Récap de votre histoire (inscrire les évènements les plus importants de votre vie) : — 11 ans : arrivée à Poudlard, admis chez les Serpentards. — 15 ans : devient apprentis en secret de Desmon Walls — 19 ans : refuse d'agir comme le veut Desmond et perd sa place auprès de lui — 21 ans, il est formé au ministère et commence à découvrir vraiment le monde moldu. — 23 ans, obtient un poste de subalterne dans le département de son père (piston). — 24 ans : accident de métro, il récolte une cicatrice à l’épaule. — 25 ans, rencontre sa femme, fin du procès le concernant et réhabilitation au ministère.— Fait ses preuves et change de poste au cours des années tout en s’implantant réellement dans le monde moldu. — 28 ans, épouse sa femme. — 29 ans (2010) : rejoint les Supérieurs et obtient un poste haut gradé au ministère (et tue sa femme). — 34 ans : devient général. —
Votre histoire complète : Sa femme convulsait encore en de courts soubresauts alors que son sang impur inondait les dalles froides du ministère.
« C’est bon ? J’ai votre attention ? »La réflexion lui avait en effet accordé l’attention complète de l’intégralité de l’assistance, Anthony le premier, se penchant doucement en avant sur son siège. Son regard froid s’était planté sur Jessen qui trônait pourtant, menton relevé, tous les regards braqués sur lui.
« Je propose qu’à partir de maintenant, on laisse un peu de côté ma loque de paternel et qu’on discute business entre nous. »***
Il lui aura fallu ça pour laver l’affront que les siens avaient fait à son nom. Ça pour qu’on lui accorde une place de choix, et cesser d’être simplement le rebut d’une lignée de traitres à leur sang. Ça pour entrer en force parmi les Supérieurs, gagner sa place au ministère au dessus de son père et pouvoir enfin faire avancer les choses. S’il avait fallu faire ses preuves, Jey avait surtout cherché à retrouver la place qui lui revenait de droit.
Ses parents appartenaient à la catégorie des traîtres. Sangs purs d’origine et d’éducation, ils avaient cherché à s’éloigner de cet univers afin d’y gagner une certaine tranquillité. Bien heureux sont les simples d’esprits, ça n’est ça ? C’était en tout cas la manière dont Jessen les voyait. Des gens violents mais lâches qui lui avaient fait payer au cours de son existence l’absence du pouvoir auquel ils avaient eux-mêmes renoncé. Son père travaillait au ministère, fasciné par le monde moldu, il gérait les relations entre leurs deux mondes. Un type lamentable et violent, incapable d’aller au bout de ses idées, qui mettait ses convictions de côté par lâcheté latente et qui faisait payer les autres pour son incompétence. Quand à sa mère, ça n’était guerre mieux. Une idiote bigote qui ne s’était jamais construite pour elle-même, sacrifiant ses journées pour élever son fils jusqu’à le haïr profondément pour ses propres choix de vie. Elle aurait pu être une guerrière, une auror magistrale, elle le lui avait montré bien des fois, lui apprenant la discipline avec une violence et une volonté farouche qu’elle aurait mieux fait d’appliquer à toutes les facettes de son existence. Pourtant, elle se contentait d’être une vieille folle. Un beau gâchis cette famille. Indigne du sang qui coulait dans leurs veines. Et lui avait dû grandir avec ça. Encaisser les avis des uns et des autres, se montrer plus digne que les siens ne l’avaient jamais été.
Il avait tout de même eu l’avantage d’être pris en charge par une autre partie de la famille, lui donnant accès non pas à une éducation – tout décevants qu’ils aient pu être, celle-ci avait au moins le mérite d’être à la hauteur – mais surtout à des valeurs dont il avait besoin pour mesurer sa propre grandeur.
Jessen n’était cependant pas homme à suivre aveuglément une doctrine imposée, quelle qu’elle soit. Et lorsque l’on veut tester ses opinions, mettre à l’épreuve ses croyances, mesurer les travers qu’elles peuvent comporter, mieux vaut les confronter directement. Alors il s’était baigné à ce monde dont son père l’abreuvait sans même s’en rendre compte, conscient qu’il prenait là une direction opposée à tous les préceptes prônés par les sangs purs.
Et il avait vu.
Il avait vu des hommes et des femmes comme lui. Avec leurs forces et leurs faiblesses. Leurs défauts et leur potentiel. Mais il avait surtout vu leurs dérives. Il les avait vus marcher à visage découvert dans un monde qui aurait dû leur appartenir. Jessen avait vraiment essayé de comprendre. Il avait profondément aimé certains de ces êtres et leur reconnaissait sans far bien des qualités. Pour autant, ce monde phagocytait le sien. Ils vivaient cachés pour laisser à ces sous hommes la possibilité de s’épanouir.
Bien vite, Jey avait hérité d’un poste bien dérisoire au ministère, sous les ordres d’un père qu’il exécrait. C’était ainsi qu’il avait dû gérer un jour un niffleur égaré dans le métro londonien. Une saleté de bestiole intenable qui avait fini par le prendre en traitre, lui volant sa baguette sur un temps d’inattention. Il avait frôlé le drame deux fois ce jour-là.
La première avait été réparée par un inconnu. Interceptant l’animal, il avait empêché la catastrophe, rendant à son propriétaire baguette et créature magique afin d’empêcher que les moldus présents ne se rendent compte de quoi que ce soit. Il avait été vif, efficace, le genre d’homme dont il avait besoin. Le genre d’homme bienveillant dont leur monde avait besoin. Un homme qui n’avait pas besoin, en revanche, de ce cataclysme.
Jessen n’avait pas eu le temps d’intégrer l’origine de ce bruit de métal, ni même de comprendre les hurlements, le crissement des rails que déjà, l’homme en face de lui n’était plus qu’une bouillie sanglante, disparaissant de sa vie aussi vite qu’il y était entré.
Un accident affreux, horrible, imprévisible. Sans doute. Peut-être pas.
Ce fut la douleur sourde dans son épaule qui lui permis de réagir, se tournant pour découvrir les wagons arrières, partis en queue de poisson, se diriger d’un bloc droit sur lui. Alors il avait transplané - sans penser aux conséquences – apparaissant, blessé, trempé des déchets de celui qui avait été autrefois un homme, un sorcier.
Il fallu du temps pour résoudre tout le bazar provoqué par cette histoire. En premier lieu parce que si sur le coup de la panique, ses actes n’avaient pas été repérés, l’usage de caméras de sécurité, lui, leur avait posé bien des soucis. Mais surtout, Jessen notait que dans l’histoire, il avait refusé de donner sa vie pour un secret qu’il n’approuvait pas, pour garder ces moldus dans l’ignorance alors même qu’il estimait qu’ils devraient se soumettre, que les sorciers ne devraient pas se cacher par crainte de créatures si faibles…. Et qu’il était manifestement le méchant de l’histoire. Celui que l’on accusait d’erreur, d’échec, de trahison. Celui qui avait tort. Au vu de la situation, la sanction n’avait pas été trop lourde. Pour autant, l’idée même d’être considéré comme coupable alors même que l’origine de ce déraillement était humaine, moldue, lui sortait littéralement par les yeux.
Ces pauvres hommes faisaient des erreurs, comme eux tous. Ils refusaient de donner le budget nécessaire aux transports publics et la sécurité s’en ressentait, provoquant les dérives qu’on lui connaissait. Bien. C’était un fait. Mais ils étaient à blâmer.
Etait-il réellement coupable d’exister ? De devoir masquer tout ce qui faisait l’identité de son existence, de devoir encaisser et réparer les erreurs d’idiots qui ne savaient même pas quels marasmes ils provoquaient à longueur de journée ? Et c’était sans parler de ce qu’ils provoquaient en arrière plan. Les désastres écologiques, les guerres nucléaires, les dérives de leur utilisation hystérique d’électricité et autres pollutions ? Ils les infectaient, eux, par leur incompétence en matière de magie.
Pourquoi dès lors, fermer les yeux ? Pourquoi accepter de telles choses ? Pourquoi estimer qu’il serait normal qu’ils payent les pots cassés d’une population qu’ils cherchaient à préserver depuis des siècles ? Cette domination muette manifestement acceptée par tous avait largement assez duré. Ils ne pouvaient se sacrifier à longueur de génération, voyant leur monde s’étioler un peu plus de jour en jour pour favoriser l’existence de ces moldus.
C’est bien triste, oui – car oui, ils méritent de vivre, bien évidemment – mais quand il faut remettre le monde dans le droit chemin et se battre pour ses droits, il y a forcément des dommages collatéraux. Et il serait prêt à tout pour avancer.
Et le premier pas pour cela avait été d’entrer en force dans les rangs des Supérieurs, prouvant sa loyauté à la cause, se posant en recrue indispensable.
Le lien entre le monde magique et le monde moldu avait toujours été un rapport de force absurde qui mettait à mal leur propre existence. Il fallait à présent replacer les sorciers au centre du système. Et tout changement exige des remaniements souvent douloureux.
Jessen avait ainsi obtenu un poste au ministère, dans le département de son père, reprenant le dessus sur lui, appuyé par ses pairs, exécrant les décisions faiblardes prises par son géniteur. Il était temps de redresser la barre. Et oui, pour se faire, il gardait une activité dans les deux mondes. Ne faut-il pas rester proche de ses ennemis ?
Après tout, la présence de sa femme à ses côtés durant ses jeunes années lui avait bien servi. Elle lui avait d’ailleurs permis d’accéder aux rangs des Supérieurs, prouvant par ce sacrifice ses opinions tranchées. Encore une fois, oui, c’était bien triste, et oui, elle lui manquerait car il l’avait sincèrement aimée le temps que ça avait duré. Mais la paix et la grandeur ne se sont jamais construis sans effusions de sang.
C’était il y avait trois ans maintenant. Et Jessen montait les échelons, usant de son charme et de son intelligence pour remodeler ce département bien plus gangréné qu’il ne l’avait craint. Ça demandait du temps, de la manipulation. Il n’était qu’un rouage dans une machinerie plus importante. Rome ne s’est pas construite en un jour. Le monde sorcier ne renaîtrait pas de ses cendres en quelques mois. Mais il renaîtrait. Il y veillerait.