Maxence Lukas Wargrave

Ma vie ? Mon histoire. Elle pourrait se résumer en peu de choses je pense. Mais ça serait mentir. Parce que je n’ai pas forcément ni le besoin ni l’envie d’en parler. Peut être que tout ça n’a pas d’intérêt au final. Peut être que ça n’est pas grave et que tout se résume en cet instant. Un grand et beau château devant moi. J’en avait entendu parlé petit, il y a longtemps, mais ça ne m’a pas tellement marqué que ça. C’était juste une autre école, avec d’autres sorciers, et les mêmes cours. Ça n’est pas le cas en ce moment, c’est clair. Enfin bon, ça peut pas être pire que là bas. Oui, je me décide à y aller. Mais j’sais pas, j’ai pas un bon pressentiment. Enfin bon, c’est débile pour un type comme moi. En attendant, jusque là, j’ai toujours eu raison de m’y fier.

J’suis né… et ben j’en sait trop rien en fait, mais je suis né, c’est déjà pas mal nan ? Franchement, je pense que oui. Ça a pas mal déconné dès le début, il faut l’avouer, mais bon, je provoquerais la chance juste pour ça plus tard, promis. En fait, ma mère n’était pas vraiment le genre de personne fait pour élever un enfant, mais c’était ma mère, alors ça rattrape le truc… Oui, je suis un grand optimiste qui s’ignore, il faut le savoir. Enfin bon, c’était une toxico, voilà tout. Alors je suis allé chez d’autre gens. Mes parents, mes parents adoptifs, en fait, à force, je suis un peu paumé. Mais c’est comme ça, j’y suis attaché, aux trois. Ça changera pas de si tôt je suppose. Enfin bon. J’ai grandi là bas, dans une belle maison à deux étages, avec une balançoire dans le jardin, avec une corde qui pendait, et un petit toboggan que j’ai foutu par terre un jour, en manquant d’assommer mon petit frère. Ouais, même chose, je devrais pas l’appeler comme ça, mais c’est-ce qu’il est quand même. Enfin, j’ai pas vraiment eu le temps d’y évoluer assez à mon gout. À mes huit ans, ma mère a attaqué mes autres parents. Sauf qu’elle a gagné. Enfin; sauf. Nan, j’étais heureux puisque j’en voulait à mes parents « adoptifs » de me l’avoir cacher jusque là. J’aurais sûrement fait la même chose cela dit. Mais ça, c’est-ce que je pense maintenant. Et entre 25 ans et 8 ans, on n’a pas vraiment le même raisonnement. Enfin bon. Ils devaient avoir peur de ma réaction ou bien ils n’ont pas sût comment faire passer ça dès le début, et à force, et bien ça n’est jamais sortit. Toujours était il que, selon la loi, très mal faite celle là, cela dit au passage, je devait retourner chez ma mère, qui avait fait ses preuves et semblait prête à s’occuper d’un petit. Ça n’a pas vraiment été ce qu’il s’est passé. En bref, au début, ça se passait bien, je commençait à la connaitre, une femme géniale, drôle, toujours enjouée, un peu fofolle, qui me laissait faire plus qu’en banlieue. Et puis ça a dérapé. Elle est retombée dedans, je sais pas trop quand en fait, ça reste un peu flou dans mon esprit tout ça. Mais je me vois encore assis dans un coin, en train de regarder le bordel qu’il y avait dans la petite maison où on habitait tout les deux. Un homme passait assez régulièrement. Je pense qu’elle l’aimait bien. Un militaire. Il aurait vraiment dû choisir un autre boulot lui. Je sais pas moi, bibliothécaire ! Un truc calme et sans danger, ça aurait été bien comme exemple à donner à un enfant. Non, je dis ça, mais il devait être quelqu’un de génial. Toujours à l’écoute de tout le monde. Il portait le poids du monde sur ses épaules, mais ça ne l’empêchait pas de garder les pieds sur terre. Mais il ne souriait jamais. Alors au début, il m’avait fait peur, ça je m’en rappelle. Un peu comme ma mère ce jour là quoi. Je n’ai pas osé approché. En fait, je n’ai même strictement rien fait. J’suis resté là, à la regarder foutre en l’air toutes les assiettes, se déhancher sans raison et même s’écrouler sur la télé. Et pourtant, j’aurais fait beaucoup pour sauver la télé !

Enfin bon, il est arrivé le lendemain. Ma mère dormait sur le sol, avec quelques coussins du canapé. Moi, j’étais monté dans ma chambre. Me demandez pas, c’est le truc le plus logique qui m’est passé par le crane. Je suis même pas allé la voir. Je sais pas. Après tout, allez savoir ce qui passe par le crane d’un gosse à ce moment là. Rien et beaucoup de chose. Je suis allé me couché en me disant que ça c’était calmé, c’est tout. Et lorsqu’il est arrivé, j’ai vite dévalé les trois marches qui me séparaient de la cuisine pour voir qui rentrait. Je suis même pas sûr d’avoir dormi cette nuit là en fait quand j’y réfléchi. Je sais pas, c’est comme quand elle a pété son câble, je devais juste attendre que ça se passe. Enfin bref, j’avais mit mes chaussures, ça j’en suis sûr, il y avait des bouts de verre par terre. En fait, j’suis même peut être allé dans mon lit avec. Enfin bref. Il a tout de suite prit les choses en main, il m’a dit de m’habiller, chose que j’ai fait, et puis il l’a emmené elle à l’hôpital, elle n’avait pas fait d’overdose, mais il ne lui laissait pas le choix, et moi, je suis retourné chez mes autres parents. C’était un homme très carré, ranger, clair voir strict. Chose que je ne suis pas du tout. Mais j’ai éprouvé une admiration pour lui ce jour là qui m’a suivit toute ma vie. En fait, ça va sûrement jamais partir même si, au final, il doit être loin du héro que je vois même maintenant. Mais il avait sut agir quand moi j’étais resté bugué comme un con.

Elle, elle a perdu ma garde ce jour là.

J’étais resté avec elle quasiment deux ans.

Après, et bien tout c’est passé beaucoup plus calmement. J’ai retrouvé mon frère, mes autres parents, j’ai eu le droit aux contes le soir avant de me coucher et au reste. Enfin bref, j’ai grandis. Et un an et quelques plus tard, devinez quel âge j’ai eu ? Onze ans, oui, bingo. Onze ans et des trucs étranges tout autour de moi. Ce genre de truc que ma mère me racontait parfois. Je l’ai dit, elle est un peu fofolle, et certains la prenaient carrément pour une barge. Pas moi, forcément. En fait, j’avais raison. Mais ses histoires de sorciers et de créatures magiques me passionnaient. Je n’avais plus le droit de la voir et quelque soit les crises que j’ai bien pu piquer à l’époque, ça n’a pas vraiment changé grand-chose. J’étais pas l’enfant roi, loupé, j’aurais pas ce que je voulais. Ma mère. La première quoi. Enfin bon. Ça, c’était entre nous. Je les aimais hein, pas d’erreur, mes autres parents. Plus que tout. Autant qu’elle. Même si elle avait un peu déconné, ça ne changeait rien. Mais j’avais peur d’y aller, peur de la voir, peur que ça recommence. Mais ça ne suffisait pas pour que je n’ais pas envie d’y retourner. Alors j’ai gardé le secret. Même si mes parents commençaient à flipper sérieusement. Ils ne comprenaient pas ce qu’il se passait. Moi, quand quelqu’un est venu m’annoncer que j’étais un sorcier, j’ai sourit et dit que je savais. On ne lui avait jamais fait ce coup là au petit barbu ! Et puis il a tout expliquer à mes parents, puis à mon frère. Tous les trois des moldus. Pure souche, eux, comme moi mais dans l’autre sens. Oui.

Mon père ? Alors là, aucune idée. Ça me bouffait, à l’époque. Maintenant aussi, je suppose qu’il me manque quelque chose, enfin, je verrais plus tard. C’est pas si important que ça au final. C’est comme tout, ça devient une obsession jusqu’à ce qu’autre chose ne prenne le dessus. Moi, ça a été la vie. J’ai pas été élevé dans la haine, au contraire, autour de moi, ça débordait d’amour, et quand mes parents ont appris tout ce qu’il fallait savoir sur la sorcellerie, ils ont fini par comprendre, même s’ils étaient choqués. Je ne les avait jamais vu avoir à ce point envie de gober des mouches. Après mes premiers mois dans une école de Sorcellerie en France (Mon père étant français, puisqu’il insistait depuis toujours pour que ses deux enfants, parce que, oui, c’est comme ça qu’il nous voyait : à égalité son fils et moi; a voulu que j’y aille. Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça a rendu ma mère et mon frère complètement chèvres que je puisse parler avec mon père sans que personne ne comprenne…). Reprenons : après mes premiers mois en France, quand je suis rentré pour les vacances, je n’ais pas arrêté de leur montrer ce que je savais faire. Oui, j’étais complément surexcité. Franchement, j’ai trouvé ça génial, tout simplement. Mais bon, j’ai arrêté une fois passé au tribunal pour usage de la magie hors de l’école. Aucun problème hein ! Personne ne m’a enfermé, on n’a même rien eu à payer, je pense surtout que c’était pour me faire comprendre qu’il était réellement dangereux d’utiliser la magie en dehors de l’enceinte de Beaubaton. Ils avaient voulu me faire peur, c’était tout. Et, en toute franchise, ça avait été réussi. Imaginez le nombre de bobards que j’ai sorti à mes amis de l’époque après ça ! Un vrai mytho megalo sur patte.


Je me suis calmé, promis. Enfin bref, j’ai vécus mes autres années un peu comme la première. Les filles, les potes et les emmerdes en plus une fois le cap de l’enfance passé. Au début, je revenais toujours chez moi pour les vacances. Et puis, il y avait eu la crise d’adolescence. Enfin, je ne sais pas si c’est ça, toujours était-il que je leur en voulais, mais j’en voulais aussi à ma mère qui venait d’entrer en cure de désintox’  une nouvelle fois. Enfin bref, cette année là, je n’y suis retourné que pour les grandes vacances. Pour les années suivantes, j’hésitais à chaque fois. Au final, c’était une fois sur deux. Il faut dire que se balader dans les couloirs de son école sans être forcé d’aller en cour, et trainer le matin au lit sans qu’il n’y ai quarante personnes autour, c’est jouissif. Enfin bref, j’ai eu mon année. Je devais être doué, enfin, c’était ce que disaient certains professeurs. Le problème, c’est que je n’étais pas assidu. Pas du tout même. Entre trainé avec des potes ou faire les cons, et aller réviser, j’avais vite fait mon choix. Du coup, une fois mon diplôme en poche, puisque j’avais choisi toutes mes options par affinité et non pour accéder à un quelconque métier, et bien, je n’ai pas sut quoi faire.

Ça doit être là que j’ai fait la plus grosse connerie de ma vie.

À 21 ans, on est con, vous le savez ça ? Oui, à 25 aussi, oui, la preuve, je retourne à l’école… ils pourraient allumer les lumières d’ailleurs… enfin bref.


C’est là qu’est revenue l’idée du super héro servant son pays. Aider les autres, calmer les conflits, sauver des populations. Bref, vous l’avez comprit, je me suis engagé dans l’armée. Moldue, oui. Pendant deux ans. À peu près la même chose du côté magique de la force. Bref. L’horreur, l’enfer. Sans l’avoir vécus, on ne peut voir ce que ça donne. La peur au ventre tous les jours, la rage, la haine, la colère, la tristesse. Je vois toujours pas comment l’humanité peut être ainsi. Je… enfin j’ai jamais été doué pour revenir sur cette période. C’est la plus proche de moi pourtant.

Dès que j’ai pu partir, je l’ai fait. Pas un regard en arrière. Je suis rentré au berquaille, voir mes parents, encourager ma mère, rassurer tout le monde. Il me fallait un break, et d’urgence. J’ai cru sombrer, réellement. Et puis, être en contact avec eux a calmé mes craintes. Je ne dors bien qu’avec mon chien allongé à côté de moi. Allez savoir pourquoi. Cela dit, la dernière fois que mon frère a voulu entrer dans la chambre lorsque je dormais, j’ai failli lui déboiter la patte en la prenant pour une arme. Depuis, il me boude, allez savoir pourquoi. Je sais. Humour. Comme toujours quand je flippe, comme toujours quand j’aborde cette période. En fait, nan, comme toujours tout court.

Bon, et bien ça fait un an que j’ai fini ces merdes là. Je suis resté six mois sans rien faire, juste en profitant de mes parents, en sortant régulièrement, en voyageant un peu pour aller voir des amis. Bref, je me suis efforcé d’oublier. Mais en toute franchise, ça marche pas. Alors en ayant marre de me sentir inutile, j’ai voulu prendre un travail à Sainte Mangouste. C’est là qu’ils sont arrivés. Des gens de l’administration de Poudlard apparemment. Leur dernier infirmier les avait quitter au bout d’un an. Ils cherchaient donc quelqu’un d’expérimenté. Pendant un mois, j’ai eu une petite formation accélérée. Vu mon passé, il n’y avait pas grand-chose à m’apprendre, à part comment enlever les pustules des seins d’une jeune femme qui avait penser arriver à les faire pousser par magie. Mauvaise idée, n’essayez pas mesdemoiselles… très bon cour en revanche. À mourir de rire. Oui, nan, pardon, c’est pas sympa… mais affreusement comique !

Bon. Et ben nous y voilà quoi. Je suis ici. Devant l’école où j’aurais dû aller selon la logique. Et j’crois que j’me suis encore foutu dans la merde. J’sais pas d’où ça vient, mais j’en suis sûr quand même. Et j’ai raison, je sais, j’ai toujours raison. Ok, non, loin de là. Bon, bref, arrête de tergiversé mon pauvre vieux, et entre. Ils vont pas t’bouffeeeeeer !!