d’un verre. Ce qu’elle aurait très bien pu faire seule chez elle, mais elle préférait néanmoins l’ambiance sorcière du Chaudron Baveur, lieu où elle se sentait comme une fière Dame au sang-pur. À tel point que personne n’oserait probablement venir la déranger, après tout si la brésilienne était venue seule, ce qui n’était habituellement pas le cas, c’était pour une raison. Et pourtant, il y avait quand même un imbécile qui était venu s’asseoir à ses côtés. Malgré le fait qu’elle ne l’avait pas écouté la première fois, le jeune homme était resté, ne s’était pas du tout offusqué, et s’était même commandé un verre malgré le regard du serveur, qui lui signifiait clairement de fuir loin. Mais le grand brun était là, il répondait même à la séduction facile que lui servait Ana sur un plateau. Évidemment. Sans surprise, le jeune avait plongé la tête la première dans le jeu, tirant définitivement la sous-directrice de ses pensées concernant Johan.

Elle n’en était pas sûre, mais il était probable que ce grand brun ait en premier lieu demander si il pouvait occuper la place à côté d’elle, puisque qu’il était installé. Quelle importance alors d’attendre l’approbation de la brune. Après l’avoir toisé, elle le détailla d’avantage. Son visage ne lui disait rien du tout, il n’était certainement pas du département de la justice magique, voire pas du Ministère tout court. Ce n’était pas une mauvaise chose après tout, Ana donnerait l’occasion à ce jeune homme de se faire sa propre idée. Toutes les rencontres de la sous-directrice ne se terminaient pas toutes par un bain de sang, tout de même !

A première vue le grand brun avait un visage tout à fait charmant et l’air sur de lui, il se pavanait même fièrement. La sulfureuse brune laissa échapper un rire suave lorsqu’il lui demanda comment se faisait-il qu’une femme aussi charmante soit seule à ce comptoir. Vraiment, une tentative de séduction de bas étage renvoyée à l’envoyeur, mais d’un autre côté, ce genre de technique était toujours aussi efficace.

« Que voulez-vous, peut-être que les hommes en général, se lassent des femmes d’exception. »

Voilà ce qu’était Ana, sans aucun doute, et ce qu’elle avait répondu au jeune homme. Quant aux autres, peut-être étaient-ils tout simplement plus réfléchis et plus prudents pour ne pas être venus adresser la parole à la brésilienne.
Elle se tourna à présent complètement vers le grand brun, ramenant une jambe sur l’autre, son verre de whisky dans une main et son autre bras accoudé sur le comptoir. Pourquoi était-ce si étonnant de ne pas l’avoir remarqué, hein ? Ana élargit son sourire.

« Et bien, vous semblez avoir quelque chose de...lunaire. »

Sarcasme, moquerie, pour ne pas dire stupide d’être venu aborder une femme telle qu’Ana Oliveira.
Elle prit alors une gorgée de son whisky sans le lâcher des yeux.

« Alors, beau brun, parlez-moi un peu de vous... »

Est-ce qu'il était confiant sur ce qui allait se passer ? Pas du tout... Mais il avait quand même envie d'essayer de faire un peu plus connaissance avec cette Dame qui avait l'air bien particulière, bien hautaine. Il y avait comme un défi là-dedans... il savait néanmoins qu'il devait quand même se méfier, faire attention à ce qu'il allait dire ou faire quitte à courber l'échine si ça sentait le roussi. La question, c'était est-ce qu'il comprendrait que ces limites-là étaient franchies à temps ? On ne pouvait pas dire que ce genre de notion était franchement quelque d'inné chez lui, ou du moins de bien calibré... Mais bon, il verrait bien, après tout, ici il ne cherchait pas la merde, juste à faire la conversation. Quelque chose de banal en somme. Il avait encore le droit de respirer l'air du chemin de Traverse, alors bon tout irait, tentait-il de se rassurer.

Il avait donc essayé d'entamer la conversation comme il l'avait pu et la réponse, comment dire, le laissa quelques instants un peu perplexe. Une femme d'exception ? Voilà comme elle se qualifiait et bien, cela promettait un drôle de moment. Elle semblait singulière, très arrogante, mais pour l'instant ce n'était pas franchement pour lui déplaire même si ce n'était certainement pas quelque chose qu'il supporterait à la longue. Gary laissa donc passer quelques instants histoire de trouver quelque chose de piquant à répondre, ou de drôle. Il eut soudain un petit sourire taquin et tout en la regardant dans les yeux, il lui souffla

 «Qu'est-ce qui fait de vous une femme d'exception ? »

Non pour l'instant, il n'irait pas dans la moquerie, ou n'essayerait pas la piéger d'une quelconque façon pour la faire redescendre sur terre, il préférait cette simple question qui lui permettrait d'en savoir probablement un peu plus sur cette femme. Tout comme il aurait pu dire que si tous les hommes la fuyaient ça devait être elle le problème.

Et en plus, elle n'avait pas tardé à rajouter quelque chose... qui ne ressemblait pas à un compliment. Lunaire, ceci dit, ce n'était pas forcément non plus une très critique, il n'allait pas entrer dans ce petit jeu et le prendre mal... et ce qui suivit l’embarrassait quand même beaucoup plus : parler de lui. Qu'est-ce qu'il pouvait dire sans se mettre en danger ? Son statut de sang, le fait qu'il était passé à Azkaban, on oublie. Pour le reste, il allait improviser de toute manière, il ne pouvait guère faire autrement. Très rapidement il avait donc ajouté

 «Je suis beaucoup de choses, et, effectivement, lunaire fait parti des traits pour me qualifier... mais pas que... »

Il avait préféré laisser la phrase en suspens pour lui faire comprendre qu'il fallait découvrir le reste si ça l'intéressait. Probablement que ça n'était pas le cas et que tous les deux jouaient un peu pour moins s'ennuyer, par ce que c'était une activité comme une autre. Il but un peu de sa boisson préalablement choisie avant de reprendre la parole

 « Contrairement à vous, je ne pense pas être quelqu'un de très intéressant, votre vie me semble bien plus palpitante comme celles de toutes les femmes d'exceptions.»

Il lui dédia son plus beau sourire et avait sorti cela sans le moindre ton moqueur, même si dans le fond oui, il se foutait un peu de sa gueule, mais il avait ce don de le tourner d'une façon un peu innocente, avec entrain comme s'il le pensait réellement... et il continua

 « Mais dans les informations qui pourraient vous intéresser je m'appelle Gary et vous êtes ?»

Oui, voilà ce qu'il allait lui dire, juste pour voir comment est-ce qu'elle réagissait, est-ce qu'elle allait poser des questions un peu plus précises ? Est-ce qu'elle préférerait parler d'elle ? Et il savait qu'il avait répondu en partie à côté, mais ça pouvait correspondre au côté lunaire... alors tout elle ne devrait pas se méfier. En tout cas, si elle pouvait commencer par se présenter, pour lui ça serait plus simple pour moduler ses réponses après... Il espérait ainsi commettre un peu moins d'erreur et surtout ça donnerait plus d'informations sur sa personnalité suivant comment elle réagissait à tout ça. Le tout était d'arriver à bien tout interpréter et c'était généralement là où c'était déjà beaucoup plus compliqué pour lui !

Il était évident que ce jeune n’était pas du même monde, pire même, il n’avait aucune idée de la personne à qui il s’adressait, ce qui rendait le jeu bien plus amusant. Fermement décidée à s’ôter ces sales pensées contradictoires de la tête, le lunaire serait parfait pour ça. Lunaire, oui, c’était bien l’adjectif auquel Ana avait pensé au premier. Difficile de le juger d’avantage pour le moment, il n’avait pas encore beaucoup parlé de lui. Que cherchait-il en réalité ? Une simple distraction, sautant sur l’opportunité d’avoir remarqué que la brésilienne était seule, ou bien un réel objectif de draguer et de ramener une femme d’âge mûr dans son lit ? Peut-être un peu des deux, Ana quant à elle n’attendait rien d’un tel individu, mais elle se plaisait à se montrer aguicheuse et mystérieuse à la fois, sans trop parler d’elle, mais insistant bien sur de piquantes réflexions. Ainsi agissait-elle avec bon nombre d’hommes, peu importe l’âge, bien que ce genre de pratique allait vers les hommes au sang-pur et fortunés, ou disposant d’un compte à Gringotts bien rempli. À en juger par l’allure simpliste de son interlocuteur, le petit brun n’avait décidément rien des proies habituelles de la sous-directrice. Peut-être que dans une autre vie, cela aurait été différent. Pour le moment, Ana était simplement curieuse de voir où est-ce que tout ce jeu pourrait la mener. Le jeune entrait complètement dans le jeu et cela lui plaisait. Curieux de savoir ce que la brune avait d’exceptionnel, le sourire de celle-ci s’élargit. Elle se passa une main dans ses cheveux et releva le menton.

« N’est-ce pas évident ? Il vous suffit de me regarder pour comprendre. »

Aucune autre réponse si ce n’est un regard provocant. Était-ce une manière déguisée de lui demander de parler d’avantage d’elle, ou bien était-il si lunaire qu’il ne comprenait pas le sarcasme ? L’un comme l’autre était une possibilité. Mais actuellement Ana penchait plutôt pour la première, puisque le jeune homme répliquait aussi sec, confirmant qu’il était quelqu’un de lunaire. Étrange que ce soit le premier qualificatif qui lui était venu à l’esprit, mais il avait visé juste. Ainsi il était beaucoup d’autres choses ? Sûrement, comme n’importe qui. La brunette n’en doutait pas, mais elle avait tout de même envie d’essayer de le piquer au vif, tout en attisant et comblant sa curiosité.

« Vraiment ? Pourtant, vous avez l’air tellement...banal. »

Elle le laissa tout de même continuer, piquante. Il l’a flattait en insinuant qu’elle avait l’air d’avoir une vie bien plus palpitante. Ana leva alors les yeux au ciel. Ça, c’était une évidence. Mais qui sait, peut-être que ce petit brun menait une vie bien remplie et intéressante, en tout cas si c’était au Ministère qu’il travaillait, il n’avait pas un poste haut placé, elle l’aurait su, sinon. Alors, que pouvait-il bien être dans la vie de tous les jours, hors de ces murs ? En tout cas, l’auto dérision dont faisait preuve le petit brun amusait d’avantage la brésilienne, qui s’empressa de rentrer dans son jeu.

« Bien sûr qu’elle l’est d’avantage. »

Arrogante, toujours. Mais non loin de la vérité, sûrement. Tandis qu’Ana prenait encore quelques gorgées de whisky, le jeune homme lui confia son prénom, ce qui était un bon début. Effectivement, mettre un prénom sur ce visage rendrait la communication plus aisée. Sans doute. Elle acquiesça en guise de réponse, elle n’allait pas commenter sur son prénom, Gary, qui était somme toute aussi banal qu’il n’en avait l’air. Non, elle répondit simplement :

« Ana. »

Celle-ci aurait pu pousser le jeu encore plus loin en se donnant une autre identité, mais elle n’en voyait pas l’intérêt. Elle préférait de loin qu’il sache à qui il avait à faire. Que risquait-elle alors qu’elle était en terrain conquis. Elle ne manqua pas le regard du serveur de l’autre côté du comptoir qui faisait magiquement tournoyer les verres et tasses à tour de rôle pour les nettoyer et les essuyer. Elle n’allait pas tarder à passer commande pour un deuxième verre. À moins que le dénommé Gary ne se dégonfle et décide de s’en aller. Car Ana n’avait pas fini de le piquer, très certainement. Elle enchaîna aussitôt, sur sa situation.

« Que faites-vous dans la vie ? Je ne crois pas vous avoir déjà croisé au Ministère. »

L’indice sur sa propre situation n’en était pas un, elle l’avait explicitement indiqué. Maintenant elle était curieuse de savoir, après tout, cela faisait parti des questions bateau que l’on posait lors d’une rencontre, non ? Puisque Gary semblait également intéressé par la vie palpitante de la femme d’exception qu’était Ana, il ne tarderait pas à demander quel poste elle y occupait, sauf si la réflexion qui allait suivre le braquait.

« Je me demande simplement si vous êtes suffisamment digne d’intérêt pour que je vous accorde davantage de mon temps. »

En effet, la brunette ne se privait pas pour changer de compagnie dans la même soirée si elle s’ennuyait ou n’y trouvait plus son compte. Pour le moment, elle ne s’ennuyait pas, au moins. Mais elle parlait toujours sur ce ton suave, mélangeant l’arrogance et la provocation.

Tandis qu'il entrait dans son jeu en lui demandant ce qu'elle avait d'exceptionnel, le sourire de la femme s'élargit un peu plus ! BINGO, il avait vu juste ! Elle semblait vraiment imbue d'elle-même. Le pire c'est qu'elle se passa une main dans les cheveux et releva le menton. OK. Ok  c'était vraiment TRES imbue d'elle-même ! Il se gratta un peu la joue tandis qu'elle reprenait la parole... et ça continuait... Est-ce qu'elle ne voulait pas se jeter des fleurs tant qu'elle y était ? Par ce qu'elle ne devait pas être loin de le faire, et il était quand même un peu effaré par une telle... assurance. On peut dire ça comme ça, même si le mot est faible par rapport à ce qui était en train de se passer. Lorsqu'elle parla d'évidence, il haussa un sourcil puis les épaules. Ouais, non pas si évident que ça, et il répondit comme si c'était la chose la plus évidente.

 « Vous êtes belle, bien sapée, je suppose vu votre face de vous tenir et compagnie que vous êtes de bonne famille... Mais pas sûr que ce soit la définition d'exception à mes yeux.»

Il eut un petit sourire taquin sur les lèvres, il aurait pu y aller plus fort, mais le but n'était pas de l'énerver, il préférait la brosser quand même en grande partie dans le sens du poil. Le courroux d'une sang-pur par ce qu'il n'y avait qu'eux ici pour sortir ce genre de conneries, non merci. Il devait donc faire quelques efforts et essayer de tourner au maximum sept fois la langue dans sa bouche.. Et les échanges avaient continué, tandis qu'elle le cherchait clairement.

« Vraiment ? Pourtant, vous avez l’air tellement...banal. »
 « Vous savez, parfois les apparences sont trompeuses. » avait-il répliqué du tac au tac.

Il préférait répondre cela plutôt que de s'embourber dans des explications foireuses comme il avait l'habitude de le faire. Voilà, bien, on se canalise. On a pas le droit de se laisser aller face à une telle personne, il faut bien tout faire correctement, bien se contrôler. Il avait donc continué de papoter pour la tester un peu sur sa façon d'être, ou de penser et elle continuait dans son délire de femme de la haute. Promis, il ne fit aucun commentaire et se contenta d'opiner sagement de la tête comme s'il était d'accord avec elle ! Hey, comme quoi, des fois quand il s'en donnait la peine, il arrivait à se gérer... la question était de savoir combien de temps est-ce que ça allait encore durer avant qu'il ne fasse un faux pas et se foute dans la merde... C'était probablement juste une question de temps, il ne savait pas faire autrement et le karma n'était pas ce qu'il y a de plus sympa avec lui qui plus est !
Il avait néanmoins fini par se présenter et elle donna à son tour son nom, il lui dédia un nouveau beau sourire, charmeur.

 « Echanté, Ana !»

En tout cas ça ne lui disait rien. Inconnue au bataillon la dame ! Et il n'allait pas lui demander son nom, par ce que ça voudrait dire le sien et elle était peut-être affiliée à des gens qu'il préférait éviter. Et la question suivante et bien ne l'arrangeait franchement pas. Ah ! Comment est-ce qu'il allait pouvoir tourner la chose... vu qu'elle faisait clairement partie du Ministère et donc de ces Enflures – même si tous n'étaient pas d'odieux personnages-. Dommage que l'on ne puisse pas éluder la question.

 « C'est bien normal, je suis dans le système de soins et d'aide à la personne» ajouta-t-il avec un sourire. Ce qui n'était pas un mensonge total vu ses études initiales et qu'il travaillait en rapport avec les secouristes... Et puis avec les appels qu'il recevait il aidait réellement les personnes... les moldus, mais ça il n'allait pas s'en vanter devant elle ;  « Et vous, vous êtes dans quel service exactement ?» Quelque chose lui disait qu'il allait regretter cette question, mais en même temps il fallait bien détourner un peu l'attention.  « Est-ce que ça fait de moi quelqu'un digne d'intérêt, ou est-ce que je le dois le gagner encore plus, cet intérêt ?» Silence. Regard éloquent avec peut-être un brin de défi dans l'air.

Dire qu’Ana n’aimait pas être complimentée sur son apparence, serait mensonger. Elle ne pouvait qu’affirmer ce que lui déblatérait le dénommé Gary, elle était belle et bien habillée. Elle avait tout d’une dame de la Haute et elle adorait qu’on l’adule et la brosse dans le sens du poil. Le jeune homme avait donc bien raison, ce genre de compliment rendait Ana hautement arrogante, sûre d’elle, et imbue d’elle-même. En revanche, côté origines familiales, ce n’était pas vraiment ça. La brune n’avait jamais évoqué ce sujet brûlant à quiconque, même des inconnus, et Gary n’échapperait pas à la règle. Personne ne saura, jamais, qu’elle était née dans une famille moyenne moldue. Cela serait bien trop déshonorant pour elle, rien qu’une fois elle avait commis cette erreur, lorsqu’elle était jeune, et cela lui avait pour ainsi dire pourrit l’existence. Dégoûtante, répugnante, voilà comment Ana qualifiait sa famille. Sa seule consolation était de l’avoir en partie décimée. Sa sœur pour commencer, et plus récemment la femme qui l’a juste mise au monde et qui ne valait rien d’autre.
La brésilienne n’y pensait déjà plus, elle avait eu vite fait de chasser cette désagréable pensée de son esprit, elle préférait se focaliser sur les jolis compliments du jeune homme. Mais attention, même si elle les appréciait, elle ne se laissait pas manipuler pour autant. Pour l’heure, elle continuait de se pavaner devant Gary, même si ce n’était selon lui pas la définition d’une personne d’exception. Évidemment. Comment cela pouvait-il l’être pour une personne comme lui, qui n’était clairement pas dans le même monde et qui prônait sûrement le naturel avant tout. Ana était bien loin d’être naturelle et ça lui convenait. En réalité elle ne se préoccupait pas du point de vue de Gary, mais comme elle avait un petit côté curieux et qu’elle n’avait rien d’autre à faire que d’entretenir cette conversation, elle rentra dans son jeu.

« Vous avez raison. Et qu’elle est votre définition, alors ? »

La brunette s’attendait à une réponse inutile et banale à ses yeux. Mais jusqu’où aurait-elle besoin d’aller avant que le petit brun se rende compte qu’elle se payait ouvertement sa tête ? Pour le moment, il continuait de répondre, sans se préoccuper visiblement de ce qu’Ana pouvait penser de lui, il n’avait pas pris la fuite ou la mouche alors qu’elle l’avait qualifié de banal. Et pour cause, elle attendait surtout qu’il lui donne la preuve qu’il était digne de son intérêt. Les apparences étaient parfois trompeuses, effectivement, mais Ana jugeait beaucoup les autres sur leurs apparences, justement. Tandis qu’elle finissait son whisky, elle ne manqua pas de le chercher, encore, et une nouvelle fois affirma son assurance.

« Peut-être. Mais moi, je juge sur l’apparence avant tout, ce qui me donne d’ors et déjà un indice sur la personne. Et je ne me trompe jamais...Alors, Gary, il va falloir trouver mieux. »

La sous-directrice de la justice magique se passa des banalités de présentation maintenant que chacun connaissait en partie l’identité de l’autre. Elle gardait pour le moment l’opinion qu’elle avait de lui, attendant de voir la suite. Qui ne tarda pas à arriver. Et voilà, une fois de plus, Ana avait vu juste quant à la banalité de son interlocuteur. Travailler dans le système de soins et services d’aide à la personne, tant de notions qui étaient à mille lieux d’intéresser la sulfureuse brune. L’altruisme et l’ouverture d’esprit dont faisait preuve le personnel médical l’ennuyait. Elle tenait effectivement le discours d’une personne qui se sentait si supérieure aux autres et si puissante, qu’elle n’avait jamais eu de réel besoin d’être soignée.
Ne souhaitant pas plus dissimuler son sarcasme que d’habitude, Ana pouffa de rire en reposant son verre sur le comptoir. Ouvertement sarcastique, pour ne pas dire moqueuse et méprisante, elle siffla :

« Aide à la personne... »

Et elle continua de ricaner, l’alcool n’aidant pas à se contenir. Mais elle ne souhaitait pas faire fuir Gary, pas tout de suite. Il lui demanda également dans quel service elle travaillait, ce qui n’était guère étonnant, il lui avait renvoyée la question, tout en rajoutant si à présent elle le trouvait suffisamment digne d’intérêt pour elle. Et bien, non. Ce qui l’a fît ricaner de plus belle.

« J’imagine que vous n’y avez même pas un poste important. Vous l’auriez précisé, sinon. »

D’un geste de la main, elle interpella le serveur. Une pratique qui choquait peut-être des personnes comme Gary, mais qui, dans le monde d’Ana, était très répandue. Si bien que le serveur lui-même n’y prêtait même plus attention, depuis le temps, il connaissait la Dame et savait qu’il n’avait plutôt pas intérêt à broncher.

« Un deuxième whisky pour mon ami le jeune « aidant » à la personne. Vite. »

Aucune politesse, évidemment, jamais. Et le serveur apporta deux autres verres de whisky pur-feu. La brésilienne avait la main légère avec les verres d’alcool, et même éméchée elle savait garder un minimum de contenance. Alors, elle reprit, plus sérieusement :

« Mais vous savez, dans un sens, moi aussi j’aide les autres. » Elle se redressa sur la chaise, relevant le menton de nouveau pour appuyer sa posture assurée. « Je dirige le département de la justice magique. »

Diriger, oui. Ce n’était pas le cas, Ana n’était que la sous-directrice mais comme elle n’aimait pas le « sous », et que de toute manière, Gary n’irait sûrement pas vérifier...Elle l’avait dit comme ça.

« Dites m’en plus. Car pour l’instant je ne vois toujours aucun intérêt en vous. Je vous paye ce deuxième verre, alors ne me décevez pas. »

Il eut un petit en coin lorsqu'elle lui posa la question de sa définition de la femme d'exception. Oui, cela l'amusait beaucoup et pourtant... pourtant il se doutait du danger qui planait au-dessus de sa tête et qu'il fallait faire attention à ce qu'il allait bien pouvoir dire. Il laissa passer quelques instants avant de finalement reprendre la parole

 « Des personnes qui sont là pour les autres, altruiste. Des amis qui ne vous lâchent pas à la moindre merde et qui essayaient de vous aider/de vous comprendre sans trop vous juger même si vous n'êtes pas sur la même longueur d'onde. Qui ne se vantent pas de tout et de rien, qui ne se prennent pas la tête pour tout et rien. Compréhensives et compagnie. Voyez-vous le genre ? La plupart du temps, elles arrivent à s'insérer un peu partout facilement, par ce qu'elles ont une bonne aura.»

Neolina, Margo. Pour ne citer qu'elles et même si c'était compliqué, quelque part, il était certain que Maxence faisait parti de ces personnes-là. Des personnes rayonnantes qui faisaient le bien autour d'elle. Autrement dit, tout le contraire de ce que semblait dégager la femme qui était bien seule pour une personne d'exception, que les gens semblaient la fuir plus qu'autre chose. Et s'il voyait bien qu'elle ne faisait pas ça pas par ce qu'elle était intéressée par sa réponse ; lui répondait avec le ton et le regard le plus innocent possible, mais il n'était pas franchement dupe. Si c'était quelqu'un de bien, le barman ne lui aurait jamais jeté ce genre de regard... mais justement c'était ça qui était quelque part intéressant. Et il leur manquait, à l'un et l'autre beaucoup de données sur son interlocuteur, ils avançaient donc un peu à l'aveuglette. ET BOOM une nouvelle pique qui le fit de nouveau sourire.

 « Je trouve juste ça très superficiel personnellement...» Il planta son regard bleu dans celui de la femme avant de rajouter. ... et puis, j'attire un peu trop l'attention lorsque je me mets sur mon 31, je voulais juste boire un verre tranquillement.

Etre banal avait quand même des avantages. Il ne voulait pas dire pourquoi il ne voulait pas attirer l'attention et laissait donc sous-entendre celle des femmes, qu'il ne tenait pas à être trop aborder. Il savait que s'il s'en donnait la peine, il pouvait faire malheur, qu'il plaisait plutôt bien... Mais la question intéressante était de savoir si des gens étaient blessés par ses propos ? Non, par ce qu'il n'en avait rien à faire de ce qu'une inconnue pétante pouvait bien penser de lui, hey, il avait réussi à avoir Klara et Klara.... oh oui, Klara était tellement bien plus belle qu'elle, avec plus de classe et sûrement beaucoup plus de qualités. Si les propos de Klara – ou de ses amis en général-, ceux d'une inconnue, lui passaient totalement au dessus de la tête.

Ils avaient donc continué de discuter boulot et maintenant qu'il savait qu'elle travaillait au Ministère, il se doutait qu'il devait faire encore plus attention à ses propos... s'il y arrivait. Niveau danger et le fuir, on ne pouvait pas dire que l'instinct de survie de Gary fonctionnait bien. Oui Aide à la personne, grognasse. Rigole autant que tu veux, lui au moins, il servait vraiment à quelque chose. Elle finit par interpeller le serveur pour lui demander de le resservir. Intéressant, donc.

 « Merci,» avait-il souffl.

Alors, qu'en vérité qu'il avait surtout envie de dire qu'il pouvait se payer un verre. Non, on remercie dans ce genre de cas et on oublie les commentaires négatifs qui pouvaient arriver jusqu'à sa langue. On les bouffe, les étouffe. Pour le moment du moins, on passe pour le type gentil, un peu concon. L'inoffensif...
Heureusement qu'il ne buvait pas lorsqu'elle précisa le département sur lequel elle bossait : avantage : elle ne devait pas trop travailler avec Klara & Aloysius, ni être trop en affaire avec Azalea – pas du tout le même univers pour les deux grognasses-.

 « Whow. Effectivement, ça doit vous en faire un sacré boulot.» Surtout avec toutes ces « nouvelles » mesures à la con.  « Vous n'avez jamais eu peur qu'en disant ça, vous tombiez sr quelqu'un qui ait envie de vous agresser, de vous tuer ou de vous suivre ? Pas sûr que je sois tranquille, moi ; Vous devez être si courageuse... moi j'le suis pas trop.»

Courageuse le cul assis derrière son bureau à diriger les sous-fifres, oui ; mais il avait continué avec son petit ton joyeux qu'il maîtrisait à la perfection comme si ces compliments étaient sincères. Elle aimait se faire mousser, alors il la brossait dans le sens du poil. Par contre, maintenant il allait devoir faire sacrément plus attention. Cette fois son alarme interne était bien réveillée mais fuir ou prétexter qu'il devait partir maintenant serait encore plus suspect et puis... se foutre de sa gueule comme ça était aussi amusant. Ils se distrayaient bien, non ? La question suivante, piquait quand même un peu plus

 « Si vous avez peur d'être déçue, je peux aussi me le payer.» Bon comment expliquer ce qu'il faisait sans dire que c'était dans le monde Moldu ? Bravo, Gatiss, tu t'es encore foutu dans une merde sans nom. Noyer le poisson ? Noyer le poisson... mais comment ? Surtout face à quelqu'un comme elle.  Bonne question. Être franc ? Dangereux.  « Boh, vous savez, on nous contacte et on va aider les gens dans le besoin ; ouais je n'ai pas de rôle important... mais parfois on a quand même la vie de gens entre nos mains vous savez ? ... Et puis, ce n'est pas forcément notre métier qui nous défini, il y a toujours beaucoup de choses qui tournent hors boulot. » il lui dédia un nouveau sourire, cette fois qui se voulait un peu amusé, un peu charmeur. Vas-y mec, noie le poisson.  « … je ne sais pas, vous n'aimez pas faire la fête avec vos amis ? Allez danser jusqu'au bout de la nuit pour faire des rencontres ? Ou juste se faire un bon restaurant ? Vous êtes une femme de goût et sûrement pleine de responsabilités, ça fait beaucoup de bien de pouvoir se relâcher après ces harassantes journées de boulot.»

Le genre de réponse qu'Ana attendait était tombé. Une nouvelle fois, elle pouffa de rire dans son verre. Ridicule et naïf, voilà comment elle qualifiait la vision que Gary avait d'une femme d'exception. Evidemment, la brésilienne ne se reconnaissait pas du tout dans cette définition, elle que l'on qualifiait souvent de garce, et divers noms d'oiseaux synonymes. Elle qui était dure, manipulatrice et sans pitié, qui n'était pas non plus une amie fidèle puisqu'elle était capable de laisser tomber n'importe qui à n'importe quel comment. Avait-elle réellement des amis, d'ailleurs ? Probablement pas, la véritable définition de ce terme lui était inconnue. Compréhensive ? Ana pouvait l'être, dans certaines situations. Mais uniquement quand cela allait dans son sens. Qui ne se vantait pas ? Raté. Gary l'avait déjà constaté, de par la suffisance de la Dame. Elle aimait pourtant sortir, mais seulement avec d'autres Sang-purs hauts placés, puissants et riches. Quant au fait de s'insérer partout facilement...

« Je vois tout à fait. Le genre de personne risible qui m'ennuie profondément. » Elle marqua une pause et ricana. « Ceci dit, je suis capable de m'insérer où vous voulez. »

Ou plutôt, c'était en elle que les riches sang-purs désespérément monogames et frustrés de leurs mariages forcés, s'inséraient. Que Gary imagine ce qu'il voudrait ! Vraiment, elle n'était définitivement pas la femme d'exception de Gary. Il avait dû le comprendre, ainsi il pouvait arrêter la conversation ici et s'en aller, si tel était le cas Ana ne le prendrait pas mal. Seulement voilà, le jeune homme restait. Il continuait de répondre aux questions, et même d'en poser. De toute évidence, il n'avait pas peur. Ce qui rendait le jeu plus intéressant encore, car il osa la qualifier de superficielle, une fois encore elle s'en fichait puisque c'était la vérité. Elle nota tout de même que le jeune homme avait également un petit côté vantard, ce qui leur faisait au moins un point commun. Grande nouvelle. Mais hélas ce n'est pas ce qui le sauverait.

« Bien entendu... »

Ana n'avait pas trouvé autre chose à répondre. Ainsi, une phrase bateau tel un accusé de réception banal ferait bien l'affaire.
A présent, ils étaient tous deux partis pour un deuxième verre, que la sulfureuse brune avait payé, non pas parce qu'elle s'était dit que le travail d'aidant ne payait pas suffisamment, mais parce que ce jeu l'amusait et elle voulait vraiment voir jusqu'où tout ça ménerait, d'autant plus que le comportement de Gary semblait avoir légèrement changé depuis qu'Ana lui avait dit diriger le département de la justice magique. Ce qui n'était pas réellement le cas, mais d'une part il n'irait sûrement pas vérifier, d'autre part ce n'était qu'une question de temps avant que ce ne soit le cas. Elle resta un peu surprise de la réaction de Gary, qui demanda si elle n'avait pas peur d'être agressée ou tuée en racontant qu'elle dirigeait le département de la justice. En voilà une drôle d'idée. Cette fois, Ana éclata d'un rire plus franc et moins discret, elle répondit même du tac au tac.

« Je n'ai pas peur... » Elle marqua une pause en esquissant un sourire narquois, car c'était vrai, elle n'avait pas peur, au contraire, elle n'attendait que ça. Si quelqu'un tentait de l'agresser, elle aurait pour une fois une raison valable de se défendre et donc de réduire cet individu en charpie, laissant aller ses pulsions meurtrières aussi loin qu'elle le souhaitait. Ceci dit, elle ne pouvait décemment pas donner ce genre de réponse à Gary. Alors, elle opta pour plus soft.

« Je travaille certes dans un bureau, mais j'ai passé suffisamment d'années sur le terrain pour savoir me défendre. Alors, ce n'est pas du courage, c'est de l'ambition... »

Voilà, si le jeune homme projeter de tenter quoique ce soit sur la brésilienne, il était prévenu. Il pouvait toujours essayer, seulement elle était certaine qu'il n'en sortirait pas indemne, ni même vivant. Mais, comme elle était d'humeur joueuse, son sourire s'élargit sur ses lèvres, et elle lui demanda :

« Vous vouliez m'agresser, peut-être ? Mais allez-y, essayez. Seulement, je ne donne pas cher de votre peau. »

Et pire encore. Son sourire devint presque carnassier. Elle aurait eu envie que Gary tente quelque chose, afin qu'elle puisse se faire les dents. Sa baguette et sa plume d'oiseau-tonnerre était soigneusement rangée, pourtant cela démangeait la sorcière de la sortir et de s'amuser un peu.
D'ailleurs, Ana souligna que la langue du jeune homme s'était soudainement et allégrement déliée. Il enchaîna une tirade de questions sur sa vie nocturne et festive, tout en la brossant dans le sens du poil, il parla de son métier, du sien...Amusant. Ce changement de comportement interpella la sous-directrice de la justice, dont l'expérience en sciences comportementales l'amena à penser que Gary cherchait à changer de sujet, tant la posture de la Dame en face d'elle le mettait mal à l'aise. Ana aimait ça. Elle ne répondit d'ailleurs à aucune de ses questions, ni aucune réflexions. Elle se rapprocha du jeune homme, son verre à la main. Elle mordilla légèrement sa lèvre inférieure et posa sa main libre sur la cuisse de Gary. Sans aucune retenue. Puis, elle murmura :

« Pourquoi parlez-vous autant, et si vite, à présent ? Je vous mets mal à l'aise, peut-être ? Ou bien y a-t-il quelque chose que vous voulez me cacher ? »

A présent, Ana fixait Gary, tout en buvant quelques gorgées de whisky, sa main caressant très légèrement sa cuisse.

Pourquoi est-ce qu'il continuait alors qu'il aurait dû partir ? Pourquoi chercher la petite bête alors qu'il y avait un danger manifeste ? Probablement parce qu'il ne voyait pas vraiment les choses comme ça, pour l'instant, ils jouaient juste, n'est-ce pas ? Ils se cherchaient se moquaient « gentiment » l'un de l'autre... du moins c'est comme ça qu'il le voyait : comme un divertissement, certes malsain, mais s'ils étaient Ok l'un et l'autre, il n'y avait aucun problème à ses yeux. Ils se répondaient, et visiblement ça devait être chose rare pour cette femme de la haute. Gary eut un rictus amusé lorsqu'elle répliqua. Ce genre de personnes l’ennuyaient profondément... et bien... c'est surtout elle qui devait elle chiante à mourir si elle ne savait pas s'amuser avec des personnes simples. Il pouvait très bien l'imaginer déambulant dans la rue en ayant pour seul loisir de se sentir supérieure aux autres. Quelle vie de merde d'être comme ça, il aurait presque pu la plaindre. Sa nouvelle phrase le fit ricaner à son tour vu l'énorme sous-entendu, non, il n'irait pas jusqu'à dire que pour l'instant ils ne semblaient pas beaucoup à vouloir s'engouffrer avec elle.

 « Je vois... même si cela m'échappe un peu ce qui vous ennuie là-dedans et qu'est-ce qui peut bien vous divertir réellement ?»

Et il s'en doutait de ce que c'était, car en continuant la conversation, il avait posé des questions, en avait répondu à d'autres, jusqu'au moment où il n'avait pas pu s'empêcher de la qualifier de superficielle, ce qui était vrai. Ce n'était pas un compliment, juste un fait, un trait de caractère comme un autre au final... beaucoup prenaient la mouche. Lui même n'aurait probablement pas aimé que l'on dise ça de lui, ou même de Klara, et pourtant sous certains aspects son ex petite amie l'était même s'il l'aimait profondément, et probablement que lui aussi l'était à moindre mesure. De toute façon face à cette Ana tout le monde devait semblait un petit joueur.

Le souci, c'est que la suite des événements n'allaient pas vraiment dans la faveur de Gary. Son métier l'avait nettement refroidi, même s'il n'allait pas partir pour cela vu qu'aujourd'hui il n'avait rien fait de mal, qu'il se tenait à carreaux et que l'on avait franchement rien à lui reprocher. Il avait néanmoins parlé de nouveau et comme à son habitude, il dérivait un peu, posait beaucoup de questions, intrigué par ce bout de femmes. Il la trouvait d'une certaine part inconsciente vu les temps actuels de dire son statut comme ça... est-ce qu'elle était aussi prétentieuse que ça pour parler ouvertement quitte à se mettre en danger ? Ou est-ce qu'elle était si excellente combattante ? Peut-être aucun des deux, mais la première solution lui semblait quand même la plus logique vu la situation actuelle. Au moins, il l'avait fait rire c'était.... inattendu surtout qu'elle semblait cette fois franche, ce n'était pas quelque de travaillé, de faux.

« Je n'ai pas peur... »

Il avait penché la tête sur le côté, mais n'avait pas repris la parole, espérant qu'elle reprendrait bientôt la parole, ce qu'elle ne tarda pas à faire pour compléter ce flux de pensée et bientôt elle lui avoua que c'était surtout par ce qu'elle travaillait dans un bureau mais qu'elle savait se défendre. Intéressant. Et lorsqu'elle lui demanda s'il voulait l'agresser cette fois ce fut à lui d'avoir un rire sincèrement amusé.

 « Pourquoi est-ce que je voudrais faire ça ? Ca serait totalement stupide... et en plus je n'ai rien contre vous.»

Méfies-toi des plafonds, Ana, il est visiblement doué pour tuer quelqu'un comme ça, mais bien sûr, il garda cette pensée pour lui. Elle semblait un peu trop sûre d'elle pour son propre bien être.... et soudain, elle se rapprocha de lui, verre à la main en se mordillant un peu la lèvre inférieure avant de poser une main sur sa cuisse. What ? Néanmoins, il planta son regard dans celui de la jeune, toujours un vague sourire aux lèvres... finalement rassuré par sa dernière phrase, même s'il n'aurait pas dû. C'était une menace sous-jacente, au fond, il le savait... mais il avait du mal à le percevoir totalement comme ça : vu que justement il n'avait rien à cacher, du moins rien qu'il n'ait déjà payé. Il n'était pas un résistant, il ne faisait pas de mal à la communauté magique.... alors... non. Tout irait bien pensait-il innocemment. Il s'était donc contenté d'hausser un peu les épaules avant de continuer

 « C'est surtout intimidant... Et non, je n'ai rien à cacher.» Ah, si ça y ait ; Son statut de sang, son métier... c'était bien de continuer de le cacher.  « Je me pose juste certaines fois trop de questions d'un coup... surtout lorsqu'il s'agit de la sécurité de quelqu'un. J'vous l'ai dit, je suis dans l'aide à la personne.»

BIP. Ce n'était pas franchement vrai, même s'il y avait une part de réalité là-dessous... du coup, il trouvait que cette phrase passait plutôt bien. Il but à son tour une gorgée du breuvage avant de lui demander.

 « Qu'est-ce que je pourrais bien vous cacher de toute manière ? Je veux juste passer une bonne soirée et vous aussi je suppose. Ce bar est l'endroit parfait pour se détendre. J'suis juste une personne très curieuse qui a un sens du danger et de la répartie bien à elle, mais vous avez déjà dû le remarquer. » Il eut un petit sourire en coin mais ne rajouta rien d'autres, espérant que cela lui conviendrait.

Ce dont Ana était sûre à présent, son interlocuteur n’avait pas l’air coquin, ni le genre de séducteur qu’elle côtoyait habituellement. Sinon, il se serait empressé de réagir au sous-entendu plus qu’explicite. Les hommes hauts placés du Ministère étaient si dévorés par leur égo et tellement frustrés de leurs mariages arrangés, qu’ils se seraient littéralement engouffrés dans l’ouverture. Ana était habituée à ce genre de réaction, si bien qu’elle décréta que Gary n’était pas aussi distrayant qu’il le prétendait. La différence était incontestablement une notion qui lui échappait, au lieu d’apprendre à la connaître et l’approfondir, elle la méprisait. Qu’importe, puisque le métier du jeune homme ne lui donnait guère envie de vouloir autre chose. La brésilienne était d’ailleurs presque sûre que le non intérêt était réciproque, Gary n’ayant pas l’air du genre à s’intéresser à une femme si haut placée. Elle était persuadée qu’il faisait plutôt un complexe d’infériorité. Garder cette pensée à l’esprit la fit se sentir plus supérieure encore.
Étonnamment, l’aidant à la personne semblait insister sur ce qui pouvait réellement la divertir. En terme de personnalité chez une personne ? Et bien la réponse risquait de ne pas lui plaire, et lui échapperait probablement autant qu’Ana puisse s’ennuyer avec ses personnes altruistes. Mais après tout, puisqu’il tenait à le savoir...

« J’aime la puissance et la droiture. Les rêveurs et les altruistes sont de pauvres imbéciles, faibles. Et je n’aime pas la faiblesse. Donc, je m’ennuie. » Elle marqua une pause, amusée de son propre comportement, elle n’avait aucune honte et pensait réellement ce qu’elle disait. Elle aurait même voulu rajouter que ces faibles, qu’elle qualifiait ainsi, avaient tout de même une utilité, celle de distraire les forts pour les piétiner. Mais, elle ne voulait pas faire fuir Gary non plus. « Je suppose que cette réponse ne vous satisfait pas. »

Sinon, Ana aurait pu également jouer la comédie et se faire passer pour une humaniste, mais elle ne pouvait jamais s’empêcher de se pavaner telle une grande Dame du monde. Et puis, elle n’aurait probablement pas été très crédible compte tenu de sa tenue et sa posture.
Maintenant, Gary ne semblait pas s’être senti piégé par la demande de la brune, ainsi il n’avait pas l’intention de l’agresser. Dommage dans un sens, cela aurait donné une raison pour Ana de s’y faire les dents. Mais effectivement, qu’est-ce qu’un simple aidant pourrait bien faire contre elle ? Rien du tout, il n’y gagnerait que de profondes blessures à essayer. Bien. Le jeune homme disait ne rien avoir contre elle, malgré le mépris qu’elle lui avait craché à la figure jusqu’à présent. Cela prouvait donc, une fois encore, à quel point les altruistes comme lui étaient stupides.

« Stupide, oui...Bien sûr. »

Mais Ana ne parlait pas seulement de la tentative d’agression, mais bien de Gary lui-même.

La séductrice brunette s’était tout de même rapprochée du jeune homme, glissant une main sur sa cuisse pour voir sa réaction. Intimidé, il l’était. Et c’était amusant, si bien qu’elle ne retira pas sa main pour l’instant. Mais elle ne la bougeait pas non plus. Malgré l’intimidation, Gary ne décrochait pas son regard d’elle. Peut-être était-il finalement un peu joueur sur les bords. En tout cas, il était toujours là et n’avait pas pris la fuite, mais Ana avait quand même l’impression que ses explications étaient étranges. Et elle ne croyait pas du tout qu’il s’inquiétait de sa sécurité parce qu’il était dans l’aide à la personne. Elle secoua alors la tête, esquissant une moue dubitative.

« À qui est-ce que vous allez faire avaler ça... »

Certainement pas à la presque directrice du département de la justice, qui n’était pas née de la dernière pluie, même si elle avait parfois des réactions immatures malgré son âge. Voilà qu’à présent, Gary se lançait des fleurs, se vantant d’être doué en répartie et fier d’avoir le sens du danger. À ces mots, Ana ne put que lâcher un rire. Franc. Puis, elle décida finalement de se redresser et de récupérer sa main baladeuse sur la cuisse du jeune homme.

« Ainsi vous aimez prendre des risques ? Permettez-moi d’en douter. » fît-elle en prenant une énième gorgée de whisky. Néanmoins elle était d’accord pour affirmer que le chaudron baveur était un endroit parfait pour se détendre. Afin de faire durer la conversation, Ana décida finalement de répondre aux précédents questions de Gary, concernant ses loisirs.

Les loisirs, c’était une excellente question. En avait-elle réellement ? Elle qui n’avait jamais vraiment quitté le Royaume-Uni depuis qu’elle était rentrée clandestinement à Rio pour en finir avec sa mère, elle ne pouvait donc pas se qualifier de voyageuse. Elle avait bien dû visiter des villes comme Paris ou Milan en Europe, mais ça s’arrêtait là. Aussi, les activités culturelles n’étaient pas son fort non plus. Alors oui, la brésilienne n’avait pas grand chose à partager si ce n’était sa passion pour son métier, son despotisme et son goût prononcé du meurtre sanguinaire dissimulé. Encore une réponse qui ne plairait pas à Gary, et qu’elle n’évoquerait certainement pas ici.

« Puisque vous teniez tant à le savoir, oui, j’aime sortir et faire la fête. Je passe rarement mes soirées seule... »

C’était un peu exagéré, mais Ana passait en effet beaucoup de ses soirées avec un homme, différent, dans son lit ou dans son bureau au Ministère.

« Mais je dois reconnaître qu’en ce moment, j’ai beaucoup de travail. Et donc moins de temps pour sortir. Et vous Gary, que faites-vous pour vous distraire, mis à part aider les gens ? »

Il était important de le souligner car la brésilienne n’était pas du genre à se tourner les pouces. Elle voulait conserver une certaine notoriété à son poste de sous-directrice, et son sex appeal ne faisait pas tout non plus, elle devait rester professionnelle et compétente. Ce qu’elle se demandait toujours, c’était pourquoi est-ce que Gary se préoccupait autant de sa sécurité alors qu’il ne la connaissait qu’à peine. Elle se permit d’ailleurs de rajouter cette réflexion.

« Au fait, pourquoi vous inquiétez-vous autant de ma sécurité ? Qu’est-ce que ça peut bien vous faire ? »

Cette fois il avait réussi de justesse à retenir un petit rire amusé, à ce qu'elle venait de dire sur la puissance, l'altruisme et compagnie. C'était à peine croyable d'entendre encore ça de nos jours... Il est vrai que ça faisait un moment qu'il évitait la sphère sang-pur, et ça ne lui avait pas manqué tant que ça vu les conneries qu'elle pouvait débiter à la minute et le pire là-dedans c'est qu'elle y croyait. Elle se sentait vraiment tout simplement supérieure. Qu'est-ce qu'il pouvait bien répondre à cela ? Pas grand chose à vrai dire. Est-ce que sa réponse le satisfaisait ou pas ? Là, il haussa un peu les épaules

 « Disons surtout que c'est une réponse comme une autre. Chacun voit midi à sa porte, si c'est votre philosophie, très bien, ce n'est pas du tout la même.»

Ne pas entrer plus dans ce petit jeu lui semblait vraiment la meilleure solution pour le moment. Au contraire, lui montrer qu'il se fichait bien de ses insultes qu'elle pouvait proférer. Tu veux être supérieure et bien soit, écoute ! Et ils avaient continué à discuter, tandis qu'il essayait de rester dans la même voie ce qui semblait agacer un peu son interlocutrice.
Étrangement, elle avait finir par lui coller une main sur la cuisse, ce qui était... étrange et présageait peut-être quelque chose d’inattendu, mais il n'avait pas envie de se laisser totalement intimider non plus, alors, il la laissa faire, plantant son regard dans celui de la femme. Jouer un peu était permis, surtout qu'elle semblait le prendre pour un mec totalement stupide, alors cela lui laissait quand même une petite marge de manœuvre... même s'il ne devait jamais oublier face à qui il se trouvait ou plutôt le métier de celle-ci. C'était probablement ça le plus gênant dans la situation.
Bientôt, elle ne sembla plus croire ses paroles, il pencha un peu la tête tandis qu'elle faisait une moue dubitative.

« À qui est-ce que vous allez faire avaler ça... »
 « Des personnes qui auraient l'habitude de rester avec des personnes qui se soucient des autres comprendraient totalement ce que je veux dire.» dit-il simplement en haussant les épaules.  « Dommage si cela vous échappe.»

Et ils avaient continué à causer, jusqu'à ce qu'il arrive à la faire rire visiblement plus franc. Elle enleva enfin sa main de sa cuisse  avant de reprendre la parole.

« Ainsi vous aimez prendre des risques ? Permettez-moi d’en douter. »
 «Pourquoi cela ? Par ce que selon vous un verre dans un bar suffit à décrire et tout savoir de quelqu'un ?  Le panel des sentiments humain est bien plus grand et étrange que vous semblait le croire.» dit-il en haussant les épaules.

Et la question des loisirs ne tarda pas à tomber. D'un côté il s'en fichait bien de ce qu'elle pouvait faire, mais son autre côté, plus curieux avait envie d'en savoir un peu plus sur ce que faisait ce genre de personnes de leur temps de libre. Pour un peu, il aurait presque pu s'imaginer qu'elle se baignait dans le sang d'enfants moldus pour garder une jolie peau.

« Puisque vous teniez tant à le savoir, oui, j’aime sortir et faire la fête. Je passe rarement mes soirées seule...  Mais je dois reconnaître qu’en ce moment, j’ai beaucoup de travail. Et donc moins de temps pour sortir. Et vous Gary, que faites-vous pour vous distraire, mis à part aider les gens ? »

Une séductrice, donc ? Bon, ceci dit elle disait passer ses soirées rarement seule, mais avant qu'il n'arrive il n'y avait pas grand monde qui se bousculait au portillon. Mais ça, il ne pouvait clairement pas le dire maintenant. Qu'est-ce que lui faisait ? Il allait répondre mais elle avait bientôt repris la parole

« Au fait, pourquoi vous inquiétez-vous autant de ma sécurité ? Qu’est-ce que ça peut bien vous faire ? »
 « Pas grand chose, c'est vrai. C'était de la curiosité... surtout, il faut bien l'avouer. Je ne sais pas comment vous l'expliquer autrement que je l'ai fait déjà... Ce n'est juste quelque chose qui n'est tellement pas dans votre philosophie que l'on ne pourra jamais se comprendre sur ce point-là.» Il haussa un peu les épaules avant de continuer, cette fois sur la question précédente de ce qu'il faisait.  «Pour le reste, je sors aussi pas mal seul ou avec mes amis. Mais contrairement à vous, j'aime aussi passer des moments seuls. De temps en temps se retrouver seul face à soi-même ça fait du bien. Des choses assez basiques mais qui semblent se ressembler aussi bien pour vous que pour moi, comme quoi on peut aussi avoir le même genre de distraction ! » Silence, avant qu'un nouveau sourire s'étende sur ses lèvres.  « Et ce soir, alors, comment est-ce que vous envisagez votre fin de soirée ? »

Le dénommé Gary savait incontestablement garder contenance malgré la divergence flagrante d’opinion, qu’Ana ne se privait pas d’afficher. Chacun était libre ici de dire ce qu’il pensait, le brouhaha ambiant du pub masquait de toute façon, en partie les dires des deux individus. Et puis ce n’était pas comme si le gérant du chaudron baveur ne connaissait pas la bête qu’était Ana. Depuis le temps, il avait compris et appris à tolérer les positions de la sous-directrice de la justice magique, mais pas seulement, puisqu’une grande majorité de ce même département partageait ces idées, et il n’était pas rare que les employés viennent ici, au chaudron baveur, boire un verre après le travail pour décompresser. Il en allait de même pour la brésilienne. Seule ce soir à ce comptoir, ce qui arrivait bien rarement, il fallait l’avouer, elle avait tout de même trouvé Gary.
Probablement que des petits malins à une table derrière eux lançaient d’ors et déjà les paris pour savoir encore combien de temps le jeune homme resterait en vie. Il s’en sortait pourtant bien, il n’avait pas cherché à confronter Ana, ni à la pousser dans ses retranchements, il l’avait simplement écoutée et entendue sans broncher. Que pouvait-elle répondre alors, Gary ne rentrait pas dans son jeu et semblait vouloir couper court à cette conversation, alors qu’il en soit ainsi. La brune haussa les épaules et ne répondit pas.

Une fois encore, elle l’avait trouvé étrange. Pourquoi s’était-il mis à parler autant quelques instants plus tôt, pourquoi semblait-il s’inquiéter pour sa sécurité ? Alors que ce serait plutôt à lui de faire attention, présentement. Ana avait refusé d’y croire, cette attitude cachait forcément quelque chose de suspect à ses yeux. Le whisky ne l’empêchait pas d’y voir clair, au contraire, il était un moyen d’imaginer bien des choses. Une fois encore, la sulfureuse brésilienne ne cachait pas son amusement. Alors comme ça, elle ne pouvait pas comprendre parce qu’elle ne se préoccupait pas des autres ? Ce n’était certes pas totalement faux. Mais elle avait pourtant tout un département à faire tourner, alors elle était bien obligée, dans un sens, à se préoccuper des autres. Même si, bien évidemment, sa personne et ses propres intérêts passaient avant tout le reste. Gary avait dû le comprendre, mais cette fois, ce fut au tour d’Ana de rentrer dans son jeu. Sarcastique, elle annonça fièrement :

« Mais je me soucie des autres, que croyez-vous. J’ai un département à faire tourner. De plus, je me soucie également de la plus grande sévérité des sanctions à l’égard de tous ceux qui menacent notre prestigieuse communauté. »

Et que dis-tu de cela, cher Gary ?
La dame se souciait des autres, oui dans un sens. Elle s’assurait que les crapules croupissent à Azkaban et n’avait aucune pitié, dommage qu’elle n’était pas la seule à prendre ces décisions, car selon elle leur monde serait bien plus en sécurité, sans les entraves laxistes de certains membres du Magenmagot. Mais, il valait mieux pour Gary qu’elle ne développe pas d’avantage le sujet, ou cela risquerait de l’agacer.
Heureusement, Ana avait jugé préférable de répondre à la question de ses loisirs, ce à quoi le jeune homme avait répondu au sujet des siens. Seulement voilà, cela ne l’avait pas du tout intéressée. Tandis qu’elle continuait de siroter son verre de whisky, les joues légèrement rosies par l’alcool, la sulfureuse brune lâcha un nouveau rire.

« Si vous le dites...Désolée, mais cela ne m’intéresse pas. Finalement, vous m’avez tout l’air d’être banal et ennuyeux. »

Ou comment détourner le sujet en espérant que Gary se décoince un peu et lui raconte quelque chose de plus excitant. Ou bien qu’il lâche un indice sur ce qu’elle pensait depuis le début, cette façon qu’il avait de raconter des choses ennuyeuses afin de noyer le poisson, sans oser dire ce qu’il pensait réellement, tandis qu’Ana au contraire, ne s’en privait pas.
Car, même si elle prétendait s’ennuyer, elle était toujours là. Elle avait retiré sa main de la cuisse du jeune homme, mais elle restait là, face à lui, à le dévorer du regard. Une technique d’intimidation, plus qu’autre chose, elle doutait grandement de la pureté de son sang, de toute façon. Ainsi, elle n’aurait rien à en tirer. Mais continuait d’essayer de le mettre mal à l’aise, lui plaisait. Gary lui demanda tout de même ce qu’elle attendait de cette soirée. En voilà une question intéressante. Le sourire d’Ana s’élargit en songeant à la première réponse qui lui vint à l’esprit, car elle n’avait pas pour habitude de rentrer bredouille. Comme elle voulait en priorité s’amuser ce soir, elle ne put donc pas s’empêcher de lui répondre, lâchant presque un nouveau rire tellement cette proposition paraissait improbable en vue de leurs précédentes conversations. Elle se rapprocha alors d’avantage de Gary, fière et séductrice. Cette fois, ce n’était pas sur sa cuisse qu’elle posa sa main, mais elle laissa parcourir ses doigts sur l’épaule du jeune homme, puis le long de son bras, mordillant doucement sa lèvre inférieure.

« Vous l’avez dit vous-même, je n’ai pas l’habitude de rester seule, ni de rentrer seule. » Elle marqua une pause, faisant mine de réfléchir. « Ceci dit, je suis ouverte à d’autres propositions si vous en avez...Et rien ne nous oblige à rentrer. Mais j’ai bien peur que cette conversation ne nous mène nulle part, alors autant trouver une autre manière, plus entraînante, de finir cette soirée... »

Sans le lâcher des yeux, Ana termina son deuxième verre de whisky, éprouvant soudainement une certaine excitation de savoir comment réagirait le jeune homme. Rentrerait-il sans le jeu, prendrait-il la fuite, ou trouverait-il encore une fois un moyen idiot de noyer le poisson ? Après tout, Gary regorgeait peut-être de surprises...

Bien sûr qu'il était parfois assez simple de rentrer dans le jeu de certaines personnes une fois qu'on avait un peu compris comment est-ce qu'elles fonctionnaient et aujourd'hui c'était le cas avec cet Ana. Ceci dit, il fallait bien avouer qu'elle n'était pas en reste non plus pour savoir se mettre à son niveau. Il se passa une main dans les cheveux tandis qu'elle était déjà en train de prendre la parole. Il arriva à se retenir de ricaner bêtement lorsqu'elle lui dit qu'elle se souciait des autres ! Oui, bien sûr  à qui est-ce qu'elle comptait faire croire cette couleuvre ? Et la fin de sa phrase était digne des sang-purs. « prestigieuse communauté » Blablabla. Son cul, oui. Il y avait des sorciers prestigieux qui n'étaient pas sang-pur...

 « Qu'est-ce qui pourrait menacer notre prestigieuse communauté ? Avec les temps qui courent, seraient bien stupides les sorciers qui s'amuseraient à jouer de la baguette avec les Moldus, non ? Je crois qu'ils sont prêts à relancer quelques bûchers s'ils tombaient sur l'un de nous.» Il haussa un peu les épaules avant de soupirer un peu et de rajouter.  « Je suppose que vous parliez de ça ?»

Bien sûr, qu'elle pouvait parler de tellement d'autres choses, dont les gens comme lui. Les sous-sorciers, les nés-moldus et compagnie. Est-ce qu'elle oserait aller un peu plus dans le détail ? C'était intéressant à savoir, surtout par ce qu'il pourrait bitcher sur ça avec ses amis. Est-ce qu'il prendrait mal ses propos ? Peu probable, il avait l'habitude depuis le temps et il les trouvait tellement ridicule ces gens-là et leur étroitesse d'esprit qu'il préférait essayer de ne pas être touché par tout cela même si c'était parfois compliqué.

Bientôt, ils avaient changé de sujet pour passer aux loisirs, il voyait bien qu'il l'ennuyait et... à vrai il s'en foutait totalement. Il avait même presque envie de grossir le trait rien que pour l'ennuyer davantage mais il ne voulait quand même pas trop abuser... alors il était resté sur l'essentiel. Sa vie lui allait à lui même si elle n'était pas forcément des plus passionnantes.

 «Hum... Possible. Pas bien grave si vous me trouvez ennuyeux, mes amis ne seront pas de votre avis, alors j'm'en fouts. Et puis, ce n'est pas comme si de toute manière on allait faire des sorties ensemble, n'est-ce pas ? Alors...  peu importe pour quelques heures si on a pas les mêmes passions.»

Il voyait bien qu'elle tentait quelque chose pour le déstabiliser sans savoir exactement si c'était plus le mettre en colère ou si elle voulait qu'il dise certaines choses en le poussant dans ses retranchements... Mais elle ne le connaissait pas, il n'avait pas forcément la même façon de voir les choses, et surtout, il aimait troller, alors pour l'instant elle n'avait pas trouvé la bonne méthode pour lui faire péter un plomb. Pourtant, il y avait bien des manières de le faire.... Alors oui, il avait osé lui demander ce qu'elle attendait de cette soirée en la regardant toujours dans les yeux... Et il était arrivé à la faire sourire un peu plus, avant de se rapprocher de nouveau de lui l'air séducteur. Et cette fois la réponse de la jeune femme le fit rire, sincèrement. Des idées, il pouvait en avoir des tas... beaucoup moins si on enlevait tout ce qui concernait le monde Moldu, et encore moins si elle voulait continuer à être considérer comme une Lady.
Réfléchir donc vite et bien. Ca ne devait pas être si compliqué que ça, n'est-ce pas ? Il se gratta quelques instants le menton avant de boire tranquillement le reste de son verre.

 « Un lieu où l'on peut danser et qui est connu dans les jeunes gens – sorciers-, est-ce que ça vous tenterait ? Est-ce que vous allez déjà dans ce genre de lieu, même si là-bas vous ne serez pas traitée comme une personne de votre rang doit l'être ? »

Est-ce qu'il y avait peut-être un peu défi dans sa voix ? Tout à fait, mais en même temps, il ne la voyait pas du tout dans une boite de nuit sorcière – ou quelque chose approchant-. Vu l'heure, il ne savait pas trop quoi lui proposer d'autres, si bien, qu'il avait bientôt continué tout sachant que c'était possiblement un jeu dangereux ;

 «Mais peut-être auriez des idées un peu plus précises que moi ? Je suis toute ouïe, dans ce cas. » avait-il bientôt rajouté, un petit sourire taquin aux lèvres.

Oui, il était franchement curieux de voir ce que ça pourrait donner ses idées bien à elle.

Enfin un discours un peu plus intéressant. Gary venait de prouver une nouvelle fois ô combien leur vision des choses était différente. Il n’avait pas l’air de comprendre ce qu’Ana voulait dire, lorsqu’elle avait parlé de protéger leur communauté sorcière, qu’elle avait qualifié de prestigieuse, au passage. Ce qui valait, surtout pour les sangs-purs, évidemment. Mais en tant que presque directrice du département de la justice, elle se devait de protéger la communauté entière. Dont Gary faisait parti, donc, même si elle était intimement persuadée que son sang était loin d’être pur. Est-ce qu’il lui demandait ce qui pouvait bien menacer leur communauté, pour bluffer, soutirer des informations, ou bien parce qu’il vivait dans un autre monde ? Après tout, le jeune homme avait l’air tellement lunaire que ce n’était pas impossible. Il semblait insinuer que les sorciers devraient plutôt se méfier des moldus. Ce qui était vrai, puisque le département d’Ana avait mis en place une milice pour protéger les sorciers. Que pensait Gary de tout ça d’ailleurs ? Cela pouvait être intéressant de lui demander plus tard son avis sur la question, lui qui occupait un poste banal bien loin du Ministère. Mais en attendant, le jeune homme n’avait pas tort, les groupuscules de moldus dissidents étaient de plus en plus nombreux à vouloir faire la peau aux sorciers. Ana se mordit légèrement la lèvre à ces mots. Elle n’attendait qu’une chose, en tuer le plus possible. Mais ça, elle n’avait bien sûr pas l’intention de le dire à Gary...

Sans compter que les moldus n’étaient pas les seuls à menacer la communauté. La Garde de Myrdinn évidemment que l’on n’évoquait plus mais qui figurait toujours parmi les cibles à abattre. Ces résistants soit-disant progressistes de la première heure, étaient surtout un danger pour la communauté, à vouloir à tout prix défendre les moldus alors qu’ils menaçaient tous les sorciers sans exception. Qu’elle ineptie. Encore une fois, Ana n’en parla pas à Gary, c’était un sujet glissant qu’il était déconseillé d’évoquer hors du Ministère, et encore. Il n’y avait pas non plus que la Garde, les individus isolés étaient aussi à surveiller, ainsi que les créatures magiques du genre Lycanthropes, dont la menace prenait de plus en plus d’ampleur au fil des semaines. Alors oui, du haut de son poste, la sulfureuse brune avait bien des choses à gérer. Pour l’heure, Gary ne reçut qu’une seule réponse, brève...

« Entre autre... »

Pour ne pas dire qu’il avait tort non plus. Mais qu’il ne saurait rien de plus. Il pouvait se rendre plus intéressant qu’il n’en avait l’air, Ana était impatiente de voir ça. Le jeune homme n’avait pas l’air vexé par ses propos, comme d’habitude, il avait réponse à tout. La brésilienne se fichait de nouveau pas mal de ses amis, puisque de toute évidence ils ne le seraient pas. Elle lui avait demandé si il n’avait pas quelque chose en tête pour le reste de la soirée. Penchée sur lui, le regard séducteur et les doigts baladeurs, Ana tentait d’intimider le jeune homme pour voir si il était capable de proposer quoique ce soit sous la pression. Gary n’avait pas du tout l’air mal à l’aise le moins du monde. Il proposa donc une boîte de nuit pour jeunes sorciers. La brunette haussa alors un sourcil. Vraiment ? Qu’elle idée étrange. À bientôt passer le cap de la quarantaine, elle avait tout de même autre chose à faire que d’aller se pavaner en boîte de nuit. Le fait de ne pas être considérée comme une Lady là-bas, lui importait peu, finalement. Et que pouvait-elle bien proposer d’autre à cette heure tardive ? Une promenade en tête à tête au clair de lune n’enchanterait probablement pas le jeune homme. Mais c’était un jeu encore plus dangereux encore, duquel il aurait du mal à s’échapper si ils ne se retrouvaient que tous les deux. Le sourire élargi, Ana lui proposa quand même.

« Je vous proposerais bien une promenade au clair de lune, lors de laquelle vous pourriez m’en apprendre d’avantage sur votre métier par exemple... » Elle marqua une pause, puis se pencha encore un peu, pour parler moins fort. « Ou bien, sur votre avis de la situation actuelle, puisque vous avez l’air bien renseigné. »

Pas plus qu’un autre, mais la sous-directrice aimait bien recueillir des témoignages hors du Ministère. Ainsi, elle se redressa complètement et retira sa main de l’épaule de Gary.

« Mais vous pouvez tout aussi bien m’en parler en allant à cette...boîte de nuit pour les jeunes. Ça me rappellera ma jeunesse, après tout. »

Et puis, tout dépendait de ce qu’il entendait par jeunes. Après tout, lui-même devait au moins avoir la trentaine. Elle verrait bien...Elle était curieuse. Et cela ne lui coûtait rien. Alors, Ana descendît de sa chaise et enfila sa veste légère, après avoir déposé quelques pièces sur le comptoir pour payer son verre de whisky. Maintenant qu’elle était debout, elle se rendit mieux compte que Gary était loin d’être court sur pattes, finalement.

« Et bien, je vous suis... »

« Entre autre... »

Et bien, ce n'était pas avec cette réponse qu'il allait pouvoir en savoir plus sur ce qu'elle pensait. Heureusement, il avait réussi à garder son petit sourire en coin pour cacher sa déception et le fait qu'il aurait voulu en savoir plus. Pas la peine d'insister, il le savait bien, ça ne serait qu'attirer quelque chose de négatif à lui. La suite avait été un peu étrange, enfin du moins le comportement de Ana qui semblait quand même un peu plus entreprenant, ou d'inquiétant. Difficile à dire exactement vu le caractère de la Dame.

En tout cas, lui essayait de ne pas trop se laisser démonter... il avait même proposé qu'ils aillent en boite de nuit sorcière. Il aimait bien celles Moldues aussi, mais vu ce qu'elle semblait penser de l'Autre Monde, il préférait ne pas trop aller vers ce sujet-là. Il ne manquerait plus qu'elle le soupçonne de quelque chose et qu'elle lui foute une surveillance au cul !  Même s'il n'avait rien à cacher, il n'avait pas envie de quelque chose comme ça arrive. Peut-être aussi, par ce qu'il avait un peu peur pour Jany, il avait bien compris qu'il fallait qu'elle continue à passer incognito. Et puis, bien sûr pour lui … par ce que ça pouvait vite être un jeu dangereux. La moindre chose pouvait prendre des proportions énormes et forcément on croirait les gentils sang-purs qu'un mec comme lui. Alors oui, il continuait quand même à jouer avec plaisir mais en essayant de ne pas prendre trop de risques... ou du moins qu'ils soient un maximum limité. Bientôt, elle avait d'ailleurs répondu, il haussa un sourcil totalement perplexe lorsqu'elle parla d'une promenade au clair de lune... pour lui parler de son métier – gloops-... et la phrase suivante n'aida pas franchement à ce qu'il soit plus rassuré -gloops2-. Fort heureusement pour lui, elle avait presque de suite embrayé sur le fait que la boite de nuit lui plaisait bien !

Elle était donc descendue de sa chaise et il leva bientôt sa grande carcasse à son tour, lui faisant signe qu'elle passe en premier – les Dames d'abord, n'est-ce pas?-. Il lui décocha un nouveau grand sourire avant de se décider à reprendre enfin de nouveau la parole.

 « Je suppose, bien entendu que vous avez toute la nuit devant vous ?»  demanda-t-il sourire aux lèvres, avant de devenir un peu plus songeur presque l'instant d'après, comme s'il venait de se rappeler brutalement de quelque chose  « Par contre, je suis pas certain d'avoir bien compris votre sous-entendu sur le fait que je sois bien renseigné … »

Est-ce qu'il jouait là un peu potentiellement dangereux ? Possible ! Mais il ne pouvait pas s'en empêcher, probablement aussi par ce qu'il était un peu inquiet. Il savait qu'il ne savait guère de choses plus qu'une personne lambda, mais que se passerait-il si elle pensait le contraire, par ce qu'elle avait mal interprété les choses ? Il préférait ne pas trop le savoir...

 « ... par ce que je n'ai rien dit ? Enfin ; il y a pas mal de choses qui tournent dans les journaux, pas sûr que tout soit vrai d'ailleurs, mais c'est encore une autre histoire. Puis vous savez, les gens parlent, discutent et de fil en aiguille certaines rumeurs naissent, ou des propos déformés.» Il haussa un peu les épaules, il énonçait là que des vérités, rien de compromettant. Tout en marchant vers la boite de nuit  « Qu'est-ce qui vous fait dire, par conséquent que j'en sais beaucoup ?»

Il lui fit signe de tourner vers la gauche, tout en continuant de marcher à côté d'elle comme s'ils avaient la conversation la plus normale qui soit.

 « Si c'est pas indiscret vous n'êtes pas allée dans ce genre d'endroit depuis combien de temps ?»

Hey, encore heureux, il ne lui avait pas demandé son âge ! Mais il avait du mal à savoir si à son époque les lieux qu'elle fréquentait c'était encore comme aujourd'hui.... histoire qu'elle ne soit pas trop choquée... même si voir une telle émotion traverser son regard/son visage aurait amusé le garçon.

Deux verres de whisky n’étaient pas suffisants pour lui faire tourner la tête, mais assez pour accepter une invitation en boîte de nuit. Pourquoi au juste ? Par simple curiosité, le challenge de répondre oui à une chose totalement inattendue, avait quelque chose de grisant. Aussi, Gary ne se laissait pas démonter, il n’avait pas l’air impressionné alors que la plupart des sangs impurs, même si Ana n’en avait pas la certitude, auraient déjà fuit depuis longtemps. Le jeune homme termina son verre puis se leva à son tour. La brune retint un rire, elle n’avait jamais prêté attention à la grande taille de cet aidant à la personne, puisqu’il était tout de suite venu s’asseoir, tout à l’heure. Mais maintenant qu’il était face à elle, elle avait dû lever la tête malgré ses escarpins, d’où la raison de son amusement. Ana n’atteignait à peine les 1m65 mais sa taille n’avait jamais eu de l’importance pour elle et pour ses affaires. Sa proposition de promenade nocturne n’avait pas eu l’air d’emballer Gary, mais il semblait qu’elle n’ait guère besoin de cela pour le faire parler. Étaient-ce des provocations faites exprès ou bien était-ce dans sa nature de toujours trop en dire ?

Ils venaient de quitter le Chaudron Baveur et le jeune homme se jeta droit dans la gueule du loup, après avoir demandé à son invitée si elle avait toute la nuit devant elle, question à laquelle elle ne répondit pas car cela lui semblait inutile, il revint à la charge en lui demandant ce qu’elle avait insinué tout à l’heure. Tandis qu’elle marchait droit devant elle dans la ruelle, les mains dans les poches de sa veste, elle esquissa de nouveau un sourire. Vas-y Gary, parle, et enfonce-toi d’avantage dans l’abîme. Le serveur du Chaudron Baveur avait pourtant essayé de le résonner, d’un regard certes, mais Ana avait bien remarqué qu’il avait mis l’aidant en garde. De quoi au juste ? Malheureusement, la fausse directrice du département de la justice ne pouvait pas se permettre d’attaquer un civil sans raison, en pleine rue. Le quartier autour du chaudron baveur pullulait de sorciers, même si il y avait beaucoup de moins de passage un soir de semaine, il en restait pas mal. Ana connaissait très bien les règles, même si elle peinait à les faire appliquer à elle-même, néanmoins elle avait promis à son Général supérieur qu’elle ne commettrait plus de meurtres sur un coup de tête. Elle doutait fort que Gary lui veuille du mal, il avait l’air bien trop lunaire et simplet, donc il aurait la vie sauve ce soir, quoiqu’il en soit.
Cela dit, la brésilienne ne se priverait pas pour s’amuser un peu avec lui quand même. Elle voulut profiter des paroles du jeune homme pour rebondir directement dessus, mais il s’enfonça d’avantage, le voilà maintenant qui tentait de justifier le fait supposé qu’il en savait beaucoup. Le sourire narquois sur les lèvres d’Ana s’élargit. Quel idiot, décidément. Mais tant mieux pour elle.

« Ce n’était pas un sous-entendu, puisque vous venez de le prouver en essayant de vous justifier. Imbécile. »

Oui, quel sacré imbécile. Et encore, ce terme était faible. À force de trop parler, il ne faisait qu’attiser la curiosité de la brunette, qui à présent ne le trouvait plus si ennuyeux que cela. Alors, elle lâcha du leste sur ses propos et vint presque se coller à lui, son épaule contre son flanc, tandis que Gary faisait signe de tourner à gauche, dans une autre ruelle.

« Allez, dites-moi tout. De quelles rumeurs et de propos déformés parlez-vous ? En tant qu’aidant à la personne, je suppose que vous devez entendre...beaucoup de choses. Même si vous prétendez ne pas être renseigné, vous l’êtes forcément. »

En effet, elle avait profité de leur solitude dans cette ruelle pour lui demander de manière franche et directe, de lui dire toutes les rumeurs et autres propos qu’il entendait et dont il était au courant. Ana savait qu’en dehors du Ministère, les rumeurs justement et les critiques des méthodes supérieures du gouvernement allaient bon train. Mais étant donné qu’elle ne côtoyait jamais ce genre d’individus d’habitude, elle était donc curieuse d’en apprendre plus. Encore fallait-il que Gary lui réponde. Elle était même quasiment persuadée qu’il chercherait, de nouveau, à noyer le poisson, qu’il se mettrait à déblatérer de façon inaudible jusqu’à être arrivés à cette fameuse boîte de nuit.
Avant toute chose, le jeune homme demanda à Ana combien de temps est-ce que cela faisait qu’elle n’était pas allée en boîte de nuit. Une manière déguisée de deviner quel âge, à peu près, elle avait. D’ailleurs, quel âge lui donnait-il ? Elle leva les yeux vers lui.

« Un certain temps, je dois l’admettre...Quel âge me donnez-vous ? »

Attention à la réponse, Gary. La rajeunir aucun problème, mais l’inverse...Ana risquerait de mal le prendre. Un certain temps ceci dit qu’elle n’avait pas mis les pieds en boîte de nuit. Elle prit le temps d’y réfléchir, tout de même. En réalité, jusqu’au décès d’Anthony, elle ne sortait pas beaucoup le soir. Entre son travail au Ministère et le nombre de missions qui croulait sur ses épaules depuis qu’il avait fondé les Supérieurs...Sans doute que cela remontait à l’époque de Poudlard. Ou pas longtemps après, tout du moins. Ana finit par hausser les épaules.

« Je ne devais avoir guère plus de vingt ans... »

À présent, ils étaient arrivés à deux pas de la boîte de nuit, il n’était encore pas très tard alors la rue ne fourmillait pas d’ombres en perdition. La brésilienne se détacha de Gary mais ne sortit pas les mains des poches de sa veste, elle leva les yeux vers la devanture qu’elle trouvait lugubre et guère avenante. Tout le contraire d’une boîte de nuit, en somme. Elle fit une grimace de dégoût.

« C’est ça, votre boîte de nuit ? Par Merlin, c’est d’un goût... »

Ana ne se dégonflerait pas pour autant, après tout le chaudron baveur non plus n’était pas toujours brillant de propreté. Et peut-être que l’intérieur serait plus reluisant. Alors, elle se tourna vers Gary. À lui de rentrer le premier, puis de l’y inviter.

[color=tomato]« Ce n’était pas un sous-entendu, puisque vous venez de le prouver en essayant de vous justifier. Imbécile. »[/b]

Ah bah au moins, ça c'était fait ; Il cligna des yeux, à peine surpris au final d'autant de véhémence, mais il fallait bien que le 'imbécile' dit de cette manière, il ne l'avait pas vu venir. Il haussa dans un premier temps les épaules ne sachant pas bien quoi répliquer. S'il était parano, elle l'était visiblement encore plus, mais comme il n'avait rien à se reprocher, il préféra ne pas paniquer pour rien. Pour l'instant du moins. Et puis lui faire remarquer que ça ne se faisait pas de traiter de cette manière les gens n'arrangerait rien, bien au contraire, ça serait encore pire. Il préféra donc se taire et la laisser dire. Après tout, tant mieux pour elle si elle se croyait plus intelligente, elle n'aurait pas comme ça un complexe d'infériorités. Et soudain, elle vint presque se coller à lui, le faisant froncer les sourcils tandis qu'elle reprenait la parole.

« Allez, dites-moi tout. De quelles rumeurs et de propos déformés parlez-vous ? En tant qu’aidant à la personne, je suppose que vous devez entendre...beaucoup de choses. Même si vous prétendez ne pas être renseigné, vous l’êtes forcément. »

On appelle ça merder dans les grandes profondeurs, mon cher Gary, mais il ne se laissa par démonter pour autant. Des rumeurs, ça circulait partout et, une fois de plus comme il ne savait rien d'exceptionnel, aucun risque de compromettre qui que se soit... la seule personne qu'il mettait donc en danger c'était lui, cela ne l'emballait guère mais le principal était de préserver les siens. Il haussa donc un peu les épaules avant de répondre, un peu taquin.

 « A vrai dire, j'entends surtout les gens qui ont trop bu qui parlent... de tout et de rien. Des nouvelles lois par exemple, mais aussi de rumeurs qui courent au Ministère, j'avoue que là je n'ai pas trop d'idées qui me viennent en tête, mais souvent savez des fois des trucs sur des coucheries, de... merde, j'ai perdu le mot, vous savez des genre de passe-droit que s'octroient les sangs-purs dont les autres ne peuvent pas bénéficier. Bref du blablablabla .. Ils doivent vraiment avoir peur de vous si vous n'avez jamais entendu ça quand vous êtes au bar.» Il se tut quelques instants avant de continuer sur un ton un peu enjoué – mais pas trop- faut pas exagérer, il ne va pas mettre trop du sien pour bien se faire voir. Et vu qu'elle le prenait pour un crétin, il allait agir comme tel.  « Vous avez vraiment tant de pouvoir que ça ? Ca doit vraiment être cool d'être si puissante. Qu'est-ce que vous pouvez faire par exemple ?»

Voilà, faire croire qu'il était curieux – ok, il l'était- en détournant l'attention vers elle, vers ce qu'elle faisait, vers son pouvoir. Elle était imbue d'elle-même, il espérait donc que cette technique, l'air de rien marcherait comme il l'entendait.

Bientôt, ils étaient arrivés non loin de la boite et il lui avait posé une autre question qui ne manquait pas de toupet, il en avait totalement conscience, mais vu qu'elle le pensait un peu « simplet » et lunatique - stupide femme-, elle ne devrait pas prendre ça d'une trop mauvaise manière, plutôt comme une manière comme une autre de converser. Pas besoin de mal le prendre, ce n'était pas de la provocation. Sa réponse le fit sourire légèrement, il était en plus une grosse quiche pour donner les âges, elle avait quoi ? Une quarantaine d'années probablement, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins.

 « Que vous allez arriver d'ici un an ou deux à vos quarante ans ?» tenta-t-il un peu au pif, il fallait bien l'avouer en espérant qu'elle n'ait pas 35 ans, sinon elle allait vraiment mal le prendre.

Arrivés devant la boite de nuit, elle fit une grimace qui en disait long, ce qui amusa d'autant plus Gary. Est-ce qu'il arriverait à la faire rentrer ? Rien n'était moins sûr, mais c'était un challenge de taille ! Néanmoins, il se méfiait, pourquoi est-ce qu'elle continuait de se montrer avec lui ? Est-ce qu'elle n'avait pas une idée derrière la tête. Pour l'instant, pas le moment d'en dire ou de penser beaucoup plus, il préférait répondre d'un sourire énigmatique.

 « Vous savez ce que l'on dit, il ne faut jamais se fier aux apparences ! L'intérieur est largement mieux... même si vu votre standing, je ne suis toujours pas certain que ce soit à votre hauteur, pour un pecnot comme moi, ça va par contre super bien.» il lui dédia son plus charmant sourire avant de répliquer avec un léger ton de défi, comme s'il lui demandait si elle se dégonflait  « Vous me suivez, ou vous préférez rentrer chez vous ?»

Ana s’amusait à questionner Gary afin de le mettre mal à l’aise, il était si facile de manipuler un simple d’esprit pour obtenir des informations, qu’elle pensait n’avoir aucun challenge. Mais en fin de compte, le jeune homme n’était pas aussi facile à faire parler qu’elle ne l’aurait imaginé. Il réussissait à rester un minimum naturel, alors la brunette prenait simplement les informations qui venaient. Et c’était amusant d’avoir un point de vue extérieur au Ministère, elle ne put s’empêcher de sourire lorsque Gary évoqua les coucheries et passe-droit que s’octroyaient les sang-purs Supérieurs, et encore ce n’était que la partie immergée de l’iceberg sur laquelle reposait le propre de leur Dictature. Mais les gens comme l’aidant à la personne, autant que les simples employés du Ministère, étaient bien loin de se douter de tout ce qu’il se passait réellement, mis à part ceux qui étaient dans la plus grande confidence du mouvement Supérieur.
D’après Gary, ce n’était que du blabla, mais Ana se délectait de tout ce qu’il pouvait lui dire. Il avait en partie raison, elle n’avait jamais vent de ce genre d’histoires même si elle se doutait que les gens parlaient et se plaignaient entre eux, elle inspirait suffisamment de crainte et de peur pour ne jamais entendre ce genre de choses autour d’elle. Ceci dit, elle n’écoutait pas vraiment non plus. Il y avait déjà beaucoup d’oreilles tendues pour cela.

« Je vois. Intéressant. Je n’écoute pas spécialement les conversations à vrai dire, mais il est vrai aussi que j’inspire la crainte et la peur... »

Un sourire narquois vint sublimer les traits de son visage. Gary quant à lui glissa sur le terrain de la flatterie, sans doute pour trouver un échappatoire. Et le pire, c’est que cela fonctionnait très bien puisqu’Ana adorait qu’on la caresse dans le sens du poil, comme le faisaient bon nombre d’employés du département de la justice pour obtenir ses bonnes grâces. Et Gary avait l’air de trouver ça « cool » d’avoir autant de puissance. La brune croyait moyennement à ses propos, mais peu importe. En tant que fausse directrice du département, elle ne perdit pas cette occasion de se pavaner. Sourire aux lèvres et cheveux rejetés en arrière, elle déclara :

« Et bien, je suis responsable de l’ensemble des acteurs du système judiciaire sorcier. Depuis la recherche des auteurs de crimes et délits magiques, jusqu’à la détermination de la sanction appropriée et sa mise en œuvre. Ainsi, je suis amenée à intervenir aussi bien sur des enquêtes de la brigade de police, que lors de procès au Magenmagot et au conseil de justice. »

Ana s’arrêta là, cela devait boucher à ce simple aidant à la personne. Toujours collée à lui, elle releva la tête vers cette grande perche qu’il était par rapport à elle. Et rajouta :

« Votre travail doit vous paraître passablement ennuyeux et inutile à côté, non ? »

En tout cas, Gary devait maintenant comprendre pourquoi est-ce que les atteintes à l’intégrité d’Ana étaient rares, pour ne pas dire inexistantes. Personne n’avait envie de se frotter à la sous-directrice de la justice magique, et elle jouait fortement là-dessus. Elle se pensait supérieure, bien sûr, mais surtout, intouchable.
Quant à son âge, heureusement pour lui, le jeune homme avait visé juste. Un nouveau sourire sur les lèvres, la brésilienne acquiesça :

« Bien vu, très cher. »

Bientôt la quarantaine, en effet. Ana ne s’attarda pas sur le sujet, car à présent, tous deux étaient arrivés devant la fameuse boîte de nuit. Une devanture qui n’inspirait pas du tout la sous-directrice au premier abord, elle grimaça, cet établissement n’avait rien à voir avec les lieux qu’elle fréquentait habituellement. Mais Gary lui assurait que l’intérieur était mieux qu’il n’y paraissait. La brunette soupira fortement.

« Très bien. Je vous suis. Et j’espère pour vous que vous ne me ferez pas perdre mon temps. »

Toujours cette même rengaine, qu’elle lui avait déjà sorti un peu plus tôt. Jusqu’à présent, le jeune homme s’était bien débrouillé pour la distraire. Alors peut-être que ce qui l’attendait à l’intérieur était...inattendu.

Le danger était toujours bien présent. Il le savait, il en avait totalement conscience même. Mais peu importait. Il ne pouvait de toute manière plus de soustraire, il ne pouvait pas partir comme ça si de rien n'était – et il n'en avait de toute manière- pas vraiment envie non plus. Alors oui, en disant la « vérité », il noyait quand même le poisson avec ses phrases. Facile à faire, surtout que ses pensées allaient généralement dans ce sens, qu'elles pouvaient être désordonnées  Très désordonnées. Alors, ça allait bien avec le personnage et même si elle l'espionnait ou s'ils se revoyaient, elle verrait bien qu'il ne jouait pas vraiment un rôle, qu'il était juste comme ça dans la vie de tous les jours. Ce qu'elle voyait en « simplet », lui disait juste qu'il avait une façon de penser, voir les choses bien à lui. Rien de bien dans les normes, surtout depuis sa sortie d'Azkaban, où il avait encore plus du mal à rentrer dans un cadre et cela lui allait tout à fait. Du vent, avec quelques informations, voilà ce qu'il lui fournissait pour étayer ses propos. Oh, elle n'était probablement pas dupe mais en même temps elle n'avait aucune preuve qu'il n'était pas franc, probablement même qu'elle ne le pensait pas intelligent pour ça. Elle voulait des choses croustillantes, il lui apportait des choses, effectivement mais pas ce qu'elle devait attendre.

Il avait eu un petit sourire en coin avant d'acquiescer poliment lorsqu'elle lui dit qu'elle inspirait peur et crainte. Oui, oui, si elle le disait. C'est surtout son statut qui faisait peur, si elle avait un métier où elle n'était pas haut placée, tout mauvais caractère qu'elle avait à qui ferait-elle peur ? Il eut une courte pensée vers Azalea et revit immédiatement sa position sur le sujet. Peut-être qu'Ana était tout simplement flippante ? Possible. En tout cas, il préférait ajouter quelques compliments par ce qu'il avait totalement conscience que ça pouvait faire passer la pilule beaucoup plus facilement dans le cas de gens comme son interlocutrice. Ceux qui avaient un égo si fort qu'il surplomblait le reste. Et bientôt, elle avait recommencé à parler de l'importance de son travail... Blablablabla ; Bien sûr, tout le monde a foi dans cette dernière avec tout ce qui se passe, avec cette ségrégation de classe de sang ! C'était fou ce discours de merde dont elle se vantait, dont elle semblait si fière. Mais... il n'était pas assez inconscient pour lui dire les choses clairement, alors il opina du chef. D'autant plus qu'elle était toujours collée à lui et qu'il ne savait pas de quoi est-ce qu'elle était capable.

« Votre travail doit vous paraître passablement ennuyeux et inutile à côté, non ? »

Hum ? Non ? Voilà, ce qui semblait venir automatiquement à ses lèvres, cette réponde qui était loin d'être judicieuse et pourtant, il ne pouvait pas la laisser croire que son métier était si important par rapport à tout le reste. Le pouvait-il ? Pas sûr. Pas sûr du tout.

 « Disons, qu'il est très différent. Nous servons le monde chacun à sa façon. Et si, le vôtre est effectivement plus dangereux, le mien est utile, tout simplement.» Il haussa les épaules et lui fit un nouveau sourire comme si ce qu'elle venait de lui dire là ne le touchait pas.  « Tous les métiers sont utiles... Si l'on enlèves certains corps de métiers c'est toute la société qui peut tomber, même si on ne s'en rend pas forcément compte.»

Et ils avaient continué de parler, il avait même réussi à deviner son âge et fut rassuré de voir qu'il ne s'était pas planté, qui sait ce qu'il serait devenu dans le cas contraire ? Ils avaient ensuite fini par arriver à la boite de nuit, mais là encore, elle ne semblait pas satisfaite de ce qu'elle voyait, et lui de trouver comme argument -véridique- que c'était bien mieux à l'intérieur , bien que pas certain que ça suffise aux goûts de luxe de la Dame. La pauvre, se retrouver avec plein de bouseux comme lui, quelle épreuve ça pouvait être. Il retint tout juste un petit ricanement lorsqu'elle lui dit encore une fois qu'elle espérait qu'il ne lui ferait pas perdre son temps, il secoua la tête comme s'il était sûr de lui avant de la faire rentrer. Mais soudain, il se stoppa, la fixa et lui demanda

 « Pourquoi continuer à me suivre si vous avez peut que je vous fasse perdre votre temps ? Je suis certain que vous savez à quoi vous attendre en plus, il n'y a qu'à vous comparer vous et moi. Je n'ai clairement pas la même « classe » que vous.» Ni le même respect envers les autrui, et il préférait être lui.  « Au pire, vous vous ennuyez, et vous partez. Ce n'est que du temps, c'est rien de bien important lorsqu'il s'agit de divertissement. Vous ne croyez pas ?»

Il avait repris la marche pour arriver là où la fête battait son plein, alors certes, ce n'était pas u établissement étoilé, loin de là, mais l'aspect dedans était plus que correct, même plutôt chouette aux yeux de Gatiss. Et les « jeunes », semblaient bien s'amuser.

 « Alors, vous en dites quoi ?»

Un soupire bruyant, les yeux levés vers le ciel, puis une esquisse de sourire sarcastique, telle était la réaction d’Ana à la défense de Gary concernant son métier. Comme si elle avait besoin d’un discours de tolérance à l’égard des petites mains qui faisaient tourner le pays. À ses yeux, le jeune homme était bien naïf. Qui s’en souciait mis à part les concernés ? Peut-être souffrait-il d’un manque de reconnaissance, d’où son besoin d’insister sur son utilité au lieu de reconnaître qu’Ana valait bien mieux que lui. Du moins, pour l’instant. Mais cela ne l’avait pas empêchée de répondre, aussitôt, cette fois elle riait en se payant la tête de Gary ouvertement.

« Oui, oui. Bien sûr. Les petites mains comme vous souffrent simplement d’un manque de reconnaissance et d’un complexe d’infériorité, par rapport à moi. » Elle pouffa de rire en levant la tête vers lui. « Mais c’est largement compréhensible… »

La fausse directrice sous-directrice reprit ensuite contenance, et ainsi le jeune homme finit enfin par admettre la juste valeur de interlocutrice par rapport à lui, à juste titre Gary se demandait pourquoi elle continuait de le suivre, lui qui était si « médiocre » par rapport à elle. Effectivement, Ana se l’était elle-même demandée. Elle qui était venue au Chaudron Baveur à la base pour se détendre un peu et se retrouver seule. Ce qui n’avait pas duré, certes, mais ce jeune homme qui n’avait pas froid aux yeux l’avait invitée à se rendre ailleurs, alors que de toute évidence il avait bien compris que lui et la brésilienne ne deviendraient jamais amis.
À présent, au fur et à mesure de cette conversation, elle avait eu une idée en tête. Mais pour le moment, elle lui répondit :

« Et vous alors, que cherchez-vous au juste ? Qu’attendez-vous de moi ? »

Après tout, il était venu lui parler le premier, Ana lui avait sans doute tapé dans l’œil mais dès qu’ils avaient commencé à discuter, Gary avait dû comprendre qu’elle n’était pas une femme pour lui. Alors, pourquoi ? La brune était curieuse. Car au vu de l’idée qui germait dans son esprit déjà depuis un moment, elle espérait effectivement ne pas perdre son temps. Mais elle ne pouvait pas s’empêcher de taquiner le jeune homme, jouer avec ses nerfs en le méprisant ouvertement, bien que cela ne semblait pas l’atteindre. Ce qu’il ignorait, à force de flirter avec Ana, il s’engouffrait dans un jeu piquant et qui pourrait s’avérer dangereux pour lui. Elle se garda bien de lui en parler avant d’être arrivés dans cette boîte de nuit, dont la devanture ne lui avait pas inspirée grand chose, elle lui avait parut de mauvais goût. Et l’intérieur ne valait guère mieux à ses yeux.

Ana et Gary eurent vite fait de rejoindre le bar, car la Dame avait bien besoin d’un petit remontant pour mieux faire passer le fait qu’elle se trouvait dans un tel endroit, pour sa part elle se commanda un cocktail bien fort. Quant à Gary, elle ne lui proposa rien, le laissant se débrouiller si il souhaitait boire quelque chose. Après tout, elle lui avait déjà payé un verre au Chaudron Baveur. Aussi pauvre qu’il pouvait l’être, il n’aurait rien d’autre. Dans le même temps, il lui avait demandé ce qu’elle disait du lieu. Elle ne répondit pas tout de suite, une fois son verre en main qu’elle avait commencé à siroter, Ana se mit dos au comptoir, la poitrine en avant bien en évidence, et l’une de ses jambes relevée contre le comptoir. Elle scrutait simplement si il y avait quelque chose d’intéressant ici. Elle doutait fortement. Surtout des jeunes gens, entre 20 et 30 ans au maximum. Aussi aguicheuse qu’elle pouvait l’être, elle n’avait pas spécialement envie de se mettre un petit jeune sous la dent, elle voulait surtout passer à la vitesse supérieure avec Gary.

Alors, elle haussa les épaules.

« Ça fera l’affaire. »

Si Ana savait qu’elle ne trouverait personne à son goût ici, ce ne serait peut-être pas le cas du jeune homme qui, de toute évidence, avait tapé dans l’œil d’une jeune femme. La brune fronça les sourcils, ce n’était pas du tout le moment. Elle posa son verre sur le comptoir et attrapa alors soudainement le bras de Gary et le tira vers lui tel son jouet, puis jeta un regard noir à la jeune femme. De sa voix grave et autoritaire, elle lui lança :

« Dégage, pétasse. Il est à moi. »

Bien sûr, la jeune ne semblait pas vouloir se frotter à Ana. Elle était courte sur pattes mais en dissuadait plus d’un lorsqu’elle sortait les crocs. La jeune femme ne demanda pas son reste et s’en alla. La brésilienne avait besoin d’intimité avec Gary, à présent. Tandis qu’elle tenait toujours son bras, elle le tourna vers elle et se plaqua contre lui, faisant mine de le chauffer pour que plus personne n’interfère. Séductrice, Ana se redressa autant qu’elle le put pour approcher ses lèvres de l’oreille du jeune homme, contre laquelle elle souffla :

« Vous avez joué à un jeu dangereux, Gary. Mais vous ne vous êtes pas dégonflé, j’aime ça. »

Elle ne bougea pas, marquant une pause pour faire grimper la pression qui pesait sur les épaules du jeune homme. Il avait voulu jouer et aller au bout, maintenant il devait assumer. Toujours collée contre son oreille, elle reprit :

« Dorénavant vous allez ouvrir grand les oreilles et me rapporter tout ce que vous pourrez entendre de suspect. Ainsi, vous vous rendrez vraiment utile. Tous les quinze jours, je vous retrouverais ici. »

Le lieu ne payait pas de mine, mais était bien plus discret que le Chaudron Baveur, pour qu’Ana puisse placer ses pions sur son échiquier géant, qu’était le monde des sorciers britannique. De cette façon, elle souhaitait éviter un deuxième attentat, les informateurs étaient performants mais ils avaient besoin de plus. Toujours plus.
Enfin, elle se détacha de Gary et reprit son verre pour en boire quelques gorgées, sans lâcher le regard de son interlocuteur. Bien sûr, il était libre de refuser, mais ce n’était pas dans son intérêt, Ana n’avait pas l’intention de le lâcher de sitôt.

Complexe d'infériorité ? Non. Par ce qu'il n'avait pas envie d'être comme elle. Ça ne devait pas être drôle d'avoir un tel melon. Sa tête n'était pas trop lourde à porter ? Le pire là-dedans c'est riait et il dut tourner sept fois sa langue dans sa bouche pour ne pas sortir une vacherie. Il ne devait pas oublier qui elle était et vu son égo, elle serait capable de l'embarquer pour outrage ou autres, si elle n'aimait pas une de ses répliques. Un peu c'était bien, ça la faisait rire, mais il ne fallait quand même pas abusé. Alors les insultes et compagnies c'est dans sa caboche qu'elles défilaient. Inspirer doucement, continuer de sourire, comme s'il ne comprenait pas bien ce qu'elle racontait, comme s'il n'y avait aucune insulte là-dedans. Oui voilà un petit sourire pour son interlocutrice était pour l'instant largement suffisant. Il avait bientôt répondu en vantant ses mérites à elle histoire de bien aller dans son sens. Flatter le pauvre petit égo de cette conne.

« Et vous alors, que cherchez-vous au juste ? Qu’attendez-vous de moi ? »

Que tu fermes ta gueule puis que tu reconnaisses qu'on est tous égaux aurait été une réponse plutôt honnête, mais il ne pouvait pas se permettre cela. Dommage. Il aurait bien aimé voir la tronche qu'elle aurait tiré. Il fallait espéré que quelqu'un qui pouvait se le permettre pourrait bientôt la remettre à sa place. Un bon gros pied au cul, ça n'a jamais fait de mal à personnes.

 « Rien, j'avais juste eu envie de m'amuser un peu en venant dans ce bar, et j'avoue que j'ai été intrigué de voir une femme comme vous seule, tout simplement. Vous savez, je suis quelqu'un généralement d'assez têtu et je suis mon instinct.» Silence, sourire rieur.  « Est-ce que mon instinct est bon selon vous ou pas ?»

Autrement dit, est-ce que vous allez me croquer dans le sens grand méchant loup, ou pas ? Est-ce une bonne ou une mauvaise rencontre ?
Ils avaient ensuite avancé jusqu'à la boite de nuit, Ana bien entendu semblait toujours insatisfaite – comme toujours, n'est-ce pas?-, et il lui fit comprendre qu'à l'intérieur c'était beaucoup mieux... Lui, il aimait bien cette ambiance mais c'était pour les gens dans sa tranche d'âge, et d'un côté il voulait voir comment est-ce qu'elle réagir ? Est-ce qu'à un moment elle allait finir par se dérider. Quelque part, il espérait que c'était juste une façade qu'elle lui montait-là, l'habitude de traîner avec des sang-purs et qu'en fait c'était une gentille fifille. Hey, on peut avoir trente ans et croire toujours aux miracles !  L'autre s'était contenté d'hausser les épaules en disant que ça ferait l'affaire ! SUPER. Youpi ! D'un côté il aurait peut-être préféré que ça la gonfle et qu'elle se casse, l'affaire serait ensuite réglée ! Tant pis pour lui, les mauvais choix, il connaissait. Son instinct était toujours plus que médiocre.

Alors qu'il avait visiblement une touche avec qui il aurait bien parlé, Ana eut une réaction un peu inattendue qui le laissa perplexe en prenant son bras, le tirant à elle et disant qu'il était à elle. Heu non. Il allait ouvrir la bouche, mais la referma aussitôt, ce n'était pas le moment de l'énerver plus, il se contenta donc un regard navré à la demoiselle. Pendant ce temps l'autre harpie lui tenait toujours fermement le bras, il avait presque envie d'en grogner, mais n'en fit rien. Comme quoi son instinct de survie n'était pas encore totalement mort. Elle se plaqua à lui, et encore une fois l ne moufta n'aimant par ailleurs pas du tout la tournure des événements. Jusqu'à ce qu'elle lui murmure à l'oreille quelques mots qui étaient beaucoup de choses mais pas doux.

« Vous avez joué à un jeu dangereux, Gary. Mais vous ne vous êtes pas dégonflé, j’aime ça. » Pourtant le courage n'était pas forcément son point fort, il faut bien l'avouer. « Dorénavant vous allez ouvrir grand les oreilles et me rapporter tout ce que vous pourrez entendre de suspect. Ainsi, vous vous rendrez vraiment utile. Tous les quinze jours, je vous retrouverais ici. »

Neolina allait le tuer, c'était sûr. Comment est-ce qu'il pouvait se mettre toujours dans la merde comme ça ? De toute manière, en fuyant, il aurait certainement paru encore plus suspect qu'autre chose et ça aurait été pire. Est-ce qu'il avait compris les consignes ? Tout à fait, le souci, c'était surtout qu'il ne pourrait rien entendre de suspect chez les Moldus... et que même si c'était le cas, il ne les dénoncerait pas. Ceci dit, en traînant de temps en temps dans le monde magique, il entendrait toujours deux-trois choses, surtout avec ses amis qui eux allaient beaucoup au chaudron baveur et compagnie.

 « Vous êtes un peu trop optimiste si vous pensez que je trouverais quelque chose à vous raconter tous les quinze jours. Des choses comme ça, on en entend rarement, mais je viendrai tous les quinze jours faire votre rapport, pas de souci.»

Peut-être qu'il arriverait à quelque chose au bout du compte, au fil du temps, non pas à rapport des informations intéressantes aux oreilles de la dame, mais plus si elle commençait à lui faire confiance. Ana finirait bien par avoir des propos utiles ? Du moins il fallait l'espérer. En attendant pour l'instant, il préférait aller dans son sens sans s'y soustraire.
Il lui fit un petit sourire charmeur et de petit con et rajouta plus doucement.

 « Vous m'accordez cette danse, plutôt que de vous coller à moi comme ça, ça sera plus entraînant ?»

Le but était de faire comme s'il avait bien compris, mais qu'il ne voyait pas de souci dans ce qu'elle lui avait demandé, comme s'il ne voyait pas de menaces, juste une chose assez normale. Ne pas se révolter. Continuer la soirée. Aviser sur ce qu'il pourrait faire et dire juste après.

Ana était restée perplexe. Gary avait dû comprendre depuis le début quel genre de personne était la presque directrice du département de la justice. Elle n’était donc pas convaincue du souhait du jeune homme de vouloir s’amuser avec elle, à moins de vouloir plus qu’une simple discussion, ce qui n’était pas le cas d’Ana puisqu’elle n’avait pas de relations avec des personnes comme lui, très probablement de sang impur. Intrigué de voir une femme comme elle seule, était déjà une raison plus logique, effectivement cela n’arrivait pas souvent, mais cela lui arrivait de temps en temps, après une déception par exemple. Ana n’avait déjà pas beaucoup d’amis, pour ne pas dire aucun, juste des collègues au département de la justice et des personnes partageant les mêmes idées pour la Cause, mais qu’elle fréquentait pour des raisons bien précises, et non pas par réelle sympathie.
Quant à l’instinct de Gary, il était incontestablement biaisé. Car à vouloir absolument coller aux basques de la brésilienne, il s’était mis dans un drôle de pétrin. Ana en avait profité pour le tester, afin de savoir jusqu’où il serait capable d’aller, est-ce qu’il continuerait à la suivre ou non. Le jeune homme ne l’avait donc pas lâchée, la pénombre de la boîte de nuit qu’il lui avait proposée, serait parfaite pour lui annoncer qu’elle n’avait pas l’intention de le laisser s’en tirer aussi facilement. Le comportement de Gary était bien trop étrange. Et pour cause, personne au Ministère n’aurait osé chercher et coller Ana comme il l’a fait ce soir. Alors oui, cher Gary, c’est important de suivre son instinct, à condition qu’il soit le bon. Pour ce soir, c’était raté.

Pendant un instant, la brunette hésita à lui montrer une once d’humanité en lui avouant qu’elle avait préféré être seule ce soir pour ressasser au sujet de la disparition de Johan, sans citer de noms, bien sûr. Mais elle n’en voyait pas l’utilité, comme seule réponse, elle haussa les épaules.

Ana avait donc attendu d’être à l’intérieur de la boîte de nuit pour dévoiler au jeune homme le plan qu’elle avait prévu. Bien sûr, il n’avait pas bronché. Brave garçon, sage décision. Il ironisa même, assurant que la prétendue directrice du département de la justice était trop optimiste, car quinze jours, cela lui semblait court pour lui rapporter des informations.
Elle soupira légèrement et leva les yeux au ciel.

« Bon, et bien disons, chaque mois alors. »

Elle ne demanda pas confirmation, car cette réponse était non négociable. Un sourire narquois sur les lèvres, Ana se détacha alors de lui. Gary poussait véritablement le vice, lui proposant une petite danse, comme si il soulignait sa volonté de valider cet accord. Pourquoi pas, après tout, ils étaient dans une boîte de nuit. La brésilienne accepta, même si ce n’était pas spécialement son genre de musique et que les quarantenaires avaient l’air rares en ces lieux. Mais peu importe. Elle prit alors la main du jeune homme et se laissa entraîner au milieu de la piste de danse, le visage sublimé par sa réussite. Finalement, cette soirée se terminait plutôt bien pour elle.

« Avec grand plaisir, beau brun. »

Ana n’était pas certaine que Gary soit l’espion parfait, mais au bout d’un moment il finirait bien par avoir des informations pour elle, les aidants servaient parfois de psychologues, étaient des personnes en qui on avait confiance et à qui l’on confiait beaucoup de choses, voilà aussi pourquoi la brune plaçait un léger espoir en lui. Il n’avait pas intérêt à lui faire faux bond, sinon elle ne le lâcherait pas. Mieux encore, elle allait essayer d’en savoir plus à son sujet, dès demain…