[S. Commun - Garde de Myrddin] Yes, you need a party night !

“Une fête ?! Non mais sérieux tu marches sur la tête là ou quoi ?!”

Telle avait été la première réaction de Tara à la lecture de la brève annonçant une fête à la Garde de Myrddin. L'air circonspect, elle l'avait écouté lui expliquant toutes les bonnes raisons pour lesquelles une fête était un élément important de la Garde, d'autant plus vu la situation. Tara n'avait jamais été du genre très fêtarde, un trait que son frère possédait et qui était une de ses grandes fiertés. A Serdaigle, l'ambiance avait été plus studieuse.

Le jour J était arrivé, et la soirée commencerait bientôt. La sorcière venait de finir de s'apprêter. Elle avait revêtu une simple robe noire bimatière avec un peu de cuir, légèrement décolletée. Elle n'était pas particulièrement bien habillée, préférant une tenue pratique en cas de besoin. Mais pour elle qui était souvent en jean, le changement était tout de même notable. Se faisant une natte rapide, elle décida de sortir de sa chambre. Elle vit alors Shane, qui s'arrêta, lui fit un grand sourire. Lui semblait ravi de cette soirée. Tara poussa un gros soupir en levant les yeux au ciel.

“Je continue à penser que c'est stupide.” fit-elle, les sourcils froncés. “Mais bon, puisque tu es là, tu pourrais lacer ma robe dans mon dos ?”

Quelques ficelles de corsage étaient rebelles. Une fois fini, Tara était prête à y aller. Quelques bruits venaient de la salle principale du QG, indiquant que peut-être des personnes étaient déjà là. Tara croisa les bras, s'appuyant contre un mur, et observa son frère.

“A quoi bon faire cette soirée? Les derniers mois ont été compliqués, les fêtes sont passées sans que personne ne s'amuse. Nous devrions nous concentrer sur l'important, il y a encore beaucoup à faire ! Nous pourrons célébrer une fois les Supérieurs renversés.”

Shane s'empressa de lui répondre que c'était exactement la raison pour laquelle il fallait se réunir au vu des difficultés récentes rencontrées par la Garde. Tara devait reconnaître qu'il marquait un point : elle avait toujours vu la Garde comme une grande famille soudée. Quoi de mieux pour cela que de partager un moment de complicité ensemble ?

Margo passa la tête par la porte, ses boucles blondes sautant dans l'air un instant, retrouvant les deux jumeaux. La jeune femme avait été recrutée par Tara, sous les conseils de Shane. Pour une raison qui lui échappait, son jumeau semblait lui vouer une certaine confiance, ce qui conviait Tara à faire de même. En effet, Shane se trompait rarement sur les gens. Une qualité que Tara partageait. Elle vint vers eux, leur tendant une boisson sombre, que Tara ne reconnut pas. Elle les assura que cela leur ferait du bien.

“Non, merci Margo, ça va aller.”

La jeune femme insista, et Shane ne se fit pas prier, il attrapa son verre et le descendit d'un coup. Il se racla la gorge puis sembla toussoter, et Tara crut entendre les mots suivants "Rabat joie". Choquée, elle entrouvrit la bouche, puis résignée, elle attrapa également un verre et en but une gorgée. Avec un air satisfait - Tara ne comprit pas trop pourquoi - Margo s'éclipsa. La boisson avait un goût âpre assez bizarre. Contrairement à son frère qui avait tout descendu, Tara n'en but que quelques gorgées puis reposa son verre. Avec une inspiration, elle dit ensuite à son frère :

“C'est parti...”

Arrivant dans la salle, Tara se rendit compte qu'elle avait été magiquement décorée. Un buffet élégamment dressé était sur un côté de la pièce. Des plateaux flottaient dans l'air, apportant boissons à ceux qui le souhaitaient. Un orchestre invisible créait des sons agréables à l'aide d'instruments flottant aux aussi dans l'air chaud de la pièce. Immédiatement, une sensation agréable enveloppa Tara. Elle se sentit comme lors des Noëls passés avec ses parents, lorsqu'ils étaient encore vivants. Comme si la famille était réunie.

Après un coup d’œil avec Shane, elle attrapa un verre de vin qui passait et tapota sa cuillère contre le verre pour obtenir un peu plus de calme. Elle se racla la gorge.

“Merci d'être là si nombreux ce soir. Shane et moi souhaitions organiser cette soirée pour que nous puissions nous retrouver tous ensemble.”

Elle marqua une pause. Sa gorge la démangeait, elle se la racla à nouveau. Décidément, la boisson de Margo passait difficilement.

“Enfin, pour être honnête, je pensais que cette idée de soirée était stupide. Ceux qui me connaissent bien le savent. Mais à vous voir ce soir, je me dis que c'était une bonne idée. Nous avons tellement vécu ces derniers temps, tellement souffert. J'aimerais que nous ayons une pensée pour ceux que nous avons perdu. Si vous pouviez lever vos baguettes en leur mémoire...”

Elle s'exécuta, bientôt suivie par le reste de la salle. D'un geste de la main, les lumières ambiantes se tamisèrent, la musique se tut, si bien qu'il ne subsistait que la lumière des baguettes, en hommage aux sorciers perdus. Empreinte d'émotion, Tara sentit les larmes lui monter aux yeux, et dans l'obscurité, elle chercha la main de Shane. Soudain, elle avait l'impression d'avoir 17 ans à nouveau. Une minute passa, et la salle redevint claire à nouveau. Tara toussa, puis reprit la parole :

“Le combat continue cep...”

Sa voix paraissait différente. Elle se tourna vers son frère qui venait d'avoir parlé. Très bien, s'il souhaitait parler, qu'il parle. Elle lui laissa donc la parole. Il reprit, mais étonnement, Tara eu l'impression que c'était elle qui venait de parler. Les deux jumeaux se regardèrent, interloqués. Leurs voix avaient été échangées !

Une fête, c’était quand même quelque chose d’assez étrange dans la Garde. Alors qu’il y avait tant à faire, tant à parler, est-ce qu’ils ne feraient pas mieux de se concentrer sur les missions plutôt que d’organiser de genre de chose ? Probablement que c’était bien de faire ça. Probablement que tout le monde en avait quand même besoin, pour se détendre, pour se divertir, pour se changer les idées. A une époque, il aimait les fêtes, mais vu la situation tendue de ces dernier et après ce qu’il avait vécu, on ne pouvait pas dire que c’était quelque chose qui l’excitait grandement. Mais ce n’était pas non plus bien qu’il se renferme, qu’il continue à faire son pour mal lâché de son côté. Malgré tout, il avait hésité à y aller, si ça pouvait lui faire du bien, il savait aussi que s’il était trop agacé son sarcasme pouvait venir tout gâcher. Il se passa une main dans les cheveux, essayant de peser le pour et le contre de la situation mais finalement choisit d’y aller. Il refila Adam à une de ses sœurs et si le petit garçon ne semblait pas très heureux qu’il ne reste pas avec lui, la femme elle, était ravie de garder son neveu. Il ne risquait rien avec elle, c’est ce qu’il se répétait en boucle, mais il n’était quand même pas tranquille, comme à chaque fois qu’il quittait l’enfant. Les Supérieurs savaient qui il était, qu’il avait un enfant, alors bon, ils pouvaient très bien s’en prendre à lui quand ils voulaient et ça, il ne pouvait pas l’oublier.

La salle avait été décorée pour l’occasion et il essaya de ne pas trop écouter la voix dans sa tête qui hurlait juste « perte de temps, perte de temps ». Il devait juste s’amuser, profiter de ses amis pour certains, juste camarades pour d’autres. Juste ça. Il alla se caler dans un coin, tandis que les jumeaux prenaient la parole « Nous avons tellement vécu ces derniers temps, tellement souffert. J'aimerais que nous ayons une pensée pour ceux que nous avons perdu. Si vous pouviez lever vos baguettes en leur mémoire. » Heureusement qu’il y avait eu la deuxième partie de la phrase, par ce que « nous avons tellement souffert » lui restait un peu en travers de la gorge. Certains avaient réellement souffert ces derniers mois. Pour les autres, ce n’était pas la même chose, et il trouvait qu’il y avait quelque chose de gênant. Ou alors, c’est probablement par ce ça lui donnait l’impression d’une appropriation de la douleur et vu que c’était encore un point sensible pour lui. Il n’était pas forcément des plus impartials, surtout qu’il savait que ce qui lui était arrivé c’est par ce qu’il avait voulu trop « jouer » et il avait perdu. Cela lui remettait en pleine face son propre échec, en plus du reste. Malgré tout, il leva, comme les autres sa baguette en la mémoire des défunts. C’était la moindre des choses à faire. Les pertes étaient déplorables, mais la question qui demeurait dans son esprit, c’est que si les autres n’étaient pas venu les chercher à Poudlard, est-ce qu’elles auraient été aussi nombreuses ? Est-ce que pour sauver une petite – très petite- poignée de personnes, ça avait été réellement judicieux de sacrifier d’autres vies, que d’autres se fassent repérer ? Bien sûr tout avait été pensé et réfléchi, et il était plus que ravi que ce choix soit fait. Clairement…. Mais en même temps, c’était du coup un peu de sa faute aussi les morts supplémentaires. Par ce qu’il s’était fait prendre comme une grosse merde.

La parole avait finalement était reprise mais …. Avec un petit/gros changement de voix. Pitié, qui avait eu l’idée de cette blague de merde qui semblait amuser tant de monde, son regard se tourna naturellement vers Margo. C’était bien son genre ça, c’était son humour pourri qui l’agaçait autant qu’il l’amusait. Non, si ça se trouve, il se plantait totalement, et elle était innocente. M’enfin, il n’était pas certain que « innocente », soit réellement le bon mot pour décrire Beaumont. Le discours continua, et il avait presque l’impression de se retrouver à Noël avec sa famille qui avait tenu le même genre de discours qu’il trouvait juste …. Disons pas à son goût. Mais c’était un rabat-joie sur certaines de ses choses, par ce qu’il trouvait ça simple de dure « continuaient de vivre ». Ce n’étaient pas eux, qui avaient vécu l’enfer. Ce n’étaient pas eux qui portaient le poids de cette culpabilité, ou du moins ce n’était probablement pas la même que celle qu’avait Kezabel lorsqu’il lui avait parlé. Il était injuste, il le savait. Tout partait de la meilleure intention au monde, et il espérait que ça serait le genre de chose qui ferait réellement de bien à Collins et Hasting –et aux autres, mais surtout à elles deux-. On ne pouvait plus grand-chose pour lui, son côté un peu trop ours sur ce genre de choses. Ce n’était pas forcément qu’avec la Garde, c’était partout. Généralement. Néanmoins, il ne prit pas la parole, il n’avait pas envie de gâcher la faute des autres, par ce qu’il n’avait pas la même vision des choses. Maintenant, il n’avait plus qu’à trouver quelqu’un avec qui parler, se détendre, essayer de passer du bon temps, même si son cerveau restait en mode alerte et perte de temps.
Franchement, il n’était pas drôle comme type, même plutôt désespérant. Pauvre proches, pauvre Garde.

La fiesta, la fiesta ! Manger, bouger, s’amuser, parler avec ses compagnons, ses ami de la Garde. Tout cela s’apprêtait à être une bonne soirée même si la période n’était pas forcément à la fête cela ne pouvait pas faire de mal. Il fallait juste espérer qu’il n’y ait pas trop de rabat-joie, de grognons ce soir alors que tout promettait à être à la détente ! Bien sûr, demain ils reprendraient leurs activités, mais profiter, se détendre ne pouvait pas faire de mal non plus, bien au contraire. Elle s’était donc rendue ave hâte au QG de la garde arborant aujourd’hui une robe jaune, elle avait voulu essayer de se faire quelques mèches jaunes, assorties à sa robe grâce à la métamorphomagie, mais visiblement, malgré sa maitrise le terme « faire une mèche » était encore un poil compliqué, elle avait alors abandonné cette idée et s’était contentée de garder sa chevelure brune en prenant bien soin de la coiffer.

S’il y en a qui tirait la gueule – Cooper on te voit- notamment au discours des jumeaux et à la petite blague, elle fut de ceux qui rigolèrent ! C’est bon, c’était drôle, elle était bon public, et puis c’était osé de faire ça aux Chefs. Certains l’auraient probablement mal pris, mais pas eux ! Cette magnifique voix féminine sur le grand corps de Shane était vraiment tordante, pour un peu, elle l’aurait filmé histoire de garder un dossier. Ca faisait toujours bon genre de ressortir ça, à une autre soirée du genre ! Mais elle avait décidé d’être un minimum sage et de ne pas faire ce genre de bêtise ! En attendant, elle scrutait le buffet, cherchant ce qu’elle pourrait commencer à grignoter. Très important la nourriture à une fête, comme la musique ; mais il faut croire qu’il n’y avait rien à dire là-dessus.

QUE LA FETE COMMENCE !! C’est qu’il avait le grand Monsieur ! Son instinct de Poufsouffle – du moins c’est ce qu’elle aimait dire-, la fit diriger immédiatement vers le buffet, ayant repéré déjà quelque chose adorait ! La vérité c’est que tous les Jaunes n’étaient pas des gueule, elle oui, et vu qu’ils étaient à côté de la cuisine, elle était du genre à entretenir des rumeurs, un mythe : les Jaunes et la bouffe c’était une histoire d’amour. Néanmoins, même si son ventre criait famine, elle ne se jetait pas sur tout et n’importe quoi : ce n’était pas élégant et digne d’une fille, elle allait se montrer bien élevée et manger tranquillement. Néanmoins, il est vrai que chez ses mères, s’il y avait un buffet c’était un peu la Baston à chaque fois entre tous les enfants – à présents adultes- pour savoir qui mangerait ce qu’il voulait, qui mangerait le plus. La nourriture, c’était une histoire d’amour. Alors qu’elle prenait une tartine d’un met qu’elle n’avait pas encore identifié, elle renifla quand même doucement la nourriture. Si quelqu’un avait changé les voix des jumeaux, qui sait si ce plaisantant n’avait pas aussi mis soit un ingrédient secret qui ferait faire quelque chose de marrant à qui le mangerait ; ou alors un truc à la bertie crochue et ses dragées au vomi. En tout cas, elle, se serait peut-être amusée à mettre ou une deux tartines piégées dans le lot. Elle zieuta la personne à côté d’elle qui avait le même genre d’amuse-bouche et qui avait déjà croqué dedans.

« Hey salut ! ça va bien ? Tu sais ce qu’il y a exactement sur la tartine ? »

Bonjour la question bizarre.

QG de la Garde de Myrddin, Londres, Royaume Uni

Elle n’avait rien à faire là. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait là, n’avait pas sa place dans ce rassemblement, n’était pas la bienvenue. Comment aurait-elle pu l’être, après tout ce qui s’était passé ? Elle s’était laissée convaincre que venir lui ferait du bien et l’aiderait à s’accepter, mais depuis qu’elle était arrivée, elle regrettait d’y avoir cru ne serait-ce qu’une seule seconde.

Elle n’aurait pas dû être là. À sa place, ça aurait dû être ceux qui s’étaient sacrifiés pour elle, et ceux qu’elle avait sacrifiés. Tous ceux qu’elle avait trahis de par son incompétence, sa faiblesse, et son égoïsme. C’était presque de l’insolence que sa présence ici, de la provocation, et au-delà de la honte, c’était bien de la colère qu’elle ressentait envers elle-même, ainsi que de l’agacement.

Dos au mur, tout au fond de la salle, Kim affichait son éternelle mine renfrognée, les mains sur les roues de son fauteuil neuf détendue en apparence. Elle écoutait le discours d’introduction des chefs, les observait dans leurs habits de deuil et de fête à la fois. Elle-même n’avait rien changé à sa tenue habituelle, jeans t-shirt et sweat à capuche, ses cheveux roux attachés en chignon lâche sur le haut de son crâne.

Elle se revoyait face à Tara et Shane, lorsqu’elle avait recouvré un tant soit peu de forces. Leurs questions, sans une once de reproches ni de jugement, simplement pragmatiques, pour en apprendre plus sur leurs ennemis sans jamais questionner sa performance. Elle avait réussi à garder un tant soit peu la face, avait pris sur elle, ne souhaitant pas leur imposer un craquage nerveux à fondre en larmes et en excuses, mais n’en avait pas pensé moins.

Et puis il y avait Kezabel et Dorofeï. Tous deux torturés pour de vrai, pas par erreurs ou par auto-mutilation. L’un avait perdu un œil dans la bataille. L’autre avait failli perdre la raison. Comment les regarder dans les yeux, alors qu’elle n’avait pas enduré le dixième de leur douleur ? Cette injustice lui donnait envie de vomir.

Et finalement, Duncan. Il avait été celui qui l’avait tirée de cet Enfer, la portant à bout de bras alors que la fièvre la faisait délirer. Comment lui dire que les sentiments qu’il lui vouaient n’étaient pas réciproques, alors qu’elle lui devait la vie encore plus qu’à n’importe qui d’autre ? Elle se détestait d’avance. Elle se détestait tout court.

Combien de temps était-elle restée là, immobile, silencieuse ? La musique avait recommencé à jouer, l’attention s’était détournée des jumeaux, les discussions avaient commencé à s’instaurer, certains s’étaient mis à danser, d’autres avaient commencé à boire. N’y tenant plus, elle poussa sur les roues de son fauteuil, s’éloignant discrètement mais en hâte en direction de la sortie.

Sous l’effet de l’empressement, elle ne parvint pas à éviter un homme qui marchait à reculons, et l’aperçut qui renversait le contenu de son verre sur la femme qui se trouvait à côté ([Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] c’est toi si tu te décides à poster – et je précise que c’était l’idée de Lili !). Disparaissant de leur champ de vision avant qu’ils n’aient pu l’identifier, elle quitta la salle et s’engagea dans le couloir où finit par s’arrêter après plusieurs mètres, fermant les yeux.

HRP: